Les chevaux galopaient dans les plaines, le long du sentier. Au loin, le soleil commençait à décliner, il devait être au moins 18 heures maintenant. La forteresse et les forêts de l'Est semblaient bien loin désormais. D'ailleurs, on commençait à apercevoir le
Château De Brume De Shien de là où ils étaient.
C'était fini. Il avait réussi. Hanzo en avait la conviction. Il n'y avait plus personne pour le retenir. Les samouraïs, les ninjas rivaux, tous avaient été retenus, voire éliminés, dans son antre. Sinon, ils auraient été à sa poursuite. Le piège avait donc fonctionné.
– Arrête toi, Hanzo.
Un homme, surgi de nulle part, le barra la route. Les chevaux des ninjas armure Vent, Eau, Terre, et Feu s'arrêtèrent brusquement. Celui du maestro ninja fit de même.
– Je ne lui ai pourtant pas donné d'ordre ! s'exclama t-il.
Etait ce à cause de l'inconnu que la monture s'était arrêtée d'elle même ? Il n'avait pourtant l'air d'être qu'un simple voyageur, couvert d'une cape trop grande, qui maintenait son corps et son visage dans l'ombre. Il allait passer son chemin, mais le mystérieux homme l'interpella de nouveau.
– Aurais-tu peur ? Je t'ai dit de t'arrêter, Hanzo.
– ……Tu connais mon nom ?
– Je suis surpris que tu ne reconnaisses pas ma voix, fit remarquer l'homme capuchonné.
Il retira la couverture. En dessous, un guerrier vêtu d'une armure noire. C'était un ninja. Vieux. Masqué. Hanzo le reconnut immédiatement.
– Vous ? c'est impossible !
– Si, Hanzo. C'est bien moi. Avec Sasuke, vous êtes allés trop loin. Alors, je te le redemande, arrête toi. Je suis venu mettre un terme à cette folie.
– Rassurez vous, samouraïs, mon maître va mettre un terme à cette folie ! assura Goe Goe, exactement au même moment.
Il allait enfin sortir de la forteresse, avec à ses côtés Yariza, Irou, Zanji, Nisashi, et le Maestro Ninja Sasuke. On les avait évacué de l'horrible salle où ils avaient été fait piégés, puis ils s'étaient réveillés tour à tour, dans le couloir qui les menait à l'entrée.
Les dégâts étaient toutefois lourds : Nisashi avait reçu des coups de pieds violents et ne pouvait plus se déplacer, Irou et Zanji s'en sortaient plutôt bien, avec des blessures superficielles, mais le chef des ninjas, lui, était grièvement blessé et tenait à peine debout.
– Les voilà !
Les trois hommes de Sasuke leur faisaient face. Ils n'étaient guère dans un meilleur état que leur maître. Mais il n'étaient pas seuls. Au contraire, ils étaient allongés dans une petite charette de bois. A leurs côtés, Yae, Yaichi, Kamon.
– Mais qu'est ce que ? s'étonnèrent les samouraïs.
– Ils étaient plus ou moins rétablis et voulaient venir en renforts, expliqua la kunoichi. Mais on semble être arrivés après la bataille.
En effet, il n'y avait plus trace de l'ennemi. Cela devait un quart d'heure que les cavaliers s'étaient enfuis. De toute façon, il n'y avait qu'un seul chemin, dont la forteresse était l'aboutissement. Il suffisait de remonter le sentier dans l'autre sens pour suivre leur trace.
Soudain, Yae appercut Sasuke.
– Toi aussi ? Mais que t'es t-il arrivé ? s'écria t-elle en le prenant délicatement dans ses bras.
– Ne t'en fais pas…répondit le blessé. Ce n'est rien. Ces hommes m'ont aidé dans la forteresse, ce sont des alliés dignes de confiance. J'aurais été dans un bien pire etat si ils ne m'avaient pas secouru.
– Vraiment ? dit-elle en considérant le quatre samouraïs et Goe Goe, alignés devant elle.
– Je te le garantis.
– Alors voilà ce que l'on va faire, poursuivit-elle. Pour cette fois, nous allons vous aider. Le clan Sasuke doit effectuer un repli stratégique. Si vous voulez poursuivre Hanzo, vous n'aves qu'à suivre le chemin, là bas. Toujours tout droit. Il s'éloigne de la forêt et se dirige vers le Château De Brume. En gage de bonne volonté, je vous confie cette charrette et ce cheval. Transportez y vos blessé, et dépêchez vous de rejoindre le ninja noir. Nous volerons des chevaux encore à l'intérieur de cette base pour rentrer.
Zanji regarda solennellement la femme ninja. La situation avait bien changé depuis ce matin, où elle le maintenant attaché dans la cabane de la clairtière. Elle était maintenant seule, affaiblie, et clamait son aide.
– Je vous remercie. Nous irons.
Il restait trois chevaux dans l'écurie de la forteresse.. Surement ceux d'Ebisu du Ninja d'Or Arriviste, et du Ninja Armure Lames. Ils n'en aurait plus besoin maintenant.
Zanji et Yariza, les plus en forme, prirent chacun un destrier, tandis que le maestro ninja se hissa tant bien que mal sur le troisième. On accrocha la charrette à l'un des animaux, et les quatre autres samouraïs furent placés à l'intérieur. Yae, elle, resta sur le cheval qui l'avait amené ici.
– Allons y, Sasuke. Souhaitons leur bonne chance, mais ne les retardons pas d'avantage. Chaque minute compte.
– Attends, fit le shinobi.
– Quoi ?
– Je vais les suivre, assura t-il.
– Pardon ? Tu as vu ton état ?
– J'ai pris ma décision. Ils peuvent nous assister, mais ceci est le combat de notre clan. C'est à moi de régler une bonne fois pour toutes mes différents avec Hanzo.
Elle tenta de s'y opposer, de résister. De lui dire qu'il avait tort, qu'il devait battre en retraite et se reposer. Mais au fond d'elle, elle savait. Elle savait qu'il y avait des choses comme ça, contre lesquels on ne pouvait pas lutter. Même si il devait y mourir, il irait. Sa volonté ne pouvait être arrêtée. Sasuke s'approcha de sa femme une dernière fois, et la serra dans ses bras.
– Je reviendrai bientôt, murmura t-il à son oreille. Elle ne put s'empêcher de retenir une petite larme.
– Samouraïs, allons y, déclara t-il. Et aussitôt, les chevaux et la charrette se mirent à avancer.
– Eh, attendez moi, lança Goe Goe, à la traine. Je n'ai pas fait toute cette route pour être mis sur le carreau !
Il sifflota. Un cheval blanc, son cheval, apparut de derrière les arbres. Il l'enfourcha rapidement, et rejoignit le petit groupe déjà au galop.
La nuit commençait à tomber. Le dernier face à face allait bientôt avoir lieu.
De son côté, le Grand Maître des Six Samouraïs avançait lui aussi dans les plaines. Fatalement, ce qui devait arriver arriva. Son propre sentier le mena à la rencontre de Hanzo et de ses hommes.
Il faillit passer son chemin. Des inconnus le long de la route, à quoi bon s'en préoccuper lorsque l'on était aussi pressé que lui ? Toutefois, il jeta un coup d'œil aux individus en question, par simple curiosité. C'étaient des ninjas. Cinq ninjas en cheval, qui faisaient face à un sixième au sol. Or c'étaient également des ninjas qui avaient enlevé Kageki dans la nuit. Et si….
– Halte ! gronda t-il en s'avançant vers eux. Etes vous….
C'est là qu'il le vit. Le Chambellan Des Six Samouraïs, ligoté au dos d'un homme en noir, sur une des montures.
– Vous allez regretter de vous en être pris à mon ordre…
Il ordonna à son Coursier D'ébène Légendaire de foncer à toute vitesse vers le kidnappeur. Les autres chevaux, à l'arrêt, ne purent réagir. Avec la violence de l'impact, des coups de sabots dans le flanc de sa monture, le maestro ninja vacilla à terre, entrainant sa cible dans sa chute.
– Qui es tu ? gronda t-il en se relevant rapidement. Que me veux tu ?
D'un signe de bras, il fit signe à ses ninjas armures de ne pas intervenir. Lui dégréna sa propre épée.
– Je suis le maître des samouraïs. Je vais te faire regretter ce que tu as fait, répéta le vieil homme.
Le chef ninja regarda rapidement son otage. Le maître de six samouuraïs ? Et lui, qui était il dans ce cas ?
– Je te reconnais…fit le vagabon, qui sortit soudain de son silence. Tu es Kizan, le samouraï, n'est-ce pas ?
Le samouraï borgne considéra son nouvel interlocuteur. Rares étaient ceux qui connaissaient son nom. Il regarda mieux son armure, tenta de mieux décerner son visage abimé par le poids des années, et en tira un certain souvenir. Il avait déjà connu cet homme. Oui…dans sa jeunesse. Au cours d'une mission au cours de laquelle samouraïs et ninjas avaient dû s'allier pour faire une cause commune. A l'époque où les choses n'étaient pas si complexes, où il n'y avait qu'un seul clan de ninjas…
– Tu es le Ninja Argent Émérite ? demanda le maître au vagabond.
Le vieux shinobi eut un petit rire.
– Je vois que le temps s'est écoulé, mais que les souvenirs perdurent…Mon vieil allié. Pardonne ce petit, il est mon disciple, mais il commet beaucoup de vagues ces derniers temps…je vais remettre les choses en place.
– Je ne suis plus votre disciple depuis bien des années, rétorqua Hanzo. Le temps du clan unique, où Sasuke et moi vous obéissions, est révolu. Vous avez pris votre retraite. Et nous notre indépendance. Alors pourquoi, alors que vous êtes resté caché des années durant, tandis que nous nous querellions tout les deux pour l'influence, ressortir votre armure et venir nous faire la morale sur la politique de nos clans ?
– Parce que vous allez trop loin. Pendant tout ce temps je n'ai cessé de vous observer. D'abord par moi même, puis par l'intermédiaire de mon nouveau disciple, Goe Goe, que vous ne connaissez même pas. Et il m'a rapporté que vous aviez conclu un marché avec ce tyran de Shien. Je ne pouvais l'accepter, ni vous laisser faire. Les ninjas ne sont pas de vulgaires larbins que les Shogun utilisent. Nous avons un honneur, que vous êtes aussi bien l'un que l'autre en train de bafouer. Du temps des Shiranui….
– Le temps des Shiranui est révolu ! coupa l'élève. Finalement, vous êtes comme Sasuke. Je discutais justement de cela avec lui, avant de lui faire mordre la poussière. Votre pensée appartient au passé. Lui aussi était contre ce défi que nous à lancé le Grand Shogun Shien. Mais je ne lui ai pas laissé le choix. Et nous les vieux frères, nous nous sommes entretués pour de bons.
Il marqua une pose. Personne n'éleva la voix. Il poursuivit :
– Je sais ce que vous allez me répondre. Que s'en prendre à ses vieux frères par soif de pouvoir, c'est mal. Que je ne suis qu'une ordure. Mais peut m'importe cela. Car bientôt, j'aurais ce que tu n'as jamais eu : le pouvoir.
– Nous n'avons donc plus rien à nous dire, constata le Ninja Argent Émérite. Laissons les armes parler pour les guerriers que nous sommes. Il dégaina lui aussi son sabre, et s'élança vers Hanzo.