Chapitre 21 : Rattrapé par la réalité (2)
Les révélations sur Erika étaient difficiles à entendre. Nous séparer maintenant , en cette période de vide , était quelque chose de difficile à admettre. Pourtant, la réalité était là, et je devais continuer à avancer. Jessica , Hiroki et Erika n'étaient plus là, mais d'autres personnes avaient tout autant besoin de moi qu'eux. Je devais me concentrer sur l'ordre premier du jour : A savoir revoir Soichiro Namatame, organiser les retrouvailles, et faire mon compte rendu sur la mission qui nous avait été confiée.
-Hakaze- Alors monsieur nous presse, et monsieur rêvasse ?
-Reisuke- Huh ?
-Sirië- Tu es perdu dans tes pensées, Reisuke ?
-Reisuke- Ouais, je vous avoue que j'ai de l'appréhension, mais bon, effaçons tout ça. Allons-y.
Je pris ainsi la route avec mes camarades en direction de cette forêt reculée de là où tout avait commencé. Sur la route, j'avais l'impression de retrouver cette ambiance du premier jour. Hakaze et Sirië se taquinaient. Hakaze avait apparemment accepté le passé de la femme d'âge mûr et celui de son père, ainsi que son rôle personnel dans l'histoire, et elle avait fait le pas. Elle continuait d'appeler Sirië Athéna de temps à autre, par habitude, mais cela faisait rire la dame.
Je n'avais pas réellement calculé la durée du trajet la première fois, mais je ressentis vraiment la distance entre mon chez moi et le repaire de Soichiro cette fois. Nous ne pouvions pas y aller en bus car nous devions nous enfoncer dans le bois voisin, nous laissant parcourir une bonne heure à pied pour rejoindre l'entrée de la forêt ancienne qui n'était visible que des personnes connaissant l'existence des esprits du duel.
Lorsque nous arrivâmes devant, les deux femmes partirent en avant tandis que je restai figé devant l'entrée des lieux. Hakaze le remarqua, elle se retourna vers moi et me prit la main en cherchant mon regard afin de me réconforter. Je réalisai à cet instant que je n'étais toujours pas seul. Il était inutile de me poser des questions, inutiles de me mettre des doutes dans l'esprit. Tout ce qui importait était que je ne sois pas seul.
Ce fut avec cette pensée que je franchis les portes de cette forêt ancienne dans laquelle je retrouvai l'environnement que nous avions laissé quelques mois plus tôt. Les esprits du duel étaient toujours en train de gambader comme ils le faisaient à leur habitude. L'air était toujours aussi pur et le paysage toujours aussi revigorant. C'était vraiment l'extase de se trouver dans un tel endroit. Et je n'étais pas le seul à penser ça, puisqu'Hakaze se sentit revivre quand elle passa la porte.
-Hakaze- Que cela fait du bien de revenir chez soi. Tout ca m'avait manqué ~ Ath…Sirië, que ressens-tu ?
-Sirië- …..Aucune pensée ne me vient en tête….
-Hakaze- Je vois…Trop nerveuse j'imagine…Je t'avoue que…Je le suis aussi.
Nous avançâmes tous trois dans le silence jusqu'à atteindre cette fissure dans la roche que nous empruntâmes une fois de plus. Soichiro n'était pas dans son camp d'entraînement comme il l'était d'habitude. Cela signifiait donc que nous devions traverser la rivière une fois de plus afin de nous rendre dans son laboratoire. Je relevai mon pantalon et fit un plis. Hakaze fit de même tandis que Sirië soutint sa robe en hauteur, et tous les trois nous nous enfonçâmes dans l'eau peu profonde du lac.
La traversée était moins pénible que ce dont je me souvenais. J'avais apparemment vraiment gagné en ténacité puisque tout cela me semblait ridicule comparé à la première fois que je vins ici. La traversée ne nous pris que 5 petites minutes alors que la première fois j'étais presque en train de dormir à l'arrivée.
…..
Lorsque nous atterrîmes dans le laboratoire de Soichiro Namatame, tout était tel que nous l'avions laissé. Je n'éprouvais cependant plus aucun malaise comme je les subissais la dernière fois. L'atmosphère était la même, les lieux étaient les mêmes, mais tout avait changé. Je scrutai les environs, afin de repérer l'homme, et le trouvai enfin. Il était debout , de dos à nous, en train de préparer je ne sais quoi. Il était habillé d'une blouse de scientifique, comme à son habitude. Son apparence n'avait pas changée, il était toujours le vieil homme semblant fragile, ayant passé la soixantaine. C'était vraiment étrange de revoir Soichiro dans cet état alors qu'il était un jeune adulte de trente-cinq ans trois jours auparavant. Hakaze eut un blocage, elle n'arrivait pas à prendre la parole. Sirië, elle, se fit toute petite face à son ami. Je pris alors la parole d'un ton déterminé afin de masquer au mieux possible ma gêne.
https://youtu.be/J2yzMhNkgsk
-Reisuke- Soichiro-san. Nous sommes rentrés.
-Soichiro- Hmmmm… ?
L'homme se figea quelques secondes, comme essayant de deviner qui lui parlait. Pourtant, dans les faits, il ne s'était passé que très peu de temps entre notre départ et notre retour. Mais à ma grande surprise, il semblait ne pas me reconnaître. Il se retournai, voyant mon visage et celui de sa fille, mais ne percevant sûrement pas Sirië qui s'était cachée derrière moi par gêne. Il prit alors la parole d'un ton mitigé.
-Soichiro- Je ne t'avais même pas reconnu, gamin. Tu as beaucoup changé en ces quelques jours.
-Reisuke- Ah…Vous trouvez… ?
-Soichiro- Oui. Tu n'es plus le gamin pleurnichard que tu étais lorsque tu es venu avec ta copine, je peux le ressentir. Et tu me ramènes ma fille avec toi. Voilà qui me rassure.
-Hakaze- Je…Je…Père…? Je…Ne sais pas quoi vous dire…
-Soichiro- Il est vrai que nous avons beaucoup de choses à nous dire, gamine. Viens donc ici.
Hakaze écouta son père et se rapprocha de lui jusqu'à être assez proche. A ce moment là, je compris réellement ce que c'était que l'amour entre un père et une fille. Le seul regard échangé par les deux personnes suffisait à montrer tous les sentiments qu'ils avaient l'un pour l'autre. J'oubliai Hiroki à cet instant tellement le bonheur gagnait mon cœur. Ce regard était poignant de l'extérieur , tous les mots d'excuse sortaient des yeux de la jeune fille, tous les mots d'amour sortaient des yeux du vieux père. Ils échangèrent ce regard pendant une bonne dizaine de minutes devant mes yeux ébahis. Le père, apparemment satisfait de la réaction du fruit de sa chair, prit la parole à l'intention d'Hakaze.
-Soichiro- Que ce soit en tant qu'assistante ou en tant que fille, tu as bien du chemin à faire ma petite.
-Hakaze- Je ne le sais que trop bien, père. Je suis désolée d'avoir réagi de la sorte. Je suis tellement désolée de vous avoir fait du mal…
-Soichiro- Ne t'en fais pas. Je suppose que j'ai mal fait les choses en te racontant tout dès ton adolescence. J'ai aussi mes torts. J'ai tout fait pour que tu t'épanouisses en tant que jeune fille, mais malgré tous mes efforts, je ne pourrai jamais comprendre entièrement ton cœur de femme.
-Hakaze- Père…
-Soichiro- Ta mère serait fière de toi, vraiment très fière de toi. Tu sais gamine, elle était toute aussi effrontée que toi lorsqu'il s'agissait des personnes qu'elle aimait. Elle était une femme sérieuse, douce et chaleureuse, qui savait aider les autres. Mais dès qu'il s'agissait de sentiments –
-Sirië & Soichiro- Ses réactions devenaient imprévisibles et personne ne pouvait la comprendre.
-Soichiro- Huh ? Qui…..Qui a dit ça….?
L'homme se tourna vers moi. Il ne me regardait pas, il regardait Sirië qui était sortie de nulle part en finissant la phrase de l'homme à propos de Himiko. Il la regarda , la scruta de haut en bas, affichant une expression de profonde surprise. Hakaze pour sa part regardait Sirië avec des yeux approbateurs tandis que cette dernière s'avançait timidement vers l'homme qui était toujours aussi choqué de la voir. L'avait-il oubliée, ne la reconnaissait-il pas ? Tout se bousculait dans ma tête alors que je n'étais pas le principal concerné dans l'affaire…Elle s'approcha d'avantage, étant presque face à lui. Hakaze prit son père par l'épaule, comme pour le soutenir, tandis que lui passa sa main sur le visage de la femme d'âge mur, les yeux perdus dans le regard de celle qui était autrefois Athéna. Il prit la parole. Ce fut la première fois de toute ma vie que je ressentis des doutes dans la voix de Soichiro Namatame.
-Soichiro- C'est étrange.
-Sirië- Oui, vraiment étrange.
-Soichiro- Simplement te voir, simplement te tenir de mes mains me fait du bien. Comme si…
-Sirië & Soichiro – Comme si nous étions faits l'un pour l'autre.
-Soichiro- Athéna…C'est toi…
-Sirië- Sirië…Je me nomme Sirië, jeune maître.
-Soichiro- Ha…Hahahaha…Je…Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça…
Le spectacle que je vis me surprit encore plus que l'hésitation de Soichiro. Il regarda sa fille qui lui sourit , affichant une expression d'approbation à l'égard du père qui posa de nouveau son regard sur sa partenaire de toujours. Lorsqu'il plongea ses yeux dans ceux de sa fille, puis dans ceux de sa partenaire, son visage crispé se détendit pendant une seconde , laissant afficher un sourire prononcé et authentique face aux deux femmes qu'il aimait plus que tout. Sirië et Hakaze lui renvoyèrent ce sourire et tous se prirent dans les bras, célébrant la reconstruction de la famille. J'eus une pensée pour Hiroki et Jessica, qui représentaient tous deux la famille que j'avais et que j'aurais sûrement construite, peut être un jour trouverais-je un moyen de revenir une fois de plus en arrière et reconstruire tout ça… ?
Non, il ne fallait pas que je tente. Tant de dégâts avaient été faits en un retour, je ne pouvais en créer d'avantage pour un rêve personnel…Au final, les voir heureux me faisait du bien, même si j'étais en retrait de la scène. Je l'avoue qu'à ce moment la je me sentis vraiment seul, mais les trois protagonistes de ces retrouvailles méritaient vraiment de connaître le bonheur une fois pour toutes à mes yeux. Mais…Il manquait quelque chose. Il manquait quelque chose pour que cette scène soit complète.
Je passai ma main dans ma poche, et en sortit la fleur qu'Erika et Jessica m'avaient laissé quelques temps plus tôt. Je m'avançai du groupe qui était encore sous l'emprise de l'euphorie. Une fois assez proche, je pris la parole à l'attention de Soichiro Namatame en tendant la fleur vers ce dernier.
-Reisuke- Un cadeau d'Erika et de Jessica. Vous saurez quoi en faire.
-Soichiro- C…Cette fleur…Où l'as-tu trouvée… ?
-Reisuke- C'est Erika qui l'a trouvée, je ne fais que la transmettre car elle est absente.
-Soichiro- Je vois. Décidément cette gamine, elle aura vraiment chamboulé ma vie.
-Hakaze- Père, qu'est-ce que cette fleur ?
-Soichiro- C'est une Anthémis Dorée. Une fleur que l'on ne trouve que dans une certaine contrée très loin d'ici. On l'appelle également « Fleur de l'Espoir » , car c'est une fleur qui ne fane jamais , même si elle est cueillie elle gardera sa splendeur.
-Reisuke- Elle m'a dit que vous sauriez quoi en faire. On parle bien d'une fleur là !?
-Soichiro- Cette fleur a le pouvoir de redonner espoir à celui qui sent son parfum.
-Sirië- Une telle fleur existe ? Et comment Erika se la serait-elle procurée ?
-Hakaze- Nous connaissons déjà comment je suppose.
-Reisuke- Sentez son parfum,Soichiro. Je veux voir ça à l'oeuvre.
-Soichiro- Gamin…Je pense actuellement que tu en as bien plus besoin que moi. L'autre gamin qui criait qu'il allait protéger ma fille, il n'est pas avec vous. Donc admettons que cette fleur ait un quelconque pouvoir, tu en as bien plus besoin que moi, n'est-ce pas?
-Reisuke- Non. Ce cadeau d'Erika vous est destiné. N'ajoutez pas un regret de plus sur ma conscience en ne le prenant pas.
L'homme me regardait avec incompréhension, tandis que je soutenais le regard, comme pour appuyer mes dires. J'étais déterminé à ce que l'homme profite du pouvoir de cette fleur quel qu'il soit, étant donné que ce fut la volonté d'Erika et de Jessica. L'homme me fixa dans les yeux, je le sentais chercher quelque chose en moi. Il se figea pendant quelques minutes, mais cela ne me mit pas mal à l'aise du tout, bien au contraire, cela renforça ma détermination. Il prit enfin la parole pour rendre son jugement sur la situation.
-Soichiro- Le gamin qui bégayait quand il me parlait est bien loin. Bien. Respectons la volonté de ces dames.
Le Père d'Hakaze approcha son nez de la fleur en fermant les yeux et inspira profondément afin d'inhaler l'odeur qui s'en dégageait. Ce qu'il ne remarqua pas , mais qui nous choqua tous, était qu'au fur et à mesure qu'il inhalait l'odeur de la fleur, cette fleur disparaissait dans un nuage de poussière couleur or qui se dissipait dans l'air ambiant, comme si il inhalait la fleur elle même.
C'était un spectacle bien singulier qui se présentait devant nous. Nous restâmes tous en attente devant les conséquences de l'action de Soichiro, mais rien ne se passa à première vue. Pourtant, lorsqu'une minute fut passée, quelque chose d'invraisemblable se produisit. Les traits de vieillesse de l'homme se fondirent dans son visage pour disparaître tout simplement. Sa chevelure grise rattrapa légèrement sa couleur noire d'origine. L'homme qui fermait toujours les yeux afficha un sourire qui eut un effet immédiat d'illuminer son visage en y enlevant tous les traits durs qui rendaient son expression naturellement désagréable…Soichiro était en train de perdre dix ans d'âge devant nos yeux. Le vieil homme retranché dans son désespoir était en train d'évacuer l'amertume de son cœur pour ne laisser qu'un homme ayant une cinquantaine d'années, tout comme Sirië , apparaître devant nous. Soichiro commença à rire, ce qui nous frappa immédiatement, car sa voix n'était plus saccadée, son rire était beaucoup plus franc et puissant qu'il n'y était à peine vingt minutes auparavant, il prit la parole devant notre stupéfaction.
-Soichiro- C'est donc le pouvoir de cette fleur. C'est magnifique. Pendant une fraction de secondes, j'ai senti la présence de Himiko en moi. Son souffle, son odeur, son aura…Tout y était. Le pouvoir de cette fleur est donc d'insuffler l'espoir…Hahahaha…Il semblerait que j'aie encore pas mal de choses à faire avant de pouvoir te rejoindre ma chérie.
-Hakaze- Père…Tu…Je suis si heureuse…
-Soichiro- Allez, viens embrasser ton vieux père ma puce.
Hakaze se jeta dans les bras de son père qui avait enfin repris espoir et l'apparence d'un homme de son âge. Il étreignit sa fille avec tendresse tandis que la tante les regardait avec émotion. Je posai ma main sur l'épaule de la tante en guise de soutien, et ce fut sur cette scène que se finirent les retrouvailles entre la famille Namatame. Cela ancra en moi un profond sentiment de satisfaction, puisqu'au final tout finissait bien pour tout le monde. Même Hiroki quand on y réfléchissait bien, puisque son espoir était de me voir sourire de nouveau un jour, qui étais-je pour contredire l'espoir de mon frère après tout ? Ce fut sur cette pensée que je rentrai chez moi, seul pour ce soir. Hakaze et Sirië avaient insisté pour rentrer avec moi, mais je refusai en bloc leur proposition, ils avaient sûrement tous trois beaucoup de choses à se dire, et je ne voulais pas être l'obstacle à la communication. Je rentrai donc au final seul.
Je mis deux heures à rentrer chez moi. J'avais pris beaucoup plus de temps pour rentrer que pour partir, faisant des détours dès que je pouvais en faire. Rentrer n'était pas ma priorité après tout. Ce que je dis à Jessica lorsque nous étions dans la guilde était vrai : tout ce qui m'attendait à mon retour n'était qu'une maison vide avec pour compagnie qu'un chien idiot, et même ce chien n'était plus là, c'était donc un cadre trop monotone pour que je puisse trouver un quelconque attrait à rentrer.
Lorsque j'ouvris ma porte, je ne retrouvai qu'une maison dénuée de vie, exactement comme je l'imaginais. Je n'avais malgré tout aucun souvenir de mes parents, j'étais trop jeune quand ils sont morts. Même si je me souvenais de mon lien avec Hiroki, des tas de choses en moi étaient encore à reconstruire. C'était sûrement la chose sur laquelle je devais me focaliser afin de progresser dans le futur me disais-je.
Je regardai l'heure : Dix-Huit heures trente. J'avais donc passé toute ma journée chez les Namatames à y aller , organiser les retrouvailles et repartir. Il faut dire que c'était loin après tout. J'ouvris le réfrigérateur et en sortit un plat cuisiné tout fait qui était à l'intérieur. Hakaze et Sirië n'avaient quasiment rien utilisé dans les réserves, j'imagine qu'elles avaient pu cuisiner elles-mêmes contrairement à moi.
Une fois le plat réchauffé, je m'installai dans mon fauteuil, avachi devant la télévision. En guise de programme télé je relançai le message d'Erika que j'écoutai tout en mangeant ce plat seul. J'analysai toutes ces informations que la jeune fille me transmettait par le biais de sa vidéo, tout en repensant à cette fleur de l'espoir, l'Anthémis Dorée , que Soichiro avait utilisée afin de dissiper l'amertume de son cœur. Cette fleur venait donc du même endroit d'où venait Erika…
Oui…
Du même endroit…
Je…Je vais la retrouver.
……
Je m'endormis peu après avoir fini de manger, sur ces paroles « Je vais la retrouver » que je mis dans ma tête. L'atmosphère était lourde et mon sommeil agité.Je savais que j'étais dans un rêve, mais je voulais m'accrocher à ce que je voyais dans mon sommeil, Erika, Jessica, et Hiroki étaient là, tous en train de me sourire…J'aurais voulu que cela dure éternellement…
J'entendis un bruit, puis deux, puis trois, et je me réveillai en pleine nuit. La télévision avait fini par s'éteindre, le carton de mon plat était tombé au sol, par chance il n'y avait pas de sauce par terre…Mais qu'est-ce qui m'avait réveillé ? Je l'ignorais. Je me levai de mon fauteuil, profitant de ce réveil pour regagner une couche décente, mais alors que j'étais serein pour retourner dormir, les bruits étranges se firent entendre de plus belle. Je ne le réalisai pas tout de suite, mais c'était quelqu'un qui frappait à ma porte. Je regardai l'horloge de mon salon, il était minuit. Qui aurait pu venir à cette heure-ci chez moi… ?
….
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Sans trouver de réponse rationnelle, je me rendis au pas de ma porte, sans regarder qui était derrière , cela aurait pu être un cambrioleur comme lorsque mes parents sont morts, je serais mort à mon tour tellement je ne faisais pas attention à qui aurait pu me joindre. Pourtant, lorsque j'ouvris la porte, ce fut un spectacle bien singulier que je vis. C'était une jeune fille qui était sur le palier de la porte. Elle portait une longue robe blanche qui se fondait presque dans son teint pâle et ses cheveux décolorés. Elle était blanche de partout, excepté de par ses yeux qui étaient verts émeraude. Lorsqu'elle me vit, son visage se crispa, affichant une expression marquée d'un profond regret. Je ne compris pas l'ampleur de cette visite jusqu'à temps qu'elle prit la parole.
– Même pas qu'il me reconnaît cet abruti. Après tout ce qu'on a partagé ensemble il ne me reconnaît même pas.
-Reisuke- Non…Je…Jessica !? Mais comment est-ce possible !?
-Jessica- Tu en as mis du temps. Tu me laisses poireauter où je peux rentrer ?
Sans bien comprendre le pourquoi du comment, je m'écartai afin de laisser passer la jeune fille qui n'était autre que Jessica. Elle entra chez moi et prit ses aises sans même que je ne lui demande de le faire. Pas de doute, c'était bien Jessica qui était présente. Elle s'assit dans le fauteuil et me regarda en silence tandis que je ne compris pas ce qu'il en était.
-Reisuke- Pourquoi cet accoutrement Jessica ? Comment as-tu fait pour venir ici !? N'étais-tu pas censée m'oublier !?
-Jessica- Reisuke…Par où commencer… ?
-Reisuke- Comment ça , par où commencer !? Réponds moi Jessica ! Pourquoi tout ça !?
-Jessica- Je suis morte Reisuke.
-Reisuke- M…M…Morte… ?
-Jessica- Tu t'attendais à quoi, Reisuke ? Tu pensais vraiment qu'en perdant comme une tâche contre Metaion cela suffirait à ce que j'aie la vie sauve ? J'ai commis des crimes dans le monde des esprits, j'ai payé ces crimes de ma vie en affrontant Metaion.
-Reisuke- Non…Ce…Ce n'est pas possible…Tu…Ce n'était pas censé se passer comme ça ! Tu étais censée m'oublier et vivre ta vie ! Tu étais censée être heureuse ! C'était ma consolation pour m'être retrouvé seul que tu sois heureuse ! Non ! Je ne peux pas accepter ça ! C'est au dessus de mes forces !
Je me laissai tomber au sol, n'ayant plus aucune résistance musculaire après l'annonce de la jeune fille…Elle était vraiment morte…Jessica…Mon espoir, ma consolation…Elle était morte par ma faute…Jessica et Hiroki sont morts par ma faute…Non…Je ne pouvais pas contenir ça…Des larmes coulèrent, je ne pouvais pas les retenir, elles voulaient dévaler mon visage afin d'extérioriser ma tristesse, bien que je leur disais que je devais rester digne, elles ne m'écoutèrent pas, et je me retrouvai vite à hurler ma rage et mon désespoir tandis que mes larmes dévalaient mon visage en abondance…Jessica me regardait, indifférente…
Nos regards se croisèrent et nous bloquâmes tous les deux. La jeune fille assise sur le canapé me renvoyait quelque chose de très étrange. Je continuai à scruter son regard. Elle évita mon insistance en détournant les yeux, ce qui était totalement contraire à sa nature. Je m'arrêtai de pleurer, sanglotant un « Jessica ? » faiblement, quand soudain…
……
Quand soudain, elle ne put s'empêcher d'éclater de rire.
Je ne compris pas de suite ce qu'il en était, mais je compris vraiment jusqu'où avait été la jeune fille lorsque dans son fou rire elle mit sa main sur son crâne et en retira une perruque blanche , laissant ses cheveux blonds d'origine reprendre leur liberté. Je compris à ce moment que j'avais été victime d'une plaisanterie de très mauvais goût de la part de la blonde.
-Reisuke- Jessi…
Elle ne me répondit pas et sortit simplement un téléphone qu'elle mit à son oreille. Elle essaya d'articuler sans rire, je ne compris pas ce qu'il en était, mais je distinguai un « Cette tâche à mordu à l'hameçon comme convenu. » Elle raccrocha le téléphone. Mais alors que j'essayai de me remettre de tout cela, j'entendis quelqu'un d'autre sonner à la porte. Je regardai en direction de la porte, sonné par la révélation de la jeune fille, intrigué par la personne qui sonnait. Jessica me regardait en silence d'un air moqueur. J'imaginai donc que tout se passait selon son plan et que la personne en question était une connaissance à elle.
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Lorsque j'ouvris la porte, je constatai avec stupeur l'identité de la personne qui m'attendait. Je tombai sur les genoux, cette personne…C'était moi. Toute mon identité avec quelques années de plus au compteur. Celui qui avait pris tant de risques pour moi, celui que j'avais tant détesté sans même savoir qui il était, celui pour qui j'avais causé tant de grabuge, celui que je croyais perdu à jamais…
-Reisuke- O…Oni-chan.
Je me laissai tomber au sol, Hiroki eut le réflexe de me rattraper avant que je ne heurte le béton. Il rit avec gêne face à ma réaction, tandis que Jessica, elle, arriva de derrière et rit franchement alors que bien que conscient, j'étais sonné par tout ce qu'il se passait ce soir.
-Hiroki- Je crois qu'on y a été un peu fort là Leocaser.
-Jessica- Ce boulet n'a que ce qu'il mérite. « Pourquoaaaaaaaa Jessicaaaaaa bwahahaaaaaaaaaa » , c'était magnifique ~
-Hiroki- Quand même, il va nous le faire payer le connaissant.
Devant cette scène, je fus surpris comme jamais. Jessica et Hiroki avaient donc survécu eux aussi…? Je ne comprenais pas comment c'était possible…Pourtant…Ils étaient bien tous les deux là. J'étais bien soutenu dans les bras de mon grand frère, et lorsqu'il me regarda en face, le sourire qu'il afficha était clairement authentique, c'était bien Hiroki qui était là. Les larmes revinrent, mais cette fois j'affichai un sourire en direction de mon frère. Je levai ma main , la posant sur son visage, le contemplant comme si il était un trésor. J'avais rêvé de ce jour depuis trop longtemps, le jour où moi et mon frère nous nous reverrions enfin…Et ce jour était arrivé…
-Hiroki- Je suis rentré petit frère.
-Reisuke- Bienvenue chez toi, Oni-Chan.
Il se leva, portant mon poids sur son corps beaucoup plus robuste que le mien. Je reposai ma tête contre sa poitrine tandis qu'il me portait à l'intérieur de chez moi en compagnie de Jessica. Grand-frère me posa sur le fauteuil, je m'y rallongeai pour encaisser le gros poids émotionnel que je venais de subir. Je pris la parole, questionnant les deux complices du soir.
-Reisuke- Mais…Comment avez-vous fait… ?
-Jessica- On n'a rien fait de spécial.
-Reisuke- Te fous pas de moi ! T'es pas censée être là et Hiroki non plus !
-Hiroki- Calme, Rei-Chan. Leocaser, explique lui s'il te plaît.
-Jessica- Ok, donc après que tu te sois fait écrabouiller comme une merde par Metaion, je pensais vraiment qu'il allait m'écraser aussi, mais il a simplement mis en avant que j'étais libre de partir.
-Reisuke- Eh , attends. T'étais pas censée tout oublier toi ? Ananta, Toratura et Athéna m'auraient menti sur toute la ligne !?
-Hiroki- Nous en avons conclu que cette restriction ne s'appliquait que lorsque toutes les personnes du futur seraient reparties dans le futur, avec moi coincé là-bas, Leocaser a conservé tous ses souvenirs.
-Jessica- Pourtant, j'étais incapable de partir, seul Soichiro Namatame et les membres du laboratoire ont le pouvoir d'aller et venir dans le monde des esprits du duel. Donc j'étais coincée avec Metaion. J'ai profité de l'occasion pour parler un peu avec lui et j'ai fini par avoir ce gland à l'usure.
-Reisuke- A l'usure ? Comment ça à l'usure ?
-Hiroki- Il faut prendre en compte que Leocaser est l'être le plus chiant qui ait vu le jour sur cette terre. Une fois que tu te mets ça en tête, tu peux te dire ceci : Il en avait tellement marre de se la coltiner qu'il me relâcha et nous renvoya au sanctuaire céleste par son pouvoir.
-Reisuke- Oh, je peux le comprendre, elle est vraiment chiante quand elle s'y met.
-Jessica- Monsieur je me roule par terre pour la chiante peut se taire ~ Je sais que tu es une tsundere ~
-Reisuke- Tu as de la chance que mon frère est là autrement je t'aurais rappelé l'épisode de la colline .
-Hiroki- Mais ça m'intéresse moi. Raconte moi donc, Rei-Chan. Je t'en raconterai des bonnes sur Leocaser aussi, j'ai eu le temps de me faire des dossiers.
-Jessica- Rah on n'a même pas fini fermez vos gueules ! Donc moi et Boulet senior on ne pouvait pas rester éternellement dans le monde des esprits, mais on ne pouvait pas en sortir. Nous avons donc passé un certain laps de temps jusqu'à être renvoyé dans le monde réel.
-Reisuke- Un laps de temps ?
-Jessica- 7 Ans. Nous avons passé 7 ans dans le monde des esprits en puisant dans mes pouvoirs psychiques jusqu'à ce que je sois trop faible pour tenir, on a vécu chez Voltanis qui nous a tout expliqué sur le fonctionnement du monde des esprits, et au final on est revenus dans cette époque il y a un mois. Les 7 ans passés dans le monde des esprits ont fait passer 14 ans ici.
-Reisuke- Vous avez vraiment traversé tout ça… ? Mais…Vous n'avez pas vieilli ? J'ai l'impression que vous avez la même apparence qu'hier.
-Hiroki- Le monde des esprits suspend le cycle de vieillesse des humains. C'est pour ça que nous avons gardé notre apparence. Les pouvoirs de Leocaser nous ont permis d'y rester le plus longtemps possible, mais elle a perdu toutes ses habilités psychiques au change.
-Reisuke- Jessica…Tu es sûre que…. ?
-Jessica- Hm ? Tu crois que je regrette de ne plus pouvoir utiliser mes pouvoirs ? Akulia est toujours avec moi, c'est le principal. Et puis…J'aurais fait n'importe quoi, si cela m'aurait mené à toi au final.
Jessica s'arrêta net, elle détourna le visage , affichant une expression de gêne assez intense. Je regardai Hiroki qui me sourit avec compassion. Je lus dans ses yeux qu'ils avaient tous les deux traversé des tas d'épreuves pour en arriver ici. Jessica avait du en faire des choses pour finalement me retrouver…Alors que moi je me lamentais sur mon sort…Jusqu'au bout j'avais été un idiot au final….
Je repris la parole en affichant un sourire de soulagement.
-Reisuke- Quel idiot. Mais quel idiot.
-Jessica- Bien sur que t'es un abruti.
-Reisuke- Jessica… Merci. Merci pour tout ce que tu as fait. Tu m'as ramené mon frère, tu es revenue jusqu'ici, tu as donné ces pouvoirs pour lesquels tu as tant bataillé pour moi. Je ne te serai jamais assez reconnnaissant.
-Jessica- J'avais tous les pouvoirs du monde, ça ne m'a pas empêché d'être seule. Reisuke. Je ne vous remercierai jamais assez toi et Hiroki pour tout ce que vous avez fait pour moi…Jamais.
J'étreignis la jeune fille. Tout ce que je croyais perdu m'étais revenu. Jessica, Hiroki, ils étaient revenus à moi et tout finissait bien. Mes erreurs étaient enfin effacées, je pouvais enfin aller de l'avant et construire des choses. Hakaze, Soichiro et Sirië étaient réunis ensemble, Erika avait pris sa route, et moi j'avais retrouvé mes proches…Il ne restait plus qu'une chose à faire pour que tout soit complet. Une dernière chose à faire pour boucler la boucle, pour que les espoirs de tout le monde soient enfin honorés. Et ce fut le lendemain que cela se fit.
Lorsque nous arrivâmes à trois dans la forêt de Soichiro, on m'ouvrit la porte, à moi et à mes camarades. Ce fut Hakaze qui ouvrit la porte. Elle qui était peinée à l'idée de ne plus voir Hiroki fut toute aussi choquée que moi lorsqu'elle ouvrit la porte et qu'elle vit son camarade de toujours. Hiroki la regardait avec silence, le sourire aux lèvres. Il ne se laissait pas désirer, il était trop maladroit pour savoir quelle réaction avoir, mais lorsque la jeune femme se jeta à son cou pour l'étreindre, il sut alors que la meilleure des réponses était la plus naturelle, la réponse du cœur.
C'est ainsi que se termina notre voyage, notre voyage à tous. Un voyage chargé de douleurs, de peines, de larmes, mais finissant dans la lumière de l'espoir.
Mon voyage, ne faisait que commencer.
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