Akiel
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Du troisième concours de fictions
Préface :
Spoiler :
Prélude :
Spoiler :
Quatre participants, quatres histoires très différentes… Un beau concours, en soi. Cependant, la diversité des histoires rend la notion de barème plus ou moins obsolète. Barème qui d'ailleurs à changé ; mais, jury chevronné des précédentes éditions, je vais utiliser l'ancien. En fait, pas tant par affirmation du fait que c'était mieux avant (ce qui serait probablement intéressant à discuter, mais ce n'est nullement la la question qui se pose dans l'immédiat), mais plutôt parce que je le trouve plus adapté, avec ses catégories plus vastes (donc, moins oppressantes par rapport au format de la nouvelle, et plus aptes à s'adapter à la diversité) et moins nombreuses. Notamment par rapport à la section personnage, puisque les quatres textes ont chacun une approche radicalement différente des personnages, si ce n'est de la notion même de personnage.
Et j'invite tous les autres à faire de même, pour éviter des écueils comme en venir à reprocher toute absence de canonisme primaire dans la forme plutôt qu'à apprécier le texte en lui-même.
Je ne vise (presque) personne en particulier, mais j'invite toute personne qui d'aventure se reconnaîtrait à réfléchir à la pertinence de son jugement, et à le tenir au jour en fonction des fruits de cette réflexion. Je tiens à rappeler – même si c'est inutile tellement c'est tant évident qu'inhérent à la situation – que je formule ici des avis totalement partiaux.
D'ailleurs, j'ai pu lire l'histoire de Spammer en avant-première, et je sais de quel texte il s'agit… Comme tout le monde, en fait. Où est passé l'anonymat des candidats ? Je trouve que ce changement-ci est vraiment mauvais. Par exemple, je pourrais très bien faire de la discrimination envers le texte de cmawesome car je n'apprécie guère l'absence de majuscule au début de son pseudo. En dernier lieu, je rappelle qu'une « note » pas forcément très élevée n'est pas un indicateur de la mauvaise qualité du texte ; fiez-vous plutôt au commentaire.
Premier mouvement
Spoiler :
La quatrième place revient à Le sens de la vie, le texte nº1, celui de Love Ce pourrait être une blague. Narré presque comme un conte, c'est une histoire courte avec une chute comique. Ce qui est osé, dans un concours ; je me dois de le reconnaître et de l'applaudir. L'histoire (cette partie servira, pour ce texte et les suivants, de fourre-tout où je traiterai de tout ce qui ne relève ni du thème, ni de la langue) : Comme je l'ai dit, ç'a quelque chose du conte. Mais d'une parodie de conte. Ce qui fait que le texte n'est ni à considérer selon son déroulement – simple et travaillé pour être répétitif, avec des variations mineures pour ne pas engendrer une lassitude totale, dans l'imitation du conte – ni selon ses personnages – dotés d'une double construction, d'un trait caractéristique poussé à son extrême, mais d'une simplicité basée sur des stéréotypes pour les rendre plus marquants (aspects très réussis) ; ce ne sont pas des personnages, juste des figures symboliques – mais plutôt en jugeant de son habilité à détourner les codes du conte.
Et là est le premier problème. Ça emprunte beaucoup au conte, mais au final, à part caser un « intrus », ça ne faut rien de bien sophistiqué. C'en est presque ridicule, mais pas dans le sens où c'est de l'humour ; c'est juste un conte avec un intrus dedans. Il aurait fallu oser pousser le délire bien plus loin, et ç'aurait beaucoup mieux marché. Mais c'est aussi et plutôt à considérer, je l'ai dit plus haut, comme une blague. Et c'est peut-être là que le bât blesse ; autant cette blague est parfaite en terme de structure (j'invite tout un chacun à lire Le rire du cyclope de Bernard Werber, roman dont une partie de l'intrigue tourne autour de ce qui fait d'une blague une bonne blague… ç'a l'air con, dit comme ça, mais c'est vraiment intéressant. Pat contre c'est un troisième tome, les deux précédents parlant d'origines de l'humanité et de fonctionnement du cerveau), autant la chute en est plutôt surfaite. Parce que le passage avec le japonais est trop… foireusement expliqué par rapport à ce qu'il raconte. Il aurait fallu simplifier, dire Les raisons de sa victoire sont un peu bancales. Bref, la blague manque de linéarité, de fluidité.
5/10, parce que ça ose des choses géniales, mais ne les fait pas assez profondément. Le thème : Bien respecté. C'est une représentation dans la continuité du reste : le plus simplement possible, mais efficacement. Affect un aspect Cependant, manque de cohérence, ou du moins d'explications me convaincant, sur pourquoi le japonais gagne. Et là encore, c'est LA fausse note. Dommage. Mais néanmoins, je mets 3/5 (parce que ça, et parce que je déplore un manque de sophistication dans l'approche) La langue : Correcte en soi, et assez châtiée. Mais j'ai vu des choses affreusement peu canoniques, notamment des noms écrits en capitales d'imprimerie. Ou encore ce « Il y'a » qui ouvre le texte, et qui est très perturbant. 4/5 Total : 12/20 ; un immense potentiel, une réalisation correcte, mais dotée de quelques failles. Un manque d'efficacité dans l'humour et la parodie, mais plus dus à au fait – compréhensible – que les partis pris audacieux n'aient pas été poussés jusqu'au bout.
Deuxième mouvement
Spoiler :
La troisième place est pour le texte nº2, celui de cmawesome. Parce que je fais de la discrimination envers l'absence de majuscule en début de pseudo.
13/20
Troisième mouvement
Spoiler :
Dix secondes plus tard, la blague ci-dessus n'est déjà plus drôle. Donc, plus sérieusement, le texte nº2 L'histoire : Un parti pris très intéressant que de n'avoir ni trame ni personnage. Une pure description, une transcription d'un monologue. C'est très audacieux. Et c'est très bon. Et on ressent que ça veut faire passer une vision d'Apocalypse imminente. Et je pourrais faire un énorme paragraphe dessus. Mais…
Le problème est que la suspension consentie de l'incrédulité fonctionne mal. Autrement dit, qu'une incohérence empêche l'immersion dans l'univers du texte. Car on évoque à la fois des technologies suffisamment avancées pour mettre pied sur la lune, et en même temps une croyance générale qu'une éclipse marquerait une apocalypse. Sans plus d'explications. Et donc, les connaissances scientifiques devraient avoir massivement invalidé cette idée – une éclipse, c'est inoffensif –, ce que le texte ne suggère pas du tout. Et là est l'énorme problème, qui entache le texte, malgré ses indéniables qualités.
Résultat : 5/10 parce que la bévue est très grosse. Le thème : Sur ce plan-là, c'est parfait. Il y a une impression de puissance et de majesté – de divinité – qui est transmise. Et c'est beau. Et c'est bien. Et c'est un 5/5 La langue : Des manquements à répétition sur les accords, et sur la ponctuation (vivent les virgules). Très handicapant, à la longue. 3/5 Total : Ce n'est pas vraiment une histoire, mais c'est un beau texte, qui malgré des cafouillages mérite son 13/20
Quatrième mouvement
Spoiler :
La deuxième place revient à Rêve et Réalité, le texte nº3, celui de Quadriforce. L'histoire : Puisqu'histoire il y a, pour une fois, parlons de l'histoire. C'est un concept peu original ; un homme ordinaire, aléatoirement, accède à des pouvoirs. Il en abuse, puis se dit que ce n'est pas moral, refuse, et… c'est là qu'est l'originalité. Dans la fin. Car au final, il est châtié non pas pour son amoralité du début, mais au contraire pour avoir succombé à la terreur du pouvoir. Ce qui est absolument l'opposé de la structure la plus classique, où au contraire on te serine des morales comme quoi un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, ou de grands malheurs. Ou les deux. Et c'est d'ailleurs la conclusion du héros, mais qui se voit simplement châtié pour avoir eu ce sursaut d'humanité.
C'est un récit absolument terrifiant, en somme.
De plus, le personnage est banal, et voir ainsi un élément quelconque du tout un chacun déshumanisé petit à petit est tout aussi poignant.
Cependant, le personnage est un peu trop vide à mon goût. Et c'est le seul bémol. On ressent aussi assez bien qu'il y a un monde en-dehors du cadre du récit ; un univers, des enjeux, que ce soit du côté normal que chez l'entité supérieure.
En somme, 8/10. Parce que c'est quand même assez standard, que ce soit dans la majorité de la trame ou dans le personnage central. Mais j'apprécie vraiment beaucoup le coup d'éclat de la fin et la métamorphose du rêve en horreur. Le thème : Très bien respecté et mené : on le voit de l'extérieur, dans un ressenti intérieur, dans ses potentialités. Vraiment bon. Je ne vois pas de raison de ne pas mettre 5/5 La langue : Des petites fautes dispersées çà et là, et une langue globalement jolie, mais sans avoir un vocabulaire fleuri, même pas chez l'être suprême, ce qui donne un effet d'apparition un peu forcée au mot « supernel ». 4/5 Total : 17/20
J'ai vraiment beaucoup aimé. Ce n'est pas transcendant, mais efficace.
Clôture
Spoiler :
Pour finir, la première place revient donc à Supernel : Origins, texte nº4, de ce cher Spammer. J'ai pu lire le texte avant sa publication ici, et c'était bon. J'étais déjà plié de rire, juste au titre, tant ça tranchait avec le sérieux de la fic juste au-dessus. L'histoire : Une mise en abyme. Et qui marche.
Juste pour ça, je suis fan.
Et puis… je suis beaucoup trop sensible à l'absurde tel qu'il est développé ici. On ressent toute la vacuité et l'absurdité du processus de création quand l'inspiration manque, ou est soumise à des contraintes qui la briment. Ça pourrait limite s'interpréter (parce que, soyons francs, il n'y a rien à comprendre de ce texte ; il faut aller chercher dans l'interprétation pour commencer à percevoir un semblant de sens) comme une virulente critique du présent concours. Ou juste comme de l'absurde pour de l'absurde.
Et sinon, les personnages sont peu exposés mais ultra-efficaces. On n'a pas besoin de faire l'effort d'imaginer qu'ils viennent d'un monde extérieur au récit ; ils ont beaucoup trop l'air d'y être ancrés pour que ce ne soit pas une évidence. Les vannes qu'ils se balancent aussi pourraient générer des pavés sur leur sous-texte et comment ça traduit d'un rapport humain aux airs vraiment authentiques.
Bref, 9/10 Le thème : Le thème, tu ne l'as pas maîtrisé ; tu lui as cassé la gueule, puis une fois qu'il était bien tombé dans les pommes, tu as mené une opération chirurgicale pour lui refaire la trogne à ta façon. Et c'est beau.
5/5 La langue : Irréprochable, je crois. 5/5 Total : En vrai, je crois que je fais du fanboyisme et que je surnote. Mais… je n'en ai rien à carrer et je mets 19/20.
Postface
Spoiler :
Les « notes » sont très hétérogènes, mais les textes étaient tous géniaux, chacun à sa façon. Je suis très content. Merci beaucoup aux auteurs. Mon classement final est donc :
4e : Love
3e : cmawesome
2e : Quadriforce
1er : Spammer
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Welcome to the Abyss… Let’s Яeverse the world !
Spoiler :
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