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[FIC] Les Abîmes du Désespoir
mbg71
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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [13/10/2016] à 20:54

bon bon je lirais tout ça a tete reposé quand je pourrais dai et je te donnerais mon avis quand j'aurai tout lu d'une traite



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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [18/10/2016] à 20:28

Chapitre 23 : Le véritable sens du désespoir

https://www.youtube.com/watch?v=hnKyyzSIJNM

L'immense porte de granit s'ouvrit face à moi, me laissant apercevoir la lumière de la suite de ce chemin glacial. Tandis que l'armure d'Athéna qui m'entourait avait totalement disparue, je lançai un dernier regard à mon grand-père, inerte au sol, avant de continuer sur ma route afin d'arriver jusqu'à Hiroki et le sortir de là.

J'avançai donc dans un nouveau couloir qui était cette fois plus chaud que celui emprunté précédemment. J'avais le sentiment que beaucoup de choses allaient se jouer au pic de la falaise Sekai. J'avais le sentiment que nous jouions l'acte de quelque chose de grandiose qui allait être imminent. C'était à la fois terrifiant et excitant, comme si j'avais vécu ma vie pour ce moment-même. Plus j'avançais, plus mon cœur était lourd, m'obligeant à porter le poids de toutes ces responsabilités et appréhensions sur mes épaules. Je m'accrochais cependant à la volonté de mon père, au courage de ma tante, à la force de ma mère, mais aussi à la sagesse de mon grand-père afin de m'assurer de mon triomphe dans cette mission.

Ce couloir semblait interminable. Plus j'avançais dans ces sombres murs, plus je sentais que j'arrivais proche du but. Après une dizaine de minutes de marche, je pus enfin apercevoir une lumière au bout du tunnel. Cette lumière vacillait du vert au bleu , avant de passer par le violet, avant de reprendre sa couleur initiale. Je compris alors la source de cette lumière, et je n'avais pas tort, puisqu'en sortant de cette embouchure, je m'aperçus que j'étais arrivée au sommet.


Le pic de la falaise était quelque chose de vraiment difficile à imaginer. En effet, dès que je sortis de ma cavité, je fis face à une série d'escaliers montant encore et encore jusqu'à arriver sur une plateforme qui s'étendait sur des centaines de mètres. Autour de moi se trouvaient des tas de colonnes dressées fièrement vers le ciel tandis que les nuages noires semblaient à portée de main d'où je me trouvais. Plus loin sur cette plateforme, au milieu de toutes les colonnes de pierre, se trouvait une autre colonne d'énergie. Ce faisceau continu de vert, bleu et violet venait d'ici, et il ne se trouvait qu'à une centaine de mètres. N'écoutant que ma réflexion immédiate, je me hâtai vers la source d'énergie afin de l'éteindre, mais plus je m'avançais, plus je distinguais des silhouettes se tenir devant la puissance continuelle. Lorsque je fus assez proche de ces personnes, j'en distinguai quatre : Hiroki, Reisuke, Laïla et Kôsei. Par réflexe, je me jetai dans les bras d'Hiroki, soulagée qu'il n'ait rien.


– Hiroki ! M'exclamai-je. Comme je suis heureuse de te revoir. Tu n'as rien de cassé ?

– T'en fais pas. Je n'ai pas eu grand chose à faire en venant ici. Tout était déjà ouvert, comme si j'étais invité.

– Tu étais invité grand-frère. Rétorqua calmement Reisuke qui scrutait le générateur face à lui. Tu es essentiel aux plans de Yume-Nikki.

– Comment ça, j'étais essentiel ? Je t'avoue que je ne comprends pas pourquoi ils m'ont amené ici en me leurrant avec toi en guise d'appât…

– Même si l'on te le disait, tu ne nous croirais pas monsieur l'espoir en abondance ~ Rétorqua la femme avec dérision. Tu es trop étroit d'esprit pour ça ~ .

– Silence. Renchérit Kôsei. Nous sommes près du générateur. Autrement dit, les autres arriveront d'ici peu. Restez sur vos gardes.


https://www.youtube.com/watch?v=v0-jOyFA2WQ

Au moment précis où Kôsei prononça ces paroles, nous nous retournâmes tous dans la direction opposée à celle que nous étions. Lorsque nous tournâmes nos regards vers cette présence soudaine qui se rapprochait, nous eûmes la surprise de voir ce qu'il en était. Jessica était accompagnée par un membre de Yume-Nikki portant son masque, ainsi que de Chiaki Nakagami. Les trois semblaient en bons termes. Jessica avait donc sympathisé avec l'ennemi… ? Je ne savais pas ce qu'il en était, mais tout cela cachait quelque chose.


– Bah quoi ? Vous voulez que j'prenne une photo de ma gueule ou ca se passe comment !? Nous agressa la blonde à peine arrivée sur les lieux.

– Tu…Toi avec un Yume ? Bégayai-je, surpris par le comportement de mon amie.

– C'est une longue histoire. M'interrompit celle qui d'après Reisuke, répondait au nom de Juuni dans la hiérarchie. A chaque embouchure il y avait un ennemi qui nous attendait n'est-ce pas ? Vous avez affronté qui du coup la bande de bras cassés ?

– J'ai affronté Fujii de la Yume-Nikki. J'ai réussi à m'en sortir. Répondis-je sans laisser paraître d'émotions.

– Nous avons évité le combat grâce à Hakaze. Me complimenta alors Reisuke, approuvé par celle qui l'accompagnait.

– Moi j'ai du combattre Ren. Toshiyuki Ren. Reprit froidement Kôsei. Le combat a été déclaré sans issue. J'y ai mis un terme moi-même en immobilisant la vice capitaine de la fondation du futur.

– La fondation du futur est présente !? S'étonna Hiroki. Pourquoi sont-ils ici !? Et pourquoi Ren attaquerait Kôsei ? D'abord moi, après Kôsei…Je ne comprends plus rien.

– En tout cas, ils mettent toute l'énergie nécessaire. Répondit Kôsei en montrant d'avantage son visage balafré à l'oeil gauche par la vice leader.


Un lourd silence s'installa sur place. Comme pour mettre à profit le temps qu'ils perdaient, je m'avançai vers la source d'Ener-D qui était face à nous afin d'en étudier les caractéristiques. La puissance en question était assez abondante. Il aurait fallu trois, voir quatre heures, afin de pouvoir la rendre inoffensive. Sur ce générateur enseveli par une lumière transparente à couleur variable se trouvaient des sortes d'électrodes qui étaient numérotés. Deux, Sept , Six, Neuf. A quoi pouvaient bien correspondre ces nombres…. ? Etait-ce Deux mille sept cent soixante neuf ? Ou bien tous ces chiffres étaient à prendre séparément ? Je ne pouvais répondre. Cependant, devant mes interrogations, Kôsei, le leader de la brigade anti espoir, vint à mes côtés afin de déduire avec moi.


– Intéressante trouvaille. Déclara-t-il. Voyons ce que l'on peut en déduire…..Oh…Je vois. Je pense savoir ce à quoi correspondent les chiffres. Numéro 2 : Futatsu, autrement dit Fujii. Numéro 7 : Nanatsu, Cécilia. Numéro 6 et 9 , Mutsu et Kyuu dont les identités ne me sont pas connues. Je pense que les numéros correspondent aux membres de la Yume-Nikki qui ont trahi dame Laïla.

– Comment…Tu veux dire que tout cela n'est vraiment pas de votre initiative !?

– Les objectifs de Dame Laïla sont contraires à ceux de cette bande qui n'aspire qu'à répandre le chaos. Si ils arrivent à faire ce qu'ils ont prévu, nous allons connaître de graves souffrances.

– Et pas moyen de désactiver ce réacteur. Nous interrompit Hiroki. J'ai essayé depuis tout à l'heure, en vain. Laïla t'as pas une idée toi qui est intéressée par les sources ?

– Pas la moindre piste.C'est assez dérangeant quand on y regarde de l'extérieur puisque le désespoir lui-même tient en ce générateur. Je me demande quand est-ce qu'il se consumera lui même pour se dévorer dans son propre tourment ~

– Veux-tu que j'essaie de le briser de l'intérieur ? Lui demanda Reisuke sans exprimer d'émotions véritables.

– Si tu pouvais le faire tu l'aurais déjà fait non !? Gros tas va. Lâcha Jessica dans un élan de jalousie.


Nous revînmes au point de départ, cherchant à savoir comment taire cette source importante d'Ener-D qui était face à nous. Le générateur semblait si proche et si loin à la fois que j'en déprimais. J'avais un drôle de sentiment vis à vis de tout ça. Puisque cette source était leur principale source de puissance, pourquoi la laisser seule… ? Qu'avaient-ils à gagner en nous laissant ici sans surveillance… ? Je n'en avais aucune idée…..A moins que…. !?


– Et si le générateur était un leurre !? M'exclamai-je alors dans un élan de génie.

– C'possible ouais. Approuva la femme masquée accompagnée de Chiaki et Jessica. Si on part dans c'principe, cette bande de petits fils de putes de mes deux ont tout fait pour que l'on s'acharne sur cette source sans régler le vrai problème.

– Ca explique pas ce putain de guet-apens ! Enchérit la blonde. Pourquoi de tous les mecs sur terre ils ont du prendre le plus débile pour faire l'appât !?

– Ce n'est pas là la question ma grande ~ Rétorqua Laïla. Je pense personnellement que la puissance Ener-D est celle qui donne l'énergie aux Yume-Nikkis inscrits dessus. C'est donc grâce à cette énergie qu'ils s –

– Que nous sommes invincibles oui ! La coupa une voix féminine sortant de nulle part.


Nous nous retournâmes tous vers la voix qui venait de derrière,et nous fûmes choqués par ce que nous trouvâmes face à nous. En effet, Cécilia, Fujii et les autres Yume-Nikki qui semblaient partager les idées de la femme étaient tous ensemble, en forme , alors que nous les avions tous vaincus quelques minutes plus tôt. Laïla avait donc bien raison, ce générateur Ener-D rendait les membres de l'équipe adverse invincibles.


– Ce fut bien divertissant de tous vous combattre ~ Entama Cécilia la numéro 7. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et nous vous amenons cette fin nous-mêmes ~

– Nous ne te laisseront pas faire, Nanatsu. Rétorqua Kôsei avec froideur et rigidité. Nous sommes venus pour t'arrêter. Tu ne ramèneras pas cet homme ici.

– Cet homme !? M'exclamai-je dans le doute. De quoi parlez-vous ?

– Vous n'avez pas à savoir. Me coupa mon grand-père. Vous n'êtes pas concernés par tout cela. Les seules personnes dans votre petit groupe qui ont un rôle à jouer là-dedans, ce sont Laila, Hiroki, et Reisuke.

– Et pourquoi spécialement nous trois !? Se défendit Hiroki face aux accusations de l'homme. Quel rôle avons-nous à jouer ici !?

– Hiroki…J'ai bien tenté de te l'expliquer, mais tu as été bien trop fermé pour l'entendre, et voilà où cela nous mène ~ Reprit Laïla d'un ton évasif. Nous aurions pu détruire l'espoir tous ensemble…Et tu m'as rejetée…. Au fond de moi, cela me rend triste…

– Laïla…..Soupira Reisuke, semblant désolé par le chagrin de sa camarade.

– Ce n'est rien Rei-kun. Reprit la femme. Cela ne change pas ma détermination. Cécilia Marciella, je ne te laisserai pas faire apparaître la prison temporelle ici. Je vais me charger de toi en personne une bonne fois pour toutes.

– Tu ne me laisseras pas… ? Murmura la brune, restant figée devant les paroles de son leader.

– Elle ne sera pas seule. Rétorqua la membre de Yume-Nikki en jetant se masque , me laissant constater que la femme d'Ugo que j'avais vu dans cette voiture était avec nous. J'te laisserai pas foutre ta merde, Cécilia !


Hiroki et Reisuke s'étranglèrent devant l'apparition soudaine de Jessica en version plus âgée devant eux. Ils voulurent poser des questions, mais notre Jessica les interrompit en leur disant qu'elle allait leur expliquer plus tard. Elle leur donna simplement comme consigne d'appeler la blonde adulte Juuni, afin de bien différencier les deux Jessicas.


– C'est dommage d'en arriver là….Reprit Cécilia. Cependant, vous avez déjà perdu.

– Comment ça déjà perdu !? S'énerva Reisuke. Tu vas me dire que t'as déjà fait apparaître la prison temporelle!? Même moi avec Ananta à mes côtés j'ai du attendre une énergie consé… – Non….Ne me dis pas que…

– Eh si beau gosse ~ Les combats que vous avez livrés contre nous étaient nécessaires pour accumuler l'énergie nécessaire au retour de Zetsubô hahaha !

– Le…Le retour de Zetsubo… ? Bégaya Hiroki face aux révélations confuses de notre ennemie du jour.

– Zetsubô est celui qui va rétablir le véritable désespoir dans ce monde. Reprit calmement mon grand-père. Il est celui qui va propager le désespoir le plus pur aux quatre coins du globe. Tout va prendre fin, et tout va recommencer, lorsque Zetsubô sera parmi nous.

– Et toutes les conditions ont été remplies. Reprit Cécilia. Vous voulez m'empêcher de ramener la prison temporelle !? Dans vos gueules bande de fils de putes ! Vous vous trouvez actuellement dans la prison temporelle elle-même !!

– Comment !? S'exclama Laïla, interdite. Cette plateforme sur la falaise Sekai serait….La prison temporelle…. ?

– Précisément, pour une faiblarde, tu es perspicace ~ Enchaîna Nanatsu. Il me fallait cette prison temporelle, mais aussi l'un de vous trois pour réaliser mes désirs. En entraînant Hiroki ici je savais que l'un des deux camps allait se précipiter à sa rescousse, je n'avais plus qu'à laisser la puissance s'accumuler et Hiroki progresser jusqu'ici…Maintenant, il est trop tard pour arrêter le système !


https://www.youtube.com/watch?v=2Ul_bezZ11s


Cécilia s'avança jusqu'au centre de la plateforme qui semblait être le point culminant de la prison temporelle. Une fois qu'elle fut au milieu, elle brandit son bras au ciel , nous regardant avec mépris mais satisfaction.


– Maintenant tout est fin prêt ! S'exclama-t-elle. Je brise les murs de la prison du temps ! Que ces chaînes infâmes imposées par le gardien des étoiles se brisent et laissent enfin se déchaîner ta fureur ! Je t'offre l'énergie de cette tour et la mienne afin de réveiller ta grandeur d'autrefois ! Je t'appelle à moi, Zetsubô !!!!!!


Le bras de Cécilia se mit à luire d'un éclat violet brillant qui s'étendit rapidement tout autour de nous. Elle abaissa son bras jusqu'à le pointer au sol avant de serrer le poing et de frapper la plateforme avec toute la force qu'elle avait à l'intérieur d'elle. Son coup fendit le sol jusqu'à le briser dans un cercle faisant une cinquantaine de centimètres de diamètre. Elle eut à peine le temps de reculer pour ne pas tomber dans la cavité qu'elle avait créé. Nos yeux interloqués s'écarquillèrent vite devant ce que la femme venait de faire. Du trou qu'elle avait créé se dégageait une énergie respirant les ténèbres, comme si elle n'était que ténèbres elle même. Cette vapeur noire se dissipant continuellement dans l'air alentour ne présageait rien de bon…Et l'expression horrifiée affichée sur le visage de Laïla, Reisuke et leur acolyte Kôsei ne faisait que confirmer mes doutes : quelque chose d'horrible était en train de se passer sous nos yeux. Nous étions en train d'assister à un tournant sombre de notre histoire.


Quelques secondes plus tard, un bras humain assez large surgit de la cavité pour s'élever le plus haut possible. Quelqu'un était en train de grimper cette issue créée par Cécilia. Nous vîmes cette personne remonter jusqu'à la surface assez lentement pour nous laisser la voir complètement que quelques dizaines de minutes plus tard. Lorsque l'individu de sexe masculin fut complètement sorti du trou, il se releva majestueusement , fièrement, nous laissant voir exactement à quoi il ressemblait. Il était un homme d'une quarantaine d'années aux longs cheveux noirs et aux yeux rouges perçants respirant la méchanceté. Il était assez imposant,très grand, apparaissant très musclé même sous cette cape noire qui recouvrait quasiment toute sa chair, et dégageant une aura aussi noire que les ténèbres elles-mêmes. J'avais l'impression que simplement regarder son visage carré affichant une expression malsaine et dérangée allait me faire devenir folle. Cet homme qui était face à nous…Je compris rapidement de qui il s'agissait. Il était celui qui nous avait fait sombrer dans ces terres du désespoir, Reisuke et moi, lors de notre voyage temporel…..


– Que c'est bon de sentir l'air frais de nouveau ! S'exclama l'homme en face de nous d'une voix grave et malsaine. Que c'est bon de sentir l'air pur tout en sachant qu'il est amené à disparaître !!! Je revis !!! Je revis !!!!


L'homme rit pendant quelques secondes de sa voix puissante , face à l'escouade de Yume-Nikki dirigée par Cécilia qui semblait satisfaite de ce qu'elle venait de faire. Hiroki, qui était encore choqué mais qui ne semblait pas savoir ce qui se déroulait sous nos yeux, demanda des explications en dévisageant l'homme.


– Qui êtes vous !? S'exclama-t-il. Pourquoi toute cette mise en scène !?

– Pitié….Voilà donc ma descendance…..C'est tellement désespérant. Soupira l'homme avec dépit. Si j'avais su que mes enfants engendreraient de telles infamies. Regardez-vous…Vous êtes dépitant. Je vais cependant vous laisser une chance mes enfants. Après tout, je suis tout de même honoré de pouvoir me présenter à vous aujourd'hui. Je suis Zetsubô, l'incarnation ultime du désespoir lui-même ! Et si vous voulez connaître mon vrai nom, je suis –

– Katsuo Yamada……Déclara Reisuke avec mépris en serrant les poings.

– Moi aussi je suis ravi de te revoir, Reisuke ~ Te croiser il y a 5000 ans de cela était une aubaine, mais il semblerait que Yami ait failli à sa tâche. Fort heureusement, je suis ravi de voir que les instructions que j'ai laissé pour me libérer de cette prison aient enfin été entendues. Qui est donc celui de vous qui m'a réveillé de mon sommeil ?


A ces mots, aucun des « enfants » de Zetsubô ne se manifesta. Hiroki était trop choqué , au même titre que tous les autres membres de notre groupe en excluant ceux de Yume-Nikki, tandis que Reisuke, lui, semblait enragé par la tournure des choses. Quelqu'un siffla néanmoins Katsuo Yamada, le faisant se retourner et faire face à la brune en militaire, la leader de Yume-Nikki, Nanatsu. Cette dernière reprit la parole avec satisfaction à l'égard du désespoir.


– C'est moi qui vous ai ramené ici, ô , grand Zetsubou. Déclara-t-elle en mettant sa main sur sa poitrine, comme pour le saluer.

– Qui es-tu , femme ? Décline ton identité sur le champ. Lui répondit froidement l'homme.

– Je m'appelle Cécilia. Marciella Cécilia. Mon ambition de toujours a été d'être la première dame d'un homme pouvant répandre le chaos , d'un homme capable d'incarner la puissance et la désolation ! Je rêve d'un empire de décombres et de cadavres, c'est pour cela que je vous ai ramené parmi nous Zetsubô ! Je deviendrai votre plus fidèle servante afin qu'ensemble nous régnions sur le mo –


Avant que la brune ne puisse finir, Zetsubô en eut assez de son discours. Il sortit la main de sa poche et se rua d'une vitesse inégalée sur la femme qui l'avait délivré de sa prison, et ce fut en une fraction de secondes qu'il planta sa main dans la poitrine de la femme, transperçant son corps d'un seul geste. Les yeux de Cécilia s'écarquillèrent, choqués par la décision rapidement prise par l'homme pour lequel elle semblait avoir sacrifié pas mal d'années de sa vie. Ses saignements et ses gémissements ne semblaient pas intimider l'homme aux cheveux noirs corbeau qui soutenait son regard dérangeant envers la femme, reprenant la parole à son intention avec tout le mépris du monde accompagnant son intonation.


– Etre ramené à la vie par quelqu'un qui n'est même pas de mon sang, et pire encore, par une prostituée assoiffée de pouvoir. Quelle déchéance pour moi et pour ma lignée. Tu ne connaîtras jamais le véritable désespoir tant que tu n'en porteras pas les gênes, femme. Disparais de ma vue, ta simple existence me répugne.


Sur ces mots, il retira sa main des entrailles de la femme, ressortant avec lui l'organe vital de l'ancienne membre du mouvement Arcadia : son cœur qui battait encore dans la main de l'homme. Il venait de lui arracher le cœur sous l'expression abasourdie de tout le monde ici. Nous étions incapables de bouger le moindre petit doigt tellement il était imposant et rapide. Nous étions paralysés par l'aura noire qu'il dégageait.

Cécilia s'écroula sur le sol, inerte. Chiaki ferma les yeux, priant silencieusement devant ce spectacle macabre auquel nous venions de faire face. Zetsubô, lui, jeta sèchement l'organe comme si ce n'était qu'un objet bon marché ne fonctionnant plus, avant de reprendre la parole à notre intention.


– Je n'ai pas encore repris toutes mes facultés, c'est bien dommage. J'imagine que rester prisonnier tout ce temps dans la prison du temps m'a bien plus affecté que ce que je ne pensais. Vous me voyez cependant sincèrement désolés mes enfants. Je pensais que l'un de vous était à l'origine de mon retour, mais il semblerait que notre famille ait bien changé au travers des époques.

– Tu es…..Désolé…. ? Grommela Reisuke en guise de réponse. Tu es simplement désolé !!? A cause de toi….A cause de toi….Tant de vies ont été détruites !!

– Et alors ? Toutes les vies prises durant cette fameuse période ont été nécessaires pour bâtir mon empire. Je ne vais pas t'apprendre l'histoire, Reisuke. Rejoins ton aïeul et rétablissons l'empire de notre famille veux-tu ?

– Ton empire, tu te le mets à ton cul Katsuo !!! Rétorqua l'enfant de Zetsubô. Si moi , Laïla et Yume-Nikki avons fait tout ça, c'est bien pour que tu ne reviennes jamais !!!


Les mots hurlés par Reisuke à ce moment furent portés par la terrible atmosphère qui pesait sur la falaise Sekai. Reisuke soutenait le regard face à ce nouvel individu, serrant les poings en affrontant celui qui ressemblait d'ailleurs à son côté sombre. Tandis que tout le monde était dans l'incompréhension face à cette situation assez tendue, ce fut Laïla qui vint briser le silence. Elle passa devant Reisuke, pour prendre la parole à son tour face à Zetsubô.


– Je n'aurais jamais cru pouvoir te voir un jour en chair et en os, Katsuo. Déclara-t-elle avec évasion. Décidément, la vie est vraiment faite d'imprévus.

– Vas-tu t'en réjouir, Laïla ? Vas-tu te réjouir de mon retour ? Lui répondit l'homme sans émotion apparente.

– Pourquoi voir la vie en noir et en blanc alors qu'il y a tant de nuances de gris ? Reprit-elle. Sais-tu combien d'années de ma vie tu as volé au nom du désespoir ? Je ne les compte plus. Et même maintenant…Après avoir tant bataillé pour élever Yume-Nikki à ce statut….Me voilà face à toi…Je crois…Que je comprends la notion du véritable désespoir…Katsuo..


A ma grande surprise, Laïla afficha un sourire à cet homme. Ce sourire n'était pas marqué de satisfaction, ni d'espièglerie…Il était marqué d'un profond regret. Fixant l'homme, la femme aux cheveux corbeaux recula encore et encore doucement. Nous la suivions du regard sans vraiment comprendre ce qu'elle allait faire…Et ce ne fut que trop tard que nous le comprîmes.


https://www.youtube.com/watch?v=17Zz7cXdVXs


– Je suis désolée. Reisuke, Hiroki. Déclara-t-elle avec tristesse. J'ai failli à ma tâche.


Sans dire un mot de plus, Laïla se laissa tomber de la plateforme de la falaise Sekai, sur le dos. Mais la nuit des surprises ne faisait que commencer, puisque quelqu'un se jeta de la falaise avec elle….Et cette personne, c'était Hiroki. Il passa rapidement devant moi et se jeta de la plateforme de laquelle nous étions en hurlant qu'il allait sauver celle qui venait de se jeter de la falaise, tandis que Kôsei, lui, était complètement paralysé devant ce spectacle.


– Décidément, elle aura été bien faible cette femme. Difficile de croire qu'elle porte mon sang. Déclara Zetsubô en prononçant un profond manque d'intérêt devant la scène.

– Comment ça votre sang !? Tu te fous de notre gueule ou quoi !? Beugla Jessica qui venait de soulever une question intéressante.


Cependant, avant que l'homme ne puisse répondre, je vis une ombre passer devant moi pour se ruer sur lui. Zetsubô repoussa l'attaque d'un mouvement de bras avant d'afficher un sourire assez prononcé qui nous glaça le sang à tous. A tous, sauf à l'instigateur de cette attaque. Le balafré aux yeux marrons, fidèle serviteur de celle qu'il appelait « Dame Laïla » , revint à la charge en attaquant Zetsubô, se lançant ainsi contre lui dans un combat qui allait être acharné. Le désespoir parait cependant tous ses coups, et ce ne fut pas Reisuke qui allait changer la donne, même si celui-ci avait joint ses forces à celles du violoniste.

Juuni réagit à son tour. Elle fit signe à Chiaki et Jessica de reculer avant de se lancer dans la bataille, mais l'homme au désespoir total fut rapidement rejoint par ses troupes dont mon grand-père faisait partie. Cette plateforme trouée devint rapidement le théâtre d'une battle royale à laquelle Chiaki et Jessica prirent part également. Tous ensemble nous menions un combat simple : l'espoir, contre le désespoir. Nous savions tout le potentiel de l'homme aux longs cheveux noirs, puisque après tout, Laïla avait tout fait pour empêcher le retour de l'homme….Mais tout semblait si compliqué que nous ne pouvions que nous lancer à corps perdu dans la bataille.


Le combat faisait rage. Tous les protagonistes de l'espoir se lançaient dans une lutte sans merci contre ceux ayant choisi le désespoir. Même Kôsei et Juuni, les deux membres de Yume-Nikki, combattaient à nos côtés. Le jeune homme à la balafre était d'ailleurs celui qui mettait le plus de cœur à la tâche puisque lui et Reisuke s'attaquaient directement à Zetsubô qui encaissait les coups et en donnait en retour. L'affrontement ne penchait ni en la faveur de l'espoir, ni en celle du désespoir.


Cependant, alors que notre affrontement faisait rage, nous fûmes interrompus par un bruit d'hélicoptère venant d'au-dessus de nous. Interpellés par cette arrivée soudaine, nous braquâmes tous nos yeux au ciel, arrêtant l'espace d'un instant notre affrontement. Plusieurs hélicoptères se rassemblèrent au-dessus de nous sans que l'on ne comprenne ce qu'ils étaient venus faire. Cependant, alors que nous étions tous en attente, un homme assez étrange sortit de l'hélicoptère. Un rouquin ayant la vingtaine et semblant assez remonté à en juger son expression. Il nous fixait de ses deux grands yeux couleur noisette comme si nous étions des animaux, et avant que l'on ne puisse réagir, il sortit une mitraillette qu'il braqua contre nous avant de faire feu.


Ce fut la panique générale sur la plateforme. Seul Zetsubô restait immobile, sachant sûrement qu'une simple balle n'allait pas l'arrêter. Les autres et moi courions dans tous les sens pour éviter les balles de l'homme. Mais alors que je nous pensais déjà assez dans la galère, une présence s'ajouta au méli-mélo général. Une silhouette blonde qui passa furtivement devant nos yeux ébahis et qui vint poser son épée sur l'homme à la chevelure noire. C'était Ren, Toshiyuki Ren , qui s'était jetée dans la bataille en venant de nulle part pour tenter de combattre directement Zetsubô. L'homme, amusé par la détermination du regard de la blonde.


– Qui es-tu , jeune blonde ? Demanda-t-il à Ren d'un ton amusé.

– Je suis celle qui va creuser ta tombe, fils de pute. Se contenta de répondre la vice leader de la fondation du futur. Pedro ! Tu ne laisses filer aucun Yamada t'as compris !?

– Vu , leader ! Répondit le rouquin à celle qui semblait être sa camarade. Fondation du futur on ne les laisse pas filer !


L'homme braqua sa mitraillette sur Reisuke, se préparant à lui tirer dessus. Simultanément, des snipers qui semblaient également appartenir à la même organisation braquèrent leurs armes sur mon ami, et tous firent feu en même temps. Aucun de nous n'eut le temps de faire quoi que ce soit, si bien qu'en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, un épais nuage de fumée se forma en résultat d'une explosion liée aux balles.

Le nuage resta quelques secondes tandis que Kôsei et Ren se battaient toujours contre Zetsubô. Jessica et son homologue mère de famille furent toutes les deux interpellées par ce qu'il se passait du côté de Reisuke. Nous restâmes tous les trois en alerte face à ce qui allait nous être affiché lorsque tout serait plus clair…Et lorsque ce fut fait, nous pûmes constater avec surprise ce qu'il s'était passé. Quelqu'un s'était interposé entre Reisuke et les balles qu'il avait reçu, et pas n'importe qui, c'était un membre de Yume-Nikki qui l'avait fait. La personne portant son masque ne laissait pas paraître son identité, mais je sentais quelque chose de familier en elle….


– Mitsu !? S'exclama Juuni, interdite. Que fais-tu ici !?

– Il semble que Laïla avait raison. Déclara Mitsu d'une voix qui m'était familière. Je suis revenue à temps, Rei-Chan. Nous allons pouvoir riposter avec tout notre espoir héhéhé.

– E…Erika…. ? S'étonna Reisuke , les yeux écarquillés.


Pour toute réponse, la jeune fille ôta son masque, laissant flotter une longue chevelure ainsi que deux grosses boucles à l'avant comme l'on en avait l'habitude, à l'exception près qu'elle était totalement blonde. Chacune des mèches composant sa chevelure étaient colorées de nuances de blond et de châtain, ce qui me surprit, mais c'était bien elle, c'était Erika.


– Trop d'ennemis se rassemblent d'un coup. Grimaça Zetsubô. Il est temps de battre en retraite mes fidèles.

– Je ne te laisserai pas partir Katsuo Yamada !!!!!!! Hurla Ren à son adversaire, bien déterminée à le vaincre.


Mais il n'en était rien, puisque Katsuo Yamada, alias Zetsubô, disparut dans un écran de fumée noire en emportant avec lui tous ses disciples. Il ne restait désormais plus que nous, les membres de Glory for hope, en compagnie des Yume-Nikki « gentils » et de la fondation du futur. L'espace d'un instant, les violences cessèrent , laissant le temps à Ren de prendre la parole à l'intention de sa sœur aînée.


– Erika ! Tu étais donc ici ! S'exclama-t-elle. Te rends-tu compte ce que la fondation du futur a traversé avec la disparition soudaine de son leader !? Depuis que tu es revenue, tu ne fais que tes caprices !

– Je te l'ai dit cent fois, Ren, je ne laisserai personne toucher aux cheveux de Rei-Chan ou d'Hiro-kun. Je ne crois pas en une fondation qui doit tuer pour répandre l'espoir !

– Cette fondation, tu en es la leader , grande sœur. Reprit Ren avec rigidité. Si tu n'es pas capable de prendre une vie pour assurer l'avenir de milliers d'autres, ce n'est pas la peine de te mêler de ce combat. Je ne veux pas te blesser, mais je suis prête à le faire si c'est pour répandre l'espoir !

– Je ne vous laisserai pas faire ! Jessica ! Emmène Rei-Chan et les autres avec toi ! Allez aussi repêcher Laïla et Hiroki, ils sont en danger !

– Eh, tu crois vraiment que je vais te laisser jouer la sauveuse sans avoir ma part du gâteau !? C'mal me connaître ma poule ~

– S'il te plaît Jessica ! Hiroki est en danger il faut absolument que tu ailles l'aider !


Les regards d'Erika et de Jessica se croisèrent , et se fixèrent pendant quelques secondes. Jessica ne voulait apparemment pas céder face à notre amie revenue de nulle part, mais elle ravala sa fierté pour une fois et partit secourir Hiroki, emportant avec elle Juuni, Chiaki et Kôsei. Pour ma part, je me rendis aux côtés d'Erika qui restait en bras de fer visuel avec sa sœur. Me positionnant à côté d'elle, je repris la parole à son intention.


– Heureuse de te revoir Erika. C'est bon de te sentir à nos côtés.

– Ce n'est pas le moment, Hakaze-Chan. Rétorqua-t-elle , moqueuse. Tu vois que c'est plutôt délicat là héhé ~

– Vous allez donc défendre les Yamadas et vous rallier avec le désespoir !? S'exclama Ren , dégoûtée par ce qu'elle voyait.

– Ce n'est pas à Reisuke de payer les erreurs de sa famille ! Rétorquai-je. Mon grand-père s'est allié avec Zetsubô, suis-je coupable pour autant !?

– Et ce n'est pas à Hiroki et Laïla de payer ses erreurs non plus ! Enchaîna mon amie la princesse de l'espoir. Je me dresserai contre la fondation du futur et contre nos parents s'il le faut !

– Je vois…Dans ce cas, je vais devoir user de la force.

– Reisuke, barre toi et pose pas de questions ! Ils sont trop nombreux et Hiroki a besoin de toi ! Balançai-je en me jetant dans la bataille contre Ren tandis qu'Erika s'occupait des troupes aériennes.


Un combat à l'épée débuta entre moi et la petite sœur de mon amie tandis qu'Erika se chargea des hélicoptères de la fondation du futur. Cela me remplissait de nostalgie, de nous voir l'une à côté de l'autre en train de se battre ensemble contre un ennemi commun comme nous l'avions fait plus tôt lors de notre voyage temporel. Tandis que je tentais de rivaliser avec les compétences à l'épée de Ren, Erika, elle, réussissait à dévier toutes les balles tentant de toucher Reisuke qui m'avait écoutée et s'échappait actuellement. Reculant au fur et à mesure que les balles changeaient de direction, elle utilisait une sorte d'armure qui déviait toutes les balles et les neutralisait.


– Toratura ! Change ! Vénominaga ! Cria mon amie vers le ciel.


Et lorsqu'elle déclara ce « Change » , l'armure qu'elle portait disparut pour en laisser apparaître une autre. Cette fois, Erika était habillée plus légèrement, et semblait beaucoup plus agile qu'avec sa première tenue. Armée de sa nouvelle force, elle se propulsa contres les hélicoptères de la fondation du futur avec lesquels elle entra en collision. A peine elle les toucha qu'ils explosèrent , éjectant au passage leurs pilotes qui tombèrent à la mer. Elle revint ensuite me porter assistance, faisant face avec moi à sa sœur assoiffée de sang.


– Quand est-ce que tu as acquis un tel pouvoir Erika !!? M'étonnais-je devant une telle puissance.

– Disons que j'ai porté à maturité mes liens avec Vénominaga et Toratura. Mais ce n'est pas le moment. Ren, tu es toute seule contre nous deux désormais.

– Et tu vas me faire quoi, Erika ? Tu vas me tuer pour affirmer ta victoire !?

– Je ne crois pas en l'espoir qui s'obtient par le sang d'autrui petite sœur. Hiroki, Reisuke et Laïla sont certes des descendants directs de Katsuo Yamada, Zetsubô, qui a failli détruire toute une époque, tout un monde , mais cela ne fait pas d'eux des partisans de ses idéologies malsaines ! Est-ce un membre de la famille Yamada qui a réveillé Zetsubô !?

– Tant qu'ils porteront son sang….Ils seront plus proches du désespoir que n'importe qui…Ne peux-tu pas comprendre, Erika ? Je voulais simplement que l'espoir triomphe, et Zetsubô est revenu à la vie…

– Ren. Tu sais autant que moi ce qu'implique la venue de Zetsubô dans notre monde, cependant, nous devons travailler en équipe afin de le vaincre. S'il te plaît Ren, rejoins Yume-Nikki et Glory for Hope contre Zetsubô !


La petite sœur marqua un silence sous la demande de son aînée, tandis que j'essayais de recoller les pièces du puzzle. Zetsubô était donc un homme ayant causé le chaos il y a des milliers d'années de cela. Il aurait été enfermé dans une prison temporelle pendant des milliers d'années en attendant que quelqu'un ne le réveille. Cependant, seuls les membres de sa lignée directe pouvaient le faire, en d'autres termes, Hiroki, Reisuke…Et Laïla. Et Laïla avait créé Yume-Nikki pour ne pas le faire….

C'était confus, mais ce n'était pas l'important. Je me tus donc pour écouter la réaction de la blonde.


– Je ne peux pas, Erika. Répondit-elle avec regret. Nous aspirons toutes les deux à l'espoir, mais je suis incapable de pactiser avec eux pour l'obtenir. C'est tout bonnement impossible.

– Ren…

– Cependant, nous avons un objectif commun, à savoir vaincre Zetsubô. Je te demande de me céder ta place de leader de la fondation du futur le temps que tu t'allies avec ces gens. J'aimerais pouvoir prendre des décisions sans avoir besoin de te chercher je ne sais où, surtout en ces temps de crise.

– Je comprends. Je te donne plein pouvoirs pendant ce temps. Je te demande cependant de ne lancer aucun assaut sur Reisuke, Hiroki ou Laïla pendant cette période. Si il venait à arriver quoi que ce soit à l'une de ces trois personnes que j'apprends que la fondation du futur en est la responsable, je me chargerai personnellement de détruire cette organisation Ren.

– Bien sûr. Je sais que tu en es capable. Je n'aime pas le reconnaître…Mais tu es assez puissante pour détruire la fondation du futur si tu le voulais.


La jeune sœur se retira finalement, me laissant seule avec mon amie sur cette semi victoire. Reisuke était sain et sauf et Hiroki allait sûrement pouvoir être secouru…Mais Zetsubô était revenu, et à entendre les paroles d'Erika et sa sœur, cela allait devenir une catastrophe à grande échelle…Mais je sentais qu'il allait être possible de passer au travers de toutes les épreuves qui allaient nous être imposées, peu importe combien le désespoir allait être profond et épais.

J'étreignis celle qui nous avait quitté un an plus tôt, convaincue par le fait que l'avenir allait finir par nous montrer la lumière de l'espoir.


heart earth
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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [30/10/2016] à 18:31

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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [10/11/2016] à 19:17

Chapitre 24 : Le regret éternel


https://www.youtube.com/watch?v=1wH9ZZN6nOA

Les abîmes du désespoir s'étendaient d'avantage. Ce désespoir qui avait surgi de l'ombre , des profondeurs du temps, n'était pas le désespoir auquel nous aspirions moi et ma dame, bien au contraire. Il était un concentré de ténèbres que l'on ne pouvait contrôler et qui allait semer la destruction du monde lui même si nous ne pouvions l'arrêter. Zetsubô, aussi connu sous le nom de Katsuo Yamada, était un homme capable de répandre le chaos d'une seule main. Il était l'ultime malédiction dont avait hérité ma dame, mais aussi ses demis-frères, Reisuke et Hiroki Yamada. Tous trois étaient la clé qui avait permis à Zetsubô de renaître de ses cendres.

En une fraction de minutes, Cécilia Marciella avait réussi à détruire tous les efforts de ma dame en ramenant parmi nous celui pour lequel Laila Yamada avait sacrifié 24 ans de sa vie.

Sur cette falaise Sekai qui était le théâtre de notre affrontement avec celle qui était la numéro sept de Yume-Nikki, dame Laila avait du faire face à Katsuo, et avait choisi la route la plus marquée par le désespoir afin de l'affronter. Comme pour lui montrer son ultime signe de rébellion , elle avait décidé de se jeter de la falaise en conséquence de son retour. Suite à cet acte, ne contrôlant plus mes émotions, je me ruai sur l'homme étant la cause de tout ce mal, en compagnie de Reisuke, le demi-frère de ma dame qui s'était également jeté la bataille, et la scène devint rapidement un conflit entre l'espoir et le désespoir. Cela ne me dérangeait pas de porter les couleurs de l'espoir pour cet affrontement, tout ce qui comptait était de détruire Katsuo.


Notre affrontement dura quelques minutes avant que l'on ne se fasse interrompre par cette saleté de fondation du futur. Katsuo disparut sous nos yeux tandis que la fondation du futur braqua ses armes, et en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, nous fûmes encerclés par ces sombres fous. A ma grande surprise, Erika sortit de nulle part pour nous prêter assistance, nous permettant d'aller secourir ma dame et son demi-frère qui étaient sûrement au pied de la falaise, alors qu’Erika, Reisuke et Hakaze restèrent au sommet afin d’affronter Ren et sa bande de psychopates.


Je restais en retrait tandis que Juuni, Jessica, et Chiaki se hâtèrent jusqu'au bas de la falaise Sekai afin de porter secours à Dame Laïla et Hiroki Yamada qui s'était jeté du haut de la falaise dans l'espoir de sauver ma dame. Je suivis le groupe composé de ma meilleure alliée chez Yume-Nikki accompagnée par son alter ego temporel, et de sa fille avec un sentiment de frustration qui avait pénétré mon corps entier. Cette journée était un échec cuisant. Zetsubô , le désespoir originel connu sous le nom de Katsuo Yamada, était revenu à la vie, et avec lui tous les tourments de dame Laïla.


Par dessus tout, j'avais échoué. Echoué une nouvelle fois, contraint de regarder la personne que j'aime se tuer devant mes yeux sans pouvoir faire le moindre mouvement. Dame Laila avait tenté de se donner la mort par désespoir, et je ne savais même pas si elle avait réussi à le faire.

Lorsque nous regagnâmes le pied de la falaise, moi, Juuni, Chiaki et Jessica, nous cherchâmes après ma dame et son précieux. Onii-chan s'inquiétait de plus en plus face à cette évidence que nous allions peut-être retrouver face à nous tandis que moi je me maudissais encore de ne pas avoir été capable de faire quelque chose.


Ce dernière prestation de la femme était un cri de désespoir similaire à celui d'Onii-chan quatre ans plus tôt. Un cri inaudible à l'oreille mais raisonnant au plus profond du cœur de la personne qui l'entend. Elle avait crié exactement le même désespoir, elle dont la malédiction s'était finalement déclarée au monde entier.


Réfléchissant à la situation, je ne prêtai même pas attention au fait que Dame Laila avait été retrouvée sauve, trempée mais vivante, allongée sur un rocher en compagnie de cet homme à l'espoir qui s'était jeté dans le vide pour elle. Tandis que mes accompagnatrices se ruèrent sur le duo, je me reculai de quelques pas, bien trop honteux pour paraître devant ma leader après ce qu'il s'était passé.


– Hiroki tu es sain et sauf !!!! Hurla ma vocaliste en se ruant sur lui. Ne me refais plus jamais ça sinon je te ramènerai à la vie pour te tuer espèce de gland !

– Jessica….Je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas laisser faire ça tu me connais…

– Laïla, j'suis contente que t'aies pas fini au fond de l'eau. Enchaîna ma camarade Juuni. On a encore des culs à botter avant de crever ma poule ~

– Je suis désolée….Déclara ma dame, exprimant des regrets sincères. Je…Toutes ces années passées à rassembler le désespoir pour en faire une arme…Jamais je n'aurais cru qu'il aurait fini par revenir. Comment ai-je pu être aussi idiote…Comment ai-je pu voir un futur aussi opaque…. ? Je n'ai pas perçu les nuances de gris…Et cela a causé ma perte….

– Tu n'es pas fautive, Laïla. Déclara Reisuke qui nous avait rejoint. Le fautif, c'est Zetsubô. Nous avons fait notre possible pour élever Yume-Nikki au sommet, maintenant, nous devons nous battre contre le désespoir. C'est simplement un changement d'objectif dans l'ascension de Yume. Hiroki, je dois te parler.

– Je sais déjà ce que tu vas me dire, Reisuke. Lui répondit le frère en baissant les yeux. Je dois faire mes excuses à quelqu'un ici n'est-ce pas ?


L'homme se leva de son rocher, toujours trempé jusqu'aux os. Il s'accroupit face à ma dame qui était toujours défigurée par le désespoir auquel elle faisait face. Je savais pour ma part ce qu'il s'apprêtait à lui dire, mais l'entendre de sa bouche allait être quelque chose de surprenant malgré tout, en prenant en compte son étroitesse d'esprit.


– Laila….Soupira-t-il avec regret. Je suis désolé de t'avoir refusé jusqu'alors….Comme Reisuke…Il a fallu que je te vois proche de la mort pour réaliser la personne que tu étais vraiment. Je suis désolé pour tous les problèmes que je t'ai causé…Grande sœur.

– Grande sœur !!!!!!!!? S'étrangla Jessica tandis que Reisuke ne réagissait pas à la révélation qu'il connaissait depuis longtemps maintenant.

– Ne t'en fais pas Hiroki. Lui répondit ma dame avec lassitude. Tout comme Reisuke ne se souvenait pas de toi, il était impossible pour toi de te rappeler de qui je suis. Après tout, tout a été décidé le jour de la disparition de notre père , Hiroki.

– Comment ça….Laïla ? Que veux-tu dire ?

– Je ne peux pas encore t'avouer toutes les vérités Hiroki, c'est encore trop soudain pour toi. Je te raconterai petit à petit ce qu'a été notre vie, mais pour le moment, je vais me contenter de me taire et d'assumer la responsabilité de mes actes…..Me voir comme une coupable ou une innocente…Voilà qui serait bien étroit d'esprit n'est-ce pas ? Les nuances de gris sont les couleurs qui persistent toujours dans la nature. Il n'existe ni noir pur, ni blanc pur…

– Comme toi Laila. La coupa Chiaki la rousse. Tu semblais être un océan de noirceur à l'intérieur, mais une seule goutte de blanc sur ta toile a suffit à te faire basculer dans des nuances.

– Tu es bien la fille de Juuni….Soupira ma leader. Toujours à comprendre les autres d'un simple regard.


La rousse se content d'avancer un sourire face à ma dame qui cherchait toujours la solution au problème qui nous faisait face. Zetsubô en liberté était le pire scénario immaginable . Moi comme ma dame savions que le sort de nombreuses vies venait d'être scellé suite à ce rebondissement. Nous savions qu'à cause de lui, le monde allait connaître ses heures les plus sombres depuis des lustres….

Si seulement j'avais été capable de stopper Cécilia avant qu'elle ne prenne totalement le pouvoir, voilà la pensée qui me vint en tête afin de tortuer mon esprit. Encore une fois, ce que je chérissais du plus profond de mon coeur m'avait été enlevé sous mes yeux et je n'avais pas été capable de lever le petit doigt pour protester contre cette injustice. Quatre ans plus tard, j'étais resté le même.


Je m'écartai de la discussion entre Laila et les autres afin de quitter la falaise Sekai de mon côté. Je n'avais plus le droit de paraître devant ma dame après avoir échoué de la sorte. Aussi, j'avais prévu de disparaître de sa vie et de mener ce combat contre Zetsubô de mon côté. Lorsque tout cela serait terminé et que j'aurais fait disparaître la malédiction pesant sur la conscience de ma maîtresse, seulement à cet instant j'allais pouvoir prétendre à paraître de nouveau devant elle et lui exprimer l'amour que je lui porte.

Jetant un dernier regard à ma dame qui était en train de se morfondre dans ce désespoir qu'elle avait cultivé à la lueur de son front ; je m'éclispsai enfin de la scène, laissant ainsi derrière-moi Yume-Nikki. Cependant, c'était sans compter sur une rencontre que j'allais faire quelques secondes plus tard , une rencontre totalement inattendue.

En effet, en quittant cette falaise, je tombai nez à nez avec cette fille aux cheveux désormais blonds mais toujours aussi longs et bouclés que je n'avais pas vu depuis un an déjà. Lorsque la fille me vit, elle se stoppa , me fixant de son regard saphir dans lequel je pouvais discerner un profond sentiment de regret. En effet, elle pouvait en avoir, puisque nous avions perdu bien du temps elle et moi, et mon affection – que dis-je , mon profond amour – que je lui portais avait disparu au profit de la plus profonde des noirceurs du désespoir.

Je ne pouvais cependant pas affronter ce regard et la bousculer, ce qui me poussa à m'arrêter devant Erika qui était accompagnée de son amie qui s'appelait Hakaze.


– Je te cherchais, Kôsei. S'avança la jeune femme comme pour tâter dans quel état d'esprit j'étais. Je suis désolée que notre tentative pour arrêter Zetsubô se soit soldée par un échec.

– Je n'ai rien à dire à ce propos. Rétorquai-je froidement à la femme. Je n'ai agi que pour Dame Laila et je continuerai à agir pour elle après mon départ. Je n'ai aucune intention de m'allier avec la fondation du futur ou glory for hope. Tu m'appelais pour ça n'est-ce pas ?

– En effet je te cherchais pour ça. Avoua-t-elle enfin. J'aurais voulu pouvoir te compter à mes côtés pour faire triompher l'espoir….Mais j'imagine qu'après ce que j'ai fait au groupe, il est impossible pour toi de me pardonner.

– Il est impossible de pardonner à une personne à laquelle je n'en ai jamais voulu. Cependant, Erika, des mois sont passés, et suite à ton départ j'ai rejoint Yume-Nikki. Cela fait maintenant un an et demi que je suis au service de Dame Laïla , et autant pour moi que pour Onii-chan, je dois assurer l'avenir de cette dernière. Tu es au courant des objectifs de dame Laïla n'est-ce pas ?

– Oui. Laila voulait détruire la fondation du futur. C'était son seul véritable objectif.

– Maintenant qu'il est devenu obsolète, je vais lutter contre Zetsubô pour faire en sorte de faire triompher ma dame. C'est donc pour cela que je ne compte faire aucune alliance avec qui que ce soit. Moi et Onii-chan seront les seuls à prendre part dans cette bataille de notre côté.

– Je vois…..J'ai décidément bien manqué des choses, Kôsei. Cependant, je vais me racheter auprès de toi. Je vais faire de mon mieux pour assurer la sécurité de Laila , Hiroki, et Reisuke. Je vais utiliser tout ce pouvoir qui est le mien afin de m'assurer que la fondation du futur ne touche pas à un seul cheveu de ta maîtresse. Je te fais la promesse qu'ils n'auront pas à souffrir d'avantage, et je t'offre ma vie en compensation si je faillis à cette tâche.


Je me contentai d'enregistrer l'information donnée par Erika avant de passer à côté d'elle pour partir définitivement de cet endroit. Je passai ma main dans la poche de ma longue veste bien amochée par mon combat contre Ren, constatant avec satisfaction que la corde que je gardais s'y trouvait encore. M'accrochant à ce pilier qu'était la satisfaction de disposer de ma mort, je pus enfin partir vers de nouveaux horizons desquels je n'espérais pas grand-chose à vrai dire.


– Hey guy ~ Ca s'est mal passé ça se voit in your face ~ M'interrompit une voix familière.

– Tu le vois à mon expression de macabée ou la grosse cicatrice traversant mon œil gauche que l'on vient de m'infliger ? Rétorquai-je d'un sarcasme non dissimulé.

– Je vois. Personnellement j'ai eu à affronter Pedro de la fondation du futur ~

– Comment t'en es-tu sortie grande sœur ?

– Does it really matter ? <3 J'ai fait un petit show privé à ce grand garçon et il n'a pas supporté <3

– Let my feelings reach to you ?

– Exactly darling ~ Et donc tu vas faire quoi maintenant darling ? ~

– Je pars. Je pars détruire Zettsubô. Avec Arata nous allons enfin mettre un terme à cette malédiction qui pèse sur dame Laïla. Nous ne trouverons pas le repos tant que Zetsubô n'aura pas trouvé la mort.

– I see, darling ~ Then, je vais t'accompagner dans ton périple <3 Ca a l'air fun isn't it ? Et puis…..En tant que grande sœur, je dois m'assurer de ne pas te perdre de nouveau, Kôsei. Je ne veux plus voir celui que tu étais lorsque que tu te déchirais de l'intérieur.

– C'est déjà fait, Grande sœur. Je suis déjà mort de l'intérieur…..C'est pour ça que je ne peux pas continuer à vivre cette vie. Aimer Erika, aimer Chiaki, c'est désormais impossible pour nous. Onii-chan et moi savons que malgré nos sentiments, nous ne pouvons pas les exprimer dans notre situation.

– Je suis certaine que tu pourras de nouveau penser à des choses malsaines, naughty boiiiiiiii ~


Moi et mon frère nous contentâmes d'ignorer celle qui s'était fait bien bruyante, avant de reprendre la route vers notre chez nous. Je n'allais pas tenter de retourner à notre résidence du désespoir, cela nous aurait fait prendre un risque trop important concernant le fait de retrouver Laila et Reisuke et ainsi argumenter pour rien. Je devais cependant me rendre quelque part avant de pouvoir retourner dans la maison familiale. Je devais retrouver quelqu'un qui allait me donner un indice pour savoir comment continuer.

Ainsi, je me rendis dans cet endroit singulier : cette forêt dans laquelle nous avions combattu l'autre fois contre Cécilia et sa bande, celle dans laquelle habitait Soichiro Namatame, afin d'y obtenir quelques réponses concernant Katsuo Yamada.

Lorsque nous approchâmes de la forêt, Arata, ma sœur et moi, nous ressentîmes une pression assez forte provenant des alentours. Ce que nous sentions, je pouvais dire ce que c'était. C'était la présence de Voltanis, le juge du sanctuaire céleste. J'avais lu des tas de choses le concernant et je l'avais perçu lorsque Hakaze Namatame avait enquété sur le générateur de la falaise Sekai. Ainsi, je pouvais affirmer que le monstre de duel était présent sur les lieux, mais je ne pouvais dire en quelle raison.


– Progressons prudemment. Suggérai-je à ma sœur qui acquiesça sans émettre de réticences. Nous ne savons pas ce qu'il se passe ici.

– Don't worry my Kosei ~ Me répondit-elle avec légèreté. I'm totally able to protect you dear ~

– N'as-tu pas fini de parler pour ne rien dire, Akemi ?

– Espèce de rabat-joie ~ Rétorqua-t-elle avec ironie. Quand as-tu perdu le sens de l'humour ? Tu fais pitié mon Kôsei. Vraiment.

– Je ne t'ai pas accepté avec moi pour que tu me fasses ce genre de remarques. Continuons.


Nous continuâmes notre traversée en cette nuit sombre vers les quartiers de Soichiro Namatame qui détenait selon Dame Laïla des réponses à nos interrogations sur Katsuo Yamada. Nous pénétrâmes les quartiers de l'homme sans difficultés. La porte menant à son laboratoire était grande ouverte, comme si quelqu'un était passé avant nous. Lorsque nous pénétrâmes l'endroit ma sœur et moi, nous fûmes néanmoins rapidement interrompus par une épée projetée de nulle part que j'évitai de justesse. Agacé, je lançai un regard assassin vers celui qui avait osé me prendre par surprise, constatant que cette personne n'était autre que Medraut, le chevalier noble.


https://www.youtube.com/watch?v=JBOc-pYj0HU


– Aurais-je donc une fois de plus omis de verrouiller l'entrée de cette muraille infranchissable …. Se lamenta-t-il. Bien ! Que trépasse si je faiblis ! Je vais sortir ces intrus moi-même hahahaha !!!!!

– Je ne suis pas venu pour t'affronter Medraut. Le coupai-je sans laisser paraître d'émotions. Mène moi à Soichiro Namatame.

– Et pourquoi le ferais-je ? Je suis le gardien de ces lieux, j'empêcherai quiconque d'y pénétrer.

– Pauvre chevalier prisonnier de ce monde et ne pouvant regagner le sien….Reprit mon grand frère avec empathie. Nous sommes venus en paix, tu devrais nous laisser entrer.

– Comment sais-tu que….. !? Bégaya le blond en armure face à l'argumentaire de mon frère.

– Nous savons beaucoup de choses sur toi Medraut. Repris-je d'un ton machinal. Nous sommes les gardiens de Laila Serizawa : fille de Mélissa Serizawa, ta maîtresse. Il serait plus sage pour toi de nous merner à destination si tu ne veux pas faire obstacle à la progéniture de ton ancienne maîtresse.

– Je vois…..Dame Mélissa est revenue me faire payer ces crimes que j'ai commis à son égard…..Fort bien. J'accepte d'en payer le châtiment. Cependant, dame Hakaze m'a chargé de protéger ces lieux, je ne laisserai donc passer personne, même pas dame Mélissa.

– N'es-tu pas fidèle à ta maîtresse, Medraut ?

– J….J'aime dame Mélissa. Exprima-t-il avec regret. Je l'aime du plus profond de ce petit coeur de moi. Si elle pouvait revenir parmi nous….Si elle pouvait se tenir face à moi….Je serais le plus heureux des hommes. Mais tout chevalier à une marche à suivre, ce petit coeur de moi appartient désormais à Dame Hakaze…..Et je ne trouverai le repos que lorsqu'elle sera heureuse.

– It's so beautiful ~ S'émerveilla Akemi devant les paroles du blond en armure.

– Je comprends tes sentiments, Medraut. Répondis-je à l'homme. Mais j'ai également des réponses pour toi. J'ai juré de protéger Dame Laïla, la fille de ton ancienne maîtresse. N'est-ce pas suffisant pour te montrer que je ne veux aucun mal ni à toi ni à ce lieu que tu gardes ? Si tu croises mon regard, tu n'y verras pas d'hostilité, Medraut.


L'homme en armure s'arrêta quelques secondes, fixant de ses yeux clairs mon regard qu'il tenta de découvrir. Quelles émotions se cachaient en mon coeur…..Moi même je les ignorais. Après la disparition d'Arata, dame Laïla était devenue ma source de désespoir qui m'avait menée jusqu'ici….Mais au final, tout ce que je ressentais n'était pas du désespoir. C'était de l'affection. Une affection profonde qui me liait à Dame Laïla, celle qui m'avait relevé lorsque j'avais voulu en finir. Moi qui étais satisfait de livrer un combat pour le désespoir, tout ce temps je le faisais pour protéger dame Laïla.


Et ce fut lorsque ma dame tenta de suivre le même chemin que mon frère que je m'en aperçus. Echouer à la détourner de ce chemin comme je l'avais fait avec mon frère m'avait rappelé combien malgré ces dernières années de frustration j'étais toujours aussi faible. Cette frustration liée à mon impuissance s'était installée de nouveau, sauf que cette fois, il était encore possible de vaincre Katsuo et de libérer ma dame de son poids….

Ce sentiment qui était en moi à cet instant….C'était difficile à avouer….


– Ce que je vois dans tes yeux….Je croyais y trouver le vide. Me déclara l'homme en armure avec étonnement. Mais à ma grande surprise….J'y lis un espoir profond. Jeune homme…Quel est ton nom ?

– Kôsei. Nishijima Kôsei. Je me bats aux côtés du désespoir dans l'espoir de changer les choses pour ma dame. S'il te plaît Medraut, conduis moi à Soichiro Namatame.


Medraut s'arrêta quelques secondes de plus, avant de cette fois me laisser le suivre au travers du repaire de celui auquel j'étais venu soutirer des réponses. Nous passâmes la forêt tous les quatre jusqu'à arriver dans une sorte de cavité dans la roche dans laquelle nous nous engouffrâmes. Nous arrivâmes dans une grotte assez sombre dont la parcelle de terre était assez étroite, laissant le plus claire de la surface de la caverne recouvert d'eau couleur cristal.

Medraut nous indiqua de le suivre, ce que nous fîmes tous les trois. Il nous amena directement jusqu'à une autre cavité qui déboucha cette fois dans une sorte de bureau de scientifique. C'était le bureau de Soichiro Namatame. L'homme s'y trouvait justement, en compagnie d'une femme de son âge aux cheveux blancs semblant être son épouse. Lorsqu'il me vit arriver, il esquissa une expression de surprise sur son visage, avant de prendre la parole avant que je ne le fasse.


– C'est surprenant de te voir ici gamin. Entama-t-il en affichant un sourire. Qu'es-tu venu faire en ces lieux ?

– Zetsubô est revenu à la vie, Namatame Soichiro. Me contentai-je de répondre en défiant l'homme d'âge mûr du regard.

– Je vois…Enchaîna-t-il en se retranchant sur lui-même. Est-ce vous qui l'avez ramené ? Et ou sont les autres ?

– Beaucoup de choses se sont passées, c'est bien pour cela que je dois vous parler. Vous savez toute la vérité concernant Dame Laïla n'est-ce pas ?


Les paroles que je prononçai à cet instant surprirent Akemi qui poussa un cri de stupeur : un « WHAAAAAAT !? » qui retentit dans l'espace dans lequel nous nous trouvions. La femme accompagnant le scientifique et ce même scientifique ne semblaient cependant pas surpris par ma révélation. Au contraire.

Soichiro lâcha un soupir face à ma question. Il m'invita à me rapprocher, puis une fois que je fus face à lui, il croisa les bras avant de reprendre la parole avec sérieux.


– Que sais-tu exactement sur Laila, Kôsei ? Me demanda-t-il en me dévisageant de son regard perçant.

– Je sais que Dame Laïla n'a pas pour objectif de répandre le désespoir dans le monde comme elle le laisse paraître. Ce n'est qu'une couverture pour rassembler le maximum de personnes possible sous la bannière de Yume-Nikki. Les objectifs initiaux vis à vis de l’équipe me sont inconnus , cependant je sais que nous avions pour mission d’empêcher le retour de Zetsubô, aussi connu sous le nom de Katsuo Yamada.

– Je vois..Soupira l’homme. Tu dois être quelqu’un de cher à Laila pour qu’elle s’ouvre à toi de la sorte. En effet, les objectifs de Laila étaient de rassembler des personnes sous la bannière du désespoir. Ce, afin d’empêcher le retour de Katsuo Yamada.

– En quoi nous rassembler empêcherait un tel scénario ? Et pourquoi dame Laila ne pouvait pas vivre sa vie tranquillement comme tout le monde plutôt que de se lancer dans un tel combat ?

– That’s true ~ Si la madame n’avait pas envie de ramener Katsuo elle n’avait pas à se mettre dans autant de despair ~

– Il y a des choses que l’on ne peut obtenir par la paix , gamins. Reprit l’homme d’un air moqueur. Si tout était si simple, Laila m’aurait suivi après la mort de ses parents et elle serait devenu une femme au sein de notre famille. Pourtant, elle ne pouvait pas le faire. Mélissa Yamada fut la première assassinée. Elle était ta maitresse n’est-ce pas Medraut ?

– C’est exact. Approuva le blond en armure. Dame Mélissa était celle à qui je devais vouer ma vie. Elle a été assassinée il y a des années de cela…..Et je n’ai rien pu faire pour empêcher sa mort….

– Tu n’aurais rien pu faire. Le coupa la femme aux cheveux blancs qui accompagnait Soichiro. Il y a des choses que l’on ne peut empêcher malgré toute la volonté du monde. C’est déjà un miracle que Laila ait survécu à un tel assaut.

– Qui en voulait à Mélissa Yamada , Soichiro ? Demandai-je avec franchise.

– Il y a des choses que je ne peux expliquer moi-même, gamin. Me répondit-il avec désinvolture. Cependant, Laila m’avait prévenu qu’un jour, quelqu’un à qui elle faisait confiance allait venir me demander des informations. Je dois donc te donner quelque chose, gamin.

– Quoi donc ? Que devez-vous me donner ?

– Quelque chose que tu ne peux recevoir seul gamin. Rétorqua-t-il le sourire aux lèvres. Il te faut trouver un esprit du duel capable de recevoir ces informations concernant Laila. Si tu n’as pas d’esprit du duel, tu ne pourras pas déballer ce présent.

– Je vois…Lâchai-je en me retranchant sur moi même. Je suppose que je n’ai pas le choix. Akemi, je voudrais que tu ailles attendre à l’entrée.

– Yes sir ! ~


Ma grande sœur ne remit pas en cause ma décision et m’obéit pour aller faire le guet à l’entrée. La dame accompagnant Soichiro me regarda d’un air dubitatif, ne comprenant sûrement pas ce que j’allais faire. Le gardien de cette forêt, Soichiro, semblait quant à lui intéressé par ce que j’allais dire. Une fois que je fus prêt, je pris la parole, brisant le secret qui m’unissait à Onii-chan.


– Il est temps pour toi de te montrer, Onii-chan.


Tout comme lors de mon affrontement contre Toshiyuki Ren, je me mis à luire d’une lueur blanchâtre éclatante. Cette lumière m’engloba rapidement avant de se séparer violemment de mon corps, me faisant lâcher un hurlement de souffrance au passage. La puissance fit trembler les esprits du duel présents dans le laboratoire ainsi que la femme aux cheveux blancs, tandis que Soichiro lui restait impassible.

Lorsque le torrent fut sorti de moi, il ne restait plus rien sur ma personne. Cependant, à quelques mètres au-dessus de nous se trouvait Onii-chan qui flottait dans les airs. Ce n’était pas un humain qui était à mes côtés, mais un monstre de duel.

Il était un dragon tout de blanc de bleu et de jaune vêtu dont les ailes translucides flottaient dans la pression atmosphérique qu’il avait généré en apparaissant parmi nous. Sa longue queue élégante s’étendit pour nous entourrer tandis que son regard aux yeux rouges se posa sur les personnes en face de moi.

Je repris la parole, brisant le silence et dévoilant cette relation que j’avais avec Onii-chan.


– Je vous présente mon esprit du duel. Voici Saffira, la reine des dragons. Je l’appelle Onii-chan.

– C’est donc à ce monstre que tu parles toujours…..Murmura l’homme en face de moi. La gamine blonde m’en a souvent parlé.

– Saffira est le monstre de duel appartenant à mon ami qui s’est donné la mort. En ayant fréquenté Arata, Saffira en est devenue tellement proche qu’elle a fini par attraper la personnalité et les souvenirs de son maître. Lorsque nous avons fait connaissance, je lui ai donné le droit d’agir par elle-même en prenant mon corps en guise d’hôte. Elle qui avait le caractère et les souvenirs d’Arata , était la partenaire idéale pour moi.

– Comment peut-on développer un lien aussi singulier avec les esprits du duel de monstre….. Bégaya la femme.

– C’est la première fois que nous voyons ça en effet. Mais tu peux donc recevoir ce « cadeau ». Sirie, veux-tu bien le lui remettre ?

– Bien sûr, Soichiro.


La femme se retira pendant quelques secondes, laissant le temps à Saffira de plonger son regard dans le mien , m’affichant un doute prononcé face à la situation. D’un simple regard je lui fis comprendre que rien de tout cela n’était dangereux pour elle et moi, lui faisant regagner confiance en la situation. Elle revint en moi, me faisant retrouver mon entiéreté , tandis que la femme répondant au nom de Sirie revint vers nous avec dans ses mains une sorte de prisme translucide.


– Voici ce qui nous a été laissé pour toi, Kôsei. C’est un fragment de mémoire. M’affirma-t-elle sans douter une seule seconde de ses propos.

– Un fragment de mémoire ? M’intérrogeai-je. Comment peut-on se servir de ceci ? Et à quoi cela sert surtout ?

– Tu as l’esprit bien étroit pour quelqu’un qui fréquente Laila gamin. Se moqua l’homme d’âge mûr. Les esprits du duel emmagasinent des choses , de la mémoire, qu’ils vont ranger dans une banque de données résidant au sanctuaire céleste. La bibliothèque magique royale est un condensé de tout ce qui a été vu , lu et entendu par les esprits du duel.

– Laila nous a demandé un service il y a quelques années. Enchérit Sirie. Elle a utilisé l’énergie d’une source d’Ener-D avec les pouvoirs de l’esprit du duel Athéna afin de matérialiser ses souvenirs dans un prisme représentant un fragment de souvenirs. Grâce à ce prisme, quiconque le briserait vivrait tout ce qu’elle a vécu. C’est là qu’elle nous a demandé de le donner à celui qui lui aurait juré fidélité, parce que personne d’autre n’était dans l’était d’esprit de la comprendre.

– Je vois….Dame Laïla devait sans doute penser à Jordan lorsqu’elle a créé ce prisme.

– Tu te trompes gamin. Jordan n’était pas la personne à laquelle Dame Laila faisait mention. Il lui manquait quelque chose selon elle, et ce quelque chose c’était la compréhension. Malgré tous ses efforts, il n’a jamais su comprendre totalement cette femme. Il n’y a que toi gamin qui a été aussi loin pour elle.

– Soichiro a raison, enchérit la femme. Il n’y a que toi qui puisse comprendre Laila. Il y a des choses terribles dans ce fragment de mémoire, mais je suis certaine que si tu es là devant nous, c’est que tu peux en assumer la responsabilité.


Les mots du couple me firent assez chaud au coeur. En effet, même si j’étais proche de ma dame, elle ne m’avait dit qu’une fois que je comptais pour elle, et c’était il y a à peine quelques heures. Malgré tout, entendre que j’étais quelqu’un de spécial pour elle me faisait donc extrêmement plaisir. Je ressentis en conséquence une forte chaleur sur mon visage, me laissant comprendre quelques secondes plus tard que j’étais en train de rougir. Tentant de masquer mes émotions les plus puériles, je repris la parole avec sérieux face à l’homme.


– C’est le cas, je peux assumer le poids des souvenirs de ma dame. Une fois que j’aurai pris connaissance de ces souvenirs, en quoi la situation changera ? Concrètement parlant.

– On ne peut vaincre un ennemi que l’on ne connaît pas. Me répondit Soichiro. Si moi je peux aider mes gamins à combattre, toi en tant que membre de Yume-Nikki , tu seras plus ou moins seul. Tu devras donc savoir comment t’y prendre si ignores tout des motivations de Laila.

– ….Bien. J’étais venu pour trouver des réponses de toute façon. Je vais donc utiliser ce fragment afin de tout savoir. Je vous revaudrai ça , Soichiro et Sirie.


Je me retournai, agrippant près de moi le fragment qui m’avait été donné. Onii-chan avait énormément d’appréhension concernant les souvenirs de ma dame, mais pour ma part j’étais prêt à tout connaître. Je devais absolument posséder toutes les informations possibles afin de savoir comment combattre Katsuo du mieux que je le pouvais. C’était une bataille pour l’espoir de Dame Laila, je ne pouvais échouer sous aucun prétexte.


Ainsi, une fois que je fus complètement ressorti du domaine de Soichiro, j’y retrouvai Akemi qui me questionna directement sur comment ça s’était passé. Je lui indiquai que je n’avais rien trouvé de nouveau, conscient de lui mentir, mais je devais selon la version que je lui racontai passer chercher quelque chose avant de rentrer à la maison. Je lui demandai en conséquence de rentrer seule, et elle n’y opposa pas énormément de résistance puisqu’elle céda au bout de cinq minutes d’argumentaire.

Soulagé par le fait que ma grande sœur me lâche enfin la grappe, je pus enfin chercher un endroit calme où Onii-chan et moi allions pouvoir nous ouvrir concrètement aux sentiments de dame Laïla. Sa malédiction, son rôle exact dans la tragédie orchestré par Katsuo Yamada allaient être clairs pour moi.


Sortant de ma poche le prisme translucide, je le saisis fermement au creux de ma main, et une fois que moi et Onii-chan fûmes prêts, je laissai l’esprit du duel s’approprier du pouvoir de l’objet, me menant ainsi dans un voyage assez singulier, un voyage au coeur des sentiments de celle que j’aimais tant depuis déjà un an et demi.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [11/11/2016] à 17:32

Chapitre 25 : Par les liens qui nous unissent


https://www.youtube.com/watch?v=uIa0FA34TGo


Erika et moi venions de passer un accord assez singulier avec sa sœur , Ren. En effet, Erika avait laissé derrière elle toutes ses responsabilités et son pouvoir en tant que princesse de l’espoir afin de se ranger du côté de Yume-Nikki et de Glory for Hope. Sans le savoir, cette décision singulière allait changer bien des choses, puisque sous mes yeux se définissaient les camps de ce qui allait être un affrontement à grande échelle, d’une gravité assez intense. Pourtant , alors que j’étreignais mon amie, je n’exprimais qu’une profonde satisfaction à l’idée de la revoir parmi nous. C’était bon de savoir qu’Erika allait bien et que toutes ces aventures traversées ensemble étaient encore présentes dans ce bas monde. Si c’était Erika, alors tout allait bien se passer, peu importe le désespoir auquel nous allions faire face.


– Dis Erika. Entamai-je avec hésitation. Pourquoi être partie pendant tout ce temps ?

– Je devais le faire Hakaze. Me répondit-elle avec sérieux. Depuis que j’ai soudainement disparu de la fondation du futur, mes parents et mon organisation m’ont recherchée activement afin de me remettre au poste qui est le mien à savoir la présidence du mouvement. Mais si je restais dans le coin ils allaient rapidement faire le lien avec Hiroki et Reisuke, et ça je ne pouvais pas me le permettre. Je les aime bien trop pour cela.

– Tiens donc, tu ne l’appelles plus « Rei-Chan » ~ M’amusai-je face à Erika. Et où étais-tu donc tout ce temps ?

– Je n’ai plus le droit d’être aussi intime avec Reisuke, après tout, il a déjà une petite amie qui l’aime très fort , et je ne veux pas briser leur couple héhé ~ Et si tu veux savoir où j’étais….Je me suis d’abord rendue en France , puis je suis revenue dans le coin afin de voir si tout allait bien pour vous, mais en me rendant sur la tombe d’un ami à moi, j’y ai trouvé Laila. Elle m’a alors expliqué la situation et ses projets, et j’ai décidé de lui faire confiance.

– La princesse de l’espoir qui s’allie avec la princesse du désespoir, ce n’est pas banal dis donc ~ Et donc….Tu as vraiment abandonné pour Reisuke ? Tu es vraiment certaine que tout est terminé ?

– Oui…J’en suis certaine. J’aime Reisuke plus que tout au monde, et s’il était seul, je serais la première à tenter de recoller les morceaux car il n’y aura que lui dans ma vie. Pourtant….Il a choisi Jessica, et son choix….Je le respecte….Du plus profond de mon coeur….


La jeune fille s’arrêta pendant quelques secondes, détournant le regard vers l’horizon du soir que l’on pouvait observer depuis la falaise Sekai. Elle posa son regard sur cette vue splendide pendant quelques secondes de plus, avant de se ressaisir et de se retourner vers moi avec le sourire. Elle reprit ensuite la parole, me confiant ses sentiments dans leur extériosation la plus spontanée.


– Je suis heureuse d’être de retour. Reprit-elle avec tout l’amour du monde. Vous ne pouvez pas savoir comment je me suis sentie seule sans votre lumière pour m’éclairer. Les jours sans vous étaient tristes, les nuits sans vous étaient effrayantes, et maintenant, enfin je peux me sentir de nouveau en sécurité.

– Je commençais à désespérer moi aussi. Repris-je d’un ton plus léger. Imagine : mon seul contact féminin en excluant ma tante, c’était l’autre folle de Jessica. J’ai failli perdre la raison sans avoir quelqu’un de normal à qui parler moi. ~

– Héhéhé ~ Si Jessica t’entendait parler, elle le prendrait mal je pense ~ Allez, quittons cet endroit, Hakaze. Nous avons encore des tas de choses à faire avant de pouvoir vivre d’amour et d’eau fraîche. Nous allons devoir nous préparer à une guerre contre Katsuo, cela serait dommage de se faire vaincre sans même avoir eu le temps de combattre ~


Nous quittâmes donc moi et Erika la falaise Sekai une bonne fois pour toutes. Lorsque nous fûmes éloignées de la plate-forme sur laquelle nous nous trouvions tous depuis ces quelques dizaines de minutes, celle-ci s’évapora dans un torrent de fines lumières bleuâtres qui disparurent en se fondant dans le paysage aux couleurs de la nuit. C’était donc bien la prison temporelle de Katsuo Yamada dans laquelle nous nous trouvions. Il était bien l’homme responsable de la perte de Reisuke dans le passé, mais aussi de ma transformation et de mon séjour dans ce monde aride et difficile à vivre qu’est le monde du désespoir.

Sans relever le sujet, nous reprîmes notre route, cherchant à rejoindre Reisuke, Jessica et les autres, mais une fois arrivées au pied de la falaise, nous fûmes surprises par la présence de quelqu’un qui quittait les lieux , seul.


C’était ce jeune garçon qui suivait Laila comme son ombre, celui à qui Toshiyuki Ren avait fait une belle balafre lui traversant l’oeil gauche. Nishijima Kôsei. A en juger par son expression, Laila devait être sauve, mais quelque chose en lui semblait sévèrement amoché par les épreuves de ce soir. Je n’osais pas vraiment prendre la parole, ne sachant pas vraiment quels mots allaient être bénéfiques pour entamer un dialogue avec quelqu’un dans l’état du jeune homme, mais je fus devancée par Erika qui elle, tenta de trouver les mots justes pour obtenir les infos souhaitées.


– Je te cherchais, Kôsei. S'avança la jeune femme avec prudence. Je suis désolée que notre tentative pour arrêter Zetsubô se soit soldée par un échec.

– Je n'ai rien à dire à ce propos. Rétorqua froidement celui qui était si proche de Laila. Je n'ai agi que pour Dame Laila et je continuerai à agir pour elle après mon départ. Je n'ai aucune intention de m'allier avec la fondation du futur ou glory for hope. Tu m'appelais pour ça n'est-ce pas ?

– En effet je te cherchais pour ça. Avoua-t-elle enfin. J'aurais voulu pouvoir te compter à mes côtés pour faire triompher l'espoir….Mais j'imagine qu'après ce que j'ai fait au groupe, il est impossible pour toi de me pardonner.

– Il est impossible de pardonner à une personne à laquelle je n'en ai jamais voulu. Cependant, Erika, des mois sont passés, et suite à ton départ j'ai rejoint Yume-Nikki. Cela fait maintenant un an et demi que je suis au service de Dame Laïla , et autant pour moi que pour Onii-chan, je dois assurer l'avenir de cette dernière. Tu es au courant des objectifs de dame Laïla n'est-ce pas ?

– Oui. Laila voulait détruire la fondation du futur. C'était son seul véritable objectif.

– Maintenant qu'il est devenu obsolète, je vais lutter contre Zetsubô pour faire en sorte de faire triompher ma dame. C'est donc pour cela que je ne compte faire aucune alliance avec qui que ce soit. Moi et Onii-chan seront les seuls à prendre part dans cette bataille de notre côté.

– Je vois…..J'ai décidément bien manqué des choses, Kôsei. Cependant, je vais me racheter auprès de toi. Je vais faire de mon mieux pour assurer la sécurité de Laila , Hiroki, et Reisuke. Je vais utiliser tout ce pouvoir qui est le mien afin de m'assurer que la fondation du futur ne touche pas à un seul cheveu de ta maîtresse. Je te fais la promesse qu'ils n'auront pas à souffrir d'avantage, et je t'offre ma vie en compensation si je faillis à cette tâche.


Kôsei fronça les sourcils devant cette promesse faite par mon amie, et se contenta de nous tourner le dos afin de partir de son côté. C’était assez difficile à cerner , le véritable objectif de ce garçon, mais j’avais l’impression qu’il bataillait pour quelque chose de bien plus profond que pour le bien du désespoir. Quelque chose me disait qu’il allait bientôt jouer un rôle crucial dans la guerre contre Zetsubô, dans le bon comme dans le mauvais sens. J’espérais simplement que quelqu’un d’aussi têtu que Kosei n’allait pas finir par être notre ennemi.


Nous reprîmes la route vers là d’où venait le jeune garçon, et au bout de quelques minutes de marche nous retrouvâmes tout le monde. Reisuke, Jessica, Juuni et sa fille, mais aussi Hiroki et Laïla qui étaient sains et saufs. Je me ruai instinctivement sur l’homme partageant ma vie, soulagée qu’il n’y était pas resté.


– Hiroki, tu es sain et sauf ! Lui hurlai-je en le serrant contre moi. Tu m’as fait si peur ! Et ta promesse , tu l’as oubliée !? Je deviens quoi moi si tu meurs !?

– T’en fais pas Hakaze. Tenta-t-il de me rassurer. Si je l’ai fait, c’est que je savais que j’en sortirais vivant. Tu me connais non ? Tu sais que je ne fais rien d’exagéré.

– C’est bien la peine de vouloir venir me sauver mais apprends à nager avant ~ Ricana la leader de Yume-Nikki qui était trempée jusqu’aux os. Enfin, je suppose que tu m’as sauvée en quelque sorte, puisque le fait de te voir couler était inacceptable, donc ça m’a motivé à remonter à la surface.

– C’est tout lui ça. Soupirai-je, soulagée de n’avoir à pleurer personne. Je suis malgré tout contente que tu n’aies rien, Laila. Cela me soulage d’un poids. Et mes excuses pour avoir douté de toi, Reisuke.

– Ce n’est rien. Je ne pouvais rien dire pour éviter de vous impliquer d’avantage avec Ren donc je suis fautif, et puis moi aussi j’ai des excuses à présenter.


Reisuke se leva du rocher sur lequel il était assis pour s’avancer vers nous. Il s’approcha timidement , affichant un total contraste entre sa carrure qui s’était consolidée grâce à son entraînement physique de pompier, vers mon amie l’ancienne brune qui se tenait à mes côtés. Lorsqu’il fut face à elle, il détourna le regard, comme ayant honte de lui afficher clairement ce qu’il ressentait. Ce qui paraissait naturel pour Erika et Reisuke était devenu quelque chose d’insurmontable : être honnête l’un envers l’autre. Pourtant, Reisuke qui avait beaucoup gagné en maturité depuis qu’il assurait son couple, fut celui qui brisa le silence. Il tourna de nouveau ses yeux vers Erika avant de prendre la parole.


– Quand j’ai su que tu étais la meneuse de la fondation du futur, mon monde s’est écroulé de nouveau. Murmura-t-il à mon amie. J’ai eu vraiment mal, je ne voulais pas y croire, mais l’urgence nous faisait face avec Ren qui a tenté de tuer Hiroki. Je t’ai donc collé une étiquette qui ne te reflétait pas, j’ai cru que tu nous voulais du mal….Alors que tu es l’une de nos meilleurs alliés.

– Ne t’en fais pas, Reisuke. Le réconforta alors Erika. Je sais que pour toi et Hiroki cela a du faire beaucoup de révélations et je sais que quand tu apprends quelque chose d’aussi lourd à porter que le sang de Zetsubô et que l’on te l’impose par dessus le marché, cela ne doit pas être évident. Tu es toujours le Reisuke que j’ai connu, il me suffit de te lancer un regard pour voir que tu es resté le même, en mettant de côté le fait que tu es maintenant un homme. Tu assures, Rei-Chan ~

– Oi, tu ne m’avais pas dit que tu ne pouvais plus l’appeler Rei-ch….


Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase que le Reisuke s’étant rangé aux côtés de Laila, celui qui affichait un charisme et une assurance inébranlable, redevint le Reisuke tel que je l’avais connu tout au départ. Il s’écroula dans les bras d’Erika, se laissant aller à toutes les émotions qui coulèrent le long de ses joues pour enfin être évacuées. De ses deux mains il saisit fermement le vêtement de celle qu’il étreignait tandis qu’elle, se contentait d’accepter les sentiments de l’homme en affichant un sourire harmonieux

Tandis que je regardais le spectacle, attendrie par le fait que Reisuke baisse enfin les armes, Jessica, qui regardait également cette étreinte soudaine, ne pouvait s’empêcher de rager de l’intérieur. Cependant, bien trop fière pour admettre sa jalousie, elle se jeta sur la première proie facile pour elle, à savoir Hiroki, le grand frère qu’elle appela sèchement.


– Eh t’aurais pu réagir comme ça pour moi aussi espèce de sac à merde. Lâcha-t-elle avec frustration. T’as cru je m’étais pas inquiétée pour toi ou ça marche comment ?

– Oi, j’suis pas ton mec moi. J’suis que ton sexfriend. Rétorqua-t-il avec dérision. Le sentimentalisme c’est pas mon boulot. Mon but est de te satisfaire sexuellement.

– Alors comme ça madame a un sexfriend et un mec ~ Bordel si j’avais su j’aurais largué ce gland d’Ugo et je serais venue m’éclater au monde des esprits aussi moi ça a l’air chaud ~ Renchérit Juuni, intéressée par la vie sexuelle de son homologue du passé.

– Je ne t’en aurais pas voulu….Soupira sa fille. Papa m’a volé mes sunbirds pour les utiliser contre mon équipe, c’est un père indigne. Il mérite l’adultère.

– Il faudrait qu’on aille le repêcher d’ailleurs. Lui répondit sa mère d’un ton las en posant sa main contre son visage. Ce sale gland a croisé Jordan et lui a tapé dessus par réflexe en pensant que c’était un ennemi, résultat, il s’est pris une dérouillée et si son adversaire n’avait pas eu la gentillesse de rester avec lui, il aurait pris cher ce gland


La rousse acquiesça avant de suivre sa mère, sous les regards amusés de Jessica et Hiroki qui étaient en synchronisation dans leurs mouvements de tête. Laila se retrancha un peu plus suite à leur départ. Malgré le fait qu’elle était encore vivante, elle semblait porter un sacré poids en elle, et c’était difficile d’imaginer comment allait se passer la suite entre elle et nous. J’allais tenter de lui parler, mais ce fut Hiroki qui brisa le silence.


– Laila. Entama-t-il solennelement. Comptes-tu combattre Zetsubô ? Ou vas-tu te laisser aller au désespoir néfaste pour ta vie ?

– Je ne sais pas encore Hiroki. Répondit-elle, évasive. Déjà pourquoi n’y aurait-il que deux possibilités ? Encore à vivre dans le noir et le blanc tu me déçois ~ Ouvre un peu ton esprit au monde qui t’entoure, conseil de grande sœur. ~

– Tu ferais bien d’écouter Laïla, Onii-chan. Reprit Reisuke qui avait fini de passer ses émotions dans les bras d’Erika. Tu le crois maintenant qu’elle veut ton bien n’est-ce pas ?

– Pitié ferme ta gueule Reisuke. Le coupa Jessica , toujours frustrée par le comportement de son mec. T’as pas fini de raconter ta merde sur ta falaise ? T’as pas remarqué que tes frères et sœurs ils sont trempés ? Tu veux qu’ils crèvent d’une pneumonie ou ça se passe comment !? Allez venez les deux tâches, Jessica vous offre le gîte ~

– Je ne viendrai pas, désolée. Déclara Laila avec froideur. Je ne suis pas capable d’accepter une invitation de votre part après les dégâts que j’ai causé. Je vous ai impliqué dans de nombreuses choses pour au final échouer à la dernière min –


Laila fut coupée dans son argumentaire par Jessica qui attrapa son col dégoulinant pour braquer son visage contre le sien. Affichant un air assez menaçant envers celle qui était de 17 ans son aînée, elle reprit la parole de sa désinvolture habituelle.


– Commence pas à déballer toute ta merde sur des prétendus regrets. Menaça Jessica. Si tu regrettes vraiment de t’être trompée de méthode ou j’sais pas quoi, tu lèves ton cul, tu viens te retaper à la maison et tu te dresses contre le désespoir avec tout ton coeur. J’crois pas en une repentance qui s’obtient en restant retranché sur soi-même.


Nous regardâmes tous Jessica bouches bées. Ce qu’elle avait dit à Laila avait du sens, mais oser le lâcher cash à celle qui venait se prendre une claque dans la figure…..C’était tellement indélicat que cela ne pouvait venir que de la bouche de Jessica. Laila affichait également de la surprise, ne s’attendant pas à ce que Jessica lui parle sur ce ton. Comme pour appuyer son discours, Erika se joignit à l’argumentaire de la blonde afin de faire vaciller le coeur de la femme.


– Jessica a raison Laila. Il n’y a pas de lendemain plus sombre que la veille pour le coeur qui aspire à l’espoir ~ Crois un peu en l’avenir, peu importe de quoi est fait le passé. Nous sommes aujourd’hui ensemble et nous luttons ensemble, cette alliance entre nos coeurs est la preuve que tout peut s’arranger si l’on y croît suffisamment, non ?.

– Espoir, désespoir…..Je me demande si tout cela a encore un sens à vrai dire….S’exprima la brune ébène avec lassitude. Je dois y réfléchir , y réfléchir vite. Mais pour le moment, je ne peux accepter de vous rejoindre. J’ai encore Yume-Nikki à diriger….Et je dois accuser le coup du retour de Zetsubô pour pouvoir le faire avec efficacité.

– Laila…..Soupira Reisuke, attristé par la réaction de sa sœur.

– Ne t’en fais pas, Reisuke. Le rassura-t-elle. Je ne tenterai rien d’irréfléchi. Après tout, que je le veuille ou non, je suis nécessaire pour la suite des plans. Le noir, le blanc, le gris, les trois couleurs confrontent leurs idéaux et font face à leur destinée. Laquelle de ces nuances sera celle capable de renverser le cours du monde….. ? C’est dans ce but que je me suis lancée dans un tel combat, pour savoir.

– Encore à raconter de la merde , Laila ? Ricana Jessica. Tu devrais dormir un peu ça te ferait du bien ~

– En effet, sourit la leader de Yume-Nikki. Reisuke, Hiroki, vous tous, si vous voulez combattre aux côtés de Yume-Nikki, vous êtes les bienvenus ~


La femme à la chevelure encore humide se retourna avant de partir. Cependant, alors qu’elle quittait l’espace dans lequel nous nous étions tous battus contre Katsuo, elle fut suivie spontanément par Reisuke et Erika qui prirent le même chemin qu’elle. Remettant tous les deux les masques qui étaient assignés à Rei et Mitsu, respectement le numéro 0 et le numéro 3 , ils reprirent silencieusement le chemin qu’ils avaient choisi.

Il ne restait plus que Jessica, Hiroki, et moi. Nous regardâmes le groupe s’éloigner de plus en plus tandis qu’aucun de nous n’avait tenté de remettre en question les choix de Reisuke et d’Erika. L’ambiance était lourde, très lourde. Pourtant , nous devions encore terminer cette nuit , moi , Hiroki et Jessica. Nous devions rentrer voir mon père et lui dire comment l’affrontement s’était terminé. Nous ne savions pas ce que la suite allait nous réserver, mais nous étions tous les trois motivés à vaincre.


Nous quittâmes la falaise Sekai , lieu de retour de Katsuo Yamada connu sous le nom de Zetsubô. Conscients d’avoir été les témoins d’une scène historique, nous rentrâmes cependant comme si nous revenions d’un concert ou d’une sortie familiale. Hiroki lançait ses blagues vaseuses tandis que moi et Jessica nous le faisions taire. Il était notre souffre douleur du jour , le pauvre. Pourtant, même s’il était un crétin fini, je pense qu’à ce moment là, moi et Jessica étions heureuses de l’avoir à nos côtés. Malgré tout ce qu’il s’était passé il arrivait encore à balancer ces quelques mauvaises blagues qui faisaient sourire, et il n’avait pas idée de la portée que ses paroles avaient sur notre coeur, à Jessica et moi.


Ainsi, faire le chemin retour était moins pénible que le chemin aller. Au fond de moi je sentais encore la présence de mon grand-père, mais elle s’estompait au fur et à mesure que je m’éloignais de l’endroit, emportant avec elle cette Athéna que j’étais devenue l’espace d’un instant. Fujii, mon grand-père paternel, m’intriguait également. Je ne savais pas pourquoi, mais il semblait absolument vouloir faire du mal à mon père et à ma tante, et même à moi, alors qu’aucun de nous trois connaissions l’homme. Pire encore, quelque chose en moi devenait différent lorsque j’étais face à Fujii. Comme si mon intérieur même était terrifié par celui qui était en face de moi. Qu’avait-il donc bien pu faire pour que mon organisme même soit pétrifié rien qu’en le regardant ? Je n’en avais aucune idée, mais cela m’intriguait.

Mais au fond, cela me faisait sourire que l’on avait tous ces problèmes liés à notre filiation. Hiroki et Reisuke avec Katsuo, Jessica avec son grand-père, et moi avec Fujii……Nous étions tous dans le même bateau en y réfléchissant, et c’était plutôt drôle.


Cette nuit était assez spéciale. Les étoiles dans le ciel scintillaient fortement de leur couleur or, comme elles ne le faisaient que trois nuits par an dans notre région. Il se dégageait également une fraîche brise qui nous caressait le visage, et pour être honnête : c’était très agréable. Ce fut dans ce décor comme on ne le trouvait que quelques fois par an chez nous que nous raccompagnâmes Jessica jusque chez elle.


Nous la laissâmes sur le palier de la porte avant de repartir, non pas sans essuyer des piques à la « Je croyais que tu devais me faire grimper aux rideaux alors qu’attends-tu ? » venant de notre amie la blonde. L’ignorant, nous repartîmes prendre le chemin vers la forêt de mon père.


Nous marchâmes une heure de plus avant d’arriver jusqu’à pouvoir apercevoir l’endroit. Cependant, alors que l’habitat de mon père et de ma tante était à portée de vue, une ombre sembla sortir de chez eux. Une silhouette masculine qui me semblait familière mais que je ne pouvais pas reconnaître à vue d’oeil. Papa avait du recevoir quelqu’un, de toute façon, tout ce que je trouvais bizarre était naturel pour lui.


Nous arrivâmes donc chez mon père , et une fois que nous entrâmes , nous fûmes accueillis d’une manière assez….Singulière.


– Déjà de retour gamin ? S’exclama mon père avec surprise. T’as oublié quelque ch – Oh. C’est vous les gamins. Dire que je pensais passer une nuit tranquille.

– Tu as mauvaise mine Hiroki. S’inquiéta ma tante. Es-tu sûr que tout va bien ?

– Ouais….Répondit-il sans grande conviction. Ne vous en faites pas, y’a rien de trop gra –

– Katsuo Yamada est revenu à la vie. Le coupai-je d’un ton solennel. Zetsubô est parmi nous.

– Nous le savons déjà gamine. Ricana mon pềre. Quelqu’un est arrivé avant vous pour me tenir au courant. Maintenant que Zetsubô est revenu il va falloir se réunir rapidement afin de savoir comment nous allons me ner cette guerre.

– C’est exact. Approuva ma tante. Les tactiques de Zetsubô sont fourbes et très peu de personnes peuvent prétendre avoir les épaules assez large pour endurer tout le désespoir que Katsuo a le pouvoir d’infliger. Nos patients qui sont atteints du syndrome n’en sortent généralement pas. Donc celui qui cède à Katsuo est condamné concrètement.

– Ca n’arrivera pas ! Protesta Hiroki, déterminé. Nous avons traversé énormément d’épreuves, ce n’est pas Katsuo qui va changer les choses ! Notre volonté est bien plus profonde que ses ténèbres !!!

– Tu crois vraiment que Laila a monté Yume-Nikki pour combattre quelqu’un que tu peux neutraliser simplement avec des bons sentiments ? Le nargua mon père. C’est une guerre qui nous attend gamin, arrête d’être naïf.

– Mon arme a toujours été l’espoir et je m’en suis sorti jusqu’à maintenant. Répondit celui qui partageait mon quotidien. J’ai toujours trouvé réponses à mes prières, je ne vois pas pourquoi cela changerait même avec Zetsubô.


Hiroki se retira de l’espace dans lequel nous étions, apparemment frustré par l’argumentaire de mon père. Critiquer le sentiment espoir devant lui était assez difficile à faire puisque pour lui, le fait qu’il s’en était sorti malgré toutes ces ténèbres était dû à l’espoir qui l’avait récompensé pour avoir cru en lui. Et c’était en partie vrai puisque malgré toutes les difficultés que nous avions eu ensemble, il avait su garder la tête haute et me ramasser lorsque j’en avais besoin. C’était d’ailleurs pour ça que j’étais éperdument éprise de lui, puisqu’il était le seul qui pouvait toujours me ramasser dès que je tombais.


Au fond, Hiroki ressemblait beaucoup à Erika sur ce point. Là où moi et Reisuke avions basculé dans les ténèbres à un moment de notre vie, Hiroki et Erika eux faisaient toujours confiance à cette lumière invisible qu’ils appellent l’espoir, et ils étaient prêts à tout si cela permettait à cet espoir de prospérer dans leur coeur ou dans le coeur des autres.

Si le monde était fait d’Erikas ou de Hirokis, serait-ce un monde meilleur , ou l’espoir lui-même perdrait-il son sens sans le désespoir pour le briser ? C’était cette question qui s’installait peu à peu en moi. Laila m’aurait sûrement répondu que toutes les nuances de gris sont nécessaires pour créer un monde, et elle aurait eu raison j’imagine.

– Le gamin a du mal à comprendre la réalité des choses….Marmonna mon père en se frottant le menton.

– Laisse lui du temps Soichiro. Répondit ma tante en posant sa main sur celle de mon père. Il a appris des tas de choses sur lui et sa famille, ce n’est pas encore le moment de tout lui révéler.

– C’est vrai qu’il a un sacré bagage. Reprit alors mon père d’un ton plus doux, comme calmé par l’intervention de Sirie. On passera à la prochaine étape lorsqu’il se sera remis de celle-ci.


Mon père lança un regard souriant à ma tante qui afficha un sourire paisible à celui-ci en guise de réponse. A les voir comme ça , l’homme qui s’emballe et la femme qui le fait se contrôler et garder sa raison, j’avais non pas l’impression de voir mon père et ma tante, mais mes deux parents qui se concerteraient sur le choix du gendre. Ils avaient l’air d’un véritable couple harmonieux. Ne manquant pas cette ocassion de tenter de briser les barrières entre les deux protagonistes du couple, je ramenai ma fraise dans le débat.


– Vous êtes vraiment mignons tous les deux ~ C’est quand que j’ai mon petit frère moi ? Il ne vous reste plus beaucoup de temps pensez-y ~

– A….Arrête donc ça gamine. Rétorqua mon père en lâchant la main de ma tante. Tu sais très bien qu’il n’y a absolument rien entre nous si ce n’est du respect pour autrui.

– To….Ton père a raison. Approuva ma tante en détournant le regard. Nous avons traversé des choses ensemble, mais il n’y a aucune romance entre Soichiro et moi.

– C’est dommage ~ Repris-je amusée avant d’enchaîner avec plus de sérieux cette fois. Tout le monde voit que vous vous aimez, il ne faut pas être clairvoyant pour s’en apercevoir. Vous êtes en train de perdre du temps qui vous semblera précieux le jour où vous trouverez enfin le courage de passer au-dessus de la barrière. Cela fait maintenant 15 ans que Maman est partie, vous lui avez tous les deux suffisamment prouvé votre amour et votre respect pour elle.

– Hakaze….Murmura ma tante, abasourdie par ce que je venais de dire.

– Ce qu’il y a entre Sirie et moi ne te concerne pas gamine. Me coupa mon père d’une expression totalement fermée. Il y a bien plus important à régler qu’une histoire de sentiments. Rattrape ton gamin avant qu’il ne fasse une bétise, nous parlerons de tout cela demain.

– Bien père. Répondis-je obéissante, sachant qu’il était impossible de négocier lorsque mon père affichait cette expression. Je me retire. J’avais prévu de te demander si nous pouvions passer la nuit ici mais je ne peux pas laisser Hiroki seul.


Je me dirigeai donc vers la sortie de la forêt, mais alors que j’allais passer la porte, je ne pus m’empêcher de me retourner, même si c’était contre les indications de mon père. Je repris la parole en affichant une expression qui je l’espérais , allait refléter tout l’amour que j’avais pour mon père et ma tante.


– Maman serait présente, elle vous gronderait. Elle a toujours été pour afficher spontanément ses sentiments sans se mettre de freins et de barrières, vous savez aussi qu’elle aurait aimé savoir que vous veillez l’un sur l’autre en son absence. Je connais assez maman pour savoir qu’elle ne voulait que notre bonheur à tous. Et puis….Moi aussi, je veux votre bonheur. Je vous aime plus que tout, Papa, Maman.

– M….Maman…. ? Bégaya ma tante.


Je partis avant même que l’un des deux protagonistes du couple ne puisse rétorquer, laissant comme dernière image à ma tante ce sourire que je voulais lui transmettre. Je voulais absolument que les sentiments de père lui parviennent et qu’elle puisse enfin lui faire voir son amour. Sirie ma tante avait subit beaucoup de malheur dans sa vie, elle méritait de connaître l’espoir aussi. C’était ce que je pensais à ce moment, à propos de celle qui était ma gardienne pendant tout ce temps. Celle que j’appelais Athéna et qui a voué pas mal d’années de sa vie à mon existence avait le droit de connaître un bonheur égoïste.


– Et tu as bien raison sur ce point , Hakaze. Résonna une voix grave à l’intérieur de moi. Ma petite a traversé des tas d’épreuves. Il est du devoir de cet homme qui m’a promis de la rendre heureuse de répondre à ses attentes concernant leur couple.

– Eh….Tu ne peux pas sortir pour me parler ? T’es vraiment un mal élevé le vieux grincheux ~ Allez papy sors de là ~


J’entendis la voix en moi soupirer avant d’accéder à ma demande. Je me retournai, sentant la présence de celui qui m’avait parlé à l’intérieur derrière moi, mais contre toute attente, lorsque je fis face à celui qui avait été le gardien d’Athéna tout ce temps, je fus consternée par son apparence.

En effet, ce n’était plus un esprit du duel qui me faisait face…Mais un homme. Il semblait avoir une quarantaine d’années cet homme. Il était un humain aux cheveux violets mi-longs qui étaient coiffés d’une manière très stricte. Il affichait deux grands yeux bleus dans lesquels se reflétaient une lueur lavande assez singulière. L’homme à l’allure stricte était tout vêtu de noir. Un smoking élégant ouvert sur une chemise couleur lavande , suivi par des chaussures toutes aussi classes de couleur noire.

Il me fallut pas le fixer plus d’une poignée de secondes pour comprendre de qui il s’agissait. Et j’eus confirmation lorsqu’il reprit la parole.


– Je n’oublierai jamais cet affront. Me lança-t-il d’un ton glacial. Devoir me fabriquer une image humaine pour pouvoir interagir avec vous dans ce monde…..C’est indigne du juge que je suis.

– Voltanis…..Tu es vraiment classe grand-père ~ Papa devrait en prendre de la graine ~

– Ici je m’appelle Yoshihiro Borutenisu. Evite de m’appeler Voltanis ici. Je transgresse mes propres règles pour venir ici.

– Aurais-tu enfin appris que certaines règles doivent être enfreintes ? ~

– OBJECTION !!! Me rétorqua-t-il bruyamment. J’invoque le lien familial pour enlever les charges qui sont contre moi. J’accable donc l’irresponsabilité de Soichiro Namatame qui est le moteur de mes agissements. S’il était capable de reconnaître ses sentiments et d’épouser ma fille je n’en serais pas là ! Je déteste votre famille tu entends ! Je vous déteste !

– Pourtant, tu es venu m’aider grand papy ~ Repris-je, moqueuse. Sans toi, j’étais perdue. Merci du fond du coeur.

– Je plaide coupable. Je me suis bien plus attâché à la famille construite par mes filles que je ne l’aurais dû. Mais en attendant n’ébruite pas le fait que je peux venir te rendre visite sous cette forme. Lily la conseillère télépathique et moi sommes dans le secret absolu concernant la reproduction d’un corps humain. D’ailleurs, je n’ai que l’enveloppe charnelle, à l’intérieur je ne suis fait que d’eau, je ne possède ni organes, ni chair.

– Ca a l’air bien fait en tout cas. Je suis épatée ~

– Je suis fier du travail de Lily. Enfin…C’est bien plus pratique de se parler de la sorte. D’autant plus que je suis venu changer le cours des choses avant qu’il ne soit trop tard.


https://www.youtube.com/watch?v=qft44yIJ6_M


– Comment ça ? L’interrogeai-je. Que veux-tu changer grand-père ?

– Le futur. Un esprit du duel dont je dois préserver l’anonymat a rapporté à Metaion que la fondation du futur était en route pour détruire le générateur Ener-D que possède ton père. Des tas de troupes vont arriver d’une minute à l’autre pour ce faire donc il faut faire vite.

– Nous devons arrêter la fondation du futur ? Comment peut-on faire ça ? Et pourquoi ce générateur est-il si important à tes yeux ?

– Ce n’est pas le générateur. Tu connais de quoi est capable Ren. Elle serait capable de tuer toute personne se mettant en travers de son chemin….Et une fois une mort inscrite dans les lignes du destin, il est impossible de revenir en arrière. Hakaze, je te demande ça en tant que père, accepte la mission que je te donne.


Avant que je ne puisse en demander d’avantage , Je fus interrompue par le bruit d’un hélicoptère qui se rapprocha rapidement de nous. L’hélicoptère qui se posa directement face à nous tenta de tirer sans même nous laisser le temps de répondre, mais c’était sans compter sur mon grand-père qui grâce au pouvoir de son esprit du duel put déjouer les balles qui allaient nous atteindre. Il me poussa dans la forêt et je compris ce que j’avais à faire.


Mon père et ma tante qui n’étaient toujours pas couchés fûrent surpris par mon retour, mais avant qu’ils ne puissent dire quoi que ce soit, je me hâtai vers les générateur d’Ener-D, comprenant ce que voulait dire mon grand-père. L’urgence faisait face, et je devais y répondre avec les moyens adéquats.

Alors que j’entrai dans la grotte , entraînant mes parents avec moi, je vis que la fondation gagnait du terrain. Voltanis , qui tenait toujours tête, perdait du terrain et devait pénétrer la forêt pour pouvoir combattre. Alarmée par la situation, j’hurlai le nom d’un autre camarade.


– Medraut !!! Aide-le à gagner du temps je t’en prie !!!!!


Une ombre passa furtivement à mes côtés et se mit à courir jusqu’à la bataille dans laquelle Voltanis s’était lancé. Medraut, le chevalier noble, avait rapidement répondu à mon appel, me laissant ainsi m’engouffrer dans la caverne avec mes parents. Je les traînai jusqu’au laboratoire de mon père à qui je daignai finalement répondre.


– Papa ! Lui criai-je affolée. La fondation du futur est venue pour prendre le générateur ! Je voulais riposter, mais nous ne sommes pas prêts à le faire ! S’il te plaît Papa, renvoie moi dans le passé une troisième fois !

– Un troisième voyage dans le temps !? S’empourpra-t-il . As-tu perdu la raison gamine !?

– S’il te plaît papa c’est la seule solution !!! Renvoie moi dans le temps et va te cacher avec Maman ! Fais moi confiance Papa , nous faisons ça pour éviter le pire !!!!


Mon père hésita quelques secondes, mais fut convaincu par les bruits venant de l’extérieur. Il acquiesça avant de me laisser prendre place dans l’un des cercles au sol qui permettaient de remonter dans le temps. Il se plaça face à moi, posant ses deux mains au sol, et entama le même rituel que lorsque nous avions voyagé dans le temps un an plus tôt.


– Papa. Lui dis-je sérieusement tandis que je voyais déjà les lumières du passé me rattraper. Il faut absoluement que tu préserves ta vie. Une mort ou une naissance ne peut être empêchée à partir du moment où elle s’est déroulée. Si tu ne te caches pas rapidement, tu auras donc la mort définitive de ma tante sur la conscience ! Je compte sur toi papa !!!


Ayant lâché ces mots, je vis le regard de mon père s’illuminer de son habituelle détermination. Je voulais absolument que même si le générateur était détruit, que mes parents ne meurent pas dans cette réalité que je quittai afin de remonter dans le temps. Libérée de ce poids, j’ordonnai à mon père de partir des lieux, ce qu’il fit, afin de commencer ce qui était mon troisième retour dans le passé.


Je me sentis partir peu à peu, empruntant une fois de plus les couloirs temporels dont on ne revient jamais totalement le même.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [14/11/2016] à 19:22



Arc Laïla Serizawa Partie 1 : Je m'offre à toi , ne faisons qu'un.

https://www.youtube.com/watch?v=F8AKxIRBTn0

Les ténèbres, le désespoir, et le vide. Ce monde…. Je le connaissais. Me réveiller au beau milieu de ces terres arides et composées de nuances de gris était bien loin de me surprendre, même si je ne m’attendais pas à atterrir ici lorsque Onii-chan et moi avions utilisé le pouvoir de ce prisme de mémoire contenant les sentiments de ma Dame.


En effet, ce monde dans lequel je me trouvais, j’avais l’habitude de m’y réfugier lorsque je voulais fuir la réalité et la culpabilité du meurtre de mon frère, mais je ne m’attendais pas à y entrer pour y trouver des réponses. J’imagine que tout cela était prévu par dame Laïla, elle qui avait conservé tous ses souvenirs dans le but de les révéler à quelqu’un de spécial pour elle. Et j’étais ce quelqu’un.

Je me relevai sans crainte, sachant les limites de ce monde qui était mon monde depuis des années, et je me mis à marcher dans les terres de l’oubli, du silence et du vide. Ces environs me rassuraient vraiment. Elles ôtaient tous les sentiments négatifs qui détruisaient mon cœur de l’intérieur pour n’y laisser que l’indifférence, et c’était ce dont j’avais besoin.


Autour de moi se trouvaient des individus dont je ne pouvais discerner les visages. J’entendais leur peine, leur rage, leurs tourments. Tous ces cris de désespoir résonnant à l’unisson formaient le seul bruit audible de cet espace dont j’aimais l’ambiance. Adolescents, hommes, et femmes, étaient en train de croupir ici, préférant de laisser aller à la solitude plutôt que d’affronter le monde réel. C’était le pouvoir du désespoir : tirer parti de la faiblesse de l’individu pour pénétrer dans les cœurs des gens. Le moindre doute, la moindre once de rage ou de tristesse était un ticket d’entrée pour que s’installe en soi le plus sombre des sentiments.


Contemplant le paysage ébène qu’était mon monde, je restai quelques secondes sans bouger, réfléchissant au pourquoi j’étais ici. Mais alors que j’étais dans ma réflexion, je fus interrompu par un bruit venant de derrière moi, un bruit sourd et bref qui s’estompa rapidement dans le silence de l’endroit. Conscient que toute source de vacarme était inhabituel dans ce monde, je me retournai rapidement, me mettant en alerte, mais ce que je vis derrière moi me surpris. Cela ne me surprit qu’un petit peu certes, mais ce fut suffisant pour faire basculer l’équilibre d’indifférence que je ressentais en ce monde. Et pour cause, derrière moi se trouvait dame Laïla. Habillée d’une robe rouge assez élégante, elle était la même que celle que j’avais laissée quelques heures plus tôt, à l’exception près qu’elle n’affichait plus aucune ride sur son visage. Elle semblait avoir rajeuni de dix ans. Etait-elle le fruit de mon imagination ou était-elle réelle ? Là se posait la question. Après tout, dans ce monde nous ne pouvions pas faire confiance aux apparences.

Alors que je réfléchissais à cette situation, je fus devancé par Onii-Chan qui se servit de mon corps afin de prendre la parole à l’intention de ma dame.


– Dame Laïla, est-ce bien vous ? Demanda-t-il, troublé par l’apparence de ma Dame.

– Il serait ennuyeux de te répondre par un oui ou par un non ne crois-tu pas ? Répondit-elle avec évasion. Je suppose que tu es la personne à qui j’ai confié mes sentiments dans le futur n’est-ce pas ?

– En effet. Repris-je machinalement. Je suis Kôsei, Nishijima Kôsei. Et la personne à l’intérieur de moi est mon grand frère. Nous vous avons tous les deux servi depuis quelques temps, et nous vous avons été fidèles jusqu’à devenir votre bras droit personnel. Cependant, nous avons échoué. Katsuo Yamada est revenu à la vie à notre époque, et pour l’affronter j’ai besoin de savoir votre histoire et la sienne.

– Je vois ~ J’ai donc bien fait de tout prévoir avec Soichiro et sa femme ~ Eh bien c’est à mon tour de me présenter mon garçon. Je suis donc Serizawa Laila, et j’ai actuellement 24 ans. Je suis l’image créée par ta maîtresse afin de te transmettre ses souvenirs…. Si tu es arrivé dans ce monde, c’est que tu dois porter ton propre fardeau j’imagine, donc je n’ai pas à te tester sur ce point ~

– En effet. J’ai également mon lot de ténèbres et ce fardeau que je me suis promis de porter jusqu’à la fin de mes jours. Je suis prêt à porter le vôtre, dame Laila.

– Cela serait dommage de te donner mes souvenirs sans pour autant m’être amusée un peu ~. Se moqua l’image de ma dame. Après tout, une fois que j’aurai rempli ma mission, je serai vouée à disparaître. Je vais donc tout te donner à une seule condition : Faisons un jeu, Kôsei ~

– Un jeu ? M’interrogeai-je. Comment pouvez-vous penser à jouer en de telles circonstances ? Et que voulez-vous me dire par « Je vais disparaître » ?

– Abrège l’interrogatoire mon garçon ~ Je voudrais juste m’amuser un peu, rien de plus ~

– Très bien. A quel jeu voulez-vous jouer Dame Laïla ?

– Je te propose ….Le valet noir ~ Oui, jouons au valet noir ~


Lorsque ma dame prit sa décision ; l’espace boisé dans lequel nous nous trouvions s’évapora et disparut dans un écran de fumée ébène qui nous entoura pendant quelques secondes. Lorsque la fumée se dissipa, nous nous retrouvâmes dans une résidence assez modeste semblant être un habitat atypique pour un couple et des enfants. Cette maison toute faite de nuances de gris semblait appartenir à ce monde, mais elle m’était inconnue.

https://www.youtube.com/watch?v=HF0COs7scog

Nous étions dans une chambre sobre au milieu de laquelle se trouvait une table sur laquelle était posé un paquet de cartes classique. Ma dame retira la chaise et s’installa à table, m’invitant à faire de même. Cependant, quelque chose me turlupinait : Il y avait trois chaises pour deux personnes.


– Installe toi donc, mon serviteur. Me déclara-t-elle avec le sourire. Et toi aussi, Arata, installe toi ~

– Comment savez-vous que –


Je n’eus pas le temps de finir que mon grand-frère qui n’était autre que Saffira la reine des dragons sur laquelle son caractère avait déteint sortit de moi en prenant l’apparence d’Arata tel qu’il l’était avant de se donner la mort. Saffira se prosterna face à ma dame, avant de s’installer à table comme elle lui avait demandé. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi Saffira faisait ceci, mais revoir le visage d’Arata, même si c’était faux, me remplissait de bonheur à l’intérieur.

Je m’installai donc à table, aux côtés de mes deux camarades de jeu improvisés. Une fois que j’eus pris place, le paquet de cartes s’éleva de lui-même. Sous le regard amusé de ma dame, le paquet se distribua de lui-même, sans une intervention tierce. Tandis que nous recevions les cartes trois par trois, l’hôtesse du jeu prit la parole avec le sourire.


– Je voulais faire une partie classique mais cela serait vraiment ennuyeux de le jouer simplement au hasard ~ J’ai donc pris la liberté d’ajouter quelques règles dans la partie ~

– Quelques règles ? La questionna Arata. Peut-on savoir ces règles ?

– Bien évidemment ~ Ecoutez bien les garçons ~ Premièrement, sur les 52 cartes du paquet, nous devons enlever le valet de pique qui est la carte représentant ce qu’on appelle le pouilleux lorsque l’on est enfants. Cette fois, cela ne sera pas le valet de pique, mais une carte tirée au hasard dans le paquet et mise face verso. Ainsi, nous ne savons pas qui a le pouilleux ~

– Je vois. Repris-je machinalement. Ainsi, nous ne savons même pas si vous sommes vainqueurs ou perdants jusqu’à la fin.

– En effet ~ Mais ce n’est pas tout ~ C’est un jeu spécial ne l’oubliez pas, vous verrez donc ce que cela implique très vite ~


Les cartes distribuées, je jetai un œil à ce que j’avais dans les mains. 17 Cartes avec lesquelles je devais faire des paires jusqu’à vider ma main. Je jetai six paires, me débarrassant de douze cartes. Laila en jeta cinq, Arata lui en jeta sept. Lorsque nous eûmes fini de nous débarrasser de nos paires de cartes , le jeu débuta alors.


– Je prendrai donc à chaque fois une carte à Arata, puis Kôsei m’en prendra une, puis Arata en prendra une à Kôsei. Etant donné qu’Arata est celui qui a le moins de cartes pour commencer, c’est lui qui ouvrira le bal ~

– Bien. Approuva Onii-chan. Kôsei, gare à toi, j’arrive.


La main de mon grand frère s’approcha de la mienne et lorsqu’elle fut assez proche il saisit l’une des cartes de ma main. Ce fut le quatre de carreaux qu’il prit, et il assembla une paire. Me tirant la langue, il pivota vers Dame Laïla qui afficha un sourire mesquin avant de prendre une autre carte et faire une paire également. Ma dame se tourna ensuite vers moi, affichant un air malicieux à mon égard.

Je pris une carte sans afficher d’émotion particulière, et j’ajoutai cette carte à ma main. J’avais une paire, mais ce qui était le plus choquant n’était pas le fait que je me rapproche de la victoire, mais ce qui était écrit sur la carte.


– Dame Laïla qu’est-ce que…. – Bégayai-je avant d’être coupé par l’hôtesse du jeu.

Je révélai la carte que je venais de tirer. Sur cette carte était inscrit « Si tu pioches cette carte, son ancien propriétaire doit parler d’un de ses souvenirs. » Arata fut amusé par la tournure des choses, il afficha un petit sourire mesquin comme j’avais l’habitude de le voir lorsque quelque chose suscitait sa curiosité. Ma dame quant à elle, gardait son air abstrait. Croisant ses bras, elle me dévisagea, avant de reprendre la parole.

– Eh bien, voilà une carte bien embarrassante ma foi ~ Je vais donc te révéler un de mes souvenirs, Kôsei ~


La femme claqua des doigts, et lorsqu’elle le fit, l’environnement sombre autour de nous gagna des couleurs. Cette chambre dans laquelle nous nous trouvions était en fait une chambre de petite fille, à l’exception près qu’elle n’était pas couverte de jouets et de décors de princesse, mais de livres en abondance, concernant tous les thèmes. Je ne comprenais pas ce que tout cela voulait dire, mais le décor était tout de même assez troublant. L’innocence s’en dégageant était malsaine, elle me rappelait…Elle me rappelait celui que j’étais avant de faire face au drame de la mort de mon frère. Je lançai un regard à ce dernier pour savoir s’il comprenait, mais il ne semblait pas plus renseigné que moi concernant la situation que l’on vivait. Cependant, alors que je pensais que ce n’était qu’un coup fourré, je m’aperçus de mon erreur lorsqu’une gamine entra dans la chambre. Cette petite fille au teint mat et aux longs cheveux noirs m’était bien connue. En effet, c’était Dame Laïla qui ne devait avoir qu’une dizaine d’années tout au plus qui entrait dans sa chambre et se posait sur son lit pour lire. La petite fille toute joyeuse respirant l’innocence me fit beaucoup de peine en pensant à combien elle avait perdu de cet éclat en grandissant.


– Me voici donc quatorze ans en arrière ~ Déclara la femme avec évasion. J’aimais beaucoup jouer aux cartes avec mes parents. Je m’entrainais à guetter leurs mimiques, leurs bluffs, leurs confessions, et j’aimais beaucoup travailler sur cet aspect psychologique du jeu.

– Et tout ça à dix ans…..S’étonna Arata. Cela va même au-delà des espérances de mon père.

– Oh mais ne le prends pas comme ça Arata. Je voulais simplement suivre les traces de pas de mon père et me lancer dans la médecine. Je voulais être psychologue et plaire à mes parents : Shinichi Yamada et Mélissa Serizawa. J’aimais beaucoup jouer comme les autres filles, et je ne subissais pas la pression que tu subissais de tes parents, Arata ~ Enfin, passons à la suite voulez-vous.


La petite Laila se figea et redevient toute de noir colorée. Arata mon frère me défia de nouveau du regard et prit une carte, mais cette fois il ne fit pas de paire. Agacé, il détourna le regard en soupirant, sûrement de peur d’avoir pioché la carte qui lui assurerait la défaite. Cela me tira un sourire, le premier depuis que j’étais arrivé ici. Mon grand-frère avait toujours été quelqu’un de très rageur, et le voir ruminer dans son coin me rappelait les parties livrées ensemble.

Dame Laila prit une carte à mon ami et fit une autre paire. A ce niveau, Il me restait quatre cartes, deux à Arata, et cinq à Laila. Cette dernière m’invita à prendre une autre carte, et lors que je le fis, je pus jeter une autre paire. Cependant, encore une fois, sur cette carte était marquée l’obligation de révéler un autre souvenir. Je ne fus alors plus dupe concernant la nature de ce jeu.


– Dame Laila, chacune de vos cartes vous oblige à révéler un de vos souvenirs n’est-ce pas ?

– Me voilà percée à jour c’est dommage ~ Me répondit-elle avec légèreté. En effet, plus nous avançons dans ce jeu, plus je devrai vous révéler mes souvenirs, et dans le cas présent……Voici ce que je vais vous révéler ~


La petite Laila rattrapa ses couleurs tandis que son environnement reprit les siennes. Nous entendîmes quelqu’un appeler la petite fille, un « Laiiiila !!! » provenant d’une voix assez grave et assurée. Lorsque la personne entra dans la chambre de la petite fille, il ne me fallut pas beaucoup de temps pour remarquer que cet homme était le père de la petite. Ce qui me choqua tout de suite n’était pas la ressemblance entre ma Dame et son père, mais surtout l’aura qu’il dégageait. C’était une aura très sombre qui était masquée par un voile de lumière qu’il arborait par-dessus la noirceur.

Il dit à sa fille qu’il allait partir pour la nuit chez un ami qui avait déménagé plus loin dans Satellite. Il avait opéré sa femme en urgence quelques temps plus tôt et il devait contrôler l’état de cette dernière qui avait contracté une maladie assez étrange. Il n’allait donc pas rentrer ce soir-là et la petite allait rester avec sa mère. S’en suivit une étreinte pleine d’amour entre le père et sa fille, suivie de quelques mots doux avant de se quitter jusqu’au lendemain.

Le souvenir s’arrêta à cet instant. Je commençais à entrevoir un peu certaines choses, mais j’ignorais toujours les détails que j’avais demandé à Soichiro Namatame. Sans vraiment demander d’explications à dame Laila, je présentai ma main à Arata qui tenta de viser juste avec sa prise.


– Tiens-toi prêt petit frère, j’arrive ! Me lança-t-il avec assurance.

Et lorsqu’il prit une carte, il fit une autre paire. Et ce fut la révélation pour mon frère.

– Haha ! Maintenant Dame Laïla va me prendre la dernière carte, et je sors de la partie ~ Alors qu’en dites-vous !?

– Tu as eu de la chance c’est tout ~ Ricana Dame Laïla. Ne crois pas que ta victoire est due au talent ~

– Bien sûr que si elle est due au talent ~ Je suis tout de même l’héritier d’une grande entreprise , je ne suis pas à prendre à la légère bande d’amateurs. Dame Laïla , je vous en prie.


Arata donna la dernière carte qu’il avait en main à ma dame. Ma dame révéla une paire suite à la carte qu’elle récolta de mon grand-frère, pour au final n’avoir plus que trois cartes en main contre deux de mon côté. La femme me regarda d’un air mesquin, attendant sûrement ma réaction face à ce scénario de face à face…..Mais pour être honnête, faire une partie contre ma dame et mon frère c’était assez plaisant. Mon grand-frère réagissait exactement comme il le faisait lorsque nous jouions ensemble et j’étais satisfait de voir ma dame prendre du plaisir à jouer avec nous. Cette partie était assez sympathique et j’avais l’impression que nous avions trouvé un peu de paix par le biais de cet échange.

Je pris une carte de la main de ma dame, mais alors que je m’attendais à une carte souvenirs, c’était une carte classique. Le 10 de cœur. Etait-ce cette carte la carte perdante en sachant qu’il n’y avait pas l’inscription raconte ton souvenir ? C’était une possibilité à ne pas exclure. Mélangeant mes cartes, je présentai ma main à celle de Dame Laïla, et lorsqu’elle prit une carte, ce fut celle qu’elle venait de me donner, nous ramenant à la situation de départ, mais confirmant également que le 10 de cœur était la carte Joker puisqu’aucun de nous ne pouvait faire une paire avec cette carte.

Je pris une autre carte de Dame Laïla, et ce n’était pas une carte souvenir. Je fis une paire avec cette carte et une des miennes, ne me laissant qu’une dernière carte en main.

Arata sourit face à cette tournure. Il se vanta d’être le premier malgré tout et invita ma dame à finir la partie. Cette dernière le fit avec le sourire. Elle me prit la carte des mains, faisant une dernière paire avec elle, mais alors que j’étais à court de cartes, ma dame reprit avec le sourire, un sourire mesquin. Elle semblait attendre beaucoup de choses de ma part.


– Tiens donc, il semble que j’ai perdu ~ S’amusa-t-elle. Dis-moi Kôsei, tu es sûr que tu ne veux pas perdre à ma place ?

– Pourquoi me poser cette question ? Répondis-je machinalement. La partie n’est-elle pas terminée ?


https://www.youtube.com/watch?v=JtMYSYP5IpA


Pour toute réponse, ma dame afficha un sourire. Elle révéla la carte qu’elle avait en main, le dix de cœur, et cette carte qui n’affichait rien jusqu’alors était marquée d’une nouvelle inscription.

« Si cette carte change de propriétaire, l’ancien propriétaire de cette carte doit s’offrir au nouveau propriétaire. »


– Si tu prends cette carte, Kôsei, alors je serai obligée de m’offrir à toi ~ Me lança ma dame en souriant. Es-tu prêt à ne faire qu’un avec moi ?

– Eh….Bégaya Arata en rougissant. Que veux-tu dire par…..S’offrir ? C’est….C’est indécent pour une femme de parler de la sorte….


Je me contentai de réfléchir en silence face à la proposition de dame Laïla. Evidemment qu’elle ne parlait pas de s’offrir en pensant à ce qu’Arata mon frère pensait….Cependant, je n’avais aucune idée de ce qu’elle voulait dire par ce terme. Mais alors que je réfléchissais à tout cela, quelque chose vint perturber ma réflexion. En effet, un bruit d’explosion retentit soudainement derrière nous. Je voulus me lever pour aller voir ce que c’était, mais je n’arrivais pas à quitter cette chaise.


– Tu ne pourras pas quitter cette chaise tant que tu ne m’auras pas acceptée ~ M’interrompit ma dame. Ce qu’il se passe avec cette explosion est mon passé. C’est la dernière partie de mes souvenirs que je peux te montrer. Si tu acceptes cette carte, alors tu sauras ce qu’il s’est passé et tu pourras vivre ce que j’ai vécu. Autrement dit…Toi et moi ne ferons plus qu’un, Kôsei ~

– Je vois….Donnez-moi cette carte. Rétorquai-je machinalement.

– Je dois cependant te prévenir d’une chose Kôsei. Si tu acceptes ces souvenirs….Tu n’en ressortiras pas le même. Il se peut même que ton cœur soit teint d’une noirceur telle que tu ne seras jamais en mesure de t’en débarrasser. Es-tu prêt à courir ce risque ? ~

– Je suis venu trouver des réponses , Dame Laïla. Je prendrai ces souvenirs peu importe combien mon cœur sera sombre, tu es d’accord n’est-ce pas , grand-frère ?


Pour toute réponse, Arata acquiesça. Il joignit sa main à la mienne et ensemble nous saisîmes la carte tendue par ma dame. A la seconde où nous touchâmes la carte, Arata et ma dame disparurent dans une pluie de fines particules de lumière se dissipant dans l’espace ambiant. Je pus enfin me lever de ma chaise afin de voir ce qu’il se passait à l’extérieur….. Mais alors que j’allais sortir de la chambre, quelqu’un y entra en catastrophe. Une femme ressemblant comme deux gouttes d’eau à Dame Laïla, mais n’étant pas elle. Elle tenait une petite fille au bras, la petite Laïla qui semblait terrorisée par la situation à laquelle elle faisait face. Je tentai de toucher la mère, mais je passai au travers. Tout ce qui était autour de moi était un souvenir.

La dame s’approcha du lit avec la fille et s’accroupit afin de parler à cette dernière. Posant ses deux mains sur les épaules de la petite brune ébène, elle prit la parole avec sérieux en tant que mère.


– Laila écoute moi bien. Déclara-t-elle, affolée. Il faut que tu passes par la fenêtre de ta chambre et que tu t’enfuies. Les personnes qui sont ici ne sont pas là pour nos richesses, ils sont là pour toi. Cours et ne te retourne pas !

– Maman……Bégaya la fille , troublée par la situation. Viens avec moi…..

– Il n’y a pas de place pour maman, mais ne t’en fais pas, je viendrai te rejoindre. Je te le promets, d’accord ?


La mère afficha un sourire à sa fille qui n’était pas dupe. Laila se mordit les lèvres face à l’argumentaire de sa mère, sachant très bien ce qui allait se passer pour elle. Elle refusa de laisser sa mère seule, mais cette dernière n’eut pas le temps d’insister que la porte de la chambre vola en éclats dans une explosion qui provoqua un vacarme sourd. Une dizaine d’hommes s’avança dans l’espace dans lequel nous nous trouvions tous les trois, faisant grimacer la mère de la gamine. Mélissa, la mère de Laila, s’avança vers le groupe armé, sous le regard meurtri de sa fille, avant de reprendre la parole.


– Pour avoir ma fille, vous devrez me passer sur le corps. Déclara-t-elle armée de tout le mépris du monde. Je ne vous laisserai jamais toucher à ma fille !!!!


Pour toute réponse, les hommes tirèrent une rafale de balles sur la femme, mais alors qu’elle allait se faire percuter, toutes les balles en sa direction furent comme déviées par quelque chose d’invisible. J’avoue que je fus surpris. Même si je savais plus ou moins la fin de l’histoire, voir un sauveur pour la mère de ma dame était quelque chose d’inattendu, et son identité le fut encore plus puisque ce fut un monstre de duel blond aux yeux bleus, forme humaine, tout d’armure vêtu, qui surgit de nulle part afin de se lancer dans la bataille. Medraut le chevalier noble arriva aux côtés de sa maîtresse, le regard assassin.


– Pour avoir ma dame, vous devrez passer sur ce corps de moi. Grogna-t-il face aux troupes. Je ne pardonnerai à aucun d’entre vous cet affront à ma dame !


Le chevalier blond se jeta sur les troupes, accompagné par sa maîtresse qui avait dégainé un assez long couteau de chasse qu’elle gardait sur elle. Ensemble ils attaquèrent la dizaine d’hommes qui tenta de résister en vain. Medraut protégeait du mieux possible Mélissa Serizawa en lui permettant d’éviter toutes les balles et tous les coups qui devaient lui être destinés, et rapidement, les hommes furent vaincus par le duo hors pair que formaient Medraut et Mélissa. Cependant, cette dernière qui aurait dû afficher du soulagement se contenta de garder une expression toute aussi mal à l’aise qu’elle ne l’était au départ. Elle se retourna pour donner d’autres directives à sa fille, mais de la fenêtre ouverte par cette dernière quelques minutes plus tôt entra un autre de ces hommes assoifés de sang. De son arme il tira sur la mère qui ne put rien faire pour éviter le coup de feu.

Ma dame qui n’était alors qu’une enfant hurla de désespoir face à la plaie dessinée sur l’épaule droite de sa mère qui tomba à genoux devant elle face à la douleur de l’impact tandis que son protecteur Medraut, fou de rage, se rua sur l’homme afin de lui planter l’épée qu’il portait droit dans la poitrine. Assommée par ce qui venait de se passer sous ses yeux, la petite fille se rua sur sa mère pour s’assurer de son état, versant de nombreuses larmes au passage.

J’assistai impuissant à la scène, sentant mon cœur se serrer de plus en plus. Je ne pouvais rien faire pour intervenir dans ce combat entre Mélissa et ces hommes. Les impacts des balles perdues qui arrivaient dans ma direction ne faisaient que me traverser, me laissant une sensation d’inutilité totale…..Et ce n’était pas la fin du spectacle, puisque j’allais assister au désespoir de ma maîtresse qui tentait en vain de stopper le sang s’échappant de la plaie de l’épaule de sa mère.


– Maman ! Cria la fille. Il faut absolument te soigner !

– Ne t’en fais pas Laila je vais bien….Soupira la mère. Je ne vais pas me faire avoir par une simple blessure à l’ép –


Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une autre dizaine d’hommes entra par l’entrée principale, remplaçant ainsi ceux qui étaient tombés. Regardant cette scène horrible d’un œil attentif, je vis dans le regarde de Mélissa Yamada qu’elle se savait condamnée à cet instant. Elle savait qu’il n’y avait plus rien à faire pour assurer sa sécurité. Elle se tourna alors rapidement vers son serviteur, Medraut le chevalier noble, avant de lui adresser ces quelques mots dans un sourire déformé par la douleur.


– Emmène-là loin mon ami. Par pitié, emmène-là loin Medraut.

– Dame Mélissa je ne peux pas –

– Fais le Medraut ! Nous n’avons plus beaucoup de t –


La femme n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’elle se prit une autre balle dans le buste, près de la poitrine. Elle s’écroula en lançant un dernier regard à son monstre de duel, Medraut le chevalier noble, dont le visage se décomposa face à la situation à laquelle il faisait face. Il lança un hurlement de rage qui résonna dans l’espace avant d’attraper la petite fille qui était abasourdie par ce qu’elle venait de voir et filer par la fenêtre avec elle. Je fus comme traîné par leur course alors que je cherchais désespérément une solution pour arrêter cette folie.

Medraut courut encore et encore sous cette pluie battante et au milieu des odeurs d’ordure de satellite. Portant à son bras la dame qui n’était qu’une enfant, il ne se retournait pas, laissant sa rage intérieure ainsi que sa tristesse s’extérioriser en un torrent de larmes. Tout venait de basculer en quelques minutes pour Laila. Elle et le chevalier s’étaient réfugiés dans une ruelle plus loin, à l’abri des regards et du danger. Mais alors que je pensais que tout était enfin terminée pour la petite qui n’était déjà plus que l’ombre d’elle-même, je constatai avec dégoût que tout ne faisait que commencer lorsque Medraut, le chevalier noble, commença à devenir translucide.


– Qu’est-ce qui t’arrive medraut …… ? S’interrogea la petite dont les yeux étaient gonflés par les larmes.

– Je….Je semble disparaître….. Lui répondit-il, tout aussi choqué qu’elle. Je ne comprends pas…Normalement, seule dame Mélissa peut me renvoyer dans le monde des esp…. –


Il n’eut pas le temps d’en dire plus qu’il disparut complètement sous les yeux horrifiés de la petite fille qui venait de perdre le seul pilier qui garantissait sa sécurité. La petite aux cheveux ébènes atteignit sa limite. Elle se laissa tomber au sol, s’écroulant dans un torrent de larmes qui se joignirent à la boue sale et sentant mauvais qui composait le sol de satellite. Ses longs cheveux dégoulinants , sa robe bleue ciel maculée de boue et couverte d’égratignures , la petite fille était prosternée contre le sol, hurlant la peine liée à la mort de sa mère.


– Maman…..Sanglota-t-elle , toujours face contre le sol. Pourquoi……Pourquoi ils sont venus…. ? Et pourquoi Papa est parti pile ce soir…. ? Pourquoi je suis seule…. ? S’il vous plaît….Quelqu’un….Aidez-moi…..Je veux ma vie d’avant….Je veux que maman revienne….Je veux que Papa reste auprès de nous et nous protège…..Pitié…..Que quelqu’un vienne….


Voir la petite fille se morfondre de la sorte et lancer un appel de désespoir à qui voulait l’entendre fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase de mes sentiments. L’indifférence s’était envolée, le vide était comblé par un sentiment de rage qui s’extériorisa en un hurlement qui retentit dans les sombres ruelles humides de satellite. Je savais bien que cela ne servait à rien, mais c’était justement ce qui motivait ma rage sur l’instant : Le fait de me sentir inutile, impuissant, incapable de faire la moindre chose, de changer le moindre fait….

Etre condamné à assister à ce spectacle sordide qu’était la souffrance d’une petite fille dont la vie avait basculé du jour au lendemain, voilà ce qu’était ma souffrance. Dame Laïla me l’avait pourtant dit qu’accepter ses sentiments était quelque chose qui allait me condamner à accepter une douleur immense en même temps, et je ne comprenais que maintenant à quel point cette sensation de mal être intérieur était réelle en vivant la situation à laquelle Dame Laila m’avait confronté.

Pour toute réponse à cette scène, je laissai les sentiments en moi parler. Je m’approchai de la petite fille tel un grand-frère qui allait consoler sa petite sœur et je l’étreins en mettant tout l’amour que j’avais pour elle dans ce geste du corps. Je savais qu’elle ne pouvait ressentir mon affection, d’ailleurs, je devais me concentrer à garder ma position puisque je passai littéralement au travers de la jeune enfant sans pouvoir entrer en contact avec sa peau et ses vêtements, pourtant, c’était ma seule et unique consolation face à cette réaction de la petite.


Je restai quelques minutes avec elle à l’étreindre tandis qu’elle vidait son corps de toutes ces larmes de tristesse. Les pleures étaient devenus moins bruyants, ne laissant que quelques sanglots audibles. Cette détermination que j’avais à protéger ma dame se renforçait au fur et à mesure que les larmes coulaient. J’étais en passe de passer de simple serviteur loyal et fidèle à celui de grand-frère protégeant sa petite sœur corps et âme. Je ne pouvais plus m’ôter de l’esprit que je devais protéger ma dame après l’avoir vue dans sa forme la plus pure et innocente. Tout comme elle m’avait connu lorsque je n’étais qu’un gamin quatre ans plus tôt, j’avais pu apercevoir celle qu’elle était avant que sa lumière ne soit teintée de l’ombre du désespoir.

Dix ou vingt minutes passèrent et les larmes de ma dame cessèrent. Je me relevai, laissant la petite fille accroupie au sol étant donné que je ne pouvais rien pour elle. Cependant, lorsque je me tournai pour revenir de là où je venais, je sentis la manche de mon manteau sec se faire saisir de derrière par quelqu’un ou quelque chose. Sur mes gardes, je me retournai rapidement afin de pouvoir éliminer tout danger qui tenterait de s’emparer de moi, mais lorsque je vis ce qu’il en était, mon sang ne fit qu’un tour.

C’était la petite fille qui avait attrapé la manche de mon manteau. Elle releva la tête, me laissant voir son visage déformé par les larmes et la tristesse. Elle semblait pouvoir me saisir, me ressentir, mais pas me voir, puisque son regard ne visait pas mes yeux mais regardait à côté de moi. Restant silencieux, je la laissai reprendre la parole, appréhendant ses paroles.


– Merci d’être resté avec moi…..Me dit-elle avec chaleur. Je ne sais pas qui tu es….Mais grâce à toi je ne suis pas restée seule…..Merci….K…..Kôsei ?


Mon expression si stoïque habituelle se décomposa lorsque la petite fille prononça mon nom. Face à cette petite fille et à mon visage se reflétant dans les flaques d’eau créées par la pluie, j’étais déstabilisé, incapable de prononcer un mot. Je n’en revenais pas que cette petite avait ressenti ma présence. Etait-ce une illusion ou la réalité, je ne le savais pas, mais j’avais l’impression que notre tristesse était si grande que l’espace d’un instant elle n’avait fait plus qu’une avec celle de l’autre.

J’approchai de nouveau ma main vers la petite fille, espérant créer un contact avec celle dont j’allais devenir le serviteur vingt-quatre ans plus tard, mais lorsque mon doigt frôla sa joue, je fus pris d’une violente douleur qui me fit m’écrouler au sol et perdre connaissance, me laissant comme dernière pensée le vœu de protéger celle qui était en face de moi.


Lorsque je repris connaissance, je n’étais plus dans mon monde fait de pénombre et de tristesse, je le savais rien qu’à la saveur de l’air que je respirais. L’air était frais, revitalisant, rafraîchissant. Les alentours quant à eux étaient totalement changés. Ils avaient repris de leur couleur, de leur vie, de leur éclat, même si tout était délabré aux alentours.

Parce que oui, je n’étais pas revenu dans mon véritable monde, celui que j’avais quitté, mais j’étais dans un décor similaire à celui où j’étais avec Dame Laila juste avant de perdre connaissance. Je ne savais pas exactement où j’étais, et mon grand-frère semblait toujours inconscient.

Je me relevai avec prudence, regardant autour de moi à la recherche d’indices concernant l’endroit où j’étais…..Mais je n’eus pas de réponse. Cependant, alors que j’étais sur le point de prendre des mesures plus importantes pour le savoir, je fus interrompu par une voix qui me disait quelque chose provenant de derrière.


– K…Kôsei !? S’exclama la voix féminine , surprise. Mais qu’est-ce que tu fais ici !? Comment es-tu arrivé ici !?

– Comment ça ici ? Demandai-je en me retournant alors que je ne voyais pas la fille qui me parlait.

– Mais Kôsei….S’exclama la brune qui était en fait Hakaze Namatame, la petite amie du frère de ma dame. Nous sommes dans le passé Kôsei….Nous sommes revenus à l’époque de New Domino City….


Sans vraiment comprendre le pourquoi du comment, je devinai facilement que le voyage dans lequel je m’étais embarqué m’avait emmené bien plus loin que dans les souvenirs de ma dame….


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [30/11/2016] à 11:29

Arc Laila : Partie 2 : Bienvenue à New Domino City ! (Wait c'est pas la troisième fois !?)

Une fois encore, j’avais bravé les interdits. Une fois encore, j’avais brisé les tabous. Une fois encore, j’avais foncé tête baissée dans une aventure qui me dépassait complètement…..Mais tout ça, je le faisais avec le profond désir de protéger les miens, et c’était le principal.

Le voyage dans lequel je m’étais embarquée m’avait envoyée bien plus loin que me l’avait dit mon grand-père : Voltanis le juge. Je ne savais pas vraiment le pourquoi du comment, mais le saut dans le temps de quelques heures m’avait emmenée une dizaine d’années auparavant. Pourquoi m’avait-on précisément emmenée à l’époque de New Domino City alors que revenir seulement quelques heures en arrière aurait suffi à tout changer…. ? Je ne savais pas à vrai dire, mais j’avais apparemment quelque chose à faire ici avant de pouvoir m’occuper de mes problèmes.

J’étais donc de nouveau dans le quartier de new domino city. A en juger par l’apparence de la ville, je devais me trouver quelques temps après la bataille entre pactisans et pactisans des ténèbres. Je le voyais à l’état du satellite dans lequel je me trouvais : le pont dédale étaient en train d’être reconstruit, ce qui signifiait que Rex Goodwin avait déjà été vaincu dans ce monde.

Satisfaite d’avoir mon repère temporel, j’ignorais cependant encore le pourquoi de ma venue ici. Mon premier réflexe fut de me poser la question à propos de la guilde. Etait-ce sage d’aller directement à la guilde pour poser des questions à la seule personne assez déconnectée de la réalité pour me croire…..? Non, je ne pouvais pas prendre le risque de créer un nouveau paradoxe, je l’avais déjà fait une fois, je ne pouvais pas recommencer. Je devais donc éviter tout contact avec ma famille dans ce monde, et me débrouiller sans leur aide.


Je déambulai donc dans les rues de cette Satellite en reconstruction, cherchant à savoir ce que je devais faire, comment j’allais y parvenir et comment j’allais rentrer chez moi. Tête baissée, les mains dans les moches de ma veste chaude, je me retournais l’esprit afin de savoir ce qu’était ma mission.

J’avançai quelques minutes, puis quelques dizaines de minutes, qui se transformèrent finalement en heures, dans les rues humides et sales du quartier qui ne recevait apparemment pas encore la visite des services d’hygiènes de la ville. Les environs étaient pourtant clairs, laissant la lumière de l’aurore illuminer les détritus jonchant le sol.

Ne trouvant pas de réponse à mes questions, j’allais tout simplement m’asseoir, soupirer un bon coup et être en colère contre le facteur chance qui m’avait envoyée au mauvais endroit et surtout à la mauvaise époque, mais je fis alors une rencontre singulière, une rencontre à laquelle je ne me serais jamais attendue en ces circonstances. En effet, ma réflexion m’amena dans une ruelle de la ville poubelle qui était la mienne à cette époque ; et dans cette ruelle, j’y retrouvai une vieille connaissance : Nishijima Kôsei. Le jeune homme un an plus jeune que Reisuke et Erika s’étant dévoué à la cause de celle qu’il appelait « Dame Laila » était également présent loin de notre époque, dans ce monde qui était le mien. Il était agenouillé au sol, les yeux ronds, comme s’il venait de débarquer et qu’il ne connaissait pas les lieux….A vrai dire, je ne pouvais lui en vouloir sur son ignorance, c’était déjà assez difficile à comprendre pour moi.


– Kôsei !? C’est bien toi !? L’interpelai-je. Que fais-tu ici dans une époque qui n’est pas la tienne ?

– Huh…. ? Soupira-t-il apparemment surpris par ma présence. Je ne sais même pas où je suis. Et pourquoi es-tu ici toi aussi ?

– Je suis revenue dans le passé Kôsei. Lui répondis-je sérieusement, pensant malgré tout qu’il n’allait pas me croire. J’ai cependant été bien plus loin que je ne l’aurais dû puisqu’au lieu de revenir quelques heures en arrière, je suis revenue une dizaine d’années plus tôt. Ici nous sommes à Satellite, après la défaite des pactisans des ténèbres, approximativement 15 ans avant notre présent.

– Je vois. Reprit-il machinalement. Et tu cherches donc un moyen pour te sortir de cette époque ?

– Dans un premier temps, je voudrais savoir pourquoi je suis présente. Je pense que ce n’est pas pour rien si mon voyage dans le temps s’est soldé de cette façon. Je dois avoir une mission à remplir ici avant de pouvoir m’occuper de la mienne…..Et toi, Kôsei ? Comment es-tu arrivé ici ?

– Je suis passé voir ton père, Soichiro Namatame, afin d’avoir des informations sur Dame Laila.

– Mon père ? M’exclamai-je. Comment pourrait-il avoir des informations sur Laila ?

– Soichiro Namatame a toujours eu des liens étroits avec Dame Laila, il était naturel qu’il ait des informations sur elle. Quoiqu’il en soit, il m’a donné un fragment de mémoire que j’ai pu lire grâce à mes propres moyens, et suivant la mémoire de ma Dame j’ai atterri ici.

– Je vois….Dans ce cas, tout devient plus clair à mes yeux. Repris-je le sourire aux lèvres.

– Que comptes-tu faire ? Me demanda le jeune homme, dubitatif.

– Je vais t’aider à connaître ce que tu dois connaître sur Laila bien sûr ! ~ Une fois que tu seras reparti d’ici, j’imagine que j’aurai rempli ma mission ~


Le jeune homme ne me répondit pas, se contentant de détourner la tête afin de perdre son regard sur l’un des murs composant la petite ruelle dans laquelle nous nous trouvions. Il resta quelques secondes qui devinrent des minutes, réfléchissant à ce qu’allait lui apporter une alliance avec moi. Je le trouvais malgré tout un peu méfiant, voir beaucoup trop puisque tout ce que je voulais c’était l’aider, mais je ne lui dis pas, ne voulant pas brouiller mes liens avec la seule personne en ce monde à qui je pouvais m’ouvrir complètement sans crainte de créer un paradoxe.

Ce fut finalement au bout de quelques minutes qu’il prit sa décision.


– Bien. Déclara-t-il sans réelle émotion. Peux-tu me mener à Dame Laila dans cette époque ?

– Oui, je sais où se trouve Laila. Elle fait partie de la guilde de mon père, je peux t’y emmener ~

– Bien. Déclara Kôsei, apparemment satisfait par ma réponse. Je te laisse me guider jusqu’à la guilde. J’espère que je pourrai y rencontrer ma dame.

– Bien sûr que tu le pourras. Rétorquai-je, moqueuse. Cependant, je ne pourrai pas y aller dans cet état. Je suis déjà revenue dans le temps par le passé, enfin par le futur, et je ne veux pas créer un paradoxe en me montrant ainsi. Nous devrions passer par une boutique du coin afin de nous rendre un peu plus discrets tu ne crois pas ?

– Cela m’est égal, tant que j’ai accès à ma dame. Reprit le jeune homme. Cependant, gare à toi si tu brises ma confiance, je ne te le pardonnerai pas si tu m’éloignes de ma dame.

– Arrête donc ça rohhhhh ! Râlai-je. Tu penses vraiment que je te ferai du mal ici alors que je suis en nombre dans le futur ? Décoince-toi donc un peu Kôsei !


Saisissant la main du jeune homme, je l’entraînai avec moi dans une course vers le quartier commercial de la ville. Nous devions avant tout trouver un moyen de nous camoufler, de passer crème comme le dirait Jessica. Cela impliquait donc d’avoir des vêtements pour passer inaperçu mais aussi pour moi de modifier mon apparence physique afin d’être moins reconnaissable de ma famille comme de la guilde. Nous arrivâmes donc dans le quartier tant recherché quelques minutes après avoir quitté notre point de départ. J’avais prévu d’aller dans une boutique que je connaissais, une boutique où nous n’avions pas forcément besoin d’argent pour obtenir des choses.


https://www.youtube.com/watch?v=K8_bpxjjJMM&feature=youtu.be


« Blue Wells » ! Tel était le nom de l’enseigne face à laquelle nous étions postés Kôsei et moi. Cette boutique était l’un des seuls points de vente de vêtements de Satellite, mais elle comptait aussi un coiffeur qui passait son temps à boire et à coiffer ici. Tout le monde venait voir ce coiffeur car malgré le fait qu’il empestait l’alcool à 200 mètres, il était un professionnel de talent.

Kôsei fut d’abord assez dubitatif. Il ne voulait pas entrer dans cette boutique dont la devanture assez large était couverte de tags et de boue, mais je lui assurai qu’il n’y avait aucun danger. Il réitéra sa menace à mon égard avant de me laisser claquer les deux portes de la boutique, nous laissant entrer dans un vacarme assourdissant et qui fit stop le brouhaha du magasin pendant cinq minutes.


– Oi les mecs ! Criai-je à l’intention des vendeurs. On a besoin de vêtements propres ici ! Qui se ramène pour se prendre sa raclée !?

– Ehhhh !!! S’exclama Mochizuki, le patron de la boutique. Mais c’est la petite Hakaze qui est là ! Mais comment as-tu fait pour grandir autant en deux mois !? C’est surprenant !

– Ah….Je….Je ne suis pas Hakaze ! Repris-je gênée devant le fait que j’avais repris les vieilles habitudes. Je suis une cousine de Hakaze Namatame ! Je suis Ha….Hayase….. !!! Shirayuki Hayase !

– Pitié….Et c’est elle qui parlait de rester discrète. Soupira Kôsei en posant sa main contre son visage. Bien. Je suis Shuuei Masumi. Moi et Hayase sommes en voyage à la recherche de criminels qui se seraient cachés dans la région. Pour les appréhender, nous devons nous camoufler sous une apparence plutôt différente de celle que nous avons actuellement. Nous aimerions donc bénéficier de vos services pour changer d’apparence.

– C’est qu’ils parlent bien ché jeunots là ! Reprit le propriétaire de son parler local. Dites donc les vagabonds, vous savez que si vous voulez partir avec une relooking gratuit, c’avec les cartes qu’il faudra en décider j’me trompe !?

– Vous ne vous trompez pas. Reprit mon ami du jour d’un ton glacial. Je vais me charger de ce pas de vous éliminer, tel est le désir de dame Laïla.


Avant que je ne puisse faire un mouvement de plus, Kôsei enclencha le disque de duel qu’il portait à la main. Il s’avança vers le propriétaire de Blue Wells qui afficha un franc sourire devant la désinvolture dont faisait preuve le serviteur de Laïla. J’étais plutôt amusée par le fait de le voir agir ainsi, puisque j’aimais les hommes qui avaient une attitude de loups solitaires, comme Hiroki l’avait lorsque je l’avais rencontré. J’étais donc malgré moi un peu charmée et curieuse de savoir ce qui allait advenir du caractère sauvage du jeune homme que j’accompagnais. Je m’installai donc à une table de la petite cafétéria en coin. L’homme tenant ce commerce me proposa une limonade que je pris avec plaisir, mettant en avant que Kôsei allait régler la note pour moi. J’étais donc enfin tranquille pour assister au match tant attendu.

Le duel entre les deux hommes commença, et comme je m’y attendais, le commerçant commença la partie avec ses techniques favorites. Il jouait un deck synchronique qui pouvait enchaîner sans difficultés les invocations grâce à ses divers effets, et la présence du dévoreur de niveau ne rendait ce deck que plus incontrôlable. Le gérant invoqua un seigneur omega structure PSY , puis un autre, et encore un autre, pour ensuite bannir trois cartes de la main de Kôsei. Il termina son tour en laissant son TG Hyper bibliothécaire sur le terrain ainsi que deux cartes en main.

Mais alors que je pensais qu’il allait renoncer, le jeune homme se contenta de rester calme et de tirer une carte. Il semblait être encore en mesure de gagner la partie puisqu’il continuait à jouer.

Le jeune homme activa préparation des rites pour ajouter de quoi jouer Saffira directement à sa main. Il invoqua cette dernière, en mode attaque et se lança à l’assaut du bibliothécaire, réduisant les points de vie de son adversaire. Ce n’eut cependant pas l’effet de perturber l’homme, puisque ce dernier n’affichait qu’un franc sourire face à l’ardeur de mon ami.

Kôsei termina son tour, piochant deux cartes en en jetant une autre. Les trois omégas revinrent et Mochizuki joua. Amusé par la tournure des choses, l’homme se jeta à l’assaut de Saffira avec son premier oméga, mais fut neutralisé par la puissance de l’ange de loyauté. Lorsqu’il tenta l’effet d’oméga en main phase 2 , Kôsei utilisa Lancea artéfact pour figer l’un des deux, et reprit Ange de loyauté en fin de tour. Il finit ensuite avec une attaque de Saffira, attaque réduisant le dernier oméga ainsi que les points de vie de Mochizuki à zéro.


L’homme se gratta la nuque, apparemment gêné par la défaite cuisante qu’il venait de subir. Les hommes de la boutique le rejoignirent en le charriant et pour cause, il venait de s’en prendre une belle alors qu’il avait vraiment eu une main parfaite. J’étais amusée par le fait que Kôsei avait vaincu. Il n’avait pas qu’une grande bouche au final. Il était un mec qui avait pas mal de mordant quand on y pensait, et cela me faisait sourire en pensant au piètre spectacle offert par Reisuke lors de notre première rencontre.

– Bien, nous avons gagné je suppose. Déclara Kôsei sans même afficher un semblant de satisfaction face à sa réussite. Nous allons donc pouvoir nous changer.

– Je pensais que tu allais mordre la poussière et que j’allais pouvoir rire, mais tu as gagné c’est dommage ~ M’exclamai-je dans une fausse déception. En tout cas tu as plutôt bien géré pour un enfant ~

– Cela m’est égal tant que je me rapproche de dame Laila. Reprit-il. Je voudrais un changement de coiffure si possible.

– Bien ! Reprit le propriétaire avec entrain. Rin va te couper les cheveux. Pour mademoiselle cela sera ?

– Changement de tenue et coloration, cela devrait être suffisant ~ Repris-je satisfaite. Mais je veux d’abord voir comment Shuuei va se changer, cela m’intrigue ~


Mon ami le brun ténébreux s’installa sur la chaise et enleva son bandeau rouge qu’il portait toujours pour soutenir sa chevelure. Lorsqu’il releva ce tissu qui cachait son volume, je pus alors voir une touffe brune assez épaisse et très peu entretenue s’échapper de l’oppression du linge qui les forçait à se tenir dressés toute la journée. En voyant ce que cachait le jeune homme sous son bandeau, je compris alors à quel point il se délaissait lui-même, sans savoir vraiment ce qui le motivait à se laisser lui-même à l’abandon. Cependant, cela semblait être la fin de tout ça, cela se voyait sur son visage.


– Je voudrais que vous me rasiez tout au niveau de mon profil gauche. Reprit-il. Ma gauche, côté boucle d’oreille. Pour le reste, je voudrais des cheveux un peu plus volumineux sur le dessus que je pourrai coiffer en bataille.

– C’un style peu commun dis donc ! Rétorqua bruyamment l’alcoolique qui était le coiffeur dans les environs. C’parti !


https://youtu.be/L-h_YZ_A-xg


A l’aide de sa tondeuse, de sa paire de ciseaux et de son peigne, l’homme se mit à travailler sur la tête de celui qui s’était désigné comme s’appelant Shuuei. Ce dernier agrippait son bandeau fermement, laissant l’homme trancher les racines de son cuir chevelu par le biais de sa tondeuse. Cependant, ce qui ne semblait qu’un banal changement de coiffure était en fait quelque chose de réellement difficile pour celui que j’accompagnais. Vraiment difficile même, puisqu’au fur et à mesure que le coiffeur taillait l’épaisse touffe qui recouvrait son crâne, le regard de Kôsei se laissait de plus en plus gagner par la tristesse, le regret, comme si tout cela représentait bien plus pour lui.

Serrant les poings, le jeune homme marmonnait des mots qui m’étaient inaudibles, mais à en juger par son expression , il semblait s’excuser à quelqu’un en commettant cet acte qui semblait comme irréparable pour lui, à un tel point que des larmes finirent par couler le long de ses joues tandis que sa chevelure devenait de moins en moins épaisse. Relâchant la pression de ses mains, il passa la gauche sur son oreille, cherchant de ses doigts la boucle d’oreille qu’il semblait avoir hérité d’une personne chère. Il semblait s’excuser à cette personne, et j’en eus le cœur net lorsque je me rapprochai discrètement de lui afin d’entendre ce qu’il disait.


– Désolé Onii-chan. Ressassait-il inlassablement. Je ne suis plus celui que tu as connu…Je cesse de me battre pour le passé, j’essaie de protéger l’avenir…

– Et voilà, c’est terminé jeunot ~ Le coupa le professionnel. T’as vraiment l’air d’un sauvage comme ça dis donc ~


En effet, Kôsei était bien différent de celui qu’il était avant d’entrer dans la boutique. De sa grosse touffe de cheveux ne restait qu’une masse de cheveux dressés sur sa tête avec de la laque tandis que le côté gauche de son crâne était rasé à ras, lui donnant un air vraiment sauvage si l’on ajoutait sa cicatrice causée par Ren Kurenai. Son regard plongé dans son bandeau de couleur rouge, il serra le poing dans lequel s’était réfugié l’accessoire, avant de se diriger vers la poubelle d’une démarche lourde. Il ouvrit la poubelle et laissa échapper le tissu de sa main, laissant ce qui semblait être une part de lui-même finir dans le passé. C’était plutôt triste de savoir que Kôsei était en plein changement, tirant un trait sur un passé semblant douloureux, mais j’imagine que c’était mieux ainsi.


– Je suis désormais prêt à servir ma nouvelle cause, le bonheur de ma dame. Déclara-t-il un poil plus soulagé.

– C’est un changement oui ~ Repris-je enthousiaste. Mais laisse-moi faire mes preuves aussi ~ Rin, je voudrais être rousse ~ Ou disons, un rouge porté sur l’acajou ~


Sans rechigner, l’homme s’occupa de moi, me laissant dire temporairement adieu à Hakaze Namatame pour laisser Hayase prendre le dessus. J’allais moi aussi devoir dire adieu à une part de moi pour avancer, même si contrairement à Kôsei, c’était temporaire. Je voulais cependant absolument rétablir la paix dans le futur, et c’était apparemment un des chemins que je devais emprunter pour y parvenir. Ainsi, on me changea ma couleur de cheveux et on me donna des autres vêtements, et ce fut quelques heures plus tard que moi et mon camarade improvisé fûmes parfaits.

Nous étions tous les deux assortis l’un à l’autre : une jeune femme aux cheveux rouges portant un ensemble pantalon + chemisier noir accompagnée d’un jeune homme à la coiffure sauvage habillé d’une veste noire s’ouvrant sur un tee-shirt de la même couleur et dont le pantalon était tout aussi sombre. Nous formions un duo assez singulier qui ne passait pas inaperçu au sein de satellite, mais nous faisions sûrement trop peur pour se faire aborder.

Nous marchâmes quelques dizaines de minutes de plus jusqu’à arriver à la guilde Yume-Nikki. Nous ne savions pas ce que nous allions y trouver, mais une chose était certaine : tout cela était nécessaire pour notre évolution à Kôsei et moi.


– Prêt à entrer jeunot ? ~ Lâchai-je avec décontraction dans l’espoir de détendre l’atmosphère

– Je suis prêt à tout pour ma Dame. Me répondit Kôsei avec détermination.

– Alors sonnons ~


Sonnant à la porte de la guilde, ce petit « Poi » insolite qui avait retentit allait marquer le début d’une aventure pleine d’émotions…Non, elle avait déjà commencé, elle avait commencé depuis le futur même puisque nous étions tous les deux ici par amour pour autrui. Cela me rassurait de savoir que nous étions sur la même longueur d’ondes, c’est pourquoi lorsque la porte s’ouvrit, je n’avais aucune appréhension concernant ce qui nous y attendait derrière.

La porte s’ouvrit devant nos mines dubitatives. Kôsei ne savait pas ce qu’était la guilde tandis que moi je ne l’avais pas vue après le départ de mon père. D’après l’homme du magasin, nous étions deux mois après mon départ, ce qui signifiait donc que Laila était l’actuelle leader du mouvement. C’était parfait pour mon camarade improvisé, moins pour moi. J’ignorais toujours comment j’allais procéder pour défendre mes parents lors de l’attaque de la fondation du futur. Je me contentais simplement d’aider Kôsei, me persuadant qu’il avait été mis sur mon chemin.


– Punaise….C’est pas un peu fini les visites qui sortent de nulle part !? Enragea le garçon qui venait de nous ouvrir. Non mais JPP quoi ! D’abord on a la visite d’un fantôme, puis maintenant de deux marginaux !

– Nous ne sommes pas des marginaux…..Répondis-je en tentant de garder mon calme devant ce sale rageur de Nathan. Je me nomme Hayase, Shirayuki Hayase. Et lui, c’est Masumi Shuuei. Nous sommes un couple de chasseurs de prime ~

– Eh ! Protesta mon camarade. Nous n’avons jamais dit que nous étions en co –

– Mon chéri….Je n’ai trouvé que cette façon pour t’annoncer mes sentiments…Lui répondis-je en noyant mon agacement dans des larmes de crocodile. Comment peux-tu être si froid……. ?

– Bon ça va les querelles de couple ! JPP de ces gens putain…. !!! Ragea une fois de plus le jeune homme en face. Bon vous êtes venus pour quoi ?

– Nous voulons rencontrer le leader de votre guilde. Nous voudrions nous entretenir avec lui ~

– Bien. Si je peux me débarrasser de vous et retourner à Bunbun….Suivez-moi.


Nous suivîmes le jeune homme qui allait nous guider dans un endroit que je connaissais plus que bien. Ses plaintes sur la route me confortèrent dans une chose : il ne m’avait pas reconnue. C’était plutôt efficace le changement de couleur associé à l’âge. C’était suffisant pour duper des personnes avec lesquelles je n’avais aucune affinité familiale, et c’était suffisant.


– La dernière fois que des étrangers sont venus ici, on a été entraînés dans des drôles d’histoires. Reprit Nathan. Cependant….Personne ici ne se souvient de qui ils étaient. Comme si on les avait effacés de notre mémoire. Il ne me reste plus qu’une forte impression de ras-le-bol concernant une des personnes. Comme si elle était tellement chiante que j’aurais JPP dix fois à la minute.

– Sais-tu de qui il parle ? Me murmura Kôsei tandis que nous étions en retrait.

– Quand tu voyages dans le temps et que tu repars, les personnes que tu as côtoyées gardent un vague souvenir de tes actions et du vécu, mais ils ne se rappellent plus de qui tu es. Les personnes dont il parle sont mes amis et moi qui sommes déjà revenus dans le passé avant notre voyage.

– Je vois….Mais quand tu dis tes amis…. Reisuke en fait partie j’imagine ?

– Oui. C’est pour ça qu’il a changé ses plans du jour au lendemain concernant le groupe. Tu penses qu’il n’y a eu que quatre jours de passé, mais pour nous, il y a eu des mois entre l’avant et l’après voyage.

– Voilà ! Nous coupa Nathan. Nous sommes arrivés au bureau de la Lady. J’vous préviens, elle est vraiment chiante quand elle s’y met. Depuis qu’elle est leader elle est vraiment emmerdante. JPP de cette fille.

– Oi. S’alarma Kôsei. Tu ne tiens vraiment pas à la vie pour parler de ma dame de la s –

– J’imagine que ça doit vraiment être difficile de s’adapter à une nouvelle leader hahaha !!! Coupai-je mon ami en lui agrippant son cou de mes deux bras.


Le garçon soupira avant de nous laisser seuls devant la porte menant au bureau de la guilde. C’était assez étrange de rencontrer le leader ici alors que mon père n’était jamais dans cet endroit : toujours occupé à jouer sur le terrain. Je frappai néanmoins à la porte comme si de rien n’était, et je fis signe à Kôsei de suivre mon attitude pour cette rencontre capitale pour son projet.


– Entrez. Nous répondit la femme de l’intérieur.


Nous nous exécutâmes et pénétrâmes la pièce dans laquelle se trouvait celle que mon ami du jour appelait « Dame Laila ». Elle était âgée de 17 ou 18 ans à en juger par l’époque dans laquelle nous nous trouvions. Celle qui commençait à être attaquée par l’âge à notre époque affichait un visage respirant la jeunesse devant nous. Elle ne portait pourtant pas plus de bonheur en elle qu’à notre époque, puisque son expression était toujours marquée par l’abstraction habituelle qu’elle dégageait 17 ans plus tard.


– De nouveaux visages , voilà qui est intéressant ~ Entama-t-elle avec légèreté. Je vous souhaite la bienvenue chez Yume-Nikki. ~

– Merci bien. Répondis-je, intriguée par ce à quoi nous allions faire face. Vous êtes bien la dealeuse de Yume-Nikki ?

– Je vous demande pardon ? S’interrogea Laila. La dealeuse ? Voilà un joli lapsus révélateur ~ Vous êtes de la brigade des stups ? ~


J’entendis le soupir de Kôsei venant de derrière. De sa main il me repoussa à l’arrière en grognant un « Laisse plutôt faire Onii-chan. » Je ne comprenais pas ce qu’il voulait vraiment dire, mais lorsqu’il prit la parole à l’intention de la leader de Yume-Nikki, je compris alors qu’il y avait plusieurs Kôsei avec chacun leur facette.


– Veuillez excuser ma camarade, madame. Reprit-il avec une diplomatie m’étant inconnue. Je me nomme Shuuei et voici ma camarade Hayase. Nous sommes des chasseurs de prime venant d’une contrée plutôt lointaine. Nous avons appris pour le changement de leader de cette équipe et nous proposons de vous prêter main forte le temps que vous vous accommodez aux formalités administratives concernant l’équipe. Nous ne demanderons que le gîte en guise de compensation.

– Je vois….Ma foi tout ça est intéressant ~ Répondit la dame avec légèreté. Cependant, rien ne me garantis que vous n’êtes pas des ennemis vous savez ~

– Avez-vous des ennemis connus ? La questionnai-je. Après-tout votre organisation œuvre pour la paix n’est-ce pas ?

– Quelle étroitesse d’esprit ma jolie….Comme si seuls les individus de mauvaise intention pouvaient avoir des ennemis en ce monde. Ta vision est triste tu sais ~ Mais oui, notre guilde, ou plutôt j’ai un ennemi qui pourrait me vouloir du mal. Et je n’ai besoin que d’une chose pour vérifier si vous êtes cet ennemi ou non. ~ Toi le garçon, viens me rejoindre.


Kôsei s’avança vers sa dame et se positionna face à elle, ne sachant apparemment pas ce qu’elle allait lui faire subir. Cette dernière posa sa main sur l’épaule rigide du jeune homme et plongea son regard profond de couleur bleu dans ses yeux noisette. Elle fronça les sourcils et laissa un sourire malicieux se dessiner sur son visage, comme si elle analysait mon ami rien que par un simple regard. Elle resta quelques minutes à fixer Kôsei qui ne bronchait pas face à celle qu’il avait juré de protéger. Pour ma part, j’étais un peu mal à l’aise par cette ambiance lourde, mais alors que je n’allais plus tenir, oppressée par la situation, Laila détacha son regard de mon ami. Elle recula de quelques pas et afficha un sourire bienveillant cette fois, me laissant voir une facette de la femme que je ne connaissais pas jusqu’alors.


– Me voilà rassurée ~ Déclara-t-elle avec légèreté. Je sais que vous ne voulez aucun mal à cet endroit ou à ma personne.

– Comment pouvez-vous en être certaine en si peu de temps ? M’étonnai-je face à la réaction catégorique de la femme.

– Les yeux sont le reflet de l’âme, Hayase ~ Tu peux être le plus grand des menteurs, tu ne pourras jamais cacher le reflet de ton âme dans ton regard. Shuuei….Ou plutôt devrais-je dire Kôsei n’est-ce pas ? Tu sembles avoir subi une grande peine dans ta vie et c’est cette peine qui te motive à l’heure actuelle. Enfin…Non, tu ne vis plus dans le regret, mais tu veux absolument éviter d’avoir à subir le même regret que celui dans lequel tu as vécu ces derniers temps n’est-ce pas ?

– …Vous lisez en moi comme dans un livre ouvert, Madame. Répondit Kôsei de sa rigidité habituelle.

– Et je peux même te dire….Que c’est de moi que tu tires cette motivation. Tu me voues un profond respect proche de l’amour même et tu voudrais me protéger de quelque chose. Ai-je encore bon ?

– ….C’est exact. Je suis ici pour vous, dame Laïla.

– Eh ! Kôsei n’en dis pas plus tu vas créer un parado –

– Ne t’en fais pas. Me coupa la leader de Yume-Nikki. Je ne compte pas vous demander le pourquoi vous êtes ici. Cependant, j’ai tendance à croire au paranormal donc je suppose que vous venez d’une autre époque dans laquelle Kôsei me connaît en tant qu’adulte. Cela serait la seule explication plausible à ce que j’ai lu dans tes yeux mon garçon.

– Et…..Que comptez-vous donc faire si c’est le cas ? La questionna Kôsei sans prendre de précautions.

– Rien de spécial ~ Répondit-elle avec légèreté. Je voudrais cependant vous demander quelque chose. Si vous êtes venus changer un évènement de ma vie…Je vous demande de vous abstenir et de me laisser continuer ce que j’ai à faire. J’ai une mission à accomplir, et qu’elle échoue ou non, je voudrais aller jusqu’au bout dans mes actions.

– Ne t’en fais pas….La rassurai-je. Nous sommes venus trouver des réponses, pas changer le passé. Il ne faut pas changer le passé…Il y a trop de barrières à ne pas franchir….

– Tu parles comme si tu en avais fait les frais par le passé ~ Le monde est bien vaste dis donc.

– En effet…J’ai tenté de changer le passé…Par le passé…Ou par le futur. Cependant, ce que j’ai fait dans le passé et ce que cela a donné, je ne m’en souviens plus. Ma mémoire a été altérée durant mon retour dans le présent et je n’ai comme souvenir qu’un autre voyage que j’avais déjà fait…Tout ce que je sais, c’est que contrairement à mon voyage avec mes amis, j’ai tenté de briser les barrières lors de mon premier voyage.


La femme s’arrêta quelques secondes face à mon histoire. Elle aurait pu essayer de lire dans mes yeux, je n’avais moi-même aucune idée de ce que j’avais fait et de pourquoi je l’avais fait. Toute ma mémoire liée à mon voyage dans le temps avait été effacée et il n’y avait qu’un trou noir dans mon esprit….Je me gardais de le dire aux autres , puisque je m’étais moi-même résignée à ne trouver aucune réponse, il était donc inutile d’impliquer Hiroki, Erika, Reisuke et Jessica dans une cause perdue…


– Je vois , c’est intéressant ~ Déclara Laila avec ironie, me coupant dans ma pensée au passage. Nous avons tous des songes enfouis en nous n’est-ce pas ~ En tout cas, je ne m’opposerai pas à votre recherche d’informations, et vous allez être aux premières loges pour les avoir ~ A partir d’aujourd’hui je vous assigne à ma garde personnelle. Ainsi vous pourrez trouver ce que vous cherchez en ce monde.

– Votre garde personnelle….Je suppose que personne ne peut se soustraire à son destin. Murmura Kôsei. Dame Laila, reprit-il avec plus d’assurance, cela sera un honneur de vous servir de nouveau.

– Inutile d’être aussi solennel ~ Qui que je sois pour toi dans le futur, ici, nous ne sommes que deux inconnus travaillant ensemble.

– Je voudrais quand même savoir une chose, Laila.

– Quoi donc, Hakaze ? ~

– Je……Je dois confirmer une chose. Bafouillai-je interloquée par le fait que nos couvertures étaient totalement transparentes pour la femme. Quel est cet ennemi auquel tu as fait mention précédemment ? Est-il en rapport avec cette mission dont tu as parlé ?


La femme tiqua à la question que je lui posai. Elle se tourna vers l’armoire à livres de son bureau, plongeant son regard dans son propre reflet généré par la vitrine du meuble. Elle resta quelques secondes à se regarder, comme si elle se demandait s’il était bon ou non de parler de ce sujet qui semblait tabou pour elle. Elle se retourna finalement vers nous et nous adressa un sourire abstrait comme à son habitude, avant de reprendre la parole.


– Je vais faire mieux que tout vous raconter. Reprit-elle avec sérieux. Je vais vous montrer ce qui me pousse à accomplir cette fameuse mission, celle que seule moi peut accomplir. Cela pourra paraître égoiste, surtout pour toi Kôsei…Mais je m’excuse d’avance pour ce que j’ai pu te dire dans le futur afin que tu rejoignes ma cause.

– Vous n’avez pas à vous excuser, Dame Laila. Reprit-il tout aussi rigide. Vous m’avez déjà fait mention dans le futur que la cause pour laquelle vous vous battiez n’était pas la destruction de l’espoir, mais la destruction de cette malédiction que vous portez. Et c’est pour cela que je suis ici. Je veux connaître tous les détails pour briser et vaincre cette malédiction afin que vous puissiez enfin accéder au bonheur.

– Je vois….J’ai décidément beaucoup de chance d’avoir rencontré quelqu’un comme toi dans le futur, Kôsei. Jamais je n’aurais pensé qu’une sorcière telle que moi aurait pu nouer des liens si solides avec un jeune garçon. Cela me rend heureuse ~ Enfin…Evitons de parler d’avantage. Je vais vous montrer le pourquoi de ma mission. Suivez-moi nous sortons.

– Où allons-nous Laila ? Demandai-je dubitative.

– Chez moi…Enfin, chez mon père. Nous allons rendre visite à Shinichi Yamada ~


Acceptant l’invitation de Laila , non pas le cœur léger, je la suivis hors de la guilde, accompagnée de Kôsei, pour nous rendre jusqu’à l’habitat de Shinichi Yamada. Je n’avais jamais vu l’homme et tout ce que je connaissais de lui c’était ses deux fils, mais j’avais le sentiment que bien des vérités allaient être dévoilées dans cette excursion que nous faisions avec celle qui quelques semaines auparavant encore, était pour moi le mal incarné.

Chaque voyage dans le temps est plus surprenant que le précédent, voilà la pensée qui me traversa l’esprit à cet instant.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [04/12/2016] à 19:28

Arc Laila 3 : La plus grande des motivations

Les motivations de ma dame….Qu'étaient-elles vraiment ? J'en connaissais les grandes lignes, mais j'ignorais véritablement de qui ou de quoi elle avait peur en ce monde. Qu'étaient ses projets ? Quelles étaient vraiment les mesures prises par ma dame pour assurer la protection de ce qu'elle avait de cher… ? Je n'en avais qu'une vague idée. Poursuivre ma dame au travers des époque aurait pu paraître insensé pour n'importe qui, mais c'était la seule façon pour moi de pouvoir garder la motivation nécessaire pour continuer à avancer. Ma dame, qui était la leader de Yume-Nikki, nous pria de la suivre pour nous rendre tous les trois dans un endroit qui m'était encore inconnu jusqu'alors.

Sortant de la guilde, nous prîmes un véhicule spécial duquel ma dame Laila était la conductrice. Elle nous emmena moi et Hakaze sur les routes de Satellite, nous rapprochant d'une destination dont je n'avais pas connaissance. Ne voulant pas briser l'ambiance, ni moi, ni mon frère ne prononçâmes le moindre mot à l'intention de ma dame. Nous nous contentions de regarder Hakaze, qui, de par sa présence, nous aidait du mieux qu'elle le pouvait alors qu'elle n'y gagnait rien au change. Cela nous toucha, Arata et moi, au plus profond de notre cœur commun. Elle n'avait pas la lumière d'Erika, mais les émotions qu'elle affichait étaient clairement authentiques, il suffisait de la regarder pour le comprendre. J'étais reconnaissant envers Hakaze, et je pense qu'Arata l'était aussi à ce moment puisque tout ce qu'il me renvoyait était une chaleur me prenant tout le corps.

Nous roulâmes en voiture pendant une quarantaine de minutes avant de sortir de satellite pour déboucher dans un coin de campagne. Ce coin reculé de la ville s'avérait être le quartier dans lequel devait s'être installé Soichiro Namatame quelques années plus tôt. J'y reconnus la forêt dans laquelle je m'étais rendu pour stopper Cécilia, mais aussi pour chercher les informations nécessaires afin de connaître ma dame.

Notre itinéraire ne me surprit donc plus une fois que j'avais réalisé cela. Nous nous engouffrâmes dans une petite rue isolée et calme dans laquelle s'alignaient des petites maisons pouvant sûrement accueillir des familles de trois à cinq personnes. Quelques-unes de ces maisons étaient encore en construction, mais la plupart étaient déjà bien installées. Ma dame se gara au bout de la rue, elle se retourna et nous fit signe de descendre.

Hakaze descendit, puis je fis de même. Ma camarade du jour connaissait cet endroit, elle y avait quasiment grandi. Sans nous laisser le temps de relever, ma dame prit la parole à notre intention, comme une guide de voyage l'aurait fait.


– C'est agréable n'est-ce pas ? Nous dit-elle avec enthousiasme et détachement. C'est un joli quartier qu'ils sont en train de construire. C'est en total contraste avec Satellite.

– Laïla, qu'es-tu venue faire dans ce quartier ? La questionna Hakaze qui n'avait toujours pas réalisé ce que ma dame venait faire ici. Je connais ces lieux, c'est ici qu'habitent –

– C'est ici qu'habite Shinichi Yamada. La coupa-t-elle. Autrement dit, c'est ici qu'habite mon père. Il était médecin à Domino City, mais depuis la mort de ma mère il a décidé de quitter les lieux par prévention.

– La mort de votre mère….Faites-vous mention de cette nuit où des hommes inconnus sont venus chez vous ma dame ?

– Je ne sais pas comment tu es au courant de tout ça, mais cela me facilitera la tâche Kôsei ~ En effet, suite à cet incident tragique, mon père s'est retranché sur lui-même. Nous avons d'abord voulu continuer à vivre ensemble, mais les hommes revinrent et nous échappâmes à la mort de justesse. Ainsi, pour me protéger de ceux qui en voulaient à notre quotidien paisible, il me confia à son meilleur ami qui avait une dette envers lui pour le sauvetage de sa femme. Il me confia à Soichiro Namatame en prenant le soin de me donner le nom de ma mère, et ce fut ainsi que j'intégrai la guilde Yume-Nikki. De son côté, il s'est retranché de plus en plus dans le désespoir en essayant de préserver sa propre vie le plus longtemps possible.

– Nous allons donc voir ton père ? S'étonna Hakaze face aux sombres déclarations de ma dame.

– Mon père a finalement pu refaire sa vie. Sourit notre guide. En reprenant son activité, une femme est venue le consulter, et ce fut le coup de foudre entre eux deux. Il a bien tenté de la repousser, de lui faire comprendre qu'il n'était pas possible pour quelqu'un comme elle de fréquenter quelqu'un comme lui, mais elle a tenu à cette relation et a sorti mon père de sa dépression.

– C'est une belle histoire. Répondis-je d’un ton léger. Et je suppose que votre motivation s'y trouve.

– Vois par toi-même, nous sommes arrivés ~


Nous nous arrêtâmes devant une maison, le numéro 23 de la rue. C'était une petite maison banale qui n'avait rien de plus que les autres. Hakaze connaissait cette maison. Cela se voyait à son regard.

– Les voisins sont un peu embêtants. Soupira ma dame. Ce sont des anciens duellistes professionnels qui étaient connus du temps de Domino City. Leur couple est houleux, mais si vous voulez mon avis, la femme porte totalement le pantalon dans le couple. La dernière fois que je suis venue, ils réglaient leurs comptes dans un duel et l'homme s'est fait exploser par une dame harpie…Enfin, je suppose que mon père est bien plus bizarre que ces gens.


Ma dame nous lança un sourire, puis, devant nos airs dubitatifs, s'avança vers la porte derrière laquelle se trouvait cette fameuse motivation. Elle y sonna, laissant retentir une petite mélodie classique de porte. Alors que nous attendions sur le pas de la porte, une voix aigüe nous parla depuis derrière cette fameuse porte. C'était une voix semblant appartenir à un petit garçon, même si j'avais des doutes sur l'âge de l'enfant qui parlait de la sorte.

– C'est qui ? Demanda la voix provenant de derrière.

– C'est moi. Répondit ma dame d'une voix douce. C'est Laila.

Quelques secondes passèrent sans que l'on n'obtienne une réponse. Mais alors que nous pensions que nous n'allions pas recevoir de réponse, la porte s'ouvrit brusquement et quelque chose de rapide se rua sur ma dame. Lorsque je vis ce qui s'était jeté sur elle, je me rendis compte que c'était un petit garçon aux cheveux noir corbeau et au teint mat. Il s'était jeté sur ma dame afin de l'étreindre avec tout l'amour qu'un enfant pouvait avoir en lui.

– Grande sœur tu es revenue !! Exulta l'enfant qui s'accrochait à ma dame.

– Evidemment que je suis revenue, tu le sais que je reviendrai toujours. Lui répondit paisiblement celle que l'on accompagnait. Alors Hiroki, tu as été sage ?

Le garçon ouvrit ses yeux, laissant apparaître deux grands yeux bleus qui portaient la même lumière que portaient ceux du Hiroki que l'on connaissait, et pour cause, l'enfant devant nous était cet homme plus attaché à l'espoir qu'à toute autre chose dans le présent. Hakaze eut un sursaut en le voyant, et pour cause, elle semblait intimement lié à l'homme à notre époque alors que le petit garçon en face nous ne semblait avoir que neuf ou dix ans.


– Kôsei, Hakaze, reprit ma dame en se tournant vers nous, je vous présente mon petit frère Hiroki. Hiroki, je te présente Kôsei et Hakaze, ce sont des amis de la guilde qui sont venus m'accompagner.

– Enchanté ! Sourit le petit garçon. Je suis content que grande sœur ramène des amis de la guilde !

– Enchantée aussi ~ Lui répondit Hakaze de la même intonation. Dis donc, je ne savais pas que Laila avait un aussi beau petit frère ~


Hiroki se contenta d'afficher un sourire niais en se grattant la nuque, apparemment gêné par le compliment de celle qui était pour lui une femme beaucoup plus âgée. Arata pouffa de rire à l'intérieur tandis que Hakaze, elle, regardait le petit garçon qui allait devenir bien plus pour elle avec tendresse. Je pouvais la comprendre….Puisque malgré tout, moi aussi, j'étais attendri par l'innocence se dégageant de lui.

Comme pour échapper à la pression de nos regards, le gamin alla chercher son père en nous criant de rentrer à notre tour. Nous suivîmes ma dame qui nous servit de guide, mais alors que nous pensions y retrouver l'homme, ce fut un autre petit garçon que nous croisâmes. Il semblait avoir cinq ans de moins que son grand-frère, et son teint à lui était un peu plus clair. Ses deux grands yeux verts étaient tout aussi rayonnants que ceux de l'autre garçon. Pas de doute, ce petit garçon était Reisuke. Tout comme l'autre il se jeta dans les bras de sa sœur, s'exprimant dans un langage un peu moins fluide que son aîné. Il alla chercher son père également, nous laissant seuls dans le vestibule de la maison.


– Je donnerais ma vie pour eux. Lâcha alors ma dame en plongeant son regard au-delà de ce vestibule. Je serais prête à tout si cela pouvait leur permettre de vivre heureux.

– Je te comprends Laila. Renchérit Hakaze. Je sais ce que c'est que de se battre pour quelqu'un qu'on aime. Kôsei, je suppose que tu le comprends aussi n'est-ce pas ?

– En effet. Répondis-je d'un ton glacial, gardant en moi le souvenir et la mémoire de mon grand-frère.

– Toute cette innocence…Je l'avais aussi. Reprit ma dame d'un ton détaché. Cependant….Tout cela est arrivé…Et on m'a volé mes rêves de vie paisible. Je ne veux pas que ça leur arrive. Tant que j'oeuvrerai pour le désespoir, ils vivront heureux.

– Pourquoi dois-tu répandre le désespoir pour assurer leur vie tranquille ? La questionna Hakaze. Ne peux-tu pas être tranquillement avec eux toi aussi ?

– Je donnerais tout pour en être capable. Soupira ma dame. Je donnerais tout…


Ma dame se perdit dans ses pensées l'espace de quelques secondes. Sur son visage dont l'expression était effacée commença à se dessiner une expression de tristesse, non, de regret. Je n'eus cependant pas le temps de lui demander les détails que son père, le quinquagénaire Shinichi Yamada, nous rejoignit en compagnie de sa femme. Elle semblait plus jeune que lui, dix ans plus jeune même. Cela se voyait à son visage qui était moins attaqué par le temps que celui de l'homme. Elle était une brune au teint plutôt clair aux traits plutôt fins. Ses yeux verts n'étaient pas spécialement expressifs mais étaient soulignés par un fin maquillage noir qui les faisait ressortir. Elle était plutôt banale en comparaison avec Mélissa, la mère de ma dame.


– Papa, Belle maman, je suis heureuse de vous revoir. Sourit ma dame face au couple.

– Comment te portes-tu mon enfant ? Lui répondit la brune avec chaleur. Tu as un peu maigri, tu devrais mieux te nourrir, cela t'apportera des soucis plus tard.

– Ne t'en fais pas, je me nourris correctement. Le leadership de Yume me prend cependant pas mal d'énergie.

– Ca c'est ma fille hahahaha !! Renchérit le père. Une fille d'action comme son père !

– Il fume toujours autant ? Reprit la fille, ignorant le père.

– Toujours. Je lui ai dit qu'il n'était pas crédible en tant que médecin mais il ne m'écoute pas.

– Eh, c'est mon procès ou quoi !? Râla l'homme. Vous êtes agaçantes ! D'ailleurs, tu as ramené des contacts Laila ?

– Excusez notre impolitesse. M'inclinai-je devant l'homme. Je suis Shuuei Masumi et voici ma camarade Hayase Shirayuki. Nous sommes la garde personnelle de Dame Laila.

– Enchantée. S'inclina Hakaze.

– Papa, je voudrais que l'on parle sérieusement. Il ne faut pas que les garçons entendent.

– Bien. Reprit-il avec sérieux. Suis-moi.


L'homme demanda à sa femme de s'occuper de ses deux fils, ce qu'elle accepta avec le sourire. Nous montâmes ensuite tous les quatre à l'étage jusqu'à arriver dans le grenier de la maison. A notre grande surprise, l'endroit était propre et aménagé, comme s'il servait de repère pour parler lorsque ces choses n'avaient pas à être entendues. Shinichi nous invita à nous asseoir, nous obéîmes à sa sollicitation. Une fois tous installés, je laissai ma dame prendre la parole à l'intention de son père.

– Yuki est charmante Papa. Maman serait fière de voir que tu as réussi à tourner la page.

– Tu sais très bien qu'il est impossible pour moi de tourner la page. Cela ne sera jamais possible tant que vous serez tous dans cette situation. Autant les garçons que toi.

– Excusez-moi, l'interpella Hakaze. Je voudrais juste savoir une chose….Quelle est « cette situation » à laquelle vous faites mention ?

– Hakaze évite d'être intrusive. Lançai-je, glacial.

– Ce n'est rien. Me rassura l'homme. Si Laila vous a amené ici, c'est qu'elle comptait parler de cela devant vous. Avant de vous raconter la situation dans laquelle nous sommes ma famille et moi, je dois remonter des millénaires en arrière. C’était au temps de l’ancienne Egypte. Tandis que l’empire Egyptien prospérait grâce aux objets du millénium, une autre menace était en train de prendre pied, loin du croissant fertile. C’est en Australie que se déroule notre histoire, pas si loin de là où nous sommes aujourd’hui lorsque l’on y regarde de plus près.

https://youtu.be/JwiLJrQ1pCA?list=PL9vgZdkQ4quMcbSIJg6utvi-pO6E_xorx


Un homme est arrivé de nulle part. Personne ne l’avait remarqué lorsqu’il était enfant, ni lorsqu’il était jeune homme. Cet homme était déjà un adulte accompli, et avait déjà dans son esprit une mission qui allait à jamais changer le destin du pays dans lequel il était. En effet, son seul et unique but était de prendre le pouvoir. Il avait mûri avec cet objectif, et il le fit vite savoir puisqu’il s’avança comme le prochain leader du pays. Comme seule et unique arme, il utilisait un sentiment assez abstrait et insaisissable : le désespoir. Ce désespoir qu’il était le seul à ressentir de manière aussi pure selon lui, il en avait créé tout un monde. Des terres arides et sinistres sur lesquelles on ne pouvait sentir aucune forme de vie, de bonheur ou de malheur, mais que de l’indifférence.

– Comment avait-il réussi à créer ce monde ? Demandai-je froidement à l’homme racontant l’histoire.

– Il n’avait pas créé ce monde à proprement parler. Reprit l’homme. Mais comme il était le seul capable de faire passer les hommes dans l’autre monde, on pensa qu’il en était le créateur. Avec ce pouvoir, il rassembla les personnes qui trouvaient que la vie était injuste envers eux. Toutes ces personnes aux sentiments négatifs avaient un point commun : leurs sentiments menaient à l’aboutissement ultime du désespoir. Et leurs souffrances, leur désarroi, devenait nul lorsqu’ils pénétraient ce monde d’ombre et de désolation.

– Comment des hommes et femmes ont-ils pu aimer un tel monde…. ? Soupira Hakaze qui semblait déjà avoir expérimenté l’indifférence que j’aimais tant en ce monde.

– Il existe des peines bien plus difficiles à supporter qu’un monde fait d’indifférence et d’obscurité. Répondis-je glacialement, même si Arata essayait de me faire dire le contraire.

– Tout est une question de point de vue j’imagine. Répondit le père de ma dame avec mélancolie. Quoiqu’il en soit, il commença d’abord par rassembler des gens, puis il monta en puissance jusqu’à devenir une présence politique influente. Connu sous le nom de Zetsubô, il soumettait de plus en plus de personnes par la force de ce sentiment de désespoir qui n’avait selon lui aucune limite. Et lorsqu’il fut enfin au pouvoir, il déclara le chaos total en coupant les vivres à son peuple.

Le pays s’embrasa en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire. Les forts détruisirent les faibles tandis que les faibles détruisirent les encore plus faible. Les vices cachés de chacun ressortirent et étaient au service total du désespoir. Ce sentiment qui résultait d’autres ressentis négatifs était une arme de contrôle de masse qui permettait de faire faire n’importe quoi à l’individu, souvent même sans que l’individu en question ne sache vraiment ce qu’il fasse. Et c’est avec ce chaos total qu’il établit une dictature. Les hommes du pays devinrent des troupes tandis que les femmes devinrent des mères productrices de soldats, et tous ensemble réunis sous la bannière de la folie, du désespoir, ils s’en remirent à Zetsubô.

Au final, son royaume dura pendant une décennie. 10 ans se sont passés sans que personne ne s’oppose à Zetsubô qui avait gagné l’Océanie d’aujourd’hui ainsi qu’une grosse partie de l’empire asiatique. L’Inde, le Japon ainsi que la Chine d’aujourd’hui étaient sous son emprise totale tandis que ceux qui formaient la Russie telle que vous la connaissez étaient les seuls résistants à l’emprise de Zetsubô. Cependant, alors que tout l’empire oriental allait bientôt être le témoin de la plus grande guerre de l’époque, un mouvement de résistance s’éleva dans l’Australie d’aujourd’hui, siège du royaume de Zetsubô.

Ils étaient des personnes refusant l’asservissement total que Zetsubô exerçait sur la population. Ils avaient décidé de combattre la force principale de Zetsubô à tout prix et donc de vaincre le désespoir qui était son moteur principal de puissance. Ainsi, ils se mirent en recherche d’un moyen de briser l’emprise et ils le trouvèrent par le biais du sentiment opposé au désespoir : l’espoir.

Jusqu’alors, personne n’avait pensé à en faire une arme, mais tout comme Zetsubô s’était servi du sombre ressenti, ses opposants allaient matérialiser le sentiment d’espoir en une arme tangible capable de renverser le pouvoir de Zetsubô.

Les quelques personnes devinrent ainsi cinquante, puis cent, puis deux cent et une hiérarchie s’installa au sein de leur groupe. Ils se donnèrent un nom : La fondation du futur. Armés par l’espoir, ils agirent en tant qu’organisation marginale qui allait renverser le pouvoir en cours. Ils contaminèrent des tas et des tas de personnes avec le sentiment d’espoir, tout comme Zetsubô l’avait fait avec son désespoir, et au final une guerre idéologique démarra. Quiconque croyait en l’espoir se battait pour récupérer la terre, quiconque croyait en le désespoir se battait pour la destruction.

Le combat fit rage et des pertes humaines considérables s’établirent dans les deux camps. Il s’étendit à tous les royaumes conquis par Zetsubô, l’Inde, la Chine, le Japon, mais aussi la Russie fraîchement conquise, tous virent des mouvements résistants naître afin de combattre ce que l’on appelait la tragédie….Et alors que les cadavres s’amoncelaient, le conflit fit parler de lui dans le monde entier, et bien au-delà puisque le monde des esprits du duel de monstre avait lui aussi posé son œil sur cette guerre entre les deux camps. Le juge du sanctuaire céleste de l’époque était frustré car la haine provenant de l’affrontement perturbait l’équilibre stellaire du monde des esprits, recouvrant le ciel de ce monde par un voile de sang. Ainsi , pour faire cesser ce conflit, il chargea le gardien des étoiles de faire cesser ce conflit.

Le dragon gardien des étoiles descendit du monde des esprits du duel de monstre afin d’utiliser son pouvoir, mais afin de pouvoir le faire, il devait s’allier avec un humain afin de pouvoir matérialiser sa force dans le monde réel. Ainsi, il choisit la personne qui possédait le plus d’espoir et le plus de détermination, et s’alliant avec elle, il donna naissance à la lignée chargée de garder la porte des étoiles. Cette personne, une femme guerrière qui combattait dans l’espoir de protéger ses enfants, devint la partenaire du gardien des étoiles et affronta Zetsubô en puisant dans la force du dragon. Elle affronta Zetsubô dans un face à face sanglant qui allait se solder vers sa victoire certaine, cependant, lorsque Zetsubô fut à terre, il lui rappela la cruelle vérité.

– Une cruelle vérité ? M’étonnai-je. Qu’est-elle donc ?

– Si Zetsubô était la passerelle entre le monde du désespoir et le monde réel, sa mort condamnerait toutes les personnes étant prisonnières de ce monde à rester dans le tourment jusqu’à mourir eux-mêmes. Cela empêcha la femme de finir sa mission puisqu’elle allait commettre un génocide si elle le faisait, et cela n’allait que jeter de l’huile sur le feu, exactement ce que voulait Zetsubô qui avait même envisagé sa propre mort. La leader du mouvement de l’espoir prit alors une alternative. Par le pouvoir du gardien des étoiles elle enferma Zetsubô dans une prison temporelle se trouvant entre le monde réel et le monde des esprits, et suite à cela, peu à peu, l’influence qu’il avait sur le monde s’estompa. Il fallut un an pour qu’elle ne disparaisse complètement et que la partie conquise par le despote ne revienne aux mains de la fondation du futur qui devint une organisation assurant la prospérité du royaume d’Océanie dans l’envers du décor. Quant aux personnes prisonnières du monde de Zetsubô, la plupart purent s’en échapper grâce aux recherches de la fondation du futur tandis que les plus âgés d’entre eux moururent de vieillesse dans ce monde de tourments.

– C’est horrible….S’horrifia Hakaze face au cruel récit du père.

– En effet. Reprit-il avec compassion. Ce conflit a été l’un des plus cruels de l’histoire, mais il fut aussi celui dont on ne parla dans aucun manuel. Tout a été camouflé au maximum par la fondation du futur. Tout, à une exception près. Zetsubô avait engendré une descendance, et avec cette descendance le pouvoir du désespoir avait perduré. Ainsi, quelques générations plus tard, des descendants de l’homme tentèrent de continuer son œuvre, mais ils n’avaient pas la persuasion ni la noirceur d’âme assez profonde pour le faire. Ainsi, les générations suivantes arrivèrent à une conclusion : délivrer Zetsubô était la seule façon de ramener son empire à la vie. Zetsubô lui-même avait laissé des instructions pour le ramener de la prison temporelle. Il avait d’une façon ou d’une autre parvenu à contacter sa descendance afin de leur demander les clés : Construire un bâtiment similaire à la prison temporelle et amener un descendant de la famille dont l’énergie spirituelle était assez puissante pour briser les barrières entre les deux mondes. Ainsi, ses futures générations commencèrent à bâtir l’équivalent de la prison temporelle, mais ils furent surpris par la fondation du futur qui les stoppa, n’hésitant cette fois pas à tuer les membres de la famille du despote.


L’homme s’arrêta quelques secondes, se levant de table pour aller boire une gorgée d’eau. Lorsqu’il revint à nous, il afficha un sourire gêné devant nos visages.

– Désolé c’est une très longue histoire hahaha ! Ne vous inquiétez pas, nous entrons dans la dernière partie. Face à la détermination de la famille de Zetsubô à vouloir rétablir l’empire de ce dernier, la fondation du futur a gardé l’œil sur eux de générations en générations, tuant toute personne portant le nom de famille de Zetsubô : Les membres de la famille Yamada. Notre famille. Nous sommes les descendants directs de Zetsubô.

– Je vois. Repris-je, intéressé par le changement de scénario. Vous êtes donc les personnes capables de ramener Zetsubô à la vie.

– En effet. Reprit ma dame, soulageant son père de la fin du récit. Seulement, contrairement à nos ancêtres nous n’avons aucune intention d’amener de nouveau un terrain de désolation sur ce monde. D’ailleurs, la fondation du futur nous avait lâché il y a des siècles lorsque notre connexion directe avec Zetsubô s’est estompée au fil des générations, cependant, il y a un siècle de cela, le secret de famille qu’est Katsuo Yamada, le despote, donna des idées à l’un des nôtres qui tenta d’ouvrir la prison de Zetsubô de lui-même. La fondation du futur qui gardait malgré tout un œil lointain sur nous fut immédiatement avertie et reprit son attaque contre les nôtres, assumant en conséquence que tout parent même éloigné de Zetsubô portait le sang du désespoir en lui et était une menace pour le monde. Ainsi, notre famille est condamnée à se faire détruire par la fondation du futur.

– Je comprends mieux tes motivations Laila…. Déclara Hakaze avec tristesse. Vous subissez les erreurs de vos générations précédentes alors que vous n’avez aucune intention de nuire…C’est cruel….

– Ce n’est pas que notre propre bonheur qui est en cause. Reprit ma dame. Ma mère qui ne portait pas le sang des Yamadas a été foudroyée par la fondation du futur parce qu’elle avait donné naissance à l’un d’eux. Toute personne qui s’implique trop dans les affaires de notre famille et surtout qui la prolonge devient une cible pour la fondation du futur. Etant les derniers survivants de ce génocide, le nombre de leurs cibles s’élève ainsi à 5 : Mon père, moi, Yuki, et les deux garçons.

– Yuki est-elle au courant de cela ? Demandai-je toujours sans afficher mes émotions.

– Elle l’est évidemment. Me confirma le père. J’ai bien tenté de lui dire qu’elle était condamnée si elle s’impliquait dans ma vie…Mais elle a dit qu’elle ne pouvait faire autrement, qu’elle sentait qu’elle y était destinée…Et j’ai fini par céder.

– Mais maintenant, reprit ma dame avec sérieux, nous avons bien plus à protéger que nos deux seules vies, mon père et moi. J’ai donc décidé d’agir de mon côté. Si nous n’avons pas le pouvoir de rétablir une catastrophe similaire à celle de Zetsubô, tant mieux, ce n’est pas ce que nous voulons. Par contre, je ne laisserai pas cette fondation du futur prendre la vie de gamins qui n’ont rien demandé et qui sont uniquement le fruit de l’amour de mon père et de sa femme. J’ai donc embrassé le pouvoir de notre famille dans le seul but de détruire la fondation du futur une bonne fois pour toutes et en finir avec cette malédiction !


Les mots de ma dame étaient lâchés. Nous connaissions désormais les véritables raisons de son combat, Arata et moi. Nous comprenions désormais pourquoi elle avait bâti cette équipe sur les pierres du désespoir, pourquoi elle avait été aussi loin en utilisant la peine de tout le monde. Elle utilisait le pourquoi sa famille était condamnée à la souffrance pour la sauver de cette épée de Damoclès. Elle utilisait notre souffrance dans le futur pour en finir avec la sienne. Je ne pouvais pas blâmer ma dame. Je la comprenais à vrai dire, j’aurais fait pareil si cela avait été un moyen de ramener Arata avec moi. Mais à ma grande surprise, alors que j’allais me joindre à sa cause, elle se tourna face à moi, me regardant d’un air compatissant.


– Kôsei, reprit-elle avec empathie. Je suis désolée de t’annoncer que tout cela est un combat personnel alors que j’ai sûrement utilisé ta peine pour pouvoir bénéficier de ton soutien….Et je suis complètement coupable.

– Ce que ma fille ne te dit pas, reprit le père avec le sourire, c’est qu’après avoir détruit la fondation du futur, elle compte vouer le restant de sa vie à permettre aux personnes l’ayant aidée de résoudre les problèmes personnels auxquels ils font face. Elle est trop fière pour le dire cependant hahaha !

– Je…Je n’ai jamais dit ça clairement….Rougit ma dame face aux dires de l’homme. Arrête de transformer mes nuances de gris en noir ou en blanc…Ca m’insupporte….

– Je le sais que vous aiderez les personnes vous suivant dans votre quête, dame Laila. Depuis notre rencontre, j’ai toujours cru en vous, je vous ai toujours aimée pour votre bonté d’âme, et vos antécédents ne changeront pas celle que vous êtes à mes yeux.

Regardant ma dame naturellement, je ne réalisai pas la portée que mes mots avaient eu sur elle…Du moins pas tout de suite, puisqu’il ne fallut que quelques secondes pour que l’expression sérieuse de celle envers qui j’étais reconnaissant se décompose pour ne laisser qu’une jeune fille bouche bée, affichant une expression déconcertée face à mes paroles. Mais elle n’était pas la seule puisque son père et la fille qui m’accompagnait semblaient tout aussi choqués par mon attitude. Je ne comprenais pas vraiment ce qui les choquait, mais ce fut lorsque je remarquai mon reflet dans le miroir de l’armoire de la pièce que je compris. En effet, mon visage était assez inhabituel. Je ne savais pas si c’était le reflet de mon âme , ou de celle d’Arata, mais c’était un sourire sincère qui était affiché sur mon visage. Ce que je pensais être mon expression naturelle était en fait mon visage marqué d’une profonde chaleur, ce qui me surprit moi-même. Quand avais-je trouvé l’énergie nécessaire pour afficher une telle expression ?

L’homme avait terminé son histoire. Il nous laissa avec ma dame, mais alors qu’il partit, Hakaze le suivit, laissant sûrement bon de me laisser un moment d’intimité avec ma dame. A peine furent-ils partis que ma dame s’approcha de moi. Elle passa sa main derrière ma tête et approcha ma tête de son corps jusqu’à la poser contre elle. M’étreignant ainsi comme une sœur aurait étreint son frère, elle reprit la parole tandis que moi et mon propre frère étaient subjugués par son attitude soudaine.

– Merci pour tes mots, Kôsei. Me dit-elle avec amour. En te voyant me soutenir envers et contre tout, je me dis que j’ai fait les choix justes et que j’ai réussi à entretenir les nuances de gris de mon âme plutôt que de laisser le blanc ou le noir prendre le dessus sur mes objectifs. Je ne suis devenue ni une pacifiste, ni une sorcière, et cela me rassure…

– Vous êtes restée la même, dame Laila. Mon frère et moi savions pertinemment qu’au fond de vous se cachait bien plus qu’une femme obscure.

– Alors la Laila du futur doit vraiment être agaçante ~ Tu sais Kôsei, je vais te révéler quelque chose que tu ne devras jamais dire à autrui. Au fond de moi, j’ai peur. J’ai peur d’échouer et des conséquences de mes échecs. Ma vie n’a plus d’importance, mais celle de mes frères n’a pas le droit d’être détruite par les erreurs de ma famille…Je ne veux plus revivre ce que j’ai vécu lorsque ma mère s’est faite tuer alors qu’elle n’avait rien demandé à personne. Dis-moi Kôsei, toi qui lutte à mes côtés, as-tu peur parfois ?

– Evidemment que j’ai peur. Répondis-je. J’ai toujours peur de ne pas être à la hauteur pour protéger ce qui m’est cher, comme je n’ai pas pu le faire il y a cinq ans. Mon meilleur ami – que dis-je mon frère – s’est donné la mort sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Ce sentiment d’impuissance, ce visage gravé dans mon esprit…Si je le pouvais, je voudrais empêcher le monde entier de vivre ça…Mais à défaut de pouvoir le faire, je veux vous soutenir pour vous aider à briser votre malédiction. Je serai toujours à vos côtés, dame Laila.


Mes actions, mes sentiments, tout devenait imprévisible lorsqu’il s’agissait des personnes que j’aime. Je ne pouvais pas dire si c’était moi ou mon frère qui prit l’initiative de cette action, mais je ne me rendis compte que trop tard de ce que je faisais pour faire machine arrière. Je venais de braver tous les interdits, je venais de laisser parler mes désirs les plus enfouis et j’avais franchi des barrières pour atterrir dans des contrées d’où l’on ne pouvait revenir. Je venais de poser mes lèvres sur celles de ma dame qui avait mon âge à cette époque, ne me souciant guère des conséquences de mes actes. Elle me résista en premier lieu, avant de finir par accepter mon acte et y participer sans se retenir, à ma grande surprise. Je ne contrôlais plus mes mains qui passèrent d’elles-mêmes dans la chevelure de ma dame tandis que les siennes firent de même avec moi, et ensemble nous partageâmes un baiser brûlant de désir.


Mes lèvres se détachèrent de celles de Laila tandis que mes bras perdirent leurs forces. Je reculai mon visage de celui de ma dame qui me regardait avec tendresse, acceptant totalement l’instant que l’on venait de partager. Masquant la gêne qui me rattrapait, je repris la parole en détournant les yeux.

– Je sauverai votre famille dans le futur, je vous le promets. Dis-je en partant de la pièce à mon tour.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [16/12/2016] à 17:00

Arc Laila 4 : La passation de la guilde

Arrivés dans ce monde, nous n’imaginions pas que nous allions avoir à faire face aux motivations les plus secrètes de Laila Yamada. Cette femme qui me semblait une menace pour Hiroki était en fait, tout comme Reisuke me l’avait dit, la personne qui lui voulait le plus de bien en ce monde. Accompagner La leader de Yume Nikki chez son père, la voir agir avec ses frères, et écouter son histoire…Tout cela m’avait convaincue qu’il fallait absolument aider Laïla à vaincre Zetsubô….Et je n’étais pas la seule. Le jeune garçon m’accompagnant, Kôsei le sauvage, était apparemment convaincu par sa motivation également. Il venait à peine de sortir de cette pièce, mais je sentais que quelque chose en lui avait changé, comme si un évènement extérieur avait scellé sa motivation.

Nous saluâmes Shinichi et Yuki Yamada, les parents de Reisuke et Hiroki, avant de repartir là d’où nous étions arrivés. J’étais assez anxieuse pour la suite ; après tout, je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer ensuite et cela me rendait quelque peu stressée. J’avais eu la chance d’en apprendre beaucoup sur Zetsubô et sur Laila, et je savais désormais plus ou moins ce qui nous attendait dans le futur, mais je n’avais aucune idée du rapport entre la quête de Kôsei et mon retour dans le temps. Vraiment aucune idée ne me venait en tête.

Nous rentrâmes à la guilde avec Laïla et Kôsei, et nous nous y installâmes pour quelques temps. Nous devînmes officiellement la garde de Laila aux yeux de tous les membres de la guilde. Je ne savais pas pourquoi la leader nous laissait une telle place, mais c’était toujours plus facile que de s’infiltrer. Ainsi, Shuuei Masumi et Hayase Shirayuki devinrent des membres de Yume-Nikki comme des autres. Tous les jours nous voyions des choses grotesques mais qui étaient habituelles à la guilde. Kôsei restait beaucoup en retrait, moi j’étais d’avantage mêlée aux membres. Je redécouvrais l’ambiance de la guilde que j’aimais beaucoup et je revoyais des connaissances que je n’avais pas vu depuis longtemps, comme Nicolas qui était l’une des personnes les plus proches de mon père, mais avec qui nous avions perdu contact depuis la mort de ma mère. Ces jours passés à la guilde emplissaient mon cœur de joie. Je partais en mission avec Kôsei sur ordres de Laila, ou avec quelques membres de la guilde. Puisque je ne pouvais pas partir et que je ne savais pas quoi faire, c’était là mon occupation, ma façon de me laisser porter par les évènements. Je pus me renseigner d’avantage sur Zetsubô grâce à la bibliothèque personnelle de la leader de Yume-Nikki, et je confirmai grâce à cela ce qui était évident mais trop incroyable : La personne qui avait reçu le gardien de la porte des étoiles pour affronter Zetsubô n’était autre que « Dame Esther Leos » , qui était une ancêtre lointaine de Jessica. Akulia, le gardien de la porte des étoiles était donc bien lié à la famille Leocaser depuis tout ce temps et c’était incroyable de penser que les deux familles qui s’étaient livrées bataille dans le passé étaient réunies à notre époque sous la même bannière. Cela me faisait sourire lorsque j’y pensais.

Je profitai de mon séjour pour m’instruire, et dans ma soif de connaissance je franchis une autre étape, m’attaquant désormais au monde du désespoir dans lequel Laila et Zetsubô pouvaient envoyer les gens. En me rappelant mes souvenirs, je me remémorai tout d’abord du royaume des ombres dans lequel les âmes pouvaient être envoyées grâce aux objets du millénium, mais d’après les témoignages des personnes en ayant fait l’expérience, c’était clairement différent de ce que j’avais vécu. Mai Kujaku, notre amie du passé, avait écrit tout un article sur les souffrances du royaume des ombres, et c’était selon elle « Un monde atroce dans lequel la souffrance est le maître mot, comme si le décor, le paysage lui-même prenait plaisir à faire souffrir la personne égarée dans ce monde d’ombre perpétuelle. » Le monde dans lequel j’avais été plongée était différent. C’était d’avantage un endroit proche de ce que l’on pourrait appeler un vide sentimental. Nous n’y souffrions pas, nous y étions résignés. Un regroupement d’âmes s’étant abandonnées à la souffrance et s’étant résignées à ne voir que le désespoir sur leur chemin. C’était un lieu de soulagement pour la plupart d’entre eux, puisque dans ce monde il n’était pas possible de ressentir quoique ce soit si ce n’était de la lassitude et de la fatigue. Plus rien ne comptait dans le monde de Zetsubô.

D’ailleurs, en y repensant, il y avait une autre chose que l’on pouvait relever. Dans le monde de Zetsubô, il y avait deux catégories de personnes : ceux qui y entraient par leur propre volonté et qui pouvaient faire des allers et venu, et ceux qui y étaient emprisonnés et donc qui ne pouvaient pas revenir dans le monde réel. De plus, contrairement au royaume des ombres, aucun objet tiers n’était nécessaire pour faire des allers et retours dans ce monde. Les personnes suffisamment désespérées étaient capables d’y accéder, Laila me l’avait confirmé. Ainsi, je savais désormais quelques informations supplémentaires sur ces terres arides et sèches, mais je n’en savais pas autant sur la fondation du futur qui était également un antagoniste dans notre quête. Ils pouvaient à tout moment décider de lancer l’assaut sur Hiroki et Reisuke, et plus encore, ils étaient en train de se battre avec mes parents dans le futur. Quelle solution allais-je pouvoir trouver pour vaincre cette organisation ? Je ne le savais pas. Pourtant, j’avais foi en le lendemain et en mon grand-père. Je savais que j’allais finir par trouver.

De fils en aiguilles, trois mois passèrent dans la guilde. Et ces trois mois nous amenèrent à un tournant décisif puisque le préavis était terminé selon la leader. Laila était en effet soumise à un préavis par Lazar, le nouveau directeur de la ville. Elle et mon père devaient rester en contact pendant six mois, et à la moindre bavure de Laila, l’ancien leader de Yume-Nikki était tenu de trouver un remplaçant pour le poste de leader, remplaçant auquel il serait lié six mois de plus. La nouvelle leader de Yume-Nikki avait finalement fait ses preuves puisqu’aucun évènement contrariant ne s’était déroulé pendant cette période. Elle nous annonça alors qu’elle devenait officiellement la meneuse du groupe et qu’il fallait fêter ça dignement et avec énergie. Kôsei s’occupa alors de réunir tout ce dont sa dame avait besoin tandis que de mon côté je sortis seule sur la demande de la leader. Je devais retrouver l’équipe United We Stand , les cinq membres, et les ramener pour la fête. J’étais surprise par la demande de Laila : Non seulement je ne savais pas qu’un nouveau membre avait été accepté dans les UWS, mais j’étais également presque abasourdie par le fait que Laila organise une fête dans une ambiance légère alors que la Yume-Nikki était devenue un groupe obscur aux sombres desseins dans le présent.

Je sortis afin de me rendre là où Laïla m’avait dit de me rendre : dans la zone BAD de Satellite. La totalité de Satellite était en travaux, mais la zone BAD était laissée à l’abandon. Les UWS avaient eu l’idée de remettre à neuf le quartier en tant que groupe indépendant de la ville, elle était donc certaine qu’ils allaient s’y trouver. J’étais heureuse de savoir que même ces lascars pas commodes qui me faisaient peur quand j’étais petite avaient trouvé un but à leur vie. Je me souviens que quand ils étaient arrivés, le plus vieux d’entre eux, Jérôme, me faisait froid dans le dos alors que son petit frère Alain était très gentil et agréable. Il jouait souvent avec moi à divers jeux et il était l’un des seuls membres de la guilde qui me croyait concernant Athéna. A force d’y croire, il l’avait alors aperçue un jour et en avait convaincu son équipe. Peu de temps après, chacun d’entre eux rencontra un esprit du duel à leur tour, même si j’ignore l’identité des monstres qu’ils ont rencontré car Jérôme leur avait promis de se taire sur le sujet.

Je marchai quelques dizaines de minutes : quarante pour être précise, jusqu’à arriver dans la zone BAD. J’étais arrivée côté générateurs, là où nous avions menés tous ces affrontements qui n’avaient aucun sens avec Reisuke , Erika et Hiroki. Ce terrain vague qui menait à la tour de l’araignée m’était familier, très familier même puisqu’il y a un an nous étions tous les protagonistes de cette bataille.

Je m’y arrêtai quelques minutes, contemplant la paix qui avait envahi l’espace sur lequel jonchaient les cadavres quelques mois auparavant. J’inspirai un grand coup, satisfaite par le fait que nous avions réussi à réparer tout le mal qui avait été causé ici. Je n’avais pas fait grand-chose pour aider à le faire, mais j’étais soulagée quand même car je sentais une paix intérieure que je ne possédais pas lorsque j’avais foulé cette terre pour la première fois, et j’avais par conséquent l’impression d’avoir évolué depuis le temps.

Je lâchai le paysage des yeux afin de m’enfoncer dans les quartiers de la zone BAD qui étaient les origines de beaucoup de racailles que nous combattions à l’époque. La plupart des gangs de duels naissaient dans la zone BAD même après cette rafle qui avait été inscrite dans l’histoire de satellite, et pourtant, le paysage avait beaucoup changé depuis ma dernière visite.

En effet, je n’avais pas eu l’occasion de le voir puisque j’étais partie de l’agglomération avec mon père, mais Satellite était en train de renaître en ce moment même. Beaucoup d’habitants mettaient la main à la patte. Ils étaient des hommes et des femmes, des jeunes et des enfants, même les vieillards faisaient dans leurs moyens pour contribuer à rendre l’espace meilleur. C’était magnifique une telle vision de collaboration que l’on n’aurait jamais cru possible à Satellite. Et tout cela…C’était suite à la chute de Rex Goodwin et à cette association communautaire qui avait vu le jour.

Parcourant les rues à la recherche des UWS, je les aperçus quelques minutes plus tard dans un quartier encore plus en recul dans la zone, là même où avait eu lieu la rafle qui avait coûté la vie à des tas de délinquants cette nuit-là. Ils étaient en train de bâtir une nouvelle maison en détruisant l’ancienne qui était en cendres. Ils en étaient à la démolition de ces décombres fumant qui tenaient encore après quelques temps à avoir tenu bon sur ces terres. Je vis rapidement Ugo, le plus amical de la bande, aidé par Kosta qui lui était le leader de la bande. Quant à Jérôme le moins ouvert, il était en train d’aider, charrié par son petit frère Alain qui semblait apparemment aimer le fait que son grand-frère donne de sa personne pour autrui. Quant au cinquième membre de l’UWS, il me surprit, mais au final c’était évident. C’était Jessica qui tentait de par sa vulgarité et sa désinvolture habituelle de cadrer le groupe duquel elle faisait partie.

– Tiens ! S’exclama la blonde en me voyant arriver. Si c’est pas la nana sortie de nulle part qui lèche le cul de la leader ~ Comment tu vas ma poule ?

– Tu es jalouse parce que j’ai un meilleur poste ~ Ris-je face à l’ex délinquante. Dis-moi plutôt, c’est quoi ce projet dans lequel vous vous êtes lancés ?

– Nous remettons à neuf le quartier hoho ! Répondit Ugo qui nous avait rejoint, coupant la parole à sa future femme. L’équipe des UWS restaure l’endroit d’où elle vient hoho !

– Calme toi donc un peu Ugo. Le reprit le chef des UWS. Nous n’en avons pas encore fini, loin de là. Nous avons commencé il y a à peine quelques mois.

– Vous avez déjà fait du bon boulot ! M’exclamai-je, éblouie par les nouveaux airs du quartier. Vous avez vraiment assuré les mecs, bravo.

– C’est normal, ça vient de nous hinhin. Me répondit Jérôme qui arriva avec son frère. Nous sommes les grands UWS, ça te dépasse la rouge.

– En attendant, Laila a fini son préavis et devient donc la capitaine officielle de la guilde ~ N’oubliez pas que vous êtes membres de la guilde aussi, et on va faire la fête ce soir donc ça serait cool si vous pouviez prendre un jour de congés pour venir nous aider à tout préparer et apprécier la fête aussi !

– Une fête ? O/ C’a l’air fun dis donc ! S’exclama le petit frère, enthousiaste. Allez One point man dis oui !

– Non. Rétorqua sèchement le plus vieux du groupe.

– On pourrait installer un karaoké ça serait fun. Renchéris-je avec entrain, repensant aux fêtes précédentes du temps de mon père. On pourrait tous chanter jusqu’au bout de la nuit héhé ~

– Tss. Tout ça pour faire venir ma personne. Je ramènerai mes disques hinhin.

– Il ne résiste pas à ses chanteuses….Soupira Ugo.

– T’peux parler sale gland t’es toujours avec ton piaf de merde ~ Renchérit Jessica face au brun. Vous êtes tous des déglingués dans votre équipe de gros tas de merde ~

– T’es des nôtres la blonde n’oublie pas. La coupa le grec, faisant ruminer la blonde de rage.


Amusée par la scène que je n’avais jamais eu l’occasion de voir, j’étais contente de voir que Juuni, la femme d’Ugo dans le présent, avait réussi à se lier avec lui malgré tout ce que nous avions modifié dans le passé. Nous avions vraiment trop pris à la légère le voyage dans le temps lorsque nous étions venus la première fois. Nous ne pensions pas que modifier le destin de personnes sans attaches pouvait aussi modifier le futur sans que l’on ne s’en aperçoive, et Jessica n’était sûrement pas la seule avec laquelle nous avions interféré en agissant dans le passé, pourtant, les actions irréversibles ne pouvaient pas être modifiées, quelles qu’étaient les actions que l’on entreprenait. Pourquoi lors de mon second voyage dans le temps, j’étais partie une nouvelle fois dans le passé pour changer quelque chose qui aurait été bien plus simple à accepter qu’à modifier ? Je ne le savais pas, puisque je n’avais toujours aucun souvenir de mon premier voyage. Quelles étaient les circonstances de mon départ ? Ca je les savais, je voulais modifier le destin de mon père et j’avais échoué, mais je n’avais aucun souvenir de mon voyage en lui-même, de qui j’avais rencontré et de comment cela avait fini, mais cela me choquait de savoir que j’avais fait deux fois la même erreur sans réfléchir, cela ne me ressemblait pas.

Au final, je fis la route plutôt en retrait du groupe, me perdant dans mes pensées tout le long de la route durant. Je voyais le groupe se chamailler et rire, mais j’étais ailleurs, cherchant la réponse à toutes mes interrogations, mais je n’en trouvai aucune, rien ne me venait à l’esprit, et nous arrivâmes avant que je ne puisse chercher d’avantage.

Lorsque nous entrâmes, les UWS partirent dans leur coin aider pour les préparatifs de la fête. Nous allions tous passer un bon moment en fêtant la prise de fonctions complète de Laila. Sans occupation, je décidai de m’occuper de la nourriture, contre toute attente, je n’étais pas la seule à avoir décidé ça puisque Jordan aussi était aux fourneaux. Le rejoignant, je tentai d’entamer une discussion en ignorant les UWS qui avaient entamé leur devise, leur « motto » comme ils l’appelaient, « motto » qu’ils avaient sûrement pompé à un animé pour enfant.

– Salut Jordan ! Je viens aider aux fourneaux ~

– C’est sympa Hayase. Me répondit-il avec le sourire. Je commençais à être débordé à vrai dire. Faire la cuisine pour une vingtaine de personnes c’est difficile hahaha !

– Dire que Laila a vraiment pu reprendre la guilde de Soichiro…Dis donc, je ne m’attendais pas à ce qu’elle décide de faire une fête, je m’attendais plus à un discours sur le désespoir ou autre.

– Laila est vraiment une fille comme il n’y en a pas deux. Elle te montrera toujours un côté très sombre d’elle-même, mais c’est ce qu’elle a vécu qui la rend comme ça. Au fond, elle est une fille superbe qui est vraiment agréable à connaître.

– Sais-tu ce qu’elle a vécu Jordan ?

– Malheureusement non. Elle est très secrète lorsqu’il s’agit de ce qu’il s’est passé dans sa vie. Cependant, nous avons un point commun : nous venons tous les deux du désespoir. Laila et moi nous sommes rencontrés au foyer, il y a quatre ans de cela.

– Toi et Laila vous avez été dans un foyer !? M’exclamais-je interdite. Pourquoi donc ? Enfin, si ce n’est pas indiscret bien sûr.

– Disons que pour ma part…. Je n’ai jamais été qu’une nuisance pour mes parents. Ils m’ont mis au monde pour avoir de l’argent, et une fois que j’ai commencé à coûter plus que je ne rapportais par ma présence, on m’a laissé livré à moi-même. J’ai fréquenté les mauvaises personnes et j’ai été arrêté lorsque je les ai suivis dans une tentative de vol. On ne m’a pas mis la marque des criminels, mais on m’a placé dans un foyer, et c’est là que j’ai rencontré Laila. Elle était au foyer de par sa propre volonté, ça avait attiré l’attention de pas mal de personnes, moi inclus, donc nous guettions tous son arrivée. Quand elle est arrivée avec l’éducateur, dans ses yeux nous avons vu quelque chose de complètement hors du commun. Une abstraction totale soulignée par un sourire dissimulé tandis qu’elle s’avançait dans l’entrée de la cour d’une démarche légère. Nous avons tout de suite su qu’elle avait vécu bien pire que nous tous.

– Je vois… Soupirai-je. Ca s’est donc passé comme ça…. Pourquoi t’es-tu rapproché d’elle au final ?

– Quand tu arrives au foyer, entama-t-il, paisible, la première chose que tu dois faire c’est montrer que tu sais te faire respecter. J’ai donc passé le bizutage du vol sans encombre. Laila, elle, avait passé l’étape aussi, mais dans un second temps il y a ce que l’on appelle la réalisation. Tu percutes que dans cet endroit personne ne viendra te sauver et que ton confort d’antan n’existe plus. Et là tu t’écroules.

– C’est triste…..

– Ce jour-là, Laila m’a vu pleurer. Elle est venue jusqu’à moi et a séché mes larmes. Plongeant son regard bleu dans le mien, elle ne m’a dit qu’une seule phrase. « Devenons le pilier de l’autre. » Et elle avait raison, si dans ce monde tu n’avais pas de pilier, c’était impossible de continuer. Elle m’a alors appris que pour ne pas céder au désespoir, il était plutôt judicieux de l’embrasser. Un homme qui connait le désespoir sait les frontières à ne pas franchir pour garder ses esprits, c’est ce qu’elle disait souvent.

– Drôle de conception de la vie…Dis-je en feignant la moquerie.

– C’est pour ça qu’il n’existe pas deux filles comme Laila. Un jour nous avons fugué et nous sommes arrivés jusqu’ici. Laila m’a dit que nous y serions bien, et elle avait raison. Par sa présence et ses efforts, Soichiro Namatame l’ancien leader m’a donné des personnes qui me regardent pour la personne que je suis, et c’est l’essentiel dans une vie. J’ai connu Nicolas, Nathan, et ce garçon qui parle toujours de l’espoir mais dont j’ai oublié le nom et le visage, et j’en suis heureux.

– Je vois. Souris-je. Moi aussi cette guilde m’a beaucoup apporté. Je ne suis pas présente depuis aussi longtemps que toi Jordan, mais je peux te dire qu’il y a quelque chose de bon qui flotte dans l’air ici, comme si quel que soit l’obstacle, il était franchissable.

– Tout ça, je le dois à Laila et à Soichiro. Quand le leader est parti, j’ai eu un peu de peine et j’ai eu peur sur le fait que Laila et moi allions être vulnérable comme avant, mais il m’a assuré qu’il n’y avait aucun danger donc je lui fais confiance.

J’allais répondre, mais je fus interrompue par le bruit du micro-ondes qui avait réchauffé un des ingrédients nécessaire à la préparation du grand gâteau pour la fête. Repensant à l’échange que j’avais eu avec Jordan, je me demandais ce qui avait pu le faire basculer dans un tel ressenti de méchanceté envers mon père. Qu’est-ce qui avait transformé ce garçon si charmant et semblant assez sentimental en un homme ne vivant que pour la vengeance ? Je n’en avais aucune idée.


Quelques heures passèrent et le soir arriva, laissant place à notre fête exceptionnelle en l’honneur de la passation de leadership. Tout le monde alla se changer et prit place dans la salle commune où moi et Jordan avions finalement réussi à dresser suffisamment de nourriture pour remplir les estomacs de tout le monde ici, malgré mes innombrables bourdes lors de la préparation. Nous étions satisfaits de notre collaboration et du moment passé ensemble. Echangeant un regard complice : chacun laissa l’autre vaquer à ses occupations en vue de cette soirée prometteuse. J’avais appris pas mal de choses question cuisine aujourd’hui, et c’était grâce à Jordan qui avait pris le temps de me guider.

J’attrapai une assiette que je garnis avant de me jeter sur Kôsei qui regardai tout le monde d’un coin de la pièce, tel un vigile qui cherchait un fauteur de troubles. Le taquinant, je lui présentai l’assiette avec le sourire. Il l’accepta et me laissa me poster à ses côtés pour parler un peu.


– Kôsei qui participe à une fête, voilà qui est peu commun ~ Le taquinai-je. Dis donc jeune fou, aurais-tu trouvé un intérêt dans l’aspect communautaire de cette guilde ?

– Je ne fais que suivre les ordres de dame Laila. Répondit-il de par sa rigidité naturelle. Ma dame a demandé de l’aide, j’ai répondu à sa demande comme tout serviteur est sensé le faire. Il n’y a rien d’étonnant à cela.

Le jeune homme s’arrêta un moment, prenant le temps de manger en regardant tout le monde danser, rire et chanter. Il ne me regardait et ne parlait pas, réfléchissant sûrement à quelque chose d’important. Je n’osais pas briser le silence de peur de fragiliser les liens qui étaient déjà assez difficiles avec le jeune homme. Lorsqu’il reprit la parole, ce fut pour quelque chose de tout à fait inattendu.

– Ce que tu as préparé… Entama-t-il avec ce qui semblait être une gêne. C’est bon. Cela faisait longtemps que…Je n’avais pas mangé quelque chose d’aussi bon.

– Enfin ! Criais-je, satisfaite de moi. Hiroki va s’en mordre les doigts lui qui me vanne toujours là-dessus ~ Mais tu n’as pas des parents ou une petite amie qui te prépare des bons petits plats ?

– Je mange le plus souvent en lance pierre. Me répondit-il. J’emporte un petit quelque chose et c’est comme ça. Je ne vois pas souvent mes parents. Ils sont présents mais ils ont un travail très prenant. Ils sont tous les deux policiers dans la brigade criminelle. Ils sont partenaires au travail.

– C’est plutôt romantique d’être partenaires de la sorte ~ Et pas de petite amie ? Tu n’as de vue sur personne ?

– Disons que…La personne à laquelle je pense n’est pas du monde duquel je viens.

Je m’arrêtai quelques secondes en regardant Kôsei avec tendresse. Il avait montré beaucoup d’aspects plutôt durs et sombres de sa personnalité, mais lui aussi cachait au fond de lui quelqu’un de normal et éprouvant autre chose que du mépris pour ce monde. Mais avant que je n’enchérisse, il reprit, me coupant dans mes pensées.

– Tu sais Hakaze, me dit-il, j’ai appris dans ma vie que le plus profond est ton espoir, le plus amer est le goût qu’il laisse une fois qu’il est parti. C’est pour ça que je voulais décharger tout le monde de leurs espoirs, pour protéger ce monde de la souffrance, du vide laissé lorsqu’il s’en va.

– Je peux comprendre….

– Pourtant, même ma dame qui prône le désespoir à toutes les sauces se bat encore et encore pour assurer l’avenir de ses deux petits frères. Même si elle pourrait vivre dans son coin, elle a choisi de vouer sa vie à cette cause plutôt que de ne penser qu’à elle et profiter de son temps. C’est pour ça que moi aussi j’ai décidé de mettre le passé de côté et de me battre pour ma propre notion de l’espoir. Je veux qu’elle vive heureuse, parce qu’elle m’a rendu heureux et que si elle avait pu ramener mon bonheur, elle l’aurait fait.

– Encore une fois, je te comprends. Il existe pour moi aussi un homme pour lequel j’abandonnerais mon existence, créerais un paradoxe afin de lui assurer une vie meilleure. Et c’est lui qui m’a amenée à faire ce voyage. ~ Au final, je sais pourquoi nous nous sommes rencontrés ici.

– Hum ? Pourquoi donc ?

– Ton affection pour Laila est aussi forte que mon affection pour mon père. Nous pouvons changer le monde pour le sourire de l’autre, et c’est suffisant pour se motiver n’est-ce pas ?

– Tu as raison. Me répondit-il, rigide.

Une fois de plus, alors que j’allais entamer un autre bout de conversation, je fus surprise par quelque chose d’autre. Enfin quelqu’un d’autre. En effet, la musique changea de tempo, passant à un rythme plus doux et lent, un slow, et contre toute attente, la leader qui avait fini de parler avec Jordan s’avança vers moi et Kôsei. Une fois arrivée devant nous, elle posa son regard sur le jeune homme , avant de prendre la parole de son ton abstrait habituel.

– Mon serviteur me fera t-il l’honneur d’être mon cavalier ce soir ? Lança la brune ébène avec le sourire.

– Les demandes de ma dame sont des ordres. Lui répondit alors le garçon avec contre toute attente un léger sourire affiché sur les lèvres.

– Alors fais-moi danser, Kôsei. ~ Se contenta-t-elle de répondre.

Il lui prit la main, puis l’entraîna sur la piste de danse sous mon regard amusé. Même si nous n’étions pas à notre place, prendre des libertés de ce genre n’allait faire de mal à personne. Pour ma part, je restais en retrait en regardant la scène. Ugo qui dansait avec Jessica en se disputant, les autres UWS chantant leur hymne, Jordan qui discutait avec Mathieu et Nathan qui boudait face à Nicolas qui essayait de le faire s’amuser….Tout était exactement comme nous l’avions laissé mes parents et moi. Dix minutes, puis vingt, puis une heure, tout était parfait, absolument parfait. Mais il n’existe aucun tableau sans ombre, et j’aurais dû m’en douter, puisque quelques dizaines de minutes plus tard, un bruit sourd comme une explosion retentit non loin de nous, ce qui alerta tous les membres de la guilde.

Nous nous arrêtâmes tous dans notre fête, sauf Jérôme qui était bien trop occupé à chanter du Silent Siren pour s’occuper de ce qui se passait ailleurs. Laila fut la première à montrer des signes d’inquiétude tandis que nous étions tous sceptiques par rapport à la situation. La leader sortit, Kôsei la suivit et je suivis Kôsei. Et lorsque nous ouvrâmes les portes de la guilde, nous nous aperçûmes de quelque chose de spectaculaire, spectaculaire dans le mauvais sens cependant. En effet, quatre hélicoptères étaient face à la grande baraque qu’était la guilde, et à la surprise générale, ces hélicoptères avaient attaqué l’aile gauche du bâtiment d’un missile projeté dessus. Il n’en fallut pas plus pour comprendre qui nous attaquait. Aussi, Laila rentra dans la guilde et nous la suivîmes. Arrivée dans la salle commune, elle prit la parole à l’intention des personnes encore présentes.

– La situation est grave. Déclara-t-elle avec inquiétude. Nous sommes attaqués.

– Attaqués !? S’étrangla Jordan, ne pouvons-nous pas riposter ?

– Nous sommes trop faibles et surpris. Répondit le grec en affichant une attitude de leader. Je me demande qui pourrait nous en vouloir, mais là n’est pas la question. Nous n’avons qu’une seule option à ce niveau : Battre en retraite.

– Il a raison. Approuva Jessica qui semblait revivre quelque chose de terrible. Nous ne pouvons que nous barrer sinon c’est mort.

– Nous n’avons pas de temps à perdre. Concrétisa la leader. Partons.

Sur les ordres de Laila nous évacuâmes tous en urgence du bâtiment qui se prit un autre missile dans l’aile droite cette fois. Nous nous dépêchâmes de nous diriger vers la sortie de l’arrière que l’on utilisait en cas d’urgence. Lorsque nous fûmes tous sortis, alors que nous pensions pouvoir filer à l’anglaise et sans dommages, nous nous aperçûmes de la triste vérité : des voitures nous attendaient.

Nous n’eûmes même pas une seconde à nous que les personnes dans les voitures commencèrent à tirer, nous forçant à fuir. Sous mes yeux horrifiés, une page dont j’ignorais l’existence était en train de s’écrire. L’histoire se jouait sur un décor de banlieue sombre dont le paysage était brouillé par la fumée des armes à feux. Elle se jouait sous le bruit des coups de feu et des cris sourds de leurs cibles, ainsi que sur les cris résonnant de leurs camarades qui ne pouvaient se retourner pour leur prêter main forte. Par chance ou par coup de pouce du destin, je réussis à attraper la main de Kôsei et à le traîner hors de la course qui avait déjà été fatale pour pas mal d’entre nous. Me cachant dans une ruelle avec lui, je fus prise de palpitations et de suées qui me mettaient dans un état vraiment horrible. Mais je n’eus pas le temps de me reposer puisque Kôsei, enragé, me lâcha la main pour quitter notre cachette. Me mettant devant lui, je lui fis obstacle avec toute ma volonté.

– Ecarte toi Hakaze. Me lança-t-il d’un ton glacial. Je dois passer.

– Je ne te laisserai pas faire Kôsei. Lui répondis-je. Elle s’en sortira sans toi.

– Ne m’oblige pas à utiliser la force. Continua-t-il, toujours glacial. Je sauverai ma dame.

– Laila est vivante dans le futur Kôsei. La laisser se débrouiller seule ne changera rien. Cependant, je dois te révéler une chose. Peu importe combien tu retournes dans le temps, tu ne peux empêcher un évènement irréversible comme une mort ou une naissance. Si on prend les Yumes morts ce soir, si tu les empêche de mourir, ils mourront autrement ce soir, et ce indéfiniment. Kôsei, ce que je veux te dire c’est que si tu prends le risque et que tu meurs, même moi je ne pourrai pas te ramener et tu ne pourras rien faire pour Laïla dans le futur !


Ces mots lâchés, j’observai la réaction de mon camarade….Et contre toute attente, il m’écouta et baissa les armes. Il n’avait rien à gagner et tout à perdre en se mêlant de ce conflit, il ne pouvait pas prendre le risque. Moi qui ignorais le sort de Yume Nikki après notre départ, j’avais compris ce soir la rancœur de Jordan vis-à-vis de mon père. Mon père était parti, emportant avec lui la protection qu’il apportait à l’équipe, et ça avait coûté les vies de pas mal de personnes. Alain, Jérôme, Kosta, Mathieu et Nicolas avaient péri derrière nous, et peut être que d’avantage de personnes allaient donner leur dernier souffle ce soir. Je suppose donc que c’est comme ça que Yume-Nikki est devenue nomade et animée par la seule volonté de répandre le désespoir. C’est par ce conflit que Laila a converti son équipe.

Ne sachant plus quoi faire, je m’assis dans la ruelle. En relâchant la pression, je m’écroulai sous l’émotion que je retenais depuis cette minute où tout avait déraillé.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [23/12/2016] à 02:16

Arc Laila 5 : Le changement d'horizon

Tout avait basculé en une fraction de secondes. Comme mon espoir s’en était allé lorsque mon frère s’était donné la mort, celui de ma dame s’était évaporé en quelques secondes également. Je voulais aider ma dame, mais d’après Hakaze, nous ne pouvions pas modifier des choses aussi marquantes que la mort ou la vie. Si ce qu’elle disait était vrai….Alors oui, je ne pouvais rien faire pour aider ma dame, et pire encore, toute action de ma part ne pouvait qu’empirer les choses. Il était donc impossible pour moi d’aider ma dame, j’étais complètement impuissant face à cette situation. Et puisque je ne pouvais pas changer un évènement irréversible comme la mort…Je ne pouvais pas non plus changer la destinée d’Onii-chan…

Je me laissai tomber, les deux genoux au sol, réalisant que malgré le fait que je m’étais résolu à accompagner ma dame, j’avais gardé en tête l’espoir de sauver la vie d’Arata en profitant de ce voyage dans le temps. Mon frère ne voulait pas me quitter, peu importe la coupe de cheveux que j’avais, peu importe les vêtements que je portais, mon cœur restait partagé en parts égales entre ma dame et mon frère. Hakaze qui avait remarqué mon malaise, vint s’installer à côté de moi et se contenta de me consoler en silence, affichant de l’empathie dans son regard. Pourtant, sa seule compassion ne suffisait pas à me faire oublier ce que je venais de réaliser.

– Je ne sais plus quoi faire. Déclarai-je à Hakaze en essayant de garder la face. Je ne sais plus qui je dois choisir entre mon frère et ma dame…

– Tu peux vivre sans choisir, Kôsei. Me répondit-elle avec compassion. J’ai beaucoup de personnes auxquelles je tiens, rien que mon père, mes deux mères et Hiroki, pourtant je ne suis pas obligée de choisir entre toutes ces personnes pour vivre heureuse.

– C’est différent pour moi. Je cours après deux chimères. On ne peut poursuivre deux chimères, il faut faire un choix pour pouvoir avancer. Il te suffit de rester auprès de ceux que tu aimes, mais pour ma part, chaque choix m’emmène dans une direction radicalement différente. Je ne peux donc pas prendre les deux choix.

– Je vois….Soupira-t-elle. J’imagine que tu trouveras les réponses un jour. Quel que soit ton choix, tu l’auras fait avec ton cœur donc je suis certaine que tu n’auras pas à le regretter.

– J’espère…Se contenta-t-il de soupirer.

Nous relâchâmes la pression quelques minutes, histoire de reprendre nos esprits. Nous avions vécu beaucoup de choses avec tous les évènements difficiles étant arrivés à ma dame et à la guilde, et moi comme Onii-chan étions lessivés. Je sentais en plus de ça une fatigue inhabituelle depuis que j’étais arrivé dans ce monde, comme si quelque chose affectait ma capacité à rester en forme. Je n’en avais pas parlé à Hakaze et à ma dame, mais Onii-chan et moi sentions quelque chose qui drainait nos forces, sans savoir ce que c’était.

Mais alors que nous réfléchissions à cela, nous vîmes quelque chose qui nous fit bondir. Les troupes au sol qui affrontaient les membres de la guilde Yume-Nikki prirent la fuite tandis que les troupes aériennes firent de même. Les quatre hélicoptères s’en allèrent en vitesse dans la direction opposée, pourchassés par un cinquième hélicoptère différent des autres, mais m’étant familier.

Lorsque nous sortîmes pour voir ce qu’il en était, nous constatâmes avec surprise que Yume-Nikki avait contrattaqué face aux hommes qui la poursuivaient. Quelqu’un était arrivé dans un véhicule et leur avait prêté main forte, tandis qu’une autre personne en hélicoptère avait fait de même. Revenant discrètement dans le groupe en tentant d’éviter d’attirer les soupçons sur nous, nous vîmes l’homme sortir du véhicule. Il semblait avoir une vingtaine d’années, cet homme aux cheveux bruns et aux yeux gris affichant une expression de mépris sur son visage. Habillé d’une veste noire sur laquelle étaient dessinés des traits jaunes, ainsi que d’un pantalon assorti, il s’avança vers le groupe, très vite rejoint par l’hélicoptère planant au-dessus de lui.

– Tss. Devoir aider une équipe comme la vôtre. Râla-t-il. La nouvelle leader est décidément pitoyable. Alors petite poufiasse t’as eu peur pour ta vie ?

Je serrai les poings et me mis en tête de lui faire ravaler les paroles qu’il avait osé balancer à ma dame, mais Hakaze me stoppa, m’indiquant tout bas de ne pas nous faire remarquer et observer la suite.

– Es-tu venu nous prêter main forte pour nous rabaisser ensuite ? Reprit ma dame, intéressée par l’attitude de l’homme. Je suppose que tu as quelque chose à gagner en limitant le génocide ?

– Plutôt deux fois qu’une ouais ! Beugla l’homme que j’avais envie de liquider sur place en voyant l’arrogance qu’il avait face à ma dame. J’m’appelle Noda. Kuchiki Noda. J’suis un duelliste psychique ancien membre du mouvement Arcadia. Le même que vous avez détruit quelques temps plus tôt.

– J’me rappelais de ta tête mais je ne savais plus où je t’avais croisé. Déclara Jessica en feignant un sourire sur son visage marqué par les évènements du soir. Pourquoi t’es là ?

– Quelle rudesse alors que nous vous avons sauvé ! La coupa une seconde voix féminine cette fois en provenance du ciel.

Lorsque nous levâmes les yeux pour constater de qui venaient ces paroles, nous fûmes tous surpris par l’identité de la personne en question. En effet, au-dessus de nous se trouvait un hélicoptère aux couleurs de l’armée qui descendit rapidement au sol, et de cet hélicoptère sortit celle qui avait trahi mes ordres dans le futur, celle qui avait piétiné tous les efforts de ma dame et qui avait ramené Zetsubô à la vie dans notre époque. Toujours habillée de sa tenue militaire habituelle, elle s’avança vers nous, enlevant sa paire de lunettes noires afin de pouvoir affronter le regard de ma dame.

– Enchantée, Serizawa Laila. Commença-t-elle. Je m’appelle Cécilia. Marciela Cecilia. Je suis également une duelliste psychique de l’ex Mouvement Arcadia, mais aussi et surtout une amatrice d’engins et de moteurs en tout genre ~

– Je vois, vous êtes tous les deux d’Arcadia. Enchaîna ma dame, elle aussi encore submergée par l’émotion. Venez-vous réclamer vengeance pour la destruction de vos bâtiments ?

– On aurait pu vous laisser vous faire tuer comme des merdes et on l’aurait eu notre vengeance ! Râla l’homme qui était désormais inscrit sur ma liste de victimes. Cependant, nous aussi on est dans la mouise tu vois.

– Comment ça dans la mouise ? S’avança alors Jessica qui semblait concernée par le problème.

– Les gardes. Reprit Cécilia. Suite à la dissolution d’Arcadia, Sayer, le leader de notre mouvement, a été incarcéré dans la prison de Nanba, là où sont incarcérés les criminels à risque. Cependant, les actes commis sous les ordres de Sayer sont considérés comme criminels même si la plupart étaient issus des ordres de Rex Goodwin. Tous les membres du mouvement Arcadia sont donc traqués en permanence afin d’être incarcérés à leur tour.

– Oi, la stoppa Jessica. J’ai pas été traquée ces derniers temps pourtant j’étais visible. Tu te fous de ma gueule ou ça se passe comment ?

– Laisse-moi donc y venir. Ils surveillent toutes les personnes, toi incluse. Cependant, les membres du mouvement qui se sont réinsérés dans la société par le biais de boulots ou autres affiliations ont été laissées à leur vie au bout de quelques mois de bonne foi. Moi et Noda sommes les derniers à n’avoir aucune affiliation.

– Et c’est là que j’entre en jeu n’est-ce pas ? ~ Reprit ma dame avec le sourire en essayant de montrer l’attitude d’une leader.

– Exact. Lui répondit Noda. Les seuls boulots qu’on m’a filé c’est récurer les chiottes et je ne me suis pas cassé d’chez moi pour ça tu vois. Donc moi et la pouffiasse qui m’accompagne on aimerait rejoindre ta guilde la moche.

Je ne pus me retenir d’avantage face à la manière dont il parlait à ma dame, et cette fois, les protestations d’Hakaze ne suffirent plus à me faire taire. Je m’avançai devant ma dame pour faire face à l’homme qui avait eu l’audace d’élever la voix face à elle. L’assassinant du regard, je pris la parole à mon tour, bouillant de l’intérieur.

– Qui es-tu pour t’adresser de la sorte à notre leader ? N’as-tu aucune notion de respect ?

– J’ai jamais eu de respect pour mes vieux, j’en aurai pas pour ta pouf mec ~ Me répondit l’autre inconscient.

Il n’en fallut pas plus pour me faire perdre le contrôle. Les traits de mon visage se durcirent tandis que ma colère se faisait de plus en plus pesante dans l’atmosphère. Je sentais les vents devenir lourds autour de moi tandis que je fixai les yeux de l’homme avec toute l’animosité que j’avais à l’intérieur. Amusé, il reprit la parole, conscient qu’il se jetait dans un affrontement.

– Tss, j’vais t’apprendre une leçon tu vas rien piger toi. Me lança-t-il , un sourire sadique aux lèvres.

– Je ne bougerai même pas le petit doigt. Déclarai-je froidement. Onii-chan, dégage moi cette merde.

Répondant à ma demande, une lueur bleu ciel m’entoura et sortit soudain de mon corps pour illuminer cette avenue sombre de Satellite. La lueur devint une lumière éclatante de laquelle sortit Saffira la reine des dragons, sous les regards abasourdis de la plupart des membres de la guilde.

Mon dragon se lança à l’assaut de l’homme qui tenta de résister grâce à ses pouvoirs psychiques, mais il ne fit pas le poids et se fit littéralement exploser par la puissance de l’attaque de mon grand-frère. Elle le propulsa loin dans les cieux jusqu’à ce que l’on ne le puisse plus le voir.

Une fois l’homme disparut, je me tournai vers Cécilia, la regardant d’un air tout aussi sinistre, voir même avec d’avantage de haine puisqu’elle était la responsable de trop de malheur dans le futur. Mais alors que j’allais l’attaquer également, je sentis quelqu’un m’arrêter. Une main de posant sur mon épaule qui me fit me retourner, mais je ne pus m’en défaire puisque lorsque je tournai la tête je constatai que c’était ma dame elle-même qui m’avait stoppé dans mon offensive. Ne comprenant pas son attitude, je cherchai une réponse dans son regard.

– Tu es une aide précieuse, Shuuei. Mais ces personnes font également face à leur lot de désespoir. Ils ont également le droit de venir dans la guilde.

– Dame Laila ! Criai-je, déstabilisé. Vous ne comprenez donc pas ! Dans le fu… —

– Je te l’ai déjà dit. Murmura-t-elle avec le sourire. Ne change pas mon destin, n’interfère pas dans ma mission. Si cette femme me cause du tort à l’avenir, c’est qu’elle doit le faire ainsi. S’il te plaît, fais-moi confiance.

Je m’arrêtai quelques minutes, fixant ma dame dans les yeux. Elle semblait vraiment déterminée à suivre sa route jusqu’au bout….Même si elle n’en savait pas l’issue. Je ne pouvais pas la laisser faire ce choix….Mais ce choix, c’était le sien. Je devais m’y résoudre. Lançant un dernier regard hostile à celle qui était habillée en tenue de militaire, je me rangeai sur le côté, demandant à Saffira de ramener celui qu’elle venait d’envoyer valser parmi nous. Mon esprit du duel s’exécuta et ramena l’homme parmi nous. L’impact l’avait bien amoché : il respirait difficilement à quatre pattes au sol.

Le prenant de haut, je lui donnai néanmoins un avertissement supplémentaire.

– Je n’hésiterai pas à te briser les os et à t’enterrer vif si tu manques une nouvelle fois de respect à ma dame. Déclarai-je avec froideur. J’ai déjà tué, je peux très bien recommencer.

– Tss……Regarde toujours derrière toi, un jour je serai derrière et je te tuerai d’une seule attaque sale fils de pute. Me répondit l’homme avec difficulté.

Ignorant la menace futile de l’homme, je me rangeai sur le côté, laissant ma dame et ses nouvelles recrues entreprendre la suite. Tout le monde était sur le coup de l’attaque qui avait coûté pas mal de vies humaines dans la guilde, mais tout le monde avait trouvé un minimum de paix grâce à l’attitude de la leader qui affichait une mine solide d’apparence, mais brisée de l’intérieur si l’on savait y voir.

Nous rentrâmes donc tous à la guilde, ramassant sur le chemin les cadavres de ceux qui avaient donné leur vie dans l’attaque du soir. Une fois rentrés, nous nous posâmes dans l’entrée principale, la seule qui n’avait pas subi de dégâts. Tandis que chacun se laissait aller à la pression de ce soir qui retombait, je m’éclipsai dans les jardins de la guilde, emportant avec moi les corps des victimes.

Une fois dans les jardins derrière la guilde, je pris la pelle qui était plantée dans la pelouse et je me mis à creuser. Ayant été confronté à la mort de mon grand-frère, je savais ce qu’était d’y être confronté et surtout le fait que personne n’allait avoir la force de leur donner de dignes funérailles après la charge émotionnelle du soir. Je décidai donc de rester en retrait de la foule et de creuser ces tombes. Cependant, alors que je pensais passer ma soirée seul, je fus rejoint par Jordan qui vint s’exiler dans les jardins également. Son visage était patibulaire.

– Que fais-tu ici Jordan ? Lui demandais-je, inflexible.

– Je ne comprends pas comment tu peux garder cette force….Se contenta-t-il de répondre avec tristesse. Tu es venu enterrer ces corps n’est-ce pas ?

– Oui. C’est ce que je suis venu faire. Comptes-tu m’en empêcher ?

– Non…J’aimerais le faire avec toi à vrai dire…Je….

– Tu quoi ? Répondis-je sans émotion afin de secouer mon futur subordonné.

– Ces hommes n’ont pas de nom ailleurs qu’ici. Ils n’ont plus de parents, ils n’ont pas de famille ni d’affiliation quelconque…S’ils n’ont pas de dignes funérailles, personne ne les reconnaîtra comme ayant existé…C’est pourquoi que j’ai pris la décision de porter le poids de leur existence tout au long de ma vie.

– Je comprends. Répondis-je plus doux cette fois. Quand une personne meurt, si personne n’est là pour se souvenir d’elle c’est comme si elle n’avait jamais existé n’est-ce pas ? Je fais moi aussi vivre quelqu’un en moi pour le faire exister tout au long de ma vie.

– C’est donc lui….Ce fameux « Onii-chan » dont tu parles toujours ?

– En effet. Et c’est pour ça aussi que je suis venu enterrer ces corps. Pour leur donner une mort réelle plutôt que de laisser leur existence s’envoler en fumée.

Sans me répondre, le jeune attrapa une autre pelle qui était dans le jardin et commença à creuser avec moi. Les minutes passèrent tandis que seuls les bruits de nos pelles brisaient le silence de cette nuit sanglante. Je jetai des regards discrets à Jordan dont l’expression était noyée dans la tristesse. Il restait silencieux, ruminant à l’intérieur de lui les évènements de cette nuit tragique…Exactement comme lorsqu’Onii-chan s’était donné la mort ce soir là.

La première tombe creusée, j’y déposai le corps de cet homme qui aimait chanter les chansons de ce groupe de filles délurées. Jordan prit ma place et présenta ses respects à la dépouille en priant devant elle. Il fit de même pour chaque personne que nous déposâmes sous terre, et nous finîmes une ou deux heures plus tard.

Une fois le travail terminé, le jeune homme se laissa tomber au sol, fondant littéralement en larmes devant moi. Je fus surpris par ce changement soudain d’atmosphère du côté de Jordan, mais avant que je ne puisse dire quoique ce soit, ce fut lui qui m’indiqua le ton à prendre en hurlant ce qu’il avait sur le cœur.

– Tout ça c’est de sa faute !! Hurla-t-il. Pourquoi nous a t-il laissé tombé !!!? Pourquoi il a fallut qu’il nous laisse tous derrière, livrés à nous-mêmes !!!? Sans lui…Sans lui nous ne pouvions pas nous défendre….Quand…Quand il était là…Personne n’osait nous attaquer…Et maintenant…Tout le monde est…

Sans prononcer le moindre mot, je regardai le jeune homme d’un œil distant. Il me rappelait moi il y a quatre ans en apprenant la mort de mon frère. Rien ne pouvait me consoler, et rien ne pouvait le consoler non plus. Il devait choisir son propre chemin, et c’était exactement ce qu’il était en train de faire.

– Je prendrai vos vies avec moi. Déclara-t-il en se relevant. J’emporterai vos espoirs et vos souvenirs, et je vivrai pour assouvir votre vengeance. A cause de lui, tout a été détruit….A cause de lui, vous cinq avez perdu la vie ce soir…A cause de lui…Je suis de nouveau seul….Je….

Jordan marqua un silence avant de reprendre la parole, affichant sur son visage toute la haine du monde.

– Je te tuerai, Namatame Soichiro.. Je te ferai regretter d’avoir laissé toutes ces vies à l’abandon….

– Je vois, c’est donc ça qui te motive, Yatsu. Déclarai-je avec spontanéité.

– Y..Yatsu ? Bégaya-t-il, surpris par ma pensée. Comment m’as-tu appelé ?

– Laisse tomber. Repris-je tout aussi glacial. N’oublie surtout pas ton combat. En jurant vengeance, tu as donné ta vie à ceux qui sont morts ce soir. Ne la gaspille donc plus et voue là à cette cause. Si tu faillis à cette tâche, tu subiras le désespoir le plus profond.

– Tes mots….On dirait ceux de Laila…Murmura-t-il en affichant un léger rictus. J’imagine que tu as raison…C’est comme Laila me l’avait dit. A trop s’attacher à l’espoir, on finit bien trop vide lorsqu’il s’en va.

– Les mots de Dame Laila ont le pouvoir de réveiller quelque chose en les autres. Lui répondis-je. Tu comprendras de quoi je veux parler plus tard, lorsque ma dame aura établi son empire.

– Comment peux-tu parler avec tant de certitude ?

– Je sais le potentiel de ma dame, et je crois en l’avenir qu’elle propose. Si tu as confiance en elle, alors elle te rendra heureux, crois-moi.

Je me tournai vers l’homme et à ma grande surprise, comme la dernière fois, mon visage s’était illuminé d’un sourire. Chaque fois que je mentionnais le nom de ma dame et que je parlais d’elle, je souriais. C’était une réaction de mon âme même à la pensée de ma dame. Il n’y avait aucun doute à avoir, mon âme comme mon corps étaient éperdument amoureux de ma leader, de Laila Yamada qui m’avait sauvé du naufrage.

– Je comprends des choses. Me répondit Jordan. Ce sourire chaleureux je l’ai déjà vu quelque part. Dis, Shuuei, toi aussi tu viens du futur n’est-ce pas ?

– Comment ça du futur ?

– Il y a quelqu’un en moi dont je n’arrive pas à me souvenir exactement. Je ne connais ni son visage, ni son allure, mais je me rappelle encore de ses paroles et de son sourire. Te voir me sourire avec la même expression m’a rappelé cet homme….Hiroki…Le voyageur du temps….

– Je vois….Soupirai-je. En effet, je viens du futur. Je suis au service de dame Laila dans le futur. Je ne peux te révéler mes motivations, et de toute façon ma présence disparaitra lorsque je repartirai dans mon époque, ne prête donc pas attention à moi tant que je suis ici.

– Je vois…Soupira-t-il à son tour. Il ne me reste plus qu’à me laisser porter par le torrent temporel alors…Merci pour tes paroles, cela m’a fait du bien.

Jordan repartit ensuite dans le bâtiment, me laissant seul dehors. Enfin presque seul, puisque Hakaze qui avait vu la scène me rejoint quelques secondes après. Elle posa sa main droite sur son visage, soupirant avec le sourire.

– Décidément, tu ne connais pas le sens du mot secret toi. Enfin, je suis toute aussi folle que toi lorsqu’il s’agit de sentiments.

– Désolé. Je ne peux pas me retenir lorsqu’il s’agit de ma dame.

– Tu as raison d’agir de la sorte. J’ai moi aussi causé pas mal de désordre en suivant mon cœur, mais c’est comme ça que j’ai appris des choses. Reste toujours toi-même, Kôsei.

Sur ces mots, nous retournâmes à notre tour à la guilde, enfin ce qu’il en restait, afin de nous laisser nous porter par le torrent temporel à notre tour.

Une fois rentrés à la guilde, nous allâmes nous reposer jusqu’au lendemain. L’aurore levée, nous nous levâmes avec elle, fatigués de la course poursuite et du peu d’heures de sommeil qui allaient avec. Nous rejoignîmes les autres….Et nous eûmes tous le malaise en arrivant dans la salle, elle semblait bien vide sans les victimes de la veille. L’UWS était décimée, et le moral général à zéro. Pourtant, ma dame Laila arriva, prenant la parole avec tout le sérieux qu’elle pouvait avoir.

– Mes amis, il est temps de passer un cap. Déclara-t-elle avec conviction. Hier soir, nous avons été attaqués au beau milieu de notre fête et nos camarades ont péri dans cette attaque. Kosta, Jérôme, Alain, Mathieu et Nicolas nous ont quitté, et je ne compte pas oublier leur mort ce soir.

A ces mots, les quelques personnes composant une foule bavardèrent, mais furent interrompus par ma dame qui recommença à parler.

– Les coupables de cette attaque sont une organisation que je connais bien. On l’appelle la fondation du futur.

– La fondation du futur ? S’étonna Jessica. C’est quoi ce nom de merde ?

– C’est une organisation venant d’Australie qui se revendique pour l’espoir et assassine toute personne qu’elle juge suspecte de vouloir apporter le désespoir en ce monde. Je vais être franche avec vous, j’étais leur cible hier soir. La fondation du futur me traque depuis quelques temps et a profité de cette passation de pouvoirs pour me cibler.

– Pourquoi la fondation du futur te prend pour cible, Laila ? Se questionna Jordan.

– Pour la fondation du futur, je suis une menace. Je suis capable selon eux d’amener le désespoir à son paroxysme.

– JPP de ces histoires sérieux ! Râla Nathan qui était toujours exaspéré. Va porter plainte et fais pas chier ton monde avec ton plot twist ultra cliché.

– Tu crois que tout peut se résoudre avec une plainte ? Rétorquai-je glacial, exaspéré par ce manque de respect envers ma dame. Je peux te tuer maintenant pour te faire constater qu’aucun flic ne viendra enquêter sur ta mort si tu le souhaites.

– L’heure n’est pas au conflit. Nous stoppa ma dame. En ces temps de crise, nous ne pouvons pas nous le permettre. Mes amis, j’ai pris une décision difficile hier soir : je vais dissoudre la guilde Yume-Nikki.

– Comment !? S’exclamèrent les membres à l’unisson. Mais, pourquoi la dissoudre !?

– Du calme, ce n’est pas une décision facile à prendre pour moi non plus, renchérit-elle. Cependant, il est évident que les morts d’hier sont de ma responsabilité, je ne peux donc vous mettre d’avantage en danger. Pour ma part, je compte utiliser le domaine dans lequel j’excelle : celui du désespoir, afin de mettre en pièces la fondation du futur et ainsi venger mes camarades morts dans leur assaut.

– Utiliser….Le désespoir ? Se questionna Jordan. Que comptes-tu faire Laila ?

– Je suis en effet capable de répandre le désespoir, et ce grâce à mes connaissances en psychologie. La fondation du futur m’a attaquée gratuitement et a tué mes camarades au nom de l’espoir, je ne peux donc plus voir l’espoir comme une cause juste. Ainsi, je représenterai son antithèse et je vais étendre son influence avant de renverser cette fondation de malheur. C’est pourquoi je ne peux plus représenter Yume-Nikki. Je vais donc quitter la guilde dès aujourd’hui et vous laisser les locaux. Remettez-les en état et déclarez la désertion du leader.

Un grand silence s’installa dans les troupes de Yume-Nikki. Personne n’en revenait à vrai dire, même les nouveaux d’hier ne s’y attendaient pas. Pourtant, l’annonce était réelle : Yume-Nikki allait cesser d’exister et ma dame allait changer de cap. Observant la scène, j’étais curieux de savoir ce qu’il allait advenir de l’équipe alors qu’elle existait toujours dans le futur. Reluquant tout le monde, j’attendais de voir qui allait changer la donne, et ce fut Jordan qui le fit.

– Je te suis, Laïla. Déclara-t-il avec détermination. Je me suis promis de venger mes camarades morts hier, et de plus, tu es mon pilier, je dois donc m’assurer que tu ne me quittes pas.

– J’te suivrai aussi ma poule ~ Enchérit ma vocaliste. J’vais leur botter le cul à ces glands de la fondation du futur. Juger quelqu’un sur l’apparence qu’il donne et le tuer gratuitement, c’rien d’autre qu’un assassinat gratuit, que t’aies l’autorité ou pas.

– J’en suis aussi. Reprit Ugo. J’ai une vengeance à effectuer.

– T’en seras pas toi sale gland. Le coupa Jessica. Hors de question que tu te lances là-dedans. Ils ont encore besoin de toi à Satellite t’as pas fini ton boulot….Et puis la petite a besoin d’un père.

– Elle aura bien plus besoin d’une mère….Hoho.

– Laisse tomber, j’suis pas encore totalement taillée pour être ta pouffiasse qui te fait à bouffer et qui lave ton linge. J’te laisse ça ma poule ~

– Tss, comment oses-tu parler de la sorte au grand sunbird. Sois prudente, Jessica.

– Attends Jessica…..Tu es enceinte !? S’étrangla Cécilia. Toi !? Enceinte !?

– L’autre pouffiasse a le ballon oh la vache ! Enchérit Noda tout aussi abasourdi. Y’a un mec qui l’a engrossée putain !

– En quoi ça vous étonne ? J’ai continué mon Harem hors d’Arcadia ~

– J’en ai raté des choses…Soupira Cécilia. Enfin. J’en suis aussi Laila. Noda sera de la partie aussi. Nous n’avons nulle part où aller de toute façon.

– Ne comptez pas sur moi. Finit Nathan. Yume-Nikki ce n’est pas un cliché sur pattes à coups de nakama no bullshit et de vengeance. Je quitte la guilde, on garde contact si vous restez vivants.

Le jeune homme nous tourna le dos et partit de la guilde sans rien emporter, laissant les autres membres qui se tournèrent vers Hakaze et moi en attente de notre réponse.

– Nous en sommes. Répondis-je, glacial. Cela va sans dire. Nous sommes avec vous, Dame Laila.

Nous nous retournâmes tous vers notre dame avec le sourire, la suivant dans ce tournant décisif que prenait Yume-Nikki. La femme aux cheveux ébènes ne sut pas quoi répondre face à cet enthousiasme pour une mission qui était maculée d’une ombre certaine, mais j’imagine que les doutes dont elle m’avait fait part lorsque l’on était chez son père venaient de se dissiper en voyant l’intérêt que l’on portait à ses objectifs. Elle n’avait certes pas dit toute la vérité – elle ne le pouvait pas d’ailleurs – mais elle en avait suffisamment dit pour convaincre ses troupes.

– Bien. Reprit-elle avec sérieux. A compter d’aujourd’hui, Yume-Nikki est dissoute et devient une guilde nomade. Je vais vous entraîner dans des conditions bien plus différentes qu’auparavant. Je vais vous apprendre à appréhender le désespoir et à en faire une arme. Ainsi, nous pourrons renverser une bonne fois pour toutes la fondation du futur qui n’a fait que trop de morts !

– A mort la fondation du futur ! S’écria toute la guilde avec entrain.


Et ce fut ainsi que sous mes yeux naquit la Yume-Nikki telle qu’Arata et moi la connaissions dans le futur. Ma dame Laila avait trouvé les bases de l’empire qu’elle allait établir au fil des années, l’empire du désespoir, afin de combattre ceux qui avaient pour objectif de l’anéantir, elle et ses frères. Je venais d’assister à la réunion des membres fondateurs de cette nouvelle guilde dont j’allais être tôt ou tard le vice capitaine.

– Je ne connaissais pas cette partie de l’histoire. Me chuchota Hakaze en me prenant à part. J’ignorais qu’après la mort de ma mère cela s’était passé ainsi.

– Je l’ignorais aussi. Ma dame ne m’en avait pas fait mention.

– D’ailleurs Kôsei dis-moi une chose : Pourquoi Laila t’a-t-elle confié tout ce travail et le leadership alors qu’elle avait des alliés de longue date comme Juuni ou Jordan ?

– Je lui ai également posé la question. A ca elle m’a répondu que mon désespoir à moi n’avait pas été affecté par le temps et était donc bien plus puissant. Elle m’a également dit qu’un jour j’allais être confronté à un dilemme que seul moi pouvait résoudre et que cela allait impacter sur son avenir.

– Quel sorte de dilemme ? Demanda ma camarade Hakaze.

– Je l’ignore…Soupirai-je, tout aussi perdu qu’elle en parlant de la situation. En tout cas, j’imagine que nous avons appris pas mal de choses depuis notre arrivée. Je me vois mal suivre ma dame Laila pendant toutes ces années d’errance avec Yume-Nikki.

– Que vas-tu faire donc dis-moi, Kôsei ? ~ Me répondit-elle amusée.

– Je….Comment dire ça sans bavure….Tu as fait énormément de choses pour moi et ma dame, Hakaze, et pour ça , je te serai reconnaissant pendant longtemps. J’aimerais t’aider à mon tour. J’aimerais t’aider à découvrir le pourquoi tu es ici et t’aider à rentrer chez toi en ayant résolu les soucis que tu as.

– Ehhhhh !? S’étonna-t-elle. Je…Je n’ai pas fait grand-chose je t’assure….Et puis…Que va-t-on faire à deux… ? Je ne serai pas plus avancée tu sais haha…

– Nous ne sommes pas deux, souris-je. Nous sommes trois. Tu oublies de compter Onii-chan. Lui aussi veut aider, laisse-nous repayer notre dette.

La fausse rousse s’arrêta quelques secondes face à notre proposition à moi et finit finalement par accepter mon aide avec le sourire. Ces temps passés aux côtés d’Hakaze avaient renforcé les liens que l’on avait elle et moi. Nous étions très similaires au final elle et moi, nous étions tous les deux capables du pire pour nos proches, sans prendre en compte les risques et conséquences, nous pouvions donc former une alliance parfaite et nous allions le prouver en perçant le mystère de sa présence.


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