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[FIC] Les Abîmes du Désespoir
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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [05/01/2017] à 15:02

Arc Hakaze 1 : L'avant et l'après

Après la catastrophe s’étant déroulée durant la passation de la guilde de Yume-Nikki ; Kôsei et moi avions pris la décision de ne pas suivre Laila dans la construction de la Yume-Nikki telle que nous la connaissions dans le futur. A la place, le jeune homme m’accompagnant m’avait fait une confession plutôt étrange : à savoir qu’il voulait me rendre l’aide que je lui avais apportée. Je n’avais pas l’impression d’avoir fait grand-chose, mais il m’assurait que mon aide avait été bien plus précieuse pour lui que ce que j’imaginais. J’acceptai donc sa proposition, nous laissant nous éclipser discrètement des locaux de Yume-Nikki afin de laisser le temps reprendre son cours sans notre intervention. Une fois sortis, nous nous dirigeâmes dans une ruelle à l’abri des regards, et finalement, Kôsei brisa le silence.

– Donc si je comprends bien, tu devais empêcher la venue de la fondation du futur en revenant une heure en arrière, mais pour une raison inconnue tu as été amenée à cette époque directement ?

– C’est tout à fait ça. Repris-je, intriguée par ce qu’il allait me sortir.

– Et c’est Voltanis, le juge du sanctuaire céleste est celui qui t’a envoyée ici n’est-ce pas ?

– En effet. C’est bien lui qui m’a invitée à utiliser la machine à voyager dans le temps.

– Dans ce cas il n’y a pas trente-six solutions. Déclara-t-il, concerné par l’affaire. Il faut aller directement demander des comptes à Voltanis.

– Aller directement le voir !? M’écriai-je. Mais, le Voltanis de notre époque ne connaît pas les ambitions du Voltanis du futur ! C’est impossible d’obtenir des infos du Voltanis de notre époque.

– Même si l’on ne peut en obtenir de lui, on peut obtenir son aval pour les terres du temps. Me répondit sereinement Kôsei qui semblait savoir beaucoup de choses sur le monde des esprits.

– Avoir l’aval de Voltanis…Peu de personnes peuvent y prétendre…Soupirai-je. Il est bien trop rigide…Et puis pour arriver jusqu’à lui, ça sera plus difficile…

– Aie confiance en Onii-Chan. Me répondit mon partenaire, souriant. Onii-Chan va nous guider.

Le jeune homme lâcha mon regard et s’écarta de moi. Il claqua des doigts, faisant apparaître devant lui la personne qu’il appelait « Onii-Chan ». Son esprit du duel, Saffira la reine des dragons, apparut de nulle part pour se placer face à nous. Dérangée par le regard que je posais sur elle, elle prit la forme d’un jeune garçon qui semblait avoir 14 ans à peine. Il était un brun a l’air assez fermé qui ne semblait pas aimer le contact des autres. Pourtant, lorsque le gamin prit la parole, je m’aperçus vite du contraire.

– Sous cette forme c’est mieux non ? Sourit-il devant son ami qui n’était pas du tout choqué.

– Je t’avais dit de ne pas utiliser cette forme. Reprit Kôsei avec froideur. Fais au moins vieillir Arata si tu veux prendre son apparence.

– Je t’ai déjà dit que je ne peux que garder l’image de mon propriétaire que j’avais avant qu’il ne me quitte. Je ne peux pas inventer des souvenirs que je n’ai pas, Baaaaka Kôsei !

– Tu es….Bégayai-je. Qui es-tu ? Tu sembles si….

– Humaine ? Me coupa l’esprit du duel. Je le suis en partie. Mon ancien propriétaire possédait cette image que j’affiche. En gardant en moi ses souvenirs, je peux agir et réfléchir comme lui, tout en pouvant prendre son apparence. Je suis cependant un esprit du duel, mais je réfléchis et j’agis comme Kashiwagi Arata.

– Stupéfiant…Je ne pensais pas que de telles aptitudes étaient possibles….

– Quand Arata est mort, reprit Kôsei, j’ai tellement été noyé dans le chagrin que je me suis mis à imaginer entendre des voix, entendre la voix de mon frère même qui me parlait. Pensant perdre la raison, j’ai cru que c’était la fin pour moi, puis Saffira m’est apparue et m’a confié son histoire. Dame Laïla m’a ensuite proposé de prendre la place d’Arata en tant que Hitotsu, et je me suis construit comme ça.

– C’est assez stupéfiant comme histoire….Répondis-je en hésitant. Il n’y a pas que moi et ma tante qui avons une telle histoire…

– En effet, et elle est loin d’être terminée ~ S’exclama l’esprit du duel en faisant un clin d’œil. Mais l’heure n’est pas au flashback. Tu nous as aidé, Hakaze, je vais donc te conduire jusqu’à Voltanis pour t’aider à mon tour.


https://www.youtube.com/watch?v=8aTOaRB_XX4

J’hésitai un moment face à la détermination de mes deux camarades, mais je n’avais pas vraiment le choix. Il fallait absolument que je trouve les réponses à mes questions et la seule personne qui pouvait m’aider était mon grand-père. Ainsi, éradiquant mes doutes, je me lançai à la poursuite de mes réponses et de la clé pour sauver mon père.

Nous disparûmes ainsi de ce monde afin de rejoindre le monde des esprits. C’était une grande première pour moi que de passer ce portail sans l’intervention de Metaion. Je n’avais jamais vu à quoi ressemblait vraiment le monde des esprits, et à vrai dire, je fus assez surprise en voyant l’endroit dans lequel nous atterrîmes. L’environnement était constitué de montagnes de couleur rouge. Elles s’étendaient à perte de vue, ne laissant pas l’occasion à qui que ce soit de voir ce qui se trouvait autour. Le vent soufflait ; un vent très chaud qui donnait un climat ardent à ce paysage. Les collines rougeoyantes me rappelaient vaguement quelque chose, mais rien de concret.

– Où sommes-nous… ? Bégayai-je devant ce paysage.

– Nous sommes dans les montagnes ardentes du peuple Rubis. Me répondit Arata. Ces montagnes sont une protection pour le peuple du village rubis qui se trouve sous nos pieds. Ils vivent dans un espace souterrain car la plupart d’entre eux sont trop faibles pour affronter les prédateurs de la vallée de Jade qui se trouve derrière ces terres.

– Le monde des esprits semble vaste quand on t’écoute…

– Il a tout un système bien à lui. Me coupa Kôsei qui semblait en connaître un rayon lui aussi. Les espaces du monde des esprits sont divisés en contrées portant chacun le nom d’un joyau. Dans chaque contrée, le joyau dont elle porte le nom est caché, et c’est ce joyau qui donne l’énergie aux esprits du duel alentours. Il permet également de lancer un signal d’énergie à tous les autres joyaux de chaque terre pour maintenir le monde des esprits dans un équilibre permanent.

– C’est plutôt bien pensé…Avouai-je. Et le sanctuaire céleste, où se trouve-t-il ?

– Au-dessus de nos têtes. Répondit le jeune garçon. Il y a une centaine de kilomètres entre ici et le sanctuaire céleste. Je peux cependant vous y amener en volant, c’est quelque chose de facile pour moi.

– Bien. Conclut Kôsei. Nous partons donc pour le sanctuaire céleste. Onii-chan, s’il te plait.

– Yup ! On y va tous ensemble !

Le jeune garçon reprit sa forme de dragon, nous invitant à monter sur son dos pour s’envoler dans les cieux azurs du monde des esprits. Evidemment, nous acceptâmes l’invitation et grimpant sur son dos, nous nous envolâmes vers d’autres péripéties alors que cela faisait déjà quelques mois que nous étions ici, perdus dans le passé Kôsei et moi. Nous avions sûrement encore quelques épreuves à traverser avant de rentrer à notre époque, et je comptais les affronter la tête haute.

Les cieux du monde des esprits étaient sympathiques. Ils formaient une étendue Azur qui semblait continuer encore et encore indéfiniment sans vaciller. Les nuages avaient l’air vraiment…Confortables dirais-je. Tout était harmonieux, et la vue que l’on avait d’en haut était splendide. J’avais vraiment l’impression d’être dans un de ces « pays des merveilles » que l’on contait dans les histoires de princesses pour jeunes enfants. Le vent soufflant en altitude était lui aussi agréable, si bien que je me laissai aller pendant quelques secondes à fermer mes yeux pour en apprécier tous les effets.

Quelques minutes plus tard, nous atterrîmes dans ce qui semblait être le sanctuaire céleste. Il était complètement différent de ce que l’on voyait sur la carte du duel de monstre. Comme si le royaume du sanctuaire céleste avait lui aussi évolué au fil des années pour donner naissance à une civilisation dans laquelle les traditions cohabitaient avec le modernisme du sanctuaire céleste. Ainsi, les quelques bâtisses de style asiatique illuminées par le reflet du soleil dans les nuages étaient les seules empreintes de l’aspect traditionnel du sanctuaire, tandis que les ruelles étaient ornées de peintures récentes et fraîches, et que la végétation abondante aux alentours était entretenue avec tout le modernisme à la disposition des esprits du duel.

– C’est en endroit magnifique, vraiment magnifique. S’émerveilla Kôsei devant le royaume appartenant à mon grand-père. L’air y est frais, et le paysage lumineux…C’est superbe…

– Oui, je suis d’accord. Lui répondit l’esprit du duel ayant repris l’apparence du jeune garçon qui était son propriétaire autrefois. J’aime beaucoup cet endroit. C’est d’ailleurs ici que je suis née. Je dirige une chorale à l’autel du rituel, les hérauts se chargent de faire chanter les divas de la musique pendant mon absence.

– Une chorale ? M’étonnai-je. Vous avez vraiment des habitudes…humaines j’ai envie de dire. C’est amusant.

– La culture humaine est une inspiration pour la culture d’ici. Beaucoup d’esprits ici aiment beaucoup les humains et aspirent à passer dans leur monde, cependant, ils sont pris à parti dans la politique très dure menée par Voltanis vis-à-vis du monde des humains. Il n’autorise les échanges que dans un cadre très restreint, et sa fille Athéna a failli se faire exécuter deux fois pour avoir transgressé ces règles. Par chance, depuis quelques temps, il est devenu moins rigide sur la politique des deux mondes, ce qui nous a permis d’entrer d’avantage en contact avec les hommes.

– Je vois…Soupirai-je en pensant à tout le désordre causé par mon père et ma tante. Votre monde à toute une histoire….J’ai à la fois envie d’en connaître plus, mais à la fois envie de vous laisser en paix, quand on voit les conflits de notre monde on ne peut imaginer troubler l’ordre dans un pays aussi paisible que le vôtre.

Le jeune garçon se contenta de me sourire en silence, approuvant par cette réaction ce que je venais de dire à l’égard du monde des esprits. Nous reprîmes notre chemin jusqu’à Voltanis, qui était selon Saffira dans le grand château surplombant tout le royaume. Il y a quelques mois encore, il aurait été difficile de l’approcher, mais depuis les évènements avec ma tante, il était disponible à quiconque voulait le voir pour contribuer à rendre le monde des esprits meilleurs. Cela me faisait rire d’imaginer mon grand-père rigide et ayant foi en son jugement être à l’écoute des autres, mais au fond, je savais qu’il était quelqu’un de bon.

Nous arrivâmes donc devant le grand château qui surplombait le sanctuaire céleste. Ce château servait à la fois de demeure à Voltanis, mais aussi et surtout de palais de justice. L’autorité de Voltanis était symbolisée par ce bâtiment à l’architecture classique et presque historique dont les murs étaient ornés de peintures représentant les précédents juges du sanctuaire céleste.

Un garde était posté devant l’entrée du château. C’était Saturne, l’agent du jugement. Il était devant l’entrée pour filtrer les intrus éventuels et ne perdit pas de temps pour nous remarquer et nous questionner.

– Eh vous là ! Nous attaqua-t-il d’un ton hostile. Que faites-vous ici, humains !?

– Nous sommes venus rendre visite à Voltanis. Lui répondis-je. Nous avons besoin de réponses à des questions auxquelles nous, humains, ne pouvons trouver de réponse plausible.

– Je regrette, enchaîna l’esprit du duel, mais il est hors de question que je laisse des humains entrer ici ! La dernière fois que des humains sont venus dans notre monde, ils ont blessé toute ma garde avec leurs reptiles et leur dragon ! Je ne laisserai pas ça se reproduire !

Maudissant Reisuke à l’intérieur de moi pour le grabuge qu’il avait causé, je ne savais quel argument avancer pour passer, mais ce fut Saffira qui enchaîna. Elle reprit son apparence d’esprit de duel, sous les yeux presque exorbités de l’esprit du duel qui montait la garde. Reprenant la parole de sa voix naturelle ; une voix grave mais féminine, elle tenta de se faire entendre.

– Allons bon mon bon vieux Saturne, se moqua-t-elle. Tu es tellement myope que tu ne peux reconnaître les bons vieux amis ? Tu te fais vieux tu sais ~

– Sa….Sa….Saffira !? Beugla-t-il, abasourdi par ce qu’il venait de voir. Non…Je…Je….Je t’avais tout de suite reconnue hahaha !!! Même dans l’enveloppe charnelle d’un humain, tu restes le magnifique esprit du duel que tu es…Hahaha !!!

– Bien, j’ai eu peur que tu m’aies oubliée…J’aurais été triste, Saturne. Enfin, je suppose donc que je peux m’entretenir avec Voltanis n’est-ce pas ?

– Mais….Bien évidemment…Lui concéda le garde.

L’agent du jugement s’écarta afin de nous laisser pénétrer le château. Kôsei, qui regardait la scène en restant en retrait, n’avait même pas esquissé la moindre émotion face à ce retournement de situation venant de Saffira. Pourtant, l’esprit du duel semblait avoir une certaine position, une certaine réputation, à l’intérieur du sanctuaire céleste. Si bien que j’étais curieuse de savoir quelle était son véritable pouvoir ici. Avait-elle un pouvoir de décision quelconque ? Faisait-elle partie de l’autorité ? Je n’en avais pas la moindre idée.

Lorsque nous arrivâmes dans le palais de justice, nous pûmes voir un hall d’accueil assez vaste qui donnait sur pas mal de couloirs différents. Il semblait mener à différentes salles d’audiences, chacune régies par un juge aspirant à être le prochain Voltanis. Pour avoir accès à l’un de ces couloirs, il fallait consulter la secrétaire se trouvant à l’accueil, secrétaire qui était dos à nous.

Nous nous rendîmes donc au bureau de ce secrétaire, et Saffira appuya sur la sonnette pour le faire notifier notre présence. Cependant, lorsque la personne en charge des directions ici se retourna, je fus littéralement choquée par l’identité de la personne. Et je n’étais pas la seule, puisque même Kôsei qui ne prononçait pas facilement ses réactions faisait les yeux ronds en s’apercevant de qui allait nous prendre en charge.

https://www.youtube.com/watch?v=34Zwj1ksaeg

– Palais de Justice du sanctuaire bonjour, que puis-je faire pour vous ? Sourit le jeune homme en ne regardant que Saffira dans un premier temps.

– H….Hiroki !!? Hurlai-je à l’intention du secrétaire sorti de l’espace. Mais qu’est-ce que tu fais ici bon sang !?

– H…Hakaze !!? Bégaya-t-il tout aussi fort que moi. Mais pourquoi tes cheveux sont rouges !?

– C’est moi qui pose les questions ici ! Ne détourne pas le sujet ! Comment es-tu arrivé ici !?

– Silence Hakaze. M’interrompit Kôsei de son ton habituel. Il y a bien une explication à tout cela, et ce n’est pas en nous faisant voir que cela arrangera les choses.

Hiroki lança un regard interrogatif à Kôsei. Je ne comprenais pas pourquoi il le fixait comme ça, et je pensais même qu’il allait sortir une connerie dont il avait le secret, mais contre toute attente, ce fut une bombe qu’il lâcha de sa bouche.

– Tu as raison le pirate. S’exclama-t-il d’un sourire niais. Je m’appelle Hiroki, Yamada Hiroki. Je suis un ami d’Hakaze. Et toi tu es ?

– Kôsei, Nishijima Kôsei. Je suis aussi un ami d’Hakaze.

– Tiens, tu ne m’en as jamais parlé Hakaze. S’étonna celui avec qui je partageais ma vie quotidienne. T’aurais pu me le dire que tu fréquentais d’autres garçons. Enchaîna-t-il en masquant de la frustration qui se lisait clairement sur son visage.

– C’est normal que tu ne le connaisses pas Hiroki…Tu ne le connais pas encore. Soupirai-je. J’ai compris. Kôsei, Hiroki a passé sept ans dans le monde des esprits après notre premier voyage dans le temps. Le Hiroki que nous rencontrons ici est celui du passé, celui qui passe ses sept ans dans le monde des esprits.

– HUHHH !? Beugla le petit frère de Laila. SEPT ANS !? Misère…Je ne tiendrai pas sept ans….Ce n’est pas possible…

– Si tu les tiendras ~ Me moquai-je. En attendant, monsieur le secrétaire ; montre nous comment accéder à Voltanis ~

– Si vous voulez bien me suivre….Nous guida Hiroki, dépité par je ne sais quoi.

Amusée, j’invitai mon groupe à me suivre et donc à suivre Hiroki qui nous mena dans un couloir qui débouchait dans un autre couloir. Nous marchâmes quelques minutes, laissant pour seule compagnie qu’un épais silence qui s’était installé dans l’air. Rencontrer Hiroki de nulle part était décidément quelque chose d’inattendu, mais d’assez risible quand on y pensait. C’était amusant de se dire que malgré l’écart d’époques et de chemins, nous nous étions recroisés de nouveau.

Une fois devant la porte, nous nous préparâmes à entrer. Hiroki, qui affichait un malaise prononcé à l’idée d’être devant cette porte, nous mis en garde sur ce qui se trouvait derrière.

– Je vous préviens, soupira-t-il. Ce que vous allez voir derrière…Ne correspond pas à votre idée de Voltanis….

– Comment ça ? S’interrogea Kôsei. Qu’est-ce que Voltanis a de différent ?

– Juge par toi-même…Soupira de nouveau Hiroki en ouvrant la porte.

Et lorsqu’il ouvrit la porte, il y avait en effet un fossé entre ce que nous imaginions de Voltanis et ce qu’il en était vraiment. Le juge du sanctuaire céleste avait abandonné son aspect de monstre de duel pour avoir l’apparence humaine qu’il avait dans le futur….A l’exception près qu’il était torse nu, en short et en sandales, assis en tailleur , parlant à quelqu’un qui était masqué par le contrejour et la distance qui nous séparait.

Lorsqu’il s’aperçut qu’il avait des visiteurs, il lâcha un hurlement de surprise en rougissant, avant de reprendre sa forme rigide de monstre de duel, cet imposant colosse de couleur violet qu’il était au départ. Nous étions tous consternés par ce que nous venions de voir, mais nous fîmes de notre mieux pour oublier ces images traumatisantes.

– Maître Voltanis, commença Hiroki qui tentait de garder son sérieux. Ces personnes désirent s’entretenir avec vous concernant un motif personnel.

– Qu’ils aillent se faire foutre avec leur motif personnel !! Hurla une voix familière venant de derrière. On était en pleine partie putain !

– Je ne t’ai pas demandé ton avis Leocaser ! Protesta Hiroki en hurlant comme un gamin. Ne pourrais-tu pas m’aider à gérer l’accueil plutôt que de passer tes journées à jouer aux cartes avec Voltanis !?

– Naaaah !!! Reprit la voix. Pas que ça à foutre. Démerde toi sale gland.

Hiroki, désespéré, posa sa main face à son visage avant de sortir de la salle, dépité par la tournure des choses. Je comprenais le fait qu’il ne voulait pas passer 7 ans comme ça, mais c’était bien fait pour lui et cela m’amusait vraiment de le voir faire face à ce genre de situation. Le juge quant à lui, fit mine qu’il n’avait rien entendu et continua sa conversation normalement.

– Bien, alors pourquoi êtes vous –

– Eh le vieux ! L’interrompit Jessica en hurlant. C’est à toi de jouer j’te signale !!

– Une minute cousi – Mademoiselle Leocaser. Se reprit le juge avec gêne. Je m’occupe de la requête de ces personnes avant tout.

Je m’avançai face au juge du sanctuaire céleste qui s’était un peu trop laissé aller en fréquentant Jessica, et une fois que je fus face à lui, je repris la parole, expliquant ma situation d’une manière peu conventionnelle….

– Eh grand-père ! Me plaignis-je. Tu viens me voir, tu me dis remontes dans le temps pour aider ton père, et tu me renvoies 14 ans en arrière ! Je suis dans cette époque avec Kôsei et je ne sais même pas ce que je dois faire, comment je dois le faire, et comment on rentre à la maison. Tu pourrais pas m’éclairer un peu là parce que question repères y’a pas pire que toi !

Saffira et Kôsei me regardèrent surpris par ce que je venais de dire, gênée, je me retournai vers eux afin de leur expliquer.

– Enfin….C’est vrai quoi…Murmurai-je en détournant le regard.. J’étais perdue si Kôsei n’était pas arrivé pour me donner un but….

– Il vaut mieux que j’explique. Soupira Kôsei face à mon emballement. Hakaze vous a rencontré dans le futur et vous l’avez prévenue d’un danger imminent concernant son père. Il allait se faire attaquer par une organisation visant à détruire un générateur d’Energie se trouvant dans son habitat. Pour sauver cet homme et sa compagne, vous avez envoyé mon amie ici présente dans le passé, mais ce qui aurait dû être un bond d’une heure dans le temps fut un bon de 14 ans. Mon amie se demande donc pourquoi elle est ici et comment rentrer chez elle ?

https://www.youtube.com/watch?v=homLF23YdEs

Le juge s’arrêta quelques dizaines de secondes, réfléchissant sûrement à l’objet de ma demande. Lorsqu’il reprit la parole, il le fit d’un ton léger et moqueur.

– Dis donc, t’en a mis du temps pour ramener ta fraise ~ Me balança-t-il sans prendre de gants. Je suis le Voltanis du futur ~

– Huuuuh !? Beuglai-je. Mais…Mais…Et le voltanis du passé !?

– Il m’a cédé sa place pour quelques temps le temps de prendre un peu de vacances ~ Il était content de larguer cette fille d’ailleurs. Elle est plutôt forte aux cartes en plus. Bouda-t-il. Enfin bref. Tu as bien fait de venir. Je vais être clair avec toi, ce que je t’ai dit dans le futur pour te faire activer la machine à remonter dans le temps….C’était du bluff total ~

– Du…Bluff ? Comment ça ?

– Je sais que ton père sait se défendre et je lui ai promis de le tuer si ma fille venait à perdre la vie par sa faute. Souffla-t-il avec lassitude. Donc il la protègera y’a aucun soucis de ce côté-là.

– Attends….Tu vas me dire que toute cette histoire sur la mise en danger de mes proches….

– Oui, c’était un mensonge total ~ Reprit joyeusement le juge. J’avais besoin de te faire venir ici, et la capricieuse de petite-fille que tu es n’aurait jamais voulu venir si personne n’était en danger. Maintenant que tu es ici, si tu veux que je demande à Metaion de te renvoyer dans le futur, tu vas faire ce que je te dis d’accord ?

– Oi grand-père…..Bégayai-je, choquée par ce changement de méthodes de sa part. Il est passé où le juge rigide qui ne fait pas de coups tordus et qui est altruiste ?

– Il est en vacances je te l’ai dit. ~ A force de me faire avoir par votre famille, j’ai appris la leçon et je l’utilise aussi.

Saffira pouffa de rire tandis que Kôsei posa sa main contre son visage en écoutant notre dialogue. La cause de mon voyage…Ce sens caché que je cherchais…Ce n’était rien d’autre que du flanc… ? Je m’étais faite avoir du début jusqu’à la fin… !? Mais…Mais quel enfoiré ce grand-père ! Je m’étais faite berner comme pas possible avec la vie de ma tante et de mon père en appât parfait….

– Eh, je ne t’ai pas faite venir pour rien non plus Hakaze. M’interrompit le juge. Dans le conflit du futur, il y a quelque chose qui va t’entraver dans ta progression. Je t’ai amenée ici afin que tu puisses te débarrasser de ce fardeau pour pouvoir pleinement t’épanouir.

– Et quel est ce fardeau ? L’interrogeai-je ?

– Je savais que cette excursion dans le passé allait te faire du bien Hakaze, reprit-il, mais je ne pensais pas que tu allais rencontrer Kôsei dont les circonstances étaient clairement différentes des tiennes. Tu as pu donc en apprendre davantage sur Zetsubô et Yume-Nikki, cependant, il manque une chose pour que tu sois complète. Hakaze, ne t’es-tu jamais posée la question concernant ton premier voyage temporel ?

– Bien trop de fois, mais je n’en ai jamais eu les réponses. Repris-je avec sérieux.

– Et si je te disais….Que je suis celui ayant effacé tes souvenirs de ce premier voyage temporel ? Que me dirais-tu ?

– Vraiment ? C’est ton œuvre grand-père ? Pourquoi avoir fait ça ?

– Je pourrais te l’expliquer, mais cela serait vraiment ennuyeux. Je t’ai donc fait venir ici pour t’ouvrir les portes vers tes propres souvenirs. Si tu acceptes les souvenirs que je te propose, alors tu sauras ce qui a poussé ta volonté tout ce temps. Tu sauras tout sur ton premier voyage, tes motivations, et les conséquences que cela allait avoir dans le futur. Es-tu prête ?

– Je suis toujours prête pour connaître la vérité. Rétorquai-je.

– Bien. Dans ce cas, je t’ouvre les portes vers tes souvenirs. Tâche d’en revenir saine et sauve…Hakaze.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [11/01/2017] à 14:15

Arc Hakaze 2 : Le passé et le futur

Tout autour de moi devint noir. Me sentant être plongée dans la pénombre, sombrant dans les abîmes de mes tourments, je me sentis peu à peu perdre ce qu’il restait de mon humanité, pour ne devenir qu’un monstre assoiffé de vengeance.

Ma vie a toujours été riche. J’ai eu la chance de grandir avec un père aimant, une mère présente, j’avais un environnement familial que j’affectionnais beaucoup et dont je ne me serais séparée pour rien au monde. J’ai connu Hiroki lorsque j’avais 14 ans et qu’il en avait 12, et sans nous nous en rendre compte, nous sommes devenus rapidement quelque chose et nous avons pris notre envol tous les deux pour devenir un couple, puis des parents. De notre union était née un garçon à qui l’on donna le nom d’Hirosuke. Il avait ses yeux tandis que son teint de cheveux était un mélange du blanc de ma mère et du noir de son père, pour ne laisser qu’un gris argenté magnifique qui soulignait son regard bleu. Des années s’étaient écoulées, et des tas de choses s’étaient passées pour au final s’inscrire dans la case souvenirs…Maman avait disparu depuis trente ans déjà, Papa ne s’en était jamais remis, il vivait ses derniers jours en retrait dans cette forêt qu’il avait scellé afin d’empêcher quiconque de l’approcher. Il ne voulait pas me voir, ni voir Athéna ou Hirosuke. Il était digne, digne au point de ne pas vouloir afficher cette image du vieil homme attendant la mort en équilibre sur cette carcasse fragile qu’était la sienne.

Hirosuke avait grandi et était assez indépendant. Il n’avait plus besoin de moi comme il en avait besoin pendant ses jeunes années. Entre mon fils, mon père, et moi…Quelle était la solution ? Pourquoi la famille si aimante et équilibrée qu’était la mienne était partie en fumée de la sorte…. ? Pourquoi….Etais-je si seule…. ?

Je passais mes journées à chercher le pourquoi du comment. Je connaissais l’histoire de mes parents ainsi que l’histoire de ma tante, mais tout cela me laissait perplexe. Si je voulais savoir le pourquoi du déclin de notre famille, je devais avant tout remonter à la source pour savoir quand tout était parti à volo.

– Pourquoi m’as-tu fait venir Maman ? Râla Hirosuke qui ne semblait pas voir venir ce que j’allais lui dire. Tu es agaçante quand tu t’y mets.

– Ecoute ce que j’ai à te dire, gamin. Rétorquai-je sèchement. Je vais partir pendant quelques temps, quelques semaines je pense.

– T’absenter ? Soupira-t-il. Qu’est-ce qui a donc suscité ton intérêt… ?

– Je vais me lancer dans un voyage pour savoir comment aider au mieux ton grand-père gamin. Je vais trouver le moyen de sortir ce vieux débris de sa forêt, j’aimerais que notre famille se retrouve une bonne fois pour toutes tu comprends.

– C’est la mort de Papa qui t’a rendue aussi chiante ou tu l’as toujours été ? Soupira mon bon à rien de fils.

– Ne remets pas ton père sur le marché. Il a fait ses choix et il les a payés. Je veux simplement sauver la famille qu’il me reste, à savoir toi et ton grand-père.

– Et tu as une idée de comment tu vas t’y prendre…….?

– Je dois d’abord percer le pourquoi nous sommes dans cette situation avec ton grand-père. Trop de questions sont sans réponses, et j’ai envie d’avancer.

– C’est chiant….Je préfère me laisser vivre et prendre la vie comme elle vient, de toute façon, on finit tous par crever et tant mieux, cette vie est barbante.

– Je ne peux donc pas compter sur toi pour m’aider je suppose gamin ?

– Tu supposes bien.

Je n’avais plus vraiment d’attaches si ce n’était mon fils, et ce dernier m’avait clairement fait comprendre qu’il n’attendait plus que je reste à ses côtés. Il avait sa propre idée de la vie aussi triste était-elle, mais ça aussi devait être conséquence du chemin qu’avait emprunté notre lignée. Il me fallait trouver une solution pour rétablir l’ordre, et vite avant qu’il ne soit trop tard.

Ainsi, je me mis à réfléchir. Qui pouvait m’aider concernant les problèmes qu’affrontait mon père ? Je n’en avais pas la moindre idée. Après-tout, je ne savais même pas qui était responsable de son tourment actuel. Etait-ce encore la mort de ma mère, ou quelque chose de bien plus sombre que son tragique destin ?

Pour toute réponse à mes questions, je ne désignai qu’un seul guide : Voltanis. Il fallait que je consulte Voltanis et que je le contraigne à me révéler ce qu’il se passait vraiment dans la tête de mon père. Et pour ce faire, il n’y avait qu’une seule solution possible. C’était Athéna qu’il me fallait. Cherchant sa présence à l’intérieur de moi, je tentai d’appeler ma partenaire de bataille, et elle se montra quelques secondes plus tard en guise de réponse.

– M’avez-vous appelée, jeune maîtresse ? Me demanda-t-elle solennellement.

– Il serait temps que tu passes à autre chose mon amie. Rétorquai-je. Cela fait déjà quarante ans que l’on se connaît toi et moi. Plus important, je voudrais m’entretenir avec Voltanis, pourrais-tu me mener à lui ?

– Certainement, jeune maîtresse. Il en sera fait comme vous le désirez.

Sans me poser d’avantage de questions, je fus emmenée directement de chez moi jusqu’au monde des esprits du duel, directement face à Voltanis. Les choses étaient décidément bien rapides, mais ce n’était pour me déplaire puisque j’allais pouvoir régler le pourquoi de ma venue ici le plus rapidement possible, à savoir, trouver une solution pour que mon père retrouve le sourire au moins une fois dans sa vie…

Une fois arrivées, Athéna me lança un regard perplexe, avant de me laisser seule. J’étais seule dans ce qui était autrefois la cour où mes parents avaient payé le prix fort pour leurs « méfaits » vis-à-vis de Voltanis. Je ne le savais pas encore, mais la route que j’étais en train d’emprunter allait à jamais changer le cours de mon existence. Je marchai quelques minutes dans cette salle d’audience déserte, avant d’être surprise par l’arrivée du plus puissant des monstres du sanctuaire céleste, Voltanis lui-même. Il n’était pas différent de d’habitude, mais je sentais malgré tout quelque chose dans son aura qui me faisait frémir. Mais avant que je ne puisse ouvrir la bouche pour expliquer la situation, il me devança et prit la parole avant moi.

– Rentre chez toi, Hakaze. Tu n’as rien à faire ici. Me lança-t-il d’un ton glacial.

– Tu sais pourquoi je suis venue, Voltanis. Je sais que tu connais l’origine du malaise avec mon père. Athéna semble savoir des choses également, mais elle ne me dira rien à ce sujet. Explique moi tout je te prie.

– Penses-tu seulement savoir le pourquoi tout le monde se tait à propos de cette histoire jeune fille ? Il existe en ce monde des choses qui ne doivent pas être sues, quoique tu en dises.

– Je suis venue briser le silence et je pensais qu’en tant que juge impartial tu n’aurais aucune protestation. Je suppose donc que tu n’es pas étranger à ce qui a mis mon père dans cet état n’est-ce pas ? Le juge aurait-il été le coupable dans cette affaire ? Tu es décevant, Voltanis.

– Que tu es présomptueuse. Renchérit le juge d’un air agacé. Comment oses-tu remettre en cause mes intentions ? Eh bien non, tu te trompes. Je suis totalement blanc dans cette affaire, madame la maligne.

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– Dans ce cas, prouve-le, monsieur le juge. Rétorquai-je, mesquine.

– Bien….Puisque tu es assez sotte pour te permettre de remettre en cause mes intentions, je suppose que tu continueras à jouer la maligne lorsqu’il s’agira de faire face à ton passé n’est-ce pas ? Eh bien dans ce cas, je vais t’expliquer le pourquoi du comment concernant Soichiro Namatame. Venons-en au commencement. Je suppose que tu connais l’histoire de tes parents n’est-ce pas ?

– En effet. Répondis-je, attentive.

– Sache que tes parents étaient destinés l’un à l’autre depuis bien longtemps, et ce, même sans le savoir. Avant toute chose, il faut savoir que Téthys et Athéna sont toutes deux originaires du monde des humains. En outre, elles sont également sœurs.

– Comment ça… !? Bégayai-je, abasourdie par ce que venait de me dire Voltanis. Mais pourquoi….

– Pourquoi ont-elles fini dans le monde des esprits ? Me coupa-t-il. C’est une histoire longue mais simple. Cela remonte à des années, a énormément d’années même, puisqu’à l’époque je n’étais pas le juge du sanctuaire céleste. J’étais un simple esprit du duel, et j’avais conclu un pacte avec une humaine également. Cette humaine s’appelait Masaë, Kisaragi Masaë. Elle était la mère de Sirie et Himiko.

– Toi Voltanis…Tu étais lié à ma grand-mère… ?

– En effet je l’étais. Seulement, à l’époque où j’étais le serviteur de celle qui allait donner naissance à mes futures filles, Seuls les joueurs du duel de monstre connaissaient les esprits du duel. Les autres, ils prenaient ceux qui en parlaient pour des fous, voir des personnes prises par le mal lui-même. Mais il existait une troisième catégorie de personnes.

– Quelle catégorie ?

– Ceux qui ne jouaient pas au jeu, qui n’entretenaient aucun lien avec les esprits du duel, mais qui cherchaient n’importe quelle source de pouvoir afin de se l’accaparer. Un groupe de personnes a émergé, des « Spirit Hunter » comme ils s’appelaient. Soutenus par les personnes cataloguant notre présence comme le mal, ils se mirent en chasse de quiconque pouvait leur fournir l’énergie nécessaire d’un esprit du duel à l’époque afin d’obtenir un pouvoir très grand.

– C’est horrible….Terriblement malsain…Mais…En quoi cela explique la peine de mon père ?

– Patience, j’y arrive justement. Parmi les Spirits Hunters, il y en avait un particulièrement fourbe et perfide. Ne se reconnaissant pas dans cette organisation, il a fait cavalier seul et a tué de plus en plus de détenteurs d’esprit du duel afin de s’approprier leurs pouvoirs. Il était le plus cruel de tous ces chasseurs, et cet homme….C’était Fujii Namatame, ton grand-père Hakaze.

– Mon grand-père… ?

– C’est exact. Il entassa les victimes sans être coupable d’aucun crime puisque des tas de personnes voyaient les détenteurs d’esprits comme des monstres à anéantir. Il n’y avait qu’à Domino City, là où le jeu était monnaie courante, que l’on pouvait ne pas être traqué par ces hunters. Cependant, Masaë ma maîtresse ne pouvait pas fuir la ville, puisque son mari n’avait pas assez d’argent pour permettre à ses filles de survivre en cas d’exil. Elle devait vivre en cachant le fait qu’elle était détentrice d’un esprit du duel. Seulement, un jour d’été au ciel dégagé, tout bascula. Fujii Namatame, le Spirit Hunter, arriva jusqu’au foyer de la famille Kisaragi, et ce jour-là, ce fut le jour où notre destin à tous fut scellé.

– Que s’est-il passé, Voltanis ?

– Ton grand-père maternel affronta ton grand-père paternel afin de protéger les siens, mais il fut rapidement tué par la puissance de Fujii. Les esprits du duel qu’il avait capturé devinrent un et s’unirent pour former Garunix le roi du feu, qui réduit en cendres l’existence de ton grand-père d’un seul souffle. Concernant Masaë…Afin de protéger ses filles qui n’avaient que trois et un an, elle se battit en m’invoquant. Nous livrâmes bataille contre le spirit hunter, mais malgré toute notre force jointe, nous ne pouvions vaincre Garunix. Je me pensais alors perdu. J’allais être avalé, absorbé par cette créature infâme née de la soif de pouvoir d’un homme perfide…Malheureusement, j’avais tort.

Alors qu’elle aurait pu utiliser ses dernières forces pour préserver sa vie, elle rompit le contrat nous liant alors qu’elle se ruait vers Fujii et Garunix. Je la vis s’éloigner encore et encore de mon regard sans pouvoir faire quoique ce soit pour l’en empêcher…Et lorsqu’elle fut face à Garunix, tout comme son époux, son existence fut aspirée par les flammes du phénix en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire.

Elle m’avait sauvé, sauvé de ce destin tragique qui m’attendait. Elle avait payé sa vie pour prolonger la mienne…Mais ce n’était pas tout, et je m’en rendis vite compte. En effet, elle n’avait pas détruit notre contrat. Elle l’avait transféré à quelqu’un d’autre : sa fille ainée, Sirie Kisaragi. La petite de trois ans qui ne se trouvait qu’à quelques mètres du chasseur aurait dû se faire détruire par Garunix comme ses parents l’avaient été….

Mais je ne pouvais me résoudre à voir deux fois la même chose se produire.

Me maudissant de n’avoir rien pu faire pour sauver Masaë, je pris une résolution ferme. Je dus défier l’autorité du juge en fonction à l’époque : Néo Parshath. Afin de protéger ces deux êtres d’innocence, je les emportai avec moi dans le monde des esprits, les faisant ainsi échapper à Fujii Namatame.

Lorsque je suis rentré au sanctuaire céleste, je suis allé voir Néo Parshath , le juge, afin de lui expliquer la situation…Et contre toute attente, le juge se montra clément avec moi. Il est vrai que j’étais son bras droit, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il ne m’accorde autant de confiance. Il me confia ce jour-là le rôle de juge, mettant en avant le fait que si j’étais capable de décider par moi-même pour une situation aussi extrême, j’allais pouvoir régner sur le sanctuaire céleste. Je pris ainsi les rennes du royaume, mais aussi la décision de prendre à ma charge les deux filles de Masaë qui avait donné sa vie pour moi, mais qui m’avait aussi confié ses filles en guise de dernière volonté.

…. As-tu perdu ta langue ? Reprit-il avec désinvolture.

Mais il n’obtint pas de réponse de ma part. Tout cela était bien difficile à digérer d’un coup. Savoir que ses grands-parents maternels se sont fait tuer par le grand-père paternel était bien difficile à avaler comme ça. Certes, je savais depuis la catastrophe que Fujii était une pourriture, mais j’ignorais vraiment qu’il en était une à ce point…Quelque chose en moi était en train de naître, comme une sombre fleur en train d’éclore. Je sentais une frustration naissante en moi, et ce n’était que le début puisque Voltanis continua son récit.

– Prenant mon vécu comme source d’inspiration pour régir le sanctuaire céleste, j’interdis énormément de choses en rapport avec les humains, limitant même les passeports donnés aux esprits du duel de monstre pour aller et venir dans le monde des humains à un par an. Mes filles, Himiko et Sirië, avaient pour interdiction de fréquenter le monde des humains, mais l’ainée des deux a malgré tout posé son regard sur l’un d’entre eux…Et cette personne n’était autre que le fils du meurtrier de ses parents : Ton père, Soichiro Namatame.

– Je vois…Je suppose que je connais la suite…Repris-je glaciale. Et donc…Pour mon père… ?

– Lorsque vous avez revu Fujii, il a réussi à trouver le moyen de s’en tirer, et ce n’est qu’il y a quelques années que ton père a appris pour l’implication de son père dans les vies de Sirië et Himiko, mais aussi sur la véritable nature de celle que tu appelles encore Athéna. Il a décidé de s’isoler dans cet endroit jusqu’à la mort en guise de repentance. Pour reprendre ses propres mots lorsqu’il est venu me voir, il « sacrifie les dernières années de sa vie » , il « sacrifie les années qu’il aurait pu avoir avec Hirosuke » , et ce, afin de subir lui aussi la peine infligée à mes filles. Il refuse de voir quiconque depuis, Sirië comprise.

– C’est donc ça, la cause de son mutisme total….Tout ça c’est de la faute de cette enflure de Fujii…..

– En effet. Reprit le juge sans intonation particulière. Je salue le choix de ton père. J’ai compris au fur et à mesure des années que je m’étais trompé sur son compte, et même si cela me tue de le dire…Il a rendu ma fille heureuse et il m’a donné une descendance, mais cela n’effacera jamais le préjudice qu’a causé Fujii à ma maîtresse et son compagnon.

– Je sais. Il n’y a qu’une manière d’effacer le préjudice et de libérer mon père de cette prison qu’il a scellé lui-même. Je dois réclamer vengeance pour toutes les victimes de ce type.

– Voilà pourquoi je ne voulais pas te le dire. Soupira le juge. Crois-tu vraiment qu’une vengeance suffira à effacer les actes passés ? Tu ne vas que te salir les mains.

– J’ai un honneur Voltanis. Ce que je viens d’entendre, jamais je ne pourrai l’oublier. Je suis une Namatame, c’est aussi ma responsabilité de garder un nom propre car ce nom je l’ai donné à mon fils. Donc c’est à moi de laver notre nom.

– Je vois…Soupira de nouveau Voltanis. Tu es bien comme ton père. Bien. Il existe bien un moyen par lequel tu pourrais te venger, mais tu vas toi aussi devoir briser tous les tabous, braver tous les interdits et défier les lois de ton monde pour ce faire.

– De quoi me parles-tu Voltanis ?

– De voyage dans le temps évidemment. Me répondit Voltanis d’un ton supérieur. Tu as l’esprit bien étroit pour la fille d’un scientifique qui a trainé avec la bande à Okabe. Ton père a construit une machine qui a le pouvoir de remonter le temps. Il la garde dans son laboratoire pour que personne ne s’en approche. J’y ai également installé une barrière protectrice que tu pourras franchir une fois que je t’aurai donné l’accès. Tu devras enclencher la machine et revenir dans le passé pour exercer ta vengeance.

– Une fois dans le passé, j’empêche Fujii de devenir le chasseur ?

– Non, tu ne pourras pas empêcher la mort des parents de mes filles. Un acte tel qu’une naissance ou une mort s’inscrit de manière irréversible dans le temps. Tu ne peux l’empêcher même avec tous les voyages dans le temps du monde. Si tu empêches Fujii de tuer tes grands-parents, cela ne l’empêchera pas de les pourchasser jusqu’à la mort et l’honneur de ta famille ne sera pas lavé.

– Dans ce cas…Comment changer les choses ?

– Retourne dans le passé…Et élimine Fujii dans le passé avant que ton père ne sache ce qui est arrivé.

Eliminer Fujii avant que mon père ne sache ce qu’il s’est passé entre lui et mes grands-parents….C’était donc ça qui allait être ma mission dans le passé…

Je m’arrêtai quelques secondes, non pas par peur ou par appréhension, mais parce que le désir brûlant de laver l’honneur des miens par ce crime d’honneur prenait de plus en plus le pas sur moi. Il fallait que je retourne en arrière, à la source, afin de pouvoir prétendre à faire dévier mon père de ce chemin d’amertume et de culpabilité. Il ne me restait plus que ça à faire pour sauver notre union familiale.

J’acquiesçai donc face à mon grand-père, consciente que j’allais m’embarquer dans un voyage difficile, mais plus aucun doute n’effleurait mon esprit à présent. Je ne pouvais plus voir aucun autre espoir pour mon père, ni pour mon fils qui aurait sûrement pris un autre chemin sans ce sale type qu’était son arrière-grand-père. Fujii avait fait trop de mal autour de lui. A cause de lui, la mère de mon père avait subi maintes et maintes pressions morales car elle avait été assez naive pour garder l’enfant d’un homme l’ayant laissée seule après l’avoir mise enceinte. Elle avait assumé seule l’éducation de mon père et y avait laissé sa vie en guise de prix….Tout ça à cause de Fujii….

Je me retournai sans un mot. Les décisions étaient prises, et Voltanis était de mon côté. Tout comme mon grand-père, tout comme mon père, j’allais à mon tour braver les interdits afin de sauver ce qui m’était cher. Braver les interdits semblait être l’héritage familial de la famille Namatame, et j’allais donc en porter dignement les responsabilités en le faisant à mon tour.

Ce fut quelques jours plus tard que je décidai de me lancer dans cette quête assassine. Celle dans laquelle j’avais prévu de mettre prématurément fin à la vie de mon grand-père qui était mort dans des conditions acceptables il y a deux ou trois ans. C’était d’ailleurs à ce moment que mon père et Athéna avaient appris concernant la vie de Fujii et ses œuvres immondes selon Voltanis. Je devais donc revenir quatre ans en arrière pour laver les mains de notre famille une bonne fois pour toutes.

Lorsque je me présentai devant la forêt scellée par mon père, le sceau qui la retenait close disparut de lui-même, me laissant entrevoir l’intérieur de la forêt que je n’avais pas aperçue depuis quelques temps maintenant. Tout y était laissé à l’abandon, comme si plus personne n’y vivait. Les environs verdoyants étaient devenus de vastes étendues de terre grisée par le temps. La fraîche brise qui soufflait habituellement dans cet endroit solennel n’était quant à elle plus qu’un nuage de poussière remuant inlassablement au gré du vent que j’avais amené en ouvrant les portes de l’endroit qui n’avait pas côtoyé le jour depuis des années déjà. Continuant dans cet endroit, je me rendis dans cette faille dans la caverne, celle qui allait me mener au laboratoire de mon père. Je ne voyais d’ailleurs pas où se trouvait mon vieil homme. Et je ne voulais pas le voir. Le simple fait que cette forêt existait encore suffisait à me montrer qu’il était vivant, mais je ne voulais pas garder en mémoire l’image de cette vieille carcasse rongée par le remord et le regret qu’était mon père. L’imaginer suffisait à me détruire le cœur de l’intérieur, je n’avais pas besoin de garder cette image douloureuse en prime.

Cependant, comme si le destin voulait que mon cœur soit suffisamment meurtri afin que je ne recule pas, lorsque je pénétrai le laboratoire de mon père, je l’y vis à l’intérieur. Habillé d’un Kimono poussiéreux, il se trouvait devant le principal générateur de son laboratoire, dos à moi. Le dos courbé, presque en arc de cercle, il était frêle et fragile, à la limite du squelettique. Je ne voulais pas le voir dans cet état, mais je n’avais pas le choix, il fallait que j’affronte son regard afin de partir dans le passé sans regrets.

Mais alors que j’allais m’engager dans l’espace, je fus interrompue par la voix saccadée du vieillard qui n’avait même pas pris la peine de se retourner afin de m’adresser la parole.

– Quand j’ai senti le sceau de ma forêt se briser, je m’en doutais qu’il n’y avait que ma gamine capable de faire ça. Soupira-t-il avec lassitude. Que fais-tu ici ?

– Je suis venue te sauver Papa. Repris-je, troublée par le piètre spectacle auquel j’assistais.

– Je n’ai pas besoin d’aide gamine. Me répondit-il, fier. Si j’ai scellé cet endroit, c’est bien pour t’empêcher d’y venir. Rentre chez toi et laisse-moi seul.

– Pas question ! Hurlai-je. Je ne repartirai pas tant que je ne t’aurai pas ramené à la raison….Même si pour ça…Même si pour ça je dois me salir les mains, Papa !

– Et je suis de tout cœur avec elle, déclara une voix féminine résonnant dans l’espace du laboratoire.

– A…Athéna !? M’exclamai-je, surprise par l’intervention de mon esprit du duel.

– N’écoute que ton cœur Hakaze. Le jeune maître écoutait toujours son cœur envers et contre tout, c’est pour ça que je me suis attachée à lui, c’est pour ça que ma sœur a eu confiance en lui, et c’est pour ça que nous étions toutes les deux amoureuses du jeune maître. Parce que tant que son cœur le lui disait, il se battait envers et contre tout.

– S…Sirië….Bégaya le vieil homme en se retournant, me laissant enfin voir son regard meurtri affichant toute la peine qu’il ressentait de l’intérieur.

– Fonce, Hakaze. Reprit Athéna. Ramène-moi le sourire du jeune maître. Je t’en conjure.

Acquiesçant, je me ruai sur le générateur principal du laboratoire, celui qui contenait toute l’Ener-D nécessaire au voyage dans le temps. La fondation du futur l’avait salement amoché à l’époque, mais mon père avait réussi à le reconstruire au fil des années, comme s’il savait que tôt ou tard j’allais avoir besoin de la machine. Il tenta bien de me stopper, mais il n’avait plus la force d’entraver mes mouvements, et plus il posait son regard sur moi, plus la rage qui me rongeait de l’intérieur prenait le dessus et me poussait à agir. Comme en guise d’ultime résistance face à son refus de me laisser partir, j’ordonnai à Athéna de l’empêcher de nuire, et elle s’exécuta, enfermant temporairement mon père dans une carte de duel de monstres grâce à l’un des pouvoirs dont elle avait le secret.

Lorsque je posai mes mains sur le système de commandes de la machine, mes mains bougèrent toutes seules sous le commandement de Voltanis dont je ressentais la présence. Les réglages se firent tout seul, comme si tout avait déjà été programmé à l’avance. L’un des cercles bleus au sol s’illumina, me laissant deviner que je devais m’y positionner afin de voyager dans le temps.

Je m’avançai jusqu’au cercle, sous le regard approbateur d’Athéna qui me regardait avec tendresse. Me tournant vers elle, je pris la parole à son intention.

– Je te demanderai de rester ici partenaire. Lui dis-je doucement. Je ne sais pas comment ça va se passer ici le temps que je réussisse, si le temps se stoppera ou non, mais il faut quelqu’un pour prendre soin de mon père pendant ce temps. Il n’y a qu’à toi que je puisse le confier.

– Je le sais, reprit la femme d’un ton évasif.

– Je cède notre contrat et je le transfère à Hirosuke. Veille également sur lui s’il te plaît. Il est tout ce que j’ai en ce monde, il est mon espoir.

– Il en sera fait comme vous le désirez, jeune maîtresse.

– Arrête de m’appeler comme ça, souris-je. Nous sommes amies…Enfin, je suis ta nièce. Je reviendrai ma tante, compte sur moi.

Ce furent les derniers mots que je prononçai à l’égard de celle qui était en fait ma tante, Sirië Kisaragi. Une fois ces mots prononcés, je m’avançai d’un pas lourd vers le cercle illuminé au sol, et une fois les deux pieds joints sur ce cercle, je me sentis peu à peu être aspirée dans le gouffre temporel qui allait me mener dans le passé.

Je sentais peu à peu mes forces me quitter, comme si mon existence même n’appartenait peu à peu plus à ce monde. Toute l’énergie qui me rattachait à ce monde était en train de s’évaporer sous mes yeux tandis que mon essence même se faisait comme aspirer par le gouffre du temps. Ce n’était pas spécialement douloureux puisque je n’avais plus rien à faire ici. J’eus simplement une pensée pour Hirosuke, mais elle fut vite dévorée par toute la rage que j’avais à l’intérieur. C’était aussi un voyage qui allait permettre à mon fils de connaître son grand-père d’avantage, et donc de le sauver par la même occasion. Je n’avais donc pas le droit d’avoir peur, et encore moins le droit d’échouer. Tout ce qui importait était ma réussite, ce fut ce que je me dis lorsque finalement je fermai les yeux pour me laisser emporter par mon choix.

Ce voyage était quelque chose que je n’avais jamais expérimenté jusqu’alors. J’étais dans un tunnel aux couleurs étincelantes, du bleu, du blanc et du vert qui formaient inlassablement des bulles lumineuses qui éclataient à la vitesse de la lumière. Je ne pouvais pas avancer, j’étais condamnée à rester rigide, droite, debout et à me laisser être aspirée par le tunnel…Non, par le temps lui-même. J’aurais voulu douter encore, mais je n’avais même pas la concentration requise pour le faire. Mon être était totalement aspiré par ce couloir temporel, et je dus même fermer les yeux pour m’y abandonner totalement car les lumières du couloir me brûlaient la rétine. Même les yeux fermés, je ressentais les lumières dérangeantes. Elles n’étaient plus aussi fortes qu’avant, mais elles restaient très perturbantes. Si bien que le voyage qui avait sûrement duré quelques dizaines de minutes sembla durer une éternité pour moi.

Je sentis plusieurs fois que j’allais perdre connaissance, mais je me raccrochai à ma rage à chaque fois pour ne pas me laisser gagner par la faiblesse. Ainsi, quelques temps plus tard, la pression sur mon corps se fit de moins en moins fortes, et les lumières de moins en moins vives, pour au final se dissiper complètement.

Lorsque je rouvris les yeux….Je vis que le monde autour de moi avait complètement changé. Non, il n’avait pas changé, il était revenu à son état d’origine. J’étais revenue dans le passé. Des années s’étaient écoulées dans l’autre sens et j’étais revenue. Rien n’avait changé sur moi, j’étais toujours cette folle de 45 ans qui était en train de succomber aux ténèbres du désespoir et du mépris, à l’exception près que cette fois, j’allais pouvoir taire ce désir brûlant en moi en accomplissant le pourquoi j’étais venue ici.

C’est ce que je croyais à l’époque. Mais alors que je cherchais à savoir où je me trouvais, le destin m’a encore joué un tour en me faisant faire une rencontre des plus surprenantes, mais qui allait radicalement changer les choses.

Alors que je sortis de la ruelle où j’avais échoué, ce fut une jeune fille aux cheveux bruns et aux yeux verts qui s’afficha face à moi. La jeune adulte au regard expressif et dont l’habillement était assez sombre se stoppa net lorsqu’elle me vit face à elle. Nous étions toutes les deux aussi surprises l’une que l’autre par ce que nous venions de voir, et il nous fallut quelques secondes, non quelques minutes, pour réaliser la situation dans laquelle nous avions été mises.

– Qu’est-ce que….Bégaya cette voix que je n’avais pas entendue depuis longtemps.

– Je suis rentrée, Hakaze. Lui répondis-je. J’ai énormément de choses à te dire depuis le temps. Veux-tu bien m’accorder un instant ?

Et ce fut ainsi que notre histoire commença. Hakaze.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [15/01/2017] à 15:55

Hakaze Chapitre 3 : L'ombre et la lumière

https://www.youtube.com/watch?v=kJKwMjNnhUg

Au-delà des époques, au-delà de toutes les barrières de ce monde, j’avais défié toutes les lois et tous les interdits, mais tout ce qui importait…C’est qu’en ce jour, toi et moi pouvions enfin nous faire face…

– Je suis rentrée, Hakaze. J’ai énormément de choses à te dire, depuis le temps que je cherche à te voir. Veux-tu bien m’accorder un instant ?

– Qu…Qu’est-ce que cela signifie… ? Bégaya celle que j’étais autrefois, autrement dit toi. Tu…Tu es….

– Je suis toi. Repris-je. Je suis Hakaze Namatame. Je viens du futur, une trentaine d’années en avant par rapport à notre époque.

– Comment…Comment est-ce possible ? Papa aurait réussi à inventer sa machine… ?

– Depuis bien longtemps. Il s’est simplement garder de le révéler. Il a utilisé le pouvoir d’Athéna et de l’Ener-D afin de faire des allers temporels. Je ne sais cependant pas si le contraire est réalisable. Mais là n’est pas le problème, Hakaze. Si je suis venue…C’est pour changer le passé.

– Changer…Le passé ? Me répondit mon homologue, dubitative.

– Oui, je suis venue changer notre histoire, mais ça dépend de toi. Dans le futur, Athéna est malheureuse, notre père s’est isolé dans cette forêt jusqu’à ce qu’elle lui serve de tombeau, et tous les deux sont rongés par la culpabilité. Tu as un fils de 20 ans qui n’a aucun goût en la vie car il n’a plus que toi en contact et que toi-même tu rumines du matin au soir…..Et toi….Et moi….C’est l’isolement, l’incompréhension, le rejet, la solitude…Tous ces sentiments négatifs qui se cumulent à l’intérieur sans savoir pourquoi…Je ne veux pas revivre ça de nouveau.

La jeune femme que tu étais marqua un silence prononcé pendant quelques secondes, se méfiant sûrement de ce que je lui disais. Je n’accordais pas ma confiance au premier venu, c’était vrai, cependant, j’avais un argument de taille qui me permettait de mettre en avant le fait que je connaissais beaucoup plus sur moi qu’elle ne le pensait.

– C’est Hiroki le père de mon fils. Notre fils s’appelle Hirosuke, le nom des deux frères Yamada.

– Comment sais-tu pour Hiroki et Rei… —

– Je te l’ai dit, repris-je avec le sourire. Je suis toi, tu es moi, nous sommes justes de deux époques différentes. Me crois-tu désormais ?

Tu te figeas alors quelques secondes, bien trop choquée pour prendre une décision si rapidement. Je t’avais donné presque toutes les cartes que j’avais, j’en gardais une pour te convaincre définitivement, mais je pensais que cela n’allait pas être nécessaire. Et j’eus bien pensé puisque tu acceptas de me suivre dans un coin tranquille. Mais alors que nous allions quitter l’endroit où nous étions, nous fûmes rejointes par le futur père de notre enfant, Hiroki, qui semblait te chercher ce jour-là. Lorsqu’il posa son regard sur moi il fut choqué et s’étrangla presque en buvant sa limonade, mais sur tes simples paroles, il me fit confiance et nous suivit sans se mettre en garde.

Nous débouchâmes tous les trois dans ce parc Tachibana, celui dans lequel se réglaient tous les obscurs business de la ville. Passant le parc familial, nous nous enfonçâmes tous les trois jusqu’à être seuls dans notre coin. Nous dûmes nous enfoncer bien plus loin que nous l’avions imaginé, puisque nous étions dérangés par une femme d’une trentaine d’années qui semblait entraîner un jeu garçon à l’air glacial à jouer au duel de monstre. Ce petit brun aux yeux verts semblait porter en ses yeux toute la haine du monde et était motivé lorsque cette femme aux cheveux noirs lui disait « pense qu’en face de toi c’est ton père que tu affrontes. »

Nous trouvâmes finalement un coin isolé où nous pûmes nous entretenir les uns avec les autres. Je m’installai tranquillement au sol tandis que toi tu avais encore des manières et choisit donc de ne pas salir ce que tu portais. Hiroki, fidèle à lui-même, décida de s’avachir par terre, dans une position dont lui seul avait le secret.

Une fois installés, tu fus la première à prendre la parole à mon intention.

– Pourquoi dans le futur tout va mal ? Me demandas-tu avec inquiétude. Qu’est donc la cause de tout ce désordre dans les esprits de tout le monde ?

– De quoi parles-tu, Hakaze ? Reprit Hiroki, inquiet.

– J’ai appris il y a quelques temps de quoi il en retournait. Repris-je. Notre père , notre mère et Athéna ont toute une histoire derrière eux, et cette histoire dépasse de loin ce que tu en connais actuellement.

– Comment ça ? Repris-tu, concernée par ce que je te disais.

Je te racontai alors toute l’histoire que m’avait raconté Voltanis auparavant. Du sort de nos grands-parents jusqu’à la véritable identité de Fujii notre grand-père, en passant par les motivations qui ont poussé notre père à s’isoler dans son habitat jusqu’à la fin de ses jours. Tout ce que je te dis s’inscrit alors dans ta mémoire, et au fur et à mesure que je te le racontais, je voyais ton expression, ainsi que celle d’Hiroki qui t’accompagnait, devenir livide. Il était vrai qu’après que papa nous ait raconté son histoire à lui et à notre mère, nous nous étions jurées intérieurement de protéger cet homme qui s’était tant battu pour nous donner la vie, mais j’avais l’impression que j’avais soulevé quelque chose de bien plus profond en te racontant ce que Voltanis m’avait transmis. Et ce fut pareil pour Hiroki, puisque son visage se déforma aussitôt qu’il sut le sort réservé à notre père dans le futur. Ses yeux s’écarquillèrent jusqu’à donner une expression malsaine sur son visage, en total contraste avec la personne que je connaissais habituellement.

– Dis-nous ce que l’on doit faire pour changer le futur. Reprîtes-vous du même ton sombre, tous les deux en accord sur votre sentiment vis-à-vis de notre père.

– Si vous voulez éviter la destruction de notre famille à l’avenir, il n’y a qu’une seule chose à faire. Il faut éliminer Fujii avant que papa n’apprenne la vérité à son sujet.

– Comment trouver ce fils de pute ? Reprit Hiroki avec plus de motivation cette fois.

– Il ne se manifestera que dans quelques années, six à sept ans pour être précise. Il viendra à vous, mais il faut que vous soyez prêts à le vaincre, lui qui possède un esprit du duel très puissant à ses côtés. Je vais donc vous entraîner suffisamment pour le vaincre.

– Le vaincre…Dans un duel ? Demandas-tu dubitative.

– Non, le vaincre dans un combat physique. Je vais vous transmettre toutes les connaissances en self défense et en combats que j’ai obtenu au fil des années. Vous aurez mon niveau tout en ayant l’âge de jeunes. A la fin de cette période, vous serez capables de vaincre Fujii.

– Ok. Approuvâtes-vous à l’unisson, déterminés par la vengeance.

Et ce fut ainsi que durant quelques mois, Hiroki et toi vîntes dans les profondeurs de la forêt obscure se cachant derrière le parc Tachibana chaque jour afin de vous entraîner contre moi. Je vous appris tout ce que je savais concernant la self défense et à se débrouiller dans les situations invraisemblables. Entre autres, vos habitudes de cacher des armes dans vos sous-vêtements, vos connaissances sur l’Ener-D, mais aussi sur les angles morts lors d’un affrontement physique, ainsi que d’autres choses, viennent de mon entraînement. Nous avons livré des tas de combats à mains nues ou armées vous et moi, et je sentais que peu à peu, vous deveniez de véritables machines de guerre prêtes à éliminer Fujii. Il ne manquait plus grand-chose pour que vous soyez au top.

Je me procurai facilement trois revolvers grâce au marché noir de la forêt obscure. Ces armes, je vous les présentai le jour suivant et vous fîtes vos premiers pas dans l’utilisation des armes à feu. S’entrainant sur des cibles amovibles ou non, vous devîntes rapidement des tireurs hors pair, ce qui ne me laissa plus qu’une dernière chose à faire avant que vous ne soyez parfaits.

– C’est le dernier jour d’entraînement. Vous déclarai-je froidement, gardant mon rôle d’entraîneuse. On va vous faire un entraînement spécial en guise de dernière.

– Dis, reprit Hiroki. On retente pour la nage ? Ca me fait chier de ne pas savoir nager..

– Même avec 1000 ans de pratique tu n’arriverais pas à savoir nager correctement. Rétorquai-je glaciale alors que tu pouffas de rire. Nous allons faire plus productif. Vous allez vous battre contre moi et mon partenaire. Si vous arrivez à nous mettre à terre tous les deux, alors vous serez capables de continuer le chemin seuls. Dans le cas contraire, j’aurai besoin de plus de temps à passer avec vous.

– Ton partenaire ? Repris-tu dubitative. Qui est-il ?

– Montre toi. Dis-je à celui qui attendait en moi depuis bien trop longtemps son jour de gloire. Medraut mon ami, combats à mes côtés s’il te plaît.

– Que trépasse si je faiblis dame Hakaze ! Hurla mon partenaire ayant surgi de nulle part en se donnant une tape sur le torse. Nous allons mettre en pièces ces deux vils individus hahahahaha !!! POUR DAME HAKAZE !!!

Celle que tu incarnais à cette époque soupira alors face à Medraut mon partenaire, ce qui nous permit de vous porter un premier coup furtif qui déclencha une bataille sans précédent entre Hiroki, Medraut et nous. Nous donnions tous tout ce que nous avions en nous afin de nous assurer que cette vengeance allait être possible. Après tout, nous étions tous animés par la même motivation à l’intérieur : le bien de notre père, et notre conviction s’était renforcée au fur et à mesure de nos entraînements, faisant peu à peu de nous de véritables guerriers prêts à combattre.

L’affrontement dura une heure et se solda sur votre victoire. Medraut et moi fûmes vaincus par votre force et votre équipe, me laissant sentir que si c’était vous, c’était possible de changer le temps. Satisfaite, je vous félicitai, vous annonçant que je n’avais plus rien à vous apprendre. Ensemble nous allions mener notre dernière mission avant nos adieux.

Et ce fut chose faite, puisqu’après réflexion, j’avais besoin d’un troisième membre dans l’escouade d’attaque contre Fujii. J’avais beaucoup de contacts dans le futur, mais il n’y en avait qu’un qui pouvait être entraîné pour devenir un mercenaire sans pour autant être lié à notre famille. Cette personne, c’était cette Juuni que je connaissais depuis une vingtaine d’années maintenant. Jessica Leocaser se faisait appeler par ce pseudonyme depuis qu’elle avait intégré la guilde Yume-Nikki, et elle semblait aimer se battre tout en appréciant les causes nobles. Ainsi, je l’avais choisie comme prochaine personne à recevoir les mêmes conseils que vous, mais pour cela j’avais besoin d’un autre saut temporel.

Cette dernière mission consista donc à me faire intégrer en toute discrétion le laboratoire de notre père tout en ne trahissant pas le fait que j’existais dans cette époque alors que je n’étais pas supposé être présente. Grâce à votre entraînement, nous réussîmes sans difficulté à actionner la machine à voyager dans le temps, ce qui me permit de retourner dans le passé à la recherche de Jessica.

Je ne la rencontrai pas directement, mais je pus établir un contact avec un groupe de jeunes garçons qui l’avaient apparemment pris sous leur aile, formant avec elle un groupe de racailles dans la zone BAD de Satellite. Je leur appris donc à eux tout ce que je vous avais appris, en leur donnant comme consigne de transmettre tout ça à la jeune blonde effrontée qu’ils gardaient sous leur protection. Ainsi, dans le futur, trois personnes allaient être capables de détruire Fujii une bonne fois pour toutes.

Ma mission était terminée, et il était pour moi impossible de rentrer dans mon époque puisque la machine à remonter dans le temps qu’avait construit mon père n’existait même pas encore à cette époque. Maman n’était même pas encore décédée, et la guilde venait sûrement d’être construite, ou allait bientôt voir le jour. Je n’avais donc aucune solution pour revenir. Je consultai Medraut, celui qui m’accompagnait envers et contre tout, et lui-même questionna les esprits du duel qu’il put questionner. De fils en aiguilles, il m’apprit que lorsqu’une personne ayant remonté le temps quitte l’époque dans laquelle elle s’est introduite, la mémoire des personnes l’ayant connue sont altérées afin d’effacer la présence du voyageur temporel. Même si je ne voulais pas y croire, je ne pouvais le vérifier, et je n’avais de toute façon plus aucune manière de pouvoir changer les choses. Je vécus donc ma vie en attente de mourir, jusqu’à ce fameux jour, cinq ans plus tard.

Ce jour-là, je sentis quelque chose d’anormal dans l’air. Habitant dans le quartier de Satellite depuis mon voyage, je connaissais l’aura de la ville et j’avais appris à en ressentir les énergies spirituelles. Pourtant, ce fameux jour, je sentis une présence bien singulière arriver dans ce monde. Cette présence, c’était toi. Je cherchai à te retrouver, afin de savoir ce que tu étais devenue depuis tout ce temps, et pourquoi tu étais revenue dans le passé à ton tour. Avais-tu fait tout ce voyage pour venir me chercher ? Ou avais-tu d’autres motivations concernant tout ce que l’on avait partagé ensemble ?

Je ne pus en avoir le cœur net, puisque sans savoir pourquoi, mon enveloppe charnelle disparut au fur et à mesure que j’avançais dans ma quête pour te retrouver. Ce fut une fois que je te vis au loin que mon corps disparut totalement, me laissant penser que j’allais m’éteindre juste avant d’avoir de nouveau fait ta connaissance.

Mais à ma grande surprise, une fois mon corps totalement disparu, je me réveillai dans le tien. Je ne compris pas immédiatement, mais je trouvai vite une réponse à mes questions : nous étions toutes deux des clandestines ici, et il ne pouvait y avoir qu’une seule « moi » voyageant dans ce monde. Ainsi, tu m’avais absorbée en toi et j’allais être assimilée à toi pour que l’on ne fasse plus qu’un.

Cependant, la mémoire que tu avais perdu avait laissé un vide en toi. Tu te souvenais que tu voulais te battre, mais tu en ignorais totalement la raison puisque la raison en question provenait de ma bouche, de mes mots. Dans quel but étais-tu devenue si forte ? Tu ne savais quoi répondre à cette question. Alors tu pris la réponse la plus difficile. Tu comblas ces cases vides dans ta tête par le fait que tu voulais à tout prix empêcher la catastrophe Ener-D qui avait poussé notre père à hériter de la « malédiction » de Voltanis et ainsi empêcher ta propre naissance.

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De l’intérieur de toi je tentai de te faire ressentir que tu te trompais de chemin, mais ta conviction avait été portée à maturité et était donc inébranlable. Notre combat intérieur fit rage, tu résistas tant que je ne pus t’atteindre. Ton esprit alors pris en trouble avec notre conflit intérieur se laissa détruire par la manipulation de Reisuke qui nous offrit un aller simple pour le monde du désespoir, tirant profit de mon esprit de vengeance ainsi que de tes cases remplies par ta motivation pour former une conscience désespérée ne cherchant que vengeance et destruction.

Je fus celle de nous deux qui hérita de la partie ténébreuse de notre esprit qui s’intégra directement au mien. Et ce fut ainsi que je devins le monstre que je suis actuellement, celui qui se tient en face de toi, celui qui t’a fait endurer toutes ces souffrances et ces tourments.

….

Je suis la seule responsable de ton malheur….Alors tue-moi pour de bon, Hakaze.

« Tue-Moi pour de bon » Les mots que tu venais de prononcer à mon égard me laissèrent de marbre. Alors que ton essence se trouvait face à moi, je pouvais constater que tu avais énormément changé depuis notre dernière rencontre. Ce passé que tu venais de me raconter avait rempli les cases qui étaient jusqu’alors complétées par des souvenirs illusoires, des chimères que je m’étais inventées toute seule pour combler ce manque d’objectif. Et face à moi se trouvait cet être que tu étais devenu, un tas d’ombre qui ne peut prendre une forme humaine que lorsque Voltanis le lui en donne les moyens. Ton enveloppe charnelle insaisissable faite d’ombre ressemblait parfaitement à la mienne, pourtant, dans tes yeux je ne lisais que du mépris, dans ton cœur je n’y voyais que de la haine, et dans ton âme…Je ne pouvais y discerner la moindre émotion.

Quelle était cette « moi » qui me faisait face ? Je ne pouvais pas le dire moi-même. Etais-tu vraiment un monstre ? Je ne pouvais y répondre. Pourtant, il fallait bien trouver des réponses pour pouvoir avancer dans le chemin de notre histoire, de l’histoire de notre famille.

Je choisis alors la réponse que tu m’aurais donnée quelques années auparavant : les armes. Medraut, l’idiot qui m’accompagnait partout, sortit de nulle part comme à son habitude, tandis que le Medraut ayant à son tour subi l’influence du désespoir se matérialisa à tes côtés, comme pour répondre à l’acte effectué. En silence, je me ruai sur toi, tu te ruas sur moi, laissant nos cœurs nous guider dans un affrontement ultime pour savoir laquelle de nous deux allait être digne de pouvoir porter sur ses épaules le lourd poids de notre famille.

Du même réflexe nous sortîmes de notre poche gauche un couteau dont la lame faisait une dizaine de centimètres. Comme bataillant à l’épée nous nous donnâmes des coups et en parâmes autant l’une que l’autre. Nous n’avions plus de sons pour exprimer notre relation que ceux des lames qui s’entrechoquaient tandis que les coups d’épées de nos deux chevaliers nobles accompagnaient ce requiem chanté par nos cœurs, par nos âmes mêmes. Nous joignîmes nos poings à cette bataille, un coup furtif de ma part te fit lâcher un cri féminin mature qui résonna, et me donnant un coup à ton tour, tu me fis lâcher un cri de la même intensité et de la même hauteur.

A cette ambiance de vide soulignée par le bruit de notre combat brûlant de volonté s’ajoutèrent les gémissements et les soupirs que nous poussâmes à chaque coup porté avec succès par l’autre. Continuant cet affrontement qui faisait rage, nous changeâmes d’arme en même temps l’une et l’autre, passant cette fois à une lame plus fine mais plus longue et tranchante, similaire à celles que l’on utilisait dans l’escrime. Nous nous lançâmes dans un nouveau duel au sommet, duel qui allait déterminer l’essence-même de mon existence. Nous n’avions ni regret, ni peine, ni larmes. Toi et moi avions tellement traversé ensemble que nous ne pouvions plus exprimer d’autres émotions que de la fierté.

J’étais fière, fière de me tenir là devant toi, fière de porter ce nom traîné dans la boue par mon ancêtre, fière de pouvoir t’affronter de toute mes forces afin de te montrer que tu n’avais rien à craindre concernant mon avenir, ton passé, ton présent. Tandis que je continuais à me battre, utilisant tous mes membres pour parer tes coups comme tu me l’avais appris plus tôt, j’étais persuadée que tu pensais la même chose que moi et que malgré ton apparence c’était cette flamme à l’intérieur qui animait ta rage de vaincre. Car au fond, monstre ou non, nous nous bâtions pour les mêmes principes, les mêmes sentiments, les mêmes idéaux. Et c’était tout ce qui m’importait.

Je me reculai quelques secondes tandis que tu fis de même. Nos halètements communs s’ajoutèrent à leur tour à l’ambiance lourde qui régissait notre espace de combat. Les bruits d’épées entrechoquées avaient quant à eux cessé leur représentation, nous poussant toutes les deux à regarder l’issue de ce combat de noblesse que se livrait les deux chevaliers.

Mais de nos deux partenaires, il ne restait plus que leurs épées. Les deux chevaliers nobles avaient jeté l’éponge et avaient succombé. Je n’en voulais pas à Medraut, au contraire, je l’avais moi-même entraîné dans toutes ces histoires, j’étais responsable de lui après tout.

Nous eûmes un autre réflexe commun en voyant nos camarades effondrés, celui de rapidement se saisir de chaque épée laissée pour morte au sol. Du même élan nous nous jetâmes chacune sur l’arme que l’on braqua en même temps sur l’autre, ne laissant que le son strident généré par nos épées entrechoquées couvrir le lourd silence de notre espace de bataille. Sans dire un mot nous échangeâmes d’autres coups, encore et encore, inlassablement. Nous portions toutes les deux le fardeau de notre cœur, le fardeau de notre histoire, pesant sur nos épaules en cet instant crucial, et pourtant, je me sentais légère. Dansant encore et encore en portant cette épée forgée par l’espoir et les sentiments, je me sentais libre tandis que l’on échangeait toujours les coups. Un sourire se dessina sur mon visage, ce qui sembla te surprendre. Ce fut ainsi la première réelle divergence qu’il y eut lieu dans notre affrontement final. Danser avec toi au rythme de nos gémissements et de nos cris de détermination était un honneur et me rappelait des souvenirs passés ensemble. Je sentais au fond de moi que j’avais eu de la chance de te rencontrer, de pouvoir apprendre de toi et d’apprendre à te connaître. Au fond de moi…J’étais heureuse que tu sois revenue à notre époque. Parce que j’ai appris à connaître quelqu’un qui était moi sans l’être. Malgré que tu étais moi, tu avais tes propres opinions différentes des miennes, sûrement forgées par ce que tu avais vécu, et cela me plaisait de les connaître et d’en tirer des enseignements.

Il me restait cependant une étape pour être complète. Il fallait que je te surpasse, et ce combat en était la preuve. Nous étions toutes deux au même niveau, impossible de définir une gagnante dans cette histoire, mais il fallait que je te le montre, que tout ce que tu avais fait n’était pas vain. Toi qui s’est réjouie de mon retour, toi qui a cherché à me revoir dans ce monde duquel tu étais prisonnière.

Alors cette fois, je vais te montrer ce que j’ai appris. Je vais te montrer la puissance des liens de notre famille, celle pour laquelle tu t’es battue tout ce temps, celle pour laquelle tu as bravé tous les interdits, celle pour laquelle tu es devenue celle que tu es actuellement. Regarde-moi, Hakaze, tandis que j’emprunte de nouveau la force de celle qui a tant fait pour nous, notre tante.

Il y eut un moment de silence alors que je venais de faire ce vœu face à toi. Il suffit d’une dizaine de secondes supplémentaires pour que le pouvoir auquel je venais de faire appel ne se manifeste et que l’armure d’Athéna laissée en ce monde par notre tante ne vienne spontanément se greffer à moi. Je sentais mon corps devenir lourd tandis que j’étais petit à petit habillée par cette carcasse de fer qu’arborait toujours Sirie lorsqu’elle était encore au service du sanctuaire céleste. Dégageant une aura étincelante, je fis de mon mieux pour te montrer la puissance que j’avais accumulé grâce à tes efforts. Je te lançai un regard, et pour la première fois alors, je vis ton expression changer. Tu m’affichas un sourire serein en fermant les yeux, et en gardant cette sérénité tu pris la parole pour la première fois depuis le début de notre affrontement.

– Le futur t’appartient, Hakaze. Je suis heureuse d’avoir pu te rencontrer, te revoir, me revoir, apprendre à me connaître et à retrouver celle que j’étais autrefois…Tu ne peux t’imaginer comme cela m’a rendu heureuse. Tue-moi, Hakaze. Tue-moi pour de bon.

A tes mots je ne répondis pas, me lança à ton assaut comme tu me l’avais demandé à l’instant. Chargeant toute la puissance d’Athéna en moi, je me ruai vers toi de toutes mes forces dans un torrent de lumière couleur or qui inonda notre espace de bataille. Mais alors que j’étais proche de te porter le coup fatal qui allait nous apporter la paix, quelque chose me revint en mémoire, ce n’était qu’une voix, mais cela suffit à me stopper dans mon assaut.

« – Ta mère serait fière de toi, vraiment très fière de toi. Elle était aussi effrontée que toi lorsqu’il s’agissait de sentiments. De là où elle se trouve, je peux te dire qu’elle est ta première supportrice. »

Je me bloquai net, jetant sèchement l’épée de Medraut que j’avais encore dans la main. Elle se planta dans le décor dans un vacarme assourdissant qui te fit réagir, te faisant ouvrir ses yeux. Ton regard fut marqué par la surprise tandis que tu ne comprenais pas le pourquoi de mes actions. Cependant, avant que tu ne puisses dire quoi que ce soit, je repris la parole à ton intention.

– Peu m’importe si tu es devenue un monstre. Te dis-je en essayant de te transmettre mes sentiments. Peu m’importe si tu es rongée par la vengeance ou l’amertume ! Tu restes moi….Et si tu es moi…Alors les sentiments que tu as pour notre père, pour notre tante, pour Hiroki et Hirosuke….Tout ça…Tout ça est bien réel…..Maman est fière de nous de là où elle est, parce qu’elle était pareille que nous. Le simple fait que tu te trouves devant moi aujourd’hui est preuve que quelle que soit ton apparence, c’est notre sang qui coule dans tes veines !!!

– Qu’est-ce que….Tu racontes ? Repris-tu, troublée par ce que je venais de te dire. Pourquoi t’obstines-tu à sauver un être comme moi…. ?

– Parce qu’une fois que l’on est guidé par nos sentiments, nos choix n’ont plus rien de rationnel. Nous interrompit Kôsei qui sortit de nulle part. Désolé d’être entré ici sans permission, mais je voulais savoir si tu allais bien, Hakaze. Enfin, si vous alliez bien, puisque vous êtes deux.

– Cela ne te choque-t-il pas de me voir dans cet état… ? Lui demandas-tu en cherchant une excuse pour te maudire d’avantage.

– Pourquoi serais-je choqué ? Te répondit froidement le garçon. Peut-on comprendre une personne en un simple regard sur son physique ? Non. Moi aussi je me suis meurtri, moi aussi j’ai sombré dans les profondeurs du désespoir, même encore aujourd’hui je me bats pour répandre ce désespoir, et pourtant, au plus profond de moi je sens que ce que je fais est juste et que mon choix de vie convient à ce que je ressens et à ce que j’ai vécu. Les autres peuvent bien penser ce qu’ils veulent de ma route, mais je suis le seul à l’emprunter, je n’oblige personne à prendre le même chemin que moi. Alors pourquoi aurais-je honte d’être le fruit de mes choix ?

Les mots de Kôsei étaient vrais, et ils eurent beaucoup d’impact sur toi. Ils te firent réfléchir quelques secondes, comme si tu étais en train de faire un choix décisif concernant ta propre existence. Quelques secondes plus tard, tu pris alors ta décision, et ce fut avec un sourire que tu l’annonças.

– Hakaze, repris-tu avec le sourire. Je pensais être celle qui allait t’apprendre des choses en venant dans le passé, mais au final, je suis celle qui a le plus appris à tes côtés. J’ai oublié des choses fondamentales dans le futur, et c’est pour ça que je n’ai jamais été capable d’aider Papa.

– Hakaze….S’il te plaît…

– Ne compatis pas, j’ai trouvé la paix. J’ai échoué dans le futur, mais je suis certaine que toi, tu seras capable de changer le tragique destin de notre père. Et je veux être aux premières loges pour assister à ça….Alors Hakaze…Je rentre de là d’où je viens…Je suis toi, et tu es moi, alors il est temps pour toi de reprendre ce qui te revient. Mon être ne va pas mourir, nous ne ferons simplement plus qu’un.

Avant que je ne puisse répondre, tu te jetas sur moi afin de m’étreindre. Cette tendresse, cette affection prononcée que tu affichas face à moi me fit vraiment un effet de chaleur à l’intérieur. Ce simple geste était bien plus important que tout ce que nous avions vécu. Toi et moi trouvions enfin l’harmonie. Toi et moi nous comprenions enfin, si bien que lorsque nos sentiments furent portés à leur paroxysme, tu disparus de mes bras dans une pluie de lumières s’évaporant dans l’espace sombre dans lequel nous étions, emportant avec toi le futur.

Mais tu n’avais pas disparu, je sentais que tu étais en moi. Ta conscience avait été assimilée à la mienne, ne laissant en moi qu’un être nouveau formé par la détermination de deux facettes d’une même femme. Dans mes veines coulait aussi ton sang, et dans mon cœur résonnaient aussi tes sentiments, j’étais désormais complète.

– Et ça fait quoi de se sentir complète ? Me demanda Kôsei avec le sourire, perturbant ainsi ma pensée.

– Eh !? Comment tu sais ce que j’étais en train de penser !? Répondis-je choquée par ce qu’il venait de me dire.

– Je suis un esper ~ Me répondit le jeune garçon avec dérision. Je devine les pensées des autres ~

– Huhhh !? De quoi tu parles !?

– Je plaisantais. Je suppose que l’on en a terminé ici cependant. Toutes les zones d’ombres de ton esprit sont résolues ?

– Oui, tout est clair désormais. Je te remercie sincèrement pour tout ce que tu as fait pour moi Kôsei, toi et Arata m’avez beaucoup aidée à illuminer cette part d’ombre qui était en moi….Je vous suis très reconnaissante.

– Il reste cependant une dernière étape à votre voyage dans le temps. Nous interrompit une voix féminine familière provenant de nulle part.

– Qui…Qui a parlé… ? Demandai-je.

Alors que je cherchais d’où venait cette voix, je m’aperçus qu’elle venait de Kôsei. Et j’avais vu juste, puisque de lui sortit une essence similaire à celle d’Arata, à l’exception que c’était l’apparence de Laïla qu’elle portait. Moi et mon ami fûmes tout aussi surpris par l’apparence soudaine de cette Laila qui semblait avoir une vingtaine d’années.

– Par quoi es-tu surpris Kôsei ? Ricana-t-elle Je t’avais bien dit que l’on ne ferait qu’un non ? ~ Je suis ton nouvel esprit du duel, Tarotrei, la princesse de la prédiction ~ Et je peux te dire que la mémoire que je t’ai transmise n’est toujours pas complète ~ Il reste une dernière étape pour que tu saches tout sur ce qu’il se passe en ce moment ~ Voudras-tu m’accompagner une dernière fois dans le balet des souvenirs ? ~

– Si tel est votre désir, dame Laïla. Reprit Kôsei machinalement.

La femme sourit de nouveau à Kôsei, utilisant son énergie d’esprit du duel afin de nous amener à ce qui semblait être la dernière étape de notre voyage temporel. Un voyage ayant changé des tas de choses pour Kôsei et moi.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [22/01/2017] à 15:13

Arc Laila chapitre final (6) : Les nuances de gris

Nous fûmes transportés, Hakaze et moi, par le souvenir de ma dame qui était en fait lui-même un esprit du duel. En moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, nous fûmes arrivés à destination. Nous étions dans notre ville de campagne telle que nous la connaissions à notre époque. Etions-nous enfin rentrés ? Ou était-ce simplement un temps plus proche du nôtre sans pour autant être notre époque ? Je n’en avais pas la réponse, et mon frère non plus.

– As-tu une idée de l’époque dans laquelle nous nous trouvons ? Demandai-je à Hakaze.

– Aucune idée à première vue. Me répondit-elle, concernée. A en juger par les environs, nous nous trouvons sûrement environ 15 ans en arrière. Il existe un moyen simple pour vérifier ça.

– Quel moyen ? Rétorquai-je, sceptique.

– La famille d’Erika a emménagé ici il y a une dizaine d’années. Si la tante d’Erika se trouve déjà ici, alors nous aurons la certitude que nous n’avons pas été plus loin que dix ans en arrière. Nous sommes à deux rues, allons vérifier ~

– Très bonne idée…Partenaire.

La jeune femme fut surprise par ce que je venais de lui dire. Elle s’arrêta quelques secondes pour au final afficher un sourire sincère dont elle seule avait le secret. Je ne pus faire face à ce sourire, détournant le regard face à cette expression apaisante qu’affichait celle qui m’avait tant aidé à lever le mystère sur ma dame. N’osant pas affronter de nouveau son regard, je l’invitai à reprendre la route, ce qu’elle fit sans protester.

Nous arrivâmes finalement devant chez Erika, l’ancienne vocaliste de notre groupe, et, comme Hakaze me l’avait dit, nous avions désormais notre repère temporel. « Chez monsieur et madame Wheeler » était écrit sur la boîte aux lettres. Erika Kurenai n’habitait donc pas encore ici à cette époque.

– Donc les parents de Reisuke et d’Hiroki sont encore vivants…Entama Hakaze. Nous sommes donc plus de 15 ans en arrière je pense.

– En effet. Mais pourquoi ma dame nous a-t-elle envoyés ici ? Je ne comprends pas le but de ce saut temporel. Qu’est-ce que nous faisons i –

Je fus interrompu par quelque chose d’étrange venant du bout de la rue. Je m’y rendis, invitant ma camarade à me suivre, et ensemble nous longeâmes cette rue jusqu’à arriver à ce que j’avais aperçu depuis la maison d’Erika. Deux femmes en capes noires se faisaient face, comme si elles allaient se jeter l’une sur l’autre. Seules leurs chevelures dépassaient des capes des protagonistes du combat ; l’une était rousse, l’autre noire. La femme rousse enleva sa capuche, me laissant voir qu’elle avait une quarantaine d’années, un peu moins de 40 ans peut être. La femme ridée aux yeux gris dévisageait l’autre, comme si elle vouait une haine assez forte à celle qui se dressait devant elle.

– Nous voilà face à face, sorcière. Lui balança-t-elle sèchement. Je ne pensais pas que j’allais avoir l’honneur de te vaincre moi-même, mais qu’à cela ne tienne. Je vais enfin pouvoir venger mon fils.

– Tu tiens un sacré discours haineux dis donc ~ Reprit la femme dont l’identité ne faisait plus aucun doute en entendant cette voix. Je ne suis pas responsable de la mort de ton fils, Lysandra. Bien au contraire. Ne te rends-tu pas compte que ceux ayant tué le gang de ton fils ont jugé ce gang sur les mêmes critères que l’on me juge ? A savoir les apparences. Tu es en train de t’allier avec ceux sur lesquels tu jettes le mépris.

– Tu ne m’auras pas avec ce genre de discours. Je sais que la manipulation est ta principale arme, Yamada Laila. J’étais venue ici pour mettre la main sur Shinichi, mais détruire sa progéniture semble tout aussi prometteur.

La rousse sortit une lame fine de derrière son dos et se mit à se ruer sur ma dame qui n’avait pas dévoilé son identité. Ma leader ne prit même pas la peine de bouger, comme si elle ne comptait pas éviter le coup. Sans réfléchir, je me ruai sur la rousse en course et, rassemblant toute mon inconscience, je me jetai contre la femme, la percutant alors dans sa course pour m’écraser au sol avec elle. Par réflexe, je me relevai rapidement et m’emparai de la lame abandonnée avant de la braquer sur la rousse qui n’avait pas été assez rapide pour se relever, sûrement sous l’effet de surprise.

– Que comptes-tu faire avec cette arme ? Demandai-je à la rousse, glacial. N’es-tu pas au courant que tuer est un crime ?

– Kôsei !!! Me sermonna Hakaze qui m’avait rattrapé sur la scène. Tu pourrais te retenir un peu…Agresser les gens comme ça…Laisse le temps faire son cours par pitié !

Mais alors que j’allais rétorquer afin d’alimenter cette discorde, je fus interrompu par ma dame qui nous avait rejoint également. Elle enleva sa cape à son tour, laissant son visage de 24 ans paraître devant moi et mon amie. Je fus alors abasourdi en voyant cette femme devant moi. Elle était toute aussi sublime qu’elle ne l’était dans notre époque, comme si la maturité faisait d’elle un joyau de plus en plus magnifique. Elle était comme un vin qui prenant de l’âge était de plus en plus délicieux.

– Ton amie a raison, Shuuei ~ Me dit-elle avec ironie, me laissant deviner qu’elle avait fait le rapprochement avec le temps passé. Le passé est le passé, il vous faut garder le rôle d’observateur.

La dame s’avança vers la rousse, prenant au passage son arme de mes mains afin de la lui rendre.

– Lysandra…Je suppose que maintenant que nous sommes trois, tu vas éviter de te dresser devant moi. Pars donc, et quitte cette fondation du futur de malheur. Tu ne te bats que pour répandre le sang, tout comme ceux qui ont tué ton fils l’ont fait avant toi.

– …Nous nous reverrons, Laila Yamada. Se contenta-t-elle de répondre avec la haine avant de prendre la route loin de nous.

Je voulus la rattraper pour l’empêcher de nuire, mais ma dame me stoppa. Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, elle m’étreignit de par sa carcasse fine et légère, ce qui me fit vibrer de l’intérieur. Hakaze aussi était toute aussi surprise que je ne l’étais. Il était rare pour ma dame d’être si expressive, elle qui aimait garder ses sentiments secrets en guise d’avantage sur autrui.

– Je suis heureuse de te retrouver, Kôsei. Me murmura-t-elle. Tu m’as manqué pendant tout ce temps. Vraiment manqué.

– N’étiez-vous pas sensée m’oublier dame Laila ? La questionnai-je machinalement.

– Te revoir lui a rappelé tout ce qu’il s’était passé. Reprit Hakaze. Laila a retrouvé tous ses souvenirs en te voyant intervenir. Mais je ne vois pas quel souvenir serait assez fort pour lui redonner instantanément la mémoire, étant donné que nous n’avons été que spectateurs.

– Spectateurs…Es-tu sûre de cela ? Sourit ma dame face à Hakaze, sachant très bien ce qu’il s’était passé entre nous dans le passé. Tout n’est pas noir ou blanc ma chère Hakaze ~

– Cela n’a pas d’importance. Coupai-je ma leader en essayant de masquer ma gêne prenante. Tout ce qui compte est que vous alliez bien. Le reste n’importe pas.

– Si je ne suis pas morte dans le futur il n’y a aucune raison de s’inquiéter mon Kôsei ~ Cependant, je sens que ma mission va prendre un tournant rapide, et que vous êtes ici en raison de ce tournant.

– Comment ça ? Demanda Hakaze.

– Cet incident avec Lysandra…Il est loin d’être le premier. Pour être honnête, c’est la dix-septième fois en deux semaines qu’un membre de la fondation du futur essaie de s’en prendre à mon père.

– Sérieusement !? S’exclama Hakaze, interdite. Comment est-ce possible !? Et comment arrive-t-il à gérer la fondation du futur seul ?

– C’est moi qui fait en sorte qu’il ne se fasse pas attaquer. Reprit ma dame. Je veille ici depuis deux semaines afin que mes frères s’en sortent. Par chance, ils ne portent pas encore officiellement le nom de mon père. Mon père ne les a pas reconnus, et ils porteront le nom de leur mère jusqu’à leur majorité où ils pourront choisir, par conséquent, ils n’apparaissent sur aucun registre de la famille Yamada. Mais…J’ai peur pour eux. J’ai peur que si mon père entame un combat avec la fondation du futur, ils ne soient pris à parti ou découverts….Donc je veille jour et nuit ici.

– C’est tout aussi dangereux pour vous que pour votre père dame Laila ! Hurlai-je, affolé par la situation. En avez-vous seulement parlé à votre père !?

– Bien évidemment que je lui en ai parlé. Il est en train d’essayer de chercher une solution, mais c’est difficile d’échapper à une organisation gouvernementale comme la fondation du futur… Donc tout ce que je peux faire…C’est garder espoir. C’est plutôt ironique quand on y pense…

Ma dame leva ses yeux vers le ciel, un ciel de fin de journée qui avait été repeint aux couleurs du crépuscule. Gardant les yeux plongés dans la vaste étendue que l’on ne pouvait atteindre que des yeux, elle reprit la parole.

– Maman veille sur nous de là-haut, mais je crains que même pour elle, cela n’est pas possible de porter le poids d’une si lourde destinée. Et Yume-Nikki n’est pas encore prête à vaincre la fondation du futur…

Nous ne pûmes rien dire qui pouvait réconforter ma dame. Tout ce que l’on pouvait faire pour elle était de rester auprès d’elle tandis qu’on sentait qu’elle se retenait de partir en effusions de sentiments négatifs. Elle prit cependant le contrôle sur ces émotions qui tentaient de se faire de plus en plus prenantes sur elle.

– Allons voir mon père. Nous dit-elle, déterminée. Il faut que nous fassions quelque chose.

Nous suivîmes ma dame sans protester jusqu’à arriver devant le baraquement de Shinichi et Yuki Yamada. Nous entrâmes sans frapper. Les enfants semblaient être absents ce jour-là, et Laila avait les clés donc c’était plus simple pour établir le contact. Yuki fut la première à nous voir. Nous la saluâmes, mais elle comprit de suite que quelque chose n’allait pas. Elle appela son mari et nous nous installâmes tous autour de cette grande table dans la cuisine, qui, du côté du jardin, était plus isolée du monde que le salon. Shinichi fut le premier à prendre la parole, nous faisant comprendre qu’il avait une longueur d’avance sur tout le monde ici.

– La fondation du futur a encore frappé ? Demanda-t-il en croisant les mais sur la table, tel un patriarche.

– En effet papa. Reprit solennellement sa fille. Ils ont encore frappé. C’est la dix-septième fois en quinze jours qu’ils essaient d’attaquer cette maison.

– Nous savions tous les trois que ce moment allait arriver un jour. Reprit Yuki, assez calme et sereine. Nous avons juste à faire ce que l’on s’était dit le jour où nous en avions discuté et tout sera terminé.

– Non……Je ne peux pas laisser faire ça ! Protesta ma dame avec violence. Je ne peux pas laisser Reisuke et Hiroki vivre ce que j’ai vécu ! Ils n’ont personne à qui se raccrocher, vous ne pouvez pas leur faire ça !

– Laila…Essaya de la rassurer son père. C’est la seule solution pour leur faire gagner du temps.

– Papa…Je….Je ne peux….

– Tu es leur sœur. Reprit-il en coupant sa fille. Si tu étais à ma place, tu ferais exactement la même chose, je le sais. Tu as voué tes dernières années à donner ton temps de vie pour prolonger le leur, tu as tout fait pour protéger la famille que j’ai construite malgré que ce n’était pas avec ta mère que je l’ai faite…Et pour ça…Je suis le plus heureux des pères. Tu as gagné quinze jours, tu sais que tu ne pourras pas en gagner quinze de plus.

– …Oui…Je le sais.

– Et puis ce n’est pas si grave, continua joyeusement Yuki. Te rends-tu compte ? Mes enfants ont la chance d’avoir la plus merveilleuse des sœurs. Tu es le câble qui connecte tout le monde dans cette famille Laïla, tu es celle qui peut apporter l’espoir à tout le monde. Il suffit que tu t’accroches.

– Ils ont raison. M’incrustai-je sans savoir. Si c’est vous, dame Laïla, alors vous serez capable de vaincre tout ce qui se trouve entre vous et vos frères….Et puis, je serai toujours à vos côtés pour ce faire, je vous l’ai juré.

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Ma dame se tut face à nos encouragements respectifs. Elle ferma les yeux pendant quelques secondes laissant une détermination sans faille la pénétrer de nouveau. Lorsqu’elle posa de nouveau son regard sur nous, la faiblesse de ma dame s’était envolée pour ne laisser qu’un puissant leader paraître devant nous.

– J’ai parlé à Soichiro Namatame papa. Entama-t-elle avec détermination. Il m’a reconnue et m’apportera tout son soutien. Nous allons débuter un projet que l’on va appeler le projet « Rising Hope ». Si tout se passe bien et que ce projet est mis à terme, alors notre famille sera capable de sortir des abîmes du désespoir pour voir enfin la lumière.

– Bien. Sourit le père, satisfait par les déclarations de sa fille. Passons donc à la suite. Montons à l’étage.

Shinichi et Yuki nous invitèrent à les suivre à l’étage, ce que nous fîmes sans nous poser de questions. Cependant, une fois que nous fûmes arrivés devant la porte de la chambre du couple, Dame Laila nous invita à rester à l’extérieur, et même si j’étais curieux de savoir ce qui allait se dire, je respectai la volonté de ma dame et je l’attendis en compagnie de Hakaze.

Ce que je ne pensais pas possible cependant, c’est que nous allions pouvoir écouter tout ce qu’il se passait depuis l’extérieur de la pièce, étant donné que ma dame laissa la porte ouverte tandis qu’elle était avec ses parents à l’intérieur.

– Es-tu sûr que c’est la seule solution papa ? Demanda-t-elle, inquiète. Il peut y avoir autre chose à faire…

– Ne t’en fais pas mon enfant, répondit Yuki. Nous sommes prêts à assumer les conséquences de nos actes. Mon amour, s’il te plaît, fais-le.

– Bien. Répondit glacialement le père.

Il sembla fouiller dans un tiroir, dans une armoire, ou autre débarras en désordre pendant quelques minutes. Puis il en sortit en objet que je ne pouvais identifier. Il dit un « ah je l’ai trouvé » avant de marquer un silence. J’entendis un clic, clic qui me laissa dubitatif et qui inquiéta Hakaze, et lorsque le père reprit la parole, je compris un peu ce qu’il en était.

– Yuki…Dit-il à sa femme. Je te remercie pour tout ce que tu as apporté dans ma vie. Grâce à toi j’ai retrouvé quelque chose que j’avais perdu des années auparavant : l’espoir. Grâce à toi, j’ai pu avoir deux merveilleux enfants que j’aime plus que tout au monde….Grâce à toi….J’ai pu reprendre goût à la vie. Je t’aime du plus profond de mon cœur et j’espère que l’éternité nous tiendra compagnie.

– Shinichi…Lui répondit-elle, émue. Je ne regretterai jamais de t’avoir rencontré, ni d’avoir eu Hiroki et Reisuke. J’ai moi aussi vécu des années de pur bonheur, et ne t’en fais pas, l’éternité nous tiendra compagnie tandis que nous veillerons sur nos enfants. Maintenant mon amour, fais-le.

Sans que l’on ne puisse intervenir, muselés par l’ordre de ma dame, nous entendîmes un coup de feu provenant d’une arme silencieuse s’abattre sur quelqu’un. C’était Shinichi Yamada qui venait d’un coup de feu de tuer sa femme, Yuki Yamada, que l’on entendit s’écrouler au sol dans un bruit sourd qui s’estompa aussi vite que sa vie avait été prise. Je serrai les poings, devinant le spectacle auquel ma dame faisait face. Pourtant…Je ne pouvais changer le passé. Ils étaient déjà morts, et c’était impossible de changer un évènement irréversible. Alors moi et Hakaze, tous les deux bouleversés, ne pouvions qu’écouter la suite.

– Laila…Ma fille…Reprit le père. Je suis désolé de t’avoir donné un si lourd fardeau en aspirant au bonheur d’avoir un enfant. Je suis vraiment désolé de t’avoir donné une telle vie, une vie de chagrin et de désespoir.

– Ne t’en fais pas, Papa. Reprit ma dame, sereine. Je te suis reconnaissante de m’avoir donné la vie et de m’avoir donné deux raisons pour lesquelles me battre. Cette existence qu’est la nôtre est condamnée à être liée au plus profond désespoir, mais je ferai de mon mieux pour mettre un terme à ce cycle morbide. Nous ne serons pas les prochains à subir ce sort, je te le promets.

– Laila….Tu es tout ce qu’un père peut rêver d’avoir. Les mots ne peuvent exprimer combien je t’aime. Je te regarderai toujours de là-haut. Quand tu as un problème, regarde le ciel, j’y serai.

Un long silence s’en suivit, me laissant des palpitations dans mon corps. Tandis que mon pouls s’accélérait, je sentais l’atmosphère devenir de plus en plus malsaine de l’autre côté de ce mur. J’entendis finalement le même bruit de coup de feu étouffé par le mode silencieux, avant d’entendre le bruit d’un autre corps s’effondrer sur le sol.



Tout était terminé. Shinichi et Yuki Yamada étaient morts. Ils étaient tous les deux morts sous les yeux de ma dame qui, comme pour surmonter sa peine, sortit de la pièce sans même verser une larme. Tout ce qui s’affichait sur son visage était une expression de profonde détermination comme jamais je n’en avais vu auparavant.

– Je détruirai la fondation du futur. Déclara-t-elle glaciale. Je détruirai ce mouvement de malheur qui m’a pris mon père et mes deux mères….

– Laila….Lança Hakaze dans un soupir de compassion.

– Partons. Reprit ma dame. Hiroki et Reisuke vont bientôt rentrer, je dois agir de mon côté pour les protéger du monde extérieur. Grâce au sacrifice de mes parents, ils vont gagner énormément de temps et c’est pour le mieux, mais tôt ou tard, la fondation du futur mettra de nouveau la main sur eux.

Nous acquiesçâmes, Hakaze et moi, puis nous sortîmes tous de la maison des Yamadas. Nous nous séparâmes quelques rues plus tard en nous donnant rendez-vous quelques jours plus tard afin d’assister aux funérailles des parents Yamada. Ma dame ne voulait pas que l’on revoie Yume-Nikki afin d’éviter de les faire repartir dans le passé. C’était son choix.

Nous nous retrouvâmes donc quatre jours plus tard, aux funérailles du couple Yamada. Je ne pensais pas être autant concerné par ce qui leur était arrivé, mais j’éprouvais de la réelle compassion pour le mari et la femme qui s’étaient donné la mort pour prolonger la vie de leurs fils. Tandis que le prêtre entama son discours, je jetai un œil discret sur les personnes présentes à ce sombre évènement, histoire de repérer d’éventuels membres de la fondation du futur, et à ma grande surprise, ce fut une toute autre personne que je vis, plusieurs même. Soichiro Namatame était présent, ce qui n’avait pas échappé à ma camarade qui le regardait discrètement avec tristesse. Reisuke et Hiroki aussi étaient là, et à ma grande surprise, mon grand-frère était présent aux côtés de son père. Cette vision me fit trembler en sachant ce qu’il avait vécu dans le passé, mais je n’étais pas là pour changer l’histoire, il était trop tard.

La cérémonie terminée, les invités se dispersèrent tandis qu’Arata alla présenter ses condoléances à Hiroki qui semblait vraiment détruit de l’intérieur face au drame. Ma dame, elle, resta quelques minutes à regarder les défunts s’enfoncer dans la terre. Elle écouta discrètement Arata présenter ses condoléances tandis que son père lui dit de ne pas se préoccuper de la peine des autres. Une fois la pourriture partie en avant, ma dame se redressa, partant directement accoster celui qui deviendrait mon grand-frère dans le futur.

Je restai à l’écart, profitant de ma discrétion pour écouter leur conversation.

– Bonjour Arata, lui dit-elle avec le sourire. Te souviens-tu de moi ?

– Comment pouvez-vous sourire un jour de deuil ? Lui rétorqua mon frère sans émotion particulière.

– J’ai déjà versé toutes les larmes que j’avais à verser. Et toi Arata ? As-tu réfléchi à ce dont je t’avais parlé la dernière fois ?

L’enfant qui semblait n’avoir que 6 ou 7 ans reprit la parole comme s’il était adulte. Mon frère n’avait même pas l’innocence d’un enfant, son père l’entrainant sans cesse à devenir un adulte.

– Oui, j’y ai réfléchi. Reprit-il machinalement. Je ne pourrai pas échapper à mon père, mais si je peux empêcher d’autres personnes de subir mon sort…Alors je me battrai pour répandre le désespoir avec vous Laila.

– Bien ~ Tu as pris la bonne décision. Et ne t’en fais pas, il n’existe aucune existence dont la couleur est totalement noire ou totalement blanche. Tu passeras par de nombreuses nuances de gris pour trouver le bonheur. Je t’aiderai à t’affranchir de la pression de ton père.

– Je vous remercie, dame Laïla. J’espère que vous arriverez à terminer votre projet.

– Arata !! Hurla son père qui était presque parti. Nous avons encore des tas de choses à faire ! Bouge-toi bon sang !

Le garçon baissa la tête, avant de suivre ce père tyrannique qu’était Toshiro Kashiwagi. Il passa devant moi pour le rejoindre, et l’espace d’un instant, nos yeux se croisèrent. Quelque chose de spécial se passa entre nous, mais je ne pus dire quoi. Ainsi, je le regardai s’éloigner encore et encore, sans pouvoir faire quoique ce soit pour empêcher sa mort.

– Il est un gentil garçon. Me coupa Ma dame. Il est pris par l’emprise de son père, mais il est un gamin qui a un bon cœur. J’espère vraiment pouvoir l’aider à résoudre ses problèmes pour l’avenir.

– C’est….C’est lui mon grand-frère….C’est lui qui m’a donné l’espoir….

– Kôsei….Soupira Hakaze.

– Cela ne m’étonne pas. Me répondit-elle. Arata possède quelque chose de spécial en lui, une lumière que je compte bien développer jusqu’à ce qu’elle n’atteigne son paroxysme. Je suppose que nous nous rencontrerons par le biais de ce jeune garçon alors, Kôsei.

– Oui, c’est effectivement ce qui arrivera. Dans quelques années.

– Ahlalalala. Soupira la femme. L’avenir réserve des tas de surprises n’est-ce pas ? C’est ce qui rend ce monde imprévisible. Il est impossible d’imaginer l’avenir en noir ou en blanc, car il faut nager dans des eaux grises pour pouvoir se maintenir à la surface. C’est ce qui rend le cycle du temps lui-même merveilleux. Dites les amis, j’ai une dernière chose à faire aujourd’hui, vous voulez bien venir avec moi ?

– Evidemment. Répondis-je machinalement. Votre existence est la mienne.

Hakaze ne répondit pas, elle se contenta d’acquiescer. Elle était aussi concernée par ce qu’il se passait puisqu’elle vouait une profonde affection à Hiroki et qu’il était le principal concerné par les tristes évènements de ces quelques jours. Elle nous suivit donc en silence. Le mystère de ma dame de dissipait de plus en plus et avec lui se dissipait l’histoire de notre guilde. Tout se connectait et tout devenait clair, j’allais pouvoir revenir dans le présent avec l’esprit clair. Si je voulais que ma dame puisse enfin vivre en paix, il fallait que je détruise Zetsubô…Et que je m’approprie son pouvoir afin de vaincre la fondation du futur une bonne fois pour toutes.

J’allais certainement devenir un monstre pour ce faire, mais j’étais résolu à faire tout ce qui était en mon pouvoir pour y parvenir. Zetsubô n’était pas là par hasard. Il était mon tremplin pour pouvoir détruire la fondation du futur. C’était la seule réponse plausible à toute cette souffrance endurée par ma dame.

Nous nous rendîmes donc avec elle un peu plus loin ; à deux ou trois rues du cimetière où reposaient désormais les parents de Reisuke et Hiroki. Nous y retrouvâmes une femme avec une petite fille qui me disait quelque chose. La femme semblait avoir une cinquantaine d’années. Ses cheveux courts de couleur marron qui finissaient en fines boucles étaient cassés par des nuances grises qui montraient sa vieillesse, mais cela ne suffisait pas à ternir son visage. Son visage était rayonnant, comme si toute la lumière du monde s’était rassemblée pour illuminer cette femme. Quant à la petite fille, elle semblait avoir l’âge de Reisuke. Elle était une petite fille blonde dont les cheveux étaient bouclés, et dont le regard clair semblait aussi pur et clair que du cristal.

– Désolée de t’avoir fait attendre, Marie. Entama ma dame en se prosternant devant cette femme. Le voyage s’est bien passé ?

– Ne t’en fais pas Laila ce n’est rien. Le voyage a été plutôt difficile mais nous avons réussi à venir jusqu’ici et c’est tout ce qui importe.

– Et toi Erika, as-tu fait bon voyage ? S’adressa ma dame à la petite, nous surprenant Hakaze et moi.

– Oui ! Répondit-elle en souriant Toratura et moi on était inquiètes mais c’était chouette !

– Bien, je suis contente que tout se soit bien passé. Les wheelers ont bien voulu me céder leur bail Marie. Vous pourrez donc emménager juste à côté des garçons.

– Merci énormément Laila. Reprit-elle soulagée. Tu ne peux pas savoir comme tu me facilites la tâche en m’aidant à m’installer ici. J’ai pu partir de là-bas sans encombre grâce à toi.

– Ne fais pas comme si je n’y gagnais rien au change, tu vas veiller sur mes deux petits frères, c’est la moindre des choses que de te permettre d’échapper à cette organisation de malheur dans les formes. Vous serez tranquilles pour les années à venir, je serai leur cible principale étant donné que je suis la dernière « Yamada » en vie à leur connaissance. Je tiendrai assez longtemps pour que les garçons et Erika puissent grandir suffisamment longtemps.

– Oui. Reprit la femme. Faisons de notre mieux pour que les enfants puissent vivre une vie paisible et sans obstacle. Erika va sûrement bien s’entendre avec les garçons, elle aime tout le monde et tout le monde l’aime haha.

– Nous réussirons. Lui répondit ma dame. Bien. Marie, il est temps de nous dire au revoir. Je ne pourrai pas venir vous voir. Même si j’aimerais énormément voir mes frères, je veux avant tout me tenir loin d’eux et attirer la fondation du futur sur moi plutôt que sur vous. Je compte sur toi pour aider au mieux les garçons.

Ma dame nous invita à la suivre, ce que nous fîmes dans le silence. Ainsi, elle était bien celle qui connectait tout le monde autour de l’affaire Zetsubô. Tous les protagonistes du combat dans le présent avaient été désignés il y a bien longtemps lorsque l’on y réfléchissait.

– Connaissant Hiroki, soupira ma dame, il refusera l’aide de Marie et va tenter de subvenir aux besoins de son frère par lui-même. Il est encore jeune, il n’a aucune notion du danger.

– Et que vas-tu faire pour ça Laila ? Demanda Hakaze, dubitative.

– Ton père, Soichiro Namatame, va le prendre sous son aile. Je provoquerai une rencontre entre lui et Hiroki par un moyen ou un autre, et connaissant l’homme qu’est Soichiro, il ne laissera pas Hiroki à l’abandon.

– C’est vrai qu’il ne ferait jamais ça…Sourit Hakaze. Mon père est un homme bon, il ne faut pas douter qu’il prendra Hiroki sous son aile.

– Bien, reprit ma dame. Il est temps pour moi de partir et de mener cette vie marginale que j’ai choisi ~ Je n’ai plus rien à vous montrer, le reste, je le laisse à l’avenir. Kôsei, Hakaze, j’espère que vous avez trouvé les réponses que vous cherchiez ici….Et…Merci pour ce que vous avez fait pour moi. J’ai eu des moments de doute dans le passé, mais vous voir ici chercher à comprendre qui je suis m’a confortée dans l’idée que je prenais les bonnes décisions. Du fond du cœur je vous suis reconnaissante.

Je n’eus même pas le temps de répondre que je sentis quelque chose en moi me faire du mal. Je n’étais pas le seul, puisque Hakaze ma camarade le ressentit aussi. L’environnement autour de nous se figea sur le sourire de ma dame, puis tout autour de nous devint flou, avant de disparaître totalement, nous laissant moi et Hakaze seuls dans la pénombre.

Notre énergie se fit drainer peu à peu, comme si nous étions aspirés par quelque chose ou quelqu’un, et au final, nous perdîmes tous les deux connaissance.

Lorsque nous rouvrîmes les yeux, je constatai que nous étions revenus à notre époque. Je le ressentais, et Arata me le confirma, nous n’étions plus dans le passé. Toutes les questions que je me posais avaient trouvé une réponse, et toutes les questions que se posait Hakaze également. Nous étions tous les deux face aux débris laissés par l’affrontement entre la fondation du futur et Voltanis dans le présent. Hakaze voulut s’assurer de l’état des siens, mais mon grand-frère me confirma qu’ils allaient bien donc elle n’eut pas à s’inquiéter.

– Que comptes-tu faire désormais ? Me demanda la jeune femme avec qui j’avais partagé tant d’aventures. Tu vas retourner chez Yume et reprendre ton rôle ?

– Non. Lui répondis-je, machinalement. Je vais retourner chez moi prendre quelques affaires, et je vais me lancer seul dans la bataille contre Zetsubô. Je vais le vaincre et m’approprier son pouvoir afin de détruire la fondation du futur.

– Mais…Cela signifie que….

– Oui. Aux yeux du monde, je deviendrai le nouveau symbole du désespoir et je serai l’homme à abattre. Ainsi ma dame sera celle qui me prendra la vie, et tout le monde la verra comme le symbole de l’espoir. L’empire de Laila Yamada sera complet et elle n’aura plus jamais à avoir peur.

– Je vois…Reprit mon amie avec le sourire. Dans ce cas, il ne me reste plus qu’à vaincre Zetsubô avant toi, Kôsei.

– Pourquoi ? Tu n’as rien à voir dans ce conflit n’est-ce pas ? Je ne comprends pas pourquoi risquer ta vie.

– Je tiens à Hiroki, il est concerné par cette histoire. Reprit naturellement la femme. Et puis…Si le fait que tu vaincs Zetsubô signifie que tu dois mourir…Alors je t’empêcherai de vaincre Zetsubô, parce que je tiens à toi aussi, Kôsei.

Les paroles de Hakaze me tirèrent un sourire. Je lui lançai un regard complice qu’elle me retourna, devinant exactement ce que l’un pensait de l’autre. Prenant un moment de pause pour nous remettre des émotions de notre voyage, nous fixèrent ensemble le ciel étoilé, priant tous les deux pour que les vivants puissent être guidés par les morts. Tandis que je gardais au creux de ma main celle de Hakaze, je lançai un message au ciel. Mélissa, Himiko, Yuki, Shinichi et Arata, puisse votre lumière guider nos pas lors de ce conflit. Que Dieu nous aide à faire vaincre l’espoir final.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [30/01/2017] à 14:42

Chapitre 26 : Prologue

Quelques jours passèrent après notre retour du voyage temporel à moi et Hakaze. Nous avions levé le voile sur des tas de choses qui étaient désormais plus claires, et c’était pour le mieux lorsque l’on y réfléchissait bien. Je comprenais désormais tout ce qui tournait autour de ma dame et j’avais pris une résolution en conséquence : Vaincre et devenir Zetsubô afin que ce soit elle qui de ses mains me prenne la vie. C’était un choix qui allait en désaccord avec la promesse que j’avais faite à Masu et Kenichi, mais c’était un choix qui faisait coïncider ma dévotion pour ma dame et celle pour mon grand-frère que j’allais pouvoir finalement rejoindre après tout ça. Ce fut avec cette conviction en tête que je décidai de passer quelques jours chez moi, dans cette maison où Arata s’était donné la mort. Mes parents étaient encore au bureau à donner le maximum de leur temps pour résoudre les crimes, et ma sœur…Je n’avais aucune idée d’où elle se trouvait. Je n’étais pourtant pas préoccupé par le sort de mon aînée, puisque j’avais moi-même une mission de laquelle je voulais absolument l’en écarter. Même si elle était agaçante, je tenais à elle et je ne voulais pas l’impliquer davantage dans ces projets que j’avais entamé aux côtés de ma dame Laïla. C’était donc une chance pour moi que de me trouver seul en ces murs l’espace de quelques jours.

J’en profitai pour changer mes vêtements qui avaient bien encaissé depuis mon voyage dans le temps. Je me reposai également de toutes les émotions vécues, après tout, même si je n’aimais pas perdre mon temps dans des choses inutiles, Zetsubô allait être bien difficile à vaincre, et partir le cœur lourd était la pire des choses à faire. Je me détendis donc pendant 48 heures en jouant quelques notes de guitare, quelques notes de violon, en lisant et en mangeant à ma faim, conscient que ces moments de calme n’allaient pas forcément durer. Et j’avais raison, puisque quelques heures passèrent et le verrou de l’entrée de ma maison céda. L’un des membres de ma famille rentrait à l’aide de sa paire de clés. Je jetai un œil sur la porte et lorsqu’elle s’ouvrit, je pus apercevoir le visage de mon père qui s’avança dans le vestibule. Masamune Nishijima était un homme auquel j’avais pris énormément de choses sur le plan physique. Il était le même que j’étais si ce n’était qu’il avait les marques de la quarantaine sur le visage. Lui aussi possédait ses blessures de guerre : des cicatrices sur le visage et sur les bras qu’il avait hérité d’anciennes missions en compagnie de ma mère. Ca lui donnait un air assez fier pour être honnête. Depuis que j’étais jeune il était mon héros, et le modèle de l’homme que je voulais devenir.

– Je suis rentré. Déclara-t-il fièrement de sa voix rauque. Akemi, Kôsei, vous êtes là ?

Je me montrai alors à mon père qui afficha un air étonné face à moi, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi.

– Bonjour Papa. Lui répondis-je chaleureusement comme j’en avais l’habitude. Je suis content que tu trouves un moment pour rentrer à la maison.

– Kôsei mais qu’est-ce que… ? Balbutia-t-il. Qu’as-tu fait à tes cheveux ? Et quelle est cette cicatrice que tu portes sur ton visage ?

– Ne t’en fais pas Papa. Répondis-je serein. J’ai eu un petit accrochage dans la rue et ça s’est fini en bagarre, mais je n’ai rien de mal. Et puis pour la coiffure…J’ai juste pensé qu’il était temps d’abandonner le bandeau pour changer.

– Tu es étrange depuis quelques temps mon fils. Reprit sérieusement le patriarche. Non seulement tu ne rentres plus tous les jours à la maison, mais voilà qu’en plus tu reviens avec des cicatrices et un style de délinquant. Ne serais-tu pas en train de mal tourner jeune homme ?

– Non papa. Tu m’as toujours dit de me battre pour la justice, et c’est que je fais. J’ai trouvé une justice à défendre. Tu n’auras pas à me passer les menottes ne t’en fais pas.

– J’espère bien. Soupira-t-il. D’ailleurs il faut que je te parle de quelque chose. En toute logique je n’ai pas le droit de t’en faire mention, mais j’aimerais mettre les choses au clair à la fois d’enquêteur à témoin, mais aussi de père à fils. Viens à table s’il te plaît.

Je suivis mon père jusqu’au salon, puis m’installai à table avec lui. Il se mit à sa place habituelle, en bout de table, place réservée au maître de la maison lors des repas familiaux. Quant à moi, j’étais face à lui, à quelques dizaines de centimètres de distance. Il posa ses coudes sur la table, joignit les mains, et me fixa en prenant ce fameux air donc il avait le secret : son mode enquêteur. Son visage était devenu rigide et dénué d’émotions tandis que son regard perçant mettait même Onii-chan mal à l’aise. Reprenant la parole, je savais qu’il allait me faire passer un interrogatoire ou quelque chose de similaire.

– Il y a quelques jours, j’ai été chargé de m’occuper d’une enquête de la plus haute importance. Une enquête dont les faits n’ont pas encore été relatés dans le public.

– Quelle genre d’affaire ? Demandai-je, rigide également.

– Le meurtre d’un homme important et de sa femme. Nous ne pouvons encore rien révéler à la presse car cela va créer un conflit médiatique sans précédent, mais c’est une affaire de la plus haute importance car il y a un très gros patrimoine derrière et un héritier potentiel pourrait être l’auteur du crime.

– Je vois….Et quel rapport cela a-t-il avec moi Papa ?

– Les victimes de ce meurtre sordide sont Toshiro et Rita Kashiwagi, les parents d’Arata Kashiwagi. Ils ont tous les deux été séquestrés, puis tués. L’homme a quant à lui subit des sévices physiques avant de se faire tuer.

Je m’arrêtai quelques secondes, avant de reprendre le dialogue, sans émotions. Je savais tout ce qu’il s’était passé après tout.

– Je vois….Toshiro Kashiwagi a toujours été une saloperie. C’était normal qu’il se prenne le retour de bâton un jour. Cela ne me surprend pas qu’il ait fini de cette façon.

– Aie un peu de pitié pour les morts Kôsei. Me sermonna mon héros. Il était ce qu’il était, mais en tant qu’enquêteur, je dois enquêter sur celui qui a commis ce crime quel que soit le motif de ce dernier.

– Je n’aurai jamais une once de pitié pour Toshiro Kashiwagi puisqu’il n’en a jamais eu une once pour son fils. Repris-je glacial. Cette pourriture n’a que ce qu’elle mérite.

Mon père soupira alors.

– Je suppose que c’est peine perdue. Enfin, j’ai donc examiné le corps et quelques détails m’ont pour ainsi dire troublés. La première chose qui m’est parvenue, c’est la différence de traitement entre la mère et le père. Rita a été tuée d’un coup de feu à bout portant, d’une arme de petit calibre sûrement un silencieux, tandis que Toshiro lui a été amoché sévèrement. Il a été abattu d’une trentaine de coups de couteaux, et comble du sordide, c’est avec un archet de violon planté dans le cœur qu’il a rendu son dernier souffle. On peut donc facilement savoir que la personne qui a tué Toshiro Kashiwagi portait toute la haine du monde dans son cœur, mais cet archet de violon me rend sceptique.

– Tous les archets ne peuvent pas être capables de s’insérer dans un corps. Repris-je naturellement. Renseigne toi sur le modèle du violon auquel est relié l’archet, puis tu cherches dans le voisinage et l’entourage proche si quelqu’un ne possèderait pas un tel modèle.

– C’est bien mon Kôsei ça. Sourit le détective. Mais je n’en suis toujours pas venu aux faits qui me poussent à te parler de cette affaire. Ta mère a passé les lieux au Blue Star : c’est un outil qui projette de la lumière bleue qui révèles des traces de sang et d’ADN. On peut donc passer au crible toute trace de doigt laissée par exemple. Et c’est là que ça se corse. Sur les lieux, nous avons retrouvé des traces de doigts sur les barreaux, ainsi que des cheveux n’appartenant ni à Toshiro, ni à Rita.

– A qui appartiennent-t-ils ? Demandai-je intéressé, malgré que je savais qui était à l’origine de ce carnage.

– C’est là le problème….Les cheveux et les traces de doigts renvoient tous les deux au même profil ADN…Celui d’Arata Kashiwagi, le fils de Toshiro.

L’annonce que me fit mon père me fit sursauter et déclencha un électrochoc à l’intérieur. Arata n’était pas présent sur les lieux, alors comment son ADN avait pu s’y retrouver ?

– Comment est-ce possible ? Répondis-je blême. Arata est mort depuis quatre ans maintenant. C’est impossible que l’on puisse retrouver son ADN maintenant alors qu’il est enterré depuis.

– C’est vrai. Soupira mon père. Nous savons tous les deux qu’Arata n’est plus de ce monde et nous avons même vu de nos yeux son corps. Je ne sais pas quoi envisager vis-à-vis du fait que l’on ait retrouvé les cheveux de ce garçon mais…Peut être…Que lui aussi aurait fait des séjours dans cette cave…

– Comment ça ? Repris-je glacial. Explique-toi papa.

– Si Arata a été enfermé par le passé comme l’a été son père, cela expliquerait qu’il y ait ses traces de doigts et des cheveux lui appartenant au sol. Mais ce qui m’inquiète, c’est la conservation de l’ADN après tant d’années. Il y a forcément quelque chose qui cloche dans cette affaire.

– En effet…C’est étrange. Peut-être le labo aurait-il fait une erreur ?

– Non. Me répondit formellement mon père, sûr de lui. Tu connais ta mère, elle est tellement méticuleuse lorsqu’il s’agit de science qu’absolument rien ne peut lui échapper. Et aucun autre ADN n’a été trouvé, c’est ça qui est fou dans l’histoire. Autant un spectateur n’aurait aucune difficulté à ne pas laisser de traces, autant un assassin qui se rue sur un homme et lui assène 30 coups de couteau laisse forcément des traces de lui. Même sur l’archet de violon nous n’avons retrouvé aucune trace d’ADN.

– Ça laisse vraiment perplexe en effet. Soupirai-je. Et sinon, à qui profite le meurtre ?

– Kashiwagi Toshiro n’a plus d’héritier en l’absence de son fils. Il n’a également pas d’ascendants ni de frères et de sœurs. La personne qui héritera de l’entreprise de gaz sera donc sa collaboratrice possédant à elle seule 30% des parts de la société. Il était dit que si l’un des deux mourrait, l’autre récupérait les parts en l’absence d’héritiers.

Je fus soudain intéressé par l’héritage de cette ordure. Peut-être sa mort allait pouvoir être utile à une personne qui aurait une vie meilleure, pensais-je.

– Et qui est cette collaboratrice ?

– Une femme répondant au nom Serizawa Laila. Reprit solennellement mon père. L’ennui, c’est qu’elle est nomade. Nous l’avons contactée via sa boite postale mais tant qu’elle n’y passe pas nous n’aurons aucune réponse.

Surpris par le fait que Dame Laila soit la collaboratrice directe de Toshiro, je tentai quand même de masquer mes émotions afin d’éviter qu’elle n’ait des soucis. Je savais que Doppelganger était le meurtrier de Toshiro, et comme il me l’avait dit, il allait être impossible pour la police de le retrouver. Je ne savais pas quelles étaient exactement ses méthodes, mais il avait fait complètement disparaître son ADN, ne laissant pour piste à mon père que l’ADN de mon grand-frère qui semblait avoir séjourné dans cette cage également. Cette nouvelle ne m’avait d’ailleurs pas ébranlé, je détestais déjà Toshiro du plus profond de mon âme, et le voir se faire tuer sauvagement sous mes yeux avait satisfait ce désir de vengeance brûlant en moi.

– Kôsei ? M’interrompit le patriarche. Tu as l’air pensif. Quelque chose ne va pas ?

– Ce n’est rien papa. Repris-je naturellement. Je me disais juste que justice a été faite concernant Toshiro.

– Tu ne sembles pas vraiment choqué par sa mort. Même si tu l’attendais, il y a un minimum de réaction à avoir. Tu savais déjà qu’il était mort n’est-ce pas ? En étant si proche de la famille Kashiwagi, cela ne m’étonnerait pas que tu saches des choses que même les enquêteurs ignorent.

J’eus un instant d’hésitation. Je voulus trouver une excuse pour réfuter les accusations de mon père, mais je ne pouvais mentir face à lui. Je ne pouvais pas mentir à l’homme m’ayant vanté les mérites de l’honnêteté tout ce temps.

– En effet papa, je savais déjà que Toshiro avait trouvé la mort. Je l’ai appris par quelqu’un proche de la famille Kashiwagi. Toshiro était mêlé dans le monde du marché noir, des contrats obscurs passés sans aucune trace écrite, rien que des accords verbaux. Cependant, tu sais très bien que dans ce genre de monde, ne pas remplir sa parole est souvent synonyme de mort. Je te déconseille de chercher d’avantage qui est le tueur de Toshiro si tu veux éviter l’incident médiatique.

– Tu sembles connaître bien des choses sur le marché noir, Kôsei.

– J’y ai été plus ou moins mêlé, et cette cicatrice en est la preuve. Repris-je sérieusement. Il se passe des choses que vous n’imaginez même pas, vous les enquêteurs. D’ici quelques temps, quelques semaines, quelques jours, quelques heures, une sérieuse menace pour la vie de tout le monde va s’élever des ombres, et notre ville, notre pays ou même notre monde pourra entrer en guerre comme jamais auparavant.

– Que racontes-tu Kôsei ? Me répondit mon père, concerné. As-tu perdu la raison ?

– Je ne peux pas t’en dire d’avantage, je ne veux pas vous concerner, toi, Maman et Akemi. Vous feriez bien de quitter la ville, voir la région, si vous ne voulez pas être pris dans ce conflit dans lequel le désespoir sera le plus profond. Même si mon cœur est mort depuis la disparition de mon frère, il est encore illuminé par vos lumières, à vous qui m’avez tant aimé tout au long de ma vie. Je ne veux pas que mon cœur s’éteigne de nouveau. Papa, fuis avec maman et Akemi.

– Tu demandes à un membre des forces de l’ordre de fuir ? Ne connais-tu pas mon code d’honneur ? Et toi tu vas rester ici seul ? Si moi je dois fuir, comment pourrais-tu te défendre ?

– Le conflit te dépasse papa, et je vais te le montrer.

Je fermai les yeux, demandant au fond de moi à Onii-Chan de se montrer. Il me demanda si j’étais sûr de moi, et se décida à m’écouter lorsqu’il eut confirmation. Je n’avais pas à avoir peur de mon père, et surtout, je devais le prévenir du danger imminent. Ainsi, Onii-chan, Saffira, apparut devant mon père sous sa forme humaine. Ce dernier fut consterné par cet être surgissant de nulle part. Il tenta d’articuler quelques mots rationnels qui allaient résoudre l’énigme de ce que je venais de faire, mais je lui coupai la parole.

– Il y a des choses en ce monde qui te dépassent papa. Il existe un autre monde, une autre dimension appelée le monde des esprits du duel. Cet être que tu vois vient de ce monde. Saffira, reprends ta forme initiale je te prie.

Et mon esprit du duel reprit sa forme de majestueux dragon, sous l’expression abasourdie qu’affichait mon père. L’enquêteur reprit la parole, tentant de ne pas céder au choc.

– C’est donc ça les esprits du duel…Stupéfiant…Et pourquoi il avait pris l’apparence d’Arata… ?

– J’étais l’esprit du duel d’Arata Kashiwagi avant qu’il ne meure. Lui répondit Saffira de sa voix gracieuse. Lorsqu’Arata est mort, j’ai gardé en moi ses souvenirs et je me suis présentée à votre fils. Je peux prendre l’apparence de mon ancien propriétaire, et ça l’a aidé à poursuivre sa vie. Nous formons depuis une équipe qui se bat pour sa propre vision de la justice.

– Je te l’ai dit, papa. Bientôt, des choses terribles vont se passer, et seules les personnes ayant un lien avec l’espoir ou le désespoir sont invitées à participer. Je te suggère de fuir.

– Et toi alors… ? Bégaya-t-il, laissant apparaître une fragilité dans ses propos.

– Tant que Saffira est avec moi, je ne risquerai rien. De plus, je te l’ai dit, j’ai trouvé la justice que je souhaite défendre. J’ai rencontré quelqu’un qui subit un destin bien plus sombre que le mien ou celui d’Arata, et je veux à tout prix rendre cette personne heureuse. Je ne quitterai pas cet endroit sans avoir combattu jusqu’au bout pour elle. Toi qui n’a jamais laissé maman lorsque tout était perdu pour elle, tu sais le fardeau que j’ai décidé de porter sur mes épaules n’est-ce pas ?

A ces mots, le patriarche qui était dans le doute fronça les sourcils. Il reprit la parole d’un ton solennel, approuvant ce que je venais de dire.

– Tu as raison. M’encouragea-t-il. Il est du devoir d’un homme de faire ses choix…Et même si je ne l’ai pas vu, tu en es devenu un toi aussi. J’ai juré de protéger les miens, je ferai donc ce qu’il faut pour mettre ta mère et ta sœur à l’abri, ensuite, que tu le veuilles ou non, moi aussi je me battrai contre cette menace.

Pour toute réponse, j’affichai un sourire à l’homme qui avait construit celui que j’étais devenu. Il était celui qui pouvait comprendre mieux que quiconque toute cette combativité que j’avais à l’intérieur. Même s’il ne savait pas que mon objectif final était de me faire tuer des mains de ma dame. Il n’avait pas besoin de le savoir, sinon jamais il ne me laisserait entreprendre le pourquoi de mon engagement dans ce conflit.

Nous voulûmes parler d’avantage, mais nous fûmes coupés par la sonnette de notre porte. Mon père qui ne semblait attendre personne, me fit signe qu’il allait ouvrir. Pour ma part, je retournai m’avachir sur le canapé, demandant également à Saffira de rentrer à l’intérieur .

J’entendis mon père parler à une voix familière. Ainsi, je me remis sur pieds et allai à la porte, pour au final voir que l’interlocutrice du patriarche n’était autre que Hakaze. Souriant à ma vue, elle prit la parole avec entrain.

– Salut Kôsei ! Désolée de passer à l’improviste, c’est Jessica qui m’a balancé où tu habitais.

– Ce n’est rien Hakaze. Ne t’en fais pas pour ça.

– Dites mademoiselle, nous interrompit mon père. Pourriez-vous me dire qui vous êtes ?

– Oh ! Excusez mon impolitesse. Reprit-elle, élégante. Je suis Hakaze, Namatame Hakaze. Je suis une amie de Kôsei. Je viens vous rendre visite car j’aimerais donner quelque chose à votre fils, mon père a préparé ça pour lui.

Mon père se retourna vers moi, le sourire narquois aux lèvres.

– C’est donc pour une femme que tu as toute cette détermination. Se moqua-t-il. Vilain Kôsei qui ne dit rien à son vieux père ~

– Ce…Ce n’est pas ce que tu c –

– Oh non ce n’est pas pour moi qu’il se bat ! Rit Hakaze. Par contre, il a bien une femme en vue c’est vrai ~ Il l’appelle même « Ma Dame » vous vous rendez compte ? ~ Mon compagnon à moi n’a jamais été aussi galant avec moi ~

Hakaze tira un sourire prononcé à mon père qui la fit entrer. Tel un papa poule, il nous laissa nous installer dans le fauteuil et alla préparer le thé. Il possédait vraiment deux faces bien distinctes l’une de l’autre : celle du rigide enquêteur et celle du père aimant et attentionné.

– Je l’aime bien ton paternel ~ Entama Hakaze. Il me rappelle un peu le mien ~

– Abrège un peu les paroles inutiles. Repris-je glacial. Tu as quelque chose à me donner c’est bien ça ?

– En effet ~ Regarde donc ça.

Hakaze sortit de sa poche quelque chose soigneusement emballé dans un mouchoir azur. Lorsqu’elle défit le nœud, je pus m’apercevoir de ce qu’elle avait amené. Des tas de petites pierres noires circulaires se trouvaient dans cet emballage élégant. Elles ne faisaient que trois centimètres de diamètre tout au plus, et il devait y en avoir une trentaine. Sans vraiment comprendre ce qu’était ce cadeau singulier, je pris l’une des pierres que je scrutai davantage. Elle était opaque. Totalement noire comme l’ébène. La lumière ne se reflétait que très peu dans ce caillou qui semblait ne rien valoir. Pourtant, Hakaze semblait satisfaite de ce qu’elle m’avait rapporté. Elle reprit la parole, levant le voile sur l’utilisation de cette pierre.

– Cette pierre, c’est de la Shungite. M’expliqua-t-elle. C’est une pierre qui vient du nord de la Russie et que l’on ne peut trouver que là-bas. De base, elle est connue pour ses vertus thérapeutiques, comme par exemple la protection contre les ondes électromagnétiques. Cependant, elle est aussi très bonne dans la préparation d’élixirs et autres remèdes contre la fatigue et le manque d’énergie.

– Et…Pourquoi me donnes-tu ça ? La questionnai-je.

– Mon père a fait des expériences sur cette pierre, et il s’avère qu’elle est très réceptive à l’Ener-D. Il a donc travaillé ces dernières années sur une éventuelle combinaison de la Shungite et de l’Ener-D afin de faire de cette pierre un réservoir d’Ener-D portable. Si tu prends une de ces pierres et que tu la brises en la claquant au sol, elle laissera ainsi échapper tout le réservoir Ener-D qu’elle contient et tu pourras en utiliser l’énergie de la façon que tu souhaites. Tu peux l’utiliser brut, ou la combiner à un hologramme de duel de monstre pour lui donner vie par exemple. Il n’y a pas de mode d’emploi car chacun de nous réagit différemment au flux d’Ener-D.

– Je vois…Ca permet donc de combattre Zetsubô même pour ceux qui n’ont pas la force d’un esprit du duel à leurs côtés. C’est intéressant. Très intéressant.

– Je savais que cela te plairait Kôsei ~ Si tu en veux d’autres, mon père en produit continuellement donc n’hésite pas à en demander.

Nous fûmes de nouveau interrompus par mon père qui amena les tasses de thé en souriant.

– Voilà, thé à la menthe made in Masamune ~ Au poste tout le monde dit que mon thé est le meilleur donc régalez-vous ~

– Merci, c’est très aimable. Sourit Hakaze tandis que mon père s’installa avec nous. Vous avez entendu mes explications je suppose monsieur Nishijima ?

– En effet, c’est une jolie découverte que votre père a faite, je suis impressionné, surtout lorsque l’on prend en compte la controverse liée à l’Ener-D par le passé. Fort heureusement nous n’avons emménagé ici qu’après toute cette histoire, je ne connais donc cette sombre période que par le biais de mes collègues et des archives policières.

– L’énergie elle-même n’étais pas à remettre en cause. Soupira Hakaze. Mon père travaillait sur le réacteur principal, et ce sont les supérieurs de l’époque qui ont poussé l’équipe et le réacteur bien au-delà de ses capacités. Cela a causé une surcharge et cela a rasé pas mal de vies. Mais l’énergie en elle-même n’avait rien à se reprocher. J’ai deux paquets de ces pierres, Kôsei comme tu as un esprit de duel, garde ces pierres et utilise les si tu rencontres des personnes faibles sur ta route. Quant à vous monsieur Nishijima, voici les vôtres. Donnez-en à tous vos proches pour qu’ils puissent se protéger en cas de besoin.

– M…Merci. Accepta mon père, gêné.

– D’ailleurs Hakaze, des nouvelles de Zetsubô ?

– Pas encore. Mais il ne va pas tarder à refaire surface. C’est bien pour cela qu’on se prépare directement ou non au problème. Nous avons quartiers libres pour profiter au maximum des derniers jours de détente, puis nous allons nous retrouver avec Glory for Hope et Yume-Nikki pour établir un plan. Tu devrais nous rejoindre Kôsei ~

– Non. Tu sais bien les projets que j’ai vis-à-vis de Zetsubô. Je ferai cavalier seul. Si tu vois dame Laïla, dis-lui qu’elle ne cherche pas à me retrouver, et que je ferai en sorte que plus jamais elle n’ait à verser une larme.

Hakaze soupira, avant d’afficher un sourire paisible dans ma direction.

– Elle en a de la chance Laïla, d’avoir quelqu’un comme toi à ses côtés. Vraiment, je pense qu’il n’y a que toi qui puisse la supporter au mieux dans ses choix.

Mon père nous regardait, dubitatif, lorsque soudain lui vint la révélation par rapport à ce que l’on disait devant lui.

– Attendez… Cette Laïla de laquelle vous parlez, serait-ce par hasard Serizawa Laïla, l’héritière de la compagnie de gaz de Toshiro Kashiwagi ?

– Oui papa, nous parlons d’elle. Ma dame est bien la femme que tu cherches.

– Et pourquoi ne me l’as-tu pas dit alors !? C’est déterminant pour l’enquête !

– Je ne te l’ai pas dit car ma dame était avec moi le jour de la mort de Toshiro et qu’elle n’a aucune intention de reprendre la compagnie de gaz. Nous avons moi et elle d’autres priorités que la gestion de gaz. S’il le faut, je peux venir avec toi décliner la succession de l’entreprise de Toshiro Kashiwagi étant donné qu’en tant que bras droit de ma dame, j’ai procuration sur tous les documents la concernant.

– Elle t’a carrément donné la procuration sur tout ? S’étonna Hakaze. Tu peux faire ce que tu veux de sa vie administrativement parlant à ce niveau-là !?

– En effet. Dame Laïla me voue une confiance absolue. Je peux faire des tas de choses en son nom, comme refuser la succession de l’entreprise de gaz.

– Eh bien dis donc. S’étonna mon père. Le monde est vraiment petit. Penser que l’héritière de la compagnie de gaz s’avère être une proche relation de mon propre fils…Voilà qui renforce mes doutes à propos de toi mon garçon. Je te sais innocent, mais je suis certain que tu sais qui est le coupable de cette affaire.

– Je le sais en effet. Repris-je encore glacial. Mais même si je te disais de qui il s’agit, tu serais encore plus perdu dans les abysses de l’incompréhension. Vous classerez de toute façon cette affaire sans suite.

Tout le monde s’arrêta quelques secondes face à ma déclaration. Je savais très bien que je venais de lancer quelque chose qui avait eu l’effet d’une bombe, mais peu importe. Au maximum je pouvais risquer la non dénonciation de crime, ou la complicité, mais la justice était le cadet de mes soucis. Tout allait de toute façon bientôt s’effondrer.

– Bien ! Reprit Hakaze avec entrain. Votre thé est un délice monsieur. J’aimerais bien me laisser tenter par une autre tasse, mais mon père et moi avons encore des tas de choses à faire dans l’urgence ~ Je vais donc vous laisser.

– Vous êtes la bienvenue quand vous voulez mademoiselle. Merci de vous occuper de mon fils.

– Oh mais c’est lui qui m’aide le plus ~ Il est une tsundere mais il a bon cœur ~

Je détournai le regard, ne me laissant pas atteindre par cette remarque, tandis que j’entendais mon père rire en approuvant ce que disait la brune. Elle repartit quelques minutes plus tard, le sourire aux lèvres, en m’assurant qu’elle allait revenir me voir. Hakaze était vraiment devenue une amie plutôt proche quand on y pensait. Le fait qu’elle vienne me rendre visite m’avait un peu réchauffé le cœur, et j’espérais qu’elle allait venir de nouveau. C’était une relation plutôt classique mais agréable qui s’était développée entre moi et cette fille que je regardais s’éloigner de plus en plus de mon quartier.

Je rentrai. Mon père se préparait une autre tasse de thé. Il avait allumé la télévision pour ne pas manquer son émission préférée : les enquêtes criminelles. Passionné par son travail, ses instants détente se résumaient aussi à regarder d’autres enquêtes criminelles. J’allai me chercher quelque chose à grignoter sur le canapé et m’installai avec lui, curieux de savoir comment ils avaient débusqué le criminel cette fois, mais alors que nous regardions la télévision, au bout d’une heure de programme, celle-ci se brouilla.

– Pffff, quel débit de merde. Se plaignit mon père face à la réception saccadée du programme.

– Pas le choix. Repris-je, las. Nous n’avons qu’un fournisseur d’accès qui dessert notre coin. Fais avec.

Mais alors que je pensais à la panne, l’écran de télévision revint à la normale. Mais au lieu d’afficher le programme dans lequel nous nous étions plongés, ce fut une image bien plus surprenante qui se dressa sur l’écran. Un homme aux longs cheveux noirs et aux yeux rouges apparus. Il était vêtu d’une simple cape noire qui recouvrait son torse. Son visage lugubre et sinistre me rappela tout de suite son identité que je n’avais pas oublié malgré l’année qui avait séparé notre rencontre et mon retour dans le présent.

– Les abîmes du désespoir sont à votre porte et vont révéler un monde fait de ténèbres et de chaos ! Mesdames, messieurs, permettez-moi de me présenter. Je suis Zetsubô, empereur de cette nouvelle ère. Déclara l’homme de sa voix morbide.

En voyant l’image de l’homme prononcer ces mots en utilisant le média le plus répandu de la région, je me rendis compte que le combat auquel je me préparais en restant en retrait était finalement arrivé. La dernière bataille contre le désespoir était finalement lancée.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [03/02/2017] à 19:39



Arc 3 : Kibô || Zetsubô.

Chapitre 27 : Une nouvelle ère de chaos et de liberté (Reisuke – J+4 depuis le retour de Zetsubô.)

https://youtu.be/jFl3ufZtbG8

– Les abîmes du désespoir sont à votre porte et vont révéler un monde fait de ténèbres et de chaos ! Mesdames, messieurs, permettez-moi de me présenter. Je suis Zetsubô, empereur de cette nouvelle ère. Déclara l’homme de sa voix morbide.


Ce message provenait de la personne étant la source de tous les problèmes liés à notre famille. Zetsubô, connu sous le nom de Katsuo Yamada, avait finalement bougé les premiers pions de son échiquier et avait lancé la guerre. Dans le château du désespoir, nous étions tous silencieux : Que ce soit moi, Laila ma sœur, Erika, Yotsu, Juuni et Jordan. Nous regardâmes tous avec effroi le discours de l’homme qui allait tout faire pour plonger le monde dans le chaos.

– Êtres vivants, êtres humains, hommes, femmes et enfants, je m’adresse à vous. Le monde tel que vous l’avez connu arrive à son terme afin de laisser place à un monde nouveau où le chaos est le premier vecteur de la civilisation. Moi, Katsuo Yamada, aussi connu sous le nom de Zetsubô, je vais raser ces principes, éradiquer ces préjugés et détruire le moral pour ne laisser que des décombres et des débris enflammés sur mon passage. Qui que vous soyez, ne croisez jamais ma route. Quiconque se dressera contre moi sera submergé par les flammes du désespoir jusqu’à devenir un amas de cendres plus noires que l’ébène.

– C’est vraiment un discours, ça ? Demanda Jordan, perplexe.

Laila lui répondit sans intonation particulière, bien trop absorbée par ce que disait l’ancêtre.

– Pour quelqu’un qui arrive dans un monde dont il ne connaît rien, il a beaucoup plus de présence que pas mal des leaders, ne le sous-estime pas.

Et en effet, Laïla avait raison. Le but de Zetsubô était bien différent de ce que je pensais, et j’en eus la confirmation lorsqu’il continua son discours.

– Habitants de cette ville, reprit-il avec force. A quoi se résume votre vie ? A cette existence misérable passée à vivre comme l’on vous dit le faire ? A obéir à des règles incompréhensibles et inapplicables qui vous musèlent dans toutes vos actions et toutes vos paroles !? A obéir à ces règles et vivre une vie dénuée de sens et surtout une vie que vous n’avez pas choisie ? A quoi bon errer sur ce chemin d’infortune, sur cette vie totalement vaine qui ne vaudrait même pas la peine d’être vécue une autre fois, simplement pour se donner bonne conscience !? Est-ce là ce monde auquel vous donnez tous vos vies afin de le maintenir sur pied ?

L’homme qui s’était emporté, ayant laissé une voix puissante respirant la haine prendre le dessus sur lui fit une pause avant de reprendre, déterminé.

– Ce monde, je le refuse et je le détruirai. Je vais envelopper ces terres dans un voile de désespoir qui montrera la véritable fragilité de ce système et imposera la justice la plus équitable : la loi du plus fort. Le chaos, l’anarchie, le désespoir, tous ces mots sont synonymes de liberté ! Quiconque cherche l’abstraction totale d’un système où tout le monde fonctionne au bon vouloir d’une poignée d’autres n’a qu’à me suivre et ensemble nous réussirons à détruire cette illusion, cette chimère qui nous fait croire que nous sommes libres, et nous allons répandre la terreur sur le monde entier !

– Cela ressemble à ton discours mais en vachement plus extrémiste. Balança Juuni. J’ai l’impression d’écouter un mec sorti d’une secte.

– Toi qui me regarde. Toi qui a perdu des années de ta vie, du temps irréversible à donner toute ton énergie à une vie qui ne t’a rien offert en retour, toi qui ne connaît qu’une succession d’échecs et qui ne se trouve aucune place, aucune valeur dans ce monde…Sache que pour moi tu en as une. Si tu désespères suffisamment, si dans ton cœur ne règne que le désespoir et la souffrance, alors tu pourras te soulager de tous ces maux en me rejoignant. Je ferai de toi un homme libre et tu te battras pour conserver cette liberté. Le monde de Zetsubô te tend les mains, il suffit que tu tendes la tienne afin de connaître une autre perspective dans ta v –

Le programme de télévision se brouilla et le visage de Zetsubô disparut pour laisser place au présentateur habituel qui indiquait qu’une erreur avait été effectuée et avait tenté d’invoquer la diffusion d’une fiction par erreur, sûrement afin d’éviter de révéler le caractère véridique du morceau de vidéo. Il ne faisait pourtant aucun doute que Zetsubô était passé à l’action et que ce message interrompu marquait le début d’une guerre colossale entre l’incarnation du désespoir et l’incarnation de l’espoir.

Nous réfléchissions tous à diverses choses, sachant tous que le message de Zetsubô n’était que le commencement. Nous ne savions cependant pas comment il allait frapper. Devant notre scepticisme, Laila prit la parole, menant la guilde de sa main de stratège.

– Il est indéniable que Zetsubô va passer à l’action. Nous l’avons tous vu avec cette vidéo. Pour ceux qui se le demandent encore, Zetsubô a planté les graines de son offensive. Il a déposé les ronces et il les laisse s’étendre.

– Comment ça ? Demanda Jordan. Que veux-tu dire par placer les ronces ?

– C’est assez simple quand on y réfléchit. Enchérit Erika, sérieuse. L’espoir et le désespoir sont deux états d’esprits qui peuvent être altérés par du vécu, des actes ou des mots. L’intervention de Zetsubô dans le grand média, même s’ils essaient de faire croire que c’était du faux, visait avant tout à planter ce que l’on pourrait appeler une « graine de désespoir ». Les personnes s’étant reconnues dans le message de Zetsubô vont sûrement tenter de le rejoindre.

– Et il se fera une armée avec ces personnes…Soupira Yotsu.

– En effet, reprit Laila, c’est là le but de Zetsubô. Il va rassembler le maximum de troupes possible afin d’envisager des actions à grande échelle. Il faut savoir qu’il a déjà sûrement récupéré tout le travail que nous avons entrepris vis-à-vis des élus locaux que nous avons convaincu de nous prêter main forte. Il a sûrement sécurisé le périmètre alentour et va récupérer ceux qui prendraient au sérieux sa menace.

– Ouais je veux bien, reprit Juuni. Mais quelque chose me préoccupe. Comment Zetsubô va procéder si ce monde t’appartient ? La dernière fois qu’il a foutu sa merde, il utilisait le monde du désespoir non ? Il aurait trouvé quelque chose de plus puissant ?

– Tôt ou tard, Zetsubô viendra ici. Soupirai-je. Nous n’avons plus beaucoup de temps avant de nous faire attaquer pour qu’il récupère ce monde. Nous devons nous préparer à résister ou à battre en retraite. Leader, c’est à toi que revient la responsabilité de savoir s’il faut défendre ce monde ou le laisser à l’abandon. Dans tous les cas, Zetsubô viendra à coup sûr.

– Rei-Chan a raison. Approuva Erika. Il faut vite nous préparer à errer dans la ville car nous allons perdre notre base. Sans compter qu’il est impossible de se reposer sur la fondation du futur pour nous laisser tranquille. Même si j’ai fait promettre à Ren de ne pas toucher les Yamadas, je doute qu’elle reste les bras croisés sans entraver notre progression.

Les mots d’Erika me surprirent. Lui lançant un regard discret, j’en vins à me demander quand la jeune fille insouciante qui était à mes côtés était devenue une femme capable d’analyser une situation aussi tendue que celle dans laquelle nous étions. Ces quelques mois d’exil semblaient lui avoir fait du bien, puisque malgré que je retrouvais toute sa lumière lorsqu’elle me lançait son regard, elle était devenue beaucoup plus mature et charismatique qu’elle ne l’était, et ça, il suffisait d’un regard pour le dire.

La leader de Yume-Nikki reprit alors.

– Restons ici autant que nous le pourrons et défendons les lieux autant que possible. Tant que nous possédons ces terres, nous sommes capables de ralentir les projets de Zetsubô et de nous préparer au mieux à son attaque. De toutes les personnes ici, Yotsu et Jordan sont les seules n’ayant aucune capacité de défense ou d’attaque n’est-ce pas ?

J’acquiesçai en même temps qu’Erika et Juuni qui confirmaient pouvoir se défendre. Jordan, mal à l’aise, détourna le regard. Mais avant qu’il ne puisse reprendre, Laila continua.

– Soichiro Namatame et moi avons travaillé à canaliser l’énergie Ener-D dans quelque chose de transportable. Nous avons grâce au concours de Voltanis le juge et du chevalier Medraut trouvé quelque chose capable de canaliser l’énergie des esprits du duel et de l’Ener-D. Jordan, Yotsu, prenez ces pierres. Ce sont des Shungites.

– Ces pierres que l’on ne trouve qu’en Russie ? S’étonna Erika. Il y a bien longtemps que je n’ai pas vu ça. C’est aussi rare que les Anthémis que j’ai fourni à Soichiro quelques temps plus tôt.

– Quelles sont exactement les propriétés de la Shungite ? Demanda Yotsu. Et comment l’utiliser ?

– Pour déclencher le pouvoir de la pierre vous devez la briser au sol. Lorsque la pierre se fendra, elle libèrera son pouvoir et vous en imbibera. L’Ener-D stockée dedans réagira à votre aura et votre corps et produira alors un pouvoir différent selon chaque individu. N’hésitez pas à faire des tests puisque de toute façon nous en avons produit une quantité astronomique ces derniers jours. Notre but étant d’aider les civils à se défendre contre les éventuelles menaces également.

– Dis donc, ricana Juuni, le vieux il a plutôt assuré pour le coup. ~ Pour une fois qu’il fait une trouvaille utile ~

Laila s’avança vers Jordan et Yotsu, leur remettant une grosse quantité de pierres à chacun. Ils remercièrent tous les deux la leader de Yume-Nikki en retour. Erika reprit à son tour.

– Jordan, Yotsu, vous venez avec moi. Avança-t-elle, déterminée. Je vais vous aider à maîtriser le pouvoir des pierres. Avec Toratura et Venominaga, nous allons faire ressortir le meilleur pour vous préparer au mieux à survivre dans cette guerre.

– Survivre ? M’étonnai-je. N’est-ce pas mieux d’avoir comme objectif la défaite de Zetsubô ?

– L’espoir nous guidera vers la mort de Zetsubô, sourit Erika. Cependant, même si nous croyons en notre victoire, ce genre d’affrontement n’entraîne que sacrifices humains à tour de bras, et je ne veux pas mettre en danger des camarades en les laissant telles des brebis au milieu des loups. Survivons tous ensemble, Laila, Yotsu, Juuni, Jordan, et Rei-Chan !

Yotsu et Jordan approuvèrent les paroles d’Erika, ce qui nous tira à tous un sourire paisible malgré ces temps de crise. La princesse de l’espoir continuait à rayonner même dans le monde d’indifférence et de ténèbres dans lequel notre base était construite. Contrairement à sa sœur, elle avait choisi de mettre son espoir au service de notre désespoir, et j’étais certain que cela allait être décisif…Enfin, cela l’avait déjà été puisque sans Erika j’aurais été tout simplement assassiné par un des membres de la fondation du futur.

Il ne restait donc plus que Juuni, Laila et moi. Nous nous concertâmes tous les trois pour savoir que faire désormais. Juuni fut la première à entamer la conversation.

– Il ne reste plus beaucoup de Yumes ici. Soupira-t-elle. Le château du désespoir est bien vide dis-donc. Tu sais pas où est Kôsei ma poule ?

– Aucune idée…Soupira Laila. J’espère seulement que quel que soit le chemin qu’a choisi son cœur, cela débouchera sur son bonheur… Après tout, il y a bien des voies différentes pour trouver le bonheur, nous en sommes la preuve.

– Qu’est réellement Kôsei pour toi ? Demandai-je, dubitatif. Après tout, tu lui confies énormément de choses alors qu’il est tout juste majeur et que tu ne le connais que depuis deux ou trois ans. Venant de quelqu’un qui a investi tant d’années dans cette guerre, c’est assez surprenant.

– Kôsei…Il est vraiment spécial quand on y pense. Soupira de nouveau ma sœur en affichant un sourire empli de nostalgie. On devrait plutôt retourner la question à l’envers petit frère : Pourquoi Kôsei qui ne me connaissait pas a voué tant de sa vie à me faire une confiance aveugle et à me suivre dans absolument tout ce que j’ai créé, tout ce que j’ai dirigé ? Trouveras-tu une réponse ?

– …Non, je ne pense pas en trouver.

– C’est exactement ça. Sourit-elle. Il existe des choses qui sont faites simplement parce qu’elles doivent l’être. Mon alliance avec Kôsei est quelque chose de naturelle car l’un comme l’autre, nous nous faisons une confiance aveugle. Si l’amour existe réellement, je pense que la relation que j’entretiens avec Kôsei est un gris si clair qu’on pourrait le confondre avec le blanc de l’amour.

– Fais pas ta sainte nitouche ma poule ~ Ricana Juuni en brisant le moment. J’suis certaine que t’as du t’en taper des sales glands.

– Mais je suis encore pure et je suis satisfaite sans plaisir charnel ~ Se moqua Laila. La vie ne se résume pas à trouver l’âme sœur et à s’étreindre avec elle bande de simplistes. Et puis…Je ne veux pas infliger à un homme ce que Yuki a accepté de porter sur ses épaules. Rei-Kun, ta maman était une femme magnifique. Elle savait ce qui allait arriver si elle se liait avec notre père et elle l’a fait, et c’est grâce à elle que toi et Hiroki êtes là. Je ne la remercierai jamais assez pour ce qu’elle a fait.

Elle passa sa main sur mon visage et la laissa quelques minutes, me laissant ressentir son toucher glacial et brûlant à la fois. Juuni regardait la scène, satisfaite, tandis que le regard de ma grande sœur se perdit quelques minutes dans le mien. Je n’avais jamais vu des yeux aussi aimants que les siens. Ce regard me rappelait celui de ma mère que j’avais inscrit dans ma mémoire des années auparavant. Je mis ma main sur la sienne et la fixai également du regard. Avoir une sœur comme Laila était tout ce dont un frère pouvait rêver. Simplement l’avoir à mes côtés me faisait me sentir plus fort et moins seul.

– Rei-Kun, merci de m’avoir fait confiance. Me sourit-elle. Je suis heureuse d’avoir partagé tout ce temps avec toi avant que Zetsubô ne revienne. Te sentir à mes côtés me fait devenir plus forte.

– Tout ce temps tu t’es battue pour nous, mais Hiroki et moi sommes grands maintenant. On va prendre la relève et construire un monde où tu pourras sourire sans devoir te tapir dans l’ombre. Je te le promets grande sœur.

Je réalisai tout juste après ça que je venais de dire quelque chose de très embarrassant, même devant ma sœur. Je détournai le regard et renchérit en tentant de masquer ma gêne.

– Et…Et vous…Bégayai-je. Vous-avez des pouvoirs ou capacités… ?

Juuni rit à mon nez et laissa sa désinvolture parler.

– Ta poufiasse elle a le monopole avec Akulia donc j’suis un peu à court, mais j’ai des pouvoirs psychiques que ce gland de Sayer m’a laissé et que j’ai perfectionné avec le temps donc ça devrait le faire ~ Mon mec à moi il a été assez responsable, je n’ai pas eu besoin de sacrifier mes pouvoirs pour lui. Me lança-t-elle en ricanant.

Je fus assez mal à l’aise suite à cette remarque. Il était vrai que j’étais la cause du fait que Jessica était seule et livrée à elle-même dans ce monde. Elle n’avait presque aucune famille si ce n’était son grand-père et par-dessus tout elle avait dû détruire son passé pour pouvoir rester avec moi…J’étais responsable d’elle. C’est vrai.

– Arrête donc ça Juuni il ne peut pas encaisser ça mon petit Rei ~ Rit ma grande sœur. Pauvre Rei-kun, il a toujours été sensible.

– De toute façon je prendrai soin d’elle parce qu’elle est là à cause de moi. Grommelai-je. Et je veux avoir des enfants avec elle aussi donc je veux qu’elle soit bien.

– Alors préparons une stratégie. Sourit Laila. Si tu veux des enfants, il faut qu’ils naissent dans un beau monde. Pour ma part, étant donné que j’ai ouvert mon cœur au désespoir, j’ai pu développer ici des pouvoirs similaires à ceux de Zetsubô. Je ne pense pas être aussi puissante qu’il l’est, mais je peux me défendre en cas de besoin. Je vous propose donc en attendant qu’Erika ait fini d’aider Jordan et Yotsu, de défendre cet endroit en trois temps. Rei, patrouille dehors et surveille les éventuelles intrusions. Juuni va garder un œil sur les sous-sols et moi sur l’entrée principale et l’étage. Nous devons gagner un maximum de temps. D’accord ?

– Vu. Sourit Juuni. T’as pas intérêt à échouer la fiotte.

– Tu rêves. Rétorquai-je. J’te signale que l’autre Jessica est à ma botte ~

– On verra ce qu’elle en dira quand je lui balancerai ~

Un frisson me parcourut le corps en pensant à la réaction de la blonde. Je ne relevai cependant pas et me dirigeai jusqu’à l’extérieur du grand château dans lequel tous les Yumes se retrouvaient autrefois. Nous avions perdu pas mal de membres mais nous étions toujours debout. Je me posais quand même pas mal de questions vis-à-vis du groupe tandis que je voyageais dans ce monde de désespoir. Il était d’ailleurs bien différent de la dernière fois où j’y avais été entraîné. Le fait d’être venu ici de mon gré avait montré une autre facette du monde amer et dénué de sentiments. Parfois je rencontrais des âmes en peine comme celle de Kôsei ou de ma sœur. Je ne pouvais pas voir leurs visages et eux ne pouvaient pas voir le mien, mais on parlait et parfois je les aidais à surmonter ce désespoir. Pourtant, même si je faisais de mon mieux pour les aider, le sang du désespoir à l’état pur semblait couler dans mes veines. J’avais mis du temps à l’accepter, et j’imagine que cela devait être encore plus difficile pour Hiroki, mais nous étions bel et bien les personnes les plus à même de transporter et faire fleurir le désespoir.

Mais était-ce vraiment ce monde que je devais faire fleurir ? C’était la pensée qui gagnait mon esprit chaque fois que je regardais ces sombres étendues dénuées de vie, dénuées de sens. Si nous devions maintenir ce monde en vie, était-ce pour propager le désespoir ou pour au contraire laisser une lueur d’espoir à tout le monde ? Je ne le savais même pas moi-même. Ces terres étaient au final devenues banales pour mes yeux et mes sentiments. Je m’étais habitué à ce paysage que l’on n’imprimerait jamais sur une carte postale, avais-je perdu mon cœur en restant trop longtemps ici, ou était-ce monde qui avait ouvert son cœur au mien, je n’aurais pas su répondre.

Je pris une grande inspiration et continuai ma patrouille. Rien ne semblait avoir changé depuis que Zetsubô était revenu, si ce n’était ce message étrange qu’il avait laissé. Il avait d’ailleurs fait la même chose avec moi un an et demi auparavant. Il avait utilisé une vieille blessure avec laquelle il était certain de me tenir afin de s’introduire en mon esprit. Il avait même travesti la réalité en mentant sur la disparition de mes parents qui s’étaient en fait donnés la mort dans un dernier acte d’espoir pour nous protéger mon frère et moi. Il avait travesti leur acte d’amour pour m’en faire endosser la responsabilité et ainsi entrer par mon sentiment d’impuissance. A cause de lui, j’avais gravement blessé Hiroki et beaucoup d’autres personnes. Mais cela m’avait aussi permis de rencontrer Jessica, de prendre de l’assurance en tant qu’homme, et de chasser cette éternelle impuissance que je trainais encore et encore. J’étais devenu un autre grâce à toutes les épreuves que nous avions traversées. Le désespoir avait au final donné son petit coup de pouce pour faire triompher l’espoir. Comme les deux facettes d’une pièce agissant sur chaque destin. Si seulement les personnes pensant en ce moment à rejoindre Zetsubô pouvaient se rendre compte que parfois, vivre le désespoir peut aussi déboucher au bonheur. Le conflit que nous allions subir n’aurait même pas de raison d’être si tout le monde se rendait compte de ce fait élémentaire.

Je me dirigeai vers la plage, cet endroit où j’avais échoué l’année dernière. Je me rappelle encore de Yami qui m’avait expliqué le pourquoi j’étais ici et avec qui j’avais eu un affrontement dans les fin fonds de mon esprit. Je n’avais pas revu Yami depuis ce nouvel affrontement devant Metaion, et j’ignorais s’il avait disparu de ma mémoire et de mon esprit, ou s’il était simplement parti ailleurs. Personnellement, je ne le ressentais plus, et j’imagine que c’était mieux ainsi. Après tout, il avait été responsable de bien des choses, même si, je l’avoue, le voir dans une telle situation de faiblesse face à Metaion m’avait fait de la peine. Aucun être ne mérite de disparaître de la sorte, voir son existence même se faire détruire sans pouvoir faire quoi que ce soit…Personne ne mérite une fin si cruelle. Ce fut pour cette raison que je m’étais jeté à son secours. Je n’acceptais pas qui il était, mais en ne pensant qu’à moi je serais devenu comme lui et je ne voulais pas que cela se produise. En sauvant une vie sur le point de s’éteindre, j’ai fait ce qui m’engageait en tant que sapeur-pompier mais aussi en tant qu’humain, puisque tout être humain digne de ce nom doit refuser de voir la vie s’éteindre devant lui.

Je réfléchissais encore au passé, encore et encore, mais je fus vite troublé par quelque chose d’extérieur à l’environnement habituel. En effet, une brise fraîche commença à souffler, me caressant délicatement le visage. C’était agréable, mais bien trop peu habituel pour susciter le moindre plaisir innocent à l’intérieur de moi. Quelque chose clochait, et j’avais le sentiment que Zetsubô n’était pas étranger à tout cela.

https://www.youtube.com/watch?v=PFh0JKSQRgU

Mes doutes se confirmèrent rapidement puisqu’en moins de temps qu’il ne fallut pour que je m’en aperçoive, une horde de sombres créatures apparut autour de moi. Ils devaient être une cinquantaine. Ils étaient des monstres de duel à l’allure sombre qui ne semblaient pas bien forts à première vue, mais qui se multipliaient encore et encore au fil des secondes. Comprenant alors immédiatement ce qu’il en était, je me lançai dans un affrontement contre ces créatures surgies de nulle part. Rassemblant l’énergie en moi, je fonçai vers elles en ordonnant en mon for intérieur :

– Ananta, j’ai besoin de toi ! Criai-je à l’intention de l’esprit de duel ayant trouvé refuge en moi.

Et il apparut alors à la vitesse de l’éclair, ne jugeant même pas la situation avant de dévorer tout ce qu’il pouvait trouver. Les monstres n’opposaient pas vraiment de résistance, se faisant écraser par la puissance presque étouffante du monstre de duel. Tandis que nous progressions en totale synchrone lui et moi, terrassant nos ennemis sur notre passage, je ressentais que depuis l’époque où nous étions face à Metaion, notre entraînement avait porté ses fruits.

– Ananta ! Acid hurricane ! Hurlai-je au monstre.

Et ainsi, utilisant ses pouvoirs et les miens, le monstre cracha un épais venin en tourbillonnant sur lui-même. Grimpant sur le dos du reptile, j’évitai l’attaque qui s’écrasa sur tous les monstres alentours, les réduisant ainsi au silence. J’ordonnai ensuite à mon reptile aux têtes multiples de se diriger vers le château du désespoir qui, je le voyais d’ici, semblait infesté par les monstres de duel qui avaient investi le monde de l’indifférence.

Nous nous déplaçâmes rapidement jusqu’à l’endroit, trouvant sur notre chemin divers monstres ténébreux. Du Mezuki au dragon zombie, en passant par le dragon zombie aux yeux rouges, nous dûmes nous défaire de pas mal de monstres et surtout éviter les attaques suicides des crânes infernaux qui s’autodétruisaient au contact du premier obstacle qu’ils trouvaient. Il était clair que Zetsubô passait complètement à l’offensive.

Lorsque j’arrivai au château, chevauchant toujours Ananta, je fus pris d’un malaise. Le nombre de créatures obscures était bien plus grand que ce que j’avais eu l’occasion de voir de là où je me trouvais, et tous les Yume-Nikkis se trouvaient à l’intérieur. Je n’avais pas vraiment à réfléchir en voyant cela. Je me jetai à l’intérieur, conscient que dans notre repaire devaient se cacher des monstres bien plus imposants que dehors. Pourtant, je n’avais pas le choix. Je voulais absolument tirer un trait sur l’homme que j’étais, et montrer que j’étais désormais capable d’utiliser cette puissance pour sauver les miens.

Ainsi, lorsque je pénétrai les sous-sols, je détruisis tout ce qui se trouvait sur mon passage. Comme je m’en doutais, les monstres étaient de plus en plus forts, mais ils étaient à mille lieux de pouvoir rivaliser avec mes capacités et celles d’Ananta. Et nous ne prouvâmes une fois de plus en réussissant à rejoindre la salle principale, là où, comme je l’avais deviné, se trouvait le boss de l’assaut. C’était un monstre de duel assez puissant : le démon de l’enfer Dreadroot. Bien qu’il n’était plus d’actualité dans le jeu de cartes, il semblait dans le monde des esprits posséder une puissance colossale. Il était de dos à moi, face à son adversaire qui n’était autre que Laila, ma sœur. Non pas craintive, même plutôt amusée, elle me laissait une drôle d’impression. Alors que j’allais intervenir, Juuni surgit de derrière et déploya son bras pour m’empêcher de le faire. Je lui lançai un regard hostile, irrité par ce qu’elle tentait de faire, mais elle me ricana au nez en m’assurant que j’allais plus gêner ma sœur qu’autre chose. J’observai alors cette dernière qui venait de poser un livre qu’elle était en train de lire, alors qu’au fond je restais inquiet.

– Yamada Laïla…Grogna la bête. On m’a demandé de reprendre ces lieux. Pars sur le champ ou je détruirai tout ce que tu as construit et prendrai toutes les vies passant sur mon chemin.

Laila soupira, avant de reprendre avec son sourire habituel.

– Si ton armée se résume à ces quelques monstres que tu as déployés partout…Alors permets-moi de remettre en doute les moyens de Zetsubô pour cette guerre. Ou alors, il me sous-estime tout simplement…Enfin…Je suppose que je ne vais pas céder à tes menaces et que je vais devoir me charger de te faire taire ~

– Comment oses-tu parler sur ce ton à sa majesté ! Hurla un des serviteurs de Dreadroot.

Ma sœur devint tout à coup glaciale, affichant une expression terrifiante sur son visage.

– Ne comprenez-vous pas pourquoi je me le permets ? Rit-elle. Mais parce qu’ici vous êtes sur MON territoire, et tant que vous êtes chez moi, c’est moi qui dicte les règles. J’en appelle aux 9 Piliers du désespoir ! Le cercle de Lithemba !!!

Une épaisse ombre entoura la leader du mouvement qui afficha un sourire dérangeant sur son visage glacial. Le meneur de l’armée qui avait pénétré ce monde tenta de la frapper avant qu’elle ne puisse générer ce qui semblait être une attaque, mais il fut repoussé par le sort de la femme qui se défendait très bien seule contre lui. Déconcerté, il tenta encore, mais il fut surpris par 9 colonnes de pierre couleur ébène qui surgirent de nulle part, entourant le roi et sa garde.

– Abats-toi sur eux, Désespoir. Murmura-t-elle.

Et à la seconde où elle murmura ces paroles, un éclair fracassant s’abattit sur la bâtisse, précisément au centre du cercle formé par les neuf colonnes que Laila avait installé en quelques secondes. Cet éclair de couleur mauve provoqua un vacarme assourdissant, ne laissant que les cris de rage et de souffrance de nos ennemis se joindre à lui dans un son lugubre qui dura quelques dizaines de secondes. L’éclair dont l’éclat de lumière était obscur continua à s’abattre en continu pendant quelques minutes, puis les cris cessèrent, et lorsque l’attaque et les colonnes disparurent, tout ce qu’il restait de nos ennemis n’était qu’un ridicule amas de poussière que l’on pouvait à peine apercevoir. Satisfaite, la leader du désespoir passa sa main dans sa longue chevelure ébène, avant de reprendre l’ouvrage qu’elle était en train de lire. Ne pouvant contenir ma stupéfaction, je me ruai vers la femme afin de lui poser des questions.

– Laila ! Hurlai-je en laissant échapper toute ma surprise. C’est….C’est incroyable ce que tu as fait là ! Mais…Comment as-tu fait !?

– Ce n’est rien Rei-Kun. Assura-t-elle. C’est simplement ce que l’on obtient lorsque l’on contrôle le pouvoir de ce monde. J’ai pu développer quelques capacités que l’on obtient lorsque l’on sait apprivoiser le désespoir et en faire une force.

– Faire une force…Avec le désespoir ? M’interrogeais-je. Que veux-tu dire ?

– Son truc c’est comme les pouvoirs psychiques ou l’Ener-D. Reprit alors Juuni. Si tu prends le désespoir comme une source d’énergie, tu peux la modeler comme tu le veux et la mêler à ta propre aura pour te donner des pouvoirs de défense et d’offensive. C’pour ça que l’autre momie elle veut prendre le contrôle de ce monde, pour pouvoir retrouver tous ses pouvoirs.

– Précisément. Approuva Laila. Et c’est pour ça que je garderai ces lieux jusqu’au bout ~ Allons voir si Erika, Jordan et Yotsu se portent bien voulez-vous. Il serait fort dommage de perdre des alliés ~

Encore stupéfait par ce que venait de montrer Laila, je suivis malgré tout les deux femmes qui semblaient bien plus puissantes que ce que j’imaginais jusqu’alors. J’eus la pensée d’avoir été bien présomptueux à leur avoir donné des leçons plus tôt alors que malgré les pouvoirs que je possédais grâce à Ananta, j’étais certainement le plus faible de nous trois, mais l’heure n’était pas à penser à ça. A l’intérieur, même si j’étais soulagé par le fait que nous avions réussi à repousser la première vague d’attaques, je savais que la prochaine serait plus difficile à contenir et qu’il allait falloir redoubler de vigilance afin de ne pas nous faire déborder par les attaques, même si au final, comme nous l’avions décrété quelques heures auparavant, nous ne pouvions que gagner du temps, étant donné nos pauvres effectifs du moment…


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [15/02/2017] à 01:58

Chapitre 28 : Transfert – Jessica , Jour + 6 après l'arrivée de Zetsubô

Le début d’un nouveau cycle, d’une nouvelle ère, voilà ce qu’avait déclaré ce sale gland de Zetsubô. Pourtant, depuis son apparition sur la falaise Sekai, depuis son annonce à la télévision, la vie n’avait pas vraiment changé. Comme si ce type n’avait que de la gueule et pas la paire de couilles qui suivait. Non, ce n’était pas ça. On savait tous que Zetsubô allait déclencher un conflit à grande envergure, mais nous ne pouvions alerter personne à ce propos. Qui allait croire une menace datant de tout ce temps qui revient en mode je vais soumettre le monde ? D’autant plus que ces chiens de journalistes s’étaient attelés à faire croire à la supercherie, montrant qu’eux-mêmes étaient vendus à Zetsubô. Nous ne pouvions donc que continuer notre quotidien tout en restant sous la menace.

– MAIS PUTAIN QU EST-CE QU ON FOUT ENCORE ICI BORDEL DE MERDE ! Hurlai-je, défoulant ma frustration une bonne fois pour toutes.

– Mademoiselle Leocaser ! Un peu de tenue ! M’ordonna le professeur.

Oui, malgré le fait que Zetsubô pouvait frapper n’importe quand, le quotidien continuait et j’étais prisonnière entre ces quatre murs avec ce vieux con qui nous enseignait tout sauf l’art de se défendre face à la menace imminente. J’avais envie de dégueuler rien qu’à penser à ce que je pouvais faire de ce temps précieux gâché en classe. Mais c’était comme l’avait dit le vieux, je devais continuer à faire tout ce cinéma, et sécher n’était pas une option puisque c’était lui qui avait tous mes papiers dans cette époque. Lâchant un soupir, je perdis mon regard dans les cieux, imaginant ce que Reisuke pouvait bien faire, lui qui n’était pas rentré à la maison depuis notre séparation à la falaise Sekai. Il devait sûrement décider avec Laila de comment il allait tenter de vaincre Zetsubô. Au fond, c’était bien lui avait raison. Laila était tout sauf une personne voulant le mal. Le vieux nous avait expliqué pas mal de choses à son sujet, et au vu de comment il nous l’avait balancé, elle était juste une meuf qui voulait vivre comme tout le monde et à qui on avait pris ses rêves….Exactement comme moi je l’étais. Je me sentais un peu mal à l’aise depuis cette histoire, même si je m’étais gardée de le dire. J’avais douté de l’intégrité de ce sale gland de Reisuke, et ça me faisait chier de savoir qu’au final c’était moi qui avait tort. Mais bon, au final, je ne pouvais rien faire de plus que me préparer à me battre.

Dans la salle de classe, beaucoup parlaient de Zetsubô, de son message, mais bien trop peu de personnes semblaient comprendre vraiment ce qu’il en était. Seule Chiaki, celle qui était la fille de mon autre moi et donc ma môme à moi aussi, était consciente du danger. Pourtant, elle ne montrait pas le moindre signe d’inquiétude, et ça me perturbait un peu. Ainsi, quand les cours furent enfin finis, je la rejoignis afin de lui poser cette question qui me brûlait les lèvres.

– Yoh la rousse ! Balançai-je. T’aurais-pas eu un accident qui a emporté ta mémoire ces derniers temps !?

– Un accident ?? Demanda-t-elle, surprise par ma question qui sortait de nulle part. Hmmm…..Non….Je ne crois pas…..

Elle se mit à chercher dans ses archives en se figeant comme elle le faisait habituellement lorsqu’elle réfléchissait. Je l’interrompis cependant rapidement, je n’avais pas que ça à foutre. La sortant de son état de transe, je repris la parole avec plus de fermeté.

– Eh je te parle ma poule ! T’es bien au courant que demain comme dans trois jours ou dans dix minutes on peut être en guerre n’est-ce pas !?

Heureusement que tout le monde était parti sinon on m’aurait prise pour une folle. Mais la rouquine en face de moi l’était bien plus, puisqu’elle ne semblait même pas comprendre ce que signifiait le retour de Zetsubô. Pourtant, alors que je cherchais une raison valable à sa stupidité, elle reprit la parole, en me souriant chaleureusement cette fois.

– Le désespoir est un tremplin qui permet à l’espoir d’atteindre son paroxysme. Jessica, c’est toi qui m’a appris ça puisque tu as vécu des tas de choses et pourtant tu es là à vivre la même vie normale que moi. Le désespoir n’est qu’un mauvais moment à passer, il est un rappel de Dieu que toute paix n’est pas acquise et qu’il faut en savourer chaque instant.

– Oi, qui t’a appris des trucs pareils ? T’en dis des trucs que je pige pas toi.

– C’est toi qui me les as apprises, maman. Grimaça la rousse. Ne t’en fais pas, nous sortirons victorieux de ce conflit.

Le sourire que Chiaki afficha à cet instant me fit du bien. J’avais beau ne pas le laisser paraître, ne plus voir Reisuke rentrer à la maison, affichant son expression paisible en me demandant si tout s’était bien passé dans la journée…Ca me faisait grave chier. J’avais l’impression d’être seule, et ça me faisait ruminer des vieilles choses pas très propres. Il me manquait, mon boulet. Du coup, au final venir à l’école c’était pas plus mal…

– J’peux vous voir une seconde ? Nous-interrompit une voix grave venue de nulle part.

Nous nous retournâmes, retrouvant Kôsei qui était venu nous voir à la pause pour un sujet qui semblait important. Cependant, une chose en lui me choqua vraiment. Il avait changé sa coiffure pour un truc vraiment bizarre. Il était rasé sur tout le côté gauche du visage tandis que le reste de ses cheveux était dressé sur sa tête. Entre ça, la boucle d’oreille et la grosse cicatrice lui traversant le visage, il avait vraiment le look Kaïra. Nous le regardâmes dubitatifs, moi et Chiaki. Cette dernière retourna en transe, posant son doigt sur sa bouche en essayant de reconstituer comment Kôsei en était arrivé là, ce qui eut pour effet d’agacer le leader de The Fallen Moon.

– Tu nous veux quoi la racaille ? Balançai-je avec ironie. Tu veux nous relooker comme toi ?

– Abuse pas Jessica. Reprit-il, toujours aussi amical. Venez avec moi dans la salle du club, je dois vous parler.

Je sortis Chiaki de son coma et je la trainai afin de suivre Kôsei jusqu’à la salle de musique. C’était rare qu’il vienne nous chercher avec un air aussi sérieux. S’il le faisait, c’est que c’était important. J’étais convaincue qu’il allait nous dire quelque chose qui allait changer des tas de choses. Et ma pensée se confirma lorsque je vis qu’Akemi, Masu et Kenichi étaient présents aussi. Nous nous regardâmes tous avec des airs solennels, pensant à l’impact de ce qu’allait nous dire Kôsei.

– J’ai cassé l’archet de mon violon. Balança-t-il devant nos mines consternées par cette révélation idiote. En attendant que je puisse en racheter un, je vais devoir jouer de la guitare.

– HUUUUUUUH !? Hurlâmes-nous tous sauf Chiaki qui était encore dans son coma. Tu nous as vraiment fait venir avec cette tête d’enterrement pour ça !?

– Eh…Je joue moins bien la guitare par rapport au violon. Rétorqua-t-il, concerné. Il fallait que je vous prévienne.

– Oh my ~ Je pensais qu’il allait nous dire quelque chose de dramatic like a girlfriend but nothing. Soupira Akemi. Je suis so disappointed.

– Ehhh man tu m’as fait flipper. Reprit Kenichiro. J’pensais que tu allais nous sortir un truc dramatique aussi.

– J’ai autre chose à vous dire. Vous ne comprendrez sûrement pas, Masu, Kenichi, et Akemi, mais prenez ces pierres. C’est de la Shungite. Si vous êtes en danger, claquez en une de sorte à la briser, et vous pourrez vous débrouiller pour vous sortir du danger.

– De la Shungite ? S’interrogea le roux du groupe en prenant les quelques pierres. N’est-ce pas cette pierre anti ondes que l’on trouve dans les pays de l’Est ?

– T’as l’air de t’y connaître toi ~ Rétorquai-je en me moquant de lui. T’as tellement pas de copines que tu t’entoures de cailloux ?

– Mon père est géologue. Poursuivit Masuda. Du coup je connais pas mal de choses sur les pierres et leurs vertus thérapeutiques. Quand Kôsei vient chez moi, je mets des émeraudes dans ma chambre car l’émeraude apaise les tensions et calme l’esprit par exemple.

– En tout cas, reprit Kôsei, cette pierre peut canaliser de l’énergie et la relâcher. Si vous la brisez au sol, vous serez imbibés de l’énergie que mon amie a mis à l’intérieur et vous pourrez faire des choses qu’ils vous était impossibles de faire avant. Faites en bon usage, les temps à venir seront difficiles.

Je regardai la scène en silence. Kôsei avait beau essayer de prendre sur lui, il était dans la même situation que moi. Nous ne savions pas comment et quand Zetsubô allait réellement passer à l’offensive, nous étions condamnés à l’insupportable attente, et c’était horripilant. Pourtant, nous étions bien obligés de continuer notre vie en attendant, puisque le monde extérieur, lui, n’avait pas changé. Ainsi, une fois les cailloux donnés, Kôsei reprit ses habitudes, laissant parler cette autre facette plus enjouée qui était en lui.

– Bien les amis ! s’exclama le pirate avec le sourire. On se répète la dernière chanson qu’on a bossé les gars ?

– J’suis pas sûre d’être au point sur le vocal…Soupirai-je, c’est chaud quand même.

– T’en fais pas ma Jess ! Rit Kenichiro. Akemi nous accompagne sur celle-là donc vos voix vont se mêler ~

– Ewi ma poule ~ J’compte sur toi pour bien feel the music in your heart ~ On y va pour Hikaru Nara ~

https://www.youtube.com/watch?v=3bm8vZVFYyU

Nous entamâmes quelque chose que nous n’avions pas fait depuis longtemps : une répétition de groupe. Cela faisait facilement un mois que nous ne nous étions pas adonnés à cet exercice que l’on appréciait tous, et je l’avoue que refaire un brin de musique avec les garçons était quelque chose que j’appréciais. La musique que l’on produisait était encore une cover : une cover de goose house qui avait été rendue très célèbre par un animé assez médiocre mais ayant séduit le public.

J’étais au chant avec Kôsei et Akemi qui, eux, jouaient également respectivement de la guitare électrique et de la basse. La sœur avait même composé un arrangement spécial pour les instruments du groupe, là où moi je ne faisais que chanter. Quand on prenait le groupe, j’étais clairement celle qui était la plus proche de la case débutant, et ça me préoccupait un peu.

Nous ne fîmes que la version courte de Hikaru Nara. Cela semblait bien donner puisque Chiaki était sortie de son coma pour nous applaudir joyeusement et avec enthousiasme. Les étoiles aux yeux, elle ne pouvait plus contenir sa joie face à ce que nous venions de faire.

– Sugoiiiii !!! Cria-t-elle. C’est votre meilleure cover depuis la reprise des cours !!!!

– C’est notre seule cover depuis la reprise des cours Chiaki…Soupirai-je.

– Hahahaha Chiaki est toujours à l’ouest. Rit Kenichiro. Mais t’as toujours été notre plus grande fan ~

– C’est vrai que quand on y pense, Chi-Chan a toujours été là pour nous regarder jouer. Approuva Masuda. Et une fois je l’ai même entendue jouer moi !

– SERIEUSEMENT !? Hurlâmes-nous tous, excepté Kôsei.

Nous nous retournâmes vers la petite rousse qui se referma sur elle-même face à tous les regards qui pesaient sur elle. Abandonnant, elle soupira, avant de reprendre la parole en bafouillant et évitant le contact visuel avec quiconque se trouverait sur sa route.

– Je joue du synthétiseur…Lâcha-t-elle finalement. Depuis que je suis fan du groupe…J’ai voulu apprendre à jouer d’un instrument pour en faire partie….Et je suis tombée sur le synthétiseur…Je…Je voulais être capable de vaincre le boss avant de vous le dire…Mais…Je suis encore au level 10…

– Whoooooa !!! S’exclama Kenichiro. T’es vraiment géniale Chiaki-chan !!!! Je suis sûr que tu pourrais intégrer The Fallen Moon !

S’en suivit des taquineries vis-à-vis des cachotteries de Chiaki, ainsi que des explications qu’elle fournit à tout le monde concernant ses compétences. Elle nous montra ensuite ses talents sur le synthétiseur de la classe de musique et en effet elle avait énormément de talent en musique. C’était même difficile à croire même en le voyant. Si elle ne se mettait en transe à chaque fois, elle allait pouvoir devenir un atout de poids dans le groupe, et même Kôsei semblait approuver l’idée.

Nous passâmes le restant de la pause à jouer avec notre nouvelle recrue sortie de nulle part.

Lorsque nous revînmes en classe, je m’installai comme à mon habitude à mon bureau près de la fenêtre, mais cette fois, le cours allait être différent de d’habitude, je le sentais. Et j’avais raison puisque quelques minutes plus tard le prof arriva avec une annonce qui allait changer bien des choses à mon quotidien tranquille.

– Bonjour à tous. Entama notre professeur principal. Nous allons accueillir en ce jour un nouvel élève au sein de notre classe. Les examens arrivent à grands pas je le sais bien, mais l’élève en question nous accompagnera jusqu’à la fin de l’année. Je compte sur vous pour l’aider à se mettre à niveau s’il a des problèmes. Vous savez que Kibougamine est une académie réputée pour avoir un examen très difficile, je compte sur vous pour faire votre mieux pour supporter votre camarade. Sur ce, je vais le chercher.

Le professeur s’absenta quelques minutes, nous laissant tous dans le questionnement sur ce nouvel élève. Tout le monde, excepté Chiaki et moi spéculaient sur l’apparence, le sexe, et les résultats de l’élève en question. Les overlords imaginaient déjà une nana à leur goût qu’ils allaient pouvoir draguer tandis que les nanas imaginaient un mec super classe qui allait pouvoir les faire mouiller leurs culottes.

https://youtu.be/JBeS_7X9K30

Pourtant, lorsque le professeur entra avec l’élève en question, ce fut moi qui fut la plus surprise de tout le monde. Les nanas étaient déchainées face à ce nouvel être masculin qui fermait la gueule à tous les autres mecs de par son physique plutôt avantageux, mais moi, ce n’était pas pour ça que j’étais choquée. Ce mec lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Il était un roux dont la couleur tirait sur l’écarlate plutôt que sur l’orange, ses yeux couleur marron étaient assez doux, bienveillants tandis que sur son visage mal rasé était dessinée une expression souriante et ouverte. Il avait arrangé ses cheveux en bataille, mais ils prenaient exactement la même forme que celui à qui il ressemblait fortement. Ce mec ressemblait comme deux gouttes d’eau à Mario, le mec de ma bande d’abrutis qui était aussi mon premier amour à l’époque. J’étais consternée par tant de ressemblance, mais je compris lorsque le garçon se présenta.

– Ravi d’être des vôtres. Dit-il de sa voix plutôt douce et agréable à l’oreille. Je m’appelle Pedro, Toppolino Pedro. Je viens de l’école de Samezuka au nord de la ville. On m’a redirigé ici pour mon cursus car l’académie Kibougamine est au-dessus du reste lorsqu’il s’agit des professions manuelles et d’artisanats. Mon rêve est de devenir le plus grand des mécaniciens, c’est une promesse que j’ai faite à quelqu’un qui m’est cher. Je voudrais donc m’investir dans le club de mécanique réputé de Kibougamine. Enchanté.

Je fixais le jeune homme qui était sûrement de la famille de Mario, mais je ne savais pas vraiment qui il était. Le professeur l’invita à prendre la place vide à côté de moi, ce qui semblait presque être trop tiré par les cheveux pour être vrai. Le jeune homme quant à lui s’exécuta, ne se préoccupant même pas de toutes ces paires d’yeux braquées sur lui alors qu’il s’installait. Il posa son sac mais garda un sac qu’il portait sur son épaule, un étui qui semblait contenir une guitare. Une fois son sac posé, il attendit que le professeur tourne le dos pour attirer mon attention et prendre la parole.

– Je suis heureux de pouvoir enfin te rencontre, Jessica. Me dit-il de nulle part en affichant un sourire sincère. Oublie ce que j’ai dit concernant le club de mécanique, celui de Samezuka était très bien. Si je suis venu ici, c’est pour toi, et uniquement pour toi que je l’ai fait.

Un beuglement général se fit entendre dans la classe. Le professeur tenta bien de calmer les choses, mais les nanas pestaient contre moi tandis que les mecs pestaient contre les nanas. Seule Chiaki restait de marbre, continuant à jouer à sa console et à écouter le cours. Mais le professeur ne se laissa pas vaincre par sa classe et la fit taire, et comme si ça ne suffisait pas, il me tint pour responsable.

– Puisque vous aimez être le centre d’attention mademoiselle Leocaser, je suppose que nous réciter votre travail à voix haute devrait être dans vos cordes.

En ignorant les déclarations de Pedro, je me levai. Je pris une grande inspiration, puis, imperturbable, entamai mon monologue.

– A la question « Est-il nécessaire d’avoir des rêves pour vivre une vie couronnée de succès ? » je peux émettre deux réponses. Mais avant toute chose, il faut découper le rêve en deux catégories : le rêve d’enfant et le rêve de l’adulte, qui sont deux énergies fondamentalement différentes et réceptionnées de différentes manières. Il faut également chercher la cause de l’introduction du rêve dans l’esprit de l’individu. Car l’être humain peut acquérir des objectifs par rapport à un vécu plutôt qu’à une réelle envie. Si l’on prend cette question et qu’on la creuse, nous pouvons donc dévier sur une question similaire « L’envie est-elle réellement le fruit du désir personnel, ou simplement l’impact de l’environnement sur l’esprit d’un individu ? » A partir de la réponse de cette question, nous pouvons donc résoudre la problématique de la nécessité du rêve ou non dans une vie couronnée de succès.

– Excellent travail mademoiselle Leocaser. Sourit le professeur. Vous avez en effet creusé une question bien intéressante à laquelle Xavier va répondre.

Xavier qui était en pleine discussion à propos de l’impact qu’avait Zoodiac beast dans le nouveau méta, se retourna et balbutia des phrases incompréhensibles. Il se fit sermonner par le professeur qui lui colla double devoirs pour le lendemain. Satisfaite, je me retournai vers lui en lui tirant la langue, bien contente d’avoir pourri la journée de l’Overlord.

Les cours finirent et tout le monde partit. Chiaki avait un entrainement avec le vieux et Kôsei ne m’avait pas retenue, donc j’allais partir aussi. Cependant, alors que je me levais du bureau afin de prendre la route, une poigne assez ferme me retint dans ma lancée. Agacée, je me retournai vers celui qui m’avait agrippée, c’était Pedro. J’allais lui défoncer sa gueule pour m’avoir presque fait tomber, mais il prit la parole avant que je ne le fasse.

– J’étais sérieux tout à l’heure, Jessica. Je suis venu dans ce lycée dans le seul but de te rencontrer.

– Et pourquoi spécialement moi ? Ricanai-je en feignant le fait que je l’avais reconnu.

– Je voulais rencontrer la fille dont mon frère était tombé amoureux. Me répondit-il avec le sourire. Ma foi, Mario n’avait pas mauvais gouts, tu es magnifique.

Je lançai un regard assassin au jeune homme qui ne fit que renvoyer un sourire désolé et gêné en retour. Mais j’avais appris une information important, Pedro était le frère de Mario. Cela coïncidait avec les âges quand on y réfléchissait. Ils avaient d’ailleurs quasiment la même tête. Je me défis cependant de la poigne qu’il avait sur mon bras. Aussi ressemblant était-il, Pedro n’était pas Mario, Mario n’était pas Pedro. Je n’allais pas me faire avoir par ce vieux truc.

– Ton frère était un mec cool. Repris-je sans le regarder. Il avait un profond sens de la justice et il aimait toute la bande. Quand je me rappelle de tous les moments qu’on a passé ensemble, j’regrette rien. Rien du tout. C’était le premier mec que j’ai kiffé, il aura toujours une place dans mon cœur.

– J’vois. Tu sais, ma mère m’a énormément parlé de toi quand j’étais plus jeune. De toi et de mon frère. Votre bande, avec Elvis, Gab et les autres. Tout ça c’est ce qui me motive à vivre.

– De quoi tu parles ?

– A Satellite, tout a été remis à neuf depuis. J’y ai passé mon enfance au milieu des quelques gangs de duel qu’il restait, et au final c’est une fille un peu plus vieille que moi qui y a mis fin. Elle a aidé la sécurité à détruire les gangs restants et a permis de réinstaurer la paix là-bas. Elle et son frère sont repartis on ne sait où. Mais depuis, tout s’est bien passé. Mais pour ma part, j’ai décidé de combattre l’injustice partout dans ce monde, et un jour, j’ai rencontré des personnes qui se battaient pour la justice.

– La fondation du futur n’est-ce pas ? Grommelai-je.

– Ouais. La fondation du futur nous a expliqué qu’ils étaient responsables de la paix dans leur pays et que les intégrer pouvait contribuer à répandre l’espoir à l’échelle planétaire. J’ai donc intégré leurs rangs pour que plus jamais quelqu’un n’ait à pleurer une mort injuste. Ma mère m’a suivi dans leurs rangs.

– Pourtant, vous êtes ceux qui cherchent à commettre le plus injuste des crimes en tuant les Yamadas qui n’ont aucune affiliation avec Zetsubô dans ses idées.

– Nous voulons éliminer les Yamadas pour préserver de nombreuses vies. Si nous arrivons à éteindre leur lignée, alors le monde sera débarrassé d’une menace assez imp –

Le jeune homme n’eut le temps de finir que je me saisis du couteau caché dans ma veste et le plantai dans le mur à côté de lui, le regardant avec toute la haine que j’avais à l’intérieur. Le dévisageant avec insistance, je lançai une menace brève, mais à laquelle j’allais forcément donner suite.

– Ecoute moi bien, Pedro. Ne t’avise jamais de toucher à un seul cheveu de l’un des trois Yamadas. Laila, Hiroki et Reisuke n’ont rien demandé, et je ne laisserai jamais le sang des innocents couler de nouveau. T’as compris sale gland ?

– Je vois. Soupira-t-il avant de me sourire de nouveau. Tu sembles tenir à ces personnes. En attendant, ils sont responsables du retour de Zetsubô. Je ne me retiendrai pas si je dois les éliminer.

– Tu fais erreur. Sans la fondation du futur, jamais Zetsubô ne serait revenu. Laila aurait vécu une vie normale, et ses frères aussi. C’est vous qui avez provoqué le désesp –

https://www.youtube.com/watch?v=rrsRokgOodU

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’un choc assez puissant retentit dans l’école qui était presque vide. Pedro et moi échangeâmes un regard avant de nous précipiter hors du bâtiment, cherchant quelle était la source du bruit que l’on venait d’entendre. Je regardai alors autour de moi, et, alors que je ne voyais pas grand-chose, une étrange lumière violette surgit de nulle part, entourant tout le périmètre dans lequel s’étendait l’école. Ces lumières agissaient comme un champ de protection similaire à celui des pactisants des ténèbres que j’avais croisé il y a de cela 14 ans. Avec cette lumière surgirent des tas de monstres sortant de nulle part. Ils semblaient être des monstres de duel d’attribut ténèbres. Des Jeroid des tenebres, des rois de Yamimakai, et autres créatures variées composant les abysses du jeu.

– Ok….Il semble que Zetsubô t’aie déjà repéré ma poule. Grimaça Pedro. Il va falloir se battre. Tu penses être à la hauteur ?

– Tu te fous de ma gueule ? Rétorquai-je, irritée. C’est plutôt à moi de te poser la question ma poule. J’voudrais pas avoir un cadavre sur la conscience.

Pour toute réponse, il prit le sac qu’il avait attaché à lui et l’ouvrit. Dans cet étui de guitare se trouvait en fait une épée très longue dont la lame argentée semblait extrêmement tranchante. Il brandit son arme face à tous ces monstres, reprenant la parole en ricanant.

– Voyons lequel de nous deux sera le plus à la hauteur, Jessi Jess ~

Il partit en avant à une vitesse plutôt acceptable, me laissant de côté. Nous ne savions pas vraiment pourquoi nous nous battions, mais il était impossible de sortir sans ça donc nous n’avions pas le choix. Je courus derrière lui moi aussi, sortant de ma poche une de ces pierres que le vieux avait donné pour combattre avec l’Ener-D stockée à l’intérieur. Je ne savais pas de quel pouvoir j’allais hériter, mais je plaçai ma confiance en ces cailloux.

J’en claquai un à mes pieds au sol, et lorsqu’il se brisa en deux, il se consuma instantanément avant de me donner une force que je n’avais pas ressentie depuis un moment déjà. Confiante et reboostée, je m’avançai rapidement vers les monstres, dépassant Pedro qui ne comprit pas vraiment la situation. Ainsi, nous nous mîmes tous les deux à combattre les créatures. Pedro tranchait quiconque voulait en découdre d’un coup d’épée fulgurant tandis que de mon côté, j’utilisai les pouvoirs psychiques m’ayant été rendus par ces pierres afin de repousser les menaces. J’étais retournée 14 ans en arrière l’espace d’un instant.

Le roux et moi nous mîmes dos à dos, histoire de n’avoir aucun angle mort. C’était un partenaire de bataille qui allait sûrement vouloir attenter à la vie de mes camarades, je ne pouvais donc pas lui donner l’opportunité de se défendre avec les pierres sans quoi il aurait percé le secret de la défense du vieux, et je ne voulais pas gâcher ce secret capital.

– Plus on en bat, plus il en vient ! Râla Pedro. Zetsubô met le paquet tu trouves pas Jessi Jess !?

– Ferme ta gueule, c’est pas en te râlant que ça arrangera les choses ! Il faut trouver le noyau qui les génère et détruire ce noyau !

– Dans ce cas, on devrait viser cette grosse colonne d’énergie mauve si tu veux mon avis. Suggéra Pedro en se moquant.

Mais il avait raison. J’avais été tellement préoccupée par ce combat que je n’avais pas vu ce halo luminescent de couleur mauve qui semblait venir du centre de la cour. Il était évident que le noyau qui appelait tous ces trucs dégueulasses s’y trouvait. Ce n’était pas possible autrement. Ainsi, moi et Pedro nous ruâmes au nord, là où se trouvait cette source d’énergie. Seulement, des monstres appartenant à l’archétype monde ténébreux nous barrèrent la route. Goldd et Sillva semblaient déterminés à nous dévorer, accompagnés de leur armée de Grenn et Kahkki. Cela n’effrayait pas la réplique de Mario qui s’élança à l’attaque de Sillva avec lequel il entama un duel à l’épée. Je m’attaquai pour ma part à Goldd en utilisant les pouvoirs que possédais. De mes mains je pouvais créer des flammes d’énergie psychique blanchâtre qui étaient assez puissantes pour terrasser d’un seul coup le menu fretin. Moi et Pedro attaquions de la même façon, sans penser à la défense. Nous étions tellement synchronisés que dans notre duel avec Goldd et Sillva nous finîmes par instinctivement échanger nos partenaires, puis par les finir en même temps respectivement d’un coup d’épée placée dans la tête de ma puissance psychique ayant carbonisé le corps de l’autre.

Echangeant un sourire narquois, nous avançâmes au cœur de l’armée jusqu’à tomber sur celui qui semblait être le chef : Grapha. Dès qu’il nous vit, il leva son bras colossal qu’il tenta d’écraser sur nous dans un vacarme assourdissant. Par chance, moi et Pedro avions tous les deux réussi à éviter ce coup titanesque. Le monstre de duel était assez lent, ce qui nous permit de joindre nos forces pour lancer une attaque groupée qui écrasa le colosse du monde ténébreux. Décidément, cette magie procurée par l’Ener-D était bien plus redoutable que je ne le pensais. J’avais l’impression d’avoir retrouvé mes pouvoirs de l’époque. Tout mon potentiel ne s’était peut-être pas évaporé après tout.

– On est arrivés à la source, Jessi Jess. Il faut la détruire maintenant. Prête ?

– J’ai une tête à ne pas l’être ? Arrête de perdre tu temps gros tas.

Pedro tenta de planter l’épée dans le réceptacle qui était la source du pouvoir déchaînant ces monstres, mais lorsqu’il planta son arme, nous fûmes tous les deux repoussés par quelque chose d’assez violent. Une ombre qui ressemblait à un dragon descendit. Cette ombre, c’était le démon de l’enfer Eraser, le monstre de duel. Il se posa devant le générateur d’énergie, avant de prendre la parole dans notre langue – ce qui me choqua au passage –

https://youtu.be/84fzFxEDfSc?t=17s

– J’ai pour ordre de vous exterminer. Grogna la créature. Je ne vous laisserai pas repartir vivants.

– T’es sérieux tu crois vraiment que tu vas gagner ? Ris-je. T’es débile ou ça se passe comment ?

– Eh, Jessi Jess, évite les provocations inutiles tu veux. On n’a pas encore jaugé son niveau.

– Jaugé son niveau ? Te fous pas de ma gueule Pedro. J’vais te montrer ce que c’est le niveau d’un Leocaser. J’en appelle à toi gardien des étoiles, serviteur de la famille Leocaser ! Déchaine tes saints pouvoirs et réduits en miettes cette créature dégueulasse !! Akulia, gardien de la porte des étoiles !

Le dragon qui était mon partenaire descendit du coucher de soleil pour venir s’écraser dans un vacarme assourdissant face au colosse des ombres, sous les yeux consternés de Pedro qui ne semblait pas connaître cet aspect de mes pouvoirs. La bête en face grognait face à ce que je venais d’invoquer. Elle semblait comprendre que ce qui l’attendait c’était de finir sur le carreau. Dans un acte désespéré, elle se lança contre mon protecteur dans l’espoir de le vaincre. Confiante, je me retournai vers Pedro pour entamer la discussion, ne doutant pas une seconde des capacités de mon partenaire.

– Bon, du coup t’es venu pour me protéger c’est bien ça ? Désolé j’ai pas bsoin de ton aide comme tu le vois ~

– Je vois ça, sourit le jeune homme. J’vois que t’as de la ressource, cela me rassure au fond. J’avais vraiment peur que tu ne puisses pas te débrouiller.

– Ah bon ? Ricanai-je. Et pourquoi as-tu peur ? Après tout, j’suis pas dans ton camp salope ~

– Si j’ai peur pour toi, reprit sérieusement ce type. C’est parce que je suis complètement dingue de t –

La réplique de Mario fut coupée dans son élan par un vacarme assourdissant venant de derrière. Akulia et Eraser faisaient décidément trop de boucan. Je ne pouvais même pas l’entendre. Je décidai alors de donner une leçon à ces deux grosses tâches. Je me ruai sur Eraser en hurlant, ce qui le fit s’arrêter quelques secondes en affichant un air choqué, puis, profitant de sa surprise, je me jetai sur lui et grimpai jusqu’à sa tête. Debout sur le haut de sa tête, je tapai des pieds et des poings sur le colosse de ténèbres.

– MAIS TU PEUX PAS FERMER TA GUEULE SALOPERIE !? TU VOIS PAS QUE J ESSAIE DE CAUSER ?

Face à ma réaction, Akulia soupira et s’arrêta net. Il se recula, posant sa patte contre sa gueule pendant quelques secondes. Il vint ensuite m’enlever du dessus de la tête du démon, et dans un élan de camaraderie, posa sa patte sur l’aile de ce dernier.

– Ecoute, conseil d’ami. Grogna-t-il. Ne reste pas plus longtemps avec cette tarée. Je vois leur lignée devenir de plus en plus dégénérée de générations en générations et je suis lié à eux à jamais. J’te conseille de retourner d’où tu viens et de ne jamais te mêler des affaires des humains. Si tu finis sous contrat, tu meurs.

– Tu…Tu penses vraiment que je peux te laisser avec ça ? Grogna l’autre monstre dans un élan de compassion.

– Mon sort est déjà scellé. Va, Eraser, vis la liberté.

– Merci Akulia…Sanglota le démon.

Ils s’étreignirent devant nos mines consternées, puis le démon s’envola dans les cieux alors qu’Akulia lui faisait signe,tout aussi ému que ne l’était le colosse de ténèbres. Les ténèbres autour de nous disparurent, toujours sous nos regards consternés.

– Attends…Tu viens de lui dire qu’il était plus libre sous les ordres de Zetsubô que toi sous les miens ou ca se passe comment !?

– C’est la vérité. Grogna le monstre. J’en peux plus de tes caprices. J’étais tranquille en train de regarder question pour un dragon et toi tu viens m’emmerder avec ton démon que tu aurais pu battre toi-même. J’te laisse la blonde, Altair et Deneb sont encore en train de se disputer, ces sales gosses j’vais les bouffer un jour.

Le dragon repartit, me laissant seul avec le rouquin qui semblait vraiment débarquer d’une autre planète. Il devait avoir compris que je n’étais pas la gonzesse ordinaire que l’on pouvait trouver à chaque coin de rue.

– Tu devais me dire quelque chose gros tas ? Lui dis-je en lui tendant la main. Relève-toi déjà.

– Non….Oublie ça. Bégaya-t-il alors. Tout ce qui compte c’est que tu sois sauve.

Nous repartîmes alors de l’école que nous laissâmes en l’état, me laissant satisfaite de cette première bataille remportée contre Zetsubô.

– Piece of cake, bitch ~


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [22/02/2017] à 21:59

Chapitre 29 : Le rouge du désespoir — Reisuke , Jour + 8 Après l'arrivée de Zetsubô

https://youtu.be/9zYJYrkRevY

Les jours se terminant dans le monde du désespoir n’apportaient avec eux ni coucher de soleil, ni paysage de carte postale. Tout ce qu’ils apportaient, c’était tout autant de désolation qu’il n’y en avait d’habitude. Je sentais cependant une chose différente, cette chose étant l’aura du monde extérieur. Ainsi, fixant le paysage paisible du monde de ténèbres que nous avions protégé moi, Juuni et ma sœur, je me dis à ce moment que le monde réel m’appelait malgré tout. Je n’étais malgré tout pas un être de désespoir comme le pensait Zetsubô…Et au fond de moi, cela me comblait de bonheur.

Je n’étais pourtant pas du calibre de mon frère lorsqu’il s’agissait d’espoir, et je n’étais pas du calibre de ma sœur lorsqu’il s’agissait de désespoir…Au fond, même dans ma propre famille, je n’avais pas vraiment d’identité. Mais je n’avais pas à me plaindre, j’étais heureux malgré tout. La place que mes aînés s’étaient faits leur avait coûté beaucoup de sacrifices, beaucoup d’années, et j’avais reçu énormément de leur part. J’étais le plus chanceux de nous trois lorsqu’on y réfléchissait, et pour ce fait, j’étais à la fois en colère et reconnaissant envers le destin. J’avais rencontré des tas de personnes que je voulais protéger désormais, donc je n’avais plus à avoir peur de quoi que ce soit.

Je me relevai, laissant l’air gorgé de ténèbres effleurer mon visage et faire flotter ma chevelure peu volumineuse, avant de froidement tourner le dos à ce triste paysage pour retourner dans le monde réel, là où m’attendait Jessica. Nous ne nous étions pas vus depuis une semaine déjà et à vrai dire, elle me manquait énormément. Elle était tout ce que ce monde n’était pas : imprévisible, amusante, pétillante, toutes ces émotions qu’elle provoquait chez moi valaient tout ce qu’il y avait en ce monde. Je ne pensais qu’à une chose, retrouver sa présence, son être même…Mais ici, on avait besoin de moi. Je devais protéger les lieux avec ma sœur et les autres. Je ne pouvais pas rentrer pour l’instant…

– Tiens, étais-tu encore en train de fixer cet océan Rei-kun ? M’interrompit ma sœur alors que je réfléchissais. Tu auras beau chercher de la profondeur dans ces vagues, tout ce que tu y trouveras ne sera que de la tristesse.

– Dis, Laila. L’interrogeai-je. Qu’est réellement ce monde ? Savons-nous pourquoi cet endroit existe ?

– C’est une question à laquelle seul Zetsubô peut répondre j’imagine ~ Ce monde est apparu en même temps que lui, peut-être est-il issu de sa volonté, ou peut-être est-il né en même temps que lui par hasard. C’est une question à laquelle je n’ai pas trouvé de réponse. Tout ce que je sais, c’est que contrôler les énergies venant de cet endroit représente notre héritage familial.

– Je vois….Penses-tu que percer le secret de ce monde pourrait aider à vaincre Katsuo ?

– Je l’ignore ~ Après tout, tout prévoir serait décourageant d’avance. Laisser une marge d’imprévu contrôlée au gré du destin est une manière plus intéressante de concevoir la vie et de continuer sur la route qu’elle te propose. Ces mots sont ceux qui ont convaincu notre père à faire ce bout de chemin avec Yuki, alors ils sont également devenus l’une de mes philosophies ~

Je ne pus que sourire avec quiétude face à la citation de ma défunte mère. Laila avait pris des choses venant d’elle, malgré qu’elle n’était pas sa fille. Cet amour pur et profond provenant de l’intérieur, si profond que l’on devait creuser encore et encore pour le trouver, c’était le même type d’amour que portait notre mère à notre égard. Prenant la main de ma sœur, j’avais l’impression d’être en contact physique avec ma mère elle-même.

– Prends quelques jours hors de ce monde, Rei-Kun. Du monde t’attend à l’extérieur ~

– HUH !? Avec Zetsubô qui peut revenir s’approprier ce monde à tout moment !? As-tu perdu l’esprit !?

– Pour qui me prends-tu ? Crois-tu vraiment que je laisserai ce monde tomber entre les mains de Zetsubô ? Je peux bien tenir l’espace de quelques jours ~ Va donc te ressourcer à l’extérieur. Je préfère t’avoir à mes côtés en sachant que tu es au maximum de tes capacités plutôt que de t’entraîner dans un combat qui draine tes émotions.

– …Es-tu sûre, Laila ?

– Si grande sœur te le dit, grande sœur le pense. Grimaça-t-elle joyeusement. Baaaaka de Rei-kun ~

Je m’arrêtai quelques instants, pensant à ce qu’il se passait ici. Si Laila me disait qu’elle était capable de protéger cet endroit, je n’avais pas à m’en faire. Après tout, elle possédait beaucoup plus de force et d’expérience que moi, donc je pouvais prendre quelques jours et prendre le relais pour qu’elle se repose à son tour lorsque je serai revenu.

– Evite de retourner à ton travail quand même ~ Sourit Laila. Je pense que tu es viré depuis le temps que tu désertes. ~

– Heureusement que je peux ramener un peu d’argent à la maison grâce à nos missions, sinon Jessica aurait fini squelettique. Ris-je à mon tour. Je vais prendre un peu de repos, à mon retour, tu pourras en prendre à ton tour. Merci…Grande sœur.

La femme me laissa quitter les lieux. Je lui étais très reconnaissante de m’autoriser à pouvoir de nouveau ressentir le monde réel. Lorsque je pénétrai ce monde, je fus revigoré par l’air frais que je n’avais pas respiré depuis sept jours alors. La première pensée qui me vint à l’esprit fut Jessica. Il était tard, mais pas encore l’heure de son retour du lycée, je devais être à la maison pour l’accueillir.

Je passai au traiteur du coin pour acheter de quoi bien manger du soir, pensant à préparer une belle table avec des bonnes choses pour passer une soirée tranquille. Je voulais écouter la journée de Jessica, rebondir sur ce qu’il s’y était passé avant de me prendre un « J’ai pas besoin que tu t’mêles de ma vie sale gland. » qui allait me faire sourire. J’avais besoin de ces répliques et de ces piques qui faisaient mon quotidien.

Cependant, alors que je rentrais chez moi, je fus surpris par le fait que Jessica était déjà présente sur les lieux. Elle était en pyjama, ne semblant pas avoir bougé de la journée alors que nous étions en pleine semaine. Je fus alerté par cette scène inattendue, mais sans me laisser le temps de me poser, la blonde attaqua.

– Z’êtes qui m’sieur ? Ricana-t-elle. J’vous connais pas moi. ~

– Fais pas genre Jessica. Pourquoi t’es en pyjama ? Je te manque tellement que tu déprimes à coup de crème glacée devant ta télévision ?

– N’abuse pas monsieur l’ex pompier ~ Mon lycée est fermé pour cause travaux. Pendant une dizaine de jours.

– Ah bon ? Que s’est-il passé pour une fermeture soudaine ?

– Zetsubô nous a attaqué dans l’école. Répondit Jessica en haussant les épaules. Il voulait ma peau je crois, j’sais pas vraiment pourquoi par contre.

– Donc toi aussi tu as été attaquée….J’imagine que les forces de Zetsubô ont dû prendre cher avec toi dans les parages….

– J’étais pas toute seule, y’avait Pedro aussi qui les a géré. Il a assuré donc ça roule ma poule.

– Qui est Pedro ? Demandai-je un poil irrité. Tu ne m’as jamais parlé de ce mec.

– Ma nouvelle conquête ~ Me nargua Jessica.Il baise comme personne ~

– Arrête de dire ta merde. Ris-je en tentant de déceler quelque chose d’anormal chez Jessica. Tu ne pourrais jamais me remplacer au lit ~

– Ca reste à prouver ça. Me défia-t-elle, amusée. Viens me montrer que t’es un homme ~

https://www.youtube.com/watch?v=-nXnl2kFe3U

La blonde eut l’idée de me « sortir le grand jeu » et décida de se dévêtir en dansant sur de la musique sensuelle. Appréciant l’audace de la jeune femme, je la laissai prendre le contrôle de par ses mouvements gracieux et aguicheurs. Elle se lâchait de plus en plus, mais lorsqu’elle fut totalement dans sa chorégraphie, elle glissa sur un des vêtements qu’elle avait jeté au sol, se retrouvant au sol, face contre terre en grognant des injures.

Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire face au piètre spectacle qu’avait offert Jessica alors qu’elle avait fait tant d’efforts pour paraître séduisante à mes yeux. Essuyant mes larmes, je lui tendis la main pour la relever, mais elle refusa.

– C’était mignon. Ris-je.

– Je te déteste, sale petit gland de merde. Rétorqua-t-elle, frustrée.

Je ris quelques minutes de l’infortunée effrontée. Lui souriant, je l’étreignis en tentant de dissiper son malaise, puis nous nous laissâmes finalement aller, Jessica et moi, à une étreinte dans la tenue la plus simple qu’il soit, la tenue naturelle. Cela me faisait du bien, ce contact avec Jessica que je n’avais pas eu depuis longtemps. Nous n’avions pas été aussi proches elle et moi depuis un sacré moment, sentir ses baisers brulants sur mon corps tandis que je les rendais sur le sien me redonnait de la force morale. Penser à l’instant présent était un luxe quand on y réfléchissait bien. Lorsque l’on vivait une vie sans se soucier du lendemain, cela pouvait paraître insignifiant…Mais face à un quotidien qui pouvait basculer à chaque seconde, penser uniquement à l’instant présent était un luxe bien trop sous-estimé. Et je le réalisais au fur et à mesure que ma blonde et moi nous nous abandonnions à nos désirs charnels.



– T’as encore du chemin à faire avant de devenir aussi bon que ton frère ~ Ricana Jessica en profitant du vide laissé après l’acte.

– Avec l’épisode de la colline, ca me fait une seconde anecdote à ajouter aux « Fails sexuels de Jessica ». La taquinai-je en retour.

– Je vais te fermer ta grande gueule à coups de pelle toi. Me répondit-elle glaciale. Tu finiras dans les faits divers.

– En tout cas…Ca me fait du bien, de te retrouver. Tu ne peux pas savoir comme tu m’as manqué ces derniers temps. Te voir une fois en coup de vent c’est pas assez.

– J’sais que t’as des obligations ma poule ~ Reprit ma blonde en se reposant sur mon torse. J’tais un peu énervée contre toi quand t’as rejoint Laila, mais depuis que j’sais la vérité, je me dis juste que c’est nécessaire pour qu’on vive heureux. Mais au fond, tu m’as manqué aussi, sale gland.

– Eh ben dis donc, t’en as mis du temps pour me le dire ~ On devrait se faire un trip tous les deux demain. Une balade, ça te branche ?

– Pourquoi pas gros tas ~ T’as un endroit où m’emmener où tu veux juste trouver un hôtel pour qu’on s’envoie en l’air ?

– Je voudrais te montrer quelque chose de cool. Je pense que tu aimerais. J’te conduis avec ton runner si tu veux ~

– Ohoh, monsieur veut jouer les fous sur ma bécane. Okay ça roule, tâche de ne pas me décevoir ma poule.

La blonde s’endormit sur moi en murmurant un « J’suis contente que t’es là, Reisuke » qui se perdit dans le silence de notre espace intime. Je lui caressais les cheveux sans me lasser tandis que je pensais à ce qu’on allait faire du lendemain elle et moi. J’espérais aussi que tout allait bien du côté de Laila, Juuni, Erika et les autres, que mon absence ne soit pas trop difficile à gérer pour la guilde déjà bien amochée…Mais je leur faisais confiance.

Alors que je me laissais aller à la fatigue, m’endormant presque, je fus dérangé par un bruit assez perturbant. La blonde qui s’était affalée sur moi ronflait, produisant un bruit aussi assommant qu’un moteur d’un gros camion. Je tentai d’abord de la secouer légèrement pour faire cesser ce bruit, mais en vain. Irrité, je la secouai plus violemment, ce qui eut pour effet de la réveiller.

– Mais t’es complètement taré sale fils de —

– J’arrive pas à dormir avec ton avion à réaction dans l’estomac ! Me plaignis-je. T’as un égout à l’intérieur c’est ça !? Et puis….EURK c’est quoi toute cette bave sur moi !? T’es une môme de deux ans ou quoi !?

– Tu sais très bien que je bave quand je dors. Me répondit la blonde, gênée, en essayant de dissimuler son regard. Et puis tu peux parler, tu grinces des dents toi.

– Je ne grince pas des dents sale mytho ! Tu parles d’un instant romantique ensemble sérieux ! Allez, viens te reposer, et si tu ronfles je t’en colle une.

La blonde vint de nouveau se poser sur moi, et cette fois, nous nous endormîmes tous les deux. Une journée sympathique nous attendait le lendemain, une journée faite de décontraction et de sentiments spontanés et légers.

Lorsque nous nous réveillâmes le lendemain, nous prîmes notre petit-déjeuner puis nous nous mîmes en route vers l’endroit que j’avais prévu. Nous devions marcher pendant une heure environ, et nous allions aller jusqu’au planétarium de la ville voisine. Jessica qui était proche des étoiles avec son esprit du duel allait sûrement apprécier notre visite dans cet endroit pensais-je.

Nous sortîmes donc de la maison que je verrouillai à double tour, avant de nous mettre en route pour la ville voisine. Nous parlions de tout et de rien, la blonde et moi, appréciant simplement, pour une fois sans se disputer ou se donner des coups, la présence de l’autre. Cependant, alors que j’imaginais que notre journée allait être tranquille et sans encombre, un imprévu plutôt conséquent se dressa sur ma route. Nous quittions à peine la ville par les quartiers au nord qu’il sortit de nulle part.

Il était un garçon qui devait avoir le même âge que Jessica. Un roux mal rasé aux yeux marrons qui ne semblait pas vraiment menaçant à première vue, mais en qui je sentais quelque chose qui me donnait un arrière-goût discutable. Il était habillé d’une simple veste en jean et d’un blue jeans assortie, portant à son épaule une sacoche qui semblait être un étui de guitare. Il me disait quelque chose…

Il s’avança vers nous en souriant, et vint s’arrêter juste en face de Jessica à qui il s’adressa joyeusement. Je sentais cependant qu’il y avait quelque chose de clairement louche, comme si cette rencontre n’était pas le fruit du hasard.

– Hey Jessi Jess ~ J’savais pas que tu venais dans mon coin aujourd’hui ~ Comment ça va ma poule ?

– Yo Pedro. Répondit-elle sans intonation particulière. T’habites vraiment ici ?

– Yep ~ C’est ici que ma mère et moi nous habitons. Samezuka est à deux rues d’ici, ça te dirait que je vienne te faire visiter mon ancien lycée ?

– Pas question ~ J’sais qu’il n’est pas voyant mais comme tu peux le voir j’suis accompagnée ~ Ca s’ra pour une prochaine.

Le jeune homme qui semblait ne pas m’avoir remarqué me vit enfin et s’arrêta quelques secondes face à moi, l’air contrarié. Encore plus contrarié que lui, clairement dérangé dans mon moment avec ma blonde, je fis néanmoins un effort, forçant un sourire sur mon visage en tendant la main vers le jeune homme pour lui serrer la main.

– Enchanté. Je suis Reisuke, Yamada Reisuke. Dis-je fermement en m’affirmant. Je suis le compagnon de Jessi —

– Je sais qui tu es. Me lança-t-il tout aussi sèchement. T’es l’un des quatre piliers du désespoir que nous devons éliminer.

– Huh ? Qu’est-ce que tu racon –

– Il s’est rallié à la fondation du futur. Me coupa naturellement Jessica en haussant les épaules. Il pense qu’en te tuant il résoudra les problèmes du monde.

https://www.youtube.com/watch?v=7wU41yMJ40g

– Je ne résoudrai pas tous les problèmes du monde. Reprit sèchement le rouquin. Par contre, lorsque vous serez tous morts, vous les Yamadas, je pourrai enfin reprendre ma vie sereinement en sachant que justice a été faite.

– Et qu’est-ce que j’ai à voir avec ta vie ? L’interrogeai-je en restant sur mes gardes.

– Tout est de ta faute. De ta faute et de celle de ta famille ! Hurla-t-il. Si tu n’avais pas été là….Si vous n’aviez pas été là…..Je…

La rage du jeune homme sembla monter d’un seul coup. Par réflexe, je me reculai, entrainant Jessica avec moi. Notre journée paisible s’arrêta pile à ce moment, lorsque de son étui de guitare il sortit en fait une épée semblant assez tranchante. Bousculant Jessica, j’évitai de justesse le coup qu’il tenta de m’asséner, ce qui fit grimacer le jeune homme.

– Dans la fondation du futur, entama-t-il en restant à l’arrêt, nous avons tous une cible désignée. Devine quoi, Yamada Reisuke ? Tu es la mienne. Je vis dans le seul but de te détruire.

– Et qu’ai-je fait pour mériter ça !? Lançai-je tandis que Jessica, elle, regardait le conflit avec attention.

– Je sais tout du conflit de Zetsubô. A cause de lui, le gardien de la porte des étoiles, Akulia a du se lier avec une femme qui portait en elle le désir de vaincre le plus puissant. Cette femme, c’est la mère de la famille Leocaser, et donc celle de Jessi Jess.

– Et en quoi cela a rapport avec toi !?

– Le pouvoir du dragon a été transmis de générations en générations, jusqu’à atterrir dans les mains de Jessica. Expliqua-t-il. Cependant, à cause de ce pouvoir, des personnes mal intentionnées en ont eu après la famille Leocaser, et plus précisément, après Jessi Jess.

– Ne me dis pas que tu….. !? Bégaya Jessica.

– Précisément. Confirma-t-il. Si Zetsubô n’avait pas créé ce carnage, Akulia ne se serait jamais lié à la famille Leocaser, Jessica n’aurait pas eu ce pouvoir, le mouvement Arcadia ne l’aurait pas convoité, il n’aurait pas contrôlé Jeffrey Leocaser, et mon frère ne serait pas mort dans cette fusillade. Jessi Jess tu m’as dit que Reisuke, Laila et Hiroki n’avaient rien à voir là-dedans, et je suis d’accord avec toi. Cependant, mon frère non plus n’avait rien à voir là-dedans et il a payé ce conflit ! Il n’y a que la vie d’un innocent qui pourra compenser celle de mon frère !

Je m’arrêtai quelques secondes face à cette révélation critique. Aussi poussée et tordue soit-elle…Pedro avait raison. Le conflit de Zetsubô que m’avait raconté ma sœur avait poussé Akulia à venir du monde des esprits pour se lier à la famille Leocaser…Et c’était cette source de pouvoir qui avait poussé Sayer à traquer Jessica…J’étais…J’étais vraiment responsable de tout ce qui était arrivé à Jessica ces dernières années… ?

Cette pensée me figea, me laissant m’écrouler sur les genoux, net. Je ne pouvais pas imaginer que mon existence même avait condamné Jessica à la souffrance…Et pourtant, c’était vrai. Et il n’y avait pas que Jessica qui avait subi un tel sort. Tant de vies avaient été perdues dans l’assaut dont m’avait parlé la blonde. Tous ses camarades avaient donné la vie pour un conflit qu’ils étaient à mille lieux d’imaginer…Et tout ça…A cause de Zetsubô…

– Tu comprends maintenant pourquoi ton existence n’est pas permise ? Cracha le roux. Ta famille a brisé tant de vies, tu ne peux pas prétendre à chercher le bonheur alors que ton existence même est bâtie sur le sang de tous ces innocents.

– C’est de la connerie pure et dure ! Hurla Jessica, me faisant relever la tête. Il n’a rien demandé pour être là dans ces circonstances ! Ok on a tous souffert à cause de ce conflit de merde, mais Reisuke n’est en aucun cas responsable de tout ça ! Si tu veux t’en prendre à quelqu’un, prends-t-en à Zetsubô, Pedro !

– En attendant, c’est la fin. Reprit le roux en dégainant son épée. Ton mec a compris qu’il n’avait pas le droit de vivre, il a renoncé, regarde-le.

Les mots de Pedro n’atteignirent pas mon oreille. Ils passèrent et repartirent. Il avait raison. Je n’avais jamais réalisé à quel point ma seule filiation avec Zetsubô avait été la cause de tant de malheurs. Ainsi, le voir s’avancer vers moi tout en sachant ce qu’il comptait faire, ne me faisait ni chaud ni froid. Parce que si Hiroki avait été emporté de la sorte, j’aurais eu le même comportement.

Ce que je ressentais en ce moment…Il n’y avait qu’un mot pour l’exprimer.

C’était du désespoir. Du désespoir comme j’en avais ressenti lorsque de mes mains j’avais pris la vie de Hiroki. Comme j’en avais ressenti lorsque je croyais être responsable de la mort de mes parents…Oui…La culpabilité était le vecteur qui pouvait me pousser au désespoir.

– Je ne te laisserai pas faire ! Hurla Jessica alors que Pedro s’approchait de moi. Akulia ! Je fais appel à toi ! Viens moi en aide pour vaincre l’ennemi !

Son cri retentit vers le ciel, mais personne ne répondit à son appel. Pour toute réponse, une espèce d’affiche en carton tomba du ciel pour se poser directement sur la tête de Jessica qui levait les yeux. Lorsque la blonde prit l’affiche, elle la lut à voix haute, d’un ton dubitatif.

– Je suis en grève, démerde toi toute seule. Signé, Akulia. Il y a même la trace de sa patte….C EST QUOI CE DELIRE SERIEUX !!? Faut tout faire soi-même putain !

La blonde voulut se jeter sur le roux, folle de rage, mais lorsqu’elle s’ approcha de lui, elle fut bloquée dans son élan par une force invisible qui l’empêchait de pénétrer l’étroit périmètre dans lequel nous nous trouvions.

– C’est inutile Jessi Jess. Soupira Pedro. J’ai déjà pris les dispositions pour en finir. Regarde plutôt, c’est pour toi aussi que je fais justice.



– Je…Zetsubô est responsable de tout ça et je suis le descendant de Zetsubô, c’est vrai. Murmurai-je en me relevant. Aussi, tu as peut-être raison, je n’ai pas le droit d’aspirer au bonheur. Je l’ai compris en contemplant ce monde du désespoir…

– Je ne pensais vraiment pas que tu allais comprendre. Soupira de nouveau le jeune homme.

https://www.youtube.com/watch?v=4FAG9hMdvC8

– Cependant, si je laisse Zetsubô œuvrer, d’avantage d’innocents seront amenés à souffrir, et à mourir. Et j’ai promis à Jessica, à Erika, à Hiroki, à Laila, que je me mettrai en travers de la route du désespoir.

– Huh ?

Je disparus de devant le jeune homme pour réapparaître derrière lui en un clin d’œil, sous l’expression soulagée de Jessica. Je tentai une attaque grâce au pouvoir d’Ananta, mais je fus repoussé par les réflexes de l’agent de la fondation du futur. Je continuai malgré tout de parler, étant désormais plus zen et déterminé que je ne l’étais auparavant.

– Si pour acquérir la liberté de vaincre Zetsubô je dois t’éliminer, je le ferai. Repris-je, surpris par le fait que ma voix était plus grave que tout à l’heure.

Je compris alors ce que voulait dire Laila concernant le désespoir. Le désespoir est aussi une force que tu peux utiliser, comme j’étais en train de le faire actuellement. Le fait de ressentir le désespoir de Jessica et de mon rôle dans son histoire me donnait la force que je déployais maintenant. Et cette force était considérable puisque je parvenais à me déplacer si vite que l’on aurait pu croire que je disparaissais. Attaquant de tous les angles, j’étais repoussé par l’aura mystérieuse de Pedro qui me canalisait avec, mais qui s’épuisait bien plus vite que moi.

Grimaçant, l’homme brandit son épée face à moi et tenta de passer à l’attaque, mais il était bien inférieur à ce pouvoir que j’apprenais à maîtriser. Je n’avais même pas encore recours à Ananta que je sentais qu’il allait craquer. J’étais plus rapide, et donc capable d’esquiver ses attaques, mais j’étais aussi plus réactif, ainsi je pouvais après avoir esquivé son attaque contrattaquer rapidement d’un coup de pied ou de genoux qui avait pour effet de projeter le roux contre sa propre barrière. Il ne se laissa cependant pas faire et reprit rapidement son équilibre. Il lâcha un hurlement de rage, ce qui sembla déclencher un mécanisme en lui. Une aura assez sombre également l’entoura ainsi que sa propre épée, lui donnant davantage de force et de rapidité. Il parvint ainsi à me frôler de justesse, tranchant le tee-shirt que je portais mais ne me touchant pas. Je compris alors la véritable nature du pouvoir de Pédro, tout comme moi, consciemment ou non, il se battait avec l’énergie du désespoir.

Je reculai de quelques pas, essayant de garder la cadence que j’infligeais à l’homme dans le combat, puis, je tentai d’utiliser cette énergie nouvelle afin de générer quelque chose de physique. Me concentrant, je me remémorai la cause de mon désespoir, tentant de matérialiser une arme…Et cela réussit à moitié. En effet, ce n’était pas une épée faite de fer ou d’acier, mais un katana dont la lame était faite de cette énergie elle-même. Satisfait de ce que j’avais généré, je me jetai sur Pedro qui tenta de repousser mes multiples assauts avec sa propre épée, mais qui perdit rapidement son souffle face à moi. Je donnais un coup, puis me reculai, prenant appui sur le champ d’énergie dans lequel nous étions enfermés avant d’attaquer d’un autre angle, tout en conservant ma vitesse.

– Tu devrais renoncer tant que tu le peux. Suggérai-je au jeune homme d’un ton monotone. Tu ne peux pas me vaincre dans ton état actuel.

– Et pourquoi ça !? Hurla-t-il, frustré. Je me suis tant entraîné pour le jour où je te tuerais, tu ne balaieras pas tout cet entraînement comme ça !

Un moment d’inattention de la part de Pedro fut suffisant pour que je lui agrippe la figure et que d’un violent geste du bras vers le sol, je propulse le jeune homme face contre terre en moins de temps qu’il ne lui fallut pour le réaliser. Il s’écrasa violemment au sol avec toute la force que j’y avais mis, tandis que même moi je fus surpris par la poigne que j’avais. Cela avait tout de même creusé un cratère dans le macadam.

– Ce qu’il te manque, c’est la résolution de tuer. Répondis-je. Tu n’es pas comme moi ou Jessica, tu n’as jamais franchi ce monde où la mort est face à toi. Même si ton frère est mort, tu ne connais son histoire que par des mots, pas par le vécu. Ne passe pas la frontière de ce monde dans lequel nous sommes Jessica et moi, c’est un monde dans lequel chaque nuit est plus terrifiante que la précédente.

Je me retournai, laissant le jeune homme derrière-moi. Mais alors que j’allais simplement partir, je l’entendis ricaner dans mon dos. Je me retournai, me mettant en alerte face à lui, mais il n’était plus en état de se battre. Peinant à se tenir debout, il me défia du regard en affichant un sourire vainqueur, comme s’il avait réussi quelque chose d’important.

– Tu…Tu as peut être remporté cette bataille. Bégaya-t-il en tentant de rassembler ses forces. Mais je reviendrai. Peu importe combien de fois je dois tenter de te tuer, je reviendrai. Et puis de toute façon, la mission du jour est remplie.

– Comment ça la mission du jour est remplie ? Rétorquai-je, menaçant.

– Notre but était de te distraire….Le temps qu’on s’occupe de ta sale manipulatrice de sœur….Héhéhé…La chef doit l’avoir vaincue à l’heure qu’il est…Après tout…Qui peut veiller sur Laila Yamada maintenant que Nishijima n’est plus dans le coin ?

Les mots que lâcha Pedro eurent l’effet d’une bombe dans mon esprit. La fondation du futur avait-elle vraiment tout prévu concernant le fait que j’étais parti ? Et comment s’en sortaient-ils de l’autre côté ? Je devais m’en assurer tout de suite.

– Jessica, je vais aller voir de l’autre côté ce qu’il se passe. On se retrouve à la maison, Ok ?

– T’inquiètes ma couille ~ T’façon je vais devoir aider ce sale gland par terre. J’voudrais pas voir Mario crever une deuxième fois, donc t’as le temps.

Je fis un signe de tête à Jessica qui me souriait d’un air narquois. Puis, j’utilisai le pouvoir fraichement acquis pour me rendre sur les lieux des terres du désespoir.

https://www.youtube.com/watch?v=0LSym0NsNxM

Lorsque j’arrivai sur les lieux, je fus surpris, non, choqué par ce qu’il se passait ici. Un incendie fait de flammes teintées de gris ravageait le monde dans lequel Laila et les autres se trouvaient. Le château du désespoir était enseveli par les flammes. Comment la Fondation du futur était arrivée ici ? Qu’était-il arrivé à ma sœur ? Je devais m’assurer de son état.

Ainsi, je me rendis dans le château du désespoir, en essayant au mieux de passer au milieu les décombres enflammés afin de remonter jusqu’à la salle principale. Au milieu de cette salle je trouvai Laila, étendue au sol, inerte. Je ne savais que trop bien les effets de la fumée d’incendie, c’est pourquoi malgré que je voulais crier, je me retins, essayant d’économiser au maximum l’air frais que j’avais respiré. Je me saisis de ma sœur et la portai jusqu’à sortir du bâtiment. Je vérifiai sans respiration immédiatement, afin de voir si elle était encore en vie, et par chance, elle l’était.

Je lui ouvris la bouche afin de lui insuffler de l’air, et au bout de quelques minutes, elle reprit ses esprits, non pas après avoir fait la démonstration d’une toux intense. Elle se releva péniblement, et en regardant l’endroit enflammé, fut affolée et voulut pénétrer de nouveau à l’intérieur du bâtiment, mais je la retins fermement.

– Rei-kun ! Cria-t-elle. Laisse-moi y aller ! Je dois protéger cet endroit coûte que coûte !!

– Laila !! Tu n’es pas en état !!! Je ne peux pas te laisser plonger la tête la première là-dedans !

– Si je ne « le » récupère pas, je perdrai le contrôle de ce monde ! Tu dois me laisser partir !!

– Je m’en fous de perdre le contrôle de ce monde ! On se battra pour le récupérer si tu veux mais je ne te laisserai pas disparaître sous mes yeux !!! Ne me fais pas revivre ce que papa et maman m’ont fait vivre, grande sœur !!!! Je ne veux pas te perdre, je t’aime trop pour ça !!!

Les mots que je hurlai à ma sœur eurent pour effet de l’arrêter. Elle se soumit à la force de mes bras qui la retenaient de se diriger vers ce royaume de flammes qui s’étendait encore et encore. Au final, nous regardâmes tous les deux la danse de flammes grises emporter avec elle tout ce qu’était l’empire de Laila. Assis blottis l’un contre l’autre, nous essayions de nous réconforter face à ce triste spectacle.

– Je suis désolée Rei-kun. Soupira ma sœur. Je n’ai pas été capable de protéger cet endroit. Je voulais que vous vous reposiez toi et les autres, mais je ne pensais pas que Zetsubô et la fondation du futur attaqueraient en même temps. Pendant que je neutralisais les sbires de Zetsubô, Toshiyuki Ren de la fondation du futur est venue ici, et faute de m’avoir par la force, elle a tenté de me piéger dans ce torrent de flammes. Sans toi, j’étais bonne pour terminer cette pièce dramatique pièce de théâtre qu’est notre vie par la pire de sorties imaginables.

– Je vois…Donc Pedro avait raison. Heureusement qu’il s’est vanté trop vite, sinon je n’aurais pas soupçonné que la fondation du futur vienne. Mais pourquoi voulais-tu revenir dans le château à tout prix ?

– Le château de ce monde était imprégné d’un sort que j’avais conçu pour avoir le contrôle de l’énergie ici, avec ce sort rompu, nous sommes désormais sur les terres de Zetsubô. C’est pour cela qu’il fallait protéger ces murs, car ce sont ces murs eux-mêmes qui m’octroient le droit de régner sur ce monde. Nous devons d’ailleurs partir d’ici avant que tout ne se consume, autrement nous finirons contrôlés par le désir de désespoir de Zetsubô.

J’acquiesçai, faisant confiance à ma grande sœur. Nous sortîmes tous les deux de ce monde que nous laissions donc complètement entre les mains de Katsuo Yamada, Alias Zetsubô. J’aurais voulu m’arrêter pour prier, mais je devais d’abord emmener ma grande sœur voir un médecin afin de m’assurer qu’elle n’allait garder aucune séquelle de cette fumée inhalée. Je ne savais que trop bien les dégâts potentiels dans ce genre de situation.

Tout allait prendre une drôle de tournure….


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [25/02/2017] à 00:03

Chapitre 30 : Une mise au point décisive. — Reisuke, Jour +8 Après l'arrivée de Zetsubô.

Je me hâtai hors de ce monde avec Laila sur les ordres de cette dernière. Il ne nous restait que peu de temps avant que ce monde ne tombe de nouveau dans les mains de Zetsubô, et afin d’échapper à son emprise, il fallait que l’on le quitte. La leader de Yume-Nikki ouvrit donc un portail sensé nous mener à l’extérieur…Mais alors que nous devions revenir dans notre monde, nous fûmes choqués par l’endroit où nous atterrîmes.

https://youtu.be/0f-WdU7q1Nc

Tout était magnifique autour de nous. Si pur et éclatant, qu’un simple regard suffisait à m’indiquer où nous nous trouvions. Il y avait maintenant plusieurs années que je n’avais pas revu ce paysage. Il avait changé, mais il avait gardé toute sa splendeur. Le sanctuaire céleste était après tout encore sous la direction de Voltanis, et tant qu’il allait y être, c’était tout bonnement impossible que l’éclat de ce monde soit teinté de ténèbres. Ma sœur, choquée par ce qu’elle voyait, fut surprise par les lieux, alors que nous avions atterri dans une petite forêt juste à côté de la cité.

– Cet endroit est magnifique…S’émerveilla-t-elle. Je n’ai jamais vu un éclat de lumière semblable à cet endroit. Sais-tu où nous sommes, Rei-Kun ?

– Nous sommes dans le monde des esprits. Souris-je. C’est le sanctuaire céleste. C’est ici que vivent tous les monstres d’attribut lumière, et aussi celui qui régit le monde des esprits : Voltanis le juge.

– Je ne suis pas habituée à voir autant de nuances claires dans un monde. Moi qui n’ai vu que les ténèbres, je ne sais pas si cet endroit me convient.

– Nous ne nous sommes pas échoués ici par hasard, et puis, grande sœur, moi je ne vois que de la pureté à l’intérieur de ton esprit. Si l’âme est dotée d’une couleur, celui qui la perçoit peut aussi être aveuglée par la couleur de sa propre conscience. Quand je te regarde, je ne vois qu’une magnifique aura blanche et bienveillante qui émane de toi.

– C’est peut-être la couleur de ton esprit qui aveugle ton regard sur le mien ? Me répondit-elle, ironique. Et si tu étais l’être aveuglé dans l’histoire ?

– Non, je ne le suis pas, puisque tant de personnes t’ont fait confiance au fil des années. Que ce soit la guilde, Kôsei, ou les autres. Je pense que tu es la personne la plus à même de ressentir la bienveillance présente dans cet air pur et frais. Tu es la personne la mieux placée pour en apprécier la qualité.

La femme me sourit, et me laissa la guider pour sortir hors de la forêt pour arriver au village. Si nous nous étions échoués ici, il n’y avait qu’une seule raison plausible : Voltanis devait nous voir. Ca m’embêtait un peu à vrai dire, je voulais que ma sœur puisse consulter un médecin au plus vite, donc il fallait que je rencontre vite le juge du sanctuaire céleste. Nous passâmes donc les quartiers populaires du sanctuaire pour arriver jusque devant le palais de justice, devant lequel s’était posté un garde que je ne connaissais que trop bien : Saturne, l’agent du jugement.

– Eh vous là ! S’exclama le garde avec animosité. Qu’est-ce que des humains font i –

Il s’interrompit lui-même pendant deux ou trois secondes, me regardant d’un air troublé.

– Eh mais c’est toi qui est venu semer la pagaille il y a 14 ans ! Tu te rends compte qu’à cause de toi j’ai été mis à l’arrêt pendant trois semaines !?

– V…Vraiment ? Bégayai-je, gêné par le fait qu’il m’avait reconnu. Je suis désolé…C’était pour empêcher Athéna de se faire exécuter.

– Cela n’a plus d’importance maintenant. Répondit le garde en haussant les épaules. Depuis l’annulation de l’exécution d’Athéna, maître Voltanis est plus clément envers les hommes, et nous laisse travailler main dans la main avec eux. Aucun d’eux ne peut accéder au sanctuaire céleste sans qu’il ne les invite, mais nous pouvons faire des allers retours comme bon nous semble. Notre royaume vit beaucoup mieux depuis…Enfin presque, parce que là, il se passe quelque chose de très…Délicat à l’intérieur.

– Comment ça ? Le questionna ma sœur. Serait-ce lié à notre présence ici ?

– Je crois bien que oui, soupira Saturne. A vrai dire, il y a un procès en cours dans le tribunal des affaires civiles, et Reisuke Yamada a été requis comme avocat.

– Huhh !!? Hurlai-je, consterné par la nouvelle. Comment ça j’ai été requis comme avocat !? Et puis, QUI dans le sanctuaire céleste aurait pu me requérir comme avocat !?

Le monstre poussa un long soupir, et me dit qu’il allait me conduire dans la salle d’audience où se trouvait actuellement les participants du procès. Sans vraiment comprendre, je le suivis. Après tout, j’en devais malgré tout une bonne à Voltanis, c’était l’occasion de payer mes dettes envers lui.

Lorsque nous entrâmes tous les trois dans la salle d’audience, je retrouvai des visages familiers. Hakaze était présente, Hiroki aussi, ainsi que d’autres visages dans les sièges destinés aux spectateurs. Je voulus aller demander à Hiroki et Hakaze ce qu’il se passait, mais je ne pus le faire car Saturne m’expliqua que ce n’était pas possible, étant l’avocat de l’accusé.

– Attendez ! Protestai-je. Ma sœur ici présente a besoin d’un médecin, je ne peux pas prendre part au procès tant qu’elle n’a pas été soignée !

– Je peux m’en charger. Dit une voix féminine venant de derrière.

En me retournant, je vis qu’il s’agissait de Lily, la conseillère télépathique, qui était d’après Hakaze une infirmière reconnue dans le monde des esprits. S’approchant de nous, elle prit une seconde fois la parole de sa voix douce et bienveillante.

– Depuis que Voltanis a ouvert les frontières, j’ai collaboré avec quelques médecins dans le monde des humains. Sourit-elle. Je peux traiter votre sœur pendant que vous assurez le rôle de l’avocat, n’ayez crainte, je vais bien m’en occuper.

– Et puis je veux absolument voir de quoi tu auras l’air dans une robe ~ Sourit ma sœur.

– QUOIII !? Comment ça une robe !?

– Il est de votre devoir de porter la tenue des avocats du sanctuaire céleste, Reisuke Yamada. Enchérit Saturne. Nous en avons préparé une à votre taille. Vous pouvez vous changer dans ce vestiaire.

Sans vraiment comprendre, et poussé par toutes les personnes et monstres m’entourant, je fus contraint de me changer dans la cabine extérieure. Je retirai mes vêtements pour enfiler une espèce de robe d’avocat violette ornée de décorations couleur or qui était un habit traditionnel des avocats du sanctuaire céleste. J’avais l’air totalement ridicule dans cet habit qui ne différait pas vraiment des tenues de magistrats dans notre monde, mais qui était comme customisé au goût des fantaisies de Voltanis. Je sortis de la cabine pour entrer de nouveau dans la salle d’audience, cette fois par l’entrée menant au banc des accusés. De l’autre côté, l’entrée de la partie civile, sortit un autre homme, habillé de la même robe que moi. Cet homme qui avait beaucoup plus de dégaine dans l’habit que je n’en avais, vint paraître devant ma mine consternée avec un sourire narquois. Et pour cause, c’était Soichiro qui était face à moi, me tendant la main afin de partager une poigne comme deux professionnels inconnus l’auraient fait.

– Tu vas souffrir gamin. Rit le père de Hakaze face à mon incompréhension. On a l’impression que tu ne sais même pas ce que tu fais ici.

– C’est parce que JE NE SAIS PAS, ce que je fais ici. Rétorquai-je. Vous voulez bien m’expliquer l’histoire ?

– Mon pauvre garçon. Soupira-t-il. Déjà que tu te retrouves avec un client indéfendable, en plus tu ne sais même pas ce que tu fais ici. Le procès va être abominable.

Il retourna dans son box sans dire un mot de plus. Je fis de même, encore largué par la situation. Assis, et perdu, je regardai dans les spectateurs. Laila avait pris place aux côtés de Lily qui me fit signe que tout allait bien, Hiroki et Hakaze quant à eux pariaient bruyamment sur qui allait gagner entre moi et le père de la jeune femme. Je distinguai d’autres visages familiers : Sirie, Medraut et les chevaliers nobles qui l’accompagnaient, mais aussi Erika, Toratura et Venominaga, qui semblaient discuter avec une jeune fille blonde et assez active que je ne voyais que de dos. Ce n’était clairement pas Jessica, sa coupe de cheveux et sa morphologie étaient différentes…Mais d’ailleurs, où était Jessica ?

Une suée froide parcourut instantanément mon corps en perlant sur ma colonne vertébrale lorsque j’eus cette pensée atroce. L’absence de Jessica dans le sanctuaire céleste, Soichiro qui me plaignait en me disant que je défendais un candidat indéfendable, le fait que l’on m’ait choisi comme avocat…Peu importe combien j’essayais de nier, cette pensée horrible ne voulait pas quitter mon esprit.

Je fus interrompu dans mon désespoir par l’entrée remarquée du juge du sanctuaire céleste qui fit s’asseoir tout le monde sans même prononcer un mot. Le voyant entrer par la grande porte, passant entre les deux rangées de bancs de l’assistance, je fus écrasé par la présence du juge qui déambulait jusqu’à son trône avec tant de charisme que même les chevaliers nobles n’osaient pas lever la voix, eux qui étaient d’habitude si bruyants. Il s’installa sur le trône de juge, puis fit apparaître sur lui une robe de magistrat semblable à la nôtre, avant de prendre la parole, toujours aussi rigide qu’il ne l’était d’habitude.

– Mesdames, Messieurs, bienvenue à une autre affaire. Entama le juge. Je serai donc personnellement le juge de ce procès impliquant les personnes suivantes : Je demande à Akulia, le gardien de la porte des étoiles, d’entrer dans le tribunal.

Ma pensée devint une idée concrète et me glaça le sang lorsque le dragon de la porte des étoiles – dragon dont la taille avait été réduite pour qu’il puisse entrer dans le tribunal – apparut derrière Soichiro qui semblait être son avocat. Il ne faisait plus aucun doute sur l’identité de « l’accusée » dans l’histoire.

– Maître Soichiro Namatame ici présent représentera la partie civile, la victime, Akulia, gardien de la porte des étoiles. Déclara le juge sans laisser paraître d’émotion.

– C’est un honneur. Se prosterna humblement l’homme face au juge.

– Vous allez y arriver, Jeune maître….S’émerveilla Sirie qui n’était pas du tout discrète.

– Concernant les accusés, enchaîna Voltanis alors que je le priais intérieurement de s’arrêter là afin d’éviter d’avantage de dégâts, nous avons mademoiselle Jess –

– C’est bon tout le monde connaît mon putain de nom le vieux !!! Hurla la voix de la jeune effrontée de derrière la porte. Tu vas enfin me laisser entrer sale gland ou ça se passe comment !?

– Silence. Déclara glacialement le juge. Voici donc Jessica Leocaser représentée par maître Reisuke Yamada.

Tandis que je m’inclinais avec gêne, essayant d’imiter le comportement de Soichiro face au juge, Jessica entra d’un coup de pied dans la porte et vint directement attraper le col de ma robe afin de me lancer une menace cinglante.

– Si je perds ce procès, autant te dire que t’es mort sale gland. Me menaça-t-elle en affichant une expression sauvage. Vu ?

– V….Vu….Bégayai-je en pensant à ce qui m’attendait si l’on perdait ce procès.

– Bien. Reprit calmement Voltanis. L’objet du litige est le suivant : Akulia remet en cause le contrat le liant à mademoiselle Jessica Leocaser. Il voudrait que ce contrat soit revisité pour obtenir des jours de congés et des vacances. Il aimerait également définir une plage horaire pendant laquelle mademoiselle Leocaser pourrait l’appeler, et il pourrait être appelé seulement durant cette plage horaire. Bien évidemment, l’accusée s’est formellement opposée à cette requête, octroyant multiples blessures à son esprit du duel pour le punir.

– BOUUUUUUH !!!! HONTE A CETTE GUEUSE !!!! Hurlèrent les chevaliers nobles dans l’assistance.

– Silence, Silence ! Ordonna Voltanis en tapant de son marteau. Le but de ce procès est donc de sanctionner la maltraitance envers Akulia d’une part, et de trouver un arrangement entre les deux parties concernant le contrat liant Akulia à mademoiselle Leocaser ici présente. Je vous laisse exposer vos arguments, messieurs les avocats.

Nous nous avançâmes moi et Soichiro l’un face à l’autre tandis que nos clients respectifs restèrent assis sur leur siège. J’étais encore en train d’hésiter sur quoi attaquer pour remporter ce procès.

– T’as intérêt à balancer tout ce que t’as gamin. Ricana l’homme. Je ne reculerai devant rien pour t’écraser.

– Je ferai de mon mieux pour Jessica. Grognai-je avant de me retourner.

https://www.youtube.com/watch?v=OZfCwUuj-O0

– Dans un premier temps nous devrions définir l’exacte relation entre Jessica ici présente et son esprit du duel Akulia. Suggéra Soichiro. J’appelle donc la victime à la barre. Akulia s’il te plaît.

– Ouais c’est facile ça ! Hurla Jessica en guise de protestation. Il va vous dire sa version et puis voilà !

– Jessica, ferme ta gueule. Soupirai-je, épuisé dès les premières minutes du procès par l’attitude de ma cliente. Laisse parler les gens par pitié…

Le dragon se déplaça jusqu’à la barre des témoins pour apporter sa contribution au procès. Soichiro, confiant, débuta son interrogatoire au gardien de la porte des étoiles.

– Bien. Tout d’abord nous allons définir les conditions de l’engagement. Akulia, je voudrais que vous me décriviez la nature exacte de votre engagement spirituel avec la famille Leocaser.

– D’accord. Grogna le dragon. J’ai été lié il y a des millénaires à la famille Leocaser lors du conflit entre Zetsubô et le gouvernement Australien de l’époque. On m’a dit de passer un pacte avec la personne la plus pure et la plus combative, et c’était cette femme qui voulait protéger sa progéniture. J’ai juré de la servir jusqu’à l’extinction de ses générations, soit pour l’éternité. MAIS ON NE M AVAIT PAS DIT QU ILS ALLAIENT DEVENIR AUSSI DEGENERES AVEC LE TEMPS !!! GRAAAH !!!

– OBJECTION ! Hurlai-je. Votre client insulte clairement ma cliente !

– Retenue. Répondit Voltanis. Surveillez votre langage Akulia.

– Mes excuses. Reprit Soichiro. Bien, maintenant j’aimerais que vous m’expliquiez ce que vous avez ressenti lorsque Mademoiselle Leocaser ici présente a contesté vos droits fondamentaux et vous a agressé à je cite « Plusieurs reprises à l’aide de coups de pieds et de poings. ».

– Cette expérience a été vraiment traumatisante. Soupira le dragon. Jamais un de mes propriétaires n’avait osé lever la main sur moi…La voir ainsi dans une posture si menaçante…Je n’oublierai jamais cette scène abominable…

– QUE L ON PENDE LA GUEUSE ! Hurla Medraut.

– OUI QUE L ON PENDE LA PAILLARDE !!! Reprirent ses camarades tous en chœur.

– Eh j’ai quelque chose à dire moi ! Reprit Jessica en ignorant les membres des chevaliers nobles. Ok c’vrai que j’ai tapé sur Akulia mais faut arrêter l’abus à un moment sérieux ! Il fait dix mètres de long et je ne fais qu’un mètre soixante-dix. J’aurais beau faire tout ce que je veux c’est pas possible d’intimider un dragon qui pourrait me bouffer d’un coup !

– Le lien entre esprit du duel et maître est très fort. Soupira Soichiro en feignant le chagrin. Il est impossible pour un esprit du duel, aussi menaçant soit-il, de lever la main sur son propriétaire. Il l’aime bien trop pour ça.

– EN TANT QU ESPRIT DU DUEL JE SUIS TOUT A FAIT D ACCORD !!! Hurla Sirie en se levant subitement face à l’argumentaire de Soichiro.

Lorsque tous les regards furent braqués sur elle, elle comprit alors qu’elle s’était mise dans une position très gênante et se rassit, honteuse. Soichiro continua.

– Mesdames messieurs dans l’assistance ! Regardez Akulia droit dans les yeux et osez dire qu’un être si pur qu’est le gardien de la porte des étoiles a les épaules pour combattre une humaine hautaine emplie de haine et de mépris tel que mademoiselle Leocaser !

– OBJECTION ! Hurlai-je. Jessica n’est pas une humaine hautai…



Continuez. Me rétractai-je, réalisant le mensonge. J’allais dire une bêtise. Excusez-moi.

Les spectateurs regardèrent Akulia qui, contre toute attente, devant mon regard consterné, afficha une expression si douce que n’importe qui aurait assuré qu’il était la victime dans l’histoire, même moi je doutais du fait de savoir si je défendais une accusée ou une victime. Mais je devais me concentrer sur la défense de la blonde, sinon j’allais le payer.

– Nous sommes donc d’accord qu’une créature aussi bienveillante que mon client n’aurait jamais pu lever la patte sur sa propriétaire. J’ai fini les questions.

Akulia retourna dans son box. Je sentais que tout le monde était désormais hostile à la position de Jessica, excepté Hiroki qui me faisait des grands signes de bras incompréhensibles en arborant un sourire béat qui était censé me rassurer.

Je devais appeler quelqu’un qui allait pouvoir m’aider, me donner un témoignage en la faveur de Jessica…Et c’était loin d’être chose facile que de trouver quelqu’un d’assez dégénéré pour lui donner son support…J’aurais bien pu appeler la jeune femme, mais je savais que ça allait pencher en la faveur du monstre…

– Ok ! J’appelle James Leocaser à la barre !

Hiroki m’avait donné un conseil malgré lui. Les liens familiaux étaient si forts que même si j’étais un total raté, il continuerait de me supporter. Il devrait en être de même pour Jessica et son grand-pè –

– La dernière fois que je l’ai reçue à la maison, elle m’a dit qu’elle était déçue parce que je n’étais pas encore mort. Déclara le vieil homme avec un rictus prononcé.

– AUCUN RESPECT POUR SES AINES ! Hurla de nouveau Medraut. BRU-LEZ LA TRAI-NÉE !!

– BRU-LEZ LA TRAI-NÉE !! BRU-LEZ LA TRAI-NÉE !! BRU-LEZ LA TRAI-NÉE !! BRU-LEZ LA TRAI-NÉE !! reprirent en chœur les autres chevaliers nobles comme s’ils étaient en manifestation syndicale, rejoints par la voix joyeuse de la jeune fille blonde qui était à côté d’Erika.

– SILENCE !!!!! Hurla Voltanis en tapant plusieurs fois de son marteau. Les chevaliers nobles, si vous interrompez encore une fois ce procès vous êtes dehors !

Erika se leva face au juge.

– Dans toute société de droits, entama-t-elle, il est du devoir du juge d’écouter l’opinion publique et de rendre son jugement en tenant compte des ressentis de la majorité. Quel juge êtes vous donc pour tenter une vaine censure comme celle-ci !?

– On est dans le monde des esprits du duel. Grommela le juge. Va étaler ta science ailleurs, ici c’est mon tribunal, c’est moi qui fixe les règles. Donc je vais dicter la règle suivante : Si les chevaliers nobles hurlent encore une seule fois, c’est toi qui sort Erika Kurenai, d’accord ?

– NOUS SOMMES D ACCORD !!! Hurlèrent les chevaliers nobles.

Et ainsi, Erika fut contrainte de quitter la salle, tandis que la blonde qui l’accompagnait pouffa de rire face au sort de la princesse de l’espoir. Moi aussi je pouffai de rire, mais tout le monde de retourna de moi, l’air choqué, en entendant le « huehuehue » qu’était mon rire… Gêné, je repris, alors que Jessica posa sa main sur son visage comme si c’était moi le problème ici.

– OBJECTION !! Hurlai-je avant de réaliser qu’avant l’incident d’Erika c’était moi qui parlais. Bref, je n’ai pour le moment plus de témoin à appeler.

– Bien. Sourit Soichiro. C’est mon tour alors. J’appelle Zetsubô à la barre.

Nous fûmes tous choqués par la réplique de Soichiro, mais Voltanis, qui commençait à être dépité par le procès, claque des doigts afin de faire apparaître Katsuo Yamada à la barre des témoins. L’homme fut choqué par ce qu’il se passait, ne réalisant pas où il était, tandis que la stupeur générale s’empara de la foule.

– Que fais-je ici…Bégaya-t-il. J’étais tranquillement en train d’envahir le monde et…Me voilà ici…

– Le Zetsubô que je vous ai ramené est le Zetsubô du passé. Soupira le juge. Finissez—vite avec lui avant que je ne le renvoie dans son époque.

– Oui, finissez vite. Grommela le désespoir. J’étais en plein affrontement avec ce dragon de paco….AKULIA TU ES LA AUSSI !? JE N EN AI PAS FINI AVEC TOI SALE DRAGON DE MALHEUR ! QUE LE DESESPOIR T ENGLOUTISSE !!!!! LES 99 PILIERS DU DESESPOIR ! ZETSUBO NO MAHO !!!!

Les alentours du tribunal commencèrent à trembler tandis que Zetsubô qui avait vu Akulia ne put s’empêcher de l’attaquer. Les secousses à répétition nous firent tous tituber, forçant Voltanis à renvoyer le désespoir dans son époque d’origine. Tout le monde soupira.

– QUEL FOL DINGO CELUI LA ! Hurla Medraut

– OH OUI ! UN SACRE FOL DINGO !!! Hurlèrent les chevaliers nobles.

Et cette fois, ce fut au tour de Laila de sortir. Mon dernier soutien viable, si l’on exceptait Hiroki qui de ses grands gestes de bras était tout sauf un soutien constructif dans cet océan de barbarie. Je continuai, tentant de redorer un peu le blason de Jessica.

– J’appelle… … … … … J’appelle Jessica ma cliente à la barre…Finis-je par admettre, dépité.

– Go Rei-kun go !!! Hurla Hiroki avec entrain.

– Eh ! Rétorqua Hakaze. D’où tu supportes Reisuke alors que mon père t’a élevé comme son propre fils ! Choisis ton camp Hiroki !

– Je ne supporterai personne qui est contre mon frère, même si c’est toi ! Reprit mon ainé. Je te combattrai de toutes mes forces !!!

– QUI EST LE COUARD QUI OSE MENACER DAME HAKAZE !!!? Sursauta Medraut en entendant les paroles d’Hiroki. CHEVALIERS NOBLES ! REGLONS LUI SON COMPTE ! QUE TREPASSE SI L ON FAIBLIT CE PETIT CŒUR DE NOUS EST EN JEU !

– CE PETIT CŒUR DE NOUS !! Hurlèrent les chevaliers nobles avant de se jeter sur Hiroki.

Une bataille se déclencha entre les chevaliers nobles et Hiroki qui se prit tous les coups du monde en l’espace d’une poignée de secondes. Voltanis, commençant à montrer des signes sérieux de rupture de nerfs, claqua son marteau encore et encore, demandant le silence dans la salle d’audience, et comme Laila et Erika, ce fut Hakaze qui fut invitée à sortir. Frustrée, elle emporta avec elle le cadavre de son compagnon roué de coups qu’elle dut trainer derrière elle. Lily, affolée par l’état de mon frère, accourut à l’extérieur afin de lui porter les premiers soins. Ce procès ressemblait davantage à un survival game qu’à un dialogue entre magistrats quand on y pensait…J’avais l’impression que même moi j’étais sujet à me faire sortir, tandis qu’il ne restait dans la salle que Medraut, Sirie, les chevaliers nobles, Toratura, Venominaga, et cette fille que je ne connaissais même pas, mais qui me disait vraiment quelque chose.

– Bien, reprenons donc dans le calme j’espère… Soupira le juge qui était en train de perdre patience. Nous en étions donc à l’interrogatoire de mademoiselle Jessica Leocaser.

– OBJECTION ! Hurlais-je. C’est moi qui étais en train d’interroger Jessica. Enchainais-je, décidé à ne pas laisser le juge me voler mon rôle.

– Ouais c’est ça commençons l’interrogatoire. Ricana Jessica. Donc écoute moi bien sale petit gland de merde. Suis-je le genre de jeune femme à être brutale envers qui que ce soit ?

– Euh…Non…Bégayai-je interdit. Tu ne l’es pas.

– Suis le genre de petite pétasse de mes deux couilles à insulter les gens gratuitement !?

– Non…Tu ne l’es pas….

– Et enfin, suis-je le genre de sale petite salope à brutaliser les animaux !? J AI VRAIMENT CETTE GUEULE !?

– Objection ! Déclara Soichiro qui gardait son calme. Elle considère son esprit du duel comme un animal.

– Rejetée. Il n’est pas dit qu’elle parle de ce dragon. Continuez. Répondez, Yamada.

– Non….Tu…N’es pas de ce genre.

– Bien. Termina Jessica, satisfaite. Je n’ai plus de questions.

Soichiro sourit, enchaînant alors sans se laisser perturber par qui que ce soit dans le déroulement du procès. Il arriva, confiant, appelant le prochain témoin.

– J’appelle Indy à la barre. Déclara-t-il, motivé par ses actes.

– OBJECTION ! Hurlai-je. Cette femme n’est apparue que vingt lignes lors du premier chapitre, elle ne connaît aucun protagoniste !

– Retenue….Soupira le juge au bord de la crise de nerfs. Appelez un autre témoin, Maître Namatame.

Toratura intervint alors, tandis que Voltanis qui tenait un crayon de bois dans ses mains, le brisa en entendant qu’une nouvelle personne dans l’assistance participait au procès.

– Indy a joué un rôle dans l’évolution d’Erika et la mienne, je ne vois pas pourquoi elle n’aurait pas le droit à la parole. Toute existence a un sens, même dans un procès comme celui-ci.

– C’est ça. Allez donc la chercher et ne revenez pas. Grogna le juge. Sortez toutes les deux ! Toratura et son homologue !

Les serpents dans les cheveux de Vénominaga s’agitèrent, menaçant Toratura qui était la responsable du fait que l’innocente déesse des serpents venimeux se fasse sortir sans avoir fait quoi que ce soit de mal. La jeune blonde, adossée au banc, se retourna en riant du sort des reptiles tandis qu’il ne restait plus qu’elle, les chevaliers nobles, et Sirie dans l’assistance.

– J’appelle Akemi Nishijima à la barre. Reprit Soichiro, confiant.

– ET TU PEUX ME DIRE CE QU AKEMI A A VOIR LA DEDANS !? S’exclama Jessica. ELLE NE CONNAIT MEME PAS LE MONDE DES ESPRITS !!

– Spirit world or not spirit world, that is the question baby ~ Chanta la nouvelle venue tandis que les lignes bleues parcourant le corps de Voltanis viraient au rouge. C’est parti les amis pour un petit peu de rock n rollllll ~ Are you ready public !!!?

– YEAHHHHH !! Hurlèrent les chevaliers de l’assistance en chœur.

– SIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIILENNNNNNNCE !!!!!! Hurla le juge comme jamais auparavant, balançant le marteau qu'il tenait dans les mains pour que l'objet finisse brisé en deux sur le crâne d'Akemi.

Nous….Sommes….Dans une salle….D AUDIENCE !!! Hurla-t-il alors que les lignes lumineuses sur sont corps basculaient continuellement du bleu au rouge. Dans une salle…d’audience…On demande…LE CALME ! ET LE RESPECT DES AUTRES !!! C EST TROP DEMANDÉ !?

https://www.youtube.com/watch?v=HIr_zrgL-_Q

– Bah dis donc mon vieux Voltanis, tu t’énerves facilement de nos jours ~ Déclara une voix provenant de dehors.

– M….Maître Parshath !!? Bégaya le juge que..que faites-vous ici… !?

Un monstre de duel entra dans la salle d’audience par la fenêtre. C’était Néo Parshath le chevalier divin. Il se matérialisa dans une forme humaine, en short, polo sandales et chapeau de paille, un verre de limonade à la main et une paire de lunettes de soleil sur le nez. Souriant d’un air narquois, il prit la parole face à son successeur.

– Tu te fais de la bile pour rien mon bon vieux Voltanis. Ce procès débile me rappelle la bataille entre Kuriboh et Kuriboh ailé pour savoir lequel des deux serait la mascotte de Yugioh GX hahaha !!! Tu sais ce que je leur ai répondu ?

– Dites-moi la solution à cette énigme, maître par pitié. Implora le juge.

– « Démerdez-vous. » Reprit-il, fier de sa réponse. Tu devrais les laisser régler ça entre eux et venir boire un verre avec moi, y’a une bonne ambiance à la taverne de Maximum six ~

– Mais…Qui va me remplacer en tant que juge si je laisse mon propre tribunal à l’abandon ?

– Laisse—moi voir, mon bon vieux Voltanis ~

L’homme esprit se retourna vers l’assistance, et posa son regard sur le peu de personnes qu’il restait dans l’assistance. Il s’arrêta sur Medraut qu’il regarda d’un air choqué.

– Tiens mon bon vieux Medraut ! Dit-il amicalement. Alors comme ça tu es de retour au sanctuaire céleste et tu ne viens pas boire un coup avec sensei !?

– Je…Ne…Bégaya le chevalier. Je ne s –

– Je ne l’ai jamais autorisé à revenir……Gronda Voltanis dans un vacarme si éclatant que je crus qu’une tempête allait venir s’installant suite à la colère du juge. C’est vrai ça….QUE FAIS-TU ICI, DESOBEISSANT MON JUGEMENT ET OSANT BLASPHÉMER MON AUTORITÉ DANS MON PROPRE TRIBUNAL !!!?

Je sentais que Medraut allait payer pour cette journée de merde que venait d’avoir le juge, mais Parshath coupa le juge dans sa colère afin de lui proposer un marché, le sourire narquois aux lèvres.

– Inutile de réagir de la sorte, mon bon Voltanis. Medraut ne cherche pas à mal, tu connais son degrés d’imbécilinnocence hahaha !! Et si on procédait comme ceci : Medraut va devenir le juge de ce procès, s’il arrive à gérer l’audience, tu lui donnes le droit de retour dans le sanctuaire céleste. Qu’en penses-tu Voltanis ?

– Maître vous voulez que je laisse cette merveilleuse salle de tribunal à quelqu’un comme ce type !?

– L’annulation de ta peine prononcée à son égard ne sera prononcée que s’il y arrive. Déclara Parhath en affichant ouvertement qu’il ne croyait pas une seule seconde en les capacités de juge de Medraut.

– Ahhh…Je vois…. ~ Reprit Voltanis, montrant dans son timbre de voix qu’il avait saisi le véritable but de son maître. C’est d’accord ~ Je me montrerai clément envers Medraut s’il me montre qu’il peut gérer une telle situation tout seul en utilisant sa maturité et son vécu en base solide. Medraut, je te laisse donc les rennes de ce procès !

– C’est un grand honneur pour ce petit cœur de moi monsieur le juge ! Vous ne le regretterez pas !

– Je ne le regretterai pas plus que cette journée ne t’en fais pas garçon ! Déclara Voltanis qui avait déjà pris sa forme humaine habillée en short et en polo avant de s’éclipser rapidement de la salle avec Parshath.

Le départ du juge du sanctuaire céleste nous laissa tous choqués, surtout face à l’identité du nouveau juge qu’il venait de nommer. Ce dernier s’avança d’une démarche fière vers son nouveau trône, se donnant une tape sur le torse. Installé au-dessus de nous tous, il sourit béatement, appréciant sa nouvelle position, et lorsqu’il reprit la parole, je sus que le procès allait devenir encore plus catastrophique qu’il ne l’était.

– BIEN ! Hurla-t-il. A partir de maintenant, vous vous adresserez à ce petit juge de moi avec respect ! L’audience va reprendre HAHAHA !!!

– HOURRA POUR CE PETIT JUGE DE LUI ! Reprirent en chœur ses camarades.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [26/02/2017] à 02:04

Chapitre 31 : Une mise au point décisive partie 2 — Reisuke, jour +8 après l'arrivée de Zetsubô

https://www.youtube.com/watch?v=JvR_WhQFET8

Se dressant dans sa nouvelle position, Medraut, nouveau juge du sanctuaire céleste, jeta un œil à l’audience. Il dévisagea fièrement de son regard d’abruti chaque personne impliquée dans ce procès.

– Damoiselles, Damoiseaux ! Entama-t-il joyeusement. Il est temps d’entamer la seconde partie de ce petit procès de nous ! Tout d’abord, je vais m’équiper de mon marteau ! Equip ! Caliburn !

Le blond aux yeux verts matérialisa une de ses armes nobles : la grande épée aux reflets bleus et verts qu’était Caliburn. Sous nos yeux consternés, il se saisit de son arme et se prépara à l’abattre sur son bureau au moindre faux pas de l’assistance. Et tout ça, en gardant cet air d’ahuri qu’il affichait en permanence.

– Medr….Votre honneur. Soupira Sirie. Pensez-vous qu’il est raisonnable d’utiliser une épée si tranchante en guise de marteau de juge ? Ne pensez-vous pas qu’il serait plus raisonnable d’utiliser votre poing plutôt que de trancher les meubles ?

– SILENCE !!!! Hurla Medraut en tranchant le bureau de par son coup d’épée. ON NE REMET PAS EN CAUSE L AUTORITE DE CE PETIT CŒUR DE MOI ! SORTEZ !

– OUI SORTEZ SALE GUEUSE !!! Reprirent les chevaliers nobles.

Ainsi, ce fut Sirie qui fut la prochaine à sortir, ne laissant que les chevaliers nobles et la petite blonde joyeuse qui semblait bien s’amuser en regardant le procès. Je ne me laissai cependant pas perturber et reprit ma défense.

– Bien ! Repris-je. Maintenant que nous sommes au calme, je vais mettre en avant les arguments de ma cliente. Nous sommes actuellement en crise contre Zetsubô qui risque de frapper d’une minute à l’autre, étant donné qu’Akulia était le dragon qui vint à bout de la menace dans le passé, je mets en avant le fait que pour un simple souhait égoiste, c’est le sort du monde qu’il met en jeu !

– Je combattrai Zetsubô, mais pas avec cette folle. Grogna le monstre d’or.

– Un esprit du duel doit être en totale confiance avec son propriétaire pour être en pleine possession de ses capacités. Enchérit calmement Soichiro. Il est de notre devoir de rétablir la balance, et elle sera rétablie en faisant en sorte que mademoiselle Leocaser reconnaisse ses torts, s’excuse et prend en considération les revendications de mon client.

– Et pourquoi je devrais m’excuser d’abord !!!? Hurla la blonde de derrière.

– Selon l’article 248.3 du Code des affaires des esprits du duel, Lui répondit Soichiro qui avait sorti une paire de lunettes et un code de nulle part, il est du devoir de l’humain lié au contrat de s’assurer du bien-être, de la santé, et de la vie même de son esprit du duel. S’il était dans l’incapacité de remplir cette partie fondamentale de l’accord, alors le courroux du juge devrait s’abattre sur le propriétaire de l’esprit du duel.

– Ca sent le vécu…Grommela Jessica qui s’avouait vaincue devant la loi.

– Je ne vois absolument pas de quoi vous voulez parler mademoiselle. Déclara fièrement Soichiro en tournant le dos.

– Je ne comprends rien du tout à ce qu’il se passe mais continuez, amis de moi ! Enchérit joyeusement Medraut. Que justice soit faite !

– OUI QUE LA JUSTICE SOIT FAITE COPAINS DE NOUS ! Reprirent les chevaliers nobles.

Avant que je ne puisse enchérir, nous entendîmes quelqu’un frapper à la porte d’une ou deux faibles frappes, comme si un collégien en retard demandait timidement le droit d’entrer dans sa classe. Medraut ne l’entendit pas tout de suite, mais lorsque nous lui fîmes remarquer que quelqu’un demandait le droit d’entrer, il jubila fièrement avant d’hurler de sa voix grave, virile, mais qui ne pouvait pas effacer son imbécilité débordante.

– ENTREZ !!! Hurla l’abruti de juge.

Les larges portes menant vers l’extérieur s’ouvrirent, nous laissant voir qui était le visiteur intempestif qui était venu nous interrompre. Mon sang ne fit qu’un tour lorsque je vis qui était cette personne. Il était un jeune homme aux cheveux noir corbeau et aux yeux bleus que je connaissais déjà de quelques mois, non d’une année même. C’était Michael, ce jeune homme que l’on avait rencontré lors de notre mésaventure en France, qui venait de sortir de nulle part. Mon ancien compagnon d’infortune s’avança timidement dans la salle, se présentant maladroitement à Medraut qu’il prit pour le juge en raison de sa tenue.

– Excusez-moi de vous interrompre. Entama-t-il avec gêne. Je suis à la recherche de mon amie qui a soudainement disparue et j’aimerais savoir si vous l’aviez vue. C’est une jeune fille blonde aux yeux bleus qui a toujours l’air joyeuse et qui est assez dissipée…

Nous eûmes tous le tilt et braquâmes en conséquence tous nos yeux sur la jeune fille inconnue qui était désormais au milieu de Borz et de Drystan en train de leur raconter des blagues. Lorsqu’elle comprit que nous avions tous les yeux braqués sur elle, elle sentit que l’on avait remarqué sa présence, puis, remarquant son ami, elle lui fit signe d’un air décontracté.

– Ehhhh Darksky !! Cria-t-elle, enjouée. Tu devrais venir l’ambiance est amusante !! Je pensais que notre voyage allait être aussi barbant qu’un cours de Chappy mais c’est fun en fait ! Dommage que les filles ne soient pas là !

– Angéla c’est un tribunal ! Chuchota Darksky en levant la voix, grondant contre son amie. Sortons d’ici tout de suite !

– OH MAIS CA NE ME DERANGE PAS COPAINS DE MOI !!! Renchérit Medraut avec le sourire. Camarades !!! Accueillez ce jeunot avec toute la chaleur de ce petit cœur de vous !!!!

– OUI ACCUEILLONS LE !!! Hurlèrent en chœur les chevaliers nobles.

Le groupe de chevaliers – à l’exception de Drystan et de Borz – se rua sur Michael qu’ils portèrent tous ensemble dans une marée humaine jusqu’à le ramener sur le banc où se trouvait son amie. Mal à l’aise, il lança un regard assassin à Angéla. Cependant, alors que je pensais que nous allions pouvoir en finir une bonne fois pour toutes, nous entendîmes une autre voix venant de l’extérieur, et avant que nous pûmes en placer une, deux jeunes filles que l’on connaissait sortirent de nulle part : l’une était Saya, la blonde rigolote et enjouée qui accompagnait Darksky, et l’autre était son radical opposée : Miyako, la fille aux cheveux de flammes qui était la personne la plus rigide que je connaissais après Kôsei et qui accessoirement, détestais Jessica plus que n’importe qui sur cette planète.

– Ehhhh ça a l’air fun ici !! Se réjouit la blonde. Y’a même un chevalier noble habillé en robe ! T’as vu ça Miyako ?

– Splendide. Soupira la jeune femme aux cheveux de feu. Je n’avais pas assez de trois idiots que l’on débouche dans une salle débordant de tas de specimens. Si l’on m’avait dit que le voyage dans le monde des esprits allait être un tue l’intelligence, je me serais abstenue…

– EH TOI LA BAS !! Hurla Jessica qui, comme je le redoutais, venait de percuter. T’es la Miyako qu’on a rencontré en France non !? Tu peux pas venir témoigner en ma faveur !? Cette bande de glands se liguent contre moi pour me coller au trou et j’ai pas que ça à foutre moi ! On est amies non !? Viens m’aider j’te revaudrai ça ma poule !

– Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Repris-je. Après tout, nous savons tous que Miya –

– Je suis d’accord. M’interrompit la charismatique jeune femme en essayant de dissimuler un rictus qui me fit frémir. Je veux bien témoigner dans ce procès.

Toujours positionnée dans le grand espace central menant à la barre, elle déboutonna son élégant manteau blanc et l’enleva, le jetant dans l’assistance. Par réflexe, son ami l’accompagnant, Michael, attrapa le manteau en vol sans que la femme n’y prête attention. La blonde qui l’accompagnait s’interrogea, mais pour toute réponse, elle n’eut qu’un « Cela ne sera pas long » provenant de la femme aux cheveux de feu qui s’avançait désormais d’une démarche distinguée mais terriblement lourde pour moi qui savait quel obstacle conséquent allait se dresser devant moi. Au fur et à mesure qu’elle approchait, je me sentais me faire écraser par son charisme et sa détermination à nuire – Non pas gratuitement certes – à ma cliente. La blonde quant à elle rejoint les chevaliers nobles avec lesquels elle discuta bruyamment.

https://www.youtube.com/watch?v=X5wpleLB1fg

« Madame », il n’y avait pas d’autre mot possible pour s’adresser à celle qui prenait place à la barre des témoins tant sa présence était pesante. Je commençais à perdre mes moyens en tant qu’avocat, si bien que ce fut Soichiro, qui guetta l’occasion en or, qui me devança en posant des questions à la nouvelle venue.

– Mademoiselle Hikari. Commença le patriarche en affichant un signe très visible de satisfaction. Parlez-moi un peu de l’accusée.

Jessica, qui était persuadée que la femme aux cheveux flamboyants était venue pour témoigner en sa faveur, tenta d’attirer son attention dans sa direction, ce qu’elle réussit à faire au bout de quelques appels. Medraut, qui était occupé à se montrer à ses camarades en tant que juge, n’avait même pas remarqué le contact visuel entre le témoin et l’accusée. Cette dernière sortit son téléphone montrant à Miyako la pire chose qu’elle aurait pu montrer. C’était un selfie que la blonde avait pris sur son téléphone sur lequel elle souriait à pleine dents en faisant deux signes « V » avec ses doigts, tandis que la jeune femme aux cheveux de feu était derrière Jessica, regardant l’effrontée avec toute la noirceur du monde dans ses yeux tandis qu’elle croisait fermement ses bras. Elle avait le regard d’une meurtrière prête à se jeter sauvagement sur sa victime.

Il ne fallait même pas regarder plus de trente secondes pour s’apercevoir que Miyako ne pouvait plus supporter la présence de Jessica à ses côtés, et ce, à juste titre vu ce que la blonde lui avait fait endurer l’été dernier. Elle semblait avoir gardé en elle le goût amer de cette rencontre qui s’était transformée en frustration envers ma camarade, et cette dernière était la seule qui n’était pas au courant du ressenti de l’autre, répondant simplement que la femme était une tsundere lorsque l’on lui expliquait qu’elle ne la portait pas vraiment dans son cœur. Ainsi, persuadée d’avoir recruté une superbe alliée, elle fit un signe du pouce à sa détractrice qui se contenta de soupirer avant de se tourner vers Soichiro pour répondre calmement et avec distinction.

– Eh bien, je ne me souviens pas vraiment de cette fille. Déclara-t-elle. Nous ne nous sommes connues qu’un été, mais je veux bien fouiller dans ma mémoire pour la décrire.

Nous attendîmes quelques instants face à la femme qui feignit le fait qu’elle cherchait les mots pour la décrire alors que j’étais persuadé qu’elle les avait déjà. Lorsqu’elle reprit la parole, ce fut des bombes, des missiles que je pris dans ma piètre défense.

– Si je devais utiliser un seul mot pour définir l’existence de Jessica…Si je devais lui coller un mot sur le visage et utiliser ce mot pour décrire son entière personnalité…

Le suspense nous tuait tous, tous sauf Jessica qui confiante, avait déjà fermé les yeux d’un air satisfait en attendant les éloges provenant de son « amie » qui témoignait à la barre.

– Désespérante. Finit Miyako qui avait trouvé le même mot que moi en cherchant comment définir la blonde. Elle était tout à fait honnête, puisque moi aussi j’étais arrivé à cette conclusion.

Jessica, en entendant le mot prononcé par sa meilleure amie de France, sursauta, s’étranglant presque avec sa propre salive face à l’amère vérité. Estomaquée, elle n’eut même pas l’inspiration d’en glisser une, et pour qu’elle ne gueule pas, il fallait vraiment qu’elle tombe des nus. J’étais désolé pour elle qui avait vécu dans l’illusion d’avoir construit des liens, mais je ne pouvais que comprendre Miyako.

– Désespérante ? Reprit Soichiro, Intéressé.

– En effet. Reprit le témoin, concernée. J’ai eu l’occasion de voir des tas de personnes au degré d’intelligence divers et variés et pour être honnête, j’ai eu l’occasion de fréquenter des tas d’abrutis. Il suffit de regarder ces trois-là dans l’assistance pour comprendre la portée de mes mots.

– En effet, je comprends ce que vous voulez dire, compatit Soichiro.

– Ehhh !!! Ne te retiens surtout pas Miyako ! Hurla Darksky qui était embarrassé par ce qu’avançait son amie.

– ON NE CRIE PAS DANS CE PETIT TRIBUNAL DE MOI ! Hurla Medraut en tranchant une nouvelle fois son bureau de par la force de Caliburn.

– ON NE CRIE PAS DANS CE PETIT TRIBUNAL DE LUI !!! Hurlèrent les chevaliers nobles et Angela aux oreilles de Darksky qui se les boucha avec ses mains par réflexe, limitant ainsi les dégâts sur son audition.

– Je disais donc, soupira Miyako, j’en ai vu des idiots dans ma vie, mais Jessica est pour moi un mystère que l’on ne peut désépaissir. Il est impossible pour tout être normalement constitué de pouvoir ne serait-ce que supporter la simple présence de cette fille. C’est comme si chaque particule de son corps avec été créée avec toute l’irrationalité de ce monde, et que l’on avait soudé ces particules avec de l’arrogance et de la désinvolture. Je ne comprends même pas comment vous pouvez respirer le même air qu’elle, et ce au quotidien.

– Vous comprenez donc le désarroi dans lequel se trouve mon client qui l’a accompagnée 24 heures sur 24 dès son plus jeune âge ? Sourit Soichiro.

– Je ne peux que compatir. Soupira de nouveau la femme. Je comprends désormais que sans que l’on ne le soupçonne, il existe des êtres qui accomplissent des faits en déployant des efforts surhumains chaque jour, et ce pauvre dragon en fait partie.

Je sentis un frisson parcourir mon corps face à la déclaration accablante de la femme. Soichiro, qui venait de trouver son Eldorado, continua d’interroger son témoin vedette, poussant le bouchon de plus en plus loin.

– Avez-vous déjà été témoin de comportements violents et/ou vulgaires de la part de l’accusée ?

– Si je n’avais été que témoin, j’en aurais été plus heureuse. Soupira une fois de plus la femme. Cette fille résout tout par les insultes et la violence. Là où pour la plupart d’entre nous nous sommes capables de créer un dialogue entre adultes responsables, cette jeune fille ne connaît que l’arrogance, la violence et les insultes pour construire ses relations. Nous avons d’ailleurs un litige en cours elle et moi.

– Un litige ? Répondit Soichiro, de plus en plus intéressé. Quel genre de litige ?

Jessica, irritée par mon inactivité, me donna un coup de pied dans le dos qui me fit terriblement mal et me fit hurler un « OBJECTION !! » venant de nulle part. Soichiro, Miyako et Medraut tournèrent leurs regards vers moi pour attendre la suite.

– Je….Les affaires personnelles entre ma cliente et le témoin ne devraient pas être prises en compte dans ce procès ! Criai-je en masquant ma gêne sous de la fausse assurance.

– CE JOUVENCEAU A RAISON ! Hurla cet imbécile de juge. IL EST IMPORTANT DE NE PAS PERTURBER LA NEUTRALITE DU PRO –

Le regard du blond aux yeux verts croisa le regard assassin de la femme aux cheveux de feu qui était apparemment assez irritée par le fait que quelqu’un l’interrompe dans ses déclarations. Il tenta d’échapper à la pression du regard ténébreux du témoin, mais il baissa les armes en détournant le regard, frottant ses deux index les uns contre les autres en baissant le regard vers ce bureau tranché qu’était le sien. Les chevaliers nobles tentèrent d’hurler tous en chœur pour le faire se ressaisir, mais lorsque la femme posa son regard sur eux, aucun n’osa lever la voix. Pour la première fois depuis le début de cette audience, un calme reposant régnait tandis que l’ennemie du jour reprit son argumentaire.

– J’ai été arrêtée par la faute de cette femme, et j’ai été placée en garde à vue quelques heures pour violences envers un jeune homme – qui est un abruti aussi au passage – alors que je cherchais simplement un moyen de rentrer chez moi.

– EH !! C’EST ELLE QUI M’A DIT DE L’ATTAQUER !! Protesta Jessica. ON VOULAIT SIMPLEMENT RETROUVER NOTRE CHEMIN !!!

– Il faut également savoir que cette fille a brisé mon téléphone et qu’elle ne m’a, à ce jour, toujours pas remboursé les frais de réparation de la machine. Autant vous dire que question engagements, il vaut mieux ne rien espérer de cette fille.

– Je vois…Reprit Soichiro. Merci beaucoup mademoiselle Hikari.

– Je vous en prie, reprit-elle en dissimulant de nouveau un rictus. Je n’ai fait que mon devoir de citoyenne.

Puis elle repartit dans l’assistance, s’asseyant seule, loin des chevaliers nobles. Soichiro, confiant reprit la parole en faisant semblant de lâcher un soupir.

– Bien. Je suppose que la notion de qui est en tort dans ce procès est désormais claire, n’est-ce pas ?

– PAS ENCORE ! Hurla Jessica, me faisant sursauter au passage. Je demande un changement d’avocat !

– HUUUUH !!? Hurlai-je à mon tour. TU ME JETTES COMME CA !?

– Oi, écoute t’es même pas foutu de me défendre donc je vais faire appel à quelqu’un de plus compétent. J’appelle Juuni Leocaser dans le tribunal !!!

Je fis les yeux ronds en entendant qui allait être le nouvel avocat de Jessica. La femme fut téléportée de nulle part à la demande de Jessica qui avait enclenché malgré elle le pouvoir du sanctuaire céleste. La version plus âgée de la blonde sortit de nulle part. Elle enleva son masque, choquant la bande de Darksky, et suscitant une réaction forte chez Miyako qui poussa un soupir si fort que je ressentis son souffle frôler ma joue.

– Qu’est-ce que je fous là !? Déclara la femme. Ne me dis pas que…. … Ouais j’vois, j’savais que j’allais finir à la barre des accusés un jour ~ Je vais te défendre ma poule ~

-Merci ma poule ~ Enchérit la blonde. Brofist ! Check !

Les deux répliques se tapèrent l’une dans le poing de l’autre et se retournèrent vers moi.

– On n’a plus besoin de toi. Dit la plus jeune. Casse toi.

Elle me poussa si violemment que je basculai derrière la barre pour me retrouver dans l’assistance. Les chevaliers nobles hurlèrent un « HONTE A LA GUEUSE » tandis que j’essayais de me relever alors que j’étais sonné, pour assister à la suite du procès.

– Bien. Entama la plus vieille des deux. Eh le dragon là, on en parle que c’est ma cliente ici présente qui t’a délivré des mains de ce vieux sadique de Goodwin ? Tu s’rais encore dans une boîte si elle ne l’avait pas fait. Donc elle a bien le droit de prendre ses libertés non ?

– C’est vrai qu’elle m’a libéré par le passé…Grogna le dragon…

– Et d’ailleurs, en ne faisant aucun effort pour retrouver ta maîtresse, tu as également failli à ton devoir d’esprit du duel Akulia, en es-tu conscient ? C’est de ta faute si ma cliente a perdu ses camarades ce soir là. Es-tu déjà passé en justice pour réparer cette faute Akulia ?

– Haha ! On est jamais mieux servi que par soi-même ! Ricana Jessica. Prends-en de la graine sale gland.

– Et concernant l’argumentaire du « Ils sont de plus en plus dégénérés » soumis par Akulia, reprit Juuni, arrogante, j’aimerais inviter un témoin qui va démentir cet argument totalement infondé. J’appelle donc ma fille, Nakagami Chiaki à la barre !

A La barre des témoins apparut au bout de quelques secondes, la fille de Juuni, Chiaki. Elle fut surprise par le fait qu’elle était arrivée ici de nulle part, si bien qu’à la grande surprise de tous, elle se mit dans un état de transe pour répondre à la question « que fais-je ici ? ». Nous attendîmes une heure pour savoir si elle allait dire quelque chose. Medraut, le juge, s’était endormi sur son bureau, et les chevaliers nobles aussi s’étaient endormis. Darksky et moi somnolions tandis qu’Angela, elle, était affalée sur le banc de devant. Seule Saya la blonde était encore vivace, et sans que nous ne puissions réagir, elle alla jusqu’au bureau de Medraut pour le réveiller.

– Dis le juge ! Entama-t-elle joyeusement. Je peux essayer d’appeler un témoin aussi ?

– Saya tu es folle ! Protesta Darksky. Tu ne peux pas utiliser ce truc juste pour ri –

– SILENCE DANS CE PETIT TRIBUNAL DE MOI ! Hurla le juge.

– OUI SILENCE DANS CE PETIT TRIBUNAL DE LUI ! Sursautèrent les chevaliers nobles.

– Bien. Reprit Medraut. … … Tu peux essayer damoiselle. Appelle qui tu veux ici !

– Alors j’appelle un témoin au hasard dans la salle d’audience ! Exulta Saya.

– Oh oui ! Oh oui ! J’adore la loterie ! L’encouragea l’abruti de juge en tapant des mains comme imitant une otarie.

– OWI OWI IL ADORE LA LOTERIE ! Approuvèrent ses camarades.

La lumière aspira chiaki pour la renvoyer dans son monde et appela un témoin au hasard sur la demande de Saya, approuvée par Medraut. Tout le monde resta en alerte face à l’identité de la personne qui allait être appelée, mais lorsqu’elle se dévoila, tout le monde fut choqué comme jamais.

Il portait un imperméable kaki et arborait une coiffure assez singulière de couleur rouge. Son regard vicieux couleur marron dévisageait la salle alors que lui aussi ne savait pas comment il était arrivé là. Il n’y avait aucun doute possible. Sayer, le leader du mouvement Arcadia, était présent en ces lieux. Affichant un sourire sadique, il fut le premier à parler.

– Aurais-je enfin mis la main sur le monde des esprits ? Bégaya-t-il. HAHAHA Parfait !!!! ET JE N AI MEME PAS FAIT D’EXPERIENCE POUR HAHAHAHAHA !!!

– De toutes les personnes qui auraient pu venir ici…Entamèrent les deux Jessica en totale synchrone d’un ton enragé…Il a fallu que ce soit toi qui tombe en ces lieux. Quelle ironie…Sayer…. ~

Affichant toutes les deux un sourire carnassier devant la mine de Sayer, les deux blondes s’approchèrent de lui, montrant en elles une soif de sang considérable. Sayer, déboussolé par l’apparition des deux femmes, bégaya.

– Non d’un androide magique…Qu’est-ce que….Deux Jessicas ?

– T’es un homme mort, Sayer. Rétorquèrent les deux complices avant de se jeter sur lui, sous l’œil déconcerté de la foule.

– VOYEZ VOUS LA VIOLENCE DE L’ACCUSEE ET DE SON AVOCATE !!!? Cria Soichiro, profitant au maximum de la situation. Comment laisser la responsabilité d’un esprit de duel aussi bon qu’Akulia à ces femmes !? Voulez-vous porter le poids du tourment d’un esprit du duel sur la conscience !?

– QUI PARIE SUR SAYER, QUI PARIE SUR JESSICA !? Hurla Medraut. RIEN NE VA PLUS !

– OBJECTION ! Hurlai-je. Vous avez rouvert une cicatrice dans le cœur de mon ex cliente pour la pousser à bout ! Nous ne pouvons pas tenir compte de son comportement actuel !

– ON MISE SUR SAYER ! Hurlèrent les chevaliers nobles en ignorant royalement mon objection.

– MOI JE MISE SUR JESSICA ! Hurla Angela, tandis que Miyako soupira dans son coin devant le vacarme général.

L’ambiance s’échauffa. On entendit les voix de Saya et Angela crier des « GO JESSICA GO ! » tandis que les voix des chevaliers nobles chantèrent tous en chœur les louanges de Sayer, comme si une bande de supporters ivres encourageaient leur joueur de foot favori. Je tentai bien de percer le mur de son pour émettre un commentaire, mais chaque fois on parlait au-dessus de moi. Je me relevai, essayant d’avoir l’attention de l’assistance, mais l’un des chevaliers me balança son bouclier dans la tête, ce qui me fit perdre l’équilibre et tomber.

Ce lourd projectile rompit le dernier nerf qu’il me restait. Je sentis la sombre énergie du désespoir prendre le dessus sur moi. La rage, le fait que j’étais dépassé par les évènements, ma frustration de la journée, tout s’accumulait pour se relâcher dans un torrent de ténèbres qui entoura complètement mon corps. Devenant d’un seul coup plus agressif, à la limite de la méchanceté pure, j’arrêtai de par mon aura sombre le combat ridicule entre les deux Jessica et Sayer, renvoyant ce qu’il restait du leader d’Arcadia dans son époque. Je m’adressai ensuite méchamment à l’assistance.

– Vous allez fermer vos putains de grandes gueules ou c’est moi qui doit venir vous la fermer ? Balançai-je dans un élan de frustration.

– Oui c’est ça go Reisuke ! Cria la femme aux cheveux de feu, avant de tousser comme si de rien n’était lorsque les regards se braquèrent sur elle.

– N’empêche qu’on a gagné ! Protesta Saya, la blonde qui ne savait décidément pas quand il fallait se taire.

– SILENCE DANS CETTE SALE DE MOI !!!!!!!!!!!!!!!!! Hurla Medraut comme jamais. NOUS ALLONS RESOUDRE LE LITIGE !!! BATAILLE GENERALE ET LE DERNIER DEBOUT TRANCHE ENTRE JESSICA ET AKULIA !!! CECI EST LE JUGEMENT DE MOI !!!

– Huh !? S’écria toute personne présente, se demandant si le chevalier était sérieux.

Mais ils n’eurent pas le temps de se le demander que le chevalier était déjà descendu de son bureau, donnant un coup de Caliburn à la première personne qu’il eut par surprise, à savoir, Juuni. Il déclencha une bataille générale dans la salle d’audience. J’eus à peine le temps de voir Miyako s’en aller en soupirant avant d’être pris à parti dans cette bataille. Les boucliers volaient, les jurons fusaient, mais alors que je pensais qu’à protéger les trois civils qu’il restait, je me rendis compte qu’ils allaient encore plus aggraver la situation.

– NOUT VIENS A MOI !!!! Hurla Darksky, laissant apparaitre un grand oiseau rouge magnifique dans la petite salle de tribunal.

– LUMINION JE T’APPELLE !!! Rit Saya, laissant apparaître un grand démon étincelant qui fracassa le toit du tribunal à son arrivée.

– Oula ça devient dangereux ici. Se plaignit Angéla. Athéna, viens à mon secours !

Cependant, tout le monde s’arrêta lorsque le monstre d’Angéla apparut. En effet, tout le monde s’attendait à voir la belle et grande Athéna avec son sceptre….Mais à la place, ce fut Sirie qui apparut, dans les habits d’Athéna, certes, mais tenant une bouteille d’un vin très côté à la main, et visiblement ivre.

– Le sceptre de la grande Athéna est une bouteille de pinard…Guéhéhéhéhé…Délira la dame.

– Sirie ! Cria Soichiro en se ruant sur elle. Mais…Qu’est-ce que tu fais ici dans cet état !?

– Je suis revenu pour toi mon shishi chou. Continua la femme dans son délire. Tout le monde sait que je veux la –

Sirie n’eut pas le temps de finir qu’elle fut interrompue par Jessica, qui, chevauchant Akulia sa monture, s’adonnait à un lancer de chevaliers nobles. Elle les lançait un par un depuis la fenêtre, nous laissant entendre des « Aaaaaaaah » qui résonnaient au loin. Nous tournâmes tous nos regards, consternés par la soudaine alliance entre le dragon et la jeune fille. Cette dernière nous répondit en haussant les épaules.

– On a trouvé un terrain d’entente. Ni lui, ni moi ne supportons ces sales glands en armure. On fait une trêve et on verra après qu’ils auront tous volé par la fenêtre.

Tout était redevenu calme, jusqu’à ce qu’Ananta apparaisse de nulle part, totalement en retard dans le conflit et se mette à attaquer tout le monde avec ses six têtes. Essayant de stopper le reptile, je n’y parvins pas et le chaos total reprit dans la salle d’audience…

Mais alors que le chaos régnait dans la salle d’audience….La fin de l’acte se jouait à quelques centaines de mètres de là….

—–

– N’était-ce pas une bonne idée de les laisser se débrouiller mon bon vieux Voltanis !? Rit Parshath, ivre. Je t’ai pourtant toujours dit de laisser le sale travail aux subordonnés.

– Et là…Continua Voltanis, visiblement ivre lui aussi…Medraut, si tu arrives à gérer l’audience tu pourras réintégrer le sanctuaire céleste ‘3’

– HAHAHAHAHAHAHA !!! Rit Sirie qui était revenue, encore ivre. EH….Laila…Erika….Arrêtez de chanter votre merde…J’ai mal à la tête….

– J'essaie de comprendre le désespoir de ceux qui n'ont tellement pas de vie qu'ils aiment cette choré…Rétorqua Laila…Hahahahaha….

– Mais je te donnerai espoir ma poule t’en fais pas….Reprit Erika qui tentait de philosopher. L’espoir, c’est une bouteille. Quand tu la vides, si t’en as pas une autre, tu sombres dans les abysses.

– OUI ARRETEZ BORDEL DE MERDE !!!! Hurla Hakaze qui semblait agressive lorsqu’elle était ivre. JE NE PEUX MEME PAS ME CONCENTRER POUR RANIMER CETTE SALE TACHE ! Dit-elle en donnant des coups de poing à répétition au cadavre d’Hiroki.

– ARRETEZ DE LE FRAPPER MADEMOISELLE !!! Protesta Lily. IL FAUT LE FRAPPER A LA TETE, PAS AU VENTRE, C EST PLUS RADICAL !!!

– Dis Kôsei….Reprit Laila. Tu veux même pas boire un petit peu pour faire plaisir à ta dame… ?

– Dame Laila…Lui répondit Kôsei qui était de base venu accompagner Hakaze avant de se retrouver pris à parti dans l’histoire. Je ne peux pas…

– Même si je te fais un bisou pour te récompenser ? Lui dit la princesse du désespoir.

– …Vous n’êtes pas dans votre état normal. Répondit le jeune homme en détournant le regard. Je ne tirerai pas avantage de votre condition de faiblesse…

– Maitre Parshath vous aviez dit qu'un seul verre de vin de notre monde n'enivrerait pas ces humains et regardez dans quel état ils sont….

– Ce sont eux les fragiles ! Reprends un coup mon bon vieux voltanis !

Mais il n’eut pas le temps de reprendre un verre que Borz, voltige depuis la fenêtre brisée du tribunal, atterrit sur le dos en écrasant la table, et le verre du juge du sanctuaire céleste. Mais alors qu’il avait irrité le dit juge, il ne le remarqua même pas, bien trop occupé à hurler qu’il voulait absolument immédiatement recommencer le « Akulia Propulsor » depuis la fenêtre. Voltanis le stoppa dans son élan en l’attrapant par le col de son armure mais alors qu’il allait hurler sa rage, Parshath le devança.

– Akulia propulsor !? Je veux essayer ! Rit l’ancien juge tandis que l’autre posa sa main sur son visage en signe de dépit.

Ce fut ainsi que quelques minutes plus tard, la porte de la salle d’audience – Enfin ce qu’il en restait – s’ouvrit. Nous étions tous gisants au sol, KO suite à ce chaos total qui avait régné dans la salle d’audience. A peine conscients, en plus de devoir supporter nos blessures, nous vîmes le visage de Voltanis se décomposer devant ce qu’il restait de la salle d’audience dont l’air essayait encore de dissoudre la fumée des diverses attaques ayant abîmé le décor.

Seul Medraut trouva la force de paraître devant le juge, prenant une position de soldat avec entrain.

– Maitre Voltanis ! Hurla-t-il enjoué. Ce petit juge de moi a rendu son jugement ! Akulia et Jessica ont trouvé un arrangement à l’amiable grâce à ce petit cœur de moi ! Je peux réintégrer le sanctuaire !!!

Parshath éclata de rire à côté de Voltanis, tandis que je sentais que ce dernier n’était vraiment pas d’humeur à rire. Il voulut faire un sermon comme jamais auparavant, mais il se prit une pierre qui céda du toit déjà bien amoché sur la tête, ce qui le fit s’arrêter quelques instants. Posant sa main sur l’épaule du chevalier noble, il afficha lui aussi un sourire carnassier à l’intention de ce dernier, avant de prendre la parole avec une ironie masquant la crise de nerfs intérieure.

– Oh que oui tu vas revenir dans le sanctuaire mon Medraut. Entama le juge. Tous tes amis vont y venir pour réparer ce tribunal. Quant à toi, je suis certain que tu feras un excellent agent polyvalent dans la cuisine de monsieur maximum six pour les dix années à venir tu ne crois pas….. ?

– J EN SERAIS TRES HONORE MONSIEUR LE JUGE ! S’exclama Medraut, ne voyant même pas la punition. CE PETIT CŒUR DE MOI EST EMU !

– Hahahaha ! Rit Parshath en tapant dans le dos de Medraut. Toujours joyeux ce grand gaillard ! Dis moi mon bon Medraut, où est-donc cet Akulia Propulsor.

– Ici ! Cria Jessica qui était la seule encore debout. Ramène ton cul le vieux !

Et ce fut sur le « AAAAAAAH » de Parshath que le procès de Jessica Leocaser contre Akulia le gardien de la porte des étoiles se termina, emportant avec lui une journée dont je pense personne n’allait vouloir se souvenir.


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