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[FIC] Les Abîmes du Désespoir
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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [14/03/2017] à 23:57

Chapitre 32 : L'union de l'espoir et du désespoir (Kosei, jour +9)

https://www.youtube.com/watch?v=ewBOcdz29Sw

Voltanis, le juge du sanctuaire céleste, nous quitta, nous qui étions attablés à la brasserie de Maximum Six, pour retourner dans son sanctuaire. Sans me préoccuper de ce qui allait arriver aux participants de ce procès burlesque, je pris ma dame par le bras afin de la raccompagner chez elle et ainsi continuer à nous préparer à nous défendre contre Zetsubô. Nous quittâmes donc le monde des esprits, et en moins de temps qu’il ne fallut pour s’en rendre compte, il fit nuit dehors.

– Il serait peut-être sage que nous rentrions au monde du désespoir ma dame. Déclarai-je calmement.

– Nous ne pouvons pas rentrer. Me répondit celle qui avait repris ses esprits lors du retour du sanctuaire. Notre monde a été assailli par Zetsubô, et la fondation du futur en simultané. J’ai tenté mon possible, mais j’ai été prise par un coup fourré de cette maudite Ren…Ce monde n’est plus le nôtre désormais.

Je n’eus rien à répondre. Cette situation était la conséquence de mon absence récente aux côtés de ma dame, mais depuis que j’étais revenu du passé avec Hakaze, j’étais persuadé qu’il fallait que je me détache quelque peu de Yume-Nikki afin que je me fasse un nom par moi-même. Après tout, je ne l’avais toujours pas dit à ma leader, mais mon but était de vaincre moi-même Zetsubô afin que ma dame puisse devenir l’héroine qui allait me détruire avec le désespoir. J’étais le seul à pouvoir accomplir une telle tâche, puisque ma dame était impuissante face au désespoir même après toutes ces années.

– Je vais passer la nuit à la belle étoile pour ce soir. Sourit ma dame. Il serait plus sage pour toi de rentrer, Kôsei.

– Et si…Vous passiez la nuit chez moi ? Lâchai-je sans réfléchir de peur d’être freiné par l’embarras. Mes parents ne sont pas toujours présents, et j’ai déjà ramené mon grand-frère à la maison donc ils ne verront aucun mal à ce que j’amène quelqu’un d’autre.

Ma dame s’arrêta quelques instants. Je ne voulais pas croiser son regard, puisque malgré notre lien j’étais rien de plus qu’un homme qui était en train d’inviter une femme à dormir ailleurs que chez elle, et c’était vraiment embarrassant, mais c’était nécessaire. Tandis que je cherchais à ne pas voir son expression, elle reprit naturellement d’un ton chaleureux, brisant mes pensées.

– C’est très aimable ~ J’accepte volontiers.

Je ne dis rien de plus. Je savais que j’allais me mettre dans l’embarras dans une telle situation. Je me contentai de dire à la femme de me suivre, ce qu’elle fit sans hésitation. Nous arrivâmes au bout de quelques minutes dans ma rue, puis devant chez moi. Cependant, à ma grande surprise, les deux voitures de mes parents étaient présentes.

J’indiquai donc à ma dame d’être silencieuse, voulant respecter le sommeil de ceux qui se battaient pour ramener l’argent chez nous. Nous montâmes tous les deux à l’étage jusqu’à ma chambre et nous nous y posâmes en silence. L’ambiance était déroutante. De mon côté, j’étais sous une pression insoutenable, du sien, elle était toute aussi légère qu’elle ne l’était d’habitude.

– Voudriez-vous quelque chose à boire ou à manger ? Avançai-je pour interrompre le silence. Je peux descendre et vous préparer quelque chose.

– Rien ne me fait envie, je te remercie ~ Sourit ma dame. J’ai assez bu dans le monde des esprits, je suis un peu chamboulée à l’intérieur ~

– Bien…Dans ce cas, je vais vous mettre un drap propre et vous pourrez prendre le lit.

Je changeai les draps, sous le regard amusé de la femme qui semblait trouver satisfaction en me regardant. Une fois que le drap frais et propre remplaça l’ancien, je me tournai de nouveau vers ma leader.

– Vous pouvez y aller. Déclarai-je. Vous verrez, il est confortable.

– Et toi Kôsei ? S’étonna-t-elle. Tu ne dors pas ici ?

– Il n’y a qu’une seule couche. Répondis-je naturellement. Je vais dormir sur le sol, ne vous en faites pas, j’ai une couverture c’est suffisant.

– Et pourquoi ne pas dormir avec moi ? Répondit-elle naturellement, ne voyant pas le problème éthique de cette situation. Diffuserais-je une odeur repoussante ?

– P…Pas du tout. C’est juste que…C’est de l’ordre de l’intime…Quand mon grand frère venait dormir ici nous pouvions dormir à deux dans ce lit…Mais avec vous…C’est différent…Je ne peux m’y résoudre.

– Je n’y vois aucun inconvénient ~ Reprit-elle le sourire aux lèvres. Ce n’est pas comme si je ne te connaissais pas de toute façon, je sais que tu es propre.

– Ce…Ce n’est pas de ça que je parle !!! C’est juste que…Je ne peux pas. Vous n’avez pas à comprendre pourquoi, je ne peux pas.

– Kôsei…Murmura ma dame en me regardant, interloquée. Tu es rouge pivoine. Tu as de la fièvre ?

Je me repris suite à cette remarque. Être aussi transparent ne me ressemblait pas, surtout devant dame Laïla. Des choses s’étaient passées avec ma dame par le passé, mais elle les avait sûrement oubliées lorsque j’eus disparu. Je me devais de garder cette passion secrète afin de ne pas –

– Cette manière d’agir ne te ressemble pas mon serviteur ~ Ta réflexion est troublée par quelque chose ~

– Nous sommes tous troublés lorsqu’il s’agit de relations humaines ma dame. Il n’y a rien à comprendre là-dedans.

https://www.youtube.com/watch?v=KrggyNW3kl4

Ma dame soupira, avant de reprendre avec un léger sourire.

– En effet. Il y a des tas de choses que je dois encore apprendre et les relations humaines sont un exemple. J’ai expérimenté des tas de sentiments, et même si j’ai pu apprendre des tas de choses là-dessus, il y en a encore un que je n’ai jamais compris.

– Qu'est-ce donc ma dame?

– L'amour. Si je peux comprendre l'amour filial, je ne comprends pas comment deux inconnus peuvent tout abandonner pour s'attacher les uns aux autres. Comment ma belle-mère a pu s’affilier avec ma famille en sachant que cela lui coûterait la vie. Et cela vaut pour toi aussi, Kôsei. Comment peux-tu faire autant de sacrifices simplement pour prolonger la mémoire d’un être qui n’est pas de ton sang ?

– C’est vrai que j’ai fait des tas de choses pour prolonger la mémoire de mon frère, mais ce n’est pas la seule et unique raison pour laquelle je me suis battu. Précisai-je, conscient que j’allais braver mes propres interdits. Dame Laïla, si je vous suis envers et contre tout, si je crois en votre désespoir, si je me bats contre la fondation du futur…Ce n’est pas pour Arata. Dame Laïla…Au fur et à mesure que les mois ont passé, je suis tombé amoureux de vous.

– Je vois…Reprit-elle sans émotion apparente. Je comprends donc pourquoi tu n’as pas voulu partager cette couche d’une nuit. C’est…Intéressant à vrai dire. Comment me vois-tu donc, Kôsei ? Toi qui es amoureux, qu’est-ce qui a changé depuis que tu l’es ?

– Ce que je ressens….Hésitai-je…Pour faire simple, je veux être présent. Je veux garder intacte l’image de vous qui m’a séduit. Je veux protéger votre souffle de vie afin que vous puissiez être heureuse. Si j’éprouve à votre égard un désir sentimental et charnel, je pense que ce qui caractérise le mieux l’amour est l’envie de faire le bonheur de l’autre. Lorsque l’on pense d’avantage à l’autre qu’à soi-même, c’est à ce moment que la barrière de l’amour est franchie selon moi.

– Exactement ce que je ressens pour mes deux petits frères…Soupira ma dame. J’ai eu une seule expérience amoureuse par le passé, et je ne me rappelle même plus de celui avec lequel j’avais partagé cette passion. Je ne comprends pas vraiment tous ces sentiments. Je ne connais pas vraiment le désir charnel non plus.

– Disons que…C’est une envie d’être contre l’autre, de le sentir proche, et….de le posséder pour soi parfois…

Je détournai le regard, honteux de ce que je venais d’avouer. Un ou deux mètres nous séparaient ma dame et moi, mais j’avais l’impression de creuser une distance bien plus profonde était en train de s’étendre. Mais alors que je pensais qu’elle allait me prendre pour quelqu’un d’étrange, sa réaction fut toute autre. Elle afficha son sourire agrémenté d’une pointe de malice, comme si sa curiosité avait été éveillée par ce que je venais de dire. Lorsqu’elle reprit la parole, elle lâcha une bombe.

– Envie de posséder l’autre pour soi ? ~ Donc si je te dis que ce soir, tu me possèdes rien que pour toi, que ferais-tu ?

J’eus quelques secondes d’arrêt en entendant cette phrase. Moi qui tentais de ne pas être transparent, je me reculai rapidement de quelques centimètres de plus en utilisant mes mains. Je sentais que mon visage était plus honnête que mes mots puisque je brûlais. Je devais être rouge pivoine. Ma dame, qui rit discrètement face à ma réaction, reprit la parole.

– Ce genre de choses n’est-ce pas ? ~ Je comprends mieux.

Elle afficha cette fois un sourire plus franc qui mettait en avant toute l’espièglerie de la femme qui se tenait devant moi.

– Mon serviteur, toi qui reste à mes côtés pour me soutenir et m’épauler, j’ai un souhait. Fais-moi connaître ce qu’implique le désir charnel. Possède-moi pour cette nuit.

– Que dites-vous !? M’exclamai-je, interdit. Êtes-vous encore sous les effets de l’alcool ?

– Je ne peux malheureusement pas répondre à tes sentiments. Me répondit ma dame. Je ne suis pas certaine moi-même de ce que je ressens exactement à ton égard, je ne peux y mettre des mots. Cependant, je veux comprendre cette chose qui m’échappe, et peut être que jamais je ne trouverai quelqu’un qui peut aimer une sorcière comme moi aussi fort que tu m’aimes. Alors, Kôsei, vas-tu être celui qui me fera résoudre cette énigme ?

Je ne sus que répondre face à cette demande très singulière exprimée par ma dame. Certes, j’avais déjà désiré ma dame, mais avais-je vraiment envisagé la possibilité à laquelle je faisais face ? Avais-je vraiment envisagé que la situation devienne ce qu’elle était actuellement… ? Non…J’étais incapable de faire face à ce genre de choses. Il m’était impossible de poser une main souillée par le désir sur le corps de ma dame. Il m’était impossible de salir cet esprit complexe et insaisissable avec une pensée aussi rustre que celle d’un homme voulant assouvir ses désirs avec une femme. Cependant…

Cependant…

Cependant je devais donner une réponse à ma dame qui exprimait cette requête. Et cette réponse était naturellement la seule existante.

– J’accèderai à votre requête, ma dame. Repris-je sérieusement. Mais je ne peux y accéder qu’en tant que serviteur. J’y accèderai en tant qu’homme le jour où cela sera la femme, et non ma dame qui m’exprimera un tel souhait.

– Très bien. Sourit ma dame. Je suis ravie d’avoir un serviteur aussi dévoué que tu ne l’es. ~

Ainsi, je me relevai face à ma dame, cette fois non pas en tant qu’homme, mais uniquement habité par mon désir d’obéir à cette requête de ma dame. Je me défis de ma veste et mon tee-shirt et la rejoignis rapidement. Elle avait l’air de tenir à ces réponses puisque me voir à demi nu à ses côtés ne semblait pas la faire sourciller. Alors je l’embrassai tout en essayant de déceler les émotions dans le regard de ma dame, et lorsque je le fis, je vis dans ses yeux un court instant de surprise qui s’effaça rapidement, comme si ce baiser avait fait quelque chose de bref à l’intérieur.

Sans m’en préoccuper, je me dévêtis complètement, remplissant la mission qui m’avait été incombée en tant que serviteur. Je dévêtis également ma dame qui se laissa faire et coopéra même dans cette démarche, et enfin sa curiosité s’unit avec mon sens du devoir pour ne former qu’un quelque chose inconnu que je ne pouvais vraiment décrire. Une affinité, une complicité, un sentiment d’incompréhension encore plus prenant, je ne pouvais mettre un mot sur ce que nous créions, mais c’était à la seule discrétion de ma dame qui m’avait fait cette requête.

Combien de temps passa, je ne pouvais le dire. Je m’étais totalement laissé happer par la requête de ma dame. Ainsi, quand nous eûmes fini, je ne pouvais dire combien de temps nous y avions passé.

– Avec vous trouvé les réponses à vos questions ma dame ? Demandai-je, toujours aussi rigide.

– Reisuke et Hiroki se battent pour quelque chose de vraiment futile…Soupira ma dame en guise de réponse. Tout ça pour ça, on peut facilement se passer d’un partenaire.

– Je suis donc désolé d’avoir échoué à vous faire comprendre cette chose. J’imagine que je n’étais pas la personne qu’il vous fallait.

– Je plaisante ~ Sourit-elle. J’ai compris certaines choses ce soir. Je te remercie de m’avoir ouvert ton intimité pour me les montrer. Je suis chanceuse d’avoir un serviteur comme toi, Hitotsu. ~

– C’est moi qui ai de la chance de vous servir, ma dame. Pour l’éternité…Je serai à vos côtés…

Et je m’endormis après avoir dit ces mots. Je ne pus même pas discerner la réaction de ma dame en entendant ces mots, et pour être honnête, je ne tenais pas vraiment à la connaître. J’avais malgré tout brisé tous les interdits entre moi et ma dame, mais je ne considérais pas cette « avancée » comme un progrès personnel. J’avais simplement fait ce que ma maîtresse m’avait demandé de faire, et même si cela impliquait des conséquences sur le domaine de la pudeur, je n’avais pas le droit de refuser une requête de ma dame, je lui avais juré de la servir quel qu’était l’ordre après tout.

https://youtu.be/bXVCfdznClA

Je me levai avant elle au matin. La voyant inconsciente, étendue à mes côtés sur ma couche, je laissai parler l’affection de l’homme qui était en moi, déposant une bise sur la joue de ma dame. Je me promis qu’un jour, nous allions faire cette expérience en tant qu’homme et en tant que femme, plutôt que de voir nos rapports qu’en tant que serviteur et maître, et malgré que cela n’allait sûrement jamais se réaliser, cela suffisait à me donner un peu d’espoir.

Ma dame se leva quelques minutes plus tard. Elle me sourit comme elle le fit d’habitude, et moi je lui répondis de la même façon, comme à mon habitude. Ma dame était la seule – avec Hakaze quand on y réfléchissait vraiment – avec qui je pouvais m’ouvrir sans crainte.

J’ouvris discrètement la porte de la chambre afin de voir qui était là, et comme je le craignais mes parents et ma sœur étaient présents au rez-de-chaussée. Bien que je pouvais inviter que je voulais, je ne voulais pas que mes parents m’embarrassent avec des dires gênants qui m’auraient mis mal à l’aise. Mais je me fis notifier par ma sœur assez rapidement, et moi et ma dame finirent à table, invités par mon père à prendre le petit déjeuner.

– Si seulement ta mère n’était pas partie aussi tôt, rit-il, elle aurait pu voir que son fils a ramené une femme à dormir hahaha !! Alors mon garçon on s’offre des nuits de plaisir avec une jolie femme ?

– Ce…Ce n’est…

– Ce n’est pas ce que vous croyez. Reprit ma dame avec assurance. Nous n’avons pas eu un rapport ensemble parce que nous étions attirés l’un par l’autre, mais uniquement parce que je suis la maîtresse et lui le serviteur.

La réplique de ma dame laissa un froid dans la pièce. Mon père était abasourdi par ce qu’elle venait de dire, et moi…Je n’arrivais pas à enchaîner, ne réalisant même pas que ma dame avait pu lâcher une telle bombe, et ce, naturellement. Mon père reprit avec un peu plus d’animosité cette fois.

– Serviteur et maîtresse hein…Dis moi Kôsei, est-ce vrai ce qu’elle raconte ?

– Evidemment que non !!! Repris-je en criant. Enfin…Pas dans le sens que tu crois…Je ne pratique pas ce genre de choses… Pourquoi lâchez-vous des paroles si déplacées hors contexte, dame Laïla ?

– Est-ce gênant de posséder un serviteur ? Reprit-elle en ne réalisant pas ce qu’elle disait. Combien de personnes ont des domestiques ? Ca n’en fait pas des personnes étranges pour autant.

– Dame Laïla….Murmura mon père. Dame Laïla….Mais ! Êtes-vous Laila Serizawa, l’héritière de Kashiwagi Toshiro !!?

Ma dame, qui ne comprenait rien jusqu’ici, reprit sa mine habituelle marquée par un sourire mesquin. Elle répondit en joignant ses deux mains sur la table et posant sa tête sur ces dites mains.

– Je vois que l’on me connaît ici ~ En effet, je suis bien cette Laïla Serizawa ~ En quoi puis-je vous aider ?

– Inspecteur Masamune Nishijima. Reprit sèchement mon père qui ne réalisait pas qu’il n’était pas du tout crédible en tant qu’inspecteur en caleçon et en débardeur. J’aimerais vous poser quelques questions concernant la mort de Toshiro Kashiwagi.

– Je vous écoute. Répondit ma dame. Qu’avez-vous à me demander ?

– Je n’irai pas par quatre chemins : êtes-vous la personne ayant tué Toshiro Kashiwagi ?

La question de mon père me surprit. Un enquêteur confirmé comme lui qui posait une telle question à une éventuelle suspecte…C’était étrange. N’importe quel coupable aurait dit non, tout comme un innocent allait dire non également. A quoi pensais mon père en demandant une telle question ?

– Qu’est-ce qui a tué Toshiro ? Son assassin ?

– Que voulez-vous dire madame ?

– Ce qui fabrique un assassin c’est une émotion négative. La tristesse, la rancœur, l’envie, la jalousie, des tas de choses qui changent les nuances de notre esprit. Est-ce l’assassin qui est coupable du crime, ou le désespoir dans lequel il a été plongé pour en arriver à tuer ? Le corps physique ayant tué la personne n’est peut-être qu’un outil du désespoir pour prospérer quand on y pense, même s’il existe des authentiques monstres sur cette planète, comme ceux s’attaquant à des êtres vulnérables.

– Je vois…Soupira mon père. Vous collez bien à votre réputation. Impossible de lire les pensées de Laila Serizawa n’est-ce pas ?

– C’est exact. Sourit ma dame. Seul Kôsei ici présent peut lire ce qu’il se passe dans mon esprit. C’est un droit que je lui ai accordé puisqu’il a toute ma confiance. ~ Pour ce qui est de votre question, je ne suis pas la personne que vous recherchez. Il me semble que Kôsei ici présent a déjà refusé la succession de l’entreprise de gaz, ce qui implique que la prochaine personne à bénéficier de cette société est monsieur Ryotaro Suzuke, fils de Ryotaro Nanako, la première secrétaire de l’entreprise.

Mon père sourit. Il baissa sa garde et reprit la parole un peu plus léger cette fois.

– Bien. Avez-vous la moindre idée de qui est l’assassin de Toshiro Kashiwagi ?

– Je sais qui est l’assassin ~ Répondit ma dame. Cependant, je ne le dirai pas. Nous avons tous un travail dans ce monde, et il est du vôtre de trouver par vous-même ce qu’il en résulte. De toute façon, vous ne pourriez pas vous appuyer sur mon seul témoignage pour porter des accusations ~

– C’est vrai. Je voulais simplement avoir une piste car là mis à part penser que leur fils serait le coupable, nous n’avons aucune piste. Et comme le fils est mort avant le père, c’est plutôt difficile à résoudre…

Ma dame se contenta de sourire face à mon héros. Ils reprirent ensuite une conversation faite de banalités jusqu’à ce que nous terminions le petit-déjeuner. Mon père fut un hôte très agréable puisqu’il proposa à ma dame de se changer et même de laver ses vêtements, lui prêtant un peignoir le temps qu’ils sèchent à la machine. En fin de matinée nous pûmes enfin partir, non pas sans que l’inspecteur Nishijima ne laisse sa carte à son ex suspecte. Nous déambulâmes donc dans les rues, ma dame et moi, sans savoir où aller dans l’immédiat. Mais alors que j’allais demander à ma dame ce que nous devions faire, j’aperçus au loin quelque chose de spectaculaire, dans le mauvais sens du terme. En effet, du centre ville s’échappait une épaisse fumée noire comme l’ébène, comme si un terrible incendie faisait rage.

– Zetsubô a commencé à attaquer. Déclara froidement ma dame. Nous allons chez Soichiro.

– Soichiro ? M’étonnai-je. Pourquoi chez lui ?

– Il n’y a que Soichiro qui puisse diriger tout le monde sans opposer la moindre contestation. Sourit-elle. C’est le leader de Glory for Hope, et le véritable leader de Yume-Nikki.

Nous nous rendîmes donc jusqu’à chez Soichiro qui n’habitait pas si loin de chez moi, et comme Laila l’avait dit, presque personne n’allait remettre ses ordres en cause. En effet, pas mal de personnes qui avaient été alertées par l’attaque du centre-ville s’étaient rassemblées ici. Hiroki, Reisuke, Jessica et son double, Erika, Hakaze, Ugo et Chiaki s’étaient spontanément rendus ici pour écouter les conseils du patriarche. Yotsu était également présente, mais Jordan manquait à l’appel.

– Jordan n’est pas là ? Demandai-je, étonné. Yume et Hope sont tous présents sauf lui.

– Il n’a pas voulu revoir Soichiro. Me répondit Yotsu sans gêne. Sa vengeance lui tient trop à cœur.

– De toute façon tant que je serai dans les parages, il ne pourra jamais exercer sa vengeance. Grogna Hiroki tel un berger allemand.

– Du calme médor. ~ Rit Hakaze. Tu veux un susucre ? Ou je te mets une muselière ?

– Laisse sa bouche à découvert, rétorqua Jessica, il sait très bien s’en servir ça serait dommage ~

– Parlons sérieux les gamins. Reprit Soichiro. Vous avez tous vu ce qu’il se passe dans le centre-ville, Zetsubô est passé à l’attaque et a même donné un plan d’attaque aux élus locaux.

– Aux élus locaux ? Se demanda ma dame. Il a donc rallié toutes les personnes que nous avions ralliés à notre cause Rei et moi ?

– Presque toutes. Reprit Sirie avec inquiétude. Un seul d’eux n’a pas marché, et c’est lui qui nous a envoyé l’information. Zetsubô a fermé les frontières des alentours. Le fait de convertir les élus au désespoir a forcé la fondation du futur à jouer de leurs relations avec le gouvernement. Le gouvernement a pris pour décision de mettre notre région en quarantaine le temps que la fondation du futur détruise Zetsubô.

– En quarantaine ? S’interrogea Reisuke. Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ?

– Pour faire court gamin, reprit Soichiro, nous ne pouvons pas sortir, et un embargo est posé sur notre région. Nous ne travaillons plus avec le reste du pays donc nous n’avons plus de provisions jusqu’à ce que le conflit cesse. En bref, nous sommes laissés à l’abandon.

– Donc nous avons pour seule option de détruire Zetsubô, puisqu’il est impossible de demander de l’aide à la fondation du futur. S’avança Erika. En prenant en compte les agissements de Zetsubô, on peut facilement anticiper qu’il voudra montrer au monde comment le désespoir se propage. Je pense même qu’il a prévu de retransmettre les évènements en direct au moins à l’échelle du pays.

– Précisément. Confirma Juuni. J’ai un contact à l’autre bout du pays qui m’a fait part de la diffusion d’une émission bizarre où notre région était filmée. Ca doit être ça, bien joué Erika.

– Donc il n’y a qu’une solution. Reprit Hiroki. Il faut tuer Zetsubô. C’est un combat à la vie à la mort.

– Hoho merci captain obvious. Rit Ugo. Je pensais lui offrir des fleurs.

– Bien. Reprit Soichiro. Lançons-nous tous dans l’opération « Détruire la clé du désespoir. » Si la clé meurt, alors son empire s’effondre et tout le monde est libre. Moi, vous, ce monde, tout sera terminé si nous ne parvenons pas à éliminer cette clé. Cependant, ne vous mettez pas en danger inutilement. Zetsubô est très puissant et le sous-estimer serait fatal.

– Je serai celui qui tuera Zetsubô. M’avançai-je. Le tuer est ma raison de vivre, il ne pourra s’y soustraire.

– En attendant, reprit le patriarche, nous aurons besoin de renfort…Et je sais où en trouver. Rit-il. Yotsu, ou plutôt devrais-je dire….Suzuha. Amène nous au laboratoire de Rintarou.

Nous nous tournâmes tous vers Yotsu qui était devenue d’un seul coup le centre d’attention. Elle enleva enfin son masque, à la grande surprise de tous, et nous pûmes enfin voir son visage.

Elle était une jeune femme qui avait la vingtaine. Elle possédait des cheveux châtains courts coupés à la garçonne, ainsi qu’un regard couleur vert assez rude. Les traits de son visage étaient assez fins, mais une forte assurance était inscrite en elle. Elle semblait avoir l’habitude d’être au front, cela se voyait rien qu’à sa dégaine qui, comme s’adaptant au fait qu’elle n’était plus masquée, était assez impressionnante. Suzuha semblait être une guerrière née.

– Je vais vous mener au labo. Déclara-t-elle impassible. Suivez-moi.

Nous nous mîmes tous en route pour suivre Suzuha. Je ne savais pas ce que ce Rintarou allait pouvoir faire pour nous, mais d’après Soichiro, il possédait des qualités nécessaires dans ce combat. Sans vraiment comprendre de quoi il en retournait, je fis confiance à l’homme – enfin à ma dame qui faisait elle-même confiance à l’homme – et je le suivis en même temps que le groupe qui sortait de la forêt.

Nous essayions d’être discrets. Malgré que le tapage en ville n’avait pas encore atteint notre coin, on sentait l’inquiétude des civils. Ils ne pensaient pas à la catastrophe que nous allions vivre, après tout, sans cet élu local qui nous a prévenu même nous nous n’y serions pas prêts à l’heure actuelle, nous le savions tous que ça allait arriver, mais nous continuions tous nos vies comme si de rien n’était. Hakaze entama la conversation.

– Nous formons donc désormais une seule et unique alliance ?

– Oui, répondis-je, une alliance afin de protéger ce monde. Nous sommes les gardiens qui ont pour mission d’anéantir cette clé.

– N’oubliez pas la fondation du futur. Nous conseilla Reisuke. Ils sont déterminés à entraver notre route, en particulier aux ex Yume et à nous les Yamadas. Il faut agir avec prudence.

– La fondation du futur est ma première priorité ! Déclara Erika, déterminée. Il faut absolument que je ramène Ren à la raison afin que nous puissions enfin unir nos forces contre le véritable ennemi. Je refuse de perdre inutilement des hommes et de gâcher des vies dans un conflit qui n’a aucune raison d’être.

https://www.youtube.com/watch?v=_pv9kOEWIXY

Tout le monde approuva par un sourire. Nous étions plus ou moins sur la même longueur d’ondes, nous qui étions en conflits il y a quelques mois de cela. Malgré tout, nous avions trouvé un espoir commun : celui de se battre pour l’ordre actuel de ce monde, et de régler nos différents après cette bataille, et ce à l’amiable. J’espérais de tout cœur que nous allions vaincre. Mais alors que nous suivions Soichiro et le groupe, quelqu’un sortit de nulle part, accompagné de troupes. Ils étaient en tout une dizaine d’hommes en capes accompagnant la personne semblant être le chef du mouvement. Le chef en question ne révéla pas son visage, mais je sentais quelque chose de familier en lui, comme si lui et moi venions de la même source.

Sans dire le moindre mot, il se déplaça rapidement, suivi par tous ses subordonnés, afin de nous attaquer à l’aide de griffes acérées qu’il portait en guise de mains. Plus qu’un homme, il semblait être une créature, ou une sorte d’humain que l’on avait transformé en monstre. Sans vraiment comprendre, nous réussîmes à esquiver la première attaque du groupe, puis, lorsqu’ils revinrent, je m’interposai pour les bloquer et les affronter.

– Continuez. Déclarai-je, glacial. Il est évident que ces hommes sont envoyés par Zetsubô pour nous entraver. Il faut sacrifier le moins d’hommes possibles sur le chemin. Les amis, on se retrouve chez Okabe. Je connais son fils, je saurai vous rejoindre.

– Es-tu sûr gamin ? Me demanda Soichiro.

Pour toute réponse, j’appelai mon grand frère, et il sortit de moi sous sa forme humaine. Tous les deux armés d’une épée faite d’énergie de Saffira, nous nous lançâmes à l’assaut des monstres dissimulés sous des capes. Deux contre dix, nous étions en désavantage numérique, mais moi et Onii-chan suffirions pensais-je. Je vis donc mes amis partir. Ma dame me lança un « sois prudent » qui me laissa déterminé à vaincre, tandis que je continuais à danser avec mon épée.

Je transperçai la tête d’un de ces monstres qui lâcha un hurlement strident qui n’avait rien d’humain en guise de réaction. Onii-chan fit de même de son côté et nous arrivâmes rapidement à prendre l’avantage. Tandis que le chef ne bougeait pas encore, nous observant sûrement, moi et mon frère nous rejoignîmes et nous collèrent dos à dos, ne laissant aucun angle mort tandis que nous affrontions les monstres.

– 1,2,3. On y va !

Le signal lancé, nous fonçâmes tous les deux sur un monstre chacun, monstre que l’on mit en pièces. Arata en profita pour reprendre sa forme de monstre de duel et poussa un cri si fort qu’il détruit trois autres sbires rien que par le son de ce cri, tandis que moi, je continuais à les trancher un par un. Cependant, une attaque comme celle de Saffira était assez risquée, puisqu’un des monstres tenta de l’attaquer par derrière. Je fus cependant assez réactif, me jetant à corps perdu sur le monstre et le tranchant avant même qu’il ne puisse frôler mon partenaire. Il ne restait désormais plus que le chef du groupe, chef qui commença à bouger lorsqu’il vit que ses troupes avaient failli à leur tâche…Mais il n’avait pas remarqué que derrière lui se trouvait déjà mon deuxième allié : Tarotray, qui, sans aucun scrupule, utilisa sa lame d’énergie pour décapiter ce chef de par derrière lui. Celui qui était censé être le plus fort du groupe s’écroula dans un torrent de sang, devant nos mines satisfaites.

Nous repartîmes tous les trois en silence, cherchant à rattraper le groupe, et conscients que la guerre était finalement lancée…


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [25/03/2017] à 12:54

Chapitre 33 : Une ambiance de crise. (Reisuke, jour +9)

https://www.youtube.com/watch?v=yH1kp0A_LzQ

Nous avions laissé Kôsei derrière nous depuis quelques dizaines de minutes maintenant, et comme je l’imaginais, l’attaque de Zetsubô se rapprochait de plus en plus de notre coin. L’attaque de ses partisans avait déjà touché le cœur de la ville, et au vu de l’assaut que Kôsei avait contré en restant derrière, il s’était aussi étendu dans notre petit coin de campagne, et il n’était plus qu’une question d’heures – non, de minutes – avant que la guerre ne commence ici. C’est avec cette pensée pesante que moi, Jessica, mon frère, ma sœur, Soichiro et les autres nous rendîmes là où nous menait Suzuha, soldat d’élite de l’ancienne Yume-Nikki dont j’étais l’un des fiers guerriers. Elle devait nous mener au laboratoire d’Okabe, son parrain, afin que nous puissions établir une stratégie pour cette bataille. Je n’avais pas vraiment confiance au savant fou que j’avais croisé une fois en venant chez Soichiro, mais comme l’avait souligné ce dernier, rassembler le maximum de troupes était nécessaire, surtout en temps de crise, donc je laissai couler.

– Dites les amis, entamai-je. Vous pensez vraiment qu’Okabe pourra nous aider à triompher de Zetsubô ?

– Il nous a déjà aidé par le passé Rei-Chan. Me sourit Erika. C’est lui qui nous a permis de te rattraper lorsque l’on s’est perdues dans le temps.

– C’est moi qui ai tout fait gamine. Soupira Soichiro. Okabe n’était bon qu’à nous casser les oreilles en permanence avec ses délires sur le SERN. Je ne sais pas comment son fils fait pour supporter ce fou en permanence.

– Son fils ? S’interrogea Laila. Ce pauvre fou aurait vraiment trouvé une femme prête à partager sa vie ? Voilà qui prouve bien que les chemins de la vie sont imprévisibles ~

– Son fils, c’est Kenichiro. Reprit Chiaki. Kenichiro Okabe. C’est un gentil garçon qui joue dans mon groupe de musique.

– HUUUUUH !!!? Beugla Jessica. T’es sérieuse que le père de Kenichi c’est un scientifique débile !?

– Oui mais il n’est pas méchant héhé. Rit Erika. Il m’a aidée à me trouver les musiciens quand je me suis lancée en France, je lui en dois une.

J’eus un temps d’arrêt tandis qu’Erika venait de lâcher ces mots. Après quelques secondes de paralysie totale, je me tournai vers elle, beuglant comme jamais, et à ma grande surprise, Jessica fit la même chose.

– HUUUUUUH !!!? Hurlâmes-nous en chœur. Depuis quand tu es chanteuse solo !!?

– Vous êtes bien sourds pour ne pas le savoir les gamins. Répondit Soichiro en haussant les épaules. Les chansons d’Erika sont partout.

– Même sur mon MP3 ! Reprit Hiroki en affichant un sourire niais avant de se prendre un coup de coude de Hakaze. D’ailleurs Erika, « Memories » m’a touché en plein cœur. Cette musique représente l’espoir même à mes yeux.

– Moi aussi j’écoute en boucle Memories hoho ! Reprit Ugo. C’est une chanson intéressante je trouve, même si mon éditeur n’arrête pas de dire qu’il n’en peut plus de ta musique la blonde ~

– Que quelqu’un mette la chanson d’Erika !!! Ordonnai-je, décidé à écouter cette fameuse « Memories »

https://www.youtube.com/watch?v=Acq-sn2TVnQ

Ce fut Hiroki qui enclencha la musique tandis que nous marchions encore en direction de chez le scientifique. C’était une chanson qui parlait des souvenirs créés avec quelqu’un qu’elle n’avait pas revu depuis longtemps et avec qui elle avait vécu des moments inoubliables. Elle parlait dans sa chanson qu’elle ferait tout pour pouvoir voir ce garçon sourire de nouveau, même si elle avait à salir ses mains pour y parvenir, parce qu’elle aimait très fort cette personne.

– Les lyrics sont de toi ? Demandai-je, impressionné par la qualité des paroles. C’est superbe.

– Oui ils sont de moi. Sourit-elle franchement. J’écris tous mes lyrics en pensant à la personne que j’aime plus que n’importe quelle autre.

– Cette personne doit être vraiment chanceuse. Souris-je à mon tour. J’espère que tes sentiments parviendront jusqu’à lui, et que tu seras heureuse à ces côtés.

Soichiro réagit en mes paroles en posant sa main sur son front, dépité par ce que je venais de dire. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il réagissait comme ça, mais apparemment tout le monde approuvait plus ou moins sa réaction, sauf Hakaze qui s’énerva contre lui.

– Tu peux parler papa ! Tu es aussi aveugle que lui bon sang !

– N’attaque pas le jeune ma…Ton père de la sorte ! Rougit Sirie. Je…N’attends rien…De Soichiro…

– Aucune honte à vouloir exprimer un désir charnel. Répondit Laila en haussant les épaules. Tout est si compliqué avec vous, au moins avec Kôsei je lui demande de me posséder pour la nuit, il s’exécute.

Tout le monde s’arrêta net et regarda ma sœur, consternés par ce qu’elle venait de dire. Pour ma part, cela ne m’étonnait pas vraiment de savoir qu’une femme avait une vie sexuelle. Aussi, j’essayai de calmer le jeu.

– Arrêtez d’en faire tout un fromage. Dis-je relaxé. Que Laila couche avec un homme ce n’est pas vraiment choquant, c’est une femme après tout. Et puis de toute façon elle et Kôs….HUUUUH !!? Kôsei !!!? Mais vous avez 16 ans de différence !!! Tu as perdu l’esprit !!?

– Hoho ~ Ca va faire un joli sujet pour mon prochain roman. S’amusa Ugo tandis que nous nous retournâmes tous vers lui encore plus consternés que pour la révélation de ma sœur.

– C’est pas plus étonnant que Hiroki et moi qui portons les sous-vêtements de l’autre ~ S’amusa Hakaze tandis que tous les yeux se braquèrent sur Hiroki.

– Ehhhh ! Arrête de raconter ta merde ! Pour rien au monde je ne mettrai tes strings en dentelle !!! Rétorqua son compagnon. Je peux vous montrer qu’il n’y a aucune chance que je rentre dedans si on ne me croît pas !

– Ma fille….Soupira Soichiro. Tout sa mère.

– HUUUUH !!? Beugla Sirie. Donc le jeune maître aime…Impossible !!

Un grand silence s’installa entre tous les participants à cette conversation. Par chance, personne n’avait pensé à balancer des choses compromettantes à mon sujet…Du moins c’était jusqu’à ce que Jessica ouvre la bouche.

– De toute façon rien n’est plus honteux que la taille du sexe de cet abruti qui m’héberge. Lâcha-t-elle naturellement. Aucun mec ne devrait avoir honte à côté de ça. Et c’est pas dans les gênes puisque son frère est monté comme un cheval ~

Les hommes du groupe me regardèrent en compatissant, ce qui me laissa un sentiment amer au fond de moi. Je cherchais quoi répondre à ça, mais je devais fermer le clapet de la blonde une bonne fois pour toutes, autrement, le peu d’honneur que j’avais allait s’envoler. Mais alors que j’allais révéler un secret gênant sur la blonde, je fus stoppé en plein élan par Suzuha.

– Nous sommes arrivés. Dit-elle, rigide. Nous sommes chez Okabe.

https://www.youtube.com/watch?v=yH1kp0A_LzQ

Nous étions en effet arrivés. Nous faisions face à une maison assez banale située dans le quartier sud de notre petite campagne, isolée dans un cul de sac. Les fenêtres de la bâtisse étaient réparées manuellement, comme si elles avaient déjà été brisées et que dans l’urgence on avait fixé trois planches de bois sur chacune d’elle afin de les faire résister au vent. C’était bien la baraque d’un scientifique de la réputation d’Okabe pensais-je, et d’ailleurs, personne ne semblait étonné de voir une telle résidence en pensant à la personnalité du scientifique.

Suzuha fut la première à s’avancer. Elle sonna à la porte, et quelques moments plus tard, on vint lui ouvrir. C’était Kenichiro qui était venu. Lorsqu’il vit Suzuha, il n’eut aucune surprise réelle. A vrai dire…Ce fûmes nous qui en reçûmes une. En effet, à notre grande surprise, le blond embrassa naturellement celle qui venait lui rendre visite, et ce simplement pour la saluer. Ils partagèrent un court baiser ensemble, puis, lorsqu’il nous vit, le jeune homme devint rouge pivoine.

– Ah…Suzu…Quelle bonne surprise…Bégaya-t-il. Avec toutes ces personnes…Je suppose que tu viens voir mon père ?

– C’est exact Ken, nous venons voir Okabe pour faire le point sur le conflit de Zetsubô. La ville a déjà éclaté, et sous peu cela s’étendra ici. Nous devons donc faire le point sur comment nous allons diviser nos forces pour gagner la bataille.

– Ah…Oui. C’est vrai. Soupira le jeune homme. J’espère quand même que ça se terminera vite…J’aimerais bien que tu deviennes un peu moins rigide. Une fois que tu deviens sérieuse, on ne peut plus parler de banalités…

– Ne perdons pas de temps. Entrons.

Nous suivîmes la jeune fille qui nous fit entrer dans la baraque, puis, nous fis monter les escaliers pour arriver jusqu’à dans une salle d’expériences, un labo utilisé par Okabe pour réaliser différents effets scientifiques plus abracadabrantesques les uns que les autres. Ils étaient cinq dans le laboratoire : Okabe, une jeune femme aux cheveux rouges, une portant un chapeau et ayant de longs cheveux noirs, une autre femme qui ressemblait fortement à Suzuha mais en un peu plus vieille, et un homme rond portant une casquette et des lunettes. Celui qui semblait être le chef du groupe prit la parole le premier en affichant une allure excentrique.

https://www.youtube.com/watch?v=ABUuwiIb61s

– HAHAHAHA !!! Rit-il. Bienvenue dans la tanière du grand, du seul, de l’unique, HOUOUIN KYOUMA !!! TREMBLEZ MORTELS DEVANT CELUI QUI VA DETRUIRE CE MONDE !!!

– C’était pas Katsuo Yamada la menace ? Rit Soichiro. Nous avons deux destructeurs du monde ?

– Celui là rêve de contaminer le monde entier avec son idiotie et réduire l’intelligence du monde à néant. Renchérit la rousse portant une blouse sur laquelle était accroché un pins au nom de « Kurisu »

– Et tu l’as aidé dans sa quête en portant son enfant ? Rit celle qui semblait être la mère de Suzuha. Cesse de faire ton enfant, Maki ~

– C’est une tsundere en puissance ~ Renchérit le gros s’appelant Daru. Ca me fait penser à la fille de Soichiro quand je parle de Tsundere. ~

– Si tu prononces encore une seule fois ce mot tu le regretteras ! Hurla Hakaze qui était visiblement irritée par ce que disait Daru. On est venus pour quelque chose, non ? Alors de quoi s’agit-il ?

– Makise-san, entama Sirie, où en es-tu concernant…Cette chose sur laquelle nous avons travaillé ensemble ?

– Je l’ai finie hier justement ! Cet abruti d’Okabe a passé à la nuit à en créer des tas à partir du prototype. Au moins en tant qu’assistant, même s’il ne peut pas créer il peut copier mes inventions.

– Bien. Reprit Sirie en se tournant vers nous. Moi et Makise nous avons collaboré en mettant en commun mes compétences sur le syndrome du désespoir avec ses compétences de scientifique afin de créer un gadget en particulier, le « Despair Radar »

– Le despair Radar ? Se questionna Erika. Comment cela fonctionne-t-il ?

On nous fit passer le gadget dans les mains. C’était une petite boite noire sur laquelle étaient tracés des cercles verts. Un rayon vert affluait en continu dans la machine, sans s’arrêter. Il partait du centre du gadget pour s’étendre le plus possible, avant de repartir du centre. J’attendais les explications, même si j’imaginais que cela ne devait pas être bien compliqué à utiliser.

– Nous avons donc mis en commun nos connaissances et voici ce qui en ressort. Reprit fièrement la rousse. Nous avons détecté qu’un être humain subissant les effets du désespoir émettait une onde négative autour de lui. En me saisissant d’un échantillon de la substance, j’ai pu développer un appareil qui permettait de déceler ces ondes et ainsi identifier une menace dans un rayon de 500 mètres alentours. Ce n’est pas grand-chose je sais, mais c’est tout ce que j’ai pu faire en si peu de temps.

– Décidément, sourit Soichiro, tu n’as pas perdu de ta superbe depuis la duel académie ma chère. Je dois être plus rouillé que toi en matière de sciences.

– N’abuse pas, sourit à son tour la rousse. Ta Shungite est pas mal du tout, inutile d’être modeste.

Cette ambiance légère entre les deux scientifiques irrita Okabe qui vint se poser entre les deux en affichant un air de frustration. Soichiro afficha un air malicieux devant la réaction de l’homme, mais il fut stoppé par Sirie qui semblait irritée elle aussi. Elle attrapa le bras du scientifique et le tira avec elle, ce qui nous permit de participer à la conversation.

– C’est pas mal du tout, reprit Hiroki. Ca sera vraiment pratique lorsque l’on va affronter les sbires de Zetsubô. Et heureusement, j’imagine que nous ne dégageons rien nous puisque nous ne sommes pas atteints d’un syndrome quelconque.

– Radar ou pas radar, on peut facilement leur rentrer dans le lard et les buter ces fils de putes. Assura Jessica armée de son arrogance. Pourquoi on aurait besoin de cette merde ?

– Parce que l’ennemi peut arriver de n’importe où hoho ~ Se moqua Ugo. Il y en a qui devraient apprendre ce que c’est une véritable guerre avant de s’avancer.

– Mais j’ai une question ~ S’amusa Laila. Moi qui suis celle qui diffuse le plus de désespoir, serais-je localisée également ?

– Oui. Répondit Makise. Si vous entrez dans un état de désespoir, vous serez localisables par un radar, mais vous serez considérés comme un ennemi pour l’autre puisqu’il est impossible de différencier un ennemi d’un allié sur ce radar.

– Bien. Reprit Erika. Nous avons déjà un outil nous permettant d’éviter de nous faire prendre en embuscade. Et puis ça peut aussi aider à retrouver Kôsei héhé ~

– Je m’inquiète pour Kôsei. Reprit Kenichiro que l’on n’avait même pas calculé jusqu’alors. Je me demande s’il va retrouver la raison à un moment donné. Je veux dire…J’aimerais qu’il évite de se faire manipuler par Zetsubô dans la foulée…

– Ne t’en fais pas, sourit paisiblement ma sœur, Kôsei va traverser des épreuves c’est vrai, mais si tout se passe comme prévu, lui aussi devrait pouvoir trouver l’espoir à la fin de cette bataille ~

– Que veux-tu dire par là Laila ? Repris-je, concerné. Qu’as-tu prévu pour les membres de Yume Ni –

https://www.youtube.com/watch?v=ptH3AlbLdiI

Je n’eus le temps de terminer ma phrase qu’une explosion retentit non loin de notre position. Nous nous retournâmes tous par réflexe pour savoir de quoi provenait cette violente secousse, et ce que nous vîmes ne nous surprit qu’à moitié.

En effet, nous passâmes nos têtes à travers la fenêtre, Laila et moi, et nous vîmes que le bâtiment à côté de la bâtisse dans laquelle nous étions tous retranchés. Il ne restait qu’un tas de ruines surplombé d’une épaisse fumée noire qui montait au ciel encore et encore.

– Ca a commencé. Déclara Laila, impassible. Tout se joue maintenant.

– Un des membres de Zetsubô est présent ! Reprit Makise, affolée. Il faut évacuer, il est sûrement sur notre trace !

Tout le monde fut d’accord et nous finîmes par abandonner rapidement le laboratoire d’Okabe. Moi qui avais l’habitude de gérer de telles situations, je restai en arrière afin de m’assurer que tout le monde avait le temps d’évacuer, scrutant les moindres recoins de la maison pour tenter de déceler toute trace de début d’incendie, puis, lorsque tout le monde fut sorti, j’évacuai à mon tour. Mais alors que je venais de sortir, la baraque dans laquelle nous étions fut englobée par un torrent électrique qui parcourut toute la surface de la bâtisse de pierre avant de la faire s’embraser en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire. Il ne fallut que quelques secondes pour que l’endroit dans lequel nous étions quelques secondes avant se fasse englober par un torrent de flammes. Choqué, je m’arrêtai devant le feu sans prêter attention aux alentours, mais lorsqu’Erika vint me faire remarquer le décor de notre village jusqu’alors si paisible, je compris que la vie telle que je l’avais connue venait de cesser pour de bon.

En effet, en l’espace de quelques dizaines de minutes, ce territoire, notre territoire, était devenu un amas de ruines fraîchement créées par la plus sombre des émotions, par le plus sombre des ressentis possible…Le désespoir. Je restai quelques secondes à contempler ce décor installé si rapidement, j’en eus les larmes aux yeux, regrettant de n’avoir pas réussi à arrêter le retour de Zetsubô, pourtant, on me tira rapidement de mes songes pour me ramener à la réalité aussi dure était-elle.

– ATTENTION REISUKE !!!! Hurla une voix de derrière.

Je me fis bousculer par cette personne pour me retrouver au sol avec elle. C’était Suzuha qui s’était jetée sur moi pour me faire éviter un projectile semblant chargé d’électricité qui vint s’écraser contre un mur qu’il réduit en cendres dès qu’il toucha. Je me relevai rapidement, Suzuha aussi. Je la remerciai pour m’avoir aidé et je repris mes esprits. Je me mis en alerte, guettant la moindre source de danger, tandis que nous essayions de communiquer tous ensemble.

– Et maintenant ? Demanda Hiroki. Quels sont les ordres, Papa ? On fait quoi là ?

– Dans un premier temps, lui répondit Soichiro, nous devons rester en alerte. Il y a une menace proche et nous ne pouvons rien envisager tant que nous ne l’aurons pas détruite.

– Et comment on retrouve cette merde !? Grogna Jessica qui était agacée par la situation. On sait même pas d’où viennent les attaques !

– Chut. Lui répondit sérieusement Laila. J’essaie de me concentrer.

Un silence s’installa pendant quelques secondes face à la réplique plutôt inhabituelle de Laila. Elle s’arrêta une bonne minute, comme si elle cherchait quelque chose, mais pour nous, elle était complètement inactive. Alors que nous restions sur nos gardes, incapables de combattre un ennemi que l’on ne voyait pas, une autre attaque allait surgir de nulle part, visant cette fois Hakaze qui était à côté de son père, mais Laila, plus rapide cette fois, s’interposa entre Hakaze et l’attaque qu’elle dévia grâce à une attaque faite d’un flux d’ombre et de puissance obscure. Elle esquissa un petit sourire tandis que nous nous étions tous retournés vers elle, et, sans dire un mot de plus, se rua dans la direction d’où provenait l’assaut. Elle disparut dans l’ombre généré par l’écran de fumée pendant quelques secondes.

Je voulus la suivre, mais elle réapparut aussitôt, accompagnée cette fois d’un homme qu’elle semblait avoir débusqué. L’homme aux cheveux grisâtres en bataille venait d’esquiver une attaque de ma sœur en affichant un air agacé. Se reculant d’avantage, il se posa sur un décombre qui était surélevé par rapport à nous, nous laissant complètement voir son visage. C’était un homme ayant la trentaine, comme Laila, et affichant une expression malsaine dans ses yeux couleur rouge vif. Il prit la parole à notre attention d’un air méprisant, nous prenant clairement de haut.

– Qui aurait cru que derrière une telle mijaurée se cachait une femme aussi forte. Quand je pense que t’aurais pu être à la gauche du maître et que tu l’as trahi, Laila.

– Je vois que ta reconversion depuis le mouvement Arcadia ne t’a pas réussi Noda ~ Lui répondit ma sœur. Mais de là à t’allier avec Zetsubô, je trouve cela vraiment triste ~

– Je n’ai rien à entendre de ta bouche de traînée. Lui répondit l’homme glacial. Que ce soit toi ou tes frères, vous avez gâché la seule opportunité de faire quelque chose d’utile dans votre vie. Mais moi, je vais la saisir !

L’homme disparut quelques secondes dans une étincelle, avant de réapparaître derrière Laila afin d’essayer de lui asséner un coup de poing chargé d’électricité, mais ce fut au tour de ma sœur de disparaître dans l’ombre avant que l’impact ne la touche. Elle réapparut derrière l’ancien membre du mouvement Arcadia afin de l’attaquer à son tour, mais il esquiva de la même façon. Ainsi s’en suivit une bataille que l’on ne pouvait même pas suivre du regard tellement les deux protagonistes du conflit étaient rapides. Seules leurs silhouettes entourées d’ombres et d’électricité étaient visibles pour nous. Nous ne pouvions même pas intervenir de peur de ne pas voir les coups arriver et de nous faire sortir de la bataille en un seul coup.

Je ne pouvais néanmoins pas rester spectateur. Ainsi, je tentai de rassembler en moi cette énergie négative, la même que celle que Laila, mais je n’y parvenais pas. Je n’arrivais pas à produire une émotion négative sur commande, comme le faisait Laila, et donc, à maîtriser mes pouvoirs. Je devais donc penser à un souvenir extrêmement négatif, et il n’y en avait qu’un qui me venait en tête.

Tandis que cette scène finale de mes parents me revenait en mémoire, je sentis le sang dans mes veines brûler, comme si le désespoir chauffait à l’intérieur même de moi. Plus je me concentrais sur la peine que j’avais exprimée, plus je me concentrais sur le regret qui hantait toujours mes pensées, plus je sentais l’énergie négative prendre le dessus sur moi, et lorsque je lui donnai mon regret le plus profond en guise de nourriture, je pus libérer un pouvoir similaire à celui de Laila.

Lorsque le verrou du désespoir céda, je fus moi aussi entouré par un torrent de flux négatif qui se déchaîna, me dévorant entièrement avec lui. Je ne pus m’empêcher de serrer les dents, essayant malgré tout de garder le contrôle face au désespoir que j’embrassais, et me surprenant moi-même, je réussis. Mes cheveux avaient doublé de longueur et viré au noir, tandis que je sentais toute la puissance de mon côté sombre s’épanouir. Pour la première fois j’avais totalement maitrisé la puissance du désespoir.

https://www.youtube.com/watch?v=4FAG9hMdvC8

Je joignis la bataille dans laquelle ni Laila, ni ce Noda ne se démarquaient l’un face à l’autre. Mes pouvoirs, bien que de la même nature que ceux de Laila, n’étaient pas exactement les mêmes. J’étais tout aussi rapide qu’elle, me permettant de suivre l’affrontement cette fois, mais je sentais que cela n’allait pas durer longtemps, contrairement à ma sœur qui semblait pouvoir maintenir indéfiniment cet état.

Je me ruai donc sur l’homme aux éclairs qui évita mon attaque avant de m’asséner un puissant coup de poing chargé d’électricité qui me propulsa contre une paroi rongée par les flammes. Déçu dans un premier temps, je fus satisfait lorsque je vis que mon échec permit à Laila de profiter d’un moment d’inattention de l’homme pour contre attaquer.

– Despair ! Isithunzi !!!

En prononçant ces mots, la main droite de ma soeur devint une longue lame argentée semblant faite d’énergie ténébreuse. La pointe extrêmement fine et aiguisée de la lame transperça l’homme qui était notre ennemi, projetant son sang en trainées rapides sur le visage de son assaillante qui afficha un léger sourire satisfait en réaction. Lorsqu’elle retira sa lame, l’homme hurla toute la douleur que lui avait infligée l’attaque, mes blessures semblaient être des égratignures à côté de cette attaque.

L’homme fit une chute d’un point assez haut avant de s’écraser contre les décombres qu’il avait lui même créé. Moi et ma soeur atterrîmes plus en douceur aux côtés des nôtres qui semblaient impressionnés par la quantité de puissance qu’avait déployé ma soeur. Mais alors que je pensais qu’il était vaincu, Laila, elle, était plus réaliste, et elle avait raison puisque des décombres il se releva, affichant une profonde rage face à la tournure des choses.

-Raaaaah !!!! Se faire avoir par le coup tordu d’une tarlouze, jamais je ne me le pardonnerai. Mais regardez, vos attaques ne me toucheront jamais.

L’homme passa sa main au dessus de la large plaie occasionnée par l’attaque de ma soeur, et il la soigna en un seul geste, sans demander le moindre effort. Je compris que Noda allait être un adversaire bien plus coriace que je ne l’avais imaginé. C’était sûrement ce qui différenciait Laila et moi, l’expérience du combat, et la faculté de juger l’autre.

Avant que je ne puisse faire quoique ce soit, l’homme reprit la parole, nous lançant un regard d’assassin à Laila et moi, il aurait pu nous tuer du regard, il l’aurait sans doute fait sans hésiter.

– J’ai encore des tas de choses à faire pour étendre l’empire de Zetsubô. Nous lança-t-il. J’ai perdu du temps en tentant de vous tuer d’un coup, j’me suis trop surestimé dommage. On s’reverra sûrement plus tard.

– Crois-tu sérieusement que nous allons te laisser partir? ~ Lui répondit Laila, amusée. Je pensais que les sbires de Zetsubô seraient capables de beaucoup plus mais apparemment ce n’est pas le cas ~

– Eh sale pute, rétorqua-t-il en affichant un sourire lui donnant l’air d’un psychopathe, t’inquiètes pas, je vais te laisser de quoi te divertir. ~ Bouffe un peu ça sale pute !

L’homme déploya ses bras, projetant une intense énergie encore plus sombre que celle qui entourait Laila lorsqu’elle se battait. L’énergie qu’il projeta de son corps s’enfonça dans les cieux assombris par le crépuscule, et lorsqu’elle y fut complètement engouffrée, elle y ouvrit une large brèche dans laquelle nous ne pouvions voir qu’un afflux continuel de couleurs composant la sombre palette des ténèbres du désespoir. Devant nous, Noda venait d’ouvrir une sorte de portail ne menant je ne sais où, ne servant à je ne sais quoi, mais tout cela ne valait sûrement rien dire de bon.

– Mon travail ici est achevé bande de petites tapettes ~ Sur ce, on se reverra sûrement vous deux, et je vous buterai une bonne fois pour toutes.

Sans que l’on ne puisse le retenir, il disparut dans une fine étincelle rapide qui s’évapora dans l’ombre du soir. Nous n’eûmes cependant pas le temps de discuter à son propos que de cette brèche surélevée dans les cieux sortit un, puis deux, puis trois,puis des centaines de monstres obscurs ayant différentes formes, différents volumes, mais tous la même apparence ténébreuse. Ils se dispersèrent dans la ville, attaquant toute personne à qui ils pouvaient s’en prendre, nous incluses. Nous fûmes rapidement encerclés par ces monstres qui nous attaquèrent tous en même temps, nous forçant à nous lancer dans une battle royale improvisée, avec pour enjeu notre propre sort.

– Merde ! Criai-je sans me retourner. Ils sont partout !! On fait quoi !!?

– On essaie de se dégager le plus possible ! Répondit Soichiro. Les gamins, il est temps de découvrir le pouvoir de vos pierres !

A peine eut-il dit ça que je sentis un froid glacial de derrière. C’était un torrent de glace projeté par Soichiro qui s’était déjà lancé dans la bataille contre ces monstres. Ce fut le coup d’envoi pour cette battle royale improvisée. Je fis appel au pouvoir d’Ananta qui se matérialisa à mes côtés, plutôt que de me reposer sur cette nouvelle force que je ne maîtrisais pas encore.

Le monstre serpent apparut derrière moi et me prêta sa force comme il avait l’habitude de le faire. Je pus donc me lancer dans un affrontement face aux monstres qui prenaient différentes formes. Des reptiles, des prédateurs ailés, des géants, et même des créatures sur lesquelles je n’aurais pas pu poser le moindre nom nous envahissaient et nous attaquaient. Je n’eus pas de mal à repousser ces créatures qui n’étaient pas du niveau de mon monstre. Les six têtes de mon reptile crachèrent leur venin simultanément en tourbillonant, me permettant ainsi de gagner un périmètre étroit qui allait me laisser observer les alentours, mais alors que j’avais gagné quelques secondes, je fus surpris par quelque chose de bien plus menaçant que ces quelques créatures.

https://www.youtube.com/watch?v=N_YTmdjZwPw

A quelques mètres de moi se tenait une énorme créature pesant bien plus en terme de puissance que les autres. Il suffisait d’un regard pour sentir qu’elle avait quelque chose à voir avec cette brèche que Noda avait ouverte. Je regardai autour de moi une nouvelle fois, les créatures étaient moins nombreuses, comme si elles avaient fui pour je ne sais quelle raison.

J’en conclus que la créature en question me lançait un défi, qu’elle me défiait personnellement, moi qui m’étais débarrassé de ses sbires en une fraction de secondes. Ainsi, pour la première fois, je ne reculai pas devant cet affrontement. Peu m’importait les conséquences d’une défaite, les enjeux d’un tel combat contre cette créature, je devais y aller, et ce fut ce que je fis.

Je me dirigeai dans sa direction au pas de course. Elle semblait à quelques rues de là où j’étais, me forçant à traverser ce sombre décor et à constater tous les dégâts occasionnés par Noda. Je grimaçai en voyant que tout élément faisant partie de notre décor paisible venait de s’envoler pour ne laisser place qu’à des ruines enflammées qui se consumaient continuellement afin de relâcher leur fumée obscure vers le ciel s’obscurcissant de secondes en secondes. Sur ma route, je trouvai d’autres créatures : deux sortes de gladiateurs aux yeux rouges luisant qui se ruèrent sur moi tandis que je continuais ma course, mais je n’eus même pas à m’arrêter que mon esprit du duel se jeta sur ces deux obstacles, leur arrachant la tête d’un coup de gueule sans même que je n’aie à esquisser le moindre geste, me permettant de continuer ma course. Pendant une dizaine de minutes je courus vers la grande créature que je ne pouvais encore totalement discerner, pensant à la meilleure façon de l’affronter, mais elle ne me laissa pas le temps de réfléchir.

La créature qui me notifia des cieux où elle s’élevait majestueusement ouvrit sa gueule pour laisser un torrent de flammes s’en échapper. Elle me visait moi, comme m’alertant que notre affrontement avait déjà débuté. Dans ma course je réussis à éviter les flammes, les laissant s’écraser sur une bâtisse déjà assez rongée par l’attaque de l’envoyé de Zetsubô. Je ne ressentis que la chaleur de l’impact, tandis que la lumière de ces flammes projetées par l’ennemi me permit de bien discerner quel ennemi se trouvait face à moi.

Eclairé par le feu qu’il projeta lui même, je puis discerner qu’il était un dragon de cinq ou six mètres de long dont le corps était recouvert d’écailles couleur ébène qui semblaient aussi dures que de l’acier. Dans le noir profond de son corps se reflétait le feu innondant notre village, ce qui donnait un air plus ténébreux que jamais à la créature qui s’élevait face à moi. Elle ouvrit d’ailleurs sa gueule de nouveau, mais cette fois, je repoussai son attaque grâce à l’attaque acide de mon serpent qui désintégra l’épais torrent de flammes en moins d’une minute.

Ma contre attaque dessina un épais nuage de fumée aussi sombre que celui se dégageant des habitations rendant l’âme les unes après les autres. Je me jetais alors dans cet écran afin de profiter de la confusion générée par l’attaque, et quelques secondes plus tard, j’en ressortis afin de me lancer directement sur le dragon. Je n’avais qu’un seul but, le détruire en une seule attaque, et ainsi montrer à Zetsubô que nous n’allions pas nous laisser faire.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [26/03/2017] à 00:25

Chapitre 34 : Perdu dans les abîmes (Reisuke, jour +9)

https://www.youtube.com/watch?v=gIi-crTFllI

Armé de toute cette combativité qui résonnait à l’intérieur de moi, voulant prouver à Zetsubô qui nous regardait sûrement de là où il était posté que nous étions capables de vaincre, je m’élançai directement sur l’immense dragon couleur ébène qui semblait être la cause de cette brèche qui continuait de faire sortir d’avantage de créatures, chargeant en moi toute l’énergie que me donnait mon esprit du duel afin de le vaincre en une seule attaque. Mais alors que j’étais presque entré en collision avec le monstre fait d’écailles, il me repoussa violemment d’un coup de que rapide et puissant qui me propulsa au loin avant même que je ne m’en aperçoive. Je compris alors que mon adversaire du jour était un monstre sacrément coriace qui, en plus d’être puissant, était extrêmement rapide.

Je ne me laissai néanmoins pas déstabiliser par cette démonstration de puissance du monstre et je revins à la charge, cette fois décidé à l’approcher. Le monstre se déplaça rapidement, venant lui même me chercher en essayant de m’attaquer par derrière, mais faisant appel aux réflexes que j’avais développé en combattant Metaion, je réussis à prédire son attaque et à le prendre à revers à mon tour. Contrairement à moi, le dragon n’eut pas l’instinct d’éviter mon attaque, se prenant ainsi le poing contenant toute ma détermination en pleine face, ce qui le fit perdre l’équilibre et chuter de là où il s’élevait.

Je plongeai également, déterminé à ne pas laisser le dragon reprendre l’équilibre et contre attaquer. Je tentai donc d’aller plus vite que le dragon qui tombait au sol afin de continuer mon offensive, mais mon adversaire qui ne cherchait même pas à reprendre son équilibre, crachait des boules de feu assez volumineuses que je parvenais à esquiver, mais qui ralentissaient considérablement ma progression. Je me résignai donc à le laisser s’écraser au sol, mais contre toute attente, lorsqu’il toucha la terre ferme, il s’y fondit, disparaissant ainsi dans la route sur laquelle il aurait du s’écraser.

Je n’eus pas le temps de réagir qu’il réapparut au dessus de moi, m’assénant un coup de sa griffe acérée que je ne pus éviter, paralysé par la surprise, qui me fit lâcher un hurlement de douleur tandis que ce coup creusait son empreinte tranchante sur mon torse, déchirant le tee-shirt que je portais au passage. Je me reculai instinctivement afin d’éviter de me prendre le coup de queue qui m’avait propulsé quelques temps plus tôt, ce qui marqua un temps d’arrêt dans l’offensive du dragon. Il me scrutait, attendant mon prochain coup pour le contrer, tandis que j’essayais de contenir les dommages occasionnés par l’attaque de ce colosse couleur ébène.

J’aurais voulu attendre un peu et essayer de trouver un moyen de panser mes blessures, mais plus j’attendais, plus les monstres sortaient de la brèche, et je ne pouvais pas perdre d’avantage de temps. Aussi, je décidai de prendre sur moi et me relançai à l’assaut de l’ignoble créature, cette fois en concentrant toute l’énergie offerte par Ananta sur ma rapidité de mouvement. Quitte à ne plus frapper aussi fort, je voulais au moins frapper plus vite. Ainsi, le dragon n’eut pas le temps de me voir arriver que je fis mine de me déplacer derrière lui, mais alors qu’il s’attendait à ce coup que j’allais lui faire une seconde fois, je continuai ma route pour lui asséner un coup fulgurant dans sa gueule, provenant directement de face, et cela eut pour effet de faire lâcher un hurlement au dragon. Semblant rager d’avantage, il m’attaqua immédiatement après avoir encaissé le coup, entama une bataille incessante entre mes coups de poings et ses coups de griffes que nous évitions inlassablements l’un et l’autre, déterminés à ne pas nous laisser avoir par notre adversaire.

J’attaquais, j’esquivais, il attaquait, il esquivait, et ce, indéfiniment. Aucun de nous ne montrait de signe de fatigue, même si l’un comme l’autres nous commencions à être amochés par les attaques de l’autre. Les ailes du dragon étaient quasi détruites tandis que sur mon corps on pouvait voir toutes les signatures du monstre. Mon corps commençait à vaciller. Non pas par l’endurance, mais surtout par le fait que mes muscles, mes articulations, avaient été endommagées par les attaques du monstre couleur ébène, ce qui me faisait me déplacer bien moins rapidement, et frapper moins fort.

Je reculai d’une distance suffisante pour m’arrêter. Mes membres me faisaient mal, comme si les griffes du dragon étaient encore en train de trancher ma chair alors qu’il était à quelques mètres de moi. Si je n’en finissais pas rapidement, j’allais me faire vaincre dans un moment de faiblesse de mon corps, et ce n’était pas envisageable. Je n’avais donc qu’une seule solution si je désirais m’en sortir.

Ce geste que Noda avait fait afin de se soigner m’avait laissé perplexe, et je me demandais depuis ces quelques dizaines de minutes si moi aussi je pouvais être capable de modifier la condition physique de mon corps afin d’en réécrire les aptitudes.

https://www.youtube.com/watch?v=0GcX-HDyUwk

Je devais me concentrer sur la nature de ce pouvoir qu’était celui dont nous héritions en portant le sang de Zetsubô. Si je maîtrisais une nouvelle fois le pouvoir du désespoir, je devais être capable de remédier à cette condition physique qu’était la mienne. Ainsi, je devais d’abord convaincre mon coeur que le poids qu’il portait ne pouvait pas lui permettre d’espérer, et cette révélation de Pedro était parfaite pour me faire me maudire moi même, regretter ma propre existence. Ainsi, lorsque je repensai au fait que j’étais indirectement responsable de la mort des compagnons de Jessica, de la mort de son père, de son oncle, et de cette vie de misère qui fut la sienne, mon coeur fut noyé dans l’ombre une nouvelle fois.

Mon sang devint une nouvelle fois assez chaud pour que je sente la différence à l’intérieur même de mes veines. Un flux d’énergie sombre s’échappa du creux de ma main comme lors de mes précédents affrontements, et au fur et à mesure que mon corps était englobé dans ce flux sombre de désespoir, mes blessures s’effaçaient, remettant ma condition physique à neuf. Même mes vêtements retournaient à leur état initial, comme si je pouvais refuser le fait d’être blessé, le fait que mes vêtements soient altérés. Ce pouvoir allait bien au-delà de ce que j’imaginais, je me sentais plus fort, plus endurant, plus confiant. Et c’était tout ce qu’il me fallait pour contre attaquer.

Je me lançai donc à l’assaut du dragon qui tenta d’entraver ma route en projettant des débris de maisons qu’il déracinait d’un simple coup de queue, mais j’étais si fort que je pouvais briser ces projectiles d’un seul coup de poing sans sourciller et continuer ma traversée de cette faible distance jusqu’à arriver à lui et l’attaquer de plus belle. Ainsi, lorsque je l’attaquai, il ne put se défendre et fut propulsé par mon attaque. Une nouvelle fois je ne voulus pas le laisser s’enfuir, je le poursuivis donc et le rattrapai rapidement avant de concentrer tout mon pouvoir en une sphère obscure qui devenait de plus en plus large, gravitant sur elle même en attirant la puissance de l’atmosphère elle même aux alentours. Elle devenait de plus en plus puissante et je peinais à la contrôler tellement elle consumait l’énergie que je possédais en moi. Cette énergie fut elle même absorbée dans cette sphère qui devient même plus large qu’une des maisons qui composait le paysage. Dans un hurlement je la relâchai, ne pouvant plus la contenir, et elle alla s’écraser dans une violente explosion contre le dragon qui était mon adversaire.

Une intense lumière aveuglante apparut pendant quelques secondes, inondant tout le décor dans un éclat mauve clair qui me força à fermer les yeux. Pendant quelques secondes, je ne pus ouvrir mes yeux de peur d’être aveuglé. Lorsque la lumière se dissipa, je constatai les dégâts que j’avais causé, mais contre toute attente, le dragon était intact, se tenant toujours fièrement devant moi.

J’étais abasourdi par le degré de résistance du dragon. Si ce que je venais de lui asséner n’avait eu aucun effet, alors je ne pouvais plus rien faire. J’avais utilisé toute mon énergie dans cette attaque, et je sentais que le flux du désespoir m’avait quitté. C’était la fin pensais-je. Mais alors que le dragon allait attaquer, une lumière s’échappa d’une de ses écailles noires, puis une autre, et en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, le dragon explosa dans un tas de particules lumineuses qui disparurent dans les cieux comme si elles n’avaient jamais existées.

Je jetai directement un oeil à la brèche qui avait été ouverte, et comme je l’imaginais, le fait d’avoir vaincu le dragon avait mis fin à l’arrivée massive des monstres. Une fissure s’installa dans la brèche et la brisa comme si elle était quelque chose de solide, laissant les morceaux fissurés s’écraser au sol.

Je fus soulagé par ce dénouement, mais ce soulagement fut ma perte. Vidé de mon énergie, je me laissai tomber au sol, ne pouvant pas du tout amortir ma chute. Appréhendant les dégâts que cela allait me causer, je me contentai de fermer les yeux, mais alors que j’allais m’écraser au sol, je fus retenu à quelques centimètres de ce dernier par une force qui m’était inconnue. Je fus suspendu quelque secondes avant d’être relâché face contre terre, me prenant le bitûme en pleine face, mais amortissant la longue chute de mon point de suspension. Quelqu’un me rejoignit. Cette personne, c’était Jessica. Elle me fixa de son air narquois habituel tandis que je la regardais d’en dessous, relevant la tête.

https://youtu.be/FTWusN3Q1qw

– C’est qu’il se la joue sauveur du monde ce sale gland ~ Me nargua-t-elle. Au moins cette fois tu ne t’es pas fait défoncer comme un sale rat comme contre Metaion c’est déjà ça ~

– Jessica…Les monstres…Il faut combattre les monstres…

– T’es pas encore en état. Reprit-elle. Même si tu l’as battu, la brèche a laissé pas mal de créatures entrer ici et t’es pas en état pour en combattre une ou plusieurs autres. Y’a pas que du menu fretin dans le lot, donc ça s’rait dangeureux de porter tes couilles tant que t’es dans cet état.

– Je dois continuer…Il y a tant de civils qui ne peuvent même pas vaincre les petits monstres…

Je tentai de me relever afin de continuer à combattre, mais mon corps refusa tout simplement de bouger. Je ne pus que me soulever légèrement avant de céder et de me claquer au sol. Jessica s’énerva.

– Je t’ai dit de pas bouger ! T’es bouché ou tu le fais exprès sale petite merde !? J’vais t’mettre dans un endroit sûr pour l’instant, t’as pas intérêt à gigoter tant que j’te porte.

Jessica utilisa un pouvoir qui m’était encore inconnu jusqu’alors afin de soulever mon corps quelques dizaines de centimètres au dessus du sol. D’un geste de la main elle m’entraîna avec elle jusqu’à arriver dans une ruelle plutôt isolée par rapport au reste de ce qui était devenu un champ de bataille.

– Comment tu peux faire ça Jessica? Lui demandai-je, dubitatif.

– Utiliser les pierres du vieux ça me rend mes pouvoirs psychiques. Me répondit-elle sans sourciller. J’suis capable de me défendre, et de te défendre, donc prends un break ma poule, t’as déjà fait beaucoup en tuant ce monstre.

– Tu….as tout vu?

– N’importe qui dans le coin l’a vu, j’te signale que tu t’es battu avec un dragon long de six mètres, le tout dans les airs et en faisant une attaque ball ombre qui a explosé dans un torrent de lumière aveuglante. Qui n’aurait pas vu ça sale gland?

– Donc ça veut dire que tu…

– Evidemment. Me répondit-elle sans sourciller, regardant toujours devant elle en cherchant les menaces. Tu penses vraiment qu’une gonzesse comme moi peut laisser son mec se battre tout seul et se regarder dans la glace après avoir joué la froussarde? J’pensais que tu me connaissais mieux que ça, espèce de sale gland. Mais j’suis arrivée trop tard pour te prêter main forte, alors j’vais être ton chien de garde pendant que tu te reposes. Donc t’as intérêt à pioncer si tu veux pas que c’est moi qui te force à dormir.

Pour toute réponse, je lui adressai un sourire qu’elle ne put même pas voir, elle qui était debout devant moi à guetter un éventuel danger qui pourrait interrompre mon repos. Ainsi, pour ne pas gaspiller ce temps précieux pendant lequel l’effrontée blonde surveillait les alentours, je décidai de me laisser aller et de finir par me reposer enfin, en espérant qu’un peu de sommeil allait pouvoir m’aider à reprendre mes esprits et mes forces.

Lorsque je me réveillai, je retrouvai la jeune femme debout de dos, dans la même position que celle dans laquelle je l’avais laissée. Avais-je vraiment dormi quelques heures, ou bien m’étais-je simplement assoupi pendant quelques minutes? Je ne pouvais le dire comme ça. Lorsque je tentai de me lever, je réussis, ce qui m’indiqua que j’avais sûrement dormi bien plus de temps que je ne l’imaginais au départ, mais voir Jessica dans la même position me laissait perplexe.

Je posai ma main sur l’épaule de la jeune femme. Lorsqu’elle tourna sa tête, je vis alors quelque chose qui me fit lâcher un hurlement de surprise et de peur. En effet, le visage de la blonde était comme décomposé. Des profondes cernes s’étaient creusées sous ses yeux tandis que son regard, lui, était vide. Sa bouche était déformée et grande ouverte, tandis que ses cheveux étaient encore plus ébourrifés qu’ils ne l’étaient d’habitude. Mon hurlement rendit la vie dans le regard de la jeune femme qui, toujours aussi amochée physiquement, reprit la parole en hurlant.

– EH SALE GLAND !! Hurla-t-elle à mon intention. QUAND JE T AI DIT REPOSE TOI JE T AI PAS DIT DORS TROIS JOURS !!! TU TE FOUS DE MA GUEULE OU CA SE PASSE COMMENT !!!?

– Trois jours !? T’es sérieuse !? J’ai vraiment dormi trois jours !?

– Ouais t’as dormi trois jours. T’as intérêt à être opérationnel maintenant parce que moi j’suis morte là. Tu te rends pas compte de ce que tu m’as fait endurer en me laissant réveillée trois jours !?

– Je suis désolé….Me prosternai-je en demandant pardon. Mais, les monstres ne t’ont pas attaquée? Comment cela se fait-il?

– Ils ont eu trop peur de la tronche qu’elle tire depuis trois jours. Grogna Akulia qui surgit du ciel en portant un sac plastique blanc dont je ne pouvais voir le contenu. Tiens la folle, voilà ta bouffe et ta boisson.

– Enfin ! Sourit la blonde. Je n’en pouvais plus tellement j’avais la dalle ! Comme quoi un esprit du duel ça sert pas qu’à se battre ~

– T’as vraiment envoyé Akulia faire tes courses? Repris-je, dépité. Sais-tu au moins ce que c’est de l’amour propre Jessica?

– Ouais, c’est quelque chose que t’as pas sale gland. Me nargua-t-elle en tirant la langue. En attendant utilise tes pouvoirs pour enlever la fatigue, c’est pas que je ne tiens plus mais si je ne tiens plus. J’ai vu que tu pouvais faire plein de truc donc go.

Je ne pouvais pas refuser la requête de Jessica étant donné que j’étais la personne responsable pour avoir creusé ses cernes. Ainsi, je tentai d’utiliser de nouveau mon pouvoir, mais en le transmettant à la blonde par un contact de main. J’attendis quelques secondes, puis une minute, et enfin, cela commença à faire effet. Je sentais mon énergie passer au travers de mon corps pour se loger dans celui de mon accompagnatrice dont le visage se détendait au fil du processus. Jessica devenait de plus en plus belle de visage, elle perdait tous les traits générés par la fatigue afin de rattraper une mine potable.

– Sérieusement, ça fait du bien ! Soupira-t-elle bruyamment. Comme quoi t’es pas si inutile quand tu bouges ton cul, suffit de te mater et on n’en parle plus.

– Un jour je vais allier Ananta et Akulia pour te donner une leçon que t’oublieras jamais. Repris-je, énervé.

– J’suis partant quand tu veux Reisuke. Me répondit Akulia me proposant une poignée de patte que je saisis. On finira par la soumettre cette tarée.

– Vous n’y arriverez jamais les glands ~ Je suis imprenable ~

Nous attendîmes moi et le dragon que Jessica finisse son casse croûte afin d’envisager la suite. Une fois qu’elle finit de manger, je pris la parole afin d’être mis au point sur la situation dans laquelle nous nous trouvions.

– Quelle est la situation actuelle Jessica? Quand a-t-on perdu les autres? As-tu la moindre idée de ce qu’il se passe?

– Oulà doucement sale gland. J’te fais un topo. Bon en gros on a perdu les autres quand on s’est fait attaquer par tous les monstres. On a tous galéré et on s’est rendus compte que trop tard qu’on était séparés. J’pensais que tout le monde allait te retrouver quand t’as joué ton superhéros mais c’était plus tendu pour eux que pour moi.

– Comment ça?

– Tout le monde aurait voulu se rassembler grâce à ton signal, mais on a tous eu affaire à des monstres dans notre coin. Moi j’ai eu la chance de ne pas avoir eu affaire à un boss comme toi donc j’ai pu me ramener vite fait tu vois.

– Des boss? Il y en a plusieurs des comme ça?

– Ouais ma poule. J’ai regardé la brèche en mode discrétos histoire de voir les trucs qui sortaient de là, et j’ai vu 9 monstres de la catégorie des boss en sortir. T’as fermé la brèche juste après que le neuvième soit passé.

– Neuf créatures similaires à celle que j’ai battu il y a trois jours !? Mais….C’est une catastrophe !!

– J’pense qu’elles doivent être moins fortes, mais elles doivent être casse couilles quand même. Mais en tout cas j’ai aucune idée de savoir combien il en reste. J’sais même pas où est le vieux et où sont les autres donc on n’est pas avancés.

Je m’arrêtai quelques minutes pour réfléchir à notre situation. La priorité était de reformer le groupe afin d’agir plus prudemment, mais nous n’avions aucune idée d’où se trouvaient les autres, et si le village est assez petit en temps normal, en temps de crise où des monstres se baladent librement dans les rues, cette petite cité était devenue un labyrinthe mortel où chaque virage allait peut être être fatal pour nous. Nous ne pouvions pas nous aventurer à la légère.

– Je pense que nous devrions patrouiller pour le moment. Repris-je. Il doit y avoir des civils qui sont à la merci des monstres même les plus faibles. Nous devrions essayer de repérer ces civils et leur porter secours. Je pense que ça nous mènera aux autres.

– J’pense que c’est une bonne idée, répondit Jessica, surtout que la plupart du menu fretin est facile à gérer, c’est juste fatigant à la longue donc il faudra que l’un veille l’autre pendant le sommeil. J’ai suffisamment de pierres pour tenir un an dans ce conflit, j’suppose que je peux en donner aux civils pour qu’ils se défendent.

– Bien. Dans ce cas, nous pouvons y aller. Notre but premier est d’examiner le quartier pour aider quiconque sera sur notre route. Dans la foulée, on essaiera de rattraper les autres.

https://www.youtube.com/watch?v=B-xC69bfKA8

Nous sortîmes de notre ruelle, Jessica et moi, et comme nous nous y attendions, tout en face de nous n’était que chaos, exactement comme l’avait décrit Zetsubô dans son message à la télévision. Je me demandais d’ailleurs combien de personnes y avaient réellement cru, et surtout combien avaient été assez folles pour rejoindre sa cause, alors que moi qui était de son sang ne pouvais comprendre les intentions de ce malade.

Cependant, je ne pensais pas que les rues allaient être si attaquées après si peu de temps. Il ne restait que très peu de maisons encore viables, la plupart ayant brûlé ou ayant été détruites. Le ciel était recouvert d’un sombre voile écarlate causé par je ne sais quoi qui rendait le paysage assez lugubre. Quant aux vies présentes en ces lieux, j’imagine que la plupart avaient été perdues et que celles restantes étaient bien cachées ou en train de se battre.

– Quand on a été attaqués, la plupart se sont retranchés dans les caves. M’interrompit la blonde. J’suppose que moins de vies ont été prises grâce à ça. J’ai vu quelques mecs se faire carboniser devant moi, mais bon, c’pas la fin du monde. Dans toutes les guerres y’a des morts.

– Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide. Une guerre c’est soldats contre soldats, ici ce ne sont que des civils qui se font tuer.

– Ah tu t’considères pas comme un soldat? Ricana la blonde. J’donne pas cher de ta peau si tu te considères pas comme tel. Ta vie est finie Reisuke, devant toi y’a que de la merde, de la merde, et encore de la merde. Je parle d’expérience.

Je ne répondis pas à Jessica. Bien sûr que je savais ce qui nous attendait, mais j’avais espoir de perdre le moins de vie possible dans cette bataille. Si possible j’aurais voulu trouver Zetsubô des aujourd’hui et en finir, mais nous ne savions même pas où il était. Enfin du moins je ne le savais pas.

– Et Zetsubô? Il a donné des signes quelconques?

– Nah, ce fils de pute il s’est planqué je ne sais où et il se fend la poire en nous regardant trimer. Le but sera de trouver sa cachette et de le tuer une bonne fois pour toutes. Et ça sera sûrement mon taf puisque j’ai le dragon avec moi.

– Je ne te laisserai pas y aller seule. Repris-je sérieusement. C’est bien trop dangereux.

– Parce que t’as cru que j’allais jouer l”héroine? T’as quoi dans le crâne toi? Evidemment que tu vas ramener ton cul avec moi ! J’te signale que celui qui fout sa merde c’est ton grand père donc tu vas porter tes couilles et corriger ton vieux !

Ces mots me firent sourire. Malgré ce changement brutal, Jessica restait Jessica, avec tout ce que ça impliquait. Elle restait celle qui guettait n’importe quelle occasion de me lancer une ou deux piques blessantes, mais qui restait une alliée de choix pendant les coups durs, comme elle me l’avait montré lorsqu’elle était venue me prêter main forte. Sans Jessica, Dieu sait ce qu’il me serait arrivée, seul et sans défenses.

Nous marchâmes jusqu’au bout de la rue moi et la blonde, mais nous ne trouvâmes personne. Ce qui était il y a trois jours encore le sentier des lilas n’existait plus. Il avait été avalé par le désespoir, la rancune et la terreur. Mais alors que nous allions quitter la rue, j’aperçus quelqu’un au loin. Une petite silhouette retranchée dans une ruelle. Je m’avançai vers cette silhouette, et à ma grande surprise, c’était une enfant qui était dans cette ruelle. Elle était une petite brune à la queue de cheval qui était recroquevillée sur elle-même, cherchant sûrement à se protéger des monstres qui rôdaient aux alentours. Je m’avançai vers elle, suivi par Jessica. M’accroupissant, je pris la parole.

– Hey, déclarai-je doucement en relevant la tête baissée de la petite, tu es toute seule?

– Bien évidemment qu’elle est toute seule gros béta ! Si tu vois personne avec elle c’est qu’elle est seule ! Hé la môme, viens avec nous on va te protéger des monstres.

Les deux yeux noisettes de la petite nous fixèrent tandis qu’elle ne dit rien pour nous répondre. Apparemment, le choc du moment lui avait fait perdre l’usage de la parole, pour un temps limité ou non, je n’en savais rien. Je me demandais si la petite allait vraiment pouvoir nous faire confiance en me regardant moi et la tête de tarée qu’était celle de Jessica. Cette dernière, impatiente, se retourna en s’adressant à la petite.

– Bon, si t’as envie de te faire bouffer par un monstre tant mieux pour toi. Salut ma poule ~

– Hééééé ! Protesteai-je. Tu ne peux pas laisser cette gamine seule au beau milieu de ces monstres !

– Et pourquoi pas !? Si elle ne veut pas venir je vais perdre mon temps à la forcer, elle ne ferait que nous faire repérer. J’lui propose mon aide que si elle bouge son cul !

– Quoiqu’il en soit, on ne peut pas la laisser seule ! Je refuse de la laisser livrée à elle-même !

S’en suivit une dispute entre moi et Jessica qui comme d’habitude n’étions pas sur la même longueur d’ondes. Nous argumentâmes moi et la blonde pendant quelques minutes, mais alors que nous étions en plein dans notre conflit, ce fut la petite fille qui nous stoppa. Elle pointa son doigt en notre direction, et sortit les premiers mots qu’elle nous dit depuis notre arrivée.

– Papa. Maman. Murmura-t-elle, nous choquant comme jamais.

– Huh!!!? Beugla la blonde. Papa et maman? C’est quoi ton délire ma poule !?

– Papa et maman se disputent aussi…Nous répondit la petite avant de m’agripper la main. J’ai peur…J’ai si peur…

Devant les inquiétudes de la petite qui devait avoir huit ou neuf ans, je ne pus m’empêcher d’avoir de la peine. Je la pris à mon bras, lui demandant d’entourer ma taille de par ses jambes afin de la porter sur ma hanche, et repris la parole en essayant d’être le plus rassurant possible.

– Ne t’en fais pas, on va t’amener dans un endroit où tu seras en sécurité. Je m’appelle Reisuke, et toi, comment tu t’appelles.

– Chitose. Reprit-elle, peureuse. Je m’appelle Chitose. Papa et Maman…Le monsieur avec les éclairs il est venu…Et…Je…

– Shhhh. La coupai-je avec prudence. J’ai compris l’idée…Il se passe des choses pas très belles mais on va te protéger maintenant, ne t’en fais pas. Rei-Niichan il a des superpouvoirs et il va te protéger, d’accord?

– Si par superpouvoirs tu entends le pouvoir d’être un gros loser et de ne pas voir les trucs qui te pendent au nez, alors ouais, t’es plein de superpouvoirs gros tas.

J’allais rétorquer face à l’accusation de Jessica, mais contre toute attente, ce qu’elle dit fit sourire l’enfant. J’étais satisfait que sa remarque eut au moins l’effet de faire retomber la pression, et Jessica, profitant de l’occasion, me bombarda de piques en tout genre, piques qui faisaient sourire, voir pouffer de rire la petite qui avait vécu assez de choses traumatisantes pour aujourd’hui.

Nous marchâmes tous les trois – enfin tous les deux puisque la petite était encore accrochée à moi pour qu’elle ne se fatigue pas – et l’ambiance était devenue plus légère. Chitose était moins stressée qu’elle ne l’était avant et se rendait utile en guettant les alentours. Elle regardait derrière nous pour voir si un danger allait venir, mais à part les petits monstres que Jessica neutralisait avec une facilité déconcertante, rien ne se trouvait dans les parages.

– Je me demande pourquoi nous ne trouvons pas d’ennemis autres que les tous petits monstres. Me demandai-je. C’est bizarre quand même que tout soit si calme.

– Les monstres “boss” se sont dispersés vu que le dragon que tu as bouffé était leur leader. Ils vont sans doute revenir quand ils verront que tu as défoncé le gros.

– Ehhhh !? S’exclama la petite. C’est Rei Nii-chan qui a battu le gros dragon de tout à l’heure !? Tu es vraiment un superhéros !?

– Je ne suis pas un super héros, ris-je, je veux juste que personne n’ait à souffrir, c’est suffisant.

Chitose exprima toute son admiration pour moi alors qu’elle m’avait vu combattre trois jours avant. Elle pensait que j’étais une sorte d’envoyé de je ne sais où qui venait les protéger des “méchants” alors que nous savions Jessica et moi que j’étais la cause de leurs problèmes. En y réfléchissant, peut-être aurais du-je être plus actif pour empêcher le retour de Zetsubô, peut-être aurais-je du repousser les limites de l’infâme pour empêcher cette catastrophe de se produire.

Quand j’y pense, Cécilia avait été celle qui a profité de la confusion de Yume-Nikki et de Glory for Hope pour tendre un piège aux deux équipes. La fondation du futur avait également joué un rôle d’oppresseur qui nous avait empêché de régler nos conflits…Nous étions au final un peu tous responsables de ce qui arrivait actuellement, et ceux qui payaient étaient des innocents.

– T’arrêtes de te morfondre gros béta? Me coupa Jessica. Ca se voit tellement sur ta gueule que tu culpabilises. Stop un peu, t’y peux rien si une vieille momie a pété un câble du jour au lendemain pour foutre la merde, tout comme moi j’y peux rien d’être la seule à pouvoir utiliser ce vieux lézard pour le bouffer.

– Le vieux lézard t’emmerde. Dit une voix familière provenant de nulle part. Regarde plutôt devant toi, on a besoin de ton aide.

Moi et Jessica posâmes notre regard plus loin, et en effet, un groupe de quatre personnes était en train de se faire attaquer par des monstres de calibres moyens. Quatre monstres volants les encerclaient, prêts à passer à l’attaque à n’importe quel moment. Moi et Jessica échangeâmes un regard rapide. Posant Chitose au sol, je me dirigeai rapidement, accompagné de Jessica, vers ce groupe de créatures obscures, avec pour seul objectif de sauver ceux qui payaient le prix des ambitions stupides de Zetsubô.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [04/04/2017] à 12:15

Chapitre 35 : Le mystérieux Quindecim (Kôsei, jour +13)

Déjà quatre jours que nous nous étions faits envahir par ces créatures et que Zetsubô avait lancé son offensive, et pour être honnête, c’était une plaie de déambuler dans les ruines alentours sans même savoir où je devais chercher pour trouver Zetsubô et en finir avec lui. J’aurais bien pu chercher ma dame à place, mais moi et Arata nous étions mis d’accord pour détruire la menace Zetsubô plutôt que d’y impliquer celle qui avait tant fait pour nous. Ainsi, nous avions pour objectif de premier de le débusquer, mais c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Vaincre les monstres faibles était d’une facilité déconcertante, mais cela n’avançait à rien. Reisuke avait vaincu un assez gros boss quelques jours avant ça, et grâce à ça il avait fait avancer les choses, je supposai donc que vaincre un monstre puissant était une des clés pour trouver Zetsubô. Cependant, plus j’en cherchais, moins j’en trouvais, et mon grand-frère adorait se moquer de cette faculté que j’avais à ne trouver aucun monstre à vaincre. J’étais comme coincé dans un labyrinthe dont la clé était hors de portée. Il devait forcément y avoir une réponse à cette énigme, mais cette réponse était inaccessible en l’instant.

– Tu auras beau chercher dans ces ruines, tu ne trouveras rien ~ S’amusa mon grand-frère devant mon impuissance. Je pense finalement qu’il vaudrait mieux chercher Dame Laila et s’en remettre à son intuition.

– Tais-toi donc Onii-chan. Je t’ai dit que je n’impliquerai pas notre leader là-dedans et tu étais d’accord donc fouille encore. Ca ne doit pas être difficile à trouver, un monstre boss.

– En attendant tout ce que je vois, ce sont des ruines, des ruines et encore des ruines. Reprit-il en gonflant les joues. Des ruines, des ruines, des ruines, une maison intacte et des ruines.

– Une maison intacte ? M’interrogeai-je. Montre moi.

Mon frère se saisit de ma tête afin de me la faire tourner dans la direction qu’il m’indiquait, et en effet, il y avait bien une bâtisse très suspecte en face de nous. Là où toutes les autres avaient fini en amas de ruines fumantes, cette maison était encore debout, intacte, et comble du suspect : propre. Sa devanture était nickelle, pas la moindre trace de poussière, tandis que la boite aux lettres était toujours droite. Sur cette boite on pouvait d’ailleurs lire « Quindecim ».

Intrigué, et surtout suspicieux, je préparai mon frère et ma dame qui étaient en moi, puis, d’un pas décidé je me rendis devant la porte qui menait à l’intérieur de la maison suspecte. Elle n’avait rien de différent d’une autre maison avant ce chaos, et c’était ça le problème. Elle était bien trop naturelle pour être véritable. Ainsi, je m’attendais clairement à trouver un ennemi entre ces murs, et peut être même un ennemi qui allait me mener à mon objectif ultime.

https://www.youtube.com/watch?v=2zkMJ5zD8G0

J’ouvris la porte qui à ma grande surprise n’était pas verrouillée, comme si l’on m’attendait ici. Cette porte débouchait sur un grand escalier qui menait à un souterrain obscur. Restant en garde, je descendis, accompagné de mes deux esprits du duel qui guettaient chacun un angle pour qu’il n’y en ait aucun de mort, et une nouvelle fois à ma grande surprise, je parvins à descendre jusqu’à la pièce principale.

Cette pièce était très peu éclairée, et plus froide que la surface. L’air ambiant n’était plus infesté de cendres et de poussière, il était frais et agréable à respirer, comme si cet endroit échappait à tout le carnage du dessus. Détail encore plus troublant, depuis que j’étais descendu, j’entendais un air de piano paisible qui était joué continuellement en arrière-plan. Etait-ce un homme, ou une machine qui diffusait cette musique ? Je ne pouvais répondre à cette question. Je ne pouvais que rester vigilant au maximum et progresser dans le noir.

J’avançai de quelques pas à l’aveugle, cherchant de mes mains les obstacles à éviter, quand soudain je remarquai une source de lumière à proximité. C’était un vitrail comme ceux des églises mais qui était éclairé par une source de lumière provenant de l’intérieur même de celui-ci. Des lumières de différentes couleurs composées de verts, bleus et roses clairs s’échappaient de la vitre et éclairaient l’endroit qui semblait être une sorte de bar. Devant ce vitrail se tenait un homme qui, droit et affichant une expression fermée, semblait nettoyer un verre en le tenant de sa main droite et en l’essuyant de sa main gauche. Il me notifia avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, et il prit la parole.

– Bienvenue au Quindecim. Avança-t-il de sa voix grave et monotone. Permettez-moi de me présenter formellement et une seule fois. Je suis votre barman, Daisuke. Je vous en prie, prenez place.

Restant sur mes gardes, je m’avançai vers l’homme qui m’invitait à prendre place au bar. Arata et ma dame restèrent vigilants, regardant derrière moi afin d’éviter tout danger qui surgirait du seul angle mort de ma vision tandis que je m’assis face à l’homme qui, sans sourciller, nettoyait toujours les verres sales disposés sur son comptoir. Je pus ainsi mieux discerner le barman de ce qui semblait s’appeler le Quindecim. Il était un homme semblant de l’âge de mon père dont les cheveux noir corbeau étaient complètement en désordre, sans aucun entretient. Ils étaient libres et ne se gênaient pas pour obstruer la vision du barman, ce qui me faisait peiner à discerner son regard, pourtant d’un bleu ciel assez voyant, au milieu de cette masse de cheveux sombres. Affichant une expression lasse et monotone, il me faisait penser à une poupée, une marionnette sans vie et incapable d’exprimer des émotions…Nous étions similaires, bien que lui était plus imposant que moi physiquement parlant.

J’eus un instant d’arrêt en pensant à notre ressemblance, puis je repris la parole en gardant mes habitudes.

– Qu’est-ce que cet endroit fait au beau milieu d’un champ de ruines ? Le questionnai-je. Êtes-vous des sbires de Zetsubô ?

– J’ai bien peur de ne saisir le sens de votre question. Me répondit le barman toujours aussi solennel. Je ne sais ce qu’est le champ de ruines auquel vous faites mention, et encore moins ce qu’est ce « Zetsubô ». Le bar va bientôt ouvrir ses portes. Je peux vous servir à boire avant l’heure, et le premier verre sera pour moi.

– Ici ne serait qu’un bar comme les autres ? Repris-je alors, étonné. Comment pouvez-vous être à l’abri de ces attaques ?

– Je ne sais aucunement de quoi vous parlez. Tout ce que je connais de ce monde est ce bar, et ma fonction en ce bar est de nettoyer et de servir à boire. Que prendrez-vous ?

– Un C.C Honey Ginger alors. Finis-je par soupirer en baissant les armes. Suis-je le seul client ici ? Tout est sombre et frais, et avec ce vitrail, on se croirait dans une Eglise.

– Ce lieu est un endroit que j’affectionne. Reprit le barman qui semblait finalement avoir quelques sentiments. J’habitais ici en solitaire avant de transformer ces murs en un endroit où les voyageurs et réguliers pourraient se reposer ou se divertir. Les clients ne vont pas tarder à arriver, le bar n’est pas encore ouvert après-tout.

Je ne répondis pas, posant mon regard sur l’homme qui, après avoir servi la boisson que je lui avais commandée, reprit sa tâche de nettoyage de verres. Je posai mon regard sur ses mains qui, machinalement, exerçaient leur tâche de manière professionnelle. Je ne pensais pas que l’on pouvait faire une vaisselle de plusieurs façons, mais la manière de faire de Daisuke semblait être de l’art elle-même. Buvant ma boisson à base de miel et de gingembre, je m’accordai finalement un instant de détente après quatre jours de recherche interminable. L’homme qui me vit me relâcher, afficha un sourire discret qui renvoyait une expression de soulagement.

– Restez-ici tant que vous le voudrez. Dit-il de sa rigidité habituelle. C’est un plaisir d’être votre barman. Je me permets d’allumer les lumières afin d’ouvrir le bar, en espérant que vous trouverez la nouvelle ambiance à votre convenance.

Le barman se retourna et actionna un interrupteur tandis que j’étais curieux à propos de la nouvelle « ambiance » dont il faisait mention. Une fois l’interrupteur actionné, des lumières aux teintes chaudes s’allumèrent, me laissant distinguer complètement la salle dans laquelle nous nous trouvions. C’était un large espace plutôt rétro faisant penser à un club de Jazz. Le sol était en bois et semblait marqué par les traces des pas de danse des clients m’ayant précédé tandis qu’au fond de la salle se tenait une petite scène sur laquelle se trouvait un micro. Les murs quant à eux étaient plutôt rustiques : ils étaient peints en nuances de marron et ornés de tableaux semblant dater du siècle dernier, dont les couleurs s’étaient ternies au fil du temps. Des tables et des banquettes étaient dispersées dans la salle en deux groupes longeant les murs et laissant un large espace central pour qui voudrait passer. Cet endroit était charmant.

– Le Quindecim est-il à votre goût ? M’interrompit le barman. C’est rustique n’est-ce pas ?

– C’est splendide. Répondis-je en laissant parler l’honnêteté en moi. Il n’y a aucun autre mot.

– Cet endroit appartenait à mes grands-parents. Sourit mon hôte. Je m’y suis installé après leur mort et j’y suis resté depuis. J’ai décidé de rouvrir ce bar lorsque ma première cliente est arrivée.

– Votre première cliente ? Le questionnai-je, intrigué.

– Tu pues de me désigner comme une simple cliente, Dai. Nous coupa une voix féminine semblant frustrée qui surgit de nulle part. Je suis ta meilleure cliente et ton amante sexy ~

– La même chose que d’habitude, Rika ? Reprit le barman sans sourciller. Et ne dis pas des énormités à notre invité. Tu es déjà assez lourde comme tu l’es, ne va pas déteindre sur nos clients.

Je lançai un regard à la jeune femme afin de la distinguer. Elle était une brune aux yeux marrons, assez petite et un peu grosse qui semblait avoir un caractère assez direct et franc à en juger par son attitude et sa dégaine. Elle était une italienne typique qui, habillée d’un pull et d’un pantalon de couleurs vives, était vraiment la plus voyante des deux personnages.

– Est-ce vous qui avez transformé cet endroit ? Lui demandai-je, intéressé.

– WHAAAAAT !? S’écria-t-elle apparemment frustrée, me faisant sursauter. Mais non ! J’suis arrivée ici par hasard et j’ai trouvé ce sale type de Dai tout seul dans son coin à faire genre « J’aime me retrouver seul dans cet endroit ». Je lui ai donc décollé les doigts de son fauteuil et je l’ai forcé à ouvrir le bar ! Un diabolo menthe, Dai !

Le barman se contenta de soupirer, avant de servir le verre à sa cliente, qui, en voyant que l’homme lui avait donné de l’eau plate, poussa un hurlement de frustration et se battit avec l’homme qui lui indiqua qu’elle était au régime et qu’elle n’avait pas le droit aux sodas. Mais alors que nous étions à trois, une autre personne arriva. Une brune aux cheveux courts et aux yeux verts ayant une attitude franchement désinvolte sortit d’une pièce d’accès privé. Elle était habillée en tenue de serveuse, je compris donc qu’elle travaillait ici. Elle s’avança à son tour vers le bar et y appuya son buste et ses bras, s’adressant au barman sans même me calculer.

– Le service commence ma couille ~ Entama-t-elle. Mets-moi un double Mojito sans alcool et j’suis d’attaque pour faire face à ces tarés ~

Le barman approuva et prépara ce que demanda la femme. Cette dernière me remarqua finalement, moi qui étais tranquillement en train de boire mon verre. Elle s’adressa violemment à moi, me laissant voir qu’elle était tout aussi impétueuse que ne l’était Jessica ma vocaliste.

– Yo toi, j’suis la serveuse ici. Je suis Laetitia mais tu peux m’appeler Lae ou Godzilla. J’suis aussi la future fiancée du barman et je tiens à le souligner au cas où d’autres ici se donneraient le monopole.

Un instant de tension se fit ressentir entre la cliente et la serveuse qui étaient respectivement à ma droite et à ma gauche. Cet instant fut cependant brisé par l’intervention du dit barman qui, servant le verre à sa serveuse, lui rappela à elle aussi qu’elle n’était pas encore engagée dans une relation avec lui. Cet endroit calme me semblait soudainement plus loufoque que je ne le croyais, et j’allais en avoir la confirmation.

– Laetitia, apporte ça à Louis veux-tu. Lui demanda le barman. Il doit avoir soif lui qui passe son temps à jouer.

– C’est ça, apporte-lui. Enchaina la cliente, moqueuse. Passe ton temps à bouger pendant que moi je reste au bar.

La serveuse prit la commande et se releva gracieusement pour aller jusqu’au fond de la salle en portant le plateau sur lequel était posé un verre rempli d’eau. Une fois au bout de la salle, elle pénétra un renforcement sur la gauche qui cachait encore un petit bout de salle où semblait se trouver quelqu’un. Arata partit voir, et selon lui, c’était un pianiste qui s’y trouvait. Un homme de l’âge des autres qui lui était de teint mat, aux yeux noirs et dont les cheveux, plus courts que ceux du barman, étaient tout aussi noirs. Il était quant à lui habillé d’un costume et était plus élégant que les trois autres avec qui j’avais l’occasion de parler.

– EH GODZILLA ! TU POURRAIS PENSER A NOUS AUSSI NON !!? Hurla une voix grave de l’autre côté de la salle. UN HOMME CANALISE SON CAPITAL EROTIQUE VIA LA BOISSON QU’IL CONSOMME HAHA !!

– Ferme ta gueule Sylvio. Soupira bruyamment une voix toute aussi grave. Je ne peux même pas écouter Louis tranquille. Mets nous deux whiskys Godzilla, et mets ça sur son ardoise.

– Oi, reprit la serveuse. Je n’ai pas encore l’option quatre bras, j’en ai que deux de libres. Il y en a un qui tient le plateau, et l’autre va partir dans ta putain de gueule si tu me prends encore pour ta bonne, vu, sale gland de merde ?

S’en suivit une dispute entre la serveuse – qui n’était pas du tout professionnelle – et l’homme qui avait hurlé dans le bar jusqu’alors si calme. Pour ma part, je repris un v erre, et entamai la discussion avec le barman.

– Tu ne sais donc rien de ce qui se passe à la surface tu m’as dit ? Ne sors-tu jamais d’ici ?

– Non, je ne sors jamais d’ici. Reprit le barman. Je n’aime pas vraiment le monde extérieur. Les clients de ce bar viennent par le souterrain de l’aile Ouest venant de Yomiyama.

– Yomiyama !? M’étranglai-je. Mais, c’est à 1 heure d’ici en voiture ! Comment un souterrain peut vous y mener ?

– Tout notre monde est souterrain. Reprit l’homme sans sourciller. Nous nous fournissons à Yomiyama et la plupart des clients ici viennent de Yomiyama et y ont une activité. Nous avons dans notre souterrain une navette qui peut conduire quelqu’un là-bas en une heure trente.

– Et comment êtes-vous protégés du chaos au-dessus alors ? Repris-je, suspicieux. Après tout, votre bâtisse reste sur les terres affectées par cette crise.

– WHAAAAT !? Hurla Rika en recrachant son eau plate. Il y a vraiment une crise en haut !? Si on n’a pas été touchés, ça veut dire la barrière d’Hikari marche vraiment !?

– Bien évidemment qu’elle fonctionne ! Reprit une voix aigue et inoffensive. Je te l’avais dit que Mickael était invisible et pouvait protéger cet endroit !

Je me retournai vers la voix aigue qui surgit de nulle part, constatant qu’elle appartenait à une jeune femme aux longs cheveux blonds qui semblait avoir vingt-trois ou vingt-quatre ans. Elle avait un visage assez fin qui lui donnait un air gentil, mais son regard frustré contrastait avec ça. Elle semblait avoir un caractère fort, mais plus dans le domaine du capricieux que de celui du battant comme la serveuse.

– Tiens, tu arrives tard Hikari. Sourit le barman. Je n’ai jamais douté de la capacité de Mickael à protéger cet endroit moi. La preuve, ce jeune homme dit qu’il y a la crise au-dessus et personne ici n’est au courant.

– Il n’y a que toi qui me croît quand je te parle de mon Lama invisible et mon cheval de feu. Bouda la jeune femme. Pourtant tu l’as vu de tes yeux aussi Zoror –

– Rika !!! La coupa la grosse à côté de moi. Je m’appelle Rika !!! C’est du passé ça !!! Ne me rappelle plus jamais ça, et plus jamais la guilde !

– La guilde ? Me demandai-je. Qu’est-ce que la guilde dont tu parles ?

– Jonetsu Yume. Enchérit Daisuke. Rika, Sylvio et les autres viennent d’une guilde qui a échoué ici. Une guilde qui s’est effondrée d’elle-même après la disparition des gangs de Neo Domino City et de l’Ener-D. Le Quindecim est devenu leur nouveau repère. Nous avons d’autres clients qui ne viennent pas de la guilde, comme par exemple cet éditeur qui n’arrête pas de répéter « JPP »

– Editeur qui est présent ! Hurla un homme attablé qui était en fait Nathan de Yume-Nikki. Sérieusement JPP de cette serveuse qui ne me remarque jamais quand j’arrive et qui me prend pour le portier.

– Peut-être parce que tu ES le portier ! Beugla la serveuse se déplaçant à sa table pour prendre sa commande. Depuis que je te connais, la seule chose pour laquelle tu as été bon c’est ouvrir la porte.

https://www.youtube.com/watch?v=4eVYaMCWGhQ

Alors que la serveuse se battait avec « l’éditeur » , l’air de piano changea soudainement. L’air changea, le tempo aussi, comme si le pianiste s’emballait. Je reconnaissais cette chanson et elle me rappelait des souvenirs. Elle était une des covers que nous avions fait par le passé avec The Rising Sun, et entendre Philosophyz me rendait nostalgique. Mais alors que j’allais me plonger dans le passé, le barman m’interrompit.

– Si vous voulez bien m’excuser. Me dit-il glacialement en posant le verre qu’il était en train de laver avant de quitter son comptoir.

Je le suivis des yeux tandis qu’il traversa toute l’allée pour se diriger jusqu’à la scène. Il fut vite rejoint par le pianiste du bar qui laissa tomber le piano et amena avec lui un micro comme celui qui était posé sur scène. Daisuke le barman parla alors dans le micro, toujours de cette voix monotone et dénuée de vie qu’était la sienne.

– Shameless Fandubbers, Philosophyz.

https://www.youtube.com/watch?v=RGg47obxHq4

Ils lancèrent alors la musique correspondant à l’air de piano que venait de jouer l’homme aux cheveux et yeux noirs. Mais alors que je pensais à la vaste plaisanterie, les deux hommes se mirent à chanter, exactement comme lors d’un Karaoké. Ils chantaient horriblement faux, mais ils prenaient tous les deux plaisir à le faire tandis que tout le monde dans le bar les regardait soit avec le sourire aux lèvres, soit avec la main posée sur le front, comme celui qui était à côté du dénommé « Sylvio ». Pour ma part, les voir se lâcher sur une chanson que je connaissais me faisais sourire, et je n’étais pas le seul, puisqu’Arata aussi aimait les voir faire.

Ils ne firent cependant que la version courte, ce qui me fit descendre de mon nuage assez vite. C’était dommage, mais ça suffisait apparemment à les satisfaire. Arata et moi n’avions plus qu’une envie désormais, décharger en musique les sentiments accumulés ces derniers temps. Je fis alors une requête à la serveuse.

– Dis, vous avez des instruments de musique ici ? Guitare, basse, batterie ?

– Tu veux chanter ma couille ? ~ Me répondit-elle intéressée. J’peux te filer une guitare et t’accompagner à la basse ~ J’en ai sûrement pas l’air mais je suis la bassiste et la vocaliste d’un groupe rock/metal célèbre à Yomiyama.

– Ca me ferait très plaisir oui ! Sourit Arata. Je peux jouer de la guitare moi !!

La serveuse me fit un sourire puis elle me dit d’attendre un peu. Je me rassis à table avec Arata, buvant une autre gorgée de mon CC Honey Ginger, puis, attendant le retour de la brune aux cheveux courts, je répétai les paroles de philosophyz dans ma tête.

Lorsque la serveuse revint ce fut avec une guitare et sa basse, et à vrai dire j’étais satisfait du calibre de l’instrument que j’allais pouvoir toucher. Cependant, lorsque je montai sur scène avec Laetitia, je fus interrompu par quelqu’un qui entra dans le bar.

Il, ou elle, était une personne qui ne montrait ni son visage, ni son corps. Cette personne mystérieuse portait une cape pourpre lui couvrant le visage jusqu’au corps, dissimulant ses yeux, ses cheveux, et ne laissant que son nez et ses lèvres visibles aux yeux de tous. Mais alors que je croyais que cette présence allait jeter un froid, Laetitia la serveuse sourit et cria.

– EHH FACE DE GLAND !!! Viens chanter avec nous on va les massacrer !!!

– Vous…Le connaissez ? M’interrogeais-je. Il vient toujours comme ça ?

– Ouais. Il ne parle jamais, ne se montre jamais, mais il chante super bien ce gland donc il gère ~

Dubitatif, je ne voulus pas faire de conflits, surtout que j’allais avoir l’occasion de jouer et de chanter comme bon me semblait avant de repartir à la surface. Je laissais donc l’individu mystérieux nous rejoindre, et, me positionnant derrière lui, j’enfourchai la guitare afin de me préparer à jouer.

– Que chantons-nous ? Se questionna cette voix grave qui appartenait définitivement à un homme.

– Philosophyz ma couille ! Lui rétorqua Godzilla, inébranlable.

https://www.youtube.com/watch?v=ihS6NNcZZec

Et ce fut ainsi que nous démarrâmes tous ensemble notre propre cover de « Philosophyz ». Jouer dans les murs du bar souterrain était plutôt agréable puisque l’acoustique des lieux était assez bonne. La basse de ma coéquipière improvisée était du même niveau, non, plus impressionnante que celle de Kenichiro tandis que de mon côté, l’absence de Reisuke m’avait clairement fait repousser mes limites en matière de guitare. Ainsi, notre solo de musique était plutôt bon, même si une batterie aurait été parfaite pour rendre le tout plus résonant. Il ne manquait plus que le jugement du vocaliste, et il fut sans appel.

La voix en lui aspira l’air ambiant. Elle aspirait toute forme de vie se trouvant autour et la faisait se focaliser sur elle. Elle était d’une puissance telle qu’il était impossible pour n’importe quel être de faire abstraction de sa présence et de se concentrer sur autre chose. C’était incroyable à écouter, incroyable à voir comment quelqu’un avec si peu de présence pouvait aspirer l’auditoire et le faire danser sur son rythme, le manipuler à sa guise, et ce, d’une facilité déconcertante. J’avais l’impression que cette voix vacillant entre graves et aigus était tantôt puissante, tantôt faible. Elle était à la fois un hurlement au ciel et un doux murmure au souffle chaud. Elle était la voix d’un professionnel ayant porté tout son entraînement à maturité.

Ainsi, sur les notes de Laetitia, les miennes, et la voix de l’homme à la cape, nous fîmes l’animation du Quindecim l’espace de quatre minutes. Ce n’était pas grand-chose, mais cela avait suffi à me faire du bien…Mais j’étais le seul dans ce cas, puisqu’Arata qui était toujours à l’intérieur de moi, était dans un tout autre registre.

https://www.youtube.com/watch?v=uqsNNnVjyyA

Il était livide. Son visage était devenu blanc, ne laissant afficher aucune émotion si ce n’était la consternation, le vide même. Je ne compris pas exactement de quoi il en retournait, mais j’avais ma petite idée sur la question. Ainsi, à l’intérieur de mon esprit, je le charriai.

– Alors, Onii-chan, ironisai-je. On a trouvé plus fort que soi et ça fait son surpris ? Il y a des tas de personnes meilleures que nous en ce monde tu sais.

– Laisse-moi seul s’il te plaît, Kôsei. Me répondit-il, dépité. J’ai besoin de réfléchir à quelque chose…

– Hm ? Me questionnai-je devant l’attitude de mon frère. Tu es sûr que tout va bien, Onii-Ch

– Je t’ai dit de me laisser tranquille !! Hurla-t-il en me coupant la parole. Est-ce trop te demander !!?

Sa réponse me laissa en état de choc. J’étais consterné, incapable d’articuler un mot, face à la soudaine violence verbale de mon frère qui, depuis qu’il s’était extirpé du jouc de père, n’avait pas exprimé le moindre sentiment négatif par la colère. Ne comprenant pas, et ne pouvant apparemment rien faire à part envenimer les choses, je décidai de le laisser tranquille.

Je revins à moi assis au bar. Dame Laila avait pris le relais et parlait déjà avec Rika d’ouvrir un stand de divination dans ce bar, ce que j’annulai immédiatement en revenant à moi, au grand dam de ma dame qui voulait utiliser les pouvoirs de son esprit du duel de monstre afin de gagner un peu d’argent. Prenant un troisième verre de C.C Honey Ginger, je pris la parole plus sérieusement à l’intention du barman.

– Je vous remercie pour m’avoir accueilli pendant ces quelques heures, mais il est temps pour moi de partir. Déclarai-je. Beaucoup de choses m’attendent à la surface. Il y a des tas de personnes que je dois retrouver.

– Quelles genres de retrouvailles ? S’interrogea Daisuke. Quelles personnes voulez-vous retrouver ?

– Ca m’intéresse de savoir aussi ! Nous coupa joyeusement Hikari qui apparut de nulle part. Arrête donc ça Mickael !

– Certaines ont répandu le malheur, d’autres se battent pour ce qui leur semble juste, certaines fuient juste pour protéger les leurs tandis que d’autres ne réalisent toujours pas ce qu’il se passe. Il y a énormément de types de personnes auquel on peut s’attendre au-dessus…Mais cela n’importe pas vraiment, puisque nous cherchons tous à fuir quelque chose, au moins une fois dans notre vie.

– Je vois…Soupira l’homme. Voyez-vous, j’ai un profond respect pour les personnes qui arrivent à s’investir pleinement dans quelque chose qui leur tient à cœur. Quand je vois quelqu’un qui tient à quelque chose ou à autrui et qui se bat pour cette chose, je sens que le monde d’en haut ne doit pas être si laid.

– Qu’est-ce que la beauté dans un tel monde de toute façon ? Répondit Laetitia en haussant les épaules. C’est la loi du plus fort. Si tu ne les bouffes pas ils te boufferont.

– Ne serais-tu pas de famille avec Jessica Leocaser toi ? Souris-je. Tu lui ressembles comme deux gouttes d’eau.

Cependant, ce qui n’était qu’une blague surprit le barman, sa serveuse et sa cliente au comptoir. Tous les trois me regardaient avec toute la surprise du monde inscrite sur leur visage, et ce fut l’homme rigide qui me dit finalement la raison du malaise.

– Jessica Leocaser dites-vous ? Serait-ce une plaisanterie faite par le destin lui-même ? Mon nom complet est Daisuke Leocaser, c’est bien trop peu probable pour être une coïncidence ne croyez-vous pas ?

Ce fut à mon tour d’être choqué.

– HUH !? Beuglai-je. Tu serais de famille avec Jessica !? Mais elle….Et toi….C’est impossible. Crois-moi, c’est impossible.

– Revenons-en à ce que je disais avant de me faire interrompre. Dit l’homme. J’aimerais vous accompagner dans votre voyage.

– WHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAT !!!? Hurla Rika qui recracha une fois de plus son verre. Ca fait dix ans que j’essaie de te sortir et que tu me dis non et lui tu veux l’accompagner dans un chaos total !?

– M’accompagner… ? M’étonnai-je. Pourquoi vouloir quitter cet abri pour affronter un monde de danger comme celui-ci ?

– N’est-ce pas évident ? Me répondit alors l’homme avec tout le sérieux du monde.

Il sauta par-dessus son comptoir sous mon regard consterné. Il fit quelques poses tout en gardant son air rigide et marqué par aucune émotion. Reprenant la parole l’œil brillant, il tenta de montrer qu’il avait du charisme mais il avait d’avantage l’air ridicule.

– Je suis barman ! Lança-t-il fièrement. Telle est ma mission !

– Dai, c’est quoi le rapport entre le fait d’être barman et te jeter dans une guerre civile ? Soupira le pianiste qui nous avait rejoint.

– Je peux amener les civils ici et leur servir à boire. Reprit fièrement son partenaire de chant. Et ensuite je les enverrai à Yomiyama pour les mettre à l’abri.

Je m’arrêtai quelques secondes. En effet, l’idée d’amener les civils ici et de les faire évacuer par un souterrain semblait vraiment alléchante. Ce Daisuke avait raison sur ce point. Seulement, lui qui n’avait jamais vu le dehors était comme une brebis au milieu des loups. Impossible pour lui de se défendre. Il allait simplement se faire tuer à peine sorti à ce rythme…A moins que…

– J’ai ce qu’il te faut, Daisuke. Repris-je sérieusement. Prends ces pierres. Si tu es en danger à l’extérieur, claques-en une au sol et tu pourras te défendre contre n’importe quelle menace.

– Je vous remercie pour votre coopération, cher client. Sourit l’homme. J’en ferai bon usage.

– Oi, reprit la serveuse, tu lui demandes même pas ce que c’est que ce caillou ?

– Je ne douterai jamais de la parole d’un client. Lui répondit son acolyte l’œil brillant en mettant sa main sur sa poitrine. Le client me fait confiance en buvant ce que je lui sers, alors moi aussi je lui ferai confiance au péril de ma vie.

– Donne m’en aussi. Sourit le pianiste. Je vais vous aider à ramener les civils pour les protéger. On est Shameless donc on s’en sortira !

– J’vous suis les glands. Enchaîna la serveuse. Après tout si j’suis pas là pour assurer vos arrières et que vous vous faites buter, j’ai plus de job.

– Moi je n’en ai pas besoin je sais me défendre. Sourit Hikari qui apparut de nulle part, me choquant au passage. Et désolée pour mes apparitions soudaines, c’est mon lama qui me fait des farces.

De fils en aiguilles, une équipe se forma au sein du Quindecim. Daisuke, Louis, Laetitia, Rika, Hikari et Sylvio acceptèrent de se lancer dans cette mission tandis que Nathan, fidèle à lui-même, leur souhaita de ne pas mourir en continuant de lire « La passion cramoisie » de Nakagami Ugo. Daisuke demanda à la personne qui accompagnait Sylvio : Esteban Leocaser, de veiller sur le bar, ce que ce dernier accepta après avoir émis des réticences vaines. Je donnai des pierres à tout le monde si bien que je n’en avais plus pour moi, mais avec Onii-Chan et ma dame, j’étais bien plus armé qu’il ne le fallait pour combattre dehors. Ainsi, l’équipe Quindecim vit le jour, et nous décidâmes tous les sept de remonter à la surface pour affronter le danger qui nous guettait.

Montant les longs escaliers qui allaient nous emmener vers le champ de ruines pour le second round, je sentis Daisuke devenir tremblant.

– La première expédition du Quindecim est sur le point de commencer. Murmura-t-il avec excitation. Qui sait quels nouvelles choses, quels nouveaux obstacles, quels nouveaux clients allons-nous rencontrer ? Le Quindecim va-t-il assurer son service client irréprochable ?

– Pitié ferme-là tête de gland. Lui rétorqua la serveuse. Tu veux juste du fric au final toi.

– La plupart des consommations sont offertes, c’est pas comme s’il courait après l’argent. Rit Louis.

– Il veut de la P c’est tout ! S’exclama Sylvio qui était vraisemblablement ivre. Déjà qu’il a eu celle de ma sœur mais il les veut toutes le 18.6 hahahaha !!!!

– Le 18.6 ? Demandai-je ? De quoi tu parles Sylvio ?

– Avançons je vous en prie. Me coupa Daisuke glacial. Ne perdons plus de temps.

Nous montâmes les escaliers et ouvrîmes enfin la porte, moi et l’équipe du Quindecim. En l’espace de quelques heures, j’avais créé de nouveaux liens utiles dans cette bataille. Certes, ils étaient des personnes vraiment étranges, mais j’avais l’habitude, entre Onii-chan, ma dame, ma vocaliste et moi, de fréquenter des personnes hors normes.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [06/04/2017] à 19:00

Chapitre 36 : Par la force de l'espoir…? (Hiroki, jour +14)

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Comme les fleurs fanent lorsque l’automne arrive, notre monde s’est fané lorsque le désespoir a frappé à sa porte. Il ne fallut qu’une journée pour que le monde que je connaissais et que je pensais un havre de paix s’écroule pour ne laisser qu’un amas de ruines au parfum de désespoir. Depuis l’attaque de l’agent de Zetsubô qui avait ouvert la brèche, des tas de choses s’étaient passées. Nous avions dû nous séparer car nous étions attaqués par des tas de monstres, ce qui me laissa seul avec Hakaze, qui était toujours avec moi en ce moment. Nous avons tenté de joindre le groupe une fois que nous fûmes à l’abri, mais il n’y avait plus de réseau sur les lignes téléphoniques, et nous n’avions aucun autre moyen de contact. Cela inquiétait celle qui partageait mon quotidien qui désirait par-dessus-tout revoir son père et sa tante, même si elle savait qu’ils pouvaient s’en sortir. Pour ma part, je voulais avant tout retrouver Rei-Kun. Il y a quelques jours de cela je l’avais vu se battre avec le dragon responsable de l’ouverture de la brèche. Il l’avait vaincu, limitant ainsi le nombre de monstres dans notre coin, mais je sentais que quelque chose n’allait pas. Aussi, je devais le retrouver coûte que coûte. Nous avions donc moi et Hakaze le même genre de motivations. Durant ces quatre, non, cinq derniers jours, nous avions du faire face à quelques monstres qui nous donnèrent malgré tout du fil à retordre à nous qui n’avions que l’énergie des pierres pour nous défendre. Nous avions trouvé quelques vivres que nous utilisions pour survivre, et nous avions rencontré un civil. Un vieillard que l’on prit sous notre aile, mais qui mourut une journée plus tard. Nous ne pûmes même pas lui creuser une tombe ou quoi que ce soit pour qu’il parte dignement, simplement le laisser mort au sol et continuer notre route. Au final nous étions seuls, et nous n’avions pas énormément avancé, Hakaze et moi. Nous ne pouvions nous reposer en même temps, nous dormions chacun notre tour, ce qui divisait par deux le temps pendant lequel nous pouvions nous déplacer pour trouver quoi que ce soit, et ça rendait la tâche beaucoup plus difficile puisqu’en plus de survivre nous devions vaincre.

Lorsque ma camarade ouvrit les yeux de nouveau, elle qui se reposait en s’appuyant contre mon dos comme l’on avait l’habitude de le faire lorsque nous étions en mission, elle passa sa main dans ses cheveux pour se recoiffer brièvement et reprit la parole sans intonation particulière.

– Bien, on est passés sans encombre, ça me rassure. On peut continuer nos recherches désormais.

– On passe où cette fois ? Demandai-je. On erre depuis un moment et nous n’avons toujours pas le moindre indice sur comment se retrouver, ni sur la position de Zetsubô. On ne peut pas continuer à marcher, encore et encore, indéfiniment.

– C’est vrai. Approuva Hakaze. Encore reste-t-il à savoir comment on définit là où on va aller, et si tu me réponds de m’en remettre à l’espoir, je t’arrache les yeux.

– Huuuh !? Beuglai-je. D’où ça sort ça !? C’est une bataille entre l’espoir et le désespoir, forcément que l’espoir doit triompher !

– L’espoir n’est pas une boussole ~ Rit-elle. Tu peux faire confiance en l’avenir et prendre des décisions réfléchies. C’est ta vie que tu joues, Hiroki. Et la vie de Reisuke aussi. Laisse-moi réfléchir à notre position actuelle afin de savoir ce qu’on pourrait envisager.

Elle se tourna, me laissant bouder dans mon coin face à ces mots qu’elle avait prononcé vis-à-vis de l’espoir. Je n’aimais vraiment pas du tout m’en remettre à la réflexion plutôt qu’au ressenti, mais Hakaze était une femme d’expérience, donc peut-être allais-je devoir lui faire confiance. Cependant, même si j’allais la suivre, j’allais garder en moi cette appréhension concernant notre route et guetter l’occasion de réclamer un demi-tour à tout moment.

– A en juger par les alentours, nous sommes dans la partie urbaine de notre village. Nous sommes assez loin de la forêt dans laquelle habite mon père et ma tante. Si je revois tous les alentours…Je pense que le meilleur endroit où nous rendre, c’est la falaise Sekai.

– La falaise Sekai ? M’interrogeai-je. Pourquoi spécialement la falaise Sekai ?

– Réfléchis donc un peu gros béta ~ La falaise Sekai est le lieu où Zetsubô a été amené à cette époque. S’il y a bien un endroit où nous pouvons trouver des indices sur le pouvoir de Zetsubô et surtout sur comment l’atteindre, je pense que c’est la falaise Sekai. Et puis nous allons sûrement rencontrer des autres sur le chemin puisque j’imagine que pas mal de notre groupe en viendraient à cette conclusion.

– Tu penses vraiment que nous pouvons risquer de nous rendre là-bas ? Je veux dire, et si on ne retrouve ni tes parents, ni Rei-Kun ?

– On aura bien plus de chances de les retrouver en allant vers cette falaise plutôt qu’en restant les bras croisés ici ! Cria-t-elle. Suis-moi donc et arrête de faire des histoires !

Hakaze tira ma main pour m’entraîner au milieu des ruines qui étaient devenues notre terrain d’affrontement. Il était vrai que nous n’avions aucune autre alternative si nous voulions retrouver Zetsubô ou les autres que de nous rendre là où tout avait commencé. Ainsi, même si nous nous dirigions vers un piège, c’était mieux que rien pensais-je. Et Hakaze semblait du même avis.

Nous avançâmes dans les rues délabrées, cherchant du regard toute âme vivante qui pouvait croiser notre route. Mais plus nous avancions, plus nous voyions des choses horribles. Des corps, des tas de corps, ici et ailleurs. Ils devaient être des personnes qui avaient été surprises par la catastrophes et qui avaient été réduites au silence sans même avoir eu le temps de se rendre compte de ce qu’il se passait, et bien que cette mort pouvait sembler être une mort plutôt satisfaisante, je trouvais pour ma part ce genre de départ encore plus cruel que celui qui se résignait après avoir pris les armes. Vivre sa vie normalement et la perdre sans même savoir la raison pour laquelle elle s’éteint était quelque chose de très triste selon moi.

Tandis que je réfléchissais, Hakaze s’arrêta net. Bien plus en alerte que moi qui avait passé quelques heures de plus qu’elle en étant réveillé, elle me fit signe de m’arrêter, ressentant sûrement quelque chose d’anormal. Nous nous avançâmes quelque peu avec prudence, histoire de savoir si le présage de ma copine était confirmé, mais ce que nous trouvâmes fut loin de ce que nous imaginions.

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C’était un homme qui se trouvait devant nous. Il était accroupi, les poings au sol, de dos à nous, ne nous voyant sûrement pas. L’homme aux cheveux courts de couleur noir semblait ruminer, non, sangloter même, alors qu’il se mit à taper au sol de ses deux poings, tour à tour. Il hurla, s’adressant à qui voulait l’entendre.

– Pourquoi !!!? Pourquoi tout ça arrive maintenant !!? Ma chérie…Mes filles…Maman…Pourquoi avez-vous été emportées si rapidement, sans que je ne puisse lever le moindre petit doigt !? Pourquoi hein !? Dites le moi !?

Compatissant avec l’homme qui avait apparemment perdu toute sa famille, je voulus m’avancer pour essayer de lui venir en aide, mais Hakaze déploya son bras pour pas que je ne le fasse. Je lui lançai un regard interrogatif, mais pour toute réponse elle ne détourna pas son le sien, restant droite face à ce qu’elle voyait devant elle. L’homme continua.

– Qui m’a tout pris en quelques secondes !!!? Qui est le responsable de toute cette catastrophe !!!? Et pourquoi s’en est-il pris à nous qui n’avions rien fait !!!? Pourquoi….Pourquoi ne suis-je pas mort avec elles !!? Pourquoi suis-je encore en vie !!!? Pourquoi moi !!?

Il lâcha un hurlement au ciel tandis qu’il se posait cette cruelle question concernant son propre sort. Le cri qu’il lâcha résonna en moi, me faisant frissonner tant il était horrible. C’était un cri de désespoir pur et dur, il n’y avait pas d’autres mots. Mais alors que je pensais que seul ce cri allait me glacer le sang, quelque chose de spectaculaire se déroula sous mes yeux.

L’homme qui était en face de nous fut d’un seul coup entouré d’une masse d’énergie obscure qui l’engloba totalement tandis qu’il lâcha de nouveau un hurlement, mais de douleur cette fois. Je me sentais vraiment mal, ne sachant pas vraiment ce qu’il se passait en face de moi, tandis que Hakaze restait indifférente face au spectacle. Celui que j’aurais pu sauver se faisait comme happer par cette énergie négative qui pénétra l’intérieur de lui de par sa bouche, le forçant à avaler l’épais nuage de fumée qui trouva refuge dans ses entrailles. Lorsqu’il eut consommé toute l’énergie, il se retrouva vers nous, nous laissant voir qu’il était complètement sous le contrôle du désespoir. Ses yeux étaient devenus rouges vifs tandis que son teint s’était complètement assombri. Sur son visage ne respirait plus que la haine tandis que les larmes qu’il avait versé disparurent. Il se rua vers nous en lâchant un hurlement similaire à celui qu’il venait de lâcher, mais alors qu’il allait nous atteindre, Hakaze, droite, dégaina une lame tranchante de sa poche et, sans émotion apparente, trancha la gorge de l’homme qui s’écroula au sol dans un torrent de sang, sous mes yeux presque exhorbités.

– Qu’as-tu fait… !? Bégayai-je, interdit. Pourquoi as-tu fait ça !?

– Comment ça ? Se questionna-t-elle naturellement, ne voyant pas le mal qu’elle venait de faire. Il nous attaquait non ?

– Mais…C’est toi qui l’a laissé se faire happer par les ténèbres pour ensuite le réduire au silence !! C’est toi qui l’a poussé à faire ça !!

La femme se rapprocha de moi, reprenant la parole avec plus de froideur qu’elle n’avait affiché auparavant.

– Ecoute moi bien Hiroki. Dans cette guerre, si tu n’es pas prêt à commettre des infâmies, cela sera toi qui te fera trancher la gorge. J’ai de la famille à sauver, j’ai un avenir à sauver, et pour ça, je ne reculerai devant rien. Pour ce qui est de cet homme, je voulais confirmer une chose concernant Zetsubô.

– Confirmer une chose ? M’interrogeai-je, toujours déboussolé par le changement radical de Hakaze. Quelle chose ?

– Lorsque Zetsubô a fait son message à la télévision pour rassembler ses troupes, reprit-elle, je me suis mise à la place de quelqu’un touché par son message. Ok, c’est bien de vouloir rejoindre Zetsubô, mais comment le rejoindre concrètement ? A cela j’ai pensé à une chose, et j’en ai eu la confirmation à l’instant : dans cette guerre, si tu désespères ne serait-ce qu’une seule fois, tu seras avalé par le désespoir et ton discernement même sera détruit pour ne faire de toi qu’un soldat de Zetsubô.

– Alors il suffit de croire en l’espoir pour vaincre cette guerre ! Rétorquai-je, satisfait par la tournure de la situation. Si on croit en l’espoir tout devient possible !

– Ce n’est pas exactement là où je voulais en venir, Hiroki. Soupira-t-elle, dépitée. Aussi puissant soit ton espoir, tu vas voir des choses atroces dans cette guerre, et tu finiras forcément par ne pas en voir l’issue. La seule manière de te prévenir de ce genre de scénario, c’est de te débarrasser de toute émotion et de ne garder que ton objectif en tête. Autrement dit, tu dois te débarrasser de l’espoir pour continuer à espérer.

– Je refuse de me débarrasser de mon espoir ! Hurlai-je. C'est ce sentiment qui m'a maintenu en vie tout ce temps je ne peux pas le laisser tomber !!!

– Et tu peux me dire ce qu'il adviendra si toi, qui porte en toi le sang de Zetsubô, devient un soldat du désespoir juste parce que tu n'es pas assez blindé pour prendre sur toi !!!? Hurla-t-elle en perdant patience. Comment vas-tu sauver ton frère avec une conviction si faible Hiroki !!!?

Je m’arrêtai quelques secondes, frustré par ce que venait de me dire Hakaze. Quel rapport avait l’issue de ce combat avec le fait que mon espoir était fort ou non…Pourquoi me disait-elle maintenant que je n’étais pas assez fort ? Toutes ces années j’avais réussi à rester entier juste parce que j’avais l’espoir, pourquoi ce n’était pas la même chose maintenant ? Pourquoi Hakaze voulait-elle me séparer de mon arme principale ?

Hakaze était-elle…Mon ennemie ? …Non, ce n’était pas possible. C’était Hakaze qui avait introduit en moi la notion d’espoir lorsqu’elle me sauva. C’était elle qui m’avait sauvé, moi qui était à la dérive, elle ne pouvait tout simplement pas me laisser tomber maintenant. Mais alors…Avait-elle raison ? Garder foi en l’espoir était ce qui allait me perdre et m’empêcher de sauver mon frère et ma sœur ?

Tout était très confus dans ma tête. Ainsi, je continuai à regarder Hakaze, dubitatif. Le fait qu’elle venait de tuer cet homme devant moi ne me concernait plus autant, le choc étant passé. Elle continua sa route en repoussant du pied le cadavre de l’individu qui gênait sa progression. Se retournant vers moi qui la regardais, elle me lança un sourire et m’invita à la suivre. Ruminant toujours ce que Hakaze m’avait fait observer, je la suivis malgré tout, ayant une confiance aveugle en elle.

– Il faut que je retrouve mon père. Me déclara-t-elle en nettoyant sa lame ensanglantée. J’ai un nouvel élément concernant le syndrome du désespoir. Qui plus est, nous avons une piste concernant Reisuke.

– Reisuke ? M’étonnai-je. Que vient-il faire là-dedans ?

– Il faut vraiment tout te dire. Soupira-t-elle. Rappelle toi lors de notre affrontement à Domino avec Reisuke. La moindre personne qui s’endormait se faisait emprisonner dans la tour qu’il avait invoquée. C’est exactement le même procédé qui est utilisé ici. On peut en déduire que la personne qui contrôlait Reisuke à l’époque était Zetsubô ou du moins une personne hautement placée dans ses rangs, et que c’est cette même personne qui utilise le stratagème que l’on vient de voir.

– C’est vrai ça ! Tiltai-je enfin. J’avais complètement oublié cet épisode de notre voyage ! A vrai dire, concernant notre voyage temporel, je ne sais pas grand-chose de ce qu’il s’est passé à Domino City…Quand je me suis fait enfermer dans cette prison, j’ai eu du mal à conserver mes esprits tout ce temps, surtout avec ce pseudo roi qui me hurlait toute la journée dans les oreilles que son Heliopolis lui manquait.

– Ne te sers pas de lui comme excuse, rétorqua-t-elle avec l’œil malicieux. Tu es un débile c’est tout ~

Je soupirai sans répondre. Hakaze avait apparemment plusieurs longueurs d’avance sur moi concernant la crise, ses enjeux, ses conséquences. J’avais même l’impression qu’il y avait dix ans entre la Hakaze qui était sur la falaise Sekai et celle qui se trouvait devant moi. Comme si elle avait vécu des choses entre temps qui lui avaient fait un déclic alors qu’il y avait à peine dix jours entre les deux. Nous continuâmes notre route tandis que j’acceptais le fait que j’acceptais peu à peu que ma compagne était mieux placée que moi en ces temps de crise, même si je pensais que le chemin qu’elle empruntait était un chemin fait des mauvaises choses et de mauvais ressentis.

– Allez, continuons. Sourit-elle, brisant toutes les barrières que j’avais à l’intérieur. Nous avons encore des tas de choses à faire avant de –

– Avant de rendre votre dernier souffle oui ! Cria une voix féminine provenant de derrière. Mais vous z’en faites-pas , je suis là pour me charger de ça !

Nous nous retournâmes moi et Hakaze, nous laissant voir derrière nous une femme âgée de la trentaine qui se dressait sur une bâtisse en ruine, droite et rigide. Elle était une femme élancée aux courbes fines et aux longs cheveux blonds. Son regard bleu malicieux nous fixait avec satisfaction en nous regardant de haut. Un seul regard suffisait pour nous faire comprendre qu’elle était une chasseuse et que l’on était ses proies. Elle portait dans sa main droite une large faux de couleur bleu nuit qui était ornée de décorations couleur or, ce qui rendait son arme assez jolie à regarder. Habillée d’un simple tee shirt et d’un bermuda, elle devait être bonne sportive. Hakaze la fixa bouche bée, ayant certainement reconnu quelqu’un que je n’avais pas reconnu.

– Eh ! Cria-t-elle. Ne serais-tu pas Brittany de l’ancienne Yume-Nikki !?

– Je vois que tu as bonne mémoire. Sourit la femme. En effet, je suis Brittany de l’ancienne Yume Nikki, mais maintenant c’est Miss Fujiwara, Leader du sixième escadron de la fondation du futur, et accessoirement, la personne désignée pour éliminer la cible Hiroki Yamada.

– WHUT !!!? Beuglai-je. MAIS ! La dernière fois que je t’ai vue t’étais juste une kaira qui disait des wesh wesh je suis la queen du rock ! Comment es-tu devenue intelligente !?

– C’est ça ris donc. Reprit-elle. Tu sais, quand tu as le vécu tu finis par laisser tomber les délires d’adolescents, surtout quand tu peux consacrer ta vie à créer quelque chose de meilleur. Je ne suis pas la meilleure de la fondation du futur, mais j’ai assez d’expérience pour pouvoir te vaincre, Yamada ~

– En attendant, tu aurais pu nous vaincre par surprise de derrière et tu as pris la peine de t’annoncer, voilà qui prouve que tu tiens peu à la vie ~ Rit Hakaze. Es-tu sûre d’avoir de l’expérience ? ~

Pour toute réponse, la blonde afficha un rictus prononcé qui me signala quelque chose de mauvais. Elle ne bougeait pas face à nous alors que nous pouvions l’attaquer à tout moment. C’était bien trop louche venant d’un ennemi de la fondation du futur. Je réfléchis quelques secondes, et je compris finalement ce qu’il en était. Rapidement, je me saisis du bras de Hakaze et la jetai le plus fort possible devant moi et la rejoins rapidement in extremis tandis qu’à l’endroit où nous étions le sol lui-même explosa, créant un grand trou là où nous étions censés être quelques secondes auparavant.

Hakaze était consternée par ce qu’il venait de se passer, et je l’étais aussi. Brittany avait-elle vraiment acquis un pouvoir quelconque durant les années pendant lesquelles elle avait continué de son côté ? Je n’eus pas le temps de me poser la question qu’elle se jeta sur moi, armée de sa large faux qui passa à deux doigts de ma tête, manquant de me sectionner le cou en un seul impact. Sans me poser de question, je tentai de reprendre le contrôle en attaquant à mon tour tandis que Hakaze revint joindre ses forces aux miennes. Nous oppressâmes rapidement la femme qui n’eut d’autre choix que de reculer de quelques pas, nous laissant moi et Hakaze claquer chacun une shungite au sol et déclencher son pouvoir.

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Je sentis le pouvoir de la pierre noire m’englober rapidement. Les battements de mon cœur devinrent de plus en plus rapides tandis que mes muscles devinrent plus rigides. Pendant quelques secondes j’eus du mal à contenir l’énergie qui était en moi, mais lorsqu’elle se relâcha, le pouvoir qui m’était attribué était utilisable. Et c’était la même chose pour Hakaze, qui était désormais complètement d’attaque. Elle pouvait utiliser les pouvoirs d’Athéna même en l’absence de cette dernière grâce aux pierres, tandis que mon pouvoir à moi était de pouvoir modeler une force similaire à une lumière afin d’attaquer et de défendre. J’appelais ça la force de l’espoir.

– Je vais te montrer un espoir plus juste que celui de la fondation du futur ! Hurlai-je avec animosité envers Brittany.

Mais Brittany ne me répondit pas puisqu’elle était déjà oppressée par Hakaze qui n’avait même pas pris le temps de parler avant de se jeter sur elle. Je me joignis donc à la bataille à mon tour en utilisant cette énergie modulable pour me transporter jusqu’aux femmes. Brittany était plutôt habile, elle utilisait sa faux pour nous forcer à esquiver, nous forcer à reculer, puis activer une de ces « bombes » dont elle avait le secret lorsque nous étions là où la dite bombe était posée. Ce fut ce qu’elle me fit, mais par chance, Hakaze eut le réflexe de me frapper de son propre pouvoir pour me faire éviter l’impact. Nous eûmes quelques secondes d’arrêt avant de reprendre la bataille en essayant de toucher Brittany, qui, dansant continuellement avec sa faux, nous empêchait de l’atteindre et pire, tranchait tout simplement toute attaque qui parvenait jusqu’à elle. Je tentai une nouvelle approche en utilisant la force de l’espoir pour me créer un bouclier. Je me ruai sur la femme en provenant de derrière, mais elle me repoussa d’un simple coup de faux qui me propulsa au loin tandis qu’elle dansait toujours en sautant de bâtisses en bâtisses. Je voulus me relever afin de rapidement rejoindre Hakaze, mais avant de pouvoir faire la moindre chose, me réalisai qu’une bombe allait exploser sur moi et je n’eus même pas le temps de m’extirper totalement qu’elle explosa, me projetant au loin. Hakaze, surprise, se prit un coup de la faux dansante qui la propulsa elle également au loin.

Je sentis mon dos me faire mal. En y passant ma main, je m’aperçus qu’une ouverture non pas très large, mais semblant plutôt profonde, s’était creusée dans ma peau. Rien d’étonnant après un tel choc quand on y repensait. Le pouvoir de ses bombes était plutôt fort, mais cela m’intriguait un peu en y réfléchissant. Comment pouvait-elle avoir obtenu ce pouvoir alors que selon Erika, la fondation du futur n’en avait aucun en particulier ? Je ne comprenais pas ce qui clochait dans ce combat, mais quelque chose ne tournait vraiment pas rond, et je devais absolument mettre la main sur cette chose.

Je retournai à l’assaut de la femme. Hakaze et moi partageâmes un regard, et sans parler, elle comprit là où je voulais en venir. Chargeant la force de l’espoir dans mes poings, je voulais me battre avec la femme pendant que mon acolyte détermine d’où provenait la source de son pouvoir d’explosion qui était le véritable problème dans l’histoire. Ainsi, laissant Hakaze faire sa part du deal, j’évitai les coups de faux que la femme tentait de m’asséner en continuant sa chorégraphie le plus possible, cherchant à un moyen de l’atteindre de mon côté. Elle changeait régulièrement de style de danse et était concentrée sur ce qu’elle faisait, allant même jusqu’à fermer les yeux pendant qu’elle me combattait sans pour autant être dérangée par l’absence de ce sens primordial qu’était la vision. Pour l’atteindre et ne pas me faire trancher, je devais analyser ses moindres mouvements, le rythme de ses pas, et réfléchir à quel moment elle était la plus ouverte pour pouvoir attaquer. Je me contentai donc d’esquiver encore et encore tandis que mes jambes s’entremêlaient pour esquiver ET rester en équilibre simultanément, et ce fut au bout d’une ou deux minutes que j’eus la révélation.

Combattre quelqu’un qui dansait comme Brittany ne pouvait être fait que d’une seule manière. Ainsi, je m’approchai d’elle en prenant ce combat exactement comme elle le faisait : comme une danse. A force d’esquiver, j’avais pu analyser sa chorégraphie, et ainsi, je pouvais désormais improviser une chorégraphie complémentaire qui me faisait éviter les coups de faux qu’elle tentait de m’asséner. Je me baissais lorsqu’elle levait les bras, je sautais lorsqu’elle tournait sur elle-même, je me jetais au sol lorsqu’elle attaquait, puis je me relevai exactement comme si j’exécutais instinctivement une chorégraphie. Ainsi, je m’avançai de plus en plus de la femme qui, les yeux fermés, était concentrée sur ses pas. Je ne subissais plus le rythme de ses pas, j’avançais un rythme complémentaire qui me permettait de passer au travers des siens. Il n’y avait qu’un moment critique auquel je devais prendre garde : le moment où elle changeait de rythme. A chaque fois qu’elle faisait le vingt-cinquième pas, elle changeait brutalement de chorégraphie pour en faire une autre, et je devais anticiper laquelle pour éviter de me prendre un coup de faux qui me serait fatal.

Et lorsqu’elle changea de rythme, j’eus du mal à éviter son premier coup, si bien qu’il trancha le reste de ma veste qui peinait déjà à tenir sur mes épaules suite au premier impact qu’elle avait encaissé. Je me retrouvai torse nu et donc encore plus vulnérable aux attaques de la blonde. Mais une fois la chorégraphie maitrisée, je pus m’approcher encore plus et cette fois je chargeai toute la force de l’espoir dans mes poings avant de lui en asséner un coup directement sur le visage.

Elle fut propulsée du haut du tas de ruines depuis lequel nous nous battions tous les deux. Elle s’écrasa violemment au sol tandis que sa faux fut propulsée au loin, se plantant sèchement dans le sol. Je descendis de mon piédestal, retrouvant Hakaze, qui, elle, avait réussi à localiser et neutraliser toutes les bombes qui étaient au sol, nous laissant ainsi libres dans nos mouvements. Nous ne tenions désormais moi et ma compagne devant Brittany qui était allongée au sol. Cette dernière, désarmée et à notre merci, eut une réaction qui nous surprit énormément. Elle se releva d’un saut gracieux afin de retomber sur ses jambes et reprit la parole avec entrain.

– Woohooo ! C’était A-ma-zing !!! J’ignorais que tu possédais un corps si agile espèce de cachotier ~

– Huuuh !? Beuglai-je. Tu n’es pas censée essayer de nous fausser compagnie pour récupérer ton arme ?

– Oublie ça bébé ~ Je ne peux blesser un pote danseur ~ Et tu sais quoi ? Je vais même t’aider ~ T’as gagné mon respect ~

– Euuuh….Tu n'es pas censée éliminer Hiroki en guise d'allégeance à la fondation du futur pour laquelle tu œuvres depuis des années? La questionna Hakaze, consternée.

– C'est l'espoir ! Rétorquai-je les étoiles dans les yeux. C'est l'espoir qui l'a remise sur le droit chemin !

Je sentis à l’instant précis où je dis ça une douleur assez vive dans l’estomac. Alors que je pensais que c’était Brittany qui s’était jouée de moi, c’était en fait Hakaze qui m’avait donné un coup de genou, me faisant m’écrouler au sol instantanément.

– Pour…quoi…Gémis-je de douleur…Pourquoi tu me fais mal ?

– STOP AVEC TON ESPOIR HIROKI !!! Hurla Hakaze. ELLE EST JUSTE DEBILE, TON ESPOIR N’A RIEN FAIT ! Bon, Brittany, qu’est-ce qui me garantit qu’on peut te faire confiance ?

– Si je te dévoile le secret de mes bombes, ça te suffirait ? Sourit la danseuse.

– Dis toujours ça peut m’intéresser ~ Reprit Hakaze. Mais ça ne suffira peut-être pas pour que je te fasse confiance ~

– Je n’ai pas de pouvoirs. Répondit-elle, sérieuse. C’est un de mes lieutenants dans la fondation du futur qui en possède et qui a posé ces bombes pendant que j’attirais votre attention. C’est pour ça que je n’avais besoin de rien faire pour les poser. Mon lieutenant s’occupe de tout ~

– Je vois, vous étiez deux tout ce temps…Pas mal du tout je dois l’avouer. Ah, et d’ailleurs je vais profiter pour une chose. ~

Tandis que je me relevais difficilement, Hakaze proposa à Brittany de lui saisir la main en affichant un sourire. La danseuse, confiante, se saisit de cette poignée de main amicale, mais à la seconde où elle le fit, une lumière assez importante s’abattit sur elle et l’engloutit totalement pendant quelques secondes sous mon regard consterné. Lorsque la lumière se dissipa, Il ne restait plus qu’une carte de duel de monstre sur laquelle se trouvait la photo de Brittany. Hakaze ramassa la carte en souriant.

– Désolée mais je ne fais confiance à aucun « allié » qui sort de nulle part ~ Rit mon amie. Ne t’en fais pas Brittany, d’ici deux ou trois heures tu devrais être libre, mais nous serons partis depuis un moment ~

– Je suppose que la fondation du futur est déployée dans ce carnage du coup. Repris-je. Ca va être tendu pour progresser si on doit faire face à Zetsubô ET à la fondation du futur.

– Ca sera compliqué si tu ne laisses pas enfin tes émotions de côté et que tu n’as pas ton objectif dans la tête Hiroki. Débarrasse-toi de tes bons sentiments. Je sais que tu n’es pas quelqu’un de mauvais, mais il faut forcément faire en sorte de ne pas te laisser attendrir par tout ce que tu vois au nom de l’espoir.

– Je suppose que tu as raison…Soupirai-je. Je vais essayer de moins penser à l’espoir et à être un peu plus dur avec mon environnement…

Ma camarade me sourit tendrement et ensemble nous reprîmes la route. Elle utilisa les derniers pouvoirs d’Athéna pour refermer la plaie qui était ouverte dans mon dos, et l’effet des pierres se dissipa finalement pour disparaître comme elle il était arrivé. Nous avions eu ce petit contretemps qui était représenté par Brittany, mais nous avions réussi à le contourner malgré tout. Mais Hakaze avait raison, je ne pouvais pas m’en remettre uniquement à l’espoir pour avancer, si je voulais vaincre dans ce conflit, il fallait que je progresse et que…

Et que…

Je laisse une part plus agressive de moi prendre le contrôle sur cet espoir…

– Dis Hiroki. Me coupa Hakaze, il faut que je te parle de quelque chose de très important. Tu pourrais m’écouter un peu ?

– Bien sûr. Répondis-je naturellement. Que veux-tu me dire d’important ?

– C’est…C’est à propos du futur, Hiroki. Je dois te dire quelque chose d’important sur le futur, sur notre futur.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [10/04/2017] à 13:57

Chapitre 37 : Le quatrième pilier de l'espoir (Reisuke, jour +16)

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Dans le monde que nous réservait Zetsubô, chaque pas était peut-être le dernier. Le chaos était le guide de chaque route que l’on empruntait, et il n’y avait aucun chemin retour possible à chaque chemin que l’on choisissait. Chaque erreur pouvait être fatale et le prix ultime était celui de notre vie elle-même. Pourtant, moi et Jessica avions choisi une voie risquée, voir même la plus dangereuse, puisque nous avions choisi celle qui nous faisait gagner des alliés – non, des fardeaux – sous notre responsabilité tandis que nous avancions au ralenti. N’ayant aucun pouvoir, les quatre personnes que nous avions sauvé il y a deux ou trois jours de cela étaient d’avantage des obstacles à notre progression qu’une véritable aide, et nous en étions conscients. En bataille, nous devions surveiller nos arrières, mais aussi celles de ces quatre personnes et de Chitose qui nous suivait désormais dans tout ce que nous faisions. La petite se révélait d’ailleurs plutôt utile parfois. Elle était plus agile que Jessica et pouvait donc se faufiler dans les magasins à l’abandon pour nous ramener de la nourriture et à boire, et pour être honnête, c’était peut-être la personne la plus importante du groupe rien que grâce à ça. Nous avions appris à être reconnaissants envers la petite fille qui, en échange de cette protection, mettait du cœur à l’ouvrage et me rendait aussi le sourire de par son innocence.

Mais chaque porte que nous ouvrions débouchait sur un monde encore plus tordu que le précédent. Et cela se confirma lorsque nous arrivâmes au carrefour principal de notre village. Nous prîmes la direction nord, celle d’où était venu Noda, pour essayer de localiser un maximum de civils à sauver, mais à peine arrivés nous fûmes surpris par ce que nous trouvâmes. Instinctivement, je mis ma main devant les yeux de Chitose qui n’eut pas le temps de voir cette scène macabre qu’était un homme gisant au sol dans une marre de son propre sang. C’était le premier cadavre que nous voyions en cette guerre, et même si j’en avais vu d’autres, c’était vraiment étrange de voir ça. Cependant, ce n’était pas le moment d’être émotif. Aussi, je demandai à la petite de se tourner, et, laissant nos compagnons qui étaient encore plus choqués que je ne l’étais, je m’avançai vers le cadavre, sous les yeux amusés de Jessica.

L’homme gisait face contre terre. Je posai ma main pour le retourner, et lorsque je le vis de face, je constatai qu’il avait rendu son dernier souffle parce que quelqu’un lui avait tranché la gorge. Ce n’était donc sûrement pas un monstre qui était à l’origine de ce meurtre puisque les monstres dévoraient tout simplement les personnes auxquelles elles s’attaquaient, et s’il y avait résistance, c’était plusieurs coups de griffes qui étaient assénées, et ce n’était pas aussi précis qu’un égorgement. Ainsi, je pouvais en déduire que c’était un homme qui était responsable de ce meurtre. Pour quelle raison, je l’ignorais. Après tout, je ne savais même pas si l’homme gisant au sol était un allié ou un ennemi, mais tout cela n’avait plus d’importance maintenant que sa vie s’était éteinte.

Je me tournai vers Jessica qui, usant de sa violence, faisait taire les quatre adultes affolés par la situation.

– C’est un homme qui a tué ce gars. Lui dis-je avec sérieux. Ce n’est pas un monstre. Donc il se peut qu’un soldat de Zetsubô soit dans les parages.

– J’vois le genre. Me répondit-elle toute aussi sérieuse. Progressons prudemment et en silence. Faudrait qu’on trouve un endroit pour mettre tout le monde à l’abri histoire qu’ils arrêtent de chialer pour leur vie.

Honteux, le groupe nous accompagnant baissa la tête. Je trouvais Jessica un peu dure avec des personnes ayant peur pour leur vie, mais elle avait raison, il fallait être discrets et nous n’allions pas éternellement cumuler les fardeaux sur nos épaules, au risque de nous écrouler sous leur poids.

Le temps me donna vite raison, puisque beaucoup de soldats de Zetsubô sortirent de nulle part d’un seul coup. Les monstres pourtant de faible niveau à premier coup d’œil, étaient en nombre suffisant pour pouvoir mettre en péril la vie des civils que nous protégions. Tandis qu’ils étaient inactifs, je me ruai rapidement sur la petite afin de la garder près de moi tandis que Jessica, immobile, attendait qu’ils passent à l’attaque pour riposter.

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Ils se jetèrent tous en même temps sur nous, tous autant qu’ils étaient. Nous nous mîmes, Jessica et moi, à utiliser ces pouvoirs qui étaient les nôtres afin de repousser les monstres. Ils étaient en grand nombre, nous attaquant de tous les angles afin d’avoir notre peau.

– Onii-Chan !! Cria Chitose. Derrière toi !!!

Rapidement je me retournai et utilisant le pouvoir du désespoir, je projetai une onde qui détruit rapidement le monstre. La petite me sourit tandis qu’elle fut éclaboussée par le sang du monstre qui venait d’exploser sous ses yeux tandis que je repris mes attaques sur les autres dont le nombre semblait s’accroître encore et encore. Tandis que le groupe qui nous accompagnait se cachait au mieux pour ne pas se prendre un monstre, nous fûmes rapidement acculés par les forces grandissantes des ennemis qui ne nous laissaient même pas l’occasion de nous déplacer pour les attaquer. Lorsque je n’étais pas assez rapide, je me prenais une attaque de derrière, et même si elle était faible, au bout de dix, vingt, trente attaques, cela commençait à peser de plus en plus.

Je réfléchissais à comment briser cette boucle qu’était celle dans laquelle nous nous étions mise. La force brute ne pouvait pas venir à bout de milliers d’ennemis puisqu’à peine en avions tué quelques-uns que d’autres surgissaient de nulle part en soif de sang. Jessica n’avait même pas le temps de rassembler son énergie pour invoquer Akulia et nous allions montrer nos limites. Nous n’avions pas énormément de marge et surtout trop peu de temps.

Mais alors que j’eus une idée, je n’eus pas le temps de la mettre en place que nous eûmes une surprise plutôt conséquente. Alors que les monstres fonçaient sur nous, encore et encore leur taille sembla diminuer d’un seul coup. Pensant en premier lieu que mes yeux me jouaient des tours, je restai en garde, mais contre toute attente, lorsque les monstres m’atteignirent de nouveau, je ne sentis qu’un léger picotement, comme si un moustique m’avait piqué et que cela me grattait sur le coup.

Moi et Jessica nous arrêtâmes alors net face à ce changement drastique de situation, mais avant que nous ne puissions faire quoi que ce soit, une musique retentit dans l’espace de combat. Un spot lumineux attira nos yeux sur une des bâtisses carbonisées sur laquelle se trouvaient 5 ombres dans une pose plutôt…Grotesque. Une voix provenant d’eux se fit entendre.

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– WoooooHoooooHoooooHooooo Yeaaaaaah !!!!! Cria cette voix masculine retentissant au loin sous mon regard consterné. Quindecim ! On y va !

– Reçu ! Répondirent en chœur les autres avant de se diriger rapidement vers nous.

Sans que nous ne puissions réagir, les 5 personnes vinrent combattre les monstres. Une d’elles était une femme aux cheveux noirs qui utilisait la force de ses poings pour détruire les créatures. Une autre chevauchait une monture de flammes qui carbonisait tous les monstres qu’elle trouvait sur son passage. Il y avait aussi un homme qui semblait utiliser un pouvoir qui immobilisait les monstres pour qu’un de ses acolytes, qui avait apparemment la faculté de disparaître pendant quelques secondes, puisse le vaincre en sortant de nulle part. En moins de temps qu’il ne fallut pour le constater, les monstres cessèrent d’affluer, et les cinq personnes vinrent paraître devant nous. Ils furent rapidement rejoints par deux autres personnes, dont Kôsei, ce qui me surprit comme jamais.

– Tout va bien ? Entama-t-il, glacial. Nous ne sommes pas arrivés trop tard ?

– Merci d’être venu. Soupirai-je, un peu soulagé malgré tout. Mais…Qui sont ces gens qui t’accompagnent ?

– Nous sommes le Quindecim. Me répondit l’homme aux cheveux noirs en bataille tandis que Jessica nous rejoignit. Nous sommes la référence en matière de satisfaction client depuis l’ouverture de notre bar. Je suis Daisuke, à votre service. Reprit-il en se prosternant.

– Ouais, ok vous nous avez donné un coup de main. Grogna Jessica. Mais sérieux c’était quoi cette mise en scène de merde quand vous êtes arrivés !? Z’avez cru vous étiez des héros ou ça se passe comment !?

– Kess’ta toi ? Rétorqua une des brunes en s’avançant vers Jessica. T’as cru t’allais agresser quelqu’un qui venait de sauver la peau de ton cul ou ça se passe comment ? Tu veux crever c’est ça ?

– J’aimerais bien voir ça, rit la blonde, me faire étaler au sol par une poufiasse de ton genre ~

– Ok, enchérit sa nouvelle amie. Ce soir tu rentres en corbillard ma poule !

J’eus l’impression de voir double tandis que ce Daisuke et Kôsei stoppèrent chacun l’une des protagonistes de cette bagarre improvisée. Je lâchai un soupir en pensant au fait qu’il y avait une Jessica de plus, mais au final, Kôsei et celui qui semblait être son ami réussirent à les stopper. Mon ami à la cicatrice reprit la parole, tout aussi sérieux qu’il ne l’était d’habitude.

– Je me suis égaré et j’ai fini par rencontrer ces gens. De fils en aiguilles ils ont décidé de se mettre à sauver des civils. Je te présente le Quindecim. Le Quindecim, voici Reisuke et Jessica. Reisuke, Jessica, voici le Quindecim.

– Appelez-moi Laetitia, Lae, ou Godzilla. Reprit le clone de Jessica. J’suis la future fiancée de Dai.

– Enchantée, moi c’est Rika ! Sourit l’autre brune. C’est moi qui ait réduit la taille de ces monstres, c’est mon pouvoir ~

– Elle en a aussi profité pour réduire la taille de ses bourrelets GYAHAHAHA !!!! Reprit bruyamment son acolyte qui continua, Moi c’est Sylvio. ~ Mon pouvoir est de charmer n’importe qui, n’importe quoi, et grâce à ça j’immobilise ce que je charme pendant un temps donné ~

– Disons plutôt que tout le monde a peur de ta soif de luxure Sylvio ~ Reprit joyeusement un homme plus élégant. Moi c’est Louis, et mon pouvoir…C’est un secret ~

– Et moi c’est Hikari ! Déclara une jeune femme chevauchant toujours sa monture de feu. Je suis la maîtresse de mon cheval de feu, Christophe ! Moi et le Quindecim nous voulons faire de notre mieux pour aider ceux dans le besoin.

– Si vous pouviez nous débarrasser de ces cinq-là, ça s’rait vraiment bien. Leur lança Jessica. Misère qu’est-ce qu’ils sont chiants quand ils pleurent pour leur vie.

Jessica désigna du doigt ceux qui, derrière nous, étaient tremblants à l’idée de se faire attaquer par les monstres. Daisuke, qui semblait être le leader du groupe, s’avança vers eux l’air intéressé. Il afficha pour la première fois depuis qu’il était arrivé un rictus léger qui s’inscrivit sur son visage, avant de reprendre la parole, rigide.

– Permettez-moi de me présenter formellement et une seule fois. Je suis votre barman, Daisuke. Je viens pour vous amener dans mon bar où vous serez en sécurité.

– Je…Je ne te fais pas confiance ! Rétorqua l’un des civils auquel l’homme voulait porter secours.

– Je conçois en effet que notre service client est singulier et je m’en excuse. Reprit l’homme. Cependant, j’aimerais mettre un point d’honneur sur le fait qu’en tant que barman, il est de mon devoir de garantir le fait que mes clients repartent avec le sourire et en sécurité. Si vous acceptez de devenir mes clients, je vous protègerai donc au péril de ma vie et jusqu’à mon dernier souffle.

Nous nous arrêtâmes tous devant le barman qui, les étoiles dans les yeux, avait l’air totalement ridicule. Au final, le groupe accepta de suivre Daisuke qui demanda à son amie la serveuse de faire office de transport. Au début je ne compris pas, mais lorsqu’elle accepta, je fus choqué par le fait qu’elle se transforma en un monstre gigantesque – qui me fit comprendre le surnom de Godzilla — sur lequel grimpa toute la bande en riant et en hurlant des « Yihaaa ~ ». Kôsei se retourna pour les suivre.

– Attends Kôsei ! L’interrompis-je. Où vas-tu aller après ça ? Ne devrions-nous pas rester ensemble ?

– Je vais ramener ces gens au bar et continuer les recherches avec cette bande. Reprit-il. A force de sauver les autres, peut-être trouverai-je un moyen de mettre la main sur Zetsubô. C’est toujours mieux que de tourner en rond en espérant que le hasard résolve les choses.

– Fais de ton mieux pour garder ta santé mentale alors ~ Le charia la blonde. Avec ces gars-là ça doit être difficile ~

– Je te supporte chaque jour dans le groupe, c’est suffisant pour me forger des nerfs d’acier. Sourit le violoniste avant de rejoindre son groupe sur le monstre qu’était devenu le clone de Jessica.

Et ainsi, Kôsei repartit d’où il venait, en compagnie des nouveaux alliés qu’il avait obtenu ces derniers jours, et avec les civils qu’il avait sauvé au passage. J’eus une pensée pour Chitose, la petite, qui allait pouvoir se mettre à l’abri et ainsi échapper à ce carnage, malgré que cela me rendait un peu triste de la savoir partie. Je me surpris à verser quelques larmes face à son départ, mais je n’eus pas le temps de les essuyer que l’on vint m’interrompre.

– Pourquoi tu pleures Onii-chan ? Me demanda une voix aigüe provenant de derrière.

Je lâchai un « Eh ? » qui fut suffisant pour montrer que je ne m’attendais pas à entendre cette voix. Lorsque je me retournai, je me rendis compte que la petite était toujours derrière et qu’elle n’avait pas suivi le groupe qui était parti se mettre à l’abri. Elle s’était cachée derrière moi pendant l’échange que nous avions eu avec Kôsei et le Quindecim et s’était faite discrète pour pas que l’on ne la remarque. Surpris, je lui demandai des comptes.

– HUUUUH !!? Mais pourquoi es-tu restée ici !? Hurlai-je. Te rends-tu compte du danger auquel tu t’exposes Chitose !?

– Je ne fais confiance qu’à Onii-chan. Bouda la petite en gonflant les joues. Si c’est pour rester toute seule en sécurité, je préfère encore mourir avec toi.

La petite me dévisagea en fronçant les sourcils, comme si je l’avais offensée en la rappelant à l’ordre. Malgré le risque qu’elle prenait, cela me faisait plaisir de la savoir avec nous. Je m’étais attaché à cette gamine qui n’avait plus rien, et je voulais la savoir vivante, la protéger moi-même et la préserver jusqu’à la fin du conflit contre Zetsubô. Ainsi je pris la résolution de ne pas la lâcher d’une semelle tant que tous les soucis ne seraient pas réglés.

– Tu es restée ici, donc tu as intérêt à ne pas me lâcher d’accord ? Repris-je du même ton que mon grand-frère me parlait à l’époque. Au moindre danger tu te mets derrière-moi, et si le danger est trop gros, tu te caches n’importe où, d’accord ?

La petite acquiesça, me tirant un sourire au passage. Jessica regardait la scène, qui, de par l’innocence de la petite, la fit sourire malgré la rudesse de la blonde. Au final, nous reprîmes tous les trois la route tandis que Chitose se confirma comme le troisième membre de notre groupe plutôt que comme une petite fille que l’on traînait de combats en combats.

Le soir arriva. Cela ne se voyait pas dans le ciel, mais cela se ressentait sur nos corps. Jessica était moins active, et personnellement je sentais mes muscles moins forts. Nous nous retranchâmes ainsi dans une ruelle afin de nous y reposer. Cependant, un dilemme nous fit face, un dilemme qui allait peut-être être décisif en ces temps de crise.

– Ecoute sale gland, reprit la blonde, je dors la première, je suis overépuisée et je pourrai pas tenir.

– J’allais dire la même chose…Soupirai-je. Je ne sais pas si je pourrai veiller pendant que tu dors, et toi non plus…Et on ne peut pas se permettre de dormir en même temps et de nous faire attaquer pendant notre sommeil…Akulia ne peut pas veiller sur nous ?

– T’as cru je pouvais mobiliser mon énergie pendant mon sommeil toi ? T’es débile ? Tu vas porter tes couilles et tenir le coup pour que je te veille après et puis c’est t –

– Moi je peux rester réveillée. Affirma la petite en coupant Jessica qui la fusilla du regard. Vous dormez tous les deux, et s’il y a un problème je réveille Onii-chan pour qu’il se batte.

– Non, tu ne peux pas rester réveillée seule toute la nuit Chitose. Repris-je concerné par l’état de la petite. C’est bien trop dangereux et tu dois dormir tu es une enfant.

– Je ne suis pas fatiguée puisque tu m’as portée la plupart du temps et que je peux dormir sur toi quand tu me portes. Je peux veiller pour vous fais-moi confiance !

Je fixai le regard de la petite afin d’essayer de la déstabiliser, mais tout ce que je trouvai dans ce regard fut de la détermination et la volonté de nous aider. C’était un pari extrêmement risqué que de confier nos trois vies à une enfant…Mais je sentais que refuser maintenant était impossible.

– Très bien, soupirai-je en admettant ma défaite, tu peux nous veiller pendant qu’on dort. Si tu veux me réveiller en vitesse, tire-moi les cheveux ou pince moi, ça ira plus vite.

Le visage de la petite s’illumina lorsque je lui donnai le feu vert tandis que Jessica, elle, était déjà partie se coucher, indifférente au fait que ce soit moi ou la petite qui la veille. Je demandai à Chitose une fois de plus si ça allait aller pour elle, si elle n’allait pas avoir peur, et elle m’assura que tout allait bien se passer. Je me couchai donc au sol et m’endormis quelques minutes plus tard, sous le regard bienveillant de la petite fille qui prenait sa tâche très à cœur.



Lorsque j’ouvris les yeux de nouveau, ce fut par la douleur infligée par la petite. A moitié dans les vapes, je tentai de vite me ressaisir tandis que la gamine me secouait de partout en criant que je devais me réveiller, et ce fut le « FERME TA GUEULE LA MOME !! » que Jessica hurla dans son sommeil qui me tira du mien pour de bon. Je me mis en alerte, cherchant du regard d’où venait la menace. Chitose, qui secouait Jessica, tentait de m’expliquer ce qu’il se passait exactement, mais elle était trop confuse et je ne compris pas vraiment où elle voulait en venir. Cependant, alors que la petite tentait en vain de réveiller ma copine la blonde, la menace à laquelle elle faisait allusion arriva alors de nulle part, me laissant voir de quoi il s’agissait exactement. C’était un homme blond qui dans ses yeux avaient en eux la marque de Zetsubô : une couleur rouge vive malsaine qui semblait elle-même animée par la haine. Pourtant, dans son regard, je ne pouvais même pas discerner sa raison. Ses yeux étaient dépossédés de vie, comme s’il n’était qu’une simple marionnette au service du désespoir. Mais alors que j’allais me mettre en garde, un autre homme qui lui, était un brun, arriva quelques secondes après son camarade, et lui aussi semblait manipulé. Jessica qui s’était réveillée eut un frisson intense lui parcourant le corps en regardant l’identité des deux personnes qui nous faisaient face. Abasourdie, l’effrontée bégaya :

– Non…Tout mais pas eux…Pas ces types…

– Que se passe-t-il Jessica ? Lui demandai-je, interpellé. Tu connais ces types !?

– Reisuke…Ces types sont Adrien et Grégory…Les types qui m’ont violée à Arcadia il y a quatorze ans…

Mon sang ne fit qu’un tour lorsque Jessica m’annonça l’identité de ces deux hommes qui semblaient avoir la trentaine. Tous les deux étaient habillés de l’uniforme qui ressemblait à celui d’Arcadia, comme s’ils ne l’avaient jamais enlevé. Pourtant, le dit uniforme était en lambeaux. Sans vraiment réfléchir à la question, je sentis que la rage en moi devenait de plus en plus puissante face aux deux individus qui nous regardaient sans émotion aucune. Je confiai la petite à Jessica qui ne comprit pas tout de suite où je voulais en venir, et, sans vraiment lui laisser le temps de réagir, je me jetai sur les deux hommes qui n’eurent même pas le temps de me voir venir non plus. Utilisant l’énergie du désespoir qui était instantanément venue à moi cette fois, je tentai d’asséner un coup de poing à l’un des deux hommes, mais alors que j’allais le toucher, il disparut instantanément sans que je ne puisse l’atteindre. Je voulus affronter l’autre, mais il disparut aussi. Je fus choqué, tout comme Jessica le fut de son côté, seulement je n’eus pas vraiment de temps pour réagir que le blond surgit de nulle part.

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J’eus à peine le temps d’esquiver que l’autre surgit également et utilisa un pouvoir qui m’était familier afin de propulser une onde qui me fit perdre l’équilibre. Ces pouvoirs étaient des pouvoirs psychiques cela ne faisait aucun doute, mais aussi et surtout, l’énergie du désespoir était mêlée à leurs pouvoirs psychiques. Je compris alors soudainement pourquoi leur regard était vide, ils étaient sous la totale emprise de Zetsubô.

– Recule, Jessica. Dis-je sérieusement. Recule avec la petite, je vais me charger d’eux.

Sans lui laisser le temps de rétorquer sa merde, je me lançai de nouveau dans la bataille contre les deux hommes dont l’expression était figée dans l’indifférence et dont les lèvres n’articulaient pas un mot. Ils avaient été privés de leur discernement à un moment et n’étaient plus que des marionnettes, cela se voyait rien que de par leurs mouvements. Lorsque je combattais l’un deux, il esquivait toujours de la même façon, ce qui me permettait de prendre l’autre à revers. Concentrant en moi cette énergie liée au désespoir, je fis de nouveau de moi un guerrier fait d’émotions négatives et me ruai sur le brun à qui je donnai des coups de pieds et de poings en rafales tandis qu’il essayait de parer mes attaques. Il bloquait tous mes coups assez rapidement, et lorsqu’il s’en prenait un, il n’esquissait pas la moindre grimace, ou le moindre gémissement qui aurait pu m’indiquer qu’il avait mal. Il fonctionnait totalement à l’instinct et encaissait admirablement mes coups tandis que son acolyte profita de son côté du fait que j’étais occupé pour charger une frappe psychique assez puissante qu’il écrasa sur moi alors que mon attention était prise. L’impact de l’onde psychique fut dévastateur et me tira un hurlement de douleur tandis que je m’écrasai au sol.

Je n’eus pas le temps de réfléchir au sol que les deux partenaires plongèrent dans l’écran de fumée pour se ruer sur moi alors que j’étais encore à terre. Je me retournai sur moi-même au sol, me dégageant de la cible initiale tandis que les deux s’écrasèrent au sol. Me relevant, je pus apercevoir dans cet écran de fumée l’ombre de mes deux adversaires qui, le poing contre le sol, me regardaient de leurs grands yeux rouges. Agacé, je décidai de moi aussi passer à la vitesse supérieure.

Et ce fut quelques secondes plus tard que mon monstre de duel, Ananta le dragon maléfique, vint se joindre à mes côtés. Le monstre aux six têtes s’éleva majestueusement des ruines dont je l’avais invoqué en poussant un hurlement au cri rauque et cassé qui fit peur à Chitose qui n’avait pas l’habitude de voir ce genre de monstres. Comme il en était d’habitude, mes cheveux poussèrent et virèrent au noir tandis que mes yeux devinrent rouges. L’énergie ténébreuse en moi atteignit son maximum et je le sentis lorsque je me déplaçai puisque j’allais désormais aussi vite que ma sœur lorsqu’elle se battait contre Noda. Ainsi, je pus me ruer sur le blond tandis qu’Ananta affrontait le brun. Nous étions désormais en deux contre deux. Toujours aussi rapide je donnai des tas de coups de poings à mon adversaire qui ne sourcillait toujours pas face au fait qu’il était acculé par la vitesse de mes mouvements. Je me déplaçai rapidement pour le prendre à revers, et cette fois il ne put rien voir arriver, se prenant une décharge de mon énergie négative générée par mes poings qui le propulsa contre une barraque qui s’effondra sur lui avant même qu’il ne puisse se relever.

J’enchaînai avec l’autre qui combattait toujours Ananta, qui, de ses six têtes, était tout aussi qualifié que moi pour combattre l’homme. Bondissant par-dessus le reptile, je générai en vitesse une épée de désespoir qui se matérialisa dans mes mains, et j’écrasai cette épée contre l’homme qui, comme son acolyte, fut violemment projeté au sol dans un cratère ayant la forme de son corps. J’eus un temps d’arrêt, observant les deux endroits où s’étaient écrasés les hommes. Je fus surpris par une brise agréable qui caressait mon visage et faisait flotter ces longs cheveux noirs qui m’appartenaient, et pour être honnête, cela me donnait un sentiment de puissance. Cependant, au bout de quelques secondes d’attente, les deux hommes revinrent en course, sans réelle surprise. L’un utilisa son pouvoir psychique pour détruire les décombres sous lesquels il se trouvait tandis que l’autre agrandit d’avantage le cratère dans lequel il se trouvait avant d’en sortir.

Cette fois, ils ne se ruèrent pas directement sur moi. Ils chargèrent tous les deux leur énergie psychique au travers de leurs corps. Je pouvais le voir à cette lueur verdâtre qui les entourait et qui devenait de plus en plus vive et puissante. Pour toute réponse, moi aussi je chargeai de plus en plus mon énergie provenant du désespoir qui m’entoura dans un torrent d’obscurité qui voilait même presque tout mon visage tant l’énergie en question était abondante. Ils chargèrent cependant plus vite que moi et se propulsèrent vers moi à une vitesse folle grâce à leurs pouvoirs. Je ne m’attendais pas à ce que l’énergie psychique soit beaucoup plus rapide à charger que la mienne, si bien que je n’avais aucune option pour interrompre mes préparations à moi et éviter de prendre les coups. Aussi, je fermai les yeux par réflexe, me préparant à subir l’impact des deux hommes, mais à ma grande surprise, quelque chose intervint entre eux et moi. Une barrière jaune translucide se mit en travers de mes deux assaillants, et disparut quelques secondes plus tard, mais ce fut suffisant pour que l’énergie que j’eus chargée repousse les deux hommes. Je jetai un regard vers Jessica, pensant que c’était elle qui était à l’origine de cette aide, mais ce n’était pas le cas. C’était Chitose qui, haletant, brillait d’un éclat jaunâtre tandis qu’à ses pieds se trouvait une shungite brisée en deux.

Boosté par le soutien de la petite, je me lançai de nouveau dans la bataille contre les deux hommes qui unirent leurs forces de nouveau dans un assaut frontal que je ne pus éviter. En effet, ils eurent créé en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire une boule de feu gigantesque qui s’abattit sur moi en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire. Jessica, qui n’avait pas pu me protéger de la dernière attaque, voulut venir me rejoindre dans la bataille, mais je lui hurlai que c’était à moi de le faire avant de repartir au combat sous son regard irrité. Les deux hommes étaient effrayants, malgré les échanges de coups que nous avions eu, ils n’esquissaient pas la moindre grimace, pas la moindre égratignure, comme si leur lavage de cerveau leur enlevait même le sens de la douleur.

Ainsi, je changeai de tactique. Au lieu de les affronter directement, je tentai de gagner du temps en disparaissant et les prenant à revers afin de les immobiliser. Utilisant l’énergie du désespoir qui coulait encore en mes veines, je pus éviter les attaques de flammes d’énergie des deux adversaires afin de passer derrière eux et les immobiliser grâce à des chaînes que je matérialisai avec mon désespoir. Les deux hommes immobilisés, je pus m’arrêter et faire le point sur la situation.

Aucune de mes attaques n’avait d’effet sur les individus, ils étaient frappés, mais leur endurance était bien supérieure à la mienne. Si je continuais à ne vouloir utiliser que la force brute pour les vaincre, j’allais m’épuiser avant eux et perdre contre des simples sous-fifres de Zetsubô, sans même pouvoir faire quoi que ce soit pour changer le sort de ce monde et de mes proches. Ainsi, je devais trouver le point faible de ces individus pour pouvoir faire en sorte de les neutraliser, et ainsi, de venger Jessica au passage.

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Mais alors que je réfléchissais à la situation, je sentis quelque chose d’étrange s’approcher de nous. Je n’eus pas le temps de savoir de quoi il s’agissait que la chose vint s’écraser dans une lumière verte semblant comme une météorite sur la scène de l’espace de bataille. J’étais sur mes gardes face à cette chose tandis que Jessica, elle, semblait savoir de quoi il s’agissait. Elle grognait face à cette nouvelle menace qui arrivait. Cependant, alors que je pensais que cette chose allait se jeter sur moi, ce fut un jeune garçon semblant d’une quinzaine d’années qui sortit de la lumière générée par l’impact. Il était un garçon au teint similaire au mien, ni mat, ni clair, et aux yeux aussi verts que les miens. Il possédait des cheveux blonds coiffés un peu comme les miens si ce n’est qu’ils étaient un peu plus longs et lui tombaient un peu plus sur le visage. Quant à son habillement, il portait une longue cape noire lui couvrant tout le corps tandis qu’on ne pouvait voir qu’une épée accrochée à son dos en signe distinctif sur lui. Sur son visage était inscrite une expression narquoise soulignée par un rictus prononcé à mon égard. Lorsqu’il prit la parole, il me laissa distinguer une voix en cours de mue soulignée par une arrogance familière.

– Eh Yamada, entama-t-il moqueur. T’as vraiment besoin de te torturer l’esprit pour vaincre deux mecs de cette trempe ? ~

– On…On se connaît ? Bégayai-je devant tant de familiarité à mon égard. Qui es-tu ?

– Moi ? Sourit le garçon. Je suis l’incarnation de la trahison de ta meuf ~ Je suis ta bête noire, ton cheval de Troie, l’existence même qui va te rappeler que ta meuf est une garce ~

– HUH !!? Beuglai-je. Qu’est-ce que tu racontes !? Je pige pas.

– Arrête ça, Kentaro. Lui ordonna sèchement Jessica. Au cas où t’aurais pas pigé sale gland, on est en pleine guerre. Donc soit tu te bouges, soit je te fais bouger.

– Rhalalala ~ Sourit le dénommé Kentaro en haussant les épaules. Tu n’as jamais été tendre avec moi…N’est-ce pas…Maman ?

– Ma…Maman… !? Beuglai-je. Qu’est-ce que… —

– Comme l’a dit la blonde, reprit celui qui se désignait comme le fils de Jessica, on a plus urgent à faire ~ J’vais te dire pourquoi tu ne peux pas toucher ces deux gugus ~ C’est ma tante qui les a envoyés dans ce monde il y a des années maintenant, et selon le vieux, quand tu passes trop de temps emprisonné dans le monde du désespoir, tu finis par ne plus rien ressentir, même la douleur. Donc si tu veux les battre Yamada, va falloir que tu fasses comme je le dis ~

– …Dis-moi ton plan. Rétorquai-je en mettant de côté mon incompréhension.

– Utilise tes chaînes pour leur enlever le désespoir et en absorber l’énergie. Ca va piquer mais je suppose que t’as envie de sauver ta gonzesse et miss queue de cheval ? ~ Après que c’est fait je me chargerai du reste ~

Je m’arrêtai quelques secondes face à la proposition du jeune garçon, lançant un regard à Jessica qui, malgré le fait qu’elle était agacée, ne semblait pas inquiète à propos d’une éventuelle menace. Je me mis donc en position, mettant toute mon énergie pour récupérer en moi cette force du désespoir qui avait été introduite en ces individus. Comme venait de me le dire ce Kentaro, cela me faisait mal, horriblement mal, d’extraire de force une énergie mêlée aux pouvoirs psychiques de ces deux individus, mais si c’était la seule manière de les vaincre, alors j’y consentais de bonne grâce.

Pendant quelques minutes j’hurlai le martyr tandis que Chitose se retrancha derrière Jessica en m’entendant souffrir. Kentaro, lui, me regardait en affichant un sourire carnassier, de plus en plus intéressé par la tournure que prenaient les évènements. Lorsque l’énergie fut totalement absorbée, je fus surpris moi-même par le fait que j’étais capable de le faire, mais, le corps encore endolori, je ne pouvais bouger d’avantage. Je restais debout tandis que je sentais mon sang brûler comme jamais avant, comme si j’allais me consumer de l’intérieur. Je grimaçai tandis que je ne savais pas comment contenir toute cette énergie négative tandis que Kentaro lui, reprit la parole, plus compréhensif cette fois.

– T’en fais pas l’oncle, une fois que t’auras emmagasiné ça, tu seras au poil pour la suite. Maintenant regarde et sors tes mouchoirs, et ça ne sera pas pour pleurer ~

Kentaro se retourna vers les deux individus dont les chaînes se brisèrent. Grégory et Adrien, dépossédés de l’énergie du désespoir, semblaient avoir repris leurs esprits. Bégayant le blond s’adressa au jeune garçon à la cape.

– Où….où sommes-nous ? Que nous est-il arrivés ? Greg ? Qu’est-ce que tu fais là…Et pourquoi t’as vieilli d’un coup… ?

– J’suis content que vous ayez repris vos esprits les mecs ~ Entama notre allié. Je suis venu pour vous montrer quelque chose de magnifique et d’horrible à la fois ~ Quelque chose que vous regretterez pour le restant de vos jours.

– Huh !? S’exclama le brun. Qu’est-ce qu’il nous raconte le gosse !?

L’aura autour de Kentaro s’assombrit d’un seul coup, sans que je ne puisse le voir arriver. Lui aussi…Possédait une aura de désespoir similaire à la mienne, mais contrairement à moi, elle vacillait entre le noir ébène et le blanc neige. C’était quelque chose d’assez…Etrange quand on y pensait. Il reprit la parole face aux deux acolytes, cette fois avec toute l’animosité et la vulgarité que l’on pourrait imaginer dans ses mots et son intonation.

– Oi, les deux fils de pute. Ca fait des mois, non, des années, que j’attends le jour de vous faire payer ce que vous avez fait à ma daronne. Je vais vous faire voir un espoir si pur et alléchant que vous maudirez votre propre existence pour ne pas pouvoir vous en approcher, et ce, pour l’éternité ~

Sans leur laisser le temps de répondre, le blond se lança dans un combat contre les deux individus qui par réflexe usèrent leurs pouvoirs psychiques pour se dégager de son attaque. Dépossédés de l’énergie du désespoir, ils étaient moins forts, mais plus réactifs face aux attaques qu’ils esquivaient avec facilité. Tandis que j’étais immobilisé, je me demandais si Kentaro était vraiment aussi fort que son assurance ne le laissait paraître, puisque à part foncer sur les deux adversaires et esquiver leurs attaques psychiques à répétition, il ne faisait pas grand-chose. Pourtant, sur son visage n’était pas marqué de la frustration, ni de l’agacement, au contraire, un sourire impénétrable y était affiché. Et je compris pourquoi lorsque je vis ce qu’il venait de faire.

Lorsque je levai les yeux au ciel, je vis qu’en se déplaçant, Kentaro avait dessiné un motif de dragon géant dans le ciel lui-même avec des points blancs lumineux qui ressemblaient à des étoiles. Il semblait comme avoir dessiné le ciel lui-même. Son motif, qui était apparemment entièrement dessiné, s’illumina et généra une source importante de lumière qui semblait être à deux doigts d’éclater.

– L’espoir le plus pur peut générer le plus sombre des désespoirs. Profitez bien de ces quelques secondes de bonheur que vous regretterez pour l’éternité depuis les abysses de votre âme ! Le pouvoir du gardien de la porte des étoiles !!! Urano Metria !!!

Les 88 points qu’il avait placé dans les cieux générèrent chacun une lumière qui s’abattit comme un torrent directement sur les deux jeunes hommes qui tentèrent au mieux d’en éviter les impacts, mais qui furent rapidement touchés par cette attaque dévastatrice. On put entendre leurs deux hurlements pendant quelques secondes avant qu’ils ne se fassent englober dans cette lumière destructrice. Lorsque cette lumière se dissipa, il ne restait plus que des cendres de ces hommes.

– Je ne prierai même pas pour le repos de votre âme, bande de fils de putes. Grogna le blond en crachant sur le tas de cendres. Ah sinon, comment tu vas l’oncle ? T’as réussi à encaisser la puissance ?

– Je crois bien…Répondis-je en déduisant que c’était moi qu’il appelait l’oncle. Mais pourquoi tu m’appelles l’oncle, et qui es-tu enfin !?

– Pour faire simple….Mon père a baisé ta meuf ! Cria le jeune homme en se retenant d’éclater de rire. Non vas-y je vais être cool déjà que ça va être galère pour toi de digérer ça. Je m’appelle Kentaro, Yamada Kentaro. Je suis le fils de Jessica Leocaser et de ton frère, Hiroki Yamada. J’suis ton neveu en gros ~

– HUUUUH !!!! Beuglai-je face à la révélation. D’où mon frère à un môme et je ne le connais pas et en plus je ne suis même pas parrain !!? Quand je le trouverai je lui en collerai une !!

Ma réponse sembla choquer Jessica et son fils qui restèrent consternés face à ma réponse. Le blond, qui sembla d’un coup mal à l’aise, reprit la parole en passant sa main derrière sa tête, se grattant les cheveux par gêne.

– Dis, t’as compris que ta meuf et ton frère ont couché ensemble non ? J’veux dire, les gosses ça vient pas des choux ni de babycorp.

– J’sais bien ce qu’ils ont fait je ne suis pas débile non plus. Rétorquai-je. Mais quand Jessica et moi nous sommes vraiment mis ensemble, j’ai décidé d’accepter tout son passé, et si une relation avec mon frère en fait partie, alors j’accepterai aussi.

– Reisuke…Soupira la blonde qui était derrière-moi.

– Qui plus est, repris-je, ce n’est pas de n’importe quoi qu’il s’agit. Même si j’en voulais à Jessica et Hiroki, ton existence même signifie beaucoup pour moi Kentaro. Tu te rends compte ? T’es de la nouvelle génération de la famille, t’es mon neveu. Je ne pourrais jamais renier quelqu’un de ma famille même s’il y avait une trahison quelconque. Donc Kentaro, ravi de faire ta connaissance.

Je tendis la main à mon neveu avec le sourire, satisfait au plus profond de moi de connaître la première descendance de notre lignée même si Jessica m’avait caché des choses à ce propos. J’étais d’avantage en colère qu’elle ne me l’ait pas dit plus tôt et qu’elle avait caché l’existence de quelqu’un que j’aurais pu connaître avant plutôt que de cette prétendue trahison. Le jeune garçon à qui j’eus proposé cette poignée de main ne la saisit pas. A la place, il se jeta dans mes bras pour m’étreindre, ce qui me fit découvrir une facette plus douce que ne l’était Jessica, ça devait sûrement tenir d’Hiroki, ça me faisait sourire.

– J’étais préparé à ce que tu me détestes et que tu me maudisses, et tu m’acceptes en trente secondes. Soupira mon neveu. T’es vraiment qu’un sale imbécile en vrai, ta meuf se fait baiser et tu le prends avec le sourire.

Ayant l’habitude de ce trait de caractère de la blonde, je souris face aux mots de son fils qui lui ressemblait vraiment avec le recul. Chitose, qui était contente que tout s’était bien terminée, vint enfin se joindre à notre étreinte. Je la félicitai pour m’avoir aidé durant le combat, ce qui la satisfait. Kentaro me demanda si elle était ma fille, puisqu’après tout il ne la connaissait pas, mais avant que je ne rétorque, la petite indiqua que j’étais son grand-frère, ce qui surprit le jeune garçon. Regardant les deux enfants faire connaissance, une détermination supplémentaire s’ajouta à celle que j’avais déjà, puisque nous n’étions plus uniquement trois Yamadas à protéger, mais quatre dans le viseur de la fondation du futur et de Zetsubô.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [16/04/2017] à 18:58

Chapitre 38 : La prière d'Athéna (Soichiro, Jour + 19)

La nuit sombre et cruelle n’était pas quelque chose d’inhabituel pour nous qui avions l’habitude de connaître des ténèbres impénétrables et opaques. Les préoccupations et les inquiétudes qui avaient poussé à l’intérieur de notre cœur s’étaient taries pour ne laisser que la détermination prospérer. Etait-ce au nom de l’amour, de l’espoir, d’un autre sentiment ? A vrai dire, je n’en étais moi-même pas convaincu. Il n’y avait pas plus de raisons pour Zetsubô de semer le chaos qu’il n’y en avait pour nous de refuser cette atmosphère faite de déception et de désespoir en overdose, c’était simplement le fruit du destin qui nous mettait tous à l’épreuve en ces heures sombres de notre existence. Avançant au travers de ces multiples chocs et explosions, moi et ma partenaire Sirie nous étions tous les deux convaincus par le fait que notre sort avait déjà été tracé à l’avance. Devions nous vivre ou y laisser la vie ? Nous savions pertinemment que la réponse n’était pas la nôtre, mais celle de cette force supérieure qui avait jusqu’alors régi nos vies et qui allait décider de notre droit à la vie ou à la mort. C’était cette confiance absolue en l’altruisme de notre créateur à tous qui me faisait me tenir debout et ne pas céder face à tout ce que nous avions vus ces derniers jours.

Ainsi, même si nous affrontions des épreuves plutôt difficiles, moi et ma partenaire qui avions déjà une épée aussi lourde que notre vécu plantée dans notre dos, nous savions que si nous devions nous en sortir, nous allions réussir. Alors nous pouvions bien regarder les choses les plus difficiles à croiser du regard, ou entendre les vérités les plus difficiles à exprimer, et même encore vaincre les ennemis les plus redoutables sans nous préoccuper des risques que nous allions prendre.

L’explosion soudaine retentissant à quelques mètres ne me choqua donc même pas. Quelques secondes après avoir exprimé son dernier cri de souffrance, le monstre vint s’écraser au sol devant mon regard impassible et inexpressif tandis que je le vis se décomposer dans de fines particules de ténèbres qui s’évaporèrent rapidement dans l’air alentour. S’en suivit le retour de ma partenaire, qui, toute aussi impassible que moi, s’adressa à moi comme elle en avait l’habitude.

– Troisième boss éliminé, Soichiro. Plus que six monstres et nous aurons purgé la ville de toutes les menaces conséquentes.

– Tu ne me donneras donc jamais l’occasion de lever le petit doigt avant de t’en prendre à ces monstres seule ? Râlai-je. Nous sommes censés être une équipe je te rappelle.

– Les vieilles habitudes du temps où j’étais votre servante, jeune maître. Se contenta-t-elle de répondre avec assurance. Plus important, où en est ton raisonnement concernant le syndrome du désespoir ?

– Si nous reprenons les éléments que nous avons accumulé ces derniers temps, nous pouvons établir une manière hypothétique de fonctionnement concernant les troubles liés au désespoir. On pourrait dire qu’un évènement lambda dans la vie d’un individu installe une graine que l’on pourrait appeler « Yake » dans l’esprit de l’individu. « Yake », une fois installé, se nourrirait des sentiments négatifs éprouvés par l’individu et cela ferait augmenter la taille de cette graine qui mobiliserait alors de plus en plus les émotions de l’être en question. Zetsubô serait alors capable de contrôler le « Yake » présent dans l’esprit d’un individu afin de le manipuler à sa guise.

– Ce qui expliquerait le pourquoi toute personne qui désespère dans cette guerre se fait absorber par son propre désespoir comme nous l’avons vu avec cette femme. Renchérit ma partenaire. Cependant, une chose me taraude : comment les personnes portant ce « Yake » avant le retour de Zetsubô ont pu se faire manipuler pour devenir une escouade visant son retour ?

– C’est notre principal bémol en effet. Repris-je en me grattant le menton pour réfléchir. Je pense qu’une fois que nous aurons mis le point sur ce détail nous pourrons tout connecter entre Zetsubô, son escouade, la fondation du futur et que nous aurons la réponse même à ce conflit. Il ne nous reste plus qu’à progresser jusqu’à ce moment.

Sirie se contenta de me sourire en guise de réponse. Nous avançâmes silencieusement elle et moi avec nos interrogations en tête. En tant qu’homme de science, non, en tant qu’être humain, je voulais trouver la réponse à mes questions, à ce « pourquoi » qui revenait sans cesse tirailler mon esprit et me rendre esclave de son existence même. Je voulais faire taire cette question et peut-être même mettre la réponse au profit de notre ville, du monde même. Au fond, je n’avais pas vraiment changé depuis que j’étais devenu l’un des scientifiques travaillant sur le projet Ener-D. J’avais encore ces ambitions de faire de ce monde quelque chose de meilleur, même si j’avais échoué à maintes reprises par le passé.

https://www.youtube.com/watch?v=oTVd77JiuRA

Tous les deux plongés dans nos réflexions, nous arrivâmes à la plage sans même nous en rendre compte. J’étais quelque peu satisfait de trouver un endroit qui changeait des ruines que nous avions l’habitude de voir depuis le début de cette crise, mais mon rayon d’espoir s’évapora vite lorsque je vis le sinistre décor dans lequel je me trouvais désormais. Je revoyais déjà la côte populaire et touristique qui était l’endroit prisé des touristes et sur laquelle l’on aimait tous créer nos souvenirs familiaux que l’on prévoyait de raconter à nos petits enfants des années plus tard. Cette plage sur laquelle ne régnait que le bruit sourd du flux et du reflux qui poussait même le plus vide des esprits à faire une introspective et à se remettre en question, cette eau fraîche qu’utilisait ma fille afin de m’éclabousser et de me sortir de mes réflexions…Tout cela n’existait plus en ce jour. Certes, les vagues continuaient leurs allers et retours frénétiques sans jamais se poser la question du pourquoi elles le faisaient, mais cette plage d’ordinaire si chaude et vivifiante n’était plus qu’un piètre refuge sur lequel gisaient les corps des âmes ayant succombé à ce torrent de désespoir. Personne n’avait remarqué leur présence ici, personne n’avait prêté attention à ces quelques hommes ayant laissé leur vie en ces lieux, si ce n’était les quelques corbeaux et rapaces qui, se dressant fièrement sur leurs prises, hurlaient leur satisfaction. Même l’air si frais que j’adorais respirer parmi tous les autres n’était plus qu’un parfum de sang mélangé à celui du sel qui provoquait un profond dégout, un profond rejet, depuis mon intérieur même. A cet instant, je voulus reculer et tourner le dos afin de ne pas graver ce scénario dans mon esprit, de garder cet endroit que je chérissais pour les souvenirs que j’y avais créé en mémoire, mais il n’y avait plus de retour en arrière possible pour mon esprit. Chaque centième de seconde que je passais à regarder ces hommes gisant dans ce sombre décor imprégnait leurs visages dans les fin fonds de mon âme. Alors je n’avais plus d’autre choix que d’avancer et de découvrir ce qui allait se trouver à l’autre bout de cette étendue grisâtre qu’était devenue le sable fin de mon endroit à moi.

Sirie ma partenaire me suivit lorsque je fis le premier pas, semblant elle aussi tiraillée par ce qu’elle voyait. Elle n’avait sûrement pas le côté souvenir à gérer en plus, mais elle était bien plus sentimentale que moi lorsqu’il s’agissait de réagir face au malheur. Elle laissait paraître ses émotions plus facilement, et à vrai dire cela me donnait de la force puisqu’elle et moi, nous étions seuls au monde, alors si l’un de nous faiblissait, l’autre devait absolument trouver le courage nécessaire pour le faire avancer. Et ce fut ce que je fis en voyant ma partenaire afficher ses faiblesses. Ainsi, je lui tendis mon bras qu’elle accepta de saisir, et la blottis contre moi tandis qu’elle déviait son regard de ce triste spectacle. Son visage calé contre ma poitrine, j’avançai au travers des obstacles au sol en guidant les pas de ma partenaire, en essayant au mieux d’être une lumière aussi bienveillante pour elle qu’elle ne l’était pour moi.

– Désolée…D’être si faible devant ce genre de chose, jeune maître. Me dit-elle en gardant son regard perdu dans le vide.

– Je ne suis pas ton jeune maître, soupirai-je d’un ton dérisoire, regarde-moi donc, j’ai des rides, je commence à être gris, je ne suis plus jeune du tout à moins que tu n’aies perdu 5 de vision en passant du monde des esprits à notre monde.

– Tu resteras toujours mon jeune et beau maître à mes yeux, Soichiro. Dit-elle en étouffant ses mots dans ma chemise. Tu as conservé ton sourire au fil des années, pour moi, tu n’as jamais vieilli.

– Choisis ton moment pour ce genre de déclaration. Repris-je sans extérioriser mon ressenti. Je te rappelle qu'il y a des cadavres autour de nous.

Je sentis ma partenaire vaciller. Apparemment, elle avait oublié l’espace d’un instant dans quelle situation et surtout quel décor nous étions. Cela me tira un sourire en pensant au fait qu’elle s’adressait à moi de façon si douce dans une ambiance si macabre. Elle qui était dérangée par cette vision s’en sentait tellement éloignée en s’accrochant à moi qu’elle en avait oublié le contexte. Mais moi, je m’enfonçais de plus en plus dans les ténèbres de cette étendue de sable gris sur laquelle se trouvaient de plus en plus d’horreurs. Je devais totalement faire abstraction de ce qui se trouvait sur ma route si je tenais à ressortir indemne psychologiquement de ce chemin.

Mais alors que nous traversions la plage, moi et Sirie nous heurtâmes à quelque chose. Nous ne pouvions voir ce que c’était, comme si c’était une barrière invisible qui nous empêchait de continuer. Sans me laisser déconcerter, et ayant toujours la femme contre moi, j’avançai sans fléchir en butant contre la force qui tentait de me repousser, et je finis par passer au travers. Derrière cette barrière, rien n’avait vraiment changé, si ce n’était qu’il n’y avait plus de cadavres autour de nous. Habitué par ce genre de faux bons présages, je savais qu’un piège se déployait, et j’eus rapidement la confirmation.

https://www.youtube.com/watch?v=OkCzMNZ62pg

En effet, il ne fallut qu’un pas pour qu’une sombre fumée ne se déploie partout devant moi et ma partenaire qui restâmes sur nos gardes face à ce qu’il se passait. La fumée sombre s’éleva majestueusement, s’étendant de plus en plus dans l’espace alentour sous nos regards méfiants. Comme si elle avait sa propre volonté, elle prit une forme cylindre avant de s’étendre dans une forme assez libre qui semblait être une cape. Elle se dissipa quelques secondes plus tard, laissant une vraie cape cette fois s’afficher à nous, puis deux bras au teint mat, et enfin le visage ténébreux de l’homme ayant causé cette catastrophe. Les yeux encore fermés, il respirait déjà la haine, si bien que lorsqu’il nous laissa voir ses deux iris rouge sang, nous ne fûmes pas surpris. Zetsubô était face à nous. Il nous lança son regard habituel dont l’expression vacillait entre la folie et la cruauté.

– Bienvenue à vous mes visiteurs. Déclara-t-il avec une pointe d’ironie mêlée à sa voix rauque et saccadée. Je ne pensais pas que vous seriez les premiers à arriver ici. Quelle ironie.

– « Arriver ici ? » Le questionnai-je. Qu’est-ce que le « ici » ? Est-ce en lien avec cette barrière invisible qui nous sépare de cet endroit ?

– En effet. Cet endroit était autrefois le monde du désespoir tel que ma petite fille Laila l’avait bâti. Malheureusement, il n’existe plus. Les choses changent, c’est désespérant.

– Ne fais pas comme si tu étais étranger à tout ça. Rétorqua sèchement l’ex Athéna. Nous savons très bien que tout ça est ton œuvre.

– Inutile d’être si rude avec moi Athéna. Soupira l’incarnation du désespoir. Tout ce que je voulais c’était devenir votre ami et vous m’avez rejeté. Je suis la victime dans l’histoire ! N’avez-vous pas entendu mon annonce ? Je veux faire de chaque homme un homme libre qui se battra au quotidien pour ses propres intérêts. Je ne suis l’ennemi de personne.

– Se battre pour ses propres intérêts dis-tu ? Repris-je calmement. Dis plutôt que tout homme se battra pour servir tes intérêts. Travestir la réalité a du fonctionner avec tes subordonnés au quotient intellectuel limité, mais nous avons passé l’âge de croire en les belles promesses d’un despote assoiffé de sang.

– Oh ! S’exclama-t-il d’un ton dérisoire. Me voilà démasqué comme c’est dommage ! Papa Namatame est décidément bien perspicace…C’est bien triste de vivre aussi proche de la réalité sans croire en quelque chose d’illusoire. Sais-tu que les ambitions proviennent des rêves et que les rêves proviennent des fantaisies ? Tu ne progresseras jamais dans la vie sans cette pointe d’irrationnel ~ Enfin…au moins ton paternel, lui, l’a compris.

– Comment ça ? Rétorquai-je sèchement. Pourquoi faire intervenir mon père dans ce genre de situation ? Je ne l’ai jamais connu dans ma vie, il est un étranger pour moi.

Alors que j’attendais une réponse claire venant de Zetsubô, ce dernier ne me répondit pas tout de suite. Cela m’agaçait un peu qu’il agisse de la sorte puisque j’avais l’impression qu’il connaissait quelque chose que je ne savais pas au sujet de mon père, et je voulais absolument savoir quoi. Pourtant, lorsqu’il se décida enfin à me répondre, cela ne me dit rien qui vaille puisqu’il éclata de rire pendant trois bonnes minutes avant de reprendre la parole avec ironie.

– J’ai longtemps voulu te parler de tout cela, Papa Namatame, au point où je voulais te le dire en personne. Et cette situation est parfaite puisque tu es en compagnie de la principale intéressée, madame Sirie Borutenisu, ou plutôt devrais-je dire, Sirie Kisaragi, fille de Masaë Kisaragi.

– Co-comment !!? Bégaya Sirië, abasourdie par la révélation. Comment connaissez-vous ma mère !? Que savez-vous de moi !?

– Je ne la connais personnellement. Soupira le désespoir. C’est même désespérant de ne pas avoir connu cette femme. D’après ce qu’on m’a dit elle était une femme juste et honnête ayant été attaquée par le désespoir. J’aurais aimé être témoin du moment où son cœur a été rongé par les émotions négatives. Cependant, Papy Namatame, Fujii, a très bien connu Masaë. Et pour cause, Masaë Kisaragi était la mère de Soichiro Namatame !!

– Co…Comment !!? Bégayai-je à mon tour. Mais…Ma mère ne s’appelle pas Masaë mais Sophia ! Ce n’est pas possible !

– C’est un pseudonyme qu’elle a utilisé…Non je plaisante, vous pouvez respirer, Soichiro ta fille n’est pas une consanguine, et toi Sirie tu as encore espoir de te faire ton « beau et jeune maître ».

– J’ai eu peur…Soupira Sirie avant de détourner le regard en pensant à ce qu’elle venait de lâcher. J’ai eu peur pour Hakaze évidemment ! Savez-vous que la consanguinité est dangereuse pour l’enfant !?

– Du calme la presque ménopausée on sait tout ça. Seulement, j’ai une autre vérité à révéler à propos de Papy Namatame. En effet, sachez que Masaë était une détentrice d’esprits du duel. Elle était la maîtresse de Voltanis le juge qui n’était pas encore juge à cette époque. Seulement, à l’époque et surtout dans la contrée où habitait ta mère, Athéna en pré-ménopause, les détenteurs d’esprits du duel étaient chassés et tués parce qu’ils étaient considérés comme des oiseaux de mauvais augure. Des spirit hunters ont donc débarqué de nulle part et ont décidé de chasser tout ce beau petit monde ~

J’écoutais l’histoire de Zetsubô, restant dubitatif. Il raconta que parmi tous les spirit hunters, il y en avait un qui n’en avait que faire de cette organisation qui une fois que les monstres étaient capturés, les renvoyaient dans leur monde. L’homme en question s’appropriait leurs pouvoirs pour accroître le sien encore et encore, ce qui l’avait poussé à accumuler de la puissance en tuant de plus en plus de possesseurs d’esprits du duel. Et de proies en proies, cela l’avait conduit sur la route de Masaë qu’il avait fini par tuer elle aussi… Ce que Zetsubô était en train de nous raconter…C’était que mon propre père était le responsable de la mort des parents de Sirië de sa transformation en esprit du duel, ainsi que de tous les évènements qui découlaient de cet incident. J’étais abasourdi par cette révélation mais j’essayais de garder mon calme. Après tout, c’était sûrement un piège tendu par Zetsubô pour nous pousser au désespoir, et nous savions moi comme Sirië ce qu’il allait advenir de nous si nous nous y résignions. Nous n’avons aucune preuve de ce qui était une coïncidence trop grosse pour être vraie. Me tournant vers ma partenaire, je tentai de la préserver de cette annonce.

– Sirië garde ton sang-froid ! Il est impossible de savoir s’il dit vrai ou non ! Ne te laisse pas avoir par ces mensonges !

– Ne t’en fais pas Soichiro…Me répondit-elle en se mordant la lèvre…Je ne me laisserai pas avoir…

– Et pourtant c’est la vérité. Soupira l’homme. Tu crois bien au destin non, Papa Namatame ? Alors tu croiras bien que le tien était tracé ~ Ou sinon, tu peux demander à ce cher Voltanis qui te confirmera avec plaisir ces faits ~ Mais la vérité est là, Soichiro. Ton père a profité des parents de ces filles, leur a enlevé leur enfance, et c’est grâce à ça et uniquement grâce à ça que tes sentiments envers elle ont pu voir le jour et que tu as pu serrer cette fille qui est la tienne sans tes bras ~

Les mots prononcés par le désespoir me laissèrent dans un état de consternation totale. Etait-ce vraiment ce qu’il s’était passé ? En connaissant le type d’homme qu’était mon père et le fait que Zetsubô ait invoqué Voltanis en témoin, il était fort possible que cela s’avère être la vérité. Et dans ce cas…Sirië et Himiko avaient donc vraiment perdu leurs parents à cause du mien…Et toute cette souffrance que nous avions endurée, non, qu’elles avaient enduré…Tout ça était de sa faute… ?

Un frisson me parcourut le corps en pensant à ce fait. Certes, je n’étais pas responsable des actes perpétrés par mon père, mais c’était tout un monde qui s’écroulait en pensant que toute ma vie j’avais été dépendant de l’affection de personnes dont la vie avait été ruinée par la faute de mon ancêtre. Tout se bousculait en moi en repensant à ma vie, à la vie de Himiko, mais aussi et surtout à la vie d’Athéna qui avait passé le plus clair de son temps isolée dans le sanctuaire céleste tandis que j’aspirais au bonheur en pensant qu’elle y était à sa place…

Ce n’était pas bon. Peu importe combien j’essayais de ne pas me laisser me faire emporter par la culpabilité, je sentais que les émotions négatives prenaient le dessus sur la rationalité de mon esprit. Je me sentais à la fois coupable, mais aussi haineux envers mon père qui en plus d’avoir fait du mal à ma mère, tenté de s’en prendre à ma fille et moi, s’en était aussi pris aux deux personnes m’étant plus chères que n’importe quelles autres en mettant fin à la vie de leurs propres parents. Malgré ma résistance mentale habituelle, je sentais mon esprit vaciller sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, craignant une descente dans les abîmes du désespoir…

https://www.youtube.com/watch?v=sEzWdOkS1gU

– La fatalité n'est pas toujours quelque chose de mauvais. Reprit Sirië alors que j’étais coincé dans les propres pensées. Parfois, des tas de belles choses découlent d'un élément tragique. Il suffit d'avoir l'esprit assez ouvert pour savoir quelle est la bonne décision à prendre. C’est quelqu’un de cher à moi qui tenait ce discours.

– En voilà des mots bien niais. Sourit le désespoir. Ne te rends-tu pas compte que tu as été celle qui a le plus souffert dans l’histoire ? Tu as vécu dans un monde qui n’était pas le tien et dans lequel tu as fini seule une fois que ton contrat avec Papa Namatame a été transféré à sa fille, tu es ensuite restée des années dans l’ignorance à rester aux côtés de Hakaze en tant que servante, et tout ça pour quel final !? Rester aux côtés d’un homme que tu aimes et qui ne te regardera jamais en tant que femme parce qu’il est hanté par le souvenir de ta sœur !? Est-ce cette vie à laquelle tu aspires !?

– Ma vie…N’a pas toujours été heureuse c’est vrai. Quand je regarde en arrière, il y a eu pas mal de situations où l’on a vécu le malheur et le désespoir.

– Tu as gâché tellement d’années de ta vie à soutenir une cause vaine qui te condamne à l’exil et à la souffrance. Murmura l’homme dans un élan de fausse compassion. Vis donc un peu pour toi désormais, il te reste combien avant de finir dans le cercueil ? 30 Ans ? A quoi bon les gâcher pour une cause qui ne t’apportera aucune reconnaissance ?

Je ne trouvai pas les mots pour répondre à Zetsubô. Je n’étais pas en droit de contester quoique ce soit…Sirië était en effet celle qui avait le plus souffert dans l’histoire, et malgré le fait que je savais pertinemment ce qu’elle ressentait à mon égard, et que moi aussi, je partageais ses sentiments, je ne pouvais insulter la mémoire de Himiko en la remplaçant par une autre. C’était donc à Sirië de choisir entre l’espoir et le désespoir… Et ce choix, elle le fit lorsqu’elle reprit la parole tandis que moi et Zetsubô étions tous les deux en attente de sa décision.

– Zetsubô…Reprit-elle sans se laisser emporter par ses sentiments. Je pense que de nous deux, ta vie a été bien plus triste que la mienne. Je n’ai eu aucune reconnaissance dis-tu ? Il est vrai que j’aime Soichiro du plus profond de mon âme, il est vrai que j’ai manqué des tas d’années avec ma sœur à cause de ce qu’il s’est passé. Mais Katsuo, j’ai appris une chose au fil des années : « Il n’existe pas de plus belle reconnaissance que le bonheur des personnes qui te sont chères. » C’est vrai que je n’ai pas connu le bonheur personnel. Mais j’’ai regardé le jeune maître s’épanouir, j’ai regardé ma sœur grandir et devenir femme puis mère, et j’ai eu l’honneur de m’occuper de son enfant. Quoi de plus merveilleux que d’être présente durant tous les moments qui ont fait l’histoire de leur, non, de ma famille ? Je ne regrette rien, Zetsubô, je n’ai pas emprunté le chemin idéal, mais les détours que j’ai fait m’ont comblée de bonheur.

Les mots de Sirie me sortirent de cet état second dans lequel je m’enfonçais peu à peu. Je n’avais pas à me plaindre, moi qui avait souffert de mon père, puisque la personne qui avait le plus souffert dans cette histoire se tenait droite et avec le sourire, acceptant le passé qu’elle avait comme une force. Qui étais-je pour m’apitoyer sur mon sort alors que Sirie affichait encore un sourire impénétrable et regorgeant d’amour ? C’était indigne de ma part, et irrespectueux pour Himiko qui avait donné sa vie pour que l’on puisse respirer maintenant.

Zetsubô, lui, resta quelques secondes figé face aux déclarations de ma partenaire. Il pensait avoir le dessus sur elle qu’il considérait comme la plus fragile de nous deux, pourtant il m’avait bien plus atteint qu’il avait causé de dégâts à l’ex Athéna. Il reprit ses esprits quelques secondes plus tard, masquant sa frustration face à la tournure des choses.

– Eh bien eh bien….Soupira-t-il. Athéna en pré-ménopause est décidément bien plus désespérante que je ne le croyais… Je pensais pouvoir semer le trouble dans vos esprits et vous faire vous affronter l’un et l’autre, mais apparemment, j’ai sous-estimé vos liens et surtout la pureté de la ménopausée.

– Ne peux-tu pas nous affronter directement !? Rétorquai-je reboosté par les paroles de ma partenaire. Es-tu si faible que tu as besoin de nous monter les uns contre les autres ?

– Je ne peux pas t’affronter sans corps physique. Soupira de nouveau le désespoir. Je ne suis qu’une image ici, je ne me trouve pas en ces lieux, en d’autres termes, c’est un cul de sac. Vous devez me retrouver si vous comptez m’affronter physiquement…Enfin, déjà, il faudra vous occuper de tous ces pions qui croient dur comme fer en mon désespoir et qui donneraient leur vie pour lui !

– Nous pouvons affronter tous les obstacles si nous avons confiance en le destin. Reprit Sirië. Tes manigances pour nous retourner l’esprit de fonctionneront pas tant que nous serons présents l’un pour l’autre et que nous aurons la foi.

– Hahaha….Hahahahaha !!!! Que c’est drôle !! Renchérit le maître du désespoir. C’est vraiment magnifique ! Entendez-vous ça, téléspectateurs !!? Ces fous croient pouvoir affronter une guerre avec de la solidarité sentimentale hahaha !!! Eh, Papa Namatame, j’aimerais bien voir comment ta fille va gérer le prochain conflit qui se présente à elle.

– Que veux-tu dire Katsuo !?

– Un de mes agents est déjà près d’elle, et je peux te dire qu’il détruira absolument tout sur son passage. Cela serait désespérant que ta fille n’oppose pas la moindre résistance quand il se montrera, après tout, ce que j’aime le plus dans la vie c’est voir l’espoir quitter les yeux d’un homme en même temps que le souffle de vie quitte ses poumons. C’est à la fois rafraîchissant et désespérément amusant hahahaha !!!!

Je voulus me ruer sur l’homme et l’agresser physiquement mais comme il l’avait souligné, il n’avait pas de corps physique en ce monde. Il éclata de rire et disparut dans le même écran de fumée depuis lequel il était apparu, nous laissant seuls dans cet espace, Sirië et moi. Je grimaçai face à ce qu’il venait de dire. Un de ses sbires était près de ma fille, et je ne savais même pas où et avec qui elle se trouvait. J’étais dans une impasse physique et psychologique.

– Ne t’en fais pas Soichiro. Tenta de me réconforter l’ex Athéna. Je suis restée si longtemps aux côtés d’Hakaze pour savoir qu’elle est capable d’affronter toutes les menaces. Il faut lui faire confiance, après tout, elle ne sera jamais seule, toi, moi, Himiko et Voltanis, nous veillons tous sur elle.

– Tu as raison, Sirië…Je suis désolé pour tout ce que tu as subi par ma faute et celle des miens…De tout mon cœur…Je te demande pardon…Je ne serai jamais capable de racheter tout le mal qui t’a été infli –

Je n’eus pas le temps de finir que la femme aux cheveux blancs s’avança vers moi pour m’étreindre. Passant sa main dans mes cheveux, elle prit la parole avec douceur tandis que j’étais surpris par un acte si spontané venant de sa part.

– Himiko ne voudrait pas te voir t’humilier devant une femme qui autrefois était ta servante. Et moi, si je tiens à toi, c’est parce que toute ma vie je me suis raccrochée à ton sourire. Reste l’homme que tu es si tu tiens vraiment à me rendre heureuse. Depuis que j’ai posé mon regard sur toi il y a plus de trente ans, la seule chose qui n’a pas changé chez toi c’est ton sourire en lequel je peux voir le plus profond de ton âme. Ne ternis pas ce trésor, mon trésor.

Ces mots me firent sourire. Ma partenaire avait raison. Je ne devais pas me laisser aller à des sentiments négatifs alors que j’avais encore des tas de choses qui me rappelaient que je devais me lever et continuer à marcher devant moi. Hakaze, Sirie, Himiko et Voltanis, j’avais tant de choses que je chérissais et que je ne pouvais pas perdre.

– Nous devons progresser, partenaire. Repris-je Nous sommes dans une impasse, où penses-tu que nous devrions aller ensuite ?

– Grâce à Zetsubô, je pense avoir trouvé une piste concernant le syndrome portant son nom. Nous sommes à quelques rues de l’hôpital dans lequel je travaille. Si nous nous y rendons, nous pourrons pénétrer les souterrains chargés de fournitures qui pourront m’aider à trouver un remède direct au syndrome. Penses-tu que nous pouvons envisager d’y aller ?

– Quelques rues hmm…Pourquoi pas. Nous nous en sommes plutôt bien sortis jusqu’à présent, je ne vois pas pourquoi cela tournerait court. Très bien. Je te suis, partenaire. Je resterai à tes côtés jusqu’à la fin.

– Alors commence par me prêter ton épaule…Répondit-elle faiblement. Je ne peux toujours pas regarder ces corps sans avoir envie de m’écrouler….

La réponse de ma partenaire me tira un sourire. En me voyant exprimer ce sentiment banal, le visage de l’ex Athéna s’illumina à son tour pour laisser paraître un sourire tout aussi sincère que celui qu’elle décrivait. Je lui tendis la main qu’elle saisit afin de se blottir de nouveau contre ma poitrine, et ensemble nous reprîmes notre traversée de l’immonde, de cet océan de désespoir, tous les deux encore plus dévoués l’un pour l’autre. Conservant ce lien incassable, indestructible qu’était le nôtre, nous savions elle et moi que nous pourrions franchir tous les obstacles, étant donné qu’une étoile lumineuse scintille toujours dans les cieux en nous inondant de sa bénédiction constante. Tant que tous les trois nous avions la foi, alors rien n’allait pouvoir se mettre en travers de notre route. La foi en ce destin, la foi en le créateur, la foi en nos liens, cette bataille psychologique était déjà remportée tant que la manipulation du mal ne parvenait pas à réduire en pièce notre discernement. Et pour ce qui était de mon père et de son implication dans ce qui a fait en sorte qu’Athéna et Téthys furent passées par ces temps difficiles, j’allais expier ces pêchés en restant à jamais aux côtés de ce qui restait de ce pacte conclus entre nous trois. Toujours faire de mon mieux pour assurer son bonheur était la résolution que j’avais prise afin de continuer à construire un chemin concordant avec la bienveillance de tous ceux veillant sur nous et les générations à venir.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [20/04/2017] à 14:06

Chapitre 39 : La cinquième colonne (Ren, Jour + 21)

https://www.youtube.com/watch?v=iRt5omaSz4E

L’espoir est un sentiment pouvant accomplir de grandes choses, déplacer des montagnes, faire du possible avec de l’impossible et des tas d’autres choses. Ce qui caractérisait l’espoir était la notion de l’improbable qu’il prenait plaisir à défier au quotidien afin de créer des miracles. L’espoir avait le pouvoir de changer un homme et d’en faire quelqu’un de meilleur. Il pouvait provenir de plusieurs sources : une personne chère à protéger, une autre à séduire, un rêve, une nation à conquérir, une vie à sauver ou un progrès à montrer, des ambitions plus folles qui devenaient réalité au fil du temps car elles étaient toutes portées par la source d’inspiration la plus solide et la plus inébranlable : cette énergie accessible au plus grand nombre et qui, si elle était partagée par tous, pouvait devenir le premier vecteur d’une civilisation prospère et harmonieuse.

Cette conception de l’espoir était celle que l’on m’avait enseignée, celle que je devais transmettre, et celle pour laquelle je devais me battre au milieu de cette crise. Je n’étais certes, pas seule, puisque en tant que leader de la fondation du futur – provisoire certes mais en fonction — je n’avais pas moins de 14 escouades que je dirigeais comme bon me semblait pour résoudre cette crise. Chacune des branches du grand arbre qu’était la fondation était spécialisée dans un domaine ce qui nous permettait de garder un contrôle assez large sur des domaines auxquels même les services secrets de la CIA des USA ou du KGB russe seraient ridicules. Nous représentions la plus puissante, la plus imposante, et la plus omniprésente des organisations au service de la Reine d’Australie qui était notre leader véritable. Ainsi, notre mission était de préserver la paix à l’échelle australienne, mais également à l’échelle mondiale puisqu’une crise à l’envergure mondiale allait forcément affecter notre pays.

Il était donc plutôt naturel que nous finissions dans ce conflit qui se déroulait à deux heures en avion de ma terre natale, mes hommes et moi. Cependant, j’avais hérité d’un sacré fardeau récemment. Erika, ma sœur, était jusqu’il y a peu, la leader de la fondation du futur et utilisait son titre de princesse – et donc de futur reine – de l’espoir afin de faire valoir ses décisions et ses avis. Cependant, depuis qu’elle avait disparu, qui plus est pour se retrouver dans l’équipe ennemie, j’avais dû prendre position à sa place en tant que sa seconde, et malgré toute ma volonté, je n’avais pas le pouvoir de convaincre et motiver mes troupes comme le faisait Erika. Et ça, cela me frustrait, d’autant plus que nous étions à deux doigts de réussir notre mission.

En effet, nous étions sur la traque de la famille Yamada depuis des années. Ces personnes étaient descendantes de Zetsubô, celui qui avait causé un véritable cataclysme mais aussi celui causant la crise actuelle, et le sang de Zetsubô portant le désespoir pur, nous avions observé au fil du temps que tous ses descendants finissaient par sombrer dans le désespoir et occasionner des catastrophes autour d’eux à petite ou grande échelle. Nous avions longtemps cherché à raisonner les Yamadas au fil du temps, et nous avions même réussi à collaborer avec eux, mais ils avaient toujours fini par renouer avec leurs racines de désespoir et retourner à leur existence de chaos et de destruction. Et une fois de plus, cela s’avérait véridique. L’une des membres de l’équipe menée par la sœur aînée de la fratrie avait ramené Zetsubô, ce qui avait fait échouer la partie capitale de notre mission. Aujourd’hui nous devions prendre les armes en conséquence.

Mais la première priorité, c’était de retrouver mon agente, Brittany de la première branche. Elle s’était éclipsée en plein milieu de la réunion de préparatifs, et en conséquence, je devais aller la chercher. J’aurais pu la laisser se débrouiller seule, mais nous étions une organisation soudée dans laquelle chaque vie avait un sens, je ne pouvais pas laisser une alliée risquer sa vie même si elle l’avait fait dans un élan d’idiotie.

Et ce fut au bout de vingt-quatre heures que je pus la rejoindre. C’était plutôt simple de localiser tout le monde avec le soutien de la treizième branche qui faisait un travail de surveillance remarquable et qui pouvait localiser presque tout le monde dans ce chaos. Je retrouvai la femme adossée contre une barraque en ruines. Lorsqu’elle me vit, elle sursauta en pensant au sermon qu’elle allait se prendre, mais je n’étais pas là pour des conflits inutiles.

– On n’abandonne pas son poste en temps de guerre même si c’est pour combattre l’ennemi. Dis-je froidement en tendant la main à la femme. Et ne te mets pas en danger inutilement, tu fais partie intégrante de notre espoir.

– Je suis désolée, capitaine…Soupira-t-elle en se saisissant de ma main pour se relever. J’étais tellement impatiente de dance, dance que je n’ai pas pu attendre les explications ~

– Vraiment…Soupirai-je à mon tour. L’essentiel c’est qu’il ne te soit rien arrivé. Tu sais bien que je n’aime pas les morts inutiles, lieutenant.

La femme à la faux se contenta d’afficher une expression de soulagement suivie d’un léger sourire que je ne compris pas vraiment. Sans rétorquer, je me retournai, et pris le bipeur que j’avais en poche pour contacter un de mes camarades.

– Branche une, Toshiyuki Ren. Pedro, les alentours ne sont pas dangereux, envoie-moi un hélicoptère pour ramener Brittany avec moi au QG, fais vite.

– Branche douze, Toppolino Pedro. Bien reçu, je viens vous chercher de suite. Ne mettez pas hors tension votre bipeur pour que je garde vos coordonnées.

Je remis mon bipeur dans ma poche sans relever. Une fois l’ordre donné, le contenu additionnel n’était que spéculation qui nous prenait du temps trop précieux pour être gâché. Ainsi, je me retournai vers la femme appartenant à ma division et repris la parole à son intention.

– Avant que je n’oublie, la prochaine fois que tu divulgues la moindre information sur la fondation du futur, je me chargerai personnellement de faire de toi une invalide.

– Saleté de treizième branche…Grommela ma subordonnée…Toujours à danser sur ma piste personnelle…La queen leur fera payer en temps voulu ~ Faudrait que j’appelle le bleu aussi. ~

La « queen » se saisit de son bipeur afin de faire sortir le nouveau membre qu’elle prenait en charge depuis quelques temps. Il arriva quelques minutes après avoir reçu le signal. Ce roux timide n’avait pas beaucoup de présence, mais selon ma subordonnée il semblait avoir une motivation le poussant à se battre à nos côtés. Lorsqu’il arriva, Brittany le chariat avec le sourire.

– Dis donc mon Masuda, tu as le groove dans la peau ~ Tu t’es bien battu l’autre jour ~

– Ce…Ce n’est rien…Rougit-il. Je n’ai rien fait de spécial. Tu as fait le plus gros du travail contre Hakaze Namatame et Hiroki Yamada. J’ai encore beaucoup à apprendre.

– Ne te rabaisse pas. Le repris-je. C’est grâce aux échantillons que tu nous as ramené que nous savons comment fonctionne la shungite et que nous avons pu en créer pour nos troupes. Ton travail a été remarquable.

https://www.youtube.com/watch?v=lGpHgFK4Ljg

Le roux sourit discrètement. Je n’étais pas vraiment convaincue par cette attitude à laquelle nous allions devoir remédier, mais il semblait vouloir nous aider donc nous ne pouvions refuser quelqu’un dans cette optique. Je voulus lui demander directement sa motivation, le pourquoi il voulait se battre, mais Pedro arriva à bord de son hélicoptère à ce moment précis, ce qui me retarda mon interrogation. Nous montâmes tous à bord de l’hélicoptère qui se remplit en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, avant de mettre le cap au nord de la ville, là où se trouvait une base souterraine dans laquelle nous nous étions tous infiltrés. Dans les airs, je posai enfin ma question.

– Pourquoi as-tu décidé de nous rejoindre si soudainement, Masuda ? Quelle est ta motivation ?

– Il y a quelqu’un que je veux ramener à la raison…Répondit-il timidement. Il s’est fait avoir par le désespoir, donc si je détruis ce désespoir, je le verrai sûrement sourire de nouveau…

– Je comprends ce que ça fait ~ chantonna joyeusement Brittany. Nous cherchons tous à atteindre le cœur d’un autre, par les actes ou la chanson ~ I’m singing with my heart ~

– Oui mais ce n’est pas gagné pour que Kôsei revienne à lui…Soupira le jeune homme.

Ce qu’il dit me fit alors tiquer. Je lui demandai confirmation afin de savoir l’exact sens derrière ses paroles, intriguée par la coincidence semblant aussi grosse qu’une maison.

– Parlerais-tu par hasard de Nishijima Kôsei ? Le bras droit de Laila Yamada de Yume-Nikki ?

– Vous connaissez Kôsei !? S’étonna le roux. Comment !?

– Dois-je te rappeler que je suis membre des services secrets australiens monsieur Hinata Masuda, 18 ans, ex bassiste de The Rising Sun ayant refusé un contrat avec Kristina Hopper de Twinkling Star ?

Le jeune homme devint blême tandis que je lui répondis par un sourire vainqueur qui se reflétait dans la fenêtre de l’appareil de la fondation. Brittany, elle, éclata de rire face à ma réplique, charriant de nouveau son subordonné qu’elle appelait désormais « Masu-boy ». Satisfaite, je me retournai et posai mon regard sur l’extérieur, au travers du hublot de l’hélicoptère afin d’apercevoir à quoi ressemblait cette crise vue d’en haut. Tout ce que j’y trouvais était un amas de ruines fumantes qui s’étendait à perte de vue. Zetsubô avait comme aspiré la vie sur son passage, comme s’il était la mort elle-même. Je ne pouvais même pas voir une possible issue depuis mon hélicoptère, c’était dingue. Il n’y avait pas d’autre mot.

Je repensai alors à Erika, qui avait juré de vaincre le désespoir sans toucher à la famille Yamada qu’elle s’acharnait à protéger bec et ongles. Pourtant, si nous avions tué les membres de cette lignée tant qu’il en était encore temps, nous n’aurions jamais connu un tel scénario. Je m’étais donc certes engagée avec ma sœur en lui promettant de ne pas faire de mal à l’un de ces trois membres, mais je n’allais pas reculer devant les moyens pour vaincre Zetsubô, y compris si le seul moyen de le vaincre était de tuer l’un d’eux.

Mes pensées furent interrompues par Pedro qui aperçut la base du QG souterrain au loin. Masuda et sa supérieure se ruèrent sur les hublots pour scruter les lieux dans lesquels nous arrivions avec émerveillement, alors que tout autour n’était que ruines. Sans prendre la peine de répondre, je laissai le fils de Lysandra nous faire atterrir, puis, une fois au sol, je pris la direction de la base souterraine. Elle se trouvait dans une cave d’une bâtisse ayant plutôt bien encaissé les dégâts de la guerre et que nous avions investi après la mort des propriétaires initiaux. Leur cave était étonnamment spacieuse et nous permettait donc de nous retrouver à une vingtaine de personnes à l’intérieur. Nous avions même pu dresser une table et des chaises afin que tout le monde puisse se réunir comme dans une salle de réunion. Les lieux n’étaient pas aussi propres et tout était sombre, mais c’était déjà du luxe d’avoir un lieu à l’abri du conflit. Nous n’étions d’ailleurs pas tous réunis en ces lieux, nous étions souvent en duplex avec une autre unité qui agissait au sud de la ville, mais nous étions suffisamment nombreux pour envisager des opérations conséquentes.

– Je suis soulagée que tout s’est bien passé. Sourit Lysandra en nous voyant arriver. Brittany évite de disparaître de la sorte à l’avenir. Déjà du temps de Satellite tu ne tenais pas en place, et tu vois où ça t’a amené par le passé.

– Elle a déjà rendu des comptes Lysandra. La défendis-je calmement. Inutile d’ajouter des débats inutiles. Plus important, il serait temps de faire un point sur la situation. Je vois qu’il y a pas mal de personnes de réunies ici, il est donc temps de savoir dans quelle direction nous irons. Je fais un récapitulatif pour les personnes qui n’auraient pas suivi et/ou qui étaient absentes.

Je sortis de ma poche un téléphone propre à la fondation du futur que je posai sur la petite table au milieu de notre base. Je l’allumai, ce qui projeta une lumière sur le mur en face de lui. S’afficha alors un plan de la zone dans laquelle nous étions, zone qui était entourée de rouge, pour délimiter le périmètre de danger.

– Nous sommes ici. Expliquai-je avec assurance. Zetsubô a lancé son attaque à petite échelle pour commencer. Sagamihara et ses banlieues sont toutes sous la pression de l’attaque de Zetsubô. Comme vous le savez, nous avons enquêté de notre côté, et il est impossible de sortir du périmètre désigné par Zetsubô, que ce soit sur terre, ou dans les airs. Une barrière invisible nous empêche de sortir de ces lieux, comme si nous étions en quarantaine.

– Qu’en est-il de s’échapper par les sous-terrain ? Demanda Pedro de la douzième. Avons-nous déjà tenté ?

– Nous n’avons malheureusement pas le matériel requis à portée de main. Soupirai-je. Nous n’avions pas pensé possible que Zetsubô puisse empêcher l’évacuation par les cieux, et je l’avoue, il a été plus loin que ce que nous espérions. Mais si nous excluons le matériel, je pense qu’il serait possible d’évacuer la population par les sols. C’est à envisager.

– Qu’en dit la treizième branche ? S’interrogea Lysandra. Ils ont leurs yeux partout d’habitude, ils n’ont aucune info cette fois ?

– Patience, j’y viens. La treizième branche a également mené son enquête sur ce qui se déroule actuellement, et elle a découvert plusieurs choses : Premièrement, ce qu’il se passe sur le champ de bataille est retransmis à la télévision dans le monde entier. C’est un live permanent qui est diffusé en continu.

– Un live broadcast ? S’étonnèrent les membres de l’escouade présente. Mais…Pourquoi !?

– C’est bien plus qu’une guerre civile. Déclarai-je. C’est un conflit pour la prospérité du désespoir. Nous sommes les représentants de l’espoir, et d’après la princesse de l’espoir, le groupe auquel elle s’est ralliée possède un espoir différent. Faire confronter l’espoir et le désespoir en le montrant au monde c’est une manière de les soumettre une fois que l’espoir sera vaincu à petite échelle.

– Donc si je comprends bien, s’avança Pedro, il nous utilise en cobaye pour soumettre les autres populations et gouvernements en leur faisant passer le message « Ne finissez pas comme eux, joignez-vous à moi » ?

– C’est exact. C’est exactement ce que cherche Zetsubô en retransmettant le live. Grâce à une aide extérieure, il mobilise absolument tous les satellites qui retransmettent les programmes habituels pour diffuser celui-ci sur toutes les chaînes de télévision à l’échelle mondiale.

Les membres de mon escadron partirent dans des discussions à propos de ce que je venais de leur dire. Ne voulant pas parler inutilement, je tapai des mains afin de remobiliser l’attention sur le sujet de base, puis, quand tout le monde fut de nouveau captivé par le problème du jour, je repris la parole.

– Il va donc sans dire que si nous voulons sauver les survivants de cette région, mais aussi sauver l’espoir du monde, nous devons agir et agir vite. Aussi, j’ai déjà pris les dispositions nécessaires pour effectuer un travail efficace. Je vous remets le plan.

D’un geste sur le téléphone de la fondation du futur j’affichai de nouveau la carte sur laquelle étaient dessinés des points stratégiques. Trois lumières rouges brillaient continuellement en se déplaçant tandis que des croix rouges étaient gribouillées ailleurs. Des lumières violettes étaient également représentées.

– Sur cette carte vous pouvez voir des croix rouges, ce sont les endroits qui ont été condamnés par Zetsubô. Par déduction de la treizième branche en scrutant encore et encore le live, il n’y a plus aucune âme qui vive là-bas. Il est donc inutile de vous y rendre. Les points violets sont des monstres de Zetsubô. Les points rouges, eux, sont les Yamadas.

– On a réussi à les tracer ? S’étonna Brittany face à cette révélation. Comment !?

– Pedro, Lysandra, et moi-même avons rendu visite aux trois Yamadas ces derniers temps. Nous n’avions pas pour objectif de les vaincre directement même si nous guettions l’occasion. Nous avions simplement pour objectif de placer sur eux des marqueurs qui nous permettent désormais de les localiser quelle que soit leur position.

Brittany et Masuda étaient émerveillés tandis que Pedro et Lysandra, les agents directs de l’opération de pistage, étaient satisfaits à l’idée que le plan ait fonctionné. Pedro reprit cependant quelques secondes plus tard, s’interrogeant sur quelque chose.

– D’ailleurs leader, est-il vraiment nécessaire de garder une trace sur Hiroki, Reisuke, et Laila alors que le mal est fait concernant Zetsubô ? Cela ne change-t-il pas l’ordre de mission ?

– Cela le change un peu, mais pas totalement. Répondis-je. Il est vrai que tuer les Yamadas maintenant serait une perte de temps, mais les pousser dans leurs retranchements pourrait nous aider à vaincre Zetsubô.

– En quoi ? Demanda Masuda. Quel est le rapport entre le danger et Zetsubô ?

– Zetsubô est tapis dans l’ombre. Il a un refuge depuis lequel il regarde absolument tout ce qu’il se passe et il se réjouit de nous voir tourner en rond. S’il veut une bataille entre espoir et désespoir, cela veut dire qu’il est forcément accessible et donc dans notre périmètre. Si Hiroki, Laila, ou Reisuke Yamada se retrouvent en danger, il y a des chances qu’il se déplace soit pour leur porter secours et les rallier à sa cause, soit pour les achever tout simplement. Et à ce moment-là nous pouvons essayer de le tracer.

– Je vois…Soupira le roux. Donc nos cibles ne changent pas vraiment par rapport à avant.

– L’ordre de mission sera cependant différent. Annonçai-je. Nous avons l’avantage du nombre, ce qui nous permet de batailler sur plusieurs fronts. Aussi, je vais annoncer l’affectation de chacun concernant la crise.

Je sortis de ma poche un dépliant que je mis devant moi afin de le lire. D’une voix solennelle, je pris la parole.

– Brittany, toi et ta branche numéro une êtes chargés de ratisser le périmètre et de sauver le maximum de personnes possible. Nous voulons le moins de morts possibles dans cette catastrophe, je compte sur toi pour mettre ta vie en péril pour sauver autrui.

– Bien reçu leader ! Je ferai en sorte de tous les mettre en sécurité !

– Bien. Eikichi, toi et ta branche, la branche huit, allez-vous charger de neutraliser le système de live de Zetsubô. Quoiqu’il arrive, on ne peut pas laisser le monde subir les conséquences morales d’un tel affrontement. Je n’ai pas envie d’un successeur de Zetsubô qui, illuminé par le spectacle offert par ce dernier, décide de reprendre le flambeau. La treizième branche va vous aider à localiser les caméras, vous y déposerez ce mouchard qui stoppera la retransmission mondiale pour ne la diffuser que sur les chaînes que capte la fondation.

– Bien reçu boss !! S’exclama mon subordonné. Je vais m’en charger avec mon équipe !

– Pedro, Lysandra, la branche douze et onze sera chargée d’éliminer les six boss restants. D’autres personnes seront sur le coup. J’ai vu une femme aux cheveux blancs portant une armure détruire à elle seule trois de ces monstres. Si vous croisez de l’aide, ne la repoussez pas sauf si elle vient d’un des Yamadas.

– Bien reçu. Répondirent la mère et le fils en chœur.

– Quant à moi, je vais enquêter sur où se trouve Zetsubô, et comment le neutraliser. J’emporterai avec moi notre recrue isolée, à moins que tu n’y voies un inconvénient, Akemi Abarai ?

– Je n’y vois aucun inconvénient. Me répondit-elle glaciale. Tout ce que je veux c’est la peau de Zetsubô.

– Bien, j’aime cet état d’esprit. Si vous trouvez Zetsubô sur votre route, il est inutile de tenter de l’affronter. Essayez au mieux de le localiser ou de trouver comment il se déplace, mais vous ne pourrez pas le vaincre seul. Même si vous avez des pouvoirs, c’est impossible. Zetsubô a causé un chaos incommensurable par le passé, et ce n’était pas juste grâce à des sentiments négatif : c’est un monstre. Tenez-moi avancée de tout progrès via votre bipeur et non via téléphone, on ne peut pas être tracés par ces bipeurs.

Mes troupes s’exclamèrent toutes en chœur un « Oui Chef ! » qui me fit plaisir. J’étais satisfaite d’avoir pu mobiliser mes troupes comme le faisait Erika, cela me donnait énormément de confiance en moi. Je m’étais certes attribué le rôle le plus difficile à savoir un éventuel affrontement avec Zetsubô, mais au fond, je n’avais pas le choix. En tant que capitaine il était de mon devoir de prendre les plus gros risques, de mener mes hommes tout en sachant faire les choix qui mettront le plus grand nombre à l’abri car, un bon leader ne se reconnaît pas dans le nombre de vies adverses prises, mais dans le nombre de vies alliées conservées. Telle était ma devise, ma philosophie, ma manière de penser.

https://www.youtube.com/watch?v=eMgBrowmOog

Tout le monde s’étant réuni au sous-sol remonta à la surface progressivement pour ne pas attirer l’attention sur notre quartier général. Nous avions désormais tous notre fonction, notre rôle en ce temps de guerre, et nous étions tous en coordination. Pour ma part, j’étais désormais la compagne de route de cette femme, Akemi Abarai, qui nous avait rejoint il y a désormais un an dans la fondation du futur. Elle avait servi de mouchard et avait grandement facilité l’introduction de plusieurs de nos éléments – Dont Pedro — dans le lycée Kibougamine où se trouvaient des personnes reliées au Yamada. Son aide avait été précieuse pour nos projets. Nous avions souvent eu l’occasion de parler ensemble, et elle aussi, tout comme Masuda, avait des projets concernant ce Kôsei. Elle était sa sœur et se battait pour lui ramener quelque chose qu’il avait perdu dans le désespoir. Je ne comprenais pas vraiment de quoi elle parlait, mais elle semblait en vouloir à Laila Yamada envers laquelle elle réclamait vengeance.

– Je ne t’ai jamais demandé Abarai, la questionnai-je avec intérêt, mais que comptes-tu faire une fois que tu auras découvert Zetsubô ?

– Je compte l’affronter, et percer sa mascarade à jour. Répondit-elle toute aussi glaciale qu’elle ne l’était dans les sous-sol. Cela fait tellement d’années que j’ai vécu pour la vérité et la vengeance, une vengeance qui lui redonnera espoir.

– Qu’a-t-il de si spécial ce Kôsei ? Tout le monde semble s’accrocher à lui, pourtant lorsque je l’ai affronté il semble être éperdument convaincu que le désespoir est la seule manière de progresser. Certes, il a une volonté de fer, mais je ne comprends pas.

– Kôsei…Kôsei croyait en l’espoir dur comme fer. Finit-elle par avouer. Il croyait plus en l’espoir que n’importe qui d’autre. Je suis certaine qu’il croyait encore plus en l’espoir que tu ne le crois actuellement. C’est ce sentiment qui l’a fait grandir, c’est ce sentiment qui l’a fait évoluer, c’est ce sentiment qui a ouvert son cœur, et c’est ce sentiment qui l’a détruit.

Je fus choquée par ce que me dit Akemi concernant son frère. Avait-il vraiment une conviction si pure, si puissante, qu’une fois qu’elle fut détruite, il fut détruit en même temps qu’elle ? Avait-il subi quelque chose de radical qui l’avait fait se tourner vers le désespoir ? Cela serait pourquoi tout le monde semblait vouloir le ramener à lui ?

– Un jour, il a sorti quelqu’un du désespoir. Continua la femme. Il a tiré de l’ombre un garçon de son âge pour le ramener à la lumière, sauf que le garçon en question est mort à cause de cette intervention.

– Comment !? Criai-je, abasourdie. Comment ça mort !!?

– Le garçon s’est brouillé avec ses parents au point qu’il ne lui restait plus que mon frère, et ce à cause de l’espoir. Il s’est donné la mort chez mes parents parce qu’il ne voulait pas s’imposer comme fardeau à Kôsei. Sans l’intervention de Kôsei et de l’espoir, il serait encore vivant.

Les paroles d’Akemi me firent du mal. Je comprenais assez le point de vue du serviteur de Laila, et aussi le pourquoi il se battait à ses côtés désormais. Tout comme notre vision de l’espoir était une vision salvatrice, lui, il le voyait comme une malédiction. Etait-ce vraiment ce qui différenciait les membres de la Yume-Nikki dirigée par Laila Yamada et celle dirigée par Katsuo ? Les uns étaient-ils des personnes au bon fond meurtries par la vie tandis que les autres étaient assoiffées de mal ? Je ne pouvais pas vraiment m’exprimer sur un simple témoignage, mais j’avais l’impression que malgré tout, je n’avais pas été capable de juger le fond d’une personne en me basant uniquement sur mon instinct comme j’aspirais savoir le faire.

Des voix me revinrent en tête, des voix que je pensais disparues au fil du temps, mais qui vinrent une nouvelle fois percuter mon esprit de plein fouet…

« – Es-tu sûre de ne pas vouloir venir avec nous ? Disait cette voix pleine de tendresse. Tu ne peux pas rester dans cette ambiance. Tu as le droit à une enfance toi aussi !

– Non ! Répondait l’autre voix. Papa et Maman m’ont tout dit ! Si je te suis, je deviendrai le désespoir ! Je ne veux pas devenir le désespoir !! Je….

Onee-chan… »

Je fus interrompue dans mes pensées par Akemi qui m’indiqua qu’il valait mieux partir. J’acquiesçai sans grande conviction, la suivant. J’allais bientôt reprendre le leadership de la fondation du futur, mais pour l’instant, je ne voulais que quelques secondes pour essuyer mes yeux et oublier pour de bon ces voix qui me torturaient l’esprit dès qu’un semblant d’émotion gagnait mon cœur. Je ne voulais pas de nouveau vivre ces tourments intérieurs qui aimaient faire de moi leur marionnette, je devais croire en l’espoir et en ma fonction dans la fondation du futur, afin que tout autour de moi je ne répande que le bonheur.

– Dis donc, ça t’arrive souvent des blocages comme ça ? Me demanda la sœur de Kôsei, intéressée. Venant d’une leader c’est pas commun baby ~

– Ne mentionne pas ce que tu viens de voir si tu veux que l’on continue à être des alliées. J’ai juste eu un coup de blues, quand tu vois des atrocités au quotidien y’a qu’une personne sans émotions qui pourrait en ressortir indemne.

– Hey, je ne juge pas ~ Je me dis seulement que si Kôsei avait extériorisé ses émotions, peut-être qu’il n’en serait pas là. Pleurer quand tu as de la peine, c’est ce qui fait de toi un être humain après tout. Il n’y a rien de mal à se laisser aller, c’est ce que j’aurais voulu dire à Kôsei, mais je n’en ai pas eu la force.

Mon regard se perdit quelques secondes dans celui d’Akemi, et sans vraiment m’en apercevoir, je lui adressai un sourire. Elle n’avait pas pu le dire à son frère, mais le fait de me l’avoir dit me faisait du bien. Elle avait pansé quelque chose à l’intérieur, même minime. Je me gardais cependant de lui en faire mention.

Nous nous lançâmes donc enfin dans la course qui avait pour but de sortir Zetsubô de sa tanière et le vaincre. Grâce au système de bipeur de la Fondation, je pouvais voir où allaient mes alliés et ainsi ne pas chercher dans la même direction qu’eux, ce qui me permettait de garder une certaine marge d’action et de ne pas chercher dans le vide. Moi et Akemi guettions donc les alentours dans l’espoir de trouver une piste, mais surtout dans la prudence de ne pas nous retrouver dans une ambuscade.

Mais alors que nous avions progressé de quelques rues, quelques dizaines de minutes après avoir quitté la base, quelque chose d’inattendu surgit de nulle part.

https://www.youtube.com/watch?v=homLF23YdEs

Une ombre se déplaça dans notre dos. Nous nous retournâmes moi et Akemi, alertée par ce qui se tramait, mais rien ne semblait vraiment nous menacer de derrière. Mais alors que je nous pensais sauves, une autre ombre de déplaça de l’autre côté, puis encore une autre dans la direction opposée, et encore une autre. Elles passaient dans les murs sans que l’on ne puisse vraiment les saisir du regard, ce qui me tira une grimace. Quelle était la nature de ces créatures des ténèbres me demandais-je, mais je n’en avais aucune idée. Je me mis alors en alerte, dégainant mon sabre tandis qu’Akemi préparait ses pierres pour attaquer, mais alors que je pensais voir sortir un gros monstre devant nos yeux, je fus stupéfaite lorsque l’ombre imbiba l’espace alentour en l’espace de quelques secondes, nous laissant dans l’obscurité totale. Une voix dont le ton était soigneusement dissimulé retentit alors dans l’espace tandis que depuis l’ombre scintillaient désormais quatre lumières de couleurs différentes.

– Fondation du futur, soyez honorés de nous rencontrer. Nous sommes le Mouvement Neo Arcadia…


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [23/04/2017] à 16:57

Chapitre 40 : La princesse de l'espoir (Erika, jour + 23)

Les jours passaient et le moral descendait de plus en plus. Nous étions passées par des tas de chemins Toratura, Venominaga, et moi, mais notre détermination devenait de plus en plus faible face aux évènements. Nous n’avions pas réussi à empêcher le retour de Zetsubô, nous n’avions pas réussi à empêcher la guerre, et nous étions dans une impasse actuellement, au milieu de ces ruines. J’étais certes la princesse de l’espoir, mais je déprimais un peu à vrai dire. Je restais retranchée sur mes actions, me demandant si j’avais bien agi tout ce temps. Avais-je eu raison d’intégrer Yume-Nikki plutôt que de tenter de forcer ma voie dans la fondation du futur pour essayer de changer les directives ? Est-ce que cela aurait changé quoi que ce soit à notre conflit actuel… ? Je ne savais pas vraiment et j’étais perdue dans ce tourment qui me faisait du mal…Etait-ce donc le pouvoir de Zetsubô ? De faire vaciller l’espoir de celle l’incarnant lui-même ?

Je me demandais si les choix que j’avais fait étaient vraiment les bons, comme ce jour où tout avait basculé chez nous. J’entendais encore cette voix qui m’expliquait que j’avais le droit à une enfance, que je ne devais pas rester avec ces gens qui ne voyaient en moi qu’un joyau pur capable de repousser les ténèbres, mais qui ne savaient pas qu’au fond de moi, je n’étais qu’une enfant. Face à cette voix, une autre prenait le dessus, me disant « Reste avec moi, reste avec moi » et je n’arrivais pas à faire taire ces voix…Elles me harcelaient encore et encore…

– Erika ? M’interrompit la voix de mon amie. Eh, Erika ? Tu es sûre que tu vas bien ? Tu es dégoulinante de sueur.

Je revins à moi dans les mêmes ruines que j’avais laissé avant de me coucher. C’était Suzuha qui m’avait tirée de mes songes. Elle, Kenichiro, et moi nous avions formé une équipe depuis le début de cette crise. Nous étions au départ accompagnés par Okabe et sa bande, mais nous avions été séparés par l’attaque d’un monstre assez puissant qui nous avait dispersés. Ainsi, nous nous étions retrouvés à trois et naturellement, un rythme de veille, de partage de vivres, et autres automatismes élémentaires de survie s’était installé entre nous trois. Suzuha et Kenichiro étaient vraiment très sociables et gentils, ce qui avait installé une certaine harmonie entre nous. Pourtant, il m’arrivait souvent de penser à Rei-Chan et à mes amis qui tous me manquaient beaucoup. Je priais souvent pour eux sans vraiment me préoccuper de ce qu’il pouvait m’arriver, même si j’occupais désormais une haute fonction de la Fondation du Futur. Je n’arrivais pas vraiment à chérir ma vie alors que je me considérais responsable de la situation actuelle.

– Désolée héhé..Soupirai-je en affichant un faux sourire. Tout va bien, j’ai simplement fait un cauchemar. Merci de m’avoir veillée les amis, j’en avais besoin.

– Nous sommes une équipe, Rika-Chan. Me dit Kenichiro en affichant un sourire réconfortant. C’est comme à l’époque de The Fallen Moon, on est unis et on sortira de ce truc ensemble !

– Le blond a raison. Approuva son amie. Les temps sont durs, mais si nous restons ensemble nous parviendrons à passer au travers. Je ne dois pas enseigner l’espoir à la princesse de l’espoir quand même ?

– Non ne t’en fais pas, ris-je. Je suis désolé de vous imposer mes soucis. Enfin, passons, tout le monde est préoccupé et nous sommes séparés depuis longtemps…J’aimerais pouvoir retrouver les autres rapidement.

Nous progressâmes donc de nouveau, Suzuha, Kenichiro et moi, dans les allées sombres de Sagamihara. Nous tournions déjà depuis quelques jours, et plus le temps passait plus nous cessions d’en avoir la notion. Après-tout, le jour ne se levait pas, pas plus que la nuit ne tombait. Notre ciel était couvert d’un voile écarlate impénétrable qui empêchait le soleil et briller et colorait les nuages d’un noir ébène. Cela impactait beaucoup le moral de tous et nous donnait une impression de ne pas voir le bout de chaque journée et de chaque nuit, mais nous nous serrions les coudes…Et encore heureux, puisque seule, j’imagine mal comment j’aurais pu tenir le coup au milieu de toutes ces atrocités que nous avions constatées ces derniers jours. Entre ces personnes se faisant dévorer par des monstres sans que l’on ne puisse faire quoi que ce soit, celles que l’on aidait mais qui s’écroulaient sous le poids de la fatigue ou des coups, ou encore d’autres ayant perdu l’esprit que l’on devait abattre nous-mêmes, nous sentions que le désespoir avait pris le contrôle et que le vide était la seule réponse possible pour avancer. Pourtant, j’essayais au maximum de garder la foi en cette conviction que j’étais censée représenter. Je voulais affronter Zetsubô, je sentais que j’en étais capable, aidée par mes partenaires Toratura et Venominaga.

– Pas d’ennemis sur le radar, Suzu ? Demandai-je afin de rester en alerte.

– Non pas encore, reprit la jeune fille. Il n’y a fort heureusement aucune menace alentour. Ken, reste les yeux braqués sur ce radar et tiens-nous au courant dès que tu vois quelque chose de suspect.

– Eh, pourquoi moi !? Protesta le bassiste. Je suis le mec du groupe c’est moi qui doit vous défendre !

– As-tu la moindre expérience du combat ? Rétorqua celle qui semblait être sa petite amie. Je ne tiens pas à te perdre dans un combat simplement parce que tu as été aussi inconscient que ne l’est ton père. Erika sait se défendre et m’a appris à me défendre grâce aux pierres, tu n’as pour ta part aucun entraînement.

Le blond soupira tandis que la fille de Daru n’y prêta même pas attention. Cela me fit sourire de voir des querelles banales du quotidien au milieu de cette sinistre ambiance. Je me posais vraiment trop de pression quand on y pensait, dans le passé nous avions aussi un objectif délicat à savoir empêcher Reisuke qui était contrôlé par Zetsubô de répandre le chaos, et j’étais restée moi-même. Je n’avais pas à m’imposer de la pression supplémentaire simplement pour un titre qui n’avait aucun sens…

J’inspirai un grand coup, et relâchai la respiration avec le sourire. Je me sentais mieux, beaucoup mieux que lorsque je voyais l’avenir avec la pression derrière, j’avais juste à rester celle que j’étais auparavant et laisser l’espoir guider mes pas après tout.

– Et si on chantait une chanson ? Balançai-je à mes camarades en souriant franchement. Chanter c’est aussi une manière de décompresser, c’est dommage que l’on n’ait pas de public par contre.

– Ow yeah !!!! Hurla Kenichiro qui semblait reboosté par la proposition ! J’ai pas ma basse mais je vais faire des bruitages avec ma bouche héhé ~

– Si ça peut garder le moral des troupes au plus haut, pourquoi pas, mais je ne chante pas.

Nous nous mîmes à chanter une chanson moi et Kenichiro, sous le regard neutre de Suzuha qui était totalement indifférente à notre duo. Seuls dans les ruines, nous nous laissions aller à quelques rimes, à quelques improvisations, et à des refrains de notre ancien groupe The Fallen Moon. Nous nous mîmes à chanter Last Regrets, une chanson que Kenichiro aimait tout particulièrement, mais alors que nous allions passer au refrain, nous fûmes surpris par une voix qui se joignit aux notres.

Nous nous retournâmes, et c’était Kôsei qui nous avait rejoint. Nous fûmes tous les trois surpris par l’apparition soudaine du jeune homme qui n’était pas indiqué par les radars de Suzuha. Il prit la parole avec chaleur, ce qui me surprit un peu.

– Erika, Suzu, Kenichi…Je suis content de vous revoir sains et saufs. Nous dit-il en souriant. Cela me fait plaisir de vous voir. Et vous avez l’air de bonne humeur qui plus est, c’est une bonne chose.

– Kôsei !!? S’exclama Kenichiro aussi surpris que je ne l’étais. Mais ! Que fais-tu ici !?

– Je suis à la recherche de personnes à sauver. Nous expliqua-t-il. J’ai trouvé l’aide nécessaire pour sauver les civils et les personnes faibles. Des nouveaux camarades qui ont les moyens de mettre à l’abri toute personne voulant échapper à ce chaos. L’un de vous est intéressé par le fait de quitter la ville ?

Kenichiro se gratta le menton en réfléchissant, tandis que Suzuha, elle, resta stoïque. Je fus la première à m’avancer vers Kôsei pour lui donner ma réponse, la seule réponse que je pouvais donner dans cette situation.

– Je ne quitterai pas le conflit. Répondis-je en souriant à mon tour. Je dois retrouver des tas de personnes et régler le souci ici, j’ai des responsabilités maintenant. Cela serait dommage que je faillisse à ma tâche héhé ~

– Je ne compte pas repartir non plus. Reprit Suzuha. Mais je te remercie de me l’avoir proposé.

– Je resterai avec les filles alors ~ Enchaîna Kenichiro. Elles ont besoin d’un homme à leurs côtés ~

Kôsei sourit chaleureusement face à nos réponses. J’avais une drôle d’impression face au jeune homme qui semblait plus chaleureux que d’habitude. Kenichiro semblait habitué, tandis que Suzuha, elle, restait indifférente. L’intéressé remarqua mon malaise et reprit la parole, gêné par mon regard.

– Désolée Erika-Chan héhé sourit-il. C’est vrai que je ne t’ai jamais parlé en personne du temps de The Fallen Moon. Je suis Arata Kashiwagi ~ Je suis une partie de Kôsei qu’il gardait au fond de lui mais qui a surgi de nulle part.

– Kôsei a…plusieurs personnalités ? Bégayai-je, ne comprenant pas grand-chose à ce qu’il me disait. Et pourquoi Arata-kun… ?

– Parce qu’Arata est mort. Reprit froidement l’intéressé qui semblait être de nouveau lui-même. Quand Arata est mort, son esprit du duel est venu m’habiter et depuis il joue son rôle. Enfin, là n’est pas le motif. Quindecim, vous pouvez apparaître, le champ est libre.

Il dit ces mots à un téléphone depuis lequel une voix lasse et monotone lui répondit « bien reçu, j’espère trouver de nouveaux clients. » , puis, quelques secondes plus tard apparut une bande d’individus semblant plus amusants et intéressants les uns que les autres. Ils vinrent se poser juste à côté de Kôsei et nous faire face. Ils étaient nombreux et on les remarquait facilement, après tout l’une d’eux montaient un cheval de feu tandis que l’autre pouvait se transformer en un monstre gigantesque, seuls les garçons du groupe semblaient à peu près normal. Cependant, en me voyant, l’homme aux cheveux noirs en bataille eut un tilt.

– Erika !!? S’exclama-t-il avec stupeur. C’est bien vous Erika !!? Comment êtes-vous arrivée ici !!?

– Il ne me semble pas que je vous co…..HUUUUUH !!!? Daisuke !!!? Daisuke c’est bien toi !!? Mais qu’est-ce que tu fais dehors !!?

Je fus stupéfaite par l’apparition soudaine de Daisuke. Je connaissais l’homme depuis quelques années maintenant. J’avais échoué dans son bar et il m’avait fait rire avec son histoire qu’il ne voulait pas sortir parce qu’il n’était pas habitué à l’extérieur. Je venais donc souvent le voir dans son bar pour lui apporter des magazines et lui raconter des histoires tandis qu’il se contait de me servir à boire avec le sourire. Daisuke était un ami que j’aimais beaucoup, même si cela faisait maintenant deux ans que je ne l’avais pas vu.

– J’ai décidé de m’investir davantage dans le service client en proposant l’option sauvetage pour chaque verre consommé dans mon établissement. Reprit l’homme avec sérieux. C’est incroyable comme il y a tant de liens à développer avec le consommateur. J’en suis tout retourné à l’intérieur.

Daisuke n’avait décidément pas changé, ça me tira un sourire. Je reconnus alors tous ceux qui l’accompagnaient et je me demandais vraiment comment le Kôsei que je connaissais pouvait tenir au milieu de tout ce joli monde. Pourtant je ne pus lui poser la question puisqu’il donna les ordres à son équipe.

– Daisuke, ordonna-t-il. Examine les alentours et embarque toutes les ressources que tu peux trouver. Emmène tes femmes et ton pianiste avec toi. Sylvio, Hikari, nous allons monter sur Gontrand pour chercher des personnes à sauver.

https://www.youtube.com/watch?v=t8HeF1_v9-w

Tout le monde s’exécuta en souriant et en étant motivés. Kôsei avait apparemment trouvé les troupes qui lui correspondaient même s’il disait le contraire. Cela me faisait sourire. Au final nous les vîmes tous partir et nous continuâmes notre route tous les trois. Nous étions une équipe improvisée qui au final s’accordait bien, et cela me rendait heureuse. Je voulais malgré tout retrouver les autres le plus vite possible pour pouvoir de nouveau partager des choses, et aborder des sujets de discussions banals tels que le travail de Rei-Chan ou le couple que formaient Hiroki et Hakaze…

Rei-Chan…Que faisait-il en ce moment ? A quoi pensait-il ? Etait-il en danger ou avait-il réussi à retrouver quelqu’un et former une alliance comme je l’avais fait ? Tant de questions se bousculaient à l’intérieur, entraînant avec ces songes mon cœur dans une course folle dans laquelle il se laissait aller si pleinement que je ratais plusieurs battements. Je ne pouvais pas penser qu’il était arrivé malheur à Rei-Chan, c’était inconcevable. Il était depuis toujours le seul garçon que j’avais aimé, celui pour lequel je m’efforçais de m’ouvrir aux autres et de garder cette étincelle en mon cœur, et même celui pour lequel j’avais accepté Toratura à mes côtés des années auparavant…

Rei-Chan me manquait terriblement. J’avais dû le mettre dans les bras d’une autre, partir pendant une longue année, tout cela pour lui faire gagner du temps…Mais au fond, au fin fond de mon cœur, j’avais une envie irrésistible d’être celle qui allait partager sa vie, être dans ses bras, ne faire qu’un avec lui…Tout ça je le voulais pour moi… C’était idiot…La princesse de l’espoir qui tombe éperdument amoureuse d’un des descendants de l’incarnation du désespoir…Mais je ne pouvais rien y faire, je voulais Rei-Chan plus que n’importe quoi, plus que n’importe qui en ce monde…

Et je devais être déterminée pour le retrouver. Même si je n’avais plus ma place en tant que femme dans sa vie, je voulais rester avec lui, vivre des choses que seul lui pouvait me faire vivre, et voir de nouveau cet éclat de vie que seul lui pouvait me montrer. Ainsi, si je voulais de nouveau revoir mon espoir à moi, je devais continuer, peu importe ce que je voyais, peu importe ce que j’entendais, et peu importe combien je devais me salir les mains pour le revoir.

Nous arrivâmes à une bifurcation. Deux chemins s’offraient à nous, un qui partait à gauche, vers la ville, un qui partait à droite, vers la partie campagne. Je restai quelques secondes devant le panneau à moitié carbonisé tandis que je réfléchissais à quelle direction prendre.

– Une bifurcation hein…Soupira Kenichiro. Misère, je suis mauvais quand il s’agit du hasard. J’ai jamais de chance.

– Nous devrions examiner les deux possibilités de manière rationnelle. Suggéra Suzuha. Nous devrions établir un plan pour essayer de déterminer où nous aurions le plus de chances de retrouver les autres. En partant des deux directions nous pourrions réfléchir à comment procé –

– Séparons nous ! Dis-je avec le sourire en coupant Suzuha. Nous devrions nous séparer pour avoir plus de chances de parvenir à nos fins.

– Es-tu une complète idiote !? S’insurgea mon amie. Nous cherchons à retrouver le groupe et toi tu veux qu’on se sépare ? As-tu perdu l’esprit ?

– Non pas du tout, la rassurai-je. Seulement, avec Tora-chan et Vénomina-Chan je peux vous contacter ou vous entendre me contacter, donc dans tous les cas on peut se rejoindre facilement si l’on est à l’écoute les uns des autres, et on aura plus de chances. Il faut juste que je vous croyiez en l’espoir pour que je puisse vous contacter ~

– Huh !!!? Beugla Kenichiro, dubitatif. Comment pourrais-tu nous entendre ?

Je m’avançai vers le bassiste qui restait troublé par les faits. Une fois arrivée devant lui, je me mis sur la pointe des pieds pour être à sa hauteur, et de mes mains je me saisis de son visage pour l’approcher du mien. Lui souriant comme j’avais l’habitude de le faire, je repris la parole à son intention, lui qui rougissait face à ce contact direct.

– Je le peux parce que je suis la princesse de l’espoir. Ris-je. C’est ma raison d’être d’entendre les souhaits et les rêves proférés par les personnes qui ont la foi. Où que tu sois, j’entendrai ta prière.

Le blond rit à son tour, mais en étant un peu plus nerveux que je ne l’étais.

– Excuse-moi…J’ai pas l’habitude que tu sois une princesse. Pour moi t’es toujours Erika-Chan, la chanteuse maladroite mais adorable du groupe. Je te fais confiance, Erika-Chan.

Je souris à Kenichiro tandis que Suzuha était intéressée par la tournure que prenaient les choses. Nous convînmes tous les trois que les deux amoureux allaient se diriger vers la partie ville en espérant y trouver de l’aide tandis que j’allais me diriger vers la partie campagne pour essayer d’y trouver des rescapés. C’était là notre dernière consigne en tant qu’équipe, puisqu’après avoir échangé des formalités, et surtout nous être dits de prendre soin de nous, nous nous séparâmes, nous enfonçant chacun dans le chemin que nous avions choisi.

https://www.youtube.com/watch?v=M_X4eZsLSos

Les bâtisses en ruinent devinrent de moins en moins nombreuses tandis que je m’enfonçais de plus en plus dans la partie rurale de notre ville. J’étais émerveillée par une chose aussi belle que la nature, surtout au milieu de ce paysage fait de ténèbres. Les alentours ne se laissaient pas abattre par le chaos et continuaient à exprimer leur espoir, leur vie même et s’étendaient comme bon leur semblait. Le conflit n’existait pas pour ces parcelles de vie qui n’avaient pour raison d’exister que leur instinct. Je trouvais ça fantastique. Ainsi, je ramassai une fleur qui sur cette étendue verte continuait à s’épanouir même sous ce ciel écarlate, et je l’accrochai à une de mes boucles. Cela me faisait du bien, d’être un peu plus proche de la nature que je ne l’étais. C’était joli, paisible, apaisant, j’aimais vraiment tout ce qui touchait à mère nature.

Je repris la route en marchant sur cette route faite de béton qui s’arrêta quelques mètres plus tard pour ne laisser que des sentiers faits de terre tracer des routes. Je m’étais vraiment éloignée de là où se trouvait sûrement Rei-Chan, mais j’avais le sentiment que j’allais trouver quelque chose d’important au bout de ma route. Quelque chose qui allait peut-être devenir capital pensais-je. Je continuais donc ma traversée de la végétation avec un sentiment de légèreté en moi tandis que le vent de la fraîcheur des environs continuait sa traversée vers la zone urbaine où l’air était pollué par les cendres. Lui souhaitant bonne chance pour récupérer ses droits fondamentaux, je cherchais du regard ce qui allait être la prochaine étape de mon périple dans la nature, et je la vis très vite.

En effet, je compris rapidement pourquoi l’on m’avait envoyée ici. Les maisons et maisonnettes dans cette partie étaient intactes, comme si Zetsubô et ses hommes n’avaient pas daigné venir détruire le peu d’habitants que représentait ce quartier. Je poussai un soupir de soulagement en voyant qu’une partie de la ville avait échappé à ce carnage, mais fus en même temps dévastée par la terreur régnant dans les environs. Il fallait le dire, j’avais un sentiment d’oppression et de malaise prenant, comme si toutes les paires d’yeux étaient braquées sur moi depuis derrière leurs fenêtres. Il me vint alors en tête d’aider les personnes qui habitaient ici à se mettre en sécurité pendant cette catastrophe, cependant, il fallait d’abord que je trouve un moyen de les mettre en sécurité…

Mais alors je repensai aux mots de Kôsei, qui cherchait des personnes à mettre à l’abri. Je devais le contacter afin qu’il vienne dans ce coin aider le maximum de personnes possible afin de réduire le maximum possible le nombre de victimes de Zetsubô. Après tout, qui pouvait prédire combien de temps allait s’écouler avant que l’homme ne se rende compte qu’une partie de la zone échappait à sa soif de pouvoir ?

Consciente du danger, je repris la parole, cette fois à l’intention de ma partenaire.

– Toratura. Entamai-je. Il faudrait que tu retrouves Kôsei, le garçon à la cicatrice que nous avons vu tout à l’heure, et que tu lui parles de ce qu’il se passe ici. Je vais rester dans ces alentours le temps qu’il arrive avec le Quindecim pour mettre tout le monde à l’abri.

– Bien, princesse. Acquiesça mon amie. Prenez soin de vous le temps que je revienne, je ne voudrais pas qu’il vous arrive malheur.

– Ne t’en fais pas, j’ai Vénominaga avec moi. Souris-je. Et puis, tu reviendras avant toute menace héhéhé ~

La princesse des serpents partit en souriant à son tour, tandis que je me rappelais une fois de plus combien j’avais de la chance d’avoir des partenaires aussi dévouées à mes côtés. Je continuai pour ma part en direction de ces bâtisses en espérant trouver le maximum de personnes possibles, et en vie si possible. Ainsi, je remontai le long sentier qui allait me mener dans ce quartier isolé afin de le protéger du mieux que je pouvais.

Embarquée dans ce sentier de terre assez large qui était entouré de végétation, j’avançais avec prudence de peur de finir dans un fossé ou dans un piège tendu par la nature ou les habitants. L’air était encore plus frais qu’il ne l’était à l’extérieur du sentier boisé, si bien que mes narines cédèrent totalement à son charme qui me fit me sentir bien mieux qu’à l’extérieur. Il y faisait un peu plus frisquet, mais c’était plutôt rafraîchissant par rapport à la chaleur étouffante générée par la fumée et les flammes. Je me sentais plutôt dans mon élément dans ces alentours qui me rappelaient un épisode de ce que j’avais traversé en France lorsque je m’étais perdue en forêt. J’avais eu des difficultés à retrouver mon chemin mais c’était agréable de s’échouer en terre sauvage de temps en temps.

Mais alors que je flânais, je fus surprise par un bruit étrange, bref et furtif, venant de derrière. Je me retournai rapidement, cherchant un animal sauvage qui aurait pu faire ce bruit, sans vraiment savoir quel animal aurait pu habiter ces terres, mais je n’en trouvai pas. Lorsque je me retournai, je lâchai un hurlement de stupeur en voyant que ce que je pensais être un animal était un homme, et pas n’importe quel homme. Il était un blond aux yeux marrons qui était plus âgé que moi de deux ou trois ans qui habitait en Australie aussi. Habillé de l’uniforme noir sobre et strict de la fondation du futur, il était devenu assez fort physiquement, faisant facilement deux têtes de plus que moi et étant assez musclé. Il afficha sur son visage rigide une expression plutôt satisfaite en me voyant tandis que de sa main droite il se grattait le menton couvert de barbe blonde. Il prit ensuite la parole de sa voix grave à mon intention.

– Si je pensais te trouver ici Erika, voilà qui me rassure un petit peu. Me déclara-t-il d’un ton plutôt souple. Ravi de voir que la princesse se porte bien, mais mon rôle à moi a perdu son sens depuis ta disparition.

– Eikichi tu m’as fait peur. Soupirai-je. Je ne m’attendais pas à te voir ici ! Et je t’ai déjà dit que je n’avais pas besoin de garde du corps, tu n’as pas besoin de vouer ta vie à protéger la mienne, même si je suis une princesse.

– Bien sûr que si tu as besoin de moi ! Hurla bruyamment l’homme. Et puis moi j’ai plus de fonction si je ne suis plus ton garde du corps ! Tu te rends compte que tu es devenue ma raison de vivre !!?

– Toujours aussi concerné par le bien des autres cet Eikichi. Ris-je. Allez, viens donc, nous avons des civils à protéger au bout de ce sentier.

Sans laisser le temps à mon acolyte de répondre, je fus la première à continuer notre route sur ce chemin de terre. Je le faisais toujours de ma démarche légère, en restant moi-même et en laissant la foi et la confiance guider mes pas. Marchant quelques pas, je m’arrêtai quelques secondes pour cueillir une autre fleur que j’accrochai à l’autre boucle. Je me retournai vers Eikichi pour lui montrer, mais il n’y prêta pas attention, me sommant de continuer la route. Mais alors que je continuais à avancer, quelque chose me fit me stopper net.

https://www.youtube.com/watch?v=rToCE6HVW18&feature=youtu.be

Je sentis une forte pression autour de mon coup venant de derrière. Deux mains m’agrippant sèchement la gorge et serrant de plus en plus fort tandis que mon corps devenait incapable de bouger, comme paralysé par cette douleur qui m’était infligée par la personne venant de derrière. Tandis que j’essayais malgré tout de bouger mon corps pour me débattre, j’essayais aussi d’identifier mon agresseur, mais je n’arrivais pas à le voir. Pendant de longues secondes je n’eus pas la force de faire quoi que ce soit, j’avais bien trop mal, et j’étais bien trop surprise pour réagir, mais lorsque j’eus la force d’articuler quelques syllabes, cela changea la donne.

– Vé…No…Mi…Na….Ga….Bégayai-je. Ai..De…Moi…

Ces mots prononcés, je sentis une force brève et rapide qui vint s’écraser contre mon assaillant qui, relâchant sa prise sur mon corps, me projeta violemment au sol sur lequel je m’écrasai. Je restai quelques secondes, voir une minute à tousser comme une damnée tandis que la pression faite sur ma gorge restait présente et m’empêchait de m’exprimer comme je le voulais. Je ne réalisais pas vraiment ce qu’il venait de se passer, mais le principal était que ma partenaire avait réussi à mettre en déroute mon agresseur. Je me relevai, muette, cherchant du regard celui qui m’avait attaquée mais aussi Eikichi qui se trouvait derrière-moi. Avait-il été éliminé si vite par l’homme de Zetsubô ? Ou était-il en train d’agonir dans un coin ? Il fallait que je le détermine. Mais alors que je cherchais, Vénominaga, mon esprit du duel, réapparut devant moi, apparemment vexée par quelque chose. Elle m’aida à retrouver la parole, mais ne me laissa pas en placer une tellement elle était en colère.

– Erika Kurenai !!! Hurla-t-elle comme si elle était ma mère. Je ne peux pas te laisser cinq minutes seule sans que tu ne fasses confiance à la première personne qui passe !! Tu vois où ça t’amène !? Sérieusement tu me gonfles avec ton espoir ! Tu entends !? TU ME GONFLES !!!

– Comment ça ? Bégayai-je. Faire confiance à…Huh !? Eikichi serait …

– T’en a mis du temps à comprendre, princesse de l’espoir. Me coupa une voix familière mêlée à la haine et au mépris.

De la végétation ressortit celui qui avait été désigné comme mon bras droit. Le blond qui semblait avoir été percuté par Venominaga se tenait le bras gauche avec le bras droit, comme pour réprimer une douleur qui le faisait grimacer. Le grand gaillard ne semblait pourtant pas si douillet, mais Vénominaga ne se retenait pas lorsqu’il s’agissait de s’attaquer à un ennemi. L’homme reprit alors tandis que cette fois j’étais sur mes gardes.

– Je vis pour toi Erika…Me lança-t-il avec mépris. Je vis avec toi dans mes seules pensées, en gardant à l’esprit mon objectif, ta mort, madame la princesse de l’espoir.

– Mais…Tu me trahis d’accord, mais je ne vois pas pourquoi tu voudrais me tuer Eikichi…Zetsubô t’aurait-il rallié à sa cause ? Tu étais si gentil…

– Pourquoi !!? Hurla l’homme. Parce que tu m’as volé ma vie !!! J’étais destiné à reprendre le trône de mon père et à être le roi !!! Et puis tu es arrivée, avec cet espoir débile, et tu m’as volé tout ce que je possédais en te faisant appeler la princesse de l’espoir !! De quel droit ta famille a pris le pas sur la mienne simplement à cause de ce sentiment infantile qui par pure coïncidence a résolu notre crise !!?

– La personne la mieux qualifiée pour diriger un royaume est à sa tête. Lui répondit sèchement Vénominaga. Si ma maîtresse l’est, c’est qu’elle est meilleure que toi.

– Meilleure !!? Cracha-t-il en guise de réponse. Tu avais disparu !! Laissé le pays à l’abandon !! Je pensais qu’enfin la place allait me revenir vu que ta pauvre sœur était une telle incompétente que cela allait forcément me revenir dans les mains !!! Et là, sans crier gare, tu reviens plus abrutie que jamais mais première sur la liste des voleuses de mon trône ! Crois-tu vraiment que je vais te laisser faire sans opposer la moindre résis –

Eikichi n’eut même pas le temps de terminer sa phrase qu’il s’écroula au sol, net. Je ne compris pas tout de suite ce qu’il se passait, mais ce fut Vénominaga qui m’éclaira : Elle avait attaqué l’homme avec son venin qui se propageait en dix minutes dans le corps de l’individu qu’elle attaquait. Le venin avait parcouru le corps de l’homme et l’avait forcé à rendre l’âme lorsqu’il s’était totalement emparé de son métabolisme. Il n’était pas mort, mais il allait sûrement garder des séquelles graves, ou même mourir s’il n’était pas sauvé entre temps. Elle me posa alors un dilemme : allais-je prendre le temps de sauver Eikichi comme je le pouvais et essayer de lui donner espoir pour qu’il abandonne sa quête, ou allais-je le laisser mourir en ces lieux ? Elle attendait ma réponse le sourire narquois aux lèvres.

Je m’arrêtai une ou deux minutes, pour au final prendre ma décision. J’avais décidé de retrouver Rei-Chan à n’importe quel prix, peu importe les sacrifices que je devais faire. Même si je défendais l’espoir, je ne pouvais devenir une inconsciente simplement pour me donner une image. Une princesse devait être une guerrière, et cela s’appliquait même à la princesse de l’espoir…

Ainsi, je laissai pour mort celui qui autrefois était mon garde du corps, pensant avant tout à ce que j’allais trouver dans le quartier que je voulais atteindre, même si au fond, je n’avais pour priorité que l’avenir proche qui allait me réunir avec Rei-Chan…


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [02/05/2017] à 22:31

Chapitre 41 : Ville du Chaos – Etage 1 (Chiaki, jour +25)

https://www.youtube.com/watch?v=HksvhKeltW8

https://www.youtube.com/watch?v=r7NmUiIMHUU

Level up. Une nouvelle mission venait d’être accomplie et une autre s’ouvrait à nous, joueurs de ce RPG réaliste. La Team Sunbird peinait à gagner des niveaux dans ce décor digne du jeu Ultra Despair Girls que papy Jim m’avait offert, mais nous arrivions à passer les différents boss sans réels soucis. Nous avions assez de skill points à répartir sur nos différents talents, et nous avions choisi de les mettre sur l’endurance puisque notre premier objectif était de trouver de la nourriture et de quoi boire. Papa et moi nous formions donc la team Sunbird avec comme pour objectif la « stamina ». Combien de jours s’étaient passés depuis que nous étions ici… ? Je ne savais pas vraiment, et quand j’essayais d’y réfléchir, Papa m’interrompait toujours. Alors je n’y réfléchissais pas vraiment. Nous avions cependant franchi pas mal de niveaux depuis le game start. Nous avions conquis la zone ruines pour nous diriger jusqu’à la zone plage dans laquelle nous ne trouvâmes que des PNJ ayant subi un game over, et rien d’autre. Aucune trace de boss, ou d’autres joueurs dans les environs. Nous sommes donc revenus au dernier checkpoint afin de prendre une autre direction et nous avons décidé de prendre la route vers chez nous. Peut-être pourrions-nous y retrouver notre mage guerrier, ma mère, afin de compléter notre équipe pour progresser dans cet univers fantastique qu’était celui que nous proposait Zetsubô. J’étais la druidesse du groupe, puisque je pouvais combattre avec des armes et revêtir une forme animale, tandis que Papa lui était notre soldat. Il nous aurait bien manqué un guérisseur mais malheureusement je ne connaissais personne pouvant maîtriser de sorts de soins. Ce n’était pas encore nécessaire puisque nous étions plutôt en forme. Papa possédait encore 80% de sa barre HP tandis que moi j’étais à 85% et nous pouvions restaurer notre santé grâce au sommeil et aux vivres que l’on trouvait sur notre route.

Ainsi nous étions sur la route vers notre maison. Nous savions qu’une maison de monstres nous y attendait sûrement, mais c’était la seule piste que nous avions afin de progresser jusqu’au niveau suivant. Papa avait interrogé les PNJ que nous avions trouvé sur notre route, mais la plupart d’entre eux ne savaient rien de ce qu’il se passait, et les autres étaient en fait des monstres déguisés que nous dûmes réduire au silence afin de ne pas subir un game over. Au final, nous n’avions pas vraiment trouvé d’alliés sur notre route. Je n’avais pas non plus de cheat codes pour nous permettre d’aller plus vite ou de traverser les murs, alors que d’habitude appuyer sur le bouton R suffisait pour ça.

Nous passâmes une rue pour déboucher dans un nouveau champ de bataille. Je jetai un œil furtif de derrière une maison brisée afin d’analyser les ennemis, les PNJ, et les pièges avant de me lancer sur le terrain. Il ne semblait y avoir aucune menace, et j’avais la santé plutôt haute pour tenter de me lancer dans cette direction donc je pris la décision de le faire. Mon père me suivit, semblant moins enjoué que moi à l’idée de compléter ce RPG « Hope VS Despair ».

– Toujours aussi silencieuse Chiaki ? M’interrompit mon père tandis que j’analysais les dangers en progressant. Dis donc si je savais qu’une femme aussi bruyante aurait eu une fille aussi taciturne hoho !

– Reste sur tes gardes, soldat. Répondis-je. Le druide doit charger de l’énergie pour combattre les monstres, le soldat doit donc être prêt à protéger le druide en cas de maison de monstres.

– Hoho quelle analyse, quel skill. Je protégerai la druidesse au péril de ma vie alors.

Papa me sourit tandis que je le lui rendis de mon côté. Nous continuâmes ensemble au travers de la rue, en faisant quelques détours, puisque je tenais absolument à fouiller les alentours pour déverrouiller des succès et des récompenses. Je m’avançai donc vers les décombres qui semblaient receler des secrets à découvrir, et y plongeai ma main. J’en ressortis des choses diverses.

– Obtenu : Sabre Level 10 (400~420 Damages) –

– Obtenu : Bandages –

– Obtenu : Alcool –

– Prends ça, Papa. Dis-je à mon soldat. Je me doutais bien qu’il y avait des bonus cachés dans ce niveau. Nous aurons sûrement besoin de ça pour la suite, si tout était disposé ici, c’est qu’un puissant boss nous attend. En général, tu peux te revitaliser juste avant un boss.

– Il y aurait donc un monstre plein de skill dans les parages ? Répondit mon père, intéressé. Il faut que je garde ça pour mon prochain roman.

– Je vais utiliser mes pouvoirs de druide pour modifier ce sabre level 10. Repris-je concentrée. Il faut que je le place ici, et que j’utilise le pouvoir de ma Shungite…Et…Voilà…Commençons l’incantation.

Je posai la shungite sur l’objet et me reculai de quelques pas. Je demandai à mon Soldat de reculer également, ce qu’il fit rapidement. Me concentrant, j’avançai mes mains devant l’objet à modifier, puis je repris la parole en maintenant mes mains face à l’arme.

– I dýnami tou vyssiní poulí sovará to ylikó kai schimatízoun éna evgenés óplo. Donne une partie de ta puissance à cette arme dénuée d’âme, oiseau cramoisi.

Une lumière pourpre se dégagea du creux de mes mains rassemblées face à l’arme blanche. Cette lumière pourpre devint cramoisie et vint s’écraser directement sur l’arme en question qui perdit sa couleur d’origine pour attraper une couleur rougeoyante, comme si les flammes elles-mêmes avaient été incrustées dans sa lame. La Shungite, elle, avait été détruite dans le procédé. Satisfaite, je m’emparai de l’arme.

– Obtenu : Sabre du soleil cramoisi Level 17 (800~960 Damages) –

– Tiens Papa, c’est pour toi. Souris-je. Désormais tu pourras te battre plus facilement contre les minions qui nous font régulièrement face.

– Hoho ! C’est qu’elle en a du skill ma petite ! Bien, portons cette arme que tu m’as fabriquée.

– Équipé : Sabre du Soleil cramoisi Level 17. (Soldat Ugo : 1200~1450 damages) –

https://www.youtube.com/watch?v=QqE5TziGTGE

J’étais satisfaite de ma trouvaille et du fait que mon soldat se soit équipé de cette nouvelle arme. Je confiai à mon allié les autres objets qu’il rangea dans notre sac à trésors, puis je continuai ma route avec lui. Cependant, sans surprise, le bruit généré par la création de ce sabre avait attiré pas mal de minions de Zetsubô dans les parages. Il avait envoyé des créatures faibles par dizaines autour de nous. Moi et mon père nous resserrâmes l’un contre l’autre, dos à dos, afin de n’avoir aucun angle mort. C’était notre technique de combat pour progresser tant que nous n’avions pas une équipe complète.

– Ennemis : Despair Minions Level 5-10. HP : 2000 –

– C’est parti. Dis-je avant de me lancer, armée de ma console, sur les monstres de Zetsubô. Cheat code Gauche, droite, haut, bas, B, A , droite, gauche ! Crimson wings !

Les ailes de l’oiseau du soleil cramoisi me poussèrent dans le dos, me laissant m’envoler afin de prendre de l’altitude dans la zone de bataille. Mon soldat, lui, utilisa son sabre fraîchement fabriqué afin de se jeter sur les monstres qui périrent rapidement sous le poids de ses attaques.

– L, R, L, R, gauche, droite, B , A. Activation du cheat code, crimson claws !

Les griffes de l’oiseau du soleil cramoisi poussèrent de nouveau sur mes mains, me permettant de plonger en rappel sur les monstres que je déchirais d’un simple coup de griffe tellement leur level était faible.

– Chiaki + 15xp HP84% – Ugo +15xp HP78% –

Un coup de griffe tuant les petits minions, un autre tuant les monstres de taille moyenne, tout cela était très barbant au final. Et pour mon père aussi, c’était très rébarbatif. Avec ce puissant sabre il pouvait attaquer tous les ennemis d’un seul coup, et ses aptitudes physiques ne laissaient pas à désirer, mon soldat portait bien son rôle au final. Nos HP ne diminuaient que très peu tandis que notre puissance était suffisante pour écraser tout ce qui était autour de nous. De mon côté, des simples coups de griffe suffisaient, tandis que le sabre cramoisi réduisait en cendres tout ce qu’il touchait. Au bout de dix minutes, voir quinze, nous étions débarrassés des ennemis en face de nous.

Loin d’être satisfaite, je savais très bien que derrière une vague si minime se cachait sûrement un boss bien plus puissant que ce que je ne pensais. Aussi, mon père et moi restâmes sur nos gardes, progressant au pas de course au milieu des débris alentours. Il n’y avait aucun objet utile, aucun vivre, rien d’exploitable pour nos classes, mais je sentais que quelque chose de louche se tramait derrière cette atmosphère de calme soudain.

Nous n’utilisions pas la route pour avancer. Nous nous cachions derrière des remparts, des briques, ou des taules, puis, une fois que les alentours étaient confirmés sûrs, nous avancions d’avantage. Mon soldat gardait droit son sabre qu’il était prêt à fracasser sur le premier ennemi qu’il allait croiser tandis qu’en tant que druidesse j’étais prête à utiliser mes pouvoirs pour le protéger et attaquer. Au bout de quelques dizaines de minutes, ce que je redoutais fit enfin son apparition, et ce fut deux cent mètres plus tard qu’il le fit.

Il était un individu portant une cape dissimulant totalement son identité, mais je sentais qu’il était un adversaire coriace rien qu’à le regarder. Il devait être de niveau 20, voir 30 si je prenais en compte l’aura qu’il dégageait. Totalement inactif, il nous regardait de derrière sa cape sans vraiment nous laisser l’occasion d’apercevoir son regard, ni de quelle classe il était. Avant que l’un de nous ne puisse prendre la parole, il nous devança et nous déstabilisa quelque peu.

https://www.youtube.com/watch?v=q7_xiC8piVA

– J’ai donc trouvé quelqu’un, comme elle me l’avait dit. Dit-il d’une voix grave et monotone. Bien…Je suppose que cela doit être fait.

Il retira sa cape comme tout boss de fin allait le faire avant de combattre. Lorsqu’il se découvrit le visage, une masse conséquente de cheveux bleus/gris se laissa tomber sur son visage, couvrant une bonne partie de son front en laissant ses deux yeux marrons/jaunes emplis de lassitude me dévisager sans réelle conviction. Sur son visage était inscrite une marque jaune lui traversant l’œil droit. Cette marque, c’était une marque de prisonnier de satellite, cela ne faisait aucun doute, mes parents m’en avaient trop parlé. Ce boss final portait une veste noire surplombant un simple tee-shirt de couleur bleu nuit tandis que son pantalon était de la même couleur. Aucun doute, c’était un antagoniste qui se trouvait devant nous.

– Pas de réponse ? Reprit-il avec lassitude. Bien, elle m’avait prévenu pour ça aussi. Je me présente donc le premier, je suis Kiryu, Kyosuke Kiryu, je suis membre du mouvement Néo-Arcadia et je suis à la recherche de la membre numéro douze de Yume-Nikki : Juuni.

– Que veux-tu à ma mère ? Repris-je, méfiante. Et qu’est-ce que le mouvement Néo-Arcadia !?

– Je n’ai pas à te révéler nos motivations, tu ne les comprendrais pas. Reprit l’homme. Mais puisque je détiens une information que tu désires, et que tu sembles détenir une information que je désire, je te propose un affrontement pour déterminer lequel de nous deux avancera sur ce chemin tumultueux vers la vérité. Qu’en dis-tu jeune fille ?

Un affrontement avec cet homme était-il le seul moyen de progresser dans ce niveau… ? Le mouvement Neo-Arcadia… ? Je n’avais aucune idée de ce que voulait me dire ce Kiryu, mais il semblait être un boss assez coriace. Derrière tout boss imposant se cachait toujours une grosse récompense qui allait peut-être nous ouvrir les portes du niveau suivant, voir même de la fin du RPG puisque s’il était affilié à Zetsubô, j’allais parvenir à débloquer un nouveau succès en gagnant cet affrontement…

Je me mis à réfléchir, à analyser toutes les possibilités liées à cet affrontement. J’ouvris la bouche sans m’en apercevoir, comme je le faisais toujours lorsqu’un dilemme se présentait à moi. Dans ma tête tout était sens dessus-dessous. Je calculais sans relâche tous les scénarios possibles tandis que lorsque l’issue ne me plaisait pas, une autre venait se calculer toute seule à la place. Un flux d’informations abondait dans ma tête, me donnant absolument tous les chemins possibles, mais me laissant comme spectatrice face à ce qu’il se passait dans mon propre esprit. Mon père le remarqua sûrement, puisqu’il vint m’interrompre dans ma recherche soudaine en posant sa main sur mon épaule.

– Arrête de faire ça dans de telles situations. Me gronda-t-il. Le skill c’est bien, mais pas dans ce genre d’affrontements. En tout cas Kiryu, je ne te laisserai pas toucher à ma fille. Je serai ton adversaire.

– Il ne me semble pas avoir invité quelqu’un d’autre que cette jeune fille. Reprit calmement l’homme. Je vais réitérer ma demande…

Il montra son bras droit sur lequel était dessinée une marque violette qui ressemblait étrangement à celle que portait ma propre mère sur son bras, à l’exception près qu’elle représentait une sorte de géant, un colosse qui scintillait vivement sur le membre de l’homme. Une fois qu’il eut montré sa marque, je sentis une secousse venant du sol lui-même. Mon soldat fut expulsé à quelques centaines de mètres derrière tandis qu’une épaisse flamme violette sortit du sol pour se dresser derrière moi, entre lui et moi. J’analysai cette barrière. Elle semblait être capable de repousser tout individu en dessous du niveau 500, ce qui était bien trop pour que je ne puisse la traverser. Me retournant vers l’homme, je savais qu’il n’y avait plus qu’une solution pour avancer dans ce donjon et obtenir ce dont j’avais besoin pour gagner la partie.

– J’accepte de t’affronter. Repris-je déterminée, faisant apparaître les ailes de l’oiseau du soleil cramoisi dans mon dos.

– Oh, je ne suis pas là pour ce genre d’affrontement. Me répondit l’homme en affichant un léger malaise. Je suis ici pour un affrontement amical. Vois plutôt.

Il fit un geste du bras qui me fit quelque chose à l’intérieur. Mon bras droit bougea tout seul, comme s’il était manipulé par la magie de l’homme. Lui obéissant, mon membre se tendit devant moi, et lorsqu’il fut raide, un disque de duel, non, mon disque de duel apparut autour de lui et s’y accrocha. Surprise, je lançai un regard interrogateur à Kiryu qui me répondit sans émotion.

– Ce sont tes cartes. Elles ne sont pas réelles mais elles sont basées sur les cartes que tu as l’habitude de jouer. N’aie crainte je ne connais pas ton paquet, je les ai simplement tirées de ton esprit.

– Qu’est-ce que cela signifie… ? Pourquoi un boss voudrait-il jouer une partie de cartes dans un tel environnement ?

– Je te l’ai dit, me répondit Kiryu, je cherche une partie amicale pour obtenir mes informations…Et chez moi, on règle tout par des duels. Alors petite, il est temps de me satisfaire.

https://www.youtube.com/watch?v=HLC0Wt3wvoA

Sans me laisser le temps de répondre, l’homme piocha 5 cartes tandis que 5 cartes sortirent de mon disque de duel pour se placer dans ma main. Il entama le duel se proclamant premier joueur sans même me donner une seconde de répit.

– Bien. Je vais commencer. Je vais invoquer mon chevalier Armageddon en mode attaque. (ATK 1400) Grâce à son effet, je vais pouvoir jeter mon patrouilleur stygien au cimetière. Je vais ensuite placer trois cartes masquées. Puis, je révèle un monstre de ma main, Ccapac Apu Enfernité.

– Ccapac Apu Enfernité !? M’exclamais-je, interdite. Je ne connais pas ce boss !!

– Ccapac Apu Enfernité va retourner dans mon deck, puis je vais mélanger mon deck et placer Archdémon Enfernité au-dessus de celui-ci. Au prochain tour je vais donc pouvoir piocher mon monstre fétiche. En attendant c’est à toi. (0 cartes en main)

– Je vaincrai malgré ce cheat code ! Draw !

Je vais jouer mon Invocateur Cramoisi (1150 ATK) ! Grâce à son effet, je vais pouvoir ajouter mon appel cramoisi. Et je vais l'activer immédiatement pour pouvoir invoquer trois « Oiseau du soleil cramoisi » depuis mon extra deck sur le terrain ! Sunbirds ! Apparaissez !!

Les ténèbres alentours disparurent tandis que trois éclairs pourpres d’abattirent sur le terrain. De chacun de ces éclairs naquit des flammes qui, s’étendant, laissèrent apparaître mes trois sunbirds sur le terrain.

– Quel skill ma fille !! Hurla mon père qui était revenu derrière la barrière. Montre lui le pouvoir des UWS !!!

– Je suis la MJ et je ne te laisserai pas me prendre cette place ! Balançai-je déterminée. Je vais ensuite utiliser deux de mes oiseaux du soleil cramoisi en tant que matériaux XYZ ! J'ouvre le réseau de superposition ! Béatrice la Dame Eternelle ! (ATK 2500) Je vais ensuite activer l'effet de Béatrice, la dame éternelle afin d'envoyer directement au cimetière la leader de guerre du soleil cramoisi. Enfin, je vais bannir Mavelus de mon extra deck ainsi qu’Oiseau du soleil cramoisi depuis mon cimetière afin d'invoquer la Leader de guerre du soleil cramoisi ! (ATK 2300) Grâce à son effet, elle va détruire tes cartes magies et pièges !

– J’active mon piège. Reprit froidement l’homme. Assaut Solennel. Moyennant 1500 points de vie je peux annuler l’invocation de ta leader de guerre du soleil cramoisi et la détruire. (Kiryu -> 6500LP)

– Je vois, repris-je en souriant, tu es un boss plutôt coriace…Hmm… Je vais attaquer le chevalier Armageddon avec Beatrice !!

L’attaque de ma Béatrice parvint à détruire le chevalier Armageddon, puis mon invocateur cramoisi alla directement attaquer les points de vie de Kiryu qui grimaça face à cet assaut. Satisfaite, je repris la parole.

– Je place moi aussi deux cartes masquées et c’est à toi ! (Chiaki : 2 cartes en main | Kiryu : 4250 LP)

– C’est à moi. Reprit Kiryu. Et comme tu t’en doutes, j’ai pioché l’Archdémon enfernité que je vais invoquer spécialement. Et j’active son effet pour ajouter une carte enfernité de mon deck à ma main.

– Pas si vite ! Je vais défausser Floraison de cendres et joyeux printemps qui grâce à son effet va annuler l’archdémon enfernité !

– Faux, je vais chainer barrière enfernité pour annuler l’effet de ta carte. Ainsi, je peux ajouter de mon deck à ma main mon canon enfernité. Je l’active immédiatement. Je retourne également ma dernière carte masquée : fusion instantanée. Moyennant 1000 Life points, je vais pouvoir invoquer Norden l’entité ancienne de mon extra deck, et grâce à son effet je vais ramener mon chevalier armageddon. J’ouvre ensuite le réseau de superposition pour invoquer Chaine Lavalval.

– Je retourne mon piège ! Embrasement soleil cramoisi ! Je vais devoir détruire une carte que j’ai sur le terrain, puis je pourrai annuler l’effet de ta Chaîne Lavalval et jeter un monstre cramoisi de mon deck ! Je détruis mon Invocateur, et j’envoie Mavelus soleil cramoisi de mon deck au cimetière !

– Bien. Dans ce cas, je vais détacher Archdémon enfernité, puis ma chaine lavalval se fera annuler. Je vais ensuite envoyer canon enfernité au cimetière afin de ramener mon archdémon enfernité sur le terrain, et activer son effet pour ajouter un autre canon enfernité à ma main. J’active le canon, puis je superpose mon norden et mon archdémon pour jouer une seconde chaine lavalval. Grâce à l’effet de celle-ci, je vais détacher mon archdémon pour jeter scarabée enfernité de mon deck, pour ensuite ramener les deux monstres sur le terrain grâce à mon canon.

– Il n’y a aucune fin à ces invocations…Grognai-je…Itachi est bien moins fort avec son deck…

– Grâce à mon archdémon enfernité, je vais pouvoir ajouter à ma main Ccapac Apu enfernité. Continua mon adversaire sans même prendre en compte ma plainte. Je vais ensuite sacrifier les deux Chaîne Lavalval afin d’invoquer normalement mon monstre.

Les deux cartes XYZ partirent du terrain tandis que je sentais que le véritable boss allait faire son entrée sur le terrain. Ma barre d’HP était pleine, mais je redoutais vraiment d’affronter une telle créature, surtout au vu de l’avantage formé par mon adversaire…

https://www.youtube.com/watch?v=_pn56B1KOHU

– Les flammes de la repentance sont plus ardentes que celles de la vengeance, mais elles restent maculées de ténèbres infinies ! Toi qui est dans mes entrailles, soulève toi pour servir ma cause, quitte à répandre le chaos !!! J’invoque mon Ccapac Apu Enfernité !!! (ATK 3000)

Les flammes autour de moi disparurent d’un seul coup, laissant enfin le soldat du groupe s’approcher de moi. Cependant, tandis que je perdis quelques secondes à l’écouter, je fus interrompue par le bruit sourd d’un grognement qui résonna dans les cieux tandis que celui duquel il provenait s’élevait encore et encore, fidèle au géant dont j’avais entendu parler. Il n’était qu’un simple hologramme, mais il me terrorisait tellement il était imposant. Jamais dans tous mes jeux je n’avais vu un tel boss final, et je redoutais de ne pas être capable de le vaincre.



Spoiler :




– Mon monstre n’est que le cadet de tes soucis jeune fille. Mon scarabée va se sacrifier pour invoquer deux autres scarabées. Je vais synchroniser brionac, puis je vais utiliser brionac et le scarabée enfernité pour invoquer le dragon synchro de l’aile de cristal. (ATK3000).

Devant moi se tenaient deux monstres : Le Ccapac Apu, et le dragon synchro de l’aile de cristal. Kiryu n’avait plus rien d’autre sur le terrain ou en main, mais je sentais que ces deux créatures étaient suffisantes pour me vaincre…Elles étaient monstrueuses…

– Dragon Synchro de l’aile de cristal va attaquer Beatrice.

Je ne pus rien faire d’autre que de laisser ma dame éternelle se faire vaincre par l’attaque du dragon qui ne la laissa même pas activer son effet. Non content de sa première attaque, l’homme enchaîna.

– Ccapac Apu va attaquer à son tour !

– J’active ma carte piège ! Plénitude Soleil Cramoisi ! Je vais pouvoir bannir un oiseau du soleil cramoisi depuis mon cimetière : Je ne prendrai aucun dégât durant ce tour, et je piocherai une carte !!!

– Bien. Je vais donc terminer mon tour. (Kiryu : 0 en main / 3250 LP) (Chiaki 2 cartes en main, 8000 LP, rien sur le terrain)

– C’est donc à moi de jouer ! Enchaînai-je, plutôt inquiète par l’issue de cet affrontement. Je pioche ! Je vais activer le Cri de l’oiseau cramoisi ! Je vais défausser une carte de ma main pour invoquer spécialement deux Oiseaux du soleil cramoisi bannis ! J'utilise mes deux oiseaux du soleil cramoisi afin de jouer le mirage cramoisi : Fenghuang. (ATK 0) Lorsqu'il est invoqué et qu'il est seul sur mon terrain, je vais détruire toutes les autres cartes sur le terrain, puis invoquer deux monstres « Mavelus » depuis mon cimetière.

– Je vais bien sûr annuler l’effet de ton monstre grâce à mon dragon synchro de l’aile de cristal. Reprit l’homme sans sourciller.

– Je vais chaîner l’effet de mon Fenghuang qui en détachant un matériel va diviser par deux tes points de vie restant ! (Kiryu : 1625LP) Je place une carte face verso et je termine mon tour ! (Chiaki : 0 cartes en main)

– C’est à moi. Draw. Je vais activer l’effet de mon Ccapac Apu. En défaussant mon Necromancien enfernité, je peux ajouter mon canon enfernité de mon cimetière à ma main. J’active ensuite le canon que j’envoie au cimetière afin d’invoquer Archdémon et Nécromancien. Archdémon va me permettre d’ajouter barrière enfernité de mon deck, et je vais la poser immédiatement. Je vais ensuite activer Nécromancien pour ramener Scarabée. Je synchronise enfin Scarabée et Nécromancien afin de jouer Vitesseroid Chanbara (2000 ATK) Je vais attaquer avec Chanbara qui va gagner 200 ATK !

Le monstre de Kiryu me percuta de plein fouet, me faisant lâcher un cri de douleur vive. Il revint une autre fois m’attaquer, et malgré le fait qu’il n’était qu’un hologramme, lorsqu’l me percuta une autre fois, j’avais vraiment l’impression qu’il me rentrait dedans. Je perdis ainsi 4600 points de vie, me relevant difficilement. L’archdémon enfernité se rua sur moi à son tour, mais alors que j’allais prendre l’attaque, ce fut mon père qui s’interposa, se prenant le coup de griffe du monstre en plein dans la poitrine. Mon compteur baissa encore, me laissant à la merci de l’homme en face qui avait encore son monstre le plus terrible à ses côtés.

– Mes excuses, je n’avais pas vu que mes pouvoirs avaient atteints mes monstres. Je ne compte pas vous blesser avec Ccapac Apu ou mon dragon de cristal. Jeune fille, je suppose que tu peux reconnaître la partie comme terminée si tu n’as pas de réponse à mon autre attaque, non ?

Je m’arrêtai quelques secondes. Devais-je vraiment céder face à ce boss ? En examinant la situation, ma barre HP avait sérieusement baissé en raison des pouvoirs de l’homme, et supporter une attaque du dragon synchro ou de Ccapac Apu allait sûrement me faire descendre dans un état critique…Et par-dessus tout, mon père avait également perdu 15% de sa barre rien qu’à cause de l’attaque de l’archdémon…Pourtant…Il me restait encore cette carte face verso…Et…Et je voulais tenter le coup…Parce que…

Parce que jamais je n’avais abandonné face à un boss de Jeu Vidéo…

(Chiaki : HP : 40% LP : 1600 / Ugo : HP :60%)

– Je retourne mon piège ! Hurlai-je en haletant ! Cri de détresse de l’oiseau cramoisi ! Lorsque j’ai moins de points de vie que toi, je peux bannir tous les monstres « Soleil Cramoisi » depuis mon cimetière ainsi que diviser par deux mes points de vie afin d’invoquer mon Mavelus suprème du Soleil Cramoisi !!! (ATK 1300)

– Quoi !!? S’étonna l’homme qui afficha enfin une émotion devant mes coups. Pourquoi ne pas abandonner et invoquer un monstre si faible après avoir laissé paraître une si forte conviction !!?

– Mavelus…A un effet spécial. Repris-je. Tant qu’il est sur le terrain, je détruirai tous les monstres qui ne sont pas de type bête-ailée…Et c’est un effet continu, dragon synchro de l’aile de cristal ne peut rien contre lui !

Dans un torrent de flammes, Mavelus s’envola dans les cieux, éclairant le ciel écarlate de par ses flammes rougeoyantes, et s’abattit en rappel sur tous les monstres composant le terrain de Kiryu. Il noya Ccapac Apu, le dragon synchro de l’aile de cristal, l’archdémon enfernité et le Chanbara speedroid dans un déluge de flammes qui les fit hurler de douleur avant de s’écraser dans un torrent de feu qui s’écrasa autour de nous avant de disparaître. Kiryu, qui était abasourdi par ce que je venais de faire alors que la victoire lui était assurée deux minutes auparavant, reprit la parole.

– Je…Je termine mon tour…Balbutia-t-il tandis que mon Mavelus rejoint le cimetière par son propre effet. Je n’arrive pas à y croire…Mais la partie n’est pas terminée…Il te faut encore un monstre pour me vaincre, et j’ai encore suffisamment de points de vie pour résister aux plus faibles d’entre eux. (Kiryu : 1625 LP : Chiaki : 800LP | Les deux n’ont aucune carte en main |)

– Je pioche alors…Et j’invoque Epeiste cramoisi…(1700ATK) J’ai gagné…

Mon épéiste se rua sur Kiryu auquel il asséna le coup d’épée qui me fit vaincre l’homme qui appartenait au mouvement Néo-Arcadia. J’haletai, je transpirais, ma barre HP était descendue à 30%…Mais j’avais gagné. J’avais triomphé de ce boss, vaincu l’obstacle qui m’empêchait de passer au niveau supérieur. Même si cela m’avait épuisée, j’avais gagné.

Je m’écroulai les genoux au sol tandis que mon père vint me rattraper avant que ma tête ne s’y écrase. Il me souriait, me disant qu’il était fier de moi et que je débordais de skill, tandis que mes HP étaient vraiment faibles, si bien que je ne pouvais articuler. Je cherchais à dire quelques mots, tandis que le boss que je venais de vaincre me surprit en s’approchant de nous, contre toute attente, avec le sourire.

(Chiaki : HP : 15% Ugo : HP :50%)

– J’ai décidément fait une rencontre bien singulière. Nous dit l’homme avec un peu plus d’entrain. Je suis désolé de t’avoir fait du mal avec mes pouvoirs, je les ai activés sans m’en rendre compte. Laisse-moi guérir tes blessures pour me faire pardonner.

L’homme utilisa des pouvoirs qui m’étaient inconnus, et au fur et à mesure qu’il le faisait, je me sentais plus forte. La fatigue disparaissait, la douleur aussi, et ma barre HP revenait au maximum…Même ma sensation de faim disparaissait, comme si je venais de prendre une douche, un repas, et une nuit de sommeil…

(Chiaki : HP 100% , Ugo : HP 100%)

– Laissez-moi donc me présenter de nouveau puisque tu as gagné. Je suis Kiryu, Kyosuke Kiryu, fais partie du mouvement Néo Arcadia construit par ma leader, Misty Tredwell. Nous avons repris le nom d’un mouvement ayant apporté désolation dans lequel de nombreux duellistes se sont rassemblés afin de faire le mal. Nous sommes des personnes ayant répandu le mal par le passé, mais nous cherchons la repentance depuis ces temps sombres, et c’est en apportant notre soutien aux personnes égarées que nous le faisons. Tel est notre mouvement.

– Et pourquoi cherches-tu ma mère ? Repris-je plus souple cette fois en attendant la récompense de fin de niveau.

– Ta mère, Jessica, est une proche amie de ma leader Misty. Elle a voulu la revoir depuis longtemps déjà afin de lui dire des choses qui lui tiennent à cœur. Elle voudrait également lui rendre ce qu’elle lui a donné en aidant au mieux à gérer le conflit auquel elle doit faire face. Voilà pourquoi je la cherche.

– Je vois, reprit mon soldat. Tu es donc un allié de la grande leader des UWS hoho. Malheureusement, nous la cherchons aussi. Tu n’obtiendras pas plus d’informations de notre part que tu n’en aurais obtenu de quelqu’un d’autre hoho ~

– Mais nous avons le même objectif. Reprit calmement l’homme. Pourrais-je vous accompagner dans votre quête afin de retrouver cette personne à laquelle ma leader tient également ?

– Ca dépend. Répondis-je sérieusement. Quelle est ta classe ? Mage ? Druide ? Fantassin ? Archer ?

– Je…Je peux être le guérisseur…J’imagine…Bégaya-t-il en affichant un malaise prononcé.

– VENDU !!! Hurlai-je. Tu es le guérisseur !!! Il nous manque plus que notre mage noir pour devenir la meilleure équipe de ce RPG !!!

Ce fut ainsi que le boss que je devais combattre devint mon allié. J’avais encore des tas de niveaux à gagner, des tas de points d’expérience à cumuler, mais nous étions désormais plusieurs à combattre et notre team devenait de plus en plus complète. J’étais impatiente à l’idée de trouver des nouveaux objets, des nouveaux PNJs, de nouveaux ennemis, et peut être même faire face au boss final et le vaincre de mes mains.

(Chiaki HP 100%, Ugo HP100%, Kiryu HP 100%)


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