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[Fic]L\'achèvement du Destin
heart earth
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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [15/08/2019] à 15:53

Surprise! Le retour de LADD 3 après 2 mois :3



Chapitre 46 : Iori, Fight for the Future



Spoiler :



Je fus repoussée violemment contre les parois de la citadelle. Une pluie d’éclairs dorés s’abattit sur moi mais Asuna s’interposa entre nous, me protégeant d’un bouclier d’énergie émeraude. Sans attendre davantage, l’énergie déployée devant elle se replia pour former une longue lance qu’elle projeta sur son adversaire. Sans aucune difficulté, Amon dévia l’attaque. Mais ce n’était qu’un leurre. Je profitai de cette seconde donnée par ma partenaire pour m’élancer à mon tour vers l’homme, l’épée pointée vers l’avant. Je me heurtai à un puissant mur de lumière derrière lequel celui qui m’avait tout pris se cachait, un sourire carnassier dessiné sur ses lèvres.

Asuna me rejoignit et tenta de prendre notre ennemi à revers mais sa tentative fut arrêtée de la même façon que la mienne. Nous avions beau y mettre toutes nos forces combinées, nous étions totalement impuissantes face au pouvoir d’Amon…

Soudain, d’un simple geste de la main, il nous repoussa toutes les deux comme de vulgaires brindilles puis se mit à rire.

« Voyez-vous cela, il semblerait que mon prédécesseur vous ait tellement amochées que vous êtes désormais incapables de lever le petit doigt contre moi.

— Comment cela ? Grognai-je sur mes gardes. Qu’est-ce que cela signifie ? Tu as frôlé la mort toi aussi, Amon !

— Frôlé ? Non, vous vous méprenez. Mon alter égo de ce monde est bel et bien mort, vaincu par un insecte aussi insignifiant qu’Hélios, me répondit l’homme de lumière d’un air faussement désolé. »

Je me crispai. Je n’avais pas besoin d’en entendre davantage pour comprendre ce qu’il se passait réellement ici et pourquoi nous peinions autant contre cet adversaire… c’était tout simplement parce que l’homme qui se trouvait en face de nous… était celui qui avait détruit mon monde dans le futur !

Mes yeux s’écarquillèrent de stupeur lorsque je réalisai cela et Amon éclata à nouveau de rire.

« Tu pensais t’être débarrassée de moi, Iori ? Tu pensais que Laura avait réussi à me vaincre en m’emportant avec elle ? Je suis désolé de te l’apprendre mais les seules personnes qui ont péri dans la destruction d’Izrath… sont tes précieux alliés ! »

Je reculai d’un pas, interdite. Une goutte de sueur perla sur mon front tandis que ma prise sur le pommeau de mon épée se desserra légèrement tant j’étais abasourdie et choquée par cette révélation.

« Mais… Izrath… Izrath dans le futur est tout de même détruit…rétorquai-je d’une voix tremblante. Alors comment…

— Comment ? De la même façon que toi, Iori. J’ai emprunté les Time Gates en même temps que vous. Mais malheureusement, l’autodestruction de Laura m’avait sérieusement amoché alors je me suis tenu à l’écart le temps de retrouver mes pouvoirs… Je comptais au départ fusionner avec mon double du passé le moment venu… mais jamais je n’aurais cru une seconde que des minables comme vous réussiraient à le vaincre. Cependant, je suis au regret de vous informer que dans sa destruction, Fuji Makoto m’a transmis ses pouvoirs et m’a permis de me régénérer entièrement ! Je suis désormais absolument invincible et il est temps pour moi de terminer ce que j’ai entrepris dans le futur, à savoir la création d’un nouvel univers dans lequel ma fille et moi serions les maitres incontestés ! »

Ce type avait décidemment un problème… Mais dérangé mentalement ou non, il n’en restait pas moins la personne la plus dangereuse existante. J’ignorais s’il restait encore quelque chose à sauver de ce monde que je m’étais efforcée de créer… Mais il était hors de question de revivre ce que j’avais fui. J n’avait pas consacré autant de temps ni d’énergie pour voir mes efforts réduits à néant par le même homme qui m’avait autrefois tout pris.

Je lâchai un long soupir et plantai mon épée profondément dans le sol. Il ne me restait plus qu’une seule solution. Cela me répugnait de le faire, et Akane ne m’aurait jamais pardonné d’agir de la sorte mais je n’avais plus d’autre alternative. Les pouvoirs d’Armageddon me quittaient peu à peu. Ce n’était plus qu’une question de minute avant d’être entièrement dépossédée de toutes mes facultés. Si je voulais vaincre cette pourriture d’Amon, je n’avais pas le choix.

Au fond de moi, je rassemblai toute l’énergie qu’il me restait pour la concentrer en un seul point au milieu de ma poitrine. Six flux de lumière convergèrent vers moi et m’emplirent d’une force nouvelle, une force que j’avais jusque-là rejetée, une force que je méprisais, une force qui m’avait été confiée par la dernière personne croyait encore en mois dans ce monde, une force capable de rivaliser avec les pouvoirs d’Armageddon… la force de Yuiko Iori.

Ma robe fut enveloppée dans un torrent de flammes lumineuses. Mon habit se transforma. Tout comme celui de mon double, il vira au blanc nacré, à la seule différence que les lignes rouges qui le parcouraient, au lieu de virer au doré le plus pur, scintillèrent de plus belle. Ma lame se scinda en deux pour devenir solaire d’un coté et nocturne de l’autre. Je sentais en moi couler un pouvoir nouveau, le pouvoir de Genesis, la créature née de la rancœur des démons envers Armageddon… Et à présent, ces deux pouvoirs antagonistes affluaient dans mes veines et emplissaient mon corps d’une énergie illimitée.

Amon fronça les sourcils, surpris par ce changement soudain d’apparence. Comme pour faire une démonstration de mes nouvelles capacités, je pointai le doigt vers Asuna. Immédiatement, l’œil qu’elle avait perdu des années auparavant, alors qu’elle n’était qu’une enfant, lui fut rendu. Cependant, quelque chose avait changé dans son regard à présent parfaitement symétrique… car désormais la marque du destin brillait dans ses pupilles d’azur.

Amon, peu désireux de se confronter à mon nouveau pouvoir, tenta de m’anéantir sans perdre une seconde. Mais, alors que son poing n’était qu’à quelques centimètres de ma figure, il fut stoppé net par la paume de ma main. L’onde de choc qui résultat de l’impact ébranla la structure entière de la citadelle, créant une fissure bien visible à l’endroit exact du choc qui s’étendait sur tout l’édifice.

Mon ennemi fronça les sourcils, pensant certainement à un simple coup de chance et essaya de m’asséner un coup de pied dans les côtes. Plus vive que la lumière – sans aucune exagération – je me mus derrière l’homme pour abattre violemment mon poing derrière sa nuque. Amon, avec une puissance phénoménale, fut projeté vers le sol où Asuna l’attendait de pied ferme. Mon alliée, un rictus sadique illuminant son visage, intercepta le projectile humain et le transperça du bout de son arme.

Du sang doré éclaboussa le sol de la forteresse alors que le ventre d’Amon était traversé de part en part par l’arme du destin. Néanmoins, cela était loin d’être suffisant et je le savais. Comme s’il ne ressentait pas la douleur, l’homme se saisit du corps de la lance pour la briser d’un coup sec puis se dégagea de l’emprise d’Asuna en frappant le sol de son pied. Cela créa une secousse qui détruisit la pierre sur laquelle la jeune fille se tenait et elle fut obligée de lâcher prise, déstabilisée. Son ennemi profita de cet instant de confusion pour tirer un rayon de lumière qui la toucha de plein fouet. Sans perdre une seconde de plus, je me précipitai vers l’homme et le saisis à la gorge, bien décidée à en finir une bonne fois pour toute. Ma main se changea en une flamme ardente qui emprisonnait Amon tandis que mon autre main pointait le bout de mon épée sur le cœur de cette pourriture, prête à le déchiqueter.

Cependant, alors que j’étais sur le point d’en finir, le corps d’Amon se liquéfia sous mes yeux puis échappa à mon emprise avant de réapparaitre quelques mètres plus loin, l’air désormais fou de rage.

« Bien, l’échauffement est terminé ! rugit-il, hors de lui. Jusque-là, je ne faisais que me réhabituer à mes pouvoirs mais il est grand temps de vous éliminer une bonne fois pour toutes et ce monde avec vous ! »

Les yeux de l’homme se mirent à luire d’un éclat aveuglant. Par réflexe, j’érigeai un bouclier autour de moi et Asuna fit de même, persuadée qu’il préparait une attaque de grande envergure. Mais ce qui se présenta sous nos yeux était bien pire que tout ce que j’aurais pu imaginer. En effet, devant nous, trois portails étaient apparus, trois portails menant à trois mondes différents : Izrath, la Terre et la dimension d’Asuna.

« Que… Que comptes-tu faire avec ça ! M’écriai-je.

— J’ignore pourquoi mon double du passé était autant obsédé par sa vengeance contre Hélios mais à présent qu’il l’a eu, c’est à mon tour d’engager la phase finale de notre plan. Grâce aux pouvoirs de Noun, tous les mondes existants sont à portée de main… Il ne suffit que d’un claquement de doigts de ma part pour les faire disparaitre purement et simplement… »

Ce n’était pas du bluff. Sur Izrath, Miyako et les autres cherchaient à s’enfuir. Dans la dimension d’Asuna, ses anciens camarades avaient les yeux levés au ciel, comme conscients de l’épée de Damoclès qui pendait au-dessus de leur tête… Et sur terre, les éléments se déchainaient à cause du surplus de Kvantiki qui envahissait ce monde.

« Fuji… Si jamais vous osez toucher à un seul cheveu de mon monde, je vous jure que…

— Tu me jures quoi, Asuna ? Trancha l’homme sèchement. Regarde la réalité en face, tu es impuissante face à moi. Tu ne peux que ramper et implorer ma pitié que jamais je ne t’accorderai. Après tout, qui a eu pitié d’Iris lors de la grande guerre ? Personne, le désespoir a eu raison d’elle ! Alors, vous qui vous dites justicières, vous allez gouter au même désespoir qui m’a envahi et vous comprendrez alors qu’il n’y a rien à sauver de ces mondes insignifiants ! »

Sur ces mots, trois flux d’énergie colossaux s’échappèrent de ce fou furieux et se dirigèrent tout droit vers les portails. Amon avait réellement mis toute sa puissance dans cette ultime attaque. Je pouvais sentir d’ici sa puissance qui, malgré mon bouclier, me repoussait. Dans une explosion, les murs de la citadelle furent réduits en poussière, nous laissant à l’air libre au milieu du néant qu’était la dimension alternative où nous nous trouvions. Il n’y avait rien ici, à part Asuna, Amon, ces trois portails et moi.

Mon corps agit seul à ce moment-là. Sans même réfléchir, je me jetai sur la bombe humaine pour prendre sur moi la déferlante d’énergie avant qu’elle ne se propage à travers les portails.

Je hurlai de douleur alors que je sentais toute ma chair se faire déchiqueter mais je tins bon. Je ne pouvais pas échouer maintenant, pas après tous les discours que j’avais proclamés à Iori. Il était hors de question… de ne pas honorer sa mémoire ! Je devais croire en mes rêves, atteindre mes idéaux… et ne plus jamais fuir devant la difficulté pour enfin revoir le sourire de ma mère…

Alors que mon cerveau bouillonnait, mes forces revinrent subitement. Au fond de mon être, je fusionnai les pouvoirs d’Armageddon et des démons en une seule sphère d’énergie bouillonnante qui, telle un trou noir, se mit à aspirer la puissance de l’attaque d’Amon.


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Sous ses yeux ébahis, la lumière se mit à décroitre tandis que dans ma main se formait un condensé d’énergie pure, capable de détruire le multivers. Notre ennemi, réalisant soudainement cela, grimaça et recula prudemment mais il était trop tard. Il avait commis l’irréparable en tentant d’éradiquer les mondes pour lesquels je m’étais battue toutes ces années et cela, il allait le payer d’un prix bien plus cher que sa vie.

« Amon… déclarai-je d’une voix lente, grave et emplie d’une haine non dissimulée. Regarde ce que tu as semé… Cette sphère que je tiens dans ma main… contient les larmes des milliards de personnes que tu as tuées pour satisfaire une vengeance vide de sens, le feu de la colère des millions de gens ayant survécu à la catastrophe, la volonté implacable de survie de l’humanité après avoir été détruite par ta faute… et les rêves que j’ai autrefois abandonnés. Tu as semé partout où tu es passé le vent du chaos et de la destruction. Alors récolte-le, l’ouragan de rage qui est né de ta folie. »

Je levai la lame de mon épée d’or et d’opale vers ce trou blanc débordant de Kvantiki pur… puis y plongeait le métal si précieux à l’intérieur. Aussitôt, mon arme divine fut imprégnée d’un pouvoir tel qu’elle illumina la dimension néant comme un quasar. Oui. La puissance contenue à l’intérieur de simple bout de métal était largement suffisante pour créer un nouvel univers… Sans les pouvoirs des démons et d’Armageddon réunis, j’aurais été détruite instantanément mais je contenais cette énergie instable au prix du sacrifice de ma propre vie. De toute façon, je n’en avais plus besoin. Une fois Amon vaincu, mes objectifs allaient prendre fin… de même que mes rêves.

« Asuna… Prends soin de ton monde… Murmurai-je d’une voix éteinte. Ce futur que je t’ai promis… Je vais maintenant te le donner en détruisant à jamais l’unique menace qui pèse sur lui.

— Armageddon… murmura mon alliée, la gorge nouée. Je… merci. Merci. »

Je ne pus m’empêcher de sourire. Quelle ironie. C’était le premier remerciement que j’entendais depuis ma décision de changer le futur…

« Passé, présent, futur, Izrath et les deux terres… Nous, Armageddon Destinée et Genesis Origins, unis en un même corps, transcendons les limites de la réalité pour mettre fin au chaos qui la ronge. Scintille au milieu de la nuit, lumière de la création et fais retourner au néant originel celui qui t’a un jour emprisonné. Genesis… Apocalypsis ! »

Tout en prononçant ces mots, mes cheveux de jais se décolorèrent pour virer au blanc le plus pur. Je fis un pas en avant, provoquant sur mon passage une vague d’énergie qui se répandit à travers le néant. Mais alors qu’Amon s’attendait à devoir encaisser une déferlante d’énergie incontrôlable, écarquilla les yeux de surprise lorsqu’il vit qu’à la place, des milliers des formes lumineuses s’échappèrent de ma lame et prirent forme à travers les ténèbres… Telles un rassemblement de pulsars, les âmes de mes camarades tombés au combat entourèrent l’homme de lumière, ne lui laissant aucune échappatoire.

Evidemment, il tenta de se dégager de cette emprise mais il ne faisait que donner des coups d’épée dans l’eau. Les formes translucides s’emparèrent de lui et l’empêchèrent de se mouvoir malgré tous ses pouvoirs, comme de véritables chaines humaines. Elle était là, la matérialisation de tous les maux que cet homme avait engendrés. Les âmes en peine que je portai en moi… que nous portions tous en nous, pouvaient enfin prendre leur revanche sur celui qui leur avait tout pris.

Mon cœur se contracta dans ma poitrine et je réprimai une grimace. Mon corps atteignait ses limites. Je n’avais plus une seconde à perdre. Je me jetai donc sur celui que je haïssais plus que tout au monde, bien décidée à en finir définitivement avec mes tourments. Il se débattait de toutes ses forces, luttant vainement pour sa survie tout en se sachant condamné.

La pointe de ma lame, enveloppée de cette énergie divine, rentra en contact avec la peau de l’homme de lumière et un éclair aveuglant illumina le néant. Les âmes de mes compagnons se dissipèrent, comme des fantômes libérés de leurs entraves terrestres. Alors qu’il hurlait de douleur, les pouvoirs du destructeur des mondes furent absorbés par mon arme qui se gorgeait de sa puissance infinie, telle un véritable trou noir dévorant même la plus lumineuse des étoiles.

Tout autour de moi, l’espace-temps vacillait et menaçait de s’effondrer à chaque instant. Des fissures se créèrent dans le vide. Cette dimension intermédiaire était, elle aussi, sur le point de s’effondrer. Mais telle était la volonté de tous ceux qui avaient un jour lutté contre le chaos, une volonté implacable, capable de renverser même l’univers.

« Regarde-moi, Iori… Cette fois-ci, je réaliserai notre rêve… ce rêve qui nous a fait transcender les limites de ce monde et de la réalité… ce rêve né des larmes d’une petite fille ayant tout perdu… ce rêve partagé par toute l’humanité ! »

Pendant un temps qui me parut interminable, je n’entendis rien d’autre que les cris d’Amon. Je ne vis rien d’autre que cette lueur aveuglante. Je ne ressentis rien d’autre que la douleur de lutter pour maintenir le flux d’énergie.

Puis, tout à coup, tout cessa. Les ténèbres revinrent. Le silence envahit l’espace. Les tremblements cessèrent. Et mon cœur lâcha.

Vidée de mes forces, le corps détruit et noircit par les pouvoirs antagonistes, je lâchai mon épée et tombai mollement devant un Amon triomphant.

J’avais échoué. Une fois de plus, j’avais été incapable de mener à terme mes objectifs et étais obligée de m’arrêter en route. Mon ennemi était peut-être privé des pouvoirs de Noun… Mais j’étais incapable de poursuivre le combat.

D’un coup de pied dédaigneux, l’homme que je haïssais m’envoya valser vers l’arrière. Asuna me rattrapa au vol avant que je ne me perde dans l’immensité de l’espace puis m’allongea avec douceur derrière elle avant de plonger son regard d’azur dans le mien.

« Tu peux te reposer maintenant, Armageddon, déclara-t-elle avec un sourire. Je prends le relais à partir de maintenant. C’est à moi de vaincre Fuji Makoto. »

J’étais bien trop faible pour répondre. Alors je me contentai de prendre sa main dans la mienne pour lui transférer ce qu’il me restait de mes pouvoirs.

« Je…Je ne suis plus Armageddon… murmurai-je faiblement. Ce pouvoir… te reviens… sauve… ton futur, Asuna. »

La jeune fille hocha la tête, déterminé puis se releva pour faire face, non pas au détenteur du pouvoir de Noun, mais au grand prêtre de Solaris. L’avenir était entre ses mains.






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le bon temps…

heart earth
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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [19/08/2019] à 02:47

allez une suite a 2h du mat, ca faisait longtemps :3




Chapitre 47 : Asuna, Face au destin



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=j57FespZHMA


Alors nous y étions enfin. Devant se trouvait l’homme que je haïssais le plus au monde, l’homme qui avait détruit tous mes rêves et mes espoirs, l’homme qui m’avait pris tout ce que je possédais de plus cher, l’homme qui m’avait plongée dans la folie, l’homme pour qui la mort était une délivrance bien trop douce, l’homme que j’allais enfin pouvoir terrasser de mes propres mains avec une joie non dissimulée.

Fuji Makoto me faisait face. Il avait perdu tous les pouvoirs qui faisait de lui un dieu d’Izrath. Quant à moi, j’avais hérité d’une partie de la puissance d’Armageddon. Le combat pouvait sembler déséquilibré mais je devais rester sur mes gardes. Cette ordure restait l’un des plus puissants mages de son époque alors que moi, je n’étais rien d’autre qu’une lycéenne ayant sombré dans la démence. Angéla me l’avait bien montré.

Je me mis en garde, prête à lancer l’assaut tandis que Fuji matérialisa un sceptre, une sorte de trident doré, qu’il brandit dans ma direction avec un regard rempli de haine et de mépris.

« Je n’ai nullement besoin du pouvoir de Noun pour te vaincre, Hoshino Asuna, cracha-t-il. Mon objectif principal est déjà atteint. Il ne me reste plus qu’à écraser les misérables insectes que vous êtes pour nettoyer mon monde de la vermine que l’être humain représente !

— Votre monde ? Répliquai-je en riant. Quel monde ? Avalon ? Vous pensez sincèrement que Ladd vous accordera encore une place dans son paradis après tout ce que vous avez fait ? Je vous savais fou à lier mais je ne vous pensais pas stupide.

— Ricane autant que tu veux. De toute façon, tu n’as toujours été qu’un pion, une marionnette sans vie pour tous ceux que tu as connus, je n’ai aucune leçon à recevoir d’une gamine qui a été incapable de vivre une seule seconde de sa courte vie.

— Comment ? Grognai-je, les dents serrées, me retenant de lui bondir dessus.

— Tu n’as jamais vécu pour toi-même, Asuna, reprit l’homme plus calmement. Tu as dévoué ton existence d’abord à Drago qui ne t’a jamais accordé le moindre intérêt parce que Ladd t’a sauvé. Puis tu as accepté de faire alliance avec moi tout en sachant que tu te faisais manipuler. Et maintenant encore, tu es au service d’Armageddon pour exécuter, non pas ta propre vengeance, mais celle que tes soi-disant amis t’ont demandé d’accomplir. »

Je me crispais. Tout cela était vrai. J’en avais pleinement conscience. Mais cela ne me dérangeait nullement. Vivre pour d’autres me satisfaisait entièrement. Je n’avais pas besoin d’autre chose pour me sentir vivante. Peut-être était-ce la folie qui me faisait penser ainsi, mais c’était un fait. Après tout, c’était bien ce que je reprochais à Angéla, elle qui ne vivait que pour satisfaire ses propres envies. Il était hors de question de céder aux provocations de cette pourriture qui se tenait en face de moi. J’avais choisi de vivre pour les autres depuis le jour où je m’étais sacrifiée pour sauver Drago et je n’étais pas prête à renoncer à mes convictions.

Voyant que je n’étais pas prête à céder, Fuji Makoto poussa un long soupir et haussa les épaules.

« Les valeurs humaines… Quelle futilité. L’humain est très doué pour amadouer ses pairs en prononçant de beaux discours mais c’est uniquement dans le but de rendre les autres inférieurs et dociles. La vraie nature de l’homme se révèle sur le champ de bataille, là où seules les armes parlent… là où les valeurs ne sont plus que des mots dénués de sens… là où les chevaliers blancs périssent pour défendre des mots vides de sens.

— Vides de sens pour vous qui n’avez plus rien à protéger ni personne à aimer, Fuji Makoto, crachai-je.

— Tu ne peux pas me comprendre. Tu n’es qu’une gamine après tout, lâcha-t-il d’une voix lasse. Personne ne peut me comprendre, pas même les démons ni les seigneurs d’Izrath. Seul Ladd a un jour compris qu’il n’y avait aucun retour en arrière possible. Je sais d’ailleurs que tu me regardes, où que tu sois. »

Lorsque Fuji Makoto prononça ces mots, l’espace se distordit pour laisser apparaitre une forme translucide à travers le néant. Un homme portant une armure d’or et d’opale et arborant sur son torse l’emblème d’Avalon. Ladd. Celui avec qui tout avait commencé.

« Nous avons déjà discuté de cela, Amon, gronda le seigneur du nouveau monde, les bras croisés et le regard glacial. Notre contrat a été rompu le jour où tu as décidé de poursuivre ta propre voie et de t’en prendre à ceux que je me suis juré de protéger. Toi et ta fille n’avez désormais plus votre place en Avalon, ni nulle part.

— Ridicule ! Si tu refuses de tenir ta parole, alors je te détrônerai toi-aussi et je m’emparerai de la place qui me revient de droit !

— Comme si tu en avais la force, murmura Ladd tout en fermant les yeux avant de disparaitre de la même façon qu’il était apparu. »

Cependant, le passage du roi d’Avalon laissa une trace chez mon ennemi. Le visage impassible et froid qu’il arborait jusque-là avait disparu pour ne laisser place qu’à une haine pure et une colère indescriptible. Fuji Makoto fut soudain pris d’un fou rire, d’abord timide, puis de plus en plus fort, jusqu’à être incapable de se contenir et de laisser sa folie éclater au grand jour.

« Je vois… j’aurais dû m’écouter et ne faire confiance à personne… heureusement pour moi, j’ai toujours eu l’intention de le trahir et de prendre son trône.

— Avant de penser au régicide, essayez déjà de vaincre une adolescente minable telle que moi !

— Tu n’avais pas besoin de me le deman… »

Une explosion de lumière dans la figure de l’homme l’empêcha de continuer. Il fut projeté vers l’arrière avec force sous mes yeux ébahis. Je crus tout d’abord à l’intervention d’Armageddon mais elle était toujours à terre, à demi consciente. Non. La source de cette explosion était une fissure dans l’espace-temps laissée par le passage de Ladd, une fissure de laquelle s’échappait la pointe d’une épée noire et dorée.

Mes pupilles s’agrandirent lorsque la faille s’élargit pour laisser passer la dernière personne que j’aurais cru voir dans un tel moment. Mais je ne rêvais pas. Il se tenait bien devant moi, dans un magnifique costume blanc surmonté d’une longue cape d’or. Ses cheveux blonds rayonnaient dans les ténèbres de l’espace tandis que dans ses yeux brûlait la flamme d’une détermination sans faille.

« Dra…Drago ?! bégayai-je, interdite.

— Je sais que tu m’en veux, Asuna, me répondit-il immédiatement sans se laisser déconcerter, mais la vengeance devra attendre. Pour l’heure, nous avons un ennemi commun en la personne de Fuji Makoto. Par sa faute, j’ai perdu toute ma famille et tu as perdu ton monde. Faisons une trêve le temps de vaincre ce menteur et manipulateur. Tu pourras essayer de me tuer après. »

Je ne pus m’empêcher de ricaner face à ses mots. Je me contentai de me remettre en position de combat aux côtés de celui que celui pour qui j’avais un jour voué ma vie.

« Je réfléchirai à ton sort plus tard, Drago, mais sache que tu ne t’en tireras pas aussi facilement que la dernière fois, déclarai-je, un sourire au coin de la bouche.

— Je m’en doute bien.

— Devoir s’allier à son ennemi qui pourrait vous poignarder dans le dos dans le seul but de vaincre un adversaire commun… ce que vous appelez confiance et que vous qualifiez de vertu n’est que naïveté et simplicité d’esprit, lança Fuji Makoto d’une voix remplie de dédains.

— De la confiance ? répéta mon nouveau partenaire, surpris. Je n’ai plus aucune confiance en elle depuis qu’elle nous a trahis. Je fais simplement les choix que ma sœur aurait fait à ma place… car après tout, jamais je n’aurais dû affronter de telles épreuves un jour si vous n’aviez pas été là, Amon. Alors, comme elle a toujours tenté de me protéger, et ce, même au péril de sa vie, je n’hésiterai pas à risquer la mienne pour protéger la vie de ceux qui me sont chers, quitte à devoir m’allier avec celle dont j’ai trahi la confiance !

— Drago… murmurai-je, surprise par ses paroles, lui que je n’avais toujours connu qu’égoïste et égocentrique.

— Amon ! A présent, je vais accomplir… nous allons accomplir ce que mon père aurait dû faire il y a plus de cinq-mille ans… et détruire le mal qui ronge ce monde… c’est-à-dire vous !

— Comme si tu en avais le pouvoir ! »


https://www.youtube.com/watch?v=GH9u4eZQGk8


L’espace vibra autour du grand prêtre alors que tout son corps fut enveloppé d’une puissante aura bleutée. Dans un cri de rage, il se jeta sur nous, prêt à nous pourfendre de son trident. Sans même nous consulter, Drago et moi nous élançâmes à la rencontre de notre ennemi, tous deux baignés de la même lumière dorée.

Je me détachai de notre duo afin de prendre les devants et ma lance d’émeraude se fracassa violemment entre les dents de l’arme du prêtre, l’immobilisant dans un fracas métallique assourdissant. Mon partenaire profita de cette occasion pour asséner un puissant coup d’épée dans l’épaule de l’homme qui grimaça de douleur sous la force de l’impact. Mais il ne se laissa pas démonter pour si peu. Redoublant de force malgré la blessure qui entaillait profondément sa chair, il me repoussa d’un coup de pied dans le ventre avant de tenter de m’embrocher. Je parai comme je le pus avec mon avant-bras libre et je sentis les pointes acérées du trident s’enfoncer dans ma peau.

Je créai une sphère d’énergie entre mon ennemi et moi afin d’utiliser la puissance de l’explosion qu’elle provoqua pour me libérer de l’emprise de ce sceptre et prendre de la distance. Ma blessure saignait abondamment mais je me contentai de stopper l’hémorragie grâce à mes pouvoirs puis replongeai immédiatement dans la bataille.

Pendant que Drago échangeait les coups avec son adversaire et occupait son côté droit, je plongeai sur le flanc gauche exposé de Fuji Makoto. Mais cette stratégie de diversion ne fonctionna pas une seconde fois. Libérant toute sa puissance, l’homme fit exploser l’espace tout autour de lui et nous repoussa brutalement. La puissance de cette attaque fut telle qu’elle brisa l’espace alternative dans lequel nous nous trouvions et nous ramena sur Izrath, à l’intérieur de la citadelle de glace.

Nous atterrîmes maladroitement sur le sol glissant, abasourdi par une telle démonstration de force. Fuji Makoto avait beau avoir perdu les pouvoirs de Noun, sa puissance était phénoménale.

« Drago ! »

Mon ancien ami n’eut pas besoin de plus pour comprendre. Il s’élança sur l’associé de son père, le regard brûlant de haine. Quant à moi, je restai en retrait afin de canaliser l’énergie dont j’avais besoin dans la pointe de la lance du destin.

Alors je chargeai mon ultime attaque, je ne pus m’empêcher d’être subjuguée par le combat qui se déroulait sous mes yeux. Les coups que Drago et Fuji s’échangeaient étaient à la fois gracieux et violents, une sorte de ballet mortel. Il ne s’agissait pas que de deux ennemis se battant à la mort. Il s’agissait d’un règlement de compte entre un homme qui avait sombré dans la folie et qui affrontait la dernière personne qui le raccrochait encore à la raison, et un enfant ayant tout perdu par le désespoir de celui en qui sont père avait le plus confiance. Je la voyais dans leurs regards, cette flamme ardente, cette volonté de vaincre à n’importe quel prix, cet espoir de voir enfin la lumière au milieu de la mer du désespoir… Oui, pour eux deux, cette bataille signifiait bien plus qu’une simple vengeance… elle signifiait la fin d’une tourmente de plus de cinq mille ans.

Aucun des deux adversaires ne se laissait dominer. Quand Drago attaquait au flanc, Fuji ripostait au ventre. Lorsque mon ami parait un coup mortel avec son épée, mon ennemi enchainait aussitôt d’une explosion de Kvantiki. Seuls leurs cris et le fracas de leurs armes s’entrechoquant couvraient le cri d’agonie d’Izrath à l’extérieur de cette forteresse dénuée de vie.

« Maintenant, Asuna ! S’écria Drago.

— Longinus Fate ! »

A son signal, je relâchai toute l’énergie emmagasinée dans la pointe de ma lance dans un faisceau de lumière verte ardente qui balaya tout sur son passage. Fuji fut incapable de l’éviter et dut se protéger en érigeant un bouclier de lumière tout autour de lui. Une déflagration de lumière l’avala tout entier et nous brûla la peau tant elle était puissante. Je pouvais voir nos habits se mettre à fumer mais je ne bougeais pas d’un pouce. Je voulais m’assurer personnellement de la mort de cette pourriture.

Je réprimai une grimace lorsqu’un cri de rage s’éleva au-dessus du fracas de l’explosion, cri qui fut immédiatement suivi d’une déferlante de Kvantiki. Drago et moi fûmes touchés de plein fouet par cette contre-attaque alors que le grand prête émergeait de la mer de lumière tel le léviathan surgissant des flots. Ses habits étaient en lambeaux et son trident brisé mais ses yeux continuaient à brûler de cette flamme de la vengeance inextinguible tant que la vie ne les aurait pas quittés.

« Drago, attaque-moi ! Ordonnai-je à mon partenaire.

— C… Comment ? S’étrangla-t-il, interdit.

— Ne pose pas de question, vas-y ! »

Sans comprendre mon plan, Drago s’exécuta tout de même et relâcha toute sa puissance sur moi. Dans mon dos, j’érigeai un solide bouclier puis visai Fuji du bout de ma lance. Avec une puissance phénoménale, je fus projetée vers l’avant telle un boulet de canon humain. Le prêtre, croyant certainement à une attaque suicide, se mit à rire.

« Pitoyable ! Regardez ce que le désespoir vous pousse à faire ! Vous vous jetez droit à la mort. Mais puisque vous semblez si impatient de perdre la vie, alors soit, je vais réaliser votre souhait ! Voici le plus puissant des sorts d’Héliopolis : Divinum Solis Sententia ! »

Amon écarta les bras tandis que devant lui, un cercle fusionné à une étoile à cinq branches apparut. Chacune des branches de l’astre se mit à rayonner et la lumière convergea sur le centre du cercle en une sphère de plasma… un Soleil miniature.

Mais cela ne me fit pas ralentir. Au contraire, j’accélérai en utilisant mes propres pouvoirs qui, mêlés à ceux de Drago, me firent franchir le mur du son. Un bang sonique envahit l’espace puis la pointe de ma lance entra en contact avec l’astre de feu. La chaleur était insupportable, je sentais mon corps fondre et mon sang bouillir dans mes veines… et pourtant, je n’abandonnai pas. Quelques mètres à peine me séparaient de mon objectif ultime… ce n’étaient pas quelques degrés de trop qui allaient m’arrêter !

Déployant toujours plus de puissance, je puisai dans les dernières ressources de mon corps pour réveiller entièrement le pouvoir qu’Armageddon m’avait confié. A mon tour, je fus enveloppée d’une aura d’émeraude qui me protégea des radiations solaires et décupla mes forces.

Les yeux de Fuji s’agrandirent lorsqu’il vit que lentement, mon arme commençait à pénétrer l’astre révéré par les anciens.

« Fuji, reçois-là… la colère des milliards de personnes que je porte en moi !

— Voici votre châtiment, Fuji, compléta Drago dans mon dos d’une voix bien plus calme mais d’où suintait la haine. Mon père n’a toujours voulu que le bien de son peuple, et c’est pourquoi, il s’est exilé dans le futur afin de vous préserver d’une guerre contre le démon… et que lui avez-vous donné en retour ? Rien d’autre que la mort. Alors en son nom… je vais vous rayer à jamais de la surface de cette terre ! Light and Darkness…

— Destiny ! »

Le flux d’énergie qui me propulsait redoubla d’intensité. Je passai à travers la sphère de plasma ardente puis me jetai sur l’homme qui n’avait plus pour se défendre qu’un trident brisé. Dans un geste de désespoir, et avec un hurlement de rage, il se précipita à ma rencontre.

Il y eut un éclair de lumière. Un cri de douleur. Une flaque de sang pourpre sur le sol. Puis plus rien. Le silence.

Je regardai la scène qui se trouvait sous mes yeux, ébahie. Car aucune de nos deux armes n’avait touché l’autre. Non. Toutes deux s’étaient plantées profondément dans la chair d’une fillette ayant surgi de nulle part et qui s’était interposée entre nous.

Le visage de Fuji se décomposa et il se mit à reculer, tremblant avant de tomber à genou, livide.

« I…Iris ? … »





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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [17/10/2019] à 17:13

Chapitre 48 : Marie, l’iris de glace



Spoiler :



Quel étrange monde qu’était celui dans lequel je me trouvais. Pour moi qui venais de passer plusieurs jours dans l’obscurité la plus totale, les couleurs éclatantes de cet endroit me brûlaient la rétine. Un ciel rose pastel, des nuages ressemblant à des barbes à papa célestes, un soleil d’or aux rayons ambrés et une herbe aussi verte que le plus pur des émeraudes.

Je marchais sur un long chemin de terre sèche qui serpentait aux côtés d’une petite rivière d’eau cristalline, si pure que les rochers scintillaient au fond du lit comme de vrais joyaux. Le bruit du ruissellement sur les pierres était apaisant, de même que le sifflement du vent qui berçait les brins d’herbes et les nombreuses fleurs colorées, véritable tapis végétal aux milles couleurs et aux senteurs exquises. Des violettes, des roses, des tulipes, des campanules, et beaucoup d’autres encore, tant d’espèces qui m’étaient inconnues mais qui s’accordaient parfaitement entre elles, dans une harmonie presque divine.

Je serais bien restée des heures entières, couchée dans l’herbe à écouter la voie de la nature, mais une question me taraudait l’esprit : que faisais-je ici ? Je me souvenais avoir parlé à Aymeric et June par télépathie, mais quelque chose était venu brouiller mes pouvoirs. Lorsque j’avais repris mes esprits, la forteresse sombre des démons avait disparu pour faire place à cette immense et paisible prairie colorée.

Je ne pouvais pas rester ici. Je devais retourner sur Izrath pour terminer notre combat contre Amon. Malheureusement pour moi, il n’y avait rien que des fleurs et de l’herbe à perte de vue et le chemin de terre ne semblait mener nulle part lui non plus.

Je poussai un long soupir, déjà fatiguée à l’idée de devoir marcher.

« Si seulement j’avais au moins un vélo ou un quelconque moyen de transport, marmonnai-je d’une voix faible. »

A peine eussé-je prononcé ces mots qu’une sonnette résonna dans mon dos. Je sursautai et me retournai brusquement, prête à me battre, mais ce que je vis me laissa sans voix. Comme par magie, une bicyclette venait d’appaitre à quelques mètres de moi.

Était-ce encore une conséquence de mon pouvoir ? J’avais découvert la télépathie un peu par hasard en testant mes capacités mais de là à matérialiser un objet par la simple force de ma pensée… J’aurais bien aimé avoir de telles capacités mais ce qui venait de se passer ne relevait pas de moi.

Intriguée, je fermai les yeux et me concentrai pour activer mes pouvoirs. Tout disparut autour de moi, tout à l’exception d’un minuscule point à l’horizon. Je ne pus m’empêcher de sourire. Malheureusement, la personne était bien trop loin pour que je puisse lire dans ses pensées ou même communiquer avec elle mais j’avais la confirmation de mes doutes. Quelqu’un m’avait amenée ici, ou du moins je m’étais introduite dans l’esprit de quelqu’un. Ce monde ne devait n’être autre que le rêve d’une personne non consciente à l’heure actuelle, restait à savoir comment me sortir d’ici.

Mais ce n’était pas parce que j’étais censée être en guerre que j’allais me priver de quelques plaisirs !

« Ah, qu’est-ce que j’aimerais pouvoir faire un tour sur le dos d’un aigle géant ! »

Un cri strident retentit dans les cieux et une ombre gigantesque plana au-dessus de ma tête. Une seconde plus tard, le Spiritual de Celestia, Horus, vint se poser à mes côtés et mon visage se fendit d’un large sourire. A cause de la fusion avec Nout, je n’avais jamais pu profiter de ce Spiritual, c’était le moment parfait pour agir comme mon frère !

Sans hésiter, j’enfourchai le dos du volatile et nous nous envolâmes droit vers la personne dont j’avais détecté les émotions. A peine avions-nous décollé que je compris pourquoi Michael aimait tant son Ethon. Cette sensation de liberté était simplement magique. Vu d’ici, tout n’était que de minuscules points à l’horizon et tout prenait une autre dimension. Des formes invisibles au sol apparaissaient, les rivières se transformaient en immenses serpents bleutés et le ciel devenait une mer paisible sur laquelle voguait des nuages insouciants, portés par les vents chauds et ascendants.

Cette promenade aérienne dura une bonne demi-heure, demi-heure que je savourai autant que je le pus, jusqu’à arriver enfin au bout de cette immense plaine fleurie. Cependant, je m’attendais à trouver tout sauf ce qui se dressa en face de moi. Là, perdue au milieu de nulle part, une tour de cristal gigantesque s’élevait jusqu’au ciel. Et ce n’était pas une exagération. Même en volant à plusieurs centaines de mètres au-dessus du sol, je n’arrivais pas à en voir le sommet, perdu derrière une épaisse couche de nuages d’orages qui entouraient la structure, tels une véritable barrière protectrice et infranchissable.

Je fermai les yeux une nouvelle fois et, comme je le pensais, je revis la personne que je recherchais. Elle se trouvait au sommet de la tour, mais toujours hors de portée de mon pouvoir. Sérieusement, quelle était la taille de cet édifice pour que je sois incapable d’évaluer la distance qui nous séparait ?

Peu confiante, j’ordonnai à Horus de foncer droit vers la couche de nuages. L’oiseau fut d’abord réticent à cette idée mais finit par s’exécuter.

Aussitôt, le monde coloré et féérique s’effaça pour ne laisser place qu’à de violentes bourrasques de vent, une pluie glaciale et des nuages si épais qu’ils en cachaient jusqu’au plus petit rayon de soleil pour ne laisser que les ténèbres les plus profondes. Seuls quelques éclairs illuminaient cette nuit permanente et déchiraient les cieux, comme un avertissement de ce monde lui-même qui m’ordonnait de ne pas continuer. Mais cela ne m’arrêta pas. Au contraire, j’ordonnais Horus de tirer une rafale de flammes en hauteur, comme pour affirmer notre présence…

Cela fut peut-être une mauvaise idée. Le dieu de ce monde ne parut pas apprécier que je lui tienne tête de la sorte. Comme punition, un éclair de lumière blanche s’abattit sur ma monture ailée et sur moi. Néanmoins, je ne paniquais pas. Rien de tout ce qui m’entourait n’était réel. En réalité, je cherchais même à mourir dans ce monde dans l’espoir de regagner le mien, comme lors d’un cauchemar qui nous réveille en pleine nuit.

Ma vision se brouilla, de même que tous mes sens et je sombrai dans l’inconscience.

Lorsque je me réveillai, je n’étais plus dans le ciel mais dans ce qui me semblait être un lit moelleux. Apparemment, c’était encore raté puisqu’en Izrath, les lits n’étaient pas moelleux…

Timidement, j’ouvris un oeil et ce que je vis me laissa bouche bée. L’endroit dans lequel je me trouvais était un palais de glace. Mais contrairement à la citadelle des dieux où la glace formait la structure même de l’édifice, ici, tout semblait avoir été emprisonné par le gel. Les meubles, les murs, les tapisseries, le sol, le plafond, et même les fleurs, tout était figé dans le temps à l’intérieur de cette prison blanche.

Mon attention fut attirée par un élément en particulier dans ce décor singulier. En effet, il n’y avait pas que le mobilier qui ait été pris au piège dans les glaces. Au centre de cette immense pièce circulaire se trouvait une jeune fille, elle aussi, figée. Mais mon pouvoir ne me trompait pas. Elle était vivante, ses émotions en étaient témoin. Ou plutôt aurais-je dû dire « son » émotion. Car oui, une et une seule émotion s’échappait de ce corps de givre : la tristesse.

Sans vraiment savoir pourquoi, je m’approchai de ce corps frêle et froid. La jeune fille était recroquevillée sur elle-même, comme un fœtus dans le ventre de sa mère. A en juger par son visage, elle ne devait pas avoir plus de douze ou treize ans. Elle portait une robe simple qui semblait d’un autre temps, à croire qu’elle était prisonnière de cet endroit depuis une éternité.

Au moment où je posai la main sur les cheveux de cette enfant, une vive lueur en jaillit. Prudemment, je reculai tandis que la glace commença à se fissurer de toutes parts. Dans une violente explosion de lumière, la fillette fut libérée de sa prison et s’effondra sur le sol.

« Où… où suis-je ? murmura-t-elle d’une voix à demi éteinte alors qu’elle reprenait lentement ses esprits.

— C’est une excellente question, lui répondis-je en mimant de réfléchir. Je pensais que tu aurais pu me répondre. »

Lorsqu’elle notifia ma présence, elle pencha légèrement la tête sur le côté d’un air intrigué.

« Oh, est-ce que quelqu’un aurait finalement répondu à mon appel ?…

— Ton… appel ? répétai-je, déconcertée. »

Tremblante, l’enfant au teint mat se remit sur ses jambes avec difficulté. Lorsqu’elle me fit face, je ne pus m’empêcher d’être étonnée. Son visage était bel et bien celui d’une fillette plus jeune que moi. Ses joues étaient roses, son menton arrondi et son nez fin tandis que ses longs cheveux blonds et soyeux comme le blé ne descendaient pas au-delà de ses hanches alors qu’ils ne semblaient n’avoir jamais été coupés. Et pourtant, dans ses yeux se lisait toute la sagesse et l’intelligence que seul l’âge pouvait apporter.

« Oh, quelle impolie je suis, je ne t’ai même pas remerciée de m’avoir libérée ! déclara-t-elle joyeusement.

— De… de rien, mais est-ce que je pourrais savoir qui tu es et qu’est-ce que tu faisais ici ?

— Effectivement, je brûle des étapes. Mon nom est Iris, fille du grand prêtre Amon et seconde de sa disciple Luna !

— Le… le grand prêtre Amon ?! m’étranglai-je. Tu es donc celle qu’il voulait…

— Et pour ta seconde question, mes souvenirs sont assez flous… je me souviens juste d’avoir encaissé l’attaque d’un Spiritual lors de la guerre… et puis plus rien. Je me suis retrouvée emprisonnée ici, sans aucun moyen de m’en sortir. Je ne pouvais rien faire d’autre que d’espérer que quelqu’un vienne me délivrer…

— Je vois, ce qu’Amon essayait de faire… je comprends pourquoi il avait besoin d’autant de puissance… parce que sa fille ne se trouvait ni sur Izrath, ni sur terre, ni dans l’au-delà… marmonnai-je tout en réfléchissant à haute voix.

— Excuse-moi, mais est-ce mon père qui t’as demandé de venir me sauver ? reprit la fillette, intriguée par mes paroles. »

Je me mordis la lèvre inférieure. Apparemment, le temps avait réellement été figée pour elle. J’ignorais même si elle savait à quelle époque nous nous trouvions… Malheureusement, contrairement à ici, dans le monde réel, le temps s’écoulait bel et bien et le combat contre Amon était loin d’être terminé. Mais devais-je vraiment révéler à une enfant la nature de son père ? Pour elle, Amon était certainement un homme bon. Jamais elle ne me croirait si je lui apprenais une telle chose.

Alors que j’étais perdue dans mes pensées, délibérant avec moi-même, une voix grave me ramena à la réalité.

« Dis-moi… est-ce que mon père… aurait fait quelque chose de stupide ? »

En relevant la tête, je réprimai un hoquet de surprise. La fillette avait disparu pour faire place à une magnifique jeune femme d’une vingtaine d’années, certainement l’âge auquel elle avait jadis perdu la vie. Cela me rassura en quelque sorte. Si elle gardait une apparence frêle, Iris devait être bien plus mature qu’elle ne le laissait paraitre. C’est pourquoi, je me décidai de tout lui raconter.

« Mon nom est Marie, Marie Duroy, commençai-je d’un ton solennel. »

Ainsi, je lui déballai toute la vérité. Iris m’écouta attentivement sans jamais m’interrompre, sans jamais émettre la moindre émotion, autre que cette profonde tristesse qui était ancrée dans son cœur. Lorsqu’enfin j’arrivai au terme de mon récit, la fille de notre ennemi émit un sourire triste et posa sa main droite sur son bras gauche.

« Je vois… tout cela est donc de ma faute, déclara-t-elle d’une voix éteinte. J’aurais dû m’en douter. Lorsque Papa a rejoint Solaris dans le futur, il avait promis de corriger les erreurs du destin s’il le fallait. Jamais je n’aurais pensé qu’il en viendrait à cet extrême…

— Je sais que pour toi, c’est peut-être difficile, mais je t’en prie, je dois retourner sur Izrath pour aider mes amis et mon frère qui combattent actuellement ton père, il faut que tu me laisses partir !

— C’est hors de question, rétorqua-t-elle fermement. »

Je me crispai. Je n’étais pas prête à me battre, et encore moins dans l’esprit de quelqu’un. Iris devait avoir tout pouvoir ici alors que moi, je n’étais qu’une intruse. Je n’avais aucune chance contre elle. Cependant, sa réponse me déconcerta encore plus qu’un défi.

« Tu ne partiras pas sans moi parce que je viens avec toi.

— Co… Comment ? bégayai-je, abasourdie.

— Il est hors de question que je vive au prix du sacrifice de milliers de vies. Papa sait pertinemment que je n’approuverai pas cela.

— Mais si tu refuses la seconde vie qu’il te donne… tu vas… mourir… et dans ce cas-là, Amon risque de devenir encore plus furieux qu’il ne l’est déjà…

— Non. Je connais mon père. Il ne le deviendra pas. Pas si je fais ce que je prévois de faire. »

Je penchai la tête sur le côté une nouvelle fois. Cette fille avait l’air encore plus tordue que moi. Etrangement, je ne la connaissais que depuis quelques minutes mais je n’avais aucun mal à discuter avec elle. Peut-être était-ce l’urgence de la situation qui créait ce sentiment en moi, ou peut-être compatissais-je avec elle, je l’ignorais.

« Dis… cela ne te fais pas peur de mourir ? m’étonnai-je devant la détermination avec laquelle Iris énonçait son plan.

— Pas vraiment non, me répondit-elle avec amusement. Pourquoi avoir peur de l’inévitable ? Beaucoup de gens meurent sans jamais avoir rien accompli dans leur vie et emportent avec eux des regrets, les regrets d’avoir vécu une vie vide de sens. C’était ce que je me disais quand je me suis sacrifiée pour protéger Luna à l’époque, et je le pense toujours… Après tout, c’est mon père qui me l’a appris…

— Ton… père ? Tu veux dire Amon ? »

Iris lâcha un long soupir. En faisant apparaitre de nulle part une chaise de roseau, elle s’assit dessus et se frotta les yeux, l’air soudain épuisée.

« J’imagine que, pour vous, mon père est impardonnable, et je vous comprends parfaitement. Cependant, je pense que, dans le fond, il n’a jamais voulu devenir le monstre qu’il est aujourd’hui. Il n’est qu’une victime parmi tant d’autres du véritable ennemi de l’humanité… non, de l’ennemi de la création.

— Un véritable ennemi ? J’ai du mal à te croire, m’excusai-je en me frottant la nuque, gênée.

— Dans ce cas, laisse-moi te raconter l’histoire de mon père telle que je l’ai vue depuis ma prison de glace. L’histoire d’un homme qui, pour faire face à des monstres, a dû renoncer à son humanité pour en devenir un lui-même. »






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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [18/10/2019] à 02:15

Chapitre 49 : Iris, la fleur éternelle



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=lR4dw_B423E


« Vois-tu cette étoile qui brille plus fort que les autres dans le ciel, Iris ?

— Oui, je la vois, père.

— Penses-tu qu’elle soit importante ? Penses-tu que la vie s’y est développée comme autour de notre soleil ? Penses-tu que, comme Atoum, elle ait engendré des fils et des filles ? »

Je réfléchis quelques instants, déconcertée par cette question, puis, après avoir relevé les yeux vers la voute céleste, je répondis d’une voix assurée :

« Très certainement ! Avec un tel éclat, ses enfants doivent êtres magnifiques ! »

Mon père, devant mon affirmation, émit un léger rire amusé et passa sa main dans mes longs cheveux de blé.

« Tu fais donc confiance à ce que tu vois, ma fille ? Tu ne devrais pas. Cette étoile est certainement déjà morte il y a longtemps. Pourtant, elle brille bien plus fort que de centaines de milliers d’autres astres, perdus aux confins de notre univers. Et pourtant, même si aujourd’hui elle n’émet plus aucune lumière et qu’elle n’est plus qu’un tas de poussières stellaires, nous la voyons briller parmi tant d’autres, comme une relique d’un passé qui nous est inconnu.

— Je ne suis pas certaine de comprendre où vous voulez en venir…

— L’important, ce n’est pas ce que nous sommes, ni comment Noun nous a créés. Notre apparence physique, nos qualités et nos défauts finiront par s’effriter sous la houle du temps. Mais le symbole que nous représentons, lui, ne s’éteindra jamais. Même longtemps après notre disparition, tout comme cette étoile, quelqu’un, quelque part sur cette terre, se souviendra que nous avons un jour existé. Retiens cette leçon que ta mère m’a apprise il y a longtemps, Iris : vivre dans l’ombre pour l’éternité est pire que de mourir. Et cela, un seigneur d’Izrath en particulier l’a bien compris.

— Pourquoi me dites-vous cela, père ? déclarai-je d’une voix tremblante, sentant que quelque chose se préparait dans mon dos. »

Le regard de l’homme qui était mon héros se voila de tristesse tandis qu’il repassait sa main dans mes cheveux d’un geste affectif.

« Il est possible… que je m’absente pendant quelques temps. Il y a quelque chose que je voudrai confirmer.

— Vous partez encore en mission pour Hélios ? Est-ce que je peux vous accompagner ?

— Non, pas cette fois. Cette mission est bien trop périlleuse pour toi. J’ignore même si je vais survivre… mais je dois le faire. Je n’ai pas le choix. Je dois confirmer ce qu’Il m’a dit. Je dois retrouver Solaris. »

Lorsque mon père prononça le nom de l’ancien pharaon disparut, mon cœur se serra dans ma poitrine et je dus retenir les larmes qui commençaient à me piquer les yeux. Malgré mes treize ans, j’étais parfaitement consciente de la réalité qui m’entourait. En pleine guerre contre de mystérieux ennemis venus de l’Est, le pharaon s’était volatilisé sans laisser de traces. Son second, Hélios, avait été contraint de prendre sa place et contenait tant bien que mal les assauts incessants mais le jeune roi était inexpérimenté et cela se faisait souvent ressentir dans les décisions qu’il prenait.

« Ne t’inquiète pas, Iris. Si les choses tournent mal ici, j’en serai informé.

— Vous reviendrez me chercher, n’est-ce pas ? Vous me le promettez ?

— Evidemment, déclara mon père d’une voix douce et aimante. Je te promets que, lorsque nous nous retrouverons, nous irons vivre dans ce paradis que ta mère nous a décrit. Et si nous ne le trouverons pas, je le créerai pour toi, cela te va ? »

Avec un sourire confiant, je hochai la tête et me blottis une dernière fois dans les bras de mon père. Oui, telle était la promesse que nous nous étions faites, plusieurs années auparavant, lorsque ma mère avait été emportée par la maladie. Au moment de quitter son monde, elle nous avait dit qu’elle nous attendrait dans ce paradis où elle avait jadis grandi avant de venir à Héliopolis, un paradis désormais envahi par les soldats du désespoir.


https://www.youtube.com/watch?v=zgZxaJEXXDA


Alors que je profitai de cette ultime étreinte avec mon père, une bourrasque de vent frais souffla sur le sable du désert encore chaud et, illuminant la nuit claire, un portail de lumière s’ouvrit devant nous. Là, un homme en sortit. Il portait une armure noire et or qui recouvrait entièrement son corps, sauf son visage. Ses yeux bi chromiques, rouge sang et doré, brillaient dans la nuit comme deux flammes de bougies tandis que ses longs cheveux blanc et noir se balançaient lentement au gré de la brise. Il m’était impossible de lui donner un âge mais il dégageait une aura particulière, à la fois effrayante et rassurante.

Lorsqu’il le vit, mon père posa un genou à terre pour se mettre à ma hauteur et me regarda dans les yeux avec tout l’amour du monde.

« Iris, Luna va prendre ma place à présent et tu seras sa disciple. Je n’ai plus rien à lui enseigner et je suis certaine qu’elle fera un merveilleux mentor. Sois bien sage avec elle et écoute bien tout ce qu’elle te dit, c’est d’accord ?

— Oui ! Vous pouvez compter sur moi, père ! Je ferai tout mon possible pour me montrer à la hauteur et quand vous reviendrez, vous serez fier de moi ! »

En entendant cela, l’homme qui avait surgi du portail haussa un sourcil d’un air étonné mais ne releva pas davantage. Dans une dernière étreinte, mon père s’éloigna enfin de moi pour rejoindre le nouveau venu.

« Tout est bon, nous pouvons y aller, Ladd, déclara mon père avec une pointe de regrets dans la voix.

— Tu es certain de ta décision, Amon ? répondit l’homme. Tu ne pourras plus faire marche arrière après.

— Non, mais je n’ai pas le choix. Je dois le voir de mes propres yeux… si je veux changer son destin, c’est la seule solution.

— Seul l’enfer t’attend au bout de la voie que tu empruntes en décidant de me suivre. Si tu veux reculer, c’est le moment, je ne pourrais pas t’en vouloir. Après tout, je n’ai déjà plus aucun espoir ni en l’humanité, ni en Izrath. »

Le regard de mon père passa une nouvelle fois sur moi mais je ne réussis à discerner aucune émotion derrière la mer de larmes qui inondait ses pupilles. Il claqua alors des doigts et ses habits s’embrasèrent. Sa tunique royale, signe de son rang fut consumée en une fraction de seconde et fut remplacée par un habit étrange, une sorte de longue cape blanche avec des manches faite dans une matière qui ressemblait à du lin. C’était étrange, jamais je n’avais vu de tels vêtements dans le royaume ni ailleurs.

— Tu as oublié ce détail, Ladd. C’est que, si tout ce que tu dis est vrai, alors moi non plus, je n’ai plus aucune confiance en Izrath.

— Même si tu es condamné à devoir devenir toi-même un monstre pour vaincre ceux qui menacent l’équilibre ?

— Oui. Solaris a abandonné son peuple a son propre sort. Hélios est incapable de reprendre le flambeau et Izrath est sur le point d’engloutir la terre. Alors, s’il faut un monstre pour éviter la catastrophe, je deviendrai ce monstre. Je me fiche d’être cette étoile qui brille dans le ciel. Même si tout le monde oublie mon existence, même si je suis voué à sombrer dans la folie, même si je ne récolterai jamais le fruit de mon travail, savoir qu’Iris aura un avenir suffit à me conforter dans cette quête. Je suis certain… qu’elle saura trouver les mots et avoir les gestes pour me sortir de cette folie que j’accueille à bras ouverts.

— Je vois… dans ce cas, nous sommes d’accord.

— Cependant, je te préviens, Spiritual. Si je me rends compte que tu m’as dupé, je n’hésiterai pas à me débarrasser de toi, est-ce que tu m’as bien entendu ?

— Cela n’a aucune chance d’arriver. Tant que tu respectes tes accords, je n’ai aucune raison de briser les miens. Ce n’est pas dans mon intérêt. Sur ce, pouvons-nous y aller ? »

Mon père hocha la tête puis disparut dans ce portail de lumière qui se referma derrière son passage, me laissant seule à contempler la voute céleste, le cœur rempli d’espoir après les paroles de mon père. J’en étais persuadée, la guerre était sur le point de se terminer bientôt.

Cependant, l’avenir me donna tort. Jamais mon père ne revint. Les soldats du désespoir gagnaient sans cesse du terrain et malgré les enseignements de Luna, j’étais incapable de leur face. C’est pourquoi, comprenant mon inutilité, je voulus donner enfin un sens à ma vie. J’utilisai mon propre corps comme bouclier humain pour protéger mon mentor d’une attaque mortelle. Je pensais ainsi suivre les enseignements de mon père et partir sur un coup d’éclat, mais au lieu de mourir, je me retrouvai prisonnière de mes pensées. Mon corps avait été détruit mais mon esprit, lui, fut enfermé dans Lithemba, le monde créé par le souverain du désespoir, Zetsubo en personne.

De là, je pus observer de nombreuses choses : la fin de la guerre, la folie qui gagnait Hélios, la chute d’Héliopolis mais ce ne fut que cinq mille ans plus tard que je retrouvai finalement mon père, ainsi que ce mystérieux homme qui l’avait entrainé à sa suite. Je ressentis son désespoir comme le mien lorsqu’il apprit la terrible vérité à mon sujet et je le vis à son tour sombrer lentement dans les abimes de la folie tandis que j’étais incapable d’agir depuis ma prison de glace.

Ses relations avec Ladd se détériorèrent rapidement et bientôt tous deux coupèrent les ponts. Paradoxalement, ce Spiritual était la dernière personne capable de contenir la folie de mon père, mais lorsqu’il disparut de sa vie, le monstre qui sommeillait en lui se réveilla. Les valeurs humaines n’avaient plus aucun sens pour lui. Tout ce en quoi il croyait n’était pour lui que des illusions. Le monde entier n’était qu’une illusion. Il était seul, perdu au milieu d’une masse de spectres sans âmes qui n’hésiterait pas à lui arracher tout ce qu’il possédait. Alors, pour se protéger, il devint comme ces fantômes sans âme qu’il côtoyait… et il rejeta son humanité, ainsi que toutes les valeurs qu’il jugeait inutile et qu’il portait fièrement jusqu’ici.

Ayant perdu toute once de lucidité, il chercha un moyen de retourner dans notre monde, tout d’abord en passant une alliance avec un homme avide de pouvoir, Ricky Sawyer. Cependant, Gariatron, l’entité qui avait pris possession du corps d’Hélios, sabota ses projets et créa la catastrophe connue désormais sous le nom de Purple Requiem. Si mon père existait encore quelque part, à ce moment-là, l’homme que je connaissais mourut définitivement. Sa rage se métamorphosa en folie pure et il s’attaqua directement au Pharaon qui, jusque-là, avait échappé à son courroux. Oui, Solaris représentait désormais pour lui le symbole d’un échec, et c’est pour cela qu’il devait l’éliminer.

Mon père avait tenu sa promesse. Pour combattre Gariatron, il avait dû devenir un monstre lui-même, un monstre assoiffé de pouvoir, guidé uniquement par sa soif de vengeance. La promesse que nous nous étions faites le jour de son départ était peut-être tout ce qu’il restait de l’homme qui avait été jadis mon père. Cette dernière part d’humanité restée accrochée dans les tréfond de son âme souillée était ce qui faisait de lui l’entité la plus dangereuse que le monde n’ait jamais connu.


**


J’arrêtai mon récit là. Marie, devant toutes ces révélations, était devenue livide et je la comprenais. Moi-même, j’avais du mal à réaliser que tout cela était réel. Mais en sens, je ne pouvais m’empêcher de culpabiliser. Si je l’avais arrêté cette nuit-là, les choses auraient été différentes. Il n’y avait pour moi qu’une seule façon de racheter le mal que j’avais fait à l’humanité.

Je me tournai vers mon interlocutrice et lui adressai un large sourire.

« Désolée d’avoir été la cause de tous vos soucis, déclarai-je tristement. Mais à présent, vous pouvez vous reposer, je prends le relais.

— Tu penses pouvoir raisonner ton père ? s’étonna mon invitée. »

Je secouai la tête négativement. Je ne me faisais aucune illusion. Il n’y avait aucun moyen de ramener mon père à la raison. L’homme que j’avais aimé autrefois était mort, remplacé par une coquille vide avide de pouvoir et cherchant la lumière de l’âme qui l’avait fait un jour vivre afin de pouvoir enfin reposer en paix.

Voyant que je ne répondais pas immédiatement, Marie reprit la parole, d’une voix plus douce et compatissante.

« Tu penses pouvoir affronter ton père ?

— Il le faut bien. Et puis, je suis une adulte maintenant, il n’a plus à me dire quoi faire ! Si je veux vivre ou non, cela ne regarde que moi ! »

Je tentai d’afficher un visage rayonnant et je serrai le poing de manière enthousiaste en disant ces mots mais Marie n’était pas dupe. Elle afficha une mine désolée et baissa les yeux vers le sol, l’air coupable.

« Tu… tu n’as pas peur de mourir ? Tu en es certaine ? »

Je lâchai un soupir. C’était inutile de mentir à cette fille, elle en savait plus sur moi que je n’en savais sur moi-même.

« Avoir peur de la mort est irrationnel puisque la mort est la seule certitude sur notre vie. Si nous agissons, c’est parce que demain est incertain. Une vie éternelle perd son sens car notre temps devient infini et nous finissons par ne plus agir. Cependant, l’esprit humain est irrationnel. Alors oui, j’ai peur de la mort, peur que personne ne se souvienne de mon existence, peur de n’être plus qu’un tas de poussière parmi tant d’autre… mais tel est le cycle naturel des choses et nul ne peut y échapper. Je pense d’ailleurs que Ladd lui-même l’a très bien compris.

— Ladd ? répéta mon interlocutrice, troublée.

— Il prétend vouloir renverser le système d’Izrath, mais au fond, je suis certaine qu’il ne cherche qu’un moyen de mettre fin à ses jours et à ceux des seigneurs d’Izrath. Car, comme moi, il a compris que rien de bon ne peut naitre de la part d’immortels ayant renoncé à mourir… et donc à vivre.

— Je vois… je garde tout ce que tu viens de dire dans un coin de ma tête pour les ressortir au bac, s’amusa la jeune fille.

— Le… bac ?

— Oublie ce que je viens de dire, tu veux ?! s’exclama-t-elle en s’empourprant vivement. Bref, je crois que je comprends ce que tu insinues. Je suis bien trop jeune et inexpérimentée dans ce domaine pour juger tes choix, alors je te fais confiance. Cependant, je peux t’affirmer cela : ton nom ne sera pas oublié. J’ignore si je pourrai la tenir, mais je ferai tout pour tenir cette promesse… et je suis désolée que tu n’aies pas pu vivre la vie que tu aurais voulu.

— Merci, Marie. Je suis contente de voir que mon père se trompait sur l’humanité. Il reste des gens de confiance sur cette terre, lançai-je avec un large sourire.

— Eh bien, il en faut quelques-uns pour relever le niveau, rit la jeune fille en se grattant le crâne, gênée. »

Je me mis à rire. Pour la première fois depuis une éternité, ce n’était ni un rire forcé, ni de moquerie, ni pour camoufler mes larmes mais bel et bien un rire de joie et d’amusement. C’était la première fois que je ressentais cette chaleur dans ma poitrine depuis le départ de mon père… j’avais oublié à quel point était agréable le simple fait de se sentir en vie…

Oui. A présent, je pouvais définitivement quitter ce monde sans aucun regret.


**

https://www.youtube.com/watch?v=P33LGflLGK4


Deux lames de métal glaciales pénétrèrent profondément dans la chair de ce nouveau corps qu’était le mien. Une douleur fulgurante me paralysa momentanément et je dus me retenir de lâcher un hurlement. J’avais oublié à quel point vivre pouvait s’avérer douloureux. Sur le sol se déversa un torrent de sang pourpre et mes forces commencèrent à m’abandonner.

« I… Iris ? »

Sans oser croiser le regard de mon père, j’utilisai l’ultime enseignement de Luna pour transformer ma main en une longue et fine lame osseuse. En une fraction de seconde, un second torrent écarlate vint se joindre à celui qui s’écoulait de mon ventre transpercé de part en part.

Je levai alors timidement le regard pour croiser celui de l’homme qui se disait monstre et à ce moment-là, je compris une chose. Lui comme moi avions fini par trouver ce que nous cherchions après toutes ces années d’errance.

« Vous m’avez donné la vie, père, par deux fois, et je vous en suis reconnaissante. Mais à présent, il est temps de vous reposer. Vous en avez fait bien assez. »

En utilisant le peu de pouvoirs qu’il lui restait, mon père tenta de refermer la plaie mortelle mais c’était inutile. Je ne l’avais pas transpercé pour lui prendre la vie, mais pour m’approprier son énergie. Tel était le sort interdit que la sœur d’Hélios m’avait appris. La capacité de voler la vie même des êtres vivants… quel terrifiant sort que je m’étais promis de ne jamais utiliser. Mais mon père ne me laissait pas le choix. Il avait brisé tous les tabous qu’il s’était imposé, il n’y avait pas de raison que je ne le fasse pas non plus.

Lentement, les flammes de la haine et de la couleur qui brillaient dans ses yeux s’éteignirent alors que je sentais sa vie lui échapper. Je devais être une fille bien ingrate pour oser tuer mon propre père de la sorte alors qu’il s’était battu pour me redonner vie. Peut-être pour cela, mon châtiment pour n’avoir pas retenu l’homme qui comptait le plus pour moi cette nuit-là.

« Iris… murmura mon père d’une voix à demi éteinte.

— Adieu, père. Nous nous retrouverons avec mère bientôt dans son jardin d’Eden. »

Alors que je sentais qu’il ne restait en lui qu’une infime partie du pouvoir de Noun, je retransformai ma lame en main et attrapai son cœur qui battait faiblement dans sa poitrine éventrée… et mis définitivement fin à la folie de cet homme que j’avais un jour admiré. Cependant alors que le corps sans vie de l’être le plus dangereux que cette terre ait connu tombait lourdement sur le sol, sur son visage était figé un dernier et ultime sourire, comme s’il était heureux que tout se soit enfin terminé.

« Reposez en paix, père. »

Je tombai à genoux, vidée de mes forces. Mon corps commença à émettre des sphères lumineuses qui s’élevèrent dans les cieux alors que mes sens se brouillaient progressivement. Dans un dernier geste égoïste, j’utilisai les pouvoirs de Noun, non pas pour réparer les erreurs de mon père, mais simplement pour ouvrir la voute de cette forteresse qui me cachait le ciel.


https://www.youtube.com/watch?v=I0fUiYOGF8A


Un rayon de lumière fusa et transperça l’édifice pour exploser au loin. Les ténèbres qui recouvraient Izrath se dissipèrent et enfin, une nuit sans lune éclaira ces terres dévastées. Cependant, ce n’était ni l’astre du jour ni de la nuit qui illuminaient l’obscurité, mais bien cette rivière céleste et scintillante, aux reflets bleutés ou mauves par endroits, et constituée de milliards d’étoiles, mortes pour la plupart mais brillant de mille feux aux côtés des vivantes.

Que pouvais-je demander de plus comme dernière vision sur cette terre que celle d’un ciel immuable et infini ?

Dans mon esprit, je sentis une présence s’introduire. Je reconnais immédiatement Marie, cette fille qui m’avait permis de me réveiller de ce sommeil millénaire. Je fermai les yeux et les rouvris dans cette immense prairie tapissée de fleurs aux mille senteurs qui m’étaient inconnues. Comme sur Izrath, une nuit sans lune et baignée de la lueur des étoiles éclairait mes derniers instants. Ici, dans les tréfonds de mon esprit, je ne ressentais ni la douleur ni la tristesse. Il n’y avait qu’une infinie quiétude.

C’est alors que je la vis. Assise dans l’herbe et contemplant elle aussi les constellations qui scintillaient par milliers, Marie attendait avec moi que la mort vienne me délivrer de mon tourment éternel.

« Merci de m’accompagner dans ces derniers instants, Marie, déclarai-je d’une voix calme et reconnaissante.

— C’était le moins que je puisse faire pour te remercier, me répondit la jeune fille sans cesser de fixer la mer stellaire. Et puis, c’est mon rôle en tant qu’amie de cheminer à tes côtés même dans les pires moments.

— Une… amie ? répétai-je, étonnée.

— Tu ne me considères pas comme telle alors que je t’ai libéré de ta prison ? Je suis vexée, répliqua-t-elle en gonflant les joues.

— Non… c’est juste que… je n’ai jamais eu l’occasion d’employer ce terme avec la guerre et tout…

— Eh bien, il n’est jamais trop tard pour commencer, non ? »

Marie me lança un large sourire et m’invita à m’asseoir à côté d’elle. Touchée par ses paroles, je m’exécutai. Là, nous restâmes de longues heures durant, à regarder les étoiles s’éteindre une à une dans la voute céleste. Puis, lorsqu’il n’en resta plus une seule dans le ciel noir, la brise fraiche qui soufflait sur la terre s’arrêta. L’herbe jaunit. Les fleurs perdirent leurs pétales et les senteurs tandis que les ténèbres gagnèrent peu à peu du terrain.

Lorsqu’il ne resta de mon monde féérique qu’un minuscule cercle aride et sans vie, le corps de Marie devint translucide. Elle aussi commençait à être effacée de mon esprit. La dernière personne à m’avoir tenu compagnie jusque dans mes derniers moments se leva alors et s’étira.

« Bien, Iris, ça aura été un plaisir de faire ta connaissance ! s’exclama-t-elle. Dans sa folie, Amon a au moins permis notre rencontre, comme quoi, même dans le noir le plus total, il existe une particule de lumière, aussi infime soit-elle.

— J’imagine que tu as raison, même si rien ne pourra jamais pardonner les crimes de mon père, je suis heureuse de t’avoir connue, Marie.

— Moi de même. »

Un silence s’installa entre nous. Pour le briser, je claquai des doigts afin de faire apparaitre une porte de sortie à côté de la jeune fille.

« Sois heureuse dans ta vie, mon amie. Je te souhaite de réaliser tes rêves.

— Oh, ne t’inquiète pas pour cela, j’ai de quoi m’amuser encore pendant un bon demi-siècle, je ne me suis pas près de m’ennuyer !

— Dans ce cas, tout va pour le mieux. Adieu, Marie Duroy.

— Adieu, Iris. Et encore une fois, merci pour tout. »

Sans me laisser le temps de répondre, mon amie franchit la porte qui disparut derrière elle. Je lâchai un long soupir et me rassit sur mon minuscule carré de terre, ilot de vie perdu au milieu d’un océan de mort, attendant simplement qu’une vague vienne submerger ce dernier refuge.

Puis tout disparut. Enfin, mon âme était libérée de cette prison terrestre dans laquelle elle errait depuis plus de cinq mille ans.

« Père, mère, Solaris, Luna, Celestia, Hélios, je viens vous rejoindre. »





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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [19/10/2019] à 13:01

Chapitre 50 : Iori, L’Achèvement du destin



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=n01q7X16uzs


Un jour, alors que je luttais pour ma survie au milieu du chaos, j’avais fait un rêve. A l’époque, il m’avait paru insensée, illusoire, inatteignable, chimérique, utopique. Après tout, que pouvait espérer une simple fillette confrontée à la mort et à la désolation chaque jour, qui ne connaissait le bonheur que via d’anciens ouvrages contant des jours heureux ? Et pourtant, ce rêve, aussi irréel fut-il, avait fait naître en moi un sentiment qui m’était inconnu jusque-là, un sentiment dont je n’appris le nom que bien plus tard : l’espoir. Il fallait que je restaure ce monde, que je fasse briller à nouveau le soleil sur la terre, que je fasse choir le démon de son trône, que je redonne le sourire que mon père avait perdu, lui qui autrefois rayonnait comme l’astre du jour que je n’avais connu.

Et pourtant, dans ma quête d’idéal, je m’étais confronté à la réalité, cruelle, tangible et froide. Je n’étais ni une justicière, ni une déesse. Même avec les pouvoirs d’Armageddon, j’étais soumise aux lois de ce monde et devais m’y plier… du moins, je le pensais. Ce n’était qu’une façon de me voiler la face, de me conforter dans mon idée que ce que j’avais obtenu ne pouvait être meilleur, que j’avais atteint mon objectif. Mais je me trompais. Jamais je n’avais voulu la mort de Laura, jamais je n’avais voulu créer un futur où mon père sombrerait dans les abimes du désespoir, jamais je n’avais voulu provoquer cette rébellion contre Izrath, et jamais je n’avais voulu m’affronter car je connaissais l’issue depuis longtemps. Je savais que le jour où mon double viendrait à moi, l’illusion que je m’étais créé se briserait et que je serais obligée de constater avec amertume mon échec cuisant.

Ce que j’avais sous les yeux à ce moment-là était l’incarnation même de mon erreur et j’allais emporter dans ma tombe ce regret de n’avoir jamais eu le courage d’aller jusqu’au bout de mes rêves.

« Désolée, Akane. Je n’ai pas pu tenir ma promesse… j’ai été incapable de veiller sur notre monde… »


**

Amon n’était plus. Enfin, après des décennies de combats incessants, mon rôle touchait à sa fin. Pour la première, parmi toutes les lignes d’univers existantes que j’avais pu traverser, l’humanité et les Spirituals étaient libérés du jouc de ce tyran. Et ce, je le devais non seulement à Asuna et Drago, mais aussi à sa propre fille, Iris.

Avec difficulté, je me relevai, chancelante. Mon corps était salement amoché mais j’étais vivante. Du moins, pour le moment. Car je le savais, mon temps était compté désormais. Le plan de Ladd était accompli. Izrath n’était plus qu’un noyau sans vie et cette forteresse de glace était la dernière relique de cette époque révolue. Et Izrath, le pouvoir d’Armageddon était voué à disparaitre, m’emportant avec lui.

D’un pas tremblant, je m’approchai de Drago et d’Asuna qui semblaient avoir encore du mal à réaliser que leur ennemi de toujours n’était plus. Cependant, pour eux aussi, le temps pressait. Ils ne pouvaient pas rester ici sous peine d’être annihiler en même temps que ce monde.

« Alors… c’est terminé ? murmura Asuna d’une voix trahissant son émotion.

— On dirait bien, oui… lui répondit son ami, tout aussi perdu. »

Je tentai de les prévenir du danger qu’ils encouraient mais je fus interrompue par un grondement sourd. Le sol trembla et, au-dessus de nos têtes, une ombre immense cacha l’éclat de la voute céleste. Un vaisseau gigantesque venait d’apparaitre. Dans une lumière éblouissante, cinq personnes se matérialisèrent devant moi. Il ne s’agissait ni plus ni moins que des alliés de mon double, Miyako, Nagisa et Hiroki… ainsi que mes parents.


https://www.youtube.com/watch?v=fCfSW3oDyoU


Lorsque je revis leur visage de si près pour la première fois depuis des dizaines d’années, mon cœur fit un bond dans ma poitrine et une chaleur intense m’envahit. Mes yeux me piquèrent mais je refusai de laisser mes larmes couler. Nous n’avions pas le temps pour le sentimentalisme.

Ainsi, avant même qu’ils n’aient pu prononcer un seul mot, je pris la parole d’une voix ferme.

« Vous tous, ici, partez sur le champ et quittez Izrath tant que vous le pouvez encore. Ce n’est plus qu’une question de minutes avant que cette planète ne vous emporte avec elle.

— Vous ? répéta Miyako, sceptique. Est-ce que tu sous-entendrais que tu ne viendrais pas avec nous, Iori ? »

Mon cœur fit un autre bond dans ma poitrine en entendant la présidente prononcer mon prénom, ce même prénom que j’avais abandonné en acceptant l’identité d’Armageddon.

« Je… »

Je ne pus continuer ma phrase car mon corps se mit à émettre une vive lumière tandis que des sphères lumineuses s’échappèrent de ma peau qui devenait peu à peu translucide. Ma mère, en voyant cela, écarquilla les yeux et leva la main vers moi, tremblante.

« Iori… tu… »

L’heure était venue plus tôt que prévu apparemment. Sérieusement, j’aurais préféré que personne ne me voit dans cet état, surtout pas Saya. Mais il semblait que les choses ne pouvaient pas être autrement.

Je fermai les yeux et lâchai un soupir tout en me forçant à sourire.

« Mes amis… je vous remercie d’avoir accueilli Io… de m’avoir accueillie parmi vous pendant ces deux années. Vous regarder rire et vous amuser tous ensemble m’a fait prendre conscience que j’ai fait le bon choix le jour où j’ai décidé de combattre ce destin funeste.

— Iori, je ne comprends pas, tu… commença mon père avant de se faire interrompre par ma mère. »

Cette dernière me lança un sourire dont elle seule avait le secret, ce sourire qui, même teinté de larmes, rayonnait l’espoir.

« Merci d’avoir été à mes côtés. Pendant toute cette année, tu as essayé de m’aider et jamais je n’ai pu te remercier comme il se doit. Alors, s’il te plait, laisse-moi au moins te dire au revoir comme il se doit, ma fille. »

Tout le monde écarquilla les yeux à ces mots mais Saya n’en tint pas compte et me prit simplement dans ses bras. Je ressentis alors une chaleur et un amour que je pensais ne plus jamais connaitre. Je ne pus me contenir davantage et j’éclatai en sanglot, comme si ce simple geste d’une mère enlaçant sa fille avait brisé les chaines de la prison qui enfermait la fillette que j’étais dans les tréfonds de mon âme.

Oui, Iori avait raison. Ce que j’avais cherché pendant toutes ces années, ce n’était ni la paix, ni sauver le futur, ni le sourire de mon père, mais bien cette chaleur humaine que j’avais perdue le jour où ma mère nous avait quittés.

Mais, alors que nos cœurs battaient en harmonie, des centaines d’images de choses que je n’avais pas vécues envahirent ma mémoire : le jour de mon intégration dans le club, la bataille contre les démons, la vie quotidienne aux côtés de ma mère, une vie de brillante chercheuse, une préparation aux jeux olympiques d’Izrath, et surtout ces jours paisibles et insouciants dans cette salle de club qui m’était inconnue mais si familière.

Etaient-ce… les sentiments qu’avait ressenti Iori depuis son arrivée dans ce monde ? C’était stupide. Moi qui n’avais jamais connu ce bonheur, voila que je me mettais à le regretter et à le désirer.

Les tremblements de la forteresse s’intensifièrent. Les murs commencèrent à vaciller, le sol se déroba lentement et la lumière qui enveloppait mon corps se fit plus vive.

Je mis fin à l’étreinte de ma mère et balayait du regard ces visages à la fois si familiers et si étrangers. Et je revis les sourires de ces personnes qui avaient lutté à mes côtés durant la guerre. Présidente Hikari, mon père, ma mère, tante Nagisa, Caporal Hiroki… étaient-ils fiers de moi à présent ? En avais-je fait assez pour effacer leurs larmes ? Etaient-ils heureux dans ce nouveau monde que j’avais créé pour eux ? Je ne pouvais que prier pour que cela soit le cas.

« Partez maintenant si vous ne voulez pas disparaitre. Vous devez vivre, c’est pour cela que je me suis battue. Ne gâchez pas mes efforts alors que je suis si proche du but. »

Miyako et Hiroki furent les premiers à me tourner le dos pour retourner dans leurs vaisseaux. Mais au dernier instant, la présidente m’adressa ces paroles qui me réchauffèrent le cœur.

« Akane… ton amie, ma fille, est en sécurité. Ne t’inquiète pas pour elle, tout ira bien, je t’en fais le serment.

— Merci pour tout, présidente. »

La rouquine émit un petit rire amusé avant de disparaitre en compagnie de son futur mari dans la lumière.

« Je… cela aura été un plaisir de faire ta connaissance, Iori ! J’ai énormément appris à tes côtés. Je suivrai tes conseils désormais et vivrai pleinement ma vie sans jamais broyer du noir !

— Je reconnais bien là ma chère tante. Merci à toi de m’avoir soutenue, Nagisa. »

La cadette, tout comme la présidente, rejoignit le vaisseau, puis vint le tour de Drago et Asuna de se diriger vers la lumière.

« Je… Merci… Merci d’avoir libéré mon monde de l’emprise de Fuji Makoto. Je te serai éternellement reconnaissante, Armageddon, déclara Asuna d’une voix brisée par l’émotion. S’il y avait la moindre chose que je puisse faire pour…

— Vis, Hoshino Asuna. Vis comme tu l’as toujours désiré et profite du temps qui t’es accordé. Ceci est mon dernier ordre.

— Comme vous le voudrez, seigneur Armageddon. »

Dans une dernière révérence, mon bras droit se volatilisa aux côtés de son ami. Ne restèrent plus que mes parents alors que mon corps n’était plus qu’un spectre quasiment invisible, se fondant dans les ténèbres.

Mon père rejoignit ma mère et, sans dire un mot, nous prit toutes les deux dans ses bras. De toute façon, que pouvait-il ajouter de plus ? Ce geste, aussi anodin fut-il, signifiait pour moi bien plus que tous les mots du monde… il était le symbole que j’avais enfin réussi cette quête insensée dans laquelle je m’étais lancée.

Nous restâmes ainsi, blottis les uns contre les autres au milieu de cette forteresse en ruines de longues secondes durant. Puis, enfin, je fis un pas en arrière, puis un second, et me libérai enfin de cette étreinte pour regarder dans les yeux ceux qui m’avaient un jour donné la vie.

« Vous savez, je pense que… je pense que les parents ne devraient jamais voir leur enfant mourir. Alors, s’il vous plait, laissez-moi savourez mes derniers instants seule. Après tout, j’ai plus de quatre-vingt ans, je suis une grande fille désormais !

— Iori… murmura mon père d’une voix éteinte. »

Lui que je n’avais vu verser des larmes qu’une seule fois… j’eus l’occasion d’assister à ce spectacle une seconde fois. Comme pour le rassurer, je posai la main sur mon cœur qui avait cessé de battre depuis longtemps et je me mis à sourire, exactement de la même façon que ma mère m’avait souri le jour de sa mort.

« Ne soyez pas tristes pour moi. J’ai vécu bien longtemps. Il est temps pour moi de me retirer et de prendre un repos bien mérité. Je ne laisserai aucun regret sur cette terre, alors, s’il vous plait, souriez vous aussi en pensant que votre fille a finalement trouvé le bonheur qu’elle cherchait ! Et dites à Laura… que je suis désolée. Je lui souhaite tout le bonheur du monde. Elle le mérite. »

Après de longues secondes d’hésitation, ma mère prit la main de mon père et tous deux me tournèrent le dos à leur tour.

« Iori, je suis heureuse… de savoir qu’il existe un monde où ma vie a été utile à quelqu’un, déclara Saya dans un murmure.

— Nous nous reverrons, Iori, enchaina Darksky. Je t’en fais le serment.

— Adieu, Papa, Maman, me contentai-je de répondre sans cesser de leur sourire. »

A leur tour, ils disparurent dans cette lueur aveuglante, me laissant enfin seule. Je lâchai un long soupir et me mit à marcher vers le trône dans lequel j’avais passé tant d’années. Je m’assis dessus et plongeai mon regard au loin, attendant simplement la fin de cette longue, longue route semée d’embuche que j’avais empruntée, cent ans plus tôt.


https://www.youtube.com/watch?v=_QI8eRGWl_0


« Eh bien, quelle histoire, Akane. Qui aurait cru que tout se terminerait de la sorte ? Pour tout te dire, quand je t’ai proposé de partir dans les méandres du temps avec moi, je ne croyais pas que nous réussirions… mais nous l’avons fait. C’est idiot quand on voit le résultat, tu ne trouves pas ? A présent, Amon n’est plus. De même qu’Izrath. Mais je suis certaine d’une chose. Ce n’est pas une fin. C’est un renouveau. L’humanité et les Spiritual ont un nouveau départ. Ils construiront en Avalon un monde meilleur. Et toi, tu seras là pour voir ce futur de tes propres yeux. N’oublie pas de passer sur ma tombe de temps en temps. Je serais vexée si tu m’oubliais après tout ce que nous avons vécu ensemble. Et qui sait, peut-être qu’un jour, nous nous retrouverons toutes les deux. Et ensemble, nous pourrons vivre dans ce monde que nous avons créé de nos propres mains. »

Je me pus m’empêcher de ricaner. Qu’étais-je en train de raconter encore ? La folie me gagnait dans mes derniers instants. Ou bien était-ce l’espoir peut-être. Je l’ignorais.

Je fermai les yeux, sentant ma fin approcher à grand pas alors qu’il ne restait plus de la forteresse que ce trône de glace. Cependant, je fus dérangée dans mes derniers instants par des bruits de pas à côté de moi. En tournant la tête, j’écarquillai les yeux lorsque je reconnus celle qui me faisait face. Ses habits étaient en lambeau, son épée était brisée et son visage couvert de cicatrice, mais elle était vivante et me souriait.

« T… toi ? murmurai-je, interdite. Tu… »

Sans me répondre, la jeune fille attrapa ma main dans la sienne et je sentis mes forces me revenir. La lumière que mon corps émettait disparut tandis que le sien, au contraire, se fondait déjà dans le décor. Je n’eus pas le temps d’émettre le moindre son que je fus tirée de mon trône et jetée dans les ténèbres d’Izrath.

« Toi aussi, tu as le droit au bonheur, Armageddon. Laisse-moi porter ton fardeau à ta place cette fois. »

Tandis que ces mots résonnaient dans l’espace infini, le corps de la jeune fille fut happé par l’obscurité puis disparut, de même que la forteresse et tout ce qui existait. Il ne restait plus que moi, perdue au milieu du vide spatial.

« Jusqu’au bout… jusqu’au bout, tu auras agi contre ma volonté. Tu n’es vraiment qu’une égoïste, Yuiko Iori… mais je le suis tout autant que toi, lâchai-je dans un dernier murmure. »

Le masque d’Armageddon se volatilisa dans un millier d’étoiles scintillantes alors que, pour moi, allait commencer une nouvelle vie, une vie en tant qu’humaine.

Mon destin avait été achevé. J’avais donné naissance à un nouveau monde… un monde en paix.





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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [20/10/2019] à 16:20

Chapitre 51 : Satoshi, jumeaux au-delà des âges



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=eIqxHpK97m4


Les sentiments humains, en voilà une chose bien étrange. Pour moi qui avais vécu et grandi dans une ville en ruines, gouvernée par la pègre et l’injustice, ils n’avaient pas leur place dans mon cœur. Je l’avais compris le jour où nos parents avaient péri. A quoi bon s’attacher à quelqu’un, l’aimer, partager ses joies et ses peines, s’entraider face à la mort, pour finalement finir seul, rongé par le regret et des souvenirs qui, tels des spectres du passé, nous hantent et nous dévorent lentement.

Telle était ma philosophie. Le seul moyen de ne pas souffrir était de ne pas aimer. La souffrance provenait de la séparation ? Fort bien, pour l’éradiquer, je n’avais qu’à ne créer aucuns liens pour que ceux-ci ne puissent jamais être brisés. Pourtant, cette attitude était contraire à la nature humaine. Même en tentant de renfermer au plus profond de mon être tous ces sentiments qui m’entravaient et m’empêchaient d’avancer, une personne sur cette terre m’empêcher de renier ma condition et de devenir un monstre sans cœur. Et cette personne n’était nulle autre que ma sœur jumelle, Serena. Elle était ma lumière, le soleil qui éclairait la Lune que je représentais. Grâce à elle, les nuances de gris dans lesquelles je vivais se paraient de milles et unes couleurs flamboyantes. Si j’avais continué à vivre toutes ces années sans me laisser aller au désespoir, c’était uniquement car je refusais qu’elle devienne comme moi.

A cause d’elle, je m’étais lié à Hélios et avais ressenti à nouveau cette peine dans mon cœur que je m’étais juré de ne plus jamais connaitre. Et malgré tout, cela me faisait du bien. Je souffrais à cause de quelqu’un d’autre. Je n’étais pas comme Fuji Makoto. Je n’étais pas un monstre. J’étais encore humain.

Malheureusement, j’avais échoué. Je n’avais pas pu protéger ma sœur des ténèbres qui la guettaient et son corps, comme une étoile dévorée par un trou noir, n’était plus que folie et destruction.

Je n’avais plus le choix. Si je voulais faire revenir ma sœur à la raison, il allait falloir que je me batte une dernière fois contre la personne que j’avais été incapable de protéger… je devais me battre contre cette Serena qui était devenu ce moi que je détestais tant à présent… ce moi obnubilé par une quête insensée… ce moi qui ne pouvait pas avancer sans l’aide d’une lumière éclatante.

« Hélios, éclairez mon chemin encore quelques heures, j’ai besoin de votre guidance pour ramener ma sœur à la raison… »


**


https://www.youtube.com/watch?v=0GcX-HDyUwk


Une longue course poursuite prenait fin. Serena était acculée. Il n’y avait plus d’échappatoire pour elle. En apprenant la mort de notre mentor, ma sœur avait été prise de folie et s’était enfuie jusqu’en Avalon et je l’avais poursuivie jusque dans le palais impérial. A présent, nous nous trouvions dans la salle du trône et je bloquais la seule sortie. Il n’y avait derrière la jeune fille qu’un immense escalier tapissé de velours et menant à un pinacle sur lequel se dressait fièrement un unique siège serti de joyaux.

Serena serra les dents lorsqu’elle comprit qu’elle ne pouvait aller plus loin et se retourna vers moi pour me faire face, la lance d’Armageddon dans les mains.

« N’approche pas, Satoshi ! me hurla-t-elle, hors de contrôle.

— Ecoute moi, Serena, Hélios n’est plus, tu dois te faire une raison !

— Silence ! Hélios vit encore quelque part, je le sais ! Si tu refuses de partir à sa recherche, j’irai seule, et ce, même si je dois y passer ma vie entière !

— Bon sang, qu’est-ce que tu peux être bornée, grommelai-je en serrant le poing. Je sais que tu es sous le choc de sa mort, et je le suis aussi… mais s’il te plait, pour l’amour du ciel, sois raisonnable pour une fois dans ta vie ! »

Folle de rage, Serena décrivit un arc de cercle avec sa lance et une violente onde de choc se propagea dans ma direction. Comprenant que le dialogue était inutile, je matérialisai ma propre lance pour contrer son attaque. Lorsque nos deux faisceaux d’énergies se rencontrèrent, l’espace-temps vibra. Je fus projeté violemment en arrière, de même que ma sœur, mais je réussis tout de même à me remettre sur mes jambes, le visage crispé.

« Je dis cela pour toi, Serena ! repris-je de plus belle. Ce n’est ni le désespoir, ni la résignation qui me font parler, mais simplement le bon sens : Hélios n’est plus, tout comme nos parents, tu dois l’accepter ! »

Ma jumelle, comme prise de démence, se boucha les oreilles et se mit à se tortiller sur place tandis qu’autour d’elle s’élevait une sinistre aura violette, ainsi que l’ombre d’un serpent gigantesque. Je réprimai un juron lorsque je compris ce qu’il se passait réellement. Ma sœur avait abusé du pouvoir d’Armageddon et désormais, son Spiritual avait pris le dessus sur ses émotions. Il ne contrôlait ni son corps, ni sa conscience, mais il décuplait ses sentiments à tel point que son jugement était totalement faussé. Je devais l’arrêter absolument avant qu’il ne soit trop tard.

« Je fais cela pour ton bien, Serena. Pardonne-moi. Armageddon Shift ! »

Une immense horloge apparut derrière ma sœur et au loin, le son d’une cloche retentit. Aussitôt, ma jumelle fut plaquée au sol, incapable de se tenir debout. D’un pas lent, je m’approchai d’elle, prêt à lui retirer le pendentif qui lui octroyait ses pouvoirs. Cependant, alors que je n’étais plus qu’à quelques pas d’elle, un sourit mauvais fendit son visage.

Je m’immobilisai, pressentant un danger imminent.

« Armageddon… Destiny ! »

Les aiguilles de mon horloge volèrent en éclat comme si elle avait été percutée par un missile. Toutefois, les débris de verre ne s’éparpillèrent pas sur le sol mais furent comme absorbé par le cadran de la montre géante, à l’intérieur d’un gigantesque trou noir.

Je me cramponnai comme je pus au sol, me maudissant d’avoir été incapable de prédire cela. Sereine, ma sœur se releva et épousseta son épaule. Cependant, alors que je pensais son esprit incapable de tout raisonnement logique, l’aura mauve qui l’enveloppait se dissipa et la jeune fille reprit ce visage calme et innocent qu’elle arborait si souvent dans les ruines de Tokyo.


https://www.youtube.com/watch?v=MMkrFlYySzU


Elle fit alors un pas en arrière, se rapprochant dangereusement de ce monstre insatiable qui dévorait quiconque serait assez fou pour s’en approcher. Derrière elle, sa cape bleu nuit et ses longs cheveux châtains flottaient comme les branches d’un saule pleureur balancées par la tempête. Dans ses yeux iris, toute la folie semblait l’avoir quitté d’un seul coup pour ne laisser place qu’à une tristesse et une culpabilité infinie.

« Alors c’est comme ça… c’est comme ça que tout va finir, Serena ? lâchai-je d’une voix teintée d’un sentiment qui m’était désormais familier. »

Un sourire triste passa sur les lèvres de ma sœur, puis elle baissa les yeux, consciente que, cette fois-ci, il n’y aurait pas de retour en arrière.

« Tu sais, Satoshi… je n’ai jamais pu te le dire en face parce que j’avais peur que tu me fasses la morale et que tu me ressortes tes discours sur l’inutilité des relations humaines… mais je tenais à te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi ces dernières années. Sans toi, j’aurais certainement fini comme toutes ces ordures que j’ai toujours rejetées, à piller, voler, tuer, blesser sans foi ni loi. Cependant, je dois aussi m’excuser… je n’ai jamais pu être la fille indépendante et forte que tu aurais voulu que je sois…

— Qu’est-ce que tu racontes encore comme sottises ? Je n’ai jamais voulu que tu changes, c’est pour cela que je me comportais de la sorte… Je voulais que tu voies en moi un anti idéal, un modèle à ne pas suivre… parce que je voulais que ça soit toi qui me montre le chemin. »

Un rire amusé s’échappa de la gorge de ma sœur. Elle sortit de sa poche une photo que je connaissais bien et plongea son regard dedans, comme elle en avait tant l’habitude autrefois.

« Il faut que je le revoie, déclara-t-elle d’une voix à la fois triste et remplie d’espoir. Tu as toujours été là pour moi, mais lui a toujours été là pour nous et nous n’avons jamais pu le remercier correctement.

— Tu sais que c’est impossible, Serena… murmurai-je.

— Je le sais, Satoshi. Mais il était aussi impossible pour nous de sortir de cet enfer dans lequel nous avons grandi. Et pourtant, il l’a fait. Il a réalisé l’impossible pour nous. Alors, tout comme lui, je vais accomplir un miracle.

— Je…

— Si toi tu as pu t’excuser, je n’ai jamais pu lui dire tout ce que j’avais sur le cœur. Il y a tant de choses qu’il me reste à apprendre à ses côtés, tant de merveilles dans ce monde que nous aurions dû voir ensemble, tant de gens formidables dont nous aurions pu croiser la route… Sans lui… sans lui, nous sommes condamnés à retourner à notre misère et je ne veux pas que tu subisses à nouveau cela, Satoshi ! »

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. J’ouvris la bouche mais aucun son n’en sortit. A la place, seul un liquide salé brouilla ma vision et s’écoula le long de mes joues. Ma sœur pleurait. Même si elle tentait de se retenir et que ses larmes étaient aspirées par le trou noir, c’était la première fois que je la voyais dans cet état depuis le jour où Hélios nous avait sortis de la misère.

« Tu sais… si j’aimais tant être à ses côtés, c’était parce qu’il n’y avait que dans ces moments là que tu réussissais à sourire ! me cria-t-elle entre deux sanglots.

— Serena, tu…

— Tu m’as toujours protégée mais moi, je ne t’ai jamais rien donné en retour. Je le savais. Tu prenais les coups à ma place, tu subissais les maltraitances des gangs et les injustices pour moi. Et pourtant… pourtant tout ce que je réussissais à faire, c’était t’attirer encore plus d’ennuis en tentant de t’aider ! Si tout rentre dans l’ordre, nous devrons retourner à Tokyo et vivre à nouveau dans la misère. Tout recommencera exactement comme avant. Je ne veux pas ça ! Tu as assez souffert, tu ne penses pas ? Alors, pour une fois, laisse-moi t’aider et te rapporter celui qui percé ton cœur glacé ! »

D’un revers de la main, je m’essuyai le visage et lâchai un long soupir.

« C’est moi qui ai été stupide, Serena. Je n’avais jamais réalisé à quel point tu souffrais à cause de moi. Je dois être un bien piètre frère pour ne même pas le remarquer.

— Qu’est-ce tu racontes encore ? Pourquoi est-ce que tu t’excuses ? Tu n’as rien à te reprocher, rien du tout ! Tu…

— Va, Serena. Si tel est ton désir, plonge dans ce portail et retrouve l’homme qui a changé nos vies. Cependant, je lui ai déjà fait mes adieux. Si je le revoyais, ils perdraient leur sens, tu ne crois pas ?

— Satoshi…

— Même des jumeaux ne marchent pas sur le même chemin éternellement. Il arrive toujours un jour où chacun devra suivre sa propre voie. Et on dirait bien que ce moment est arrivé.

— Non, tu ne comprends pas, je…

— Serena, la coupai-je d’une voix ferme. Trouve Hélios si tu t’en crois capable, et dis-lui ce que tu n’as jamais pu lui dire. Quant à moi, je m’efforcerai de reconstruire notre ville pour que, le jour où tu reviendras, tu trouves un endroit digne de t’accueillir. »

Ma sœur détourna le regard et serra le poing.

« Tu es certain que tu ne veux pas venir avec moi, Satoshi ?

— Je ne suis pas ta baby-sitter. Tu es assez grande pour te débrouiller sans moi désormais il me semble. Alors vas-y, vis ta vie pleinement sans te soucier de ton incapable de frère. »

Après un moment d’hésitation, ma jumelle me tourna enfin le dos pour faire face à ce portail qui menait certainement à une autre époque, une époque où Hélios vivait encore. Ce voyage dans le temps allait être le dernier de l’histoire. Sans les Time Gates, seul nos deux pouvoirs réunis étaient en mesure d’ouvrir un portail. Selon son choix de destination, c’était un aller sans retour que Serena s’apprêtait à faire et elle le savait.

Elle fit un pas en direction du trou noir mais, alors qu’elle n’était plus qu’à quelques centimètres, ma sœur s’arrêta et posa sa main sur son cœur.

« Dis, tu te souviens de la raison pour laquelle nous nous sommes alliés à Armageddon, Satoshi ? Est-ce que tu penses que nous avons fait le bon choix ? Est-ce que nous n’aurions pas dû essayer de la convaincre dès le début ?

— Je l’ignore, répondis-je en fermant les yeux, perdu dans mes souvenirs. Tout ce que je sais, c’est que ne faisions pas fausse route. Pour sauver notre monde, Izrath devait périr, et Fuji Makoto avec lui…

— Tu dois avoir raison, j’imagine, soupira ma sœur. Je te souhaite de trouver ta voie toi aussi. N’oublie pas que Marie à un petit faible pour toi, j’espère que tu la rendras heureuse !

— C… Comment ?! m’étranglai-je en sentant le sang me monter à la tête Qu’est-ce que tu vas chercher encore ! »

Ma sœur pouffa, l’air fière d’elle-même, et me tira la langue comme une enfant se moquant d’un adulte. Je lâchai un soupir de fatigue, puis tournai les talons.

« Essaie de grandir un peu, Serena. Tu en auras besoin là où tu iras.

— Et toi, essaie d’être moins ronchon de temps en temps, ça te fera du bien et ça t’évitera d’avoir des rides à trente ans ! »

Je me retournai, prêt à rétorquer sèchement mais il était trop tard. Sans réfléchir, ma jumelle avait sauté dans le portail. Celui-ci se referma comme il s’était ouvert et il ne resta plus rien à l’endroit où ma sœur se tenait une seconde plus tôt.

« Sérieusement, tu veux toujours avoir le dernier mot… tu es vraiment casse-pieds… Mais ne change jamais, Serena. »

Je m’apprêtai déjà à sortir de la salle du trône avant que quelqu’un ne remarque ma présence ici lorsque je vis que, devant la porte, se tenait un visage familier. La jeune fille aux cheveux de jais était adossée au battant et me fixait d’un oeil brillant et malicieux tandis que, dans sa main, elle tenait une sorte de parchemin.

« Tiens, tiens, voila monsieur l’allié d’Armageddon, ça faisait longtemps, n’est-ce pas ?

— Qu’est-ce qu’il y a encore, Marie ? Tu es venue te moquer de moi parce que j’ai fait preuve de sentimentalisme ? raillai-je.

— J’aurais bien voulu mais non. Je sais aussi ce que ça fait de dire au revoir à un proche donc je m’abstiendrai. Par contre, j’ai une lettre pour toi.

— Une… lettre ? »

La sœur de Darksky me jeta le bout de papier que j’attrapai au vol entre mon index et mon majeur. Au dos était inscrit le chiffre « 1 », ainsi qu’une date, effacée par le temps. La missive était accompagnée d’un bout de papier plastifié qui, lui aussi, avait subi l’action du temps. Dessus, sur la partie blanche, je pus y lire : « la première photo de l’histoire de l’humanité, n’est-ce pas génial ?! ».

Je retournai ce minuscule carré mais les couleurs avaient fini par disparaitre. Il ne restait de l’image que des formes floues, trois cercles, deux bruns et un jaunâtre devant un bleu délavé.

Je ne pus m’empêcher de rire devant cette tentative ratée et mis ces deux trésors dans ma poche avant de m’avancer vers la sortie.

« Eh bien, tu n’ouvres pas ? Tu ne veux pas savoir ce qu’elle a à te dire ?

— Inutile, je le sais déjà, répondis-je calmement.

— Tant mieux parce que j’en ai encore une centaine chez moi à te donner !

— Une… une centaine ?! m’exclamai-je, les yeux ronds. Qu’est-ce que…

— Je ne sais pas, j’ai trouvé ça un jour dans un des coffres de ma mère et toutes ces lettres t’étaient destinées, du coup, je les ai gardées.

— Sérieusement, pourquoi est-ce que tu as besoin d’être aussi bavarde, toi, murmurai-je, les dents serrées.

— Hm, tu as dit quelque chose ? s’amusa la jeune fille.

— Non, rien. Allons-y. Nous n’avons rien à faire ici et Ladd doit t’attendre.

— Comme tu voudras ! »

Marie, avec son énergie habituelle, me prit par la main et m’entraina à sa suite malgré mes protestations. Mais pour la première fois, je me sentais libre, comme si ce lien qui m’unissait à ma sœur, qui m’entravait et qui m’empêchait de m’ouvrir aux autres s’était brisé. Plus rien ne me retenait désormais. Je pouvais vivre, non pas pour protéger une sœur un peu trop empotée, mais pour moi-même.

« Alors c’était donc cela ton but… tu es vraiment insupportable… Serena… »





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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [22/10/2019] à 00:27

Ladd : La chute du prince



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=_Gm7-BPZ7AM&


Finalement. Après des millénaires de lutte incessante, mon utopie était devenue réalité. Izrath n’était plus. Et sur les ruines de l’empire déchu se levait le soleil du renouveau. Pour la première fois depuis ma rébellion, je ressentais cette chaleur apaisante et réconfortante caresser tendrement ma peau. Il n’y avait pas de meilleure sensation que celle d’un effort récompensé.

Depuis le sommet du dôme du palais de la nouvelle Babylone, capitale de cet empire en devenir, je contemplai mon œuvre. A mes pieds s’étendaient les jardins impériaux, gigantesques labyrinthes de verdure inspiré des monuments de la Rome Antique. Au-delà se dressait une ville immaculée, encore vierge de toute vie et flamboyante sous les rayons rosés de l’aurore. Contrairement à ma résidence, j’avais laissé libre cours à l’imagination de mon associé pour le style, si bien que cette cité, bien que mélangeant les immeubles haussmanniens parisiens, les tours new-yorkaises, ou encore les maisons traditionnelles japonaises, respirait l’harmonie et le bien-être. Chacun pouvait y trouver sa place. La modernité côtoyait la tradition, Izrath se mêlait à la terre et le passé embrassait le futur.

Encore plus loin, par-delà les dernières habitations se trouvaient un monde qui n’attendait que d’être découvert et conquis. Même moi j’ignorais jusqu’où cette terre s’étendait. Je n’avais jamais voulu le savoir. Avalon était peut-être ma planète, mais j’avais préféré laisser sa découverte aux futurs habitants. Après tout, la conquête faisait partie de l’ordre naturel et créait cette adrénaline dont nous avions tous besoin.

Cependant, je savais une chose : quelque part, ici, sur cette terre, se dressaient des merveilles qui n’attendaient qu’à être découvertes. Des océans sans fond, des montagnes perçant les cieux, des cavernes extraordinaires et des forêts si denses que même les flammes ne pouvaient détruire. Il me tardait de voir tout cela de mes propres yeux.

Alors que j’étais perdu dans mes pensées contemplatives, un bruit de bottes parvint jusqu’à mes oreilles. Je ne me retournai pas. La personne vint se placer à côté de moi et sa longue chevelure d’or se mit à flotter, bercée par l’auster qui apportait de la chaleur à cette journée historique.

« Alors, nous y sommes, Ladd ? déclara-t-elle d’une voix amusée. Je n’aurais jamais cru que ce jour arriverait.

— Tu doutais de moi, ma très chère Théa ? Ou devrais-je dire… Isis ? »

Mon amie émit un rire amusé qu’elle étouffa en passant sa manche devant sa bouche.

« Cela fait une éternité que l’on ne m’a pas appelée ainsi. Je ne sais même pas si mon père a déjà prononcé lui-même ce nom.

— Pourtant, c’est sous ce patronyme que tu as été liée à Osiris. Pourquoi y avoir renoncé, et ce, alors même que tu n’en avais plus besoin ?

— Pour la même raison que toi, j’imagine. Tout comme tu n’étais plus le souverain d’Izrath, je ne suis plus l’héritière du trône.

— J’imagine que cela se tient, me contentai-je de répondre en fermant les yeux. »

Pendant quelques instants, seul le bruissement du vent dans nos vêtement brisait le silence absolu qui régnait en Avalon. Théa, d’une voix moins assurée, reprit la parole sans oser me regarder.

« Etions-nous vraiment obligés d’en arriver là ? Les choses n’auraient-elles pas été plus simples si…

— Non. C’était impossible. Ma mère me l’a bien fait comprendre avant de… enfin, pendant notre dernière discussion.

— Était-ce réellement un problème ?

— « Le temps des dieux est éternel. Pour eux, le passé, le présent, le futur n’existent pas. Ils vivent dans leur monde, coupés de la réalité. Ils ne peuvent pas mourir et n’ont donc, pas conséquent, pas d’histoire. C’est pourquoi, nous devons détruire ce système de l’intérieur en commençant par leur roi. ». Tels sont les mots que m’a un jour dit Gariatron. Même si, pour lui, cela n’était destiné qu’à me rallier à sa cause dans sa rébellion, il ne mentait pas. Il ne faisait qu’énoncer des faits. Izrath était gouverné par des seigneurs qui étaient incapables de prendre conscience de la réalité, pas parce qu’ils n’en avaient que faire, mais simplement car pour eux, ce que les Spiritual vivaient n’existait pas. »

Tandis que je prononçai ces mots, je me mis à me perdre dans mes souvenirs brumeux, oubliant moi aussi la réalité qui me faisait face.


**


https://www.youtube.com/watch?v=ZKCCs9DNEJs


La guerre que les démons avaient lancée contre Armageddon fut un échec. Alors que lui et ses alliés pensaient pouvoir renverser le pouvoir en place, ils furent exilés et furent accablés de ce nom ingrat. Pire, rien ne changea au sein du conseil d’Izrath. Nul ne se remit en question, pas même lorsqu’Apophis se révéla traitre. Tout comme ses congénères, il fut expulsé d’Izrath et condamné à l’exil. Mais les sanctions s’arrêtèrent là et la vie reprit son cours.

Alors que je venais d’être nommé en tant que futur souverain d’Izrath, cela me répugnait. Le monde, autant celui des humains que des Spirituals, avait frôlé la destruction alors que ni l’un ni l’autre n’étaient concernés par ce conflits. Ils n’étaient que des victimes collatérales d’un affrontement qui n’eut pour les dieux que l’effet d’une brise sur une montagne.

Lorsque, moi, héritier du trône, m’était offusqué de cela, le conseil m’avait ri au nez et tourné en ridicule. Ils m’avaient dit qu’avec le temps, j’apprendrais à ne plus me préoccuper de « broutilles » comme ils disaient eux-mêmes. Et cela, je ne pouvais le tolérer. Simplement car ces vieux croulants possédaient une pseudo immortalité et un pouvoir qu’ils ne méritaient pas, ils se permettaient de se placer au-dessus des mortels.

Ce jour-là, les seigneurs d’Izrath venait de commettre la seule erreur que jamais ils ne pourraient réparer. Je m’étais juré de faire tomber de leur piédestal ces soi-disant êtres tout puissants, et ce, pas n’importe quel moyen, même si pour cela je devais emprunter la même voie que les démons et provoquer une nouvelle guerre de laquelle je sortirais vainqueur. Pour moi, la solution était claire : je devais détruire Izrath et élever sur ses ruines le drapeau d’un monde neuf et sans tache.

Ainsi, je rejetai mon titre. Sans aucune surprise, personne en terre des seigneurs ne fut, ne serait-ce qu’ébranlé par une telle décision. Seuls mes parents, les souverains de l’époque, se fâchèrent, mais tout comme leur congénères, leur réaction fut minime par rapport à la gravité de mon acte.

Fuyant ce monde qui me répugnais, je trouvai refuge en Izrath, plus particulièrement au sanctuaire céleste où le juge me prit sous son aile. Sous le faux nom de Ladd et sous une apparence presque humaine, j’appris à ses côtés toutes les lois qui régissaient ce monde et qui étaient absentes de la terre des seigneurs. Je me liai également d’amitié avec un des apprentis, un jeune ambitieux qui devint par la suite le nouveau juge, Astaris.

C’est grâce à cette personne que j’entendis parler pour la première fois du rôle de gardien. Sans hésiter, je postulai pour devenir celui du prochain pharaon d’Egypte dans l’espoir d’en apprendre également sur le monde des humains, leurs cultures et leurs lois. Si je voulais créer un nouveau monde, il me fallait toutes les ressources disponibles pour en extraire ce qu’il y avait de meilleur.

Malheureusement pour moi, il restait un obstacle de taille pour m’incarner sur terre. Je devais avoir l’aval d’un seigneur. Il était évidemment hors de question que je m’abaisse à leur demander le moindre service, et c’est pourquoi, je m’incarnai dans l’illégalité. Alors que le nouveau-né du pharaon Solaris aurait dû se lier à Osiris, je pris sa place au dernier instant dans le portail reliant Izrath et la terre. C’est ainsi que je me réveillai quelques instants plus tard en tant qu’esprit protecteur de Drago.

Mais cet enfant ne m’intéressait guère. Dès les premières secondes dans ce monde, mon regard se posa sur le prêtre qui m’avait invoqué. Dans ses yeux, je pus y lire le même doute et les mêmes craintes que ceux qui me hantaient avant ma rébellion. Au début, je n’avais pas compris ce qui le terrorisait tant, alors, dans le plus grand des secrets, je créai un deuxième pacte avec lui. Cela me permit de voir le monde à travers ses yeux. Un monde au bord de la destruction.

Sans aucune surprise, des conflits existaient sur Terre. Mais ces conflits étaient l’œuvre de dieux incapables et irresponsables. En voulant enfermer Gariatron, ils avaient créé un monstre encore plus grand et plus dangereux. Car, contrairement au démon des ténèbres, ce monstre ne combattait pas des immortels, mais de simples humains.

C’était répugnant. Tout simplement répugnant. Osiris, Nout et bien d’autres… aucun d’entre eux n’avait jamais, ne serait-ce qu’évoqué le chaos qui régnait dans le monde des hommes alors que ceux-ci leur vouaient une foi inébranlable.

Dans un espoir vain, je convoquai un soir le grand prêtre dans le temple du Soleil et de la Lune, le mien, pour m’entretenir avec lui. Je lui révélai ma véritable identité de prince déchu et lui expliquai en quoi Izrath était si dangereux pour son monde. Sans surprise, il refusa de me croire. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Il n’était qu’une victime de plus de ces faux imposteurs qui se disaient dieux du haut de leurs trônes d’or.

Cependant, il me restait une dernière carte à abattre pour recruter ce premier allié dans ma quête de destruction.


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


« Amon, crois-tu vraiment qu’en suivant ce chemin, toi et ta famille vous connaitrez le bonheur ?

— Je n’ai aucune raison de douter. Solaris gagnera cette guerre contre le souverain de l’Est.

— Ne t’ai-je pas déjà dit que votre ennemi n’est ni ce souverain, ni un humain, mais Izrath lui-même ? Vous vous battez actuellement contre des forces qui vous dépassent et qui consument votre monde, telles des insectes rongeant lentement une forêt déjà morte.

— As-tu la moindre preuve de ce que tu avances, Spiritual renégat ? me répondit le prêtre sur la défensive.

— Si tu ne me crois pas, pourquoi ne m’as-tu pas encore renvoyé sur Izrath ? rétorquai-je sèchement. Tu sais que je suis illégitime, et pourtant, tu n’en as rien dit, ni au pharaon, ni aux autres Spirituals.

— Je…

— Tu veux découvrir la vérité, n’est-ce pas ? Tu veux savoir si je suis digne de confiance ou si je ne suis qu’un criminel ? Tu veux asseoir ta curiosité personnelle avant l’intérêt de ce nouveau-né auquel je suis lié ?

— Non, c’est faux ! Jamais je ne prendrais un tel risque pour le futur roi ! Solaris et Hélios triompheront du désespoir, je le sais !

— Deux jours.

— Comment ?

— Dans deux jours, le pharaon partira vers le futur pour échapper à une prophétie ingrate. Cependant, même s’il pense que cela sauvera son royaume, ce n’est qu’une illusion. Je connais Chronos. Jamais il ne s’est trompé dans ses visions. Il est peut-être le seul seigneur à reconnaitre l’existence de la terre d’ailleurs.

— Je le sais. Solaris m’en a parlé, et il a été convenu qu’Hélios monterait sur le trône à sa place.

— Amon. Je sais que tu fais une confiance aveugle à ton roi et c’est bien normal. C’est pourquoi, je te propose ceci : viens avoir moi dans les méandres du temps et vois par toi-même ce qu’il adviendra de ce royaume, susurrai-je d’une voix doucereuse et envoutante à l’oreille du prêtre.

— Je… Je ne peux pas laisser Iris seule contre…

— Si tu faisais réellement confiance à ton roi pour protéger son peuple, cette inquiétude ne devrait même pas te traverser l’esprit.

— Ce n’est pas la question, Ladd ! Il est normal pour un père de s’inquiéter pour sa fille ! rétorqua-t-il avec véhémence. Je ne peux pas l’abandonner ainsi à son propre sort !

— Tes paroles peuvent mentir, Amon, mais pas tes yeux. Tu sais très bien que, si Hélios parvient à défendre la ville, ta fille ne craint rien, surtout au vu de son statut.

— Je… j’ai besoin de réfléchir. Ce n’est pas une décision qui se prend se le moment… »

Je ne pus m’empêcher de sourire. A ce moment-là, je savais que la partie était déjà gagnée. Le cœur du prêtre vacillait entre sa volonté de me prouver que j’avais tort, sa foi dans sa religion donc, et son devoir de père. Mais un cœur vacillant est destiné à prendre la solution la moins rationnelle, j’en étais la preuve.

« Soit. Un mois. Dans un mois de ton point de vue, je reviendrai du futur et te reposerai cette même question, grand prêtre Amon. »

Je mis fin à notre conversation sur ces mots, laissant mon futur associé avec ses doutes. De retour en Izrath, mon premier réflexe fut de passer à l’académie des gardiens et de prévenir Astaris de mon départ imminent. Mon ami et rival fut choqué par la nouvelle mais n’essaya pas de me dissuader. Après tout, il savait que chacun de nos débats finissaient toujours en une impasse. Jamais l’un de nous n’avait réussi à convaincre l’autre. Alors que je voulais sauver le monde des humains et les Spirituals en détruisant le gouvernement, Astaris n’aspirait qu’à séparer notre monde de la Terre qui, selon lui, était la source de nos problèmes.


https://www.youtube.com/watch?v=-Zm2MnYBXHY


« Ladd, écoute-moi bien, déclara mon ami avec son sérieux habituel. Je sais que nous n’avons pas toujours été d’accord…

— Pas toujours ? répétai-je avec ironie. Est-ce que tu peux me citer une seule fois où nous avons trouvé un terrain d’entente ?

— Bon, nous ne sommes jamais d’accord, je le reconnais. Mais…

— Dis-moi, Astaris, le coupai-je tout en contemplant la cour de l’académie à travers la fenêtre de la salle de classe. Tu comptes devenir Juge du sanctuaire, n’est-ce pas ?

— Oui. Contrairement à toi, je ne crois pas en la violence pour le changement. Le gouvernement d’Izrath est loin d’être parfait, nous en sommes tous les deux pleinement conscient. Cependant, je pense que provoquer un bain de sang sera aussi futile que la révolution des démons. En devenant Juge, et en accédant ainsi à la plus haute fonction que peut posséder un Spiritual de sang non divin, je pourrai faire entendre la voix du peuple aux grands de ce monde.

— Le dialogue ne fonctionne qu’avec ceux qui acceptent de s’écouter, déclarai-je dans un murmure. Tu auras beau user de toutes les lois et faire valoir tous les droits des Spiritual, nous ne vivons pas sur le même plan d’existence, eux et nous. Tu dois ouvrir les yeux, Astaris, la violence fait partie de notre monde tant que personne ne l’aura éradiquée. Pour affronter un ennemi plus fort que toi, tu ne dois pas te battre selon tes règles mais selon les siennes. Je renverserai ce gouvernement et je créerai mon monde parfait, et ce, quel qu’en soit le prix à payer.

— Il semblerait qu’une fois de plus nous soyons dans une impasse, soupira mon ami en haussant les épaules. Nous sommes vraiment incompatibles toi et moi.

— Un prince déchu, et un roturier aux ambitions démesurées… notre alliance aurait pourtant pu inspirer nombre de récits, souris-je du coin de la bouche. »

Un silence s’installa sur cette salle de classe déserte à cette heure-ci. Au loin, le soleil d’Izrath disparaissait derrière les montagnes et projetait une lueur orangée sur un monde sur le point de s’endormir. Cette vision aurait pu faire croire qu’Izrath était en paix, mais ce n’était qu’une illusion. La guerre continuait à faire rage entre les alliés des démons, les Qliphort et les Infernoids, et les troupes du sanctuaires dirigées par Trichiona. Sans surprise, seuls quelques seigneurs participaient à cette bataille pour leur propre royaume tandis que la plupart continuait à observer de loin leur monde se faire consumer à petit feu.

Après de longues minutes à contempler ce paysage qui je n’allais certainement jamais revoir, je me retournai vers mon ami et lui tendit une poignée de main chaleureuse. Le futur juge, étonné, me regarda quelques secondes, ne sachant pas comment réagir et je ne pus m’empêcher de rire.

« C’est un rituel humain, déclarai-je avec amusement. Nous nous serrons la main pour nous saluer et nous souhaiter bonne chance.

— Oh, je vois… quelle étrange tradition. La Terre ne cessera de m’étonner. »

C’était étrange. Il n’y avait aucune force dans la poignée de main de mon ami. En apparence, Astaris était quelqu’un de très frêle. Malgré sa haine pour les humains, il était celui qui y ressemblait le plus dans sa forme spirituelle. Cependant, comme tous les jours, il portait un masque mauve sur la moitié de son visage pour dissimuler ces traits qui le répugnait. J’ignorais d’où lui venait cette haine des humains, mais je sentais qu’au fond de lui, il avait simplement peur de découvrir un monde qui remettrait en cause les fondements d’Izrath. Qui aurait cru que ce Spiritual allait devenir l’un des plus grands juges, et l’un des plus respectés ?

Lorsque nos mains se séparèrent, nous restâmes quelques instants face à face sans rien nous dire. Nous n’avions pas besoin de parole pour nous comprendre. Je repris ma forme originelle, celle d’un dragon noir et blanc puis, toujours sans ajouter un mot, je m’envolai par la fenêtre en laissant mon ami et rival derrière moi.

Plus rien ne me retenait dans cette époque désormais. Le futur m’attendait. Un futur aux heures sombres, teinté de rouge et de larmes. Néanmoins, tout cela était nécessaire. C’était parce que la nuit était si sombre que le soleil nous paraissait si radieux. Telle était la loi de ce monde. Alors, pour le bien d’Avalon, il était de mon devoir de plonger Izrath dans la nuit la plus sombre et de son histoire.





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le bon temps…

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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [22/10/2019] à 23:26

Ladd : La déchéance d’Izrath



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=Wp0xitgAc4A


Cinq mille ans avaient passé. Rien n’avait changé en Izrath. Alors que sur terre, la technologie avait remplacé la magie et que l’humanité avait évolué dans le bon sens, mon monde était toujours dans une impasse. Les mêmes immortels continuaient à gouverner sans voir les problèmes qui se trouvaient sous leurs yeux. Les mêmes conflits subsistaient, les mêmes inégalités n’avaient fait que se creuser et les mêmes injustices sévissaient encore et toujours.

Astaris avait beau être devenu juge du sanctuaire, il n’avait fait que profiter du désintérêt de la Terre envers les Spirituals pour fermer toujours un peu plus les portails qui liaient nos deux mondes. Pire, il avait même banni une race entière, les reptiles, du royaume principal car ceux-ci s’apparentaient aux démons qui avaient jadis comploté contre le pouvoir.

Dans un espoir vain pour masquer les fuites qui faisaient couler lentement son navire, le nouveau souverain avait, par une ironie du sort, eu recours à une tradition humaine : les jeux olympiques. Chaque année, tous les clans d’Izrath étaient conviés en une grande fête durant laquelle de nombreuses épreuves sportives avaient lieu afin de célébrer l’unité et la paix de notre monde.

Quelles foutaises. Les yeux du peuple pouvaient bien être trompés, mais pas sa chair. Un jour ou l’autre, Astaris n’allait plus être capable de contenir toute la colère d’Izrath par de simples divertissements. J’ignorais s’il croyait réellement à son projet, mais pour moi, mon vieil ami avait échoué.

« Allons, mon bon Ladd, tu ne peux pas juger ainsi le travail que nous avons accompli, Astaris et moi ! »

Zesunis Bright, un vieil ami de l’académie, me donna une grande tape dans le dos qui expulsa tout l’air de mes poumons alors que je venais de lui faire part de mon ressenti.

Je toussotai pendant de longues secondes. Ce type avait toujours été un mastodonte mais ces quelques millénaires, au lieu de le rouiller, n’avaient fait que le renforcer. Contrairement à son acolyte aigri et colérique, Zesunis était un Spiritual enjoué, toujours souriant et apprécié de tous. Avec ses allures de surfeur professionnel qu’il cultivait – c’est à dire chemise à fleur, lunettes de soleil, bermuda et longs cheveux blond – nul ne se serait douté qu’il avait occupé un jour la place de Juge du Sanctuaire. Bien que son règne ait été plutôt calme et détendu, il avait fini par laisser sa place à Astaris pour « se consacrer à sa véritable passion » selon ses propres mots.

« Tu sais très bien ce que je pense de ce monde, Zesunis, grognai-je en reprenant mon souffle.

— Evidemment que ce monde n’est pas parfait, mais c’est pour cela qu’il est d’autant plus amusant, tu ne crois pas ? me répondit-il avec un large sourire éclatant. Tu dois toi-même que tu détestes la Terre des seigneurs parce que l’histoire n’existe pas. Mais, est-ce que ce ne sont pas les conflits qui nous forgent notre histoire ? Les humains nous l’ont bien montré. Même si Astaris refuse de l’admettre, Izrath telle que nous la connaissons aujourd’hui est le fruit de ces millénaires d’évolution côte à côte.

— Toujours à voir le verre à moitié plein, mon cher Zesunis, m’amusai-je en constant que même cela n’avait pas changé.

— Que veux-tu, ce n’est pas en broyant du noir que nous avancerons. Au lieu de se voiler la face comme Astaris, il faut sourire à la vie et elle te sourira en retour, foi de Zesunis ! »

Le grand blond leva le pouce devant lui d’un air confiant et je soupirai. Il n’y avait rien à faire. J’étais incapable de m’énerver contre mon ami. Contrairement à Astaris ou moi, son cœur était pur. Il ne connaissait ni la tristesse, ni la colère. J’avais entendu dire que de nombreux criminel avaient été graciés sous son règne malgré leurs fautes impardonnables.

« Et toi, vieille branche, ou est-ce que tu étais passé pendant toutes ces années ? Tu sais que le professeur Akulia a failli nous tuer quand tu as disparu ? Je me suis inquiété moi aussi, j’ai cru que tu avais été capturé par les démons !

— Ne dis pas n’importe quoi, rétorquai-je, amusé. J’étais juste…

— J’oubliais ! Est-ce que ça te dirait de venir dans mon équipe de surf pour les jeux olympiques ? Il nous manque une personne et je pense que tu serais parfait dans ce rôle !

— Est-ce que tu m’as bien regardé ? raillai-je. Je suis gardien, pas clown.

— Allez, mon vieux copain, fais un effort pour moi ! Astaris sera content de te revoir aussi et je suis certain que ta perception de notre monde changera ! »


https://www.youtube.com/watch?v=qSvpN72u9F8


Sans vraiment savoir pourquoi, j’acceptai sa proposition sans trop de protestation. De toute façon, je ne pouvais rien refuser à Zesunis. Et puis, il avait raison, si je voulais me persuader que ce nouveau monde n’était pas mieux que l’ancien, il n’y avait pas de meilleur moyen que d’en infiltrer le cœur.

Ainsi, je rejoignis l’équipe de Surf et intégrai la compétition. Pendant de très courts instants, j’eus l’illusion d’être à ma place ici, entouré de Spirituals bienveillants et heureux de vivre. Même en ville, l’ambiance était détendue et à la rigolade. Je fus interpelé de nombreuses fois par les marchands qui prenaient les paris et par les enfants insouciants excités à l’idée de rencontrer l’un des athlètes. Pendant toute une semaine, je logeai à l’auberge principale, une taverne miteuse tenue par Maximus sixième du nom, un Spiritual bourru à six bras qui respirait la bonne humeur et l’alcool fort. Malgré les apparences, l’ambiance y était chaleureuse. Je m’y serais presque senti chez moi.

En surface, Astaris avait réussi, c’était indéniable. Il avait façonné ce monde comme il le souhaitait. La paix s’était installée et le chaos avait fait place à l’ordre. Cependant, il y avait une tâche sombre dans ce tableau si parfait. Et cette tâche n’était nulle autre que les seigneurs d’Izrath.

Le jour de la compétition qui se voulait égalitaire, tous les Spirituals se firent éliminer un à un par une équipe non inscrite qui raflait les victoire grâce à des pouvoirs illégaux mais contre lesquels nul n’osait s’opposer. Et, tandis que ma mère, Eos, observait la scène avec amusement, je compris ce qui se tramait. Peu à peu, l’enthousiasme du public diminuait, comme si la lassitude prenait le dessus face à un événement récurrent.

« Alors, c’est ainsi que les choses se passent… murmurai-je en tentant de contenir ma colère.

— Un problème, mon cher Ladd ? Tu es stressé parce que nous passons bientôt ? s’étonna Zesunis.

— Non… tout va bien, mon ami, tout va très bien… j’ai eu la confirmation de ce que j’attendais… merci à toi de me l’avoir donnée… continuai-je, un sourire mauvais au coin de la bouche.

— De rien… j’imagine ? »

Alors qu’un nouveau vainqueur était annoncé, je me levai et attirai tous les regards vers moi. Des murmures s’élevèrent de l’assistance, puis je tournai mon regard vers la reine qui observait la scène depuis son trône surélevé. Lorsque nos yeux se croisèrent, je crus distinguer un rictus d’énervement sur ses lèvres. Toutefois, je ne lui laissai pas le temps de prendre la parole. Sans autre sommation, je tirai un rayon de lumière avec mon index directement sur la reine. La foule poussa un cri d’horreur devant mon geste et Zesunis tomba de son siège, abasourdi, alors qu’un épais nuage de poussière s’était levé.

Lorsqu’il se dissipa, à la stupéfaction générale, la reine n’avait aucune égratignure et contenait mon attaque dans le creux de sa main, l’air nullement inquiète. Elle semblait même amusée par ma tentative vaine.

Je jurai et serrai le poing si fort que le sang se mit à couler. Puis, sans ajouter un mot, je tirai ma révérence, laissant derrière moi un public interdit et sous le choc.


https://www.youtube.com/watch?v=gPUv0cgIl14


Alors que je quittai le stade, je tombai nez à nez avec la dernière personne que j’aurais voulu croiser en ces lieux. Lui non plus n’avait pas changé. Il portait toujours ce stupide demi-masque tandis que sur son visage, une barbe violette et épaisse cachait son menton carré et ses quelques rides. Le Spiritual me dévisageait. Dans ses yeux se lisaient des sentiments contradictoires : la colère, peur, surprise, et déception.

Comme devenu fou, je ne pus m’empêche d’éclater de rire jusqu’à ce que des larmes commencent à couler de mes joues et que le souffle me manque.

« Mon pauvre Astaris, c’est donc cela, ton Utopie ? Un monde fait d’illusion et de chimères ?

— Pourquoi as-tu fait cela, Ladd ? grogna-t-il, menaçant. Lorsque Zesunis m’a annoncé ton retour, je pensais que tu aurais eu le temps de réfléchir. Mais je vois que tu n’as pas changé. Explique-moi, pourquoi essaies-tu de détruire tout ce que je me suis efforcé de construire ?!

— Alors, toi aussi, tu es prisonnier de ton propre rêve, mon vieux Astaris ? m’amusai-je. Tu me fais vraiment pitié.

— Co… Comment oses-tu…

— Ce que tu t’es efforcé de construire ? repris-je d’une voix plus lente et plus grave. Je ne vois rien de plus qu’une attraction, non pas pour Izrath, mais pour les seigneurs. C’est toi qui vas devoir t’expliquer. Pourquoi le peuple, qui est censé être mis à l’honneur, est relégué au second plan ? Ces athlètes n’ont aucune chance contre les miens, et tu le sais pertinemment ! A quoi bon leur donner un espoir vain et leur retirer, et ce, chaque année ?!

— Tu ne comprends pas, Ladd, je… ce n’est pas aussi simple. Les Seigneurs…

— Qu’est-ce que je ne comprends pas, Astaris ? Que les dieux ont été plus puissants que toi ? Que tu as été faible ? Que ton obsession pour fermer les barrières d’Izrath t’ont fait oublier ton véritable objectif ? Où est le Spiritual plein d’ambition qui a dit vouloir changer le gouvernement d’Izrath ? Où est le gardien qui se voyait déjà le plus grand juge de l’histoire ? Où est l’ami qui avait toujours réponse à tout ? L’homme qui se tient devant moi aujourd’hui n’est qu’une image rémanente de toutes ces personnes qui ont été absorbées par les âges ! J’en ai plus qu’assez des mots, seuls les actes comptent. Et tu viens de me prouver par ton échec que j’ai raison depuis le début : Izrath ne changera pas tant que les Seigneurs ne seront pas éradiqués définitivement !

— Ladd. Sans ton statut, tu aurais déjà été exécuté, rétorqua sèchement mon ancien ami. Si tu es en vie, c’est uniquement parce que tes parents n’ont jamais voulu ta mort. Tu devrais leur être reconnaissant au lieu de te montrer ingrat. Les lois qui existent en Izrath ne sont peut-être pas parfaites, mais tout changement prend du temps, tu ne peux pas imposer tes idées sous peine de les voir se faire refuser.

— Tu sais quel aura été ton problème, Astaris ? C’est que tu es trop mou. Tu as peut-être la carrure d’un Spiritual tout puissant et l’autorité nécessaire pour changer les choses, mais tu es incapable de prendre tes responsabilités. Séparer Izrath et la Terre tu disais ? Laisse-moi rire ! Si tu avais vraiment voulu cela, les liens entre nos mondes n’existeraient déjà plus ! Et toi, qu’est-ce que tu as fait ? Tu t’es contenté d’empêcher les humains de venir ici ? Quelle bonne blague. Si tes convictions sont aussi faibles, je ne sais même pas pourquoi je perds encore mon temps à discuter avec toi. »

Ignorant le barrage que le juge formait, je passai à côté de lui en le bousculant et reprit mon apparence originelle pour retourner sur terre. Cependant, alors que nous étions dos à dos, mon ancien ami reprit la parole, d’une voix ferme.

« Si telle est ta décision, je te bannis du sanctuaire, Ladd. Je t’interdis d’y remettre les pieds, et ce, jusqu’à ce que je perde mon autorité de Juge. Si tu t’avises de transgresser cela, sois sûr que je viendrai m’occuper de toi, personnellement.

— Oh, des menaces ? Mais comme je le dis, ce ne sont que des mots. Je ne les croirai que lorsque tu les mettras à exécution.

— Je te déconseille fortement d’essayer. Astaris est peut-être ton ami. Mais le Juge du sanctuaire, lui, n’est l’ami de personne. Pas même celui des dieux si ceux-ci s’opposent à l’ordre. Garde bien cela en tête, prince déchu.

— Nous verrons cela, raillai-je avec un ton de défi. »

C’est ainsi que je quittai Izrath. Ce monde n’avait désormais plus rien à m’apporter. Je devais me concentrer uniquement sur la naissance d’Avalon, et pour cela, je devais retourner sur Terre et attendre le moment propice.






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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [23/10/2019] à 13:03

Ladd : Les ambitions du roi



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=u7WMgrZVna4


La Terre. Bizarrement, je m’y sentais bien. Je n’avais aucune présence physique dans ce monde, et pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’admirer cette planète. Les humains étaient des créatures fascinantes. Je ne comprenais vraiment pas la haine qu’Astaris leur vouait. Certes, comme les Spirituals, ils étaient loin d’être parfaits et possédaient même de nombreux défauts, mais ils possédaient tant d’aspects différents et étaient des êtres si complexes que je ne pouvais m’empêcher de les admirer. Sur Izrath, la plupart des habitants ne possédaient qu’un visage, voire deux tout au plus. Il y avait les Spirituals bons, résidant au sanctuaire, et les criminels exilés au Pandémonium gouverné par mon père.

Peut-être que si je ne m’étais jamais senti à ma place au royaume, c’était parce que j’étais bien plus proche dans ma conception d’un humain que d’un Spiritual. Après tout, j’étais né de sentiments contradictoires, presque antinomiques. La lumière et les ténèbres s’étaient alliées en un seul être, en lutte incessante entre elles au fond de mon âmes, sans cesse à chercher l’équilibre et la perfection.

Amon était le genre d’homme qui m’intriguait au plus haut point. Il était l’exact opposé de ceux de mon espèce. Son cœur se trouvait à la frontière entre le bien et le mal. Il cherchait la vérité au cœur du chaos. Même s’il sa foi paraissait inébranlable, son esprit remettait sans cesse en question ses acquis pour y démêler le vrai du faux.

C’est en jouant sur ces contradictions présentes en son cœur que je pus le convaincre facilement de me suivre dans ce futur. Comme je l’avais prévu, il constata l’amère réalité dans les livres d’histoire. Héliopolis avait survécu aux assauts, mais à quel prix. Hélios avait sombré dans la folie, Luna avait disparu peu de temps après… et sa fille fut retrouvée dans un tombeau de fortune, morte à l’âge de vingt ans. La guerre qui avait mêlé les forces d’Izrath et les démons avaient consumé l’Egypte jusqu’à sa racine, dévorant tout jusqu’à la vie elle-même pour ne laisser qu’un immense désert aride où seule la mort régnait en maitresse absolue.

Lorsqu’Amon le réalisa, l’ancien prêtre changea du tout au tout. Il n’avait plus qu’une idée en tête : détruire Izrath qui lui avait tout pris, mais aussi de faire revenir sa fille à la vie. Nos buts étant communs, nous scellâmes une alliance avec pour seul et unique objectif de renverser les dieux et les démons. Ainsi, Amon prit le nom de Fuji Makoto, un nom banal au Japon, et poussa le pharaon Solaris à s’intéresser au nucléaire, la plus puissante énergie connue à cette époque. Il cherchait non seulement à trouver une énergie capable de détruire une planète, mais également semblable au Kvantiki, la sang d’Izrath, qui avait le pouvoir de défier les lois physiques de l’univers.

De mon côté, banni du sanctuaire, je ne pouvais pas agir tant que Drago serait lié à cette dimension bien trop éloignée de mon monde. C’est pourquoi, plutôt que d’attendre, je décidai de jouer mon rôle de gardien et de me rapprocher de mon protégé.

C’était un garçon plutôt énergique, un peu faible à cause du voyage dimensionnel qu’il avait subi très jeune, mais suffisamment robuste pour me maintenir en vie. Malheureusement, ses talents d’invocateurs ne pouvaient se développer aussi loin d’Izrath. C’est pourquoi je fus incapable d’établir le lien avec lui.

Sa famille, au contraire, avait pleinement conscience de mon existence. Je me liai rapidement d’amitié avec le Pharaon. Même si nous ne partagions pas les mêmes idées, il m’était reconnaissant de veiller sur son fils, et ce, même si je n’étais qu’un imposteur.

Un jour, je lui avais demandé pourquoi il n’avait jamais rompu le lien qui me liait à Drago. La réponse qu’il me donna me laissa bouche bée.

« Pourquoi devrais-je rompre ce lien ? Tu n’as jamais montré le moindre signe de danger pour mon fils. Au contraire, tu veilles sur lui là où de nombreux gardiens auraient refusé de continuer leur mission.

— Vous n’êtes pas sans savoir, Pharaon, que je suis un Spiritual renégat, l’équivalent d’un démon, n’est-ce pas ?

— Ce ne sont que des noms et des paroles. Seuls les actes comptent. Peu importe quel est ton véritable objectif. Tant que tu n’atteins pas à la vie de mon fils, je n’ai aucune raison de me méfier de toi.

— Qu’est-ce qui vous dit que je ne suis pas un traitre et que je le poignarderais dans le dos à la première occasion ? »

Solaris éclata de rire dans son fauteuil puis il prit son fils endormi contre lui et commença à passer tendrement sa main dans ses cheveux.

« Parce que je te le demande ? J’aimerais que tu veilles sur mon fils, Ladd. Non pas en tant que gardien mais en tant qu’ami. Je ne serai pas toujours là pour lui, mais toi, si. Est-ce que tu pourrais faire cela pour moi ? »

Avec le peu de compassion qu’il me restait, j’acceptai. J’ignorais à l’époque toutes les conséquences que cela allait engendrer pour moi et pour mes plans, mais je m’en fichais. Pour la première fois depuis ma création, quelqu’un avait besoin de moi. Cela me touchait. Cet homme avait toutes les raisons du monde de se méfier de moi, et pourtant, il me faisait confiance. Était-il stupide ? Naïf ? Inconscient ? Ou tout simplement bon ? je l’ignorais. Je me rappelais simplement des enseignements de mon professeur Akulia à l’académie. On nous avait toujours appris que le devoir d’un Spiritual lié à un humain était de le protéger, et ce, même au péril de sa vie. Là était peut-être bien la seule valeur que l’on m’avait inculquée que je respectais. Les humains n’avaient pas à souffrir des conflits d’Izrath. Nous nous mêlions aux leurs uniquement car nous le voulions. Mais eux, jamais ils n’avaient demandé à se retrouver au cœur d’une guerre que même nous, nous avions du mal à régler.

« Un jour, vous le regretterez, Pharaon, déclarai-je à l’homme avec un sourire amusé.

— Peut-être bien. Mais ce jour-là, Drago sera devenu quelqu’un de fort, et ce, grâce à toi, Ladd.

— L’espoir est un bien beau sentiment, soupirai-je. »

Je fus néanmoins fidèle à ma promesse. Lorsque des hommes d’Hélios, et donc de Gariatron, attaquèrent cet enfant sans défense et son ami, j’utilisai toute la puissance que je possédais pour me matérialiser dans ce monde et repousser les agresseurs. Malheureusement, j’avais été trop lent. Hoshino Asuna, l’amie de mon protégé, avait été blessée gravement à l’oeil tandis que Drago, lui, était sous le choc. Dans un élan de pitié, je partageai mon pouvoir avec cette jeune file pour lui offrir, non seulement une seconde vision, mais également un lien avec son ami. A présent, elle aussi était gardienne de Drago, au même titre que moi. Cela me permit par la suite de prendre un peu de distance vis à vis du garçon puisque je n’étais plus seul.

Encore un interdit que je brisai. Mais cela n’avait aucune importance. Bientôt, les règles allaient être réécrites de ma main. Ce n’était qu’une question de temps avant que la prophétie de Chronos ne se réalise et que je puisse enfin retourner sur Izrath.

Néanmoins, cette attaque me laissa perplexe. Même s’il était destiné à se libérer, la question du « comment » restait en suspens. Ainsi, j’allai consulter Amon que je soupçonnai lié à cette affaire. Sans surprise, il l’était bel et bien. Dans un désir d’ouvrir un portail grâce à une aide venu de l’autre monde, il avait brisé la prison du temps et libéré le roi possédé.


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


Lorsqu’il me révéla cela, je ne pus m’empêcher de déchainer ma colère contre lui. Je l’attrapai par la gorge et le levai à quelques centimètres du sol, furieux.

« Amon, je t’ai déjà dit de ne pas agir sans me consulter, grognai-je, de la fumée sortant de ma bouche.

— Ce n’était qu’une malheureuse expérience, je voulais tester mon nouveau projet… jamais je n’ai voulu libérer cet assassin… articula l’homme en se débattant vainement. »

Je le projetai contre le mur et il s’écrasa sur le sol de son laboratoire, blême. Je mis quelques instants à me calmer puis repris la parole.

« Ecoute-moi bien. Izrath tombera et tu auras ta vengeance, sois-en certain. Mais jamais, je dis bien, jamais, je ne te permettrai de toucher à ce monde. Seuls les Spirituals doivent être la cible de tes foudres, est-ce que je suis clair ?

— Tr… très clair, grommela l’homme en se relevant. »

Ce fut la notre première discorde. Plus le temps passa et plus nos avis divergèrent. Et finalement, arriva le jour fatidique. Le jour où Armageddon revint prévenir Solaris qu’il ne pouvait vivre davantage. Sautant sur l’occasion, Amon sabota les plans du Pharaon dans l’espoir d’ouvrir un portail vers Izrath. Mais tout ce qu’il obtint fut la mort de Solaris, sa femme et sa fille, laissant Drago dans le désespoir le plus total.

Toutefois, pour moi, c’était l’occasion de retourner dans l’autre monde. L’explosion nucléaire avait fragilisé la réalité et me permettait ainsi de voyager librement. J’emportai ainsi Drago avec moi dans une aventure qui, même maintenant, me laissait nostalgique.

De retour sur Izrath, je fus étonné de tomber nez à nez avec une personne supposément morte : Théa. La pauvre fille s’en voulait terriblement d’être encore en vie alors que ses parents étaient morts, mais plus que tout, elle désirait aider Drago dans sa quête contre Gariatron. Je vis immédiatement une alliée en elle. Je ne comptai pas la manipuler mentalement comme Amon. Je comptais simplement passer un accord avec elle, accord dans lequel nous étions tous les deux gagnants.

« Théa, occupe-toi de ton frère quelques temps à ma place, et en échange, je te promets que tu ne mourras pas de sitôt. Mieux, si tu me suis, tu deviendras la nouvelle reine de mon monde, qu’en dis-tu ?

— La… nouvelle reine ? répéta-t-elle, perdue. Ladd, tu es vraiment… un gardien ?

— Je l’ai déjà dit à ton père. Je suis un prince déchu de son titre… enfin, pour le moment, car bientôt commencera une nouvelle ère, une ère dans laquelle Izrath n’existera plus ! »

Théa recula d’un pas, terrifiée et prête à se battre mais je la rassurai aussitôt.

« Evidemment, tout le monde ne pourra survivre à la tempête qui se prépare. Mais toi, tu es différente. Ton père était un homme bien. C’est pourquoi, je te fais cette proposition. Libre à toi de l’accepter ou non. Dans cette histoire, tu n’as rien à perdre et tout à gagner, tu ne crois pas ? Qu’est-ce qu’Izrath représente pour toi sinon la cause de la mort de tes parents ? Tu ne crois pas que vous auriez pu vivre heureux, tous ensemble si Zetsubo n’avait jamais rencontré Gariatron, il y a cinq mille ans ? »

Ces simples mots suffirent à convaincre la jeune fille. Elle prit ainsi ma place de gardien durant les premières semaines qui suivirent l’arrivée de Drago dans ce nouveau monde qui lui était inconnu. J’aurais été ravi de l’aider mais de toute façon, il était si pitoyable qu’il était incapable de m’invoquer correctement. Et contrairement à avant, j’avais d’autres choses à régler bien plus importantes que lui sauver la peau. Cela allait le forger un peu au moins, ce n’était pas une si mauvaise chose finalement.

Je retournai de nombreuses fois aux côtés d’Amon et je pus constater que, plus le temps passait et plus la folie le gagnait. Se voir prisonnier de cette dimension alors que Drago avait réussi à s’enfuir l’avait sérieusement atteint. Il avait quitté son poste de scientifique pour s’engager dans l’armée. J’ignorais ce qu’il complotait de ce côté-là, mais je devinais aisément qu’il était en train de briser nos accords.

Lorsqu’il s’en prit directement à Asuna et tenta de la manipuler, je sortis enfin du silence relatif dans lequel je m’étais muré et me décidai enfin à avoir une conversation sérieuse avec lui. Je le menaçai de nombreuses fois, mais il n’y avait rien à faire. L’homme avide de vérité que j’avais recruté autrefois était loin désormais. Il ne restait plus qu’une coquille vide uniquement guidée par la soif de vengeance.

« Je crois que nous avons assez discuté, Amon, déclarai-je en tournant le dos à mon associé. Si tu persistes à vouloir utiliser ce monde comme terrain d’essai pour tes petites manigances, cela sera sans moi.

— Comment ? Tu m’abandonnes ? Après tout ce que tu m’as dit pour me faire venir ici ?! rugit l’homme, hors de lui.

— Non. Je suis fidèle à mes engagements. C’est toi qui décides de quitter le navire. Alors, si tel est ton souhait, va. Prends ce canot de sauvetage et rame jusqu’à atteindre la terre ferme. Mais sache que si tu fais cela, jamais plus je ne t’accepterai à mes côtés.

— Ladd… espèce d’ordure… tu m’as promis de corriger les erreurs du passé mais ce n’était que mensonges ! Jamais tu n’as eu l’intention de me permettre de me venger ! Tu voulais simplement quelqu’un pour faire le sale boulot qu’était de tuer Solaris !

— Tu te trompes, rétorquai-je sèchement. Jamais je ne t’ai menti. Tout ce que je t’ai promis, je l’accomplirai, avec ou sans toi. Cependant, je ne tolère pas que tu sacrifies des vies humaines pour y arriver. Ne t’ai-je pas déjà dit que seul Izrath devait être la cible de tes foudres ?

— Allons bon, voila que le grand Ladd est un dégonflé ! Je croyais que tu étais prêt à tout pour voir les Seigneurs tomber, et maintenant, tu te soucies de la vie de quelques milliers d’humains. Ta logique m’échappe, ricana Amon d’un rire qui ne présageait rien de bon. »

Je fermai les yeux et tournai le dos à cette coquille vide, prêt à repartir aider celui qui avait vraiment besoin de moi. Cependant, alors que je commençais déjà à disparaitre, l’ancien prêtre reprit la parole d’une voix que je ne lui connaissais pas jusqu’à présent, une voix uniquement guidée par la folie.

« Les valeurs humaines, hein… Toi qui les pônes haut et fort… finalement… tu ne vaux pas mieux que tous ces seigneurs que tu détestes. La confiance ou l’espoir… ne sont que des mots. On ne peut vraiment se reposer que sur soi-même… Alors soit, si telle est la loi de ce monde, je m’y plierai… Le monde connaitra bientôt la définition de la folie humaine… »

A ce moment-là, je n’avais pas prêté attention à ses paroles. Je devais m’occuper avant tout de tenir ma promesse à Solaris et sortir Drago des galères dans lesquelles il se mettait constamment. Ce fut également mon dernier échange avec Amon avant de couper définitivement les ponts.


https://www.youtube.com/watch?v=RqxmFkmEoZQ


Les mois passèrent. Mon protégé et moi enchainâmes les batailles, comme de véritables partenaires. Le garçon semblait avoir tout oublié de son passé mais je ne jugeai pas utile de le lui rappeler. Après tout, à mes yeux, il n’était qu’une larve incapable durant ses années de collège. Mais à présent, je comptais bien faire de lui un véritable guerrier comme je l’avais promis à son père.

Dans un même temps, aux côtés de sa sœur, j’entamai la construction d’Avalon. Grâce à mes pouvoirs, je donnai naissance à une nouvelle planète que je plaçai à l’exact opposé d’Izrath par rapport à son soleil et je reproduis la plupart des caractéristiques qui avaient donné naissance à la vie sur Terre. Les travaux de la ville principale, Babylone, nommée en l’honneur de l’antique ville mésopotamienne, berceau de l’humanité, furent longs et fastidieux. Il fallait dire que ni Théa, ni moi, n’avions de notion en maçonnerie. Mais, dans notre galère, une étrange complicité naquit entre nous. Elle et moi étions dans le même bateau, à cheval entre la protection de Drago et la construction d’un monde nouveau. Et, même si elle m’avait paru réticente au départ, elle mettait à présent tout son cœur pour m’aider dans ce projet fou.

C’était étrange. Moi qui avais toujours pensé marcher seul sur mon chemin, je me retrouvai à travailler main dans la main avec l’une des dernières personnes que j’aurais pensé être mon allié. La fille d’un Pharaon supposément morte, et un prince déchu. Quel étrange duo nous formions.

Alors que nous venions de terminer le dôme du palais principal, nous avions décidé de prendre une pause et d’admirer notre œuvre depuis son sommet. A nos pieds s’étendait un gigantesque chantier de pierres, de taules, de verre et de métal. Nous n’avions accompli qu’une infime partie de ce travail herculéen, et pourtant, l’un comme l’autre, nous en retirions une immense satisfaction.

Soudain, je vis au loin une grande colonne s’effondrer dans nuage de poussière. Mais, au lieu de nous déprimer, Théa et moi éclatâmes de rire en harmonie.

« Allez, cette fois c’est toi qui t’en charges, Ladd, j’en ai assez de la remonter sans cesse, rit ma future reine, les larmes aux yeux.

— Peut-être que ce n’est pas une si bonne idée après tout…

— Ça, je te le dis depuis le début qu’une colonne de cent mètres de haut, c’est irréalisable. Je suis contente que tu le remarques enfin !

— Cela ne coutait rien d’essayer… grommelai-je en détournant le regard. »

Alors que je m’apprêtai à reprendre ma forme de dragon pour relever encore une fois cet édifice, je sentis la chevelure de Théa se poser sur mon épaule tandis que la jeune fille attrapa ma manche.

« Dis… Je me demandais… pourquoi fais-tu tout ça ? Tu pourrais vivre simplement en acceptant les défauts de ton monde tu sais…

— Peut-être oui… Mais contrairement à la vie humaine, celle d’un Spiritual est incroyablement longue. Cela est dû au Kvantiki qui coule dans le noyau de la planète et qui nous alimente. Cependant, ailleurs, sur terre par exemple, un Spiritual exilé ne survivrait pas plus d’une centaine d’années. Et il en va de même pour les Seigneurs. Tant qu’Izrath continuera à exister, rien ne changera car rien ne mourra. Sur Terre, les lois et les traditions perdurent tant que la société est vivante. Mais si celle-ci s’éteint, elle emporte avec elle tout ce qu’elle a apporté. Il suffit de regarder les peuples Inca ou Romains. Que reste-t-il d’eux sinon des ruines, quelques textes et une langue disparue ? Il suffit d’une invasion, d’une épidémie, d’un changement climatique pour que tout disparaisse et que tout recommence. Ces cycles n’existent pas dans mon monde. Depuis la nuit des temps, les mêmes incapables gouvernent le même continent peuplé des mêmes personnes. Et plus les années passent, et plus les rites s’ancrent dans les esprits. Mon but est de briser cette éternité, de redonner le gout de vivre à mes semblables, qu’ils profitent d’un temps qui leur sera peut-être court, mais rempli d’expériences et non vide de sens.

— Je vois. Je comprends ton point de vue. De nombreux hommes ont tenté de parvenir à l’immortalité. Après tout, il est normal d’avoir peur de la mort et je suis la première à la craindre. Mais telle que tu l’as décrit, votre situation n’est nullement enviable.

— Du point de vue de l’histoire, je serai peut-être un tyran… cependant, il n’y a pas d’histoire dans l’éternité. Alors, s’il faut faire cela pour mettre en marche les aiguilles du temps, je le ferai et j’écrirai la première page d’un nouveau livre, un livre dont les générations futures s’inspireront pour corriger nos erreurs et atteindre la perfection.

— C’est un bien beau rêve que tu as là, Ladd, murmura la fille de Solaris d’une voix apaisée. Je serai honorée d’être la première reine de ton histoire dans ce cas. »

Finalement, nous restâmes tous les deux, assis au sommet de ce dôme jusqu’à la tombée de la nuit. Pour la première fois, je me sentais heureux et apaisé aux côtés de Théa. Malgré tout ce que j’avais fait et ce que je m’apprêtais à faire, elle restait avec moi alors qu’elle aurait pu se ranger du côté des Seigneur pour m’arrêter. Et pour cela, je lui étais infiniment reconnaissant.

Lorsque je posai mon regard sur elle, la jeune fille dormait paisiblement contre mon épaule. Je ne pus m’empêcher de sourire. Quelle différence y avait-il entre un Spiritual et un humain ? A cet instant, je n’en voyais aucune.

D’un geste doux, je passai ma main sur son visage pour remettre l’une de ses mèches qui s’était égarée sur sa joue.

« Merci, Théa… non, Isis, de marcher vers l’enfer à mes côtés. »





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le bon temps…

heart earth
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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [24/10/2019] à 14:24

Ladd : La chute du sanctuaire



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=n01q7X16uzs


Un rêve. Un espoir. Une lueur à travers les ténèbres. Un monde nouveau. Un destin à accomplir. Tel était ce que représentait Avalon pour moi. Alors que je possédais tout Izrath, un beau jour, je m’étais rendu compte que rien ne m’appartenait. Ni ma vie. Ni mon destin. Ni mes choix. Ni mes rêves.

J’avais renié le trône, comploté contre mes parents, trahi mon meilleur ami et rival, abandonné mon professeur, fui mon époque et trompé mon protégé. J’avais brisé de nombreuses promesses, manipulé des personnes innocentes, fait pleurer mes amis et tourné le dos à mes devoirs et mes proches.

Pourtant, malgré tout le sang que j’avais sur les mains, je ne regrettai rien. Pour moi, les choses n’auraient pu se dérouler autrement. Izrath devait changer. La vie telle que je la connaissais n’était qu’une illusion, une chimère dorée au milieu d’un océan de larmes et de tristesse. La destruction n’est pas synonyme de fin, mais de renouveau. C’est pourquoi, sur ma longue route au milieu des ténèbres, il restait une lumière, infime, mourante, quasiment invisible, mais existante. Une promesse, un simple résidu de valeurs vides de sens mais que je ne pouvais pas briser.

Je devais… protéger la Terre. Changer le destin funeste qui l’attendait, pour que mes derniers compagnons qui m’avaient escorté jusqu’aux tréfonds des enfers puissent jouir de la paix qu’ils avaient toujours rêvée avant de pouvoir, moi aussi, me reposer… pour l’éternité.


**


https://www.youtube.com/watch?v=_u362U8rCV0


Enfin. Après des millénaires de lutte acharnée, je touchais mon rêve du bout des doigts. Alors que je retirai la lame de mon épée du cœur de ma mère, son corps sans vie tomba mollement au sol, sous les yeux ébahis du juge, Astaris.

J’avais dû en baver pour arriver là. A cause des folies d’Amon, Izrath et la Terre avaient commencé à se rapprocher dangereusement et menaçaient désormais de rentrer en collision à tout moment. Je ne me battais pas que pour moi désormais, mais pour une planète toute entière. Et cela, Satoshi et Serena l’avaient pleinement compris. C’est pourquoi, il me fut très facile de les convaincre de se joindre à ma cause durant mon court séjour chez les humains. Ainsi, tout deux acceptèrent l’offre d’Armageddon dans l’unique but d’obtenir les pouvoirs nécessaires pour détruire Izrath. De son côté, Théa œuvra à la création de l’Arc Avalon, un immense vaisseau capable d’accueillir une grande partie de la population des Spirituals. Evidemment, tous ne pouvaient être sauvés mais c’était un sacrifice nécessaire.

Mes retrouvailles avec Astaris avaient été plutôt glaciales. Cependant, avec sa naïveté habituelle, il me fit confiance. Le juge pensait certainement qu’en la présence d’humains en Izrath, je n’oserais pas m’attaquer au sanctuaire. Cela aurait été vrai dans d’autres circonstances. Mais pas ici. Le temps pressait. Non seulement nos deux mondes se rapprochaient, mais en plus Amon continuait à accumuler de la puissance. Je m’en voulais. La situation avait échappé à mon contrôle et voila que je me retrouvais à devoir lutter sur deux fronts.

Ce n’était pas bon. Pas bon du tout. Si Amon réussissait à réveiller Noun comme il le prévoyait, je pouvais dire adieu à mon paradis et dire bonjour à l’éternité solitaire. Cependant, il restait un obstacle de taille avant de pouvoir embrayer sur la seconde partie de mon plan. Et cet obstacle portait le nom d’Astaris Borhn.

Le Juge du sanctuaire avait perdu toute compassion dans son regard. Seules les flammes de la colère et de la haine brûlaient dans ses iris mauves. Il était clair que, jamais, il ne me laisserait m’en tirer à si bon compte. Mais soit, je m’étais préparé à un tel affrontement.

Lentement, je me tournai vers mon adversaire pour lui faire face avec dignité, un léger sourire au coin de la lèvre.

« Ladd… comment as-tu osé… grogna-t-elle, prêt à me sauter à la gorge, tel un félin devant sa proie.

— Je t’avais pourtant prévenu, Astaris, rétorquai-je d’une voix malicieuse. Ne t’ai-je pas déjà dit que tu étais trop mou ? J’ai transgressé tes règles, et pourtant, tu n’as appliqué aucune sentence envers moi. Est-ce que, au fond, tu ne partages pas mes convictions, monsieur le juge ?

— Silence ! Tonna le Spiritual avec une autorité que je ne lui connaissais pas. Tu es peut-être un prince déchu ou le roi d’un monde nouveau, mais ici, tu es dans MON tribunal, et tu dois suivre MES règles ! »

Tandis qu’il prononçait ces mots, mon ami fut entouré d’une sinistre aura violette. Le sol se mit à trembler sous nos pieds et la cape pourpre qu’il arborait disparut pour laisser place à une armure sombre qui recouvrait entièrement son corps. Dans sa main gauche apparut un marteau d’or, et dans sa droite, une balance d’argent. Le masque qu’il portait se fissura et me laissa entrevoir un visage ayant perdu toute son humanité pour ne laisser que le Spiritual qui était en lui.

Amusé, je me transformai partiellement. Je déployai mes ailes dans mon dos et mes vêtements royaux furent remplacés par une peau dure et écailleuse. Des griffes prirent place sur mes ongles et un cristal d’or et d’opale s’ancra au milieu de ma poitrine.

Autour de nous, le ciel bleu azur du sanctuaire s’obscurcit alors que de sombres nuages envahissaient l’espace tout entier, nous plongeant dans les ténèbres.

Tout en me mettant en position de combat, je lançai un dernier appel à mon ancien ami, n’espérant même pas de réponse.

« Tu sais, Astaris, j’ai toujours su que ce jour arriverait. Déjà à l’académie, nous nous lancions nos repas à la figure quand nous étions en désaccord. Ce n’est que la suite logique, tu ne crois pas ? »

Pour toute réponse, le Juge du sanctuaire poussa un cri de rage et abattit son marteau sur le sol. Des éclairs jaillirent tout autour de moi tandis que les débris fusèrent à grande vitesse. D’un puissant battement d’aile, je repoussai cette attaque. Cependant, il ne s’agissait que d’une diversion. Astaris s’était caché derrière les éclats de pierre pour se jeter sur moi à pleine vitesse. Il brandit son marteau sur moi et je le reçus de plein fouet.

Je fus projeté en arrière sur plusieurs dizaines de mètres avant de pouvoir reprendre mon équilibre. Cependant, mon adversaire fut plus rapide. Il m’asséna un second coup dans les côtés qui me fit valser contre les murs du sanctuaire. Je passai à travers comme s’il ne s’agissait que de papier mâché pour finir ma course dans la salle du trône. Je rebondis plusieurs fois sur le sol pour finalement me stabiliser grâce à mes griffes que j’enfonçai profondément dans les dalles.

Les yeux d’Astaris émirent un vif éclat à travers la fumée. Cela me permit de prédire son prochain coup et de riposter avec toutes mes forces. J’attrapai le manche du marteau divin et l’arrêtai dans sa course. Interdit, mon adversaire n’eut pas le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait. Je le désarmai sans difficulté puis, de ma main libre, je tirai un rayon sombre à bout portant dans son ventre.

Le demi Spiritual transperça la voute du Sanctuaire avec un cri de douleur. Et, alors qu’il retombait lourdement sur le sol, je m’envolai à sa rencontre. Profitant de ce moment de vulnérabilité, je lui assénai un violent coup de genou dans l’abdomen suivi d’une rafale de feu blanc.

Toutefois, mon plan ne se déroula pas sans accroc. Ignorant la douleur, je vis la main d’Astaris percer à travers les flammes et m’attraper fermement le visage. Effaré, je me débattis de toutes mes forces, mais il n’y avait rien à faire. Le juge refusait de me libérer.

Dans un dernier recours, je me transformai entièrement, reprenant ma forme originelle, celle d’un dragon de cinq mètres d’envergure. Mon crâne devint bien trop grand pour la main de l’homme et il fut obligé de me relâcher.


https://www.youtube.com/watch?v=4FqoqxD-DHA


Nous reculâmes tous les deux de plusieurs mètres avant de nous refaire face. Désormais, je le dominai de par ma taille, mais j’étais aussi bien amoché. Même s’il ne possédait plus son arme principale, Astaris n’en restait pas moins un redoutable adversaire au corps à corps.

Je m’en souvenais parfaitement. Nous nous entrainions souvent, lui et moi, dans le gymnase de l’académie, sous l’oeil amusé de Zesunis qui prenait les paris avec sa future femme, Amunis. Je ne pus m’empêcher de sourire en repensant à ces jours heureux et insouciants. Devant mon amusement, mon ennemi du jour fronça les sourcils, perplexe.

« Tu ris face à la mort, Ladd ?

— Non, je repensais simplement à nos entrainements. Tu m’en auras fait baver, mon cher Astaris.

— Ne dis-tu pas toi-même que ces souvenirs sont des illusions ? Je croyais que, pour toi, rien n’avait d’importance, rétorqua le juge.

— Oui. Ce sont des illusions. Je jouais un rôle à l’époque. Et pourtant, même une illusion peut être gravée dans les souvenirs, tu ne crois pas ?

— Si tu essaies de te racheter maintenant, il est trop tard, ton châtiment a déjà été prononcé. Izrath est sous ma protection, je ne laisserai personne la menacer, pas même toi, Ladd.

— Je n’essaie pas de me racheter, au contraire. Je voulais simplement repenser une dernière fois à ce temps… avant de l’oublier définitivement ! »

Avec un cri de rage, je m’élançai vers le demi Spiritual. Il frappa le sol de son pied pour faire surgir des entrailles de la terre des éclairs mauves, mais je connaissais cette technique. Il m’avait défait avec bien assez de fois pour que je puisse prédire tous ses faits et gestes. Ainsi, j’évitai tous les obstacles sur ma route, slalomant entre les vagues d’énergies, les débris de pierre et les éclats lumineux. Tout en me rapprochant, ma vision se troubla. Ce n’était plus le juge du sanctuaire qui me faisait face. C’était Astaris, étudiant brillant de l’académie des gardiens, mon éternel rival. Il portait son uniforme et ses rides avaient disparu, de même que son air grincheux pour ne laisser qu’un élève plein de rêves et d’espoirs.

Je clignai des yeux. L’illusion s’était dissipée. Encore une fois. Ma main agit d’elle-même. Elle fusa vers la poitrine du grand homme, visant son cœur, prête à l’arracher de ses entrailles. Mais, alors que je n’étais plus qu’à quelques centimètres, les lèvres d’Astaris bougèrent.

La balance qu’il tenait dans sa main gauche rayonna de mille feux et, en une fraction de secondes, je fus cloué au sol, incapable de bouger.

« Qu… Qu’est-ce que c’est encore que ça, Astaris…

— La balance du jugement. Tel est l’ultime arme que je possède pour vaincre les criminels comme toi, Ladd. Tous ceux qui sont en désaccord avec la loi du sanctuaire se retrouvent immobilisés, pris dans les chaines de la justice.

— Je… je vois… c’est bien trouvé. Tu as progressé dans tes tours de passe-passe depuis l’académie… grimaçai-je alors que je sentais un poids énorme pesant sur mes épaules.

— C’est terminé pour toi. Ta petite révolution s’arrête ici, et tes ambitions avec toi. »

Alors que j’aurais dû me maudire de ma propre faiblesse, je ne pus m’empêcher de rire. D’abord faiblement, puis de plus en plus fort, jusqu’à ce que mon éclat de rire emplisse tout l’espace du sanctuaire.

« Tu es serein face à la mort je vois. Tu n’as donc pas peur de l’au-delà ?

— La mort… tu dis ? Mon pauvre Astaris… Laisse-moi te montrer… la véritable justice. Non pas celle que tu prônes, mais celle qui devrait-être. »

Avec un cri de rage, je puisai dans mes dernières ressources pour générer une quantité phénoménale d’énergie. Non pas pour forcer le passage, je savais que c’était inutile, mais pour évacuer de mon corps toutes les ténèbres qui déplaisaient au juge. Mon corps se para d’un blanc éclatant tandis que je sentais le poids sur mes épaules diminuer considérablement.

Sous les yeux ébahis de mon ami, je réussis à prendre appui sur mes avant-bras pour me relever lentement malgré la puissance de la balance du jugement.

« Impensable… la balance… la balance ne peut être contrée… bégaya-t-il en reculant, les yeux remplis de doute et de peur.

— Tu te trompes. La justice n’est pas celle que tu crois. Tu penses défendre une cause noble mais tu t’es égaré en chemin. La seule vérité est celle que j’ai découverte le jour où j’ai renié mon titre de prince. »

Tremblant, Astaris lâcha le symbole de la justice et ouvrit la bouche sans qu’aucun son n’en sorte, puis il tomba à genou, livide. A présent que les rôles étaient inversés, je levai la main au-dessus de sa tête et me mis à charger un puissant rayon tandis que mon adversaire, lui, ne bougeait plus et regardait fixement le sol d’un oeil vide.

« Ton rôle s’arrête ici, juge du sanctuaire céleste. Tu auras fait un beau parcours, mais à présent, je prends la relève. Adieu, mon a… »


https://www.youtube.com/watch?v=PazIOuoPObg


Un bruit d’applaudissement retentit alors et me coupa dans mon élan. Sur mes gardes, je me retournai d’un seul coup pour faire face à Zesunis. L’ancien juge, toujours habillé de sa chemise hawaïenne et de ses lunettes de soleil noires posées sur ses cheveux en bataille, avait surgi de nulle part et nous regardait avec amusement et intérêt.

Je restai sur mes gardes, prêt à tirer au moindre signe d’hostilité, mais le grand gaillard semblait totalement détendu et il leva même les mains en l’air pour se blanchir.

« Ola, du calme mon ami, je ne suis pas venu ici pour me battre.

— Ze… sunis ? murmura Astaris d’une voix éteinte.

— Eh bien, mon vieil ami, tu sembles dans un piteux état. Laisse-moi deviner, ta balance n’a pas fonctionné comme tu l’avais prédit, je me trompe ?

— Que viens-tu faire ici ? grognai-je, méfiant.

— Moi ? Je viens me remémorer le bon vieux temps, rien de plus, me répondit-il en haussant les épaules. Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas vu vous battre, cela m’avait manqué pour tout vous avouer. »

En passant le regard par-dessus mon épaule, l’ancien juge remarqua finalement le cadavre de ma mère et haussa les sourcils, étonné.

« C’est fâcheux, il semblerait que le sanctuaire vienne de perdre sa reine, marmonna le surfeur d’un air ennuyé. On dirait bien qu’on assiste à un coup d’état ! C’est une première dans ce monde !

— Zesunis, tu es conscient que…

— Mais bon, qu’importe, je ne suis pas ici pour parler politique. Je ne pouvais simplement pas laisser mes deux meilleurs amis s’entretuer pour des convictions stupides !

— Des… convictions stupides ? nous répétâmes, le juge et moi, en chœur, choqués.

— Tout à fait. Astaris, tu désires protéger les habitants d’Izrath et je te comprends. C’est tout naturel. Mais tu vois bien que ta propre justice est impuissante. Alors, pour une fois, jette-toi à l’eau et fonce vers l’inconnu !

— Je…

— Et toi, Ladd. Ton but est de changer ce monde et d’en créer un nouveau ? Fort bien. Mais au lieu de te créer des ennemis, pourquoi ne recherches-tu pas des alliés ? Si tu m’avais demandé, j’aurais été le premier à t’accompagner, mon ami !

— Comment ? Toi, ancien juge, tu aurais… »

L’homme croisa les bras sur son torse musclé et vint s’interposer entre nous.

« Je ne suis pas le seul à penser qu’un petit changement ferait du bien à tous. Nos pouvoirs en tant que juges sont limités. Nous ne pouvons qu’agir à notre échelle Malheureusement, nous sommes impuissants face à ce qu’il se passe actuellement et détruire la Terre pour nous sauver me semble une solution quelque peu radicale.

— Mais détruire Izrath est aussi…

— Astaris, mon brave, tu le vois par toi-même. La justice de Ladd n’est pas erronée. Cette balance représente, non pas ta justice, mais celle de notre monde. Si elle-même juge que Ladd n’est pas dans le tort, nous ne pouvons rien y faire. Izrath doit changer, c’est un fait. Alors, qu’avons-nous à perdre en suivant notre vieil ami ? »

Le Spiritual blond tendit une main chaleureuse au juge. Après un long moment d’hésitation, ce-dernier s’en saisit et se remit debout. Ses yeux étaient toujours remplis de doutes mais il semblait désormais apaisé.

Sans nous prévenir, Zesunis nous prit tous les deux dans ses bras musclés et nous serra contre lui dans une accolade étouffante.

« Haut les cœurs, mes amis ! Ce qui compte, ce n’est pas ce qui nous sépare, mais ce qui nous rapproche ! Si nous avons été unis à une époque, nous pouvons l’être à nouveau. Au fond de nous, nous sommes toujours les mêmes. Alors, serrez-vous la main et avancez ensemble désormais, Ladd, Astaris. »

Le demi Spiritual et moi nous regardâmes, légèrement gênés après un tel discours. Zesunis avait raison. Rien n’avait changé depuis l’académie. Ce grand gaillard était toujours là pour mettre fin à nos chamailleries et nous ramener à la raison.

Nous éclatâmes de rire en même temps. A ce moment-là, nous n’étions plus Ladd, le prince renégat et Astaris, le juge du sanctuaire céleste, mais simplement deux amis fâchés l’un avec l’autre. L’homme à la barbe mauve fut le premier à me tendre la main. Avec un soupir, je répondis à son geste de paix, sous le sourire éclatant de notre grand-frère à tous les deux.

« Dis, Ladd, est-ce que sur Avalon… est-ce que les humains pourront venir de temps en temps ? déclara soudain mon rival en détournant le regard, gêné. »

Je pouffai, ce qui me valut un coup de poing dans la figure. Mais, contrairement à ceux de notre combat, celui-ci était totalement dénué de force et de haine. Ce n’était qu’une petite frappe amicale.

« Evidemment, lui répondis-je en souriant. Tes filles pourront te rendre visite à n’importe quel moment. Tu pourras même les emmener faire du ski sur les montagnes ! »

Je lançai un clin d’oeil malicieux à l’homme qui rougit aussitôt de honte et détourna le regard.

— Ne… Ne dis pas n’importe quoi, abruti ! Je déteste le ski !

— Oh, tout ça me donne envie d’organiser de nouveaux jeux olympiques une fois que tu auras atteint ton objectif, rit Zesunis, les yeux brillant d’étoiles.

— Sérieusement, vous êtes irrécupérables tous les deux… »

Zesunis nous prit tous les deux sur une épaule pour nous aider à marcher et, ensemble, nous quittâmes les ruines du sanctuaire céleste. Même si ma quête était loin d’être terminée, je me sentais apaisé. La simple présence de ces deux gaillards suffisait à me conforter dans l’idée que je n’étais pas dans l’erreur. C’était ce monde qui était erroné.

A présent, des gens comptaient sur moi. Pas seulement Théa, mais aussi mes amis de l’académie. Pour eux, je ne pouvais pas échouer. Je refusais d’être incapable de tenir mes promesses. Il en allait de mon devoir de futur souverain.

Avant de quitter cet espace qui commençait à s’effondrer sur lui-même, je jetai un dernier regard vers le corps défunt de ma mère. Elle n’était que la première victime d’une longue série macabre. Cependant, elle était un sacrifice nécessaire pour ouvrir la voie à cette nouvelle ère dont je… dont nous rêvions désormais.

« Un problème, Ladd ? s’étonna Zesunis qui avait continué à marcher sans moi.

— Non. Rien. Tout va bien à présent. »

Puis je laissai définitivement ma mère derrière elle pour rejoindre le chaos de la bataille et me préparer aux heures les plus sombres qu’ait jamais connu.





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