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[Fic]L\'achèvement du Destin
heart earth
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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [24/10/2019] à 19:21

Ladd : Avalon Symphony



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=rIwl2cDwStw


Astaris, Zesunis, Théa et moi travaillâmes d’arrache pieds à partir de là. Nous n’étions que peu mais chacun de nous avait son rôle à jouer. Après l’attaque du sanctuaire, je revins prêter main forte à Drago dans son combat tout en bridant volontairement mes pouvoirs. Je ne voulais pas qu’il remporte cette bataille, mais je ne voulais pas non plus qu’il se fasse tuer. C’est pourquoi, alors que sa chute aurait dû lui être mortelle, je le transportai ici, en Avalon, où il était en sécurité jusqu’à la fin de la tempête qui allait s’abattre sur Izrath.

Pendant que sa sœur prenait soin de lui, Astaris, Zesunis et moi planifiâmes notre attaque contre le pandémonium. Le juge proposa alors un pari fou : celui de laisser Amon s’emparer du cœur d’Izrath. Certes, c’était une action risquée, mais il était bien plus simple pour nous de le laisser s’attirer les foudres des humains. De cette manière, nous nous placions en terrain neutre. Nous n’étions ni alliés aux humains dans la protection d’Izrath, ni coupables de sa destruction, mais de simples spectateurs de ce conflit millénaire.

Pendant que les deux camps se détruisaient mutuellement, je continuai à agir dans l’ombre. Je réussis à rallier de nombreux seigneurs à ma cause, eux aussi lassés de vivre. Nout, Osiris, Chronos et quelques autres acceptèrent de renoncer au combat et à leurs titres pour s’installer en Avalon en tant que simples citoyens. Cela fut possible en grande partie grâce aux talents d’orateur de Zesunis qui, malgré sa retraite, restait un Spiritual respecté et apprécié de tous.

Amon finit par acquérir le pouvoir qu’il convoitait tant, les time Gates furent détruites et Noun fut réveillé. J’observai ce combat depuis mon royaume, assistant aux dernières heures d’Izrath avec une certaine nostalgie. L’histoire était écrite. J’avais gagné. Qu’importe qui allait remporter la bataille, Izrath était au bord de la destruction et plus rien n’y personne n’était en mesure de l’arrêter.

Ironiquement, ma meilleure alliée dans cette bataille fut cette fille venue du futur, Iori. Selon Chronos, le destin ne me permettait pas de réaliser mon œuvre. Cependant, à cause des perturbations qu’elle avait engendrées, Armageddon avait perdu tout pouvoir sur l’avenir et me laissait donc le champ libre pour agir.

La bataille fut sanglante. De nombreux Spirituals périrent dans le conflit. Toutefois, Théa, aux côtés de Nagisa et Luna qui l’avaient rejointe, faisait son possible pour récupérer les survivants à bord de l’Arc Avalon.

Finalement, Amon fut vaincu. Izrath fut emporté avec lui. Ne restait de la planète que notre vaisseau qui se dirigeait lentement vers la capitale. Et, alors que j’attendais mon heure depuis le dôme principal du palais de Babylone en compagnie de Théa, en me remémorant tous ces souvenirs, une ombre immense plana au-dessus de nos têtes.

L’heure était venue. L’heure où le rêve laissait place à la réalité. Tout allait se terminer. Et tout allait recommencer.


**


https://www.youtube.com/watch?v=ehpmMxTjTDw


Ils s’avançaient vers moi d’un pas assuré. Au milieu des torches qui éclairaient l’allée impériale, les humains qui avaient triomphé d’Amon venaient à moi, le souverain du nouveau monde. A mes côtés se tenaient mes alliés, Zesunis, Théa et Luna, ainsi que les quelques dieux m’ayant prêté allégeance.

Leur cortège à eux était mené par Drago et Asuna, suivis de près par tous leurs compagnons. Je vins à leur rencontre dans le silence le plus total. La tension était palpable entre nous, et je pouvais le comprendre. Je m’étais servi d’eux pour parvenir à mes fins. Pour eux, je n’étais qu’un tyran sans cœur, assassin et destructeur de monde. C’est pourquoi, je le savais… que la paix entre nous ne serait jamais possible.

Alors que nous n’étions plus qu’à quelques mètres l’un de l’autre et que Drago s’apprêtait à dégainer son arme, les portes du palais s’ouvrirent brutalement. La silhouette d’un homme portant un masque mauve se dessina dans l’ouverture, et dans sa main luisait une lame aux reflets écarlates. L’homme se précipita à travers la foule directement vers moi. Evidemment, Zesunis et Théa tentèrent de l’arrêter mais il dévia les rafales d’énergie avec une facilité déconcertante. Alors qu’il repoussa l’ancien juge avec force contre le mur, un sourire triste se dessina sur les lèvres de mon ami.

« Est-ce vraiment cela que tu désirais… Ladd ?… murmura-t-il. »

D’un bond, l’étranger enjamba la foule d’humain et arriva à ma hauteur. Je reculai en grimaçant. Je voulus riposter mais l’individu trancha ma lame avant même que je n’aie pu riposter. Puis, lorsqu’il pointa son épée vers le cristal qui ornait ma poitrine, un dernier rictus amusé déforma mon visage. Tout se déroulait comme je l’avais prévu.


https://www.youtube.com/watch?v=t2tGEiYU9KU


« Astaris, toi seul peut le faire, avais-je dit à mon ami quelques heures plus tôt.

—Tu es certain, Ladd ? m’avait-il répondu, tremblant. Ce monde doit-il réellement commencer dans le chaos ?

— Je ne suis ni un souverain légitime, ni un héros de guerre, ni un sauveur. Pour tous, je ne suis qu’un imposteur, un traitre ayant tué ses propres parents, un tyran sanguinaire prêt à tout pour asseoir ses ambitions. Je ne veux pas que le peuple vive dans la peur que je leur inspire. »

A ce moment-là, j’avais tendu à mon ami la balance de la justice que je gardai précieusement avec moi et il avait reculé d’un pas.

« Le juge n’a pas encore rempli son rôle. Pour tous, tu restes un modèle à suivre. Zesunis et Théa ont entièrement confiance en toi. Avec toi à la tête du royaume, le peuple aura un repère, une figure à laquelle se rattacher après la perte de son monde. Ce dont Avalon a besoin n’est pas un roi… mais un père.

— Cela sera donc le dernier mouvement du requiem du prince…

— Et le début de la symphonie d’Avalon. »

J’avais ri lorsque mon ami de toujours avait finalement accepté de reprendre ce qui lui appartenait.

« Dis, Astaris, crois-tu que la mort soit la signature même de la vie ? Pour qu’un nouveau cycle commence, il faut qu’un autre se termine.

— Un cycle, tu dis ?

— Izrath a commencé avec la naissance de Noun il y a des millions d’année et n’a que peu évolué depuis. Avec ma mort débutera une nouvelle ère. Une ère de changement perpétuel, une ère où l’immortalité n’aura plus sa place, une ère où le passé ne sera plus la clé de voute du présent, mais le catalyseur du futur, une ère où les rêves et les espoirs seront à nouveau permis. Ceux qui infligent la peine doivent s’attendre à la ressentir. »

Je la voyais, la lame de la justice se rapprocher lentement de moi, prête à me transpercer de part en part. Mais tel était mon châtiment pour avoir attisé la haine du monde sur mes épaules.

« Astaris. Crois en ta justice. Pas en celle d’Izrath ni en celle d’Avalon, mais la tienne, celle que tu as forgé de tes propres mains. Deviens l’étoile qui brille dans le ciel et qui guidera Avalon vers une ère de paix et de prospérité. Deviens l’homme que je n’ai jamais été. Deviens le héros de la justice que tu as toujours rêvé d’être.

— Je… A vos ordres, seigneur Ladd. »

A ces mots, il s’était agenouillé devant moi. Zesunis et Théa, qui jusque-là étaient restés silencieux, s’étaient avancé. Dans les yeux du grand gaillard, je pouvais discerner la peine qui le rongeait, mais il savait tout aussi bien que moi qu’il n’y avait pas d’autre solution. Il me prit alors dans ses bras, comme un père protégeant son fils.

« Tu aurais fait un grand roi si Izrath n’avait pas été ainsi, mon ami.

— Je… Zesunis, tu… tu m’étouffe… avais-je articulé alors que l’air commençai à me manquer. Ma mort n’est prévue que dans quelques heures…

— Oh… je suis désolé. »

L’ancien juge m’avait relâché aussitôt, confus, alors que je reprenais tant bien que mal mon souffle. Théa s’était rapprochée de moi puis, sans me prévenir, avait posé ses lèvres sur les miennes, sous les regards abasourdis de mes deux compagnons. Surpris, je ne l’avais pas repoussée. Au contraire, je l’avais même prise dans mes bras, commençant soudain à regretter mes paroles. Lorsqu’enfin nous nous fûmes séparés, la fille de Solaris avait posé ses yeux d’émeraude dans les miens et j’avais pu y lire une tristesse sans fond.

D’un geste compatissant, j’avais passé mon doigt au coin de ses cils pour essuyer les larmes qui commençaient à obscurcir sa vision et avait déclaré d’une voix douce :

« Allons, Isis, ce n’est pas le rôle d’une reine de pleurer les traitres.

— Ne… je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler ainsi…

— C’est bien dommage, je trouve ton prénom vraiment magnifique. »

Je m’étais reculé de quelques pas pour faire face à mes trois compagnons.

« Nous avons toujours marché sur des chemins différents, vous et moi. Et pourtant, malgré nos différences, nous avons su partager nos joies et nos peines. Ne pensez-vous pas que c’est parce que nous devons nous séparer aujourd’hui que tous ces moments sont aussi importants à nos yeux ?

— Il n’y a pas d’histoire dans l’éternité… n’est-ce pas ? m’avait répondu Zesunis.

— Tout à fait. Ce que l’on retiendra d’Avalon, ce n’est pas son fondateur tyrannique, mais ses premiers souverains qui l’ont guidé vers un avenir radieux. Et c’est à vous que cette tâche revient, impératrice Isis, grand Juge Astaris et Maitre Zesunis. »


https://www.youtube.com/watch?v=4FqoqxD-DHA


Une lame de métal froide. Les éclats d’un cristal. Un torrent écarlate. Des cris d’horreur. Les larmes d’un ami. La chaleur de la vie contre ma peau glacée.

Je m’effondrai de tout mon poids sur Astaris, tachant sa robe mauve de mon sang impur. Tremblant, je levai la main vers son visage pour lui retirer ce masque et révéler à tous l’identité du sauveur d’Avalon.

« C’est à ton tour, Astaris… de porter mon fardeau… Jusqu’à ta mort… tu incarneras la justice et l’ordre… car tel est le symbole que tu représentes désormais…Astaris Borhn, l’étoile de la délivrance et du renouveau… celui qui aura mis fin à la folie du prince renégat…

— Oui. Je l’accepte pleinement. Il est temps pour toi de te reposer. Tu as fait du bon travail, mon ami. »

Le juge du sanctuaire se décala légèrement et je dévalai les marches de mon trône, laissant derrière moi une longue trainée pourpre. Alors que j’atterrissais aux pieds de Drago, mes ailes et mes écailles disparurent pour faire place à cette enveloppe humaine que j’appréciais tant revêtir.

Je ne ressentais plus aucune peine ni douleur. Ma respiration était faible. Je ne distinguais plus que des formes floues autour de moi et tous les sons se mélangeaient entre eux. Cependant, au milieu de ce chaos, je ressentis une chaleur traverser ma main blême.

« Ladd… pourquoi… tu n’avais pas besoin d’en arriver là… murmura Drago d’une voix entrecoupée de sanglots. »

Je bougeai mes lèvres sèches, mais aucun son n’en sortit. Seul un mince filet de sang envahit ma bouche.

« Nous étions partenaires ! Si tu m’en avais parlé plus tôt… si seulement tu m’en avais parlé… peut-être que… nous aurions pu… »

La silhouette de Théa s’approcha de son frère et le prit dans ses bras, réprimant ses propres larmes à la vue de mon corps meurtri.

Drago ne pouvait pas comprendre. C’était le chemin que j’avais choisi bien avant notre rencontre. Ce que nous avions vécu tous les deux, les épreuves que nous avions surmontées ensemble en tant que partenaires et amis, peut-être que ces moments-là étaient les seuls souvenirs réels qu’il me restait de ma longue existence.

Ma rébellion contre le trône, mes années à l’académie, ces années passées avec Solaris, les combats livrés avec Drago, la construction d’Avalon main dans la main avec Théa… et tant d’autres souvenirs défilèrent devant mes yeux en une fraction de seconde.

Je n’étais pas triste. Je ne laissais aucun regret derrière. Pour la première fois, j’étais serein face à la douce délivrance de la mort.

J’avais réussi. J’avais détruit Izrath… ce monde corrompu et immuable… pour donner naissance à mon utopie… une utopie désormais entre de meilleures mains que les miennes.

Zesunis, dans un geste de compassion, s’approcha de moi et, tendrement, il ferma mes paupières pour me laisser sombrer dans mon sommeil éternel.






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le bon temps…

heart earth
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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [25/10/2019] à 13:20

Chapitre 52 : Drago, au-delà des dimensions



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=IU3nyjA08Kg


« Maximus, une autre tournée ! s’exclama joyeusement Maya à travers la taverne animée.

— Tu sais, tu devrais vraiment ralentir avec l’alcool d’Izrath, lui conseilla Ambre, voyant que le visage de son amie virait dangereusement au rouge pivoine.

— Hein ? Qu’est-ce que tu racontes encore ! Il faut célébrer comme il se doit notre victoire écrasante aux Jeux Olympiques d’Avalon ! Angéla, dis-lui, toi !

— Tu devrais vraiment aller te coucher, ma pauvre… lui répondit la blonde, mal à l’aise. Sinon tu vas encore finir par sauter du balcon comme hier…

— Quoi ? J’ai fait ça, vraiment ? »

Ambre et Angéla soupirèrent en même temps avant d’éclater de rire. A la table d’à côté, June et Aymeric observait la scène d’un oeil amusé, prenant les paris sur qui devrait ramener notre alcoolique notoire à sa chambre ce soir-là. Quant à moi, je ne faisais que regarder de loin, adossé à un des murs de l’auberge.

Soudain, Zesunis débarqua en grande trompe dans la pièce déjà bruyante, une télévision sous le bras. Tous le monde centra son attention sur l’écran alors qu’Astaris intervenait pour conclure avec la cérémonie de remise des médailles. En théorie, nous aurions dû y participer, mais nous avions, d’un commun accord, décidé de laisser nos places aux véritables habitants de ce monde.


https://www.youtube.com/watch?v=XHViAiVuDsA


Deux mois avaient passés depuis la disparition d’Izrath et la mort de Ladd. A notre retour sur Terre, Violet nous avait accueilli à bras ouverts et remis une médaille d’honneur. La disparition ne passa pas inaperçu. Les centrales Kvantiki cessèrent de fonctionner et les apparitions de Spiritual sous leur forme d’esprit se firent de plus en plus rares.

C’était étrange. La disparition de mon partenaire avait laissé un grand vide dans ma vie. J’étais revenu à ma condition d’antan d’étudiant normal, tel que je l’étais avant de venir dans ce monde. Ma sœur avait pris la décision de rester en Avalon d’ailleurs, en tant que reine. Elle m’avait même proposé de gouverner à ses côtés mais j’avais décliné son offre.

Cependant, Ladd nous avait laissé un dernier cadeau avant de mourir. Un phénomène étrange avait été constaté par la fédération Ether peu de temps après notre retour, un phénomène à présent connu sous le nom « d’invocation inverse ». Des gens de tous les pays avaient commencé à disparaitre avant d’être finalement localisés en Avalon. Rapidement, la technologie permit de maitriser cela et de plus en plus d’humains vinrent s’installer dans ce nouveau monde tandis que des Spirituals venaient sur Terre sous leur forme physique. Pour nos deux mondes, c’était le début d’une nouvelle ère de commerce et de découverte. Peut-être était-ce là, le véritable son véritable but.


Nous coulions des jours heureux, tous ensemble au lycée. La fin d’année approchait à grand pas. Par un tour de force du destin, nous avions passé le bac haut la main. Angéla avait même obtenu une mention, elle qui s’était endormie durant l’épreuve de philosophie… A présent, chacun se préparait à sa future vie. Nous allions devoir nous séparer et prendre des voies différentes. Personnellement, je m’orientai vers la fédération Ether qui avait bien voulu m’accepter en son sein en tant que chercheur, comme mon père l’avait été avant moi. Ambre avait accepté de reprendre les entreprises de ses parents. June avait réussi Angéla à la suivre dans l’éduction tandis qu’Aymeric s’apprêtait à faire sa médecine. Seule Maya ignorait encore ce qu’elle allait faire, mais je ne m’inquiétai pas pour elle. Asuna, quant à elle, avait disparu peu de temps après mais, telle que je la connaissais, elle ne devait pas être très loin.

A présent, les jeux olympiques d’Avalon, auxquels Théa nous avait conviés, prenaient fin eux aussi, dans la joie et l’insouciance. Malheureusement, Darksky et les autres étaient trop occupés avec leur propre festival de fin d’année pour s’y rendre, mais je ne doutais pas que nos chemins allaient inexorablement finir par se croiser à nouveau.

En revenant au royaume, je pus constater son évolution. Ladd avait réussi. Les survivants de la guerre s’étaient réunis pour former une nouvelle communauté, soudée face à l’adversité. Les anciens seigneurs, eux-mêmes, œuvraient aux côtés des citoyens pour construire un monde meilleur. Evidemment, ce monde était loin d’être parfait, mais la volonté de chacun permettait de surmonter les épreuves du quotidien.

Contrairement à ce qu’il pensait, au lieu d’être trainé dans la boue, le nom de Ladd fut célébré comme celui du messager de la délivrance, le Spiritual ayant mis fin à des millénaires figés dans les âges. Même si, en réalité, cela était grandement dû à l’action d’Astaris qui s’était battu corps et âme pour faire comprendre à tous quel avait été le rêve du prince déchu.

« Tu pensais être seul sur le chemin de la révolte, mais en réalité, tu refusais d’entrainer dans ta chute des innocents, ai-je tort, Ladd ?


https://www.youtube.com/watch?v=Esz_s9OOjdw


— Cher client, déclara soudain Maximus en me tirant de mes pensées, je viens de recevoir ceci pour vous.

— Une… lettre ? »

Le Spiritual à six bras se retira sans ajouter un mot. Toutefois, je n’eus qu’à lire l’écriture pour en deviner l’expéditeur. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Sans perdre une seconde de plus, je me précipitai à l’extérieur et me mis à scruter les environs, tous mes sens en alerte.

Une lueur dans la forêt attira mon attention. Sans réfléchir, je me mis à courir jusqu’à sa source. Je ne mis pas bien longtemps à la trouver. Là, dans une petite clairière à l’orée du bois, un petit portail dimensionnel était ouvert. Devant, adossée à un arbre, les bras croisés dans son dos et regardant fixement le ciel d’Avalon, se trouvait une jeune fille aux longs cheveux bleu azur, attachés en une queue de cheval haute. Elle portait une longue écharpe rose pâle autour de son cou, ainsi qu’un imperméable associé à sa chevelure, une jupe claire et des bottes basses.

Même si c’était l’été dans notre monde, le portail semblait avoir amené avec lui l’hiver et une fine couche de neige immaculée commençait déjà à recouvrir les troncs environnants, de même que la terre blanchissait à vue d’oeil.

« Te voilà donc, je pensais que tu allais me poser un lapin comme la dernière fois, déclara-t-elle sans se retourner. J’ai bien fait d’attendre un peu.

— Tu sais, tu aurais pu venir à l’auberge, lui répondis-je avec un soupir.

— Je pense que moins je me fais présente, mieux cela vaudra pour tout le monde. Après tout, je ne suis pas de votre monde et je ne pourrais certainement pas revenir avant un long moment. Je préfère filer à l’anglaise tant que je le peux.

— Si tu es ici, c’est que les reconstructions avancent bien, n’est-ce pas ?

— Elles avancent, oui. Bien, non. Nous avons encore énormément à faire, ce n’est pas demain la veille que nous pourrons vivre comme avant. Cependant, puisque Théa m’a invitée à venir, je me suis dit que c’était l’occasion de te dire au revoir, Drago. »

La jeune fille se tourna alors vers moi et me lança un large sourire plein de fossettes. Dans ses yeux d’un bleu profond, autrefois vairons, brillait une lueur d’espoir qui je n’avais encore jamais décelé chez elle.

« Je connais déjà ta réponse, mais je te le demande quand même : est-ce que tu rentrerais avec moi, chez toi, chez nous ? Tout le monde t’attend pour te remercier d’avoir mis fin aux ambitions de Fuji Makoto. »

Mon cœur se serra dans ma poitrine en entendant ces mots. Mais mon choix était fait depuis longtemps. Je ne pouvais plus revenir en arrière.

— Je… j’aurais adoré pouvoir accepter… mais, tout comme tu ne peux pas abandonner Ichigo ou Chizuru, je ne peux pas laisser Angéla et les autres. Ils m’ont tout donné lorsque je suis arrivé ici, il y a trois ans. Alors, à mon tour, j’aimerais pouvoir leur rendre la pareille et m’engager auprès d’Ether pour mettre tout ce que j’ai appris durant la guerre au service de la paix.

— Je vois. Toi et moi, nous sommes pareils, liés à deux mondes qui nous sont étrangers. Tu diras à Angéla et aux autres que ces quelques mois passés en leur compagnie étaient amusants. Qui sait, une fois les travaux terminés, je reviendrai peut-être vous passer le bonjour !

— Je n’y manquerai pas. Toi aussi, salue le lycée de ma part.

— Evidemment ! Allez, à plus !»

Asuna me tourna le dos et commencer à se diriger vers le portail d’un pas décidé. Cependant, elle s’arrêta juste devant et, après un moment d’hésitation, elle pivota lentement pour me faire face une dernière fois.


https://www.youtube.com/watch?v=DnZTguZ5H34


« Tu sais que tu es vraiment un abruti, Drago, murmura-t-elle avec un sourire timide aux lèvres. Pendant des années, j’ai tenté de te faire retrouver le sourire, et il suffit qu’une blonde écervelée passe pour que tu redeviennes celui que tu avais été. »

Mon amie croisa ses mains dans ses dos et se mit à dessiner des cercles dans la neige avec son pied.

« Dis, tu te souviens de notre première rencontre ? Toi et ta famille, vous aviez l’air de sortir tout droit d’un mauvais film historique. Qui aurait cru que derrière vos apparences étranges, vous veniez vraiment d’un passé disparu ?

— C’est vrai que nous avions l’air étranges, dit comme ça, m’amusai-je. Je me demande même comment mes parents ont fait pour s’habituer à cette vie si différente de la leur…

— Vous vous êtes installés à côté de chez nous et tu as commencé à jouer seul dans ton jardin. Tu étais encore plus bizarre que tes parents ou ta sœur. C’était à peine si tu arrivais à parler japonais. Et pourtant, ce sont tes airs maladroits et perdus qui m’ont poussée à venir te parler. En un sens, tu étais comme moi. Mes parents, scientifiques de renom, venaient de rentrer au Japon, si bien que je n’avais encore aucun ami dans le voisinage. Peut-être est-ce pour cela que nous sommes devenus compagnons de jeu quasiment tout de suite.

— Oui. Je m’en souviens. Mes parents aussi étaient sans cesse occupés, de même que Théa. Je n’avais personne avec qui parler ou jouer pendant la journée. Puis tu es venue me trouver et tu es revenue chaque jour après. Nous rentrions de cours ensemble, nous faisions nos devoirs ensemble, nous riions ensemble, nous pleurions ensemble. En y repensant, durant tout le cycle élémentaire, je ne me souviens pas d’un seul jour où tu n’étais pas présente pour moi.

— Et pourtant, tout a basculé du jour au lendemain, reprit la jeune fille d’une voix teintée de chagrin. Tu as été attaqué par les hommes d’Hélios et Ladd m’a sauvée. Après cela, tu as changé du tout au tout. J’avais beau essayé, je n’arrivais plus à captiver ton attention. Tu ne peux pas savoir à quel point j’ai souffert d’être rejetée ainsi, et même aujourd’hui, je ne peux m’empêcher d’avoir la gorge nouée en y repensant…

— Je… sincèrement désolé, m’excusai-je en baissant les yeux, honteux. A l’époque, je pensais être une source de problèmes pour toi, et pour tout le monde. Alors j’ai pris mes distances. Je pensais qu’ainsi, plus personne ne souffrirait par ma faute. Je m’en voulais, jour et nuit. A cause de moi, tu as bien failli devenir borgne et même perdre la vie.

— J’imagine que nous sommes tous les deux fautifs dans l’histoire, rit-elle légèrement. Mais, malgré la carapace dans laquelle tu t’étais enfermée, je savais que, quelque part, mon ami existait encore. Je ne m’étais pas trompée apparemment puisqu’il a suffi d’un minuscule choc pour te faire perdre la mémoire et faire resurgir ta véritable personnalité. »

Asuna posa ses mains sur son cœur et ferma les yeux, le visage détendu.


https://www.youtube.com/watch?v=ZYjBx5dCGQ4


« J’ai vraiment été jalouse d’Angéla. Alors que je vous observais de loin, j’avais l’impression d’avoir été trahi, de n’avoir jamais existé pour toi, de n’être qu’un souvenir inutile dont tu avais préféré te débarrasser sans tenir compte de mes sentiments. Je voulais revenir dans ta vie, mais il n’y avait pas de place pour moi ici. Cependant, je refusai d’abandonner. Je n’avais pas consacré autant d’années de ma courte vie à poursuivre une chimère. Il me fallait des réponses, savoir si tu n’étais qu’un imposteur ou si c’était moi qui étais dans l’erreur.

— Et tu es réapparue devant moi en sortant de nulle part, hein ? Cela te ressemble bien…

— Le garçon que j’ai retrouvé à ce moment-là n’était pas cette coquille vide que je ne pouvais pas atteindre. Mais ce n’était pas non plus le garçon que je pensais perdu. C’était… quelqu’un d’autre. Lorsque j’ai compris cela, je me suis fait une raison et j’ai décidé de rentrer chez moi. Mais comme tu le sais, les choses ne se sont pas passées comme prévues. »

La jeune fille se tourna de trois-quarts puis observa le ciel constellé d’étoiles qui brillait dans la nuit d’Avalon. Un mince filet de brume s’échappa de ses lèvres lorsqu’Asuna poussa un léger soupir.

« Malgré cela, j’ai pu me faire de nouveaux souvenirs avec le Drago de ce monde. Les soirées passées sur le toit de l’école restent gravées dans ma mémoire, mais nos entrainements dans la salle de club sont ancrés profondément dans mon cœur. J’ai aimé construire de mes mains le club d’astronomie, mais j’ai apprécié encore davantage intégrer Ether et suivre les mêmes cours que vous. Je remercie Ichigo et Kagari de m’avoir permis de percer ta carapace… mais je suis encore plus redevable à Angéla pour l’avoir brisée et t’avoir libéré de tes tourments. »

Lorsqu’elle tourna son visage vers moi, le seul sentiment que je pus y lire fut une profonde reconnaissance alors que dans ses yeux brillaient à l’éclat de la lune qui se reflétait dans ses larmes de cristal.

« C’était amusant, tu n’es pas d’accord ? Finalement, alors que je devrais te détester, j’en suis incapable. Malgré tout ce que tu m’as fait endurer, tu restes planté dans mon cœur comme une épine qui empêche mon sang de s’écouler sur le sol. Et toi, Drago, est-ce que, après mon départ, il restera quelque chose de moi dans ton cœur ?

— Le coup d’épée que tu m’as asséné m’a laissé une marque indélébile je pense. Chaque fois que je me regarderai dans la glace, je serai obligé de repenser à toi, Asuna.

— Tu ne nous oublieras pas cette fois, c’est promis ?

— Je me souviendrai à jamais qu’un jour, une petite fille naïve m’a tendu la main alors que je n’avais rien.

— Tu me promets cette fois ? Lorsque je reviendrai, tu ne me referas pas le coup de me demander qui je suis ?

— Même si tu te teignais les cheveux en brun et que tu portais un masque, je reconnaitrai toujours les yeux de celle qui m’a épaulé pendant toutes ces années.

— Je n’ai qu’à ne pas devenir aveugle dans ce cas, s’esclaffa ma meilleure amie. »

Elle prit alors une grande inspiration et fit un pas dans ma direction, les joues légèrement rosées. Sans me prévenir, Asuna se dressa sur la pointe des pieds, prit mon visage dans ses mains et ses lèvres se posèrent furtivement sur les miennes, dans un geste aussi bref qu’intense. Je ne pus ressentir que son souffle chaud aux odeurs de fraise sur ma peau froide. Puis elle recula de quelques pas pour me sourire tendrement.

Je restai figé, incapable de faire le moindre mouvement alors que mon cœur battait la chamade dans ma poitrine.

« Drago, je t’ai aimé durant le lycée. Je t’aime à présent. Et toujours, je t’aimerai. Même si nous sommes séparés. Désolée de m’immiscer ainsi entre toi et Angéla. Désolée de ne pas pouvoir marcher à tes côtés. Désolée d’avoir tenté de te tuer… Pour tout ce que tu as subi à cause de moi… désolée. Et adieu, mon précieux et irremplaçable ami. »

Je tendis la main devant moi pour retenir Asuna mais son corps s’évapora dans un millier de flocons de neige scintillants, tels une multitude d’étoiles tombées du ciel. Le portail s’était refermé, me laissant seul dans cette forêt recouverte d’un fin manteau blanc et glacial, uniquement réchauffé par la chaleur de mes larmes qui s’écoulaient le long des mes joues.

« Moi aussi, je t’ai aimé, Asuna. Sois heureuse, mérite plus que n’importe qui de trouver le bonheur, mon amie. »

Un petit objet s’échappa de l’enveloppe que je tenais dans la main. Je me penchai pour le ramasser et mes doigts se mirent à trembler lorsque je lus le mot qui l’accompagnait.

« Puisque je ne peux pas être témoin, je t’ai acheté ça pour toi et Angéla. J’espère que tu lui remettras et que cela lui plaira ! Si tu en as déjà une, ignore-là juste et donne-là à quelqu’un d’autre, histoire que je n’ai pas dépensé tout mon argent pour rien. »

Mon nom résonna dans la forêt et des bruits de pas se rapprochèrent de moi. Intrigué, je levai la tête pour voir une Angéla frigorifiée émerger de l’épais talus des arbres glacés. La pauvre ne s’attendait visiblement pas à une température aussi basse et grelottait. Elle tentait tant bien que mal de se réchauffer en se frottant les bras avec ses mains mais sa robe blanche à manches courtes n’était vraiment pas adaptée à ce temps.

« Sérieux, Drago, ça fait au moins dix minutes que tout le monde te cherche et voilà que je te retrouve planté au milieu de la forêt comme un piquet ! grommela-t-elle en éternuant. Maximus a besoin de toi pour ranger !

— J’imagine que tu t’es portée volontaire pour partir à ma recherche juste pour éviter cette corvée, je me trompe ? lui répondis-je tout en essuyant les larmes qui gelaient aux coins de mes yeux.

— B… Bien sûr que non ! protesta-t-elle, les joues rouges comme des pivoines. Ce n’est pas mon style, tu me connais mal ! »

A ce moment-là, ma main agit par elle-même et je tendis l’objet que je tenais dans ma main à la jeune fille. Angéla écarquilla les yeux, interdite et se mit à bredouiller des phrases incompréhensibles alors qu’elle s’empourprait toujours davantage.

Je ne pus m’empêcher de rire puis reprit l’anneau d’or avant d’attraper la main de la blonde avec un sourire bienveillant.

« Rentrons avant que tu n’attrapes froid, Angéla. »

Mon amie, reprenant ses esprits, me rendit mon sourire et me suivit à travers la forêt, tandis que je laissai derrière moi cette clairière enneigée où seule une écharpe rose était restée accrochée à l’une des branches.

« Prends soin de toi, Asuna. Adieu. Et merci d’avoir aimé un égoïste tel que moi. »





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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [25/10/2019] à 16:59

Chapitre 53 : Miyako, promesse de vie



Spoiler :



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« Salut, Daniel. Ça faisait longtemps, n’est-ce pas ? Désolée de ne pas être venue te voir plus tôt, j’ai été très prise ces derniers temps. Il s’en est passé des choses depuis la dernière fois… je ne sais pas vraiment par où commencer… Et si je te disais que la guerre était définitivement terminée cette fois ? Izrath a disparu, emportant dans sa chute les démons et les fléaux qui ont ravagé notre monde. J’aimerais bien pouvoir te dire que tout est calme désormais, mais ça serait un mensonge. L’ouverture d’Avalon avec la Terre est difficile à accepter pour beaucoup de gouvernement encore. Mais j’ai confiance en l’avenir. Je suis certaine qu’un jour nos deux mondes pourrons vivre en harmonie. Et si personne n’est décidé à faire le premier pas, je le ferai. Après tout, n’est-ce pas la promesse que je t’ai faite ?

Tu sais… j’ai décidé de me lancer dans la politique comme tu l’avais suggéré à notre entrée au lycée. Tu dois me trouver stupide, non ? Est-ce que j’ai pris tes moqueries un peu trop au sérieux ? Où alors es-tu fier de moi ? Je ne sais pas trop où cela va me mener. Peut-être deviendrai-je la risée du monde entier, ou bien laisserai-je mon nom dans l’histoire, je ne sais pas.

Dans tous les cas, je tenais à passer une dernière fois ici avant longtemps. J’ai finalement obtenu des places à l’université de Paris. Dès la fin de l’année, j’emménage à la capitale et j’irai retrouver les UWS. Ces idiots ont quasiment terminé leur formation chez Ether et s’apprêtent à devenir des agents officiels. Je me demande bien qui voudra bien d’eux…

Quant à Denys et Julie, ils ont décidé de se marier dès la fin de leurs études. Je ne doute pas que leur couple sera explosif mais je suis certaine qu’ils vivront heureux. Je le leur souhaite. Mais j’imagine que ce que tu te demandes, c’est ce que ton frère devient… Je ne sais pas vraiment moi-même. Cela fait un moment que je ne l’ai pas croisé, mais aux dernières nouvelles, il se portait bien. Peut-être est-il déjà venu te voir d’ailleurs. Cela ne m’étonnerait pas de lui. »

Vingt heures sonnèrent au loin. Je rouvris les yeux et adressai un léger sourire à la pierre tombale qui se trouvait devant moi. Sur la tombe, un simple bouquet garance rouge était posé à même le sol.

Après avoir adressé une dernière prière, je me relevai pour contempler le coucher de soleil flamboyant derrière la falaise au loin. On m’avait toujours dit que les cimetières le soir étaient des endroits lugubres. Mais pas celui-ci. Face à la Manche, les tombes scintillaient de mille feux au crépuscule tandis qu’une brise légère faisait bruisser les feuilles des cerisiers ayant déjà perdu leurs fleurs.

Le printemps avait pris fin. L’été approchait à grand pas, balayant dans ses vents secs la froideur et l’humidité du printemps pour laisser place aux beaux jours.


https://www.youtube.com/watch?v=yt-gEaawASQ


Soudain, des bruits de pas retentirent près de moi. Une grande ombre s’étala sur l’allée mais je ne me retournai pas. J’avais reconnu cette démarche lente et pesante entre mille.

« Regardez qui voilà, tu sais te faire désirer à ce que je vois, raillai-je en posant ma main gauche sur ma hanche sans quitter l’horizon des yeux.

— Je ne pouvais pas manquer le concert de fin d’année, me répondit l’homme d’une voix amusée. »

Un second bouquet vint se joindre au milieu, apportant avec lui une multitude de senteurs exotiques. Nous restâmes là, devant cette pierre tombale, de longues minutes durant, sans nous dire un mot. Puis, après avoir adressé ses quelques mots silencieux à son frère, Hiroki se tourna vers moi. Son visage avait légèrement changé depuis notre retour sur Terre. A présent, une légère barbe descendait de ses cheveux et encerclait parfaitement les contours de sa mâchoire En ce jour si spécial, il avait revêtu ses plus beaux habits : une longue veste blanche surmontée d’épaulettes dorées au-dessus d’une chemise bleu ciel et d’un pantalon de soie sombre. A son cou était noué une sorte de foulard nacré, lui donnant l’air d’un homme du XIXème siècle, sans pour autant être ridicule.

« Tu es bien élégante ce soir, Miyako, déclara avec une révérence exagérée tout en prenant ma main dans la sienne. Est-ce que tu me ferais l’honneur d’être ma cavalière au bal ?

— Puisque je n’ai pas le choix, répondis-je dans un soupir. »

Pour l’occasion, j’avais enfilé une robe cousue spécialement pour ce jour. Le long vêtement blanc cassé laissait mes épaules nues et mes jambes à l’air libre. A mes mains, j’avais passé des gants de velours pourpre, assorti avec mes chaussures à talons haut qui me hissait à la même taille que le frère de Dan. A mon cou pendait un collier d’hématite que j’avais emprunté à ma mère. Je n’avais pas fait de nombreuses recherches pour m’habiller mais j’étais tout de même flattée du compliment de mon ami.

« Si tu es revenu ici, ce n’est pas uniquement pour assister au concert et au bal, je me trompe ?

— Tu devines bien. »

Le garçon sortit de la poche intérieure de sa veste un petit bout de papier qu’il prit entre son index et son majeur d’un air satisfait.

« Tu vas étudier à Paris l’année prochaine, je me trompe ? Et bien figure toi que moi aussi, déclara-t-il fièrement.

— Génial, je vais devoir te supporter encore combien de temps ?

— De nombreuses années, je le crains. Comme tu peux le voir sur ce bail, nous vivons ensemble désormais ! »

Je ne pus m’empêcher de pouffer devant cette demande très peu subtile. Mais au fond de moi, j’étais heureuse.

« Et qui te dit que je suis d’accord ? J’ai peut-être déjà mes propres projets, tu y as pensé ?

— Allez, Miyako, sois sympa ! J’ai passé les deux derniers mois à économiser pour prendre cet appartement, tu ne peux pas me faire un coup pareil, gémit-il comme un gamin. »

J’avais envie de m’amuser encore un peu avec lui, mais malheureusement, Laura risquait de me tuer si je ratai la représentation finale. Je me contentai donc de lâcher un soupir et lui lançai les clés de mon propre appartement. Hiroki les rattrapa maladroitement tandis que je reprenais le chemin du retour.

« Bonne chance pour annuler mon propre bail alors, si tu réussis, je suis prête à te supporter pendant quelques années encore.

— Aucun problème, affirma-t-il en se frappant le torse. »

Alors que nous nous apprêtions tous les deux à retourner au lycée pour célébrer la fin de l’année avec nos compagnons, je remarquai qu’une lettre s’était glissée sous mon bouquet de fleur sans que je ne l’aie remarquée. Intriguée, je la ramassai. Mon cœur se serra lorsque je reconnus l’écriture peu soignée sur le bout de papier froissé.

« Alors, nous y sommes… est-ce là ce que vous aviez prévu, Akane, Iori ? »

Hiroki, voyant que je trainais, m’appela au loin. Je me contentai de ranger l’enveloppe dans mon sac à main avant de rejoindre mon ami pour assister aux derniers moments de notre club avant que chacun ne suive sa propre voie.





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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [26/10/2019] à 10:44

Chapitre 54 : Laura, la dernière mélodie



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Tout était fin prêt. Mes valises m’attendaient dans le hall. Mon billet de bateau et mon passeport se trouvaient au fond de mon sac à dos. Ma chambre était rangée. Après une dernière inspection rapide des lieux, je descendis les marches, non sans une certaine nostalgie. La ville allait me manquer. C’était déjà la deuxième fois que cette situation se présentait à moi. Cependant, les choses avaient changé en six ans. Et cette fois, j’allais revenir, c’était une certitude.

Devant la porte d’entrée, Darksky m’attendait, ainsi que Marie et Arthur. C’était un tableau à la fois étrange et familier, comme si j’avais rêvé de ce jour de nombreuses fois. Finalement, mon père avait tenu une partie de ses promesses. Mon frère était de retour parmi nous, plus énergique que jamais et bien déterminé à rattraper le temps perdu.

Je m’arrêtai à quelques mètres de tout ce beau monde. Ils me souriaient. Nul n’affichait le moindre signe de tristesse. Au contraire, ils étaient heureux, heureux que je puisse enfin réaliser mes rêves.

« Alors, Laura, tu es prête, tu es certaine que tu n’as rien oublié ? déclara mon frère. On vient à peine de se retrouver et tu nous quittes déjà…

— Tu t’inquiètes trop pour moi, Arthur, Cambridge n’est pas si loin, je serai de retour pour les prochaines vacances, lui répondis-je, amusée.

— Quand même, je crois que tu dois en avoir assez, mais encore félicitations pour ton admission, ajouta Darksky avec un sourire.

— Je n’ai quasiment rien fait, Violet a beaucoup plaidé ma cause pour mon dossier…

— Oui, et c’est pour ça que ce type a échoué lamentablement, ricana Marie avec ses sarcasmes habituels.

— Je… je ne t’ai rien demandé toi ! protesta son frère, rouge de honte. »

J’éclatai de rire. Ces scènes banales du quotidien allaient me manquer une fois en Angleterre.

« Et donc, tu ne sais toujours pas où tu vas l’année prochaine ? repris-je en tentant de garder mon sérieux.

— Pour l’instant, je n’ai été accepté nulle part donc j’imagine que je vais continuer mes études à la fac de la vile, lança mon ami en se frottant l’arrière de crâne, gêné.

— Pas d’inquiétude à avoir de ce côté-là, Darksky, on sera ensemble, je suis certain qu’on va passer de bons moments ! s’exclama mon frère.

— Avec un duo comme le vôtre, j’ai bien peur que le niveau de notre fac baisse considérablement… »

Les deux garçons me lancèrent un regard noir, ce qui fit rire aux éclats Marie.

Alors que quatre heures sonnaient au loin, je remis mon sac sur mon épaule et pris ma valise qui m’attendait devant la grande porte. Mais, alors que la cadette et mon frère s’écartèrent pour me laisser passer, Darksky ne bougea pas. Il leva simplement sa main droite devant lui à laquelle scintillait un mince anneau d’or.

« J’attendrai ton retour, Laura. »

En réponse, je levai à mon tour ma main pour qu’un deuxième éclat vienne se joindre au sien.

« Je reviendrai. Je t’en fais le serment.

— La maison fera bien vide sans toi. La ville aussi… murmura mon ami d’une voix faible.

— Elle aussi, elle reviendra. J’en suis persuadée. »

Sans en dire davantage, je passai à côté des trois personnes les plus importantes à mes yeux et m’engageai sur la voie de l’inconnu, laissant derrière moi un passé rempli de sourires et de rires, un passé qui n’attendait que d’être retrouvé.

Alors que je marchai sur la route de la plage qui menait à la gare, je passai devant de nombreux endroits qui m’étaient familier et que j’avais pris plaisir à redécouvrir en revenant ici aux côtés de Darksky : le parc où je me battais autrefois avec Dan, le marchand de glace, la plage, toujours aussi belle, surmontée de cette majestueuse et immuable falaise, si symbolique pour moi, et enfin l’école.

Je regardai l’heure. Il me restait encore un peu de temps avant de prendre mon train. Ainsi, je fis un détour par ce chemin que j’avais emprunté si souvent. Arrivée au bout de l’allée, je franchis le portail entrouvert pour me retrouver dans la cour du lycée. Un sentiment de nostalgie m’envahit. Je n’avais pas posé les pieds ici depuis la cérémonie de fin d’année.

Mes pas me guidèrent jusqu’aux salles de classe, désertes. Les chaises avaient été montées sur les tables, les casiers vidés et les tableaux effacés. Une forte odeur de produit ménager emplissait les couloirs lumineux tandis que mes pas résonnaient longuement dans ces locaux vides de toute vie.

Machinalement, je pris la direction de notre salle de club, effleurant du bout des doigts ces murs entre lesquels j’avais passé tant d’heures heureuses. Et, lorsqu’enfin j’arrivai devant cette porte bien connue, mon cœur s’accéléra.

Tremblante, j’appuyais sur la poignée. Heureusement, la salle n’était pas fermée. En y pénétrant, la nostalgie me submergea. Tout était resté exactement comme à notre dernier jour. Personne n’était venu faire le ménage depuis. Sur le tableau noir étaient encore dessinés les pendus de Saya au milieu des instructions du déroulement de notre journée. Par terre trainaient des livres et des affiches poussiéreuses. Mon piano scintillait à la lueur des rayons du soleil qui passaient à travers l’immense baie vitrée. Sur le bureau de Miyako s’empilaient tous les cours qu’elle avait laissés derrière elle en partant.

C’était étrange. J’avais l’impression d’entendre les voix de mes amis dans le silence de cette pièce. Je voyais encore Darksky et Saya se disputer sous le regard amusé de Nagisa et les soupirs de notre présidente.

Je fis quelques pas dans la pièce et m’arrêtai devant l’étagère où, devant une multitude de livres que nous n’avions jamais lus, se trouvait un cadre photo. Avec un sourire, je le pris dans mes mains.

« Les dernières vacances d’été ont été amusantes… murmurai-je. »

C’était une sensation étrange. J’avais l’impression que tout était pareil, et différent à la fois. Miyako était partie pour Paris en compagnie d’Hiroki peu de temps après les résultats du bac, Nagisa était toujours en ville, se préparant pour l’année suivante, Darksky s’apprêtait à rentrer en faculté, Iori avait accompli son devoir, et moi, j’étais sur le point de repartir vers l’Angleterre, comme je l’avais fait, six ans plus tôt.

Un courant d’air ébouriffa mes cheveux et fit voler tout autour de moi les affiches qui trainaient sur le sol. C’est alors que je sentis quelque chose entre mes doigts et le dos du cadre. Intriguée, je retournai la photo pour y découvrir avec stupeur un petit bout de papier froissé sur lequel un message était inscrit.

Mon cœur se serra dans ma poitrine en reconnaissant la plume de celle qui l’avait écrit. Malgré la peine que je ressentais au fond de moi, je souris tout en retenant quelques larmes aux coins de mes yeux.

« Jusqu’au bout… jusqu’au bout tu auras su te faire remarquer, Saya. »

Avec délicatesse, je reposai le cadre photo et quittai cette pièce où se trouvaient tous nos souvenirs de lycée, laissant aux générations futures un trace de notre passage. Tandis que je reprenais ma route, les images de notre dernier jour à l’école se mirent à défiler dans ma mémoire. Et je revis cette scène immense sur laquelle nous nous tenions, Marie, Saya et moi, devant une foule en liesse. Les mots de notre amie blonde écervelée résonnèrent dans mon esprit, tel un fantôme du passé me rappelant une dernière fois la conclusion de ces merveilleuses années passées aux côtés du club de duel.

« Et pour conclure cette année comme il se doit, voilà le clou du spectacle ! Cher public, Laura, Marie et moi moi-même allons vous interpréter une chanson composée par nous-mêmes et que nous venons de terminer ! Comme vous le savez, nous avons été impliqués dans le conflit d’Izrath, c’est pourquoi, nous n’avons eu que peu de temps pour répéter. Malgré cela, j’espère que vous nous pardonnerez et que vous l’écouterez avec votre cœur jusqu’à la toute fin de cette journée mémorable organisée par le club de duel ! Elle se nomme : I still love you. »





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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [26/10/2019] à 22:41

Chapitre 55 : Saya, Le dernier sourire



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https://www.youtube.com/watch?v=n01q7X16uzs&


Un vœu qui surpasserait la mort elle-même. Telle est la prière que j’avais adressée au ciel en ce funeste jour où mon corps perdit la vie, au cœur de la citadelle originelle. Mon souhait fut exaucé. Grâce à la compassion de Luminion pour l’âme perdue que j’étais, je fus dotée d’un nouveau corps aux capacités surhumaines. En échange, mon rôle était de lui permettre de se manifester sur Terre pour raisonner ses frères et sa sœur. Cependant, j’étais prévenue. Si un jour le démon de lumière venait à disparaitre, ce corps artificiel disparaitrait en même temps que lui.

Je l’avais bien compris. Mon temps était compté. Je ne bénéficiai que d’un répit temporaire, mais un répit suffisant pour accomplir ce dont j’avais toujours rêvé : vivre une vie ordinaire, entourée, non pas de soldats, mais d’amis dignes de confiance, avec lesquels j’aurais pu rire, pleurer, me fâcher, combattre et même mourir. Et mon choix était tout fait. Je voulais revoir Darksky. Même si ce souhait était égoïste, il était le seul qui pouvait m’apporter le bonheur que je désirais tant.

C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’être celle que j’aurais voulu être. J’ai commencé à agir de façon à n’avoir aucun regret à emporter avec moi dans les cieux. Je me suis mise à sourire face à l’adversité, à rire d’un rien et à me moquer de tout. Je ne voulais pas vivre mes dernières années dans la tristesse.

Et c’est là que j’ai pu retrouver le garçon qui m’avait sauvée de la solitude et de la folie. Comme il me l’avait promis, Marie était sauvée et son amie, Laura, était de retour. Je n’étais pas jalouse d’eux. Au contraire, j’étais heureuse. Heureuse de voir que, même après ma disparition, quelqu’un serait là pour l’épauler et partager sa vie. Les voir ensemble suffisait à faire mon bonheur.

Rapidement, je me pris à mon propre jeu et finis même par oublier ma mission. Cependant, la réalité me rattrapa lorsque les démons attaquèrent notre monde. Sans Iori, je me serais certainement enfuie pour ne jamais réapparaitre. Mais les mots de celle que j’ignorais encore être ma fille me touchèrent en plein cœur. Je n’avais pas le droit d’abandonner Darksky et les autres, pas dans cette situation. Je n’étais plus cette inconnue qui squattait temporairement un club qui n’était pas le sien. J’étais un membre à part entière d’un édifice qui ne pouvait tenir sans l’un de ses piliers. Alors je revins et pris part au combat à leurs côtés.

Plus tard, Iori vint s’installer chez moi. Après seulement quelques semaines, je finis par deviner sa véritable identité. Les gestes qu’elle avait avec moi, ses réflexes face à mes étourderies, ses tics de langages, sa façon de s’habiller et tant d’autres détails qui ne trompaient pas étaient révélateurs de ce que je craignais le plus.

C’est alors qu’elle me révéla l’horrible vérité. Elle tenta vainement de trouver une solution à mon funeste destin, mais je savais qu’il n’y en avait aucun. Même une technologie de l’an 2041 ne pouvait sauver un corps artificiel comme le mien. Tout ce que nous pouvions faire était de lutter contre le destin, non pas pour me sauver, mais pour sauver Laura, pour que Darksky ait toujours quelqu’un sur qui s’épauler après ma disparition.

Et, pendant que ma fille tentait de lui trouver un remède, je continuai à jouer mon rôle de la blonde énergique, toujours prête à foncer vers l’inconnu, quitte à me mettre moi-même en danger, continuant à sourire, encore et toujours pour transmettre à mes compagnons d’arme l’espoir que je gardais au fond de moi.

Finalement, après de longues semaines de lutte incessante, Izrath fut détruite, emportant avec elle les démons et l’énergie qui me maintenait en vie. Il ne me restait désormais plus beaucoup de temps. Mon corps devait puiser dans ses réserves pour continuer à exister, mais je refusais de disparaitre. Pas avant d’avoir tenu ma promesse à Laura… C’était peut-être un autre désir égoïste, mais je ne voulais pas partir sans avoir accompli cette dernière volonté qu’était de terminer la vie de lycéenne que Luminion m’avait offerte.


**

https://www.youtube.com/watch?v=ajiyhH68Hm0


Le rideau tombait sous les applaudissements du public après notre dernière performance. Laura, Marie et moi nous inclinâmes puis les projecteurs s’éteignirent. La journée de remise des diplômes était terminée. Elle avait été un succès du début à la fin. Même ce stupide président du conseil n’avait rien trouvé à redire sur l’organisation.

Ensemble, nous regagnâmes les vestiaires, le sourire aux lèvres. Marie et Laura semblaient vraiment heureuses. Nous avions dû composer, écrire et répéter notre spectacle en quelques jours à peine. Cependant, le résultat avait été au-delà de toutes nos attentes. Nous jouions en parfaite harmonie, sans même avoir besoin de nous regarder. Mais c’était normal. Après tout, nous avions combattu côte à côte pendant des semaines, nous nous connaissions par cœur.

Pendant que mes deux amies se changeaient, mon corps émit une douce lueur puis des sphères de lumière s’en échappèrent. L’heure approchait à grand pas. Il ne me restait plus beaucoup de temps. J’aurais préféré célébrer avec tout le monde notre réussite, mais cette fin me convenait parfaitement.

Je sortis de ma poche les deux dernières lettres que je n’avais pas encore remise et les posai sur le lavabo avant de me laisser disparaitre pour retourner à ma forme spirituelle.

« Saya, est-ce que tu peux me passer ta brosse à cheveux ? J’ai oublié la mienne, déclara Laura en passant sa main à travers le rideau de la cabine. »

Elle n’eut aucune réponse. Elle ne pouvait plus m’entendre désormais. J’étais, telle un Spiritual, bloquée entre deux mondes. Je n’étais plus qu’une spectatrice, incapable d’interagir avec mon environnement.

La brune passa sa tête à l’extérieure, surement surprise par mon silence, puis écarquilla les yeux de stupeur lorsqu’elle ne vit que ces deux morceaux de papier. Avec un sourire, je détournai le regard et sortis de la pièce. Avec ça, mes adieux étaient faits à tout le monde. Je n’avais plus qu’à attendre patiemment que mes dernières réserves d’énergies s’épuisent en arpentant une dernière fois ces lieux où j’avais passé les meilleures années de ma courte vie.

Je sortis dans la cour mais ne ressentis ni la chaleur des derniers rayons du soleil sur ma peau translucide, ni la douce brise qui faisait bruisser les feuilles des arbres. Mes pas ne soulevaient ni poussière, ni ne laissaient de trace. Mes anciens camarades de classe qui rentraient chez eux me traversèrent sans même être conscients de ma présence. Tous riaient aux éclats après cette journée, ou bien pleuraient à l’idée de devoir se séparer. Voir la vie fourmiller et continuer son cours alors que la mienne était sur le point de s’arrêter me réchauffa le cœur. J’avais réussi ma mission de donner un dernier sourire à ces élèves avec qui je n’avais peut-être jamais parlé, mais qui avaient partagé les mêmes joies et les mêmes peines que moi tout au long de ces deux années.

Je jetai un dernier regard vers le bâtiment principal, là où se trouvait notre salle de club où nous avions passé tant de temps. Darksky, Miyako et Nagisa devaient encore s’y trouver, attendant avec impatience le retour des trois stars de la soirée. Je ne voulais pas croiser leurs regards non plus après leur avoir laissé à chacun un mot plus tôt dans la soirée. C’est pourquoi, je fis demi-tour et franchis les grilles du lycée pour la dernière fois.

Le chemin du retour fut long et pénible. Mes jambes étaient lourdes. Ma respiration se faisait de plus en plus difficile. Mon cœur peinait à suivre la cadence. Mais malgré cela, il y avait un dernier endroit que je voulais voir. Cette falaise visible depuis toute la ville qui était si symbolique aux yeux de Darksky et Laura… je voulais m’y rendre et y passer mes derniers instants.

Après une marche qui me parut interminable, je me trainai tant bien que mal jusqu’à son sommet, puis m’effondrai sur la pierre tiède, face à une mer de sang dévorant un soleil dont les rayons n’étaient plus que de minces filets perçant à travers l’obscurité de la nuit.


https://www.youtube.com/watch?v=HCsXApCxD_k


Alors que je pensais pouvoir profiter pleinement et sereinement de mes derniers instants, un bruissement dans les feuilles, suivi de bruits de pas, m’arracha un sourire. Ils avaient été plus rapides que je ne l’avais prévu…

Des branchages, émergea mon club de duel, avec Darksky à sa tête.

« Saya, où es-tu ? Montre-toi, je sais que tu te caches ici ! s’écria-t-il d’une voix déformée par la douleur et la tristesse.

— Darksky, c’est trop tard, elle…

— Non, Laura, ce n’est pas trop tard ! Je sais que Saya est encore parmi nous, sinon, pourquoi nous aurait-elle donné un moyen de la retrouver en réunissant tous ses mots ! »

Je ne pus m’empêcher de rire. Aussitôt, le regard de mon ami se tourna dans ma direction. Il m’avait entendu, mais il ne pouvait toujours pas me voir. Je profitai de cet instant pour m’amuser une dernière fois avec eux.

« C’est nul, vous avez déchiffré mon énigme trop vite, vous savez combien de temps j’ai mis à dessiner le plan de la ville sur tous ces papiers ?

— Sa… Saya ? bégaya Nagisa, regardant frénétiquement de tous les côtés. Est-ce que c’est toi ?

— Qui veux-tu que ce soit ? Tu connais vraiment quelqu’un d’autre capable d’élaborer un tel plan ? rétorquai-je fièrement. »

A ce moment-là, Marie se détacha du groupe puis s’avança vers moi. Mon ancienne confidente, qui n’avait pas perdu sa clairvoyance avec la chute d’Izrath, devina ma position et s’arrêta juste devant moi. Avec un sourire franc et rayonnant, la sœur de Darksky se baissa légèrement, puis me tendit une main chaleureuse.

« Saya, tu sais, nous aussi, nous avons des choses à te dire avant que tu partes. Alors, ne joue pas aux égoïstes et laisse-nous te dire adieu nous aussi.

— Marie… murmurai-je, la gorge serrée.

— Je sais que notre rencontre ne s’est pas faite dans les meilleures conditions qui soient… mais j’ai été heureuse de te rencontrer. Je ne t’ai jamais vraiment remercié pour avoir veillé sur mon imbécile de frère… Et on s’est bien amusés, toi, moi, Hélios, tu ne trouves pas ? Si un jour nous sommes réunis tous les trois, on recommencera, c’est promis, partenaire du crime ?

— Oui… c’était amusant… lui répondis-je d’une voix faible.

— Saya, merci de t’être battue pour le club alors que nous ne nous connaissions même pas ! lança Nagisa avec un sourire qui dissimulait sa peine. Si tu ne l’avais pas fait, jamais nous ne nous serions rencontrés et je ne serais peut-être plus de ce monde à l’heure actuelle… alors pour tout ce que tu m’as apporté ce jour-là, merci !

— Nagisa…

— Tu es une idiote, Saya, soupira l’ancienne présidente qui tenait son bras gauche dans sa main, les yeux baissés vers le sol. Tu sais à quel point je déteste ne pas pouvoir dire adieu… et toi, tu ne trouves rien de mieux à faire que de nous laisser un mot bourré de fautes d’orthographe… sérieusement, tu croyais vraiment que j’allais te laisser partir sans rien dire ? Tu es peut-être la plus casse-pieds, la moins réfléchie et la plus têtue que je connaisse, mais tu es aussi une amie précieuse et irremplaçable. Grâce à tes bêtises, j’ai pu continuer à me battre pour ce qui est juste, et je continuerai.

— J’espère que tu ne t’ennuieras pas trop sans moi dans ce cas, Miyako.

— Tu sais… au début, je ne t’appréciais pas vraiment. Tu représentais tout ce que je n’avais jamais été pour Darksky. Et pourtant, je te suis reconnaissante de t’être occupée de lui en mon absence, enchaina Laura, la main serrée sur le cœur. Jamais tu ne l’as abandonné. Jamais tu ne nous as abandonnés. Lorsque j’étais au plus bas après la mort de mon père, je pensais que je ne pourrais jamais remonter la pente, mais tu m’as montré qu’un simple sourire peut transformer des larmes de tristesse en larme de joie. J’aurais tellement aimé que nous puissions mieux nous connaitre, toi et moi. Je n’ai pas les mots nécessaires pour exprimer ma gratitude envers toi qui t’es battue aux côtés de Iori pour sauver ma vie, alors que moi, maintenant, je suis impuissante à t’aider…

— Tu en as déjà fait bien assez en me permettant de me produire sur scène à tes côtés ce soir, Laura.

— Je… Merci d’être revenue pour moi, Saya, termina Darksky dans un murmure. Si je n’ai pas sombré dans la folie, c’est parce que tu étais à mes côtés tout ce temps. Dans l’armée d’Hélios, au club de duel, ou même dans le futur de Iori… jamais tu ne m’as abandonné. C’est ton sourire qui a éclairé mes heures les plus sombres, c’est ta joie de vivre qui m’a redonné foi en l’avenir, et c’est ton espoir qui m’a rappelé comment sourire. Tout ce temps… tout ce temps, tu as gardé tes tourments pour toi et tu t’es occupé de nous sans jamais te plaindre. Mais à présent, s’il te plait, laisse-nous partager tes larmes avec toi ! »

Mon ami tomba à genou, le visage trempé de ses propres larmes.

Non, ce n’était pas ce que je voulais. Si j’avais décidé de disparaitre de la sorte, c’était parce que je ne voulais pas que mes amis pleurent mon départ. Je voulais leur laisser cette dernière image de moi, rayonnant sur scène aux côtés de Laura et Marie et non l’ombre que j’étais en train de devenir.

Puisant dans mes dernières forces, je canalisai le peu d’énergie qu’il me restait pour me relever et me matérialiser une dernière fois en face des ceux avec qui j’avais partagé les deux plus belles années de ma vie.

Lorsqu’ils me virent réapparaitre, une lueur d’espoir éclaira leurs regards alors que je me tenais face à eux, au bord de cette falaise. Les rayons du soleil couchant transperçaient mon corps et j’émettais une lueur de plus en plus intense à mesure que je disparaissais, mais, à nouveau, je pouvais sentir la fraicheur du soir et la brise marine sur ma peau translucide.

« Franchement… vous ne trouviez pas que disparaitre derrière le rideau de la scène aurait été une belle fin ? lâchai-je d’une voix faible mais amusée.

— Saya… murmura mon ancien partenaire.

— Ma prestation était si impressionnante que vous demandez un bis ? Alors, soit, je vous l’accorde ! Le rideau ne tombera que lorsque le soleil se sera entièrement couché. Jusqu’à ce que ce moment arrive, la cérémonie de clôture de cette année ne sera pas terminée !

— Oui. Tu as raison. Le club ne se séparera pas sans s’être dit au revoir, déclara Marie d’une voix rassurante. Alors, dis-les-nous, Saya, ces mots que tu n’as jamais osé prononcer. »

Alors que je m’efforçais de sourire jusqu’à la toute fin, mes yeux se mirent à me piquer tandis que je sentis un liquide chaud couler le long de mes joues.

« Je… Je voudrais que le temps s’arrête, que le club de duel ne disparaisse jamais, que nous restions ensemble pour toujours ! m’écriai-je, la gorge nouée. C’est pourquoi… ce n’est pas la fin ! Mon âme va retrouver mon corps d’origine, je ne vais que me réveiller d’un très long rêve… Et, c’est pourquoi, que cela prenne un mois, un an ou même dix, je reviendrai. Et ce jour-là, nous pourrons à retourner en Avalon tous ensemble pour disputer les jeux olympiques ! »

Mes dernières forces me quittèrent. Je ne pus supporter davantage le poids de mon corps et tombai vers l’avant. Darksky se précipita vers moi, mais il y avait un tout dernier désir qu’il me restait, ancré au plus profond de mon cœur. Dans ma chute, j’attrapai le visage de mon partenaire entre mes mains pour poser mes lèvres sur les siennes.

Alors que les derniers rayons du soleil disparaissaient pour faire place à une lune éclatante, mon corps se fondit dans les ténèbres, laissant derrière moi un unique ruban rouge et une shungite, vidée de son éclat.

« Je l’ai fait. Jusqu’à la toute fin… j’ai souri. Il est enfin temps pour moi de vous rejoindre, Hélios, Iori. »





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le bon temps…

heart earth
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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [27/10/2019] à 16:36

Epilogue : Vingt-cinq ans plus tard



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=ENpWEGNycMg


« En ce 27 octobre 2041, j’ai l’honneur de célébrer le vingt-cinquième anniversaire du traité de paix entre la Terre et Avalon. Je ne parle ni pour un peuple, ni pour un pays, ni pour un continent, mais bien pour l’ensemble de l’humanité. J’espère que nos relations resteront prospères et que nos deux mondes pourront cohabiter en paix comme ils l’ont toujours fait depuis des millénaires, juge Astaris.

— Je possède les mêmes espoirs que vous, présidente Hikari. Je suis certain que, comme chaque année, le festival inter-dimensionnel sera une réussite phénoménale. »

Alors que les deux chefs d’Etat étaient sur le point de se serrer la main, la télévision s’éteignit brutalement. Je me tournai aussitôt vers mon amie qui lâchait un immense bâillement d’ennui.

« Akane ! Pourquoi tu as éteint, je voulais voir Zesunis allumer la flamme olympique moi ! gémis-je.

— Sans façon. J’en ai plus qu’assez de voir chaque année le même cinéma, grommela la rouquine tout en se levant de son fauteuil. En plus c’est une rediffusion, tu peux la regarder quand tu veux.

— Tu n’as vraiment toujours pas digéré le coup de Miyako, même après toutes ces années ?

— N’importe quoi. Ce n’est pas comme si j’avais envie de poser les pieds à Avalon de toute façon. C’est sûr que je suis bien mieux à Ronchin-sur-mer.

— C’est bien ce que je me disais, tu n’as pas digéré, soupirai-je, dépitée. Tu devrais être plus cool avec ta mère, elle essaie vraiment de bien faire… »

Sans me répondre, la fille de la présidente quitta la pièce et me laissa seule. C’était épuisant. Depuis que Miyako avait été élue présidente de France et chef des relations avec Avalon, Akane avait quitté son foyer pour venir s’installer chez nous. Je n’étais pas mécontente de l’avoir à la maison, mais cela me faisait mal au cœur de la voir se disputer avec ses parents. Le pauvre Hiroki était venu la chercher plusieurs fois, mais il n’y avait rien à faire, elle refusait de rentrer.

Elle ne se rendait pas compte de la chance qu’elle avait. Contrairement à elle, je n’avais jamais connu mes géniteurs. Mes parents actuels m’avaient recueillie à Avalon lors de l’un de leurs voyages et m’avaient donné le nom de Iori. Cependant, je n’étais pas un Spiritual contrairement à ce qu’ils avaient pensé en premier lieu. J’étais humaine. Quant au pourquoi du comment je m’étais retrouvée sur le pas de la porte d’Astaris, il demeurait un mystère.

Cependant, cela ne me gênait pas plus que cela. J’avais tout ce dont j’avais besoin : l’amour de mes parents adoptifs, une amie d’enfance en la personne d’Akane, des résultats plus qu’honorables au lycée, et surtout un petit ami sur Paris. Il me tardait d’aller le retrouver pour l’ouverture des jeux d’ailleurs. Son père, Drago Mio, un scientifique de renom, était l’un des organisateurs tandis que sa mère, Angéla, participait avec une équipe pour le moins hétéroclite.

« Iori, est-ce que tu es prête ? On part dans moins d’une heure !

— J’arrive, Maman ! »

Je rassemblai mes affaires en vitesse et descendis les escaliers pour me retrouver dans le hall d’entrée où mes parents m’attendaient, leurs valises déjà faites et leurs manteaux sur le dos.

« Laisse-moi porter tes sacs, tu ne dois pas t’épuiser maintenant, déclarai-je.

— Tu sais, je peux encore me débrouiller seule pour l’instant, me répondit ma mère avec un sourire. »

Sans prendre en compte son avis, je m’emparai de son sac à main pour le passer à mon épaule. Même si elle n’en était qu’à trois mois, son ventre commençait déjà à légèrement s’arrondir et notre médecin sur Paris, le docteur Muller, lui avait conseillé de ralentir son rythme de vie, et surtout d’arrêter de courir à travers le monde pour donner des concerts à l’autre bout de la planète, voire sur une autre planète.

« Bon, on est d’accord, Laura, c’est ton dernier concert de la saison, après tu restes ici au chaud ?

— Evidemment, je ne suis pas stupide et irréfléchie comme toi, Michael.

— Et moi qui essaie juste d’être gentil, ça m’apprendra, soupira mon père. Et au fait, Iori, j’y pense, mais Nagisa m’a demandé si je pouvais passer chez elle pour prendre des papiers ou je ne sais pas trop quoi… est-ce que tu pourrais me les prendre au cas où je n’aurais pas le temps avant le départ de ta mère ?

— Pas de problème ! Je reviens vite ! »

Sans perdre une seconde, je m’éclipsai et pris la direction de la demeure de ma tante. J’avais pris l’habitude de faire ce chemin depuis quelques temps. Avec l’approche des jeux olympiques d’hiver, Nagisa, qui épaulait la présidente dans certaine de ses tâches à côté de son métier d’avocate, demandait régulièrement quelques petits services à mes parents en tant qu’anciens camarades de club. Ces allers-retours faisaient partie de mon quotidien en cette période.

La route était recouverte d’une fine couche de neige vierge de toute trace de pas. C’était stupide mais je me sentais honteuse de détruire cette harmonie si parfaite en marchant dessus avec mes chaussures pleines de sable et de poussière.


https://www.youtube.com/watch?v=Wp0xitgAc4A


Je longeai la mer pendant une bonne dizaine de minutes tandis qu’au loin, l’astre du jour disparaissait lentement derrière l’horizon et faisait flamboyer la falaise visible depuis n’importe quel point de la ville, telle un gardien ancestral veillant sur elle. Mes parents aimaient m’y emmener lorsque j’étais petite. Apparemment, ils y avaient de nombreux souvenirs et attendaient le retour de quelqu’un là-bas.

Je continuai ma route, tournant dans la grande avenue où logeait Nagisa puis, après quelques minutes de marche supplémentaires, j’arrivai sur le palier. Le quartier dans lequel elle logeait était plutôt résidentiel. Des dizaines de pavillons bordaient la route, chacun possédant un style unique. Celui de ma tante n’était pas en reste puisqu’il arborait des couleurs vives, principalement dans des teintes rouges, tandis que devant, on pouvait apercevoir dans le jardin un grand volatile aux allures de paon mauve et écarlate.

« Oh, Iori, contente de te voir, tu tombes à pic ! »

Je me retournai et l’amie de mes parents m’apparut, un sac de de courses rempli à ras-bords à la main. C’était une femme brune, aux cheveux assez courts tombant juste au niveau de ses épaules. Ses yeux marron clair reflétaient une grande gentillesse et elle avait conservé un visage assez enfantin sur sa peau claire et sans défaut. Elle portait une grosse laine et une écharpe que je lui enviais en cette fin de mois de novembre.

« Bonjour, Tante Nagisa, je suis venue chercher un tas de feuilles de la part de mon père.

— Tu as de la chance, je viens de revenir et Alan est en déplacement. Ça m’aurait embêté que tu attendes devant la porte par ce froid.

— Ce n’est pas grave, faire partie de la garde personnelle de Miyako, ce n’est pas rien !

— C’est toi qui le dis, soupira la femme. En attendant, j’ai reçu la cinquième lettre de licenciement du mois… Enfin, attends-moi, je ne serais pas longue… »

Nagisa rentra à l’intérieur de sa demeure, puis ressortit presque aussitôt avec un dossier aussi épais que le dossier scolaire d’Akane. Je grimaçai à l’idée de devoir le transporter à bout de bras jusqu’à chez moi.

« Désolée qu’Adam soit à Paris pour ses études, sinon il t’aurait aidé volontiers, s’excusa la femme, gênée.

— Ce… Ce n’est pas grave… je vais me débrouiller… On se revoit bientôt de toute façon ! »

Avec grande peine, je me trainai jusqu’à la maison, non sans faire de multiples pauses. Lorsque j’arrivai enfin chez moi, mon dos était en compote. J’avais l’impression d’avoir quatre-vingt-dix ans…

En franchissant le portail, je vis qu’une élégante berline noire était stationnée dans le jardin. Mon cœur se mit à battre dans ma poitrine alors que j’imaginais déjà qu’une tempête avait lieu dans notre salon.


https://www.youtube.com/watch?v=IU3nyjA08Kg


Je rentrai en vitesse. Je déposai cet énorme dossier sur la commode de l’entrée puis me précipitai dans la pièce principale. Heureusement pour moi, pas de vase brisé ni de fauteuil retourné. A la place, trois individus en costume noir sirotaient tranquillement, assis confortablement dans le canapé, en compagnie de mes parents, toujours sur le départ, et d’une grande femme aux cheveux rouge écarlate. Malgré leurs différents, elle était le portrait craché de sa fille, autant sur le plan physique que mental. Peut-être était-ce pour cela qu’elles ne pouvaient pas se supporter.

Lorsque je pénétrai dans le salon, tous les regards se tournèrent vers moi. Je ne pus m’empêcher de rougir, mal à l’aise. Je n’aimais vraiment pas être le centre d’attention…

« B… bonjour, présidente Hikari, les UWS, bégayai-je.

— Ohoh, bonjour ma chère Iori, la forme ? s’exclama le garde du corps du nom d’Ugo.

— Tiens, Iori, tu tombes bien, tu n’aurais pas vu Akane ? Hiroki et moi, nous aurions deux mots à lui dire sur ses résultats scolaires, la coupa Miyako.

— Désolée, mais j’imagine qu’elle doit être sur la plage. Elle y passe beaucoup de temps en ce moment. Est-ce que vous voudriez que j’aille lui dire ?

— Si cela ne te dérange pas. J’ai encore beaucoup à faire. Désolée de ne pas pouvoir rester plus longtemps, Laura, Michael.

— Oh, non, ne t’inquiète pas. Nous allions partir nous aussi, répondit ma mère avec un sourire.

— Dans ce cas, est-ce que je peux te conduire quelque part ? Il serait impoli de ma part de te laisser marcher dans ta condition.

— Avec plaisir. Iori, avant que je n’oublie, je compte sur toi pour venir assister à la réunion de Noel d’Avalon. D’après Zesunis, ça sera la fête du siècle pour célébrer les vingt-cinq ans de paix. Et essaie de convaincre Akane de venir aussi, ça lui fera du bien… »

Sur ces mots, les adultes se levèrent. Ma mère m’étreignit longuement, ce qui fit bien rire les trois lascars jusqu’à ce que la présidente les menace de les renvoyer. Cette-dernière m’embrassa à son tour, puis tous partirent. Seul mon père resta à la maison et lâcha un long soupir devant l’énorme pile de papiers que je lui avais ramenée. Il se frotta la tête d’un air épuisé avant de se diriger vers son bureau d’un pas lourd. Quant à moi, n’ayant rien à faire pour le reste de la soirée, je me décidai d’aller retrouver mon amie et de lui passer le message de sa mère.


https://www.youtube.com/watch?v=eL4mJHaxGLM


En moins de dix minutes, je me retrouvai sur cette plage que j’appréciais tant. En hiver, personne n’osait y mettre un pied à cause des fortes bourraques de vent glacial qui y soufflaient. Mais moi, j’aimais l’ambiance qui y régnait. Les rayons crépusculaires frappaient la vaste étendue d’eau et l’embrasaient d’un rouge sang. Le seul bruit qui parvenait à mes oreilles était celui du ressac, va-et-vient incessant des vagues sur un sable maculé de fins cristaux blancs et glacés.

Il ne me fallut pas plus de quelques secondes pour repérer la chevelure flamboyante de mon amie au milieu de ce désert immaculé. La jeune fille était simplement assise sur le muret qui séparait la plage de la route, les yeux rivés sur son téléphone.

A pas furtifs, je m’approchai d’elle mais j’étais repérée avant même d’être arrivée à mi-chemin.

« Tiens, Iori, quel bon vent t’amène ? Tu es venue transmettre un message de la part de ma mère, j’imagine ?

— Tu es perspicace, ris-je légèrement. »

Je m’assis à côté de la rouquine et regardai par-dessus son épaule.

« Alors, qu’y a-t-il de neuf aux infos ? enchainai-je pour changer de sujet.

— Pas grand-chose. Apparemment, ils bossent sur une machine à voyager dans le temps où un truc du genre chez Ether Japon.

— Une machine à voyager dans le temps ? C’est possible ça ?

— Va savoir, me répondit la jeune fille en haussant les épaules. Si tu veux des réponses, demande à ton cher oncle Satoshi et à Marie. Ce sont eux qui sont à la tête du projet.

— Vraiment ? Je me demande bien ce qu’ils veulent faire encore…

— D’après l’article, ils tentent d’envoyer un humain artificiel dans le passé pour récupérer quelque chose, je n’ai pas trop compris, ce sont des termes trop techniques pour moi.

— Un humain artificiel, hein ? J’en ai entendu parler, mais je ne pensais pas qu’ils avaient réussi à en créer un…

— Une histoire de science et de Kvantiki, des trucs trop avancés pour nous quoi.

— Quand même, je me demande bien ce qu’ils peuvent chercher dans le passé qui n’existerait plus aujourd’hui…

— Beaucoup de choses. Mais bon, le portail est ouvert, l’humain artificiel est rentré à l’intérieur et s’il ne revient pas, c’est qu’il a échoué, fin de l’histoire.

— Tu manques sérieusement d’imagination, ma pauvre Akane, me moquai-je gentiment. Par simple curiosité, comme se nomme ce projet ? Les noms d’expériences scientifique m’ont toujours amusée.

— Project I.O.R.I, comme Intelligence Of Rikoukei Institute. »


https://www.youtube.com/watch?v=-9Do–Q97lQ


Mon amie et moi sursautâmes lorsque nous entendîmes une voix féminine prononcer ces mots dans notre dos. A côté de nous, debout sur le muret et regardant l’horizon, la main sur sa hanche, se tenait une femme. Mon cœur s’emballa lorsque mon regard croisa le sien et un sentiment de nostalgie profonde m’envahit. Elle possédait des yeux bleus comme l’azur, pétillant de malice, son visage, malgré quelques rides légères au coin des yeux, était étrangement enfantin. Sur son front tombait une frange irrégulière tandis que dans son dos se déployait une longue chevelure aux reflets dorés à cause des rayons du soleil se reflétant dessus.

J’étais troublée. J’avais l’impression de me voir dans un miroir qui m’aurait vieillie de plusieurs années. Akane remarqua aussi la ressemblance de nos traits mais ne fit aucune remarque.

La femme reporta son attention sur nous et me lança un large sourire.

« Alors, les jeunes, vous pensez qu’ils vont y arriver ? Défier les lois du temps n’est pas chose facile, déclara-t-elle avec un certain amusement dans sa voix.

— Ce n’est que de la science-fiction. Je ne crois pas aux voyages dans le temps, répondit aussitôt mon amie.

— Et toi, jeune fille, qu’en penses-tu ? continua l’inconnue.

— Moi ? Je… je ne sais pas vraiment. Je n’y ai jamais vraiment réfléchi, avouai-je. Mais nous sommes capables de voyager entre les dimensions, alors pourquoi pas dans le temps ?

— Je vois… Si tu en avais la capacité, est-ce que tu serais prête à partir vers l’inconnu ? »

Je réfléchis quelques secondes avant de lui donner ma réponse.

« Non, ça ne m’intéresse pas vraiment.

— Vraiment ? s’étonna mon interlocutrice. Tu n’as pas envie de découvrir des trésors disparus, ou de rencontrer des personnes qui se sont éteintes avant ta naissance ?

— Si, évidemment, cela serait formidable… Mais ma vie actuelle me convient. J’ai déjà tant à découvrir dans le présent que je ne ressens pas ce besoin de partir dans un passé qui n’est pas le mien. Je pense que je me sentirai beaucoup trop loin de mon époque. »

La femme émit un rire amusé en entenant ma réponse.

« C’est une façon de penser intéressante. Autrefois, j’ai connu une personne qui désirait changer le cours de l’histoire. Peut-être que si elle avait entendu ton raisonnement, sa vision des choses aurait changé.

— Et vous, qu’en pensez-vous ? lui demanda Akane, intriguée.

— Moi ? »

Son regard se posa sur la falaise au loin où un portail s’était ouvert vers Avalon, signifiant certainement que ma mère était repartie, puis un sourire éclatant fendit son visage.

« Je pense que le présent ne pourrait pas être meilleur que maintenant. »

Une bourrasque de vent souffla sur la plage et m’obligea à fermer les yeux pour me protéger du sable volant. Lorsque je les rouvris, la femme avait disparu. Il ne restait à sa place que de fines particules scintillantes, ainsi qu’un petit bout de papier sur lequel un unique mot avait été griffonné.

« Merci »



~Fin~




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le bon temps…

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