Nous entrons a présent dans l'arc asuna!
Hoshino Asuna: A la recherche du passé perdu
Prologue
https://www.youtube.com/watch?v=7Jvmh04otBI
Un paysage de désolation, un champ de ruines à perte de vue, un épais manteau de neige rouge recouvrant ce qu’il restait de ce qui autrefois était ma maison, notre village, à Drago et à moi, des dizaines de voitures s’entassant sur le bord de la chaussée méconnaissable, des objets éparpillés et abandonnés un peu partout, pas un seul bruit à l’exception de ma respiration saccadée après un tel voyage et le sifflement d’un vent mordant et glacial…
Combien de temps étais-je partie ? Cela ne faisait qu’un an que j’avais rejoint Drago dans l’autre monde et pourtant ici, un siècle semblait s’être écoulé, un siècle ravagé par la guerre et le malheur ayant totalement décimé la population…
Jamais je n’aurais dû m’absenter. Plutôt que de courir après une chimère, j’aurais dû rester et me battre quitte à y laisser la vie. A présent, il était trop tard. J’avais vraiment échoué sur tous les plans. Le Drago que je connaissais n’était plus, la ville que je m’étais jurée de protéger était détruite et les personnes que j’aimais avaient disparu pour toujours…
Dire que tout cela ne serait jamais arrivé si j’avais été plus prudente ce jour-là, le jour où ma vie a basculé, le jour où je suis devenue mi humaine, mi esprit de duel…
Mes souvenirs concernant cet épisode restaient flous à cause du choc mais je me souvenais du principal.
Je me baladais dans une ruelle sombre en compagnie de Drago pour rentrer chez moi après l’école et je voulais explorer la ville de fond en comble pour y trouver le plus de passages secrets possibles. Nous devions avoir sept ou huit ans à l’époque mais le quartier était sur et nous savions qu’il n’y avait aucun individu louche dans ce village…du moins, nous le croyions…
Un homme armé d’un couteau était sorti de nulle part et, sans autre forme de procès, s’était rué sur Drago. Cependant, il ne semblait pas être un simple délinquant, il donnait vraiment l’impression d’avoir choisi sa cible en la personne de mon ami.
Sans réfléchir, je m’étais interposée et, recevant le coup fatal à sa place, j’avais ressenti une vive douleur à l’œil gauche avant de perdre connaissance en voyant du sang s’écouler abondamment de ma figure.
J’avais fait un rêve étrange dans mon coma. J’avais vu une sorte de dragon rayonnant de lumière d’un côté, se fondant dans l’obscurité de l’autre. J’étais trop effrayée pour faire le moindre geste mais la créature ne bougeait pas et se contentait de me fixer pendant un long moment avant de disparaitre dans un rayon doré.
Lorsque j’avais repris mes esprits, je pensais avoir perdu la vue mais, en ouvrant les yeux, tout était normal, comme si rien de tout cela n’était arrivé. Drago était agenouillé à côté de moi, pleurant à chaudes larmes et j’avais senti que quelque chose avait changé en moi. Je ressentais la tristesse et la peur de Drago comme les miennes. Toutes ses émotions, je pouvais les voir et les comprendre.
C’est à partir de ce jour que je compris que j’étais devenue celle qui devrait veiller sur lui…
Hoshino Asuna : Le bonheur perdu
Vide…La place à côté de la mienne était encore une fois vide. Cela faisait maintenant plusieurs jours que Drago n’était pas venu en cours. Cela n’étonnait plus personne dans la classe. Après tout, cela faisait maintenant presque huit ans que cet idiot ne venait que lorsqu’il en avait envie, c’est-à-dire moins d’une fois par semaine.
Pourtant, moi, je ne pouvais m’y habituer. J’étais certes la seule dans la classe à l’avoir connu avant cet incident qui l’avait radicalement transformé mais j’étais également la seule à savoir qu’il ne faisait pas cela par choix.
Tout à coup, je ressentis une vive douleur à l’œil gauche et je me levai d’un bond de ma chaise avant de sortir de la classe en vitesse. Depuis mon accident, j’avais ce privilège de pouvoir sortir à mon aise de cours sous prétexte que je devais prendre des gouttes pour les yeux même si je n’en avais nullement besoin puisque je voyais parfaitement bien.
En arrivant aux toilettes, j’enlevai mon bandeau cachant mon œil désormais vert émeraude et je me regardai dans la glace.
Il y avait une raison pour laquelle je cachais cet œil et pas simplement parce que mes yeux vairons – l’un bleu comme l’azur et l’autre vert comme l’émeraude – mettaient mal à l’aise tous ceux me regardant dans les yeux et qu’ils étaient tout sauf naturels, et cette raison se manifestait encore aujourd’hui.
Dans mon œil gauche, un étrange motif scintillait. La première fois que cela m’était arrivé, c’était juste après mon accident et j’avais paniqué mais depuis le temps, j’avais fini par en deviner la signification. Si ce motif apparaissait dans mon œil, alors quelque chose d’inhabituel était en train d’arriver à Drago.
J’attendis que la douleur passe puis je remis mon bandeau avant de prendre le chemin de la maison de mon ami d’enfance.
Il n’y avait personne dans les rues à cette heure-là mais ce n’était pas plus mal. En général, les gens s’écartaient pour me laisser passer en me voyant, me prenant pour une grande blessée et je n’aimais pas ça. Mais je ne pouvais pas non plus courir le risque que quelqu’un voit ce motif dans mon œil alors je prenais sur moi.
Le chemin menant chez Drago était assez joli de plus. Il s’agissait d’une longue route goudronnée mais bordée d’arbres projetant d’étranges motifs de lumière sur le sol lorsqu’il y avait du soleil et offrant également une bonne protection, si bien qu’il ne faisait jamais trop chaud sur ce chemin. Au loin, on pouvait distinguer la mer s’étendant à perte de vue ainsi qu’un grand bâtiment qui n’était autre que le centre de recherche dans l’aérospatial où travaillait le père de Drago.
Ce centre était reconnu dans le monde entier et travaillait en partenariat direct avec les plus grands organismes de recherche de la planète, comme le CERN où se trouvaient mes parents. Il fallait dire que depuis que le père de Drago avait été engagé, les découvertes se multipliaient, toujours plus extraordinaires les unes que les autres.
Après dix minutes de marche, je finis par arriver devant la porte de la maison de Drago. C’était une bâtisse comme il y en avait tant dans le voisinage mais elle se démarquait par la décoration singulière qui ornait les façades. Des fleurs de toutes les couleurs égayaient leur maison et le jardin ressemblait à ces jardins antiques tels qu’ils étaient décrits dans les livres d’histoire.
Je sonnai à la porte et quelques secondes après, je vis apparaitre le visage chaleureux de Théa dans l’ouverture. La sœur de Drago était un peu plus âgée que nous et avait déjà terminé ses études, ce qui lui donnait beaucoup plus de temps libre. C’était une grande fille qui devait avoisiner le mètres soixante-quinze, à la longue chevelure blonde en épis dans son dos avec une mèche tombant entre ses deux yeux, à en croire qu’elle ne se coiffait jamais. Ses grands yeux bleus lui donnaient un air assez enfantin, renforcé par ses joues rose et son sourire éclatant même si, lorsqu’on la connaissait un peu mieux, cette impression disparaissait totalement.
-Tiens, mais si ça ne serait pas Asuna, tu sèches encore les cours pour Drago ? S’exclama-t-elle en guise de bienvenue.
-Dis à ton frère de venir et je ne le ferais pas ; lui répondis-je en haussant les épaules.
-J’aimerais bien mais il n’est pas là pour le moment ; continua sa sœur en croisant les bras sur sa poitrine, l’air contrariée. Je pensais qu’il s’était enfin décidé mais il semblerait qu’il soit irrécupérable. Je ne sais même pas comment tu fais pour continuer à le supporter…
-Je me le demande parfois aussi ; soupirai-je. Mais je lui dois bien ça ; repris-je en mettant la main sur mon bandeau en souriant légèrement.
-En parlant de ça, et ton œil, tu ne peux toujours pas enlever ce truc ? Me demanda-t-elle d’un air compatissant.
-Ne t’inquiète pas pour ça Théa, ce n’est plus qu’une question de temps je pense, bientôt je devrais pouvoir voir à nouveau correctement ! Mentis-je, pensant qu’elle ne comprendrait pas.
-J’espère sincèrement pour toi…
Théa marqua une pause et regarda furtivement de chaque côté comme si elle pouvait être entendue ou observée et ajouta tristement :
-Je suis vraiment désolée, tout est de ma faute…
-Pourquoi t’excuses-tu ? Tu n’avais pas à savoir que ce jour-là, ce type serait présent pile au moment où nous dans cette ruelle ; rétorquai-je, étonnée.
-Si, j’aurais dû le savoir ; répliqua-t-elle en serrant les dents.
J’haussai les sourcils, étonnée. Théa avait toujours été très mystérieuse concernant cette affaire. Elle semblait en savoir bien plus qu’elle ne le laissait paraitre, mais à chaque fois que j’abordais le sujet, elle devenait complètement muette et tentait de détourner la conversation si bien que j’avais fini par abandonner, considérant cette attaque comme un coup de malchance, même si au fond de moi, je savais que quelque chose se cachait derrière…
-Enfin, je te souhaite de te rétablir rapidement ma petite Asuna, voir la vie en 2D ne doit pas être drôle tous les jours !
Sur ces paroles, je pris congés de la sœur de Drago. Mon œil ne me faisait plus souffrir, ce qui signifiait sûrement que les ennuis de mon ami avaient disparu. Je n’étais pas rassurée pour autant.
Ces derniers temps, je ressentais de plus en plus souvent cette douleur et de plus en plus longtemps. Mais les rares fois où Drago venait à l’école, il ne parlait de rien et je n’osais pas lui demander, de peur qu’il ne me questionne à mon tour. Lui non plus ne savais rien au sujet du pouvoir que j’avais acquis ce jour-là et je ne voulais pas qu’il le découvre, craignant sa réaction en apprenant que j’étais liée à lui, alors je prenais sur moi.
Je regardai l’heure : il ne restait plus qu’une heure avant la fin des cours, il était inutile d’y retourner, je n’avais qu’à inventer une excuse bidon comme à chaque fois. Je me dirigeai donc vers chez moi, c’est-à-dire deux rues plus loin.
Ce n’était pas pour rien que Drago et moi étions amis d’enfance. Je me souvenais encore du jour où il avait emménagé et où ses parents étaient venus se présenter à tout le voisinage. Aux premiers abords, ils m’avaient paru un peu étranges, tout droit sortis d’une autre époque mais cette impression s’était rapidement dissipée. Très vite, nous étions devenus de bons camarades de jeu et depuis nous ne nous étions plus séparés, pas même après cet incident.
Un aboiement m’accueillit lorsque je franchis le portail de mon jardin et un grand labrador noir me sauta dessus et me lécha le visage comme à chaque fois.
-Couché Gimpei ; lui ordonnai-je tout en essayant de me défaire du gros chien.
Il était mon seul compagnon lorsque j’étais chez moi depuis que mes parents étaient partis s’installer en Europe pour leur travail, un an plus tôt. Evidemment, ils m’avaient proposé de les suivre mais j’avais refusé catégoriquement alors ils m’avaient lassée là et revenaient uniquement pour les grandes vacances.
Je passai donc encore une soirée seule chez moi, me réfugiant dans mes devoirs et devant la télévision pour passer le temps, tout en guettant une potentielle réponse de Drago mais rien ne vint et je finis par m’endormir encore habillée.
Le lendemain commença comme une journée tout à fait banale. En arrivant en classe, je ne fus pas étonnée de trouver la chaise à côté de moi vide une fois de plus et je me contentai de sortir mes affaires pour le cours comme si de rien n’était.
-Salut Asuna, comment ça va aujourd’hui ? M’interpella une voix dans mon dos.
Je me retournai et je vis mon amie, Mina Kagari debout derrière moi et m’adressant un large sourire. C’était une fille assez maigre aux longs cheveux noirs toujours retenus par une petite barrette, aux grands yeux ébènes plein de malices et toujours prêts à dénicher les moindres ragots sur les gens de la classe et au visage assez rond, lui donnant à peine treize ans alors qu’elle en avait quinze comme nous tous. Elle en avait également l’attitude d’ailleurs mais c’était peut-être pour cela qu’elle était si appréciée et avait été élue déléguée à l’unanimité.
-Hier tu es partie sans prévenir personne, rien de grave j’espère ? Ajouta-t-elle d’un air inquiet.
-Salut Kagari ; lui répondis-je avec entrain. Et ne t’inquiète pas, j’avais simplement besoin de prendre quelques gouttes mais tout va bien maintenant !
-Quand même, tu es sûre que tu ne devrais pas aller voir un médecin pour ton œil ? Tu es de plus en plus souvent absente ces derniers temps ; insista la jeune fille.
-Non vraiment, je t’assure, dans un mois ou deux, tout devrait être fini ! affirmai-je tentant de paraitre confiante.
-Si tu le dis et en parlant de malade, qu’est-ce qu’il a Drago encore ? Me demanda-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine d’un air pensif.
-Va savoir, j’ai bien essayé d’aller voir chez lui hier mais il était sorti apparemment.
-Sérieusement ? Mais à quoi il joue ton copain encore ? S’exclama Kagari un peu trop fort si bien que tout le monde se retourna vers nous.
Je rougis immédiatement et d’un geste rapide, j’attrapai la jeune fille par les épaules pour la faire taire et je rétorquai :
-Arrête avec ça, on ne sort pas ensemble lui et moi, c’est juste un ami d’enfance, compris ?
-C’est ce que la fille dit aussi dans le Shôjo que je suis en train de lire et pourtant, à la fin, elle finit en couple avec le héros ; répliqua-t-elle, un sourire stupide aux lèvres.
-Peut-être, mais la vie n’est pas comme dans un Shôjo, lui répondis-je en la relâchant.
-Tu es vraiment froide Asuna, je t’ai connue plus rêveuse et amusante ; ronchonna la jeune fille en gonflant les joues de frustration.
J’allai lui répondre mais je m’abstins. Je ne pouvais pas lui révéler mon secret, pas même à elle, ma meilleure amie. Elle se serait soit moquée de moi pendant une semaine au mieux, soit m’aurait prise pour une folle au pire, et aucune de ces situations n’était envisageable. Après tout, comme révéler à quelqu’un que l’on possède un pouvoir qu’on ne comprend pas soi-même…
Soudain, la porte de la salle de classe s’ouvrit avec fracas et laissa rentrer le délégué adjoint, Ichigo Hajime. C’était un grand gaillard amateur de foot, qui en avait certainement plus dans les bras que dans la tête, toujours coiffé comme l’as de pique, et colérique sur les bords. Son visage était assez carré et ses petits yeux perçants lançaient des éclairs à tous ceux qui osaient croiser sa route. Il possédait également une cicatrice sur le nez qu’il ne manquait pas de faire remarquer.
Je soupirai déjà intérieurement lorsque je le vis se diriger vers moi d’un air menaçant tandis que tous les regards s’étaient tournés vers nous, encore…
-Eh, Ichigo, tu as une mine patibulaire, qu’est-ce qu’il t’arrive encore ? L’interpella Kagari qui était la seule à lui parler comme à n’importe qui dans la classe.
Le délégué adjoint l’ignora et se posta juste devant mon bureau, les bras croisés sur la poitrine, attendant visiblement des explications.
-Asuna, je peux savoir pourquoi tu as quitté l’école sans autorisation hier ? C’est la cinquième fois en deux semaines déjà ! Râla-t-il.
-Je suis allé renouveler mon stock de gouttes pour les yeux, je n’en avais plus ; lui répondis-je en haussant les épaules.
-Arrête de te moquer de moi Asuna ! rétorqua le grand gaillard sèchement. Ça fait maintenant presque huit ans qu’on se connait et ça fait huit ans que tu portes ce bandeau, ne me fais pas croire que ton médecin prolonge ton traitement chaque année de la sorte !
-Et pourquoi pas ? Répliquai-je tout aussi sèchement. Je te rappelle que je me suis pris un coup de couteau dans l’œil et c’est déjà un miracle que je m’en sois sortie !
-Justement, il n’y a aucune chance pour que tu n’aies aucune séquelle ! Soit tu as perdu la vue mais tu as trop honte pour le dire, soit tu fais ça juste pour qu’on te plaigne !
Ce qu’il dit à ce moment-là fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Cela faisait huit ans qu’il me ressortait le même discours, j’allais lui montrer une bonne fois pour toute et tant pis si je devenais la risée de l’école, au moins, j’aurais fait taire ce prétentieux.
Je me levai brutalement de ma chaise qui tomba au sol pour faire face à Ichigo. Il faisait bien une tête de plus que moi mais j’avais compris depuis longtemps qu’il parlait beaucoup mais agissait peu.
-Très bien, tu as gagné Ichigo, je vais te montrer mon œil et après, tu comprendras enfin !
-Oh, donc tu mentais tout ce temps ? Je l’ai toujours su que…
Je ne le laissai par terminer sa phrase et d’un seul coup, j’arrachai le bandeau cachant mon œil gauche et le visage du grand gaillard se décomposa tandis qu’un silence de mort s’abattit sur la salle de classe.
Cependant, contrairement à ce que je pensais, ce n’était pas la révélation de mon œil désormais vert qui avait engendré ce silence mais l’arrivée d’une personne dans la classe.
Je me retournai à mon tour et j’écarquillai les yeux en voyant dans l’ouverture de la porte un grand garçon blond au regard froid et dénué de vie.
-Drago…Murmurai-je partagée entre la surprise et la joie de le voir.
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