Bienvenue visiteur, pour poster sur ce forum vous devez vous enregistrer.
Présentations Flux RSS Recherche
Pages : 1 2 3
[Fic]Le Dernier Esper
heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic]Le Dernier Esper posté le [09/04/2017] à 00:30

en fait c'est surtout aléatoire donc ca peut prendre une semaine d'écart comme la ou 2 mois comme le chapitre d'avant :3




http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic]Le Dernier Esper posté le [14/04/2017] à 13:10

Chapitre 5 : Les pouvoirs d’un Familier



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=0GcX-HDyUwk


A peine Hoshino eut-elle prononcée cette phrase que les hommes ordonnèrent à leurs créatures de passer à l’attaque sans autre sommation. Par réflexe, je bondis en arrière et Fuyuku lança un coup d’épée vers l’un des Lindorms mais contre toute attente, les familiers ne se préoccupèrent pas de nous et foncèrent tous vers Hoshino et sa créature.

« Hoshino ! M’écriai-je, affolé. »

La jeune fille ne bougea pas d’un poil et ferma même les yeux tandis que la lueur qu’émettait son familier grandissait de seconde en seconde. Mais, alors que j’étais distrait, je reçus un puissant coup de poing dans le dos qui m’envoya valser contre un arbre.

Sonné par ce cette attaque surprise, j’eus tout juste le temps de rouler sur le côté pour esquiver un second coup porté par l’un des hommes qui fracassa le tronc devant lequel je me tenais moins d’une seconde auparavant.

Mon cœur rata un battement à l’idée que j’aurais pu me faire broyer d’un seul coup. Néanmoins, je ne me laissai pas déstabiliser et je me remis sur pieds aussitôt pour affronter mon adversaire.

Ce dernier tenta de me donner un autre coup de poing dans le ventre mais je le bloquai facilement avec mon bras. S’ensuivit alors toute une série de coups plus violents les uns que les autres, et toujours plus rapides mais malgré cela, je réussis à les bloquer tous avec une facilité déconcertante soit en les esquivant, soit en les parant avec mes mains, comme si j’avais déjà eu à faire à ce genre d’attaque par le passé…

Tout à coup, je vis une ouverture dans la pluie ininterrompue d’assauts de mon adversaire je lui attrapai le bras et l’empêchai de bouger davantage avant de le projeter au sol avec une telle force qu’un trou se forma dans la terre. Mon coup coupa la respiration à l’homme et j’en profitai pour observer le reste du combat.

Fuyuku était aux prises avec les autres hommes mais ne semblait avoir aucune difficulté à leur faire face. J’avais même l’impression que c’était elle qui attaquait plus qu’elle ne se défendait. Quant à Hoshino et à son familier, ils étaient totalement encerclés par les Lindorms qui enchainaient les attaques à répétitions.

Je n’hésitai pas une seconde et je me précipitai dans cette bataille pour aider mon amie. En m’entendant arriver, les monstres se retournèrent et tentèrent de m’attaquer en me sautant dessus mais je les évitai facilement et je réussis à me frayer un chemin pour rejoindre la blonde qui ne semblait pas savoir comment gérer cette crise.

« Un coup de main ? Lui proposai-je en me plaçant devant elle pour la protéger.

-Oh non, je crois que ça ira ; me répondit-elle d’une petite voix trahissant son manque de confiance. Et puis, tu n’as pas de familier pour te protéger toi…

-En effet, je suis mon propre protecteur ; rétorquai-je fièrement. »

La jeune fille n’eut pas l’air de comprendre sur le moment mais je ne lui laissai pas le temps de poser davantage de question car je m’élançai vers les Lindorms, concentrant mon énergie au fond de moi, comme je l’avais fait lors de mon combat contre Fuyuku.

Mon cœur s’accéléra, je sentis mon sang s’échauffer dans mes veines et une incroyable énergie m’envahit alors que les monstres fonçaient vers moi, leur gueule dégoulinant de bave, toutes griffes sorties

Lorsque le chef de la horde fut à quelques centimètres de moi, je l’attrapai par le cou et relâchai mon énergie. Le monstre se débattit quelques instants avant de perdre progressivement ses couleurs et de tomber en poussière tandis que je sentis mes forces augmenter toujours plus.

Je ne perdis pas une seule seconde et je fis de même avec le second, puis le troisième, me sentant toujours plus fort, plus rapide et plus résistant.

Cependant, alors que je pensais en avoir terminé avec ces monstres, je vis une vive lueur sur ma gauche et, lorsque je tournai la tête, un cercle lumineux, comme celui d’Hoshino, aux pieds du chef des hommes nous ayant attaqués.

« Finis de jouer les enfants, Hoshino Miki viendra avec nous, que vous le vouliez ou non ! S’écria-t-il, hors de lui. Viens à moi Lindorm !

-Encore un de ces machins ? J’en ai déjà vaincu toute une horde, ça ne suffira pas… »


https://www.youtube.com/watch?v=_pv9kOEWIXY&t


Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase car Fuyuku se jeta sur moi et me plaqua au sol sans que je n’aie le temps de réagir. Avant même que je n’aie pu comprendre ce qu’il se passait, le sol trembla et je vis un torrent de flamme me frôler la tête et se diriger droit vers Hoshino.

Cependant, la jeune fille, au lieu de s’enfuir, fronça les sourcils et leva simplement le bras devant elle. Les flammes rebondirent alors sur une sorte de bouclier invisible se trouvant juste devant Amaterasu et terminèrent leur course contre des arbres de la forêt qui se mirent à brûler aussitôt.

Fuyuku se releva et serra les dents devant ce carnage.

« Ça devient dangereux par ici…Marmonna-t-elle. »

Je me relevai également et je faillis m’étrangler devant la nouvelle créature se trouvant devant nous. Le familier était exactement comme tous les autres que j’avais terrassés…mais dix fois plus grand. La tête du monstre, triangulaire, écailleuse et plate comme celle des serpents, dépassait même la cime des arbres et ses pattes avaient la largeur des troncs qui l’entouraient tandis qu’un feu bleuâtre l’entourait et nous obligeait à garder nos distances.

« C…C’est un Dragon ? M’exclamai-je, interdit.

-Non, ce n’est pas un dragon Hinata, c’est un Lindorm…ou plus exactement LE Lindorm ; grogna Fuyuku en resserrant sa prise sur son épée.

-En effet, chasseuse, il s’agit bien du Lindorm originel ; ricana l’invocateur. Mais trêve de présentation, Hoshino Miki, est-ce ton dernier mot ? Es-tu prête à voir tes amis mourir sous les coups de mon Lindorm ? Ou préfères-tu qu’ils soient asphyxiés par les flammes de cette forêt ? »

La jeune fille, au lieu d’hésiter comme je le pensais, sourit et l’aura blanche qui l’entourait s’intensifia jusqu’à en devenir aveuglante. Amaterasu poussa un hurlement qui résonna dans la nuit et un flash de lumière nous éblouit tous.

Lorsque nous recouvrâmes la vue, les flammes avaient disparues et la forêt avait retrouvé son état d’origine, exactement comme avant l’arrivée du monstre de feu. Nos ennemis regardèrent ce spectacle tout aussi abasourdis que nous mais ne se laissèrent pas démonter et leur chef ordonna à son monstre de cracher une nouvelle rafale de flammes.

En moins d’une seconde, la forêt se remit à brûler et Amaterasu éteignit à nouveau le feu de la même manière, sans faire le moindre effort.

« Amaterasu n’est pas faite pour se battre…murmura Fuyuku, tremblante.

-Que veux-tu dire ? M’étonnai-je après avoir vu ses pouvoirs.

-Hinata, recule s’il te plait. »


https://www.youtube.com/watch?v=qIEk0U782rM


Une fois de plus, je ne compris pas ce qu’il se passait mais je m’exécutai sans faire d’histoire. L’aura dorée entourant Fuyuku lorsqu’elle se battait s’assombrit jusqu’à virer au noir et l’air crépita autour d’elle. Dans ses mains, je vis alors se former deux sphères sombres qui, en contact avec l’air, émettaient autant de chaleur que les flammes du monstre qui nous faisait face.

A ce moment, sans aucune explication rationnelle, écoutant uniquement mon instinct, j’attrapai la main de la rouquine et la sphère sombre disparut aussitôt tandis que ses yeux s’arrondir de stupéfaction et que je sentis mon énergie grandir à nouveau au fond de moi.

« Qu…Qu’est-ce que…Hinata…tu… »

Je ne la laissai pas finir sa phrase et je me jetai à l’assaut du monstre gigantesque sous les regards d’incompréhension de tous. Le Lindorm cracha une nouvelle rafale de flammes dans ma direction mais je réussis à l’esquiver en sautant sur l’une des branches à côté. Derrière moi, Hoshino para l’attaque une nouvelle fois sans aucun effort et je continuai mon ascension vers la bête.

Cette dernière tenta alors de m’asséner un coup de griffe mais je réussis à passer au travers et à m’accrocher sur sa patte. Le géant essaya tant bien que mal de se débarrasser de moi mais je tins bon.

« Hinata ! Il est beaucoup trop fort pour toi ! »

Cette phrase résonna subitement dans ma tête et me fit oublier où j’étais pendant une demie seconde, demie seconde qui me fut fatale car le monstre se jeta contre l’un des arbres et m’écrasa entre le tronc et sa patte.

Je hurlai de douleur alors que je m’écrasai sur le sol, soudainement vidé de mes forces, incapable de me relever alors que le familier géant était prêt à me griller sur place. L’invocateur éclata de rire et ordonna à son monstre de m’achever.

A quoi pensai-je donc en allant affronter de front un tel familier, moi qui ne savais même pas quels étaient mes pouvoirs ? Ma vie allait donc se terminer aussi rapidement parce que je m’étais senti pousser des ailes et que j’avais voulu jouer au héros ?…

Je voulais la gueule du Lindorm s’approcher de moi et je voyais déjà ses dents acérées me déchiqueter la peau mais, au lieu de ça, j’entendis un bruit de métal et une ombre passa furtivement devant moi.

« Pour un monstre, tu manques clairement de résistance ; railla Fuyuku qui s’était interposée entre nous et qui bloquait l’attaque avec son épée.

-Dé…Désolé…

-C’est tout ce que tu trouves à dire ? Tu m’en devras une quand on sortira de cette galère ! »

D’un mouvement ferme et rapide, Fuyuku se dégagea de l’emprise du monstre et lui planta l’épée dans la bouche. Ce fut au tour du Lindorm de lâcher un sifflement de douleur et de reculer vivement tandis que son maitre cracha du sang, comme s’il prenait les mêmes blessures que sa créature.

Sans lui laisser un instant de répit et vive comme l’éclair, mon amie entailla profondément les pattes du lézard qui fut obligé de reculer tandis que son maitre posa un genou à terre en grimaçant.

« Je déteste les amphibiens alors je vous conseille de déguerpir rapidement si vous ne voulez pas que le menu de la cantine de ce soir soit cuisse de grenouille !

-C’est une salamandre ; la corrigeai-je en grimaçant de douleur mais ne pouvant manquer cette occasion.

-Je ne t’ai rien demandé le monstre ! Rétorqua-t-elle, agacée. »

Les hommes profitèrent de notre petite dispute pour filer discrètement pendant que le Lindorm disparut purement et simplement dans une épaisse fumée noirâtre. Mais Fuyuku ne poursuivit aucun d’entre eux et se retourna vers moi d’un air inquiet et furieux également.


https://www.youtube.com/watch?v=uqsNNnVjyyA


« Hinata, tu es vraiment inconscient de t’attaquer à Lindorm de la sorte ; râla-t-elle.

-Que veux-tu, je ne sais rien de ce monde, je ne connais la puissance d’aucune de ces créatures…Lui répondis-je avec une autre grimace de douleur. »

Fuyuku voulut me prendre le bras pour prendre mon pouls mais à peine eut-elle effleuré ma peau que je me crispai.

« Et bien on dirait que maintenant tu sais que ce monstre était capable de te briser les os d’un seul coup de patte ; rétorqua-t-elle sur un ton de reproche. »

Hoshino s’approcha alors timidement de nous, son familier derrière elle, ne sachant visiblement plus quelle attitude avoir à ce moment précis. Mais avant que Fuyuku n’ait pu la questionner, la blonde se mit à genoux devant moi et posa son bras sur mon torse en fermant les yeux.

« H…Hinata…ne bouge pas, ça ne sera pas long…Bégaya-t-elle. »

La jeune fille fut à nouveau entourée de cette aura blanche et je sentis une chaleur douce et agréable de propager dans mon corps. Peu à peu, la douleur disparut et mes forces revinrent exactement telles qu’elles étaient avant le début de la bataille. Son œuvre terminée, Hoshino se releva et me tendit une main pour m’aider.

« C’est le pouvoir d’Amaterasu ; déclara-t-elle d’un air gêné. Mon familier peut guérir n’importe quelle blessure…

-Amaterasu, j’ai déjà entendu parler de ce familier dans les livres sur Savior…Lança Fuyuku d’un air sceptique. Mais alors comme ça, tu es son invocatrice Miki ? Je pensais pourtant qu’un tel familier était réservé aux dirigeants de Savior.

-Ce…Ce familier n’est pas à moi ; lui répondit la blonde en baissant les yeux. Il appartenait à ma mère, Hoshino Asuka auparavant…

-Hoshino…Asuka ; répéta Fuyuku, soudainement livide. Mais…

-Oui, mon père s’appelle Anko Yukito, chef de la branche Savior du Japon. »

La rouquine recula d’un pas, soudain tremblante, prête à recommencer à se battre s’il le fallait mais Hoshino se contenta de claquer des doigts et le grand loup blanc disparut dans une trainée de poussière scintillante, faisant également disparaitre la dernière source de lumière qu’il nous restait.

« Je suis désolée Yuki, Hinata, je n’avais pas l’intention de vous le cacher…mais j’avais peur que vous me rejetiez en sachant cela ; continua Hoshino d’une petite voix.

-Pourquoi aurions-nous fait cela ? Lui demandai-je intrigué. Nous faisons tous partie de ce monde, nous devons nous serrer les coudes au contraire !

-Parce que vous êtes des Espers et que je suis la fille du chef de Savior tout simplement. Je suis la monnaie d’échange parfaite pour une rançon…vous auriez même pu me voir comme une espionne… »

Fuyuku se détendit et soupira avant de s’avancer vers la jeune fille avec un léger sourire aux lèvres.

« Savior ou pas, je m’en fiche. Je ne fais pas partie de l’organisation ESP et Hinata n’est même pas un Esper, tu n’as rien à craindre de nous ; déclara-t-elle d’une voix douce. Et puis, d’après ce que j’ai pu comprendre, tu as quitté Savior toi aussi, non ?

-O…oui…on peut dire ça même si je me suis plus enfuie qu’autre chose…

-Mais ça ne change pas les faits que nous n’avons aucune raison de te vouloir du mal.

-Mais alors…pourquoi chassez-vous les Familiers dans la forêt si vous n’avez aucun lien avec ESP ? S’étonna la blonde, ayant repris un peu confiance en elle.

-Il parait qu’il faut cacher leur existence au monde donc voilà ; lançai-je en haussant les épaules.

-J’ai mes raisons personnelles et Hinata ne sait pas pourquoi il fait ça ; me corrigea la rouquine.

-En effet, je n’ai aucune idée de pourquoi je fais ça alors que je pourrais être dans mon lit à l’heure qu’il est ; soupirai-je en baillant. »

Hoshino rit de notre dispute et je souris à mon tour, content de retrouver la fille insupportable et moqueuse que je connaissais. Soudain, la blonde bailla à son tour et se frotta les yeux avant de s’écrouler sous le poids de la fatigue.

« Un familier tel qu’Amaterasu demande énorme d’énergie ; déclara Fuyuku en passant sa main sur le front de notre amie pour s’assurer que tout allait. Je crois qu’il est temps de rentrer, je commence moi aussi à fatiguer… »

Je pris alors la blonde sur mes épaules et nous nous mîmes en tête de sortir de cette forêt avant de retomber sur d’autres familiers…

Nous ne parlâmes pas sur le chemin, Fuyuku était bien trop épuisée et mon esprit bouillonnait de questions tournant en boucle dans ma tête. Quelle était cette énergie m’ayant envahi pendant que je combattais les Lindorms ? Et pourquoi avais-je été attiré par l’énergie que dégageait Fuyuku alors qu’elle s’apprêtait à attaquer le monstre ?

Mais ces questions disparurent assez rapidement lorsque je repensai à ce qui m’avait distrait et avait failli me couter la vie. Cette voix dans ma tête…était-ce une attaque de cet invocateur ou bien était un réel souvenir ? Et s’il s’agissait bel et bien d’un souvenir…de quand datait-il ? Qui avait prononcé ces mots ? Pourquoi ? N’étais-je qu’un simple familier créé par le professeur…ou ma vie était-elle plus compliquée que cela ?…

Nous finîmes par sortir de la forêt après dix minutes de marche et nous nous retrouvâmes dans le parc. Il faisait totalement nuit et on n’y voyait pas à dix mètres mais j’étais content de me retrouver sur une allée éclairée par la lumière d’un lampadaire et non par des flammes ardentes. La lune brillait dans le ciel sans nuage de la nuit, entourée de milliers d’étoiles.

Je posai délicatement Hoshino sur l’un des bancs et je m’assis à côté d’elle pour reprendre mon souffle, de même que Fuyuku. Nous restâmes là quelque temps, toujours sans dire un mot, n’écoutant que le silence de la nuit.

« Hinata, j’aurais une question te poser ; déclara soudainement mon amie sans me regarder.

-Une question ? Répétai-je intrigué.

-Pendant le combat tout à l’heure…qu’as-tu fait exactement ?

-Qu’est-ce que…j’ai fait ? Je me de suis battu et…

-Je parle du moment où tu as attaqué le Lindorm ; m’interrompit-elle.

-Je ne comprends pas moi-même…Avouai-je en baissant le regard. J’ai simplement eu le sentiment que c’était ce qu’il fallait faire et j’ai agi… »

Fuyuku fronça les sourcils, comme si ma réponse n’était pas celle qu’elle attendait mais ne s’attarda pas plus sur le sujet et se contenta de soupirer. Cependant, à ce moment précis, je me rappelai de ce qu’elle avait dit à Hoshino au moment où la jeune fille avait parlé de Savior et je ne pus m’empêcher de lui poser la question qui me brûlait les lèvres.


https://www.youtube.com/watch?v=OixZKhcq1fQ


« Au fait Fuyuku…tu dis toujours que tu te bats contre Savior pour des raisons personnelles mais…je ne comprends pas quelque chose : pourquoi n’as-tu pas attaqué Amaterasu ? »

La rouquine sursauta et me dévisagea d’un air craintif avant de se lever et de reporter son regard vers la lune blanche.

« Tu sais Hinata…je voue peut-être une haine absolue envers tous les monstres…mais Amaterasu…n’est pas un familier fait pour se battre ; me répondit-elle dans un murmure.

-Je ne comprends pas…que cherches-tu exactement à faire en chassant les familiers ? Tu les considères comme une menace ou quelque chose comme ça ? »

La rouquine se retourna vers moi et me lança un sourire teint par la tristesse.

« Les familiers…possèdent d’incroyables pouvoirs…des pouvoirs comme ceux d’Amaterasu permettant de guérir n’importe quel mal, des pouvoirs comme ceux de Lindorm qui pourraient alimenter en énergie ceux qui en maquent…et pourtant…je n’en ai jamais vu un seul œuvrer dans ce but…

-Mais Miki…

-Miki est peut-être l’exception qui confirme la règle ; me coupa-t-elle en posant son regard sur la jeune fille endormie à côté de moi. Mais il n’en reste pas moins que les invocateurs que j’ai connus par le passé n’agissaient pas comme elle. »

Fuyuku fit une pause dans son monologue et fit quelques pas vers la forêt avant de s’arrêter et soupirer.

« Les familiers ne sont pas une menace. Seuls leurs maitres le sont. Tu as bien vu les types dans la forêt, c’est exactement ce genre d’invocateur que je traque. Mais c’est pourquoi aussi j’ai pu t’accepter et que je n’ai rien tenté contre Amaterasu. Il n’en reste pas moins que tous les autres sont de potentielles machines à tuer…C’est pourquoi je leur fais la chasse, parce que je refuse que d’autres personnes soient tuées. »

Au moment où elle dit cela, un déclic se fit dans ma tête et je me sentis tout à coup mal pour la jeune fille en comprenant ses véritables motivations.

« Fuyuku…tu es comme Hoshino…n’est-ce pas ?

-On peut dire ça oui ; me répondit la jeune fille. Quand je dis que mes raisons sont personnelles, je ne mens aucunement. Je me fiche de Savior ou de la fondation. Je me bats uniquement par vengeance.

-La vengeance, hein ? Répétai-je dans un murmure, légèrement amusé, comme si j’avais emprunté ce chemin moi aussi… »

Je comprenais mieux à présent pourquoi elle avait monté ce club. En récoltant les témoignages des gens sous la couverture du club de mystères, il lui était plus simple de dénicher les familiers potentiellement dangereux et de les éliminer avant qu’ils ne fassent de victimes.

« Et…tes parents…comment sont-ils…

-Miki n’est pas la seule à avoir des liens directs avec son organisation, à la différence que mes parents n’étaient que de simples agents d’ESP. Quant à leur mort…comme la plupart de leurs collègues, tués en mission contre Savior.

-Et…c’est pour ça que tu as quitté la fondation alors ?

-On va dire que ça a été l’une de mes motivations, oui… »

Fuyuku semblait décidemment avoir vécu beaucoup de choses qui, contrairement à moi, lui avait forgé son caractère et sa personnalité. Et même si son passé n’avait rien de joyeux à l’écouter, je l’enviai sur un point : celui d’avoir eu une famille et un passé à raconter aux autres. Alors que moi, qu’avais-je dans ma mémoire à part ces bribes des souvenirs dont je n’avais même pas conscience et un club…

En repensant au club, je sautai de mon banc et je regardai de tous les côté, affolé en me rappelant de notre dernier membre.

« Attends Fuyuku…Je viens de penser à quelque chose…mais où est Daichi ? M’exclamai-je.

-Ah lui…bonne question, je n’en ai aucune idée ; me répondit-elle en haussant les épaules. Je l’ai laissé dans le parc avant de repartir dès que j’ai senti la présence des monstres. »

Je me pris la tête dans les bras, priant pour qu’il soit reparti au dortoir au lieu de suivre Fuyuku mais je n’avais pas vraiment le temps de penser à lui. Nous avions encore Hoshino et avec ces types rôdant dans les environs, il était beaucoup trop dangereux de la laisser seule pour le moment.

« Bon, maintenant, qu’est-ce qu’on fait pour Hoshino alors ?

-Et bien, à moins qu’elle n’accepte de dormir par terre, je ne pense pas pouvoir l’accueillir chez moi ce soir ; déclara Fuyuku d’un air ennuyé.

-Je ne pense pas que Tetsu accepte de la laisser au dortoir quant à moi…Surtout qu’il y a déjà Daichi…

-Ce n’est pas trop grave, je pourrai toujours le convaincre, il n’a pas l’air si terrible ton grand gaillard.

-Je te laisse te débrouiller dans ce cas ; soupirai-je, déjà fatigué rien qu’à imaginer les négociations. »

Nous attendîmes que l’intéressée se réveille quelques minutes plus tard puis nous lui exposâmes notre plan pour le soir. Evidemment, la jeune fille n’émit aucune protestation, d’abord parce qu’elle était d’accord avec nous pour le danger que représentaient les invocateurs mais aussi parce que cela semblait l’amuser de venir squatter ma chambre pour une raison qui m’échappait.

Lorsque nous arrivâmes aux portes du dortoir, je crus tout d’abord que nous pourrions passer inaperçus comme toutes les lumières étaient éteintes mais, alors que je m’assurai que tout le monde était couché, une ombre menaçante surgit de la loge du gardien et je tombai à la renverse devant le regard assassin de Tetsu.

« Alors Hikaru, c’est à cette heure-là qu’on rentre ? Me gronda-t-il en prenant un air furieux.

-Pardonnez-nous monsieur Tetsu mais Hinata a eu un léger contretemps ce soir ; intervint alors Fuyuku, nullement impressionnée.

-Ah oui ? J’espère qu’il est crédible pour revenir à une heure pareille, avec des filles dans le dortoir en plus !

-En fait, on se baladait et… »

Fuyuku fit taire Hoshino qui allait sortir quelque chose qui nous aurait tous condamnés d’un coup sur la tête et reprit la parole.

« En fait, Miki ici présente a provoqué un dégât des eaux chez elle en préparant le diner si bien qu’elle ne peut pas rentrer chez elle ce soir.

-Eh, je n’ai… »

Ce fut à mon tour de faire taire la blonde avant qu’elle n’aggrave la situation qui était déjà assez tendue à mon gout.

« Je ne peux pas l’accueillir chez moi malheureusement et Hinata est son dernier espoir si elle ne veut pas dormir dehors ce soir, dans le froid et exposée à tous les dangers de la nuit.

-Je sais bien tout ça jeune fille mais je ne peux pas la laisser dormir dans le dortoir des garçons, c’est contre le règlement…enfin je crois ; lui répondit le grand gaillard en se frottant le crâne d’un air coupable. En plus il ne reste qu’une seule place, et c’est dans ma chambre mais j’imagine que tu n’en voudras pas ?

-Oh non, surtout pas ; s’exclama Hoshino en se cachant derrière moi.

-Si tu es prêt à l’accueillir, je suis d’accord, du moment que vous ne faites pas de bêtise, c’est compris ? Ah oui, et je récupère ce fainéant de Sora par la même occasion…

-Marché conclu ! »

Nous scellâmes notre pacte en nous tapant dans la main et nous montâmes tous vers ma chambre dans laquelle je trouvai Daichi affalé sur son lit en train de ronfler paisiblement. En nous entendant rentrer, ce dernier sursauta et tomba au sol avant de pousser un cri de terreur en voyant qui m’accompagnait.

« On a fait un marché avec Hikaru, il t’a échangé avec cette fille, ce soir, tu dors dans ma chambre !

-Quo ? Hinata, pourquoi m’as-tu vendu pour elle ! Oh non…ne me dis pas…

-Je t’expliquerai une prochaine fois, mais pour le moment je suis assez fatigué, donc si tu pouvais sortir rapidement, ça m’arrangerait ; dis-je en baillant. »

Sans lui laisser le temps de protester, Tetsu empoigna Daichi par la taille comme un ballon de rugby et l’emmena avec lui de force. Je l’entendis gémir encore quelques instants puis tout redevint calme dans le dortoir alors que j’étais le dernier debout avec Fuyuku et Hoshino qui se demandaient à quoi elles venaient d’assister.

« Tu…tu es sûr que ça va aller pour lui ? S’inquiéta la blonde.

-Ne t’inquiète pas ; la rassurai-je. Tetsu a peut-être l’air rude, mais tout ce que Daichi risque, ce sont des histoires assommantes jusqu’à minuit.

-En tout cas, je vais vous laisser tous les deux. Le monstre, si tu tentes quoique ce soit, sois sûr de retrouver ton cadavre dans la mer demain, c’est bien compris ? Me menaça la rouquine en me lançant un regard noir.

-Je te signale que c’est toi qui a proposé cette idée…Rétorquai-je, lassé.

-Et ne me le fais pas regretter. Sur ce, je repasserai demain pour voir si tout va bien. »

Fuyuku s’éclipsa à son tour, ce qui ne laissa plus qu’Hoshino et moi dans le couloir. La jeune fille semblait étrangement calme cette fois-ci mais je la comprenais après ce que nous avions vécu. Je tentai donc de lui changer les idées en lui parlant de tout et de rien, de la vie au dortoir, de mon arrivée en ville et même de ma nature de familier libre, ce qui occupa une bonne partie de la conversation. Hoshino était décidemment beaucoup plus indiscrètes que Fuyuku sur ces questions mais cela ne me dérangeait pas d’en parler maintenant que je savais qu’elle faisait partie du même monde que moi.


https://www.youtube.com/watch?v=jLFg30ACkY0


« Tiens, ça me rappelle une histoire que ma mère me racontait quand j’étais petite ; déclara-t-elle soudain à propos de ma nature. Il parait qu’à une époque, les familiers n’étaient pas liés aux humains !

-Vr…Vraiment ? Bégayai-je, interdit. Dans ce cas, que s’est-il passé ? Pourquoi maintenant tous les familiers sont-ils liés aux humains ?

-Je ne sais pas et puis, ce n’est qu’une légende parlant de l’antiquité ; me répondit-elle d’un air amusé. Je ne suis pas même pas certaine qu’elle soit vraie. En tout cas, ma mère y croyait dur comme fer ! C’est peut-être pour ça que j’ai ressenti que tu étais différent dès le premier jour où nous nous sommes vus !

-Tu avais l’air très proche de ta mère…murmurai-je, envieux.

-Pas tellement en fait. Ma mère était membre de Savior comme mon père et elle avait elle aussi un rôle assez important, si bien qu’elle n’avait pas vraiment le temps de s’occuper de moi quand j’étais petite…

-Des parents…qui privilégient leur travail à leurs enfants…murmurai-je, compatissant comme si j’avais moi-même vécu ça.

-Enfin, elle ne privilégiait pas vraiment son travail, au contraire. Elle s’assurait de me tenir éloignée de toute menace en étant constamment en mission pour attirer l’attention sur elle, mais c’est peut-être aussi ce qui a causé sa perte… »

Hoshino marqua une pause et prit le pendentif qu’elle portait à son coup dans ses mains et le regarda avec un sourire mi amusé, mi triste avant de reprendre.

« Un jour, la fondation a attaqué ma mère et mon père et elle s’est sacrifiée pour le protéger.

-Mais…Amaterasu…n’appartenait-elle pas à ta mère ? Je croyais qu’elle pouvait soigner toutes les blessures.

-Oui, en théorie mais pas cette fois et elle a succombé à ses blessures sous les yeux de mon père, impuissant. J’ai hérité de son familier, Amaterasu, il porte tous ce en quoi ma mère croyait, la paix, un monde plus beau, libéré de toute souffrance… »

Hoshino marqua une autre pause alors que sa voix se brisait tandis que je restai sans voix devant son récit, ne trouvant ni les mots, ni l’attitude à avoir dans ce genre de situation, ne l’ayant jamais vécu moi-même.

« Savior…ne comporte aucun de ces idéaux et c’est pourquoi ma mère comptait les quitter en m’emmenant avec moi…

-C’est donc pour ça que tu t’es enfuie ? Terminai-je pour elle. Pour continuer le rêve de ta mère à sa place ?

-Peut-être…Je ne le sais pas moi-même à vrai dire, je voulais simplement…fuir ce monde auquel je n’appartenais pas, auquel je ne voulais pas appartenir…

-Tu sais, je ne pense pas que fuir soit la bonne solution…Lâchai-je soudainement. »

Les yeux d’Hoshino se voilèrent de tristesse et je grimaçai, soudain honteux d’avoir dit cela. Qui étais-je pour penser cela alors que je n’avais aucune idée de comment elle avait vécu la mort de sa mère ?

« -Désolé, ce n’est pas…

-Non, tu as raison Hinata, et je le sais très bien…

-Alors, pourquoi continues-tu ?

-Parce que…je veux pouvoir vivre ma propre vie, pas celle que L’Organisation a prévue pour moi. »

Je compris aussitôt où la jeune fille voulait en venir. Si le professeur m’avait obligé à faire ce qui lui plaisait malgré ma nature, au lieu de me laisser libre, j’étais persuadé que, comme elle, j’aurais fui son laboratoire. Je ne pouvais que partager ce sentiment d’enfermement qu’elle avait dû vivre au sein de Savior, moi qui craignais souvent qu’on m’ait menti sur ma nature…

« Tu n’as plus à fuir maintenant Hoshino ; déclarai-je soudain avec un sourire chaleureux. Fuyuku et moi sommes là désormais et nous n’appartenons ni à Savior, ni à la fondation.

-Oui, j’ai eu de la chance de vous trouver. Même si je ne sais pas ce que j’aurais fait si vous aviez été des ennemis…

-Tu aurais fui j’imagine.

-Eh, ce n’est pas sympa ça ! Je ne fais pas que fuir dans la vie ! Protesta-t-elle. »

Nous éclatâmes de rire en même temps avant d’entendre quelqu’un dans la chambre voisine taper sur le mur pour nous indiquer qu’il était plus que temps d’aller nous coucher.

Avant de m’endormir, mes pensées allèrent à mes deux amies. J’avais encore du mal à croire qu’à mes côtés se trouvaient une ancienne membre de chaque organisation. Etrangement, je me sentais vraiment proche d’elles alors que je n’avais pas de famille, moi un familier…Cependant, je me demandais si Fuyuku et Hoshino n’étaient que des cas isolés ou si tous les membres de Savior et d’ESP avaient perdu des membres qui leur étaient chers à cause de cette guerre que les deux camps se livraient dans l’ombre…


https://www.youtube.com/watch?v=zQaF_0Y3gxA


Un grand bâtiment blanc se trouvait devant moi et à côté, il y avait une petite chapelle devant laquelle jouaient des dizaines d’enfants sous l’œil attentif d’une femme qui regardait tout le monde d’un air amusé.

Je me trouvai un peu à l’écart du groupe, assis sur une balançoire et sur un banc en face de moi, il y avait un autre garçon ayant l’air un peu plus âgé que moi à en juger par sa taille mais je n’arrivai pas à distinguer son visage, caché par une sorte de brume.

« Eh Hinata, tu es sûr que tu ne veux pas rejoindre tout le monde ? Les autres ont l’air de bien s’amuser ! »

Je lui répondis d’un simple signe de tête et il soupira.

« Tu es vraiment désespérant tu sais. Pas étonnant que je sois ton seul ami.

-C’est faux, il y a Kagi aussi ; rétorquai-je d’une voix monocorde.

-Si tu veux, deux amis.

-Et Saori.

-Ta sœur ne compte pas Hinata ! Rétorqua le garçon. En plus, tu peux me dire quand elle est venue te voir pour la dernière fois ? »

Je ne répondis rien et me contentai de détourner le regard.


Un rayon de soleil chaud me réveilla en me caressant la joue. Cependant, je ne me levai pas tout de suite et je restai dans mon lit, pensif. J’avais encore fait un rêve s’apparentant à un souvenir enfoui dans ma mémoire…sauf que cette fois-ci, il remontait à une époque que je n’aurais pas dû connaitre en tant que familier, mon enfance.

Mais plus étrange que tout, dans ce rêve, j’avais évoqué une sœur. Si j’avais été humain par le passé comme le laissaient suggérer ces rêves et j’avais réellement de la famille quelque part dans ce monde…pourquoi n’en avais-je aucun souvenir ? Etait-elle à ma recherche ? Mais surtout, comment étais-je devenu un familier ? Comment m’étais-je retrouvé dans le laboratoire du professeur ce jour-là ?

L’heure n’était plus aux questions. Il me fallait des réponses désormais. J’en étais persuadé, je n’étais pas ce familier libre que le professeur me faisait croire. J’avais été humain et je comptais bien percer le mystère de ma transformation le plus vite possible.





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic]Le Dernier Esper posté le [21/04/2017] à 18:13

Chapitre 6 : Amnésie



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=7Hcq71AJQns


Après dix minutes passées dans mon lit avec l’esprit encore embrumé et rongé de questions, je me souvins soudain que j’avais une invitée et je regardai vers le lit de Daichi mais il était vide. Me disant qu’Hoshino était sûrement déjà descendue, je m’habillai rapidement, avec un simple sweat, un jean et des baskets avant de prendre la direction du réfectoire.

Je repérai rapidement la jeune fille assise à ma place habituelle, à côté de Daichi, tous deux semblant bien s’amuser en mon absence sous les regards intrigués des autres résidents à la vue d’une fille dans le dortoir et je m’empressai de les rejoindre.

« Hinata, tu es bien matinal dis-moi ; railla Daichi en me montrant sa montre.

-J’ai pu dormir moi au moins ; répliquai-je à la vue de ses cernes.

-Ne te moque pas de moi, c’était affreux ! Non seulement il m’a parlé toute la nuit de catch, mais en plus, il ronfle ! S’il te plait Hinata, laisse-moi revenir, je t’en supplie ! Gémit le blondinet en se mettant presque à genoux.

-Ne t’inquiète pas Daichi, je vais mieux aujourd’hui, tu vas pouvoir reprendre ta place ; lui répondit Hoshino avec un grand sourire qui me confirma qu’elle avait repris des forces.

-Tu es sûre de toi ? Ce n’est pas trop dangereux ? Il serait peut-être plus prudent que je te raccompagne non ? »

Hoshino accepta ma proposition avec plaisir, ce qui me laissa entendre que ces types étaient peut-être encore dans les parages et qu’il fallait que je me tienne prêt à les affronter.

Fuyuku se pointa vers onze heures du matin, la mine rayonnante. Apparemment, les combats de la veille ne l’avaient pas fatiguée le moins du monde. Elle semblait même encore plus agitée que d’habitude…

Lorsque Daichi lui demanda ce qu’il s’était passé dans la forêt après son départ, la rouquine lui répondit simplement que nous nous étions perdus…ce que je ne pouvais pas contredire puisque je n’avais pas de meilleure excuse et mon camarade de chambre ne rata pas cette occasion pour se moquer de moi.

« Et puisque vous vous êtes perdus, vous avez bien croisé une ou deux créatures étranges, non ? Nous demanda-t-il.

-Malheureusement non, il n’y avait rien du tout ; lui répondis-je aussitôt. J’ai comme l’impression que ce que nous faisons ne sert à rien…

-Allez Hinata, ce n’est pas parce qu’on a essuyé un échec qu’il faut renoncer, je suis certaine qu’il y a encore des tas de monstres dans la forêt qui n’attendent que nous ! S’exclama Fuyuku, enthousiaste.

-Personnellement, ça me va très bien si nous n’en croisons aucune…Lança Fuyuku d’une voix trahissant sa peur.

-Pas de chance pour toi Miki, mais j’ai acheté le journal d’aujourd’hui et regardez ça ! »

La rouquine nous mit sous le nez le quotidien de la ville sur lequel figurait en première page une grande ombre d’un animal volant dans le ciel, possédant des ailes immenses me faisant penser à celles des reptiles volants préhistoriques. La description en dessous donnait une prime à ceux qui arriveraient à capturer cette créature inconnue…

« Alors, prêts à repartir chasser du monstre ? Nous demanda Fuyuku.

-Très peu pour moi, j’ai assez donné hier ; lui répondis-je en baillant. »

Cette réponse me valut un coup de journal sur la tête et la jeune fille m’agrippa par la capuche avant de m’entrainer à l’écart du groupe.

« Eh le monstre, je te rappelle que nous n’avons pas le choix ; me murmura-t-elle en me lançant un regard noir. Si quelqu’un découvre ce familier avant nous, je ne te dis pas les problèmes qu’on aura sur le dos !

-Mais…il doit bien y avoir des gens qui s’occupent de ça en dehors de nous, non ? Fis-je remarquer.

-Oui, mais je préfère qu’ils ne s’emmêlent pas ; me répondit Fuyuku en se mordant la lèvre.

-Pourquoi donc ? Si ce sont des professionnels, il n’y a aucune raison de craindre…

-Ne discute pas le monstre ! Si je te dis qu’il faut détruire ce familier le plus vite possible, c’est qu’il y a une raison ! »

Je soupirai et me frottai les yeux, déjà fatigué alors que la journée venait à peine de commencer. Au moins, cette fois-ci, il faisait jour, ce qui allait nous éviter de tourner en rond dans la forêt pendant des heures. Cependant…ce n’était vraiment pas prudent pour Hoshino de repartir en exploration avec ces types dans les parages et je fis part de cela à Fuyuku qui croisa les bras sur sa poitrine pour réfléchir.

« Dans ce cas, laissons Hoshino hors de cette histoire pour le moment et laissons-là avec ton boulet. De toute façon, une créature de cette taille ne devrait pas être difficile à repérer, nous serons revenus bien assez tôt pour la raccompagner chez elle. »

Ne trouvant plus d’objection, je me contentai d’acquiescer et nous retournâmes au réfectoire pour faire part du plan aux deux autres membres du club. Même si Hoshino comprit immédiatement pourquoi il valait mieux qu’elle reste au dortoir et qu’elle ne demandait rien de mieux, Daichi fut plus dur à convaincre mais, après dix minutes de lutte acharnée, Tetsu surgit de nulle part prit le relais et embarqua le blond derrière les fourneaux pour le diner du soir.

« Hinata, Yuki, soyez prudents, ce familier appartient aux mêmes hommes qu’hier ; nous prévint Hoshino alors que nous nous apprêtions à partir.

-Ne t’inquiète pas Miki, on ne m’appelle pas la chasseuse pour rien ! Lui répondit Fuyuku en serrant le point avec un sourire confiant. Et puis, j’ai le monstre avec moi pour m’aider au cas où !

-Sérieusement, qu’on en finisse rapidement. Ces histoires commencent sérieusement à me fatiguer…

-Oh mais ce n’est que le début, attends de tomber sur des familiers comme le Kasaï Rex ou le Léviathan et tu verras ce qui est fatigant ; lança Fuyuku d’un ton mi ironique, mi menaçant. »

Sur ces paroles rassurante, Hoshino nous souhaita bonne chance et nous prîmes, comme la veille, la direction de la forêt. A cette heure-ci, il y avait du monde dans le parc, surtout par un temps aussi ensoleillée mais nous ne nous arrêtâmes pas pour piqueniquer et nous continuâmes notre chemin vers la partie non balisée de la forêt.


https://www.youtube.com/watch?v=lcHTDY6HSPI


Visiblement, nous n’étions pas les seuls à avoir été mis au courant de l’existence du familier et quelques rares téméraires s’étaient également aventurés avant nous dans la forêt mais cela ne sembla pas gêner Fuyuku.

Pendant une bonne partie du trajet, j’hésitai à lui faire part de mes doutes sur mon identité ainsi que sur mes souvenirs brumeux mais j’avais peur que quelqu’un que j’aurais manqué nous entende et je m’abstins donc pour le moment.

Nous marchâmes jusqu’à midi en nous enfonçant toujours plus profondément dans la forêt sans croiser l’ombre d’un familier ni d’un animal. Tout était calme…un peu trop calme même. Je n’entendais aucun oiseau et ne voyais aucun insecte alors que cette partie était censée être totalement sauvage.

Fuyuku dut faire le même constat que moi car cette dernière s’arrêta et regarda le ciel à travers l’épais talus de feuilles en fronçant les sourcils.

« Hinata, je crois qu’il est temps de prendre un peu de hauteur ; déclara-t-elle. »

Avant même que je n’aie eu le temps de m’étonner de sa phrase, la rouquine fut entourée de son halo d’énergie doré et, d’un seul bond, atteignit la cime des arbres, dix mètres plus haut, en se réceptionnant parfaitement.

Lorsque je vis cela, je refusai de rester derrière et je concentrai mes forces dans mes jambes. Comme à chaque fois, mon cœur s’accéléra, mon sang bouillonna dans mes veines et je tentai de la rejoindre…sans succès. Mon saut ne me porta qu’à une branche à un mètre au-dessus du sol et je dus escalader péniblement pour la rejoindre à la cime de l’arbre.

Lorsque je fus enfin à sa hauteur, j’étais épuisé et mon front était couvert de sueur alors que la jeune fille me regardait avec amusement, debout sur sa branche.

« Alors le monstre, on est incapable de me suivre ? Railla-t-elle.

-Tais-toi…un peu…Haletai-je. Et puis d’abord…quelle idée de monter ici ?

-On cherche un oiseau non ? Ce n’est pas en restant à terre que nous le trouverons.

-Un truc aussi gros, je vois mal comment on pourrait le rater…

-On parle d’un familier. Lorsqu’il n’est pas relâché pour l’espionnage, il n’a aucune raison d’être au sol. Notre seule chance de le trouver est d’observer le ciel depuis ici. »

Sur ces mots, Fuyuku s’assit sur sa branche et sortit un sandwich de sa poche pour le déjeuner et je me rappelai soudain que je n’avais pas pensé à ce détail alors que mon estomac criait famine et je me contentai d’observer le paysage…

De notre position, nous pouvions voir toute la ville, ainsi que la mer et les montagnes l’entourant au loin. Je me demandais bien ce qu’il pouvait y avoir de l’autre côté. Je n’avais jamais vraiment pensé à regarder sur une carte mais ces montagnes m’intriguaient vraiment.

Elles n’étaient pas très hautes mais les parois étaient particulièrement escarpées, ce qui rendait les routes très difficiles. De plus, il n’y avait pas de plateau, simplement des parois rocheuses, comme un mur infranchissable séparant les deux côtés.

« C’est vraiment une belle ville ; déclara soudain Fuyuku.

-Au fait Fuyuku, je ne t’ai jamais demandé mais pourquoi es-tu dans cette ville ? Ce n’est pas simplement pour chasser du familier puisque tu as pris la peine de t’inscrire à l’école. »

La jeune fille baissa la tête vers son sandwich et un léger sourire amusé s’inscrivit sur sa figure.

« Tout simplement parce que c’est ici que mes parents se sont rencontrés ; me répondit-elle.

-Tes parents ?

-Oui. Avant d’entrer au sein de la fondation, mes parents ont fait leurs études ici et nous sommes venus souvent ici pour les vacances avant que je ne développe mes pouvoirs. Je passais beaucoup de temps avec les enfants de l’orphelinat je me souviens, je m’amusai bien.

-Il y a un orphelinat en ville ? M’étonnai-je.

-Oui, à côté d’une petite chapelle. »

Mon sang se glaça dans mes veines lorsque j’entendis cela. Non…il ne pouvait pas s’agir du même endroit que dans mon rêve tout de même…A moins que je sois déjà passé devant sans y faire attention et que je l’aie intégré dans mon rêve mais…ce n’était pas un rêve. C’était un souvenir, j’en étais persuadé.

D’un bond, je me relevai, oubliant que j’étais assis sur un branche et je faillis faire une chute mortelle de dix mètres mais je me rattrapai juste à temps.

« Fuyuku, est-ce que tu pourras me conduire à cet orphelinat après ? M’exclamai-je.

-Euh…oui mais je crois qu’il a été fermé depuis le temps donc…

-Ce n’est pas grave, j’ai simplement besoin de le voir !

-Tu es sûre que tout va bien Hinata ? Tu es tout pâle tout à coup. Peut-être que nous devrions redescendre et… »

La jeune fille n’eut pas le temps de terminer sa phrase car, au même moment, un long cri strident retentit au loin et je vis des dizaines d’oiseau effrayés s’envoler. Une seconde plus tard, à l’autre bout de la forêt, je vis une grande ombre s’élever dans le ciel, exactement comme sur la photo sauf que je pouvais discerner les traits de la créature. Comme je l’avais deviné, il s’agissait bien d’un reptile volant préhistorique, à l’exception que ses pattes arrière avaient été remplacées par une autre paire d’ailes, plus petites.

La créature était beaucoup trop loin pour que nous puissions l’atteindre et se dirigeait vers les montagnes. Fuyuku jura en voyant cela mais sortit néanmoins son portable pour prendre une photo de la créature avant qu’elle ne disparaisse derrière l’horizon.

« Eh, qu’est-ce que tu fais ? Je croyais que notre but était de prouver qu’il n’existait pas !

-Justement, je ferai un montage photo quand je serai rentrée, ça devrait détourner l’attention pendant un petit moment, le temps de retrouver cette créature et son invocateur. »

Frustrée, la rouquine sauta de la branche et atterrit sur le sol tout en douceur. Quant à moi, je ne risquai pas une seconde fois d’utiliser mes pouvoirs et je descendis prudemment, branche par branche, jusqu’à atteindre le sol.

« Bon, c’est raté pour cette fois mais au moins, nous savons que ce n’est pas qu’une rumeur, c’est déjà ça ; déclara Fuyuku.

-Dis, ça t’arrive souvent ce genre de chose ?

-Plus que tu ne le crois mais on ne peut pas réussir à chaque fois ; me répondit-elle en haussant les épaules.

-Quand on t’entend parler, j’ai vraiment l’impression d’entendre un chasseur…

-Même si officiellement je n’en ai pas le titre ni la formation, j’ai appris sur le terrain on a dire. Après une année à ne faire que ça, on finit par savoir deux ou trois trucs. Mais bon, c’est raté, on aura sûrement plus de chance la prochaine fois et puisqu’il est encore tôt, je pense que nous avons le temps de visiter l’orphelinat. »

Non content de ne pas avoir à me battre cette fois-ci et de sortir de cette forêt en vitesse, j’acquiesçai aussitôt.

Nous retournâmes donc dans le parc, beaucoup plus sereins désormais que nous savions que le familier s’était éclipsé pour le moment et Fuyuku prit à partir d’ici la tête et je la suivis à travers la ville.

« Au fait le monstre, tu es sûr que tu veux garder ton boulet dans le club ? Si nous n’étions que trois, les choses seraient bien plus simples ; déclara Fuyuku sur le chemin.

-N’oublie pas qu’à trois, nous ne pourrons pas pratiquer nos activités ; lui fis-je remarquer. Et malgré tout, il est utile Daichi.

-Vraiment ? Et en quoi ? »

Je ne répondis rien pendant quelques secondes, le temps de lui trouver une véritable utilité.

« C’est un témoin ! Déclarai-je alors.

-Un…Témoin ? Répéta Fuyuku, sceptique.

-Oui, tu sais bien, la personne qui est là pour confirmer qu’elle n’a rien vu de bizarre parce qu’elle était avec nous ! »

La rouquine croisa les bras sur sa poitrine, peu convaincue par mon argument.

« Mais pourquoi est-ce que tu veux t’en débarrasser à ce point ? M’étonnai-je.

-Parce que c’est un boulet évidemment ! Si un jour nous tombons dans une embuscade et qu’il est avec nous, ça va être impossible de le défendre ! Rétorqua-t-elle en haussant la voix.

-Oui, je vois ce que tu veux dire mais…

-Lorsque ça arrivera, ça sera ta responsabilité Hinata ; me coupa-t-elle. »

Après cela, nous ne dîmes plus un mot pendant le reste du trajet. Je pouvais comprendre le point de vue de Fuyuku qui était certainement plus sage que le mien, mais j’avais de la peine pour Daichi et je n’avais pas la force de le laisser sur la touche alors qu’il l’était déjà à l’école…

Nous marchâmes pendant une bonne dizaine de minutes dans des quartiers que je connaissais assez mal jusqu’à arriver en périphérie. Là, il n’y avait que peu d’habitations et elles semblaient bien plus rustiques que les belles maisons du centre.

Le nombre de personnes que nous croisions avait également grandement diminué, de même que les voitures sur la route qui menait aux montagnes.

Finalement, je vis le clocher de l’église s’élever au-dessus des habitations et un vieux bâtiment à l’abandon se dessina à l’horizon. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Tout était exactement comme dans mon rêve, à l’exception des barrières de sécurité mais je revoyais parfaitement cette femme assise sur les marches de l’église, observant les enfants s’amuser avec un sourire aux lèvres.

Cependant, l’endroit qui m’avait paru si accueillant dans mon rêve me faisait froid dans le dos maintenant qu’il était abandonné. L’herbe du parc poussait de manière anarchique et commençait à empiéter sur la pierre composant le grand bâtiment aux portes et vitres closes.

Nous nous arrêtâmes devant les grilles et, lorsque j’essayai de les pousser pour rentrer, je reçus un violente décharge électrique qui me fit reculer instantanément.

« C’est vraiment dommage qu’ils aient fermé cet endroit sans rien en faire par la suite mais bon, peut-être était-ce mieux ainsi ; déclara Fuyuku d’un air nostalgique.

-Et est-ce que tu sais pourquoi ils l’ont fermé par hasard ? Lui demandai-je tout en cherchant un moyen de rentrer.

-Officiellement, la femme qui s’en occupait serait tombée malade et personne n’aurait repris le flambeau après elle.

-Officiellement ? Tu penses que ce n’est pas ça ?

-Evidemment que ce n’est pas ça ! rétorqua la rouquine. Lorsque je suis revenue l’année suivant la fermeture, mon père a eu vraiment une drôle d’expression et nous a éloignés de cet endroit aussitôt. Comme si…comme s’il avait eu peur de quelque chose quand j’y repense… »

Fuyuku croisa les bras sur sa poitrine et commença à taper du pied sur le sol comme à chaque fois qu’elle se mettait à réfléchir tandis que je continuais à chercher du regard un passage pour rentrer dans cet endroit qui m’intriguait tant.

« Mais oui, c’est ça ! S’exclama soudain mon amie en me faisant sursauter.

-Tu as compris quelque chose ? »

Pour toute réponse, la jeune fille posa un genou à terre, toucha le sol d’une main et ferma les yeux tandis que son corps fut à nouveau entouré de ce halo doré. Cependant, alors que je m’apprêtai à lui demander ce qu’elle faisait, je vis des tâches sombres apparaitre au sol, comme des traces de pas à moitié effacées et se dirigeant tout droit vers la chapelle.

« C’était donc ça…marmonna Fuyuku en se relevant. »

La jeune fille se tourna vers moi d’un air sérieux tout en matérialisant son épée dans sa main.

« Hinata, je crois que nos recherches d’aujourd’hui ne sont pas terminées ; déclara-t-elle gravement.

-Tu veux dire qu’il y a des familiers ici ? M’étranglai-je.

-Je ne sais pas. Les familiers laissent des traces d’énergie sur leur passage et il m’est très difficile de les dater. Cependant…oui, des familiers sont venus ici.

-C’est donc comme ça que tu réussis à repérer les familiers ? Grâce à leur énergie ? M’étonnai-je.

-Oui, c’est une technique de base utilisée par les chasseurs. Si tu veux, je t’apprendrai un jour mais pour le moment, j’ai besoin de confirmer quelque chose. »

Sans rien ajouter, Fuyuku tenta de sauter au-dessus de la barrière comme elle l’avait fait dans la forêt mais contre toute attente, elle se heurta à un mur invisible qui l’obligea à retomber à côté de moi, frustrée.

« Je ne sais vraiment pas ce qu’il s’est passé ici, mais apparemment quelqu’un ne tient pas à ce qu’on le sache ; grimaça-t-elle.

-Et qu’est-ce que c’était que ça cette fois ?

-Un mur d’énergie. Une sorte de barrière érigée par les invocateurs pour repousser les Espers et les familiers. Mais je me demande vraiment pourquoi une telle barrière a été placée ici… »

N’ayant pas de réponse, j’activai à mon tour mes pouvoirs et je m’approchai à nouveau de la barrière électrique, pensant que j’allais pouvoir forcer le passage en faisant abstraction de l’électricité grâce à mes capacités de familiers.

Une fois de plus, j’attrapai les barreaux du grand portail et je reçus une décharge, cette fois-ci beaucoup plus faible tandis que je sentais ma force s’accroitre soudainement. En une seconde, je réussis à ouvrir un passage suffisamment large pour nous permettre de passer, sous le regard exorbité de Fuyuku.

« Tu…Tu…Comment as-tu fait ça ? Bégaya-t-elle, interdite.

-Aucune idée, mais c’est ouvert donc autant y aller non ? »


https://www.youtube.com/watch?v=e_C2DqC4kR8


Je fus le premier à entrer et la rouquine me suivit. Aussitôt de l’autre côté, un frisson me parcourut l’échine tandis que mon cœur s’accéléra encore maintenant que j’étais à l’intérieur. Il n’y avait plus aucun doute : j’avais déjà vu le tableau qui s’offrait à moi. Je ne savais plus quand ni pourquoi mais je connaissais cette vue d’ensemble sur le grand bâtiment et la chapelle.

« Hinata, je ne sais pas ce qu’on va trouver ici mais reste sur tes gardes ; me lança Fuyuku en serrant son épée. Je sens que quelque chose ne tourne pas rond ici. »

J’avais moi aussi cette impression et je ne désactivai donc pas mes pouvoirs pour être paré au combat à n’importe quel moment.

Nous avançâmes prudemment dans le parc couvert de feuilles mortes et de mauvaises herbes, à l’affut du moindre mouvement, du moindre bruit suspect mais tout comme dans la forêt, un silence de mort régnait.

Plus nous avancions dans le parc et plus l’atmosphère devenait pesante. J’avais constamment l’impression d’être épié mais, lorsque je levai la tête, je ne voyais rien, pas même un oiseau.

Fuyuku suivit les traces de pas qu’elle avait fait apparaitre jusqu’à la chapelle où ces dernières disparaissaient mystérieusement. Cependant, à l’endroit même où elles s’arrêtaient, le sol semblait légèrement brûlé et l’herbe n’avait pas repoussé, formant un trou assez visible au milieu de la pelouse de mauvaises herbes.

« Apparemment, il y a eu un combat par ici et les familiers ont été éliminés ici ; dit Fuyuku d’un air sceptique. Cependant, je n’arrive pas à déterminer si ces traces datent d’avant ou d’après la fermeture… »

Au lieu d’écouter les considérations de la jeune fille, mon esprit était captivé par la chapelle devant laquelle nous nous trouvions. Contrairement au reste de l’endroit, le temps ne semblait pas l’avoir beaucoup affectée et seules quelques brins d’herbes poussaient à travers les marches.


https://www.youtube.com/watch?v=eIqxHpK97m4


Sans savoir pourquoi, comme attiré par cet endroit, je poussai les deux lourdes portes qui s’ouvrirent en grinçant. L’intérieur de la chapelle n’avait rien d’exceptionnel. Les bancs étaient encore en place, les vitraux laissaient passer la lumière et même l’autel était intact.

Je m’avançai lentement dans la nef, perdu dans mes pensées. Je ne savais pas si c’était parce que cette chapelle n’avait rien de spécial ou parce que j’étais déjà venu ici mais je connaissais cet endroit.

Je m’arrêtai à la croisée du transept, juste devant l’autel sur lequel était encore disposée une nappe et les bougies, comme avant une cérémonie lorsque soudain, je fus pris d’un mal de crâne tellement intense que je fus obligé de poser un genou à terre et de me prendre la tête dans les bras en fermant les yeux.

Un flot incontrôlable d’image défila alors dans mon esprit. Je me vis, enfant, dans cette chapelle, avec la femme à côté de moi qui me souriait simplement puis dans une chambre avec le garçon que j’avais vu en rêve, vint ensuite une jeune fille me ressemblant comme deux gouttes d’eau ainsi qu’une autre, plus jeune se tenant à mes côtés. La dernière image qui me traversa l’esprit fut celle d’une créature immonde se jeter sur moi alors que je tentais de m’enfuir.

Lorsque tout s’arrêta, j’étais haletant, en sueur, les yeux ronds fixant désespérément le sol de pierre de la chapelle. J’avais raison. Je n’avais pas toujours été un familier. J’avais eu une vie avant cela, une vie dans cette ville, plus précisément cet orphelinat.

Encore tremblant, je tentai de me relever et je regardai autour de moi ce lieu qui m’était si familier et si inconnu à la fois. Que s’était-il passé ici ? Où étaient passées toutes ces personnes que j’avais connues ?

« Hinata, il y a un problème ? Résonna soudain la voix de Fuyuku depuis l’entrée de la chapelle. »

Je ne répondis pas immédiatement et elle s’approcha de moi, inquiète avant de se figer et de regarder frénétiquement de tous les côtés en fronçant les sourcils. Je ne compris pas tout de suite sa réaction jusqu’au moment où Fuyuku dégaina son épée.


https://www.youtube.com/watch?v=4Dy_EsPsOoM


J’eus juste le temps d’entendre un bruit de métal avant de voir une dague se planter dans le sol juste à côté de mon amie.

Je levai la tête vers la voute et je vis alors une ombre se mouvoir près de l’orgue. Vive comme l’éclair, Fuyuku ramassa la dague et la projeta dans cette direction mais la chose avait déjà disparu de notre champ de vision et l’arme rebondit simplement sur les hauts tuyaux de l’instrument.

« Ne trainons pas ici le monstre. »

La rouquine m’attrapa par le bras et me traina à l’extérieur sans perdre une seconde. Tout mon corps me faisait souffrir après ces visions mais je tentai de le cacher et de suivre le rythme.

Cependant, nous nous arrêtâmes brusquement sur les marches de la chapelle. Devant nous se tenait un homme, seul, au visage balafré, à la barbe mal rasée et aux cheveux grisonnant coupés au carré. Dans sa main se trouvaient trois autres dagues comme celle que Fuyuku avait déviée.

Mais même en faisant abstraction de ses armes, je sentais que quelque chose n’allait pas…exactement comme le jour où j’avais rencontré Fuyuku.

Lorsque je me rendis compte de cela, il ne me fallut pas plus d’une seconde pour comprendre quel était le genre de personne qui me faisait face et je me crispai, sachant que le combat allait être inévitable puisque j’étais un familier et lui un chasseur…

« Un familier et une Esper associés ? J’aurais tout vu dans ma carrière ; s’amusa l’homme.

-Evidemment, ce n’est pas en restant à la solde de la fondation que vous allez découvrir le monde, chasseur ; rétorqua Fuyuku ironiquement.

-Oh, aurais-je l’honneur de faire face à une déserteuse ?

-Traitez-moi de tous les noms, je n’ai plus rien à faire avec la fondation. Cependant, je suis étonnée de voir un chasseur ici alors qu’il n’y a aucun familier.

-Au contraire jeune fille, il y en a un juste devant moi.

-Ne jouez pas à ce jeu avec moi ! S’écria Fuyuku. C’est vous qui avez installé cette barrière à l’extérieur, mais dans quel but ?

-Je ne suis qu’un gardien affecté ici, je n’ai pas à répondre à cette question… »

En prononçant ces mots, le visage de l’homme se fendit d’un sourire mauvais et je reculai d’un pas prudemment mais mon amie ne bougea pas et resta de marbre.

« Cependant, ma mission est d’éliminer les intrus, qu’ils soient Esper, familier, invocateur ou civil. »


https://www.youtube.com/watch?v=pjLekG0YJZM


Sans autre sommation, l’homme lança les trois dagues qu’il tenait dans sa main mais Fuyuku les dévia aisément en faisant tournoyer son épée devant elle avec une agilité déconcertante. La jeune fille m’impressionnait de plus en plus chaque jour par ses talents d’escrimeuse et les pouvoirs qu’elle possédait mais l’homme n’eut aucune réaction face à cela.

« Pourquoi il a fallu que ça tombe sur moi ; soupira-t-il.

-Parce que vous êtes plusieurs en plus ? Lui demandai-je. »

Il ne me répondit pas et se contenta de lever le bras devant lui. Au même moment, je vis les dagues plantées dans le sol revenir vers lui et Fuyuku recula pour se mettre à ma hauteur.

« Eh le monstre, il serait peut-être temps que tu t’y mettes aussi si tu ne veux pas finir en charpie ; me prévint-elle. »

Cependant, alors qu’elle était distraite en me parlant, l’homme lança à nouveau une dague vers nous et je me jetai en avant, attrapant l’arme au vol juste avant qu’elle n’atteigne mon amie.

« Tu devrais peut-être faire plus attention toi aussi ; raillai-je. »

La jeune fille me lança un regard noir, furieuse d’avoir été prise au dépourvu de la sorte et elle se jeta sur l’homme. Mais, alors que je pensais que son épée allait le transpercer, notre ennemi disparut dans une trainée de poussière avant de réapparaitre quelques mètres plus loin en riant.

Frustrée, Fuyuku retenta une nouvelle attaque mais le même scénario se reproduisit et son épée ne frappa que de l’air tandis que l’homme nous regardait toujours de son air moqueur.

Je tentai de me jeter à mon tour dans le combat pour donner un coup de main à mon amie mais mes mouvements étaient gauches et mes mains continuaient de trembler.

Mais, alors que je voyais Fuyuku donner des coups d’épée dans le vide et l’homme se téléporter d’un point à l’autre du parc, quelque chose attira mon attention au loin, comme un spot lumineux au milieu de la pelouse.

« Retournes-y ; résonna une voix dans ma tête. Là où tout a commencé. »

Faisant confiance à cette voix, je m’élançai vers le grand bâtiment, faisant mine d’attaquer l’homme avec la dague que je lui avais volée. Ainsi, avec Fuyuku, nous le fîmes reculer toujours plus profondément dans le parc, l’amenant tout près du spot lumineux.

Mais, alors que nous étions quelques mètres de mon objectif, l’homme s’arrêta et para le coup d’épée de Fuyuku en bloquant la lame entre ses deux mains avec une facilité déconcertante.

« Fini de jouer les enfants, vous commencez à m’ennuyer. »

Notre ennemi envoya valser la rouquine au sol sans qu’elle ne puisse riposter et m’asséna un violent coup de poing dans le ventre qui me fit reculer mais je ne fléchis pas. J’étais comme un papillon attiré par la lumière et je repassai à l’attaque avec la dague cette fois-ci.

Nos lames s’entrechoquèrent et je vis même des étincelles se former mais je n’abandonnai pas et je mitraillai l’homme d’une pluie de coups qu’il para tous avec une seule main avant de soudain riposter d’un coup de pied qui m’envoya au sol.

Je ne comprenais pas…Cet homme n’aurait pas dû nous poser plus de problèmes que l’armée de Lindorms de la veille et pourtant…nous n’arrivions même pas à le toucher…

« Finissons-en, j’ai mon café qui m’attend. »

L’homme leva sa dague au-dessus de moi mais, au même moment, ce dernier du faire un bond en arrière pour éviter l’épée de Fuyuku qui alla se planter dans un arbre derrière nous. Je ne perdis pas une seconde et je rejoignis la jeune fille. Cependant…elle était désormais désarmée et l’homme possédait toujours ses dagues, prêtes à nous transpercer la chair.

« Les Espers sont vraiment ennuyeux ; grogna Fuyuku.

-Alors, c’est terminé ? Vous vous rendez ?

-Un autre jour, j’ai promis à Hoshino de la ramener chez elle ce soir ; railla mon amie. »

Tout comme dans la forêt, le halo de lumière qui l’entourait s’intensifia et s’assombrit avant de virer au noir tandis que deux sphères se formèrent dans ses mains. En voyant cela, l’homme fronça les sourcils et jeta ses dagues vers nous.

Alors que je m’apprêtai à les intercepter comme je l’avais déjà fait, Fuyuku me barra la route et se contenta de lever le bras devant elle. A la seconde même où les dagues entrèrent en contact avec les sphères noires, ces dernières se volatilisèrent dans une explosion d’énergie dont l’onde de choc me projeta violemment vers l’arrière.


https://www.youtube.com/watch?v=ZVrwihPBf-A


Cependant, j’atterris pile au centre du cercle de lumière qui se dessinait dans le sol. Lorsque mon pied toucha l’herbe, un vent violent se leva autour de moi et attira l’attention des deux combattants.

« Hinata…qu’est-ce que…S’affola Fuyuku. »

L’homme grimaça et tenta de m’attaquer avec sa dernière dague mais elle fut repoussée immédiatement.

Le vent autour de moi soufflait de plus en plus vite, de plus en plus fort, jusqu’à créer un tourbillon de feuilles et de poussière m’emprisonnant totalement et je sentis une énergie nouvelle m’envahir tandis que ma main s’illumina d’une lumière rougeâtre.

Je ne comprenais rien à ce qu’il se passait mais étrangement, je ne paniquai pas. Peu à peu, le vent prit une forme, celle d’un être humain scintillant de la même façon que ma main.

Lorsque le vent s’arrêta soudainement, je n’étais plus seul au centre du spot de lumière. A côté de moi se tenait un grand homme aux cheveux blonds tombant sur son front. Son visage était celui d’un adolescent de dix-sept ans mais ses yeux rouges comme le sang reflétaient une sagesse et un calme digne d’un sage. Il portait également un long manteau rouge aux extrémités orangées au-dessus d’un pantalon de la même couleur.

Fuyuku écarquilla les yeux de surprise à la vue de cet individu et notre ennemi lâcha un cri de colère avant projeter toutes ses dagues vers le nouvel arrivant. Ce dernier, sans tressaillir, les attrapa toutes d’une seule main sous les yeux exorbités de notre ennemi.

Ignorant la menace, l’individu se retourna vers moi et je déglutis, ne sachant pas s’il s’agissait d’un ennemi ou d’un allié.

« On…on se connait…n’est-ce pas ? Bégayai-je, tremblant.

-Sasaki Ryuga. Enfin nous nous retrouvons, Hinata. »

Sans ajouter un mot, le dénommé Ryuga se jeta sur l’homme avec une vitesse phénoménale et cette fois-ci, il n’eut pas le temps de disparaitre et reçut le coup en pleine poitrine avant de voler dix mètres plus loin sous les yeux ébahis de Fuyuku.

« Sale… »

L’homme n’eut même pas le temps de terminer sa phrase que le nouvel arrivant disparut de notre champ de vision avant de réapparaitre derrière l’ennemi et lui asséna un coup de poing si violent qu’un cratère se forma dans le sol en soulevant un épais nuage de poussière.

Lorsqu’elle se dissipa, notre ennemi avait disparu et seul restait Sasaki Ryuga. Il se tourna ensuite vers Fuyuku et mon amie se crispa. Cependant, sans ajouter un mot, l’étrange individu ferma les yeux et disparut dans une multitude de particules scintillantes, ne laissant derrière lui qu’un cratère fumant.

Je sentis alors toutes mes forces m’abandonner d’un seul coup et Fuyuku m’attrapa juste avant que je ne heurte le sol.

« Hi…Hinata…Tu…tu es invocateur ? Bégaya-t-elle. »

Je n’eus pas la force de lui répondre et, vidé de toute mon énergie, tout devint noir autour de moi avant de sombrer dans l’inconscience.





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic]Le Dernier Esper posté le [21/10/2017] à 23:39

oui je suis vivant :3


Chapitre 7 : Le plus puissant des familiers



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=ZKCCs9DNEJs


Des créatures…des milliers de créatures m’encerclaient, moi, cette fille aux cheveux d’argent et cet homme au manteau pourpre qui m’avait sauvé la vie. Mes mains étaient en sang, tous mes muscles endoloris et tous mes sens étaient brouillés et mes deux compagnons n’étaient pas dans un meilleur état. Cependant, l’homme continuait à se battre, repoussant tous les monstres s’approchant de nous avec des vagues d’énergie mais je savais que son corps n’allait pas pouvoir supporter cela bien longtemps…

Soudain, il poussa un hurlement et une onde de choc bien plus puissante que les précédentes élimina tous les monstres dans un rayon de cinquante mètres autour de nous puis l’homme tourna la tête vers moi et me sourit.

« Allons bon, ils ne se lasseront jamais ; lança-t-il d’une voix calme en haussant les épaules. »

Sur ces mots, il tourna les talons et se dirigea à la rencontre des monstres d’une démarche assurée.

« Attends, où vas-tu comme ça, Ryuga ? Tu n’as aucune chance contre eux ! M’exclamai-je, affolé.

-Tu as oublié ce que je t’ai dit, Hinata ? Me répondit-il en s’arrêtant sans se retourner. Je suis le plus puissant d’entre eux. »


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


Ma vue se brouilla totalement et je me réveillai en sursaut dans mon lit au dortoir, haletant et transpirant.

« Tiens, le monstre se réveille enfin, tu es moins endurant que tu n’en as l’air ; lança une voix désagréable à côté de moi. »

Je tournai la tête et je vis Fuyuku assise à mon bureau, tapotant frénétiquement dessus avec ses doigts comme si elle attendait quelque chose. Son visage était parsemé d’égratignures et ses habits en lambeaux mais elle ne semblait pas s’en soucier plus que ça. Quant à moi, un mal de crâne affreux m’empêchait d’avoir les idées claires.

Soudain, je me souvins des derniers événements et je sautai de mon lit, affolé.

« Fuyuku, où est passé le type de tout à l’heure ? M’exclamai-je.

-Tu pourrais au moins me remercier, j’ai dû te trainer jusqu’ici et tu n’es pas léger ; grogna la rouquine d’un air mécontent.

-Ah…oui, désolé. Merci de m’avoir sauvé… »

Cette dernière soupira mais ne releva pas davantage avant de reprendre d’une voix où se mêlaient crainte et incompréhension.

« Et puis, avant de poser des questions, réponds à la mienne le monstre : qu’est-ce que c’était que ça ?

-ça ? Répétai-je sans comprendre.

-Ne joue pas au plus malin avec moi, tu as très bien vu la même chose que moi alors réponds à ma question. Comment un monstre peut-il en contrôler d’autres ? Continua-t-elle en fronçant les sourcils. »

Je fis semblant de réfléchir pendant une seconde mais je n’avais vraiment aucune idée de ce qu’il s’était passé pendant notre combat contre ce membre de la fondation…

« Je ne sais pas ; finis-je pas avouer.

-Tu ne sais pas ? Tu te fiches de moi ? Tu es en train de me faire croire que tu as invoqué un familier sans même savoir ce que tu faisais ? S’écria-t-elle, interdite.

-Oui, c’est ça…J’ai simplement été…attiré par un point lumineux dans le jardin…Et quand je l’ai touché, cet homme est apparu… »

Fuyuku serra les dents et se mit à faire les cent pas dans ma chambre tout en marmonnant des phrases incompréhensibles. Quant à moi, je me contentai de me rasseoir, encore fatigué de mon combat.

Finalement, la jeune fille s’arrêta et se prit la tête dans les mains en riant nerveusement, à tel point que je me demandai pendant un instant si elle n’avait pas perdu la raison…

« C’est ridicule…Totalement ridicule ! S’exclama-t-elle. D’abord un monstre qui se prétend libre et maintenant capable d’en invoquer d’autres ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond ici !

-Est-ce que tu peux m’expliquer le problème calmement ?

-Il n’y a rien à expliquer Hinata, tu défies simplement toutes les lois qui existent dans le monde des Espers et des invocateurs !

-Je ne comprends pas…

-Dans ce cas, je vais te le dire en trois mots : tu es anormal.

-Merci de me le rappeler…Grimaçai-je.

-Sérieusement, tu es bouché ou tu le fais exprès ?

-Je te rappelle que je ne sais rien des lois de ce monde ; rétorquai-je. Pourquoi ne pourrais-je pas contrôler de familier ? »

Je crus que la rouquine allait vraiment s’énerver mais elle se retint et finit par s’asseoir et se tourner vers moi et dans son regard, je pus voir un sérieux que je n’avais encore jamais détecté chez elle.

« Ecoute moi bien Hinata, je vais peut-être te choquer mais tu n’es pas un familier.

-Tu recommences encore avec ça ? Répliquai-je, sceptique. Je te rappelle que j’ai été créé par le professeur Fujishima et que toi-même tu m’as reconnu comme tel la première fois que l’on s’est rencontré et maintenant tu viens me dire que je n’en suis pas un ? Tu perds la mémoire ?

-Je suis sérieuse. Aucun familier ne peut en contrôler d’autre…et encore moins contrôler un familier d’un tel niveau…

-D’un tel niveau ?

-Oublie ça. »

La jeune fille détourna le regard et le passa vers la fenêtre mais elle s’était beaucoup trop avancée pour que je laisse ça passer à présent. Il me fallait des réponses et elle seule était capable de m’en donner.

« Tu sais quelque chose sur ce familier que nous avons rencontré ? Si oui, dis-le-moi s’il te plait parce que…j’ai fait un rêve dans lequel il était présent…

-Franchement, heureusement que je ne travaille pas pour garder le secret de la fondation…Soupira-t-elle. Ce familier que tu as vu tout à l’heure…Est simplement le plus puissant des familiers recensés dans les archives de la fondation ESP, un familier qui avait disparu de la circulation depuis cinq ans.

-Le plus…Puissant ?

-Oui. Même si des monstres comme le Léviathan, les hydres ou les monstres mythologiques en général sont les créatures les plus dangereuses, les familiers humains sont de loin les plus puissants.

-Attends, qu’entends-tu par familier humain ? Des monstres comme moi ressemblant à des hommes ?

-Non, je parle bien de familiers ayant été humains par le passé mais je pense que pour t’expliquer correctement, il va falloir que je te raconte la légende sur l’origine de la guerre entre invocateurs et Espers.

-Mais je croyais que ce n’était qu’un conflit d’idéologie…


https://www.youtube.com/watch?v=TvB8E8FgMug


-Oui, mais ce n’est pas le conflit que tu crois. Vois-tu, le premier Esper est apparu il y a cinq-mille ans, en Grèce antique. On l’appelait Chaos. On ne sait pas trop quels étaient ses pouvoirs mais la légende raconte qu’il était le plus puissant Esper de tous les temps et qu’il était capable à lui seul de raser une ville entière d’un seul regard. Face à cela, les hommes le prirent pour un dieu et le vénérèrent comme tel. Cependant, il n’en était pas un et cela se vit lorsque sa fille, Gaia, se montra incapable de produire les mêmes miracles que lui. Et c’est là qu’un autre miracle se produisit : Alors que Chaos régnait en maitre sur le monde, Gaia, à partir de rien d’autre que de la poussière et d’un cheveu de Chaos, réussit à donner vie au premier Familier de l’histoire, un familier du nom de Typhon. Ainsi naquirent deux camps : ceux qui décidèrent de suivre Chaos et qui héritèrent de ses pouvoirs, devenant à leur tour Espers, et ceux qui se rangèrent derrière la protection de Gaia, formant ainsi les premiers invocateurs.

-Attends une minute Fuyuku ! Tu n’es pas en train de me raconter une version alternative de la mythologie grecque là par hasard ? Lui demandai-je sceptique.

-Plus ou moins. Beaucoup de mythologies ont pris comme fondement le récit du premier Esper mais laisse-moi terminer. Je disais donc que deux camps s’étaient créés, deux camps qui se sont livrés une bataille sans merci jusqu’à maintenant et ces deux camps, tu les connais : Savior, ceux qui veulent sauver la planète de l’emprise de Chaos, et la fondation ESP, une école suivant l’enseignement de Chaos. Mais tu auras vite compris que leurs objectifs ont quelque peu changé avec le temps et que même moi je ne suis pas sûre de comprendre quel est leur but actuel puisque presque tout le monde a oublié l’existence de cette légende…

-Et…quel est le rapport avec les familiers humanoïdes dans cette histoire ?

-J’y viens justement. Les recherches de la fondation ont permis de révéler quelle était l’origine des pouvoirs de Chaos et…il se trouve que Chaos n’était pas un Esper mais un familier.

-Je…Je ne comprends plus rien là, tu peux réexpliquer ça ?

-Il n’y a rien à comprendre : le premier Esper était également le premier familier, un familier humain.

-Mais qui était le maitre de Chaos dans ce cas ?

-Il n’en avait pas. Il était un familier libre. Chaos était comme toi, Hinata. »

Je tombai à la renverse en entendant cela et j’écarquillai les yeux. Je tentai bien de répondre quelque chose mais aucun son ne sortit de ma bouche tant j’étais choqué.

« Pour tout te dire, je ne croyais pas à ce récit mais quand je t’ai rencontré, j’ai senti que quelque chose était différent et c’est pour ça que je t’ai fait confiance.

-Mais…mais…Mais ton récit diffère totalement de ce qu’Hoshino m’a raconté ! Rétorquai-je, le cœur battant à tout rompre. Elle m’a dit qu’il y avait une époque où tous les familiers étaient libres et toi tu me dis que les familiers sont nés de Gaia et que le seul libre était Chaos ! Je ne comprends plus rien !

-Les légendes sont toujours incompréhensibles et possèdent leur part de vérité et leur part d’ombre ; soupira la rouquine. Quoiqu’il en soit, voilà pourquoi les familiers humains sont si puissants : parce qu’ils sont ce qui se rapproche le plus de Chaos, ils sont à la limite entre ce qui sépare les familiers des Espers.

-Mais…Si tu dis que le plus puissant des Espers était un familier libre…

-Alors tu dois être le plus puissant des familiers ; termina Fuyuku sans sourciller. Même si j’en doute fort étant donné la raclée que ce sous-fifre t’a mise tout à l’heure.

-Une minute, tu n’as pas fait mieux que moi je te signale ! Rétorquai-je sans même faire attention au début de sa phrase.

-Je me suis retenu, c’est tout ; continua-t-elle en haussant les épaules. Si j’avais vraiment voulu battre ce type, tu ne serais même plus là pour râler. Mais ce n’est pas le sujet. Pour en revenir à mon histoire, Chaos n’avait qu’un seul point faible : il était incapable de créer.

-Comment ça ?

-Chaos était le premier Esper, mais il était également un familier. Cependant, il n’a jamais réussi à reproduire le miracle de sa fille…Et personne n’avait réussi jusque-là. Alors je vais te poser la question une bonne fois pour toute : qui es-tu, Hinata ? Ou plutôt : qu’es-tu ?

-Je te l’ai déjà dit : je ne sais pas, j’ai été créé par…

-Et bien au lieu de répéter cette phrase en boucle, appelle le ton professeur et demande-lui directement ! S’exclama Fuyuku en tapant du poing sur la table. »

Pour une fois, je ne contestai pas et je m’exécutai aussitôt. Pour une fois, elle avait raison et j’étais tout aussi désireux de connaitre la vérité qu’elle. Je composai donc le numéro du professeur et j’attendis…une seconde, puis dix, puis une minute, mais personne ne me répondit et je finis par raccrocher en soupirant.

« Non, rien à faire, il est encore injoignable.

-Allons bon, ton professeur n’a pas l’air très curieux de savoir ce que sa créature devient ; railla la jeune fille.

-Il doit être occupé j’imagine…

-Mais nous règlerons ce problème plus tard. Pour le moment, nous avons encore du pain sur la planche.

-Et…qu’avons-nous à faire ?

-Tu verras ; me répondit-elle avec un sourire malicieux qui ne présageait rien de bon. »


https://www.youtube.com/watch?v=kQuEOHbNDfI


Fuyuku se leva et me fit signe de la suivre. Nous sortîmes ainsi du dortoir et nous prîmes la direction de la forêt et sur le trajet, je n’arrêtai pas de ruminer la légende que je venais d’entendre.

Je n’étais pas vraiment préoccupé par cette histoire de plus puissant des familiers ni même par les objectifs des deux camps. Non, ce qui m’intriguait, c’était l’origine de Chaos. Hoshino prétendait que les familiers étaient libres à une époque mais selon Fuyuku, les familiers avaient pris naissance en même temps que les Espers, avec Chaos…

Se pouvait-il donc qu’en vérité, Chaos n’ait pas été le premier familier ? Qu’avant lui, d’autres existaient déjà mais qu’ils aient été oubliés ? N’était-il pas en vérité…Les dernier familier libre ?

Oui, cette théorie me semblait plausible et faisait concorder les versions d’Hoshino et Fuyuku mais elle ne résolvait pas tout. Qu’étaient devenus les autres familiers libres ? Pourquoi avaient-ils disparu et comment moi, Hikaru Hinata, avais-je hérité de cette faculté unique ?

Perdu dans mes pensées, je ne vis même pas que la rouquine s’était arrêtée et je lui rentrai dedans de plein fouet.

« Eh, fais attention le monstre ou sinon je vais vraiment te tuer par erreur ! Râla-t-elle.

-Dé…Désolé…M’excusai-je. »

Je relevai enfin la tête et je fus surpris de voir qu’Hoshino se tenait seule au milieu d’une petite clairière faiblement éclairée par quelques faibles rayons de soleil passant à travers les branches basses et les épais feuillages des arbres. L’endroit était une sorte de cuvette et au sol était dessiné un immense dessin dans le sable : une étoile à huit branches, exactement comme celles se trouvant sur les boussoles, à l’intérieur d’un cercle dans lequel inscrit des caractères en grec ancien.

« Ah, Yuki, Hinata, par ici ! S’exclama Hoshino en nous voyant.

-Je vois que tu as tout préparé comme je te l’avais demandé ; lui répondit mon acolyte en passant sa main sur le dessin au sol.

-Oui, même si je dois avouer que j’ai été un peu surprise hier quand tu m’as dit ce qu’il s’était passé.

-A…Attends, répète ça ? Hier ? M’étranglai-je, interdit.

-Oui, tu as dormi toute la journée mais passons ; dit Fuyuku évasivement. Est-ce que ça va vraiment marcher selon toi ?

-Je ne sais pas trop…J’ai reproduit le motif d’après mes souvenirs mais je ne suis pas certaine pour certaines inscriptions…Enchaina Hoshino en se grattant la joue, peu sûre d’elle. Mais dis-moi Yuki, tu es certaine de vouloir faire ça ? La fondation ne va vraiment pas…

-Peu importe ce que veut la fondation ! La coupa-t-elle. Hinata, place-toi au milieu du cercle ! M’ordonna ensuite la rouquine.

-Et pour faire quoi ? Je n’ai pas le droit de savoir ce qu’il se passe ?

-Yuki tenter d’invoquer le familier que vous avez vu hier ; me répondit Hoshino.

-L’invoquer ? Répétai-je. Tu veux dire, comme tu le fais avec Amaterasu ?

-Non pas exactement. Vois-tu, il y a trois façons de contrôler un familier : soit en le créant, soit en l’obtenant de quelqu’un d’autre, soit en l’invoquant s’il existe déjà mais qu’il ne possède plus de maitre pour une raison ou une autre.

-Mais je ne sais pas faire ça moi ! Protestai-je.

-Tu n’as pas besoin de savoir faire quoi que ce soit ; me lança Fuyuku qui s’était adossée à un arbre et attendait, les bras croisés sur sa poitrine. Contente-toi de suivre ce que te dis Miki.

-Et vous êtes certaines que c’est une bonne idée ? Demandai-je, quelque peu craintif.

-Honnêtement…Non, c’est une très mauvaise idée ; répondit Hoshino avec un large sourire. Tu pourrais même mourir dans le procédé si le familier invoqué est beaucoup trop puissant pour toi et que lui donner forme te prenait toute ton énergie ! »

Je déglutis difficilement et je fis un pas en arrière, une goutte de sueur perlant de mon front.

« Tu n’es pas sérieuse…rassure-moi… ? »

Hoshino ne répondit rien et alla se placer à côté de Fuyuku, me laissant seul au milieu du cercle. A ce moment-là, je savais que j’aurais dû partir mais les mots de la rouquine me revinrent en mémoire, à propos de mes soi-disant pouvoir d’invocateur. Etait-ce un coup de chance, une coïncidence incroyable que ce familier soit apparu devant moi ou possédai-je vraiment des pouvoirs que mon prédécesseur lui-même ne possédait pas ?

La curiosité fut vraiment plus forte et je restai à ma place, attendant les instructions de la cadette du groupe, non sans appréhension.


https://www.youtube.com/watch?v=kwCJUkDRUOA


« Bien, Hinata, commence par fermer les yeux et essaie de visualiser précisément l’image du familier que tu veux invoquer ; me dit Hoshino. Surtout ne perds pas cette image de vue avant que je te le dise. »

Je m’exécutai et rapidement, le visage de l’homme au manteau pourpre se dessina dans mon esprit : un visage d’un homme de dix-sept ans, des cheveux d’un blond éclatant tombant sur son front, des yeux rouges comme le sang et des habits flamboyants…Oui, je me souvenais parfaitement de son apparence.

« Moi, Hoshino Miki, gardienne d’Amaterasu, je t’ordonne d’apparaitre et de servir un nouveau maitre, familier égaré, Sasaki Ryuga ! »

Les yeux toujours fermés, je sentis le vent se mettre à souffler autour de moi, exactement comme la veille lors de mon combat contre l’homme aux dagues et, même si je ne voyais rien, je pouvais facilement devenir que le cercle à mes pieds s’était illuminé d’une lumière intense.

Un grondement sourd résonna dans le ciel puis la terre trembla légèrement sous mes pieds mais je ne perdis pas ma concentration, continuant à visualiser l’image de l’homme au manteau pourpre.

Soudain, mon mal de crâne qui me suivait depuis mon réveil s’accentua brutalement et me fit perdre toute concentration. Je tentai tant bien que mal de garder l’image dans mon esprit mais il n’y avait rien à faire, tout commençait à se brouiller et j’entendis Fuyuku me hurler dessus.

Avant que je puisse comprendre ce qui m’arrivait, je fus saisi de vertiges et je me sentis arraché à mon propre corps et ma conscience m’abandonna.


https://www.youtube.com/watch?v=UCiJGl9NOBQ


Lorsque je rouvris les yeux, je n’étais plus dans la forêt mais dans un espace sombre, avec une atmosphère pesante et oppressante. Je me sentais lourd et j’avais vraiment du mal à respirer. Je ne pouvais rien distinguer d’autre dans cet océan de noir qu’une faible lueur au loin ainsi que des sons indistincts, comme des murmures plaintifs.

Instinctivement, je me mis à marcher vers la lumière et, plus je m’en rapprochais, plus des sons s’intensifièrent, sans que je ne parvienne à en saisir le sens. Etrangement, je n’avais pas peur. Au contraire, je me sentais même apaisé au fur et à mesure que je m’approchais, comme si je retrouvai un lieu connu.

Finalement, je parvins à une sorte de temple sur lequel brûlait une flamme bleue à l’origine de la faible lueur mais je n’étais pas seul. Sans que je ne le remarque, des dizaines de créatures s’étaient approchées de moi, des familiers à en juger par leur apparence allant de la simple plante étrange au serpent géant mesurant plusieurs dizaines de mètres.

Cependant, je ne m’arrêtai pas et je me mis à grimper les quelques marches menant au pinacle où quelqu’un m’attendait. La personne était de dos mais je pouvais facilement la reconnaitre grâce à son accoutrement, éclairé par la seule lueur bleue de l’imposante flamme.

« Ainsi donc l’heure est enfin venue, Hikaru Hinata ; déclara l’homme d’une voix lente et grave. Cela faisait cinq ans que j’attendais ce moment.

-Cinq ans ? Répétai-je légèrement intimidé. Mais je n’existai même pas il y a cinq ans…

-Tu n’as pas changé malgré ta renaissance, mon vieil ami ; reprit-il d’un ton amusé.

-Comment ça ma « renaissance » ? Que savez-vous sur moi exactement ? »

L’homme ne me répondit rien et se retourna vers moi pour me regarder dans les yeux mais, cette fois-ci, les siens n’étaient pas rouge sang mais d’un bleu profond, lui donnant l’air bien plus humain.

« Il est temps de renouer le contrat que nous avions eu jadis, maitre. »

A ce moment, il déploya sa main devant moi et tout son corps se mit à luire d’une intense lumière rougeâtre tandis que le mien s’illuminait d’une aura bleu turquoise.

« Moi, Sasaki Ryuga, accepte Hikaru Hinata comme seul et unique maitre. Je promets d’être son épée et son bouclier, de suivre chacun de ses ordres et de le servir jusqu’à la fin. »

A ces mots, des dizaines d’autres lumières émanant des familiers présents autour de nous apparurent et illuminèrent ce monde si sombre, me laissant entrevoir l’endroit où je me trouvais : un monde gris, fait de pierre nue, sans aucune forme de vie et où seuls les familiers et les quelques bâtiments décolorés brisaient la monotonie des lieux.

« Est-ce ça…Le monde des familiers ? Murmurai-je, consterné. »

Au bout de quelques secondes, tout redevint noir et je me réveillai au milieu de la forêt ; plus exactement au centre du centre et au-dessus de moi étaient penchées les deux jeunes filles qui me regardaient d’un air ennuyé, comme si elles avaient fait une bêtise.

Lorsqu’elles virent que j’avais ouvert les yeux, elles sursautèrent et reculèrent vivement, comme si elles avaient vu un fantôme.

Mon premier réflexe fut de me frotter la tête, mon mal de crâne n’ayant toujours pas disparu puis je tentai de me relever mais j’étais comme vidé de mes forces et je m’écroulai aussitôt au sol.

« N’en fais pas trop Hinata, mon invocation a drainé beaucoup de ton énergie ; déclara une voix à côté de moi. »

Je mis quelques secondes avant de réaliser qui se tenait à mes côtés mais, lorsque l’information arriva à mon cerveau, ce fut à mon tour d’avoir un mouvement de recul, rejoignant les deux filles qui étaient tout aussi pétrifiées que moi devant le nouveau venu qui n’était autre que Sasaki Ryuga.

« Alors le voilà…Le plus puissant des familiers ? Chuchota Fuyuku.

-Je n’aurais pas cette prétention, jeune fille. Après tout, je ne suis qu’un simple humain à l’origine. Mais je suis néanmoins capable de faire ça. »

Sans prévenir, et sans même se retourner, Ryuga lança une sphère d’énergie derrière lui, sphère qui heurta quelque chose en plein vol et explosa, arrachant tous les buissons qui nous camouflaient. Deux hommes apparurent alors, armés de pistolets, leur viseur pointant directement sur nous.

« Je t’avais dit qu’il fallait les descendre plus tôt ; râla l’un des hommes.

-Impossible avec ce champ de protection ; rétorqua l’autre en grimaçant.

-Oh non, il ne manquait plus que les idiots de la fondation pour que la journée soit complète ; soupira Fuyuku. Mais bon, c’est l’occasion de voir si ce familier est réellement aussi puissant qu’on le dit. »

Sans une autre sommation, les deux hommes nous tirèrent dessus à nouveau mais, d’un geste semblant naturel, Ryuga attrapa toutes les balles sans même être blessé avant de les projeter sur nos assaillants dont les armes volèrent en éclats à l’instant même où leurs propres balles les touchèrent.

« C’est tout ce que vous avez en réserve messieurs ? Leur lança mon familier, l’air un peu déçu.

-Les chasseurs de la fondation ne reculent devant rien ! S’exclama l’un des deux en se relevant et en pointant une nouvelle arme vers nous.

-Et bien vous devriez, même moi je battrais en retraite ; leur répondit Fuyuku en prenant place aux côtés de Ryuga, les bras toujours croisés. »

Les deux hommes finirent par enfin notifier la présence de la rouquine et ils se raidirent immédiatement.

« T…Toi ? Balbutia celui qui était toujours désarmé, livide.

-Oui, je ne suis pas morte contrairement aux rumeurs, désolée de vous décevoir. Mais vous voulez peut-être essayer de la rendre vraie ? »

Les deux se regardèrent un instant puis détalèrent comme des lapins sans demander leur reste. Mais, alors que je pensais que tout allait enfin se calmer et que j’allais enfin pouvoir laisser mon cerveau se reposer quelques instants, la jeune fille se tourna vers Ryuga et je remarquai alors que ses yeux étaient devenus dorés, exactement comme lorsqu’elle se battait.

« Hinata, j’ai une faveur à te demander : Laisse-moi affronter le plus puissant des familiers.

-Qu…Quoi !? M’étranglai-je. Tu as perdu la tête ?

-Non, j’ai besoin de vérifier quelque chose… »

Confus, je me tournai vers mon familier qui se contenta de hocher la tête et je soupirai. Depuis mon réveil, je n’avais pas eu un seul instant de répit et des milliers de questions me torturaient toujours l’esprit, questions auxquelles Ryuga avait certainement une réponse, lui qui semblait me connaitre personnellement…

Malheureusement, je savais que si je répondais négativement, elle était capable de m’attaquer pour provoquer la réaction de Ryuga…

« Hoshino, est-ce que tu peux invoquer Amaterasu ?

-Evidemment ! Tu veux prendre les paris aussi ? Moi, je mise la place de Daichi dans ta chambre sur Yuki !

-Pourquoi est-ce que tu veux absolument t’installer là…

-Trêve de bavardages ; nous interrompit Fuyuku. Je propose des règles simples : le premier à prendre un coup direct perd, comme ça, pas de blessé.

-Cela me va ; répondit Ryuga sans même me consulter. Hinata, nous aurons à parler toi et moi après ce combat.

-Je pense aussi oui… »

Fuyuku et Ryuga se placèrent chacun d’un côté du cercle et nous nous éloignâmes un peu avec Hoshino, histoire de ne pas finir en dommage collatéral. Amaterasu apparut également à nos côtés et déploya une barrière d’énergie pour plus de sécurité.


https://www.youtube.com/watch?v=qIEk0U782rM


Les deux adversaires se dévisageaient, comme s’ils se sondaient mutuellement et essayaient d’analyser les forces et les faiblesses de l’autre et cela dura une bonne minute pendant laquelle seul le bruit du vent se faisait entendre. Même si mon amie semblait confiante, je voyais néanmoins sa main trembler légèrement.

Finalement, Fuyuku fut la première à attaquer et se précipita vers Ryuga, lui asséna un violent coup de poing au ventre mais ce dernier ne sourcilla même pas et resta de marbre. Les coups suivants ne furent pas plus efficaces et aucun d’entre eux ne semblait affecter le familier.

Voyant son échec, la jeune fille prit en main son talisman et fit apparaitre son épée dorée dans la main tandis que l’aura autour d’elle devint dorée et elle repassa à l’attaque.

Cette fois-ci, Ryuga ne prit pas le risque de se prendre le coup et esquiva avec une facilité déconcertante, se décalant simplement sur le côté à la dernière seconde et tout ce que trancha l’arme de Fuyuku fut la poussière. Je pus néanmoins comprendre quelle puissance elle avait mis dans son attaque à la vue de l’énorme cratère formé à ses pieds…

Elle ne se laissa pas démonter et continua à attaquer Ryuga avec son épée, encore et toujours mais aucune attaque n’arrivait même à le frôler et il ne semblait pas non plus se fatiguer, contrairement à Fuyuku qui commençait à s’essouffler.

« Je ne comprends pas…Pourquoi n’active-t-elle pas ses vrais pouvoirs ? Marmonnai-je.

-Ses…Vrais pouvoirs ? Répéta Hoshino, intriguée. »

Je ne répondis rien mais je savais que mon amie était loin d’être à sa puissance maximale et qu’elle se battait, non pas avec ses propres pouvoirs d’Esper mais avec celui du talisman qu’elle portait toujours à son cou. Pourquoi avait-elle voulu affronter Ryuga si ce n’était même pas pour tester ses propres limites ?

Après cinq minutes de coups dans le vide, le familier finit par dévier l’une des attaques de la jeune fille et attrapa la pointe de son épée, l’immobilisant totalement.

« C’est terminé. »

Cependant, alors que je croyais que le familier allait mettre fin au combat, un sourire se dessina sur le visage de Fuyuku et aussitôt, Ryuga lâcha l’épée et recula vivement. Un instant plus tard, la rouquine fut à nouveau entourée de cette même aura noire que lors du combat contre le Lindorm et contre l’homme aux dagues et son épée s’entoura de cette même aura, faisant crépiter l’air autour d’elle à son simple contact.

« C’est de ça que tu me parlais Hinata, les pouvoirs de Yuki ?

-Je crois oui, même si je ne les ai jamais vus en action jusqu’à maintenant… »

C’était vrai. A chaque fois, Yuki avait été interrompue avant même de pouvoir relâcher ses pouvoirs à cause de moi mais cette fois-ci, il n’y avait aucune raison que le combat soit interrompu et pour tout avouer, j’étais vraiment intrigué par ces fameux pouvoirs lui ayant donné une réputation de monstre, même parmi les Espers…

Avec un cri de rage, elle se jeta sur Ryuga mais contrairement à avant, ses mouvements étaient beaucoup plus rapides et beaucoup plus précis, si bien que son adversaire avait plus de mal à esquiver les coups et cela ne s’arrangeait pas avec le temps puisque chacun de ses coups se rapprochait dangereusement de Ryuga.

Soudain, de l’épée de la jeune fille s’échappa une vague d’énergie sombre qui fut une fois de plus esquivée par le familier mais qui, lorsqu’elle finit sa course dans un arbre, le désintégra purement et simplement, ne laissant rien de lui, comme s’il n’avait jamais existé et mon cœur rata un battement.

« Qu…Qu’est-ce que c’était que ça ? S’exclama Hoshino, terrifiée. »

Malheureusement, nous n’eûmes pas le temps d’en voir davantage car, voyant la menace qui pesait sur lui, Ryuga passa à son tour à l’attaque et, vif comme l’éclair, réapparut juste derrière Fuyuku, dans l’angle mort de son épée et celle-ci fut incapable de l’atteindre. D’un simple mouvement de bras, l’épéiste fut projetée hors du cercle, mettant un terme à ce combat sous nos yeux ébahis.

« C’est donc ça…Le plus puissant des familiers…Articula Fuyuku avec difficulté tandis que l’aura sombre autour d’elle disparaissait, de même que son arme et que ses yeux reprenaient leur couleur normale. »

Ryuga se tourna alors vers moi et je compris ce qu’il voulait sans qu’il n’ait besoin de prononcer un mot puis il disparut dans une trainée d’étoiles scintillantes. Bientôt, j’allais avoir enfin des réponses à mes questions : quelle était ma véritable nature ? Quel était mon lien avec ce familier ? Qui étais-je vraiment ? Tout était sur le point de s’éclairer…





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic]Le Dernier Esper posté le [26/10/2017] à 18:27

Chapitre 8 : Investigations



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4

Je verrouillai la porte de ma chambre à clé et mis un gros carton devant au cas où il prendrait à Daichi la mauvaise idée de rentrer de force puis je fermai les rideaux, ne laissant que la lampe du plafond éclairer la petite pièce qui était un peu trop peuplée à mon gout…

Nous étions assis en cercle par terre, Fuyuku, Hoshino et moi tandis que Ryuga, mon nouveau familier, examinait l’endroit avec intérêt.

« C’est donc ici que tu vis à présent, Hinata ? Dit-il en regardant avec intérêt les quelques livres qui trainaient sur mon bureau. Tu aimes décidemment les dortoirs.

-Je n’ai pas vraiment choisi ; rétorquai-je, agacé par lui pour une raison qui m’échappait. Mais assez parlé, tu me dois quelques explications il me semble.

-Et que voudrais-tu savoir exactement ? Il n’y a rien que je sache que tu ne saches pas également mon vieil ami ; me répondit-il, toujours aussi nonchalamment.

-Justement, j’ai besoin de savoir qui je suis. »

Le familier fit une pause et pencha légèrement la tête sur le côté, surpris, avant de se reprendre.

« Je ne peux pas te dire ce que tu es actuellement mais je peux te dire qui tu as été par le passé.

-Alors Hinata a bien été humain avant ? S’étonna Hoshino.

-C’est fort probable oui. Et en parlant de ça, je dois avouer que j’ai été choqué en te retrouvant en tant que familier.

-Vraiment ? Et qu’y a-t-il de si choquant si tu en es un toi-même ? Le questionnai-je, sceptique.

-Tu ne te souviens vraiment de rien ?

-Non, absolument rien…Avouai-je en baissant les yeux. Même si parfois j’ai quelques flashs de mon passé, tout reste très sombre…

-Je vois, je ne peux rien faire dans ce cas ; soupira Ryuga en haussant les épaules.

-Attends, comment ça tu ne peux rien faire ? S’exclama Fuyuku en se levant d’un bond. Je croyais que tu savais des choses !

-Et c’est la vérité, Hinata et moi avons été liés par le passé après tout. »

Les regards des deux filles se tournèrent vers moi et je ne pus dire laquelle de Fuyuku ou Hoshino était la plus choquée mais je me sentis soudain très mal à l’aise.

« Ce qui veut dire que…Hinata…Tu étais le maitre du plus puissant des familiers ? Murmura la rouquine, livide.

-Sûrement…mais je n’en ai aucun souvenir…

-Pourtant, c’est une conclusion à laquelle nous aurions dû arriver beaucoup plus tôt ; reprit Hoshino d’une petite voix. Contracter avec un familier de ce niveau sans expérience aurait dû être impossible en théorie, à moins qu’Hinata soit un prodige ou qu’il ait déjà un lien avec son familier.

-Mais…Mais c’est impossible ! Répliqua mon amie, les yeux ronds. Le maitre du plus puissant des familiers a été tué il y a cinq ans et… »

Elle s’arrêta net et tomba à la renverse sur mon lit, le regard complètement vide et les mains tremblantes et Ryuga reprit la parole, toujours aussi calme.

« Ce qui explique donc qu’un familier puisse en contrôler un autre.

-Attendez, je ne comprends plus rien moi ! Est-ce que vous pouvez redire ça dans un langage compréhensible ! Râlai-je, totalement perdu. »

Hoshino me prit par l’épaule et me lança un regard empli de compassion et de tristesse.

« Hinata…Je sais que ce que je vais te dire va te choquer mais…Tu es mort…

-Q…Quoi ? »

Ma seule réaction fut de la regarder comme si elle était devenue folle mais à en juger par l’expression de Ryuga et le teint de Fuyuku, je compris rapidement qu’elle ne blaguait pas et ce fut à mon tour de m’asseoir sur mon lit, ne sachant même plus quoi répondre à cela.

« Je suis désolée de te dire ça mais tu n’as pas été créé par des humains comme tu le pensais. Tu as été ressuscité ; continua la blonde, gardant son air désolé.

-Je…Mais…Le professeur m’a pourtant affirmé qu’il m’avait créé…Tu es en train de me dire qu’ils n’ont fait que jouer avec mon corps défunt…Hoshino ?

-Je ne peux rien affirmer pour le moment, surtout en prenant en compte ta nature de familier libre…Me répondit-elle en secouant la tête. »

Alors comme ça…J’avais été humain…et qui plus est, invocateur avant d’être tué et ressuscité en tant que familier libre…Ridicule ! Tout cela était ridicule ! Pourquoi le professeur m’aurait-il caché une telle information si tout cela était vrai ? Quel intérêt avait-il à me ressusciter puis me laisser partir dans la nature sans même me dire la vérité ? Je ne pouvais pas croire de telles bêtises !

Et pourtant…Au fond de moi, je savais que c’était la vérité…C’était la seule explication à ces bribes de souvenirs qui venaient me hanter…

« Dis…Ryuga…Si tout est vrai…Pourquoi ai-je été tué ? Murmurai-je sans oser relever la tête.

-Cinq ans…C’était il y a cinq ans…Marmonna Fuyuku. Je m’en souviens…

-Oui, moi aussi je m’en souviens ; lui répondit Hoshino en fermant les yeux.

-Que…S’est-il passé il y a cinq ans ?

-Savior et ESP se sont livré bataille en face à face pour la première fois depuis plus de cent ans et c’est là que tu as été tué, Hinata ; me répondit Ryuga en croisant les bras sur son torse.

-J’ai…participé à une guerre ? Moi ? Couinai-je, soudain terrifié.

-Te raconter tout ça par bribe ne sert à rien mais je ne suis pas le mieux placé pour te révéler toute l’histoire.

-Dans ce cas…Qui le peut ? Y a-t-il quelqu’un d’autre sur cette terre qui m’ait un jour connu ? Qui pourrait me dire qui je suis vraiment ?

-Ta sœur, Hikaru…Saori.

-Saori ? S’étrangla Fuyuku. Tu veux parler de celle qui est considérée comme l’une des plus puissantes Espers de la fondation ? »

Ryuga ne répondit rien à la rouquine et se tourna vers moi, ses yeux rouges de familier me fixant sévèrement alors que j’étais encore recroquevillé sur moi-même.

« Hinata, je sais que nous venons à peine de nous retrouver et que j’ai des dizaines de choses à te dire mais je vais devoir m’absenter si tu veux retrouver la mémoire.

-Fais comme bon te semble… »

Ryuga se contenta de s’incliner devant moi avant de disparaitre dans une trainée d’étoiles scintillantes, ne laissant que Fuyuku, Hoshino et moi dans la chambre, ainsi qu’un immense malaise planant au-dessus de nous.


https://www.youtube.com/watch?v=4TTzGc6rCa0


Je n’arrivai toujours pas à l’accepter…Ce n’était même pas le fait d’être mort une fois qui me dérangeait le plus, c’était que le professeur m’avait menti sur ce point…M’avait-il alors aussi menti sur ma nature ? N’étais-je en fait pas libre ? Que sa marionnette ? Qu’une expérience ?

Je me pris la tête dans les mains en pensant à cela et je me recroquevillai encore plus sur moi-même, me mettant à trembler de tous les muscles de mon corps. Fuyuku avait raison…elle ne pouvait pas me faire confiance…Peut-être agissais-je même contre les deux filles sans même le savoir…

Je ne pouvais pas…rester ici plus longtemps…

« Hoshino…Fuyuku…Je suis désolé mais je… »

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase que je reçus une puissante gifle qui me fit tomber à la renverse et je me cognai la tête contre le mur de la chambre avant même de réaliser ce qu’il m’arrivait.

« Oh non le monstre, tu ne vas pas commencer avec ça ! S’exclama Fuyuku en gonflant les joues.

-Mais je n’ai encore rien…

– « Désolé mais je dois m’en aller », c’est ce que tu allais dire, n’est-ce pas ? Ne sois pas ridicule, déjà où irais-tu et ensuite pourquoi ?

-Qui sait si je suis vraiment libre ? Je suis peut-être contrôlé par quelqu’un et je pourrais vous tuer à n’importe quel moment alors il vaut mieux…

-Il vaut mieux que tu restes avec nous ; me coupa Hoshino en serrant le col de son tee-shirt.

-Mais tu n’as pas entendu ce que je viens de dire ? Je… »

Fuyuku m’interrompit une nouvelle fois, cette fois-ci en dégainant son épée et en la pointant juste sous mon menton et en me dévisageant d’un regard assassin.

« Justement, j’ai dit que j’allais garder un œil sur toi pour m’assurer que tu ne me racontes pas de sornettes alors ne t’avises pas de me fausser compagnie ou je te tranche la gorge sur le champ, tu m’as bien entendue ? Je ne t’ai pas épargné pour entendre des bêtises pareilles !

-Et puis, quand bien même tu serais contrôlé par quelqu’un, pour l’instant, tu agissais de toi-même, n’est-ce pas ? Je ne crains pas les familiers, j’ai toujours vécu avec eux et je sais que beaucoup possèdent leur propre volonté, comme Amaterasu ou comme toi ; ajouta Hoshino en me souriant.

-Mais ça ne vous dérangerait pas, vous, de penser connaitre quelqu’un pour apprendre que ce n’était pas la personne que vous croyiez ? M’étonnai-je.

-ça ne serait pas la première fois, ni la dernière ; lança Fuyuku en haussant les épaules. Si je me mettais à raisonner de la sorte, je ne ferais plus confiance à personne.

-D’ailleurs, s’il s’avérait un jour que tu n’agissais pas par toi-même, alors ton maitre serait une personne bien attentionnée ; continua la blonde en me prenant la main. Après tout, tu m’as sauvée dans la forêt contre les Lindorms et sur la plage contre les chiens alors, libre ou non, je te dois une fière chandelle.

-En tout cas, je pense que tu es bel et bien libre moi. Aucun maitre ne serait assez stupide pour t’ordonner d’agir comme tu l’as fait jusqu’ici ; railla mon amie.

-Et qu’est-ce que tu entends pas là exactement ? Lui demandai-je, vexé.

-Tout et rien à la fois ; me répondit-elle avec un sourire malicieux.

-Il ne me semble pas avoir fait d’erreurs flagrante jusqu’ici ! Rétorquai-je en me relevant pour lui faire face. »

Hoshino éclata de rire face à notre dispute tandis que Fuyuku, au lieu de se mettre en colère et de me frapper comme elle le faisait si souvent, m’adressa un léger sourire de soulagement.

« Tu vois, seul quelqu’un totalement libre de ses mouvements tomberait aussi facilement dans un piège aussi gros.

-Peut-être que tu as raison…Oui…Grognai-je, mécontent de m’être fait avoir de la sorte. Mais il n’empêche que je ne suis pas celui que je croyais être.

-Et alors ? Tu n’es pas un simple familier mais un ancien invocateur tué au combat puis revenu à la vie en tant que familier libre, pourquoi te plains-tu ? Si ça avait été l’inverse, j’aurais compati mais je ne suis pas sûre que tu te rendes compte de ce que cela implique.

-Pas vraiment non…

-Dans ce cas, je vais te le dire simplement : tu as le pouvoir de contrôler les familiers, Hinata, tu es leur roi. »

Normalement, j’aurais éclaté de rire en entendant quelque chose d’aussi gros, surtout dans la bouche de Fuyuku, mais mes souvenirs du premiers combat contre les chiens me revinrent en mémoire : il m’avait suffi de leur donner un ordre pour qu’ils déguerpissent sans demander leur reste…Mais ce n’était pas tout, lors de notre deuxième rencontre, une voix dans ma tête m’avait dit que je ne pouvais pas les contrôler…Etait-ce vrai alors ? Mon pouvoir en tant que familier n’était donc pas de la force…mais celui d’en contrôler d’autre ? Mais dans ce cas, quelle était cette énergie qui coulait dans mes veines à chaque fois que je me battais ? Dans tous les cas, il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir.

« Hoshino, est-ce que tu peux invoquer Amaterasu une nouvelle fois ? Lui demandai-je en me levant.

-Si tu veux tenter de la contrôler, c’est inutile, Hinata ; me répondit la blonde avec un large sourire.

-Ah oui ? Et pourquoi ? M’étonnai-je. Je croyais que je pouvais contrôler les familiers !

-Oui, tu peux les contrôler, mais dans le cas d’Amaterasu, ce n’est même pas la peine d’essayer, le lien qui m’unit à elle est beaucoup trop fort.

-Dans ce cas, je ne comprends pas : comment savoir quels familiers je peux contrôler ou non ?

-ça, il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, le monstre : de partir à la chasse !

-Je savais que tu allais dire un truc du genre…Soupirai-je, déjà fatigué.

-Tu as une meilleure option peut-être en attendant le retour de ton familier qui est parti je ne sais où ? Rétorqua la rouquine en me foudroyant du regard.

-Non…Pas vraiment…Admis-je, vaincu. »


https://www.youtube.com/watch?v=7Hcq71AJQns


Fuyuku m’adressa un petit sourire malicieux avant de se lever et de sortir de la pièce, non sans nous avoir donné rendez-vous dès le lendemain pour une réunion de club. Hoshino ne tarda pas non plus et, après s’être assuré que je n’avais aucune blessure, parti à son tour, me laissant seul dans ma chambre.

Enfin, je me demandai encore s’il s’agissait vraiment de ma chambre ou d’une salle de réunion secondaire étant donné le nombre de fois que les filles venaient s’incruster. J’avais l’impression de ne pas avoir eu de moment de tranquillité depuis une éternité…

Soudain, je me souvins que je n’étais pas seul en temps normal dans ma chambre et je sautai du lit avant de me rasseoir aussitôt. Daichi était certainement encore de corvée repas ce soir-là. Je n’avais aucune raison de m’inquiéter pour lui.

Profitant du calme relatif, je m’allongeai et me mis à repenser aux derniers événements. Si je devais récapituler ce qu’il s’était passé en à peine quarante-huit heure, nous nous étions rendus dans un orphelinat abandonné où apparemment, j’avais des souvenirs ; nous nous étions faits attaqués ; un familier surpuissant avait fait son apparition avant de nous révéler ma vraie nature et voilà que maintenant il était parti et je devais confirmer que j’étais bien capable de contrôler les familiers…et encore, je passais les détails comme la légende ou les rivalités entre Savior et Esp…

Je me pris la tête dans les mains, commençant à avoir un sérieux mal de crâne. Pourquoi tout devait-être aussi compliqué ! Le professeur n’aurait-il pas pu m’expliquer cela avant de me lâcher dans la nature et de disparaitre ?

Enfin…s’énerver et essayer de comprendre toute la situation était certainement inutile et tout allait s’éclairer en temps voulu…enfin, je l’espérais parce que je ne comptais pas en rester là.


La soirée fut assez courte. Je retrouvai effectivement Daichi derrière les fourneaux au diner puis je ne perdis pas de temps et allais me coucher tôt, sentant qu’une longue et dure journée m’attendait le lendemain…

Je ne m’étais pas trompé car, à peine avais-je mis un pied à l’intérieur de l’école que Fuyuku me tomba dessus comme chaque jour avec son éternel journal du jour, l’air fière d’elle.

« Le monstre, je crois qu’on va avoir du boulot dans les prochains jours ! S’exclama-t-elle en me mettant le journal sous le nez.

-Tu pourrais au moins me saluer ; grognai-je de mauvaise humeur.

-On verra plus tard pour ça, regarde plutôt le gros titre du journal : C’est le retour du lézard volant !

-Encore lui ? Je te rappelle qu’on a échoué lamentablement la dernière fois…Grommelai-je en repoussant son bout de papier.

-Sauf que cette fois-ci, j’ai un vrai plan ; rétorqua-t-elle, l’œil brillant. Je vous en parlerais tout à l’heure, il y a trop d’oreilles indiscrètes ici.

-Evidemment, si tu te places en plein milieu du hall d’entrée…Soupirai-je. »


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


Comme promis, le soir après les cours, Fuyuku me traina de force dans la salle du club, et Daichi nous suivit comme à son habitude sans même savoir de quoi nous parlions. Hoshino quant à elle arriva un peu plus tard et la rouquine sortit à nouveau son rétroprojecteur et ses diapositives qui me firent bailler rien qu’en les voyant.

Cette fois-ci, une image du lézard volant s’afficha à l’écran, ainsi que plusieurs mots que je ne lus même pas, sachant très bien que de toute façon, ce briefing était totalement inutile.

« Bien, les journaux affirment avoir vu ce monstre dans les environs avec même des photos à l’appui ; commença-t-elle d’un air solennel qui ne lui allait pas du tout. Cependant, je suis certaine qu’il s’agit de montages et je compte bien le prouver !

-Pourtant, toutes ses photos m’ont l’air bien réelles ; fit remarquer Daichi qui, évidemment, ne savait pas de quoi il parlait. »

Je soupirai. Cet idiot venait de rallonger de cinq minutes un briefing qui n’aurait déjà dû pas en durer plus de deux. Parfois, je me demandai si je n’aurais pas mieux fait d’écouter Fuyuku et de le laisser sur le côté…

« Peut-être qu’elles sont réelles oui, et ça serait tant mieux pour nous mais je préfère rester méfiante. Après tout, les cryptozoologues sont souvent des imposteurs.

-Les crypto…Quoi ? S’interroge Hoshino en penchant la tête sur le côté, l’air perdue.

-Les cryptozoologues, ceux qui comme nous, chassent les créatures étranges et paranormales ; expliqua la rouquine, fière d’avoir pu placer ce mot compliqué pour désigner une chose simple. Bref, il faut qu’on vérifie cette information par nous-même et pour cela, j’ai élaboré un plan ! Nous allons nous séparer cette fois-ci : Daichi, tu iras vérifier du côté du nord de la ville. Hinata, toi tu iras au sud, Hoshino à l’est et moi à l’ouest. Nous devrions couvrir un maximum de terrain comme ça et si une créature de cette taille se cache, nous la trouverons à coup sûr ! »

Tout en disant cela, je vis Fuyuku me lancer un petit regard, ainsi qu’à Hoshino, qui nous disait déjà que nous n’allions pas nous en tenir à ce plan.

« Et quand est-ce que tu comptes faire ça ? Lui demandai-je.

-Ce week-end évidemment ! »

Je grimaçai. Cela ne laissait pas beaucoup de jours de repos…mais en un sens je n’étais pas mécontent. Je n’allais pas avoir à trop attendre pour découvrir mes pouvoirs ainsi.

La réunion se termina là et nous nous séparâmes…enfin, nous fîmes semblant car, une fois Daichi suffisamment loin, nous retournâmes à l’intérieur et nous prîmes soin de verrouiller toutes les portes et de fermer tous les rideaux pour être certain que personne ne nous découvre.

« Bon et maintenant, quel est le véritable plan, Yuki ?

-C’est très simple, nous allons faire une grande sortie camping tous les trois à la montagne !

-Oh, super, j’adore le camping ! S’enjailla Hoshino en tapant des mains comme une petite fille.

-Et…Tu peux nous expliquer pourquoi ? La questionnai-je, sceptique.

-Tu as bien vu comme moi que ce familier s’est dirigé vers les montagnes. Je pense qu’il se trame quelque chose là-bas d’assez gros…

-Et…Tu penses vraiment que nous sommes prêts ? Et si jamais il s’agissait d’un repaire d’invocateurs pire ; fis-je remarquer.

-Aucune chance ! Fais-moi confiance, aucun invocateur ne serait assez stupide pour établir son camp en montagne ! Affirma la rouquine, confiante.

-Et pour Daichi du coup ? Reprit Hoshino qui était visiblement la seule à se soucier de lui.

-Ah, ne t’inquiète pas, je l’ai envoyé dans un trou paumé où j’ai déjà vérifié qu’il n’y avait rien d’intéressant à part des champs ; lui répondit la rouquine sans une once de sympathie pour le pauvre garçon qui allait s’embêter seul pendant une journée entière. Mais si vous n’avez pas d’autre question, on se retrouve samedi devant le parc ! »

La réunion s’acheva sur ces joyeuses paroles. Malheureusement pour moi, je n’avais jamais fait de camping et encore moins en montagne. Je fus donc obligé de me documenter pendant les jours qui suivirent et d’acheter le matériel nécessaire avec le maigre argent de poche du professeur car il était hors de question que je m’abaisse à demander à Fuyuku, elle aurait été bien trop contente de me rabaisser…

Finalement, le week-end arriva plus vite que je ne l’aurais pensé avec tous ces préparatifs et je me levai dès l’aube pour rejoindre Fuyuku et Hoshino dans le parc.


https://www.youtube.com/watch?v=J5cgX1Pxx-U


L’air était frais en cette matinée et la rosée perlait encore sur les plantes et les feuilles des arbres, leur donnant un arome assez singulier que je n’avais pas eu l’occasion de sentir souvent jusqu’à maintenant mais qui était loin d’être désagréable.

Le soleil n’était pas encore tout à fait levé et projetait ses rayons orangés sur le parc, presque à l’horizontal, créant des ombres gigantesques et modifiant les couleurs du parc en lui donnant un aspect flamboyant que je ne lui connaissais pas.

Il n’y avait pas encore grand monde à cette heure et tant mieux parce que nous n’avions vraiment pas l’air malin avec nos sacs à dos aussi gros que nous et nos divers accessoires tous plus ridicules les uns que les autres, tels que des casseroles, des tapis de sols et d’énormes bouteilles d’eau.

Mis à part cela, Fuyuku avait revêtu un pantalon marron assez large, ainsi qu’une veste kaki et de grosses chaussures tandis qu’Hoshino avait opté pour une tenue plus légère avec une simple jupe noire, des bottes et un t-shirt beige. Je me sentis tout à coup idiot de m’être habillé comme tous les jours mais je gardais ma dignité et m’avançai vers elles comme si de rien n’était.

« Salut les filles ! Lançai-je joyeusement.

-Hello Hinata ; me répondit Hoshino avec un large sourire. Prêt pour camper ? On va bien s’amuser, j’ai tout prévu pour que ça soit parfait !

-On ne part pas vraiment camper mais chasser un monstre répugnant je te rappelle ; rétorqua Fuyuku qui n’était visiblement pas du matin à en juger par ses cernes immenses. Bon sang, quelle idée de donner rendez-vous à l’aube…

-Et sinon, nous te suivons, c’est ton expédition après tout ; reprit-je, voyant que la ville commençait à s’éveiller.

-Oui, oui…allons-y…Soupira-t-elle en prenant la tête. »

Nous nous rendîmes aux montagnes les plus proches en bus, ce qui n’était pas exactement le genre de moyen de transport que j’aurais imaginé pour une Esper comme Fuyuku mais au moins nous arrivâmes en moins d’une heure au pied du mont Hiuchi qui, vu d’aussi près, était vraiment magnifique, perdu dans la brume du matin.

Notre aventure commença là…même si nous nous contentâmes de suivre le sentier balisé traversant une petite forêt, elle-même longeant un cours d’eau tranquille. Le trajet était vraiment magnifique en cette fraiche matinée. Le vent était frais mais pas désagréable, le soleil désormais complètement levé réchauffait l’atmosphère sans nous aveugler et les oiseaux se réveillaient en chantant. Avec tout cela, j’en finis presque par oublier quel était notre objectif et je m’abandonnai totalement à profiter de cette sortie.

Sur le chemin, je discutai beaucoup avec Hoshino qui m’apprit beaucoup de choses utiles sur le camping même si, étrangement, j’avais l’impression de savoir déjà comment faire la plupart de ses astuces. Certainement encore en rapport avec ma vie passé, pensais-je.

Fuyuku, quant à elle, était étonnement silencieuse pour une fois. Elle ne me fit même aucune remarque sur la vitesse à laquelle nous allions qui n’était franchement pas rapide puisque Hoshino s’arrêtait dès qu’elle voyait un animal ou une plante hors du commun. Cependant, je n’osais pas lui demander ce qui clochait, de peur de me prendre une avalanche de reproches sans queue ni tête.

Nous marchâmes ainsi deux bonnes heures avant de prendre une pause au bord de la petite rivière, sur une sorte de plateau où la vue était assez dégagée sur les environs. Mon premier réflexe fut de chercher la ville et je ne mis pas très longtemps à la trouver. Je fus néanmoins surpris par la distance qui nous séparait d’elle. Vus depuis la forêt, les monts paraissaient tout proches mais vue d’ici, la ville n’était qu’un minuscule point perdu entre l’océan et la marée d’arbres.

« Ah, les marches en montagne, il n’y a rien de tel pour changer d’air ! S’exclama Hoshino en inspirant un grand coup.

-Je vous rappelle qu’on est ici pour détruire un monstre ; grogna Fuyuku.

-Tu ne me sembles pas vraiment de bonne humeur ; fis-je enfin remarquer. Pourtant tu avais l’air enthousiaste il y a encore quelques jours.

-Non, je suis de très bonne humeur, ça ne se voit pas ?! Allez, finis la pause, il est temps de repartir ou ce familier va nous filer entre les doigts. »

Sans ajouter un mot, la rouquine remit son sac sur le dos et partit sans même nous attendre. Nous nous regardâmes avec Hoshino, surpris par tant d’agressivité mais nous ne cherchâmes pas à en savoir davantage et nous reprîmes nous aussi notre chemin à travers la forêt.

La deuxième partie de l’excursion fut légèrement plus compliquée car nous nous éloignâmes un peu des sentiers battus qui, selon Fuyuku, étaient bien trop fréquentés pendant la journée et nous continuâmes notre chemin à travers les rochers et la végétation dense, ce qui n’avait pas l’air de ravir Hoshino qui n’était pas du tout habillée pour cela.

Vers midi, nous prîmes une seconde pause pour le déjeuner, cette fois-ci, assis sur des arbres morts mais l’humeur de notre organisatrice ne s’était toujours pas améliorée. Je commençais sérieusement à me demander s’il n’y avait pas un problème dont elle préférait ne pas nous parler pour une raison obscure…

« Nous en avons encore pour deux heures de marche je pense ; déclara-t-elle en regardant vers le sommet. Une fois en haut, nous installerons notre campement et il n’y aura plus qu’à attendre que ce monstre se pointe.

-Et…Comment peux-tu être certaine que nous allons le voir ? Lui demanda Hoshino, sceptique.

-Juste une intuition…Répondit Fuyuku évasivement. »

Je fronçai les sourcils. Décidemment, quelque chose n’allait pas avec mon amie et je comptais bien découvrir le problème. Certes, je n’appréciais pas spécialement quand elle passait son temps à me dénigrer mais la voir ainsi était vraiment trop étrange pour moi.

Nous levâmes le camp une demi-heure plus tard pour continuer notre ascension et, plus nous montions, plus je sentais que quelque chose n’allait pas ici. Peu à peu, les bruits de la forêt tels que les chants des oiseaux ou même le vent bruissant dans les feuilles des arbres, disparaissaient pour ne faire place qu’à un silence pesant. Même les insectes se raréfiaient, y compris les moustiques si agaçants…

Au bout d’un moment, le bruit de nos pas et nos respirations devinrent les seuls sons que nous pouvions entendre tant la forêt était calme. Je ne savais pas si c’était un phénomène naturel lorsqu’on gravissait les montagnes mais l’expression d’Hoshino me disait le contraire…

Je décidai de lancer quelque chose, histoire de détendre l’atmosphère qui commençait à vraiment devenir pesante.

« Dites, Hoshino, Fuyuku, vous savez à quoi ressemble le sommet ?

-Non mais j’ai entendu dire qu’il était vraiment beau. Il parait qu’il y a même un lac mais il est assez difficile d’accès donc peu de gens s’y aventurent ; me répondit la blonde tout en râlant contre une branche qui s’était encore accrochée à sa jupe.

-Ouai, c’est ce qu’il parait ; enchaina Fuyuku sans conviction.

-Tu sais ce qu’elle a ? Murmurai-je suffisamment bas pour que notre meneuse ne nous entende pas.

-Si seulement. Elle était encore de très bonne humeur hier, non ?

-De bonne humeur, c’est relatif mais oui, elle était normale en tout cas…

-Va savoir, peut-être qu’elle ne s’est pas levée du bon pied qui sait ; hasarda-t-elle en haussant les épaules. »

Cette explication ne me convainquait pas du tout mais je voyais qu’Hoshino n’avait pas plus de réponse que moi et je laissai tomber pour le moment.

Finalement, notre ascension prit beaucoup plus de temps que prévu entre les détours à cause des broussailles ou des taillis trop épais et des nombreuses pauses faites à cause de la fatigue, si bien que nous n’arrivâmes au sommet qu’une fois la nuit presque tombée.

Même si la visibilité était réduite, je pouvais néanmoins affirmer que nous nous trouvions sur un grand plateau recouvert d’herbe et entouré de sommets bien plus hauts, dont certains étaient même enneigés.

« Bon, installons-nous ici, ça ne sert à rien de continuer alors qu’on y voit rien, on risquerait même de tomber dans le lac sans même s’en apercevoir ; déclara Fuyuku en posant ses affaires. »

Nous n’eûmes aucune objection et nous nous attelâmes à monter la tente, récolter du bois pour le feu de camp et sortir tous les ustensiles qui allaient nous être utiles.

Cependant, monter une tente dans le noir n’était pas la chose la plus simple à faire et, après trois coups de marteau sur mes doigts en voulant enfoncer les piquets, je décidai d’abandonner et de dormir simplement à la belle étoile et personne ne fut contre cette idée.

Le diner fut assez sommaire, de simples saucisses au feu de bois et du riz, le tout cuisiné par Hoshino qui s’avéra presque aussi douée que Daichi. Une fois le repas terminé, alors que je pensais que nous allions simplement nous coucher, Hoshino me retint près du feu et afficha un sourire malicieux.


https://www.youtube.com/watch?v=e_C2DqC4kR8


« Bien, maintenant c’est l’heure de la traditionnelle histoire de fantômes ; déclara-t-elle.

-Vous n’avez pas passé l’âge pour vous faire peur avec ce genre de truc ? Rétorquai-je, exténué après notre marche de la journée.

-C’est la tradition, Hinata, tu n’as pas le choix ! »

Vaincu et surtout trop fatigué pour protester, je me rassis à côté de Fuyuku qui n’avait presque pas dit un seul mot depuis le début du diner et Hoshino se râcla la gorge avant de commencer d’une voix lente et se voulant mystérieuse.

« Ce que je vais vous raconter ici est une histoire totalement vraie. C’est celle de la poupée Robert, une poupée hantée. Un jour, un peintre nommé Robert Eugène Otto reçut une poupée de la part d’un des serviteurs et prêtre vaudou de sa famille qu’il prénomma de son propre nom. Au début, tout allait bien, il jouait avec elle, inventait des histoires où il la faisait parler mais un beau jour, les parents d’Eugène entendirent un vacarme assourdissant provenant de sa chambre et, lorsqu’ils arrivèrent, ils le virent recroquevillé dans un coin, tous les meubles saccagés et la poupée seule au milieu du désastre. Voyant cela, les parents décidèrent d’enfermer la poupée au grenier mais les voisins affirmèrent alors l’avoir vue bouger seule et…

-Ce serviteur devait être un bien piètre invocateur ; la coupa Fuyuku sans prêter vraiment attention à l’histoire. Après tout, le vaudou n’est qu’une dérive plus ou moins fidèle de la création de familiers.

-Hein quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire ? M’étonnai-je.

-ça fait bien longtemps que je ne crois plus aux histoires de fantômes. La plupart sont bel et bien vraies mais ce ne sont ni des fantômes, ni des esprits, simplement des familiers, très faibles pour la plupart.

-Je ne suis pas d’accord Yuki ! Rétorqua Hoshino, frustrée d’avoir été interrompue dans son histoire. Peut-être que Robert est bel et bien un familier mais comment expliques-tu le diamant Hope par exemple ? On ne peut pas créer de familier autour d’un objet pareil !

-Ah ça…Pour le coup, c’est de la superstition, rien de plus, mais moi j’ai une histoire vraiment flippante ; lui répondit-elle avec un léger sourire au coin de la bouche qui me rassura un peu, me montrant qu’elle était simplement ailleurs pendant la journée et que rien de grave ne se passait.

-Vas-y, je t’écoute, essaie de nous faire peur ; la défia la blonde en croisant les bras sur sa poitrine.

-Laissez-moi donc vous raconter l’histoire d’Hanako-san.

-Eh, mais c’est nul ça, tout le monde la connait cette histoire et elle ne fait même pas peur ! Protesta la jeune fille, déçue.

-Donc tu vois que toi-même tu n’y crois pas ; s’amusa la rouquine. »

Pour toute réponse, Hoshino gonfla les joues et alla directement se coucher.

« Tu devrais y aller aussi, Hinata, il se fait tard et une longue journée nous attend demain.

-Tiens, tu ne me traites pas de monstre aujourd’hui ? m’étonnai-je.

-Je suis trop fatiguée pour ça ; se contenta-t-elle de répondre. »

Mon amie alla se coucher à son tour et, même si son comportement continuait à m’intriguer, j’étais moi aussi bien trop épuisé pour me poser des questions.

Cependant je fus réveillé assez rapidement par les moustiques et le froid dans mon sac de couchage. Décidemment, je n’étais pas habitué à la vie en plein air car Hoshino, elle, avait prévu sa moustiquaire et dormait profondément. Fuyuku, quant à elle…

Je m’étonnai soudain de voir que son sac de couchage était vide. Je pensais d’abord qu’elle était simplement allée faire un tour mais au bout de dix minutes, ne la voyant pas revenir, je commençai à sérieusement m’inquiéter et je partis à sa recherche…ce qui était stupide puisque je ne voyais pas à deux mètres devant moi…

Heureusement, je n’eus pas à chercher bien longtemps car je la trouvai assise sur un rocher non loin de là, recroquevillée sur elle-même. Je fis exprès de faire un peu de bruit en arrivant pour ne pas lui faire peur mais ma présence ne sembla même pas l’étonner.

« Désolée pour aujourd’hui, le monstre, je n’étais pas vraiment dans mon assiette ; déclara-t-elle d’une voix mélancolique.

-Ca je l’ai bien remarqué oui ; lui répondis-je en prenant place à côté d’elle. »

Je vis alors qu’elle tenait dans sa main le pendentif qu’elle utilisait toujours avant de se battre.

« Alors, qu’est-ce qui ne va pas ?

-Rien, je repensais simplement à ma dernière excursion ici ; soupira Fuyuku. Nous avions dû faire demi-tour à mi-chemin parce que je m’étais foulé la cheville. »


https://www.youtube.com/watch?v=e6Ri_uA_R2k


La jeune fille émit un petit rire amusé en prononçant ses paroles mais, même si elle n’était pas très précise, j’avais très bien compris de quoi elle parlait.

« J’imagine que tu n’as jamais vu le sommet encore dans ce cas ; lui répondis-je sans oser la regarder.

-Non. J’avais même piqué une crise en demandant à mon père de me porter alors que j’avais douze ans…ce qu’il avait refusé catégoriquement, évidemment ; s’amusa la rouquine, se parlant plus à elle qu’à moi.

-C’était donc ça ton véritable but ?

-On va dire qu’il y avait de ça oui…Avoua-t-elle en baissant les yeux. Sincèrement, je ne sais pas si on va trouver ce familier ici…mais je voulais simplement trouver une excuse pour vous emmener ici…Je ne voulais pas y retourner seule…Mais désolée si je n’ai pas paru très agréable aujourd’hui, j’étais vraiment perdue dans mes souvenirs… »

Je ne trouvais rien à répondre à cela. Je n’avais aucun souvenir de ma vie d’humain et encore moins de mes parents si j’en avais eu. Mais étrangement, je pouvais comprendre ce que Fuyuku ressentait rien qu’à l’entendre. J’avais certainement vécu une situation similaire un jour…

Je levai les yeux au ciel et je fus étonné de constater à quel point le ciel était pur ici. Le maigre croissant de lune était à peine visible dans la mer d’étoiles qui planaient au-dessus de nos têtes. Finalement, je ne regrettai pas d’être venu ici. Rien que pour voir ce spectacle, le déplacement en valait la peine.

« Tu as de la chance…de pouvoir te souvenir d’autant de choses ; finis-je par lâcher dans un murmure. Les souvenirs, heureux ou douloureux, restent des souvenirs, des preuves de ta vie passée.

-Crois-moi le monstre, je peux t’assurer qu’il y a des choses qu’il vaut mieux oublier ; rétorqua-t-elle avec un léger sourire. Mais j’imagine que tu as raison, j’ai de la chance… »

Nous restâmes là pendant une bonne dizaine de minutes, sans rien nous dire, à simplement contempler les étoiles au-dessus de nous, dans l’infini silence de la nuit. Je ne pensais à rien. J’étais juste heureux d’être là, en compagnie de Fuyuku et Hoshino qui étaient peut-être agaçantes la plupart du temps mais qui restaient deux amies précieuses.

« Un jour, toi aussi tu retrouveras la mémoire ; déclara-t-elle soudain.

-Comment peux-tu l’affirmer avec autant de certitude ?

-Une intuition on va dire et au pire, on t’aidera ; me répondit mon amie avec un large sourire. »

Je rougis en la voyant. C’était la première fois qu’elle me souriait de la sorte, sans ironie ni arrière-pensée, simplement de l’espoir.

Sur ces mots, nous retournâmes dormir, l’aube étant encore loin mais je me pris à vouloir que cette sortie ne s’arrête jamais et que ces jours paisibles continuent éternellement, loin de ces histoires de Savior et de fondation, comme si nous n’étions que trois amis ordinaires, souhaitant simplement passer du temps ensemble…





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic]Le Dernier Esper posté le [26/12/2017] à 23:21

Chapitre 9 : Enlèvement



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=J5cgX1Pxx-U


Le lendemain, après un petit déjeuner aux aurores, nous nous remîmes en route. Je fus soulagé de voir qu’après notre discussion de la veille, Fuyuku était redevenue elle-même et s’agitait dans tous les sens dans l’espoir de trouver son fameux reptile volant.

De jour, je pouvais voir distinctement le mont Hiuchi et, comme décrit dans les livres, il était vraiment magnifique.

Nous nous trouvions sur un haut plateau entièrement recouvert d’herbe et parsemé de petites fleurs de montagnes telles que des Edelweiss ou des campanules bleues. De temps à autres, la pelouse était entrecoupée de petits points d’eau limpide dans lesquels se reflétait un ciel bleu comme l’azur et sans nuage. Un paysage typique des montagnes japonaises mais qui ne cessait de m’émerveiller.

Les monts aux alentours se perdaient dans les nuages et leurs sommets était recouverts d’une fine couche de neige étincelante. J’aurais bien aimé aller voir cela de plus près mais Fuyuku semblait bien décidée à trouver son monstre volant…

« Au fait, Fuyuku, dis-moi un truc ; lançai-je pour briser le silence.

-Oui, je t’écoute ?

-Qu’est-ce qu’on cherche exactement ? Il a bien un nom notre lézard volant, non ?

-Ah…Peut-être bien oui, je ne suis pas experte dans ce domaine. Je me contente de les exterminer sans vraiment savoir ce qu’ils sont ; me répondit la rouquine en haussant les épaules.

-Si vous voulez mon avis, ce qu’on cherche doit être un Ropen ; lança alors Hoshino en se joignant à la conversation d’un air joyeux. C’est un familier souvent utilisé pour les repérages grâce à leur très bonne vue dans le noir ! Ils sont même capables d’émettre de la lumière comme des balises dans la nuit !

-Et…C’est tout ce dont ils sont capables ? M’étonnai-je.

-Oui, il ne me semble pas qu’ils aient beaucoup d’autre capacités et… »


https://www.youtube.com/watch?v=e_C2DqC4kR8


Hoshino s’interrompit net dans sa phrase et écarquilla les yeux avant de regarder furtivement tout autour d’elle, l’air effrayée. Je penchai la tête sur le côté, déconcerté et Fuyuku s’arrêta, intriguée par l’attitude de la jeune fille.

La blonde sortit alors son téléphone portable et je vis une goutte perler de son front mais avant que je n’aie pu voir ce qui la terrifiait tant, elle rangea son appareil dans sa poche et tenta de sourire, en vain.

« Un problème, Miki ? S’inquiéta Fuyuku.

-N…Non, rien du tout, tout va bien ! S’exclama Hoshino avec un rire forcé. Je me suis juste rappelé à l’instant que j’avais oublié de fermer la porte de chez moi ! »

Nous nous regardâmes avec Fuyuku, ne croyant ni l’un ni l’autre au mensonge d’Hoshino mais aucun de nous deux n’eut envie de la questionner davantage et nous reprîmes notre chemin comme si de rien n’était.

Cependant, au moment où nous nous remîmes en marche, je sentis comme un courant d’air froid dans ma nuque, comme si quelqu’un respirait tout près de moi alors qu’il n’y avait personne…

Nous avançâmes ainsi encore pendant une bonne demi-heure et ce sentiment de ne pas être seuls me suivit pendant toute la marche. Hoshino ne semblait pas plus rassurée que moi et sursautait à chaque craquement de brindille et à chaque cri d’oiseau au loin.

Soudain, Fuyuku, qui jusque-là n’avait montré aucun signe d’inquiétude, s’arrêta brutalement et se retourna vers un rocher derrière nous.

« Allez, arrête de te cacher et sors de là maintenant ! S’exclama-t-elle. »

Au début, je crus qu’elle était devenue folle mais mon cœur rata un battement lorsque j’entendis des bruits de pas dans l’herbe et qu’un instant plus tard, je vis surgir Daichi, l’air attrapé et visiblement assez mécontent d’avoir été découvert.


https://www.youtube.com/watch?v=ek_ReBed57g


« Vous n’êtes pas cool les gars ! Se plaignit-il. Vous m’envoyez dans un trou paumé pendant que vous vous amusez en montagne !

-Co…Comment as-tu su ? Bégayai-je, me rendant compte du danger qu’il courait.

-J’ai écouté aux portes évidemment ! Franchement, si vous ne vouliez pas de moi dans votre club, il fallait le dire avant et… »

Le blondinet fut interrompu par un soupir de Fuyuku qui, baissant les épaules, tourna le dos à la montagne vers laquelle nous nous dirigions et se mit à faire demi-tour, elle aussi ayant certainement compris qu’il était inutile de continuer avec Daichi sur le dos.

« De toute façon, on n’a rien trouvé ; dit-elle d’un ton las. Tu n’as rien raté à part les gémissement d’Hinata qui est incapable de faire trois pas en montagne.

-Eh, je ne te permets pas ! Protestai-je. »

Fuyuku ne releva pas davantage et commença la descente et je m’apprêtai à la suivre lorsque je me rendis compte qu’Hoshino s’était figée au milieu de la pelouse, les yeux ronds et tous les membres tremblants.

« Eh…Hoshino-san…Est-ce que tout va bien ? S’inquiéta alors Daichi.

-S…Sl…Bafouilla la blonde, incapable de terminer sa phrase.


https://www.youtube.com/watch?v=e_C2DqC4kR8


Un puissant vent glacial souffla sur la plaine et amena avec lui un épais brouillard sorti de nulle part. Le ciel, une seconde auparavant bleu et sans nuage, était à présent invisible, de même que les montagnes et les fleurs. C’était à peine si j’arrivai à distinguer les ombres de Fuyuku, Hoshino et Daichi dans cette purée de pois.

La rouquine recula prudemment et se rapprocha de moi jusqu’à ce que nos dos fussent collés et j’entendis sa respiration s’accélérer. Mon pouls s’emballa lui aussi lorsque je compris que ces événements étaient tout sauf naturels.

Tout à coup, je vis une quatrième ombre se dessiner à côté de Daichi et tout mon corps fut parcourut d’un frisson. L’ombre était celle d’un homme incroyablement fin, presque comme un squelette de deux mètres de haut et dont les yeux rouges perçaient à travers l’épaisse brume.

« Daichi, Dégage de là ! Lui ordonnai-je, affolé. »

Mon ami eut tout juste le temps de se retourner et de se jeter à terre pour éviter les deux bras filiformes de la créature qui allaient se refermer sur lui.

Tentant de profiter de cette attaque ratée, je me jetai sur le monstre mais, au moment où j’aurais dû frapper la créature, mon poing se heurta à du vide et l’ombre se dissipa dans le brouillard.

« Co…Comment…

-Hinata…Changement de plan…Grimaça Fuyuku en me rejoignant. Il n’est plus question de trouver ce Ropen…

-On prend la fuite ? Suggérai-je, ayant hâte de sortir de là.

-Non…On ne peut pas…

-Comment ça « on ne peut pas » ? M’étranglai-je.

-Notre ennemi…Est un Familier de rang A+, ayant déjà fait de nombreuses victimes partout dans le monde, mieux connu sous le nom de…

-Slender Man…Couina Hoshino en se blottissant contre moi. »

Je retins ma respiration. J’avais déjà entendu parler de ce Slender Man sur internet et ce que j’avais lu à son sujet ne me rassurait pas du tout. Je comprenais à présent mieux la réaction d’Hoshino un peu plus tôt. Si le mythe était vrai, alors elle avait dû ressentir la présence oppressante de cette créature et son téléphone s’était certainement détraqué à proximité de lui…

En temps normal, je n’aurais pas été inquiété mais Daichi changeait radicalement la donne. Ni Fuyuku, ni Hoshino, ni moi ne voulions révéler à un garçon ordinaire nos pouvoirs et il était, contrairement à nous, bien plus vulnérable.

Je serrai le poing, tentant de contrôler mes tremblements et je me rapprochai un peu plus de Fuyuku.

« Dis…Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Lui murmurai-je à l’oreille.

-Je ne sais pas…Je t’avais bien dit que ton boulet allait nous attirer des problèmes ; grogna-t-elle, sur ses gardes. Quelle plaie…Sur tous les familiers existants, il a fallu qu’on tombe sur lui…

-Est-ce qu’il y a un moyen de mettre Daichi à l’abri le temps de vaincre ce monstre ?

-Aucun ; me dit-elle d’un ton catégorique. Mais si tu avais une cervelle, tu chercherais à te mettre d’abord à l’abri avant de protéger ton boulet…

-Vraiment ? Je ne vois pas… »

La rouquine ne me laissa pas terminer ma phrase et me poussa à terre, juste à temps pour éviter les doigts squelettiques du familier qui allaient se refermer sur moi.

Je vis Fuyuku dégainer son épée et tenter de les trancher mais, comme mon attaque, la sienne ne trancha que de la brume et le monstre se dissipa à nouveau.

Soudain, j’entendis un cri derrière moi. Je me retournai en sursaut et ce que je vis me glaça le sang. Sous mes yeux, Hoshino se fit happer par les bras du Slender Man et disparut dans le brouillard sans qu’aucun d’entre nous n’eût pu réagir.

« H…Hoshino-San…Bégaya Daichi, livide. »

Mon amie tenta de se lança à la poursuite du monstre mais au même moment, l’épais voile de nuage se dissipa, de même que toute trace du monstre ou de la cadette…

Sous le choc, je me relevais en titubant et me mis à regarder de tous les côtés, cherchant désespérément un signe de mon amie ou du monstre mais rien, pas même une trace de pas.

Je me tournai vers la chasseuse pour lui demander ce qu’il fallait faire maintenant mais son regard était vide et elle fixait le sol, les épaules basses.


https://www.youtube.com/watch?v=gwkvdKg18ZY


« Fuyuku…Commençai-je.

-Je le savais…Je savais que c’était une mauvaise idée…Marmonna-t-elle. »

Prudemment, je m’approchai d’elle et je lui mis ma main sur l’épaule. Elle releva timidement la tête et je lui lançai un regard chaleureux pour tenter de la réconforter.

« Le monstre…Murmura-t-elle, au bord des larmes.

-Tout ira bien. On retrouvera Hoshino ; la rassurai-je.

-Tu…Tu ne sais vraiment pas à qui tu as à faire…Rétorqua-t-elle.

-Si, je le sais. Et c’est pour ça que je refuse d’abandonner.

-Qui t’a parlé d’abandonner ? Evidemment que je n’abandonnerai pas Miki à son sort ! Répliqua la rouquine en élevant légèrement la voix. C’est juste que…Par ma faute, quelqu’un se retrouve encore en danger…

-Que veux-tu, ce sont les risques du métier j’imagine ; dis-je en haussant les épaules. »

Je me tournai ensuite vers Daichi qui n’avait pas dit un seul mot depuis la disparition de notre amie.

« Rentre au dortoir, Daichi. On s’occupe du reste.

-Comment ça ? Vous voulez que je vous laisse affronter le Slender Man seuls ? S’étrangla le garçon. C’est hors de question, je viens avec vous ! »

Pour toute réponse, Fuyuku, vive comme l’éclair, se rapprocha du blondinet et lui mit l’épée sous la gorge sans qu’il n’ait eu le temps de réagir mais, contre toute attente, il ne paniqua pas et garda un sang froid extraordinaire.

« Je…Je suis aussi l’ami d’Hoshino-san et je suis membre du club, je veux venir aussi !

-Tu vois bien que, si je l’avais voulu, j’aurais pu te trancher la gorge, Daichi ; le menaça la rouquine. Slender Man n’est pas un ennemi à prendre à la légère et lui, il ne te fera aucun cadeau.

-Je le sais bien ! Mais…Si Hoshino s’est faite enlever…J’ai l’impression que c’est en parti à cause de moi…Alors s’il vous plait, laissez-moi me racheter ! Je sais que je peux être stupide et irréfléchi voire même lourd mais je ne veux pas que les autres souffrent à cause de moi ! Je ne veux pas être un fardeau ! »

J’eus un pincement au cœur lorsque mon colocataire dit cela en repensant à toutes les fois où Fuyuku l’avait traité de boulet. Elle aussi dû se sentir mal car elle grimaça et fit disparaitre son épée en soupirant.

« Est-ce que tu te rends compte au moins qu’en nous accompagnant, tu seras le pire boulet existant ?

-Je peux me protéger seul, je sais me battre…plus ou moins ! Rétorqua Daichi, déterminé.

-Ce n’est pas ce que je veux dire. Je…Enfin, nous sommes des Espers, Hinata et moi, nous pouvons facilement affronter ces monstres mais toi…

-Des Espers…hein ? Répéta le blondinet à voix basse. J’ai toujours su que vous aviez quelque chose de plus et que vous me cachiez des choses…

-Peut-être mais ce n’est pas le moment de parler ! Pendant que nous dissertons, Hoshino est peut-être en danger ! Les interrompis-je. Daichi, si tu veux venir, viens mais si les choses tournent mal, fuis.

-ça, aucun problème, je sais faire ! »

A ce moment-là, je ne compris pas ce qui me prit mais je fus envahi d’une énergie nouvelle et, prenant les devants de Fuyuku, je prononçai les mots qu’elle s’apprêtait à dire :

« Changement d’objectif : on abandonne le Ropen et on part à la chasse au Slender Man ! M’exclamai-je. Mission : Sauver Hoshino à tout prix ! »

Nous levâmes nos poings au ciel en chœur avant de reprendre notre chemin là où nous l’avions arrêté, nous enfonçant un peu plus dans les montagnes.


https://www.youtube.com/watch?v=x0n5yObwyDE


Plus nous avancions et plus les montagnes auparavant joyeuses et attrayantes perdaient leur charme. Plus d’herbe verte ni de petites fleurs bleues. Seules la roche nue et les mousses verdâtres peuplaient un paysage monotone et sans vie.

Fuyuku avait reprit la tête de l’expédition et Daichi marchait au milieu, à l’affut du moindre bruit suspect ou du moindre mouvement louche. Quant à moi, j’assurais nos arrières en fermant la marche.

Selon les dires de la jeune fille, le Slender Man – ou plutôt son invocateur – utilisait la brume pour attaquer et ainsi désorienter ses adversaires qui croyaient à l’attaque d’une sorte de fantôme.

Cependant, Daichi avait souligné un point plutôt inquiétant : ce familier, en plus de faire dysfonctionner les appareils électroniques, était capable de manipuler l’esprit des gens…

Evidemment, il ne prenait pas possession de leur cerveau mais il émettait des ondes susceptibles de modifier le comportement des personnes fragiles.

Aucun d’entre nous ne disait un mot. Nous étions totalement focalisés sur le sauvetage d’Hoshino et même Daichi n’avait pas cherché à en savoir plus sur nos pouvoirs, lui qui était le roi des commères en temps normal.

Soudain Fuyuku s’arrêta brutalement et scruta le ciel en fronçant les sourcils avant de poser un genou à terre et d’examiner le sol stérile et froid.

« Un problème ? S’étonna Daichi.

-Oui…Je déteste ce type de familier ; grommela la rouquine. Etre capable de se déplacer dans la quatrième dimension, cela devrait être interdit…

-Attends…la quatrième dimension tu dis ? Répétai-je, interdit.

-D’après la légende oui, il serait capable de se volatiliser dans un espace parallèle pendant un court instant ; ajouta Daichi, peu rassuré.

-On parle d’un familier de rang A+ je te rappelle. Même s’il en existe des bien plus puissants, il n’est que dans la moyenne haute. Ce genre de pouvoir ne devrait pas t’étonner, Hinata ; ricana Fuyuku.

-V…Vraiment ? Et si voyager dans la quatrième dimension n’est que la moyenne haute…Qu’y a-t-il tout en haut de l’échelle ? Frissonnai-je.

-Des créatures « divines » on va dire, genre Cthulhu ou Quetzalcoatl ; me répondit-elle en haussant les épaules.

-J’imagine…Qu’on devrait être content de n’avoir qu’un A+ alors…

-Mais pour le moment, tu as perdu sa trace, Fuyuku-chan, n’est-ce pas ? Reprit le blondinet. »

La jeune fille se releva en soupirant. Le soleil avait beau être au zénith, nous n’avions pas plus de visibilité qu’en pleine nuit dans cette affaire.

« Daichi, donne-moi ton téléphone ; ordonna-t-elle au garçon.

-Et…Pourquoi ça ?

-Donne-le moi c’est tout. »

Sans faire davantage d’histoire, le blondinet sortit son portable et Fuyuku tenta de l’allumer. L’écran de veille de Daichi apparut mais il était brouillé et entrecoupé de bandes noires, comme si le verre était brisé.

« Bon, le monstre est toujours dans les parages, c’est déjà ça ; déclara-t-elle. Logiquement, le téléphone devrait réagir à la présence du Slender Man.

-Je vois, un peu comme une boussole…C’est plutôt intelligent ; m’étonnai-je.

-Bof, ce n’est qu’un tour de passe-passe ; me répondit-elle en haussant les épaules. »

Suivant ainsi notre boussole de fortune, nous nous enfonçâmes toujours plus profondément dans les montagnes et surtout, toujours plus haut. L’air commençait à se rafraichir violemment et rapidement, nous fûmes les pieds dans la neige.

Mais aucun de nous ne se plaignit. Nous n’avions pas le temps pour ça. Il nous fallait sauver Miki au plus vite.

Je n’avais d’ailleurs pas vraiment de doute sur l’identité des ravisseurs. Il devait certainement s’agir des hommes aux Lindorms et aux chiens noirs encore une fois…

« Dis-moi, Hinata…Commença soudain Daichi. Ça fait longtemps que vous chassez les monstres sans moi ? »

Je lançai un regard interrogateur à Fuyuku pour lui demander s’il fallait lui révéler toute l’histoire mais son désintérêt pour la question m’incita à tout révéler à Daichi. Ainsi, je lui racontais tout ce que je savais sur les deux jeunes filles et je prétendis être un simple Esper pour faire simple.

Le garçon écouta avec intérêt mon histoire tout en continuant notre chemin et, lorsque j’eus terminé, celui-ci croisa les bras sur son torse, l’air pensif.

« Et dire que tout cela se passait sous mon nez et que je n’ai rien vu…

-Heureusement que tu n’as rien vu ; rétorqua Fuyuku d’un ton sec sans même se retourner. Quel genre d’Esper serais-je si j’avis commis une erreur aussi grossière ? Mais je ne pensais pas que tu serais assez stupide pour nous rejoindre.

-J…J’imagine que j’aurais mieux fait de rester dans mon coin…oui…Bredouilla le garçon en baissant la tête.

-Enfin, ce qui est fait est fait. L’heure n’est pas aux reproches mais au sauvetage de Miki. »

Honteux, mon ami baissa un peu plus les yeux et fixa le sol. J’avais un peu pitié de lui mais Fuyuku, même si ses mots étaient crûs, avait raison.

Nous escaladâmes cette haute montagne encore une demi-heure avant d’arriver sur un haut plateau aride faisant penser à un décor presque lunaire. L’eau était en partie gelée et autour, seules quelques rares mousses arrivaient à survivre dans ces conditions extrêmes.

Fuyuku s’arrêta et regarda le téléphone de Daichi : l’écran était à présent presque entièrement noir. Nous ne devions plus tout proche de notre but.

Cependant…Nous ne pouvions pas aller plus haut de là où nous étions. Ce plateau était le sommet de la montagne et l’autre versant était un immense ravin…

« Et maintenant ? Demandai-je à notre guide.

-Laisse-moi réfléchir… »

La rouquine s’approcha du lac et je regardai Daichi en penchant la tête sur le côté mais il se contenta de me répondre par un haussement d’épaules et nous rejoignîmes la jeune fille.

Sans prévenir, Fuyuku lança le téléphone de mon ami au beau milieu du lac sous nos yeux effarés mais, avant que le blondinet n’eût le temps de protester, une vive explosion se produisit lorsque l’appareil heurta la surface de l’eau.

« Bingo ; se félicita la jeune fille.

-Et…C’était pour quoi ça ? S’indigna Daichi. »

Fuyuku l’ignora royalement et se contenta de matérialiser son épée, un sourire vainqueur se dessinant sur ses lèvres.

« Allez, sors de là, Slender Man ! »


https://www.youtube.com/watch?v=uGy45tGyDCA


Au moment même où elle prononça ces mots, l’épais brouillard qui avait envahi la montagne un peu plus tôt réapparut et nous enveloppa à nouveau. Daichi émit un gémissement de peur et je me mis sur mes gardes, prêt à intercepter ce monstre.

Une ombre fantomatique se dessina à l’endroit où le téléphone avait explosé. Deux yeux rouges percèrent dans le brouillard et la silhouette d’un homme squelettique apparut.

Lentement, la brume autour de la créature se dissipa, comme si elle était absorbée par le familier et je pus voir distinctement le corps du monstre : il s’agissait d’un humanoïde de deux mètres, portant un costume noir, au crâne chauve et à la tête dénuée de visage à l’exception d’une bouche remplie de dents acérées. Ses bras et ses jambes étaient longs et les manches flottaient, comme s’il n’y avait que des os sous ce costume.

Dans le dos du monstre, juste au niveau du cou se déployaient comme des sortes de tentacules d’ombre émanant une aura inquiétante et ondulant lentement. Le familier semblait léviter quelques centimètres au-dessus du sol et, à ses pieds, inconsciente, se trouvait Hoshino.

« Hoshino ! S’écria Daichi, les yeux ronds de peur. »

Le garçon tenta de s’approcher mais Fuyuku lui barra la route avec son épée, sans quitter le Slender Man des yeux.

Etrangement, le monstre ne bougeait pas et l’atmosphère était pesante, comme si des dizaines d’autres paires d’yeux nous observaient au même moment.

« Je vois…Alors comme ça, mes hommes disaient vrai, ma fille s’est vraiment associée à la chasseuse ; déclara le monstre d’une voix lente et grave qui me fit frissonner.

-Anko…Yukito je présume ? Grimaça Fuyuku.

-Ma fille m’a déjà présenté…Fort bien, cela m’épargnera de long discours ; continua le père d’Hoshino à travers la bouche du familier. Cependant, il est temps pour moi de mettre un terme à cette fugue ridicule. Je vous suis reconnaissant de vous être occupés d’elle mais à présent, il est temps pour elle de rentrer à la maison. »

Le familier se baissa pour attraper Hoshino mais Fuyuku l’en empêcha en tirant un rayon d’énergie noire avec sa main pile entre la jeune fille et le bras du monstre.

« Oh, de la résistance ? Sachez que Miki étant sous ma responsabilité, je peux considérer que vous la retenez actuellement en otage ; reprit l’homme d’une voix dénuée de sentiment.

-Si cela vous fait plaisir, oui, nous la retenons en otage ; répliqua Fuyuku avec un calme faisant froid dans le dos.

-Dans ce cas, je suis dans mon droit de vous attaquer sans craindre de représailles de la loi…

-Venez, je vous attends ! S’exclama la rouquine en brandissant son épée devant elle. »

Lentement, le monstre changea de cible et se tourna vers nous. Le Slender Man écarta les bras et ses tentacules s’allongèrent derrière lui et la lueur dans ses yeux redoubla d’intensité tandis que son corps s’éleva haut au-dessus de nous, entouré d’une aura noire.

Une goutte de sueur coula le long de mon front et j’ordonnai à Daichi de se mettre à l’abri…ou du moins d’éviter autant que possible le combat, ce qu’il fit immédiatement et sans demander son reste.


https://www.youtube.com/watch?v=CoRbgUZb0n4


« Mon nom est Anko Yukito, président de la branche Savior au Japon, détenteur du familier communément appelé Slender Man ! Vous n’avez aucune chance face à moi ! S’exclama le familier. »

Tout en prononçant ces mots, un vague d’énergie s’échappa de son corps et la bourraque produite me déstabilisa et je vis que Fuyuku faisait son possible pour ne pas chanceler également.

Sans autre sommation, l’homme maigre passa à l’attaque, projetant ses tentacules droit vers nous. J’esquivai de justesse le premier assaut et le tentacule s’écrasa sur le sol, ouvrant un énorme cratère de plusieurs centimètres de profondeurs.

Je déglutis devant la puissance de ce familier. Les Lindorms étaient déjà terrifiants mais ce Slender Man…Rien qu’avec ce coup, je sentais que notre adversaire était d’un tout autre niveau.

Je tournai la tête vers ma partenaire et je la vis trancher d’un seul coup les membres sombres du monstre mais ceux-ci se reformaient aussitôt en aspirant la brume qui nous entourait.

Rapidement, la rouquine fut également obligée de reculer et vint à côté de moi, à une distance suffisante pour être hors de portée des attaques du monstre.

« Que je déteste ce type de familier ! Cracha-t-elle, furieuse. Je suis totalement désavantagée !

-Tu sais comment le battre ? Lui demandai-je en serrant les dents.

-Aucune idée…Non, mais je vais improviser ! »

Sans me laisser le temps de répondre, la jeune fille repassa à l’attaque, fonçant dans le nuage de tentacules de la créature, tentant de forcer le passage en tranchant tout avec son épée mais rien n’y faisait, les défenses du monstre étaient bien trop grandes et Fuyuku finit par être repoussée violemment.

Avec un cri de douleur, ma partenaire fit un vol plané et je la rattrapai de justesse avant qu’elle ne plonge dans le lac gelé.

« Bon sang…Quelle saleté ce familier…Grogna-t-elle en se remettant debout, secouée par le choc.

-Dis-moi…Est-ce que tu penses que je pourrais le contrôler et…

-Non, surtout pas ! S’écria-t-elle, affolée. »

Je sursautai, surpris d’une réponse aussi violente.

« Slender Man est un familier qui agit directement sur le cerveau, tenter de le contrôler reviendrait à t’exposer pleinement à son pouvoir !

-Dans ce cas…Qu’est-ce que je peux faire ?

-Protège le boulet en attendant que je trouve une solution ! »

La rouquine ne me laissa même pas objecter et repartit à l’assaut du monstre, commençant à lui tourner autour dans l’espoir d’attaquer dans son angle mort mais ses tentacules semblaient avoir des yeux et ripostaient quel que fût l’angle d’attaque.

Quant à moi, comme demandé, je restai auprès de Daichi au cas où un autre familier aurait surgi mais soudain, mon ami se jeta sur moi et me fit rouler sur le côté. Je m’apprêtai déjà à le traiter de fou lorsque je vis le sol carbonisé juste à l’endroit où nous nous trouvions un instant plus tôt.

J’écarquillai les yeux, interdit, ne voyant aucun signe de l’attaque qui provenait clairement de derrière nous…

« Q…Que s’est-il passé ? Bafouillai-je.

-Un tentacule est sorti de nulle part derrière nous…Me répondit le blondinet, confus.

-De…Nulle part ? »

Mon esprit tilta à ce moment-là et je me souvins des mots de Fuyuku lorsqu’elle me parlait de la capacité de ce monstre à se déplacer dans la quatrième dimension…

Cela ne sentait pas bon du tout. Si le Slender Man utilisait cette faculté pour attaquer, il n’y avait aucun endroit sûr et nos yeux ne nous étaient d’aucune utilité…

Je voulus prévenir Fuyuku mais avant que je n’aie pu la rejoindre, deux bras squelettiques surgirent devant moi et m’attrapèrent les jambes.

Je m’étalai de tout mon long sur la pierre dure et je ressentis une vive douleur au poignet qui avait servi pour amortir ma chute.

Lorsque je réalisai que les doigts griffus de la créature s’enfonçaient dans ma chair, je me débattis et, concentrant toute mon énergie dans mes jambes, je fis un bond de trois mètres en arrière si puissant que les mains du monstre lâchèrent prise.

J’atterris en douceur près de Daichi et aussitôt, je tentai d’arrêter l’hémorragie en déchirant un bout de mon pantalon. La blessure était profonde et risquait de s’infecter si rien n’était fait mais pour le moment, nous devions trouver un moyen de vaincre cette créature au plus vite.

Fuyuku continuait à tourner autour du monstre, portant des coups vifs aux endroits non protégés mais à chaque fois, des tentacules d’ombre se formaient à partir de la brume et repoussaient les assauts de la rouquine qui s’épuisait à vue d’œil.

« Daichi…Comment est-ce qu’on bat le Slender Man dans ton jeu stupide ? Lui demandai-je alors, désespéré et à court d’idée.

-Comment ça, le battre ? Répéta-t-il comme si je venais de dire quelque chose de stupide. On ne peut pas battre le Slender Man, il faut fuir quand on le voit !

-Très utile comme conseil…Grommelai-je. »

Pendant que nous cherchions un moyen de vaincre ce monstre, j’entendis un cri provenant de Fuyuku. Nous nous retournâmes en sursaut et nous vîmes que le pied de la jeune fille avait été attrapée par l’une des tentacules du Slender Man et qu’elle pendait en se débattant vainement à deux mètres du sol.

« Fini de jouer les enfant, Miki rentre à la maison à présent ! »

D’un geste ample, le monstre projeta Fuyuku contre moi et cette fois-ci, je fus incapable de la rattraper et nous nous écroulâmes tous les deux sur le sol.

L’épée de la jeune fille se planta à quelques mètres de nous entre deux rochers tandis que la rouquine tenta de se relever avant de retomber aussitôt, un long filet de sang perlant le long de sa jambe.

« Attaquer par le sol…ça devrait être interdit ça aussi…Maugréa-t-elle, incapable de faire le moindre geste. »

Voyant Fuyuku à terre, je cherchai Daichi du regard pour le protéger et mon cœur rata un battement lorsque celui-ci se saisit de l’épée dorée et la brandit devant lui.

« Attends…Qu’est-ce que tu comptes faire avec ça ? M’étranglai-je.

-Je…C’est en partie de ma faute tout ce qui arrive…alors même si je suis un boulet…Je veux être un boulet utile ! S’exclama le garçon, tremblant.

-Oh ? Tu n’es ni un Esper ni un invocateur, que comptes-tu faire ? S’amusa le père de Miki à travers la bouche de son familier. »

Daichi grimaça et, poussant un cri de rage, commença à foncer vers Slender Man. Le monstre émit un sourire et désarma le pauvre garçon d’un seul coup avec l’une de ses tentacules.

« Un humain qui connait les secrets d’ESP et de Savior…Doit mourir ; déclara calmement le monstre. »

La brume forma un nouveau tentacule aiguisé comme un épieu et le familier attaqua Daichi sans autre sommation.

« Daichi ! M’écriai-je, affolé. »

Sans réfléchir une seule seconde, et voyant uniquement mon ami en danger, j’oubliai complètement les avertissements de Fuyuku et j’activai les mêmes pouvoirs que ceux utilisés contre les chiens noirs.

« Stop ! Ordonnai-je au monstre. »

Comme répondant à mon ordre, le tentacule s’arrêta à quelques centimètres du cœur de Daichi qui poussa un soupir de soulagement.

Mais alors que je pensais que j’avais réussi à contrôler ce monstre, le Slender Man tourna lentement sa tête vers moi et le monde commença à se distordre sous mes yeux.


https://www.youtube.com/watch?v=izEqFumCraY


Le familier se mit à grandir, encore et encore, comme une ombre grandissante et ses tentacules se mirent à m’entourer jusqu’à m’emprisonner totalement dans une prison entièrement noire, sans aucune lumière.

Mon cœur battait la chamade, je suai à grosse goutte et ma tête me faisait affreusement mal. Je me mis rapidement à avoir du mal à respirer et sous mes pieds, deux immenses yeux rouges se dessinèrent.

Je fis un bond, effrayé et le Slender Man réapparut devant moi, entouré de son aura sombre et un sourire malsain se dessinant sur sa bouche sans lèvre et aux dents acérées.

« Allons bon, voilà un Esper qui se croit tout puissant ; ricana la voix du père d’Hoshino. Tu pensais vraiment pouvoir utiliser tes facultés psychiques sur Slender Man ? La chasseuse s’entoure de bien des incompétents… »

Je ne répondis rien, cherchant simplement à m’enfuir de cet endroit mais j’étais totalement emprisonné dans ce qui semblait être l’esprit du familier.

« Tu viens de t’exposer directement au pouvoir qui classe Slender Man au rang A+ et il est temps pour toi d’en subir les conséquences ! Il parait que pour un Esper, le souvenir de comment contrôler ses pouvoirs est ce qu’il y a de plus important… »

Sans que je ne puisse bouger, je vis les doigts griffus et squelettiques de Slender Man s’approcher de ma tête et la pénétrer comme si mon crâne n’existait pas.

Pendant plusieurs instants, mon cœur cessa de battre. Je ne voulais pas perdre le peu de souvenirs que j’avais de mon temps passé avec Fuyuku…Mais je ne pouvais rien faire, j’étais totalement paralysé…

Je le sentais, l’esprit du familier s’introduisant dans mon intimité et fouillant dans ses moindres recoins pour retrouver mes souvenirs les plus précieux…

Soudain, un éclair jaillit de ma tête et le familier se retira vivement, tombant à la renverse sur le sol, les yeux ronds et son sourire ayant quitté ses lèvres pour ne faire place qu’à une grimace et un regard terrifié.

« Non…Ce n’est pas possible…Tu ne devrais même pas exister…Hikaru Hinata ! Gémit le père de Miki en mettant les mains devant son visage pour se protéger. »

La prison sombre vola au même moment en éclats et me libéra. Haletant, je tombai à genoux devant Fuyuku et Daichi tandis qu’en face de nous, le familier reculait prudemment.

« Hinata, mon pote, est-ce que tout va bien ? S’affola Daichi.

-Je…Je crois que oui…Bégayai-je, encore sous le choc de l’attaque.

-Tu es stupide ou quoi ? Je t’avais dit de ne pas tenter de le contrôler ! Râla la rouquine en se remettant debout en se servant de son épée comme d’une béquille.

-Ce qui compte, c’est le résultat…Dis-je entre deux respirations. »

La chasseuse se tourna alors vers Slender Man et pointa son épée vers lui. Même s’il semblait quelque peu désorienté, il n’avait pas l’air d’avoir abandonné la partie et nous faisait toujours face, deux mètres au-dessus du sol, les tentacules déployées derrière lui.


https://www.youtube.com/watch?v=HVPZ-KZNlrQ


« Hinata…Daichi…Eloignez-vous s’il vous plait ; nous demanda Fuyuku très calmement. »

Sans nous faire prier, nous obéîmes et la jeune fille prit son épée à deux mains. Tout son corps fut alors illuminé d’un éclat doré, comme celui qui brillait dans ses yeux lorsqu’elle combattait. Son arme prit également cette teinte et sa composition même sembla changer. La lame s’allongea, noircit tandis que la garde changea de forme, grossissant, se courbant et se couvrant d’une plaque dorée.

Slender Man repassa à l’attaque en utilisant son pouvoir de traverser les dimensions mais, lorsque l’épée de Fuyuku trancha le tentacule, celui-ci ne repoussa pas et le monstre poussa un cri de douleur.

« Co…Comment ? Hurla le père de Miki, fou de rage. »

Pour toute réponse, la rouquine leva son arme aussi dessus de sa tête et ferma les yeux. Ses cheveux crépitèrent et virèrent au doré eux aussi tout en s’élevant légèrement derrière elle, comme flottant dans son dos grâce à une force invisible.

Le monstre repassa plusieurs fois à l’attaque mais, à peine entrait-il en contact avec la peau de Fuyuku que ses membres se désagrégeaient sans pouvoir repousser, comme si le corps de Fuyuku…

« Je ne comptais pas me servir de mon pouvoir une nouvelle fois…Mais il n’y a aucun autre moyen…Murmura la jeune fille.

-C’est une feinte ! Je ne peux pas perdre ce combat ! Hurla Slender Man, redoublant de violence dans ses attaques.

-Anti-Mater Sword…Dark Excalibur !! »

La rouquine abattit son épée devant elle et je vis un immense rayon noir fuser droit vers le Slender Man qui ne pu parer l’attaque et fut heurté de plein fouet.

Le monstre poussa un rugissement de douleur tandis que je vis son corps être annihilé progressivement puis, dans une explosion de lumière, Slender Man disparut définitivement de notre champ de vision et la brume se dissipa immédiatement, nous laissant entrevoir Hoshino, toujours inconsciente au milieu du lac, couchée sur un bloc de glace.

Fuyuku, lâchant son arme qui disparut immédiatement, tomba à terre et Daichi la rattrapa juste avant qu’elle ne touche le sol.

Quant à moi, je restai bouche bée devant la puissance de l’attaque de la rouquine, à la fois fasciné et terrifié par son pouvoir, comprenant soudain à quel point j’avais frôlé la mort de près le jour où elle m’avait attaqué…

« F…Fuyuku…Balbutiai-je. Qu’est-ce que c’était que…

-Mon…Mon joker…On va dire…Articula-t-elle avec difficulté.

-Mais alors, ton pouvoir…ce n’est pas cette épée…

-Bien vu…Le monstre…Je peux créer…De l’antimatière… »

A bout de forces, mon amie s’écroula dans les bras de Daichi, inconsciente, nous laissant tous les deux abasourdis et choqués.

« Fuyuku…Tu pourrais détruire le monde avec un tel pouvoir…Murmurai-je alors. »





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic]Le Dernier Esper posté le [17/03/2018] à 20:34

Fuyuku Yuki : A la recherche d’humanité


Prologue



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=eIqxHpK97m4

Un jour, je me suis posé cette question : que signifie réellement « être humain » ? Est-ce l’appartenance à l’espèce humaine ? Posséder une intelligence supérieure à celle des autres créatures ? Etre capable de penser et de raisonner ? Posséder une âme ? Ou bien cette définition ne se limiterait-elle pas à simplement une apparence physique ?

Une créature que l’on appellerait « monstre » car différente physiquement de nous ne pourrait-elle pas également penser, raisonner, aimer et haïr comme le ferait n’importe quel être appartenant au genre homo Sapiens ? Dans ce cas, pourrait-on la qualifier « d’être humain » malgré son apparence et ses différences ?

Au contraire, que serait un homme dénué d’âme ? Un homme corrompu, n’étant guidé que par son instinct ou par la haine et oubliant tout autre sentiment ? Cet homme-là pourrait-il être encore qualifié « d’humain » s’il se comporte de la même façon que les créatures que nous appelons « monstre » ?

Longtemps, je pensais que seule l’apparence comptait, qu’un homme né homme était forcément un être humain, quelle que soit son attitude et que les familiers n’étaient que des monstres sanguinaires tous plus hideux les uns que les autres, des créatures qu’il fallait exterminer somme toute.

Après tout, c’était la philosophie de la fondation ESP et j’en avais été imprégnée depuis ma plus jeune enfance. Rien de ce que j’avais pu voir ou entendre n’avait été suffisant pour me faire me remettre en question.

Et pourtant, un jour, moi qui croyais être humaine entièrement et qui ne rêvais que d’exterminer les familiers, créatures infâmes et dangereuses, je fus prise à mon propre jeu et je devins un monstre aux yeux de tous et de moi-même…




Fuyuku Yuki : La naissance d’une Esper



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=S1baWtCsK8s


« Ceci conclut donc notre cours sur la reproduction sexuée des pissenlits. La prochaine fois, nous aborderons le développement des mitochondries ainsi que leur respiration. »

Tandis que notre professeur de SVT rangeait ses affaires et quittait la classe, je terminai la lecture de mon livre intitulé « Les créatures mythiques existent : reptiliens et terre creuse, les bases de notre civilisation » en riant intérieurement. J’aimais m’amuser des bêtises qui trainaient dans ces ouvrages écrits par des soi-disant spécialistes n’ayant jamais vu rien de plus que l’ombre de ces monstres.

« Encore à lire tes théories du complot Yuki ? »

Lentement, je levai la tête vers la personne qui venait de prononcer ces mots qui n’était autre que Chihiro Kazumi, ma meilleure amie de collège. Il s’agissait d’une grande fille brune aux cheveux toujours attachés, aux grands yeux marrons pétillant de malice et au visage fin. Même si elle avait énormément de succès auprès des garçons, elle trainait avec moi depuis que nous nous étions assises à côté en début de primaire, quatre ans plus tôt. Nous formions une sorte de duo inséparable, à tel point que me voir sans elle ou la voir sans moi était devenu quelque chose d’inconcevable pour beaucoup.

La jeune fille me regardait avec amusement, les jambes croisées, la main posée sur ma table, un sourire stupide sur les lèvres.

« Kazumi, si tu savais ce qui se tramait dans notre dos sans qu’on le sache, tu ferais moins la maligne ; rétorquai-je en rangeant le livre dans mon sac. »

Mon amie émit un petit gloussement et nous sortîmes toutes les deux de la salle de classe. Même si je savais pertinemment que les monstres existaient grâce au travail de mes parents, j’étais obligée de garder le secret. C’est pourquoi, je m’amusais à passer pour la fille cinglée, croyant aux complots, extraterrestres et reptiliens, tout en m’assurant d’avoir l’air suffisamment dégénérée pour ne pas être crédible. Cela me permettait non seulement d’être un peu tranquille mais j’aimais aussi voir à quel point les gens pouvaient être ignorant sur le monde qui les entourait.

Normalement, en tant que fille d’Espers et d’agents de la fondation ESP, j’aurais dû être placée dans une école spécialisée mais mes parents avaient tenu à me tenir relativement éloignée de ce monde car j’étais totalement incapable de contrôler mes pouvoirs.

A vrai dire, je ne savais pas moi-même ce qu’ils étaient puisque je n’avais jamais réussi à les activer de manière volontaire et, les rares fois où ils s’étaient manifestés, j’avais détruit des salles entières de la fondation. C’est pourquoi, après avoir terrifié tous mes camarades en maternelle et avoir été prise pour un monstre par plusieurs adultes, mes parents m’avaient strictement interdit de me servir de mes pouvoirs et m’avaient placée loin du monde des Esper et des familiers.

Cependant, cela ne me dispensait pas de suivre tout de même quelques cours théoriques avec la fondation, même si je devais me faire passer pour une Esper sans capacité spéciale pour éviter d’attirer l’attention sur moi et qu’on me demande de faire une démonstration de mes talents ou ce genre de choses risquant de m’attirer les foudres de tout le monde une nouvelle fois.

Mais, même si j’appréciais mes jours de tranquillité, je rêvais au jour où, moi aussi, je serais en mesure de contrôler ces pouvoirs pour pouvoir combattre aux côtés de mes parents et exterminer ces monstres de Savior qui menaçaient notre monde! Devenir l’héroïne de la fondation et protectrice de l’humanité…C’était mon souhait le plus cher et je m’entrainais dur pour être prête lorsque ce jour arriverait.

« Alors, quel est le programme aujourd’hui ma Yuki ? Me demanda alors mon amie une fois que nous fûmes sorties de l’école.

-Et bien, j’ai escrime jusqu’à dix-neuf heures. Pourquoi ? Tu voulais faire quelque chose de particulier ?

-Il parait que Savior tient une conférence sur les créatures paranormales ce soir, ça te dirait d’y aller, toi qui es toujours le nez fourré dans ces histoires ? »

Je grimaçai intérieurement. Pour les civils comme Kazumi, Savior et Esp n’étaient pas deux fractions secrètes se livrant une guerre dans l’ombre mais deux organisations comme les autres.

Alors que Savior se cachait derrière le masque de l’entreprise à la pointe de la technologie et laboratoire de recherche en génétique, ESP arborait le logo de l’armée humanitaire protégeant les populations dans les zones dangereuses.

Voyant mon hésitation, Kazumi pencha la tête sur le côté, intriguée.

« Et bah alors, tu as quelque chose de prévu finalement ? Un rendez-vous avec un garçon ?

-N…Non ! Répliquai-je aussitôt en rougissant. Je pensais juste à autre chose ! Evidemment que je suis partante !

-Parfait, dans ce cas, on se retrouve à vingt-heure devant la gare ! »


https://www.youtube.com/watch?v=7Hcq71AJQns


Sur ces mots, mon amie me salua d’un signe de la main avant de disparaitre au coin de la rue. Une fois qu’elle fût hors de mon champ de vision, je poussai un long soupir.

Même si la guerre de Savior et ESP se passait dans l’ombre et que je n’avais rien à craindre puisque je n’étais pas un membre à part entière de la fondation, l’idée de mettre les pieds chez l’ennemi ne m’emballait pas plus que ça. Mais je ne pouvais rien refuser à Kazumi, elle qui était la seule à me supporter plus de deux jours avec mes histoires. Je pouvais bien faire cet effort pour elle.

Avec ce nouveau programme en tête, je fis demi-tour et pris la direction du QG de la fondation qui était mon centre d’entrainement à l’escrime. Il s’agissait d’une grande tour de verre, la plus haute de toute la ville et devant avoisiner les deux-cents mètres, sur laquelle se dressait fièrement une immense antenne à son sommet, ainsi qu’un poste d’observation sur le toit.

Le bâtiment ne passait vraiment pas inaperçu pour le QG d’une organisation secrète. Déjà qu’il était la seule construction au milieu d’un vaste parc entouré de hauts murs, il était également indiqué sur tous les panneaux de la ville, comme une vulgaire attraction touristique.

Je passai la grande porte avec ma carte magnétique, signe d’appartenance à la fondation, et seul moyen de rentrer à l’intérieur du complexe, puis, passant rapidement dans le grand hall vide à l’exception de quelques guichets d’accueil, je me dirigeai immédiatement vers les ascenseurs et appuyai sur le bouton menant au dernier étage.


https://www.youtube.com/watch?v=UQqgMs6g5tY


Lorsque les portes s’ouvrirent, je tombai nez à nez avec un groupe de lycéens parlant fort et que malheureusement, je ne connaissais que trop bien. Il s’agissait de Shiro Kojiro, un garçon à la carrure aussi imposante que le volume de sa voix, ainsi que sa bande d’idiots. Comme tous les membres, ils possédaient des pouvoirs d’Esper mais, contrairement aux autres, ils n’hésitaient pas à s’en servir pour faire régner leur loi, en particulier avec ceux qui ne possédaient pas de pouvoirs.

Je sortis donc de l’ascenseur en baissant les yeux et passant le plus rapidement possible à côté d’eux mais ils ne me loupèrent pas et l’un d’entre eux me retint par l’épaule.

« Eh bien, eh bien, qu’avons-nous là ? Une Esper sans pouvoir qui s’est perdue je crois ; ricana Shiro en prenant cet air supérieur que je détestais tant. »

Je ne répondis rien et me dégageai d’un coup sec sans même les regarder, ce qui eut le don de les faire rire comme des abrutis.

« Tu ne dis même plus bonjour à tes supérieurs, Fuyuku ? Me lança la brute d’un ton menaçant.

-Il me semble que j’ai eu de meilleures notes que toi au dernier examen, Shiro, donc c’est plutôt toi qui devrais me saluer ; rétorquai-je ironiquement. »

Le garçon grogna et une décharge électrique me parcourut les jambes tout à coup, me faisant sursauter en poussant un cri. La bande de brutes sans cervelle éclata de rire et je me retournai pour leur lancer un regard noir tandis que le chef me regarda avec ses yeux innocents qui me rendirent folle.

« Oups, désolé, ça m’a échappé ; me lança-t-il d’un ton faussement coupable. Tu sais, ce n’est pas toujours facile de contrôler ses pouvoirs…Ah bah non, suis-je bête, tu ne sais pas, tu n’en possèdes pas ! »

La pique de Shiro fit repartir tout le groupe dans un fou rire général et ceux-ci me laissèrent là-dessus. Tous mes membres tremblaient, mes poings étaient serrés et je pouvais sentir le sang me monter à la tête tant ils m’avaient énervée.

« Je vous jure…Le jour où je contrôlerai mes pouvoirs…Je vous montrerai qui est votre supérieure…Marmonnai-je en serrant le dents, tentant de canaliser ma colère tandis qu’une sinistre aura noire commençaient à m’entourer.

-Oh, Fuyuku, tu es là ! »


https://www.youtube.com/watch?v=ZIZzj3e4SJs


Lorsque j’entendis cette voix derrière moi, toute ma colère retomba d’un seul coup et, en me retournant, je reconnus mon partenaire d’escrime, Tachibana Riki, un garçon assez frêle pour son âge, me dépassant à peine de quelques millimètres, au visage encore assez enfantin et aux grand yeux bleus reflétant l’innocence de la jeunesse. Ses cheveux étaient assez longs mais comme il les tirait toujours vers l’arrière, cela ne se voyait que dans sa nuque et sur ses oreilles.

Ce dernier était déjà en tenue et avait son épée à la main, ainsi que son casque sous les bras et semblait déjà essoufflé.

« Qu’est-ce que tu fabriques ? Ça fait dix-minutes qu’on a commencé, je commençai à m’inquiéter !

-Désolée, j’ai juste croisé une bande d’idiots en chemin mais le principal c’est que je sois là, non ?

-Peut-être mais dépêche-toi sinon tu vas encore te faire passer un savon ! »

Je souris légèrement et, tandis que Riki repartit dans la salle d’entrainement, je pris la direction des vestiaires. Il ne me fallut que deux minutes pour enfiler mon uniforme se composant d’un pantalon et d’une veste d’escrime, mais aussi, contrairement aux clubs classiques, de protections. En effet, utiliser nos pouvoirs était autorisé en plus des épées.

Lorsque j’arrivai dans la salle, tout le monde était déjà en plein match et seul Riki attendait sur le banc d’un air ronchon, se tenant le menton avec ses mains.

« Je suis prête ; lui lança-je joyeusement en me plaçant devant lui.

-Et bien quand même, j’ai failli attendre ; râla-t-il en gonflant les joues.

-Le principal c’est que tu n’aies pas attendu dans ce cas ! »


https://www.youtube.com/watch?v=Y_kWXJc753o


Le garçon lâcha malgré lui un petit rire amusé et nous prîmes place sur le terrain. Après nous être salués, nous nous mîmes en position et j’attendis qu’il fasse le premier mouvement. Je n’aimais pas attaquer en première, à chaque fois, je laissai une ouverture qui m’obligeait finalement à me défendre comme je n’utilisais pas mes pouvoirs.

Riki commença soudain avec une quinte que je parai aisément, puis enchaina avec une septième et une autre quinte avant de viser directement mon bras. Je fus obligée de me reculer pour éviter son attaque mais il ne me laissa même pas le temps de me remettre en position qu’il visa cette fois-ci ma tête.

Je déviai sa lame de justesse et titubai sous l’effet du choc. Voyant mon vacillement, Riki s’engouffra dans cette ouverture et tenta de m’attaquer sur le côté. Encore une fois, j’esquivai à la dernière seconde mais cette fois-ci, je profitai de notre proximité pour tenter une attaque à bout portant.

Cependant, il ne s’agissait pas d’un combat d’escrime classique et, utilisant ses pouvoirs, attira ma lame contre la sienne comme un aimant et m’empêcha de la décoller.

Je grimaçai et je vis un sourire amusé sur le visage du garçon derrière son casque tandis que, inversant la polarité du champ magnétique, mon arme fut soudainement violemment repoussée, et moi avec. Je glissai ainsi sur trois bons mètres et Riki se précipita sur moi, voyant déjà la victoire. Cependant, alors qu’il n’était plus qu’à quelques centimètres de moi, je profitai de l’élan que j’avais pour faire un salto arrière, me permettant d’esquiver son coup et de le toucher directement à la tête sans que le pauvre garçon ne puisse riposter.

Le tableau afficha le résultat du match et j’enlevai mon casque, légèrement essoufflée par cet échauffement mais contente d’avoir gagnée.

« Ce qui nous fait 5-4 pour moi avec cette victoire ; lui lançai-je, triomphante.

-Tu es vraiment incroyable, Fuyuku, même avec mes pouvoirs, je suis incapable de te distancer ; me répondit-il avec un sourire.

-Que veux-tu, c’est le talent mon cher.

-Est-ce que tu pourrais me montrer ton talent une nouvelle fois alors ? Me demanda-t-il, un air de défi dans son regard.

-Comme tu voudras mais si tu perds, la prochaine fois, tu me paies le diner ! »


https://www.youtube.com/watch?v=Y_bQW5hVkMI


Sur ces belles paroles, nous reprîmes notre affrontement amical. Nous enchainâmes ainsi les duels pendant plus d’une heure sans qu’aucun d’entre nous ne réussisse à prendre clairement l’avantage sur l’autre et nous finîmes cette séance d’entrainement sur une autre égalité.

Lorsque le cours s’acheva, je fis comme toujours un bout de chemin avec Riki. Le garçon, contrairement à moi, était membre à part entière de la fondation et participait déjà à quelques missions de repérages. Il me racontait donc souvent ses journées, et chaque fois, cela me motivait un peu davantage pour maitriser au plus vite mes pouvoirs et partir sur le terrain pour vivre les mêmes aventures que mon ami.

Nous nous séparâmes comme toujours à un croisement près de chez moi et je rentrai immédiatement prendre une douche et me changer pour ma sortie avec Kazumi. Mes parents m’avaient laissé un mot dans la cuisine pour prévenir qu’ils étaient en mission, ce qui m’arrangeait pour une fois.

J’enfilai donc un jean sombre, un t-shirt uni ainsi qu’une veste longue et je m’attachai les cheveux avant de ressortir de chez moi et retrouver mon amie devant la gare…avec dix minute de retard, une fois de plus.


https://www.youtube.com/watch?v=C8CU46C7gnU


« Yuki, tu n’es vraiment jamais à l’heure ; me fit-elle remarquer d’un air faussement mécontent.

-Le quart d’heure de grâce comme on dit en France ; lui répondis-je avec un sourire malicieux.

-Peut-être mais la conférence, elle, commence à l’heure donc on ferait mieux de se dépêcher… »

Sans me laisser le temps de répondre, Kazumi me prit par le bras et nous fonçâmes jusqu’au bâtiment principal de Savior, un grand complexe futuriste abritant de nombreux bâtiments tous plus reluisants les uns que les autres et nous entrâmes dans l’un d’eux qui était un amphithéâtre immense.

Lorsque nous arrivâmes, la salle était déjà presque pleine ; à l’exception du premier rang, et la conférence avait déjà commencé, si bien que nous fûmes obligées de nous asseoir sur les marches pour ne pas nous faire remarquer.

Je jetai un rapide coup d’œil dans l’assistance mais, comme je le pensais, il n’y avait aucun invocateur, seulement des civils dans la salle. Même le maitre de conférences semblait être un simple scientifique mais je restai néanmoins sur mes gardes tant que j’étais en territoire ennemi.

La conférence débuta sur une introduction assez longue et ennuyeuse sur la cryptozoologie ainsi que sur les faux témoignages tournant un peu partout dans le monde avant de s’attaquer à plusieurs créatures comme le Yéti, le Dahu ou même des vouivres sans que je ne fus plus intéressée que cela mais mon attention remonta lorsque le scientifique aborda le cas de Nessie.

« Nous avons par conséquent traqué le monstre du Loch Ness pendant plusieurs jours mais rien ne semblait indiquer la présence de cette créature dans le lac. Cependant, nous avons fait une trouvaille intéressante : le canal reliant le lac à la mer semble s’être élargi et nous avons retrouvé plusieurs traces dans le sable qui sont bien trop grande pour appartenir à un autre animal. De plus, regardez cette photo ! »

A l’écran derrière le scientifique, nous vîmes apparaitre l’ombre de ce qui semblait être la tête d’un ancien reptile marin et deux yeux rouges luisant dans l’ombre et des cris de surprise et d’exclamation s’élevèrent dans toute la salle et même Kazumi fut surprise.

Je grimaçai en la voyant. A quoi jouait Savior ? Pourquoi divulguaient-ils des informations pareilles à des civils ? Essayaient-ils de collecter des fonds en recrutant des adhérents au mouvement ou bien cherchaient-ils simplement à se donner de la crédibilité pour ne pas être fermés par l’Etat ? Je l’ignorai mais dans les deux cas, qu’une organisation aussi importante dévoile de telles photos ne pouvaient certainement pas être bon pour ESP.

« Nous avons pris ce cliché dans la mer de Nord il y a quelques jours et nous pensons, à juste titre, qu’il s’agit de la fameuse créature.

-E…Excusez-moi ! M’exclamai-je soudain en me levant et en attirant tous les regards sur nous. »

Kazumi détourna les yeux, gênée et je déglutis en voyant que tout le monde avait les yeux rivés sur moi mais à cet instant, je m’étais sentie obligée de contrecarrer les plans de Savior, quels qu’ils fût.

« Un problème, mademoiselle ? Me demanda le scientifique, sceptique.

-J…Je ne vois pas du tout un monstre sur cette photo moi !

-Et que voyez-vous alors si ce n’est pas indiscret ?

-On dirait plus…une branche dans l’eau avec le reflet du flash sur la photo si vous voulez mon avis… »

Lorsque je dis cela, des murmures s’élevèrent dans la salle et je vis bien que je venais de rallier les plus sceptiques à ma cause. Cependant, le maitre de conférences ne se laissa pas démonter et, remontant ses lunettes sur son nez, reprit la parole d’un ton confiant :

« Je peux comprendre que vous soyez sceptique, mademoiselle, mais nos appareils n’ont pas de flash. De plus, nous avons enlevé tous les arbres avant de commencer l’exploration pour éviter ce genre de confusion.

-Mais il y a de nombreux animaux dans les parages ; rétorquai-je. Il pourrait très bien s’agir d’une loutre ou d’un chien qui se baigne. De toute façon, on ne voit rien sur votre cliché. Si vous vouliez vraiment prouver son existence, pourquoi est-ce que vous avez pris des caméras de 1980 et pas des appareils 4K ?

-Mademoiselle, nous répondrons à vos questions à la fin de cette conférence si vous le voulez bien, il faut…

-Je suis d’accord ! S’exclama soudain Kazumi en se levant comme une supporter de foot encourageant son équipe préférée. »

Ainsi, moins de cinq secondes plus tard, nous nous retrouvâmes à contempler les étoiles cachées par les lumières de la ville et par d’énormes nuages pleurant cette sortie déplorable et grondant leur mécontentement contre cette injustice.


https://www.youtube.com/watch?v=PPyNlaCVme0


« Dis…Yuki…Commença mon amie en grelotant à côté de moi. Est-ce qu’on était obligée d’insister comme ça ?

-Moi, je te dis, il y a quelque chose de pas net dans cette histoire ; grognai-je en éternuant alors que la pluie ruisselait sur mon visage.

-On parle de cryptozoologie, évidemment que tout est faux. Pas la peine d’en faire toute une histoire ; soupira la brune.

-Même en dehors de ça, ce n’est pas normal…Marmonnai-je en croisant les bras sur ma poitrine.

-Je ne vois pas ce qu’il y a d’étrange dans tout cela. C’est du spectacle comme on dit, de la mise en scène pour faire un peu parler d’eux, rien de plus ; me répondit Kazumi en haussant les épaules.

-Mouai…Je ne suis pas convaincue moi…

-Dans ce cas, tu n’auras qu’à retourner leur dire deux mots samedi prochain. Mais pour l’instant, je meurs de faim moi, alors on verra plus tard pour tes histoires ! »

Sans me laisser le temps de répondre, Kazumi m’attrapa par la manche et m’entraina à sa suite sous la pluie battante. Cependant, la dernière phrase de mon amie avait attisé ma curiosité et fait germer une idée stupide dans mon esprit d’aventurière.

Lorsque je rentrai chez moi, je me précipitai pour consulter le site officiel de Savior et, effectivement, ils organisaient une autre conférence la semaine suivante, portant sur le même thème. Et, mieux encore, une visite guidée des locaux avait lieu juste après.

Je me mis à tapoter frénétiquement mon bureau de mon index devant cette information.

En théorie, aucun Esper n’était assez fou pour s’introduire directement dans les quartiers de l’ennemi. La sécurité ne devait donc pas être spécialement élevée.

De plus, Savior était une organisation mondialement connue et assez mystérieuse pour les gens ordinaires. Il était certain que la presse allait participer à l’événement et ainsi canaliser toute l’attention des employés.

Les conditions semblaient optimales pour que je me perde pendant la visite et que j’aille découvrir ce qu’il se tramait derrière toutes ces histoires.


https://www.youtube.com/watch?v=W6h2tEQckHM


Pendant toute la semaine qui suivit, je préparai cette exploration avec minutie, étudiant les plans publics des locaux de Savior, me rendant souvent sur les lieux en tant que visiteuse pour repérer les entrées et les sorties, et m’entrainant plus dur que jamais à l’escrime pour être prête à me défendre en cas d’échec.

J’avais également demandé à mes parents de me parler de leurs missions sur le terrain pour avoir une idée de ce à quoi je pouvais faire face mais leur réponse ne m’aidait pas tellement.

« Tu le découvriras lorsque tu iras toi aussi sur le terrain, Yuki ! M’avait répondu mon père. Pour un Esper, la première mission est comme un baptême, c’est une expérience qui ne se décrit pas !

-Tu pourrais simplement me dire que vous n’avez croisé personne pendant votre mission au lieu de me faire de grands discours ; avais-je soupiré. »

Kazumi remarqua également mon petit manège puisque je ne passais plus énormément de temps avec elle après les cours et finit par se douter de quelque chose.

« Bon, quel coup tordu prépares-tu encore ? Me demanda-t-elle alors que nous mangions le vendredi précédent mon expédition.

-Qu’est-ce qui te fait dire que je prépare quelque chose ? Lui répondis-je d’une voix innocente.

-Rien que la lampe frontale qui dépasse de ton sac me donne la réponse. »

Je grimaçai lorsque je vis qu’effectivement, j’avais oublié d’enlever de mon sac certaines affaires prévues pour l’expédition. Je me résolus donc à lui dire la vérité. De toute façon, elle me connaissait suffisamment bien pour ne pas s’étonner ni me prendre pour une folle.


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


« Demain, je vais infiltrer Savior après la conférence ; lui murmurai-je à l’oreille.

-Je savais que je n’aurais pas dû te parler de ça ; dit Kazumi en se frottant les yeux. Je vais encore devoir t’accompagner pour ne pas que tu te mettes dans de sales draps…

-Eh, je peux me débrouiller seule ! Rétorquai-je en gonflant les joues. Et puis, depuis quand, toi, l’élève modèle, tu vas jouer à la délinquante ?

-Depuis que ma meilleure amie le fait et que cette dernière a le talent d’une huitre pour inventer des excuses quand elle se fait prendre.

-Cite moi une seule fois où j’ai sorti une excuse bidon ! Répliquai-je, vexée.

-Ce matin même, tu as dit que tu n’avais pas fait tes devoirs à cause de la queue devant le magasin d’escalade…

-C’était la vérité je te signale ! Hier, j’ai attendu une heure pour acheter cette stupide lampe frontale parce que la caisse était en panne !

-C’est bien ce que je dis, tu ne sais pas inventer des excuses… »

A contrecœur, je finis par accepter la venue de Kazumi à mon exploration des locaux de Savior. A ce stade, j’aurai préféré tout annuler – ESP ne m’aurait pas pardonné si j’avais laissé une civile prendre connaissance de notre monde – mais c’était certainement ma seule chance de montrer mes capacités à la fondation en démasquant Savior.

« Au pire, il me suffit de semer Kazumi pendant la visite, me disais-je. »

Le soir même, au lieu d’aller à mon cours d’escrime, j’invitai mon amie chez moi afin de faire un bref briefing avant la mission du lendemain. Mes parents ne furent pas étonnés de la voir à la maison après sept-heures passées, elle qui avait l’habitude de dormir à la maison, et ils n’étaient d’ailleurs pas mécontents d’avoir quelqu’un à qui raconter leurs histoires que, moi, je connaissais par cœur.

« Alors là, j’ai sauté sur le crocodile, et je lui ai fermé sa mâchoire avec la seule force de mes bras ! S’exclama mon père en mimant le geste.

-Vraiment ? J’aurais adoré voir ça ! S’émerveilla Kazumi, comme à chaque fois qu’il lui racontait cette histoire.

-Tu aurais pu si une certaine personne ici n’avait pas utilisé sa caméra pour bloquer la mâchoire de ce-dit crocodile ; râla ma mère en frappant mon père sur la tête d’un air énervé.

-C’est bon, je t’ai déjà dit que j’étais désolé Sakura ! Se plaignit mon père en se massant son crâne endolori. Et tu aurais préféré que je le laisse me manger la main ?

-Oui, au moins tu aurais eu une excuse pour ne jamais ranger ton bureau, Natsu ! »

Cette fausse dispute quotidienne fit bien rire Kazumi qui avait l’habitude depuis le temps que mes parents se donnent en spectacle et, même si au départ j’avais honte de leur attitude, j’avais fini par m’y habituer…Même s’ils avaient totalement inventé cette stupide histoire de crocodile…

Nous ne nous attardâmes pas davantage à table et nous filâmes dans la chambre où je pris le soin de bien fermer la porte et de m’assurer que personne ne nous entendait de l’autre côté de mur puis je sortis de mon sac tout mon matériel d’exploration pour le lendemain, ainsi que la carte du bâtiment.

« Bon, je te préviens, c’est une mission d’infiltration difficile que nous allons effectuer ; commençai-je avant de me faire couper.

-Parce que tu connais des missions d’infiltration facile toi ? Rétorqua mon amie avec un sourire moqueur sur les lèvres.

-Oui ; me contentai-je de répondre sans développer davantage.

-Très bien, et en quoi est-elle « difficile » alors ? Continua Kazumi en haussant les épaules.

-Regarde cette carte, j’ai noté en rouge les endroits où se trouvaient potentiellement des gardes ou des caméras.

-Tu as fait tomber un pot de peinture rouge sur ton plan quoi ; soupira-t-elle.

-Je suis sérieuse ! J’ai fait des repérages cette semaine et c’est bourré de gardes ! Je suis sûre qu’ils cachent quelque chose !

-Et donc, comment tu comptes t’y prendre avec des gardes tous les centimètres grande génie ? Par les bouches d’aération ?

-Précisément ! M’exclamai-je en montrant tout mon attirail derrière moi. »

Kazumi poussa un nouveau soupir et se prit la tête dans les bras, d’un air désespéré. Cependant, avant que mon amie n’ait eu le temps de se lever et de quitter la pièce, je me saisis d’un second plan, et le lui collai sous le nez.

-Avant de critiquer, écoute-moi trente secondes : sur cette carte du deuxième étage, il n’y a que des bureaux d’employés et de consultants. En gros, les parties inintéressantes pour une visite.

-Merci de m’apprendre ce qui est marqué sur la plupart des écriteaux quand on entre dans le bâtiment ; railla-t-elle.

-La visite a lieu le soir, après la conférence. Cela veut donc dire que les bureaux, et par conséquent, les couloirs seront déserts dans cette partie. Avec tout ce monde qui se balade, les gardes ne devraient pas se soucier des zones en dehors du circuit touristique.

-Donc, si je résume, ton idée, c’est de s’infiltrer par les conduits d’aération pour atterrir au premier étage, n’est-ce pas ?

-Tout à fait ! M’exclamai-je, des étoiles dans les yeux. »

Kazumi se leva d’un air las et se dirigea vers la porte de ma chambre.

« Tâche simplement de ne pas être en retard à ton propre rendez-vous, Yuki ; déclara-t-elle. Et d’ici demain, j’essaierai de nous trouver une excuse pour nous éviter la prison à vie. »

Sur ces sages paroles, mon amie rentra chez elle et je passai le reste de la soirée à regrouper tous les éléments nécessaires pour mon infiltration avant de tomber de fatigue sur mon bureau en examinant encore et encore les plans pour être certaine de ne pas me faire surprendre.

Oui. Cela allait fonctionner. J’allais découvrir ce que tramait Savior en tentant de révéler l’existence des familiers au monde puis j’allais m’en servir contre eux pour les démentir et garder notre monde secret…Telle était la mission d’une héroïne de la justice protégeant un équilibre fragile entre deux univers incompatibles.






http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic]Le Dernier Esper posté le [29/03/2018] à 18:40

Fuyuku Yuki : La naissance d’un monstre



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=trT2hnnMyTw

Le lendemain, après les cours, je séchai une fois de plus l’entrainement à l’escrime et nous nous rendîmes, Kazumi et moi, directement au quartier général de Savior juste après les cours.

Nous nous arrêtâmes à quelques mètres de la haute tour de verre de Savior et Kazumi mit une main sur sa hanche, l’air soudain hésitante.

« Il n’est pas trop tard pour faire marche arrière, Yuki, tu sais ? déclara-t-elle.

-Tu rigoles ? C’est la chance rêvée pour moi de révéler que le monde qui nous entoure nous manipule et sauver l’humanité avant qu’elle ne soit dominée ! Rétorquai-je en serrant le poing, déterminée.

-Encore tes théories du complot ; soupira mon amie, dépitée. Et après tu m’étonnes que je sois la seule à trainer avec toi…

-Si les autres ne veulent pas ouvrir les yeux, tant pis pour eux, mais moi, je connais la vérité !

-Oui, oui, c’est cela. Qu’on en finisse vite, on a des devoirs pour demain je te rappelle… »

Je jetai un œil à notre environnement. Comme je l’avais prévu, la sécurité était massée autour de la foule rassemblée au pied du building et les couloirs annexes semblaient déserts. Les lumières des bureaux étaient éteintes dans les étages supérieurs, ce qui me confirmait que tout le personnel était bien mobilisé pour cette visite.

Nous assistâmes dans un premier temps à la conférence, encore une fois sur les dernières recherches de cryptides de Savior mais cette fois-ci, je m’abstins de tout commentaire…même si mes lèvres brûlaient d’envie de contredire toutes ces inepties.

Je pris mon mal en patience pendant plus de deux heures et finalement, mon attente fut récompensée lorsque le circuit touristique commença.

Alors que le groupe s’apprêtait à partir, Kazumi demanda au guide où se trouvaient les toilettes et ainsi, nous pûmes nous éclipser sans attirer l’attention sur nous. Une fois dans la pièce, je fermai la porte à clé et je sortis mon matériel d’exploration : une lampe, un grappin, et nous échangeâmes nos uniformes de collégiennes contre des combinaisons plus sombre, ainsi que des gants et des chaussons pour faire le moins de bruit possible.

« Sérieusement, on avait besoin de tout ça ? Me demanda Kazumi en grimaçant en voyant son reflet dans le miroir.

-Nous sommes des héroïnes de la justice oui ou non ? Il faut faire les choses bien ! Répliquai-je.

-On ressemble plus à des cambrioleuses qu’à des héroïnes si tu veux mon avis ; grimaça la brune.

-Nous sommes des cambrioleuses qui dérobent le mensonge dans ce cas ; affirmai-je avec un sourire malicieux sur les lèvres.

-Si tu le dis ; s’amusa mon amie en riant légèrement. »

Sans plus attendre, je demandai à Kazumi de me faire la courte échelle et, après avoir retiré la grille, nous nous faufilâmes dans les conduits d’aération. Cependant, à peine étions-nous rentrées qu’un problème de taille se présenta à nous : ce n’était pas comme dans les films ni comme dans les jeux vidéo. C’était à peine si nous passions et mes épaules étaient collées aux parois de chaque côté et, évidemment, il n’était pas question de faire demi-tour dans un espace aussi réduit. De plus, j’avais l’impression que chacun de nos mouvements provoquait un boucan d’enfer dans tout le bâtiment…

Ainsi, tentant de faire le moins de bruit possible, nous rampâmes dans ces conduits d’aération pendant de longues minutes et j’avais l’impression que nous n’avions pas d’un centimètre tant se déplacer était délicat…

« Finalement, ce n’était peut-être pas l’idée du siècle…Grommelai-je au bout d’un moment, me rendant compte de mon erreur.

-Non ? Vraiment ? Railla mon amie. Je ne sais pas à quel moment tu t’es dit que nous pourrions marcher debout dans un conduit d’aération mais tu ne devais pas être sobre.

-Tu n’as pas protesté je te signale ; rétorquai-je en serrant les dents.

-Parce que tu ne m’aurais pas écoutée, je me trompe ? »

Je ne répondis rien et continuai à avancer en silence, me maudissant moi-même d’avoir eu une idée aussi stupide mais à présent que nous étions là, notre seule option était d’avancer.

Nous nous perdîmes assez rapidement dans le dédale de galeries et je n’avais plus aucune idée de l’endroit où nous nous trouvions. Nous étions simplement allées toujours tout droit puisque, de toute façon, il nous était impossible de bifurquer, écrasées comme nous étions.

Finalement, après un temps passé dans ces conduits qui n’avaient plus de fin, je finis par voir une légère lumière au bout du tunnel et, commençant sérieusement à avoir des courbatures dans tout le corps, je ne cherchais même pas à savoir où nous allions atterrir et je défonçai la grille avant de sauter sans précaution du tunnel.


https://www.youtube.com/watch?v=c2lACcKfJw0


Lorsque j’atterris sur le sol, je pris une seconde pour examiner les lieux. Il ne s’agissait pas d’un bureau classique comme je l’avais prévu. On aurait plutôt dit une sorte de laboratoire, ou un cabinet médical avec ses nombreuses armoires et ses centaines de petites boites confinées à l’intérieur tandis que plusieurs appareils étranges et peu sympathiques étaient soigneusement rangés.

Kazumi me rejoignit rapidement et pencha légèrement la tête sur le côté devant ce spectacle inattendu.

« Tiens, un laboratoire ? Ce n’est pas ce qui était prévu, je me trompe ? Commença-t-elle, confuse.

-En effet mais c’est encore mieux ! M’exclamai-je, tentant d’être enthousiaste malgré un mauvais pressentiment. Ils doivent conduire toutes sortes d’expériences bizarres ici ! Tentons de trouver des indices ! »

Sans grande convictions, mon amie commença à examiner mollement la pièce, ne voyant là qu’un simple cabinet médical tout ce qu’il y avait de plus normal ; et pour cause, il l’était, mais je savais qu’il cachait quelque chose de bien plus sombre.

Ainsi, je fis plusieurs fois le tour de la pièce, analysant chaque objet, chaque recoin, chaque détail mais rien. Ce n’était qu’un vulgaire cabinet de vétérinaire…Exactement ce que nous aurions dû trouver à l’intérieur du bâtiment d’une organisation de protection de la planète…

Finissant par être lassée de ne rien trouver, Kazumi finit par s’adosser à l’un des murs et croisa les bras sur sa poitrine.

« Bon, tu vois bien qu’il n’y a rien ici ? Partons avant… »

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que le mur derrière elle bougea légèrement et mon amie sursauta.

« Qu…Quoi ? S’écria-t-elle, blême.

-Oh ! Un passage secret ! Bien joué Kazumi ! La félicitai-je.

-Sérieusement ? Un passage secret ? S’étrangla la brune, comme si elle venait de se rendre compte que je ne racontais pas n’importe quoi. »

Je m’apprêtai à enclencher le reste du mécanisme pour découvrir ce qu’il se tramait réellement ici lorsque j’eus un moment d’hésitation. Ce passage secret devait certainement mener à la partie cachée de Savior, celle concernant les familiers…Je ne pouvais pas prendre le risque de dévoiler ce monde à mon amie…

Je serrai le poing, frustrée mais obligée d’accepter la réalité. Même si nous étions juste devant la vérité, il était hors de question de continuer cette aventure plus longtemps. Mieux valait-il mettre fin à l’exploration aujourd’hui et revenir un autre jour à présent que connaissais ce passage, mais sans Kazumi.

« Je pense qu’on ferait mieux d’en rester là pour ce soir ; commençai-je d’une voix peu assurée. Nous étions simplement venue chercher la preuve que Savior nous cachait des choses et ce passage secret nous le prouve. Inutile d’en savoir plus je pense…

-Mais tu rigoles, Yuki ? Rétorqua-t-elle, soudain animée d’une passion brûlante. Tu avais raison depuis le début et tu ne veux même pas le prouver aux autres en allant voir ce qu’il se trame dans notre dos ?

-Je…Certains secrets doivent le rester je pense…

-Allez, ne va pas me dire que tu as peur ! Me provoqua mon amie dans l’espoir de me faire bouger. Qu’est-ce que tu veux qu’ils cachent là-dedans ? Le monstre du loch Ness ? Le Yeti ? Un phénix ?

-E…Evidemment que non ! C’est juste que…

-On ne va quand même pas reculer si proches du but Yuki ! Nous sommes des héroïnes de la justice, oui ou non ? »

Je me mordis la lèvre, regrettant vraiment d’avoir accepté que mon amie vienne avec moi. Cependant, j’étais coincée. Je ne pouvais pas partir après avoir fait une telle découverte sans éveiller les soupçons de Kazumi…mais je ne pouvais pas non plus l’emmener au cœur de ce monde impitoyable…

Pourquoi les choses ne se passaient-elles jamais comme prévu ? Tout ce que je voulais, c’était trouver les dossiers de la conférence et savoir pourquoi ils tentaient de révéler l’existence des familiers, mais en aucun cas plonger dans la gueule du loup…

Finalement, je finis par céder et je tentai de reprendre cet air sûr de moi et arrogant que j’arborais en permanence lorsque je parlais de cryptides à l’école.

« Oui, tu as raison Kazumi, nous sommes des héroïnes de la justice et nous avons pour devoir de révéler la vérité au monde !

-Ah, je te retrouve, pendant un instant j’ai eu peur de t’avoir perdue ma pauvre ; s’amusa mon amie.

-Tu plaisantes ? J’étais simplement beaucoup tellement excitée que j’ai eu un moment d’absence mais tout va bien maintenant, reprenons notre chasse ! M’exclamai-je en me forçant à rire. »

Ainsi, sans discuter davantage, nous passâmes de l’autre côté du faux mur et nous nous retrouvâmes devant des escaliers de service tout ce qu’il y avait de plus banal.

Nous nous regardâmes un instant, légèrement déconcertées avant de nous décider à monter dans les étages supérieurs. Si j’avais été seule, j’aurais bien jeté un œil aux sous-sols mais avec Kazumi, je devais absolument me rendre là où les risques de découvertes de familiers étaient moindres.

Pendant notre ascension, Kazumi marchant légèrement devant moi, prit la parole d’une voix presque nostalgique.


https://www.youtube.com/watch?v=cvuNo02q0mY


« Tu ne trouves pas que c’est dans ce genre d’endroit que les héros se font attaquer et qu’il y a des courses poursuites ? Hasarda-t-elle pour entamer la conversation.

-Si, c’est typiquement ça ; ris-je en visualisant exactement le genre de scène dont mon amie parlait.

-Si on m’avait dit que je me retrouverai à infiltrer une organisation secrète quand on s’est rencontrées, je ne l’aurais jamais cru je pense…

-En même temps, ce n’était pas bien glorieux ; grimaçai-je.

-Tu trouves ? S’étonna Kazumi, sans se retourner. Moi j’en ai un bon souvenir pourtant.

-Tu parles…J’étais en train de sortir mes théories du complot afin d’éloigner les garçons un peu trop insistants…

-Justement, c’était amusant et, même si je ne te croyais pas à l’époque, tu t’es distinguée des autres filles à mes yeux, toi qui n’avais pas peur de dire ce que tu pensais vraiment.

-Et pourtant, tu me prends toujours pour une demi-cinglée, même aujourd’hui ; ricanai-je ironiquement.

-Une cinglée totale même !

-Merci, ça fait plaisir de se sentir soutenue par ses amies ; grommelai-je, vexée.

-Mais si tu ne l’avais pas été, ma vie de collégienne aurait été bien morne et triste…Après tout, seuls les fous peuvent devenir des héros… »

Je penchai la tête sur le côté, légèrement surprise par sa déclaration mais Kazumi n’ajouta rien et continua à avancer en silence, sans se retourner ne me lancer un seul regard.

Ainsi, nous montâmes un nombre interminable de marches avant de voir enfin une nouvelle porte, totalement normale. Sur le mur était marqué que nous nous trouvions désormais au vingt-cinquième étage, soit le dernier du bâtiment…Ainsi que le bureau du président de Savior au Japon si mes souvenirs étaient bons…


https://www.youtube.com/watch?v=e_C2DqC4kR8


Cela n’allait pas du tout. Même si j’étais une Esper, personne n’osait s’aventurer dans les quartiers privés du président de Savior. Tout le monde savait que, s’il y avait bien un invocateur dont il fallait se méfier, c’était de lui.

Il ne fallait pas que nous restions là. J’étais téméraire, pas suicidaire. Certaines limites ne devaient pas être franchies et j’en étais bien consciente.

Je m’approchai donc de la porte et fis semblant de ne pas être en mesure de l’ouvrir dans l’espoir que nous rebroussions chemin.

« Zut, je crois que c’est fermé à clé…Simulai-je en tirant mollement sur la poignée.

-Sérieusement ? Attends, laisse-moi essayer ; s’étonna Kazumi. »

La jeune fille prit ma place et se mit à tirer sur la poignée tandis que, discrètement, j’empêchai l’ouverture en plaçant mon pied devant.

Après cinq minutes à s’épuiser en tirant sur cette porte, Kazumi finit par abandonner, dépitée.

« Et moi qui pensais que nous allions découvrir quelque chose…C’est trop nul…Soupira-t-elle.

-Oui…C’est dommage, mais que veux-tu, on y peut rien ; lui répondis-je en haussant les épaules, soulagée. On reviendra une prochaine fois.

-Pour une fois que j’étais motivée par tes délires… »

La tête et les épaules basses, la brunette fit demi-tour et s’apprêtait à redescendre les marches lorsque, soudain, la porte derrière nous s’entrouvrit légèrement et je me mordis si fort la joue pour m’empêcher de jurer qu’un désagréable gout de sang m’envahit la bouche.

Aussitôt, mon amie s’arrêta et son regard s’éclaira à nouveau tandis que mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine à l’idée que les choses puissent dégénérer.

« Ah, ça s’est ouvert finalement ! Comme quoi il suffisait d’insister !

-Oui…Comme quoi, tout est question de patience…Marmonnai-je. »


https://www.youtube.com/watch?v=nu9t98K4AQM


La porte ouverte, nous franchîmes cette barrière symbolique et, dès que je pénétrai dans la pièce, un frisson me parcourut l’échine. Mes instincts d’Esper me hurlaient de faire demi-tour et de fuir cet endroit le plus vite possible mais Kazumi, elle, se baladait dans ce bureau, ne sentant pas qu’une présence maléfique rodait dans les alentours et avait les yeux rivés sur nous…

Et pour cause, au regard d’une personne ordinaire, ce bureau était également ordinaire et typique de l’image que l’on pouvait se faire du lieu de travail du PDG d’une grande entreprise avec ses sièges en cuir, ses quelques tableaux aux murs représentant les actions de l’entreprise, sa bibliothèque et ses quelques décorations de luxe. De plus, derrière le siège du président se trouvait une grande baie vitrée par laquelle j’avais un vue sur quasiment toute la ville.

Néanmoins, il n’y avait aucune cachette potentielle dans cette pièce. Nous étions seules. Toutes les lumières étaient éteintes, les papiers impeccablement rangés sur le bureau et l’ordinateur encore allumé.

Ce détail attira aussitôt mon attention et celle de Kazumi, si bien que nous nous précipitâmes dessus.

Mon cœur rata un battement quand je vis l’écran : Il était déverrouillé. Nous avions accès à tous les dossiers confidentiels de l’organisation…

Mon cerveau se divisa en deux à ce moment-là : ma raison me hurlait de partir tant que personne ne nous avait repérées, mais ma curiosité et mon esprit d’aventurière me poussaient à fouiller dans ces dossiers top secrets…

« Nous…Nous ne devrions peut-être pas faire ça tout compte fait…Kazumi…Bégayai-je. Si quelqu’un nous prend…Nous sommes bonnes pour la prison…

-Tu as raison mais…c’est peut-être ta seule chance de réaliser ton rêve de devenir une héroïne de la justice en mettant à jour les manigances de Savior…Tu serais prête à y renoncer ?

-Je… »

Je ne savais pas pour être franche. Une fois de plus, si j’avais été seule, je n’aurais eu aucun scrupule à ouvrir l’ordinateur et télécharger toutes les informations mais pouvais-je vraiment prendre le risque de mettre Kazumi au courant, elle, une civile tout ce qu’il y avait de plus ordinaire ?

« J…Juste un seul dossier…Alors…Finis-je par déclarer, vaincue. »

Lentement, je me saisis de la souris de l’ordinateur et cliquai sur l’onglet « fichiers » et immédiatement, ce que la jeune fille ne devait surtout pas voir s’afficha à l’écran : un dossier nommé « Projet X : Le familier Libre. » à côté d’autres documents tels que « Toungouska et Chaos » ou encore « Le familier perdu de la zone 51 ».

Je déglutis en voyant cela et Kazumi devint livide en comprenant que je ne fabulais pas depuis tout ce temps. Néanmoins, il était trop tard pour faire marche arrière. Je ne pouvais pas prétendre ne pas avoir vu ce projet et ma curiosité me brûlait de l’intérieur.

Sans hésiter, j’ouvris le document et le titre complet de l’article s’afficha : « Conception d’un nouveau type de Familiers : Les familiers libres, par le professeur Fujishima. »

« Yuki…Est…Est-ce que c’est sérieux ces histoires ? Balbutia Kazumi.

-Je…Visiblement oui…

-Mais c’est horrible ! S’exclama-t-elle en reculant d’un pas, tremblante et terrifiée. Tu avais raison, il y a bien un complot au sein de Savior !

-Attends, Kazumi, calme toi…La repris-je en tentant de modérer sa réaction. Ces dossiers sont peut-être inquiétants mais nous devons les prendre avec beaucoup de précautions. S’ils sont vrais, nous n’avons aucun moyen de lutter contre…

-Que proposes-tu donc, Yuki ? Que nous nous taisions et que nous les laissions faire comme bon leur chante ? Rétorqua mon amie, les yeux ronds de terreur. »

Je sortis mon téléphone portable et, d’un clic, je pris une photo de ces précieux documents.

« Pour le moment, nous ne pouvons rien faire car, si nous les dénonçons, ils n’hésiteront pas à se révéler au grand jour et ça en sera fini du monde tel que nous le connaissons. Ce qu’il faut, c’est garder notre sang froid.

-Tu…Tu as raison…Je me suis peut-être un peu emportée…Mais il faut que nous fassions quelque chose…n’importe quoi…Nous sommes les seules à posséder cette information…

-Oui…Nous sommes les seules…Répétai-je, me sentant mal de devoir cacher mon identité à Kazumi dans un moment pareil. Mais nous sommes également des héroïnes de la justice. Nous devons combattre l’ombre par l’ombre et… »


https://www.youtube.com/watch?v=lzqoDTDKFzA&t=


Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase que j’entendis comme un bruit de verre brisé derrière nous et nous nous retournâmes toutes les deux en sursaut. Mon sang se glaça à nouveau dans mes veines lorsque je vis que, ce que j’avais pris pour une vulgaire chouette décorative quelques secondes plus tôt, était en train de bouger seule et s’approchait de nous.

Kazumi poussa un cri de terreur mais je ne me laissai pas impressionnée et, sans perdre mon sang froid, je donnai un violent coup de pied dans le familier qui explosa en un millier de morceaux.

« Ne restons pas là, Kazumi ! Hurlai-je à mon amie en la prenant par le bras.

-Que…Que se passe-t-il Yuki ? Tu sais quelque chose ?

-Plus tard, pour l’instant, nous devons fuir ! »

Je fonçai vers la porte d’entrée par laquelle nous étions arrivées toutes les deux mais je n’avais même pas eu le temps de l’atteindre que la porte principale du bureau vola en éclat et l’onde de choc nous projeta toutes les deux à terre.

« Allons, allons, qu’avons-nous là mon cher Yukito ? Déclara un homme d’une voix grave, lente et cruelle.

-Des enfants ? Reprit une seconde voix d’homme, plus étonné qu’en colère. »

Toujours à terre, et serrant Kazumi dans mes bras pour la protéger des débris, je levai la tête et mon cœur s’arrêta de battre pendant quelques instants tandis que tout mon corps fut parcouru d’un spasme incontrôlable.

Devant nous, en chair et en os, se tenait le président de Savior, Anko Yukito, accompagné d’un homme à la peau sombre, au visage carré, et à la longue barbe rousse nous dévisageant comme un chasseur venant de repérer une proie. Tous deux portaient encore leurs costumes de travail, tels deux véritables chef d’entreprises, ce qu’ils n’étaient pas. Je pouvais sentir l’aura de leurs familiers émaner d’eux, telle une odeur pestilentielle et mortelle…

« Que faites-vous ici ? Nous demanda le président de Savior d’une voix calme mais néanmoins ferme. Vous faisiez partie de la visite, n’est-ce pas ?

-Je…Commençai-je avant de me faire interrompre.

-Yukito, tu es aveugle ou quoi ? Il s’agit d’une espionne ! Cracha le second homme. Je t’avais dit qu’ESP enverrait des agents pendant que tu organisais ta petite visite !

-E…S…P ? Répéta Kazumi, de plus en plus livide et tremblante. Une…Espionne…Yuki ? »

Mon amie me dévisagea, l’air plus perdue que jamais mais le moment n’était plus aux cachoteries et aux identités secrètes. Nous avions en face de nous le président de la branche Savior du Japon et il était hors de question de jouer aux ignorantes avec un tel personnage.

« Kazumi, je vais les occuper ; murmurai-je discrètement à l’oreille de la brune. Fuis et oublie ce que tu as vu ce soir, cela vaudra mieux.

-Mais…

-Ne discute pas…On se revoit tout à l’heure et je t’expliquerai tout, c’est promis…

-Yu…Ki… »

Rassemblant mon courage, je me relevai et tentai de faire face aux deux hommes. J’étais pétrifiée par la peur, totalement paralysée, incapable de faire le moindre mouvement mais…Kazumi devait s’échapper tant qu’il était encore temps.

« En…En effet ! Je suis bien une espionne ! Bégayai-je en essayant d’avoir l’air sûre de moi. Je…Je suis vraiment déçue de vos systèmes de sécurité…Savior ! A…Alors, qu’allez-vous faire ?

-Tu me parais bien arrogante pour une fille de ton âge ; ricana l’homme à la barbe rousse. J’ignorai qu’ESP était désespérée au point d’envoyer des enfants faire le sale boulot.

-Iskandar, n’oublie pas que l’âge n’influence que peu sur les pouvoirs d’un Esper ; déclara le président, méfiant. »

Discrètement, je fis signe à Kazumi de profiter de ma distraction pour filer en douce puis, après un instant d’hésitation, mon amie me lança un regard de culpabilité intense avant de courir vers la porte dérobée.

Cependant, même si les deux hommes l’avait clairement vue, aucun des deux ne leva le petit doigt et le dénommé Iskandar afficha soudain un sourire malsain tandis qu’une vive lueur illumina les escaliers par lesquels nous étions arrivés.

Mes yeux s’agrandirent lorsque je réalisai ce qui était en train de se passer et, sans réfléchir une seule seconde de plus, je me jetai sur Kazumi et la plaquai à terre avant qu’elle ne franchisse la porte.


https://www.youtube.com/watch?v=Mp6uzqMNTeU


Un instant plus tard, un torrent de flammes déferla à quelques centimètres de nos têtes et un cri strident retentit dans la cage d’escalier. Des milliers d’éclats de béton volèrent et me blessèrent au visage tandis que le mur et la cage d’escalier avaient disparus pour ne laisser qu’un précipice sans fond.

Je pensais ne pas pouvoir être plus terrifiée que je ne l’étais déjà mais la chose qui se présenta sous mes yeux repoussa mes propres limites et toutes mes forces m’abandonnèrent d’un seul coup.

Un oiseau de feu…Un condor géant aux plumes flamboyantes et bleutées comme la plus ardente des flammes…Le monstre devait bien mesurer plus de dix mètres d’envergure et me dévisageait de ses petits yeux rouges comme le sang. Il émanait une telle chaleur que je sentais mon corps se dessécher instantanément avec la transpiration. Kazumi poussa un cri de terreur à la vue de ce monstre et se blottit dans mes bras, fermant les yeux et tremblant comme une feuille morte.

« C’est un cauchemar…Je vais me réveiller…Dis-moi que je vais me réveiller…Yuki…Me supplia-t-elle. »

J’aurais vraiment voulu trouver les mots pour la rassurer à ce moment-là mais, même moi, je savais qu’il était vain de lutter contre le familier de Rang S+ : Phénix.

L’homme à la barbe rousse éclata de rire en voyant nos mines terrifiées et le président de Savior prit la parole.

« Iskandar, tu ne penses pas que tu vas un peu loin ? Ce ne sont que des gamines, elles ont l’âge de ma fille…

-Gamine ou non, ce sont des espionnes d’ESP ! Phénix, réduis-moi ces deux idiotes en cendres et ramène leurs cadavres à la fondation en guise d’avertissement ! »

L’oiseau de feu poussa un nouveau cri strident et la lueur qu’il émanait s’intensifia. Ma respiration s’accéléra, mon cœur battait à tout rompre, mon corps était en feu et aucun de mes membres ne réagissait, comme s’ils avaient eux-mêmes accepté ma mort imminente.

Quelle idiote avais-je été…Jamais je n’aurais dû embarquer Kazumi dans cette histoire. J’aurais dû ravaler ma fierté et accepter que je n’étais qu’une enfant incapable de contrôler ses pouvoirs au lieu de me jeter dans la gueule de l’ennemi…

« A…A l’aide…Quelqu’un…N’importe qui…Murmura soudain Kazumi, le visage trempé de sueur…et de larmes. »

Lorsque j’entendis ces mots, quelque chose se réveilla en moi. Mes tremblements cessèrent, mon cœur se calma et un vent violent émana de mon corps et fit reculer les deux hommes, interdits par ce qu’il se passait.

Lentement, je me relevai et fit face au familier divin, entourée d’une aura sombre tandis que mes yeux, eux, avaient viré au doré. Kazumi me dévisagea un instant, à la fois fascinée et terrifiée par ce qu’il m’arrivait.

« Yu…Ki ? Articula-t-elle.

-Désolée…Kazumi…Je ne suis pas une héroïne de la justice… »


https://www.youtube.com/watch?v=YcwdjuQ3UR4


Je marquai un temps d’arrêt et l’aura autour de moi s’intensifia à un tel point que je devins comme une torche humaine, illuminant la pièce d’une lueur sombre et inquiétante. L’air se mit à crépiter, le sol commença à se fendre sous mes pieds et la grande baie vitrée vola en éclats lorsque je sautai sur le phénix.

A peine l’eussé-je touché que son corps commença à tomber en cendres, sous le regard interdit de son invocateur et du président de Savior Japon. Puis, lentement je me tournai à nouveau vers les deux hommes et leur montrai ma main dans laquelle brillait une sphère noire comme la nuit qui les fit reculer d’un pas.

« Tu te crois maligne avec tes pouvoirs, petite Esper ? Ricana Iskandar, tentant de paraitre confiant tout en laissant transparaitre sa peur. Phénix ne se laissera pas vaincre aussi facilement ! »

A peine eut-il prononcé ces paroles que les cendres de l’oiseau de feu s’enflammèrent et le familier réapparut derrière moi, sans aucune blessure.

Ne me laissant pas le temps de réagir, le monstre m’asséna un violent coup d’aile qui m’envoya m’écraser contre un mur, laissant Kazumi totalement à découvert.

« Cours Kazumi ! Ne reste pas là ! M’égosillai-je, affolée. »

Mais il n’y avait rien à faire. Mon amie restait sur le sol, le regard vide, comme totalement déconnectée de la réalité…Attendant que son cauchemar se termine…

Iskandar éclata de rire en voyant que les serres de son familier s’apprêtaient à transpercer la chair de la jeune fille.

Mon amie tourna légèrement la tête vers moi et je pus y lire le désespoir le plus profond qui fût…Je vis ses lèvres desséchées par la chaleur bouger mais aucun son ne sortit de sa bouche.

Non…Cela ne pouvait pas se terminer de la sorte…Je m’étais promis…Je m’étais promis de ne pas la mettre en danger en acceptant sa venue…Je m’étais promis que cette exploration ne serait qu’une aventure parmi d’autres aux côtés de ma meilleure amie…

Perdue, je regardai ma main dans laquelle brillait cette sphère mortelle qui avait pris tant de vie par le passé, alors que je ne contrôlais pas mes pouvoirs…

« Meurs, agent d’ESP ! Hurla Iskandar, exultant de joie. »

Alors que les griffes du rapace enflammé n’étaient plus qu’à quelques millimètres du visage livide de mon amie, je me relevai et, poussant un cri de rage, je laissai exploser toute mon énergie, exactement comme je l’avais fait des années auparavant.

Un éclair noir nous aveugla tous pendant un instant puis un bruit sourd se fit entendre. La déferlante fut si puissante qu’elle pulvérisa ce qu’il restait de la baie vitrée et tous les meubles se fracassèrent sur le sol. Mais ce n’était rien face à ce que mon attaque avait engendré : Les murs, le plafond, et tout ce qui se trouvait au-dessus de mes mains avait été purement et simplement annihilé. Il ne restait même pas des débris. C’était comme si…Comme si un monstre avait dévoré le bâtiment d’une seule bouchée…

Kazumi était toujours à terre, contemplant ce spectacle, le regard plus vide que jamais tandis que les cendres du phénix commençaient à flamboyer pour redonner naissance au familier. Les deux hommes, quant à eux, avaient disparu mais je n’avais pas le temps de me préoccuper de ce détail.

Ne pensant qu’à notre survie, j’attrapai le bras de mon amie et, sans réfléchir aux conséquences, je me jetai dans le vide pour échapper à l’oiseau mortel.

Alors que nous tombions de plus de cents mètres, j’eus le temps de sortir le grappin que j’avais emporté avec moi et je le lançai contre l’une des fenêtres de la tour de verre. Malheureusement, même si je réussis à ralentir notre chute, la vitre céda sous notre poids et nous nous écrasâmes sous le béton dur et froid.

J’eus cependant le réflexe de poser ma main au sol avant le reste de mon corps, ce qui activa mes pouvoirs et provoqua une seconde explosion au contact du bitume qui nous propulsa dans la direction opposée.


https://www.youtube.com/watch?v=z9_RD-iRQW0


Je rebondis plusieurs fois sur le sol puis roulai sur une longue distance avant de pouvoir enfin m’arrêter, tous mes membres endoloris et mes os craquant à chacun de mes mouvements. Mais je ne pouvais pas me reposer là.

Au cours de la seconde explosion, j’avais lâché la main de mon amie qui gisait à quelques mètres de moi, allongée sur le dos, regardant fixement le ciel, les bras étendus et ses jambes faisant un angle tout sauf normal avec son corps.

Au loin, j’entendis les sirènes des voitures de police et des pompiers, certainement alertés par la disparition d’une partie du building mais je m’en fichais. Je devais sortir Kazumi de là coûte que coûte.

Je voulus me mettre debout mais je m’écroulai aussitôt en hurlant de douleur. Le monde autour de moi se mit à tourner, les images devenaient floues, les sons indistincts et mes dernières forces m’abandonnèrent.

« Ka…Zumi…Articulai-je en crachant une gerbe de sang. »

Mon amie de toujours, entendant ces mots, tourna légèrement la tête vers moi et son regard vide se teinta soudain d’une peur indescriptible.

« Alors…T…Toi…Aussi…Yuki ? Tu es un monstre ?…Murmura-t-elle. »





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic]Le Dernier Esper posté le [06/04/2018] à 15:43

Fuyuku Yuki : La naissance d’une terreur



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=XzDzY3Du5No

Je me réveillai dans un lit chaud et moelleux. Ma tête me faisait mal, ma respiration était saccadée, mon corps brulait de l’intérieur et tous mes sens étaient chamboulés.

Lentement, j’ouvris les yeux et découvris que je me trouvais dans une petite chambre entièrement blanche et lumineuse. Les murs étaient nus, le plafond uniquement vêtu de quelques néons et quant à moi, je portais un pyjama vert sous mes couvertures et des bandages couvraient mes mains.

A travers la fenêtre, je pouvais voir au loin la ville, ainsi que la haute tour de Savior dominant les toits…totalement détruite…

La mémoire me revint d’un seul coup et j’écarquillai les yeux, regardant frénétiquement de tous les côtés à la recherche de mon amie.

« Kazumi ? Tu es là ? Kazumi ! »

Pas de réponse.

Que s’était-il passé ? La dernière image dans mon esprit était celle de notre chute et…Plus rien. Le trou noir…

Cependant, je n’avais pas envie de me rappeler de davantage de choses. Les souvenirs horribles hantaient encore mon esprit et me faisaient trembler.

Terrifiée et honteuse, je me recroquevillai sur moi-même, serrant mon corps de mes propres bras, regardant le sol fixement en repensant aux dernières paroles de mon amie.

« Je…Je ne suis pas un monstre…Je ne suis pas une héroïne de la justice…Je suis une fille normale… Murmurai-je comme pour me voiler la vérité. »

Tremblante, je regardai mes mains bandées. Elles étaient humaines…aussi fragiles, aussi petites, aussi normales que celles de n’importe qui…et pourtant…Elles étaient capables de prendre bien plus de vies que la plus tranchante des griffes.

Je chassai mes pensées noires de ma tête et me levai d’un bond. Il fallait que je retrouve Kazumi, que je m’assure qu’elle allait bien elle aussi et que je dise la vérité comme je lui avais promis.

J’allais sortir de la pièce mais au même moment, mes parents entrèrent dans la chambre, l’air affolés. Lorsque mon père me vit debout, il se précipita sur moi et m’étreignit de toutes ses forces, à tel point que j’entendis mes os craquer.

« Yuki, tu vas bien, le ciel soit loué ! S’écria-t-il en pleurant de joie.

-Pa…pa…tu m’étouffes…Articulai-je avec difficulté. »

Ma mère l’empoigna par le col et l’obligea à me relâcher en le soulevant d’une seule main. Je retombai sur le sol en titubant et toussai un peu en reprenant ma respiration.

Une fois que les choses se furent calmées, ma mère prit la parole d’une voix inquiète et énervée en même temps.

« Bon, Yuki, tu vas nous expliquer ce qu’il s’est passé exactement. Comment cela se fait-il que nous t’ayons retrouvée à moitié morte devant le bâtiment de Savior juste après avoir entendu une explosion ?

-Où est Kazumi ? Lui demandai-je aussitôt en ignorant sa question. »


https://www.youtube.com/watch?v=okbvdbIu9VU


Ma mère regarda mon père avec une grimace et je déglutis, m’attendant déjà au pire. Finalement, après quelques secondes de silence, mon père soupira et plongea son regard dans le mien avec un sérieux que je ne lui connaissais pas.

« Il y a bien une raison pour laquelle certains secrets doivent le rester…

-Il lui est arrivé quelque chose ? M’affolai-je, les yeux ronds de peur.

-Je pense…que certaines choses ne peuvent pas être dites avec des mots… »

Baissant les épaules, mon père sortit de la pièce et m’invita à le suivre. Tandis que nous descendions les escaliers de l’hôpital de Savior, mon cœur battait à deux cents à l’heure. J’imaginais déjà dans ma tête les pires scénarios possibles. Je l’imaginais à moitié morte, dans le coma ou même en vie mais me détestant pour ce que je lui avais fait…mais rien ne m’avait préparé à ce que je vis.

Mon père s’arrêta au niveau -1, devant une partie de l’hôpital réservée exclusivement aux membres d’ESP, et entra. Je restai un instant bloquée devant la porte, incapable d’avancer, refusant d’affronter la réalité mais ma mère lança un sourire rassurant qui me donna le courage de franchir cette porte qui allait changer ma vie à tout jamais.

Devant moi, il n’y avait qu’un long couloir si blanc que je fus obligée de plisser les yeux pour ne pas être éblouie. L’atmosphère y était étrange. Il n’y avait pas une seule trace de poussière, les chambres inoccupées sentaient les produits d’entretien, chacun de nos pas résonnait longuement et pas un seul autre bruit de s’échappait de ce lieu.

Je regardai rapidement la première chambre mais elle était vide et banale, à l’exception qu’il n’y avait pas de fenêtre.

Nous avançâmes en silence jusqu’au bout de ce couloir interminable avant de nous arrêter devant une nouvelle porte fermée et mon cœur s’emballa lorsque je lus le nom de Kazumi sur une étiquette.

Mon père frappa à la porte et rentra sans attendre de réponse.


https://www.youtube.com/watch?v=8LZzKKNUT6Y


Prudemment, je mis un pied à l’intérieur et c’est là que je la vis. Kazumi était là, assise sur le lit d’hôpital, regardant sa couette fixement d’un œil vide tandis que deux médecins étaient avec elle et prenaient des notes de ce que mon amie disait sur un petit carnet.

« Et là…nous avons découvert les dossiers secret de Savior…Nous sommes en danger…Les théories du complot ne sont pas des affabulations, quelqu’un…ou quelque chose essaie réellement de prendre le pouvoir et… »

Elle s’interrompit dans son récit en entendant la porte de sa chambre s’ouvrir et son regard se posa aussitôt sur moi. Pendant un instant, mon cœur s’arrêta de battre, mais je me forçai néanmoins à sourire.

« S…salut…Kazumi…Lançai-je d’une voix amicale. »

Dès que j’ouvris la bouche, les yeux de mon amie s’agrandirent et la jeune fille tenta de prononcer quelques mots mais aucun son ne sortit. Son visage pâlit, ses membres se mirent à trembler et une peur incommensurable passa dans son regard.

Ne se contrôlant plus, mon amie de toujours se mit à reculer frénétiquement et tomba de son lit mais cela ne l’arrêta pas et elle continua à ramper jusqu’à être dos au mur, me pointant du doigt en suant à grosses gouttes.

« T…Toi…Bégaya-t-elle. Tu…Tu m’as menti…Yu…Yuki ! S’écria-t-elle.

-Je…

-Tu es l’un des leurs, n’est-ce pas ? Tu es un monstre toi aussi ! »

Ce fut à mon tour de reculer, apeurée. Lorsque j’entendis ces mots, quelque chose en moi se brisa et je sentis les larmes monter en moi tandis que je secouai la tête pour me persuader moi-même que ce n’était pas vrai.

« Non…Tu te trompes…Je voulais juste…te protéger…Murmurai-je en me maudissant moi-même. »

Alors que Kazumi commençait à être parcourue de spasmes incontrôlables, l’un des médecins se leva et regarda la jeune fille droit dans les yeux puis elle s’endormit sur le champ.

Néanmoins, ce que j’avais vu était bien trop pour moi et je sortis de la pièce en courant, ne pouvant plus retenir mes pleurs plus longtemps.


https://www.youtube.com/watch?v=4TTzGc6rCa0


Je me mis à courir droit devant moi, sortant de l’hôpital et continuant dans la rue, ignorant la pluie battante, les passants et les voitures, voulant simplement fuir le plus loin possible d’ESP et de Savior, des pouvoirs, des monstres et des complots.

Je détestais mes pouvoirs. Jamais ils ne m’avaient apporté de bonheur. Tout le monde me disait que, grâce à eux, j’étais destinée à de grandes choses mais tout ce que je voyais, c’était une malédiction, fauchant toutes mes chances de trouver l’amitié dans ce monde. Ils ne faisaient que blesser ceux qui m’étaient proches, emportant avec eux à chaque fois une parcelle de mon espoir de m’intégrer un jour dans cette société…

Epuisée de courir, je finis par m’arrêter au beau milieu d’une avenue peu passante et me mis à fixer le ciel couvert d’énormes nuages de foudre, trempée jusqu’aux os, frigorifiée, abandonnée de tous.

« Je déteste…Savior et ESP…

-Vraiment, tu nous détestes ? Dit soudain une voix familière dans mon dos. »

Je me retournai lentement et je découvris le visage inquiet de Riki, lui aussi trempé par la pluie battante, me tendant un parapluie encore fermé.

« Je venais voir comment tu allais et je t’ai vue t’enfuir ; continua-t-il d’une voix douce.

-Riki…Murmurai-je, touchée par la gentillesse du garçon.

-Nous ne pouvons pas vivre parmi les autres humains, Yuki.

-Pourquoi ? Pourquoi ne pouvons-nous pas ? Le questionnai-je d’une voix faible. Nous sommes humains nous aussi, n’est-ce pas ? Nous…ne sommes pas des monstres… »

Mon ami ferma les yeux et secoua la tête négativement avec un sourire léger sur les lèvres.

« Nous sommes ce que nous sommes, Yuki. Peu importe comment les autres te voient. »

Je baissai les yeux vers mes mains couvertes de bandages et, levant la gauche devant moi, j’activai mes pouvoirs. Instantanément, l’adhésif se désintégra et il n’en resta rapidement plus rien, pas même des cendres pendant que ma paume, elle, scintillait d’une aura sombre. Riki sursauta légèrement en voyant cela mais n’en laissa rien paraitre.

« Ce pouvoir…celui de réduire à néant la matière…N’est-ce pas celui d’une créature maléfique ? Du méchant dans les mangas ? De l’antagoniste suprême ? Du monstre indestructible ? »

Pour toute réponse, Riki claqua des doigts et le poteau à côté de lui se mit à trembler avant de s’élever de quelques centimètres au-dessus du sol…puis un vélo fit de même…puis un lampadaire…puis une voiture…Bientôt, le garçon fut entouré de tout un bouclier métallique lévitant autour de lui.

« Et moi alors, n’ai-je pas l’air d’un boss final aussi ? Me demanda-t-il en souriant.

-Tu ressembles surtout au roi des égouts entouré de tes poubelles…Raillai-je en désactivant mes pouvoirs.

-Alors, tu as ta réponse. »

Mon ami désactiva les siens à son tour et tous les objets retombèrent doucement sur le sol et je ne pus m’empêcher d’être prise d’un léger fou rire.

« Je suis certain que ton amie comprendra cela un jour également ; reprit-il. Laisse-lui simplement le temps. Elle n’est pas de notre monde après tout…

-Et si…Elle ne le comprend jamais ? Murmurai-je, prise de remords.

-Alors tu le lui feras comprendre toi-même avec tes pouvoirs maitrisés ; termina Riki avec un large sourire. »


https://www.youtube.com/watch?v=rIwl2cDwStw


Les jours qui suivirent, je fus transférée au collège d’ESP. Mes parents me passèrent aussi un savon pour avoir tenté d’infiltrer Savior mais ma tentative fut tout de même saluée pour les informations que j’avais récoltées.

Cependant, je continuai à cacher mes pouvoirs, même aux entrainements. Les seuls moments où je pouvais les révéler étaient lors des rares séances dans des salles spécialisées pour les Espers un peu trop puissants, tels que moi. Là, je pouvais facilement déchainer ma puissance mais, même dans ces conditions, j’arrivai à détruire le matériel lorsque je m’emballai un peu trop…

Je tentai également de retourner voir Kazumi plusieurs fois mais les médecins m’interdisaient toujours de prendre contact avec elle, et ce, quel que fût le moyen de communication. C’est pourquoi, je me contentai de lui déposer de temps à autres les cours devant la porte de sa chambre puisque nous suivions le même programme scolaire.

Les mois passèrent tranquillement, et une nouvelle routine s’était installée dans ma vie. Le matin, je partais à l’école en compagnie de Riki, l’après-midi, je m’entrainai à l’escrime et le soir, je détruisais les installations d’ESP.

Peu à peu, je sentais que je commençai à maitriser vraiment mes pouvoirs. J’arrivai à doser la puissance que je voulais obtenir et même créer des sphères d’antimatière que je pouvais projeter comme des balles de fusil. Car oui, mes professeurs avaient bel et bien confirmé qu’il s’agissait d’antimatière et que j’étais la seule Esper à posséder un tel pouvoir à ma génération. Mais au lieu de me sentir flattée et spéciale, je me sentais un peu plus mise à l’écart, même parmi les miens…


Lorsqu’arriva le jour de mes treize ans, mon père m’offrit un cadeau pour le moins singulier : une longue épée dorée, au pommeau parcouru de rayures noires et protégé par une fine couche de cuir et à la lame longue et scintillante.

« Tiens Yuki, regarde un peu ça ! C’est la meilleure qu’on peut trouver sur le marché, j’ai demandé à l’expert d’ESP, elle ne te décevra jamais ! S’exclama-t-il, fier de lui.

-Quoi ? Une arme ? Tu es sérieux Natsu ? S’étrangla ma mère en voyant son cadeau. Mais tu as perdu la tête, Yuki n’aura jamais besoin d’une telle chose !

-Ma fille est la meilleure en escrime de la promo, je ne fais que récompenser ses efforts ; rétorqua mon père en se frappant fièrement le torse.

-Et bien je vais m’assurer qu’elle n’en ait jamais besoin moi ! »

Ma mère sortit sur ces mots un petit pendentif de sa poche et me le tendit. Dès que je le pris dans mes mains, je sentis comme une énergie nouvelle m’entourer et je poussai un cri de surprise en voyant dans la glace que mes yeux avaient changé de couleur pour passer au doré.

« C’est un cadeau fait main. Grâce à ce pendentif et à tes pouvoirs, aucun familier faible ne pourra t’approcher ! Avec ça, tu n’auras même pas besoin de te battre ! »

Mon père lança un regard noir à ma mère, qu’elle lui rendit aussitôt mais je m’efforçai de calmer le jeu en les remerciant tous les deux et, pour montrer ma motivation, je combinai l’épée de mon père, le médaillon de ma mère et mon pouvoir d’antimatière.

Aussitôt, la lame noircit et fut entourée de la même aura que moi et je sentis une énergie nouvelle me parcourir les veines…exactement comme lors de mes entrainements mais à la différence que je n’avais pas besoin de faire le moindre effort pour maintenir mes pouvoirs actifs.

Mes parents s’émerveillèrent devant cela et mon père, en bon gamin, me demanda d’essayer.

« Allez Yuki, montre à Papa ce dont tu es capable ! Explose-moi ce mur ! S’écria-t-il en levant le poing au ciel.

-Attends ! Quoi ? exploser le mur ? Il n’en est pas… »

Ma mère n’eut pas le temps de terminer sa phrase que, après avoir levé l’épée au-dessus de ma tête et concentré mon énergie, je l’abattis dans l’air et un immense rayon d’antimatière fusa et annihila le toit de la maison avant de se perdre dans les nuages.

Nous restâmes tous les trois bouche bée devant cette démonstration de force inattendu et mon père tomba même à la renverse.

« S…Sérieusement ?…Mais c’est génial Yuki ! Avec ça, tu pourrais même participer à l’élection des prochains présidents d’ESP ! S’exclama mon père.

-Il en est hors de question, Yuki fera ce dont elle a envie ! Rétorqua ma mère en tirant mon père par l’oreille. Mais tu pourrais trouver un nom à cette attaque cependant…C’est la tradition et ça permet de se démarquer des autres. »

Je réfléchis une seconde mais je n’avais aucune hésitation. Moi qui avais toujours été fascinée par les légendes arthuriennes et les chevaliers, je ne pouvais donner qu’un seul nom à cette épée noire.

« Anti Matter Sword…Dark Excallibur…Murmurai-je, fascinée.

-C’est un bon nom ; me sourit ma mère. J’espère juste que tu n’auras pas à le dire trop souvent. »


La vie aurait pu ainsi continuer son cours sans désagrément ni rebondissement pour l’éternité mais…Le monde dans lequel je vivais étais cruel et impitoyable et, à peine quelques mois plus tard, Savior et ESP entrèrent en guerre.

Toutes nos activités furent suspendues, les quartiers généraux furent désertés et tous les Espers ayant dépassé la majorité furent réquisitionnés par le président de la fondation pour partir en mission aux quatre coins du monde.

Evidemment, j’insistai pour accompagner mes parents dans leur périple, mais ceux-ci s’y opposèrent formellement.

« Ça va être du gâteau, Yuki ! Affirma mon père. Tu n’auras même pas le temps de te rendre compte que nous sommes partis que nous serons déjà revenus !

-Mais je veux me battre moi aussi ! Je veux prendre ma revanche sur ce phénix qui a détruit la vie de Kazumi ! Rétorquai-je en tapant du pied.

-Ma chérie, il faut que quelqu’un garde la maison en notre absence ; déclara ma mère d’une voix douce en s’agenouillant pour se mettre à ma hauteur. Fais confiance à ton père pour une fois. Il n’est pas souvent de bon conseil mais il a raison.

-Comment ça je ne suis pas de bon conseil ? S’offusqua-t-il en écarquillant les yeux. Est-ce que je dois te rappeler que si on est sorti vivant de notre dernière mission, c’est parce que j’étais là !

-Effectivement, si tu n’avais pas été là, je n’aurais même pas été en danger ; railla ma mère. »

Mon père grogna en serrant les dents, à court d’argument et je ne pus m’empêcher de sourire en voyant que, même à la veille d’une guerre, mes parents restaient eux-mêmes jusqu’au bout.

Je finis par m’avouer vaincue et acceptai de rester à la maison en compagnie de Riki qui, lui aussi, se retrouvait seul.

Ce fut là ma plus grande erreur…

A peine deux semaines plus tard, alors que Riki m’apportait mon déjeuner comme chaque jour puisque j’étais incapable de faire cuire un œuf, le facteur sonna à la porte et m’apporta une lettre. Je me précipitai pour l’ouvrir en voyant qu’elle m’était adressée, pensant qu’elle me venait de mes parents, mais, lorsque je vis le titre, je lâchai immédiatement le bout de papier et tombai à genoux sur le plancher.


https://www.youtube.com/watch?v=qSvpN72u9F8


Riki, entendant le bruit, se précipita dans l’entrée et me vit, sur le sol, regardant fixement la porte d’entrée fermée d’un regard vide.

« Yuki ! S’écria-t-il, affolé, il y a un problème ? Que se passe-t-il ? »

Je ne lui répondis rien. C’était comme si le temps s’était arrêté pour moi à la lecture de ces quelques mots.

Je ne ressentais rien. Ni peine, ni joie, ni colère, ni tristesse, ni haine, ni pleurs, ni rire, ni sourire, ni grimace. Il n’y avait plus rien. En l’espace d’une seconde, je m’étais transformée en coquille vide à l’annonce de la mort de mes parents.

Lorsque mon ami se saisit de la lettre, il ne put réprimer un cri de surprise et je vis sur ses joues quelques larmes couler.

« Im…impossible…Murmura-t-il, abasourdi. »

Lorsqu’il lâcha la lettre à son tour, le bout de papier vola jusqu’à mes pieds et je vis ce mot…cet unique mot qui avait gâché ma vie depuis toujours et qui venait de me voler ceux que je chérissais par-dessus tout : Les familiers.


https://www.youtube.com/watch?v=ad5TszNUVYI


Soudain, mon cœur se mit à battre plus vite, plus fort, je sentis une immense chaleur monter au fond de moi. Je bouillonnai de l’intérieur et tout mon corps fut entouré de cette sinistre aura d’antimatière qui s’échappait de moi comme le torrent de larmes que je n’arrivai pas à verser et qui s’était évaporé dans le brasier de la haine qui me consumait de l’intérieur.

Lentement, le parquet se mit craquer sous mes mains, le bois commença à disparaitre, les lattes se mirent à fumer et l’air crépita au contact de mon corps tandis que mes yeux virèrent au doré et qu’un sourire carnassier se dessina sur mes lèvres.

« Les familiers…hein ? Dis-je dans un soupir. »

Lentement, je me relevai et Riki recula prudemment en voyant mon visage, l’air terrifié.

« Yu…Yuki…Est-ce que tout va bien ? S’inquiéta-t-il.

-Est-ce que…Tout va bien ? Répétai-je d’une voix éteinte. Non. Rien ne va bien Riki…Du moins…Pas tant que je n’aurais pas exterminé ces ordures…

-Que…veux-tu dire, Yuki ?

-Je les détruirai…Jusqu’au dernier…Je les anéantirai tous s’il le faut…mais je trouverai ce monstre qui a pris la vie de mes parents…et j’annihilerai son invocateur avec ma lame noire…

-Tu…Tu as perdu l’esprit, Yuki ! S’étrangla Riki, blême. Tu veux t’attaquer directement à Savior ? C’est de la folie ! »

Au même moment, un rugissement se fit entendre à l’extérieur et notre porte d’entrée, ainsi qu’une partie de notre mur vola en éclat. Mon ami poussa un cri de terreur en voyant apparaitre un familier à deux têtes, une sorte d’hydre noire se tenant à quatre pattes et mesurant plus de cinq mètres de haut foncer sur nous, ses deux gueules ouvertes et dégoulinantes de sangs d’Espers vaincus mais moi, je ne bougeai pas d’un millimètre et me retournai même pour faire face à la bête.

A la vue de cette créature, je ne me contrôlai plus et, m’imaginant déjà qu’il s’agissait de ce monstre qui avait tué mes parents, je relâchai toute ma rage et ma colère dans un seul rayon d’antimatière deux fois plus large que moi.

La bête fut touchée de plein fouet et disparut de la surface de la terre dans un rugissement assourdissant, ne laissant aucune trace de son existence tandis que mon attaque se perdit dans le lointain, détruisant peut-être quelques structures ou habitations.

Cependant, renvoyer cette créature aux ténèbres venait de réveiller quelque chose en moi. J’avais pris du plaisir à annihiler ce familier…à le voir se tordre de douleur et à voir son corps être réduit en atomes qui, même-eux, ne pouvaient supporter mes attaques…

J’en voulais plus…Il fallait que je trouve d’autres familiers…et que je les tue…exactement comme ils avaient tué mes parents…

Avec un sourire digne d’une folle, je me tournai vers Riki qui avait chuté en reculant et qui me dévisageait désormais avec autant de peur que s’il avait vu un monstre.

« Détruire…Je les détruirai tous…

-Le…Détruire ? Répéta-t-il, perdu.

-Es-tu avec moi, Riki ? Veux-tu venger la mort de mes parents et sauver les tiens avant qu’il ne soit trop tard ?

-E…Evidemment ! Bégaya le garçon en se ressaisissant. Tes parents étaient des gens bien ! Je ne peux pas laisser leur mort impunie…

-Dans ce cas, tu seras aux premières loges pour assister à la disparition de cette espèce infâme qui est appelée familier et contempler une nouvelle ère : celle des chasseurs. »


https://www.youtube.com/watch?v=qft44yIJ6_M


Je mis tout en œuvre pour tenir ma promesse. Quelques jours à peine après le tragique incident, je m’engageai officiellement en tant que soldat dans les forces de combat d’ESP, celles que mes parents avaient toujours tenues loin de moi.

Les dirigeants de Savior avaient refusé d’ouvrir une enquête pour déterminer la cause de leur mort et faisaient passer la guerre avant tout et je compris alors que, si je voulais obtenir la justice, j’allais devoir la faire moi-même.

Evidemment, étant donné mon âge, beaucoup de vétérans s’opposèrent à mon intégration mais après leur avoir fait une démonstration de mes pouvoirs et les avoir terrifiés, ceux-ci finirent par accepter et engagèrent également Riki à ma demande.

Les vétérans ne furent d’ailleurs pas les seuls terrifiés par mon pouvoir et rapidement, je me retrouvai isolée et seul Riki continua à me tenir compagnie. Apparemment, même parmi les Espers, mes pouvoirs étaient bien trop destructeurs.

Un nouveau quotidien s’installa rapidement dans ma vie. Je n’avais plus d’école ni de contraintes. J’étais libre de faire ce que je voulais du haut de mes quatorze ans. Ainsi, je passai le plus clair de mes journées à perfectionner mon style de combat à l’épée, en alternant avec les recherches sur le meurtrier de mes parents et attendant avec impatience qu’on me donne l’ordre d’aller sur le terrain.

Cependant, les jours passèrent, puis les mois et finalement, la guerre contre Savior prit fin en apparence, se soldant par un cesser le feu d’un commun accord avec les deux camps.

Mais dans mon cœur, ma rage ne s’était toujours pas apaisée. Je n’avais aucune idée de pourquoi cette guerre avait été lancée mais la raison m’importait peu. Je ne voyais que les faits.

Finie ou pas, j’étais bien déterminée à la continuer contre les familiers et les exterminer tous jusqu’au dernier…Et si les forces de combat d’ESP ne me permettaient pas d’atteindre mes objectifs, alors j’étais prête à faire cavalière seule. Mes parents allaient être vengés, et ce n’était pas cette prétendue organisation de défense de l’humanité qui allait m’en empêcher !

Néanmoins, j’étais peut-être guidée uniquement par la vengeance, je gardais en moi une certaine raison. Je savais pertinemment qu’attaquer Savior de front était du suicide, surtout avec mon niveau actuel. Je pouvais certes annihiler la matière et faire plus de ravages qu’une bombe atomique en un claquement de doigts, je restais humaine et possédais toujours des points faibles. Alors je m’entrainais, encore et encore, jour et nuit, soir et matin, chaque jour de la semaine. Je n’avais aucun répit et en venais à négliger ma propre santé qui inquiéta rapidement Riki mais je m’en fichais.

Il fallait que je devienne plus forte, que je surpasse mes parents, les vétérans d’ESP et même le président Ilios Erbe. Et seulement ce jour-là, je pourrais attaquer ce monstre infernal qui avait pris la vie de deux innocents et me délecter de sa souffrance en le voyant disparaitre de la surface de la terre !


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


Un jour, alors que je me rendais à la salle d’entrainement comme d’habitude, je croisai une vieille connaissance que j’avais éclipsé de ma mémoire tant je lui accordais de l’importance : Shiro Kojiro, évidemment accompagné de sa bande de gorilles.

Je fis d’abord semblant de ne pas le voir et continuais à marcher vers le gymnase, les yeux fermés et les mains dans les poches mais la brute ne manqua pas de me provoquer, comme à son habitude, malgré mon nouveau statut au sein d’ESP.

« Tiens, tiens, si ça ne serait pas ma chère Yuki. Alors, il parait que tu as monté les échelons au sein de la fondation ? Ricana-t-il de son rire de hyène.

-Il parait oui ; lui répondis-je sans me retourner. »

Agacé de mon manque de réaction, le garçon voulut m’attraper par l’épaule mais par réflexe, je me saisis de sa main avant qu’il ne me touche et ce-dernier écarquilla les yeux, une légère goutte de sueur perlant de son front mais refusant de paraitre faible devant ses compagnons.

« Oh, tu as appris à te battre finalement ? Et tu nous avais caché que tu possédais des pouvoirs, gamine ; continua-t-il sans perdre son sourire confiant.

-Est-ce que tu as autre chose à me dire qu’énoncer des banalités, Shiro ? Je vais être en retard à mon cours. »

Je vis le garçon tiquer en voyant que je lui tenais tête sans flancher, contrairement à avant mais il ne se laissa toujours pas démonter et, retirant sa main, il fit un pas en arrière avant de me dévisager en penchant légèrement la tête sur le côté d’un air intrigué.

« Tu as pris de l’assurance depuis que tu as tes pouvoirs, Yuki…Mais ne te crois plus forte que tout le monde juste parce que les supérieurs t’ont remarquée !

-Je ne crois pas être la plus forte ; répondis-je d’une voix monocorde. Mais je le deviendrai bientôt. »

Ma phrase fit exploser de rire la brute et ses groupies mais je n’en tins pas compte et repris simplement mon chemin vers la salle d’entrainement.

Cependant, alors que je m’apprêtais à ouvrir la porte de la salle, une décharge électrique me parcourut de la tête aux pieds et je grimaçais avant de faire cesser cette sensation désagréable en activant mes pouvoirs puis me retournai d’un air lassé.

« La plus forte, hein ? C’est bien beau de rêver mais sache que je suis déjà ton supérieur. D’ici quelques années, je serais le nouveau directeur d’ESP au Japon et ce, grâce à mes parents qui, eux, ne m’ont pas laissé tomber ! »

A l’évocation de mes parents, toute la colère que m’inspirait ce type depuis que je le connaissais s’échappa de mon corps sous la forme d’une épaisse aura noire, mes yeux virèrent au doré et mon épée se matérialisa dans ma main sans que je ne l’aie appelée.

« Tu ne seras jamais la plus forte car je suis toujours loin devant toi, Yuki ! »

Shiro, dans un éclat de rire, frappa le sol du bâtiment de ses mains et des éclairs surgirent du macadam tels des serpents électriques et se jetèrent sur moi dans un crépitement assourdissant.

Sachant que j’étais bien trop lente pour échapper aux courants électriques, je décidai de ne pas bouger et me pris l’attaque de plein fouet.


https://www.youtube.com/watch?v=lX-iQi5qudU


Je grimaçai lorsque je sentis les charges pénétrer dans mon corps tandis que le garçon exultait de joie en voyant une goutte de sueur couler le long de ma joue mais il était loin de comprendre ce qu’il se passait réellement.

« Antiélectron ; pensai-je dans ma tête. »

Aussitôt, les picotements cessèrent et l’attaque de Shiro se volatilisa, comme si elle n’avait jamais existé, et moi, je me tenais toujours debout, sans aucune égratignure, sous ses yeux exorbités.

« Co…Comment ? S’étrangla-t-il en commençant à paniquer légèrement.

-L’électricité n’est qu’un déplacement de charge, et donc de matière ; répondis-je d’une voix glaciale. De toutes les particules existantes, l’antiélectron est l’un des plus faciles à générer pour moi.

-Anti…Electron, tu dis ? Répéta le garçon, soudain livide. »

Pour toute réponse, je plantai mon épée dans le sol qui s’y enfonça sans aucune difficulté et fis apparaitre une sphère d’antimatière de la taille d’un ballon de foot au creux de ma main.

« Cette attaque serait largement suffisante pour faire disparaitre ta sale tête de ce monde, Shiro ; continuai-je sans émotion. Si je faisais ça, je serais la plus puissante, n’est-ce pas ? »

La brute poussa un cri suraigu et tomba à la renverse tandis que je m’approchais lentement de lui et que ses amis partaient en courant.

Lorsque je ne fus plus qu’à quelques centimètres de lui, il tenta à nouveau de m’attaquer en tentant de faire tomber la foudre sur moi mais je l’arrêtai aisément grâce à mon épée qui attira son attaque et l’absorba, tel un paratonnerre d’antimatière.

Shiro ferma les yeux, pensant que j’allais l’achever mais je me contentais de poser ma main au sol et de faire s’effondrer la route sous le garçon qui tomba dans un trou profond de deux bons mètres.

Lorsqu’il leva le regard vers moi, je pus y lire une peur aussi grande que s’il avait vu la plus terrifiante des créatures sur terre.

« Tu…Tu n’es pas une des nôtres…Yuki…Bégaya-t-il, tremblant de tous ses membres. Tu n’es pas la plus puissante des Esper…Tu…Tu n’es un monstre ! »

Alors que je pensais que ces mots allaient m’atteindre, je ne ressentis rien à ce moment-là et un sourire léger passa sur mes lèvres. Je venais de comprendre quelque chose grâce à cet idiot.

« Seul un monstre peut en vaincre un autre après tout… »

Sur ces mots, j’abandonnais la brute électrique au fond de son trou et repris mon chemin vers la salle d’entrainement. Je n’avais que faire de devenir un monstre si cela me permettait de vaincre le meurtrier de mes parents et de rétablir la balance de la justice.






http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic]Le Dernier Esper posté le [10/04/2018] à 01:41

Fuyuku Yuki : La naissance de la chasseuse



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=J6O3MnMPGIk&t=

Une héroïne de la justice se devait-elle forcément de faire le bien ? Devait-elle, comme dans les comics et les mangas, apporter le sourire à ceux qu’elle sauvait et être acclamée partout où elle passait ? Ou bien devait-elle suivre ce qui lui semblait juste, et ce, malgré les pleurs et les cris de ceux qu’elle balayait sur son passage ?

C’était la question que je me posais alors que je regardais droit dans les yeux l’invocateur dont je venais de terrasser le familier en forme de chien et qui me dévisageait, implorant ma pitié, le corps couverts de blessures et les habits en lambeaux. L’homme était à ma merci. Il me suffisait d’un claquement de doigts pour le faire disparaitre de ce monde à tout jamais et il le savait aussi bien que moi mais ne pouvait rien faire d’autre que de contempler la mort en face.

« Qu…Que me voulez-vous ? Bégaya-t-il d’une voix déformée par la douleur.

-Je suis à la recherche d’information ; répondis-je d’une voix glaciale. Avez-vous participé à la guerre entre Savior et ESP, invocateur ?

-O…Oui…

-Connaissez-vous un familier capable de changer ses victimes en pierre ?

-Changer…Ses victimes en pierre ? Répéta l’homme, abasourdi. »

Je soupirai et formait une sphère d’énergie noire dans le creux de ma main et la pointait vers l’homme qui tenta de reculer en rampant, tétanisé.

« Je vois. Vous ne me servez donc à rien. Disparaissez… »

La lueur produite par mon énergie s’intensifia et l’invocateur ferma les yeux, comprenant que sa dernière heure avait sonné mais je fus interrompue par un bruissement de feuilles derrière moi et je jurai.

« Vous ne m’avez pas entendu ? Dégagez ! Disparaissez de ma vue ! Lui ordonnai-je. »


https://www.youtube.com/watch?v=x0n5yObwyDE


L’homme ne se fit pas prier et, ignorant ses nombreuses blessures, s’enfuit dans la forêt tandis que Riki surgit de l’épais taillis de feuilles en pestant contre la nature et le climat chaud et humide de cette région du Kasaï, au Congo.

« Sérieusement, de toutes les régions possibles dans le monde, tu as choisi la seule qui en plus d’être une fournaise, grouille de bestioles bizarres ; grogna mon ami en retirant une sangsue qui s’était collée à sa cheville.

-Je ne choisis pas où les familiers apparaissent ; me contentai-je de répondre en annihilant l’une de ces bestioles agaçante qui tentait de s’attaquer à moi.

-J’espère au moins que ce n’est pas qu’une légende cette histoire de Kasaï Rex…

-Nous verrons bien. »

Sans ajouter un mot, je repris mon chemin, à l’affut du moindre signe d’activité de familier ou d’invocateurs…autre que celui que je venais de laisser filer et qui n’était nul autre qu’un pauvre garde forestier.

Cela faisait maintenant un an que je m’étais engagée dans les forces spéciales d’ESP et, depuis mon entrée, j’avais gravi bien des échelons et étais désormais en mesure de partir en mission aux quatre coins du monde afin de combattre Savior dans l’ombre. Car, depuis la fin de la guerre, la fondation s’était mise en tête de détruire les familiers trop peu discrets et avait confié cette tâche aux forces spéciales.

Ainsi, j’avais fini par me forger un nom à force d’éliminer tous les familiers que je rencontrais. On me surnommait la chasseuse au sein de Savior car, de toutes les unités de combat d’ESP, j’étais celle qui avait éliminé le plus de familiers ces derniers mois.

Mais tout ceci n’était qu’un prétexte pour moi. Au cours de mes quelques explorations, évidemment, j’accomplissais les missions que l’on me donnait, mais j’en profitai surtout pour récolter des informations sur le meurtrier de mes parents.

J’avais demandé à voir le rapport d’ESP concernant leur mort et les dossiers étaient clairs : ils avaient été pétrifiés et changés en pierre. Malheureusement, les seuls familiers capables d’une telle chose, à savoir le basilic, le cocatrix et les gorgones, avaient été rayés de la carte plusieurs années avant ma naissance. Ce qui signifiait qu’un familier encore inconnu des services de renseignement d’ESP se baladait en liberté.

De plus, j’avais appris à mes dépend que je ne pouvais pas créer d’antimatière indéfiniment. Il fallait que je fasse attention, sans quoi mes pouvoirs empiétaient sur mon propre corps et commençait à transformer mes propres cellules. C’était d’ailleurs en ça que mon épée devenait bien utile car elle me permettait d’éviter d’en arriver à ce point critique.


https://www.youtube.com/watch?v=_pv9kOEWIXY


Soudain, un rugissement me tira de mes pensées et je vis au loin tous les oiseaux s’envoler en piaillant, terrifiés alors que le sol se mit à trembler sous les pas d’une immense créature.

Riki serra les dents et instinctivement, je matérialisai mon épée dans ma main, prête à combattre.

Finalement, après deux jours de traque, le monstre daigna se montrer. Arrivant en abattant tous les arbres sur son passage, la créature s’arrêta à une dizaine de mètres de nous et nous dévisagea.

Il s’agissait d’un grand animal mesurant dans les dix mètres de long du museau à la queue, se tenant sur ses deux pattes arrières musclés et aux pattes avant quasi inexistantes. Il était entièrement rouge et sur son dos se dessinaient quelques rayures noires qui descendaient jusqu’à son ventre. Sa gueule, allongée et remplies de dents encore recouvertes de sang, était celle du roi des dinosaures : un tyrannosaure.

« Rang B, Kasaï Rex, ne possède pas d’aptitude particulières autre qu’une épaisse carapace et d’être un dinosaure…Murmura Riki, répétant mot pour mot la description du monstre dans les registres d’ESP.

-Finissons-en rapidement alors, j’ai pris une autre mission qui commence demain et je n’ai pas envie qu’un incapable me la vole.

-Quoi ? Encore une mission ? Gémit mon partenaire. Mais ça fait la quatrième en moins d’un mois ! »

Je ne répondis pas et m’élançai sur le monstre, l’épée pointée en avant, entourée de la protection procurée par le médaillon de ma mère.

Le dinosaure, voyant que je passais à l’attaque, fonça sur moi, la gueule grande ouverte, prêt à me déchirer la chair de ses crocs acérés mais je ne reculai pas et continuai ma course.

L’issue du combat se décida en un éclair. Comme si je coupais du papier, ma lame dorée traversa le corps du lézard de part en part et celui-ci s’écroula sur le sol. Son corps tomba rapidement en poussière pour ne laisser qu’un tas d’os fossilisés comme on pouvait en trouver partout dans le monde.


https://www.youtube.com/watch?v=UTis2_h3cJ4


« Encore une mission accomplie j’imagine ; déclarai-je en essuyant les traces de sang qui restaient sur mon arme.

-O…oui, on peut dire ça…Me répondit Riki, légèrement gêné pour le pauvre invocateur qui avait dû mettre des années à créer ce familier. Quelle est notre prochaine destination donc ?

-l’Ecosse.

-L’Ecosse ? Répéta mon ami, intrigué. Mais là-bas, il n’y a rien à part…

-Nessie. »

Ainsi, le soir-même, nous fûmes dans l’avion qui devait nous emmener à plus de deux mille kilomètres du Congo. Riki commençait sérieusement à être fatigué par toutes nos missions à répétitions et le décalage horaire n’arrangeait rien. Nous ne prenions jamais le temps de visiter les pays dans lesquels nous passions et encore moins de faire du tourisme. Nous venions, nous trouvions le familier à détruire, puis nous repartions.

Cependant, la mission que j’allais accomplir cette fois-ci était spéciale. Je ne m’étais toujours pas pardonné de ce qui était arrivé à Kazumi par ma faute.

Malgré les traitements d’ESP, mon ancienne amie ne s’était toujours pas remise du choc et était devenue totalement paranoïaque à en croire les médecins, à tel point qu’ils avaient été obligés de l’enfermer dans une salle spéciale et confinée sur sa propre demande.

Certains pensaient à lui effacer totalement la mémoire mais je m’y étais formellement opposée. Il était hors de question que Kazumi en oublie jusqu’à son propre nom par ma faute. Ainsi, j’espérai qu’en détruisant définitivement le monstre du loch Ness, monstre qui avait été le début de tout, j’allais pouvoir la faire revenir à la raison…

Je serrai mon pendentif autour de mon cou tout en pensant à cela. Il le fallait. Elle était mon seul autre objectif désormais avec la vengeance de mes parents et je comptais bien lui faire accepter ce monde, qu’elle me voit comme un monstre ou non.


https://www.youtube.com/watch?v=Td1D1jjvrdE


Le lendemain, à peine après être descendus de l’avion et avoir dormi dans une auberge près du lac, nous commençâmes nos investigations non loin des ruines du château d’Urquhart, site très prisé des touristes et donc propice à d’éventuels témoignages.

A vrai dire, il ne restait plus grand-chose de cette citadelle à part quelques murs en mauvais état, des marches, un pont pour y accéder, et évidemment, une tour bien connue des visiteurs.

Le château en lui-même ne présentait pas beaucoup d’intérêt pour quelqu’un comme moi qui ne m’intéressait pas à l’histoire mais je devais avouer que le cadre était digne des plus beaux paysages de films fantastiques.

Le lac s’étendait à perte de vue et finissait par se confondre avec le ciel azuré à l’horizon. L’eau cristalline, presque transparente laissait voir de nombreux poissons nager près de la surface réfléchissant les rayons du soleil de midi. De temps à autres, quelques bateaux de promenades glissaient lentement sur le Loch Ness, me rappelant que nous n’étions qu’à quelques kilomètres de la ville malgré l’aspect sauvage des environs.

Les montagnes qui l’entouraient étaient entièrement recouvertes d’herbe qui semblait avoir été coupée la veille tant elle était régulière, à croire que nous nous trouvions dans un parc immense. Il y avait également de nombreuses fleurs en cette saison et les feuilles des arbres bruissaient et dansaient lentement au gré de la brise fraiche qui soufflait depuis le nord.

Tout cela était bien différent des paysages que l’on pouvait trouver au Japon et en même temps assez familier. Ce n’était pas la première fois que je voyais un lac entouré de montagnes, mais l’atmosphère, le climat et même les végétaux étaient différents.

Riki, contrairement à moi, courait dans tous les sens, émerveillé par le cadre et ces ruines qui, pour un passionné d’histoire, devaient être magnifique.

Par réflexe, je sortis mon téléphone et pris une photo du lieu puis l’envoyai sans réfléchir à Kazumi, comme j’avais l’habitude de le faire par le passé quand je partais en voyage avec mes parents avant de me souvenir de la raison qui m’avait amenée ici…


https://www.youtube.com/watch?v=Ov1U1JLi8SU


Soudain, un vieil homme portant un badge de guide touristique surgit derrière moi et me fit sursauter en prenant la parole dans un Anglais difficilement compréhensible pour moi qui n’avait fait que peu d’études de langue et qui avais encore du mal avec les accents.

Il devait avoir dans les soixante-dix ans à en juger par ses rides peu nombreuses. Son crâne était cependant déjà bien dégarni et il marchait à l’aide d’une canne. Son regard était doux mais ses yeux pétillaient encore de malice et d’amusement à la vue de tous ces touristes venus voir le fameux monstre du Loch Ness.

« Alors les jeunes, vous aussi vous êtes à la recherche du monstre ? Déclara-t-il en regardant le lac avec un large sourire.

-En quelque sorte, oui ; lui répondis-je d’un ton neutre. Vous possédez des informations peut-être ?

-Si j’en possède. Mon nom est Brandon Mills, je suis le président actuel du « Loch Ness Phenomena Investigation Bureau ». Cela fait plus de cinquante ans que je suis également à la recherche de ce monstre.

-Enchantée, monsieur. Mon nom est Fuyuku Yuki, étudiante japonaise en cryptozoologie. »

A ce moment-là, j’étudiai attentivement le visage de l’homme. Je lui avais volontairement donné mon nom car je savais qu’il était connu désormais parmi les forces de Savior mais le président de l’association n’eut aucune réaction et me salua comme l’aurait fait n’importe quel guide touristique.

« Oh, vous êtes une passionnée tout comme moi alors ? Dans ce cas, que diriez-vous de passer dans notre bureau d’étude ? Nous avons collecté de nombreuses preuves au fil des années. Peut-être vous seront-elles utiles dans vos recherches.

-Avec plaisir. »

J’appelai Riki pour qu’il arrête de jouer les touristes et, ensemble, nous suivîmes l’homme dans ce qui semblait être une sorte de musée au bord de l’eau, à quelques pas à peine du château.

Enfin, musée était un bien grand mot…Il s’agissait plus d’une cabane de pêcheur réaménagée que d’un véritable bâtiment.

Tout était fait en bois, y compris les murs et les parquets. A l’intérieur, quelques visiteurs admiraient les équipements utilisés par le passé dans le but de capturer Nessie : des filets de pêche gigantesques, des hameçons de plus d’un mètre, des sonars et même un mini sous-marin, le tout étant exposé à côté de photos d’époque du monstre et des textes relatant les explorations telles que Yellow Submarine ou Deepscan, deux missions s’étant soldées en échec.

Alors que Riki, ne prenant pas du tout notre mission au sérieux, continuait à jouer les touristes et parler longuement avec le président de l’association, des détails sur certaines photos m’interpellèrent.

En effet, ces photos étaient différentes de celles que l’on pouvait trouver sur internet. Elles semblaient même authentiques pour la plupart. Mais, chose étrange, j’avais l’impression que le jaunissement du papier n’était pas naturel…Comme si quelqu’un avait vieilli artificiellement ces photos…

« Excusez-moi, monsieur Mills, est-ce que je pourrais vous poser une question sur ce lac ? Demandai-je à l’homme, interrompant les discussions sans intérêt de Riki sur l’histoire du lac.

-Je suis là pour ça, mademoiselle.

-De quand datent ces photos exactement ? Je ne me rappelle pas les avoir déjà vues ailleurs…

-Evidemment, puisque ce sont des collègues à moi qui les ont prises à l’époque où nous avons commencé notre projet ; me répondit fièrement l’homme.

-Et, vous n’en possédez pas de plus récentes ? Je veux dire, depuis tout ce temps et avec les moyens modernes, vous auriez dû être capable d’en prendre de nouvelles et de meilleure qualité, non ?

-Il faut croire que toute l’agitation autour de sa légende fait fuir le monstre ; hasarda le président de l’association en riant légèrement.

-Mais vous n’avez pas pensé à sonder le lac entièrement ou à laisser des caméras tourner pendant plusieurs jours ? Intervint Riki qui avait enfin fini par s’y mettre.

-Evidemment que nous y avons pensé, nous ne sommes pas des amateurs ; s’offusqua l’homme. Mais rien. C’est comme si le monstre avait des périodes d’hibernation et que nous étions en plein de dedans… »

Sans le savoir, notre interlocuteur venait de nous donner une information précieuse. Si le monstre ne se montrait que pendant un certain temps, cela signifiait soit que son invocateur n’était pas assez puissant pour le maintenir dans notre monde en permanence, soit qu’il possédait un puissant pouvoir de camouflage.

« Si vous voulez, je peux vous emmener sur les lieux de ma dernière rencontre avec le monstre ; continua Brandon Mills avec un large sourire.

-Vraiment ? Vous feriez ça pour nous ? S’étonna Riki.

-Evidemment ! Les étudiants en cryptozoologie sont toujours d’une grande aide dans notre enquête !

-Et bien…Merci beaucoup dans ce cas… »


https://www.youtube.com/watch?v=h197QB5r_Cc


C’est ainsi que, le soir même, alors que la nuit était déjà bien tombée et qu’une brume épaisse s’était levée sur le lac, nous sortîmes tous les trois sur un petit bateau de pêche aux allures de vieux rafiot rafistolé et flottant à peine.

On n’y voyait pas à plus de deux mètres tant le brouillard était épais. Même la rive, qui pourtant n’était jamais très éloignée, avait disparu de mon champ de vision. Le ciel, quant à lui, avait totalement été noyé dans cette purée de pois de vapeur et aucune étoile ne brillait au-dessus de nos têtes.

La seule chose qui me confirmait que nous nous enfoncions bel et bien dans le lac était le clapotis lent et régulier de l’eau sur la coque du bateau, ainsi que le vent frais de la nuit.

J’étais sur le pont arrière, en compagnie de Riki, tandis que Brandon Mills était au poste de pilotage, à la proue du « navire » et barrait en silence, l’air concentré, surveillant le moindre mouvement suspect dans le brouillard. Quant à moi, je n’arrivais pas à me détendre et parcourait frénétiquement les photos que nous avions prises, Kazumi et moi, pendant ces années de collège, avant que Savior et ESP ne détruisent cette amitié.

Nos sorties au café, nos soirées passées à regarder des films d’horreur au lieu de réviser, nos week-end au parc d’attraction…Tout cela me paraissait bien loin désormais.

« Encore à t’en vouloir pour ça, Yuki ? Déclara soudain mon partenaire en s’accoudant à la rambarde.

-Pourquoi demander alors que l’endroit où nous nous trouvons te donne la réponse ? Lui répondis-je en souriant légèrement.

-Je le sais bien ; s’amusa Riki. Mais je suis content de voir que tu es restée toi-même malgré tout.

-Que veux-tu dire ? M’étonnai-je.

-Je ne sais pas trop comment l’expliquer…Mais depuis ce jour…J’avais l’impression de ne plus te connaitre…Que tu étais une autre…

-Les gens ne peuvent rester éternellement les mêmes, Riki.

-Ce n’est pas ce que je veux dire…Continua mon ami en serrant les dents. Tu n’avais pas changé en tant que personne…Mais en tant qu’humaine…Ton comportement n’était pas celui de l’héroïne de la justice que tu aspirais à devenir mais…

-Celui d’un monstre ? Le coupai-je sans sourciller en prononçant ces mots.

-N…Non, ce n’est pas ce que je veux dire ! S’exclama le jeune garçon, tentant de se corriger. »

Mais il était trop tard. J’avais bien compris ce qu’il pensait réellement. Toutefois, je ne lui en voulais pas. Cela me rassurait presque qu’il pense cela de moi et je lui répondis donc d’un sourire à peine forcé.

« Je me fiche d’apparaitre comme un monstre ou non aux yeux des autres. Je ne fais que suivre ce qui me semble être juste…Et la mort de mes parents était une injustice que je me dois de corriger. Tout comme Kazumi. Elle n’aurait jamais dû être mêlée à ce monde mais il est trop tard pour faire marche arrière. Je lui montrerai qu’elle n’a rien à craindre des familiers car je suis là pour les exterminer.

-Et…Que feras-tu une fois que cela sera terminé ?

-Je n’y ai jamais réfléchi je dois t’avouer…Mais peut-être que j’ouvrirai réellement une agence de cryptozoologie. Après tout, ce n’est pas les preuves qui manquent quand on est une Esper ; lui répondis-je en souriant sincèrement cette fois-ci. »

Nous éclatâmes de rire tous les deux en même temps et je me rendis alors compte que, depuis la mort de mes parents, c’était la première fois que, l’espace d’un instant, j’oubliai ma rancœur et ma rage.

« Et toi, Riki ? Tu ne vas pas m’accompagner éternellement dans mes missions stupides, n’est-ce pas ?

-En effet. De toute façon, je ne tiendrais jamais ta cadence ; déclara mon ami, gêné. Mais je pensais m’engager dans les services d’histoire d’ESP, ceux qui retracent les légendes en y incluant les pouvoirs des Espers et des familiers qui les peuplent.

-Cela ne m’étonne pas. Je suis certaine que tu y arriveras. Tu en es largement capable.

-Je l’espère aussi. Les examens d’entrée sont dans moins d’un mois…

-Et bien, une fois que nous aurons retrouvé Nessie, nous retournerons tous les deux au Japon dans ce cas ! »

Le garçon hocha la tête, l’air heureux que je ne lui demande pas de m’accompagner davantage, autant pour sa santé physique que pour son avenir. Il était vrai qu’il m’avait promis de me venger de Savior et de retrouver leur meurtrier mais l’eau avait coulé sous les ponts depuis. Lui, comme moi, avions compris que je me débrouillai très bien seule. Ses pouvoirs, bien que puissants, étaient totalement inutiles dans les forêts ou dans les déserts que nous explorions. C’est pourquoi, je ne lui en voulais pas de tracer sa propre voie désormais.

Cependant, cette simple conversation aux allures banales m’avait ouvert les yeux sur un point : ma rage était tombée depuis bien longtemps à présent. Je détestais toujours les familiers, Savior et Esp pour ce qu’ils avaient faits à ma vie, mais ce n’était plus un désir de destruction sauvage et meurtrier. En y repensant, l’homme que j’avais épargné la veille en était la preuve vivante.

Soudain, notre bateau coupa ses moteurs et le président de l’association passa la tête par la fenêtre de sa cabine.


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


« Désolé les jeunes, mais avec ce brouillard, je ne peux pas me permettre d’aller plus loin. Tous les appareils commencent à s’emballer dans la zone. »

Au même moment, je ressentis une nouvelle présence tout proche de nous et je me mis aussitôt sur mes gardes. C’était ténu, presque indiscernable, mais mes sens m’indiquaient la présence d’un familier dans les environs…

Non, ce n’était pas un familier…mais un invocateur…

« Riki…Murmurai-je en matérialisant mon épée.

-Toi aussi, tu la sens, Yuki ? Grogna le garçon, tous les muscles de son corps tendus. »

J’hochais la tête en guise de réponse et tirait un infime rayon d’antimatière dans le brouillard pour le dissiper un peu. Là, je vis que nous nous trouvions au beau milieu du lac, loin de toute terre émergée…Ce qui ne laissait qu’une seule possibilité.

« Tout va bien les jeunes ? Vous avez aperçu quelque chose ? »

Laissant mon intuition me guider, je sautai d’un bond jusqu’à la cabine de Brandon Mills et pointait mon épée juste sous sa gorge. Ce dernier déglutit, soudain pâle comme un linge.

« Finis la comédie, où est-ce familier ? Lançai-je d’une voix glaciale.

-Attends Yuki…Qu’est-ce tu fais ? Tu as perdu la tête ? S’étrangla Riki.

-Je sais très bien ce que je fais. Monsieur Mills, vous êtes un parent de Bertram Mills, celui qui aurait soi-disant aperçu Nessie pour la première fois, n’est-ce pas ? »

Le visage de l’homme se détendit soudain et ce-dernier haussa les épaules d’un air nonchalant.

« Je ne peux rien cacher à la chasseuse je vois ; soupira-t-il.

-Alors vous saviez depuis le début…

-Evidemment. Votre tête est mise à prix à Savior.

-Vous êtes donc membre de cette organisation ? Continuai-je en rapprochant un peu plus la pointe de ma lame de la gorge de l’homme qui ne se laissa pas démonter.


https://www.youtube.com/watch?v=c1g2cbhuesQ


-J’étais ; rectifia-t-il. J’ai été viré il y a bien longtemps de cela.

-Viré ? Répétai-je, méfiante.

-Qu’est-ce que Savior ferait d’un invocateur qui n’est même pas capable de maintenir son familier plus de quelques secondes dans ce monde ? »

Ignorant mon arme, l’homme claqua des doigts et la brume qui nous entourait se condensa en une immense créature au long cou de serpent sortant de l’eau, ressemblant à un plésiosaure géant. Riki, en voyant cela, sursauta mais moins de deux secondes plus tard, le monstre se dissipa et la brume reprit sa place autour du navire tandis qu’une goutte de sueur avait perlé du front de Brandon Mills sous l’effort.

Comprenant qu’il n’était pas une menace, je baissai mon arme et il reprit la parole plus sereinement.

« Vous voyez ? Les apparitions de Nessie ces dernières années ne sont dues qu’à mon incompétence en tant qu’invocateur.

-Et vous profitez de cela pour vous faire de l’argent avec votre association qui ne trouvera jamais ce monstre ? C’est plutôt malin ; déclara Riki, impressionné.

-Tous les membres de mon association sont des amis de longue date. Ils savent pertinemment que Nessie n’existe pas…Ou du moins, ne peut plus exister dans ce monde depuis que j’ai repris le flambeau.

-J’imagine que son créateur était ce fameux Bertram Mills, je me trompe ?

-Vous pensez bien, mademoiselle la chasseuse ; rit le vieil homme. Au départ, il a créé ce familier à partir d’un ossement fossile de plésiosaure trouvé au fond du lac pour faire parler un peu de son cirque, mais au fil des années, Nessie est devenu une légende urbaine et a attiré bien plus de clients qu’il ne l’avait prévu, alors il l’a fait disparaitre puis l’a transmis aux générations futures au cas où les finances de la familles viendraient à manquer.

-Et bah…Si on m’avait dit qu’être invocateur rapportait autant, je me serais engagé chez Savior ; ironisa Riki.

-Mais qu’allez-vous faire de moi maintenant ? Vous allez me tuer, comme vous avez tué nombre d’invocateurs ? Vous êtes ici pour détruire le familier de mon grand-père, n’est-ce pas ? Alors allez-y, faites votre travail.»

Pour toute réponse, je fis disparaitre mon épée et tournai le dos au vieil homme en croisant mes bras sur ma poitrine, regardant au loin dans le brouillard deux minuscules yeux rouges luisant dans l’obscurité à dix mètres au-dessus du sol.

« Tenez-vous vraiment à votre familier, monsieur Mills ? Le lac a-t-il réellement besoin de Nessie pour que sa légende subsiste ?

-Cela fait plusieurs années que je n’ai pas réussi à invoquer correctement ce familier, et pourtant, les cryptozoologues continuent à se masser ici en espérant le voir, donc j’imagine que non…

-Vous n’y êtes pas attaché ? M’étonnai-je.

-Nessie ne fait pas partie de ces familiers possédant une réelle conscience. Ce n’est que la coquille vide d’un animal ayant vécu il y a des millions d’années, une sorte de marionnette utilisée par mon grand-père il y a quatre-vingts ans.

-Je vois…C’est tout ce que j’avais besoin de savoir. »

Sans ajouter un mot de plus, je déployai mes pouvoirs tout autour du bateau et libérait des milliers de particules d’antimatière sur la brume sombre qui disparut instantanément dans une explosion de lueurs semblables à de la poussière d’étoile, de même que les deux yeux rouges de Nessie, tels deux petites flammes mourantes, qui s’éteignirent dans un silence absolu,

Sur notre bateau tomba alors un os fossilisé immense, passant presque à travers la coque du rafiot, dernière preuve tangible de l’existence de Nessie.

L’ex propriétaire de la légende disparue le ramassa avec un sourire tout en poussant un sourire de soulagement.

« C’est une belle aventure qui se termine aujourd’hui. J’imagine que les gens admettront que le monstre du Loch Ness a fini par mourir de vieillesse…

-Pourquoi mettre fin à ce mythe ? Rétorquai-je. Même si je déteste les familiers, celui-ci n’a apparemment jamais causé de tort à quiconque et est la principale attraction du coin. Il serait dommage de démystifier une telle créature.

-Vous avez sans doute raison, mademoiselle la chasseuse…Ou devrais-je dire, mademoiselle Fuyuku. Finalement, vous n’êtes pas ce monstre décrit par les rapports de Savior…

-Ca, c’est vous qui le dites…Murmurai-je.

-Et vous avez raison ; intervint Riki avec un large sourire. »

Je levai la tête vers le ciel désormais dégagé et parsemé d’une infinité d’étoiles et de constellations illuminant le lac tels des milliers de minuscules bougies se reflétant dans l’eau pure et limpide.

« Je l’ai fait, Yuki…J’ai vaincu le monstre du Loch Ness…Lançai-je dans le vent, espérant que mon amie de toujours entende ces paroles. »


https://www.youtube.com/watch?v=zuIp-vaD7MI


Sur ces sages paroles, nous revînmes à la rive et j’envoyai aussitôt un message à ESP pour leur confirmer l’accomplissement de notre mission et leur annoncer que je prenais une pause d’une durée indéterminée, ainsi que leur demander un moyen de rapatriement.

Ces derniers, même à une heure du matin, semblaient au taquet lorsqu’il s’agissait de récupérer leurs agents car moins de dix minutes après notre retour, un Jet silencieux piloté par un Esper possédant le pouvoir de lévitation, atterrit sur les bords du lac.

Brandon Mills, après avoir déposé l’os fossilisé à l’intérieur de son musée en tant que nouvelle pièce maitresse de sa collection, revint pour nous dire au revoir.

« J’ai quand même une question que je me pose depuis plus d’une heure maintenant ; déclara alors Riki, l’air sceptique, mais si vous saviez depuis le début que Yuki en avait après vous et qu’elle était capable de vous tuer, pourquoi avoir fait tout ce cinéma ?

-Tout simplement parce que les rapports de Savior sont formels : nul n’échappe à la chasseuse ; lui répondit le vieil homme en haussant les épaules. Alors je me suis dit, autant ne pas fuir et dépenser mon énergie pour rien. Vous savez, à mon âge, on en a assez de courir dans tous les sens…

-J’aimerais bien voir ce que les rapports de Savior racontent comme bêtise sur moi tiens ; grommelai-je, imaginant les pires descriptions possibles.

-Je peux vous assurer que vous ne voudriez pas savoir ; s’amusa l’ex invocateur. »

Sur ces belles paroles, nous nous saluâmes une dernière fois et nous montâmes dans le jet d’ESP devant nous ramener au Japon.

Alors que nous volions haut au-dessus des nuages, là où la plupart des avions de ligne ne pouvaient pas monter, et que Riki s’était une fois de plus endormi, je repensais aux événements récents.

Qu’est-ce qui m’avait pris de me montrer amicale envers cet invocateur ? Je croyais m’être jurée d’exterminer Savior pour venger mes parents et voilà que je me retrouvais à éprouver de la sympathie pour l’un d’entre eux…

Jusque-là, jamais je n’avais eu de pitié ou de remords au moment de détruire les familiers…Mais pour la première fois, j’avais senti ma gorge se nouer en voyant ce monstre qui avait fait rêvé plusieurs générations, périr de ma main…

Je secouai la tête pour chasser ces idées absurdes de mon esprit. J’étais la chasseuse d’ESP. Je n’avais que faire des sentiments des gens liés de près ou de loin aux monstres que j’exterminais. Je ne faisais que rendre la justice de la mort de mes parents.


https://www.youtube.com/watch?v=ajiyhH68Hm0


Lorsque l’avion nous déposa devant le QG d’ESP plus de dix heures plus tard, je pris une grande inspiration et levai la tête vers l’hôpital se trouvant juste à côté tout en serrant mon médaillon contre mon cœur.

Le soleil n’était pas encore totalement levé à l’horizon et seuls quelques timides rayons bas embrasaient le ciel et l’air frais et humide de l’aurore. Toutes les lumières des bâtiments étaient encore éteintes et la ville s’éveillait lentement sous nos yeux.

« Bien, Riki, je crois que nos chemins vont se séparer ici ; déclarai-je en me retournant vers le jeune garçon encore à moitié endormi.

-Tu es certaine que tu ne veux pas faire un bout de chemin avec moi ?

-Désolée, mais je suis attendue…Enfin, en quelque sorte ; lui répondis-je avec un sourire. »

Riki baissa la tête en haussant les épaules avant de me tendre la main chaleureusement.

« Bon, préviens-moi si tu as besoin d’aide dans l’une de tes missions. Même si je suis en examens, je répondrai à ta demande, tu peux compter sur moi.

-Concentre-toi sur ton avenir au lieu de me coller pour cette promesse espèce d’idiot ; rétorquai-je en riant.

-Tu as sans doute raison…Mais alors, promets-moi de ne rien faire d’imprudent…

-Tu t’inquiètes pour la plus puissante Esper de la fondation ? Raillai-je pour le rassurer. Inquiète-toi plutôt du sort de ces familiers que je vais détruire !

-Evite simplement d’attirer l’attention en te mettant dans des situations pas possible ; soupira le garçon.

-Je ne peux rien te promettre… »

Nous éclatâmes tous les deux de rire en chœur puis, ne souhaitant pas prolonger ces au-revoir davantage que nécessaire, je tournai les talons et lui adressai un dernier signe de la main

« Allez, Riki, à la prochaine et préviens-moi quand tes examens seront terminés qu’on se fasse un truc ! »

Puis je me précipitai vers l’hôpital où Kazumi se trouvait dans l’espoir de tout régler enfin entre nous.






http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

Pages : 1 2 3