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[Fic] Memento : Souviens-toi de cette Histoire
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[Fic] Memento : Souviens-toi de cette Histoire posté le [12/03/2018] à 23:34

Rien à voir avec Yugioh mais on m'a forcé la main :3

Voici donc un travail en cours que j'ai nommé Memento.


La flem de faire un synopsis, lisez le prologue et faites vous un avis. =3=


Prologue



Spoiler :



De tout temps, le monde a toujours vécu de changements. Nombreux sont les hommes et femmes qui, de par leur propre volonté, leur ambition, ont changé le monde. Si certains ont contribué à une évolution vers quelque chose de meilleur en apportant leur savoir et leur vivacité d’esprit à une noble cause, d’autres ont, par le temps, mis leur être au service de la régression sociale ou humaine. Si certains changements étaient nécessaires – vitaux même – pour le genre humain, tous ces progrès que le monde avait connu étaient-ils synonymes de succès pour la population mondiale ?


XXIème siècle. Le vent caresse le monde de son souffle bienveillant rappelant la présence de la force universelle de la nature, balayant les feuilles mortes laissées à l’abandon sur le sol en ce mois d’Octobre. La douce brise automnale rappelant que la tempête pouvait surgir à tout moment traversait la ville d’un rythme régulier et plutôt calme, jusqu’à se réfugier au travers d’une fenêtre ouverte donnant sur une chambre.


Assise sur le lit de cette chambre recevant la bénédiction – ou l’avertissement qui sait – de cette force universelle, se trouvait une existence aux rêves innombrables et aux questions toutes aussi nombreuses. Des tas de questions se bousculaient dans son esprit, il suffisait de consulter ce journal entrouvert disposé sur son lit pour le savoir. Toutes ces interrogations gravitaient autour d’un seul thème : le changement.


« Peut-on changer quelqu’un au fil du temps ? Peut-on donner des années de notre propre vie et les investir dans l’espoir de changer une personne que l’on apprécie ou que l’on déteste ? Appellerait-on encore cette personne par la même identité après qu’elle a changé ? Et si je poussais plus loin, et que je voulais non pas changer les autres, mais changer le monde…Cela serait-il à ma portée ? Est-ce qu’une personne décidée à changer le monde peut faire plier ce dernier à sa volonté ? »


Telles étaient les interrogations gribouillées, entourées, raturées, sur le carnet brouillon qui serait de journal à cette existence. Son âme était-elle aussi désordonnée que son recueil de pensées ? Seule cette personne pouvait le savoir…Et peut-être qu’elle-même ne le savait pas.


Une jeune fille pénétra la chambre dans laquelle se trouvait l’existence en désordre. Elle fut suivie par un garçon un peu plus âgé qu’elle, et tous deux tentèrent de rendre le sourire à la personne se trouvant sur cette couche, en vain. Ils repartirent quelques minutes plus tard, soupirant face à leur nouvel échec. L’existence se contenta de lancer un regard au travers de la fenêtre ouvert d’où provenait le vent. Scrutant l’extérieur, son regard profond semblait adresser une prière au ciel. On pouvait y lire l’attente de quelque chose, de quelqu’un…Un souhait, un espoir, un miracle…Puis l’existence ferma les yeux…


L’histoire nous emmène dans un lieu bien loin de cette chambre dans laquelle l’on pouvait sentir le vent souffler. Elle nous entraîne dans un bus tout à fait ordinaire dont l’intérieur était recouvert de panneaux publicitaires mettant en avant l’actualité de la compagnie de transports en communs ainsi que les diverses stations desservies par l’engin. Cependant, même si cet appareil de transport — dont le temps et les utilisations multiples avaient bien abîmés les sièges — semblait tout à fait normal, une chose ne l’était pas. En effet, il était vide. Enfin, presque vide. Sur la banquette du fond gisait un corps inerte. Le corps d’un jeune brun aux cheveux en désordre, apparemment inconscient, qui s’étalait sur les quelques sièges qui composaient le fond du bus.


Le jeune homme ouvrit les yeux, laissant apparaître un regard perçant couleur grisâtre. Une expression de surprise s’afficha sur son visage qui d’ordinaire affichait une lassitude naturelle lorsqu’il découvrit les lieux. Il s’arrêta quelques secondes, se redressant sur un siège afin de scruter les environs. Où avait-il atterri se demandait-il sûrement ? Dans le fond d’un bus à l’arrêt dans lequel il était le seul passager, et même la seule âme qui vive puisqu’il n’y avait aucun chauffeur. Le premier réflexe du garçon après s’être rendu compte qu’il était dans un bus tout à fait ordinaire fut de se situer dans l’espace en passant son regard par la fenêtre. Quelle fut sa surprise lorsqu’il constata le décor dans lequel il avait échoué ! En effet, autour de ce bus, tout était fait de ténèbres. Une étendue noire s’étalant à perte de vue, voilà où se trouvait le jeune homme. On ne pouvait rien distinguer au loin, comme si ce néant n’avait aucune limite perceptible. Second réflexe, le brun au regard perçant se pencha à la fenêtre pour essayer de distinguer sous le bus, sûrement pour savoir sur quoi tenait l’engin aux roues multiples. Il y trouva un sentier fait de béton classique, à l’exception près qu’il semblait flotter dans cette masse sombre que l’on pouvait qualifier de néant sans aucune exagération.


Une expression dubitative se dessina sur le visage de l’intéressé, mais alors que toute personne normalement constituée aurait soit cédé à la panique, soit essayé de trouver une autre issue, l’individu se contenta d’abandonner ses investigations et d’aller se rasseoir. Il s’affala sur le siège arrière du bus en prenant ses aises, reprenant ses habitudes faciales en affichant cet air naturel de lassitude dont il avait le secret. Une minute, puis dix minutes, puis vingt passèrent sans que le jeune homme ne fasse quoi que ce soit. Il avait apparemment pris la décision d’attendre que les réponses à ses questions viennent à lui plutôt que de les chercher lui-même. Ni la peur, ni l’angoisse, ni la curiosité, ni l’excitation, ne le faisaient se mouvoir. Il fallut qu’une autre présence se fasse ressentir afin que le jeune homme ne daigne se lever de nouveau.


Au loin, une faible lueur vint briser l’épais rideau de ténèbres formé par cette étendue noire. Une, puis deux, puis trois…Ces lumières – qui étaient en fait des faibles flammes – s’allumaient progressivement lorsque le pas d’un individu semblant sortir de nulle part foulait le néant sur lequel il pouvait se tenir, une à sa droite, une à sa gauche. Au fur et à mesure que l’intrus marchait, il créait un chemin sur le néant, illuminant ainsi les alentours de faibles flammes formant un sentier de lumière chaude et mystérieuse. Ces flammes ressemblant à des bougies semblaient obéir à la seule volonté de l’individu qui se rapprochait d’un pas lourd vers le bus dans lequel se trouvait le jeune garçon. Il fallut cependant l’éclairage de l’engin mécanique pour pouvoir distinguer le physique et l’accoutrement du mystérieux arrivant qui se révéla être un homme d’âge mur.


Il était habillé d’un uniforme de chauffeur de bus classique, exactement comme l’on aurait pu en voir dans un contexte rationnel. L’homme aux cheveux grisonnants monta dans le bus avec calme et lança un regard amical à son passager du jour, laissant à ce dernier le soin de scruter son visage. Un sourire se dessina sur le visage creusé par les rides du chauffeur de bus dont les yeux, qui étaient de la même couleur que cette touffe désordonnée dépassant de sa casquette, semblaient dénués de mauvaises intentions. Le chauffeur semblant avoir dépassé la soixantaine s’avança sereinement vers son unique passager, et lorsqu’il en fut assez proche, il s’adressa à lui amicalement.


– Eh bien dis donc…Soupira-t-il. Il est rare de n’avoir qu’un passager dans mon humble bus. Je suppose que tu dois te poser des tas de questions n’est-ce pas ?

– Pas vraiment…Reprit le plus jeune avec lassitude. J’ai conclu d’attendre et de voir pour me faire une idée avant toute chose.

– Ah oui…C’est vrai que j’avais oublié que tu étais le type de jeune homme à être paresseux. Laisse-moi confirmer ton identité mon garçon. Kaneyoshi Izuru. Jeune homme de 22 ans, un brun aux cheveux désordonnés et au regard vide de couleur gris. Signe distinctif…Une mouche sous l’œil gauche. Tout semble conforme à la description que l’on m’a donnée.

– Ce n’est pas une mouche. Soupira le passager du bus en montrant une pointe d’agacement sur son visage. C’est naturel. Et d’ailleurs, comment savez-vous tout ça sur moi ?

– N’avais-tu pas dit que tu allais attendre pour savoir ? Sourit le vieil homme. Pour être honnête je suis ravi que ce soit toi aujourd’hui. D’habitude les passagers de ce bus prennent peur et tentent de s’enfuir, mais il n’y a que moi qui peut marcher hors de ce bus ici donc ils tombent dans le vide, je suis obligé d’aller les rechercher puis de leur expliquer des tas de choses. Je suis soulagé d’avoir un instant de pause pour une fois.


Izuru n’eut aucune réaction face à l’affirmation du vieil homme qui semblait soulagé d’avoir à faire à quelqu’un de « docile » cette fois. Il se retourna en fredonnant un air de classique qu’il semblait affectionner, le cœur léger face à cette mission semblant plutôt facile pour lui. Lorsqu’il arriva à sa place de conducteur, il prit place et invita son unique passager à faire de même, indiquant qu’il allait démarrer l’engin. Sans rien ajouter, le brun au regard perçant s’assit sur un siège et se laissa emmener là où le vieil homme l’avait décidé.


– En voiture alors ! S’exclama-t-il alors joyeusement. N’aie surtout pas peur garçon, ce qui va se passer est tout à fait normal !


Puis il démarra. D’un tempo classique il roula sur le chemin qui allait mener nul ne savait où. On put sentir l’engin monter sur une espèce de pente, tandis que l’entièreté du véhicule bascula légèrement vers l’arrière. Quelques minutes s’écoulèrent tandis que le transport aux multiples roues parcourait péniblement cette traversée, et au bout de ces quelques instants de peine pour le tas de ferraille, ce dernier stagna. Son conducteur se tourna vers son unique passager avec le sourire avant de reprendre la parole.


– Mon bus est aussi vieux que moi dis donc. Nous avons traversé toutes les épreuves ensemble et sa carcasse est aussi amochée que la mienne.


Il marqua un bref temps de pause avant de reprendre.


– Nous allons descendre. Accroche-toi à ce que tu peux car la descente est assez mouvementée. Tu peux crier sans crainte, tout le monde a peur habituellement à ce moment.


Izuru se contenta d’acquiescer avant de suivre les conseils de l’homme et de se cramponner à un siège qui se trouvait devant lui. A l’instant précis où il donna le feu vert au chauffeur grisonnant, ce-dernier appuya sur l’accélérateur, entamant une intense descente assez violente qui confirma que le bus se trouvait bien sur une pente raide et droite. L’engin se mit d’un seul coup à rouler à cent, non, deux cent à l’heure même.


Son passager resta insensible à la vitesse de l’appareil, apparemment habitué à contenir l’adrénaline et la panique. Il fut cependant surpris par autre chose. En effet, cette traversée en transport en commun était bien singulière. La pénombre avait laissé place à des décors abstraits se succédant continuellement pour former un flux d’endroits s’enchaînant continuellement. L’environnement était fait d’arbres, puis disparaissais pour laisser place à des montages, avant de se transformer en un paysage urbain, marin, sous-marin, sous-terrain…Tout disparut aussi rapidement qu’arrivé afin de laisser place à un décor céleste de nuit qui s’étendit aussi vaste que le néant précédemment aperçu par le jeune homme. Tout était similaire à une attraction surréaliste de simulation d’effets trois dimensions.


La course folle des deux partenaires improvisés prit fin quelques minutes plus tard, lorsque le chauffeur lança un « Nous sommes arrivés ! » bourré d’entrain à voix haute. Il se tourna vers son passager en affichant un sourire satisfait. Ce dernier ne semblait pas choqué par le voyage, mais plutôt intrigué par cette succession de paysages abstraits à laquelle il avait fait face durant la descente. Il se reprit cependant quelques secondes plus tard, affichant de nouveau cet air de lassitude qui prenait le dessus sur toute émotion qui s’installait dans son esprit.


– Eh bien mon garçon, je suis ravi que tu aies tenu le coup ! Rit le chauffeur. Permets-moi de me présenter : Je m’appelle Kikuhiko Yakumo. Je suis le chauffeur officiel ici. Si tu dois te rendre quelque part, compte sur moi.

– En…Enchanté…Répondit timidement le garçon. Mais…Quel est cet endroit ?

– Tu devrais sortir pour en avoir le cœur net si tu veux mon avis. Répondit sagement l’homme. Mais attention, tu n’as jamais rien vu de semblable.


Sans répondre à cette mise en garde provenant du vieil homme, le garçon sortit du bus, et une fois la marche franchise, il constata qu’en effet, ce monde ne ressemblait pas du tout au monde dans lequel il avait l’habitude de vivre.


Pour la première fois depuis l’arrivée d’Izuru, une expression de stupéfaction totale s’afficha sur son visage. Les yeux du jeune homme s’écarquillèrent tandis qu’il resta bouche bée, sans voix face à ce paysage singulier. Il sembla encore plus choqué qu’il ne l’était lors de son arrivée.


Il fallait reconnaître que ce monde était singulier. En effet, les deux hommes avaient atterri sur une place assez vaste décorée à l’ancienne, comme provenant d’une civilisation antique grecque ou égyptienne. Des gravures diverses dont la signification ne semblait pas à la portée du premier jeune homme aux connaissances moindres dans le domaine arboraient les dalles qui s’encastraient les unes dans les autres pour laisser une forme circulaire s’étendre au centre. Les alentours de la place étaient cependant bien plus préoccupants que la décoration en elle-même. Un sentier reliait cette place à un chemin bien étrange se divisant lui-même en plusieurs routes qui menaient à des destinations bien différentes les unes des autres. On pouvait d’ailleurs avoir un aperçu des décors auxquels menaient ces chemins : L’un d’eux était composé de sable fin, l’autre de montagnes, un autre d’une épaisse étendue d’eau, et bien d’autres paysages radicalement différents semblant cohabiter dans un étroit espace fantastique ne ressemblant à aucun autre. D’ailleurs, on pouvait ressentir les odeurs et atmosphère de chacun des chemins composant cette bifurcation. Ces différentes senteurs naturelles se faisaient apprécier jusqu’à l’endroit où avaient échoués les deux hommes pour répandre une sensation humide et salée chatouillant les narines de toute âme présente en ces lieux.


L’air était pur, bien différent de l’air de la ville qui était agrémenté de la saveur des pots d’échappement et des rejets d’usines et de cheminées. Cela sembla beaucoup impacter le jeune homme qui, instinctivement leva les yeux au ciel pour observer un peu plus cet endroit.


Le ciel n’était pas bleu, mais de couleur lavande. On pouvait cependant y voir des nuages similaires à ceux du monde réel qui recouvraient l’étendue céleste de leur matière blanche molletonnée. Izuru se perdit quelques minutes dans ce ciel bien singulier, restant absent pendant ce temps, avant de se faire surprendre par les alentours. En effet, des tas de personnes semblaient comme avoir surgi de nulle part et allaient, venaient, comme les habitants d’une petite ville feraient leur business. Des bâtiments assez rustiques entouraient le chauffeur et le passager. Ils étaient tous faits de bois mais semblaient malgré tout assez solides pour résister aux intempéries basiques, bien que semblant assez rares dans ce royaume fantastique.


Bien qu’étrange, ce qui semblait être une petite ville paraissait assez accueillant. Un sentiment de sécurité régnait dans l’espace et sembla gagner le cœur de l’invité du jour. Il se fondit rapidement dans la masse et personne ne le remarqua vraiment, comme s’il était un habitué des lieux. Il sembla d’ailleurs aussi à l’aise qu’un habitant de toujours puisqu’il afficha pour la première fois depuis son arrivée un petit sourire paisible au milieu du brouhaha généré par les allers et venues. Izuru tenta de découvrir un peu plus sur l’endroit, mais le chauffeur de bus le rattrapa vite, lui saisissant le bras fermement.


– Attends-moi donc, Izuru !!! Souffla-t-il en essayant de rassembler le peu de voix qu’il lui restait. Tu es décidément étrange toi. Tu ne t’enfuis pas, et ensuite tu t’enfuis en voyant les lieux. Tu es un garçon difficile tout compte fait !

– Excusez-moi. Dit-il en se prosternant sans grande conviction. C’est juste que…Cet endroit m’a donné une impression étrange. Une sensation de chaleur et de bienveillance alors que je ne connais rien ici.

– Tout le monde a une sensation différente en venant ici. La première réaction que tu as en apercevant Memento est le reflet de ton âme. Tu es quelqu’un d’intéressant, Izuru. Je suis certain qu’ici tu pourras trouver des choses intéressantes. Suis-moi. Je dois te montrer quelque chose de capital avant de te laisser livré à toi-même ici.


Izuru suivit le vieil homme qui lui indiqua l’une des bâtisses qui se trouvait autour de la place. Contrairement aux autres, elle était beaucoup plus imposante, presque charismatique, alors que c’était également un tas de bois fragile. Pourtant, quelque chose d’unique semblait se trouve à l’intérieur de ces lieux. Et cela allait bientôt être confirmé par le vieux guide.

Il poussa la porte, laissant apercevoir une grande salle ornée de longues tables sur lesquels étaient attablés des hommes et des femmes d’âge divers et variés, et d’origines toutes aussi diverses. Certains buvaient, d’autres mangeaient, et quelques-uns ne faisaient que discuter aussi. L’ambiance semblait conviviale et sobre. Personne ne prêta vraiment attention à l’arrivée des deux hommes, ce qui permit au plus jeune de scruter les environs. C’était une petite baraque sobre ornée de tableaux plus ou moins anciens qui étaient éclairés par un imposant lustre surplombant et illuminant toute la salle dans laquelle il était arrivé. De nombreux bibelots plus ou moins vieux étaient disposés un peu partout, ce qui donnait un aspect poussiéreux et vieux à l’endroit.


Izuru, qui semblait mal supporter le changement d’atmosphère, éternua deux ou trois fois. Il jeta un œil au fond de la salle, là où l’emmenait Kikuhiko. On pouvait y apercevoir un large tableau faisant au moins deux mètres de largeur pour un mètre de hauteur, aux extrémités duquel se trouvaient deux escaliers assez étroits menant à une plateforme surplombant l’ensemble de la salle. Ce n’était pas un étage à proprement parler, on pouvait simplement voir que cela continuait au-delà de ce tableau dont la fonction première n’était pas explicite.


Le guide gravit les escaliers, suivi par son invité du jour. L’intéressé put alors découvrir davantage de choses au fond de l’espace. Il y avait huit portes de chaque côté de l’allée. Sur quatre d’entre elles était marqué un signe féminin, tandis que sur le reste d’entre elles figurait un signe masculin. Cela semblait à première vue être des dortoirs.


En continuant, Izuru et Kikuhiko arrivèrent au bout de l’allée centrale pour pénétrer un couloir au fond duquel se trouvait une porte semblant solide. Sur cette porte était marquée « Leader ». Le vieil homme, qui guidait le pas, se tourna vers son invité une fois de plus.


– Nous y voici, tu vas rencontrer le maître des lieux. Garde tes bonnes manières et tout ira bien. D’accord ?

– Oui, c’est d’accord. Répondit le brun en laissant sa confiance entre les mains de son guide.

Kikuhiko frappa à cette porte, avant d’ouvrir sans attendre une quelconque réponse. Lorsque la porte s’ouvrit, le maître des lieux…enfin la maîtresse des lieux – une jeune fille – se fit enfin voir.


Cette jeune fille se jeta sur son invité en moins de temps qu’il n’en fallut pour que l’on ne puisse la remarquer. Tout ce que l’on put voir n’était qu’une chevelure rousse flottant dans les airs, filant à toute allure vers son invité avant de prendre la parole joyeusement et avec légèreté.


– Bienvenue chez nous Izuru !!! J’espère que tu vas passer du bon temps parmi nous ! Je suis Daphné, Daphné Vasilis, et je suis la maîtresse de Memento !


Ce fut ainsi que la véritable histoire commença. Une histoire faite de mystères, de changements, d’ambiguïtés et de curiosités, l’histoire de Memento.



Chapitre 1 : Le vieil homme et l'adolescente



Spoiler :



Le responsable des lieux était en fait une responsable. Et pas n’importe laquelle, puisqu’il suffisait d’un seul regard pour distinguer quelque chose d’exceptionnel chez Daphné Vasilis. La rousse aux yeux bleus ne semblait pas vraiment dégager quelque chose qui faisait d’elle un leader, bien au contraire. Son visage était constitué de traits fins sur lesquels se dessinait une expression innocente et agréable soulignée par des taches de rousseurs rendant son allure encore plus enfantine. Comme pour parfaire la panoplie de l’écolière, elle attachait ses cheveux de par une broche en forme de fleur couleur violette qui retenait une tresse coincée contre le restant de sa chevelure, empêchant ainsi cette masse — assez volumineuse il fallait le souligner — d’obstruer sa vision. Dire que Daphné Vasilis était une adolescente tout comme les autres n’aurait pas suffi pour décrire à quel point elle était ordinaire. Le seul détail qui pouvait vraiment mettre en évidence un quelconque trait distinguable de la jeune fille était la couleur de ses yeux. Son regard mêlait le bleu ciel et le bleu saphir qui se confondaient l’un dans l’autre pour former une lueur singulière, presque brillante qui se fondait en des nuances de clarté et d’obscurité dans lesquelles n’importe qui pouvait se perdre.


N'importe qui…Y compris l’invité de la responsable des lieux. Il la scrutait, la dévisageait même, apparemment surpris par son hôtesse. Elle ne manqua d’ailleurs pas de le remarquer, et pour toute réaction, afficha un sourire sincère. Après avoir laissé quelques minutes de silence, elle reprit la parole avec entrain, laissant le plaisir à ces lieux rustres d’écouter cette voix aigue et modulée pour l’introduction.


– Il est naturel d’être surpris, Izuru ! S’exclama la jeune fille avec légèreté. Tu atterris dans un monde duquel tu ne connais rien, et qui de surcroît, est radicalement différent du tien. Toutes les personnes étant passées ici auparavant ont dû faire face au même dilemme, mais elles s’y sont vite fait.


– A vrai dire…L’interrompit le jeune homme, hésitant…Je réfléchissais davantage à comment une petite fille pouvait être la responsable de ce vaste espace. Autant je peux croire en un monde parallèle différent du nôtre, autant je ne peux t’imaginer maîtresse des lieux.


Daphné hurla de frustration devant la réaction de cet arrivant. Elle rougit en affichant une expression spontanée de malaise et de colère enfantine, ce qui laissa de marbre le brun.


– Ehhhh !!! geint-elle en gonflant les joues. Comment ça je ne suis pas un leader plausible !? Déjà figure toi que je ne suis plus une enfant, j’ai seize ans tu sais !!


– J’en ai six de plus que toi. Reprit le jeune homme montrant de l’agacement à son tour. Tu es une gamine pour moi. Et puis à ton âge je ne jouais pas à créer un monde ou ce genre de jeux ! A ton âge je…je…je…


Izuru s’arrêta net. Il y eut un blocage soudain provenant de son côté. Il ne parvenait pas à finir sa phrase, et cela semblait le choquer. Pendant quelques secondes il scruta son interlocutrice, avant de baisser les yeux, comme cherchant quelque chose au fond de lui-même. Il tenta bien de nouveau de terminer sa phrase, mais aucun son ne parvenait à trouver son chemin pour sortir de son souffle et transmettre son message. Le jeune homme se résigna au bout de quelques tentatives. Il semblait avoir abandonné cette recherche intérieure qu’il semblait avoir entreprise. Daphné lui lança un regard malicieux, semblant enfin tenir une revanche pour cette pique qu’il lui avait lancée.


– Alors on ne parle plus ? Lança-t-elle ironique, armée d’un sourire narquois. Mon pauvre Izuru, tu es vraiment un paresseux ! Toutes les personnes qui sont passées ici avant toi se sont rendues compte de leur amnésie dès qu’elles se sont entretenues avec Yakumo-San dans le bus. Tu es bien le premier qui ne se rend compte qu’il a perdu la mémoire que lorsqu’il arrive face à moi. N’est-ce pas Yakumo-San ?


La rousse se tourna vers le vieux chauffeur de bus qui se contenta d’acquiescer en silence, le sourire aux lèvres. Satisfaite de cette réponse, elle se retourna vers le brun encore désorienté et profita de son silence pour enchaîner dans son argumentaire, moqueuse cette fois.


– C’est parce que tu ne poses pas assez de questions et que tu te laisses vivre que tu te retrouves toujours derrière tout le monde Izuru, tu devrais en prendre de la graine. Comme tu viens de t’en apercevoir, tu as perdu tous tes souvenirs antérieurs à ton arrivée dans ce monde. D’ailleurs, en parlant de ce monde, en plus d’en être la maîtresse j’en suis également la créatrice. C’est moi qui ai créé le monde de Memento. Ses décors, son architecture, sa composition florale et animalière, tout est de mon empreinte artistique.


– Tu en es…La créatrice ? S’étonna le brun sous un faux air impassible. Es-tu…Une déesse ou une divinité ?


– Ôte ces mots de blasphème de ta bouche pauvre fou ! Rétorqua la rouquine avec ardeur. J’ai vraiment l’air d’être divine ? Je suis une humaine, tout comme toi et Yakumo-San ici présent. J’ai simplement développé des petites facultés intéressantes qui m’ont permis de créer cet endroit et qui me donnent le droit de le gérer comme je l’entends. Regard donc ceci !


L’adolescente innocente claqua des doigts et disparut devant son invité, sans vraiment provoquer de réaction venant de sa part. Il devait certainement avoir manifesté toute sa surprise lorsqu’elle lui avait indiqué qu’elle était la créatrice de ce monde. Lorsque Daphné réapparut derrière son interlocuteur, il fit cependant un maigre effort pour essayer de se donner un air impressionné…Mais elle n’était pas dupe – et surtout, il était piètre acteur. Cela déclencha instantanément une autre de ces réactions spontanées dont la maîtresse des lieux avait le secret. Elle gonfla les joues de frustration et en rougit de nouveau. Contrariée, elle désigna du doigt la personne à laquelle elle faisait face en fronçant les sourcils.


– Tu es censé être impressionné et ça doit amener ma transition vers ma prochaine annonce !!! Izuru fais un effort s’il te plaît !!!

– Wooo…Impressionnant…Tenta-t-il de lancer afin d’encourager la rousse qui semblait frustrée par son attitude. Comment as-tu fait… ?

– Je n’ai qu’un seul travail et tu me le rends si difficile Izuru…Soupira Daphné en posant sa main sur son visage. Tu ne pourrais être un peu plus enjoué…Chaque fois c’est la même chose…Enfin, laisse tomber…


La jeune fille s’arrêta quelques secondes, sous le regard dubitatif de son nouveau compagnon. Elle se saisit de sa broche en fleur et la posa sur le bureau se trouvant derrière elle, avant de faire basculer sa tête vers l’avant, désordonnant ainsi ses cheveux. Elle se secoua un peu le visage de manière rapide, un peu à la manière d’un personnage de cartoon voulant reprendre ses sens. Lorsqu’elle redressa son visage, elle se recoiffa et reprit avec le sourire, comme si elle avait lavé son expression de toute frustration par cette manœuvre étrange. A cet instant précis le regard d’Izuru ne pouvait mentir : il la prenait pour une folle. Et comme le disait le fameux dicton : Il n’était pas judicieux d’interrompre les fous, surtout lorsqu’il s’agissait de Daphné.


– Dans le royaume de Memento, le principal bâtiment à retenir c’est le quartier général ! C’est ici ! C’est ici que tu dormiras, que tu mangeras, et que tu entreprendras tes actions quotidiennes !

– Mes actions quotidiennes ?

– Oui, tes actions quotidiennes ! Cela n’en a pas l’air, mais le bâtiment dans lequel tu te trouves est la guilde. Nous servons principalement à aider les habitants de ce monde à réussir des tâches de tous les jours, ou à se défendre des dangers. Lorsqu’un habitant a besoin de nous, il dépose une requête dans notre boîte aux lettres, puis Yakumo-San ici présent filtre les requêtes réalisables. Il les colle ensuite sur le panneau d’affichage et tu prends ce que tu veux en guise de mission ! Chaque mission a un niveau de difficulté et des récompenses proportionnelles à l’effort, à toi de choisir ce que tu veux !

– Je ne comprends pas une chose. Avoua Izuru qui semblait enfin attentif. Pourquoi dois-je participer aux missions de cette guilde au juste ?

– Très bonne question ! S’exclama son interlocutrice. Enfin il dit quelque chose qui me tend une perche ! Vois-tu, Memento est un monde unique en son genre. C’est un endroit où absolument tout est possible. Tu peux devenir celui dont tu as toujours rêvé d’être, ou améliorer la personne que tu es déjà. Nous allons te donner un assistant personnel, plus connu sous le nom de PDA. Quand tu remplis une mission, ton PDA est crédité de points selon la mission, et avec ces points tu peux changer des choses sur toi. Tu peux changer ton physique, ta taille, ton poids, ton intelligence, tes réflexes, et tout ce que tu jugerais adéquat de changer. Tu peux faire fonctionner ton imagination pour découvrir quelles capacités de bases tu pourrais améliorer.

– Capacités de base ? L’interrogea-t-il. Cela veut dire que je ne peux pas développer de facultés grâce à cet outil c’est ça ?

– Exactement. Sourit Daphné. Si tu ne savais pas jouer de la guitare avant d’arriver dans le royaume de Memento, il est inutile d’essayer d’apprendre avec des points. Il faut développer une connaissance de base que l’on améliore avec les points. Ta mission est donc d’accumuler les points pour pouvoir devenir meilleur.


Devenir meilleur…Cette finalité semblait ne pas convaincre l’invité de la rouquine. Il y réfléchit pendant quelques secondes qui se transformèrent en une ou deux minutes, mais la faible lueur habitant son regard ne s’épaississait pas face à cette promesse de progrès venant de la jeune adolescente. Tout ce qui surgit dans son esprit fut une question qu’il posa instantanément.


– J’y pense, mais, d’où viens-je ? Et comment dois-je sortir d’ici ? Qu’est-ce que Memento exactement ?

– Te rends-tu compte que cela fait plus de deux heures que tu as atterri dans ce monde et que tu me sors la première question que tout le monde pose tellement c’est évident ? Soupira Daphné.

– C’est juste que…Je n’ai pas vraiment ressenti le besoin de partir. Admit le jeune homme en baissant les armes. Même maintenant, je parle davantage par curiosité que par besoin. J’ai simplement envie de savoir.

– « La vérité n'est jamais amusante sinon tout le monde la dirait. » Reprit la jeune fille d’une voix aristocratique. C’est de Michel Audiard. Ne te précipite pas pour savoir le sens de tout ce qu’il se passe. Garde en tête une seule chose : Changer et rester fidèle à soi-même sont deux valeurs qui peuvent cohabiter si l’on a l’esprit assez clair.


Une fois de plus, la plaidoirie de la jeune fille ne sembla pas convaincre son interlocuteur. Il soupira face à l’absence de réponse concrète de sa part, mais il semblait bien trop paresseux pour chercher à en savoir davantage. Il laissa donc la rouquine continuer son monologue explicatif sans y réfléchir.


– Bien ! Je t’ai dit les bases. Je reste à disposition pour répondre à toutes tes interrogations ! Yakumo-San va te donner le matériel nécessaire pour ton intégration à savoir : Ton assisant personnel, la carte du royaume, et quelques capsules dont tu découvriras bientôt l’utilité ! Nous allons te montrer là où tu vas dormir. Une dernière chose, ne perds surtout pas ton PDA puisque sans lui tu ne peux pas aller retirer ta nourriture à la cafétéria !

– O…Ok…Répondit-il plein d’hésitation. Je vous suis alors…Yakumo-San.


Le vieil homme acquiesça en souriant. Il prit le panier de paille que lui tendit Daphné, la jeune fille qui donnait une drôle d’impression au nouvel arrivant, avant de la remercier et quitter la salle. Izuru se retourna une dernière fois, saluant maladroitement la jeune fille. Il était encore troublé par tout ce qu’il se passait autour de lui, mais il ne le laissa pas paraître et sortit de la salle du leader. Ressentant le malaise une fois la porte fermée, le vieil homme tenta de conforter son ancien passager.


– Ne t’en fais pas, on s’habitue rapidement au caractère de Daphné. Elle est étrange mais c’est une bonne personne.

– J’avais remarqué qu’elle était étrange. Grommela le jeune en guise de réponse. Comment faites-vous pour supporter cette excentricité au quotidien, Yakumo-San ?

– A mon âge, on a supporté bien pire que les caprices d’une petite fille. Rit le vieil homme. Mais tu verras, toutes les personnes ayant foulé le sol de ce royaume en sont ressorties meilleures. Tu verras, tu vas bientôt rencontrer l’une d’elles.


Les deux hommes firent quelques pas jusqu’à retourner là où se trouvaient les portes avec les symboles fille et garçon. Sans surprise, ils se dirigèrent vers l’une des portes portant le sigle garçon. Cette porte ouverte débouchait sur un couloir qui lui-même était la jointure entre quatre autres portes qui étaient espacées de deux ou trois mètres les unes des autres. Cela semblait être des dortoirs. Izuru et le chauffeur avancèrent jusqu’à la troisième porte et une fois devant elle, Yakumo frappa avant d’entrer sans crier gare.

L’endroit était plutôt spacieux. Il semblait assez vieillot à en juger par le plancher en bois et les meubles rustiques, mais c’était plutôt aéré comme espace. Deux lits étaient disposés aux deux extrémités de la pièce rectangulaire, laissant un espace assez large entre eux dans lequel se dressaient deux armoires et deux bureaux. Sur ces bureaux se trouvaient deux ordinateurs ainsi que du matériel pour écrire. Outre les tapis à l’effigie de la nature se trouvant au sol ainsi que la technologie nous étant offerte, tout était fait de bois. Les meubles, les lits, tout. C’était en fait une chambre double assez classique comme l’on pouvait en trouver lorsque l’on allait en sortie scolaire étalée sur plusieurs jours, sauf que nous avions un peu plus que le strict nécessaire. Le vieil homme fit signe d’entrer au nouvel arrivant qui s’exécuta, et il désigna du doigt le lit de droite.


– C’est ici que tu dormiras. Sourit-il. La douche et les toilettes sont au bout du couloir et sont à nettoyer tous les jours à tour de rôle, un jour une chambre. Vous êtes 8 en tout dans ce couloir, donc grossièrement quatre fois par mois vous êtes de corvée de nettoyage. Chacun respecte donc la propreté des lieux pour les autres.

– D’accord. Répondit le brun, attentif. Je ferai attention à garder les lieux propres.

– Tu vas partager cette chambre avec Amaya. D’ailleurs, je crois qu’il est déjà dans son lit. Allons voir ça…


L’homme s’approcha de l’autre lit dans lequel se trouvait quelque chose, ou quelqu’un sous les couvertures. Semblant dubitatif, Izuru s’assit sur son lit et se mit à regarder la scène qui se déroulait sous ses yeux. Yakumo-San qui eut confirmation de quelque chose, tira la couverture de manière brusque. Il eut à peine le temps l’espace d’un centième de seconde de voir un bout de chair avant que la personne en dessous de la couverture s’y réfugie rapidement de nouveau en laissant échapper grognement grave.


– Amaya, il est temps de se lever ! Ordonna l’homme. Tu as un nouveau colocataire tu peux bien le saluer non ? Allez debout gros fainéant !

– La ferme le vieux…Soupira cette chose en dessous de la couverture. Je pionce…Je lui dirai bonjour plus tard…De toute façon j’ai la vie devant moi…


Le vieil homme tenta de soulever la couverture de celui qui était le nouveau camarade de chambre du locataire…En vain. La paresse de l’individu semblait si forte qu’il était impossible de tirer plus qu’un grognement puissant provenant de sous ce tissu. Au bout de quelques tentatives, le vieil homme – qui avait déjà assez donné aujourd’hui en termes de patience – baissa les armes et reprit la parole à l’intention d’Izuru.


– Vous apprendrez à vous connaître lorsqu’il décidera de se bouger, moi j’ai perdu espoir en ce type. Soupira le chauffeur de bus. Bien, voici ton PDA, ta carte et tes capsules. Je ne te dis pas à quoi servent les capsules sinon Daphné va encore me sermonner. Si tu as faim, le réfectoire se trouve juste à côté de la salle d’accueil, sur la droite du panneau d’affichage. Il se fait tard, donc je pense que tu devrais aller dormir avant tout.

– Merci beaucoup. Répondit stoïquement Izuru à l’homme qui lui avait servi de guide. Je vous suis reconnaissant.

– Ce n’est rien mon garçon, assura-t-il, je suis là pour ça. Je suis à la fois le chauffeur de bus, mais aussi le bras droit de notre leader et le chef du service des renseignements. Je ne peux donc faillir à ma tâche ! Allez dors bien mon garçon, demain une longue journée t’attend !


Ce fut sur ces mots que l’amical chauffeur de bus laissa son protégé du jour seul dans cette pièce. Enfin, seul sans compter Amaya, ainsi que la confusion qui était inscrite sur le visage de l’intéressé. Izuru semblait confus mais non pas moins serein dans ces lieux qui étaient tout sauf les siens. Comme pour faire quelque chose d’autre que de se laisser tomber sur la couche, il se rendit à la fenêtre et y jeta un regard, découvrant à quoi ressemblait le monde de Memento à ce moment même.


La nuit était tombée. Ici, le cycle du soleil semblait être le même que dans mon monde. On aurait presque pu dire que l’arrivant avait tout simplement déménagé plutôt que changé de dimension, si ce n’était pour les pouvoirs de Daphné et le fait que tous ces paysages différents se trouvaient côté à côte et que chaque climat était bien défini d’un chemin à l’autre. Ce royaume était illuminé le soir. Des lumières bleues, vertes et roses faisaient scintiller le village dans lequel l’auberge se trouvait, et à en juger par l’expression paisible d’Izuru, il appréciait beaucoup cette image. Il perdit son regard dans ce paysage de soirée chaleureux et appréciable. On pouvait y voir des habitants organiser des festivités, d’autres s’amuser entre eux, des commerçants, des travailleurs…Tout le monde semblait respirer la joie et la bonne humeur, tout le monde semblait connaître le sens du mot harmonie.


Pourtant, ce fut devant ce paysage paisible qu’Izuru eut sa première véritable interrogation sur ce monde. Il murmura, se parlant à lui-même sûrement sans s’en rendre compte.


« Pourquoi ces personnes ne peuvent-elles pas résoudre leurs problèmes elles-mêmes ? Il suffit de leur donner un PDA à eux aussi pour qu’ils puissent devenir des personnes capables de gagner ces « quêtes » eux-mêmes non ? Et pourquoi de toutes ces personnes, c’est moi qui ai reçu cette mission d’accumuler des points… ? Suis-je spécial … ? Non, je ne me sens pas plus fort ou plus intelligent qu’un autre…Qu’est-ce qui fait que je sois celui qui est entraîné dans ce système… »


Izuru ne trouva pas de réponse. Il arrêta de parler à voix haute et préféra laisser son regard se perdre dans l’euphorie en souriant en coin. Mais alors qu’il semblait apprécier la scène, quelque chose provenant de l’extérieur le surprit subitement.

Les habitants, habituellement si calmes, cessèrent d’un seul coup de se mouvoir. Interloqué, le brun chercha du regard depuis sa fenêtre, essayant de discerner pourquoi tout le monde était à l’arrêt, mais alors qu’il baissa sa garde l’espace d’un instant, quelque chose apparut soudainement devant lui en éteignant toutes les lumières allumées par le village en fête.

Cette chose était comme sortie de nulle part, et l’ombre empêchait quiconque de la distinguer totalement, mais c’était une personne qui se trouvait derrière cette fenêtre qui séparait Izuru d’elle. Elle semblait flotter devant le jeune homme alors que les deux individus se trouvaient à l’étage de la guilde, Cette chose devait posséder des pouvoirs similaires à ceux de Daphné pour pouvoir rester en suspend de la sorte. Interloqué, Izuru tenta de la discerner davantage, mais il ne put rien voir au premier abord. Cependant, non contente de rester immobile, la chose s’approcha, laissant voir quelque chose de bien plus marquant que sa simple silhouette. Deux grands yeux verts perçant l’obscurité fixaient le jeune brun d’un air lugubre et menaçant, sans même cligner des yeux ni même sourciller. Les yeux brillants ne cessaient de dévisager Izuru de derrière cette fenêtre tandis que lui, ne se laissant ni gagner par la peur, ni par la panique, laissait son regard se mêler à celui de cette chose en affichant une expression neutre, comme attendant de savoir ce que cet être voulait de lui.


– Je t’ai trouvé…Chuchota la chose dont la voix s’estompait rapidement dans le vent, laissant derrière elle un faible écho. Izuru…Je t’ai trouvé…


Un sourire malsain s’afficha dans l’ombre tandis que l’on ne pouvait distinguer le visage de ce qui semblait être un humain de par la forme de ses dents qui étaient la seule véritable chose visible autre que ses yeux. Des dents blanches soigneusement entretenues, c’était un humain qui était devant cette vitre. Curieux, le nouvel arrivant ouvrit la fenêtre de sa chambre afin de constater ce qu’était cette présence, mais quand il eut brisé la barrière de l’interdit, elle avait déjà disparu comme elle était arrivée…


Le nouvel arrivé resta quelques secondes à la fenêtre en affichant un air de déception. Des interrogations tiraillaient sûrement son esprit à l’heure actuelle, mais il n’en laissait pas apparaître sur son visage.


– Excuse-moi, l’interrompit une voix féminine provenant de derrière le jeune homme. Pourrais-tu fermer la fenêtre s’il te plaît ? Déjà qu’avec le bois on a assez froid, si en plus les fenêtres sont ouvertes ça sera impossible.

– Oui bien sûr. Répondit Izuru spontanément en fermant la fenêtre. Je suis déso –


En se retournant, Izuru eut la première réelle surprise de la soirée. En effet, une jeune femme s’était introduite dans la chambre, et comble du comble, elle était entièrement nue. Une simple serviette de bain entourait sa taille tandis que le reste de son corps était totalement à découvert. Izuru lâcha un cri retentissant de stupeur et se recula instinctivement tandis que la blonde aux yeux verts, elle, fut amusée par la réaction du jeune homme. Elle reprit la parole en se moquant de lui.


– Du calme, ce n’est qu’un bout de chair. Je suis désolée de t’avoir fait peur, j’étais partie me doucher et je ne pensais pas que Shinichi allait avoir un colocataire pendant ce laps de temps héhé ~

– Je…C’est moi qui suis désolé…Je ne savais pas que les dortoirs étaient mixtes…

– Ils ne le sont pas. L’interrompit la voix grave venant du paresseux sous la couette. Normalement y’a que les mecs qui sont autorisés ici.


Le jeune homme surpris se tourna vers le lit de la personne qui allait lui servir de colocataire. L’homme tira les couvertures et sortit de son lit, se dévoilant enfin à son nouveau camarade. C’était un homme aux cheveux sombres grisâtres et aux yeux verts dégageant une aura assez sombre. Bien qu’il était plutôt beau garçon, il affichait une désinvolture naturelle sur son visage obstrué par ses cheveux désordonnés et partant dans tous les sens. L’homme qui n’avait aucune honte à s’afficher en caleçon devant l’autre homme et cette fille, semblait totalement détestable. Il suffisait de le voir s’avancer vers le duo en se pavanant et se donnant la démarche d’un mâle dominant pour comprendre que tout espoir de sociabilisation avec un homme de sa trempe était réduit à néant avant même de naître, ou tout du moins, allait être un chemin semé d’embûches. Le regard d’Izuru se fit perçant à l’égard de son camarade. Il le dévisageait presque, affichant une expression hostile à la démarche de celui dont il faisait la connaissance. Cela ne dérangea cependant pas l’homme qui, s’approchant de la femme intrusive, la saisit rapidement par la taille avant de la faire basculer légèrement vers l’arrière dans ses bras. Prenant la parole, il approcha son visage de celui de la blonde tandis que son colocataire assistait à la scène sans grande conviction.


– Il y a un imprévu pour ce soir, princesse. Repars chez toi, et je te promets que je te trouverai le coin le plus intime et romantique pour que l’on puisse se laisser tomber dans la folie toi et moi…

– Tu as intérêt à ne pas me décevoir alors. Lui répondit sensuellement la femme en l’embrassant furtivement avant de repartir d’où elle venait sans même prendre la peine d’enfiler un haut.


La porte refermée, l’homme soupira en affichant un sourire narquois, avant de se retourner vers celui qui allait partager sa chambre et son quotidien. Ce dernier était toujours aussi neutre face à sa prestation avec la jeune fille, mais cela ne le troublait pas, bien au contraire.


– Donc c’toi le nouveau dans Memento. Sourit l’homme en caleçon. J’crois qu’on va devoir vivre ensemble pendant un moment toi et moi. J’m’appelle Shinichi. Shinichi Amaya. Tu peux m’appeler Amaya, Shin, tout ce qui te chante, je m’en fous à vrai dire.

– Kaneyoshi Izuru. Répondit l’intéressé sans sourciller. Tu es bien la seule personne que j’ai rencontré aujourd’hui qui ne connaît pas mon nom.

– Aaaah…Ouais c’est toujours comme ça ici. Soupira Amaya en retournant sur son lit. Tu ne sais pas ce que tu fous ici, tout le monde connaît tout sur toi…C’est vraiment chiant quand on y pense. T’as l’impression d’être fliqué par tout le monde alors que tu ne sais même pas qui tu es. C’frustrant hein ?

– Pas vraiment. Soupira Izuru en haussant les épaules. C’est juste que tu es la première personne que je rencontre hors de Daphné et Yakumo-san donc forcément ça m’a échappé.

– Je vois…Rit l’homme en allumant une cigarette. Je t’aurais bien demandé si la fumée te dérangeait, mais c’est ma piaule de base ici donc tu te plies à mes règles. Pigé ?

– J’ai pas choisi d’être dans cette piaule. Grogna le brun. Par contre, que ce soit ton territoire ou le territoire de qui que ce soit, je n’ai pas l’intention de me laisser dicter ma conduite. Donc tu m’éteins cette clope.


Il suffit d’un seul échange pour que la tension dans la chambre devienne palpable. Le regard des deux hommes devint bien plus hostile qu’il ne l’était cinq minutes auparavant, et cela simplement pour une histoire de cigarette. Mais ce n’était pas l’enjeu de cet échange. Il suffisait de voir les regards des deux locataires des lieux pour comprendre qu’au-delà de cette histoire de cigarette, c’était un défi entre deux caractères de mâle dominant qui s’engageait. Il n’y avait qu’une seule réponse naturelle à ce genre d’altercations, et ce fut Amaya qui prit l’initiative. Il vint se dresser face à celui qui voulait changer les règles de son espace, laissant à ce dernier le soin d’apprécier qu’il était bien plus chétif que lui. Chétif était certes une manière d’extrapoler, puisque Izuru était plutôt bien bâti, mais Amaya était d’un tout autre niveau. Il dépassait le nouvel arrivant d’une tête et question carrure, il était d’une autre catégorie que le brun à la mouche. Cela ne suffisait cependant pas pour intimider le jeune homme taciturne qui, indifférent à la démonstration de force de la part de cette énergumène, continuait à le fixer droit dans les yeux en attendant le premier mouvement de sa part. Une animosité saisissante se dégageait de part et autre des regards. La première seconde allait être fatale pour le premier des deux qui allait baisser sa garde…


Amaya lança la première attaque d’une vitesse fulgurante. Izuru eut à peine une seconde pour esquiver d’un mouvement de tête afin d’éviter la sienne qui tenta de lui asséner un coup de boule. Le brun se recula rapidement en changeant d’angle avant de se jeter à son tour sur le tank Amaya qui n’avait eu besoin que d’une fraction de secondes pour reprendre ses esprits, et qui contra d’une facilité déconcertante le coup de poing du « chétif » par la force de son propre poing. Le grisonnant afficha un sourire narquois sur son visage tandis que son adversaire grogna face à la situation. Ce dernier n’eut cependant pas le temps de penser à autre chose qu’il se prit un coup de poing dans le ventre de la part du bras gauche d’Amaya, laissant échapper un cri de douleur étouffé par la fierté. Cependant, la gestuelle ne trompait pas. Izuru se plia en deux par réflexe tellement le coup porté avait été intense. Il se recula de quelques centimètres afin de gagner de la distance, pour finalement se redresser péniblement en grimaçant face à la douleur.


– Ca fait moins la grande gueule quand ça se prend des coups n’est-ce pas ? Ricana Amaya. Où est passé celui qui me défiait y’a quelques minutes ?


Pour toute réponse, il n’obtint qu’un silence qui l’agaça au plus haut point. En effet, Izuru ne baissait pas le regard, au contraire. Il gardait sa détermination intacte, si bien que cela poussa l’homme à se jeter de nouveau sur son colocataire pour m’asséner un coup semblant très fort. Cependant, lorsque le poing du grisonnant arriva sur le brun. Ce dernier sembla concentrer toute la force de son corps dans sa main et bloqua le coup en essayant de résister au maximum à la pression de son impact. Lorsqu’il eut enfin réussi à contenir l’impact, il profita de la confusion s’installant chez son adversaire pour lui faire un croche pied qui fit perdre l’équilibre à l’homme en face.


Sans lui laisser le temps de réagir, Izuru se jeta sur son agresseur alors qu’il était à terre, tentant tant bien que mal de bloquer ses bras et ses jambes avec tout le poids de son corps appuyé contre le sien. C’était cependant bien trop peu pour Amaya qui, utilisant toute la force qu’il cachait à l’intérieur de lui-même, repoussa avec violence son assaillant d’une facilité déconcertante, enchaînant avec un coup de pied fulgurant qu’il prit en pleine figure. Grognant mais restant en équilibre, Izuru resta droit dans ses chaussures en continuant de dévisager son adversaire. Ce combat lui avait au moins appris une chose : Dans son monde, il avait forcément été sujet à des bagarres de ce genre puisque cela ne l’impressionnait pas et que tout lui venait instinctivement dans le monde de Memento.


La violente querelle continua pendant une trentaine de minutes, finalement, les deux hommes faiblirent au même moment pour finir par s’écraser simultanément au sol, épuisés par l’endurance de l’autre. Les deux restèrent cependant sur leurs gardes, guettant une éventuelle feinte de l’autre pour prendre le dessus, mais il n’en était rien. Les deux étaient honnêtes avec leurs capacités. L’ancien de la chambre se mit à éclater de rire, à la grande stupéfaction du benjamin des lieux.


– J’en peux plus de cette meuf. Elle me fait venir dans son monde, elle me colle dans une piaule pourrie en disant que je peux changer les choses et elle me colle un coloc qui est aussi chiant que moi. Un jour je vais la buter cette gamine.

– A qui le dis-tu…Avec son attitude exaspérante elle me tape sur le système. Quand je pense que c’est elle qui a créé Memento je n’arrive même pas à trouver ça plausible. Et je n’ai pas vraiment envie de me coltiner son système non plus…Pourquoi elle nous a choisi nous et pas tout ce monde dehors ? Ca me gave.


Amaya se releva en entendant ce que lui dit son nouveau camarade, interloqué par cette réflexion à voix haute. Izuru, qui croyait sûrement que l’homme allait de nouveau se battre, se releva à son tour comme instinctivement. Cependant, Amaya se contenta de le regarder avec interrogation, comme si Izuru ignorait une évidence.


– Ah tu sais pas ? S’étonna-t-il, t’es vraiment le dernier des bleus toi. Ces gars ne sont pas vivants. Ils sont là juste pour donner des quêtes et pour faire genre tout est animé. Ils n’ont pas d’esprit, un peu comme des personnages non joueurs d’un jeu de rôle.

– Des personnages non joueurs !? S’étonna le nouvel arrivant. Donc tu peux interagir avec eux mais cela ne signifie rien ?

– Presque rien. Renchérit-il. Tu peux leur parler, tenir une discussion avec eux, t’en faire des amis, ou même les niquer si tu y arrives. La gonzesse de toute à l’heure était une non joueuse que je tire à l’occasion par exemple.

– Sérieusement…Pourtant elle a eu des réactions si humaines…Comment on peut reconnaître un non joueur d’un vrai humain ?

– Déduction personnelle. Renchérit Amaya en rallumant la cigarette qu’il avait fait tomber par terre. En général, un personnage non joueur, ou villageois comme les appelle Daphné, est limité dans ses conversations et son intelligence, si tu pousses un peu le débat il bug. Ca te dérange si je fume ?

– J’suis habitué à la fumée de cigarette. Reprit Izuru en haussant les épaules. Ca ne me dérange pas vraiment.


Le grisonnant eut un blocage pendant quelques secondes, et pour cause, Izuru venait de se contredire sur cette histoire de cigarette. Un silence de quelques minutes s’installa, laissant la scène comme figée sur place entre les deux jeunes hommes. Mais contre toute attente, Amaya comprit ce qui se cachait derrière la scène qui avait précédé l’altercation physique. Il reprit la parole en affichant un sourire narquois sur son visage.


– J’sens que ça va pas passer entre toi et moi. T’es une tête brûlée toi, comme moi. Deux mecs aussi invivables que moi ça fera pas bon ménage.

– Pas de gonzesse ici d’ailleurs. Renchérit le benjamin de la chambre. Tant que j’suis dans ta piaule, c’est l’abstinence. Je n’ai pas spécialement envie de te voir à l’œuvre.

– Tu rêves. Le nargua Amaya. On se cognera dessus demain pour savoir qui aura raison. Demain j’te ferai voir Memento aussi…Enfin si j’ai le courage.


Ce fut sur cette promesse dérisoire que la première alliance plutôt singulière de cette histoire se créa, entre deux caractères tout aussi bien trempés l’un que l’autre. Mis à part le vieux chauffeur de bus et l’innocente maîtresse des lieux, Amaya était pour le moment le seul contact réel sur le chemin d’Izuru. Ce dernier trouva le sommeil quelques minutes plus tard, non pas sans s’être fait charrier par ce grand gaillard qui avait apparemment encore l’énergie nécessaire pour dormir après avoir passé la soirée entière dans les bras de morphée. L’alliance de ces deux caractères aussi similaires qu’incompatibles allait sûrement être pénible pour Izuru, mais à en juger par ses interrogations et ses doutes, cela allait être un moindre mal en comparaison au fait de se plier au système de guilde de Daphné qui ne semblait avoir aucun sens pour le brun…



honest50
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[Fic] Memento : Souviens-toi de cette Histoire posté le [13/03/2018] à 00:01

(oui, je reviens poster ici de façon sporadique…)


Il ne me semblait pas l'avoir lu, cette fic ? Du moins, ce que tu avais déjà rédigé…


Yeah, well, you know, that’s just like, uh, your opinion, man.

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