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[Fic] L\'Ascension des Démons
heart earth
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[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

Fukuhara Nagisa: Minuit



Spoiler :



Nous marchions maintenant depuis plus de quatre jours et les vivres que nous avions emportés commençaient sérieusement à manquer. Heureusement, nous n’étions jamais bien loin des villes et malheureusement, ces types nous tournaient toujours autour, si bien qu’il nous était impossible de faire une pause, par crainte d’attirer des ennuis aux habitants. Alors nous avancions, toujours plus loin.

Selon la carte, nous en avions encore pour une bonne semaine de marche à ce rythme, mais c’était sans compter l’épuisement général qui s’installait. Nous étions tous las de marcher ainsi dans le noir. Nous ne savions même pas où nous étions précisément. Notre seul indice était notre vitesse de marche et la durée du trajet, soit une totale approximation de notre parcours.

Depuis le départ de Sunohara, Tomoya essayait de le remplacer, mais il ne cessait de se comparer à ce dernier, se rabaissant continuellement, si bien que le vieux était le vrai chef.

Mon père s’affaiblissait de jour en jour. Ses joues se creusaient, des cernes se dessinaient sous ses yeux, il commençait même à perdre ses cheveux. J’étais encore la seule à comprendre, avec le vieux, ce qui lui arrivait réellement et un pincement au cœur me saisissait dès qu’il sortait l’excuse de la vieillesse.

Ce jour-là, nous nous étions arrêtés dans une petite clairière où nous avions établi notre campement. Nous savions que faire un feu était dangereux mais nous n’en pouvions plus de vivre dans cette obscurité permanente, il nous fallait un peu de lumière.

Ce fut une grossière erreur. Cinq minutes après l’avoir allumé, nous fûmes encerclés par une dizaine d’hommes. A chaque fois que nous les croisions, ils étaient plus nombreux, cela devenait fatigant…Et pire que tout, ils n’apprenaient rien de leur défaite. Nous les battions toujours avec Garunix avant de nous enfuir…

Mais cette fois, ils semblaient avoir un nouveau chef, même si, derrière leur masque, il était dur de les différencier.

Un mauvais pressentiment m’envahit lorsque, au lieu de nous attaquer directement avec toute leur troupe, celui qui semblait être le chef s’avança.

-Nous savons ce que vous voulez, déguerpissez avant d’être blessés une nouvelle fois ; lança mon père.

L’homme l’ignora et s’adressa au vieux.

-Nos précédentes batailles nous ont montré notre erreur. Nous ne pouvons pas rivaliser avec le pouvoir du phénix de cette façon, c’est pourquoi, je vous propose quelque chose d’équitable : un duel dans les règles de l’art.

-Et pourquoi accepterions-nous si nous pouvons gagner autrement ? Demanda le vieux, une touche d’ironie dans sa voix.

-Parce que voici le marché : si vous gagnez, nous ne chercherons plus à capturer le phénix, mais si vous perdez, vous devrez me remettre immédiatement les deux cartes et nous vous laisserons tranquilles après.

-Ce n’est pas du tout équitable ; marmonna Tomoya.

-En effet, la défaite signifierait la fin du monde, et la victoire ne nous assure pas votre parole ; continua le vieux.

-C’est ça, ou bien nous vous pourchasserons sans relâche jusqu’à l’épuisement ; répondit l’homme d’un ton menaçant.

-Ce n’est pas bon, ils doivent avoir quelque chose derrière la tête ; chuchota mon père à l’oreille du vieux.

-Oui, mais nous ne pouvons plus continuer comme ça, nous sommes déjà au pied du mur. Si les choses tournent mal, fuyez.

Mon père acquiesça à contrecoeur et le vieux s’avança au centre du cercle, l’air déterminé.

-Soit, je relève votre défi. C’est rare que des ordures dans votre genre respectent ce genre de tradition.

-Nous sommes duellistes avant d’être serviteur de Gariatron.

Les deux adversaires se firent face. Aucun ne semblait prêt à abandonner ce duel. Ils allumèrent leur disque et placèrent leur deck.

-Honneur à vos ainés. Je commence en invoquant Avatar roi du feu Yaksha. Je pose ensuite deux cartes face cachée et je termine mon tour.

-C’est tout ce dont le phénix est capable ? Je suis déçu, je m’attendais à un vrai challenge. Je pioche et j’invoque transe archdémon. Par son effet, je peux défausser une carte et il va gagner 500 points d’attaque. Je défausse donc Grapha, seigneur dragon du monde ténébreux et son effet s’active, je détruis une de tes cartes face cachée, celle de gauche tiens !

-Bon, je devrais me passer de toi prison dimensionnelle…

-A présent, Transe archdémon, détruit Yaksha !

Vieux : 3800 – Ennemi : 4000

-L’effet de Yaksha s’active me permettant de détruire une carte se trouvant dans ma main, adieu Phénix sacré de Nephtys.

-Tu détruis tes propres cartes ? Ca me fera moins de boulot ! Déclara l’autre en riant. Je pose deux cartes faces cachées et je termine mon tour !

-C’est donc à moi et l’effet de mon phénix s’active. Renais des Cendres, Phénix sacré de Nephtys ! Lorsqu’il revient d’entre les morts, il emporte avec lui toutes les cartes magies et piège sur le terrain !

-Pas si vite, tu penses vraiment que je n’avais pas anticipé ? Je révèle mon piège : absorption de compétences, avec lui, tous les effets des monstres sur le terrain sont annulés !

-Dans ce cas, je révèle moi aussi ma carte face caché : cercle des rois du feu. Je détruis mon phénix pour rappeler Yaksha et comme il n’est plus sur le terrain, son effet peut s’activer !

Vieux : 3800 – Ennemi : 3000

-J’invoque maintenant Avatar roi du feu Barong. Aller Barong, détruis cet archdémon et Yaksha va s’occuper de tes points de vie !

Vieux : 3800 – Ennemi : 900

-Tes efforts sont bien louables, mais vains. Je pioche et j’active la carte magie de terrain : portail du monde ténébreux !

Derrière l’homme en noir surgit de terre une immense porte. Elle faisait froid dans le dos et je préférais ne pas savoir ce qui se cachait de l’autre côté. Le vieux était peut-être en position favorable, mais ses défenses étaient minces. Son adversaire n’était pas un amateur. Il devait avoir un plan pour remonter à présent…

Inconsciemment, je mis ma main dans ma poche et je sentis un petit bout de carton. Mon cœur rata un battement. Non…J’avais totalement oublié de lui donner avant le début du duel ! Sa carte maitresse, Garunix, n’était pas dans son deck mais dans ma poche !

Pourquoi avait-il accepté ce duel en sachant que son jeu n’était pas complet ? Comment comptait-il gagner sans Garunix ?

A ce moment là, je ne souhaitais qu’une seule chose : me cacher très loin. S’il perdait, tout serait de ma faute…

Et pourtant, le vieux ne semblait pas s’inquiéter. Il jouait impassiblement, comme s’il lui restait encore des atouts. Mais en avait-il vraiment ?…

-J’active l’effet de mon portail : en retirant du cimetière mon transe archdémon et en défaussant Beiige, avant garde du monde ténébreux, je peux piocher une carte. Puis l’effet de Beiige s’active et ce dernier va revenir parmi nous ! Mais pas pour longtemps car il me suffit de le rependre en main pour invoquer Grapha du cimetière !

Un immonde dragon noir surgit de terre à son tour. Il était difficile de faire plus affreux que lui. Je ne pouvais pas dire de quoi était faite son armure sombre, si c’était des écailles ou autre chose…Sa tête était entièrement recouverte de cornes plus menaçantes les unes que les autres. Derrière lui, ses ailes s’étendaient comme un immense voile noir se fondant dans l’obscurité. Oui, ce dragon et l’obscurité ne faisaient qu’un. Seuls ses minuscules yeux rouges ressortaient vraiment des ténèbres…

-Je n’ai pas encore invoqué normalement il me semble. Je vais donc le faire immédiatement en invoquant le guide des enfers. Par son effet, Broww chasseur du monde ténébreux va venir nous rejoindre en mode attaque. Je recouvre à présent mes deux monstres : apparais Leviair le dragon des mers ! Puis je détache une unité pour rappeler transe archdémon parmi nous ! Mais ne croyez pas que le spectacle est terminé car j’active maintenant l’effet de transe archdémon en défaussant Beiige, et ce dernier va venir nous rejoindre.

-Ca en fait une flopée de monstres ; grimaça le vieux.

-Oui, et c’est également la fin pour toi vieillard ! Transe archdémon, détruis Yaksha !

Vieux : 3300 – Ennemi : 900

-J’active l’effet de Yaksha pour détruire avatar roi du feu Garunix, et puisqu’il a disparu, il va amener depuis mon deck Avatar roi du feu Kirin en mode défense.

-Il ne protégera rien, Grapha, occupe toi de Barong !

Vieux : 2100 – Ennemi : 900

-Ce n’est pas fini ! Leviair attaque Kirin et Beiige, attaque le directement !

Vieux : 1400 – Ennemi : 900

-C’est ainsi que je termine mon tour. Mais je ne vois pas comment tu comptes remonter mon terrain. Tu peux abandonner dès maintenant.

-Oui, oui, je pourrais…ou bien alors, je pourrais activer l’effet de Nephtys depuis mon cimetière, renais encore une fois et emporte avec toi ces nuisibles !

-Ce monstre n’est pas assez puissant pour ne serait-ce qu’égratigner Grapha !

-C’est vrai…Mais tes autres monstres sont à découvert maintenant que ton terrain n’est plus !

-Mon…terrain ?

Il se retourna et constata que sa porte n’était plus qu’une ruine fumante. Nephtys l’avait brûlée en revenant sur le terrain. Comment avait-il pu négliger un tel détail ?…

-Tous les bonus d’attaque se sont maintenant dissipés.

-C’est impossible…Comment…

-Voilà ce qu’il se passe lorsqu’on est trop sûr de soi. Nephtys, brule le dans le feu sacré et détruis le transe archdémon !

Vieux : 1200 – Ennemi : 0

Un éclair rouge passa devant nos yeux, suivi d’un long cri puis le silence et les ténèbres revinrent sur la forêt.

Le vieux n’attendit pas la fin de l’attaque et nous fit signe de déguerpir. Une fois de plus, nous nous enfuîmes à travers la forêt mais nous ne pûmes aller bien loin car, deux cents mètres plus loin, un grand ravin séparait la forêt en deux. Mon frère jura.

-Depuis quand il y a autant de ravins en France ? Râla-t-il.

-Depuis que Gariatron a chamboulé l’équilibre du monde, les catastrophes naturelles se multiplient elles aussi ; répondit le vieux.

-Je n’attendais pas vraiment de réponse en fait…

Tout à coup, la terre se mit à trembler. Un séisme, ici ? Impossible, cette région n’était pas sismique !

Une fissure s’ouvrit à nos pieds et commença à s’élargir. Par réflexe, je me refugiai dans les bras de mon père.

Sous moi, je sentais la terre bouger et je voyais ma mère et mon frère s’éloigner. Je les appelai de toutes mes forces, mais les secousses étaient telles qu’un seul pas leur aurait été fatal. Je ne pouvais que regarder, impuissante…

Comme si ce n’était pas assez, le sol se déroba sous nos pieds et j’entamai une chute vertigineuse avec mon père et le vieux.

-Nagisa, Papa, Le vieux ! Hurla mon frère.

Une motte de terre surgit devant lui et il tomba à la renverse. C’était terminé, personne ne pouvait survivre à une chute pareille…

Comme si cela allait me sauver, je me recroquevillai sur moi-même et je fermai les yeux. Je ne voulais pas voir quand j’allai toucher le fond. Mon père me serra plus fort dans ses bras. Je l’entendis dire quelque chose au vieux mais je ne fis même pas l’effort de comprendre. Certainement un adieu…

Le bruit de deux corps tombant dans l’eau résonna à mes oreilles et une douleur fulgurante me traversa le dos. Mes poumons se remplirent d’eau, je n’avais plus la force de faire le moindre geste ni même de remonter la tête hors de l’eau. Les ténèbres m’envahissant se refermèrent sur moi pour m’avaler toute entière…


Du noir…Encore et toujours du noir…Etait-ce réellement la seule couleur que j’étais encore capable de percevoir dans ce monde d’ombre perpétuelle ?

Du froid…Oui, j’avais froid. J’étais frigorifiée, mais je ne sentais plus mon corps, je n’entendais plus, je ne sentais plus, toute sensation avait disparue, excepté ce froid tranchant.

Des cendres ? Oui. Il y avait des cendres encore fumantes à terre. En relevant la tête, je constatai que ces cendres noires étaient le seul élément d’un tableau bien vide s’offrant à moi. Ce minuscule tas de cendres semblait être tout ce qu’il restait de mon monde.

Un bruit…Le bruit d’une rivière…non, d’un torrent impétueux avalant tout. Soudain, la mémoire me revint : le tremblement de terre, ma chute, la rivière !

Alors…J’étais morte ? Qu’en était-il de mon père et du vieux ? Etaient-ils avec moi ? J’avais beau regarder tout autour de moi, il n’y avait que ce ridicule tas de cendres fumantes.

Un frisson me parcourut. J’allais vraiment devoir passer l’éternité ici, parmi…le vide ? Quelle triste fin, passer l’éternité seule au milieu du néant avec des cendres pour seul compagnon. Qu’allais-je faire maintenant ? Simplement…attendre ? Mais attendre quoi ?

Je me baissai pour rapprocher mon regard du seul objet visible. De la lumière ? Non, je ne rêvais pas. Enfouie profondément sous la masse sombre, à peine perceptible, une dernière étincelle continuait de briller dans le noir, seule et unique couleur dans cet océan obscur.

Elle s’accrochait à la vie tant qu’elle pouvait, mais elle n’allait pas tarder à se faire engloutir elle aussi. Tout est né du néant et doit retourner au néant, c’est la loi de ce monde.

Et pourtant, plus je regardais cette lueur infime, plus elle semblait gagner en intensité. Ce n’était qu’un minuscule point rouge qui se propagea peu à peu parmi les cendres noires, effleurant de sa lumière devenue rouge. Puis les cendres devenues braises se colorèrent entièrement d’orange. La lumière nouvelle se diffusa tout autour de moi, perçant les ténèbres.

Enfin, la vive lumière changea en timide flamme cramoisie montant au dessus des braises. Mais cette dernière ne cessa de croitre jusqu’à devenir un brasier bleu et ardent, illuminant les ténèbres.

Le brasier informe se mit alors à se métamorphoser. Il s’élargit encore, monta plus haut dans le ciel, descendit plus profondément dans le sol. Ce n’était plus un brasier mais un oiseau de feu multicolore : un phénix.

Mais, je reconnaissais cet oiseau ! Garunix ?

L’oiseau tourna la tête vers moi et son feu m’entoura. Il était si chaud, si réconfortant. Cette source de chaleur dans ce néant gelé, c’était comme si ces flammes me redonnaient de l’énergie, chassant mon engourdissement.

J’avais passé tellement de temps dans les ténèbres que j’en avais oublié la chaleur si agréable du soleil.

Oui, je ne pouvais pas rester ici. Il fallait que je revoie le soleil…une dernière fois.

J’ouvris les yeux en sursaut. Le souffle saccadé, mon premier reflex fut de mettre ma main sur mon cœur. Il battait ! Et rapidement, un peu trop rapidement même. Mais le plus important, j’étais…vivante. Mais comment ?

Cette chute, cette douleur, les cendres, le vide, Garunix, tout cela n’était donc qu’un rêve ?

Garunix, le phénix immortel, capable de renaitre de ses cendres, était-ce lui qui m’avait sauvée d’une mort certaine ?

Je n’avais aucune blessure, je ne ressentais aucune douleur, comme si tout cela n’était jamais arrivé.

Je me mis alors à regarder autour de moi. Cette ombre perpétuelle enveloppait toujours ce monde. Sous mes pieds, je sentais comme des graviers et, tout près, j’entendais le bruit d’un torrent tumultueux, le torrent dans lequel j’aurais du mourir…

Tout à coup, une angoisse incontrôlable me saisit. Où étaient passés Papa et le vieux ? J’avais beau tourner la tête dans tous les sens, l’ombre était bien trop épaisse.

Je me mis à les appeler de toutes mes forces, mais aucune réponse ne me vint. Je me mis à trembler. Et s’ils étaient encore…au fond de cette rivière noire et sans pitié ?

Non, si j’avais survécu, alors eux aussi, il n’y avait pas de raison qu’ils se soient noyés…

Mais plus j’essayais de m’en convaincre, moins j’étais convaincue. Et s’ils n’étaient plus là, qu’allais-je faire moi ? Où devais-je aller à présent ? Et Tomoya et maman, me cherchaient-ils à ce moment ou bien pensaient-ils que j’étais morte également ?

Cette pensée me fit frémir à nouveau. Il fallait que je sorte de ce trou, que je montre que j’étais encore vivante, que je retrouve ma famille.

Alors que je marchais dans la direction opposée à la rivière, un bruit de pas parvint à mes oreille. L’euphorie me gagna immédiatement. Ils étaient vivants, ils venaient me chercher ! Je devais les appeler !

Je me retins à la dernière seconde. Et s’il s’agissait de nos ennemis ?

J’hésitai tout à coup à faire le moindre geste. Je me trouvais devant un dilemme épineux. Appeler mon père et le vieux et prendre le risque de me faire attaquer par des ennemis, ou faire la morte et passer sous les yeux de ma famille.

Il fallait que je choisisse, et vite.

Je fis un pas en arrière et une pierre roula sous mes pieds. Les bruits de pas cessèrent aussitôt et je retins ma respiration.

-Nagisa, est-ce que c’est toi ? Dit alors une voix bien connue.

Je me détendis. C’était le vieux, il était vivant !

Je sortis des buissons en l’appelant. Il eut un regard soulagé en me voyant. J’allais lui faire part du même soulagement lorsque je remarquai qu’il était seul et je m’arrêtai brutalement.

-Nagisa, tu es vivante ! J’ai eu si peur que ta chute fût mortelle…

-Je crois bien qu’elle l’était mais…

-Oui, évidemment qu’elle l’était, mais j’entendais dans le sens irréparable comme la perte de tes poumons. Je crois que je me suis rompu le cou en tombant quant à moi, mais tout va bien à présent.

-Attendez…Vous vous êtes rompu le cou et vous êtes encore là ? M’écriai-je stupéfiée.

-Oui, mais rien de bien grave quand on à le pouvoir du phénix, pouvoir dont ton père aurait eu besoin…

Mon cœur rata un battement.

-Qu’est-il arrivé à mon père ? Demandai-je paniquée.

Le vieux s’assit sur une pierre et se prit la tête dans les mains, faisant ressortir quelques rides dissimulées. Il semblait bien plus vieux tout à coup, mais surtout bien plus vulnérable.

-Je suis désolé Nagisa, je n’ai rien pu faire…

Tout ce que me fit sa déclaration fut comme un énorme vide en moi. Je n’étais pas triste, mais je n’étais pas heureuse non plus. Je ne savais pas si je devais pleurer, si je devais rire, crier, hurler. Je ne ressentais rien, tout émotion, tout sentiment semblait s’être évaporé au moment où il prononça cette phrase.

-Nagisa, tu sais, il s’est sacrifié pour te sauver. Tu ne dois pas être triste.

-Je ne suis pas triste, enfin, je ne crois pas; répondis-je d’une voix monocorde.

Le vieux me regarda bizarrement. Il ne s’attendait visiblement pas à cette réponse mais c’était la vérité. Je savais que mon père était condamné, j’avais craint sa mort depuis que je le savais, craint de ne pas pouvoir le supporter je refusais même de croiser son regard, et voilà que maintenant, j’étais incapable d’exprimer quoique ce soit.

Je me trouvais pitoyable, mais également méprisable. Ne pas pouvoir pleurer la mort de son père, ne même pas être capable d’être triste, je devais vraiment être une personne affreuse…Je n’étais pas digne du sacrifice de mon père.

-Tu sais Nagisa, ton père était condamné, il n’en avait plus pour longtemps et…

-Je le savais.

-J’ai enterré ton père un peu plus loin, si tu veux nous pouvons…

-Non, ce n’est pas la peine.

-Je comprends, ça doit être dur à accepter pour toi mais…

-Ce n’est pas dur. Il faut avancer à présent, Tomoya et maman doivent attendre.

Je m’engageai sur le sentier caillouteux qui remontait vers l’endroit où nous avions été séparés et le vieux me suivit, déconcerté par mes réactions.

Je ne pensais à rien, je n’y arrivai pas et je ne voulais pas. Cette situation me convenait bien finalement. Je ne voulais pas ressentir la tristesse car je savais qu’elle m’aurait anéantie. Je n’aurais pas pu supporter le poids de la mort de mon père si j’avais été dans mon état normal. Mais depuis ma « renaissance », je n’étais pas dans mon état normal, comme si une partie de moi était bel et bien morte dans cette rivière, emportée au loin par le courant.

Alors que j’émergeais à peine de la fosse dans laquelle nous nous trouvions, je vis quelqu’un marcher vers moi, la tête baissée. Mais je reconnaissais ce pull, c’était celui de Tomoya, et il était seul. Je ne peux pas dire si j’étais heureuse de le revoir ou triste qu’il soit seule, mes sentiments étaient bien trop bouleversés à ce moment pour que je puisse distinguer une quelconque émotion.

-Tomoya, nous sommes là ! Le Héla le vieux.

Mon frère releva la tête et son regard éteint se ralluma immédiatement. Il se précipita vers moi et me prit dans ses bras.

-Nagisa, je suis si content que tu sois en vie, j’ai eu si peur, je pensais que toi aussi…

Sa voix se brisa et il relâcha son étreinte. Il ne put continuer sa phrase mais je savais ce qu’il allait dire. Alors comme ça, nous étions orphelins à présent ?

Perdre ses deux parents en à peine cinq minutes d’intervalle, voilà qui aurait été trop pour n’importe qui, trop pour Tomoya, mais qui pouvait dire où était parti mon cœur. A chaque seconde qui passait, je me trouvais plus lamentable, plus détestable, plus méprisable, plus inhumaine. Et pourtant, je n’arrivai plus à faire ressurgir mes sentiments, comme s’ils avaient disparus…

-Le vieux…Maman a…Elle a…La ville…Les ennemis…j’ai tout essayé…Mais je n’ai rien pu faire…Je…Je…

Mon frère se noya dans un torrent de larmes sans pouvoir continuer d’avantage.

Il pleurait, encore et encore. La disparition de notre mère semblait l’avoir brisé. Mais, s’il restait encore une once d’espoir en lui, l’annonce de la disparition de notre père l’acheva et il s’effondra simplement sur le sol, incapable de faire un geste de plus.

-Pourquoi…Pourquoi doivent-ils tous mourir ? Pourquoi ! Hurla-t-il vers le ciel dans un cri de désespoir. Sunohara, si tu m’entends, aide moi…Je t’en supplie, aide moi, je ne peux pas m’en sortir seul…

Seul le silence de l’ombre perpétuelle lui répondit, comme si tout espoir l’avait abandonné.

Je regardais mon frère sans même ressentir de la pitié pour lui. Mais en un sens, je l’enviais. Je voulais, comme lui, pouvoir pleurer nos parents, chercher un coupable, avoir de la rancœur pour ce monstre de Gariatron, mais je n’y parvenais pas.

Lamentable.

Oui, j’étais lamentable, je ne pouvais même pas aider mon frère alors qu’il était au fond du gouffre. Je ne pouvait que le regarder, impuissante, incapable de comprendre sa douleur.

Méprisable.

Oui, j’étais méprisable. Un être incapable de ressentir la peine ou la douleur n’est pas un être humain. C’est un monstre sans cœur ou une personne au bord de la folie.

« Tes parents sont morts, ton frère n’est plus qu’une ombre, alors qu’attends-tu pour sombrer toi aussi ? » Criait une petite voix au fond de moi.

Vouloir sombrer, c’était bien la première fois que je souhaitais une chose pareille. Mais sombrer signifiait également que j’étais humaine, que, comme telle, j’avais des émotions. A ce moment là, joie, peine, tristesse, douleur ressemblaient à de vagues mirages, des mirages que mon père avait emporté avec lui dans cette rivière si destructrice, cette rivière m’ayant volé mon humanité, cette rivière m’ayant ôté jusqu’à la vie…


Deux jours, voilà deux jours que nous n’avions plus de parents, plus de repère, plus d’espoir. Nous étions seuls avec le vieux, livrés à nous mêmes, obligés de fuir des ennemis inconnus, obligés d’avancer vers le nord, mais pourquoi ?

Je ne savais même plus pourquoi je fuyais, pourquoi j’avançais, pourquoi je vivais. J’aurais du mourir au fond de cette rivière avec mon père, ou sous les coups des ennemis avec ma mère car à présent, il n’y avait plus rien. Seul Tomoya me poussait encore à m’accrocher à cette vie. Une fois sa douleur passée, il avait promis de me protéger coute que coute. Je ne voulais pas qu’il meure lui aussi, mais je savais que, si je disparaissais, il ne le supporterait pas, alors je vivais, sans aucune joie, mais je vivais.

De toute façon, vivre n’était pas une option. Le vieux m’avait tout expliqué, le pouvoir de Garunix et de Nephtys, le pouvoir de la presque immortalité, celui qui, quelque soit la blessure reçue, nous permet de continuer à vivre. C’était une maigre compensation comparée aux devoirs que la possession de la carte provoquait.

Il n’y avait que deux façons de mourir : recevoir une blessure mortelle sur le coup ou bien se suicider, dans quels cas, le pouvoir du phénix ne pouvait agir. Et comme il était peu probable que ces deux choses m’arrivent, j’étais condamnée à vivre…

Ces jours où nous marchâmes en silence, sans dire un mot, sans même nous regarder, furent sans doute les plus pénibles de ma vie. Non pas parce que nous étions seuls et sans défense sans nos parents, mais parce que je ne pouvais rien exprimer. Ni la peur de se faire attaquer, ni le chagrin du à la perte de nos parent, ni la haine envers ce monstre de Gariatron. Il n’y avait que le néant.

Mon cœur battait peut-être encore dans ma poitrine, mais c’était un cœur de pierre qui battait, un cœur pétrifié, un cœur sans substance, un cœur vidé de tout ce qui faisait de moi un être humain.

Plus les heures passaient et plus je me détestais…non, plus j’aurais aimé me détester car je ne pouvais pas ressentir la haine.

Je ne sais pas si Tomoya avait remarqué ce changement brutal de personnalité chez moi où s’il avait trouvé cela normal après la mort de nos parents, mais lui avait bel et bien changé. Il n’était plus le frère insouciant qu’il avait toujours été. Il se comportait maintenant en véritable garde du corps, se tenant prêt à l’action à tout moment, un peu comme Sunohara l’avait fait avant lui.

Quant au vieux, il était fidèle à lui même, bien qu’un peu plus protecteur également. Il devait se sentir responsable de nous à présent, et surtout responsable de la mort de nos parents puisque c’était lui que nos ennemis pourchassaient au départ. Sans lui, nos parents seraient peut-être en vie…

En y repensant, ce vieux m’avait vraiment tout pris : mon village en s’y trouvant au moment de l’attaque, mes parents en voyageant avec nous et ma mort en me donnant le pouvoir de Garunix et le devoir de le protéger…

Mais je ne lui en voulais pas, même si j’avais pu le détester, jamais je ne l’aurais fait. Après tout ce temps passé en sa compagnie, je commençais à comprendre le poids qu’il portait lui aussi sur ses épaules, un poids bien trop lourd à porter pour un seul homme.

Ce jour après avoir échappé encore une fois à nos poursuivants et nous être réfugiés dans une grotte, Tomoya posa une question qui lui brulait sûrement les lèvres depuis notre départ : il demanda au vieux de nous raconter son histoire, comment il savait toutes ces choses sur la prophétie et les pouvoirs de Garunix.

Le vieux commença par rire légèrement avant de lever la tête vers la voute basse de la grotte.

-Cela fait si longtemps qu’on nous rabâche le retour de la créature que plus personne n’y croyait dans ma famille ; déclara-t-il. Les pouvoirs de Garunix nous sont transmis de générations en générations depuis la fin du grand périple, de même que la prophétie. Lorsque Luna, Cynthia et le grand prêtre Amon se sont éteints, ils ont légué à mon ancêtre la tâche de perpétuer lui aussi la mémoire du grand périple, et c’est ce qu’il a fait. C’est mon père qui m’a tout appris lorsque j’eus dix ans. Il n’y croyait pas vraiment lui-même à vrai dire. Il me l’enseigna comme un jeu si bien que je n’ai jamais vraiment prêté attention à ces histoires jusqu’à cette année.

-Qu’est-ce qui a bien pu vous faire changer d’avis aussi radicalement pour venir nous casser les pieds à la boutique tous les jours? Demanda mon frère.

-Garunix. C’est lui qui m’a prévenu. Je l’avais toujours considéré comme un simple bout de carton, mais j’ai entendu sa voix en rêve, une fois, puis deux, puis trois, jusqu’à ce que je comprenne que tout était vrai, alors j’ai paniqué. Je cherchais du soutien dans ce village où je m’étais installé, quelqu’un qui aurait entendu parler de la prophétie également, mais je n’ai trouvé personne alors je suis parti. Vous connaissez la suite, lorsque je suis revenu, il était déjà trop tard. J’avais échoué sur toute la ligne. Mais quand je t’ai vu Nagisa, j’ai remarqué que je t’avais touchée, c’est pourquoi j’ai décidé de te confier Garunix. Je suis désolé des conséquences que cela a engendré pour vous…

-Vous n’avez pas à vous excuser, ce qui est fait est fait, nous ne pouvons plus changer le passé ; répondis-je. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à atteindre la côte et notre mission sera accomplie c’est cela ?

-Oui, une fois sur la côte, nous pourrons tenter de prendre contact avec les descendants d’Amon et Cynthia.

-Plus tôt cette guerre sera terminée, plus tôt nous pourrons tout oublier ; murmurai-je pour moi-même.

Nous nous apprêtions à repartir lorsque j’entendis comme des crépitements venant de l’extérieur. Une horrible odeur de brûlé parvint ensuite à me narine et une épaisse fumée noire s’infiltra à l’intérieur de la grotte.

Je me mis à tousser sans pouvoir m’arrêter. Ils essayaient de nous asphyxier en mettant feu à la forêt !

Je ne risquais rien et le vieux non plus grâce aux pouvoirs des deux phénix, mais Tomoya lui ne pouvait certainement pas supporter cela.

-Je vais faire diversion, pendant ce temps là, emmenez Tomoya en lieu sur ; ordonnai-je au vieux.

-Tu es sûre Nagisa ? S’ils t’attrapent, notre mission est finie, il vaudrait mieux fuir…

-Oui, c’est ce que nous allons faire. Si les choses tournent mal, ne m’attendez pas.

-Nagisa, ne fais pas ça ; dit mon frère entre deux quintes de toux.

Je ne répondis rien et je sautai du promontoire où nous étions et je pus admirer le spectacle. Ils avaient vraiment mis feu à toute la forêt pour nous trouver…Cette lumière, elle était si vive qu’elle me brulait presque les yeux.

Je regardai de tous les côtés mais il n’y avait personne. Peut-être que leur but était simplement de nous faire brûler vifs…

Je fis signe au vieux et à Tomoya qu’il n’y avait pas d’autre danger que le feu.

-Faisons profil bas et sortons au plus vite de cette forêt ; ordonna le vieux en prenant la tête.

Nous le suivîmes sans protester. Que pouvions nous faire d’autre de toute façon ? Derrière moi, j’entendais Tomoya tousser de plus en plus.

Soudain, le vieux nous fit signe de nous arrêter. Au loin, des ombres étranges bougeaient parmi les flammes. Certainement des monstres qui venaient terminer le travail du feu.

Cependant, même si cette fumée ne pouvait pas me tuer, elle m’affaiblissait tout de même bien plus que je ne le pensais. Nous n’étions pas de taille dans notre état.

Le piège était bien pensé. Mettre feu à la forêt pour nous obliger à sortir tout en sachant que nos aptitudes de combats seraient diminuées pour nous achever une bonne fois pour toute…

Mais je n’avais pas peur. Tout cela me semblait normal.

-Nagisa, dégage de là !

Tomoya me tira de mes pensées en me poussant sur le côté. Je dévalai la pense avant de me cogner à un arbre.

J’étais sur le point de protester lorsque je le vis à terre, un énorme monstre derrière lui. Je cherchai le vieux du regard. Il était pris au piège lui aussi avec pas moins de trois monstres. J’étais la seule à être en sécurité.

Je levai ma main pour me remettre debout. Elle tremblait. Tout mon corps dégoulinait de sueur, et pas seulement à cause de la chaleur des flammes. J’avais…peur ?

Mon cœur, il battait la chamade. Ce cœur de pierre était-il vraiment capable de battre aussi rapidement ?

Je voulais aller les aider, mais mon corps refusait de m’obéir. J’étais paralysée par la peur.

Pourquoi, pourquoi ressentais-je cette émotion à ce moment là ? Pourquoi devait-elle m’empêcher de sauver mon frère et le vieux ? Pourquoi me sentais-je si faible tout à coup ?

Un cri déchira les ténèbres. Un seul cri, puis le silence.

Non, non, ce n’était pas Tomoya, ça ne pouvait pas être lui. Je me pris la tête dans les bras et je fermai les yeux. C’en était trop. Je voulais qu’on me laisse tranquille, qu’on me rende mes parents, qu’on me rende mes amis, qu’on me rende mon ancienne vie.

Je ne pouvais pas supporter ce poids.

Incapable, Lamentable, Misérable, Pitoyable, Méprisable, je n’avais pas d’autre mots pour me décrire.

Je restai ainsi dans cette position pendant plusieurs minutes, espérant que, lorsque je rouvrirai les yeux, tout aurait disparu.

Si un ennemi m’avait attaquée à ce moment, il n’aurait sans doute fait qu’une bouchée de moi, renfermée comme je l’étais.

Je sentis tout à coup un liquide poisseux couler à mes pieds. Cette odeur, c’était celle du sang, mais de qui ?

Timidement, j’ouvris les yeux mais j’eus envie de les refermer aussitôt. Un long filet de sang dégoulinait depuis le haut du promontoire. Il n’y avait plus de monstre, seulement le vieux à genoux.

Impossible…

D’un bond, je me relevai et je me précipitai vers lui puis je m’arrêtai brutalement.

A terre, baignant dans le sombre liquide rouge gisait Tomoya, une énorme entaille au milieu de la poitrine.

J’entendais sa respiration saccadée, ses yeux entrouverts regardaient le ciel noir fixement.

Le vieux ne releva même pas la tête à mon arrivée et continua son travail pour empêcher l’effusion de sang.

La peur que je ressentais, elle était différente. Je n’avais pas peur pour ma survie, elle m’importait peu de toute façon. Non, j’avais peur pour Tomoya, j’étais terrifiée, pétrifiée. Je n’osais même pas prononcer un seul mot. Qu’aurais-je pu dire d’intelligent de toute façon ? Je n’étais qu’une petite fille à peine capable de se sauver elle-même. Je ne pouvais que regarder mon frère, impuissante.

Alors que le vieux terminait son bandage, Tomoya tourna la tête vers moi. Son regard me transperça le cœur. Il était difficile de dire s’il me regardait vraiment. Ses yeux étaient vides, sans la moindre étincelle.

-Na…gisa…articula-t-il difficilement.

-Ne fais aucun effort Tomoya, sans quoi tout mon travail serait vain ; lui dit le vieux.

Mon frère continua comme s’il n’avait pas entendu le vieux.

-Tu…es vivante ?

-Oui, tu m’as sauvé Tomoya mais…

-Tant mieux, ma vie…n’aura pas été vaine finalement.

-Tu n’aurais pas du Tomoya…tu n’aurais pas du me sauver, j’aurais pu…

Je ne pus lui révéler mon secret, celui de l’immortalité. Il m’aurait sans doute haïe s’il savait qu’il s’était sacrifié pour rien.

Je me tournai vers le vieux, mais il s’était remis à panser la plaie qui recommençait à saigner. Mon frère tressaillit une dernière fois, puis ses yeux s’éteignirent, définitivement.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée sur son corps froid et sans vie à pleurer, à me lamenter, à maudire ce Gariatron. Il m’avait vraiment tout pris. Mes parents, mon frère et même mes émotions. La joie, la chaleur, l’amour, l’amitié, ces mots n’étaient que de vagues illusions derrière cette immensité noire qui m’entourait. La mort, le désespoir et la tristesse étaient mes derniers compagnons.

Je ne pouvais pas mourir à cause de Garunix, mais je n’arrivais plus à vivre non plus les jours qui suivirent. J’étais comme dans un coma, entre la vie et la mort, entre le désespoir et la folie. Le vieux continuait d’avancer, toujours plus loin, sans jamais s’arrêter et moi, je le suivais, sans même savoir pourquoi.

Je ne compte même plus le nombre de fois où nous nous sommes arrêtés à cause de moi.

Les attaques avaient cessées depuis la mort de Tomoya…ou bien alors je ne les remarquai même plus.

Après un temps qui me sembla une éternité, le vieux décida enfin de sortir de la forêt et je me retrouvai face à un paysage qui m’aurait fait rêvé quelques semaines plus tôt mais qui me laissait de marbre à présent.

-Nous y sommes Nagisa, notre périple touche enfin à son terme…



Fukuhara Nagisa: Aube



Spoiler :


Devant nous s’étendait une grande vallée sombre. Au loin je pouvais entrevoir la mer noire se confondant avec le ciel, uniquement illuminée par les lumières de la ville qui la bordait. C’était la première fois que je voyais la mer en vrai et pourtant, cela ne me faisait rien, pas le moindre picotement d’excitation. Je ne voyais qu’une grande étendue d’eau salée, noire et froide.

Papa, tu avais promis d’être avec moi lorsque je découvrirai l’océan pour la première fois, alors pourquoi n’avais-tu pas tenu ta promesse ?

Le vieux me prit par la main et commença à descendre dans la plaine. Bientôt, le sol terreux de la forêt fut remplacé par le bitume. Je n’avais plus l’habitude de marcher sur un sol dur après tant de temps passé dans la forêt, si bien que je trébuchais à chaque pas.

Maman, tu m’as toujours supportée lorsque j’allais mal, alors pourquoi ne me supportais-tu pas à ce moment la ?

Tout autour de nous la végétation était comme morte. Toutes les fleurs avaient fané, l’herbe était quasi inexistante, même les arbres avaient perdu toutes leur feuilles. Il n’y avait plus aucune vie dans ce paysage baigné par l’ombre depuis plusieurs semaines.

Tout le long de la route, des voitures, des vélos, des tracteurs et même des chaussures s’entassaient comme si tout le monde avait du partir précipitamment. Les hommes de Gariatron devaient être passés par ici également, pensai-je. Et pourtant, ici ils n’avaient pas détruit la ville, les lumières au loin en témoignaient.

Sunohara, tu voulais protéger ce qui t’était cher, avais-tu fini par réussir à rejoindre la ville finalement ? Alors pourquoi n’es-tu pas resté avec nous ?

Nous passâmes devant de nombreuses maisons abandonnées, il n’y avait pas un seul bruit autour de nous. Il en fut de même lorsque nous pénétrâmes dans la ville. Même si toutes les rues étaient éclairées par les lampadaires, il n’y avait personne. Les volets étaient clos, les portes solidement fermées et les lumières des appartements éteintes.

Nous passâmes ensuite devant une grande bâtisse qui semblait à l’abandon depuis plusieurs années. Elle était vraiment imposante et un aigle d’or fermait le portail.

Mon oncle habitait un peu plus loin, plus près de la mer. Mais était-il resté dans cette ville ? Et qu’allions-nous lui dire en arrivant ?

Tomoya, tu aurais trouvé les mots justes, tu aurais su expliquer la situation, alors pourquoi m’avoir laissée seule au dernier moment ?

Nous passâmes devant un parc, abandonné également. Des pelles et des seaux gisaient encore dans le sable tandis que les bancs étaient envahis par la poussière.

Nous continuâmes notre chemin dans le silence le plus total et nous arrivâmes enfin sur la plage. Le sable sous mes pieds était aussi fin que des grains de sel. J’entendais un doux clapotis devant moi, une sorte de berceuse, le bruit de l’eau qui arrive et qui se retire.

Le vieux s’arrêta soudainement et fit face à la vaste étendue d’eau noire.

-La mer, impassible à ce qui l’entoure. Le monde tel que nous le connaissons pourrait bien s’écrouler, elle continuerait à monter et descendre comme si de rien n’était, comme elle l’a toujours fait et comme elle le fera toujours. Elle peut être déchainée ou bien calme comme aujourd’hui.

Il se tourna alors vers moi et prit un regard plus sévère.

-Ecoute moi bien Nagisa, penses-tu que les épreuves que tu as traversées ont durci ton cœur ?

-Je ne sais pas, je ne suis plus sûre de rien…

-Moi, je suis sûr d’une chose Nagisa. Ton cœur est comme cette mer. Il peut se geler mais viendra un jour ou il recommencera à battre comme avant.

-J’aimerais en être aussi sûre que vous.

-Je peux te l’assurer car…

Il ne termina pas sa phrase. Au loin, le bruit d’une explosion retentit et fut immédiatement suivi d’un intense flash lumineux qui nous aveugla. Je me couvris les yeux le temps qu’il se dissipe, mais lorsque je les rouvris, je crus avoir été transportée dans un autre monde.

Le ciel…il n’était plus noir ! Ces tâches scintillantes au loin…les étoiles ? Je pouvais voir les étoiles ? Et ce cercle blanc dans le ciel…impossible, la lune ? La lune était réapparue ? Mais comment ? Rien de tout cela n’était plus visible depuis la résurrection de Gariatron !

Je cherchai des réponses auprès du vieux mais il semblait aussi surpris que moi.

Je ressentis comme un frisson sur ma peau. Le vent. Le vent s’était levé lui aussi et son sifflement se confondait presque avec celui des vagues sur lesquelles des milliers de lumières se reflétaient, le tout dans un paysage de conte de fée. Et pourtant, il manquait bien trop d’éléments à ce tableau pour toucher mon cœur figé.

C’est alors que du ciel tombèrent de petites particules brillantes, comme de la neige, mais impalpables, disparaissant au toucher.

-Le voile de ténèbres s’est déchiré ; murmura le vieux. Mais…ce n’était que le début, le phénix n’a pas encore rempli sa mission. Même si nous allons certainement être tranquilles quelques temps, il ne faut pas nous reposer sur nos lauriers.

Je lui lançai un regard interrogateur et me répondit simplement en récitant ces vers :

-Le vingt-cinquième jour de la vingt-cinquième année après la plus grande menace de l’histoire, le tonnerre gris prendra à nouveau son envol dans un ciel sans étoile. Les quatre grands, méditant leur vengeance depuis une éternité sortiront de l’ombre dans laquelle ils s’étaient réfugiés. Les ténèbres et la lumière se feront face à nouveau, et seul le médiateur pourra les arrêter dans leur combat. Le ciel, la terre, les gardiens et la galaxie s’uniront une nouvelle fois autour de l’être parfait pour mener leur ultime bataille.

Je tressaillis. Ces vers faisaient froid dans le dos. Mais alors tout ce que nous avions enduré n’était donc qu’un avant gout ? Une bataille encore plus terrible se préparait-elle ? Une bataille causant encore plus de larmes et de tristesse ?

Je reportai mon regard sur cette mer d’huile. Je ne pouvais pas faire face, je ne pouvais pas supporter une autre guerre comme celle-là.

Le seul moyen pour moi de garder un minimum de raison était de couper les ponts avec tout le monde, ne pas me faire d’ami, être seule dans mon coin, pour n’avoir besoin de pleurer personne lorsque la guerre recommencerait. C’était ma décision. Si j’étais condamnée à vivre, je devais en payer le prix.

Tandis que nous tournions le dos à l’immensité bleue, je sentis dans mon dos une douce chaleur me caressant et les habitations autour de nous commencèrent à se colorer.

Le soleil. Enfin il se levait. Après trois semaines d’ombre perpétuelle, il éclairait à nouveau ce monde de sa lumière protectrice éloignant les ténèbres, de sa lumière chaude source de vie, de sa lumière divine, illuminant la terre.

Cependant, je ne me retournai pas pour l’admirer. Je n’en étais pas digne. Ce lever de soleil, j’aurais du le contempler avec toute ma famille, le voir seule aurait été une insulte envers eux.

Oui, pour moi ce monde est toujours plongé dans l’obscurité. Mon monde ne connaît le soleil que par des images très lointaines qui ne peuvent m’atteindre. Dans mon monde, je suis seule, immortelle et triste. Dans mon monde d’ombre il n’y a que les cendres de mes souvenirs se consumant lentement. Dans mon monde, le temps s’écoule au rythme des battements de mon cœur figé.

Lorsque nous traversâmes la grande rue de la ville, nous vîmes quelques têtes pointer timidement le nez dehors. Tout le monde semblait surpris du retour soudain de l’astre du jour. Puis vinrent les chants des oiseaux comme annonçant un nouveau printemps. Le monde sortait de son hibernation polaire de trois semaines.

Pourquoi Papa, Maman, Tomoya et Sunohara n’étaient-ils pas là pour voir ce spectacle avec moi ? Pourquoi étais-je la seule à avoir survécu ? Qu’avais-je de plus qu’eux ? Ces questions me torturant l’esprit revenaient sans cesse en boucle dans mon esprit.

Enfin, nous arrivâmes à notre destination finale : la maison de mon oncle, le frère de mon père. Mais, que venions-nous faire ici exactement ? Nous devions lui demander de l’aide pour combattre Gariatron, mais maintenant que la menace s’était éloignée, qu’allions nous lui dire ?

Au moment où je le vieux sonna à la porte, je voulus m’enfuir, retourner dans mon village, même s’il n’en restait plus rien. Je préférai encore vivre dans l’illusion du passé que d’affronter le frère de mon père…

Nous attendîmes une minute, puis deux, mais personne ne vint ouvrir. La porte et les fenêtres étaient solidement barricadées, comme partout dans cette ville.

Pendant un instant, j’eus l’espoir que mon oncle ne viendrait pas nous ouvrir et que nous pourrions retourner chez nous, mais cet espoir fut immédiatement anéanti par une pensée plus sombre : la pensée que mon oncle n’était plus de ce monde lui non plus…

Soudain, une voix nous parvint de l’autre côté :

-Je ne sais pas ce que vous voulez ni qui vous êtes, mais passez votre chemin, je n’ai rien à vous offrir, ni cachette, ni nourriture, ni quoique ce soit !

-Monsieur Fukuhara, nous venons de la part de votre frère et…

-Qu’est ce qui me prouve que vous dîtes la vérité ?

Le vieux se tourna vers moi et me demanda de parler à mon oncle mais je ne pouvais pas prononcer un mot. Je sentais que, si j’ouvrais la bouche pour parler de mon père, je ne pourrais pas contrôler ma tristesse.

-Nagisa, je t’en prie, pense à ton père, il ne voudrait pas te voir dans cet état.

-Je sais bien, mais je ne peux rien faire, je suis inutile, je…je…

-Une minute…Cette voix…dit l’homme derrière la porte. Nagisa, est-ce que c’est toi ?

J’entendis le bruit de verrous que l’on débloque et une seconde plus tard, mon oncle apparut sur le pas de sa porte.

Il était la réplique presque exacte de mon père, seule la couleur de ses yeux différait ainsi que sa taille, il était légèrement plus petit. Lorsqu’il vit le soleil briller dans le ciel, son regard s’illumina.

Sa vue provoqua chez moi une crise de larmes incontrôlable qui attira toute l’attention sur nous, mais je m’en fichais. Même s’il ressemblait à mon père, ce n’était pas lui, toute ma famille était morte et personne ne pourrait jamais la remplacer !

Le vieux essaya de me consoler mais il ne fit qu’empirer les choses et abandonna.

Nous rentrâmes à l’intérieur et il expliqua à mon oncle la situation, raconta tous les événements des dernières semaines ainsi que la mission que nous avions.

Il ne saisit pas tout mais comprit ce que je ressentais à ce moment là et cacha tant bien que mal sa tristesse pour tenter de me consoler. Mais je ne voulais pas de sa pitié. Je ne désirais qu’une seule chose, une chose impossible malheureusement, et tout le reste m’était indifférent.

Oui, je n’étais plus qu’une coquille vide ne pouvant pas être remplie sur cette terre. Même si mon corps vivait encore et toujours, mon esprit avait péri trois fois déjà et s’apprêtait à périr encore.

Dans la chambre que mon oncle m’avait prêtée ce jour-là pour que je me repose après notre voyage, je regardai les murs blancs avec un regard vide.

-Pourquoi…suis-je encore ici ?…


Nous restâmes, le vieux et moi, encore quelques jours chez mon oncle. Même si nous n’avions rien pour nous et qu’il n’était pas très riche, ce dernier faisait de son mieux pour nous recevoir dans les meilleures conditions possibles.

Dans la chambre que j’occupais, il n’y avait pas grand chose, excepté des vieux livres, une table de chevet, un lit, une lampe et un bureau et une chaise. Elle n’était pas bien grande non plus mais tout cela m’était égal. Je n’avais que faire du luxe à présent, même une cellule de prison m’aurait convenu je pense. Le vide à l’intérieur de moi ne pouvait être comblé par des bien matériels…

De nombreuses fois, le vieux tenta de me remonter le moral avec l’aide de mon oncle, me fit voir la mer, visiter la ville, aller au parc, mais rien de tout ça n’était suffisant.

Je voyais leur inquiétude mais je ne pouvais rien faire, ni pour les rassurer, ni pour me redonner gout à la vie.

Dans la ville, je voyais la vie reprendre peu à peu le dessus. Nous étions presque en été et pourtant des bourgeons commençaient à fleurir sur les arbres. Les oiseaux chantaient, le soleil se levait, se couchait puis la lune prenait sa place avant de disparaître à son tour, tout ça dans un cercle sans fin.

Les habitants reconstruisaient les habitations abandonnées, rassuraient leurs voisins dubitatifs et s’aidaient tous. Combien de temps cette utopie allait-elle encore durer ? Combien de tems fallait-il à la prophétie pour se réaliser et briser ce cycle si parfait, si monotone ?

Les vacances d’été arrivèrent mais ni mon oncle ni le vieux ne proposa de partir. Je passais donc ces jours d’aout sur la place, à regarder au loin, au milieu d’une foule d’inconnus profitant du soleil, seule, dans l’ombre des parasols, invisible aux yeux du monde, morte parmi les vivants.

Cette Immensité bleue fut ma seule compagne pendant un mois entier et enfin vint la rentrée des classes. Même si je n’avais aucune envie de fréquenter d’autres personnes, mon oncle m’y obligea, soutenu par le vieux. Et c’est ainsi que je me retrouvai en seconde dans ce lycée qui changea rapidement le cours de ma vie.

Tous les élèves étaient plutôt distants, et pour cause, ce lycée avait été assiégé pendant la guerre, la confiance était difficile après cela. Je m’accommodais très bien avec la situation, en profitant pour ne parler à personne non plus.

C’est alors qu’un jour le vieux me proposa de monter mon propre club.

-Un club ? Et pourquoi ? Protestai-je.

-Tes professeurs sont inquiets. Ils pensent que tu n’arrives pas à te réintégrer après la guerre, alors ils ont proposé ça.

-C’est hors de question, ces idiots ne pourraient jamais comprendre ce que j’ai vécu, ils me prendraient pour une folle et je n’ai pas besoin d’eux !

-Je suis désolé, mais c’est ça ou bien ils te donneront un « ange gardien » comme ils disent, à toi de voir ; dit-il en haussant les épaules.

-Tsss, va pour le club, mais je vais créer un club dans lequel je suis sûr que personne ne viendra.

-C’est à dire ?

-Le club du jeu qui a bien failli détruire le monde, le club de duel de monstres, le club interdit par le conseil des étudiants. Personne n’acceptera de le rejoindre et je serai tranquille.

C’était ce que je croyais réellement mais je me trompais. Mon oncle travailla nuit et jour pour créer des affiches. Il y en avait des centaines. Je lui dis que ce n’était pas la peine mais il insista pour que je les prenne toutes.

Le lendemain, en arrivant au lycée, j’avais un énorme sac rempli d’affiche. Je devais avoir l’air ridicule mais je me fichais bien de mon apparence.

Durant la pause de midi, alors que j’allais commencer à les coller, je surpris une conversation un peu plus loin. Mais ce n’était pas une conversation ordinaire.

-Gariatron, le démon originel des ténèbres, le mal incarné ! Tu ne sais vraiment rien du tout ?

Intriguée, je me rapprochai furtivement pour écouter de plus près. Ce n’était pas tous les jours que quelqu’un évoquait le démon.

Le garçon qui parlait était assez grand, aux cheveux noirs comme l’ébène tandis que la fille, plus petite, était blonde avec une queue de cheval et aux yeux bleus.

-Vraiment rien. Mais tu vas pouvoir me raconter tout ça hein ?

-Je n’ai pas le choix on dirait…Hélios n’agissait pas de sa propre volonté, il partageait en fait l’esprit du démon originel Gariatron depuis plus de cinq mille ans. Son but était de détruire l’humanité pour se venger des dieux. Mais heureusement, Drago l’a vaincu avec l’aide d’Osiris et a pu libérer Hélios de son emprise.

Je fis un pas en arrière. Non, c’était impossible. Cette personne devant moi…non seulement elle connaissait le nom du démon mais en plus savait comment il avait été vaincu…mais qui était-il ?

En reculant, je me pris les pieds dans une branche et je tombai en poussant un cri de surprise. Un instant plus tard, les deux personnes étaient là.

-Tout va bien, rien de cassé ? Me demanda la fille.

-Je ne crois pas…

Je remarquai alors que je n’avais plus l’énorme sac et que tous les prospectus s’étaient éparpillés un peu partout et je poussai un autre cri de surprise et de frustration.

-Oh non, mes prospectus…

-Que s’est-il passé ? Demanda le jeune garçon. On t’a attaquée ? Tu t’es fait menacée par un bandit ?

-Non, je me baladais tranquillement pour aller coller ces affiches, quand soudain, je me suis pris les pieds dans cette racine et je suis tombée ; mentis-je pour ne pas dire que je les écoutais.

-Ce n’est que ça ; dit la fille blonde visiblement soulagée. Laisse-nous t’aider dans ce cas.

Elle se mit à genou pour ramasser mes affiches et écarquilla les yeux lorsqu’elle vit de quoi il s’agissait.

-Un club de duel de monstre ? Demanda-t-elle abasourdie.

-Oui, c’est exact, j’ai toujours rêvé d’en faire partie…Cependant, le club a été fermé l’année dernière à cause des catastrophes engendrées par le dragon…

Ce n’était pas terrible comme mensonge, mais je ne pouvais pas leur dire que j’étais obligée de créer un club…

-Et tu voudrais faire en sorte qu’il soit de nouveau en activité ? Demanda le garçon.

-Oui… Je n’ai jamais su me battre en duel, mais je pense que faire partie du club me permettra de m’améliorer… Donc je fais de mon mieux pour progresser dans mon coin en attendant.

Encore un mensonge, jamais je ne m’entrainais, je ne voulais même pas entendre parler de ce jeu. Le vieux aurait très bien pu m’apprendre si je lui avais demandé.

-Eh bien, tu peux déjà compter deux membres dans ton club ! Affirma la fille.

-A…Attends, tu pourrais me demander mon avis avant au moins ! Rétorqua l’autre.

-Pourquoi ? Tu ne veux pas ?

-Si, simplement, je n’aime pas trop qu’on parle à ma place ; marmonna-t-il.

Je ne sais pas comment, mais leur dispute m’arracha un sourire puis je me mis à rire. Pour la première fois depuis le début de la guerre, je riais, sans pouvoir m’arrêter qui plus est. Pourquoi riais-je ? Je ne le sais même pas…

-Au fait, nous ne nous sommes même pas présentés : je suis jean Michel Martin, mais appelle moi Darksky, et elle, c’est Yuiko Saya, va savoir pourquoi elle porte un nom japonais…

-J’ai le droit non ? Répliqua-t-elle mécontente.

Ces deux là, ils s’amusaient vraiment d’un rien. Ils se taquinaient, comme un frère et une sœur, comme nous le faisions si souvent avec Tomoya. Peut-être que je voyais en eux mon ancienne vie et que cette illusion me rendait quelques sentiments.

-Vous êtes marrants tous les deux. Je m’appelle Nagisa Fukuhara. C’est étrange comme mélange, mais à ce qu’il parait mon prénom viendrait d’un manga que mon père appréciait beaucoup… Je suis en première année de lycée.

J’hésitai une seconde avant d’ajouter mal à l’aise:

-Ravie…de vous rencontrer.

-Nous également ; répondit joyeusement Saya. Bien, maintenant allons coller ces affiches tu veux ?

J’acquiesçais avec un sourire à peine forcé et nous ramassâmes les affiches.

Que m’arrivait-il à la fin ? Je m’étais jurée de ne jamais me faire d’ami de peur de les perdre, et je faisais exactement le contraire. Même en me répétant qu’il fallait que je m’en aille, mes jambes ne voulaient pas bouger, je n’arrivais pas à quitter ces deux amis qui possédaient une telle joie de vivre. Plus je les observais, plus mon cœur se serrait, et plus je voulais me rapprocher d’eux. Je détestais leur attitude me rappelant trop mon ancienne vie, mais je voulais également pouvoir partager ce qu’il vivant : la joie, les rires, les disputes sans intérêt, je voulais retrouver cela.

Je mis plus de cœur à la tache pour ramasser toutes les affiches. Je voulais à présent réellement créer ce club pour partager plus de moments comme ceux-là avec Darksky et Saya, je voulais qu’ils me sortent de ma solitude, je voulais qu’ils me redonnent gout à la vie, qu’ils me montrent le vrai soleil.

Lorsque nous nous séparâmes après avoir collé toutes les affiches, un grand vide se fit en moi…non, c’était le même vide que d’habitude, mais je le ressentais cette fois-ci. Oui, j’en étais persuadée à présent, ce club était ma seule issue pour échapper à la solitude, pour faire battre à nouveau mon cœur gelé. C’est pourquoi le lendemain fut comme un coup de poignard.

En arrivant au lycée, une foule d’élèves s’étaient rassemblés autour de l’un de mes affiches. Intriguée, j’essayai de me frayer un passage mais ils s’écartèrent tous gêné. Sans comprendre, je reportais mon regard sur le bout de papier et je crus que j’allais m’évanouir.

Sur l’affiche, une énorme inscription avait été marquée : refusé par le conseil des étudiants.

Je m’effondrai sur le sol. Mon rêve, mon seul rêve depuis la fin de la guerre, venait d’être anéanti en une seule nuit. Voilà que mon propre plan se retournait contre moi. Je voulais que personne ne rejoigne le club, je ne voulais même pas de club, et mon souhait avait été exhaussé…

Pourquoi…Pourquoi chacun de mes rêves devait-il être brisé en un instant ? Etait-ce de ma faute finalement ? Etait-ce moi qui brisais mes propres rêves ?

Des larmes commencèrent à couler sur mon visage. Mais j’avais l’habitude depuis le temps et je n’essayai même pas de les essuyer ni de les retenir.

Darksky arriva et se précipita pour me demander ce qu’il se passait. Pour toute réponse, je pointai le mur, incapable d’en dire plus.

Darksky fit les yeux ronds et se précipita à l’étage supérieur. Je voulus le suivre en tant que fondatrice du club et surtout parce que je voulais voir ce qu’il comptait faire, mais une fille brune me retint par le bras. Elle devait avoir le même âge que Darksky et Saya et me fixait de son regard vert glacé.

-Qu’est-ce que ? Bégayai-je surprise.

-Laisse Darksky s’en charger ; me répondit-elle en secouant la tête.

-Mais, c’est mon club, je devrais…

-Je peux t’assurer qu’il sait ce qu’il fait. Laisse le faire, il va réussir, j’en suis certaine, il n’a pas vaincu un démon simplement par chance.

Je stoppais mon mouvement immédiatement, abasourdie. Alors j’avais bien vu, il avait vraiment combattu le monstre qui m’avait tout pris l’année passée.

-Il…a vraiment fait ça ? Demandai-je une nouvelle fois afin d’être sûre que la jeune fille ne blaguait pas.

Elle me répondit encore une fois la même chose puis me raconta comment lui, un garçon du nom du Drago et une certaine Angéla avaient mis fin aux ambitions de Gariatron. Elle me révéla également qu’elle avait œuvré pour le démon avant que Darksky ne la remette sur le droit chemin.

A ce moment là, mon cœur s’accéléra. J’avais devant moi l’une des personnes qui avait peut-être tué mon père, ma mère ou Tomoya. Que devais-je faire ?

Je chassai cette pensée de mon esprit et retentai de rejoindre Darksky mais la jeune fille me tenait toujours par le bras.

-Je te dis que ce n’est pas la peine, il saura gérer cette situation tout seul !

Cependant, au moment ou l’intéressé revenait, elle me lâcha brusquement et, prise dans mon élan, je le percutai de plein fouet et nous tombâmes à la renverse.

-Jean…Darksky, je suis désolée, je ne voulais pas…Bégayai-je incapable d’aligner plus de trois mots.

-Il n’y a pas de problème ; répondit-il en souriant.

Juste après, il m’annonça que le club allait finalement pouvoir se créer et que nous avions même un membre de plus que prévu. Je ressentis comme une chaleur dans la poitrine. De la joie ? Oui, c’était bien cela, une vraie joie me submergea quand il prononça ces mots et je ne pus m’empêcher de sauter dans ses bras.

Alors finalement, au moins une chose que j’entreprenais semblait fonctionner. Pour la première fois depuis la guerre, je me sentais revivre, prête à faire n’importe quoi pour que le club soit un succès. Peut-être que l’horizon se dégageait enfin pour moi…du moins, je l’espérais…

Notre première réunion fut pour le moins mouvementée. Tandis que je cherchais une raison pour avoir recréé le club lors du discours d’ouverture autre que « forcée de le faire par le conseil des étudiants », je rencontrai également notre quatrième membre : Hikari Miyako, une troisième année qui n’était pas des plus amicales…

Néanmoins, je m’habituai assez rapidement à cette ambiance et, même si j’étais toujours un peu sceptique au début, je finis par réussir à gommer toutes mes réticences et à profiter pleinement des moments que nous passions ensembles.

Aucun jour n’était identique au précédent, chaque duel que nous livrions était unique, Miyako avait de l’expérience, Saya animait par son humour et Darksky tentait de calmer le jeu quand elles s’énervaient un peu trop. Puis la jeune fille brune du nom de Laura vint nous rejoindre, animant un peu plus mes journées.

Certes, il y avait parfois des moments difficiles, surtout pour Miyako, tourmentée par son vécu de la guerre, mais nous arrivions à les résoudre ensemble.

Yume-Nikki, tel était le nom du club à présent, en hommage à ce que Miyako avait fait pour protéger ses camarades. Je vivais jusque là comme dans un rêve, ne repensant même plus au passé. Mon cœur semblait battre à nouveau dans ma poitrine, mes émotions étaient revenues, tout allait pour le mieux, comme si la présence de Darksky, Saya, Miyako et Laura comblait le vide laissé par ma famille.

Cependant, tout bascula à nouveau le jour où le vieux m’annonça son départ de la maison de mon oncle, me laissant à nouveau seule…


Son annonce était si soudaine que je mis plusieurs secondes à comprendre qu’il allait réellement me laisser seule. Je ne trouvai rien d’autre à répondre que de baisser les yeux, sans dire un seul mot.

-Ecoute Nagisa, je dois…

Non, je n’écoutais pas, je ne voulais pas connaître ses raisons. Tout ce que je voyais, c’est qu’il partait. Pour aller où ? Peu m’importait. Pour faire quoi ? Il dut sûrement le dit mais je ne l’entendis pas. Il était tout ce qui me restait de mon ancienne vie, le dernier souvenir visible de ma famille, la dernière personne avec qui je pouvais me lamenter sur les blessures de la guerre.

C’était comme si le vide comblé par le club de duel s’agrandissait à nouveau. Les choses autour de moi perdirent immédiatement leur couleur, le soleil devint froid et le vent glacial. Je sentais au fond de moi mon cœur se serrer avant de geler à nouveau.

Je n’avais même pas la force de le retenir. S’il partait, c’était certainement à cause de moi, j’en étais persuadée. Il ne pouvait plus endurer le poids que je représentais pour lui…

Son départ marqua la fin du club de duel pour moi. Mon cœur avait gelé mais cela se propageait également à ma volonté à présent qu’il n’y avait plus personne pour m’entrainer vers l’avant.

Je n’allais plus au lycée, je ne descendais plus prendre les repas avec mon oncle, je ne prenais plus soin de moi, je ne me levais même plus, les jours étaient comme les nuits, exactement comme durant la guerre… Je restais simplement dans mon lit, à contempler le plafond, attendant une mort qui ne viendrait jamais.

Mon oncle essaya bien des méthodes pour me sortir de mon coma éveillé mais rien n’y fit. Il ne comprenait visiblement pas à quel point j’étais détruite, il ne comprenait pas qu’il avait en face de lui un corps sans âme, l’ombre de celle qui était autrefois sa nièce.

Un jour, mon oncle vint m’annoncer la visite de Darksky et Laura, mais je ne voulais pas les voir. Ils ne pouvaient plus rien m’apporter désormais. Je voulais rester seule avec mes souvenirs, je n’avais besoin de personne si tout le monde m’abandonnait. Je fis donc semblant de ne rien entendre et je ne répondis rien.

Du moins, je pensais n’avoir besoin de personne, mais savoir qu’ils étaient venus me voir réchauffa légèrement mon cœur gelé, une étincelle dans un désert de glace. Mais cette étincelle fut suffisante pour me redonner un peu de force et descendre au rez-de-chaussée.

Je passai toute la journée à regarder la télévision…non, devant la télévision sans même la regarder, pensant à plein de choses en même temps : la guerre, la solitude, le club, Miyako, papa, maman, Tomoya, Sunohara, le vieux, Darksky, Laura, Saya, mon oncle…

Tout s’emmêlait dans ma tête et je ne pouvais avoir une seule pensée claire. Je voyais Darksky se faire tuer par un monstre durant la guerre, Tomoya et Sunohara au club de duel, mes parents me réconfortant chez mon oncle…Je devais vraiment devenir folle…

Soudain, je vis sur l’écran de la télévision le reflet de Darksky, Saya et Laura et mon cœur se serra à nouveau. Je les avais déjà rejetés une fois, que venaient-il faire ici à présent ?

Un silence de mort s’installa entre nous lorsque mon oncle nous laissa. Je n’avais rien à leur dire et ils attendaient visiblement que je m’explique. Une minute passa, puis deux, mais personne ne prit la parole. Je fermai les yeux, espérant que, lorsque je les rouvrirai, ils seraient partis, mais Laura finit par prononcer quelques mots :

-C’est nous ; dit-elle d’une voix tendre. Nous sommes venus…

-Je sais très bien ce que vous êtes venus faire ici ; répondis-je d’une voix cassée ; mais je vais très bien, merci, vous pouvez repartir d’où vous venez.

-Allons Nagisa, tout le monde s’inquiète pour toi ! Continua Saya. Tu ne donnes plus aucun signe de vie, tu ne peux pas abandonner le club comme ça !

J’appuyais sur la télécommande pour éteindre la télévision et je me levai du fauteuil avant de leur faire face. Devant leurs regards surpris, je compris que mon apparence devait être plus que négligée mais je n’en tins aucun compte.

Eux au contraire, étaient fidèles à eux même : uniforme du lycée, coiffures impeccables, le teint clair, tout le contraire de l’ombre que j’étais.

-Que t’arrive-t-il Nagisa ? Demanda Darksky en hésitant.

-Il ne m’arrive rien, je suis simplement moi-même ; leur avouai-je.

-Qu’est-ce que tu racontes ? Tu n’es pas comme ça Nagisa ; reprit Laura.

-Que connaissez-vous de moi ? Pourquoi la Nagisa que vous connaissez serait la vraie Nagisa ? Je suis certaine que vous ne saviez même pas que je vivais chez mon oncle avant de venir ici.

-Parce que tu ne nous l’as jamais dit ! Protesta Saya.

-Parce que cela ne regarde que moi, et de toute façon, qui s’intéresserait à ce qu’une minable comme moi a vécu ?

-Arrête de délirer Nagisa, si tu as des problèmes, tu peux nous en parler, nous sommes tes amis oui ou non ? S’exclama Laura.

Ils se prétendaient vraiment mes amis ? Je n’avais que faire de ces illusions. Si tous mes amis devaient disparaître comme le vieux ou Sunohara, je préférais encore ne plus en avoir.

-Vous voulez vraiment le savoir ? Vous pensez pouvoir me regarder encore de la même façon si je vous dit toute la vérité ?

Mes trois compagnons de club acquiescèrent comme une seule personne. Au fond de moi, je soupirai. Ils étaient bien trop confiants…Mais une partie de moi espérait également qu’ils comprennent et qu’ils continuent à me soutenir.

C’était étrange, deux sentiments paradoxaux luttaient en moi, tentant chacun de prendre le dessus. J’étais tiraillée entre le désir d’exclure tout le monde de ma vie, et celui d’être soutenue par mon club qui m’avait tant apporté ces dernières semaines…

-Je parie tout ce que vous voulez que vous ne pourrez pas tenir cette promesse, mais soit, vous allez enfin connaître Fukuhara Nagisa telle qu’elle est vraiment : une bonne à rien…

-Ne parle pas de toi comme ça Nagisa, tu sais faire énormément de choses ! Répliqua Laura. Tu as récréé le club de duel, ce que peu de gens auraient eu le courage de faire !

-Si Miyako n’avait pas été là, jamais ce club n’aurait pu renaitre… Je ne suis qu’un fardeau partout où je vais, pour mon oncle, pour le club de duel, pour mes parents…

-Tu…

-C’est assez Laura, tant que vous ne connaitrez pas la vérité, vous ne pourrez pas me juger telle que je suis.

Je pris une grande inspiration et je leur dévoilai mon passé, je leur montrai qui j’étais vraiment. Je leur racontai comment je vivais autrefois, avec ma famille, comment nous avions du fuir, comment j’avais perdu mon père, ma mère puis mon frère, tout cela sans aucune émotion. Je ne ressentais rien en leur racontant ce récit, pas la moindre peine, pas le moindre regret, simplement de la lassitude, comme si j’avais déjà raconté cette histoire une centaine de fois.

Lorsque je finis, je les dévisageai un par un, observant leurs réactions, persuadée qu’ils allaient me rejeter.

Laura prit la parole en première.


-Nagisa…Tu dis cela avec tant de détachement…

-Cela fait bien longtemps que j’ai arrêté de pleurer la disparition, cela ne les ramènera pas.

-Je le sais bien, mais comment peux-tu en parler comme si de rien n’était ! C’était ta famille, tu n’as même pas un pincement au cœur en pensant à eux ? En pensant que tu ne les reverras jamais ?

-Je n’ai pas eu le droit de les regretter si je voulais survivre. Je devais avancer, quoiqu’il m’en coutât.

Laura écarquilla les yeux.

-Voilà donc la vraie Nagisa, celle qui a laissé ses proches mourir pour elle, celle qui ne les a jamais remercié d’avoir pu rester en vie grâce au eux, celle qui a perdu jusqu’à son vrai sourire pendant la guerre, celle qui aujourd’hui n’est plus qu’une coquille vide, un corps sans âme, sans beauté, sans émotion. Je ne suis que l’ombre de celle que j’étais autrefois.

Alors que je prononçai ces mots, Laura m’attrapa par le col et me souleva dans les airs. Je ne réagis pas. Comme prévu, elle ne pouvait que me détester autant que je me détestais moi-même.

-Non Nagisa, tu n’as pas le droit de dire cela ! Pas après tout ce que les autres ont donné pour toi ! Tu dis que ta vie n’a plus de sens ? Regarde simplement autour de toi ! Si tu n’étais qu’une ombre parmi d’autres, que ferions-nous ici ?

-Laura, calme toi, je pense qu’elle a ses raisons et que…

-Non Saya, je ne laisserai pas Nagisa se dénigrer ainsi ! Pourquoi penses-tu que tu es encore en vie aujourd’hui ? Tes parents se seraient-ils sacrifiés pour une ombre, seraient-ils morts pour rien ? Tu as le devoir de leur faire honneur, pour que tout ce qu’ils ont fait ne soit pas vain ! Tu n’as pas le droit de salir leur mémoire comme ça, Nagisa !

Nous y étions, au point de non retour, j’allais briser définitivement nos liens, pour ne plus avoir de regret….J’avais mené ma propre enquête après que Laura m’a raconté son histoire et j’avais découvert des choses pour le moins intéressantes.

-Penses-tu être la mieux placée pour me dire ce que je dois faire Laura ? Combien de fois as-tu pensé à ta famille durant ton périple ? Une fois ? Peut-être deux ?

-Co…Comment sais-tu cela ? S’étrangla Laura en lâchant Nagisa et en reculant d’un pas, les yeux ronds.

-Tu dis que je salis la mémoire de mes parents, mais toi Laura, tu ne vaut pas mieux que moi. Nous sommes tous les mêmes depuis la guerre.

Elle serra son point. « Frappe-moi si c’est ce que tu veux, je ne mérite pas mieux, je mériterais même bien pire pour ma lâcheté » ; pensai-je sans pouvoir le dire.

Mais elle ne fit rien et me lâcha avant de tourner les talons et sortir en claquant la porte. Alors comme ça, elle n’osait pas en finir ? Dans ce cas, j’allais faire ce que j’aurais du faire depuis longtemps, j’allais enfin mettre fin à mon châtiment. Il était temps de tester les limites du pouvoir du phénix…

-Tu n’étais pas obligée d’aller aussi loin Nagisa ! Protesta Saya. Nous ne voulons que t’aider !

-Il est inutile de vouloir me sauver, tout est déjà terminé pour moi. Dites à Miyako de prendre ma place, je ne reviendrai plus. C’est maintenant à elle de voir si le club doit mourir avec ma disparition ou non. Ceci est un adieu.

-Très bien, débrouille-toi toute seule si tu ne veux pas de notre aide ! Mais ne viens pas pleurer lorsque tu auras besoin de nous ! Darksky, on y va.

Je regardai ceux que je considérais quelques jours auparavant comme mes amis s’éloigner puis enfin disparaître tandis que je montais à l’étage. Ma décision était prise, j’avais coupé les ponts avec tout le monde, personne ne me regretterait, même le vieux était parti désormais, j’étais vraiment seule…

J’entre dans ma chambre, la verrouille, sors une paire de ciseaux tranchants faute de mieux et m’allonge sur mon lit avant de contempler une dernière fois ce plafond.

-Alors Phénix, penses-tu pouvoir me retenir prisonnière encore longtemps ?…





Fukuhara Nagisa, Epilogue : Soleil Levant



Spoiler :


Papa, Maman, Tomoya, est-ce que vous m’entendez de là-haut ? Je sais que ça fait longtemps que je ne suis pas venue à vous, mais j’ai été très occupée ces derniers temps. J’ai fait ce que vous m’avez suggéré, j’ai essayé d’aller de l’avant, de m’installer et de vivre une vie tranquille, loin des troubles de la guerre. La paix est revenue à présent, le démon a été vaincu, le soleil brille à nouveau dans le ciel. Les plaies de la guerre sont en train de cicatriser, lentement, mais sûrement.

J’ai un peu de mal à m’intégrer dans ma nouvelle école, il faut dire que tous ces élèves ont vécu de sacrées aventures également, mais j’ai décidé de réaliser mes rêves. Durant la guerre, j’ai été un fardeau pour vous tous, alors maintenant, je vais me prendre en charge, je veux pouvoir me défendre seule, je ne veux plus devoir me reposer sans cesse sur les autres, c’est pourquoi, j’ai créé un club de duel, pour lutter à armes égales avec nos ennemis s’ils revenaient. Ca n’a pas été facile, j’ai failli abandonner plusieurs fois, mais certaines personnes m’ont encouragé à continuer, et maintenant, je m’entraine dur pour vous égaler dans ce monde en paix.

Et vous ? Comment imaginez vous ce nouveau monde ? Pensez-vous qu’il restera en paix ? Je l’espère sincèrement. Ces semaines d’ombres ont été les pires heures de ma vie et de la votre aussi. Je suis sûre que, si vous le pouviez, vous vous effaceriez de ma mémoire afin que je ne souffre plus, que j’oublie les souffrances endurées et j’aimerai aussi que tout cela ne fût qu’un mauvais rêve, mais j’ai décidé d’arrêter de fuir la réalité.

Vous me demanderez certainement ce qui m’a fait changé d’avis ? C’est tout simplement mes amis du club de duel. Lorsque j’étais sur le point de mettre fin à ce que je pensais être mes souffrances, ils m’ont ouvert les yeux, ils m’ont montré que, même si ma vie n’a pas été toujours facile et même si j’ai été un fardeau, si vous n’êtes plus là aujourd’hui, ce n’est pas à cause de moi, mais parce que vous vouliez que je vive, parce que vous saviez que, à travers moi, vous survivriez à la guerre et au démon.

Papa, merci de m’avoir protégée. Le vieux m’a tout raconté, je te dois tout aujourd’hui et si j’étais allée jusqu’au bout, ta mort aurait vraiment été vaine.

Maman, même si tu n’as pas réussi à nous sauver en rejoignant la ville, tu as permis à Tomoya de fuir et nous rejoindre.

Tomoya, si j’ai pu survivre par la suite, c’est grâce à ton soutien, à ta volonté de me protéger. J’aurais tant aimé pouvoir te rendre la pareille.

Sunohara, je ne sais pas où tu es en ce moment, mais sache que tu as été un grand chef, tu as mené tout le village hors de danger puis tu l’as protégé au péril de ta vie. A présent, je ferai comme toi, je protégerai ceux qui me sont cher par ma seule force. Merci de m’avoir montré la voie, j’espère que nous nous reverrons un de ces jours, où que tu sois…


Je relève la tête en contemplant la pierre tombale qui se trouve devant moi. Même si elle n’est que purement symbolique, elle se trouve sur les ruines de notre village, montrant qu’autrefois, il y avait de la vie sur ces terres, que des gens habitaient ici, que nous existions, ma famille et moi.

Lentement, je me relève et j’obverse une nouvelle fois les habitations désolées. Il n’y a vraiment plus rien ici et il n’y aura sans doute jamais plus rien. Mais il en est mieux ainsi. Je ne veux pas qu’on remplace notre village par un autre, je veux qu’on se souvienne qu’ici il y avait des gens qui ont tout perdu lors de la guerre, je veux que personne n’oublie les atrocités dues au démon, et plus que tout, je veux conserver en mémoire notre vie passée.

Le vieux s’approche de moi et me met la main sur l’épaule, l’air désolé. Mais je ne suis pas triste. A présent, j’ai compris, je ne suis pas un poids, je ne suis pas non plus une ombre. La coquille vide que j’étais est maintenant remplie de vie, une vie protégée par le pouvoir du phénix, une vie que je compte bien savourer.

Je lève les yeux au ciel. Le soleil brille fort au milieu de la mer de nuages. Le voile des ténèbres s’est enfin déchiré. Cela a pris du temps, mais il a enfin réussi à décongeler mon cœur de glace qui bat à nouveau dans ma poitrine désormais.

-Nagisa, c’était le moins que je puisse faire pour toi, pour m’excuser de vous avoir tous entrainer dans ces histoires, tout est ma faute…se lamente le vieux.

-Vous n’avez pas à vous excuser, nous sommes fautifs également de vous avoir suivi, donc nous sommes quittes. Mais c’est à moi de vous remercier pour votre geste. Grace à vous, personne n’oubliera ce qu’il s’est passé ici. Mes parents doivent être heureux à l’heure qu’il est ; je réponds en regardant la pierre tombale.

-Adieu Sanae, Akio, Tomoya, vous allez nous manquer. Je vous jure de veiller sur Nagisa à partir de maintenant. Ne vous inquiétez pas, il ne lui arrivera rien. Je ferai en sorte de perpétuer votre dernier souhait.

-Adieu, papa, maman, Tomoya…je termine en versant quelques larmes.

Le vent souffle, m’arrachant ces larmes et les emportant au loin. Je les regarde s’envoler, comme des cristaux, brillant sous les rayons du soleil et je souris.

Soudain, mon oncle nous appelle. C’est déjà l’heure de rentrer ?

Je regarde une dernière fois les ruines de notre maison avant de tourner les talons et de me diriger vers la voiture avec le vieux. Nous entamons à nouveau notre voyage vers le nord, mais cette fois-ci, nous savons ce qui nous attend au bout, nous savons que nous serons encore tous les trois à la fin, nous savons que de nombreuses personnes attendent notre retour avec impatience.

Je monte dans la voiture, mon oncle démarre et je vois le village rapetisser lentement à travers les vitres.

La route est calme, lumineuse, nous parlons joyeusement de tout et de rien avec mon oncle et le vieux, rien à voir avec notre périple dans l’ombre, le silence et la peur.

Au dehors, les séquelles de la guerre sont maintenant presque imperceptibles. Personne n’aurait cru que, quelques mois auparavant, la route était déserte et pleine de fissures et de trous.

Le trajet ne dure que quelques heures et nous voilà déjà de retour dans la ville de mon oncle. Tout semble si différent par rapport à la fois où nous sommes entrés avec le vieux. Les rues sont bondées, les magasins remplis de monde et la mer scintille au loin sous le soleil couchant.

La voiture s’arrête devant la maison. Je descends et je vois mes amis du club de duel qui m’attendent, même Miyako est là.

A ma vue, ils cessent de se chamailler et se précipite à ma rencontre, l’air joyeux.

-Bon retour parmi nous Nagisa ; déclare Laura avec un grand sourire.

-La présidente fait son grand come-back, le club va pouvoir reprendre les affaires pour le tournoi inter-école dans un mois ! S’exclame Saya en me serrant dans ses bras.

-Vous en faites bien trop ; soupire Miyako avant d’ajouter : mais contente de voir que tu vas bien quand même.

-Alors quelle est la vraie Nagisa finalement ? Celle que nous connaissons ou bien l’ombre d’hier ? Me demande Darksky. Personnellement, je préfère celle que nous connaissons…

Je ris à sa blague même si ce n’en était pas une. Il a sa réponse. La vraie Nagisa vient de renaitre une nouvelle fois et renaitra autant de fois que nécessaire.

Papa, Maman, Tomoya, vous verrez, vous serrez fiers de moi, vous verrez que vous avez eu raison de me sauver, vous verrez que je saurai faire honneur à votre mémoire.

-Je suis rentrée ; je déclare en réponse à tous mes amis avant de leur sourire à mon tour.





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le bon temps…

heart earth
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[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

Chapitre 15 : Athéna



Spoiler :


J’arrivai essoufflée dans un parc que je ne connaissais que trop bien. Il s’agissait du parc où nous nous amusions, Aymeric, Ambre, Maya et moi lorsque nous étions petits. Il n’y avait qu’un bac à sable, un toboggan, quelques balançoires et des bancs, mais c’était notre lieu de rendez-vous après les cours ou le week-end, notre base secrète où nous pouvions faire ce que nous voulions.

Un jeune garçon s’approcha de moi mais je n’arrivais pas à distinguer son visage, comme s’il était caché par une sorte de brume opaque. Il en allait de même pour les deux filles qui l’accompagnaient. Cependant, je savais pertinemment qui se tenait en face de moi.

-Angela, tu es encore en retard, ça fait bientôt une heure que nous t’attendons ! Râla le jeune garçon.

-Désolé Aymeric, j’ai été de corvée de ménage ; m’excusai-je en prenant l’air le plus innocent possible.

-Franchement, tu es irrécupérable Angéla ; soupira Maya en me donnant une tape sur l’épaule.

-Aussi, quelle idée de grimper aux arbres de la cour ; marmonna Ambre.

-Je n’avais pas le choix, il fallait que je récupère cet avion ! Me défendis-je en haussant la voix.

-La prochaine fois, réfléchis-y à deux fois avant de lancer des avions par la fenêtre ; me sermonna Aymeric.

Je grognai un peu avant d’éclater de rire avec mes amis puis nous partîmes vers les toboggans et les balançoires, heureux, insouciants, pensant que les choses seraient éternellement les mêmes…

Je me souvenais de ce jour. Il n’avait rien de particulier. C’était un jour banal comme il y en avait eu tant lorsque j’étais enfant. Aymeric, Maya, Ambre et moi étions inséparables, jusqu’à ce jour, jusqu’à ce qu’Aymeric choisisse de quitter le groupe…

Pourquoi revoyais-je cela maintenant ? Pourquoi devais-je me remémorer cela alors que ce même Aymeric venait de m’écraser avec le pouvoir de Gariatron ? Pourquoi avait-il fallut qu’il parte de son côté ?…

Un mal de crâne insupportable me fit ouvrir les yeux, me faisant revenir à la réalité et au présent par la même occasion. Je me trouvais toujours dans la sombre salle du club de duel de monstres d’Aymeric, pourtant, il n’y avait pas une trace de la présence de ce dernier. Plus étrange encore, j’étais allongée sur l’un des canapés, Ambre, Maya et June sur les trois autres que comptait la pièce. Elles étaient toujours inconscientes…

Prudemment, je me redressai et tentai de m’éclaircir les idées. J’avais perdu contre Aymeric. Pour la première fois, j’avais du m’incliner devant ce raté et ce traitre, qui nous trahissait pour la seconde fois au passage.

Comment cela avait-il pu arriver ? Moi, perdre contre ce type alors que j’avais lutté à armes égales avec le démon et la puissance de l’orichalque ? A moins que…en vérité je n’aie été qu’un fardeau pour tout le monde ? June aurait peut-être pu sauver Maya et Ambre seule, de même que Drago et Darksky auraient pu vaincre le démon sans mon aide…

C’était la seule explication possible à ma défaite contre lui.

Soudain, la porte s’ouvrit, me tirant de mes pensées et un garçon brun rentra dans la pièce, l’air mécontent.

-Tu es réveillée à ce que je vois ; dit-il froidement.

-Tu es…Satoshi c’est cela ? Tu es le frère de Serena si je ne me trompe pas.

-C’est exact, mais inutile de parler de moi, Hélios aurait quelques questions à te poser.

-Hélios ? Il est ici ? M’exclamai-je incrédule.

Pour toute réponse, l’ex-roi rentra dans la salle à son tour, l’air totalement décontracté comme à son habitude, les bras remplis de biscuits.

-Salut Angéla ! Lança-t-il en avalant un gâteau, ça faisait longtemps !

-Pas si longtemps que ça ; répondis-je avec un sourire un peu forcé.

-Tu as peut-être raison, je n’ai aucune notion du temps tu sais. Mais pour parler de choses plus déplaisantes, tu as pris une belle raclée face à ton petit ami.

-Premièrement ce n’est pas mon petit ami et deuxièmement, je peux savoir ce que vous faites ici ? Répliquai-je rouge de honte.

-Je cherchais le propriétaire de Dystopie et je suis arrivé ici et, par le plus grand des hasards, je t’ai vu à terre, à la merci de ce type là, comment il s’appelle déjà…

-Aymeric ?

-C’est cela, je ne sais pas ce qu’il allait te faire mais il te regardait bizarrement, comme s’il allait te poignarder ou un truc du genre mais il s’est enfui en me voyant. Enfin, ce n’est pas mon affaire vos histoires de couple j’imagine, je suis venu trouver le propriétaire de Dystopie moi ; déclara-t-il en haussant les épaules.

-Je vous ai déjà dit que ce n’est pas mon copain et c’était lui le propriétaire de Dystopie ! M’écriai-je alors en me relevant brusquement.

-Oh, je comprends mieux cette aura sombre qui planait autour de lui. Encore un pauvre type qui tombe entre les mains du démon. J’espère sincèrement que ton amour pour lui pourra le faire revenir à la raison.

-Je vous ai déjà dit que…Oh et puis zut, oubliez-ça ; soupirai-je. Occupez-vous plutôt de mes amies si vous voulez vous rendre utile tant que vous êtes là.

-Et que penses-tu que j’essaie de faire depuis tout à l’heure ? Rétorqua-t-il soudain plus sèchement.

-C’est…vous qui nous avez aidées ?

-Evidemment, avec Satoshi, qui veux-tu que ce soit ? Ton copain ? Dans tous les cas, j’ai fait mon possible, ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’elles ne reprennent elles aussi leurs esprits, ne t’inquiète pas.

Lorsqu’il dit cela, un grand poids disparut. Même si je ne faisais pas totalement confiance à Hélios, je le croyais lorsqu’il me disait que tout irait bien pour mes amies. Je voulus le remercier, mais les mots ne vinrent pas d’eux-même et, repensant à mon rêve, je changeai totalement de sujet.

-Hélios, je ne suis pas assez forte, j’ai perdu…

-En effet, si tu affrontais le démon maintenant, il ne ferait qu’une seule bouchée de toi ; me dit-il tout en prenant un autre biscuit.

-Est-ce que je suis un fardeau ? Demandai-je enfin. Est-ce que ma présence gêne les autres ? Si oui, que dois-je faire pour m’améliorer ? Comment est-ce que je peux aider mes amis contre les démons ?

-Calme toi, tu n’as pas encore repris toutes tes forces ; me conseilla Satoshi toujours adossé contre la porte.

Je voulus répliquer que j’allais bien mais je me sentis chanceler à ce moment et je me rassis immédiatement sur le canapé, incapable de tenir debout plus longtemps.

-Angéla, dans l’état actuel des choses, personne ne peut prédire ce que les démons nous réservent. Tu n’as pas le niveau certes, mais personne ne l’a, pas même moi où Drago. Gariatron était une chose, quatre démons en est une autre. Tout ce que tu peux faire à présent, c’est t’entrainer plus dur que jamais. Tu voulais apprendre la fusion parfaite ? Dans ce cas, apprends d’abord de tes erreurs pour aller de l’avant pour ne faire qu’un avec tes monstres, eux seuls sont capables de te porter à la victoire.

Je sentis qu’il n’avait pas terminé son sermon mais à ce moment là, June bougea dans le canapé et tous les regards se tournèrent vers elle. Cette dernière ouvrit un œil en gémissant avant de se prendre la tête dans les bras et de se frotter les yeux.

-Où…suis-je ?

-Toujours dans la salle de duel, je crois bien que vous avez perdu ; lui répondis-je d’une voix la plus douce possible malgré mon énervement contre moi-même.

-Cet idiot…il nous a totalement prises par surprise, il nous attendait, nous n’avons pas pu résister…

-Je le sais, moi non plus je n’ai rien pu faire ; avouai-je en serrant le poing en y repensant.

-Désolée Angéla…

-Mais, pourquoi tu t’excuses June ?

-Je pensais qu’en battant Aymeric, tu redeviendrai toi-même…mais nous n’avons pas réussi et nous n’avons réussi qu’à t’entrainer encore plus dans les problèmes…

-Redevenir…moi-même ? Répétai-je sans comprendre ce qu’elle me disait.

-Oui, dès que tu as vu Aymeric hier, tu as changé, tu t’es renfermée sur toi-même. Ne t’avais-je pas dit que j’allais t’aider dans ton combat ?

-Si mais…

-Si nous n’avions pas agi en premières, tu aurais foncé tête baissée dans les ennuis, sans nous en parler, alors j’ai pensé qu’il était judicieux de foncer avant toi. Ambre et Maya étaient d’accord…Tu vois le résultat…

Je ne trouvai rien à répondre à cela. C’était exactement ce que je comptais faire. Mais je n’arrivai pas à en vouloir à June. Non, je m’en voulais à moi-même encore une fois. Je m’en voulais de ne pas avoir essayé d’accepter l’aide de mes amies alors que je leur avais promis, je m’en voulais d’avoir agis si stupidement en voyant Aymeric la veille, et plus que tout, je m’en voulais d’avoir perdu face à lui…Je me disais capable de protéger des amies, mais j’en étais incapables en réalité.

Ils avaient tous raison, avec mon niveau actuel, je n’étais pas à la hauteur. Mais, le serais-je un jour ?

-Angéla, je te le redemande encore une fois, laisse-nous t’aider.

-Mais vous…

-Nous n’avons pas peur d’être blessées, tu l’as bien vu aujourd’hui. Seules, nous sommes trop faibles, c’est pourquoi nous devons joindre nos forces.

J’hésitai à lui répondre négativement mais Hélios me donna un petit coup dans les côtés en me dévisageant avec son visage moqueur et je soupirai, vaincue.

-C’est d’accord, venez risquer votre vie avec moi si vous le souhaitez tant…

-Génial ! S’exclama soudainement Maya en se levant d’un bond.

-Ma…Maya, depuis quand tu es réveillée ? Bégayai-je.

-Depuis trente secondes mais c’était suffisant pour t’entendre dire que tu renonçais enfin à ta fierté de guerrière solitaire !

-Maya, tu devrais te recoucher, je pense que…

-Est-ce que j’ai bien entendu ? demanda alors Ambre Timidement depuis son lit de fortune. On peut vraiment t’accompagner cette fois-ci ?

-Puisque je l’ai dit, je ne reviendrai pas sur ma parole…

Satoshi, visiblement exaspéré, souffla et sortit de la pièce en se bouchant les oreilles. Il était vrai que le réveil de Maya et Ambre avait provoqué tout un remue ménage assourdissant.

Nous rentrâmes chacune chez nous après nous être assuré que nous étions capables de faire le trajet. Une fois chez moi, remotivée pour m’entrainer intensément, je ne perdis pas une seconde et je ressortis la carte d’Athéna…mais pour faire quoi ?

Je sentais bien que si je devais maitriser la fusion parfaite, elle ne pourrait s’opérer qu’avec ce monstre. Cependant, je ne savais pas du tout comment faire pour « comprendre la carte » comme disait Hélios. Je la regardai, cinq minutes, un quart d’heure, une demi-heure, mais je ne ressentis rien de plus que le sentiment de perdre mon temps. Même en me concentrant le plus possible sur la vision de la citadelle dans le ciel et de Pyros, rien ne se passait.

Je commençais vraiment à me dire que c’était peine perdu, que jamais je ne réussirai à maitriser la fusion parfaite mais je chassai aussitôt cette pensée de mon esprit. Je ne pouvais pas abandonner au premier obstacle. La fusion parfaite était certainement la seule chose capable de me faire combattre à armes égales avec les démons, je me devais donc de la maitriser, quoiqu’il m’en coutât.

Mon portable vibra. Qui pouvait bien m’appeler à une heure pareille ? Je regardai d’où provenait l’appel mais le numéro qui s’affichait m’était totalement inconnu. Je décrochai et, alors que je m’apprêtai à refouler les publicités, une voix presque terrifiée me parvint de l’autre bout.

-An…Angéla ?

Je me stoppai net. Cette fois, je la connaissais, je la détestais, je la maudissais depuis peu. Cette voix, c’était celle d’Aymeric ! Il allait m’entendre celui-là !

-Toi ? M’écriai-je dans le téléphone. Tu oses m’appeler après ce que tu viens de nous faire ? Qu’est-ce que tu veux encore ? Nous n’avons rien à nous dire, tu as choisi le camp de Gariatron, restes-y maintenant ! Et ne viens pas me demander mon aide encore une fois pour te sortir des problèmes, je ne viendrai pas, pas cette fois !

-S’il te plait Angéla…écoute moi, je t’en supplie, c’est important ; dit-il d’une voix presque inaudible.

-Non, je ne t’écouterai pas, je ne veux même pas savoir pourquoi tu m’appelles ni comment tu as eu mon numéro !

-Angéla ! Répéta-t-il plus fermement.

Je m’arrêtai. Il n’était pas dans son état normal…ou plutôt si, il était dans son état normal : craintif, incapable de m’adresser la parole sans bégayer, faible…Tout le contraire du monstre que j’avais vu quelques heures plus tôt.

-J’ai…J’ai passé un pacte avec Gariatron durant la guerre…

-Tu m’appelles pour me dire ce que je sais déjà ? Dans ce cas, au revoir et…

-J’ai fait une erreur !

J’étais sur le point de raccrocher et je stoppai net mon geste, stupéfaite qu’il reconnaisse pour la première fois sa bêtise.

-Une…erreur ?

-Oui, une erreur. Je ne veux plus de ce pouvoir. Quand je l’utilise, je ne suis plus moi-même…j’ai l’impression qu’une autre personne contrôle mon corps et…

-C’est ton problème…Lançai-je sèchement.

-Angéla, il faut que tu m’écoutes ; me supplia-t-il. J’ai besoin…

-C’est un autre de tes pièges c’est ça ? Tu me dis ça pour m’attirer à toi pour mieux me faire du mal, comme toujours ? Continuai-je d’un ton monocorde.

-Je te jure que ce n’est pas ça Angéla, j’ai vraiment besoin…

-Tu t’es mis toi même dans cette galère, ne viens pas pleurer maintenant, c’est ton problème, pas le mien ; l’interrompis-je.

-Ca pourrait le devenir ; répliqua-t-il plus durement.

-Tu n’es pas une menace Aymeric, le pouvoir de Gariatron n’y changera rien, tu es et tu resteras un raté.

-Je sais que tu m’en veux pour ce que j’ai fait mais Angéla, tu dois comprendre que…

-C’est assez, je ne viendrai pas te sortir encore une fois du trou où tu as sauté pieds joints.. Adieu Aymeric.

Avant qu’il n’ait pu ajouter quoique ce soit, je lui raccrochai au nez. Lorsque je posais mon portable sur la table, des larmes tombèrent alors dessus sans que je puisse les retenir…Pourquoi pleurai-je ?…

Ce coup de fil chamboula totalement mes projets pour la soirée. J’en oubliai même de m’entrainer avec Athéna. Toutes mes pensées étaient occupées par Aymeric. Disait-il la vérité ? Voulait-il réellement rejeter le démon ou bien essayait-il de m’amadouer ? Ces questions me torturaient. Je détestais ce type, je ne pouvais pas le voir en peinture, j’avais même déchiré toutes les photos où on nous voyait ensemble, et pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser que j’avais peut-être laissé passer la seule chance de retrouver mon ancien ami…

Je chassai cette idée de mon esprit une dizaine de fois, mais elle revenait encore et encore. Je n’avais pas besoin de lui, il n’était plus rien pour moi, June avait pris sa place dans le groupe, il n’y avait plus de place pour lui, et même s’il y en avait, il ne serait jamais comme avant, pas après tout ce qu’il a fait…

Mais de quoi essayais-je de me persuader moi ?…

Mon téléphone sonna une seconde fois ; June. Je sentais bien que c’était important mais je ne décrochai pas. Je n’étais pas d’humeur à parler avec elle, surtout si elle me sortait encore ses discours sur la nécessité d’être accompagnée ou quelque chose du même genre.

Je tentai de trouver le sommeil mais il n’y avait rien à faire, j’étais bien trop anxieuse pour cela. Je passai la tête par la fenêtre de ma chambre. C’était presque la pleine lune et il n’y avait pas un nuage pour faire obstacle à ses rayons froids. Nous avions beau être en plein centre d’une ville mondiale, j’entendais à peine les bruits de moteurs au loin. Tout était calme, comme si j’habitais dans un petit village.

L’hiver approchait à grand pas, ainsi que le tournoi inter école où j’étais censée affronter Aymeric pour l’avenir du club…mais tout cela était passé au second plan à présent. Même si l’événement arrivait à son terme sans interruption de la part des démons, ce ne serait que partie remise.

Je secouai la tête pour chasser cette pensée pessimiste. Non, ce tournoi serait l’occasion de nous entrainer encore plus dur, face à des joueurs de haut niveau. Darksky et son club y participait aussi, il fallait donc que nous arrivions en finale contre lui, c’était la moindre des choses à accomplir pour quelqu’un s’apprêtant à combattre des démons fous.

Je finis par trouver le sommeil, bien plus tard dans la nuit et, lorsque je me réveillai, j’avais l’impression d’avoir passé une nuit blanche…

Evidemment, je dormis pendant la moitié de la journée en cours, mais selon Maya, je n’ai pas raté grand chose à part une blague vaseuse de Beauchardassaut sur les tomates. Mais au moins, je fus en forme pour la réunion de club le soir venu.

Lareine ne semblait pas au courant des événements de la veille et personne ne jugea utile de lui en parler mais je sentais chez toutes mes amies une nouvelle détermination. Elles n’avaient visiblement pas apprécié leur défaite contre Aymeric elles non plus.

Alors que la réunion allait se terminer, Lareine nous demanda notre attention quelques minutes de plus.

-Bien, vous avez fait d’énormes progrès depuis le début de cette année, je suis fier de vous.

-Nous ne sommes pas encore assez fortes pour vaincre…l’autre club…répondis-je en baissant la tête.

-Je n’en suis pas si sûr moi. Vous avez toutes un potentiel inné pour le duel de monstres, et c’est pourquoi j’aimerai vous donner ceci.

Il nous tendit à toutes les quatre une carte blanche que nous regardâmes, intriguées.

-Et…qu’est-ce que c’est ? Demanda Maya en fronçant les sourcils.

-Des cartes expérimentales, basées sur les anciennes tablettes de l’Egypte antique.

-Et en français ?

-Ce sont des cartes capables d’absorber les esprits de duel et parfois l’âme des gens.

Nous lâchâmes un « non » incrédule très coordonné, ce qui fit rire Lareine.

-Non, je plaisante, c’est Sherry qui me les a données au début de l’année avec pour consigne de vous les transmettre lorsque vous aurez atteint un excellent niveau. Par contre, je ne sais pas du tout à quoi elles vont servir, elle n’a pas voulu me répondre lorsque je lui ai demandé…

Nous nous regardâmes toutes les quatre dans les yeux. Il ne nous restait qu’une seule chose à faire et nous semblions d’accord. Le lendemain matin, comme nous n’avions pas cours, nous demandâmes à Ellsworth de nous conduire chez Sherry et à dix heures, nous y étions.

Cette dernière avait visiblement deviné le motif de notre visite impromptue car elle se trouvait déjà sur le parvis de son château et elle prit la parole en première, dès que nous sortîmes de la voiture.

-Les cartes blanches n’est-ce pas ? Alors comme ça Lareine estime que vous êtes prêtes. Nous allons voir ça tout de suite ; déclara-t-elle en guise de bienvenue avec un sourire. Suivez-moi.

Sherry nous conduisit jusqu’à la bibliothèque et je déglutis. A chaque fois que nous pénétrions dans cette pièce, quelque chose d’étrange se passait : attaque d’un serviteur de démon, apparition d’une carte de Dieu, et j’en passe.

Nous marchâmes jusqu’au fond où je fus surprise d’y trouver Hélios avec les deux jeunes qui l’accompagnaient en permanence maintenant. Il lisait un énorme livre attentivement tandis que Satoshi cherchait dans les étagères et Serena feuilletait mollement plusieurs ouvrages en même temps.

-Alors vous voilà ; dit l’ex roi sans même lever le nez de son livre. J’espère que vous allez mieux depuis hier. Comme vous le voyez, je suis plutôt occupé avec ces histoires de démon et de cartes maléfique donc je vais faire vite.

Il releva la tête et nous dévisagea d’un air plus dur que d’habitude. Il n’avait plus cette lueur d’insouciance qu’il arborait si souvent. Il ressemblait presque au roi maléfique que nous connaissions, sans la folie dans son regard. Cela ne présageait rien de bon.

-Angéla, il semblerait que ton souhait soit sur le point de se réaliser.

-Un souhait ? Quel souhait ?

-Celui de maitriser la fusion parfaite évidemment.

-La…la…la fusion parfaite ? Répétai-je persuadée d’avoir mal entendu.

-Ce que vous avez entre les mains sont les clés permettant d’accéder à cette invocation ; continua Satoshi de sa voix froide.

-Comment…savez vous cela ? Demanda June étonnée.

-Parce que nous aussi nous en avons eu ; lui répondit joyeusement Serena en sortant une carte de sa poche.

Je sursautai. Elle possédait la fusion parfaite d’Hélios ! Et Satoshi aussi tenait la même carte dans sa main ! Mais…qui étaient-ils vraiment à la fin ? De simple enfants ou bien plus que ça ?…

-Ce ne sont que les clés ; reprit Hélios. Si vous voulez obtenir ce pouvoir, il vous faut réaliser une dernière chose.

-Et cette chose doit être irréalisable je parie ; souffla Maya.

-Prouvez à votre deck que vous êtes capable d’utiliser ce pouvoir, affrontez moi en duel.

Le silence retomba subitement. Affronter Hélios…en duel ? C’était inimaginable ! Personne n’osait se frotter à lui depuis la fin de la guerre, tout le monde savait à quel point il pouvait être redoutable lorsqu’il était sérieux, et il semblait l’être à ce moment là.

-Je pense que je vais passer mon tour, je ne vais pas me ridiculiser devant tout le monde, ça non ! Répondit Maya.

-Je vais faire de même…de toute façon, je ne pense pas en être capable ; continua Ambre.

Le regard d’Hélios se posa alors sur June et moi. Je n’hésitai pas une seconde de plus et j’acceptai, mais June semblait plus réticente. Avait-elle peur de l’affronter ? Ou bien pensait-elle comme Ambre et Maya qu’elle n’était pas à la hauteur ? Etais-je trop prétentieuse en pensant pouvoir vaincre l’ex roi seule alors que j’avais lamentablement perdu face à un minable comme Aymeric ?

Sherry nous emmena à l’extérieur et nous prîmes place tous les deux tandis qu’Ambre, Maya, Serena, Satoshi, Sherry, Ellsworth et June regardaient depuis le parvis.

L’air était froid et sec, le soleil brillait fort sans pour autant nous réchauffer. Hélios, l’ex-roi fou d’Héliopolis, notre ennemi juré d’autrefois, la seule personne connaissant les secrets de la fusion parfaite se tenait en face de moi. Il avait gardé son nouveau costume noir mais avait néanmoins remis sa couronne incrustée de pierres précieuses, comme si l’ancien Hélios et l’actuel se côtoyaient en ce moment même. Je lisais dans son regard qu’il n’allait pas me faire de cadeau et je déglutis. Je devais appliquer tous les conseils de Lareine si je voulais avoir une chance…

-Duel ! Nous nous exclamâmes d’une seule voix.

-Je prends la main ; dis-je tout en regardant mes cartes. Je commence en invoquant Terre, Agent du Mystère ! Grace à son effet, je peux ajouter un monstre depuis mon deck à ma main : je choisis Minerve agent de la protection, et puisque je contrôle un monstre agent, je peux l’invoquer spécialement ! Je synchronise Minerve de niveau 4 avec Terre de niveau 2 ! Apparais, messager éternel, Chronos, agent du temps !



Sortant de flammes bleu come l’azur, l’homme ailé apparut, sa faucille à la main. Je me rendis soudain compte que j’avais fait la même chose lors du duel contre Aymeric…Allais-je refaire les mêmes erreurs et perdre ? Non, il n’en était pas question !

-J’active l’effet de Chronos : il me suffit de déclarer une phase et celle-ci est gelée jusqu’au prochain tour et je choisis la battle phase !



-Tu m’impressionnes Angéla, tu compenses le handicap de jouer en premier par l’effet de ton monstre, on dirait que tes heures de club n’ont pas été vaines.

-Je pose une carte face cachée et je termine mon tour. C’est à vous à présent.

-On dirait que je ne pourrais pas t’achever ce tour-ci…C’est dommage, je déteste les choses qui s’éternisent mais je n’ai pas le choix…Je pioche et j’invoque immédiatement le dragon Dragon Hiératique de Tefnuit en mode attaque ! Je le sacrifie à présent pour invoquer le Dragon Hiératique de Su depuis ma main ainsi que l’Électro-Dragonqueue depuis mon deck. J’active l’effet de Su : en sacrifiant le Dragon Hiératique d'Eset, je détruis ta carte face cachée !

-Adieu force de Miroir, ça n’allait pas être très utile de toute façon ; grimaçai-je.

-J’invoque donc un autre Électro-Dragonqueue depuis mon deck. Je recouvre mes deux monstres pour ouvrir le réseau recouvrement ! Gardien Antique, prête moi ta puissance, apparais, Dragon Hiératique Roi d'Atum !

Il était là, son monstre fétiche, celui avec lequel il avait un lien si fort qu’il avait pu établir la fusion parfaite, Atum. Le grand dragon d’or me toisait de sa hauteur. Il était étincelant au sens propre du terme, j’avais vraiment l’impression d’avoir un soleil miniature en face de moi, mais un soleil incroyablement dangereux également.

-Je détache à présent une unité de couverture pour invoquer depuis mon deck le Dragon Hiératique de Nebthet ! Tu connais la suite, en sacrifiant Su, je peux détruire un de tes monstres ; dis au revoir à Chronos et moi je dis bonjour à un Sceau Hiératique du Seigneur Dragon Soleil !

-Trois monstres sur le terrain alors que je n’ai rien, heureusement que Chronos me protège…

-Je pose une carte face cachée et je termine mon tour. Aller Angéla, donne tout ce que tu as, le vrai duel commence maintenant !

je grimaçai. Hélios n’avait pas perdu la main et il s’était peut-être même amélioré. Ce que j’avais en main ne me permettait pas de passer ses monstres et le connaissant, il allait me vaincre au tour suivant, tout dépendait donc de ma pioche. L’ex-roi me regardait, le visage neutre, ne laissant paraître aucune expression. S’il voulait tester ma réaction face à un ennemi dénué d’émotion, il avait gagné, j’étais totalement déstabilisée.

-Bien, voyons un peu cette pioche…Parfait, j’active la carte que je viens de tirer, j’ai nommé le grand Raigeki qui…

-Qui ne va rien faire du tout ; m’interrompit Hélios. Je révèle mon piège : Sceau Hiératique du Reflet ! En sacrifiant mon dragon hiératique de Nebteth, je peux annuler l’effet de ta carte, et un autre Sceau Hiératique du Seigneur Dragon Soleil vient nous rejoindre.

Mon éclair fut totalement absorbé par son dragon qui explosa avant de libérer une autre de ces grosses boules jaunes. Je claquais de la langue, signe de mon agacement. Il avait un coup pour contrer chacun de mes mouvements. Il était bien plus fort qu’Aymeric ou même June. Deux choix s’offraient néanmoins à moi : détruire l’un de ses sceaux, et je m’exposais à l’effet de son dragon ou détruire son dragon et me retrouver avec un monstre encore plus embêtant…

Je me tournais vers mes amies mais elles ne pouvaient qu’afficher une expression de malaise devant la situation et m’encourager.

Soudain, une idée tordue me vint en tête. Ce n’était pas quelque chose que j’aurais fait en temps normal mais je ne pouvais pas perdre ce duel.

-Bon, je vais faire ceci :Walhalla, Sanctuaire du Déchu qui me permet d’invoquer Athéna depuis ma main. Je continue en invoquant normalement Mercure, Agent de la Sagesse.

-Il ne va pas être très utile du haut de ses 0 points d’attaque ; constata Hélios.

-C’est vrai, mais je vais activer le premier effet d’Athéna et vous perdez donc 600 points de vie !

Hélios : 2800 – Angéla : 4000

-A présent, j’active son second effet : en envoyant mercure au cimetière, je peux faire revenir Minerve parmi nous ! Et vous prenez 600 au passage une nouvelle fois.

Hélios : 2800 – Angéla : 4000

-C’est l’heure d’attaquer ! Athéna détruis son dragon hiératique et minerve, occupe toi de l’un de ses sceaux !

Hélios : 2600 – Angéla : 4000

-Je termine mon tour là-dessus.

-C’est pas mal je dois l’avouer ; déclara Hélios en passant la main dans ses cheveux pour se recoiffer après l’attaque, mais ce n’est pas suffisant ! Je pioche ! Pas mal du tout. Je retire de mon cimetière le sceau hiératique du seigneur dragon soleil ainsi que le dragon hiératique de tefnuit pour invoquer spécialement depuis ma main le Dragon Hiératique d'Asar ! Mais ce n’est pas tout, j’invoque ensuite normalement le Dragon Hiératique de Gebeb. Battle, Asar détruis Minerve !

-J’active l’effet de Minerve : ce tour Athéna ne pourra pas être détruite !

Hélios : 2600 – Angéla : 3300

-Je pose une carte face cachée et je te laisse la main à présent Angéla.

-On dirait que vous êtes à court de ressources et tant mieux, c’est une porte ouverte pour ma victoire ! Je pioche et j’invoque Mars, Agent de la Force vous connaissez la suite : 600 points de dommages !

Hélios : 2000 – Angéla : 3300

-Finissons-en, j’active l’effet d’Athéna, j’envoie mars au cimetière pour invoquer Chronos !

Hélios : 1400 – Angéla : 3300

-Chronos, détruis Gebeb et Athéna, emporte Asar avec toi !

Hélios : 700 – Angéla : 3300

Lorsqu’Athéna disparut avec le dragon, une vive douleur me transperça le cœur et je me mis à tousser sans pouvoir m’arrêter comme si j’étouffais. Mes amies tentèrent de me rejoindre immédiatement en me voyant mal en point mais Hélios leur fit signe de ne pas bouger, l’air toujours impassible.

-Ca ne va pas Angéla…Ca ne va pas du tout ! S’exclama-t-il soudain mécontent et en haussant la voix. Tu prétends avoir un lien particulier avec cette carte et pourtant tu l’envoies au suicide ? Comment veux-tu maitriser la fusion parfaite alors que tu ne tiens aucun compte de ton monstre !

-Je…je ne comprends pas ; balbutiai-je entre deux quintes de toux.

-Et bien dans ce cas là, je vais te faire comprendre ! J’active mon piège : Appel de l'Etre Hanté pour faire revenir Atum parmi nous ! Regarde ce qu’est un vrai lien !

Hélios piocha sa carte et sans même la regarder, il l’activa devant les yeux ébahis de toutes mes amies, et les miens également. Son dragon rugit et s’illumina de plus belle.

-J’active la carte que je viens de piocher : Fusion Rank-up parfaite !



-Ô toi gardien ancestral d’Héliopolis, je fais appel à ta divine puissance, ne faisons plus qu’un et ensemble, dans un même corps et dans un même esprit, écrasons nos ennemis : Elève toi au dessus des cieux : Dragon Hiératique Parfait ; Dieux d’Atum !



Le dragon se couvrit d’une armure d’argent par dessus son armure d’or, ses ailes de lumière se solidifièrent, devenant tranchantes comme des lames de rasoir et il émanait une chaleur encore plus intense qu’auparavant. Les yeux d’Hélios se tintèrent d’une couleur bleu azur identique à celle se reflétant dans les pupilles du dragon d’argent.

Je ne pouvais qu’admirer la puissance qui se dégageait de cette créature. La fusion parfaite…une chose que je n’arrivais pas à maitriser et que je maitriserais sans doute jamais…

-J’active l’effet de mon dragon : rejoins nous, Dragon Sombre Metallique aux Yeux Rouges ! Mais ce n’est pas tout, son effet me permet de rappeler le Dragon Hiératique d'Eset de mon cimetière !

-Hélios n’y va pas de main morte ; s’exclama Sherry impressionnée elle aussi.

-Le pouvoir d’Atum est sans limite ! Il me suffit de retirer Dragon hiératique roi d’Atum de mon cimetière et mon monstre gagne les mêmes effets, viens à moi, Sceau Hiératique du Seigneur Dragon Soleil !

Je regardais presque avec effroi ses monstres. Alors c’était ça, le pouvoir que je ne pouvais pas obtenir ? J’avais sans doute été trop orgueilleuse de penser que je pouvais maitriser une telle chose alors que je n’étais même pas capable de contrôler mes propres sentiments envers les gens qui m’entouraient…

-L’effet d’Eset s’active pour passer à présent au niveau huit, et je recouvre donc mes deux dragons de niveau huit : apparaît, protecteur de la cité du soleil : Dragon Hiératique du Seigneur Soleil d'Héliopolis ! Je détache une unité de couverture de mon dragon pour détruire ton monstre en sacrifiant le dragon sombre métallique !

Je faillis m’étrangler. Pourquoi n’avait-il pas simplement attaqué ? Il m’aurait vaincue de toute façon… Etait-ce son style de jeu de tout détruire sur son passage…ou bien s’amusait-il avec moi?

-C’est terminé Angéla, sacrifier ton monstre aura scellé ta perte, Dragon Hiératique du Seigneur Soleil d'Héliopolis, attaque la directement : souffle du soleil ardent !

Soudain, alors que les flammes ardentes allaient me toucher, j’entendis comme une voix dans ma tête et je fus coupée de ce monde. Tout autour de moi devint noir et, lorsque je recouvrais la vue, je me trouvais face à Athéna, dans un endroit dévasté. Elle était seule et son armure portait les marques d’une bataille très rude. La fière guerrière aux cheveux d’argent se tourna vers moi et je lus une tristesse infinie dans son regard.

-Ne laisse pas les démons tout détruire…encore…

Je clignais des yeux et une autre silhouette m’apparut comme un fantôme se superposant à Athéna et j’hoquetais de surprise. C’était le monstre de la vision que j’avais eu quelques semaines plus tôt avec June !

La silhouette fantomatique s’estompa mais mon cerveau avait eu le temps de faire le lien. Athéna…elle me demandait de l’aide depuis tout ce temps et je ne l’avais pas compris ! Si je lui faisais confiance, alors elle me mènerait à la victoire !

Je m’avançai vers elle et je la regardai droit dans les yeux, déterminée. Oui, je l’avais comprise, je savais ce que je devais faire à présent. Je devais arrêter d’ignorer sa demande, j’allais enfin répondre à ses attentes !

Lorsque Je revins à moi, l’attaque ne m’avait pas encore touchée. Je me saisis de cette occasion pour riposter. C’était un mouvement qui m’aurait semblé désespéré et inutile en temps normal, mais je sentais que cette fois-ci, cela pouvait changer la donne.

-Depuis ma main, j’active l’effet de mon monstre : Kanna, Agent de l’espoir ! En la défaussant, je peux invoquer depuis mon cimetière Athéna et terminer la Battle phase !



Hélios écarquilla les yeux, visiblement surpris de voir la grande guerrière de retour d’entre les morts et mes amis m’acclamèrent depuis le parvis. Mais, il était trop tôt pour se réjouir. L’issue de ce duel dépendait de ma pioche du prochain tour. Hélios n’avait plus de carte en main, j’étais donc tranquille pour jouer. Tout ce que je pouvais faire, c’était croire en Athéna.

-Je me suis peut-être trompé sur toi Angéla…Aller, viens, je t’attends ; s’exclama-t-il avec un air de défi tout en souriant légèrement.

Hélios semblait soulagé que le duel ne se termine pas ainsi et je l’étais aussi. A présent, je devais simplement répondre à ses attentes…

-J’arrive ! Je pioche !

Lorsque je tirai ma carte, je sentis comme une main qui m’accompagnait. Je n’étais pas seule, j’avais Athéna à mes côtés, je pouvais gagner !

-Elle est là ; murmura alors Hélios en souriant, mais répondra-t-elle à tes sentiments ?

-J’active ceci : Fusion parfaite !

La carte blanche que je venais de tirer s’illumina et un motif apparut à la place du cadre sans couleur et je souris à mon tour.



-J’envoie donc Athéna au cimetière pour activer la carte fusion parfaite ! Protectrice des villes, reine des batailles, il est temps d’unir nos forces pour vaincre notre adversaire. Protège ce qui t’es cher et repoussent ceux qui nous veulent du mal : invocation parfaite ; Athéna, Déesse protectrice de la Perfection !



-Elle a…réussi ? Bégaya Maya comme si elle n’en revenait pas.

Athéna son armure d’acier pour revêtir une élégante robe rouge sans pour autant quitter son sceptre et son bouclier. Mais une chose avait changé depuis que j’avais activé cette carte. Je sentais la présence d’Athéna bien plus intensément à mes côtés, presque comme si nous partagions le même corps…ce qui n’était peut être pas si loin de la vérité puisque quand je levai le bras pour activer l’effet de ma carte, elle fit de même. Mais c’était une sensation étrange, non pas désagréable, mais inhabituelle. J’avais vraiment l’impression de pouvoir détruire le château de sherry rien qu’en le regardant.

Je me reconcentrai sur le duel. J’avais peut-être fait un beau retour en force, mais ce n’était pas encore fini, Hélios avait toujours un mur de défense qui me séparait de lui…Je ne pouvais pas le détruire, mais je pouvais en revanche le contourner…

-J’active l’effet d’Athéna, déesse protectrice de la perfection : Reviens parmi nous, Athéna ! Sur ce, je vais terminer mon tour.

-C’est…tout ? S’étonna Ambre un peu perplexe.

-Et bien, et bien, félicitations ; me dit Hélios en applaudissant. Je dois te dire que j’ai eu peur pendant un instant mais tu as dépassé mes espérances Angéla. Mais, avoir établi le lien est une chose, pouvoir le maintenir en est une autre. Je pioche et j’active l’effet d’Atum pour invoquer depuis mon deck le dragon hiératique de nuit ! A présent, j’active l’effet du seigneur soleil : en détachant une unité de couverte, je sacrifie nuit pour détruire…

-Pas si vite, j’active l’effet d’Athéna, déesse protectrice de la perfection : en sacrifiant 2000 points de vie, les monstres que je contrôle ne pourront pas être détruits ce tour !

Hélios : 1400 – Angéla : 1300

-Oh, ta carte porte bien son nom. Je vais néanmoins attaquer avec mes deux dragons ton Athéna !

Hélios : 1400 – Angéla : 500

Hélios me sourit une nouvelle fois et regarda sa barre de points de vie avant de soupirer et d’hausser les épaules.

-Bien, on dirait que c’est la fin. Je vais néanmoins poser une carte face cachée et terminer mon tour.

-Je pioche et j’active l’effet d’Athéna, Déesse protectrice de la perfection pour rappeler Mercure, Agent de la Sagesse. L’effet d’Athéna s’active : vous prenez 600 points de dommages !

Hélios : 800 – Angéla : 500

-J’active maintenant l’effet de mon autre Athéna : en envoyant Mercure, Agent de la Sagesse, j’invoque spécialement minerve en mode défense!

Hélios : 200 – Angéla 500

-Bien, assez joué je pense, les meilleures blagues sont les plus courtes, j’active le Sceau Hiératique du Bannissement ; lâcha soudain Hélios. Je sacrifie mon dragon hiératique du seigneur soleil d’Héliopolis pour retirer Athéna du jeu !

-Ce n’était pas prévu…Je vais donc me contenter de passer mon Athéna restant en mode défense…

-Tu t’es admirablement bien battue Angéla, je reconnais bien là la fille que Gariatron a voulu détruire l’année dernière parce qu’elle lui faisait peur…mais tu ne peux pas vaincre la puissance du soleil ! Je pioche et je retire mes trois sceaux hiératiques du seigneur dragon soleil pour invoquer le Dragon Hiératique de Sutekh !

-Je ne l’avais pas vu venir celui là…

-Je retire le dragon hiératique d’asar du cimetière pour détruire Athéna !

-L’effet de Minerve s’active pour protéger mon monstre !

-Dans ce cas, Atum : viens à moi Électro-Dragonqueue et détruis minerve ! Sutekh va s’occuper d’Athéna et la dernière attaque viendra de…mon dragon hiératique Parfaite dieu d’Atum, Jugement du seigneur soleil : irradiation !

Je tombai à la renverse tandis que j’essayais de me protéger les yeux de cette lumière intense qui anéantit mes derniers points de vie et je sentis la connexion se rompre.

Je restai quelques instants allongée par terre. J’avais perdu…je n’étais pas assez forte pour vaincre. J’avais été trop téméraire…

Je me mis à rire toute seule. Oui, j’avais perdu, mais je n’étais pas triste ni même énervée cette fois car j’avais atteint mon objectif, j’avais réalisé la fusion parfaite et c’est tout ce qui m’importait.

Je vis mes amies, Sherry, Satoshi, Serena et Hélios venir vers moi, tous me félicitant et commentant mon duel. Ce jour là, la plupart de mes soucis s’envolèrent pour quelques heures, le temps de savourer ma victoire bien méritée. Je maitrisais à présent moi aussi la plus puissante forme d’invocation existante, je n’étais plus un boulet pour l’équipe, je pouvais à mon tour prêter main forte dans la lutte contre les démons.


Chapitre 16 : Le fantôme de l’école



Spoiler :



Cela faisait maintenant deux semaines que Nagisa nous était revenue en tant que présidente du club de duel et depuis, tout allait pour le mieux. Avec l’aide de Miyako, elle gérait nos activités pour que nous soyons prêt pour le tournoi inter-école. Saya et Laura continuaient à se disputer continuellement, s’alliant souvent contre moi lorsque j’essayais d’arranger les choses et Alan était également d’une grande aide par ses grandes connaissances. Toutes les menaces qui planaient sur nous depuis le début de cette année semblaient s’en être allé pour quelques temps et je ne m’en plaignais pas.

Et pourtant, personne n’était réellement tranquille. Même si nous paraissions détendus, aucun d’entre nous n’avait oublié notre objectif.

Un jour, alors que nous sortions comme chaque jour de la salle du club, je ressentis un frisson dans le dos et je m’arrêtai aussitôt. Ce n’était que le vent qui passait par la fenêtre entrouverte du couleur. Evidemment, Miyako qui ne regardait pas devant elle me rentra dedans et en profita pour pester contre moi.

-Dis, ça t’arrive souvent de t’arrêter en plein milieu d’un couloir sans aucune raison ? Râla-t-elle.

-Désolé, j’ai cru sentir quelque chose, mais je dois m’être trompé ; répondis-je un peu désorienté.

-Allons bon, tu as peur du vent maintenant ? Ricana Saya. A moins que…tu ne croies aux fantômes ? Continua-t-elle l’œil malicieux.

-J’y crois oui, je suis même sûr qu’ils existent, mais je n’en ai pas peur contrairement à certaines personnes ici.

Tout le monde me regarda comme si j’étais fou et je me contentai d’hausser les épaules. Même si je leur disais que je connaissais le fantôme de la sœur d’Hélios, ils ne me croiraient pas donc autant ne rien leur dire. Cependant, Saya n’en resta pas là et sauta sur l’occasion.

-Ah oui, tu n’as pas peur des fantômes hein ?

-Pas du tout.

-Très bien, dans ce cas, je lance l’opération test de courage du club de duel !

-Un…test de courage ? Répéta Laura, sceptique.

-Excellente idée, j’aime beaucoup ! S’exclama Nagisa avec un immense sourire aux lèvres.

-On va explorer des souterrains, découvrir des trésors, se battre avec des pirates fantômes ? Continua Alan tout aussi enthousiaste.

-Sans moi alors, les nuits blanches à perdre mon temps, très peu pour moi ; déclara Miyako qui faisait déjà demi tour en soupirant.

Cependant, Saya ne la laissa pas s’échapper et lui bloqua le passage, l’obligeant à écouter le reste de son idée. Je serais bien parti incognito également, mais Nagisa était plantée en plein milieu du couloir et ne semblait pas prête à bouger. Je n’avais d’autre choix que de rester moi aussi.

-Bon, explique nous vite, j’aimerais bien pouvoir rentrer chez moi avant minuit si possible ; grogna Miyako.

Saya nous regarda tous un par un avec son regard signifiant que nous allions passer un sale quart d’heure et que cela allait beaucoup l’amuser. Mais avant qu’elle n’ait eu le temps de parler, un groupe d’élève passa et leur conversation capta l’attention de tout le monde dès qu’ils prononcèrent le mot « fantôme ».

-Vraiment ? Comment en es-tu sûr ? Demanda l’un d’eux.

-Ce n’est que la rumeur mais on dit que parfois, avant l’aube, on peut apercevoir la silhouette de quelqu’un sur le toit de l’école et qu’elle disparaît avec les premiers rayons du jour ne laissant aucune trace. Comme le jour se lève plus tard maintenant, personne n’avait pu observer ça avant mais des amis qui arrivent tôt m’ont rapporté ça, flippant n’est-ce pas ? Continua un autre.

-Oh mais ça me rappelle, il n’y a pas eu un mort là-bas durant la guerre ? Peut-être que c’est l’esprit de cette personne qui revient se venger qui sait ; continua un troisième.

Le groupe passa son chemin sans que nous puissions en entendre plus. Soudain, Miyako lâcha son cartable et se figea, ses yeux regardant dans le vide et le visage affreusement pâle.

-Quelque chose ne va pas Miyako ? S’inquiéta Nagisa.

-Je…Il faut faire ce test ; bégaya la fille aux cheveux de flammes toujours blême.

-Miyako…murmurai-je en devinant ce à quoi elle pensait.

Alan fronça les sourcils. Il devait lui aussi savoir pourquoi Miyako réagissait ainsi et ça n’avait pas l’air de lui plaire. Néanmoins, il ne dit rien de plus.

-Bien, contente de voir que tu as changé d’avis ! S’exclama Saya qui ne pouvait pas comprendre. Donc voilà l’idée, demain soir, donc Samedi, nous nous retrouverons tous ici à la salle du club. Je vous expliquerai tout en détail à ce moment là. Je peux vous assurer que ça va être super ! Et on verra si monsieur Darksky est aussi courageux qu’il le prétend.

Tout le monde acquiesça et nous pûmes enfin rentrer chez nous. Cependant, alors que Miyako allait partir de son côté, je la retins par le bras. Elle ne me résista pas, ce qui était mauvais signe. Je dis à Laura de rentrer de son côté et j’attendis qu’il n’y ait plus que nous deux pour parler.

-Miyako, je sais à quoi tu penses.

-Vraiment ? Répondit-elle d’une voix éteinte.

-N’importe quel imbécile aurait pu le deviner.

-C’est donc pour ça que tu as compris j’imagine.

Je ne fis aucun commentaire sur sa pique désagréable. Elle avait au moins gardé ses sarcasmes, ce qui était plutôt bon signe. Elle se dégagea et me regarda droit dans les yeux.

-Tu penses donc que je fais ce test de courage dans l’optique de revoir Dan ? Tu crois réellement que moi, je vais gober des histoires aussi farfelues ?

-Oui. En temps normal, tu passerais à côté, mais ici, tu vois ta seule chance de t’excuser auprès de ton ancien ami, je me trompe ?

-Peut-être bien ; dit-elle en souriant légèrement. Enfin, l’espoir fait vivre comme on dit…A plus Darksky.

Je la regardai s’éloigner lentement, les mains dans les poches, de sa démarche décontractée, ses longs cheveux volant au vent et s’embrasant sous le soleil couchant. Elle était bien moins froide qu’elle ne le laissait paraître et pourtant, même si nous le savions tous, elle continuait à se comporter de la sorte avec nous, comme prisonnière d’un rôle dont elle ne pouvait se défaire, le rôle de la chef de la résistance…

Alors que je marchais tranquillement sur le chemin du retour, j’aperçus près du parc deux personnes que je connaissais assez bien à présent : Julie et Denys, les anciens camarades de club de Miyako. Ils m’avaient également remarqué et virent à ma rencontre.

-Darksky-Sama ! S’exclama Denys toujours enjoué, ca faisait longtemps ! Tout va bien de votre côté ?

-Oui, même si nous avons eu quelques soucis ces derniers jours, tout est rentré dans l’ordre. Et vous, que venez vous faire ici ?

-On est venu chercher le fant…

Julie écrasa le pied de Denys pour l’empêcher de parler mais j’en avais assez entendu pour comprendre.

-Vous cherchez le fantôme de votre ami n’est-ce pas ?

Julie se raidit. J’avais visé juste.

-C’est exact ; avoua-t-elle après un moment de silence. Depuis que nous nous sommes rencontré ce jour-là sur le toit, nous le cherchons.

-Nous avons entendu certaines rumeurs comme quoi une mystérieuse silhouette apparaissait sur le toit de l’école avant le lever de jour, cela nous a intrigué et nous sommes venus voir par nous mêmes ; continua Denys qui avait soudain arrêté de crier. Mais nous ne l’avons jamais vu…termina-t-il plus bas.

-Dans ce cas, pourquoi revenez-vous maintenant ?

-La rumeur s’était estompée mais elle revient de plus belle en ce moment ; reprit Julie. J’espère que Miyako…

-Elle sait.

Les deux amis me regardèrent avec des yeux ronds. Devais-je leur dire que nous partions justement à la chasse au fantôme le lendemain ? Ils étaient autrefois les meilleurs amis de Miyako mais je craignais qu’ils ne fassent replonger cette dernière s’ils venaient également.

Mais leur cacher une telle chose serait injuste, ils avaient le droit eux aussi de revoir leur ami si tout cela était vrai. Je pris ma décision, bien que peu sûr de moi.

-Nous partons demain à la chasse au fantôme.

Julie écarquilla les yeux et Denys fit un bond de deux mètres.

-Nous avons également entendu cette rumeur et nous voulons vérifier si elle est fondée, surtout Miyako qui pense comme vous ; continuai-je devant leur réaction.

-Miyako…a accepté de venir ? Murmura Julie. Je ne pensais pas qu’elle aurait ce courage, elle n’est jamais allée sur sa tombe…

-Ca ne m’étonne pas vraiment ; lui répondit Denys. Si elle avait l’occasion de s’excuser auprès Dan, elle le ferait sans hésiter.

-Venez avec nous, elle sera sûrement plus à l’aise si vous êtes avec elle.

Ils se regardèrent une nouvelle fois dans les yeux et, après un signe de tête commun, ils acceptèrent mon invitation. Je leur donnai les modalités et je prévins Saya que nous expédition allait comporter quelques membres supplémentaires puis nous nous séparâmes. Avais-je vraiment bien fait de leur proposer ? Je déglutis en pensant à la réaction de Miyako le lendemain et j’accélérai le pas.

En arrivant, je ne fus même pas surpris lorsque Marie se précipita sur moi pour me supplier de venir également à la chasse au fantôme. Lorsque je me tournai vers Laura, elle détourna le regard, gênée et je fus bien obligé d’accepter…La chasse au fantôme privée du club de duel était devenue bien vite ouverte à tout le monde…

Le lendemain, je passai la journée avec Laura dans le parc à regarder les duellistes comme nous le faisions si souvent auparavant, sauf que nous étions dans l’arène et non dans les gradins avant. Mais du moment que je pouvais passer un peu de temps avec elle sans être dérangé par des histoires abracadabrantesques de démon et de fin du monde, cela me convenait, nous avions un bon nombre d’années à rattraper après tout.

Denys et Julie passèrent vers seize heures et se joignirent à nous. Le soir venu, Marie vint nous chercher et nous partîmes tous pour l’école. Nous croisâmes Nagisa sur le chemin qui eut l’air ravie de revoir les amis de Miyako et nous arrivâmes tous les six devant les grilles de l’école….fermées, évidemment.

-Et…que fait-on maintenant ? Demanda Nagisa ennuyée.

Je tentai de les ouvrir à la main, sans succès, elles étaient bien closes.

-Elle aurait pu penser à ça au moins, elle va avoir l’air maligne quand elle arrivera elle aussi devant la grille ; dit Laura en fermant les yeux, l’air désespérée.

Miyako et Alan arrivèrent à leur tour, l’une les mains dans les poches et l’air fatiguée avec un grand manteau noir, l’autre enjoué et guilleret, habillé très légèrement avec une simple veste.

-Quel accueil…chaleureux ; fit remarquer Miyako lorsqu’elle vit les grilles fermées. Elle aurait au moins pu les ouvrir. Je pense donc que l’expédition se termine ici, bonne nuit tout le monde.

-Je suis certain qu’il s’agit de notre première épreuve ! S’exclama Alan en la retenant et essayant de voir s’il n’y avait pas une autre entrée sur le côté.

Au même moment, je reçus un message de Saya sur mon portable. Je m’apprêtais déjà à lui faire état de la situation jusqu’au moment où je lus ce qui était écrit : « Première épreuve ; pénétrer à l’intérieur de la demeure du fantôme. Ne te fie pas à ce que tu connais, fonce vers l’inconnu, c’est ton seul moyen d’avancer. »

Je dus faire une drôle de tête car tous les regards se tournèrent vers moi.

-Alors, que nous dit cette chère Saya ? Me demanda Marie en se penchant par dessus mon épaule pour lire.

-Simplement qu’elle prend son propre jeu trop au sérieux ; répondis-je en éteignant le téléphone. Quoiqu’il en soit, si vous voulez vraiment faire cette chasse au fantôme, il va falloir nous séparer et chercher une entrée.

-Comme je suis la présidente du club…je pense que je devrais les faire non ? Hésita Nagisa.

-Pourquoi pas, au point où on en est ; répondit Laura en haussant les épaules.

-Bien…donc, je pense que la première équipe pourrait se composer de…Laura et Marie. Pour la deuxième…peut-être Darksky et Miyako. Alan ira avec moi et Denys et Julie iront de leur côté, cela convient à tout le monde ?

-On dirait que je n’ai pas le choix ; soupira Miyako. Trouvons cette entrée rapidement, j’ai à faire.

Elle tourna la tête vers ses anciens amis et ils se regardèrent quelques instants. Je devinais aisément à quoi ils pensaient. Chacun voulait trouver l’entrée le plus vite possible afin de vérifier cette rumeur.

Tout le monde se sépara et je me retrouvai seul avec Miyako devant les grandes grilles de l’école. Cette dernière regardait fixement vers le toit et je n’osais pas la déranger.

-Bien, mettons nous en route également ; finit-elle par dire cinq minutes après le départ des autres.

Miyako prit une direction totalement opposée à celle de l’école. Je la rappelai, craignant qu’elle n’abandonne déjà l’expédition, mais elle me répondit par un simple signe de la main pour me dire de la suivre. Qu’avait-elle donc derrière la tête ?

Nous marchâmes dans la rue sombre en silence pendant plusieurs minutes, sans dire un mot. Miyako était plongée dans ses pensées et ne répondait à aucune de mes questions. Elle avançait tout droit, sans même regarder où elle allait.

Finalement, elle bifurqua dans une petite ruelle que je ne connaissais pas et s’arrêta devant une porte de garage.

-Miyako, qu’est-ce que tu fais à la fin ? Nous sommes censés trouver une entrée, pas nous balader à l’aveuglette dans les rues !

-Tu penses vraiment que je suis venue dans un endroit pareil pour le plaisir ? Rétorqua-t-elle, glaciale.

Je m’apprêtai à ajouter quelque chose lorsqu’elle poussa la lourde porte et s’engouffra à l’intérieur et je la suivis. Je ne comprenais vraiment pas ce qu’elle faisait. Ce n’était qu’un simple garage, avec quelques voitures et des lumières qui tenaient à peine.

Miyako continua son chemin jusqu’à une autre porte, plus petite. Elle la poussa et sourit lorsqu’elle s’ouvrit.

-J’en étais sûre ; dit-elle d’un ton amusé. Tu peux prévenir les autres Darksky, je pars devant.

-Tu vas où exactement ?

-A l’école évidemment, où veux-tu que j’aille ?

Nous passâmes la porte et nous nous retrouvâmes dans un long couloir gris, sans aucun ornement excepté un panneau indiquant la sortie. J’envoyai un message aux autres et je suivis Miyako à l’intérieur du tunnel.

-Comment savais-tu qu’on pouvait rentrer par là ? L’interrogeai-je tout en marchant.

-Lorsque j’essayais de trouver un moyen de nous échapper l’année dernière, je suis tombée sur ce passage par hasard. Mais à cette époque, la porte était condamnée et j’ai donc du renoncer. Mais je sais également que c’est le seul moyen de sortir de l’école sans passer par la grande porte, c’est pourquoi j’ai tout de suite pensé à cet endroit lorsque Saya t’a demandé de trouver une entrée.

Je ne savais pas quoi répondre à cela. Miyako semblait vraiment connaître le lycée sur le bout des doigts. En un sens, j’étais content de l’avoir à mes côtés à ce moment, même si je devais subir ses sarcasmes, cela m’évitait les plaintes de Laura, les hésitations continuelles de Nagisa ou les piques de Marie.

Nous continuâmes quelques minutes dans ce couloir avant de débarquer devant une nouvelle porte que Miyako ouvrit et nous nous retrouvâmes au sous-sol, à côté des vestiaires des gymnases. Derrière la porte, je pouvais lire une inscription « interdit aux élèves », pas étonnant que je n’aie jamais su qu’il y avait un passage ici.

Nous attendîmes en silence les autres qui arrivèrent petit à petit avec Denys et Julie en tête, suivis de Nagisa et Alan, pour finir par Laura et Marie qui semblaient épuisées.

-Tu n’as pas intérêt à faire le moindre commentaire toi ; me prévint Laura avant même que je n’aie pu dire un mot.

-Quelle idée aussi d’essayer d’escalader les murs de l’école pour rentrer hein ; lui dit Marie avec une tape dans les côtes.

-Ce n’était certainement pas mon idée ! Rétorqua Laura visiblement très énervée.

Mon téléphone vibra une nouvelle fois et je pus lire un nouveau message de Saya : « Félicitation, vous avez pénétré la demeure hantée. A présent, il va vous falloir survivre. Essayez d’atteindre mon repaire, mais où est-il ? Essayez de deviner. Des indices sont répartis partout dans les salles de classe, le premier se trouve là où tout a commencé… »

Je me pris ma tête dans les bras. Saya avait vu bien trop de films, ce n’était pas possible de prendre son propre jeu autant au sérieux…

Lorsque je finis de lire ce message à voix haute, ils me regardèrent tous comme si j’étais fou.

-Ce n’est pas à moi qu’il faut soumettre ce regard, je ne fais que lire.

-Mais qu’est-ce que Saya entend par « survivre » ? Me demanda Nagisa peu rassurée. Elle ne nous a quand même pas préparé des pièges j’espère ?

-Puisque c’est une épreuve de courage, j’imagine que si…mais ça ne rend la chose que plus excitante ! S’exclama Alan.

-Je sens que la nuit va être longue ; soupira Laura. Trouvons vite ces indices qu’on en finisse.

-Et où veux-tu les trouver ? Ils pourraient être n’importe où ; répliquai-je.

-C’est simple, connaissant Saya, « là où tout a commencé » ne peut être que la salle de club ; me répondit Miyako en prenant cette direction.

Tout le monde sembla d’accord et nous la suivîmes. Nous remontâmes tout d’abord au rez-de-chaussée et je remarquai que la cour vue de nuit était bien différente. Sans la lumière du jour, on ne pouvait distinguer les différentes installations et tout se mélangeait dans un méli mélo d’ombres inquiétantes. Cependant, rien ne semblait troubler Miyako qui continuait d’avancer naturellement avec Denys, Alan et Julie juste derrière elle et Nagisa un peu en retrait.

Evidemment, pour eux, cet endroit était aussi familier de jour que de nuit mais moi, j’étais mal à l’aise, comme si quelqu’un m’observait. En me retournant, je vis que ni Marie, ni Laura ne semblaient rassurées.

-Darksky, ça ne va pas, j’ai un mauvais pressentiment ; me dit soudain Marie.

-Tu me fais peur tu sais ? Parce que avec toi, un mauvais pressentiment signifie des ennuis…

-Je ne sais pas…mais je détecte deux autres présences ici à part nous.

-Deux ? Répéta Laura surprise. Il y a Saya et ?

Je frissonnai. Laura n’osait peut-être pas le dire ou bien ne voulait pas y croire, mais cette présence ne pouvait être qu’une chose. La rumeur était donc bien vraie…

Je voulus prévenir Miyako mais je constatai avec horreur qu’elle avait disparue, de même que Denys, Julie, Nagisa et Alan. Il ne fallait pas paniquer, après tout, j’avais l’habitude des fantômes, ce n’était pas comme s’ils étaient réellement maléfiques…

-Darksky, il ne manque pas quelques personnes ? Me demanda Laura.

-Génial, on est seul dans une école avec un fantôme ! S’exclama Marie avec un faux sourire.

-Arrête de dire des trucs pareils ; la réprimandai-je. Il n’y a pas de fantôme ici. Continuons simplement jusqu’à la salle de club, les autres devraient déjà y être.

Sans dire un mot de plus, nous rentrâmes dans le bâtiment principal. Une fois que nous eûmes passé la porte, cette dernière se referma brutalement et me fit sursauter.

-Alors, on a peur d’une porte ; me lança Marie en se dirigeant vers le bouton pour allumer la lumière.

Elle appuya dessus mais rien ne se passa et je la vis frissonner.

-Alors, on a peur du noir ? Lui lançai-je à mon tour pour me venger.

-Ce…Ce n’est pas drôle ! Je n’ai pas envie de me casser une jambe dans les escaliers moi !

-Calmez –vous un peu vous deux ; nous interrompit Laura. Saya a simplement du couper l’électricité pour rendre son jeu plus…réel. Quoiqu’il en soit, ne trainons pas.

Je sentais dans sa voix qu’elle n’était pas vraiment convaincue elle non plus. Saya y était forcément pour quelque chose, mais il n’y avait pas qu’elle à l’œuvre…

Nous avançâmes à tâtons jusqu’au couloir menant à la salle de club sans autre mauvaise surprise. La lumière de la lune était largement suffisante pour éclairer nos pas.

Soudain, un coup de vent fit claquer une fenêtre et sursauter Marie.

-Je…je n’ai pas peur hein, c’est juste que…

Elle s’arrêta net et devint livide avant de se mettre à trembler.

-Bah, tu as perdu ta langue ?

-De…Derrière…Derrière-toi…Bégaya-t-elle, terrifiée.

-Oui, derrière moi ?

-Un Fan…fan…fan…

-Un faon ? Tu es sûre que tout va bien ? Lui demanda Laura.

-Un Fantôme ! S’écria-t-elle soudain avant de s’enfuir.

Laura et moi, nous nous retournâmes et mon cœur manqua de s’arrêter. Il y avait une forme blanchâtre, presque transparente, flottant au dessus du vide et se rapprochant lentement de nous. Je n’arrivai même pas à dire si la chose avait forme humaine…

-Dark…sky…Murmura-t-elle, sa voix se mêlant au sifflement du vent.

Laura poussa un cri de terreur et sans demander son reste s’enfuit également dans la direction opposée en m’entrainant avec elle.

Nous courûmes ainsi comme si notre vie en dépendait – ce qui était peut-être le cas- jusqu’au bout du couloir où nous tournâmes sur la gauche vers la salle du club. Lorsque nous passâmes devant, la porte s’ouvrit et deux mains nous agrippèrent pour nous trainer à l’intérieur.

Je fus à peine surpris lorsque je vis que tout le monde était là, y compris Marie.

-Ca ne va pas de crier comme ça ? Râla Miyako.

-Attendez, ne dites rien, vous avez vu un fantôme n’est-ce pas ? Nous demanda Alan toujours de sa voix enjouée.

-Oui, je crois ; répondis-je encore essoufflé.

-Il n’y a pas de « je crois » qui tienne, c’était un fantôme, point barre ! Rétorqua Laura toujours affolée.

Miyako se frotta les yeux avec deux doigts comme si elle était vraiment très fatiguée…ou pour signifier que nous la fatiguions.

-Vous êtes stupides ou quoi ? C’est certainement l’un des pièges de Saya pour nous faire peur.

Un grand silence suivit et Marie et Laura prirent des airs totalement déconcertés, ce qui fit soupirer une nouvelle fois la grande fille aux cheveux rouges.

-Au passage, nous avons trouvé le premier indice ! S’exclama Denys.

-« La où tout a commencé n’est peut-être qu’une illusion, un rêve. Ma demeure ne se trouve cependant pas dans les songes, mais bien dans le monde réel. Peut-être devriez-vous remonter à la source du sommeil pour savoir où je me trouve… » ; Lit Julie en prenant un air concentré.

Marie la regarda comme si elle était une bête étrange, Laura se croisa les bras et ferma les yeux, désespérée et je me pris à nouveau la tête dans les bras. Je ne savais pas où elle était allée pêcher tout ça, mais il était indéniable qu’elle voulait réellement nous faire tourner en bourrique…

C’est alors que je remarquai quelque chose…ou plutôt je remarquai l’absence de quelque chose : je n’avais entendu aucun commentaire enthousiaste de Nagisa ! Je regardai alors autour de moi mais elle n’était pas dans la pièce.

-Tiens, Nagisa n’est pas avec vous ?

-On pensait qu’elle était avec vous ; me répondit Alan, ennuyé. Nous l’avons perdu de vue lorsque nous nous sommes séparés.

-Allons bon, en plus de devoir chercher un fantôme, nous allons devoir chercher notre présidente ; râla Miyako de plus en plus fatiguée.

Marie fronça alors les sourcils à nouveau et m’attrapa par l’épaule. Je me retournai pour lui faire face et je fus surpris par l’expression qu’elle avait ; sérieuse et inquiète, cela ne présageait rien de bon…

-Qu’y a-t-il Marie ?

-Darksky, c’est mauvais, Nagisa a peut-être des ennuis.

-Avec le fantôme ? Je suis sûr qu’elle se cache plutôt dans un placard en attendant que quelqu’un vienne et…

-Je ne plaisante pas ! Me coupa-t-elle. Je sens une nouvelle présence, et cette fois, bien plus sombre que celle de Saya ou du soi-disant fantôme, presque aussi sombre que la présence que je sentais à l’intérieur d’Hélios auparavant…

Laura lâcha un cri de surprise et je serrai le poing. Nous savions trop bien ce que Marie voulait dire, elle parlait évidemment de Gariatron et donc de Shadow. Laura, Marie et moi étions certainement les seules personnes au courant du secret d’Hélios dans cette pièce et il était inutile de semer la panique. Si Shadow ou l’un de ses sous-fifres était là, c’était pour une bonne raison.

Un fantôme, la présidente disparue, une menace, cela faisait beaucoup pour un simple test de courage organisé par mon amie…Au moins un élément là-dedans n’était sûrement pas prévu.

Evidemment, Miyako demanda à Marie de quoi elle parlait mais cette dernière esquiva totalement la question en lui posant une autre question :

-Miyako, tu ne crois vraiment pas aux fantômes ?

-Ce n’est pas ce que je te demande, de quoi parlais-tu à l’instant ?

-Je sens…de l’espoir en toi depuis tout à l’heure…à quoi penses-tu ?

-A rien, vraiment…répondit-elle faiblement.

-Peut importe ce qu’elle veut dire ; intervint Laura. Il y a quelqu’un d’autre ici, point. Pour le moment, nous devrions nous concentrer sur deux choses : terminer ce stupide test de courage et retrouver Nagisa, ensuite nous verrons qui est ce mystérieux individu qui se balade dans l’école un samedi soir.

-Comme tu voudras ; dit Miyako en haussant les épaules. Je pars en reconnaissance dans ce cas, vous, faites ce que vous avez à faire.

La grande fille ouvrit la porte et sortit de la pièce sans attendre de réponse. Je me tournai vers Julie et Denys qui avaient l’air embêtés et je pensais savoir pourquoi. Miyako ne pensait qu’à une seule chose à présent : retrouver son ami, et rien ne pourrait se mettre en travers de son chemin, elle serait même prête à défier Shadow s’il se montrait…Il fallait agir vite.

-Bien, comme l’ont dit Laura et Miyako, nous avons nos priorités : Marie, Laura, essayez de finir ce jeu et trouvez Saya, elle est peut-être en danger elle aussi. Denys, Julie, Alan, je compte sur vous pour retrouver Nagisa.

-Et toi alors ? Tu vas te la couler douce ici ? Ricana Marie.

-Je vais rattraper Miyako. Avec le fantôme et la personne non identifiée, elle ne devrait pas se promener seule…je compte sur vous.

Je sortis à mon tour de la pièce et je me retrouvai seul dans le couloir sombre. Mais ce n’était pas le moment d’avoir peur. Je ne vis Miyako nulle part mais je devinais aisément quelle direction elle avait prise et je m’engageai dans le long couloir à mon tour. Je passai au premier étage sans mauvaise rencontre, puis au second. Je m’arrêtai quelques instants pour reprendre mon souffle lorsque j’entendis une étrange mélodie. Quelqu’un jouait du piano.

Je me raidis. Qui était assez tordu pour venir jouer au piano à l’école en pleine nuit ?

Ma curiosité fut plus grande que ma crainte et je me dirigeai vers la source de la musique. Je fis halte devant une salle servant de débarras. Il n’y avait aucun doute, la mélodie venait de cette pièce.

Prudemment, en faisant le moins de bruit possible, j’ouvris la porte. Je n’y voyais pas à deux mètres et pourtant, je devinais l’ombre d’un piano à queue près de la fenêtre entrouverte, mais pas celle du pianiste.

Je ris intérieurement et je me détendis. C’était du Saya tout craché ça, un piano mécanique pour nous faire croire à la présence d’un fantôme invisible. Malheureusement pour elle, ce genre de tour ne marchait pas avec moi.

Je m’apprêtais déjà à repartir chercher Miyako lorsque j’entendis comme un souffle. Ca ne ressemblait pas au bruit du vent mais plus à un râle humain…

Allons bon, encore un tour de Saya…qu’est-ce que c’était cette fois ? Un CD où elle s’était enregistré elle même ou bien un ventilateur soufflant dans un cône ou bien…

Je me figeai instantanément. Deux minuscules yeux rouges me fixaient par la fenêtre. Non, ce n’était qu’une blague de Saya, certainement des autocollants ou des lasers…

Je sursautai lorsque je les vis bouger et grossir lentement tandis que le râle se faisait de plus en plus proche.

-Tu…tu es très douée Saya, je dois l’avouer…mais pourrais tu éloigner ton laser de moi s’il te plait ?…

Aucune réponse excepté cette respiration saccadée. Mon bon sens m’ordonnait de m’enfuir à toute jambe mais ma fierté me l’empêchait. Je ne voulais surtout pas donner à Saya ce qu’elle désirait tant si c’était bien elle qui avait orchestré tout ça…

Cependant, ma conviction vacilla lorsqu’une sorte de brume transparente envahit la pièce et dessina comme un corps difforme sous les deux yeux rouges.

-Dark…Sky…

C’en était trop ! Saya ou pas Saya, j’étais terrifié et je pris mes jambes à mon cou, tant pis si c’était une ruse, je ne voulais pas prendre le risque de me faire tuer par cette…chose !

J’avais à peine fait quelques mètres que je me heurtai à quelqu’un et je lâchai un cri suraigu.

-Je peux savoir pourquoi tu fais un tel raffut ? Râla la personne en m’attrapant par le col.

-Mi…mi…Miyako ? Bégayai-je presque heureux de la voir.

Elle soupira et me lâcha.

-Tu faisais tellement de bruit que j’ai cru que quelqu’un était en danger tu sais.

-Mais…mais j’étais en danger ! Répliquai-je.

-Allons bon, qu’est-ce qui te fait peur cette fois ? Une souris ? Une araignée ? Ou bien alors…le fantôme ?

-Ce n’est pas drôle Miyako, il y a vraiment un truc pas net dans cette école, je viens de me faire attaquer par…par…une chose qui…

-Je ne veux même pas savoir ce que Saya a inventé ; me coupa-t-elle. Je me suis déjà pris un gant plein de ketchup et un drap accroché au plafond avec des lampes torches à l’intérieur, j’ai eu ma dose pour ce soir.

-Un…gant plein de ketchup ?

J’examinai alors de plus près mon ami et je remarquai en effet une énorme tache rouge au niveau de son col et je ne pus m’empêcher de rire…ce qui me valut une belle claque.

-On voit que ce n’est pas toi qui vas devoir nettoyer ! Bon sang, tu es aussi peu soucieux des affaires des autres que Saya toi…

-Désolé, mais il faut avouer que la blague est amusante tout de même et…

-Tu en veux une autre ?

-Non merci, je m’en passerai.

A partir de ce moment là, je ne fis plus aucune remarque sur cette blague…bien que je la trouvai vraiment drôle, surtout comme c’était Miyako qui en avait fait les frais. Au moins, j’avais pu évacuer toute la peur que cette chose m’avait procurée, ce qui me permit d’y repenser plus calmement.

C’était déjà la deuxième fois que je croisais son chemin. Si ce n’était qu’une blague de Saya, une seule fois aurait suffi et elle aurait trouvé autre chose pour nous effrayer…Plus important, Saya était bien incapable de faire des fantômes aussi réalistes, surtout en à peine une journée. Non, il s’agissait bien là d’une chose sans aucun rapport avec Saya.

-Tu comptes passer la nuit ici ou bien tu viens ? Lança Miyako depuis les escaliers en me tirant de mes pensées.

-Je pense que je vais venir avec toi, ce n’est pas prudent de se balader seule…

Elle ne répondit rien et commença à monter. Je la rejoignis en courant, il était hors de question de la perdre encore une fois et de me retrouver seul avec…la chose.

La fille aux cheveux rouges ne s’arrêta pas au troisième étage et alla directement à la porte menant au toit, devant laquelle elle s’arrêta brusquement.

-C’est…ici…

-Tu es prête Miyako ? Lui demandai-je en la prenant par l’épaule.

-Evidemment…enfin, je pense…

Elle respira un grand coup et ouvrit la porte. Immédiatement, le vent me fouetta le visage. Il était bien plus fort que d’habitude, comme s’il nous repoussait à l’intérieur…Mais Miyako n’en tint aucun compte et sortit, et je la suivis.

De nuit, la vue sur la ville était presque magique. Les milliers d’étoiles dans le ciel se confondaient avec les lumières de la ville tandis que la mer au loin se mélangeait avec le ciel, si bien que je ne pouvais pas les distinguer. Mais je n’étais pas venu pour admirer la vue et je reportai mon attention sur mon amie.

Miyako fit quelques pas, regarda de tous les côtés avant de rire doucement.

-Je le savais….je savais bien que c’était impossible.

Elle se retourna vers moi. Même si elle souriait légèrement, une tristesse et une déception infinies se lisaient dans ses yeux.

-Il n’y a rien à voir ici, rentrons, les autres doivent s’inquiéter.

-Tu es sûre que tu ne veux pas attendre un peu ? Peut-être que…

-Non Darksky, c’est bon, j’ai vu ce que j’étais venue voir…

Alors que la jeune fille tournait déjà le dos au rebord, le vent souffla de plus belle et me fit perdre l’équilibre. Cette fois, il n’y avait plus de doute possible, Saya n’y était pour rien puisqu’il n’y avait aucun ventilateur géant en vue.

Une brume sortie de nulle part nous entoura et les deux yeux rouges réapparurent juste devant la porte. Les yeux de Miyako s’illuminèrent lorsqu’elle vit cela. Elle devait penser qu’elle avait en face d’elle son ancien ami mais je sentais qu’il s’agissait d’une chose totalement différente…

-Da…Dan ? Murmura-t-elle.

-Non Miyako, n’approche pas, ce n’est pas lui ! Lui criai-je.

-Ca ne peut-être que lui imbécile…il est revenu…

-Miyako, ne soit pas têtue et éloigne-toi de ça !

Mais mon amie n’écoutait pas ce que je lui disais et elle continuait de s’approcher de la forme brumeuse. Il fallait que je l’arrête…

-Dark…sky ; murmura une nouvelle fois la chose sans forme.

-Comment…connaissez-vous mon nom ? Articulai-je enfin.

-Im…bécile…

Cette chose était bien familière avec moi…

Soudain, une chose me frappa, je connaissais cette voix ! Même si elle était totalement déformée, haletante et résonnante, je la connaissais.

-Lu…Luna, est-ce que c’est toi ? Demandai-je prudemment.

-E…Evi…demment !

La voix se fit immédiatement plus claire et toute la brume autour de nous se rassembla sous le corps difforme pour lui en procurer une, une forme de jeune femme. Lorsqu’elle vit cela, Miyako s’arrêta net et écarquilla les yeux.

-Co…Comment ? C’est une fille ?

-Ah, enfin, c’est pas trop tôt, je pensais que je n’arriverai jamais à puiser assez d’énergie pour reprendre une apparence normale ! S’exclama le fantôme blanc.

Je dus la regarder très bizarrement car elle eut l’air surprise.

-Quoi ? J’ai raté quelque chose ? Je suis mal coiffée ou bien ?

-Luna…qu’est-ce que tout ça signifie ? Lui dis-je en mettant ma main sur mon front.

-Oh, mais c’est très simple, lorsque l’attaque de Gariatron m’a atteinte, je me suis dissipée en milliers de particules. J’ai mis du temps avant de pouvoir refaire surface comme tu l’as vu. Jusqu’à présent, je subsistais uniquement sous forme de brume ou de chose sans aucune forme. Mais à présent, me revoilà !

-Ce n’est pas ce que je te demandais…Ce que je veux savoir, c’est comment tu es arrivée ici et surtout, ce que tu fabriques ici !

-C’est une longue histoire peu intéressante. Quant à ma présence ici, c’est parce que je sais que vous n’avez pas vaincu le démon, donc je suis de retour pour vous aider, je ne me balade pas dans ce monde pour mon plaisir tu sais!

-J’imagine donc que les histoires de fantômes et tout ça, c’est de toi qu’elles parlent ?

-Sûrement oui ; répondit-elle avec un grand sourire. Je t’ai longtemps attendu sur ce toit, mais chaque jour, la lumière du soleil me faisait disparaître de la vue des gens. J’ai bien essayé de rentrer en contact avec toi mais tu ne m’as jamais remarquée…

Toute la pression se relâcha d’un seul coup. Tout s’expliquait à présent. Je regardai Miyako qui avait également suivi la conversation. Elle avait l’air déçue mais également soulagée. Peut-être que les choses étaient mieux ainsi, peut-être que revoir le fantôme de son ami lui aurait fait plus de mal que de bien.

-Tiens, tu es…Hikari Miyako n’est-ce pas ? Dit soudain Luna en s’adressant à la jeune fille.

-Ou…Oui ; bégaya-t-elle surprise.

-J’ai bien connu ton alter égo sur ce toit, nous en avons passé du temps ensemble tu sais…C’est dommage que tu te sois réconciliée avec elle, je me sens bien seule depuis son départ.

-Ah…euh…désolée ; dit la jeune fille à court de réponse.

J’allais poser une autre question à Luna lorsque j’entendis le cri d’une attaque. En me retournant, je vis Saya se précipiter vers Luna tandis que tout le reste du club lui ordonnait de ne pas bouger.

-Alors c’est toi le fantôme qui m’as volé la vedette ? Tu vas voir ce que ça coute de me mettre des bâtons dans les roues !

Elle sauta dans les airs et tenta de donner un coup de pied au fantôme pendant qu’elle retombait…mais elle passa à travers et je reçus naturellement son attaque en pleine tête.

-Oh, désolée Darksky, ce n’était pas volontaire ; s’excusa-t-elle rapidement.

-J’espère bien que ce n’était pas volontaire ; grommelai-je en me relevant.

-Ce sont tes nouveaux amis Darksky ? Intéressant ; déclara Luna en regardant les membres du club un par un.

-Un…un…un vrai fantôme ! S’exclama Denys. Et ce n’est pas Dan en plus !

-Bien, il semblerait qu’on se soit démenés pour rien ; continua Julie en haussant les épaules.

-Les présentations, c’est trop demandé? Dit Marie avec une pointe d’ironie.

Je soupirai.

-Luna, voici mes amis du club de duel Alan, Denys, Julie, Laura, Saya, et ma sœur, Marie. Tout le monde, voici Luna, un fantôme et accessoirement, la sœur de notre très cher Hélios.

Ils la saluèrent, mal à l’aise tandis que Miyako alla se joindre à Denys et Julie en souriant. Cette aventure lui avait au moins permis de retrouver le sourire et de renouer avec ses anciens amis une bonne fois pour toute.

-Quand même, j’avais préparé plein de super pièges comme un gant plein de ketchup, un piano mécanique, un joli drap volant, et voilà qu’un vrai fantôme se pointe, c’est nul ; geignit Saya.

-Que veux-tu, voilà ce qu’il se passe quand on organise un test de courage dans une école hantée ; lui répondis-je en haussant les épaules.

-Cependant, te voir hurler de peur n’a pas de prix ! J’ai réussi à te faire peur !

-D’où est-ce que tu pouvais voir ça toi ? Rétorquai-je furieux.

-De la salle du conseil des étudiants évidemment ; dit-elle comme si c’était évident.

-Il y a des…des cameras dans la salle…

Je m’interrompis. Nagisa n’était toujours pas là et Saya avait certainement pu voir tout ce qui nous était arrivé depuis notre arrivée ici, elle devait donc savoir où se trouvait la présidente du club. Mais, lorsque je lui posai la question, elle répondit par la négative.

-Laura m’a déjà demandé, et elle est sortie de mes écrans lorsqu’elle est entrée dans le bâtiment principal…C’est fou quand même de réussir à échapper aux caméras…A quoi elles servent si on peut y échapper ! Enfin, je ne m’en plains pas…

Mon cœur s’accéléra. Saya n’avait pas fait mention de la troisième présence dans l’école, cela signifiait qu’elle ne l’avait pas détecté non plus…Tout cela ne présageait rien de bon, Nagisa était peut-être en grand danger !

C’est alors que des pas résonnèrent dans la nuit et deux ombres se détachèrent dans l’ouverture de la porte. Je reconnus immédiatement l’une d’entre elle, ce qui ne fit qu’augmenter mon inquiétude. Pour couronner ça, Marie prit une position défensive, comme si elle était prête à se battre.

Les deux personnes avancèrent et, lorsqu’il fut éclairé par la lune, je pus distinguer nettement l’individu inconnu que j’avais en face de moi. C’était un grand homme âgé d’une vingtaine d’années, aux longs cheveux rouges de la même couleur que ses yeux et sa cape. Il nous regardait tous d’un air mauvais rempli de haine. A ses côtés, Nagisa baissait les yeux et n’osait visiblement pas nous regarder, comme si elle était gênée de quelque chose.

Tout cela ne m’inspirait rien de bon. Ce n’était peut-être pas Shadow, mais l’homme que j’avais en face de moi ne me paraissait pas moins dangereux que ce dernier. Mon regard passa sur Luna qui avait subitement repris une expression sérieuse et elle fronçait elle aussi les sourcils, appuyant encore plus mes craintes.

-Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous avez intérêt à relâcher Nagisa ! M’écriai-je.

-Relâcher ? Répéta-t-il avec une voix râpeuse. Je ne la retiens nullement en otage, elle me suit de son plein gré, n’est-ce pas ?

Nagisa ne répondit rien et se contenta de détourner le regard.

-Ah oui, qui êtes-vous alors ? Un ami de son oncle ? Demanda Laura sur un ton de méfiance.

-Si Shadow est l’ombre éternelle, vous êtes le brasier ardent ; lui lança alors Marie.

L’homme rit gravement puis la regarda droit dans les yeux avec un regard qui aurait fait pâlir n’importe qui.

-Tu as bien deviné, félicitations. Mon nom est Floges, je suis un des serviteurs de Pyros et à partir d’aujourd’hui, Fukuhara Nagisa l’est également.


Chapitre 17 : Le Phoenix



Spoiler :



-Aller Athéna, Déesse protectrice de la perfection, détruis le dragon Hiératique parfait, Dieu d’Atum et met un terme à ce duel, Perfect Light beam !

-Carte piège activée ; répliqua l’ex-roi avec un sourire Moqueur. Cylindre Magique, retour à l’envoyeur !

Hélios : 500 – Angéla : 0

Pour la dixième fois de la journée, je m’effondrai par terre sous la puissance de l’attaque d’Hélios…enfin, sous la mienne cette fois… Même si j’avais réussi à maitriser la fusion parfaite et acquis une nouvelle arme dans la lutte contre les démons, il me restait encore bien du chemin à parcourir avant de pouvoir égaler Hélios ou Drago. C’est pourquoi je m’entrainais tous les jours, sans relâche, jusqu’à épuisement, si bien que mes amies commençaient à croire que ce n’était pas un démon qui allait me tuer mais bien Hélios…

Je me relevai une nouvelle fois en titubant avant de me remettre en position.

-Je pense que ça suffit pour aujourd’hui, tu ne penses pas ? Me dit Sherry depuis la fenêtre de son château.

A contrecoeur, je laissai mon disque de duel et je rentrai à l’intérieur avec Hélios, qui s’affala immédiatement sur un des sofas tandis que j’allai prendre place entre Maya et Ambre. Ces dernières n’avaient pas eu le courage de poursuivre la voie de la fusion parfaite et me regardaient combattre à désormais. June, au contraire, avait voulu se perfectionner et s’entrainait aussi dur que moi avec Serena et Satoshi pour maitriser cette invocation, c’est pourquoi elle n’était pas avec nous à ce moment-là.

Ellsworth nous apporta des rafraichissements et nous parlâmes des derniers événements liés à la présence des démons dans ce monde. Depuis l’étrange photo, aucun d’eux ne se manifestait

ouvertement mais le nombre de catastrophes naturelles dans le monde avait subitement augmenté, et de façon dramatique.

Dans les zones sismiques, des tremblements de terre de magnitude huit se répétaient, sous les tropiques, les tempêtes automnales étaient bien plus dévastatrices que les autres années, de nombreux volcans endormis depuis des décennies se réveillaient et causaient des ravages, et, moins problématique mais étrange tout de même, les forêts du monde entier s’étendaient et regagnaient la place qu’elles occupaient avant, le cas le plus flagrant était celui de l’Amazonie. L’alerte rouge était déclarée dans les zones concernées et des milliers de personnes avaient du être évacuées d’urgence.

-Il ne fait aucun doute que tous ces événements ne sont pas de simples coïncidences ; déclara Sherry en nous tendant un journal qui affirmait le contraire. Tout comme Gariatron avait pu étendre son influence à travers son voile de ténèbres, les autres procèdent de la même méthode. Si nous les laissons faire, ils seront inarrêtables.

-Que proposes-tu dans ce cas ? Demanda Hélios sans lever le nez de son jus d’orange. Je veux bien aller les attaquer tout de suite, mais nous risquerions de perdre notre meilleur atout : l’effet de surprise puisqu’à six contre un, même moi je ne pourrais pas faire face, et ça serait bien dommage.

-Il nous faudrait un espion, quelqu’un qui les infiltrerait pour ensuite les détruire de l’intérieur ; lui répondit-elle.

-Qui serait assez cinglé pour aller au suicide ? M’exclamai-je en m’étouffant à moitié avec mon jus d’orange en entendant cela.

-Je suis sûre que tu le ferais toi ; ricana Maya que j’ignorai cette fois.

-Et puis, comment comptez-vous les infiltrer ? Nous ne savons ni comment ils procèdent, ni où ils se trouvent et encore moins qui est dans leur camp !

-Si je ne me trompe pas, j’imagine que tu veux attirer les démons ici et ensuite leur envoyer ta taupe, taupe qui, tu le sais, est déjà au courant et d’accord avec tes plans, c’est bien cela ? Dit alors Ambre d’une voix hésitante.

-C’est presque ça, sauf que la personne à laquelle je pense n’est pas encore prévenue.

-Du moment que je n’ai pas besoin de faire trop de choses dans ces histoires, faites comme bon vous semble ; lança Hélios en baillant.

Il se leva et quitta la pièce sans un mot de plus. Il était tellement insouciant, qui aurait cru qu’il se préoccupait vraiment du sort du monde…Peut-être qu’il s’en fichait bel et bien après tout.

Au même moment, June revint avec Serena et Satoshi. Comme d’habitude, elle n’affichait aucune expression particulière après son entrainement, si bien qu’il m’était impossible de deviner si elle progressait réellement ou non…

Sherry expliqua brièvement son plan aux trois nouveaux venus. Les jumeaux n’eurent aucune réaction particulière mais June au contraire trouva l’idée excellente.

-Si seulement ils ne m’avaient jamais vue, j’aurais pu faire l’appât ; se lamenta-t-elle, déçue.

-Je contacte ce soir la personne, et demain matin, je vous tiens au courant.

Après cela, nous rentrâmes toutes chez nous. La nuit venue, je repensai longuement au plan de Sherry. En lui-même, il n’était pas mauvais et avait de grandes chances de réussir, mais les risques à encourir étaient bien trop grands pour l’espion. Cependant, je ne voyais moi-même aucune autre solution à part attendre qu’ils se montrent au grand jour…

Tandis que je réfléchissais à une alternative, mon portable vibra sur mon bureau. Un message de Laura, cela faisait longtemps que je n’avais pas eu de ses nouvelles. J’avais tellement été obnubilée par Aymeric et mon entrainement que j’en avais complètement oublié le reste. Cependant, un message à deux heures du matin était tout sauf normal…

J’étais sur le point de lire ce qu’elle m’avait envoyé lorsqu’elle m’appela directement. Etrange, normalement, elle se contentait d’envoyer un message, elle n’appelait que très rarement…Je décrochai, inquiète.

-Laura, qu’y a-t-il ? Tu appelles bien tard.

-Angéla, désolée si je suis un peu brusque mais le temps presse. Connais-tu un type du nom de Floges ? Me demanda-t-elle d’une voix ou se mêlaient peur et colère.

Je me raidis. Plus aucun doute, elle avait des ennuis si elle mentionnait le serviteur de Pyros.

-Malheureusement oui ; lui répondis-je gravement. Il nous a attaqué il y a quelques semaines. Tu as croisé sa route également ?

-Oui, et il a…il a…

-Il vous a attaqué aussi ? Demandai-je, craintive.

-Oui…mais il a surtout embarqué une de nos amies avec lui !

-Il a…enlevé quelqu’un ? M’étranglai-je.

-C’est plus compliqué que ça ; hésita-t-elle. Je t’expliquerai en détails un autre jour. Mais dis-moi que tu as des informations sur lui, je t’en prie !

-Je…désolée, je n’en ai aucune…Je sais simplement qu’il est serviteur de Pyros…

-Oh…je vois ; Murmura Laura visiblement dépitée. Désolée de t’avoir dérangée dans ce cas et…

-Attends Laura ! Si tu as vraiment besoin d’informations, je peux demander à Sherry ou Hélios, je pense qu’ils doivent en savoir plus que moi.

-Ne te dérange pas avec ces histoires Angéla, ce n’est pas grave après tout…

-Bien sûr que si c’est grave ! Il ne faut pas que ces types fassent ce que bon leur semblent !

-Merci…Merci Angéla…

-Ne t’en fait pas, nous allons retrouver ton amie !

Le lendemain, je ne perdis pas une seule seconde et j’appelai Ellsworth à l’aube sans attendre Maya, June ou Ambre. Je n’avais pas le tems d’attendre qu’elles se réveillent et je me contentai de leur laisser un message leur disant que j’étais partie devant en urgence.

Je fus à peine étonnée lorsque je vis June dans la voiture vingt minutes plus tard. Evidemment, elle devait déjà être levée lorsque j’avais envoyé le message. Serena et Satoshi étaient présents également, ce qui me surprit déjà plus. Ils n’avaient pourtant aucune raison de venir.

Durant le trajet, j’expliquai rapidement à June la raison de mon affolement et elle fronça les sourcils.

-Pas bon, pas bon du tout. Je ne sais pas pourquoi il a fait ça, mais il doit avoir une raison, une raison autre que nous détruire de petit à petit…

-Et tu ne sais pas qui ce type a enlevé ? Me demanda Serena qui avait tout écouté.

-Non, j’ai oublié de demander ; répondis-je, gênée.

Elle soupira.

-Ca ne nous avance pas. Si on savait qui il a enlevé, ça nous aurait peut-être donné un indice, mais là, rien.

Satoshi restait dans son coin et ne disait rien mais il ne faisait aucun doute qu’il avait tout écouté également.

Alors que nous approchions du château de Sherry, quelque chose explosa devant la voiture, obligeant Ellsworth à s’arrêter brutalement et en urgence. Je fus projetée en avant et tombai de mon siège sous la force de l’impact.

-Ca m’apprendra à ne pas attacher ma ceinture de sécurité ; grommelai-je.

Je me relevai et je regardai par la fenêtre pour voir ce qui avait bien pu causer un tel remue-ménage et j’eus du mal à croire ce que je vis. Devant nous, un énorme cratère encore fumant venait de se former et, juste au dessus planait un grand Phénix.

-Qu’est-ce que…Commença Serena avant de s’interrompre aussitôt.

Le Phénix ouvrit la bouche et Ellsworth eut tout juste le temps de nous hurler de sortir de la voiture avant que cette dernière ne soit carbonisée par l’attaque de l’oiseau de feu. Je sautai à la dernière minute et je roulai sur le bitume, puis j’entendis le bruit d’une autre explosion derrière moi. Je frissonnai en regardant la carcasse fumante. Une seconde de plus et je me retrouvais dans le même état qu’elle…Heureusement, tout le monde avait pu sortir à temps. Mais nous n’étions pas encore tirés d’affaire.

Je me relevai et fis face au grand oiseau. Comment étais-je censée détruire une chose soi-disant immortelle ? Et plus important, d’où sortait-il ?

J’eus ma réponse presque aussitôt lorsqu’une jeune fille s’avança vers nous, un disque de duel à la main. Mon cœur rata un battement lorsque je vis son visage : des cheveux bruns et courts, un air innocent, de grands yeux d’enfant.

-Na…gisa ? Dis-je dans un souffle, ne pouvant en croire mes yeux.

Qu’est ce que la présidente du club de duel de Darksky et Laura pouvait bien faire ici ? A nous attaquer qui plus est. Je regardai June mais elle semblait ne pas en croire ses yeux elle non plus.

-Nagisa, c’est moi, Angéla, nous sommes dans le même camp, tu as oublié ?

-Nous…étions dans le même camp Angéla. Garunix, attaque !

Sans autre sommation, je dus esquiver une autre rafale de flammes de justesse en plongeant sur le côté de la route. Quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire…

Soudain, un rire grave retentit dans les airs. Je levai la tête et je constatai avec effroi que quelqu’un nous observait du haut d’un arbre. Je me mordis la lèvre. J’avais reconnu ce rire et il ne me plaisait pas du tout.

L’individu sauta et, lorsqu’il atterrit au sol en toute légèreté, mes craintes se confirmèrent. N’importe qui se serait tué en tombant d’une telle hauteur, mais cette personne avait à peine soulevé la poussière de la route, comme s’il était porté par les vents…

-Hurricane ; lança June en serrant les dents.

-C’est exact, Hurricane pour vous desservir. Content que vous vous souveniez de moi, j’avais peur que vous m’ayez oublié ; lui répondit-il avec une révérence grotesque. Alors, comment va cette très chère Sophia ? Toujours aussi inutile ?

J’activai déjà mon disque de duel pour le remettre à sa place lorsque des pas résonnèrent derrière moi. Je me retournai et je lâchai un cri de surprise.

-Flo…Floges ?

-Arrête de jouer au grand seigneur Hurricane, tu me fatigues vraiment ; lança-t-il à son camarade, lassé.

Nous étions encerclés, pas moyen de nous échapper, nous devions combattre. A cinq contre trois, nous avions nos chances. Cependant, la présence de Nagisa aux côtés de nos ennemis m’empêchait de me concentrer. Que lui était il arrivé ? Lorsque nous l’avions croisée, elle semblait si frêle et gentille, rien à voir avec la personne que j’avais en face de moi. Son regard était totalement éteint, dénué de pitié ou de compassion, exactement comme Floges et Hurricane.

-Allons Floges, sois un peu plus ouvert lorsque tu entraines tes nouvelles recrues, sinon, qu’est-ce que cette petite va penser de toi ? Répliqua alors Hurricane.

-Vous avez fini vos parlottes ? Les interrompit alors Nagisa froidement. Je croyais qu’on était venu ici pour se battre, pas pour parler !

-Elle est aussi peu sympathique que lui ; marmonna le serviteur de Typhos, l’air déçu. Enfin, elle a raison après tout ; continua-t-il en haussant les épaules.

Sans dire un mot de plus, le Phénix de Nagisa nous attaqua une nouvelle fois en lançant une autre rafale de flammes, que j’esquivai de justesse.

Derrière moi, un arbre s’enflamma lorsque l’attaque le toucha. J’avais eu chaud, au sens propre du terme. Peu importait si Nagisa faisait partie ou non du club de duel de Darksky, elle était notre ennemie à présent, et je ne comptais pas lui faire de cadeau !

-Je ne sais pas quelle sont tes motivations Nagisa, mais si tu es avec eux, je vais devoir te vaincre aussi ! Athéna, protège nous !

La grande guerrière s’interposa entre moi et le phénix, me protégeant ainsi de son feu mortel avec son bouclier d’argent. Mais ce n’était pas une solution, si je voulais gagner ce combat, il allait falloir que je sorte le grand jeu.

-Allons-y Athéna, j’active Fusion…

June m’empêcha d’activer ma carte en me retenant par le bras. Je la regardai surprise et elle secoua la tête négativement.

-Angéla, pas maintenant, ne gaspille pas tes as dès le début.

Cela me coutait de l’admettre mais elle avait raison. J’avais tellement hâte d’utiliser ce pouvoir en combat réel que j’avais oublié que je devais le montrer uniquement en dernier recours, comme Hélios l’avait fait. Il allait falloir trouver une autre solution, et vite, car Nagisa ne lésinait pas sur les attaques…

Derrière nous, Ellsworth, Satoshi et Serena étaient aux prises avec Hurricane et Floges. Ces derniers avaient également sortis leurs monstres mais les jumeaux semblaient préférer se battre à mains nues.

-C’est par ici que ça se passe Angéla ! Me rappela Nagisa avec quelques plumes ardentes qui vinrent se planter juste devant mes pieds.

-Je ne comprends pas Nagisa, pourquoi t’es-tu ralliée à eux ? Tu sais à quel point ils sont dangereux non ? Tu veux vraiment revivre la catastrophe du démon ?

-Tais-toi, tu ne sais rien ! Répliqua la petite fille tandis que son oiseau s’embrasait de plus belle.

-Alors explique moi si je ne sais rien ! Pourquoi nous combats-tu ?

Nagisa marqua un temps d’arrêt et je la vis serrer les dents puis baisser les yeux au sol, mais j’eus le temps d’entrevoir une grande tristesse dans son regard.

-Parce que…c’est le seul moyen pour moi de retrouver ma famille…


L’information mit un certain temps pour parvenir à mon cerveau et je dus me répéter cette phrase encore plusieurs fois dans ma tête pour être sûre d’avoir bien compris. Retrouver sa famille ? C’était ce que le démon lui avait promis ? Ou bien était-ce un chantage infâme l’obligeant à s’allier avec eux ? Il était vrai que je ne connaissais rien de la jeune fille en face de moi, mais j’avais le sentiment qu’elle faisait tout cela malgré elle…Il fallait que je la raisonne, il restait peut-être une chance qu’elle m’écoute…

-Ta famille dis-tu ? Et pourquoi aurais-tu besoin de l’aide de ces types ? Nous pouvons t’aider tu sais !

-M’aider ? Je ne pense pas non !

Evidemment, je m’attendais à ce genre de réponse, sinon elle l’aurait déjà fait…

-Et pourquoi les démons pourraient-ils le faire alors ? Qu’ont-ils de plus que nous ?

-Personne…ne peut ressusciter les morts ; déclara-t-elle, le regard voilé par la tristesse.

Je m’arrêtai soudainement, choquée par cette révélation. Alors voilà ce que les démons lui avaient promis, de ressusciter ses parents en échange de son aide ? Ils…avaient vraiment le pouvoir de faire ça ? Ou bien n’était-ce qu’un autre mensonge ? Sherry l’avait dit, ils connaissaient tous nos points faibles et savaient comment en tirer profit. Ils essayaient peut-être justement de faire croire à Nagisa qu’ils allaient faire revenir ses parents une fois cette histoire terminée…

-Tu crois vraiment que ces monstres vont tenir leur promesse ? Répliquai-je dans une dernière tentative pour la convaincre. Comment peux-tu faire confiances aux semblables de Gariatron ?

-Tout simplement parce qu’ils détestent Gariatron autant que moi, autant que nous tous !

J’avalai ma salive de travers et je faillis m’étouffer. Non, je devais avoir mal entendu. S’ils détestaient Gariatron, alors quel était leur but ? Pourquoi se présentaient-ils comme des ennemis de l’humanité aussi sanguinaires que l’était le démon des ténèbres ? Et surtout, pourquoi les combattions-nous s’ils avaient le même objectif que nous ?

Ma détermination commença à vaciller. Peut-être que Nagisa avait raison, peut-être que nous étions dans le faux depuis le début, peut-être qu’il valait mieux nous allier à eux que les combattre…

-Balivernes Nagisa ; rétorqua alors June qui ne semblait pas du tout convaincue. Tu dis qu’ils détestent Gariatron et que nous n’avons rien à craindre d’eux ? Tu te fous de qui ? A cause d’eux, des centaines de personnes ont déjà trouvé la mort dans des catastrophes soi-disant naturelles !

Un rire grave nous parvint de derrière nous. Je me retournai et je pus voir que Floges en était l’auteur. L’homme à la cape rouge sang baissa alors son disque de duel et nous dévisagea d’un air méprisant. Hurricane regarda son camarade, visiblement aussi étonné que nous mais ni les jumeaux, ni Ellsworth ne baissèrent leur garde.

-Des centaines de morts dis-tu ? Ricana-t-il alors avec un sourire carnassier. C’est peut-être vrai, mais qu’est-ce que cela représente par rapport aux milliers de personnes tuées chaque jour dans vos guerres, vos querelles, vos folies ? Je vais vous répondre, une goutte de sang dans un océan que vous avez créé. Regardez par vous-mêmes, les journaux, la télévision, les médias en parlent à peine, comme si tout cela était normal ! Tout ça parce que la mort et la violence font partie de ce monde !

-Et c’est une raison pour en rajouter encore plus ? S’exclama Serena, outrée par ses propos. Si vous détestez à ce point cette facette de l’humanité, pourquoi n’essayez-vous pas de la changer plutôt que de vous enfoncer dans ce que vous rejetez ?

-Et que penses-tu que je fasse petite ignorante ? J’imagine que tu as vécu dans le luxe toi aussi, tu es encore une de ces bourgeoises qui ne connaît de la vie que les plus beaux côtés, les bons restaurants, les belles voitures, les grandes maisons, l’argent, l’amitié superficielle, j’imagine que tu n’as pas connu la violence, les guerres, les famines, les complots, l’oppression, la peur de mourir chaque jour de faim ou assassiné par ton voisin, d’être livré par ton meilleur ami à la police, la peur de dormir, la peur de bouger, la peur de parler, la peur de respirer, la peur de vivre…

Un silence s’ensuivit. Tout le monde était choqué par ce que venait de dire Floges, y compris Hurricane qui écarquillait grand les yeux de surprise. Apparemment, il ne savait pas cela non plus. Moi-même je sentais une part de vrai dans ses propos, aussi crus fussent-ils. Il n’inventait pas tout ça, il l’avait vécu et en était sorti visiblement très marqué…

Tout le monde excepté Nagisa qui avait écouté son discours sans sourciller. Avait-elle connu cela elle aussi ? Voulait-elle se venger de Gariatron plus que tout ?

Tous les regards étaient tournés vers Serena qui avait les yeux fixés sur le sol et nous attendions qu’elle réponde à Floges qui affichait déjà un sourire triomphant jusqu’au moment ou Satoshi prit la parole à la place de sa sœur. Le garçon ferma les yeux et mit ses mains dans les poches puis fit face à Floges, l’air supérieur.

-C’est amusant ce que tu dis…parce que ce tableau est exactement celui dans lequel nous avons grandi ; déclara-t-il comme un élève aurait répondu à un professeur l’accusant à tord.

-Vous devez donc comprendre mes motivations dans ce cas ; répliqua alors Floges sur le même ton. Un monde aussi laid ne mérite plus d’exister. Grace à Pyros, je vais façonner un monde nouveau, un monde beau, un monde débarrassé de toute la saleté qui y régnait, un monde dans lequel je m’assurerai que toutes ces choses auront bel et bien disparues et personne ne pourra m’en empêcher !

-Ohé, ohé, tu y vas un peu fort non Floges ? Osa le serviteur de Typhos soudainement blême. Détruire Gariatron, je veux bien, me venger dans la société aussi, mais détruire l’humanité telle que nous la connaissons…

-Pas du tout, j’exterminerai Gariatron comme le désirent les démons, puis je m’occuperai de ce monde ! Si tu t’opposes à moi, tu n’y échapperas pas, tu es prévenu; dit-il, menaçant.

Satoshi se mit à rire à son tour lorsque Floges termina sa phrase et ce dernier le regarda comme s’il était devenu fou.

-Détruire le monde parce qu’il est laid, c’est ça ta motivation ? Je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi stupide ! Je connais toutes ces choses dont tu parles, Serena aussi, nous avons grandi au cœur même de la pauvreté et pourtant, nous ne voulons pas détruire ce monde il me semble. A vrai dire, je m’en fiche de ce monde, tu peux l’exterminer, cela ne me fait ni chaud ni froid, il ne m’a jamais rien donné après tout et ne m’a donc jamais rien pris. Cependant, je ne peux pas te laisser exterminer Serena avec puisqu’elle l’aime et s’opposera donc à toi. Si tu veux détruire ce monde, c’est uniquement par vanité, parce que tu es frustré de ne rien pouvoir faire pour changer les choses alors tu veux tout anéantir pour tout recommencer ensuite…mais as-tu déjà au moins essayé de changer les choses par toi-même ? As-tu déjà tenté de nettoyer toi-même cette saleté que tu rejettes tant ? En tout cas, tu n’en donnes pas l’impression.

C’en était visiblement trop pour lui et il laissa libre court à sa colère en créant une immense barrière de flammes autour de nous, nous empêchant de nous échapper désormais. De plus, Ellsworth était à présent de l’autre côté de la barrière et ne pouvait plus rien pour nous…

-Assez ! Hurla-t-il. Vous faites justement partie des déchets de ce monde, vous qui acceptez votre sort de misérable !

Une boule de feu apparut dans la main de Floges et il l’envoya directement sur Satoshi. Je lui criai de s’enfuir mais il ne bougea pas d’un pouce et se contenta de croiser les bras. Au moment où l’attaque aurait du le réduire en cendre, elle se dissipa simplement devant nos regards ébahis, et plus particulièrement devant celui de Floges. Seule Serena n’affichait aucune surprise particulière.

-Co…Comment ?

-C’est bien ce que je dis ; déclara Satoshi. Tu penses avoir la force de changer les choses, mais tu n’as pas la moindre idée de comment faire, alors tu te débarrasses du problème, comme tu viens d’essayer de le faire avec moi. Tu ne pouvais pas me raisonner alors tu as tenté de me tuer, et évidemment, tu as échoué lamentablement.

Les yeux de Floges prirent une teinte rougeoyante à leur tour et je sentis la température monter d’un seul coup. Le serviteur de Pyros se mit alors à répéter encore et encore son attaque sur Satoshi, mais aucune d’entre-elle ne réussit ne serait-ce qu’à le toucher. Elles se dissipaient toutes au dernier moment.

Floges poussa un cri de rage et son corps prit littéralement feu, nous obligeant à reculer pour ne pas être brûlés, même Hurricane s’était écarté de son soi-disant camarade.

Ce n’était pas bon. Il préparait quelque chose et nous ne pouvions pas nous enfuir à cause de sa barrière, nous ne pouvions que combattre. Je vis alors l’ancien propriétaire de Sophia se retourner brusquement vers Floges, l’air furieux.

-Qu’est-ce que tu fabriques espèce d’imbécile ? Lui cria-t-il. Tu ne vas quand même pas relâcher le pouvoir de Pyros pour ces gamins ! Ne gâche pas autant de semaines de travail en quelques secondes !

-Et pourquoi pas ! Si c’est bien les élus de la prophétie, ils nous mettront des bâtons dans les roues, alors autant les exterminer tout de suite Hurricane, et je te conseille d’utiliser le pouvoir de Typhos si tu ne veux pas y passer aussi !

Le…pouvoir de Pyros ? Je tremblais rien que d’y penser, et June aussi apparemment. Je n’avais aucune idée de ce que cela pouvait être, mais je doutais fortement être prête à affronter un démon, je n’arrivai même pas à vaincre Hélios malgré la fusion parfaite…

Pyros, le démon originel des flammes, la source même du feu sur la terre, son pouvoir devait être considérable, au moins aussi brulant que le soleil…

Je me tournai alors vers Nagisa pour qu’elle tente de raisonner Floges mais elle ne bougeait pas et avait également l’air terrifiée. Que craignait-elle ? Si elle était dans le même camp de Floges, elle n’avait aucune raison de paniquer…

Le phénix à ses côtés s’agita et poussa des cris stridents dans les airs. Il devait sentir que les choses risquaient de mal tourner pour nous et pour eux aussi. Je devais profiter de cette occasion pour tenter de ramener Nagisa parmi nous.

-Tu penses toujours qu’il va tenir sa promesse après avoir entendu ça ? Lui lançai-je soudainement, la sortant de sa torpeur.

-Je…Evidemment !

Elle hésitait, cela montrait que ses convictions commençaient à se fragmenter, je devais m’introduire dans cette brèche.

-Je ne vois pas pourquoi il sauverait tes parents s’il te tue ici et maintenant ; lui répondis-je d’un ton se voulant naturel et calme.

Je manquais de temps, je voyais déjà le corps tout entier de Floges entouré d’un sinistre halo cramoisi. Evidemment, Serena avait tenté de le frapper pendant qu’il concentrait son énergie, mais il devait être brulant car elle hurla dès qu’elle le toucha et retira immédiatement son poing. Satoshi, lui, ne faisait rien et se contentait d’observer, certainement persuadé que ce n’était que du bluff tandis qu’Hurricane reculait lentement en grimaçant, la peur se lisant à présent sur son visage.

-Je ne serai…pas tuée ; répondit alors Nagisa. Je suis le phénix, vivre est mon châtiment…

Je n’eus pas le temps d’être choquée ou de lui répondre quoique ce soit car Floges hurla et derrière lui, une ombre sinistre s’éleva au dessus du sol. Je la reconnus immédiatement, elle était identique au démon que j’avais vu dans mon rêve, et June aussi du la reconnaître car elle lâcha un cri de surprise.

L’ombre continua son ascension dans le ciel, toujours plus grande, toujours plus menaçante, toujours plus effrayante. Elle s’élargit soudain comme si le démon déployait deux immenses ailes cachant le soleil et deux minuscules yeux rouges apparurent au sommet. J’étais en train de revivre la résurrection de Gariatron…non, j’assistai en direct au retour de Pyros sur terre.

-Imbécile, Pyros n’a pas encore assez d’énergie, tu vas tout faire échouer ! Lança Hurricane désespérément.

Floges ne répondit rien et ferma les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, ils étaient devenus entièrement rouges, exactement comme ceux de l’ombre.

Il leva le bras, et l’instant d’après, un torrent de flammes bleues se précipitèrent vers nous telles une déferlante arrivant sur la côte.

Athéna s’interposa pour me protéger, mais à peine avait-elle effleuré les flammes ardentes qu’elle se désintégra et tomba en cendres. Il en fut de même pour la dame harpie de June qui rôti sur place comme un simple poulet. Aucun de nos monstres ne pouvait faire face au pouvoir de Pyros…

June me prit par la main et me sourit comme pour me dire adieu. Je repensai alors à Ambre et Maya. Heureusement qu’elles n’étaient pas venues sinon elles auraient subi le même sort que nous…

Pour toute réponse, je lui rendis son sourire et me contentai de fermer les yeux pour ne pas voir ma mort arriver.

J’attendis…mais rien ne vint. J’ouvris alors un œil timidement et je constatai que toutes les flammes mortelles avaient disparues et que, par miracle, personne n’était blessé, excepté Hurricane qui se trouvait sur leur chemin et dont le bras semblait légèrement brûlé. Cependant, deux nouvelles personnes venaient de faire leur apparition et l’une d’entre elles tenait fermement le bras de Floges, le regard foudroyant. Cette personne…m’avait sauvée, nous avait sauvés ?

J’ouvris l’autre œil et ma joie disparut presque aussitôt lorsque je reconnus deux autres serviteurs des démons : Kyuryu et Terra !


Le vieil homme dévisageait Floges sévèrement et dans ses yeux bleus comme l’océan se lisaient tous les reproches du monde tandis que Terra était aux côtés d’Hurricane et l’aidait à se relever. Les flammes bleues s’étaient volatilisées, de même que l’ombre rouge et le halo entourant le corps du serviteur du démon des flammes. Ce dernier semblait tout aussi surpris que moi et fusilla Kyuryu du regard.

-Qu’est-ce que…Kyuryu, qu’essaies-tu de faire ? Hurla-t-il alors.

-Ca suffit Floges ; répondit le vieil homme calmement. Le pouvoir de Pyros ne doit pas servir à de telles fins, l’aurais-tu oublié ?

Floges jura et baissa les yeux au sol, visiblement résigné et Kyuryu lui lâcha le bras qui retomba mollement le long de son corps, comme s’il n’avait plus aucune énergie. Hurricane et Terra vinrent se placer aux côtés des deux hommes. Même si l’homme à la cape verte était sérieusement amoché, il ne semblait pas prêt à renoncer.

Je vis alors Nagisa et son phénix s’envoler dans les airs avant de rejoindre les quatre hommes. Je tentai de la rappeler mais elle ne m’écouta pas.

Le barbu s’avança au devant de ses camarades et prit la parole d’une voix lente et solennelle :

-Vous avez de la chance que Floges soit un imbécile. Son attaque d’aujourd’hui vient de retarder la renaissance de nos maitres.

-Dites alors aux démons de recruter mieux leurs hommes ! Ricana Satoshi sans décroiser les bras.

Kyuryu lui lança un regard noir mais se contrôla et continua en l’ignorant sur le même ton qu’avant :

-Cependant, vous n’avez gagné qu’un peu de temps, personne ne peut entraver les plans des démons, et surtout pas vous, de simples humains.

-Détruire la terre ? L’humanité ? Vous pensez sérieusement que vous allez y arriver ? Lança June, stupéfaite par la confiance que cet homme avait en lui.

-Personne n’a parlé de tout cela il me semble, sauf peut-être Floges et Gariatron ; répondit-il sereinement. Non, vous ne pouvez pas comprendre leurs véritables motivations, et c’est pourquoi, vous allez vous mettre en travers de notre chemin.

-Dans ce cas, expliquez-nous ! Lui ordonnai-je.

-C’est inutile, vous n’êtes que des enfants, vous ne comprenez même pas comment ce monde est régi ; me dit-il en secouant la tête, comme désespéré. Et c’est justement parce que vous ne comprenez rien que vous êtes si dangereux. Il est temps de vous neutraliser une bonne fois pour toute.

Lorsqu’il prononça ces mots, son œil, déjà bleu, se mit à luire d’un éclat presque aveuglant et l’instant d’après, une gigantesque créature, mi homme, mi dragon, apparut devant nous. Il devait bien mesurer trois mètres de haut et sa tête ressemblait à ces vieilles statues grecques représentant les dieux anciens : vieux, barbus, un sceptre à la main et une couronne sur la tête.

-Dieu des mers, prête moi ta puissance et élimine ces gêneurs, Abyssgaios ! Hurla-t-il à la créature.

Elle se mit en marche, lentement, faisant trembler la terre à chacun de ses pas, laissant derrière elle une trainée d’eau. Je ne savais pas ce qu’il comptait faire, mais je n’avais pas l’intention de me laisser écraser sans rien faire.

-Déesse protectrice d’Athènes, seigneur des armées, montre leur ta toute puissance, Athéna !

La grande guerrière se matérialisa entre la chose et moi et cette dernière s’arrêta en rugissant. J’avais souvent lu que Poséidon et Athéna n’avaient jamais été en très bon termes dans la mythologie…il était temps de confirmer cela.

Cependant…ma guerrière avait beau être puissante, elle n’était pas de taille au corps à corps avec cette chose. Dans un duel normal, peut-être aurais-je eu une chance, mais dans ces conditions, c’était tout bonnement impossible.

Kyuryu sourit et son monstre leva son sceptre en direction d’Athéna. Un étrange rayon en sortit et frappa ma guerrière de plein fouet.

-Pas même une égratignure ? Pas terrible…Tant pis, Athéna, Attaque !

Alors que je lui ordonnai cela, mon monstre ne fit pas un geste et resta sur place, figé.

-Même si nous ne sommes pas en duel, les capacités spéciales restent actives et Abyssgaios empêche tout monstre de niveau cinq ou plus de bouger, c’est dommage pour toi. Gaios, anéantis les !

D’un revers de son sceptre, l’homme dragon écarta Athéna de son chemin qui alla s’écraser sur un arbre sans même pouvoir lever le petit doigt. J’étais dans un sacré pétrin…

-Désolé mon gros, mais c’est par ici que ça se passe, à toi de jouer Dragon fantomatique, familier de harpie !

Une force invisible frappa la bête écailleuse qui trébucha et tomba sur le côté en soulevant un épais nuage de poussière. Kyuryu hurla de rage tandis qu’une forme fantomatique apparut à l’endroit où se trouvait le monstre une seconde avant.

-Petite insolente, tu vas voir ! Rugit l’homme en bleu.

L’homme dragon se releva et tenta d’attraper le fantôme dans sa main, mais ce dernier se volatilisa instantanément pour réapparaitre juste derrière le titan et lui cracher une salve de flammes violettes. Le monstre rugit et tenta de donner un coup de queue mais le dragon avait encore une fois disparu et son attaque brassa de l’air. Je voyais June afficher un sourire satisfait tandis que le visage de Kyuryu s’empourprait de plus en plus.

Une rafale de vent souffla et j’entendis le bruit d’une collision puis le craquement d’un arbre. Le dragon de June venait de se faire projeter contre le tronc simplement sous la force du vent. Je levai la tête et je vis dans le ciel un immense oiseau vert chevauché par une jeune fille aux cheveux de la même couleur et je me raidis.

-Ne m’oubliez pas ; s’exclama alors Hurricane qui s’était remis sur pieds. Je vous présente mon animal de compagnie, Daigusto Eguls…Il est gentil, sauf avec les enquiquineurs !

L’oiseau vert poussa un cri strident en battit des ailes, provoquant une sorte de mini ouragan. Je dus m’accrocher fermement au sol pour ne pas être emportée.

Je tentai d’analyser la situation et un seul mot me vint à l’esprit : désespérée. Athéna était vaincue, Le dragon de June était au tapis et ni Serena, ni Satoshi ne semblaient prêts à invoquer un quelconque monstre tandis qu’Ellsworth se trouvait toujours de l’autre côté de la barrière de flammes qui n’avait pas disparue…

-La recrue de Floges, participe toi aussi à ce combat puisque cet idiot n’a plus d’énergie ; ordonna Kyuryu.

Nagisa sursauta puis s’exécuta immédiatement. Son phénix s’envola et prit place entre les deux autres monstres, ce qui rendait la situation encore plus délicate pour nous.

Mais je n’avais aucunement l’intention d’abandonner et June non plus. Je me remis sur pieds et mon amie invoqua à nouveau son dragon. Il faisait pâle figure face aux trois géants que nous avions en face de nous, mais c’était déjà mieux que rien. Pour la soutenir, je fis également revivre Athéna.

-Je ne sais pas ce que vous attendez, mais je vais en finir rapidement ; dit soudain Terra qui activa son disque de duel.

Une minuscule créature apparut sur le champ de bataille, une sorte de raton laveur. Qu’essayait-elle de faire avec ça ?

J’eus ma réponse immédiatement lorsqu’une copie du dragon de June se forma du côté de nos ennemis. La capacité spéciale de son monstre, je l’avais totalement oubliée…

-Satoshi, Serena, ça vous dirait de nous donner un coup de main ?

Les jumeaux de répondirent pas. Ils étaient terrifiés ou quoi ? Nous allions devoir nous débrouiller à deux pour ce combat dans ce cas…

Kyuryu lança la première attaque et une immense vague surgit des entrailles de la terre. Ses coéquipiers l’esquivèrent facilement mais nos monstres furent submergés…et nous aussi.

Je retins ma respiration tant bien que mal jusqu’à ce que la déferlante se retire, mais à peine avait-elle disparu qu’une tornade créée par l’oiseau vert approchait de nous. J’eus le temps de me mettre à l’abri avec June, mais Athéna et le dragon y passèrent. Je les vis se faire emporter, s’élever dans les airs, tourbillonner dans le vent…

Lorsqu’ils furent éjectés, le phénix de Nagisa se transforma en flammes pures puis fonça sur eux et les traversa de part en part. Je ressentis une douleur intense dans la poitrine et June posa un genou à terre, essoufflée.

Nos deux monstres retombèrent sur le sol dans un fracas assourdissant, devant les regards triomphants des serviteurs de démons qui n’avaient pas la moindre égratignure.

-Vous abandonnez mes petites ? Demanda Terra avec un grand sourire sadique.

-Hors de question ! Répliquai-je.

-Dans ce cas, je vais m’occuper de vos deux amis ici présents ! Répondit-elle en pointant Serena et Satoshi. Vas-y Sandayu, débarrasse-toi d’eux !

-Non, attends…

L’avertissement d’Hurricane arriva trop tard, l’attaque était déjà lancée sur les deux jumeaux qui ne bougeaient toujours pas. Au contraire, Satoshi regardait le monstre foncer sur lui, le regard intrigué. Je leur criai de dégager de là mais ils ne m’entendirent pas et Satoshi reçut directement le coup.

Alors que je regardai la scène, impuissante et désespérée et que les serviteurs des démons pensaient avoir gagné, un rire grave retentit dans la fumée qui se dissipa d’un seul coup.

L’espoir revint pour moi et Terra regarda ce qu’il se passait avec des yeux ronds d’étonnement. Satoshi avait paré le coup d’une seule main sans avoir bougé d’un millimètre.

-Qu’est-ce que…Dit la jeune femme, sous le choc.

-Faible…si faible ; répondit simplement Satoshi.

Il se dégagea de son adversaire et l’envoya valser au sol avec une facilité déconcertante. Terra serra le poing et ses yeux prirent une teinte marron qu’ils n’avaient pas avant…exactement comme Floges…

-Toi ! Tu es…Tu es…Je vais t’anéantir !

Le sol trembla tandis que Terra s’entoura d’un halo de lumière brune. Kyuryu tenta de la raisonner mais il ne réussit pas à la stopper comme il l’avait fait avec Floges. Une nouvelle ombre grandit derrière elle et le ciel s’assombrit. Deux démons en jour…

-Par Pouvoir de Tellas, péris dans les profondeurs de ce monde !

-Non !

C’était Nagisa qui avait crié ça et elle venait de pousser Terra qui chancela et son bras se pointa sur moi lorsque son attaque partit.

L’ombre draconienne fonça sur moi à une vitesse phénoménale. Mon sang se glaça. June cria mon nom. Je tentai de m’enfuir et je trébuchai sur une racine. Elle se rapprochait…si rapide, si puissante, si mortelle…

-Dragon éclipse parfait ! Cria une nouvelle voix que je reconnus entre mille.

Un éclair jaillit des nuages et tomba juste devant l’attaque de Terra, la stoppant net. Dans la lumière, un grand dragon violet aux ailes de lumière se tenait là, ainsi qu’une jeune garçon, blond comme le soleil, portant un simple jean et un tee-shirt rouge. Le dragon levait sa main devant lui comme pour absorber l’attaque.

-Qui…Commença Terra avant de se raidir.

-Dra…go ? Dis-je timidement.

Le jeune garçon se retourna et prononça cette phrase bien singulière.

-Désolé pour le retard, Angéla.





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le bon temps…

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[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:17

Chapitre 18 : Un club sans présidente…



Spoiler :


Comment en étions-nous arrivés là ?…

Je regardais le plafond de ma chambre, les idées encore embrouillées par ce que je venais de vivre moins d’une heure avant.

« Si je fais ça, c’est pour sauver mes parents ! »

Cette phrase résonnait encore dans ma tête. C’était les derniers mots de Nagisa avant qu’elle ne disparaisse dans un tourbillon de feu avec ce type, Floges, le serviteur de Pyros, nous laissant, nous, le club de duel, totalement désorienté et sous le choc. A quoi jouait-elle ? Ses parents étaient morts, elle nous l’avait elle-même dit, pensait-elle réellement que s’allier avec un démon les ferait revivre ? Etait-ce ce que Floges lui avait promis ? Et surtout, que faisait ce type dans l’école à un moment pareil, comment savait-il que nous viendrions au beau milieu de la nuit ? Tant de questions sans réponses…

Je me retournai dans mon lit et je lançai mon oreiller contre le mur de toutes mes forces avant de me prendre la tête dans les bras.

-Pourquoi Nagisa ? Pourquoi ? Je pensais que tu avais accepté la mort de tes parents, que tu étais prête à commencer une nouvelle vie ! Criai-je contre une personne invisible.

J’avais encore tout fait de travers…Avec Miyako, Nagisa et même Laura, à chaque fois que je pensais avoir réussi à les sortir des ténèbres qui les hantaient, ils revenaient, plus forts que jamais…Pourquoi ne pouvais-je aider personne !

C’était Nagisa qui avait sauvé Miyako, alors que je n’avais fait que l’enfoncer encore plus dans son rejet du passé. C’était Angéla qui avait vu le retour de la malédiction de Laura alors que j’étais aveuglé. C’était aussi Drago qui avait sauvé le monde de Gariatron alors que j’avais perdu lamentablement…

A ce moment là, j’avais envie de tout laisser tomber, d’abandonner le monde à son sort puisque je n’étais qu’un bon à rien. Si je ne pouvais même pas venir en aide à mes amis, comment pouvais-je prétendre sauver l’humanité ?

Shadow, Hélios, Gariatron, Bakura, les démons, qu’étais-je face à eux sinon un raté ? Depuis ma rencontre avec Drago et Angéla, je m’étais imaginé avoir finalement une utilité, que je pouvais faire quelque chose de ma vie. Je m’en étais persuadé lorsque j’avais reçu la carte de Nout, lorsque Marie était revenue, lorsque j’avais affronté Laura puis Gariatron…

Oui, j’en étais persuadé…alors j’avais voulu continuer à aider les autres, je voulais pouvoir me rendre utile, que personne ne reste, comme moi, dans la solitude, je voulais…être comme Saya, ma première amie depuis le départ de Laura, la seule personne ayant été capable de me rendre le sourire…Mais j’avais échoué. Je n’étais pas Saya, je ne pouvais pas faire ce qu’elle avait fait pour moi. Tout ce que je faisais se terminait toujours en échec et quelqu’un devait alors recoller les morceaux à ma place…

-Tu ressembles bien plus à Hélios que tu ne le prétends Darksky ; dit alors une voix dans ma tête. Lui aussi s’est senti lamentable durant la guerre.

-Peut-être…mais je n’ai pas sa force Luna. Il était roi et possédait le pouvoir de Gariatron, je ne suis rien de plus qu’un lycéen, ne sachant même pas ce qu’il doit faire…

-Tu n’es pas aussi faible que tu le crois Darksky…mais tu ne peux pas le comprendre maintenant je suppose.

Luna n’ajouta rien et disparut de mon esprit. Si seulement j’étais comme Hélios, au moins je ne serais pas affecté par le départ de Nagisa ; songeai-je à cet instant avant de tomber dans un profond sommeil.

Le réveil sonna et je l’éteignis aussitôt. Pourquoi cette chose sonnait-elle un dimanche matin ? Je regardai l’heure : Dix heures…Pourquoi sonnait-il à cette heure ?

Malgré moi, je me levai en grognant, sachant très bien que je ne retrouverais pas le sommeil. Sans énergie, je me dirigeai vers la salle de bain, pris une douche glacée qui me réveilla totalement puis je descendis dans le salon. Tout le monde devait encore dormir car il n’y avait qu’Arnold qui passait le balai.

Je le saluai sans grande conviction puis je pris la direction de la cuisine pour prendre quelque chose à grignoter. Je n’avais envie de rien faire, pas même de regarder la télévision. J’essayais de m’imaginer que la veille n’était qu’un cauchemar mais je savais au plus profond de moi que tout était réel.

La porte de la maison s’ouvrit soudain brutalement et je sursautai, faisant tomber ma tartine.

-Darksky ! Cria la nouvelle venue avant de rentrer dans la cuisine en fracassant à moitié la porte.

-Say…Saya ? M’exclamai-je surpris de la voir chez moi.

-Tu déprimeras plus tard, pour le moment viens avec moi !

-A…Attends…

Je eus à peine le temps de protester qu’elle m’empoigna par la manche et me traina de force à l’extérieur en courant.

-Saya, lâche-moi enfin, qu’est-ce qui te prends ?

-Pas question, si je te lâche, tu vas t’enfuir !

Elle me traina ainsi jusqu’au parc ou elle finit par s’arrêter et je m’écroulai par terre, exténué de cette course effrénée et forcée à travers la ville vingt minutes après mon réveil. Je m’apprêtai déjà à lui dire deux mots lorsqu’elle me fit signe de la suivre. J’eus une très forte envie de faire demi tour et de rentrer mais ma curiosité prit le dessus. Je la suivis donc et j’atterris dans le stade, vide…ou presque. En face de moi, Miyako, Marie et Alan attendaient les bras croisés et de mon côté, Laura affichait un sourire radieux.

-Qu’est-ce que…Commençai-je avant d’être interrompu par une voix dans un micro.

-A présent que le dernier Challenger, Darksky-Sama est entré en scène, nous pouvons enfin commencer ! Bienvenu au premier championnat intra team de Yume-Nikki ! Dit la voix que je reconnus.

-Denys ?

-D’un côté, Hikari Miyako, la fille de lumière, Lucky Alan, l’homme le plus chanceux au monde et Marie, celle qui peut lire dans vos cœurs ! En face d’eux, la sombre Laura Garden, ancienne seconde de Shadow, Yuiko Saya, la duelliste Masquée et Darksky-Sama, mon maitre en matière de duels ! Je sens que le spectacle va être passionnant aujourd’hui, tu n’es pas d’accord Julie ?

-Pourquoi est-ce que je suis là moi ? Lui répondit-elle, lassée.

-Content que tu sois du même avis ! Et à présent, place au tableau des poules ! Saya contre Miyako, Laura contre Alan et Darksky contre sa sœur ! L’équipe remportant deux victoires gagne. Partez !

-Qu’est-ce…que cela veut dire, Saya ?

Je me tournai vers elle mais elle faisait déjà face à Miyako, l’air déterminée. Je tentai de trouver une réponse chez Laura mais elle aussi était concentrée sur son adversaire. Qu’est-ce qu’ils fabriquaient tous à la fin ?

-Eh, l’idiot de service, c’est par ici que ça se passe ! Me lança Marie depuis l’autre bout du stade.

-A quoi vous jouez tous bon sang ?

-Au duel de monstres, pourquoi ? Répondit-elle innocemment.

-Je ne suis vraiment pas d’humeur à jouer, je rentre ; répliquai-je.

Arrivé aux portes du stade, j’essayai de les ouvrir mais elles restèrent fermées. Quelqu’un avait du les verrouiller…Encore un piège de Saya…

-Bien, maintenant que tu as fait un tour, tu peux jouer ? Me redemanda-t-elle, toujours avec son air d’ange.

-Non, je viens de te dire que je n’ai pas la tête à ça.

-Parfait, je commence dans ce cas !

-Tu m’écoutes un peu ?

-Jamais de la vie ! Je disais donc, j’active ravin des dragons : en défaussant phalanx dragunité, je peux ajouter le duc dragunité. Je continue en invoquant ce monstre et son effet est activé : je peux lui équiper le phalanx que je viens juste de défausser. Ce n’est pas tout, j’active la capacité spéciale de Phalanx pour l’invoquer spécialement ! A présent, je synchronise duc Dragunité de niveau 4 et Phalanx Dragunité de niveau 2 ! Invocation Synchro ! Apparais Chevalier Dragunité, VAJRAYANA! Je lui équipe Phalanx de mon cimetière et je pose deux cartes faces cachées avant de terminer mon tour. A toi Darksky ; m’invita-t-elle avec un sourire mielleux.

-Je n’ai vraiment pas le choix on dirait ; râlai-je en prenant mon disque de duel…J’active tourbillon noir puis j’invoque normalement Shura la flamme bleue, ce qui me permet d’ajouter Kalut, l’ombre de la lune à ma main. Shura, attaque Vajrayana et…

Une minute…Cette carte…Bakura l’avait rendue noire ! Comment Marie pouvait-elle l’avoir récupérée ? Ma sœur afficha un sourire satisfait lorsque je pensai à cela.

-Piège activé : Annule attaque ! Tu ne détruiras pas ce monstre aussi facilement Darksky.

-Je…pose une carte et termine mon tour ; bégayai-je, déconcerté.

-C’est tout ? Je ne m’amuse même pas, t’es pas drôle ! Enfin, ca fera une victoire facile pour nous. Je pioche et j’active l’effet du ravin des dragons : je défausse Alkyls Dragunité pour ajouter à ma main Duc dragunité que j’invoque et à qui j’équipe Alkyls. Puis sa capacité spéciale s’active : j’envoie son équipement au cimetière pour détruire Shura. A présent, la capacité spéciale d’Alkyls : dis adieu à ton tourbillon également. J’envoie maintenant Phalanx au cimetière pour doubler l’attaque de mon chevalier…désolée, mais c’est terminé Darksky. Duc Dragunité, attaque le directement !

Darksky : 2800 – Marie : 4000

-A toi chevalier Dragunité termine ce duel et…

-J’active mon piège : appel de l’être hanté pour faire revenir Shura qui va prendre l’attaque…

Darksky : 800 – Marie : 4000

-T’es pas drôle ! Se plaignit-elle. Je termine donc mon tour là-dessus.

-Donc je pioche et j’invoque aile noire – blizzard la tempête d’extrême nord. Grace à son effet, je peux invoquer Shura de mon cimetière. Invocation synchro : Nothung la lumière d’étoile. Lorsqu’il arrive, tu prends 800 points de dommages.

Darksky : 800 – Marie : 3200

Pourquoi me prêtais-je à ce jeu à ce moment? Et le pire, c’est que j’aimais ça, j’aimais affronter ma sœur.

Mais Nagisa n’était plus là, le club n’avait plus de raison d’exister sans sa présidente…Pourquoi se comportaient-ils tous si normalement ? Pourquoi faisaient-ils comme si rien ne s’était passé la veille ? Pourquoi semblaient-ils si peu affectés par la trahison de Nagisa ?

Une goutte d’eau tomba sur ma main, puis une autre, et encore une autre. Des larmes, je pleurais. Les autres durent s’en rendre compte car les duels autour de nous s’arrêtèrent et les regards se tournèrent vers moi.

De quoi devais-je avoir l’air ? Pitoyable certainement. Alors que mes amis avaient certainement accepté le départ de Nagisa chez les démons et se concentraient sur l’amélioration de leurs capacités comme nous l’avions toujours fait, je continuai à me lamenter, refusant la réalité…J’étais revenu six ans en arrière, après le départ de Laura, seul et incompris de mes proches…

Je n’essayai même plus de retenir mes larmes, je n’avais rien à leur cacher après tout.

-Pourquoi…faites-vous tout ça ? Leur demandai-je entre deux sanglots. Nagisa n’est plus là ! Le club de duel est condamné, à quoi bon le maintenir en vie ! Sans elle, ce club n’a plus aucun intérêt ! Alors pourquoi faites-vous comme si tout était normal ?

Miyako s’approcha de moi en fronçant les sourcils…puis me donna un puissant coup de poing en plein ventre et je m’écroulai par terre.

-Mi…yako…Articulai-je avec difficulté.

-Je savais que tu étais un imbécile, mais pas à ce point ; lança-t-elle d’un air bien plus méprisant que d’habitude.

-C’est la vérité Miyako ! Nagisa n’est plus là, pourquoi devrions-nous continuer son rêve à sa place alors qu’elle l’a abandonné ?

-C’est bien ce que je dis, tu es un imbécile, je ne sais même pas pourquoi je continue à te parler.

-Pars dans ce cas, personne ne t’en empêche ! Certainement pas Nagisa !

Pour toute réponse, elle me donna un autre coup de poing en pleine figure cette fois mais je tins bon et je fis mon possible pour ne pas avoir l’air plus lamentable que je ne l’étais déjà.

-Je parie que tu ne sais même pas pourquoi je te traite d’imbécile ; dit-elle alors.

Je ne sus pas quoi répondre. J’avais tellement l’habitude qu’elle m’appelle ainsi que je ne faisais pas vraiment attention, mais c’était vrai, je ne savais pas ce qu’elle me reprochait. Laura m’apporta la réponse.

-Darksky, tu penses réellement être le seul à souffrir du départ de Nagisa ?

-J’en ai bien l’impression quand je vous regarde…

-Détrompe toi, nous souffrons autant que toi, peut-être même plus.

-Dans ce cas, que faites-vous ici, à vous entrainer pour le tournoi inter-école alors que Nagisa est avec Floges !

-Parce que…nous devions te remercier de nous avoir sauvés.


Je n’en croyais pas mes oreilles. Me remercier alors que je n’avais fait que les enfoncer dans leurs problèmes ? Laura devait dire ça pour me réconforter, pour que je ne me sente pas coupable de la trahison de Nagisa, elle ne pouvait pas sérieusement penser que je les avais sauvés…

-Pourquoi me dire ça maintenant ? Rétorquai-je avec un sourire triste. Vous savez très bien que je n’ai fait qu’essayer, je n’ai pas réussi. Je ne suis qu’un raté qui essaie d’imiter ses amis meilleurs que lui après tout.

-Et voilà, c’est reparti ; soupira Miyako. Tu ne comprendras donc jamais ? A ton avis, pourquoi est-ce que je me tiens en ce moment même face à toi ? Pourquoi n’ai-je pas mis fin à mes jours comme j’ai si souvent voulu le faire ? Tu m’as rendu ce que je croyais perdu, tu m’as redonné espoir dans le futur.

Je…

-Darksky, si tu es un raté, tu insinues donc que je suis encore pire que toi puisque j’ai perdu contre toi l’année dernière ? Je ne pensais pas que tu pensais ça de moi ; dit Laura d’un air énervée.

-Non, non, je n’ai jamais dit que tu…

-Lorsque j’étais au service d’Hélios, je pensais sincèrement terminer ma vie seule, sans avoir connu l’amitié, et tu es arrivé. Sans toi, je ne serais que l’ombre de moi-même en ce moment, à me lamenter de la défaite d’Hélios, ou peut-être même que j’aurais fait le grand saut…Mais je suis bien là, et c’est grâce à toi ! Continua Saya.

-Tu…te ne penses pas sincèrement ce que tu racontes quand même ? C’est toi qui m’as ouvert les yeux…

-J’ai enfin pu rencontrer mon modèle grâce à toi Darksky, je t’en serais toujours reconnaissant ! Affirma Alan. Depuis que je suis ici, je ne m’ennuie pas une seule seconde !

-Darksky-Sama ! Cria soudainement Denys dans le micro ; merci de nous avoir sauvés l’année dernière, merci de nous avoir ramené Miyako, tu es mon modèle !

-Lâche ce micro toi et va lui parler directement dans ce cas! Râla Julie en le lui arrachant des mains.

Malgré moi, je ris légèrement. Quel étrange groupe avais-je sous les yeux. Et pourtant, même si ces paroles me faisaient chaud au cœur, il y restait encore un vide immense, un gouffre sans fond du au départ de Nagisa.

-Tu sais, Nagisa a créé ce club ; dit alors Marie comme en réponse à mon tourment. Elle a créé ce club, et des liens ont pu se former. Ce club n’est pas simplement un rassemblement autour d’une passion commune, ce n’est pas non plus le rêve de Nagisa, non, ce club, ce sont les liens que vous avez forgés depuis son commencement. Si tu rejettes le club, tu rejettes en même temps ton amitié avec ses membres, est-ce vraiment ce que tu veux ?

-Evidemment que non ! Rétorquai-je. Mais sans Nagisa…pourquoi avons-nous même commencé si c’était pour que ça se termine de la sorte ?

-Qui t’a dit que c’était terminé ?

Je levai alors la tête. Marie me dévisageait avec sa tête des mauvais jours. Pour une fois, elle ne plaisantait nullement, je l’avais rarement vue aussi sérieuse. Mon regard passa alors sur Miyako à côté d’elle. Même si son visage était dur, dans ses yeux se lisait une grande inquiétude à mon sujet. Je regardai ensuite Saya. Elle me souriait, comme toujours, avec ce même sourire qui m’avait sauvé deux ans auparavant. Laura semblait soucieuse à mon sujet, j’avais du mal à croire qu’elle était la même personne ayant essayé de me tuer l’année précédente…Alan se dandinait d’une jambe à l’autre, mal à l’aise. Denys et Julie se chamaillaient, encore. C’était un tableau si banal que je le voyais presque chaque jour dans la salle du club de duel…

Je réalisai soudainement une chose : ils faisaient réellement tout cela pour moi. Ils cachaient leur tristesse pour faire s’évaporer la mienne. Ils se comportaient comme tous les jours justement parce que ce n’était pas un jour ordinaire, parce qu’ils ne voulaient pas retourner aux jours ordinaires d’avant Yume-Nikki.

Je me remis debout. Marie avait raison, ce n’était pas terminé. Tous ces visages familiers étaient le club de duel, même sans Nagisa. Elle avait fait son choix et nous avait légué le club, c’était à présent à nous de continuer son rêve.

-Merci les amis…et désolé de vous avoir inquiétés ; m’excusai-je avec toujours quelques larmes. Vous avez raison, Nagisa ou pas Nagisa, c’est elle qui a créé le club et nous allons poursuivre son rêve pour qu’elle puisse être fière de nous le jour où elle reviendra…

-Je n’arrive pas à croire que tu sois tombé aussi bas que moi alors que tu me faisais de grands discours sur le même thème il y a quelques temps ; soupira Miyako.

Je ne savais pas quoi répondre une fois de plus. Elle avait totalement raison et je vis enfin ma bêtise. Elle avait mis fin au club après la mort de son ami et j’avais failli faire la même erreur qu’elle, avec les mêmes conséquences pour la suite.

-Aller Darksky, ne t’en fait pas, je suis sûr que notre présidente reviendra bientôt en voyant son erreur, ce n’est qu’une question de temps ; affirma Alan, l’air convaincu.

-Elle fait la même chose que toi en plus Darksky je te signale ; lança alors Saya.

-Que…moi ? Répétai-je interdit.

-Exact, tu as rejoint Hélios parce qu’il t’a promis une chose impossible et tu t’es rendu compte de ton erreur, alors ne t’inquiète pas, elle suivra certainement le même chemin.

-Je l’espère, oui…Et si nous finissions ce tournoi plutôt que de nous lamenter ?

Laura afficha un grand sourire rassuré et je repris ma place face à Marie. Voir les visages heureux de mes amis me réconfortait. Peut-être n’avais-je pas tout fait de travers finalement. Peut-être avais-je vraiment réussi à aider les autres comme je le désirais. J’étais vraiment content d’avoir rencontré tout le monde et je ne pouvais pas imaginer ma vie sans eux et tout ça, je le devais à Nagisa.

-Reviens vite ; dis-je à Nagisa en mon for intérieur.

Le tournoi se termina, Miyako avait vaincu Saya, ce qui faisait la première défaite de la duelliste masquée depuis que je la connaissais et je ne manquai de le lui faire remarquer. Sans grande surprise, Laura battit Alan et je terminai le duel contre Marie en l’emportant de justesse. Denys cria les résultats dans son micro et Julie le lui arracha des mains en se couvrant les oreilles, provoquant un fou rire général.

C’est alors qu’un garde arriva, l’air menaçant et Saya me montra une pancarte où était inscrit « fermé » avant de s’enfuir à toute jambe. J’avais été naïf de croire qu’il n’y avait personne un dimanche sans raison et je m’enfuis avec elle et tout le reste du club. Nous nous cachâmes dans une salle de préparation du stade et nous vîmes le garde passer en criant « sale gamins ! » avant de disparaître au détour d’un couloir. Nous profitâmes de cet instant pour sortir et je ne pus reprendre mon souffle qu’une fois à l’extérieur.

-Non mais quelle idée d’aller au stade le jour où il est fermé ! Râlai-contre la jeune fille blonde.

-Tu n’avais qu’à déprimer un autre jour si tu voulais qu’il soit ouvert ; se défendit-elle.

-Je vous conseille sérieusement de ne pas vous arrêter de courir ; me dit Laura en passant comme une furie devant nous.

Elle s’arrêta en bas des marches et se retourna. Je rougis lorsqu’elle me fixa avec ses yeux vert émeraude. Elle était toujours aussi belle six ans après notre rencontre, peut-être même plus…

-Darksky, ne t’arrête pas de courir ; continua-t-elle en me tirant de mon doux rêve. Le visage de l’homme derrière toi est effrayant.

Je me retournai et je criai en voyant le garde ouvrant la porte, furieux. Sans demander mon reste, je recommençai à courir avec tout le club devant moi.

-Vous ne vous en tirerez pas comme ça, satanée jeunesse! Criait le garde au loin sans nous poursuivre.

Je ne sais pas pourquoi mais nous nous mîmes à rire tout en nous enfuyant à travers le parc puis dans les rues de la ville.

-Je crois que j’adore ça ! Criai-je tout en courant. Je ne m’ennuie pas une seconde avec vous tous !

-Tu peux continuer à pleurer tu sais ; lança Laura.

-Pas question, je ne suis pas comme toi ! Répliquai-je.

-Eh, j’essaie juste d’être sympa! Protesta mon amie.

-Lorsque Nagisa est partie, j’ai vraiment cru que tout ce que j’ai fait n’avait servi à rien, tellement que j’en suis devenu fou. Mon cœur était brisé parce que je m’inquiétais pour elle, parce que je pensais qu’elle ne supportait plus sa solitude à cause de moi. Je ne pouvais blâmer personne, je ne pouvais passer ma frustration sur personne, mais maintenant la réponse est évidente : je dois le faire ! Peu importe le nombre de fois où j’échoue, je dois recommencer encore et encore, parce que je suis le seul à pouvoir le faire ! Je crois…que j’aime vraiment ça en fait!

Laura me regarda étrangement avant d’ajouter :

-Ca y est, je crois que je comprends, tu es totalement masochiste ! Je l’ai toujours pensé mais tu me le confirmes maintenant !

-Peut-être, mais c’est toujours mieux que de ne rien faire !

Laura sourit et passa devant moi et je vis tous mes amis du club de duel et même plus en bas de la route. Ils étaient tous si joyeux malgré le départ de Nagisa. Je devais faire comme eux et arrêter de m’inquiéter tout le temps à chacune de mes erreurs.

-C’est une course pour le premier arriver à l’école ! Lança alors Saya en recommençant à courir.

-Quoi ? A l’école ? Mais on est dimanche ! Fis-je remarquer en gémissant. Et pourquoi est-ce que je pars en dernier !

-Parce que, c’est de ta faute si on a du tous aller au stade aujourd’hui !

-Attends un peu que je t’attrape toi !

Je me mis à la poursuivre sous les éclats de rire de mes amis qui nous emboitèrent le pas.

-Merci Saya, tu m’as encore une fois tiré d’un mauvais pas ; pensais-je tout en lui criant dessus sans oser le lui dire.

Le lendemain, j’allai en cour normalement : Laura me réveilla à la dernière minute, nous courûmes à travers les rues de la ville, manquant de nous faire écraser au moins quatre fois pour finalement arriver au moment où la cloche sonna. Je passai le cours de français à faire un bac avec Saya et Youhei, qui se fit sortir au bout de cinq minutes et je pris mon déjeuner avec Saya et Laura qui pour une fois ne se lançaient pas des regards noirs en permanence. Le soir, personne ne fit mention de Nagisa et nous passâmes deux heures à écouter Miyako nous faire un cours sur différentes techniques que nous n’avions encore jamais vues tandis qu’Alan l’interrompait toutes les cinq minutes. Cette journée aurait pu être totalement ordinaire et exactement le genre de journée dont j’avais besoin pour me remettre tranquillement, mais c’était sans compter sur une malchance légendaire.

Saya et Alan étaient déjà rentrés chez eux et Miyako ferma la salle de club avant de nous rejoindre en baillant. Denys et Julie l’attendaient devant les grilles du lycée et elle alla les rejoindre en souriant avant de se figer sur place et elle lâcha son cartable.

-Quelque chose ne va pas Miyako ? Demanda Laura, inquiète de la voir comme ça.

Miyako ne répondit rien et se contenta de devenir pâle comme un linge. Denys et Julie se retournèrent également et le grand garçon musclé cria comme une fillette en apercevant un jeune homme adossé à un arbre devant nous, nous regardant avec des yeux assassins.

Il était grand, bien plus que moi, les cheveux noirs en bataille et lui tombant sur ses yeux ébène, le menton carré et de fortes épaules se dessinaient sous son uniforme d’un autre lycée. Je ne sais pas pourquoi mais je sentais comme une hostilité provenant de lui, même s’il ne faisait rien et je disait rien.

-Fan…fan…fan…fantôme ! Cria Denys en se cachant derrière Julie qui pour une fois eut l’air d’avoir envie de faire la même chose que son camarade musclé.

Le jeune homme tourna la tête un instant vers les deux amis et le sourit légèrement avant de reporter son attention sur Miyako qui évita son regard, les yeux rivés sur le sol. De toute évidence, ces deux là se connaissaient et ne s’appréciaient visiblement pas. Je ne savais pas comment réagir. Devais-je intervenir ou attendre que l’un d’eux prenne la parole ?

Je n’eus pas à réfléchir très longtemps car l’inconnu s’avança et fit face à Miyako.

-Alors, tu ne dis même plus bonjour Miyako ?

-Que…que fais-tu ici ? Demanda Julie d’une petite voix.

-Je passais dans le coin, c’est tout ; répondit-il évasivement. Et non, je ne suis pas un fantôme mon cher Denys, je suis bien vivant, en chair et en os.

-Et…qui es-tu ? L’interrogea Laura sur la défensive.

-J’en oublie les bonnes manière. Permettez moi de me présenter, je m’appelle Hiroki, Yami Hiroki.

Miyako prit soudain la parole d’une voix déformée par la peur ou par l’émotion.

-Hiroki….Je me doutais bien que tu surgirais un jour où l’autre.

-Evidemment Miyako, croyais-tu vraiment que je laisserais ce crime impuni ? Croyais-tu vraiment que je te pardonnerais un jour la mort de Daniel ? Dit le garçon, le regard flamboyant de haine pure envers la fille aux cheveux de feu.


Un long silence suivit les mots du dénommé Hiroki. Denys et Julie grimaçaient, Laura me regardait, désemparée mais mon attention était focalisée sur Miyako. Comment allait-elle réagir ? Etait-elle suffisamment forte à présent pour affronter ce fantôme du passé, ou bien allait-il la faire plonger à nouveau ? J’espérai sincèrement que la première option était la bonne…

Cependant, je commençai à perdre espoir en voyant qu’elle ne répondait rien et continuait de fixer le sol sans bouger. Ce n’était pas bon, il fallait que j’intervienne :

-Dis donc, tu y vas un peu fort toi, comment peux-tu rendre Miyako responsable de la mort de son ami alors qu’elle a essayé de protéger tout le monde ?

-De quoi je me mêle ; rétorqua-t-il en changeant radicalement de ton. Miyako la fille de lumière poursuivie par le démon, Miyako la fille que mon frère aimait et pour qui il a donné sa vie, Miyako la fille qui se pensait assez forte pour protéger tout le monde et qui n’a pas pu tenir sa promesse, faut-il vraiment que je continue ?

-Tu ne peux quand même pas la charger de tous les crimes ! Répliquai-je soudainement guidé par une profonde antipathie pour lui. Miyako n’est en rien responsable des agissements du démon ! Elle n’est pas non plus responsable des actes de ton frère ! Et qui serait assez fou pour la blâmer alors qu’elle a fait de son mieux pour faire ce que personne n’osait faire !

-Tu ne comprends donc rien toi. C’est l’existence même de Miyako qui a tué Dan !

Je reculai d’un pas. Je ne savais rien de ce type, mais je voyais bien qu’il était impossible de le raisonner, il avait réponse à tout et n’hésitait pas à sortir les arguments les plus bas. Je serrai le poing. Il m’énervait, tellement que j’avais envie de le remettre à sa place mais Laura m’en empêcha en me retenant par le bras alors que je m’avançai déjà.

-Laisse, je m’en occupe.

L’air déterminé, elle prit place entre moi et cet Hiroki et le fixa de son regard vert glacé qu’elle m’avait si souvent adressé et qui me mettait toujours mal à l’aise. Mais le jeune homme soutint ce regard avec ses yeux remplis de rage et de haine.

-Yami Hiroki, ta colère est totalement injustifiée, tu ne peux pas rendre quelqu’un responsable pour les crimes d’un autre ; dit-elle avec une confiance sans faille. Les intentions de Miyako étaient bonnes, mais la force du démon était bien plus grande. Si tu veux t’en prendre à quelqu’un, prends-t-en à Gariatron et à personne d’autre, c’est lui la source de ton malheur, c’est lui qui a tué ton frère ainsi que tant d’autres personnes.

-Oh, n’ayez crainte, il est également sur ma liste, ainsi que tous ses serviteurs éparpillés dans le monde. Ni eux, ni Miyako n’échapperont à ma colère ! Je vengerai Daniel coute que coute, même si je dois y laisser mon âme !

Une goutte de sueur perla du front de Laura et je compris facilement pourquoi. Elle faisait partie elle aussi des personnes mentionnées par ce type. Néanmoins, elle ne perdit pas la face et contre-attaqua.

-La vengeance ne t’apportera rien de plus qu’une immense solitude ; reprit-elle plus bas. Elle te brisera petit à petit.

-La vengeance me permettra d’honorer la mémoire de Daniel ; rétorqua-t-il le regard voilé par la tristesse.

-Il ne restera rien de toi au bout de ce chemin de haine que tu empruntes.

-Je ne suis déjà plus rien. Mes parents ont peut-être accepté cela comme de l’héroïsme, pour moi ce n’est qu’un meurtre causé par l’existence de Miyako.

-Dans ce cas, pourquoi devenir un meurtrier toi aussi ?

-Œil pour œil, dent pour dent, une vie pour une vie. Le démon et ses serviteurs ont détruit notre vie, je détruirai la leur en commençant par toi Miyako !

De sa manche, le jeune homme sorti une carte et un sourire mauvais illumina sa figure lorsqu’il la posa sur son disque de duel qui émit un bruit sourd et anormal.

-Regarde bien Miyako, le pouvoir d’un duelliste télépathe qui a médité sa vengeance pendant près d’un an car c’est sûrement la dernière chose que tu verras de ta vie ! Estime-toi heureuse, tu vas aller rejoindre mon frère. Apparais, El Shaddoll Nephilim !

Sortie de nulle part, une poupée violette gigantesque apparut devant lui. Denys et Julie se précipitèrent pour s’interposer entre la chose et Miyako en écarquillant les yeux de stupeur.

-Denys, Julie, je n’ai rien contre vous, mais si vous vous mettez en travers de mon chemin, je n’aurais pas de pitié.

-A…Arrête Hiroki, tu fais une grossière erreur…

-Ma plus grosse erreur a été de laisser courir pendant un an Julie ! Il est grand temps que je mette fin à tout ça ! Nephilim, atta…

Il ne termina pas sa phrase car du gel avait commencé à se former aux pieds de la poupée géante, l’immobilisant totalement. Je me retournai et je vis Laura, le disque de duel à la main, les yeux illuminés d’un bleu surnaturel. Hiroki rugit de rage.

-Comment !

-Encore toi Nephilim, tu ne comprendras donc jamais ; lança Laura à la poupée violette. Tu ferais mieux de tenir ta promesse au lieu de venir dans notre monde.

Qu’est-ce qu’elle racontait encore ? Elle essayait vraiment de parler à un monstre ? J’avais beau le faire souvent, je ne pensais pas que Laura le pouvait également…

Elle ferma les yeux une seconde et, lorsqu’elle les rouvrit, la glace explosa, entrainant la poupée avec elle et cette dernière disparut instantanément dans un millier d’étoiles scintillantes sous les yeux ébahis de son propriétaire.

-Co…Comment ? Bégaya-t-il bien moins confiant qu’avant.

-Tu as dit que tu détruirais tous les serviteurs du démon, alors viens, je t’attends. Je suis Laura Garden, ancienne seconde de Shadow et ton adversaire !

-Qu…Quoi, Miyako et Laura, ensemble ? J’ai bien fait de ne pas croire vos mensonges ! Miyako est l’alliée d’une servante du démon, quelle ironie !

Le jeune homme partit dans un fou rire incontrôlable. Il faisait vraiment peur à voir, peut-être même plus que Bakura ou Gariatron, car eux avaient un but simple mais lui, il pensait simplement réparer une injustice, ce qui le rendait bien plus dangereux.

-Ne t’inquiète pas, ton tour viendra aussi mais pour le moment…

-Toi alors ; le coupa une voix que je ne pensais pas entendre à nouveau.

-Tiens, mais tu t’es enfin décidée à parler ? C’est formidable Miyako ! Tu as une dernière volonté ou quelque chose comme ça ? Je t’écoute !

-Dan avait un souhait, celui d’un monde en paix ; dit-elle dans un murmure. C’est pourquoi, je lui ai promis de réaliser ce souhait.

-Tu ne tiens pas souvent tes promesses, il devait le savoir ; l’interrompit Hiroki mais elle l’ignora.

-Je ne dis pas que je serais capable de le réaliser, mais je ferai tout mon possible et, tel que tu es actuellement, tu te trouves sur mon chemin.

-Nous sommes donc dans une impasse : tu es sur le mien et je suis en travers du tien, pourtant, nous faisons tous les deux cela pour Daniel, nous n’avons d’autre choix que de nous affronter on dirait.

-Il y a cependant une différence entre toi et moi : je fais ce que voulait Dan, tu fais exactement le contraire.

-Qui te dit qu’il ne voulait pas qu’on le venge ? Qui te dit qu’il a été heureux de mourir ainsi comme le pensent mes parents ? Qui te dit que je ne cherche pas ce monde de paix également ?

-Cela se lit dans ton regard que tu n’es que haine et désespoir, et c’est cette même haine et ce même désespoir qui t’aveuglent.

-Tu peux parler pour toi. Qui a abandonné son club après la mort de mon frère ? Qui s’est renfermée sur elle-même par peur de souffrir à nouveau ? Qui n’a même pas écouté la dernière volonté de Daniel et n’en a fait qu’à sa tête ? C’est toi Miyako ! Tu es la plus mal placée pour me faire la leçon et tu le sais ! Personne ne me fera changer d’avis, pas toi, pas mes parents, pas Daniel, personne ! J’ai choisi ma voie, il est hors de question de faire demi tour à présent !

-C’est bien dommage pour toi car c’est en regardant derrière soi qu’on peut voir ses erreurs ; soupira mon amie comme fatiguée par les propos d’Hiroki. C’est ce que j’ai fait et j’ai pu me remettre de sa mort, mais ce n’est pas ton cas je dirais.

-Tu n’as tout simplement jamais réellement pleuré sa mort, tu te fiches de lui comme tu t’es fichu de nous tous en prétendant pouvoir nous protéger ! Je te déteste, je t’ai toujours détesté Miyako !

Sans un mot de plus, il se jeta sur Miyako mais Denys l’attendait et il l’attrapa par le bras et l’un mouvement incroyablement puissant, l’envoya valser contre un arbre. Lorsqu’il le heurta, j’entendis un craquement sec et je préférai ne même pas savoir d’où il provenait. Contre toute attente, Hiroki se releva et tenta de frapper Denys au ventre qui ne se laissa pas faire et lui donna un coup de poing en pleine figure. Le jeune garçon tomba sur le dos en poussant un cri de douleur lorsqu’il heurta le macadam. Il saignait du nez et son bras dessinait un angle bizarre avec son corps.

-Je t’appréciai Hiroki, mais je ne peux pas te laisser faire de mal à Miyako ; lui dit Denys, menaçant.

-Ridicule ; répondit l’autre. Vous soutenez encore Miyako alors qu’elle a tué votre meilleur ami…incompréhensible.

Sans attendre de réponse, il se remit debout. Denys s’apprêtait déjà à le remettre à sa place une nouvelle fois mais Hiroki se contenta de nous tourner le dos.

-Ne pensez pas avoir gagné. Je venais ici simplement pour vous prévenir. Je vous conseille fortement de ne plus recroiser ma route, car lorsque je vous retrouverai, j’accomplirai mon devoir. Miyako, Laura, savourez bien vos derniers jours, je vengerai Daniel, quoiqu’il m’en coûte.

Nous le regardâmes s’éloigner lentement en boitant tandis qu’une pluie fine commença à tomber. Même si nous l’avions vaincu facilement, nous devions rester sur nos gardes, ce type ne plaisantait pas. Ce n’était pas un idiot comme Brutus voulant récupérer sa place de roi du parc, non, c’était un homme se battant pour quelqu’un d’autre mais corrompu par la haine et la colère, un homme qui se fichait de sa propre vie et qui ne vivait que pour réparer ce qu’il pensait être une injustice.

Je regardai Miyako. Denys et Julie semblaient inquiet pour elle mais la jeune fille aux cheveux de feu avait le regard perdu au loin, là où Hiroki avait disparu.

-Darksky…tu penses vraiment que…je devrais payer pour mes crimes ? Me demanda alors Laura en serrant mon bras.

-Que…Quoi ? Evidemment que non ! Affirmai-je, choqué de l’entendre dire ça tout à coup.

-Mais…cet Hiroki…il ne doit pas être le seul à penser cela de moi…

-C’est même certain mais tout le monde commet des erreurs et le réaliser est déjà un grand pas en avant. Tout comme je ne blâmerai pas Nagisa lorsqu’elle reviendra, je ne te blâmerai jamais pour tes fautes passées.

Un léger sourire éclaira la figure de Laura et mon désir de la protéger fut encore renforcé après avoir entendu les paroles de ce type. Elle avait déjà assez souffert, je refusais qu’elle continue à cause de fous comme lui.

-Darksky, j’ai pris une décision ; me dit Miyako. Hiroki m’a fait prendre conscience d’une chose : jamais je n’aurais du mettre fin au club de duel, c’est pourquoi, j’aimerais le reprendre en l’absence de Nagisa, il est hors de question que je donne à cet imbécile satisfaction. Je ne sais pas si cela suffira à racheter mes fautes, mais c’est quelque chose que je dois faire.

-Mais…tu n’as pas peur de lui ?

-Tu sais, Hiroki parle beaucoup et agit peu, exactement pendant la guerre. En ce moment, il est furieux contre lui-même et cherche à déverser sa rage sur quelqu’un comme moi. Je doute qu’on le revoie de sitôt.

-Si tu le souhaites dans ce cas, tu étais déjà vice présidente après tout ; dis-je en haussant les épaules. Il nous faut bien un présent pour le tournoi inter école en plus et personne n’a l’air de se dévouer.

-Merci, je saurais faire honneur à Nagisa en ne refaisant pas les mêmes erreurs qu’il y a un an.

-Je n’en doute pas ; lui répondis-je avec un sourire.

Elle me le rendit tandis que la pluie s’arrêta aussi soudainement qu’elle était arrivée. Je n’avais aucune raison de m’en faire à présent. Avec Miyako à la tête du club, la relève était assurée, je savais qu’elle ne laisserait personne détruire Yume-Nikki, ni le président du conseil, ni Hiroki, ni Gariatron, ni aucun démon.

Aussi fou que cela puisse paraître, je remerciai presque Hiroki. Grace à lui, le club de duel venait de prendre un nouveau départ.




Chapitre 19: le retour de Drago



Spoiler :



Drago…était de retour ? Je ne rêvais pas ? C’était vraiment lui que j’avais en face de moi et qui venait, par dessus tout, de me sauver la vie ? Même si j’avais la preuve vivante sous les yeux, je n’arrivais pas à y croire. D’où sortait-il après presque dix mois d’absence ?

Il me fit un sourire avant de faire face aux quatre serviteurs des démons qui étaient soudainement devenus bien plus pâles à l’arrivée de celui qui avait vaincu Gariatron.

-Quatre contre un ? Tu penses que ça peut le faire ? Demanda-t-il à son dragon.

La créature se contenta de souffler de la fumée par ses narines avant de s’envoler au dessus des nuages. Le phénix de Nagisa le suivit et disparut également dans cette inquiétante masse sombre. Un éclat lumineux nous aveugla un instant suivi du bruit d’une explosion et le grand oiseau de feu réapparut, tombant en chute libre sous les yeux ébahis de toutes les personnes présentes, alliés et ennemis. Seul Drago affichait un petit sourire satisfait.

Le phénix s’écrasa au sol dans un vacarme assourdissant et Nagisa cria de douleur et mit un genou au sol en grimaçant.

-Il faut vraiment tout faire soi-même ici ! Déclara Hurricane, mécontent. Allez Eguls, occupe-toi de lui !

Alors que l’oiseau vert s’envolait déjà vers la masse sombre, une gerbe de flammes violettes en surgit et frappa le monstre d’Hurricane en plein ventre et ce dernier explosa sur le coup. Le serviteur de Typhos jura tout en s’écroulant. Les nuages se dissipèrent, laissant apparaître le dragon lumineux dans toute sa splendeur.

-Assez ! Hurla Terra, Sandayu, vole le pouvoir de ce Dragon de pacotille !

Le raton laveur pointa son arme sur le monstre de Drago et celui-ci disparut instantanément pour réapparaitre derrière celui de Terra, plus grand et plus menaçant qu’avant. D’un revers de la queue, il fit disparaître la petite bête et fit alors face à l’homme dragon de Kyuryu.

-La capacité spéciale du dragon éclipse parfait me permet de contrer chacune de vos actions tout en augmentant ma puissance de frappe ; déclara Drago comme si tout cela était naturel.

Kyuryu serra les dents puis baissa la tête, vaincu.

-Ta puissance a beaucoup augmenté depuis la défaite de Gariatron, je dois l’admettre…mais ne pense pas qu’elle sera suffisante pour nous arrêter. Puisque vous croyez les prophéties, vous devriez savoir que vous ne gagnerez pas ce combat !

Il fit un geste de la main et un tourbillon d’eau entoura les quatre serviteurs des démons ainsi que Nagisa. Je lui lançai un regard suppliant pour la faire revenir mais elle détourna les yeux et disparut avec eux. Les flammes de Floges se dissipèrent aussitôt et Ellsworth accourut avant de s’arrêter net en voyant le nouveau venu.

-Monsieur Drago ? Vous ici ?

-Bonjour Ellsworth, ça faisait un bail n’est-ce pas ? Répondit mon ami en souriant.

-Je dois vous remercier pour ce que vous venez de faire, sans vous, j’aurais failli à ma tâche qui était d’accompagner mesdemoiselles Angéla et June.

-Allons, allons, je n’ai rien fait de spécial, elles s’en seraient sorties sans moi de toute façon ; dit Drago, gêné par les compliments.

Satoshi et Serena nous rejoignirent également. Alors que le garçon regardait Drago avec méfiance, la jeune fille se précipita sur lui avec des yeux admiratifs.

-Alors c’est toi celui qui a sauvé le monde ? S’écria-t-elle telle une fan rencontrant son idole. Je ne t’imaginais pas du tout comme ça…tu es encore mieux que ce que j’imaginais ! Tu as vu ça Satoshi, c’est Drago, celui qui nous a sauvé !

-Oui, oui, j’ai vu ; soupira son frère.

-Je…Ce n’est rien…vraiment…

Je ne sais pas ce qui m’a prit à ce moment là, mais alors que tout le monde se réjouissait, je m’avançai vers Drago et je lui donnai un énorme coup de genou dans le ventre.

-Qu…Angéla, ça ne va pas ! Protesta June en voyant Drago se tordre de douleur à terre.

-Drago…Tu es un imbécile tu sais ! Ca ne va pas de disparaître comme ça sans prévenir personne ? Tu imagines quel sang d’encre je me suis fait pour toi durant tout ce temps ?

-Désolé Angéla, mais c’était nécessaire pour…

-Je me contrefiche de savoir ce qui était nécessaire ou pas ! Tu n’as pas montré signe de vie depuis ton départ, ni à Hélios, ni à Darksky, ni à moi ! J’ai même pensé que…je pensais que…

C’en était trop, je ne pouvais plus retenir mes larmes et je laissai libre court à mes émotions. Immédiatement. Mes jambes ne me soutinrent plus et m’étalai par terre puis je me mis à pleurer sans pouvoir m’arrêter.

-Désolé Angéla, vraiment, je suis désolé, je ne le referai plus ! Paniqua-t-il. Alors s’il te plait, arrête de pleurer…

J’aurais bien aimé moi aussi m’arrêter, mais je n’y arrivais pas. Toute l’inquiétude que j’avais accumulée depuis presque un an se dissipait peu à peu avec mes larmes. Drago ne savait visiblement plus où se mettre et regardait de tous les côtés, cherchant une solution au problème qui lui serait tombée du ciel. Il n’avait pas changé, il était toujours aussi maladroit et peu doué lorsqu’il s’agissait de sentiments. Et pourtant, je voyais bien dans son regard qu’il avait grandi, qu’il était devenu plus fort, il avait gagné une assurance face à l’adversité qu’il n’avait pas auparavant. Il était loin le petit garçon perdu que j’avais secouru à la gare de l’aéroport, la preuve en était sa nouvelle puissance. A l’époque, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais en faisant cela, je ne voyais en lui qu’une victime supplémentaire d’Hélios.

Je repensai soudain à une chose : je l’avais sauvé d’Hélios à son arrivé dans ce monde et à présent, c’était lui qui me sauvait des serviteurs des démons. Les rôles avaient changé apparemment. Il devait être loin devant moi désormais. En y pensant, mes larmes d’inquiétude se transformèrent en larmes de joie devant l’ironie de la situation, ce qui embarrassa encore plus notre sauveur.

-Tu es sûre que tout va bien ? Me demanda June, perplexe.

-Oui…tout va bien…tout va trop bien ; lui répondis-je en me relevant et essuyant de mon visage mes derniers pleurs.

Je me relevai et je lui fis face. Il avait aussi grandi…un peu. Le garçon blond recula d’instinct, pensant que j’allais encore le frapper mais je me contentai de lui adresser un large sourire.

-Bon retour parmi nous !

Faute de voiture, nous dûmes continuer le chemin à pieds, mais cela nous permis de raconter à Drago les derniers événements depuis la chute de Gariatron : la formation du club de duel, le retour de Shadow et d’Hélios, l’arrivée des serviteurs des démons, la prophéties, mais je voyais bien qu’il n’écoutait que d’une oreille si bien que je finis par hausser le ton et il sursauta, provoquant les rires de June et Serena. A son tour, il nous raconta son voyage mais n’entra pas dans les détails, décrivant simplement les lieux qu’il avait vus.

Lorsque nous arrivâmes au manoir de Sherry, Hélios prenait un thé dehors et, lorsqu’il nous aperçut franchissant le portail à pieds, ne remarqua même pas la mystérieuse disparition de la voiture ni nos vêtements à moitiés brûlés et encore moins nos blessures et se précipita directement sur Drago.

-Oh, qu’avons nous là ! S’écria-t-il une fois à notre hauteur ; c’est un revenant !

Il tourna la tête vers June et moi et vit enfin notre étrange tenue et il écarquilla les yeux de stupeur.

-Ne me dites pas…que vous avez traversé vents et marées pour le retrouver ?

Pour toute réponse, Serena lui donna un bon coup sur la tête.

-Qu’est-ce que j’ai dit encore ? Se plaignit-il en se frottant le crâne.

-Il se trouve que nous venons d’affronter quatre types peu recommandables, mais ça, vous vous en fichez j’imagine ; dit Satoshi comme si tout cela était naturel.

-Ah, dommage, je pensais vraiment que vous étiez partis à l’autre bout du monde ; dit l’ex roi, l’air déçu. Vous auriez du m’appeler, je les aurais remis à leur place ces types moi !

Cela lui valut un autre coup, mais de moi cette fois, fatiguée qu’il n’en fasse qu’à sa tête. Sherry apparut sur le parvis et, contrairement à Hélios, s’inquiéta plus de nos blessures que du retour de Drago qui passa au second plan. Elle nous donna à tous des vêtements en un seul morceau et soigna Ellsworth qui devait être le plus amoché d’entre nous. Satoshi et Serena n’avaient presque aucune blessure mais Sherry insista quand même pour les examiner.

Serena me proposa d’aller dans sa chambre pendant que June se changeait et j’acceptai. Lorsque je me retrouvai seule avec la jeune fille brune et qu’elle enleva sa chemise trouée, je remarquai alors que son corps était couvert de cicatrices. Elle dut sentir que je l’avais remarqué car elle prit la parole avant moi.

-Ce ne sont que des égratignures, comparé à d’autre, je m’en suis plutôt bien sortie ! Affirma-t-elle en souriant.

-Est-ce que c’est…Le démon qui t’a fait tout ça ?

-Pas vraiment. Tu sais, de là où je viens, plus tu as de blessures de guerre, plus tu es reconnu mais bon, j’essayai quand même d’éviter de me faire mal volontairement, je ne suis pas masochiste non plus !

-Et d’où viens-tu exactement ? Satoshi en parlait tout à l’heure avec Floges mais votre vie n’a pas eu l’air très facile.

-Nous avons juste grandi dans le quartier oublié de Satellite, rien de plus.

Je la dévisageai comme si j’avais en face de moi un fantôme. Elle venait réellement de là-bas ? J’avais entendu de nombreuses histoires sur satellite durant mon enfance, comme quoi il s’agissait d’un des quartiers les plus pauvres et les plus reclus du monde mais que grâce aux efforts de Yusei Fudo, il était redevenu habitable. Je ne pensais pas qu’il y restait encore des nids de pauvreté. Et puis, la jeune fille en face de moi semblait en pleine santé, forte, vigoureuse et heureuse de vivre, ce n’était pas du tout l’idée que je m’étais faite des habitants d’un taudis…

-Enfin, c’est du passé maintenant, nous menons la belle vie avec Hélios, ne t’inquiète pas pour nous ! Si l’occasion se présente, je te raconterai ma vie là-bas, c’était assez épique en y repensant.

Je finis d’enfiler une chemise propre et je descendis avec elle dans le salon où Hélios et Drago étaient en pleine discussion, discussion qui semblait ennuyer profondément notre revenant et qui profita de mon arrivée pour vite changer de sujet.

-Angéla, tu tombes à pic ! Me lança-t-il avec un regard suppliant. Que dirais-tu de te joindre à nous ? J’aimerais bien en savoir plus sur les serviteurs des démons que nous avons combattus !

-Une autre fois peut-être ; lui répondis-je tout en riant au fond de moi. Est-ce que l’un d’entre vous saurait où est June par contre ?

-Je l’ai vue partir à la bibliothèque avec Sherry, apparemment, elle avait quelque chose à lui demander sur les démons ; me dit Hélios avant de reprendre sa conversation. Comme je te le disais, lorsque j’ai découvert le grille pain, je me suis dit que c’était une invention magnifique avant de me brûler et…

Une grande détresse passa dans les yeux de Drago, détresse à laquelle je ne pouvais pas répondre et de laquelle je rigolais bien. C’était une sorte de vengeance pour m’avoir laissée sans nouvelle pendant aussi longtemps parce que je savais que, lorsqu’Hélios commençait à parler de ses mésaventures dans ce monde, on pouvait y passer des heures…

Je laissai Serena à la cuisine avant de me diriger à la bibliothèque. Avec toutes ces histoires, j’en avais presque oublié la raison de ma visite ce jour-là, heureusement que June m’épaulait…

Alors que je marchais dans le long couloir, perdue dans mes pensées, le bruit d’une explosion parvint jusqu’à mes oreilles, provenant de la salle juste devant moi. Mon sang se glaça. Que se passait-il encore ?

Je me mis à courir pour arriver à la bibliothèque et ce que je vis me sidéra. La pièce, d’habitude si sombre, avait désormais un immense trou dans le mur et des milliers de livres s’éparpillaient à mes pieds. Juste devant moi, June se relevait avec difficulté tandis que Sherry était en position pour se battre. Je me précipitai au secours de mon amie et mon cœur rata un battement lorsque je vis qui se tenait devant nous. Il y avait trois hommes, dont deux que je ne connaissais que trop bien et le troisième me rappelait quelqu’un mais impossible de savoir qui.

-Aymeric, Shadow ! M’écriai-je en les voyant.

-Bonjour Angéla, je suis très heureux de te revoir moi aussi ; me répondit le père de Laura d’une voix doucereuse.

Il y avait quelque chose d’étrange dans son regard. La dernière fois que je l’avais vu, il paraissait normal, mais là, il y avait quelque chose d’inhumain…exactement comme le regard d’Hélios auparavant…

-Ba…Bakura…Dit faiblement June en voyant la troisième personne.

-Bakura ? Ce nom me dit quelque chose mais…

-Laissez-moi faire les présentations : voici Zorc l’obscur, mieux connu sous le nom de Bakura dans ce monde.

Ca me revenait ! Ce type avait affronté Yugi dans un combat mortel plus de vingt ans avant ! Il n’avait pas pris une seule ride pourtant…Ce n’était pas si étonnant que ça finalement pour le maitre du royaume des ombres. Alors comme ça Zorc et Gariatron étaient de mèche ? Ca ne m’étonnait pas non plus à vrai dire…Cependant, avoir ces deux là en face de moi en même temps était plutôt terrifiant, sachant que Yugi l’avait vaincu de justesse, lui, le meilleur duelliste de l’histoire.

-Tsss, pourquoi les humains sont-ils si formels ; cracha-t-il. Si ça ne tenait qu’à moi, je les aurais déjà exterminé comme les misérables insectes qu’ils sont.

-Du calme Zorc, nous ne sommes pas venus pour ça.

-Ah oui ? Et qu’êtes vous venus faire dans ce cas ? Demandai-je sur mes gardes.

Au même moment, Satoshi, Serena, Hélios et Drago surgirent dans la pièce, attirant toute l’attention sur eux.

-Shadow ! S’exclama Drago qui avait visiblement du mal à croire ce qu’il voyait. Alors c’était vrai ? Vous êtes de retour !

-Mais c’est formidable, tout le monde est là, y compris cet imbécile d’Hélios ! Reprit l’homme à la cape noire, un large sourire lui fendant le visage.

-Oh, Shadow, Gariatron, ça faisait longtemps n’est-ce pas ? Pas assez longtemps pour moi évidemment, j’aurais bien aimé dormir encore un peu mais longtemps quand même.

-C’est pas bientôt fini les civilité ? Râla Aymeric. Je croyais qu’on n’en avait que pour quelques minutes Shadow !

-Bien, bien, pourquoi tout le monde est-il si pressé ; soupira l’ex second d’Hélios. Si nous sommes ici, ce n’est pas pour nous battre, du moins, pas tout de suite. Nous sommes venus vous proposer un marché

-Je sens que nous allons refuser, mais dites toujours ; les invita Sherry sans baisser sa garde.

-Nous acceptons de nous allier à vous pour vaincre les démons.

-Ca me semble trop simple, quelle est la contrepartie ? Répliquai-je.

-Elle est minime. Vous devez simplement faire apparaître Luminion devant nous maintenant…Ca n’a rien de bien compliqué, n’est-ce pas Hélios ?


Nous tournâmes nos regards sur Hélios. Qu’est-ce que ce type pouvait avoir à faire avec le seul démon originel qui ne s’était pas encore manifesté ? Se pouvait-il qu’il soit son hôte comme il était celui de Gariatron l’an passé ? Cela aurait expliqué sa force et le retour de quelques-uns de ses anciens pouvoirs, comme cette manie de sortir de nulle part et d’apparaître toujours sans prévenir.

Pourtant, l’ex roi ne laissait paraître aucune émotion, il n’était ni troublé, ni étonné et encore moins surpris que Shadow s’adressât à lui en particulier. Il continuait simplement de regarder les trois intrus sans grand intérêt. Si le père de Laura avait vu juste, Hélios était alors un sacré bon comédien.

-Tu dis que tu veux voir Luminion ? Je suis désolé, mais il n’est pas là pour le moment, repasse un autre jour.

-Ne te fiche pas de moi ! Rétorqua son ancien second. Arrête de faire l’imbécile et dis-le moi ! Gariatron le sent, tu sais où se trouve Luminion et il est tout proche !

-En parlant de lui, comment cela se fait-il que vous soyez encore en vie, tous les deux ? Toi, tu aurais du être écrasé par la citadelle et Gariatron aurait du consumer toute son énergie vitale ou bien retourner dans sa prison éternelle.

-Et c’est toi qui me demandes ça alors que tu as fait exactement la même chose il y a plusieurs millénaires ? Répliqua Shadow.

-Oh, je vois, un pacte…bien trouvé…et donc, que t’a-t-il promis à toi ? La destruction de l’humanité ? Le contrôle absolu sur le monde ? La vie éternelle ?

-Ca ne te regarde pas, j’ai mes raisons pour vouloir continuer à vivre, maintenant, fais apparaître Luminion, tout de suite !

-Puisque tu demandes comme ça, et bien non, tu n’auras rien ; répondit Hélios comme un père refusant un jouet à son fils capricieux.

Le visage de notre ennemi devint rouge de colère. Je vis le moment où Shadow allait exploser. A sa place, je serais déjà devenue folle, Hélios jouait simplement avec ses nerfs…quoique non, il était naturel, il aurait répondu cela à n’importe qui. Cela m’impressionnait, ce sang froid qu’il gardait en toute situation…à moins que ce ne fût que de l’inconscience ?

Shadow, contre toute attente, souffla un grand coup et reprit une couleur normale avant d’ajouter :

-Evidemment, je n’en attendais pas moins de ta part, mais j’ai prévu un plan de secours. Que dirais-tu d’un match comme à l’ancienne ?

Les yeux d’Hélios s’illuminèrent d’un intérêt nouveau. Il avait visiblement réussi à capter son attention, ce qui était un exploit en soi.

-A l’ancienne tu dis ? Répéta Hélios en se tournant vers Drago, le regard malicieux.

-Oui, nous envoyons chacun notre meilleur élément, le vainqueur remporte tout, qu’en dis-tu ?

-Je ne refuse jamais un défi, surtout venant de toi Shadow !

-Attendez…qu’est-ce que vous comptez faire encore ? Lui lança Serena, inquiète.

-Ne t’inquiète pas, nous allons renvoyer Shadow et ses deux sbires d’où ils viennent en un rien de temps.

-Fais attention à tes paroles, humain ! Le menaça Bakura. Je suis Zorc l’obscur, maitre du royaume des ombres et je pourrais t’y envoyer en un instant !

Les yeux du garçon aux cheveux blancs devinrent rouge sang. Mais Hélios se contenta de l’ignorer royalement. L’homme à la cape noire lui mit la main sur l’épaule et le maitre du royaume des ombres baissa la tête, résigné à attendre. Le pouvoir de Gariatron était réellement terrifiant pour maitriser une telle créature rien qu’en levant le petit doigt…

L’hôte de Gariatron fit un grand mouvement et se retourna. Aymeric et Bakura le suivirent, de même qu’Hélios. Je lançai à June un regard interrogatif, ce à quoi elle répondit en haussant les épaules. J’espérai sincèrement qu’Hélios savait ce qu’il faisait, sinon nous étions tous perdus…

Une fois au milieu du jardin, Shadow croisa les bras et attendit que tout le monde arrive. Il affichait un air serein et confiant, exactement comme Hélios. Les deux hommes se faisaient face et la tension était montée d’un cran. Deux des plus puissants duellistes de notre époque se tenaient là, prêts à s’affronter. Aucun ne semblait vouloir montrer le moindre signe de faiblesse. J’enviais vraiment ces deux-là…

-Bien, voici qui se battra pour moi : Aymeric !

Je m’étranglai. Shadow avait perdu la tête ! Il remettait tous ses espoirs en ce type ? Il était assuré de perdre ! Il était déjà incapable de me vaincre, qu’espérait-il en l’envoyant en première ligne ?

Cependant, le visage de Shadow n’était nullement troublé et il affichait toujours ce petit sourire narquois, signe qu’il savait pertinemment ce qu’il faisait en envoyant ce raté. Je sentais un mauvais coup arriver. Il était impossible que ce raté soit devenu assez fort en quelques jours pour que quelqu’un comme Shadow se remette entre ses mains. Il devait avoir un plan…

Hélios ne flancha pas et annonça à son tour qui allait défendre notre cause.

-Drago, je pense qu’il est temps de nous montrer tes progrès !

-Que…Quoi, moi? Répondit ce dernier, au bord de la crise cardiaque.

-Qui de mieux que celui qui a vaincu Gariatron pour remettre son larbin en place ?

-Mais…mais…je ne pense pas que…Non vraiment, je ne suis pas prêt et…

-Aller, ne fais pas ton timide, je sais que tu peux le faire ! Affirma l’ex roi en lui donnant une tape dans le dos.

Drago trébucha et fit trois pas à cloche pied avant de reprendre son équilibre pour faire face à Aymeric qui le dévisageait avec mépris. J’aurais également eu l’air surprise si je ne savais pas que Drago possédait une force incroyable. Il avait l’allure d’un simple garçon ordinaire, personne ne se serait douté qu’il avait vaincu Gariatron.

-Sérieusement, je vais affronter ce type ? Envoyez au moins Angéla, je perds mon temps là ! Se plaignit ce traitre d’Aymeric.

-Désolé, je n’ai pas plus envie d’être là que ça moi non plus ; lui répondit Drago, mal à l’aise.

-Il t’insulte je te signale, alors remets le à sa place ! Lui criai-je.

-J’aurais vraiment mieux fait de rester dans mon coin je pense ; souffla-t-il.

Les deux garçons se mirent en position. Alors que Drago comprenait à peine la situation dans laquelle Hélios venait de le mettre, les yeux d’Aymeric lançaient des éclairs. Etait-ce vraiment le même garçon que l’idiot qui était autrefois mon ami ? J’en doutais sérieusement. Jamais mon ami n’aurait fait une chose aussi bête que de s’allier au démon des ténèbres. Au fond de moi, je me mis à regretter l’ancien Aymeric. Illusion ou non, son amitié était là et je pouvais me reposer sur lui. Je ne comprenais toujours pas la raison qui l’avait poussé à changer de bord.

Quel était ce poids que j’avais sur le cœur en le voyant ainsi ? De la peine ? Des regrets ? De la pitié ? Je n’arrivais pas à identifier ce sentiment, mais il était lié au duel qui se préparait. Aymeric, mon premier amour et celui qui m’avait brisée, affrontait Drago, la seule personne ayant réussi à recoller ces mêmes morceaux de mon cœur.

-Dis-moi June, tu penses qu’Aymeric à une chance ?

-Comment ? Tu veux qu’il gagne ? Me demanda-t-elle, interdite.

-Absolument pas…mais je me posais la question, c’est tout.

-Si tu veux mon avis, il n’a aucune chance face à Drago…mais il est l’allié de Shadow, donc nous devrions nous attendre à tout, peut-être même à un nouveau deck ou de nouvelles cartes. Enfin, je dis ça, mais je ne connais pas non plus la force actuelle de Drago, donc je dirais que les chances de victoires sont pour le moment égales.

Je regardais à nouveau les deux duellistes. Les connaissais-je vraiment finalement ? J’avais vraiment l’impression d’avoir en face de moi deux inconnus que je regardais se battre pour la première fois…

-Duel ! Crièrent Hélios et Shadow d’une seule voix.

-Je prends la main ; s’exclama Aymeric. J’invoque Magicien Gagaga en mode attaque puis j’active son effet pour le faire passer au niveau six ! A présent, comme je contrôle ce monstre, je peux invoquer depuis ma main enfant Gagaga et sa faculté spéciale lui donne le même niveau !

J’étais rassurée. Aymeric jouait toujours le même deck, il n’y avait finalement aucune raison de s’inquiéter, Drago l’emporterait facilement. Ce n’était pas un Utopie qui lui faisait peur après tout. C’est alors que Shadow sourit à nouveau et June se raidit au même moment.

-Non, ce n’est pas possible…Murmura-t-elle.

-Qu’y a-t-il June ?

-Deux monstres de niveau six et d’attribut ténèbres…

Je compris immédiatement pourquoi elle réagissait ainsi et je fus subitement bien moins confiante pour la suite. Même Hélios sembla comprendre car il fronça les sourcils. J’espérai sincèrement que nous nous trompions tous mais les chances étaient infimes. Alors c’était donc ça le plan de Shadow. Jamais il n’avait vraiment voulu faire apparaître Luminion, son seul souhait était de ressusciter Gariatron à travers ce duel !


-Il est temps ! J’envoie au cimetière Magicien Gagaga et Enfant Gagaga de niveaux six pour…

Aymeric n’acheva pas sa phrase car son disque de duel émit des étincelles accompagnées d’un bruit étrange. Le visage de Shadow se crispa. Il n’avait visiblement pas prévu cette tournure des événements. Des gouttes de sueurs perlèrent du front d’Aymeric. Il souffrait visiblement beaucoup. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais envie de l’aider…

-C’est un échec, Shadow ; ricana Bakura.

-On dirait que précipiter les choses n’était pas la bonne solution…Annulation de l’opération Aymeric, plan B !

Mon ancien ami annula sa dernière action et le disque de duel redevint normal. Au fond de moi, j’étais soulagée…Mais pourquoi est-ce que je m’inquiétais pour lui bon sang !

-Je…Je recouvre mes deux monstres de niveau six pour invoquer le Numéro 39 : Au-Delà de l'Utopie…Continua Aymeric en grimaçant. Je défausse ensuite Force De Barian Magie-rang-plusn pour invoquer le Numéro 99 : Dragon Utopique !

C’était la première fois que je voyais cette carte. Alors Shadow avait tout de même prévu l’échec de son plan. Mais je ne savais pas ce qui était le pire : Gariatron, ou bien l’énorme dragon que j’avais en face de moi. Les deux étaient sûrement synonymes de mauvais augure… Mais Drago ne sourcillait pas, même face à ce monstre.

-Je pose deux cartes face cachée et je termine mon tour.

-Donc c’est à moi, je pioche et…ah oui, j’active Renfort De Lumière, j’envoie donc trois cartes de mon deck au cimetière pour ajouter Lumina L'invocatrice, Seigneur Lumière. Je pense continuer avec ça : Échange Solaire, je défausse Raiden le Serviteur, Seigneur Lumière pour piocher deux cartes et envoyer les deux du dessus de mon deck au cimetière encore une fois.

-Tu veux perdre au deck vide ? S’étonna Aymeric.

-Ce n’est pas vraiment mon intention…Enfin, j’essaierai…Bien, Je ne pense pas avoir invoqué de monstre donc voici la fameuse lumina. Sa faculté spéciale s’active : je défausse Wulf La Bete, Seigneur Lumière et j’invoque Raiden de mon cimetière. Je synchronise mes deux monstres pour invoquer Michael le Grand, Seigneur Lumière !

Drago aussi avait de nouveaux monstres et maniait ses cartes mieux que jamais, et pourtant, il possédait toujours ce petit temps d’hésitation avant de jouer, comme s’il n’était pas vraiment sûr de lui derrière ce visage semi confiant. Moi, au contraire, je fonçai toujours dans le tas, toujours avec la même technique sans beaucoup réfléchir. A quel point m’étais-je éloignée de lui pendant cette année ?

-J’active la faculté de Michael pour bannir la carte face cachée de droite moyennant 1000 points de vie !

-Tu viens de bannir appel de l’être hanté imbécile ! Pourquoi laisses-tu ce gros monstre ? M’étranglai-je.

-Cette carte existait dans mon monde et je connais simplement sa faculté spéciale, et je sais qu’il vaut mieux ne pas la cibler; me répondit-il naturellement.

Je ne savais pas quoi répondre. Il était vrai que Drago ne venait pas vraiment de notre monde, qu’il avait grandi ailleurs, dans un endroit où le duel de monstre n’avait pas la même signification qu’ici…

Shadow n’avait pas prévu cela non plus apparemment et son visage de crispa encore un peu plus. Tous ses plans tombaient à l’eau un par un. Voir son ancien Second ainsi faisait sourire Hélios qui avait l’air de bien s’amuser à regarder le duel.

-Sur ce, la faculté de Michael me fait jeter trois cartes et je termine mon tour.

Drago : 3000 – Aymeric : 4000

Le père de Laura se détendit. Même si Drago avait pu anticiper ses mouvements, il n’avait pas été capable d’infliger des dommages et laissait une porte grande ouverte à sa défaite. Cependant, je ne m’inquiétais pas vraiment. Si Drago avait fini ainsi, il avait certainement un plan.

-C…C’est tout ? S’étonna son adversaire. Dans ce cas, je vais en finir ce tour ! Je pioche et j’invoque la Soeur Gagaga ! Son effet me permet d’ajouter à ma main Gagagaclair. Dis adieu à ton monstre !

Drago était à découvert ! Une seule attaque du Dragon d’Aymeric et c’était fini ! Je me tournai vers lui mais son visage restait de marbre, impossible de savoir s’il avait réellement prévu quelque chose ou non…Je l’espérai sincèrement.

-C’est fini, attaque Dragon utopique !

Le monstre souleva un immense nuage de poussière et tout le monde retint son souffle. Drago avait réellement…été vaincu aussi facilement ?

Lorsque le nuage se dissipa, deux ombres venaient d’apparaître aux côtés du jeune garçon et l’espoir revint aussitôt.

-Co…Comment ? S’étonna Aymeric, déconcerté.

-Tu pourrais attendre que je finisse mes actions avant d’attaquer comme ça ; ronchonna Drago en essayant de la poussière sur son épaule. Je disais donc, la capacité de Michael s’active : lorsqu’il est détruit, il me suffit de renvoyer Lumina, wulf, Raiden et Jeanne dans mon deck pour gagner 1200 points de vie, j’en avais donc 4200. Et puisque j’ai reçu une attaque directe, j’ai pu invoquer Gorz, L'Émissaire Des Ténèbres et son jeton possédant 4000 points d’attaque.

Drago : 200 – Aymeric : 4000

-Je…Je termine mon tour.

Une grande admiration se lisait dans les yeux de Serena et je devais certainement avoir la même expression qu’elle. J’étais vraiment impressionnée. Si j’avais été à sa place, je n’aurais certainement pas résisté à une telle attaque…même venant d’Aymeric. Cela m’en coutait de le dire mais…cet idiot avait progressé bien plus vite que moi…

-Bien, je n’ai pas beaucoup d’options donc je vais simplement invoquerLyla La Magicienne, Seigneur Lumière et activer sa faculté : en la passant en mode défense, je détruis la carte face cachée.

-Ma force de miroir, annihilée…

-Battle ! Gorz, détruis la sœur Gagaga et mon jeton va faire le grand saut avec le Dragon Utopique !

Drago : 200 – Aymeric : 1700

-Je termine mon tour là-dessus.

Aymeric était en mauvaise position. Il n’avait plus aucune carte en main ou sur le terrain, mais je sentais que ce duel n’était pas encore terminé. S’il était dans son état normal, il aurait déjà abandonné, mais avec le pouvoir de Gariatron…Tout était possible. Il ne fallait pas crier victoire trop vite.

Soudain l’œil de Shadow s’illumina d’une couleur bleue pendant un instant puis elle disparut. J’avais un mauvais pressentiment…

-Je Pioche !

Un sourire fendit le visage d’Aymeric et mes craintes se confirmèrent.

-J’active Pot de Cupidité pour piocher deux cartes ! Parfait…J’activeGagagarevanche pour rappeler de mon cimetière le Magicien Gagaga ! Puis j’invoque normalement la Fille Gagaga qui passe immédiatement au niveau 4 !

Aymeric tendit la main devant lui et j’entendis Hélios pousser un cri de surprise puis jurer. Une carte venait de sortir de sa poche et se dirigeait droit dans la main de cet idiot. Il l’attrapa au vol et se mit à rire.

-Admirez, je recouvre mes deux monstres de niveau 4 pour invoquer Numéro 39 : Utopie ! Mais il ne va pas rester longtemps parmi nous : La perfection n’existe pas en ce monde, disparait Utopie pour laisser place à la réalité cachée : chaos XYZ Change ! Montre-toi, Numéro du chaos 39 : Dystopie !



Il était là ! Le monstre qui avait bien failli m’écraser alors que je me lamentais, la carte qu’Hélios avait récupérée pour l’étudier, Dystopie…Je ne l’avais vaincu que grâce à l’incompétence d’Aymeric, mais maintenant qu’il était allié à Gariatron, il n’en était que plus dangereux…

-Dystopie ? Ca faisait longtemps qu’une carte comme celle-là aurait du exister dans mon monde ; dit Drago évasivement.

-Attention Drago, ne sous estime pas cette chose ! Lui criai-je.

-Je détache une unité de couverture et j’attaque Gorz ! Tranchant du soleil Couchant !

-Oh pas si vite, depuis mon cimetière, j’active l’effet de mon Protecteur Mortuaire pour annuler cette attaque, bien essayé mais je ne m’avouerai pas vaincu aussi facilement.

-Ce n’est que partie remise ; grogna son ennemi.

-Non, c’est terminé ; affirma alors Drago avec confiance. C’est à mon tour !

Lorsqu’il piocha sa carte, un vent puissant souffla et Shadow ferma les yeux avec un sourire triste. Il abandonnait ? Comment pouvait-il prévoir la défaite d’Aymeric sans même savoir ce que Drago comptait faire ? Et Drago pouvait-il réellement vaincre Dystopie ? Il avait certes de nombreuses cartes en main mais était-ce suffisant ?

-Je sacrifie à présent Lyla et Gorz pour invoquer le Dragon de la Lumière et des Ténèbres !

Un grand dragon apparut sur le champ de bataille, un dragon noir comme les ténèbres les plus profondes et blanc comme la lumière la plus pure…C’était comme si le bien et le mal à l’état pur se trouvaient enfermés dans une même entité. Aymeric blêmit en le voyant et Serena se mit à acclamer Drago tandis que Satoshi semblait intéressé pour la première fois du duel.

-Ce n’est pas suffisant ; déclara alors June.

-Qu’est-ce que tu dis ? Drago a invoqué son monstre le plus puissant, Aymeric n’est pas de taille !

-C’est vrai que le Dragon de la lumière et des ténèbres possède un pouvoir dévastateur, celui d’annuler n’importe quelle carte, mais en contrepartie, il perd 500 points d’attaque.

-Attends, tu veux dire que…

-Oui, si Drago attaque Dystopie, Aymeric activera son effet et il sera obligé de l’annuler et n’aura donc plus assez de points d’attaque pour vaincre Dystopie. De plus, Drago lui-même ne peut plus activer d’autres effets à présent. C’était un joli coup, mais inutile.

Je serrai les dents. June avait entièrement raison, ce Dragon ne pouvait pas apporter la victoire à Drago. Alors, pourquoi affichait-il toujours cet air si confiant ? Etait-ce un simple bluff ? L’expression d’Hélios me disait le contraire.

-Aymeric, tu as fait évoluer ton monstre fétiche, alors je vais t’imiter et faire évoluer le mien.

-Co…Comment ? Bégaya-t-il. Mais tu ne peux même pas activer de carte !

-Oui, c’est vrai…Mais je peux activer celle-là : Fusion Parfaite.



Alors ce n’était pas du bluff ! Drago avait réellement prévu la suite des événements ! Je me demandais pourquoi il jouait si peu depuis le début du duel, mais il attendait simplement de pouvoir réunir toutes les pièces nécessaires à sa victoire…Je frissonnai. Depuis le début…Depuis le début, il jouait avec Aymeric, il n’avait pas douté une seconde de sa victoire ! Alors c’était ça la nouvelle puissance de Drago ? Il était sans conteste aussi fort qu’Hélios, voire peut-être même plus…

-Lumière née de la lumière, Ténèbres nés des ténèbres, assemblez vous en un seul être dans une parfaite harmonie et rétablissez l’équilibre dans ce monde de Chaos : Invocation Parfaite, Dragon éclipse Parfait !



Le deux couleurs du corps du Dragon, si bien distinctes, se mélangèrent. Ses ailes s’illuminèrent d’une lumière nouvelle et aveuglante tandis que son torse et ses membres s’assombrirent. Sur sa tête, une longue corne or apparut et une armure noire le recouvrit. Un Halo mauve entoura la nouvelle créature qui nous avait sauvé la vie quelques heures auparavant.

Une peur incontrôlable passa dans les yeux d’Aymeric. Il ne s’attendait visiblement pas à rencontrer un monstre pareil. June rit légèrement à côté de moi.

-Evidemment ; murmura-t-elle.

-Je n’ai pas besoin d’un quelconque dieu pour vaincre Gariatron! Tonna Drago d’une voix qui résonna bien plus qu’à l’ordinaire, comme si le Dragon parlait également. Enfin, j’en ai un en main, mais je n’ai pas de quoi l’invoquer…

-Mais…Ton monstre ne peut pas vaincre Dystopie ! Répliqua Aymeric, peu assuré.

-C’est ce qu’on verra, Dragon Eclipse Parfait, attaque Dystopie !

-J’active sa faculté spéciale : en détachant une unité de couverte, je ne pourrai pas être détruit et tu recevras 2500 points de dommage !

-Une autre fois peut-être. Dragon éclipse parfait possède lui aussi une faculté : j’annule cet effet puis je gagne 500 points d’attaque !

-Im…Impossible…

-Et si, En avant, Attaque de Lumière noire !

Des flammes violettes sortirent de la bouche de la créature et consumèrent un instant le monstre d’Aymeric. Ce dernier fit un vol plané de quelques mètres avant de s’écrouler.

Aymeric : 900 – Drago : 200

-Ce…Ce n’est pas terminé…Articula-t-il avec difficulté. Je…

-Il suffit ! Intervint alors Shadow.

Tous les regards se tournèrent vers lui.

-Ce duel est terminé, nous avons perdu.

-Tu abandonnes ? S’étouffa Bakura. Tu n’es qu’un minable, je n’aurais jamais du te faire confiance !

Il l’attrapa par le col. L’œil de Shadow s’illumina une nouvelle fois et il se figea soudain avant de le relâcher.

-Je disais donc, nous avons perdu. Quelque soit la carte qu’Aymeric piochera, il ne pourra pas la jouer. Donc oui, j’abandonne pour cette fois. Comme convenu, je me retire. Je n’ai qu’un seul conseil à vous donner : ne vous fiez pas aux prophéties, le destin n’est qu’une illusion créée pour contrôler les faibles.

Personne n’eut le temps de lui demander ce qu’il voulait dire qu’il disparut dans un tourbillon de flammes noires, emportant avec lui un Aymeric affaibli et un Bakura figé. Mes forces m’abandonnèrent d’un seul coup et je m’écroulai immédiatement. C’en était trop pour une seule journée, trop de tension, trop de combats, trop de rebondissements pour moi. Je préférai vraiment m’ennuyer en cours que vivre ça…

Hélios s’avança vers Drago et lui donna une grande tape dans le dos, si fort qu’il se mit à tousser. Sherry, Ellsworth, Serena et June félicitèrent chaudement le héros du jour. Même Satoshi semblait heureux…à sa manière…Il fallait dire que c’était impressionnant : vaincre quatre serviteurs des démons puis le laquais de Shadow.

Mais voir Drago combattre ce jour-là me redonna du courage. S’il avait pu atteindre un tel niveau, alors il n’y avait aucune raison pour que je ne puisse pas faire de même !

-Drago !

Un grand silence suivit mon exclamation.

-Qu’y a-t-il Angéla ? Me demanda-t-il, intrigué.

-Ne t’imagine pas déjà le duelliste le plus fort, ce n’est qu’une question de temps avant que je te rattrape ! Bientôt, je te vaincrai !

-J’attends ce jour avec impatience alors ; dit-il en souriant.

Je rougis et tout le monde éclata de rire, moi y compris. Cela faisait longtemps que je n’avais pas rigolé ainsi. Peut-être que je m’en faisais trop finalement. Je devais vraiment me détendre plus souvent. Je me rendis compte que ces démons avaient bien trop influencé ma vie ces derniers temps, mais voir Drago et Hélios me fit réaliser une chose : il était inutile de se faire autant de soucis, je devais simplement prendre la vie comme elle venait, comme je l’avais toujours fait par le passé…



Chapitre 20: dernière ligne droite



Spoiler :



Lorsqu’Hiroki avait surgi, octobre se terminait. Au départ, j’étais assez inquiet pour la suite des événements et je n’en parlai à personne d’autre dans le club mais finalement, le mois de novembre se passa sans menace nouvelle, ni de lui, ni des démons, ni de Shadow. Je commençais sérieusement à douter de toutes ces histoires mais je ne baissais pas ma garde pour autant.

Au sein du club de duel, la vie avait repris son cours normal…ou presque. La disparition de Nagisa avait jeté un froid au début. Les réunions étaient plus courtes qu’à l’ordinaire, nous riions moins, nous combattions moins et nous nous contentions d’écouter les théories de Miyako.

Nous avions expliqué la situation à l’oncle de Nagisa ainsi qu’au vieil homme, qui, étrangement, n’étaient pas vraiment surpris…Son oncle avait donc appelé le lycée pour signaler l’absence de sa nièce sans vraiment donner d’explication.

Peu à peu, le club redevint un endroit convivial mais nous avions pris un retard conséquent d’un mois sur notre emploi du temps, si bien que nous vîmes la date butoir avant le début du tournoi inter école arriver bien trop rapidement, sans être réellement prêts.

Il nous restait exactement une semaine lorsque nous le réalisâmes. Nous avions donc à peine cinq jours pour peaufiner nos techniques, nos deck, nos astuces et surtout, définir qui allait participer. Le format était le même qu’à la coupe du monde, à un point prêt : les matchs se faisaient en même temps sur trois terrains séparés. Deux victoires signifiaient la victoire de l’équipe. Il n’y avait pas de phases de poules, une seule défaite condamnait donc le club, ce que ce très cher président du conseil n’avait pas manqué de rappelé avec un sourire malicieux lorsqu’il était venu nous remettre la fiche d’inscription.

Evidemment, voir que Miyako avait pris la tête du club ne lui plut pas du tout mais il se contenta de lui lancer un regard noir avant de sortir de la salle en claquant la porte.

-Il est pas commode lui dites-donc ; s’exclama Saya une fois qu’il fût parti.

-Je ne te le fais pas dire, et tu ne l’as pas connu durant la guerre, je ne pouvais plus le supporter ! Lui répondit Alan en fixant la porte close. Je crois même que le Grec l’avait attaché sur une chaise un jour pour ne plus l’entendre…

Evidemment, cela fit pouffer Saya, mais je fus surpris de voir que Miyako aussi rigolait. Elle rougit lorsqu’elle vit que je m’en étais rendu compte.

-Hum…Hum…Reprit-elle en essayant de garder son sérieux habituel. Mis à part ce président et le grec, je vous rappelle que nous n’avons qu’une semaine. Nous sommes déjà le 3 décembre. Le début du tournoi est le 10. Je vous conseille donc de vous bouger tous autant que vous êtes si vous ne voulez pas vous faire écraser !

-Aller Darksky, tu as entendu la présidente, au boulot, tu en as besoin ; me lança Laura sans bouger de son fauteuil.

-Je ne t’ai rien demandé à toi ! Rétorquai-je.

-Elle a raison ; reprit Saya avec un grand sourire. Nous nous sommes tous entrainés durs dans notre coin ces derniers temps, mais toi, j’ai l’impression que tu as dormi.

-Toi non plus je ne t’ai rien demandé…Et une minute, comment ça vous vous êtes entrainés ?

-Evidemment, qu’est-ce que tu croyais, qu’on passait du bon temps comme toi ? Soupira Miyako. Saya joue presque tous les jours au parc, j’ai revu pas mal de choses avec Denys et Julie que nous n’avions jamais eu l’occasion de voir l’année dernière, Laura s’entraine avec ta sœur il me semble et…

-Et moi, je prends des cours avec le Grec ! Termina Alan.

-Voilà, exactement…Attends, le Grec tu dis ? S’exclama Miyako, interloquée.

-Bah oui, je vous ai dit qu’il rentrait pour les vacances d’hiver mais il est arrivé plus tôt que prévu, donc il est là en ce moment…j’aurais peut-être du vous prévenir en fait…Désolé.

-Non, ce n’est pas grave, il se serait bien montré à un moment ou à un autre ; lui répondit Miyako. Mais tu vois Darksky, on n’a pas perdu notre temps nous.

-Je…je…

Je ne savais plus quoi dire. Je pensais vraiment qu’ils ne se préoccupaient pas plus que ça du tournoi jusqu’à maintenant mais apparemment, je me trompais…Je trouvais cela étrange aussi que Laura et Marie passaient autant de temps ensemble…J’étais donc vraiment le seul à n’avoir rien fait…

-Aller, ce n’est pas si grave, un mois, ça se rattrape ! M’affirma Saya avec une grande tape dans le dos. Et puis, tu as affronté Gariatron il me semble ? Un simple tournoi inter école ne devrait te poser aucun problème !

-Ne parle pas trop vite Saya ; la reprit Laura en lui montrant un tableau sur son portable. Même si la plupart des lycées sont inconnus et que le grand vainqueur de l’année dernière n’est plus en course puisque ses membres étaient des troisièmes années, regardez celui-là.

Elle désigna un nom se trouvant parmi tant d’autres et je ne compris pas du tout ce qu’elle voulait dire.

-Stanislove…C’est un nom ridicule mais c’est tout ce que je vois.

-C’est le lycée d’Angéla imbécile !

Je compris enfin l’appréhension de Laura. Elle ne s’inquiétait pas pour notre passage du premier tour ni du second tour, non, elle avait compris qu’à un moment ou à un autre, nous devrions affronter Angéla et son club de duel…Rien que d’y penser me donnait des frissons et la victoire paraissait bien plus lointaine tout à coup. Même si Laura, Saya, Miyako et Alan étaient des joueurs exceptionnels, June Wheeler restait une adversaire de taille, elle était même crainte dans le milieu professionnel. Quant à Angéla, sa force n’était plus à prouver et elle avait du s’améliorer encore depuis notre dernière rencontre.

Laura montra un autre nom et cette fois, ce fut Miyako qui réagit. Denys et Julie allaient être de la partie également apparemment.

-Angéla, June, Denys, Julie…Ca en fait un paquet d’adversaires coriaces ; dit Saya, soudain beaucoup moins sûre d’elle.

-Ce n’est pas toi qui disais que ce tournoi serait du gâteau il y a même pas une minute ?

-J’ai dit coriaces, pas invincibles Darksky ; rectifia-t-elle.

-Et si au lieu de parler vous vous entrainiez ? Nous interrompit Miyako en prenant son disque de duel.

Nous laissâmes notre dispute en suspend et je pris à mon tour mon deck. Evidemment, Miyako ne fit qu’une bouchée de moi, je ne me souviens même pas de ce que j’ai joué…sûrement pas grand chose. Le résultat fut identique avec Saya, Laura et Alan et je terminai donc cette journée sur quatre défaites d’affiler, ce que Saya ne manqua pas de me faire remarquer. Ils avaient tous énormément progressé, c’était incroyable…

Je me sentis tout à coup ridicule. Toutes les personnes dans ce tournoi avaient sûrement du s’entrainer aussi dur qu’eux, peut-être même plus alors que moi…Je m’étais reposé sur mes lauriers depuis la défaite de Gariatron, sans avoir livré un seul match important.

-Tu crains Darksky, tu le sais ça ? Me dit Laura sur le chemin du retour, finissant de m’achever.

-Merci de me le faire remarquer, c’est très sympa de ta part ; me lamentai-je.

-Je n’y suis pour rien moi si tu n’es pas capable de te concentrer une seule seconde ; me répondit-elle en haussant les épaules.

-Je te signale qu’on a quand même eu quelques soucis ces derniers temps ! Répliquai-je en cherchant une excuse.

-Ouai, c’est ce qu’on dit, j’en ai quand même eu plus que toi hein. Entre Ouroboros et te surveiller, je n’ai pas eu tellement de temps tu sais.

-Ah oui ? Je n’en suis pas si sûr moi ! J’ai quand même du aider Miyako, ce qui m’a bien pris une journée, supporter cet idiot de Youhei et Saya durant les cours et donc rattraper tout à la maison et…et…

Laura pouffa alors que je cherchais mes mots et je me mis à rire à mon tour tellement notre discussion était ridicule. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas ri ainsi pour un rien.

-On se dispute comme un vieux couple à ce que je vois ; dit une voix grave que je reconnus rapidement.

Je tournai la tête et j’aperçus Hélios adossé à un arbre qui bordait la route, les bras croisés sur le torse, le visage moqueur. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vu celui là…Il ressemblait vraiment à n’importe qui désormais. Une personne dans la rue n’aurait jamais pensé que l’homme se tenant en face d’elle avait essayé de prendre le contrôle du monde l’année passée…

-Yo Darksky ; me lança-t-il en souriant.

-Euh…Yo…Lui répondis-je, déconcerté par cette formule si banale mais que je n’aurais jamais cru entendre de la bouche d’un vieux pharaon de cinq mille ans.

-Alors comme ça on participe aussi à un tournoi local pour passer le temps ? Continua-t-il, l’œil brillant de malice.

-Oui…Mais attendez, d’où tenez-vous cette information ?

-C’est Angéla qui se plaignait hier que le tournoi auquel elle prenait part serait moins facile que prévu. Je suis venu en taupe ici pour observer votre entrainement et tout lui rapporter !

-Une taupe n’est pas censée le dire…Et une minute, comment ça Angéla ? Qu’est-ce que vous fabriquez dans votre coin ?

Laura se prit la tête dans les mains en soupirant puis m’écarta pour pouvoir parler aussi à l’ex-roi maléfique.

-Hélios, la vérité ; reprit-elle plus fermement en fronçant les sourcils.

-Que d’impatience, on croirait entendre Luna ; soupira-t-il.

A ce même moment, un vent froid nous traversa et Hélios frissonna. Evidemment, sa sœur ne pouvait pas prendre forme au grand jour mais elle était bien présente et avait certainement tout entendu…

-Il fait vraiment froid dans ce pays, je préférai de loin Héliopolis ; se plaignit-il en grelottant. Enfin, j’ai cru comprendre que vous aviez besoin d’entrainement.

Un déclic se fit dans ma tête. Evidemment, pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ! Hélios était la personne parfaite pour progresser et rattraper le temps perdu ! Je me souvenais encore de ses entrainements lorsque je travaillai pour lui…Un ou deux duels contre lui devait me permettre de m’améliorer grandement.

-Oui, parfaitement, vous seriez prêt à nous faire cette faveur ? Lui demandai-je avec espoir.

Il se gratta ce qui lui restait de barbe en fronçant les sourcils avant de répondre.

-Désolé Darksky, mais je dois déjà m’occuper d’Angéla et son club de duel, je n’ai pas vraiment le temps à te consacrer en ce moment.

Tous mes espoirs venaient de s’effondrer en une seule phrase, qui avait eu pour effet de me mettre encore plus de pression. Si Hélios était l’entraineur personnel d’Angéla et June, nos chances de victoire se rapprochaient presque de zéro…

-Cependant, je peux tout de même te donner un conseil : ne te tracasse pas et vis comme tu l’entends. Si tu te laisses monter la tête avec ce tournoi, tu n’as aucune chance de le remporter. Crois en ta propre force et tout ira bien.

-Euh…merci…

Je n’avais pas du tout compris en quoi son conseil en était un mais je n’osais pas lui en demander plus, de peur d’avoir droit à un grand discours sans aucun rapport avec le tournoi.

-Sinon Laura, j’ai quelques nouvelles de Nephilim.

-Vraiment ? S’exclama-t-elle avec un intérêt nouveau.

-Oui, il semblerait qu’elle tienne sa promesse et tente de rassembler les tribus…mais tu sais, elles sont butées…Une nouvelle guerre leur paraît impossible, malgré les événements récents.

-Oui, c’est le cas ici aussi, personne ne nous croirait si on disait que Gariatron était de retour, avec du renfort qui plus est.

-Du renfort ? Je n’en suis pas si sûr ; déclara Hélios avec un sourire malicieux.

-Que voulez vous dire ?

-Ne te fie qu’à ton propre jugement Darksky, ce n’est pas parce qu’une personne a dit que les ténèbres sont mauvaises qu’elles sont forcément plus bénéfiques que la lumière.

-Peut-être, mais ça ne répond pas vraiment à ma question…

Le portable d’Hélios vibra dans sa poche et lorsqu’il le sortit, je fus surpris de voir qu’il s’agissait de la dernière génération, un magnifique IPhone 6. Une certaine jalousie s’empara de moi. Ce type avait vraiment tout ! Les compétences de duel, le sang froid et un portable mieux que le mien ! Il avait essayé de détruire le monde et se baladait avec tous les derniers gadgets alors que moi, j’avais à peine de quoi jouer à Temple Run, et encore, le jeu faisait parfois surchauffer le téléphone…

Lorsqu’il décrocha, le niveau sonore de la rue augmenta brutalement à cause du haut parleur et il sursauta, ne s’attendant pas à de tels cris…

-Hélios, je peux savoir ce que vous fabriquez ? Cria la voix d’Angéla à l’autre bout du fil. Le tournoi est dans une semaine et vous vous baladez je ne sais où !

-Je fais simplement un petit tour au bord de la mer ; lui répondit-il en nous faisant un clin d’œil et Laura soupira une nouvelle fois.

-A la mer ? S’étrangla-t-elle. Vous pensez vraiment avoir le temps pour ces bêtises ? Lareine est absent pour le moment et tout ce que vous trouvez à faire, c’est partir prendre le soleil, en décembre en plus !

Hélios tenait son téléphone loin de son oreille tellement elle criait fort. Mais je pouvais la comprendre, voir son entraineur s’amuser à moins d’une semaine d’un tournoi important pouvait être assez stressant…

-Vous devriez rentrer ; lui conseillai-je alors.

-Mais je viens à peine d’arriver ! Je voulais profiter un peu de l’air marin Darksky ; se plaignit l’ex roi comme un bébé.

-Darksky ? Qu’est-ce qu’il vient faire là ? Reprit Angéla dans le téléphone. Vous êtes avec lui au lieu de…

Il ne lui laissa pas le temps de terminer et lui raccrocha au nez en prenant un air fatigué.

-Bon, je n’ai pas le choix on dirait ; soupira-t-il. On se revoit au tournoi Darksky, d’ici là, entraine toi bien et n’oublie pas ce que j’ai dit !

Il sortit de sa poche une sorte de petite boule blanche et la jeta par terre, créant ainsi un épais nuage de fumée. Nous l’entendîmes tousser derrière son écran et jurer puis le bruit de pas qui s’éloignaient résonna quelques instants avant de disparaitre. Lorsqu’il se dissipa, Hélios n’était plus là. Il se prenait pour un ninja ou quoi ?

J’abandonnai rapidement l’idée de comprendre son comportement et je repris le chemin de la maison avec Laura en repensant à ce qu’il venait de dire au sujet des démons. Prétendait-il qu’ils n’étaient pas les méchants dans l’histoire et que nous étions les mauvaises personnes ? A moins qu’il ne parlât de Gariatron pour nous dire qu’il était finalement dans notre camp ?

-Rah, pourquoi Hélios ne peut-il pas s’exprimer comme tout le monde ! Râlai-je. A quoi bon donner des conseils si personne ne peut les comprendre ?

-C’est toi qui ne les comprends pas Darksky ; me répondit calmement Laura.

-Parce que toi tu as compris quelque chose peut-être ?

-Pas du tout, mais ce n’est pas à moi qu’il a dit tout cela, donc je m’en fiche un peu de comprendre ou non.

-Tu pourrais m’aider quand même, je suis dans une situation critique je te signale !

-Ce n’est certainement pas ma faute, tu ne peux t’en prendre qu’à toi même.

Je continuai à me plaindre tout le long du chemin et, une fois arrivé à la maison, je ne manquai pas de faire remarquer durant le diner à Marie qu’elle m’avait légèrement oublié, ce à quoi elle me répondit évidemment avec ses yeux innocents:

-Tu ne me l’as pas demandé, je ne pouvais pas savoir. Si tu voulais t’entrainer, je l’aurais fait avec joie, mais là, je n’ai plus trop le temps, désolée.

Elle remonta dans sa chambre juste après cela en me laissant planté dans le salon. Je tentai d’appeler Saya mais bien sûr, elle ne répondit pas, idem pour Alan. Miyako, quant à elle, me raccrocha presque immédiatement au nez lorsque je lui révélai que Denys m’avait passé son numéro quelques jours auparavant.

-Personne ne peut faire un simple duel ou quoi ! M’exclamai-je après m’être fait rembarré par Miyako.

-Vous me semblez un peu tendu monsieur Darksky ; me dit Arnold qui débarrassait la table.

-Non, ce n’est rien, vraiment ; lui répondis-je sèchement.

Je remontai dans ma chambre et je m’y enfermai. Si personne ne voulait m’aider, alors j’allais progresser seul comme je l’avais toujours fait. Je sortis mes cartes et je me mis à trier tout ça. Mon deck était vieux, c’était un fait. A présent, il fallait que je l’améliore.

Je passai ainsi plusieurs heures sur mon bureau, courbé, à chercher quel serait le meilleur ratio pour telle ou telle carte, quelles seraient celles inutiles, situationnelles, ou au contraire, à usage multiples. Evidemment, j’intégrai la carte de Nout que j’avais laissée dans un coin depuis la défaite de Gariatron, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver…

Vers deux heures du matin, je pensai avoir enfin trouvé une composition stable et je m’endormis sur la table, plutôt content de moi-même, c’est pourquoi je fus très surpris lorsqu’une fois de plus, je me pris quatre raclées successives le lendemain.

-Tu es vraiment irrécupérable tu sais ? Me dit Miyako alors que j’étais déjà à terre. Avec ce niveau, tu perdras dès le premier tour. Je ne comprends vraiment pas comment tu as pu vaincre le démon avec un niveau si médiocre !

-Je fais ce que je peux ! Me défendis-je.

-Faire ce que tu peux n’est pas suffisant, il faut que tu te dépasses !

-Et comment veux-tu que je me dépasse si tu me raccroches au nez quand je te demande un service ?

-Appelle moi à des heures décentes et je te répondrai peut-être, j’ai du travail à faire le soir moi !

-Je suis sûr que même si je t’appelais plus tard, tu ne me répondrais pas !

-Evidemment, je ne sais pas à quelle heure tu te couches, mais j’ai un rythme très cadré moi.

-Je sais ce qu’il nous manque ! Dit alors Alan.

Nous cessâmes notre dispute pour nous tourner vers lui, intrigués.

-Dans notre club, nous avons besoin de quelqu’un pour nous superviser, nous guider. Miyako le fait, mais ce n’est pas suffisant il semblerait.

-Que proposes-tu dans ce cas ? Je te rappelle que notre club ne continuera à exister que si nous gagnons ce tournoi, je doute qu’un professeur accepte de nous prendre pour une durée aussi incertaine ; lui répondit Laura, visiblement ennuyée.

-Je n’ai pas parlé d’un professeur ; rétorqua Alan, l’œil brillant.

Nous attendîmes tous une réponse plus précise de sa part mais il se contenta de sourire et nous dire de le suivre. A contrecoeur, Miyako suspendit les activités du club pour ce soir et nous prîmes la suite d’Alan. Sur le chemin, je le vis envoyer régulièrement des messages sans savoir à qui il pouvait bien parler, mais cela semblait beaucoup l’amuser.

Une fois dehors, il prit la grande rue et la remonta. Saya et Laura parlaient de tout et de rien comme de vieilles amies. J’avais vraiment du mal à croire qu’à peine deux mois plus tôt, Laura ne pouvait même pas entendre parler de la jeune fille blonde…Miyako quant à elle ne disait rien comme à son habitude et regardait droit devant elle, les mains dans les poches.

Alan s’arrêta une fois arrivé au parc et nous fit signe de l’attendre quelques instants avant de disparaître un peu plus loin.

-Allons bon, que faisons nous ici maintenant ? Râla la fille aux cheveux de feu. S’il veut juste s’amuser, je rentre moi, je n’ai pas vraiment de temps à perdre avec…

Miyako laissa sa phrase en suspend. Alan revenait accompagné de trois personnes. A sa droite, un grand garçon aux cheveux rouges hérissés sur sa tête était en grande conversation avec lui. A sa gauche, un autre garçon roux nous regardait d’un air moqueur, je sentais déjà rien qu’à sa vue qu’il aimait rire, et souvent aux dépends des autres. Enfin, derrière lui se tenait une troisième personne. Il était plus grand que les deux autres et dégageait une sorte d’aura. Son regard perçant nous fixait comme s’il nous étudiait, les traits de son visage étaient plus matures que ceux de ses deux camarades et il affichait une expression totalement neutre.

Tous les quatre s’arrêtèrent juste devant nous et j’eus le souffle coupé. Ils étaient vraiment impressionnant, même Alan…

-Et voilà, chose promise, chose due Miyako, voici le retour de l’équipe UWS telle qu’elle était à l’origine ! Déclara ce dernier en souriant.

Le plus grand des quatre se mit à parler d’une voix lente et grave.

-Cela faisait longtemps, Miyako…Ou plutôt devrais-je dire, présidente Miyako.


-Le…Le…Le grec ? Bégaya-t-elle, stupéfaite.

-Eh, je suis là aussi ! Rétorqua le roux. Sunbird aussi mais lui, on s’en fiche un peu.

-Comment ça on s’en fiche ? Tu oses critiquer le grand Crimson Sunbird Hoshi ? Je vais t’apprendre moi !

-Bien, faisons les présentations ; reprit Alan en essayant de camoufler un fou-rire. Le grand là, c’est le grec, chef des UWS. A ma droite, l’ex-président du club des Sunbird, Marcelo, ou inspecteur Gadget, au choix, et lui, c’est Hoshi avec une majuscule quand vous écrivez son nom s’il vous plait.

-Alors comme ça, j’ai cru comprendre que le club de duel avait rouvert et que tu es à nouveau la présidente du club Miyako ?

-O…Oui ; répondit-elle d’une petite voix.

C’était la première fois que je voyais Miyako intimidée par quelqu’un. Elle avait perdu tous ses sarcasmes et son arrogance devant cet homme.

-Je ne pensais pas que tu aurais le courage de faire le pas ; dit-il froidement.

-Eh toi, tu te prends pour qui pour parler comme ça à Miyako ! S’exclama Saya sur la défensive.

-Laisse le finir ses phrases avant de t’emballer ; La reprit le dénommé Hoshi avec son air moqueur.

-Et pour tout te dire, je n’aurais pas eu ce courage si j’avais été à ta place ; continua le grand gaillard en ignorant les remarques.

-Co…Comment ?

-Ne l’oblige pas à répéter s’il te plait, tu sais à quel point il n’aime pas admettre ses faiblesses ; lança l’homme eux cheveux en pique, gêné.

-Oh si, fais le répéter, j’aime voir quand il dit qu’il est faible ! Rétorqua son acolyte.

-Je ne crois pas vous avoir demandé quoique ce soit à vous deux ! Répliqua le grec sans s’énerver pour autant.

Il attendit la réaction de Miyako et elle se mit à rire. Mais ce n’était pas ce rire sarcastique auquel j’étais si habitué ni ce rire triste lorsqu’elle pensait au passé. C’était un rire clair et pur, sans arrière pensée, ce même rire que j’avais si souvent avec Laura. Miyako essuya une larme qui lui coulait de l’œil et déclara en essayant de se calmer:

-Vous trois…vous êtes irrécupérables ! Vous n’avez pas changé depuis tout ce temps.

-UWS un jour, UWS toujours ! Affirma Alan en se tapant la poitrine fièrement.

-Cependant, vous vous trompez, je n’ai pas eu le courage de faire ce pas.

Le grec lui lança un regard intrigué et elle continua en fermant les yeux et en souriant.

-Je ne suis pas la présidente de ce club, je ne l’ai rejoint que pour m’opposer à ce président du conseil au départ, je ne comptais pas m’investir autant que l’année dernière…Puis j’ai réalisé que, malgré tout ce qui s’est passé, je devais tourner la page et accepter la réalité, que je ne devais plus me morfondre dans mon coin. Ce n’était pas le souhait de Dan.

-Je vois que tu as enfin compris, c’est bien, je n’en attendais pas moins de toi, présidente Hikari.

-Et arrête de m’appeler comme ça, la résistance n’existe plus; lui dit-elle en rougissant.

-Certes…mais les titres sont les titres. Tu étais et tu resteras notre chef de résistance.

Elle s’empourpra encore plus, ce qui fit rire aux éclats Saya qui n’avait pas l’habitude de la voir aussi gênée.

-Ceci étant réglé, j’ai cru comprendre que vous aviez besoin d’entrainement pour le tournoi inter école de cette année, je me trompe ?

-Ah oui, c’est vrai…Le boulet là-bas n’en a fait qu’à sa tête ces derniers temps et nous oblige maintenant à faire l’équivalent d’un mois d’entrainement en une semaine à peine.

Le grec tourna son regard froid vers moi et je frissonnai. Il avait vraiment quelque chose de différent. Il ne faisait pas peur comme Shadow ou Gariatron, mais il mettait mal à l’aise. Il avait la même assurance que ces grands champions que l’on voyait à la télévision.

-Tu es donc le fameux Darksky ? Alan m’a déjà parlé de tout ça hier. Tu as donc vaincu le démon mais tu es incapable de gagner le moindre duel maintenant ? C’est amusant.

-Je ne vois pas ce qu’il y a d’amusant là-dedans ; lui répondis-je.

-Dois-je en conclure que le démon aurait pu être vaincu par le premier venu ? Ou alors n’était-ce qu’un coup de chance ?

-Je ne te permets pas de…

-Cependant, je ne pense pas que ces options soient les bonnes.

Je me calmai. Ce type avait un don pour énerver les gens alors qu’il ne disait en réalité rien de mal. Sa façon de parler en deux temps devait y être pour quelque chose, mais également ce regard froid qu’il arborait en permanence.

-Non, ni la chance ni la faiblesse du démon ne peuvent expliquer ta victoire sur lui. Dans ce cas, je ne vois qu’une seule autre solution puisque la triche est exclue : tu ne peux te battre au maximum de tes capacités que sous certaines conditions.

-Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire.

-C’est très simple : sauver quelqu’un qui t’est cher, accomplir un devoir que toi seul peut accomplir, protéger tes proches, ce ne sont que des exemples parmi d’autres mais les situations dans lesquelles tu te mets t’obligent à révéler tout ton potentiel.

-Ce n’est pas…

-Cependant, tu sais que ce tournoi est la seule chance pour ton club de survivre et pourtant, tu n’arrives pas à te battre correctement. Encore une fois, il n’y a que deux solutions : soit tu te fiches totalement du club.

-Darksky ne ferait jamais une chose pareille ! Intervint Laura.

Le grec l’ignora.

-Soit tu penses que ce tournoi est gagné d’avance et donc que tu n’as pas besoin de sortir le grand jeu.

J’étais sans voix. Ce type avait un esprit de déduction incroyable. Oui, je ne pensais pas que ce tournoi serait un problème, mais de là à dire que je n’y mettais pas du mien était peut-être exagéré. Je voulais vraiment le gagner par moi-même, je ne voulais surtout pas que notre club soit fermé !

-Ai-je tord ?

-Non…tu as raison ; avouai-je finalement. Je ne pensais plus à ce tournoi ces derniers temps parce que j’étais persuadé que, même sans moi, nous pourrions gagner.

-Tu…tu pensais vraiment ça ? Me demanda Laura étonnée.

-Oui, je sais que toi, Miyako, Saya et Alan êtes de formidables duellistes, vous faites partie des plus impressionnants que je connaisse, c’est pourquoi, je n’arrivai même pas à penser que vous pourriez perdre, ne serait-ce qu’un seul match.

Pour tout réponse, Miyako me donna un coup sur la tête.

-Tu es stupide ou quoi ? Nous sommes loin d’être invincibles. Nous ne sommes pas des pros, nous sommes lycéens, rien de plus.

-Miyako, tu as dirigé la résistance seule. Laura, toi tu as été la seconde de Shadow. Alan fait partie des UWS et Saya était en première ligne avec moi. Je n’avais aucune raison de m’inquiéter sur vos capacités individuelles…

-Je crois que je comprends ; déclara le grec. Tu as une confiance aveugle dans tes camarades. C’est une qualité, je ne peux pas te blâmer pour ça. Cependant, tu dois garder à l’esprit que si tu ne les soutiens pas, alors tu t’opposes au eux. Dans ce tournoi, une seule défaite en plus de la tienne signifie la fin de l’aventure. Pourrais-tu vraiment supporter ce poids ?

-Evidemment non ! Si le club de duel était fermé par ma faute, jamais je ne me le pardonnerai…pas après tout ce qui s’est passé…

-Dans ce cas, pourquoi prendre un risque inconsidéré ? Faut-il que je menace Miyako de mort pour que tu te mettes à jouer sérieusement ?

Je grimaçai. Toute ma vie, je n’avais livré de duel que pour quelqu’un d’autre. Lorsque j’avais affronté Laura, lorsque je me battais pour Hélios, lorsque j’avais affronté Laura puis Gariatron, jamais je ne m’étais battu sans objectif précis et déterminant pour ma vie et j’étais toujours seul. C’est pourquoi, un tournoi comme celui-là ne me faisait pas peur.

-Darksky, veux-tu connaître le niveau des joueurs à ce tournoi ? Me demanda le grec.

-Euh…

-Comme Miyako doit le savoir, j’ai une totale confiance en mes capacités, c’est pourquoi, je vais la défier et tu pourras comprendre pourquoi ce tournoi n’est pas à prendre à la légère.

Les deux adversaires se firent alors face. Miyako semblait peu assurée à l’idée de faire face à cet homme et je compris rapidement pourquoi. En deux tours à peine, le duel fut réglé et mon amie fut la perdante. Mon cœur s’accéléra. Miyako, vaincue ainsi ? C’était tout bonnement impensable…

Le grec se dirigea ensuite vers moi et me toisa froidement.

-Comprends-tu maintenant quel est le véritable enjeu de ce tournoi ? Vous allez rencontrer des adversaires presque aussi forts que moi, peut-être même plus. J’ai cru lire que June Wheeler était de la partie. Je l’ai souvent affronté dans des tournois officiels…jamais je ne l’ai vaincue.

Mon sang se glaça. Nous n’avions donc aucune chance ? Si June était plus forte que ce type et qu’il avait écrasé Miyako, ce tournoi était perdu et le club aussi ? Je ne pouvais pas laisser passer ça, Nagisa ne me l’aurait jamais pardonné !

Je serrai le poing et je regardai le grec droit dans les yeux, l’air déterminé. Hélios avait raison. Ce tournoi m’était monté à la tête, mais dans le mauvais sens. Au lieu de ne penser qu’à ça, je n’y pensais pas du tout. Vivre ma vie comme je l’entendais…Oui, j’allais vivre ma vie comme je l’avais toujours vécu : à protéger ce qui m’était cher, et ici, le club de duel, Yume-Nikki !

-Je te défie le grec, et pas que toi, Hoshi et Marcelo aussi ! Je vous vaincrai tous !

-J’aime ce regard, c’est celui d’un vainqueur ; me dit Le grec en esquissant un sourire.

-Ohoh, tu penses vraiment pouvoir nous vaincre tous les trois ? Continua Hoshi en me narguant.

-Crimson Sunbird est invincible, mais tu peux toujours essayer, viens, je t’attends !

Sous les regards du club de duel et des UWS, je pris place sur le terrain face au grec. Je n’avais pas l’intention de perdre. Pour le club de duel, je devais le vaincre coute que coute !

-Duel !


Finalement, le jour tant attendu arriva. Après une semaine d’entrainement…ou plutôt de raclées, j’avais fini par retrouver un niveau de jeu correct. Evidemment, je n’égalais pas encore Laura ou Miyako, mais je me débrouillais.

Ce lundi, nous étions dispensés de cours. En effet, le stade où se déroulaient les événements n’était autre que ce bon vieux stade de France où Hélios et Shadow s’étaient affrontés un an auparavant. J’espérais vraiment que cette fois-ci, les événements n’allaient pas tourner aussi court…

Tout le club de duel se déplaçait pour l’occasion et les billets de train étaient même payés par le lycée ! Cela m’avait étonné lorsque le président du conseil était venu nous remettre les billets, mais j’imagine qu’il n’avait pas vraiment le choix. Après tout, c’était lui qui nous obligeait à participer à ce tournoi…

Sur le chemin, nous parlions de tout et de rien. Tandis que Laura révisait une dernière fois son deck, Miyako regardait par la fenêtre d’un air lassé et Saya et Alan jouaient au président avec moi. La tension était cependant palpable. Ce tournoi représentait l’avenir du club de duel, nous ne pouvions pas le perdre…

Après une heure et demi de route, le train arriva à la gare du nord. Il était midi, il nous restait encore un peu de temps avant l’ouverture à quinze heures. Nous décidâmes cependant d’un commun accord de nous rendre directement sur place pour éviter d’être éliminés bêtement pour retard comme le stade n’était pas non plus la porte à côté.

En arrivant devant les grandes portes, je me rendis compte que nous avions eu raison de nous inquiéter. Nous avions mis presque une heure pour faire le trajet !

En voyant le stade, Laura grimaça et baissa les yeux.

-Ca va aller ? Lui demandai-je, inquiet.

-Oui, c’est juste que cet endroit fait remonter de mauvais souvenirs…

C’était dans ce stade que nous nous étions retrouvés, un an plus tôt, Laura et moi. A l’époque, elle était encore guidée par son désir de vengeance et sous les ordres de son père. Je n’étais pas très à l’aise non plus à vrai dire. C’était ici que Laura m’avait rejeté…

-C’est donc ça le stade de France ? S’exclama Saya les yeux brillants. C’est gigantesque !

-Si tu le dis, je le pensais encore plus grand moi ; lui répondit Miyako en haussant les épaules.

-Nous allons vraiment livrer nos duels ici ? Demanda Alan, tout aussi enjoué que Saya.

-Oui, mais une fois à l’intérieur, ça ne parait plus si impressionnant que ça ; lui affirmai-je. Aller, allons signaler notre présence.

Nous nous approchâmes des portes d’entrée lorsqu’une voix dans mon dos m’interpella.

-Tiens, tiens, mais si ça ne serait pas Darksky et son club.

Je me retournai et je vis Maya et Ambre, les deux amies d’Angéla, plantées au milieu du trottoir, l’une regardant d’un air moqueur, l’autre ayant l’air contente de me revoir.

-Salut vous deux, ça faisant longtemps ; leur répondis-je en souriant.

-Alors comme ça vous participez vraiment à ce tournoi ? Pendant un instant, j’ai eu peur d’avoir une victoire trop facile ! Lança Maya avec un sourire narquois.

-Maya, je te rappelle que nous ne participons pas à ce tournoi ; intervint Ambre, gênée.

-C’est bon, pas la peine de me le rappeler ; râla son amie.

-Vous ne participez pas ? Répétai-je étonné.

-Oui, le tirage « au sort » en a décidé ainsi, mais je suis sûre qu’il était truqué moi !

Alors qu’Ambre tentait de calmer Maya, quatre personnes surgirent d’un magasin voisin et je crus que mon cœur allait s’arrêter lorsque je reconnus l’une d’entre elles.

-Angéla, tu étais vraiment obligée de prendre autant de choses ? Demanda June qui marchait en tête.

-Il faut bien prendre des forces avant le tournoi ! Rétorqua-t-elle en engloutissant un sandwich.

Le troisième leva la tête et se mit à accélérer le pas. Angéla, June et la quatrième personne firent de même en me voyant. Maya soupira et Ambre esquissa un sourire gêné.

-Darksky, comment ça va ? Me demanda Hélios une fois arrivé à ma hauteur.

-Bi…Bien ; balbutiai-je encore sous le choc.

Le quatrième arriva enfin à ma hauteur. Je n’avais pas rêvé. Cette chevelure blonde, ce regard innocent mais dégageant une grand force en même temps, c’était bien lui.

-Dra…Drago ?

-Ca faisait un bail, n’est-ce pas Darksky ? Se contenta-t-il de répondre, heureux de me revoir.






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[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:23

Chapitre 21 : Derniers préparatifs



Spoiler :


Une fois de plus, la tension était à son comble au fond de la salle de classe. Au centre du cercle formé par nos six tables, un roi de trèfle, un as de cœur, un six de cœur, un dix de carreaux et un valet étaient posés. C’était au tour de June. Il nous restait à chacun une seule carte. Tout se jouait sur celle qu’elle poserait sur la table. J’avais un roi de pique et j’avais posé ce tour ci l’as de cœur. Si June n’avait rien, je remportais cette partie !

-Deux de cœur ; lâcha-t-elle sereinement en posant son avant dernière carte.

-Non ! Si proche de la victoire ! M’écriai-je en me levant brutalement.

Mon cri de désespoir avait recouvert le brouhaha incessant qui régnait et tous les regards étaient à présent tournés vers nous six, au fond de la classe, en train de jouer au président…

-Je veux bien que vous n’écoutiez pas mon cours mais faites-le en silence dans ce cas ! Hurla Beauchardassaut pour couvrir les diverses conversations. Et j’ai déjà dit pas de cartes durant mon cours !

Maya me lança un regard lassé qui semblait dire « tu ne perds rien pour attendre, j’allais gagner » et je déglutis. Je n’aimais pas ce regard…

Ambre rangea les cartes dans leur étui tandis que Drago remit les tables en place, face au tableau puis nous préparâmes quelques feuilles pour continuer le cours en faisant un bac.

Une fois l’heure de la pause arrivée, nous allâmes tous ensemble à la cafétéria. Evidemment, nous n’échappâmes pas à l’interminable queue ni aux criailleries des surveillants, râlant pour obtenir un peu d’ordre et renvoyant en classe ceux qui étaient un peu trop agités.

Le menu n’était pas fameux, saucisses-purée ou bien haricot vert et poisson non identifié avec en dessert les inénarrables yaourts aux fruits. Nous trouvâmes avec difficulté six places à la même table et nous nous y installâmes puis nous commençâmes à discuter.

-Alors Drago, pas trop dur de reprendre les cours après avoir fait l’école buissonnière pendant presque trois mois ? Lui demanda pour la énième fois Maya malicieusement.

-En vérité, je l’ai fait pendant six mois…je ne suis pas allé à l’école depuis mon arrivé dans ce monde ; lui répondit-il, gêné.

-En tout cas, c’est une chance que Sherry soit assez influente pour te laisser rentrer en plein milieu de l’année sous prétexte que tu étais malade avant ; déclara Ambre.

-Je pense surtout que la direction laisse à désirer depuis le départ de Chapy ; grommela June en finissant son poisson suspect. C’était peut-être un fou, mais maintenant, je ne sais pas où on va.

-Moi je suis bien contente, avec le nouveau on peut enfin respirer ! Rétorquai-je. Parce que c’est bien gentil, mais travailler trois heures par soir en troisième, moi je dis non !

Ils éclatèrent tous de rire. Même si Drago n’avait pas connu tout ça, il riait volontiers à toutes les allusions que nous faisions au passé, à nos cours avec Lareine, à mes devoirs non faits avec Calvère, à mes heures passées dehors à regarder par la fenêtre la pluie.

Cela faisait déjà un mois qu’il était venu nous sauver des serviteurs des démons. S’il était avec nous, c’était parce que Sherry avait jugé préférable qu’il fasse comme n’importe qui en attendant l’arrivée des démons plutôt que de ne rien faire. Et puis, il ne s’était pas fait prier lorsqu’il avait compris que refuser l’offre équivalait à rester avec Hélios toute la journée. Il était donc entré dans notre classe et suivait les cours avec nous, participait aux réunions de club avec Lareine, et le soir, rentrait chez Sherry comme il n’avait nulle part où loger. Cependant, il restait muet lorsque nous lui demandions comment il nous avait retrouvés. Après tout, ça n’avait pas d’importance pour le moment…

Le soir, nous allâmes comme d’habitude à nos réunions de club mais nous trouvâmes une personne que nous ne nous attentions pas à voir ici.

-Hélios, je peux savoir ce que vous faites ici ? Lui demanda Drago, intrigué.

-Je suis désolé de devoir vous annoncer ça à la dernière minute, mais je suis appelé pour une urgence ; dit Lareine. Je sais que le tournoi approche donc j’ai demandé à votre ami de me remplacer le temps que je revienne.

-Ami, c’est un bien grand mot ; répliquai-je, déconcertée.

-Quoiqu’il en soit, prenez-ça, il s’agit du formulaire avec toutes les modalités. A présent je file, je compte sur vous pour remporter ce tournoi !

Notre superviseur mit sa veste en vitesse, prit sa sacoche et disparut dans le couloir sans nous donner le temps de poser des questions. Nous étions à présent seuls dans la salle avec Hélios.

-Bien, on va devoir passer un peu de temps ensemble ; lança-t-il avec un large sourire.

-Hourra, youpi…dit Maya sans aucune intonation.

-Hélios, vous savez pourquoi Lareine s’absente comme ça ? Lui demanda Ambre en gardant son sérieux habituel.

-Oui…mais secret professionnel, je ne peux pas vous le dire ; lui répondit-il avec un clin d’œil.

June soupira et regarda le papier que Lareine avait laissé. Dessus, toutes les informations dont nous avions besoin étaient écrites, la date, l’heure, le lieu. Apparemment, nous n’avions plus qu’une semaine pour choisir trois membres qui allaient participer en élimination directe. Les membres en question devaient combattre simultanément et deux devaient sortir victorieux.

-C’est plutôt sévère comme système ; fit remarquer June. Apparemment, ils ne veulent pas perdre de temps et en finir au plus vite.

-Dans ce cas là…je pense que je vais me retirer ; dit Ambre. Je ne peux pas supporter autant de pression…Je vous encouragerai depuis les tribunes !

-Ca me pèse de l’admettre…mais je ne pense pas être à la hauteur non plus ; continua Maya.

-Tu…admets une telle chose ? M’exclamai-je interdite.

-Pas la peine de me regarder comme ça non plus ! Rétorqua-t-elle.

-Ce qui nous laisse donc June, Angéla et Drago ; fit remarquer Hélios. Ca me rappelle des souvenirs…

-Vous…je ne sais pas si j’ai le droit de participer à ce tournoi comme ça…Commença Drago avant de se faire interrompre.

-Tss, tss, tss, mon brave Drago, je vais t’apprendre une chose : ne laisse jamais filer une occasion ! Tu vas pouvoir combattre à nouveau aux côtés d’Angéla, ça ne te fait rien ?

-Tai…taisez-vous ! M’écriai-je, rouge comme une tomate.

Sous le coup de l’impulsion, je lui assénai un puissant coup de poing en pleine tête et il tomba à la renverse. Drago n’était pas dans un meilleur état que moi et détourna son regard.

-Alala, la jeunesse, tu ressembles à Celestia tu sais ? Elle était comme toi, aussi réservée lorsqu’il s’agissait de…

-Mais vous allez vous taire à la fin !

Mes amies se mirent à rire devant mon embarras, ce qui ne fit que l’amplifier. Tentant de faire revenir le calme et cacher son propre embarras, Drago toussa pour s’éclaircir la voix.

-Donc, j’étais en train de dire, je ne suis pas officiellement membre du club, donc…

-Aucun problème là-dessus, Lareine s’est occupé de tout ; le coupa Hélios.

-Bon, j’imagine que ce tournoi ne devrait pas poser de problème et…

-N’en sois pas si sûre Angéla, Regarde ça.

June me tendit le formulaire où étaient inscrits les noms de tous les lycées participants, et dans la liste, il y avait le lycée de Darksky…

-Ah, je l’avais complètement oublié celui-là…

-Attends une minute, Darksky participe aussi ? Me demanda Drago, étonné.

-Oui, et il n’est pas seul, Laura est dans le même club. Je ne sais pas si nous allons le gagner ce tournoi finalement…

-Evidemment que vous allez le gagner ce tournoi, je m’en assurerai personnellement ! Tenta de me rassurer Hélios en se tapant fièrement la poitrine.

-Evitez simplement de faire disparaitre mystérieusement tous les participants ; railla Maya.

Sur ces belles paroles, nous nous séparâmes. Drago rentra à contrecœur avec Hélios, j’avais presque pitié de lui, il allait devoir subir des grands discours pendant une bonne demi-heure…Quant à moi, je réfléchissais sur le chemin du retour au tournoi à venir. Je pensais qu’avec Drago à nos côtés, ce tournoi était gagné d’avance, mais c’était sans compter la présence de Darksky et Laura…Hélios avait intérêt à redoubler d’effort pour nous entrainer !

Mais évidemment, le lendemain, il fit exactement le contraire de ce qu’il devait faire.

-Je peux savoir où est ce boulet d’Hélios encore ! M’écriai-je en arrivant dans la salle du club. Bravo le superviseur qui disparait à son premier jour !

-Je crois qu’il sèche l’entrainement ; hasarda Ambre.

-Quelle esprit de déduction, bravo Sherlock, mais la question est : comment le faire revenir maintenant ? Lui répondit Maya en se retenant de rire.

-Il va bien finir par arriver, commençons à nous entrainer sans lui ; suggéra Drago en posant son sac sur la table et en sortant son deck.

-J’espère que tu as raison ; soupirai-je en faisant de même.

Nous entamâmes une série de duels. Je réussis à vaincre Maya et Ambre, mais June et Drago restaient d’un niveau bien supérieur au mien. Je fus tout de même étonnée lorsque Drago ne fit qu’une bouchée de June. Le fossé qui me séparait de lui était encore immense malgré mes entrainements quotidiens…

Après une heure de duels intensifs, nous ne savions plus vraiment quoi faire et Hélios n’était toujours pas de retour.

-Bon, je crois qu’il ne viendra pas…

-Attends Ambre, je vais lui faire sa fête à celui-là, il va revenir au pas de course, où qu’il soit !

Je sortis mon portable et je composai le numéro d’Hélios. Heureusement que je ne l’avais pas effacé de mes contacts finalement… Le téléphone sonna une fois, deux fois, puis s’arrêtèrent et je me mis à crier dans le téléphone en laissant exploser ma colère contre lui :

-Hélios, je peux savoir ce que vous fabriquez ? Le tournoi est dans une semaine et vous vous baladez je ne sais où !

-Je fais simplement un petit tour au bord de la mer ; me répondit-il naturellement.

-A la mer ? M’étranglai-je. Vous pensez vraiment avoir le temps pour ces bêtises ? Lareine est absent pour le moment et tout ce que vous trouvez à faire, c’est partir prendre le soleil, en décembre en plus !

-Vous devriez rentrer ; lui dit une voix que je reconnus entre mille à l’autre bout du fil.

-Mais je viens à peine d’arriver ! Je voulais profiter un peu de l’air marin Darksky ; se plaignit l’ex roi comme un bébé.

-Darksky ? Qu’est-ce qu’il vient faire là ? Vous êtes avec lui au lieu de…

Sans me laisser ajouter quoique ce soit, il me raccrocha au nez et je continuai à m’égosiller dans le vide quelques secondes encore avant que June me ramène à la réalité en me confisquant mon portable.

-C’est bon, on a compris que tu n’étais pas contente, que c’est un boulet, qu’il prend du bon temps au lieu de faire son boulot, mais c’est Hélios je te rappelle, on ne peut pas le changer.

-Même, il pourrait prendre son rôle un peu plus au sérieux !

Nous décidâmes d’en rester là pour ce jour sinon j’allais vraiment casser quelque chose. Après tout, ce n’était qu’un jour de perdu sur…six…En pensant à cela, je donnai un grand coup de pied dans le mur qui fit sursauter tout le monde.

A la sortie du lycée, une surprise totalement imprévue nous attendait néanmoins. Séréna et Satoshi se trouvaient devant le grand portail. Tandis que la sœur regardait avec admiration les locaux, le frère semblait s’ennuyer profondément et ne le cachait pas. Lorsque la jeune fille nous vit, elle nous adressa de grands signes.

-Vous voilà enfin ! S’écria-t-elle en se précipitant à notre rencontre.

-Serena, Satoshi, qu’est-ce que vous faites ici ? S’étonna Drago.

-On remplace Hélios Evidemment !


Devant nos airs dubitatifs, elle fronça les sourcils.

-Vous ne nous pensez pas à la hauteur c’est ça ? Nous questionna-t-elle sèchement.

-Si, si, évidemment ; m’empressai-je de répondre. Seulement, j’étais un peu surprise que vous nous proposiez ça alors qu’Hélios se balade…

-Ca me rassure dans ce cas ! Répondit-elle en retrouvant son sourire.

-Enfin bref, si vous ne voulez pas de notre aide, dites-le nous tout de suite, je gèle par ici, on est le quatre décembre je vous signale ; grommela son frère en remontant la fermeture éclair de son pull.

-Je vous propose d’aller au parc et une fois là-bas, je vous expliquerai tout ! Lança Serena enjouée.

Mis à part Ambre et Maya qui ne voyaient pas l’intérêt d’une séance supplémentaire, nous acquiesçâmes et nous suivîmes tous les trois les jumeaux. Lorsque je vis la direction qu’ils prirent, je retins un frisson. Ils se dirigeaient tout droit vers le parc où je jouais auparavant avec Aymeric…Leur choix était tout à fait logique et cohérent puisqu’il s’agissait du parc le plus proche, mais depuis le départ d’Aymeric, je n’y étais plus jamais retourné et à vrai dire, je n’y arrivai plus…

Peut-être avait-je peur de me perdre dans mes souvenirs, ou au contraire, d’hair encore plus cet imbécile en repensant à tous ces moments où il me mentait, mais cela n’avait pas d’importance, le fait est que je n’y allais plus. Cependant, cette fois-ci, j’étais bien obligée…

Lorsque nous arrivâmes devant les grilles du parc, elles me parurent soudain minuscules, elles que j’avais du mal à enjamber dans le temps…Lorsque nous fûmes à l’intérieur, Je m’arrêtai un instant pour contempler ce décor si familier et en même temps si étranger. Je reconnaissais ces arbres, ces fleurs, ces bancs mais je n’arrivais pas à comprendre ce qu’ils avaient de particulier. Ils étaient comme n’importe quel arbre, n’importe quelle fleur, n’importe quel banc. Et pourtant, j’étais nostalgique en les revoyant…

Je tournai la tête vers le bac à sable. Notre château qui nous servait de base secrète n’était plus là. A sa place trônait une nouvelle attraction, flambant neuve : un vaisseau pirate et je ressentis un pincement au cœur. Il ne restait donc vraiment rien de notre amitié passée, pas même ici, au sanctuaire de nos souvenirs communs…

-Tout va bien ? Tu t’es fait mal ? Me demanda soudain June, l’air affolée.

-Non, tout va bien…

-Alors pourquoi pleures-tu si tout va bien ? Reprit Drago dubitatif.

Pleurer ? Je remarquai alors que quelques larmes mouillaient mon visage…Non, c’était un torrent inarrêtable. J’avais beau essayer de stopper mes pleurs en les essuyant avec ma main, mais à chaque fois, de nouveaux surgissaient derrière.

Serena s’arrêta à son tour et retint son frère par la manche puis vint à moi.

-Qu’est-ce qui t’arrive Angéla ?

-Je…je crois que je suis prise de regrets ; avouai-je finalement en essayant de sourire malgré moi.

-Ah, dans ce cas, on est pas sorti d’affaire ; soupira Satoshi en s’asseyant sur un banc. Aller, dis-nous ce que tu as sur le cœur que Serena puise te faire la morale et qu’on rentre chez nous.

-Ne l’écoute pas Angéla, il fait sa mauvaise tête ; me dit Serena en lançant un regard assassin à son frère. Mais il a raison sur un point, ne garde pas tes regrets pour toi, tu ne pourras pas le supporter…

Elle avait prononcé ces mots avec une grande gravité, comme si elle avait justement vécu cela. Je n’en savais pas assez sur elle pour le dire avec certitude, mais elle semblait avoir eu elle aussi un lourd fardeau à porter…Au point où j’en étais, je pouvais bien leur dire après tout.

-Lorsque nous étions petits, Ambre, Maya et moi jouions souvent ici. Mais nous n’étions pas que toutes les trois. Il y avait aussi un garçon, son nom était Aymeric.

Le visage de Drago se figea et il écarquilla les yeux de surprise.

-Attends…ce type que j’ai affronté…c’était ton ami autrefois ? S’exclama-t-il abasourdi.

-Oui, nous étions très proches tous les deux, un peu trop proches même…Au collège, nous sommes finalement sortis ensembles.

Drago se raidit mais se détendit aussitôt en entendant la suite :

-Evidemment, j’ai découvert ce que je n’aurais pas dû : il en aimait une autre. Dès que je l’ai appris, je l’ai rejeté, et depuis, nous ne nous parlions plus…jusqu’à cette année…

Un silence suivit ma déclaration. June était la seule à garder un air serein. Elle connaissait déjà mon histoire, Ambre et Maya la lui avait racontée. Serena ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais ce fut la voix de Satoshi que j’entendis.

-Si j’ai bien compris, ton ex est un imbécile qui non seulement t’a brisé le cœur une fois, mais en plus s’amuse maintenant à te briser une seconde fois en étant sous les ordres de ton pire ennemi, c’est bien ça ?

-Euh…oui, à peu près mais…

-Je vais te raconter une histoire moi aussi dans ce cas, plus précisément notre histoire à tous les deux, notre vie dans le quartier oublié. Nous étions orphelins, nos parents ont disparu mystérieusement lorsque nous étions très jeunes et nous avons du tout faire pour survivre dans la rue, parmi les scélérats, les bandits et les voleurs. Un jour, alors que nous n’avions pas mangé depuis presque une semaine, un homme est venu nous trouver. Je savais très bien que je ne pouvais faire confiance à personne dans cet endroit et pourtant, j’ai accepté son offre. Sais-tu pourquoi ?

-Arrête Satoshi, ne raconte pas ça s’il te plait ! La supplia Serena, gênée.

Il l’ignora et continua son récit :

-Tout simplement parce que j’avais promis de protéger Serena, quoiqu’il m’en coutât.

La jeune fille s’empourpra d’avantage mais il ne lui prêta toujours aucune attention et me regarda droit dans les yeux. C’était la première fois que je croisais réellement son regard. C’était le regard d’un adulte, d’une personne ayant vécu bien plus de chose qu’elle n’aurait dû en vivre, un regard froid et dur dans lequel se lisait également une grande inquiétude, certainement pour sa sœur.

-Je savais que je n’aurais pas dû lui faire confiance, et le futur m’a donné raison. J’ai eu longtemps des regrets quant à mon choix mais j’ai assumé les conséquences, toujours cherchant le meilleur moyen pour protéger ma sœur, jusqu’à ce que je rencontre Hélios.

-Hélios ? Qu’est-ce qu’il vient faire là lui ? Demanda Drago totalement captivé par l’histoire.

-Lorsque je l’ai vu pour la première fois, j’ai su qu’il était différent des gens que nous côtoyions tous les jours. Il avait la même tristesse dans son regard, mais il émanait de lui une certaine joie de vivre. Jusque-là, je ne connaissais que le désespoir, l’avarice et l’égoïsme, mais Hélios nous a donné quelque chose que personne n’avait pu donner avant : il nous a accueillis, sans rien demander en retour. Ce simple geste de nous tendre la main à nous, des misérables, m’a redonné espoir.

-On parle de moi à ce que je vois ? Dit soudain une voix au loin.

Nous nous retournâmes tous vers la source de la voix et nous vîmes un homme sortir des fourrés.

-Hélios ? M’exclamai-je interdite. Je croyais que vous étiez à des lieues d’ici !

-Je t’expliquerai ça un jour. Mais j’aimerai avoir mon mot à dire tout de même quant à ton histoire Satoshi.

-Allez-y, après tout, vous êtes mieux placé que moi pour expliquer ce genre de chose.

-En vérité, j’attendais quand même quelque chose de vous : il me fallait des guides pour ma mission et mon choix s’est porté sur vous comme il aurait pu se porter sur quelqu’un d’autre ; déclara-t-il en haussant les épaules.

-En effet, mais rien ne vous obligeait à nous garder auprès de vous par la suite. Vous auriez pu simplement nous abandonner à notre sort une fois votre mission terminée, comme n’importe qui dans le quartier oublié l’aurait fait, comme les déchets que nous étions pour tout le monde.

-J’imagine que mes vieux réflexes de roi ne m’ont pas totalement quittés ; répondit-il, gêné.

-Quoiqu’il en soit Angéla, ce que je voulais te dire, c’est que moi aussi j’ai eu des regrets, pendant longtemps, des regrets que je ne pouvais partager avec personne, des regrets qui me tourmentaient tellement que je me réveillais la nuit, des regrets qui m’ont souvent acculé au bord de la folie, puis j’ai compris une chose en rencontrant Hélios : le seul moyen d’effacer des regrets est de penser au futur. De toute façon, jamais tu ne pourras changer le passé, mais rien ne t’empêche de faire mieux par la suite. Lorsque nous avons décidé de suivre Hélios, j’ai compris que, même si nous avions souffert par ma faute, j’avais évité quelque chose de pire.

-Mais dans mon cas, je n’ai rien fait, j’ai simplement été trop naïve ! Je n’aurais pas du lui accorder une telle confiance, j’aurais dû…

-Tu aurais dû quoi ? Fermer les yeux ? Tu as peut-être découvert une vérité dure, mais penses-tu que tu aurais été heureuse de vivre éternellement dans le mensonge ?

-Evidemment que non !

-Dans ce cas, que regrettes-tu exactement si tu ne regrettes pas d’avoir découvert ce secret ?

-Je crois…que j’aimais vraiment mes années d’école, lorsqu’il était encore franc avec moi, lorsque nous n’étions que de simples amis, lorsque découvrir qu’il aimait quelqu’un d’autre ne m’aurait pas dérangé…

-Bien, tu as détecté le problème, c’est déjà un bon pas en avant. Mais maintenant, je ne vois qu’une seule solution pour le résoudre.

-Une seule ?

-Oui, il faut que tu lui dises directement !

-Que…quoi ? M’étranglai-je en entendant ça. Que je lui dise ? Ca ne va pas ! Non seulement c’est un serviteur de Gariatron mais en plus un imbécile doublé d’un égoïste !

-Tu n’avanceras jamais tant que tu n’admettras pas cela et tu continueras à regretter cette époque.

Je me mordis la lèvre. Même si cela me coutait vraiment de l’avouer, il avait raison. Je voulais retrouver mon vieil ami, c’est pourquoi, lorsque je l’avais possédé par Gariatron, j’étais entrée dans une colère noire. J’avais encore espoir en lui et il me trahissait une nouvelle fois. Et pourtant, même après ça, je continuai à regretter le temps passé ensemble…Ridicule…C’était une époque révolue qui ne reviendrait jamais. Aymeric était fou à lier pour une raison qui m’était inconnue mais j’avais beau essayer de me convaincre de toutes les manières possibles, je le pensais encore capable de revenir en arrière…

-Tu as peut-être raison, mais je ne me fais pas trop d’illusion. Mon ami est parti il y a bien longtemps, les chances de le ramener sont infimes.

-Tout comme nos chances de survie l’étaient sans l’arrivée d’Hélios ; me dit alors Serena en me mettant le bras sur mon épaule et en me lançant un regard doux et compatissant. Parfois, les occasions se présentent à toi alors que tu ne les espérais même pas. Je suis certaine que si tu patientes, tu auras une chance de retrouver ce passé que tu aimais tant…

Je me tournai alors vers le nouveau vaisseau pirate. Des enfants jouaient gaiement à l’intérieur, comme nous le faisions auparavant, Aymeric, Maya, Ambre et moi et je revis nos fantômes, jouant dans ce vieux château de bois, riant, souriant, insouciants…

Satoshi avait raison, jamais je n’avancerais tant que je continuerais à me morfondre dans mes souvenirs perdus. Tout comme notre base secrète, mon ancien ami avait disparu mais il ne tenait qu’à moi de le faire revenir, comme il ne tenait qu’à moi de faire de ce vaisseau notre nouvelle base secrète.

Inconsciemment, et sous les regards effarés de toutes les personnes présentes, je me mis à courir vers le bateau en bois en rigolant seule. Les enfants qui jouaient là me dévisagèrent, intrigués et je montai debout sur la proue.

-Je te retrouverai Aymeric ! M’écriai-je en levant le poing au ciel. Ou que tu sois, je te ferai revenir parmi nous, notre nouvelle base secrète t’attend !

J’étais certainement ridicule à ce moment-là, et l’expression de June me le confirma, mais je n’avais que faire des apparences. Tout ce qui comptait pour moi à présent c’était d’effacer ces regrets qui m’avaient suivie trop longtemps. Ce jour-là, je prenais un nouveau départ !

-Je suis désolé d’interrompre ce spectacle mais je crois que pour l’entrainement, c’est fichu, fit remarquer Drago en regardant sa montre.

Cela me fit immédiatement redescendre sur terre. Effectivement, si nous étions venus dans ce parc, c’était pour nous entrainer et nous papoter…Je ne savais plus où me mettre. C’était quand même de ma faute si nous n’avions rien fait…

-Au contraire, nous avons fait un immense pas en avant ; rétorqua Hélios. Maintenant que notre très chère Angéla n’est plus tourmentée par ses souvenirs, elle va enfin pouvoir s’entrainer sérieusement, n’est-ce pas ?

-Euh…oui, j’essaierai…

Je descendis du vaisseau et tout le monde éclata de rire, moi y compris. Hélios avait raison, j’avais fait un grand pas en avant.

Etrangement, les jours qui suivirent, je fus bien plus concentrée sur nos duels, à tel point que cela étonna Maya et Ambre. Je réussis même à vaincre Drago une fois, sous les yeux ébahis de Maya qui le pensait invincible. Hélios assura sérieusement son rôle de superviseur, analysant nos duels, corrigeant nos erreurs et nous donnant des conseils utiles, ce qui était assez étonnant de sa part. Il était presque aussi bon que Lareine, peut-être même meilleur…

Finalement, après une longue semaine de dur labeur, le jour tant attendu arriva, le premier jour du tournoi inter-école…


Pour une fois, je m’étais levée aux aurores, même si le tournoi en lui-même ne commençait qu’à quinze heures, mais une fois réveillée, je n’arrivai plus à me rendormir. Je pris ma douche, m’habillai et revis une dernière fois mon deck. Avec les ailes de Socrate et la fusion parfaite, je ne pouvais tout simplement pas perdre…Mais en repensant, était-ce vraiment juste d’utiliser de telles cartes à un simple tournoi inter-école ? Evidemment, il ne faisait aucun doute que Drago n’allait pas se gêner pour utiliser la fusion parfaite, mais j’avais le sentiment d’avoir droit à quelque chose que les autres participants ne pourraient jamais avoir…

Je chassai ces idées de ma tête. Si je voulais combattre les démons, je devais donner mon maximum quelle que soit la situation !

Lorsque j’eus fini tous les préparatifs, je regardai l’heure : onze heures. J’avais encore beaucoup de temps avant le début et pourtant, je ne savais pas quoi faire…

Au même moment, je reçus un message sur mon portable. C’était June qui me demandait de la retrouver à l’école. Je ne me fis pas prier et vingt minutes plus tard, j’étais devant le grand portail du lycée. June m’attendait évidemment, mais elle n’était pas seule : Ambre, Maya, Drago, Serena, Satoshi et Hélios étaient là aussi. Dès qu’ils me virent arriver, j’eus droit à la traditionnelle pique de Maya :

-Encore la dernière à ce que je vois, comment est-ce que tu t’arranges pour mettre toujours autant de temps pour faire les choses alors que tu habites à dix minutes d’ici ?

-Pourtant je suis partie dès que j’ai reçu le message ! Protestai-je.

-L’essentiel, c’est que tu sois là ; reprit Ambre.

-Et donc, pourquoi sommes-nous tous ici ? Demandai-je à June.

-Pour rien, je me suis simplement dit que, te connaissant, mieux valait prévoir large ; me répondit-elle en haussant les épaules.

-J’apprécie la confiance que tu me portes, c’est très gentil…

Comme nous étions tous réunis au même endroit, Hélios en profita pour nous donner des conseils de dernière minute comme rester calmes, jouer sans penser à gagner ou perdre, être concentrés et ne pas sous-estimer nos adversaires, et surtout prendre du plaisir. Même si tous ces conseils étaient évidents, cela me permis de me détendre légèrement de l’entendre de la bouche de quelqu’un d’autre.

Après cela, il proposa de prendre sans plus attendre la direction du stade pour nous familiariser avec les lieux et ne pas nous perdre au moment de combattre. Personne ne s’opposa à son idée et nous arrivâmes devant l’imposant bâtiment quarante-cinq minutes plus tard.

Je ne pus qu’admirer une nouvelle fois ce grand stade ovale. J’avais combattu an un auparavant à cet endroit aux côtés de Drago et Darksky et une mauvaise surprise nous attendait au bout de la route, si bien que le tournoi n’avait jamais pu se terminer. J’espérai sincèrement que cette fois-ci serait différente, mais j’avais peu d’espoir avec les démons qui trainaient dans le coin…

Les gargouillis du ventre de Drago me tirèrent de mes pensées et je me rendis compte que je mourrais de fin moi aussi.

-On dirait qu’une petite pause déjeuner s’impose ; fit remarquer Hélios.

-Allez acheter quelque chose, on s’occupe des places avec Satoshi ; nous proposa Serena, amusée.

Nous nous séparâmes ici. Les jumeaux prirent la direction du stade tandis que nous allâmes trouver une boulangerie dans le coin. June et Drago achetèrent peu de choses, un simple sandwich et une boisson, mais je ne résistai pas devant toutes les bonnes choses qui se présentaient à moi et je dévalisai la moitié du magasin. Ambre et Maya attendaient dehors, disant qu’elles allaient manger plus tard, lorsque les matchs auraient commencé.

Lorsque nous ressortîmes, j’avais les bras chargés de sacs.

-Angéla, tu étais vraiment obligée de prendre autant de chose ? Me demanda June en regardant mes paquets.

-Il faut bien prendre des forces avant le tournoi ! Rétorquai-je en avalant un bout du sandwich.

Hélios, qui se lamentait sur ses économies qui venaient d’être réduites à néant, releva légèrement la tête et se mit à courir en faisant de grands gestes. Je fus intriguée pendant quelques secondes avant de comprendre. Juste devant le stade, parlant avec mes deux amies, Darksky et son club se tenaient là et j’accélérai le pas, suivie de Drago et June.

-Darksky, comment ça va ? Lança Hélios à Darksky.

-Bi…Bien ; lui répondit ce dernier, déconcerté de nous voir.

Il tourna légèrement la tête et son expression changea, comme s’il avait vu un fantôme.

-Dra…Drago ? Bafouilla-t-il.

-Ca faisait un bail, n’est-ce pas Darksky ?

-O…Oui, on peut dire ça…Mais que fais-tu ici ? Ne me dis pas que…

-Drago va participer avec nous au tournoi inter école ; lui dis-je avec un sourire malicieux.

Son teint pâlit encore plus. Hikari Miyako, que nous avions rencontrée en venant chez lui, soupira et prit la parole à sa place.

-C’est un honneur de rencontrer Drago qui a vaincu Gariatron l’année dernière ; déclara-t-elle solennellement.

-Ce…Ce n’est rien vraiment.

-Cependant, ne vous attendez pas à ce qu’on vous fasse de cadeau parce que vous nous avez sauvé la peau l’année dernière ! Continua une jeune fille bonde avec une queue de cheval. Au fait, personne ne fait les présentations ?

-Je suis Angéla Hopper, et voici Drago, June, Ambre et Maya. L’autre derrière, je pense que vous le connaissez, c’est le vieux roi maléfique Hélios.

-Ex roi maléfique ! Me corrigea-t-il.

-Enchantée. Je m’appelle Yuiko Saya, lui c’est Alan, j’imagine que tu connais Laura et celle qui n’est jamais contente c’est Hikari Miyako.

-La faute à qui à ton avis ? Rétorqua la fille rousse.

-Arrêtez un peu de vous chamailler vous deux ; les reprit Darksky qui eut droit à un regard noir de la part des deux.

J’imaginais que la vie ne devait pas être facile pour lui tous les jours si les membres de son club n’arrêtaient pas de se lancer des piques…

-Enfin, bref : dit Laura en se raclant la gorge pour tenter d’avoir l’attention de tout le monde, même si tu m’as aidée cette année Angéla, j’ai bien peur de ne pas pouvoir te laisser la victoire.

-Il ne manquerait plus que ça, je ne me suis pas entrainée pour rien ! Lui répondis-je fièrement. Nous ne serons pas tendres avec vous non plus, soyez-en sûrs !

Serena et Satoshi revinrent à ce moment-là et donnèrent leurs places à Maya et Ambre. Après de rapides présentations, nous décidâmes de rentrer ensemble à l’intérieur du stade. Malheureusement, les non participants ne pouvaient pas venir avec nous et nous laissâmes donc les jumeaux et mes deux amies sur la grande place. Je remarquai soudain que tout le club de Darksky était entré.

-On a un traitement un peu spécial en vérité ; m’avoua-t-il. Comme nous sommes officiellement pile six membres, nous avons le droit de constituer deux équipes différentes, pour alterner entre les matchs. Mais bon, comme il nous en manque un, quelqu’un devra jouer deux fois de suite quand même.

Je réprimai une grimace. Je ne savais que trop bien où était leur sixième membre mais Darksky semblait ne pas vouloir s’appesantir sur le sujet déjà épineux et je fis donc semblant de ne rien savoir :

-Je vois…donc si nous avions eu un seul membre de plus, tout le monde aurait pu participer…

Inconsciemment, je pensai à Aymeric avant de chasser immédiatement cette pensée de ma tête. Même si nous nous ne nous étions jamais fâchés, il faisait partie d’un autre club. Mais au fait…qu’en était-il de nos rivaux sans présidents à leur tête ? Avaient-ils abandonné ou bien avaient-ils élu un nouveau président ? J’espérai vraiment que la première option était la bonne…

Nous dûmes nous séparer du club de Darksky – même si j’avais appris que ce n’était pas vraiment son club mais celui de Miyako puisqu’elle en était la présidente – lorsque nous arrivâmes au niveau de nos salles respectives de préparation.

Elles n’étaient pas bien grandes, mais assez bien équipées. Des canapés et une télévision trônaient au milieu de la pièce pour nous permettre de regarder tout en nous préparant, tandis que deux grands bureaux avec des fiches résumant le tournoi avaient été installés pour nous.

June saisit un des papiers et fronça les sourcils.

-Qu’y a-t-il ? Lui demandai-je, intriguée.

-C’est le tableau éliminatoire.

Je me précipitai pour voir qui nous affrontions mais le nom de l’école ne me dit absolument rien.

-Nos adversaires sont forts ? Tu les connais ?

-Je n’en ai aucune idée mais…regarde.

Elle me pointa un autre coin de la feuille et je vis le nom du lycée de Darksky. En remontant les branches de l’arbre, je me rendis compte que nous ne les affronterions qu’en demi-finale…

-Ca nous laisse le temps de nous préparer et d’adapter nos stratégies en fonction de leur jeu ; fit remarquer Drago.

-Oui, mais cela leur laisse également cette occasion ; répliqua June. Il faudrait gagner sans dévoiler tout notre potentiel…Drago, Angéla, pensez-vous pouvoir gagner sans utiliser votre fusion parfaite ni Socrate et encore moins Osiris ?

-Je pense oui, mais je n’hésiterai pas à m’en servir si la situation devient trop critique ; lui répondit Drago, peu sûr de lui.

-Evidemment, si vous êtes sur le point de perdre, ne faites pas dans la dentelle. Sinon Hélios, savez-vous quelque chose sur les membres du club de Darksky ?

-Oui, mais je leur ai promis de ne rien vous révéler…Ca ne serait pas juste.

-Depuis quand vous tenez vous promesses vous ?…

-Depuis toujours ma très chère Angéla ! Je peux cependant vous dire ça : ne sous-estimez aucun des membres. Darksky, même s’il ne s’en rend pas compte, est devenu beaucoup plus fort. Laura, elle, a acquis un nouveau pouvoir depuis que tu l’as guérie Angéla. Saya était sous mes ordres autrefois. Quant à Alan et Miyako, j’ai cru comprendre qu’ils étaient les leaders dans leur résistance face au démon…

-En effet, ça en fait un beau monde…

Nous passâmes le reste de notre temps à lire les autres informations car il y en avait beaucoup…Le tournoi se déroulait sur trois jours. Il y avait en tout vingt lycées en compétition. Certains disaient quelque chose à June mais d’après ses dires, aucun ne devait nous poser problème, la plupart nous étant totalement inconnu. Heureusement, nous n’étions pas dans le match d’ouverture, qui était mené par le club de Darksky contre un lycée du nom d’Henri III. Ils étaient arrivés second l’année précédente, mais cela ne semblait pas inquiéter June.

-Ils sont peut-être forts, mais face à Darksky et Laura, je doute qu’ils aient une réelle chance.

La cloche annonçant le début du tournoi sonna enfin et nous entendîmes les cris des spectateurs au loin.

-Bonne chance Darksky, fais de ton mieux…



Chapitre 22 : Le grand tournoi !



Spoiler :


Drago, June, Angéla, Denys, Julie, cela en faisait un beau monde à vaincre…Mais la survie de notre club de duel en dépendait, nous n’avions pas le droit de flancher, même contre eux !

Enfin…J’avais bien l’impression d’être à présent le seul à penser à la victoire à ce moment-là…Dans la salle qui nous avait été attribuée, les plaintes et les cris fusaient de partout. Miyako aurait voulu des salles individuelles, Saya et Laura n’étaient pas d’accord sur la stratégie à adopter pour le premier tour tandis qu’Alan…s’accommodait plutôt bien de la situation et avait déjà allumé la télévision…

Je soupirai intérieurement. C’étaient eux qui m’avaient dit de faire plus attention et à présent, ils faisaient tout, sauf se préparer pour notre match qui avait lieu dix minutes plus tard. J’avais bien essayé de calmer le jeu, mais tout ce que j’avais obtenu, c’était un accord commun de tout le monde pour me dire de me taire, donc je restais dans mon coin à attendre le début des matchs, à regarder ce spectacle plus que ridicule…

Je me rendis soudain compte d’une chose et je me levai brusquement en faisant tomber ma chaise, ce qui attira l’attention de tout le monde.

-Une minute…On ne s’est même pas mis d’accord sur l’ordre de passage ! M’exclamai-je.

Après un court silence général, Miyako prit la parole.

-Darksky, quelle main ?

Elle me présenta alors ses deux mains, poings fermés. Sur le moment, je ne compris pas ce qu’elle voulait me dire, mais son regard assassin me fit obéir sans poser de question. Je choisis donc la gauche. Elle l’ouvrit et il n’y avait rien dedans.

-Bien, dans ce cas, je vais y aller avec Alan et Laura. Darksky et Saya, vous passerez au second tour avec moi dès que nous aurons remporté ce match.

Je n’eus pas vraiment mon mot à dire car déjà, la cloche annonçant le début des matchs sonna. Miyako se dirigea vers la porte, entrainant avec elle Alan et Laura, l’un étant tout excité à l’idée de livrer un match dans ce grand stade, mon amie d’enfance bien moins enthousiaste. Je leur souhaitai bonne chance mais seul Alan me répondit gaiement et tout trois sortirent de la pièce en nous laissant seuls tous les deux.

Saya s’affala immédiatement sur le canapé à la place d’Alan et monta le son pour écouter les informations du présentateur.

-Aller Darksky, viens soutenir ton équipe toi aussi ! Me dit-elle en me jetant une canette à la figure.

-Non mais ça va pas bien toi ! Tu aurais pu me crever un œil tu le sais au moins ?

-Oui, oui, mais je ne l’ai pas fait, alors installe toi confortablement et profite du spectacle.

Elle attrapa une autre canette et l’entama en posant ses deux pieds sur la table. Parfois, je me demandais vraiment si elle avait conscience de ce qui l’entourait…Je pris néanmoins place à côté d’elle sans faire plus d’histoire, je ne voulais surtout pas rater l’entrée de Miyako.

Après cinq minutes de discours ennuyeux sur le respect des règles, le fait de faire de notre mieux et l’amusement, on en arriva enfin à l’entrée en scène des participants. Le club adverse entra en premier, acclamé par la foule. Il s’agissait de trois garçons sans rien de bien particulier. Ils n’avaient pas l’air faibles, mais pas spécialement forts non plus, mais une certaine confiance se dégageait de leurs regards. Les pauvres ne savaient pas ce qui les attendait…

Une fois qu’ils furent chacun sur leur terrain respectif, les membres de notre club entrèrent en scène et je faillis m’étouffer avec mon soda. Ils s’étaient tous changés en cinq minutes ! Miyako avait mis par-dessus son uniforme un long manteau noir qui lui recouvrait presque entièrement les jambes et dont le col relevé ne laissait voir que le haut de son visage. Elle s’avançait lentement en tête du groupe d’une démarche assurée, le regard fixé sur un point au loin. Alan avait un superbe tee-shirt bleu « UWS » et je vis dans l’assistance trois autres tee-shirts de la même couleur. Le grec, Hoshi et Marcelo j’imaginais. J’étais content qu’ils soient venus nous supporter. Et enfin venait Laura. Mais elle ne semblait pas dans son état habituel. Elle avait remis sa cape sombre qu’elle portait un an plus tôt, lorsqu’elle était au service de son père et son regard était glacé. A quoi pensait-elle bon sang ? Personne n’avait oublié son style de jeu si agressif que ses adversaires finissaient à l’hôpital, alors pourquoi s’amusait-elle à reparaitre devant les spectateurs habillée de la sorte ?

-A quoi joues-tu Laura…

-Quelque chose ne va pas Darksky ? Me demanda Saya en m’entendant marmonner dans ma barbe.

-Sais-tu pourquoi ils sont tous habillés de la sorte ? Je veux dire, Miyako trouve qu’il fait froid donc met un manteau, je veux bien, Alan représente les UWS avec son tee-shirt, mais Laura, pourquoi a-t-elle mis cette cape ?

-Je la trouve plutôt classe comme ça moi. On dirait presque un méchant de manga.

-C’est bien ça le problème, elle portait la même chose avant !

-Oh…Va savoir, tu n’auras qu’à lui demander après son match. D’ailleurs, je crois que c’est presque fini…

-Déjà ?

Je focalisai à nouveau mon attention sur l’écran. Le duel venait à peine de commencer et Laura n’avait même pas encore joué de carte, comment Saya pouvait-elle affirmer cela avec autant de certitude ?

-Regarde bien le terrain de son adversaire.

-Mais il est…vide !

-Exactement. Laura l’a laissé commencer mais il semblerait que ça ne lui plaise pas alors il termine simplement son tour en sous-estimant son adversaire. Même en ayant un plan, connaissant Laura, elle ne fera qu’une bouchée de lui.


-C’est tout ce que tu as ? Lança Laura à son adversaire d’un ton tranchant. Dans ce cas, ce duel est terminé !

-Tu…tu m’as l’air bien sûre de toi ma jolie…Rétorqua son adversaire avec un sourire crispé.

-Je commence en invoquant ma Princesse Dansante des Nékroz. A partir de maintenant, tu ne pourras plus cibler mes monstres avec tes effets de carte.

-De toute façon, je n’ai aucune carte sur le terrain !

-Justement, cela prouve que quel qu’aurait été ton mouvement, tu aurais perdu ce duel.

-J…Joue au lieu de papoter, parce que tu ne fais rien là !

-C’est vrai. Je continue donc en activant Kaléidoscope Nékroz ! Je sacrifie Shurit, Stratégiste Nékroz pour invoquerNékroz d'Armure Invincible ! Par l’effet de Shurit, je peux ajouter à ma main Nékroz de Trishula. Amure invincible, attaque directement !

-Comme je le pensais, depuis ma main, j’active l’effet de lAttaque de l'Épouvantail pour mettre fin au combat immédiatement ! Ta victoire sera pour une prochaine fois ma belle.

-Tu ne fais que retarder l’inévitable. Je termine mon tour là-dessus.

Laura y allait vraiment de toutes ses forces, elle jouait son deck comme elle l’aurait joué un an avant. Elle ne faisait jamais ça d’habitude, elle prenait toujours le temps de poser son jeu et d’analyser les stratégies adverses…mais cette fois, elle ne faisait que foncer dans le tas sans réfléchir, pourquoi ?

-C’est donc à mon tour ! S’exclama son adversaire. Je pioche et j’invoque mon Gadget Rougequi par son effet, me permet d’ajouter un autre gadget ! Mais ce n’est pas tout, comme j’ai invoqué ce monstre, je peux également faire appel à celui-là : apparais, Kagetokage ! J’active maintenant Raigeki pour détruire tes deux monstres, alors qui est sans défense maintenant ?

-Toi il me semble. Tes monstres pitoyables ne feront pas le poids contre moi.

-C’est pourquoi je les recouvre pour donner naissance à ceci : Samouraï Gagaga ! En détachant une unité de couverture, je peux t’attaquer deux fois ! Aller mon samouraï !

Laura : 200 – Adversaire : 4000

-C’est bon, tu as fini ? Tu sais qu’en me laissant ces deux-cents points de vie, tu viens de sceller ta perte ?

-Allons bon, comme si tu pouvais remonter maintenant !

-Je pioche et j’active l’effet du Kaléidoscope Nékroz dans mon cimetière. En le retirant du jeu avec mon armure, je peux ajouter mon Miroir Nékroz à ma main. J’invoque à présent mon Grand Sorcier Nékroz. Voici maintenant le moment…de briser la glace !

L’œil de Laura brilla d’une lueur bleutée totalement anormale pour ses yeux vert comme l’émeraude et son adversaire recula d’un pas, surpris.

-J’active Miroir Nékroz ! Je retire Shurit, Stratégiste Nékroz de mon cimetière : invocation Rituelle. Glace éternelle, roi du gel, empereur du froid, je fais appel à ta puissance, brise tes chaines et aide moi à remporter la victoire : Nékroz de Trishula !

Dans une tempête de neige, un guerrier portant une armure bleue et blanche surgit et attaqua immédiatement le monstre de l’adversaire de Laura en le congelant sur place. Il leva ensuite le bras et l’une de ses cartes en main s’envola, de même que l’une dans son cimetière.

-Qu…qu’est-ce que cela signifie ? Où sont mes cartes !

-Lorsque Nekroz de trishula arrive sur le terrain, il peut bannir une carte de la main, du cimetière et du terrain de mon adversaire. C’est terminé !

Les deux monstres de Laura fondirent sur son adversaire en soulevant un épais nuage de poussière. Lorsqu’il se dissipa, il ne restait que le garçon, à terre, choqué, sa barre de points de vie à zéro. De l’autre côté, tandis que la foule restait silencieuse elle aussi, Laura le contemplait froidement avec ce même regard qu’elle adressait à ses adversaires autrefois…

La caméra passa sur un autre duel et j’eus tout juste le temps de voir la victoire de Miyako. Une victoire éclair selon le présentateur puisque son adversaire n’avait même pas eu l’occasion de lui détruire un seul monstre…Enfin, elle nous montra le duel d’Alan…et ce dernier était assis sur le rebord du stade, les bras croisés, le regard pétillant, son adversaire sur le banc de touche…

-L’équipe Yume-Nikki remporte donc ce premier tour avec brio avec le score de 3-0 ! Hurla le présentateur de son micro.

-Pas mal du tout, ils s’en sortent plutôt bien, tu ne trouves pas ? Me lança Saya accoudée, un petit sourire aux lèvres.

-Ce n’était que le premier tour. Les choses sérieuses commenceront demain.

Les trois duellistes entrèrent au même moment dans la pièce et Saya se précipita pour les féliciter. Mais il n’y avait qu’une seule personne que j’avais envie de voir. J’aperçus Laura à la traine, enlevant sa cape, l’air épuisée.

-Laura…qu’est-ce que ça signifiait tout ce cinéma ? Lui demandai-je immédiatement.

-Je…Je n’avais vraiment pas envie de perdre de temps avec lui, je voulais en finir le plus vite possible, c’est tout…

-Je ne parle pas de ça ! Pourquoi as-tu remis cette cape ?

-Lorsque le public te connait avec un style, tu ne peux pas en changer du jour au lendemain, ça aurait créé trop de rumeurs…

Je n’étais absolument pas convaincu par ses explications. Quelque chose ne tournait pas rond depuis qu’elle avait remis les pieds ici et je devais savoir pourquoi.

-Si tu veux bien m’excuser, j’ai à faire Darksky.

Elle tourna les talons et sans un mot de plus, sortit de la salle. Miyako me fit signe de la rattraper avec une pointe d’exaspération dans le regard. Je ne me fis pas prier et je la rejoignis dans le couloir. Elle se retourna et en me voyant, un voile de tristesse passa sur ses yeux.

-Laura…Commençai-je avant d’être interrompu.

-Darksky, puisque tu es là, suis-moi ; dit-elle avec un sourire triste.

Elle reprit son chemin et je marchai à ses côtés, sans ouvrir la bouche. Sa démarche était lente, son pas lourd, elle trainait les pieds comme si elle ne voulait plus avancer mais ne s’arrêtait pourtant pas. Au loin, je crus distinguer les cris des spectateurs regardant le duel en cours mais dans ce long couloir, seul l’écho de nos pas couvrait le silence oppressant s’étant installé entre nous.

Laura tourna une fois, puis une autre avant de se retrouver dans une impasse. Elle ne s’arrêta pourtant pas et fonça dans le mur avant de le traverser. Je compris soudainement la raison de son mal-être à cet endroit et je me précipitai à mon tour contre le mur.

Une fois de l’autre côté, j’étais dans cette même pièce où j’avais revu mon amie d’enfance pour la première fois, un an auparavant. Rien n’avait changé, tous les objets se trouvaient toujours à la même place, il n’y avait même pas la moindre couche de poussière. Je n’arrivai pas à comprendre ce qu’était cet endroit, mais quand je voulus lui demander, elle attrapa une petite boite se trouvant en hauteur et la posa sur la table.

-Laura…qu’est-ce que c’est ? Demandai-je d’une petite voix.

-Quelque chose…de très important ; se contenta-t-elle de répondre en souriant.

Elle l’ouvrit alors et je pus entrevoir une unique vieille feuille déchirée et recollée de toutes parts. Je rougis en la reconnaissant. Non, tout mais pas ça…

-Ne me dit pas que…

-Tout ce temps…j’ai gardé ce poème auprès de moi ; dit-elle en serrant la feuille contre son cœur.

Je sentis la chaleur monter en moi tandis que je devenais de plus en plus rouge. Dans un dessin animé, mes oreilles auraient craché de la fumée tellement j’étais embarrassé par la situation. Evidemment, elle en rajouta une couche…

-L’année dernière, lorsque je t’ai chassé d’ici, j’ai sorti cette boite juste après…et je me suis mise à pleurer.

Laura ferma les yeux et serra plus fort mon poème jusqu’à le froisser.

-Je…je ne savais plus quoi faire, tu étais là, mais je t’en voulais, j’en voulais à tout le monde et en même temps, je ne voulais pas que tu partes, je voulais que tu restes avec moi, que nous jouions comme avant… Ce poème était tout ce qu’il me restait de toi après mon départ…

-Laura…

-Peu de temps après, mon père est arrivé, et il a essayé de me réconforter en me voyant en larmes…

-Shadow…a vraiment fait ça ?

-Oui, en voyant cela, mon désir de retrouver mon père s’est accru. Je devais faire un choix : le quitter et te rejoindre, ou bien continuer à le suivre jusqu’à ce qu’il redevienne comme avant.

Elle leva le regard et son regard émeraude se perdit dans mes yeux noirs comme l’ébène.

-Dis-moi Darksky, ce que j’ai fait…était stupide n’est-ce pas ? Par ma faute, le monde a bien failli y passer. Qui sait ce qui serait arrivé si tu ne m’avais pas fait revenir à la raison…

-Non, je pense…que j’aurais fait la même chose à ta place.

-Tu…

-Shadow est ton père, il est normal qu’il passe avant moi, et même avant tout le reste. C’est pour ça que je ne t’en veux pas pour tout ce que tu m’as dit. Je suis simplement désolé de ne pas avoir réussi à ramener Shadow à la raison comme tu le souhaitais…

-Tu n’as pas à t’excuser, je suis la fautive dans l’histoire, j’aurais du l’arrêter le jour où il a commencé à sombrer mais…je me suis laissée embobinée par Gariatron. Hiroki doit avoir raison, je mérite d’être punie…

-N’écoute pas ce type, il est lui aussi au bord de la folie. Tu as mal agi, mais tu as essayé de réparer tes erreurs à la fin, c’est tout ce qui compte.

-Oui…tu dois avoir raison.

Un timide sourire passa sur son visage et elle relâcha légèrement le bout de papier qu’elle tenait entre les mains. Je me dis à ce moment-là que, sans Gariatron et Hélios, jamais je n’aurais revu Laura, j’aurais certainement continué à déprimer dans mon coin, éternellement, sans rencontrer Drago ni Angéla, sans monter ce club de duel avec Saya, Nagisa et Miyako.

-Darksky ; dit soudain Laura.

Intrigué, je recentrai mon attention sur elle et, sans prévenir, elle posa un doux baiser sur mes lèvres, baiser aussi court qu’un clignement d’œil mais aussi léger que la brise matinale. J’étais encore sous le choc lorsqu’elle recula d’un pas et me sourit, mais cette fois, d’un sourire rayonnant, le même sourire que six ans auparavant.

-Merci Darksky, merci pour tout.

-Je…je…bégayai-je incapable d’aligner deux mots.

-Aller, rentrons, les autres doivent se demander ce qu’on fabrique.

Nous sortîmes tous les deux de la salle mystérieuse pour nous revinrent avec les autres membres. Cependant, mon esprit était parti au loin si bien que Laura devait me guider pour ne pas que je me cogne contre chaque mur. Lorsque nous entrâmes, les sarcasmes de Miyako me ramenèrent à la réalité.

-Qu’est-ce qui lui arrive à lui encore, il est tombé sur la tête en essayant d’attraper un pigeon ou il est somnambule ?

-Hein, quoi ? Moi ? Non, je…juste…

-Et Laura qui a l’air toute guillerette comme ça…y’a quelque chose de louche ; continua Saya en m’observant de près.

-Qu…qu’est-ce que tu insinues toi encore ?

-Moi ? Rien du tout ; me répondit-elle avec son faux air innocent.

Alan siffla deux fois.

-Non, ce n’est pas du tout ce que vous croyez ! Dis-je immédiatement sur la défensive. Dis quelque chose Laura !

-Moi ? Tu veux que je dise quoi ?

-Faites ce que vous voulez, je m’en contrefiche, mais ne faites rien qui perturbe l’équipe, c’est compris ?

-Je ne sais pas à quoi tu penses Miyako, mais si c’est ce à quoi je pense aussi, oublie tout de suite !

Le présentateur me sauva la vie en annonçant la fin du second match. L’attention de tout le monde se recentra sur la télévision et sur Denys et Julie qui venaient de faire leur entrée sur le terrain pour disputer le troisième match de la journée. Comme leur équipe n’était composée que de deux membres, il leur était indispensable de gagner les deux duels à la suite. Sans grande surprise, ils remportèrent la victoire haut la main. Miyako alla les féliciter chaudement tandis qu’Angéla rentrait dans l’arène, accompagnée de June et Drago.

Leur victoire fut écrasante, aucun d’entre eux n’avait laissé la moindre chance à leur adversaire et pourtant, je savais qu’ils n’avaient pas dévoilé leur plein potentiel. Le niveau était clairement différent de celui de la coupe du monde. Nous n’avions pas en face de nous des joueurs professionnels, ce n’étaient que des lycéens qui jouaient pour le plaisir, par simple passion, sans avoir conscience de ce tout cela représentait pour nous.

Cependant, ce n’était pas une raison pour leur faire des cadeaux, je me devais de tenir ma promesse à Nagisa et gagner ce tournoi, pour l’avenir du club, je ne pouvais pas me permettre de prendre ce tournoi à la légère.

Le soir, nous dinâmes avec Drago chez Sherry qui avait accepté de nous héberger et nous fîmes la connaissance de Serena et Satoshi, des jumeaux orphelins dont Hélios s’occupait puis nous allâmes tous nous coucher tôt pour être en forme pour le lendemain.

Une certaine nostalgie s’empara de moi lorsque je remis les pieds dans ma chambre au château. C’était dans ce même endroit qu’un an auparavant, je me préparais pour la coupe du monde de duel.

Les choses avaient bien changé depuis cette époque où j’étais seul, où Saya, Marie et Laura avaient disparu de ma vie, où je n’avais aucun espoir pour mon avenir. A présent, elles étaient toutes revenues et j’avais un nouveau but : protéger ce club pour lequel Nagisa s’était tant battue.

Je regardai par la fenêtre ce beau jardin que j’avais contemplé tant de fois. Il n’avait pas changé. Les mêmes statues imposantes ornaient le grand portail d’or, les mêmes arbres bordaient le parc et le séparait de la forêt avoisinante. Au loin, je pouvais voir les lumières de la ville brillant dans le noir. C’était dans cet environnement que Nagisa et Miyako avaient dû vivre lors de la guerre contre Gariatron, dans un monde maintenu en vie artificiellement par l’homme ? Quelle triste vision…

Penser à cela ne fit que renforcer mes convictions. Je ne pouvais pas laisser les démons accomplir leur but, quel qu’il fût, si cela devait impliquer la destruction du monde.

Je vis soudain une forme se déplacer lentement dans l’ombre de la nuit. Un animal ? Non, Luna peut-être ? C’était peu probable. En me regardant plus attentivement, je pus distinguer une forme humaine. Je n’eus pas le temps d’en voir d’avantage car elle disparut l’instant suivant dans la forêt.

-Qui peut bien se balader en pleine nuit comme ça ? Me demandai-je à moi-même.

Le lendemain, je me levai aux aurores puis je descendis dans la salle à manger après avoir pris ma douche. Etonnamment, malgré l’heure matinale, je n’étais pas le premier debout, j’étais même le dernier. Tout le monde prenait déjà son petit déjeuner avec l’air de m’attendre.

-Regardez qui daigne se montrer, il était temps ! Me lança immédiatement Miyako en me pointant avec sa tartine.

-On a eu de la chance quand même, d’habitude il ne se lève jamais aussi tôt ; lui répondit Laura, accoudée sur la table, les yeux à moitié fermés au-dessus de son bol de lait.

J’ignorai leurs piques désagréables et je m’installai entre Saya et Alan, l’une dormant sur sa chaise, l’autre avalant tout ce qui passait à sa portée.

Drago arriva quelques minutes après moi, mais personne ne lui dit rien, ce que je ne manquai pas de faire remarquer à Miyako.

-Je ne suis pas la présidente de son club, il fait ce qu’il veut, ça ne me regarde pas.

-B…Bonjour à vous aussi ; déclara l’intéressé, gêné.

Il s’assit à côté de nous puis nous parlâmes de tout et de rien. J’évitai de lui demander où il était passé ces derniers mois car visiblement, il ne voulait pas en parler et esquivait le sujet dès que quelqu’un l’abordait. Hélios arriva à son tour avec Sherry et Ellsworth, puis vinrent les deux jumeaux et nous partîmes pour le stade. Là-bas, Drago prit congés de nous et alla attendre Angéla et June dans sa salle de préparation avec Hélios tandis que Sherry, Ellsworth et les jumeaux allèrent prendre place parmi les spectateurs.

Le deuxième tour du tournoi se déroula sans encombre, nous passâmes une fois de plus les qualifications haut la main, de même qu’Angéla et Julie et Denys. Huit équipes étaient encore en course, il ne restait donc plus que deux matchs à gagner avant d’arriver en finale. Si tout continuait à se dérouler de la sorte, le club était sauvé. J’imaginais bien la tête du président du conseil en train de déchirer un journal en regardant notre victoire.

Le soir venu, Drago nous félicita une nouvelle fois d’être passé mais nous prévint aussi que les choses sérieuses commençaient le lendemain avec les huitièmes de finale.

-Je ne suis pas inquiet tant que nous n’affrontons pas votre club ou celui de Denys et Julie ; lui répondis-je, confiant.

-Faites tout de même attention, d’après Hélios, certaines équipes sont redoutables. Une en particulier semble n’enchainer que les victoires, comme nous. Ils affrontent vos amis demain, vous pourrez en juger par vous-même.

-Au pire, Darksky n’aura qu’à sortir ses fameuses cartes divines et ça sera réglé en deux secondes ; lança Saya en baillant.

-Je préfèrerai ne pas avoir besoin d’en venir là tout de même, ce ne sont que des étudiants…

-Qui se soucie de détails comme ça ? Nous devons gagner, peu importe comment ; me répondit Miyako, adossée à un mur, les bras croisés.

-Je sais bien Miyako, je sais bien…

Nous remontâmes tous nous coucher mais au lieu de me mettre directement au lit, je m’assis à mon bureau pour regarder mon jeu et les cartes divines. Je les avais obtenues pour combattre Gariatron, alors avais-je le droit de les utiliser pour assouvir mes propres ambitions ?

Tout en réfléchissant, je regardais par la fenêtre et soudain, j’aperçus une nouvelle fois cette forme mouvante dans les ombres.

Deux jours de suite ? Ca commençait à être répétitif pour un simple passant, et à la même heure en plus.

Intrigué, je descendis dans le parc le plus vite possible et me rendis à l’endroit où j’avais aperçus la forme étrange. Evidemment, lorsque j’y arrivai, il n’y avait plus rien.

Je soupirai. Je devais vraiment devenir fou. Je remontai dans ma chambre et me mis au lit. Juste avant de m’endormir, je pensai néanmoins à en parler à Laura ou un autre membre du club le lendemain.

Lorsque je le racontai à tout le monde au petit déjeuner, une seule personne réagit.

-Un voleur ? S’exclama Saya en faisant sursauter tout le monde à moitié endormi. Qui vient chaque nuit en plus tu dis ?

-Oui, ça fait déjà deux fois qu’il passe. Drago, en vivant ici, tu n’as jamais rien remarqué ?

-Non, mais il faut dire que je n’ai jamais fait attention en même temps. Mais je pense que Sherry l’aurait remarqué si quelque chose avait disparu.

Tout le monde fut d’accord avec Drago et ils oublièrent ma remarque, tous, sauf Saya qui avait l’œil brillant. Je connaissais trop bien ce regard et je m’attendais au pire…

Evidemment, en sortant de table, elle me prit à part.

-Darksky, j’ai une idée, capturons ce voleur ce soir !

-J’étais sur que tu allais me sortir quelque chose comme ça ; soupirai-je. Je n’ai pas vraiment le choix, tu viendras me chercher dans ma chambre même si je dis non, c’est ça ?

-Tu as tout compris ! Me répondit-elle avec un grand sourire.

-Qu’est-ce que vous mijotez encore vous deux ? Nous demanda Laura qui passait par là.

-Bon, puisque tu es là, viens avec nous à la chasse au voleur ce soir !

-Désolée Saya, je n’ai pas spécialement envie de…

-C’est parfait, retrouvez-moi devant le grand portail à dix heures !

La jeune fille blonde s’éloigna en nous laissant tous les deux dans l’’incompréhension. Laura me demanda du regard ce que cela signifiait et je lui répondis par un haussement d’épaules. Je sentais que j’allais encore passer un sale quart d’heure avec elle…

Nous passâmes le troisième tour sans problème, de même qu’Angéla, Drago et June. Il ne restait plus que le match de Denys et Julie pour la journée. Nous le regardâmes, intrigués par les propos de Drago la veille. Cependant, leurs adversaires, même s’ils étaient un peu plus coriaces que les précédents, furent vaincus. Encore une fausse alerte.

Il ne restait en course que notre équipe, celle d’Angéla, Denys et Julie, ainsi qu’une quatrième représentant le lycée François le Grand.

Je regardai la fiche des résultats. Nos prochains adversaires n’étaient ni Angéla, ni Denys et Julie. Cela signifiait que nous affronterions en finale l’un des deux. Il ne me restait donc plus qu’à me préparer mentalement pour l’expédition de Saya qui n’allait pas être de tout repos…

A vingt et une heure cinquante, je descendis de ma chambre et j’allai retrouver Saya et Laura devant le manoir de Sherry. Mes deux amies étaient déjà là et m’attendaient visiblement, mais comme j’étais en avance, elles ne dirent rien, puis Saya exposa son plan.

-Bien, d’après ce que tu dis, le voleur apparait toujours au même endroit et se dirige toujours dans la même direction. C’est pourquoi, nous l’attendrons là-bas et nous le suivrons pour voir où il se dirige !

-Franchement, tu aurais pu trouver mieux comme plan, même moi j’aurais pu faire ça; fis-je remarquer.

-Et une fois que nous l’aurons trouvé, on fera quoi ? Demanda Laura, sceptique.

-J’aviserai sur le moment !

Je me pris la tête dans les bras. Toute cette histoire partait très mal…Nous attendîmes que dix heures sonne mais il n’y avait pas un signe de ce voleur. J’espérai sincèrement qu’il ne viendrait pas. En même temps, j’avais presque envie de le voir se pointer car Saya nous obligeait à rester accroupis derrière un buisson du parc, ce qui était tout, sauf confortable.

A dix heures deux, nous entendîmes la porte du manoir s’ouvrir en grinçant et une ombre sortit. Je retins mon souffle. L’ombre mystérieuse dont je ne pouvais percevoir le visage dans l’obscurité marqua un temps d’arrêt avant de se diriger vers nous. A partir de ce moment, je n’osai même plus respirer ni même me tourner vers Saya pour voir sa réaction.

L’homme passa juste devant le buisson devant lequel nous étions cachés sans nous remarquer puis continua sa route vers la forêt. Une fois qu’il fut assez loin, Saya se leva discrètement et nous fit signe de la suivre. Je lançai à Laura un regard désespéré qu’elle me rendit avant de prendre la suite de la jeune fille blonde.

Dans le silence le plus total, nous espionnâmes les moindres mouvements de l’inconnu mais il ne faisait que marcher. Finalement, il atteignit une petite clairière d’où nous provenait un peu de lumière et il s’arrêta. Nous fîmes de même tout en prenant soin de rester dans l’ombre des arbres.

-Tu crois que c’est son repère de bandit ? Me chuchota Laura.

-Aussi près de la maison qu’il vient de cambrioler ? Ça m’étonnerait fort ; lui répondit Saya dont les yeux pétillaient d’excitation.

-Attendez une minute, ce n’est pas un bandit, c’est…

J’écarquillai les yeux lorsque l’homme passa devant un feu de bois qui éclaira son visage.

-Hélios ? Hoqueta Laura. Qu’est-ce qu’il magouille encore ?

-On va vite le savoir.

En effet, après avoir regardé de tous les côtés, l’ex roi prononça un nom que je ne compris pas et j’entendis des bruits de pas. L’instant d’après, une jeune fille apparut devant lui et je ressentis un malaise en la voyant. Elle devait avoir approximativement seize ou dix-sept ans et était habillée d’un long manteau beige et portait une épaisse écharpe autour de son cou. Une frange comme celle de Saya lui tombait sur les yeux, sauf qu’elle avait les cheveux noirs comme l’ébène et que deux épis comme les miens partaient du haut de son crâne. Ses yeux avaient quelque chose qui m’était familier…Après une seconde de réflexion, je les reconnus : c’était ceux de ma mère !

Lorsque je me tournai vers Saya, elle semblait elle aussi troublée par l’apparition de cette fille. Je ne me faisais donc pas d’idée. Peut-être l’avions nous rencontrée dans l’armée d’Hélios, ce qui n’aurait pas été illogique vu la situation.

-Alors Hélios, comment c’était aujourd’hui ? Dit la jeune fille d’une voix claire et enjouée.

-Comme les deux jours précédents, Angéla continue de gagner grâce à mes précieux conseils.

-C’est génial ça ! Vous pensez qu’elle peut gagner ce tournoi ?

-Oh, mais ça Iori, tu n’as qu’à demander à leurs rivaux qui sont justement venu nous rendre visite.

Je me figeai. J’aurais dû me douter qu’Hélios nous avait repérés depuis le début. En grognant, Saya sortit de sa cachette et fit face à l’ex roi.

-Assez de cachotteries Hélios, qui est cette fille ? Je l’ai déjà vue quelque part…

Lorsque la jeune fille vit mon amie, elle fit un pas en arrière, les yeux exorbités.

-Non, ce n’est…pas possible…murmura-t-elle comme effrayée.

Je sortis à mon tour de ma cachette et la jeune fille blêmit d’avantage, si cela était possible.

-Iori, je te présente…

-Papa…Maman…

Elle s’effondra sur le sol, inconsciente tandis qu’un silence de mort venait de s’installer entre nous. Le regard d’incompréhension et de surprise d’Hélios passa plusieurs fois de la jeune fille à nous deux. Quant à moi, j’étais comme paralysé par la dernière phrase de cette fille.

Laura fut la première à avoir une réaction sensée en prenant l’inconnue sur son dos et nous ordonnant de nous bouger un peu pour la ramener au château. Cela me fit sortir de ma torpeur, mais Saya resta de marbre malgré tout.

Avec l’aide d’Hélios, ma meilleure amie porta la jeune fille mais Saya resta devant le feu, sans faire le moindre mouvement, même lorsque je l’appelai. Je finis cependant par lui prendre le bras pour la faire réagir et elle se dégagea brutalement.

-Dé…Désolée Darksky, je ne voulais pas…

-Ce n’est rien. Mais que t’arrive-t-il ? Ca ne te ressemble pas de te taire ainsi. Est-ce que ça à un rapport avec cette fille ?

-Je…je ne peux pas te le dire maintenant…

Avant que je n’aie pu lui en demander d’avantage, Saya s’enfuit vers le manoir en me laissant seul devant ce feu de bois. Beaucoup de choses commençaient à échapper à ma compréhension ces derniers temps comme la rébellion de Nagisa ou les dépressions successives de Miyako, mais je ne pensais pas voir un jour Saya dans un tel état. Et cette fille, son visage m’était familier et pourtant, je savais que je ne l’avais jamais vue…Et puis, pourquoi m’avait-elle appelé Papa en me voyant ? Tout était si confus dans ma tête que j’en avais mal au crâne…

Lorsque j’arrivai au château, tout le monde était aux cents coups devant la nouvelle invitée, allongée sur le canapé du salon.

-Allons bon, qu’est-ce que c’est encore ? Râla Miyako à mon entrée.

-Ce n’est que moi.

-Dis Darksky, cette fille, c’est qui ? Et vous l’avez trouvée où ? Me demanda Alan, inquiet.

-Elle était avec Hélios dans la forêt mais je n’en sais pas plus.

Ce dernier se gratta la barbe et déclara :

-Elle s’appelle Iori. Je l’ai rencontrée aux alentours du château il y a trois jours. Sa démarche était chancelante, alors je suis allé l’aider, quoi de plus naturel. Lorsque je lui ai demandé si tout allait bien, elle m’a lancé un regard totalement vide. J’en ai eu des frissons et j’en ai encore en y repensant.

-C’est bien joli mais ça ne nous explique pas qui elle est ; fit remarquer Laura à bout de patience.

-C’est une très bonne question parce que je n’en sais rien non plus. Cette fille est apparemment amnésique et ne se souviens que de son prénom : elle s’appelle Iori, c’est tout ce que je sais sur elle.

-Ca ne va pas nous avancer ça…je sens qu’on n’est pas prêt de pouvoir dormir…Se plaignit Miyako.

-Au fait, où sont Sherry, Ellsworth, Serena, Satoshi et Drago ? Demandai-je à Hélios.

-J’ai préféré ne pas les déranger, ils ont une dure journée demain. D’ailleurs Alan et Laura, vous devriez vous reposer aussi, vous avez un match important demain. Saya est déjà remontée elle.

-Mais je…

-Pas de mais, nous n’avons pas besoin d’être dix pour veiller sur elle.

A contrecœur, ils retournèrent tous les deux dans leur chambre, ne laissant que Miyako, Hélios et moi dans la pièce avec la dénommée Iori. La présidente remplaçante soupira et alla se chercher quelque chose à boire et Hélios m’interpela.

-Darksky, je ne sais pas qui est cette fille, mais fais attention, elle pourrait très bien être une envoyée des démons ou quelque chose comme ça.

-Vous pensez ? Pourtant, elle semble vraiment perdue…

-Cette fille à quelque chose de spécial, je ne saurais pas dire quoi, mais je ressens une très forte puissance émaner d’elle.

Je posai à nouveau mon regard sur la jeune fille. Une envoyée des démons, elle ? Hélios délirait. C’était une simple fille perdue et amnésique…Enfin, je l’espérai.

Dix minutes plus tard, elle entrouvrit les yeux et nous cessâmes nos activités pour voir comment elle allait.

-Comment te sens-tu Iori ? Lui demanda doucement Hélios.

-Je crois…Je crois que j’ai retrouvé la mémoire…déclara-t-elle faiblement.

-Mais c’est formidable ! Alors, tu vas pouvoir rentrer chez toi maintenant ?

-Je n’ai…plus de chez moi.

Sa phrase jeta un froid, même Hélios ne trouva rien à répondre. La fille se tourna alors vers moi et fronça les sourcils. J’en profitai alors pour lui poser la question qui me brûlait les lèvres.

-Dis-moi, on se connait non ?

-Ca m’étonnerait, je ne suis pas d’ici.

-Je vois…mais pourquoi nous as-tu appelés papa et maman tout à l’heure, est-ce que nous leur ressemblons ?

-Evidemment, qu’est-ce que tu veux qu’elle te réponde ? Que tu es réellement son père et que tu es marié à Saya ? railla Miyako.

-Je ne t’ai pas demandé ton avis toi, je lui ai posé la question à elle, pas à toi.

-Oui, cette Saya est le portrait craché de ma mère et toi tu ressembles à mon père d’autrefois…mais vous êtes bien différents en fait; me répondit-elle en souriant tristement. Ma mère est morte lorsque j’étais plus jeune et mon père ne s’en est jamais remis…Il m’a même confiée à ma tante puis à une amie lorsque celle-ci ne pouvait plus.

-Je comprends, ça n’a pas dû être facile pour toi de te débrouiller seule toute ta vie, mais ton père devait avoir ses raisons, peut-être voulait-il te protéger ou il pensait que tu serais mieux avec ta tante qui sait ; lui dit Miyako sur un ton que je ne lui connaissais pas.

Iori rit légèrement avant d’ajouter.

-Ma tante me disait exactement la même chose que vous, présidente Hikari.

-Présidente Hikari ? Répéta-t-elle surprise.

-Euh…Miyako je voulais dire ; se reprit immédiatement la jeune fille paniquée.

Un détail m’interpela : le nom de famille de Miyako n’avait pas été prononcé devant cette fille, alors comment pouvait-elle le connaitre ? Et par-dessus tout, comment pouvait-elle savoir que Miyako était la présidente du club ? Elle nous cachait quelque chose, j’en étais maintenant persuadé. Elle semblait nous connaitre tous mieux qu’elle ne le prétendait et moi aussi j’avais l’impression de l’avoir déjà vue…

-J’ai une faveur à vous demander cependant ; déclara-t-elle soudainement. Est-ce que je pourrais rester ici quelques temps avec vous ? J’ai certaines choses à faire, mais je ne peux pas rentrer chez moi donc…

-Je pense que…

-C’est d’accord, tu peux rester ici ! Me coupa Hélios. De toute façon, j’allais te le proposer tout à l’heure, parce que j’imagine bien que camper ça ne doit pas être très agréable !

-Et voilà qu’il prend les décisions à la place de la propriétaire du château, j’aurais tout vu moi ; lança la fille aux cheveux de flammes.

Je serrai les dents. J’avais un mauvais pressentiment pour la suite des événements. Et il n’y avait pas que cette fille qui était bizarre, Saya allait devoir s’expliquer elle aussi. Elle me cachait trop de choses depuis son retour improbable de la citadelle originelle, il était grand temps de lever le voile de mystère qui planait sur elle…



Chapitre 23: la citadelle originelle



Spoiler :



Finalement, ce tournoi ne nous posait pas autant de soucis que je l’avais imaginé. J’en venais même à me demander si tous nos entrainements avaient été réellement nécessaires, parce que vu la puissance de nos adversaires, même Aymeric aurait pu gagner ce tournoi à lui seul.

Je pensais ça, mais nous n’avions pas encore gagné. Il restait Darksky à vaincre en finale et les demi-finales n’avaient pas été de tout repos contre Denys et Julie, les amis de Miyako qui avaient failli nous sortir en n’étant que deux. Heureusement que Drago avait rattrapé ma défaite contre Julie…

A présent, dans la salle de préparation, la tension était à son comble. La finale devait se dérouler moins de cinq minutes plus tard et Hélios n’arrangeait rien à ne nous donner aucun mot d’encouragement tout en ayant l’air perdu dans ses pensées depuis la veille. J’avais bien envie de lui demander ce qui le préoccupait comme ça, mais je craignais sa réponse.

La cloche sonna et me fis sursauter. L’heure était finalement arrivée. Nous allions devoir affronter nos plus puissants adversaires. Et le pire dans tout ça, c’était que nous ne savions même pas qui nous allions affronter exactement puisqu’ils pouvaient choisir les membres qu’ils envoyaient tout en sachant exactement à quoi s’attendre de notre côté.

-Aller Angéla, donnons le meilleur de nous-mêmes ; me dit Drago en passant à côté de moi.

-Dis-moi Drago, tu es anxieux toi aussi ?

-Pas vraiment. C’est vrai que nous sommes en finale, mais nous affrontons Darksky, donc quel que soit le résultat, je suis sûr que nous passerons un bon moment.

-Mais si nous gagnons…leur club sera démantelé, n’est-ce pas ?

-Ne pense pas à ça Angéla ; intervint June. Tu dois donner ton maximum sinon tous ces entrainements auront été vains. Et puis, ne crois pas avoir déjà gagné ; termina-t-elle avec un sourire malicieux.

Pas plus rassurée, je pris leur suite et je me retrouvai dans l’arène. Tous les spectateurs nous acclamèrent à notre entrée. D’après les pronostics, nos deux équipes avaient autant de chance de gagner l’une que l’autre.

Nous nous arrêtâmes au milieu du stade et nos adversaires arrivèrent : Darksky, Miyako et Laura. Je ne pouvais pas dire que j’étais rassurée ou terrifiée par ce choix car pour moi, tous leurs membres étaient au même niveau. Cependant, quelque chose me troubla dans les yeux de Darksky, il semblait ailleurs et regardait dans le vide. Il s’était encore disputé avec Laura ou quoi ?

Ils se mirent juste en face de nous et je croisai le regard de Miyako et cette dernière avait l’air déterminée à remporter la victoire. Le présentateur nous indiqua nos terrains et nous prîmes place. Drago affrontait Miyako, June était contre Laura et moi, Darksky était mon adversaire.

-Alors comme ça on s’affronte en finale ? C’est amusant tu ne trouves pas ? Deux anciens partenaires maintenant adversaires ! Lui lançai-je pour détendre l’atmosphère.

-Ah oui, si tu le dis ; me répondit-il sans intonation. Mais je préférerai en finir rapidement, tu veux ?

Mes yeux s’agrandirent légèrement en entendant ça. Il n’était pas dans son état normal, ça ne faisait plus de doute, quelque chose devait le tracasser, mais quoi ? En tout cas, ce n’était pas une raison pour me retenir, je devais gagner ce tournoi !

-Je vais te réveiller Darksky ! Je prends la main et je commence en activant la carte magie de terrain : Le Sanctuaire Céleste ! Je continue en invoquant Terre, Agent du Mystère et j’active son effet qui me permet d’ajouter à ma main Minerve, agent de la protection, et pourquoi ne pas l’invoquer tant qu’on y est ! Mais ce n’est pas tout, comme je contrôle le sanctuaire céleste, je peux invoquer de ma main Uranus, Agent du Désordre. Par son effet, j’envoie Mercure, Agent de la Sagesse au cimetière et mon monstre passe au niveau quatre. Je synchronise maintenant uranus de niveau 4 et Minerve de niveau 4 : Toi qui détestes les guerres et qui rêve d’un monde paisible, apparais à mes côtés pour mettre un terme à ce combat sans fin : Athéna, Agent de la Paix ! Je pose une carte face cachée, et je te laisse la main.



-Donc à moi, je pioche…J’active Tourbillon Noir puis j’invoqueAile Noire – Shura la Flamme Bleue, et par la même occasion, j’ajoute Aile Noire – Mistral Le Tourbillon à ma main que j’invoque spécialement. J’active à présent son effet pour diviser par deux l’attaque d’Athéna…

-Pas si vite, j’ai moi aussi une surprise : lorsque mon monstre est ciblé, je peux rediriger l’effet sur un autre de me monstre et je choisis Terre, agent du mystère !

-Quelle importance…Je synchronise mes deux monstre pour invoquer celui-ci : Aile Noire – Maître Des Armures

En temps normal, Darksky aurait clamé haut et fort sa phrase d’incantation en invoquant ce monstre, mais il restait de marbre avec sa voix monocorde et son regard perdu au loin, presque comme s’il ne me voyait même pas…

-Maitre des armures, attaque Terre…

-Je ne sais pas à quoi tu penses, mais tu oublies que mon terrain me permet de ne prendre aucun dégât !

-Je pose une carte face cachée et je termine donc mon tour là-dessus.

Ce n’était pas à ce genre de duel que je m’attendais. Il jouait encore plus mal que mon adversaire du premier tour ! Mais avec les caméras et les spectateurs, je ne pouvais pas me permettre de faire une pause dans le duel et jouer les psychologues…J’allais devoir terminer ce duel avant de lui remettre les idées en place…

-Je vais en finir ici et maintenant Darksky ! De ma main, j’invoque Maître Hypérion en retirant de mon cimetière Uranus, Agent du désastre. Puis en retirant Minerve, agent de la protection, je détruis le maitre des armures !

-Carte piège activée :Attaque d'Icare. Je sacrifie mon maitre des armures ; dis adieu à Terre et Hyperion…

Mes deux monstres volèrent en éclats d’un seul coup. Même s’il n’était pas dans son état normal, il restait un adversaire à ne pas sous-estimer. Mais je n’avais pas dit mon dernier mot moi non plus, ce n’était pas un Darksky à moitié concentré sur le duel qui allait me vaincre après tous ces entrainements !

-Dans ce cas, Athéna, attaque Darksky Directement !

Angéla : 4000 – Darksky : 1200

-A quoi bon ; soupira-t-il en tirant sa carte. J’invoque Aile Noire – Blizzard, la Tempête d'Extrême Nord et par son effet, je rappelle Aile Noire – Shura la Flamme Bleue du cimetière, puis j’ajoute à ma main Aile Noire – Oroshi grâce à mon tourbillon noir. Je synchronise mes deux monstres pour invoquer Aile Noire – Nothung la Lumière d'Étoile. Lorsqu’il arrive sur le terrain, tu perds 800 points de vie en même temps que l’un de tes monstres : Athéna passe donc à 2000.

Angéla : 3200 – Darksky : 1200

-J’invoque maintenant Oroshi spécialement par son effet. Invocation synchro : Dompteur Aile Noire – Joe Faucon Obsidienne. Grace à lui, le Maître Des Armures va revenir parmi nous.

Je grimaçai. Darksky venait de renverser la situation avec une seule carte. Mais tout n’était pas joué, je pouvais encore gagner ce duel, il fallait juste que je tienne un seul tour…

-Joe, détruis Athéna, Agent de la paix.

-Comme le sanctuaire céleste est sur le terrain, je ne prends pas de dégâts mais en plus, Athéna va venir nous rejoindre !

-J’attaque avec le maitre des armures, mais comme tu dois le savoir, je ne prends pas de dégât non plus et tu gagnes un compteur. A toi…

-Grossière erreur Darksky, tu vas perdre ici et maintenant ! Je pioche et j’invoque Vénus, Agent de la Création et par l’effet d’Athéna, tu perds 600 points de vie !

-Je ne crois pas non, depuis ma main, j’active Illusionniste d'Effet pour annuler cet effet. Je ne perdrais pas, pas maintenant…

-Ce n’est pas ce que j’avais prévu mais je m’en contenterai ; marmonnai-je, déçue de ne pas en avoir fini. Je paye donc 1500 points de vie pour invoquer trois Sphère Mystique Lumineuse de mon deck en mode défense.

Angéla : 1700 – Darksky : 1200

-Je recouvre deux de mes sphères pour invoquer le monstre xyz Gachi Gachi Gantetsu, Athéna passe ainsi à 3000 points d’attaque ! Aller Athéna, détruis Joe !

-Tout comme toi, je peux rediriger les attaques sur mon maitre des armures, je ne prends donc aucun dommage dans ce combat.

-Dans ce cas, je vais me contenter de terminer là-dessus.

-Finissons-en tu veux ? Me dit-il, comme lassé de ce duel. Je pioche et j’active l’effet de Dompteur Aile Noire – Joe Faucon Obsidienne pour rappeler Aile Noire – Nothung la Lumière d'Étoile. Tu prends donc une nouvelle fois 800 et ton Athéna descend à 2200.

Angéla : 900 – Darksky : 1200

-J’invoque maintenant Aile Noire – Damascus De La Nuit Polaire et j’ajoute à ma main Aile Noire – Brise le Zéphyr qui s’invoque spécialement. Invocation synchro : Aile Noire – Arsenal Aérien.

Quatre monstres synchros sur le terrain, Darksky m’impressionnait vraiment pour une fois, d’autant plus qu’il n’avait même pas l’air de jouer sérieusement…Tout la foule s’était mise à l’encourager en même temps. Sur les terrains adjacents, Drago venait de remporter son duel contre Miyako, mais June avait perdu contre Laura. La victoire reposait donc uniquement sur l’issue de ce duel, et elle penchait plutôt du côté de nos adversaires pour le moment…Mais il suffisait d’une seule carte pour renverser la situation…

-Par l’effet de mon maitre des armures, l’attaque d’Athéna devient zéro. Maitre des armures, détruis Athéna. Nothung, occupe-toi de cette sphère mystique et maintenant, Joe et Arsenal aérien vont anéantir ce monstre xyz de pacotille. De plus, comme arsenal aérien attaque un monstre en position de défense, il gagne 600 points d’attaque.

Angéla : 600 – Darksky : 1200

-Je révèle mon piège : appel de l’être hanté pour faire revenir Athéna sur le terrain !

Nous y étions. Ma seule carte en main était Saturne, Agent du jugement. Si je ne piochais la carte dont j’avais besoin, c’était la fin pour notre équipe. Je sentais peser sur moi les regards de mes coéquipiers, mais aussi ceux de l’équipe adverse et des spectateurs. J’avais beaucoup de cartes dans mon deck me permettant de franchir ce mur de monstres, mais je ressentais tout de même une certaine pression sur mes épaules et mon cœur battait trois fois plus vite que normalement. Mais j’aimais cette sensation d’adrénaline, cette vision si proche de la victoire, mais aussi si lointaine, comme un mirage, et pour une fois, ma vie n’était pas en jeu.

-Je pioche !

Je regardai la carte et j’esquissai un sourire que Drago et June virent. Darksky leva légèrement un sourcil, étonné et je l’activai immédiatement.

-Je vais gagner ce duel ici et maintenant, j’invoque les Ailes de So…

Au même moment, alors que j’allais gagner ce duel, le sol se mit à trembler et des murmures inquiets s’élevèrent parmi les spectateurs. Je n’étais déjà pas très rassurée, mais je le fus encore moins lorsqu’Hélios arriva vers nous en courant, le disque de duel au bras, suivi de Sherry et Ellsworth. Je sentais qu’une très mauvaise chose se préparait et Drago et June durent avoir la même impression car ils allèrent également à sa rencontre. Depuis les gradins, je vis également Serena et Satoshi enjamber les barrières de sécurité pour nous rejoindre.

-Les enfants, je suis désolé d’arriver comme un cheveu sur la soupe, mais je crois que nous avons un gros problème ; déclara ce dernier en reprenant son souffle.

-Ils sont là, c’est ça ? Demanda timidement June.

L’ex roi lui répondit par un hochement de la tête et l’instant d’après, une ombre gigantesque recouvrit le stade tout entier.

Je relevai la tête et mon cœur s’arrêta de battre pendant un instant. Je ne pouvais pas croire ce que j’avais sous les yeux et pourtant, elle était bien là. Juste au-dessus de nous planait une immense forteresse grise…Enfin, juste au-dessus de nous, je pense qu’elle se trouvait plutôt à quelques centaines de mètres mais elle n’en restait pas moins gigantesque, comme un immense château volant surmontant un énorme rocher.

La base de la forteresse formait un cercle d’où sortaient une multitude de barres de fer qui devaient certainement permettre à cette chose de léviter malgré sa masse certainement énorme. Je me demandais quand même quelle genre de magie permettait de réaliser un tel miracle…Les « étages » supérieurs se composaient de milliers de trous, peut-être des fenêtres ou des zones de tirs, un peu comme les tourelles d’un donjon. Plus on montait vers le sommet, plus le rayon de la forteresse diminuait et tout en haut, un minuscule château comparé au reste de l’édifice surplombait la ville.

Je reconnus soudain cette abomination et je me mis à trembler. C’était la même forteresse menaçante que dans mon rêve avec June !

Je me tournai vers elle, et mon amie l’avait également reconnue car elle était livide. Tout autour de nous, les spectateurs commençaient à paniquer et à vouloir sortir du stade à tout prix en luttant contre la sécurité. Miyako, Laura, Alan et Darksky se joignirent à nous, sidérés –excepté Darksky – et je remarquai au passage l’absence de Saya. Etait-ce la cause du comportement étrange de Darksky ?

-Hélios, qu’est-ce que ça veut dire ? S’exclama Laura, affolée.

-On dirait bien que les démons ont décidé d’accélérer la prophétie ; grogna ce dernier en fonçant les sourcils.

-Mais nous ne sommes pas prêts ! Ripostai-je. Comment est-ce que nous sommes censés leur faire face ?

-Justement, c’est un coup de maitre Angéla ; me répondit Sherry. Nous pensions qu’ils s’en tiendraient à la prophétie mais en forçant ainsi les choses, ils nous prennent totalement au dépourvu…J’ai bien peur que nous ne soyons pas de taille contre eux…

-Nous ne sommes pas encore finis ! Rétorqua Drago. Nous nous sommes entrainés pendant trois mois, rien n’est perdu ! S’ils sont là avant l’heure, cela signifie qu’ils n’ont pas récupéré la totalité de leurs pouvoirs, nous avons encore une chance !

-J’espère vraiment que tu dis vrai Drago, parce que j’ai quelques comptes à régler avec un certain démon des ténèbres moi ; s’écria Miyako en serrant le poing.

Un rire grave retentit dans les airs et un éclair déchira le ciel devenu noir de nuages d’orage tandis qu’un vent violent se leva. Soudain, un rayon de lumière émana de la citadelle et quatre formes apparurent. De loin, on aurait pu penser qu’il s’agissait d’humains portant des capes, mais je savais que ce n’était pas simplement les serviteurs cette fois-ci.

-Ce sont eux, les démons originels…Murmura Serena.

Ils étaient là, nos ultimes adversaires, les frères de Gariatron, ceux qui étaient censés détruire ce monde : les démons originels. Je les regardais descendre lentement dans ce rayon de lumière en tremblant comme une feuille malgré moi. Tous les spectateurs ou presque avaient réussi à s’enfuir. J’espérai sincèrement que Maya et Ambres s’en étaient sorties elles aussi…

Les démons touchèrent enfin le sol après quelques secondes qui me parurent une éternité d’attente. Tous les quatre portaient la même cape et seule la couleur permettait de les différencier. C’était le genre de cape que les vampires portent dans les films, avec un col relevé et pointu entourant leur cou et descendant jusqu’à leurs pieds, cachant tout leur corps. Leurs têtes étaient, quant à elles, cachées par une capuche qui nous empêchait de distinguer leur visage. J’étais déjà prête à invoquer Athéna pour repousser les créatures mais elles ne nous attaquèrent pas et se contentèrent de nous fixer – ou du moins j’imaginais qu’elles nous fixaient derrière leurs capuches.

Aucun d’entre nous n’osait les attaquer en premier ne connaissant pas leur puissance, même Hélios, l’homme réfléchissant le moins sur cette terre, gardait ses distances.

Finalement, le démon à la cape rouge s’avança et enleva sa capuche nous laissant voir un visage totalement…humain. Oui, c’était un simple humain en chair et en os que nous avions en face de nous et non pas un horrible monstre. Son visage était long et fin et ses longs cheveux gris étaient tirés en arrière et retombaient sur ses épaules, nous laissant voir un front sans aucune ride. Ses minuscules yeux rouges nous fixaient, sans émotion, comme s’ils étaient dénués de vie et ses pupilles en croissant de lune étaient certainement le seul indice qui me permettait de dire qu’il n’était pas humain. Il se mit alors à parler d’une voix lente et grave :

-Mon nom est Pyros, démon originel des flammes ; déclara-t-il. Mes frères et moi avons été emprisonnés contre notre gré il y a des millénaires de cela. Nous sommes à présent de retour pour accomplir ce que nous avons commencé jadis.

-Détruire le monde ? Si vous pensez que nous allons vous laisser faire ; l’interrompit June d’un ton tranchant.

-Détruire…ce monde ? Répéta Pyros, légèrement surpris. Au contraire, nous allons le protéger.

-Comment vous croire alors que Gariatron a essayé de tous nous tuer l’année dernière ! M’écriai-je à mon tour, interdite par ce qu’il venait de dire.

Le démon à la cape verte s’avança et sa capuche tomba également. Contrairement à Pyros, il paraissait relativement jeune, autour de la vingtaine. Sa coiffure était telle que ses cheveux verts, hérissés à l’arrière de son crâne, tombaient sur son front et masquaient son œil droit, ne nous laissant voir que le gauche d’où émanait du malice…ou bien de la folie dans le vert émeraude de son iris.

-Les humains n’ont pas changé à ce que je vois, toujours à juger avant de connaître. Simplement parce que Gariatron est notre frère, vous faites de nous les méchants, c’est amusant en y pensant !

Le démon se mit à rire follement avant de se faire arrêter par Pyros.

-Allons Typhos, tu sais que tout est de sa faute après tout, il est le seul à blâmer.

-Quel imbécile celui là ; cracha Typhos.

-Si vous ne voulez pas détruire ce monde, pourquoi êtes vous ici aujourd’hui et pourquoi nous avez vous attaqués ces dernières semaines ? Lança Drago.

Le bleu répondit à sa question. C’était un grand homme, barbu, aux rides apparentes sur ses joues, son front et sous ses petits yeux bleus comme l’azur. Un foulard cachait son cou et lui donnait l’air d’un vieil aristocrate d’un autre temps. Il semblait bien plus âgé que ses deux compagnons mais je ne doutais pas qu’il possédait autant de force qu’eux.

-Vous ne pouvez pas comprendre nos véritables intentions, vous êtes donc une menace à notre projet.

-Expliquez nous dans ce cas ! Lui ordonna Miyako, perplexe.

-C’est inutile, même en vous expliquant, vous continuerez à vous opposer à nous, comme vos pairs l’ont fait il y a dix mille ans. Restez en dehors de nos projets et vous verrez ce nouveau monde.

-Comme si nous allions rester bien gentiment à attendre alors que vous trafiquez je ne sais quoi dans notre dos ; rétorqua Satoshi. Gariatron nous aurait dit la même chose, nous serions tous morts à l’heure qu’il est !

-Nos projets ne sont pas ceux de Gariatron, il faudra vous le mettre en tête ! Dit le dernier démon.

Ou plutôt la démone car c’était une voix féminine. Lorsqu’elle s’avança à son tour, je pus distinguer son visage. C’était celui d’une femme mature, légèrement plus âgée que terra certainement sans pour autant avoir l’air vieillissante. Ses cheveux bruns formaient une sorte de couronne au sommet de sa tête tandis que deux grandes mèches partaient de chaque côté de ses yeux perçants.

-Nous sommes peut-être des bannis comme lui mais nous n’avons rien à voir avec lui, ni avec Luminion !

Luminion…ce n’était pas la première fois que j’entendais ce nom, Shadow l’avait mentionné et il était, selon la légende, le démon originel de la lumière et pourtant…il ne se trouvait pas ici.

-Tellas, je crois qu’il est inutile de chercher à négocier avec eux ; reprit Pyros. Cette prophétie à laquelle vous attachez tant d’importance humain, savez vous au moins d’où elle vient ? Connaissez vous l’origine de toutes ces soi disant prophéties décidant du sort de ce monde ?

-Armageddon ; murmura Hélios en fronçant les sourcils.

-C’est exact, elles ont toutes été créée par Armageddon, un être qui prétend avoir le pouvoir de diriger ce monde, un être qui aurait en ses mains le destin de ce monde, un être qui pourrait être supérieur aux dieux que vous connaissez, un être tout puissant en somme. Mais j’ai une question pour vous, élus des Dieux : acceptez vous votre situation ?

-Notre…situation ? Répéta Serena, confuse.

-Acceptez-vous de savoir que votre destin ne dépend pas de vous mais d’un être supérieur qui commande vos faits et gestes, acceptez vous de ne pas être libres, de n’être que des marionnettes ?

-C’est ridicule ! Riposta Laura violemment. Tous mes choix sont dus à ma propre volonté, si j’ai aidé mon père, ce n’est pas parce que c’était mon destin mais parce que je l’ai choisi !

-Dans ce cas, il n’y a aucune raison pour que nous soyons ennemis. Nous, les démons originels, sommes les ennemis du destin. Les dieux, quant à eux, ne sont que les serviteurs de ce destin, se pliant sans broncher à la volonté d’Armageddon.

J’eus un hoquet de surprise. Qu’est-ce que ce démon essayait de faire ? Nous rallier à sa cause ? Voulait-il que nous rejetions la prophétie pour combattre justement ce destin et ainsi, prouver que nous étions libres ? Ou bien ne racontait-il que des mensonges pour tenter de nous écarter de son chemin et ainsi, avoir le champ libre pour réduire ce monde à sa volonté ? Je ne savais plus quoi penser…Etions nous dans le faux depuis le début nous aussi ?…

-Le destin…n’existe pas…

Tous les regards se tournèrent alors vers Darksky qui venait de prononcer ces mots. Il regardait le sol et serrait fermement le poing, comme s’il était prêt à frapper quelqu’un ou quelque chose.

-Le destin…ne peut pas exister, sinon comment expliquer que Nagisa ait perdu ses parents ? Comment expliquer que Miyako ait perdu son meilleur ami ? Comment expliquer que Saya…que Saya…

Il ne termina pas sa phrase et éclata en sanglots devant les regards intrigués des démons. Laura tenta de le réconforter mais qu’importe ce qu’elle lui disait, il n’arrivait pas à se calmer et continuer à verser toutes les larmes de son corps. Je ne savais plus comment réagir, d’autant plus que je ne connaissais même pas l’origine de son mal…

Typhos fut le premier à reprendre la parole.

-Tu penses que le destin n’est qu’une chose derrière laquelle nous nous cachons pour expliquer ce monde ? Malheureusement, il existe bel et bien en la personne d’Armageddon. Il n’y a qu’un seul moyen de briser ce cycle et c’est de…

-Taisez-vous ! Je ne veux pas entendre ça ! Je vais venger Nagisa, Miyako et tout le monde, non pas parce que c’est mon destin, mais parce que je le veux ! Vous souhaitez détruire une chose qui n’existe pas, ce n’est qu’une excuse pour nous écarter et détourner notre attention ! Mais je ne vous laisserai pas détruire l’humanité ! Apparais, Nout, déesse créatrice des Cieux !

Dans le ciel à côté de la grande forteresse, un phénix de lumière apparut et illumina le stade de ses rayons. Darksky avait apparemment fait son choix, celui de combattre les démons tout de même et semblait déterminé à en finir.

Pyros fit un signe à ses compagnons et ajouta :

-Sans surprise, l’humanité s’oppose une fois de plus à nos projets, finalement, Gariatron n’était peut-être pas si stupide que ça.

-Bien, on dirait que ton plan a échoué Pyros ; ricana Typhos en croisant les bras sur sa poitrine. Et maintenant, que comptes-tu faire ?

-Nous allons simplement éliminer les éléments perturbateurs puis nous mettrons notre plan en marche.

Le démon des flammes claqua des doigts et toutes les sorties du stade furent immédiatement bloquées par ses serviteurs. Parmi eux, je reconnus Floges, Hurricane, Terra, Kyuryu…et Nagisa en première ligne. Nous étions déjà désavantagés, mais à présent, ils nous surpassaient également en nombre. Je ne savais pas si nous pouvions faire le poids face à eux…

-Elus des dieux, ce choix vous sera fatal car Armageddon vous tuera également ; nous menaça Tellas.

L’instant d’après, les quatre démons disparurent mais la grande citadelle resta à flotter au dessus du stade, indiquant qu’ils étaient toujours là. Mais nous avions à présent un autre problème sur les bras…

-On dirait que c’est à nous de faire le sale boulot encore une fois Floges ! Dit Hurricane à son camarde.

-Sale boulot…C’est une occasion rêvée tu veux dire, cette fois-ci, ils ne s’en sortiront pas…

-J’ai moi aussi une petite vengeance à prendre sur vous sales gamin ! S’écria Terra en pointant Satoshi du doigt. Je vais vous faire payer l’affront de la dernière fois !

-Nous sommes à deux doigts de la renaissance complète de nos maitres, nous ne pouvons pas vous laisser interférer d’avantage, élus des dieux ; termina Kyuryu d’un ton menaçant. Il est grand temps que vous tiriez votre révérence, une bonne fois pour toute.

Génial, voilà qu’on passait des démons à leurs serviteurs qui, contrairement à leurs maitres, ne semblaient avoir aucune réticence à nous attaquer…J’étais sur le point d’invoquer Athéna mais June me retint le bras au moment où j’allais poser la carte. Je me tournai vers elle, surprise et elle se contenta de me montrer Darksky qui s’était figé sur place en voyant Nagisa aux côtés de nos ennemis.

Les deux anciens amis se dévisageaient, l’un stupéfait, l’autre le regard vide. Laura, Alan et Miyako affichaient également de drôles de têtes, entre la colère et la surprise. Les voir ainsi fit éclater de rire Hurricane.

-Oh, je n’ai pas encore fait les présentations, quel malpoli je suis : Voici Nagisa, notre nouvelle alliée…mais vous vous connaissez déjà suis-je bête !

-Na…gisa…Murmura Darksky.

Cette dernière se contenta de détourner le regard vers Floges, comme pour lui demander ce qu’elle devait faire à présent.

-Nagisa, il est temps de nous prouver ta loyauté en tuant tes anciens amis ; lui ordonna ce dernier sans décroiser les bras.

-Nagisa, ne fais pas…Tenta Laura avant de se faire interrompre.

-Apparais, roi immortel des flammes, Garunix ! Hurla la jeune fille brune.

Dans le ciel, un autre phénix surgit et vint faire face à celui de Darksky. Il était nettement plus petit et n’irradiait pas la même puissance, mais il n’en restait pas moins très impressionnant.

Nagisa fit un geste et Garunix se jeta sur Nout, griffes en avant. La déesse n’eut pas le temps de réagir et encaissa le coup avec un rugissement de douleur. Sans lui laisser le temps de se reposer, l’autre phénix repassa à l’attaque, tête la première. Nout s’écrasa dans les gradins dans un fracas abominable tandis que l’oiseau de feu continuait à voler fièrement, sans aucune égratignure.

-Darksky, qu’est-ce que tu attends espèce d’abruti, fais quelque chose ! Le somma Miyako.

-Qu…Quoi ? Lui répondit Darksky comme sortant d’un rêve éveillé.

Son amie aux cheveux comme les flammes soupira et invoqua un monstre pour toute réponse.

-Si c’est ce que tu veux Nagisa, soyons ennemies ! Chevalier Céleste, descends sur terre pour mettre un terme à ce conflit : Delteros !

A ses côtés apparut un chevalier en armure bleue et or, scintillant comme une constellation dans la nuit. Il s’élança vers le phénix, l’épée pointée devant lui mais il fut arrêté dans son élan par un gigantesque oiseau vert chevauché par Hurricane.

-Oh, pas si vite ma jolie, je suis là moi aussi. Eguls, tempête de gusto !

Le guerrier fut repoussé et contraint à rester au sol. Miyako fit la grimace devant son impuissance. C’est à ce moment que je décidai de me joindre au combat et cette fois-ci, June ne me retint pas.

-Athéna, attaque ce piaf et…

-Abyssgaios, élimine moi ces gêneurs ; me coupa Kyuryu.

Avant même que la guerrière ne puisse lever son arme, un affreux homme poisson lui barra la route. Elle recula d’un pas et tenta tant bien que mal d’éviter les coups de griffes qu’il lui assénait en chaine. J’étais moi aussi immobilisée et Nout était toujours à terre, à la merci des flammes de Garunix et Darksky, quant à lui, ne bougeait pas le petit doigt, tétanisé par la peur de blesser Nagisa ou trop choqué pour agir.

Mon regard s’arrêta sur Hélios et ce dernier hocha la tête d’un air grave. Je ne lui avais encore rien demandé mais je savais ce que je devais faire. Si nous voulions gagner ce combat, il n’était pas question de faire dans la dentelle.

-J’active la carte Fusion parfaite ! Hurlai-je en la brandissant dans les airs.

Les yeux de Kyuryu s’agrandirent de surprise et il recula d’un pas.

-Fusion…parfaite tu dis ? Bégaya-t-il.

-Athéna, il est temps !

La guerrière me regarda dans les yeux et une puissante aura lumineuse l’entoura, faisant reculer l’homme poisson de Kyuryu. Son armure disparut pour faire place à une légère tunique blanche et pourpre tandis qu’un bouclier mauve apparut à son bras gauche et à un son doit, son épée se changea en sceptre. Des ailes de lumière surgirent dans son dos et elle s’envola à la rescousse de Nout. Lorsque je bougeai le bras et pointai Garunix avec un sceptre imaginaire, Athéna fit la même chose et elle percuta le grand oiseau de feu qui voltigea quelques dizaines de mètres plus loin.

-Ca ne se passera pas comme ça ! Hurla Kyuryu. Abyssgaios, occupe toi de cette fauteuse de troubles…

Il n’avait même pas fini sa phrase qu’un grand dragon violet se plaça entre sa créature et moi, chevauché par Drago.

-Ola, pas si vite mon poisson, que dirais-tu d’affronter le dragon éclipse parfait plutôt qu’une jeune fille sans défense ?

-Je ne suis pas sans défense je te signale ! Rétorquai-je en rougissant. Mais…merci quand même…

Terra entra dans la partie à ce moment là en invoquant son raton laveur. Je serrai les dents. S’il reproduisait les pouvoirs du dragon éclipse parfait, ce combat risquait de prendre un tournant radicalement différent…

-Sandayu, mon petit, regarde ce que je t’ai amené, un gros dragon ; dit-elle à son monstre en riant. Vole-lui ses pouvoirs et…

-Fusion Parfaite activée ! Brise tes chaines et renais d’entre les morts, Trishula, perfection de la barrière de glace ! Hurla soudain Laura en brandissant sa carte.

Je focalisai mon regard sur elle. Pourquoi n’étais-je même pas étonnée qu’elle maitrise elle aussi cette invocation ? Son Dragon de glace illuminait le ciel d’une lumière bleue azur si puissante qu’elle faisait presque de l’ombre à Nout et Garunix. Je n’avais pas de mot pour décrire cela, c’était comme si tout son corps reflétait l’espoir, la renaissance après la corruption…

Trishula rugit et déclencha une tempête de neige qui déstabilisa Sandayu et l’empêcha de voler les pouvoirs de Drago. Laura me fit un signe m’encourageant à aller rejoindre Darksky pendant qu’elle s’occupait de Terra et Kyuryu avec Drago. Miyako était toujours aux prises avec l’oiseau d’Hurricane, mais je ne pouvais pas me permettre de l’aider pour le moment, d’autant plus qu’elle semblait pouvoir se débrouiller sans moi.

Je ne me fis pas prier et je filai aider mon ami qui faisait toujours face à Nagisa. Lorsque je fus assez proche de lui, je le pris par le col et lui assénai une puissante gifle qui le tira de sa torpeur.

-Darksky, ce n’est pas le moment de dormir, ton monstre est en train de se faire massacrer !

-Saya…Pourquoi…

-Qu’est-ce que…ce n’est pas le moment de penser à elle, où qu’elle soit !

-Tu ne comprends pas Angéla, Saya était la seule…elle était la seule à…

J’en avais assez de l’entendre. Je rassemblais mes forces et je le forçai à se mettre debout et à me regarder dans les yeux.

-Darksky, quoiqu’elle t’ait fait, ça n’aura aucune importance si tu meurs ici et maintenant ! Athéna retient Garunix pour le moment, mais…

Je me retournai brusquement, pressentant un danger et je ne m’étais pas trompée. Juste derrière moi, Floges et son monstre s’apprêtaient à m’attaquer. J’eus tout juste le temps de bondir sur le côté pour esquiver l’épée du roi tigre mais Darksky n’avait pas bougé d’un pouce.

-Roi tigre, cet avorton est à toi !

Il abattit son épée sur mon ami mais cette dernière fut stoppée au dernier moment par une force invisible. Le dragon fantomatique de June apparut soudain, bloquant l’arme avec ses ailes.

-Angéla, je ne pourrais pas tenir très longtemps, dépêche toi…Me dit-elle en grimaçant.

-June, où sont Hélios, Alan, Satoshi et Serena ?

-Ils essaient de briser les lignes des démons pour ouvrir une sortie.

Je levai la tête et effectivement, je vis le Dragon hiératique d’Atum entouré d’une centaine d’ennemis au loin, avec Hélios, les jumeaux et Alan à ses pieds. Mais je n’avais pas le temps de m’occuper d’eux. Il fallait sauver Darksky en priorité.

Le dragon de June rugit et repoussa le roi tigre qui tituba avant de s’écraser sous les rugissements de colère de Floges. Si je voulais le sauver, je devais tout d’abord me débarrasser de Garunix.

-Athéna, finissons-en !

Alors que le phénix de Nagisa allait asséner un coup de griffe à mon monstre, je levai le bras gauche pour parer l’attaque avec le bouclier et j’enchainai avec un mouvement du bras droit qui planta le sceptre d’Athéna juste devant le cœur de l’oiseau de feu.

-Et maintenant, Disparais, Perfect Light Beam !

A cette distance, il n’eut pas le temps de réagir et prit l’attaque sans pouvoir la contrer. Il poussa un cri déchirant les cieux avant de se transformer en cendres. Au même moment, Nagisa mit la main sur son cœur et grimaça. Cela devait nous permettre de gagner un peu de temps déjà…

Athéna changea de cible et vint s’interposer entre le roi tigre et nous.

-J’en ai plus qu’assez de jouer avec vous maintenant !

-Et nous donc ; rétorquai-je d’un ton supérieur. Athéna, on remet ça, Perfect Light beam !

Le rayon de lumière fusa vers le monstre de Floges lorsque soudain, la terre trembla et déstabilisa Athéna qui manqua sa cible. Le tonnerre gronda, le vent se mit à souffler, un éclair noir fendit le ciel et un rire grave s’éleva. Les serviteurs des démons cessèrent immédiatement leurs attaques et leurs regards se tournèrent vers le centre du stade où une sorte de tornade semblaient se former.

-Qu’est-ce que…Floges, qu’est-ce que vous avez fait encore !

-Ceci…ne relève pas de nous…me répondit-il en fronçant les sourcils.

Un autre éclair tomba sur le stade et nous éblouit quelques instants. Lorsqu’il disparut, trois personnes venaient d’apparaître à l’endroit même où l’éclair venait de frapper.

-Non…ce n’est…pas possible…murmura Laura en avançant d’un pas, les larmes aux yeux.

Le plus grand homme releva la tête et mon sang se glaça. Il portait un masque d’or lui couvrant l’œil gauche et son autre œil était comme ceux des démons, la pupille en croissant de lune. Son grand manteau, avec des plumes noires au niveau des épaules, lui donnait vraiment l’air d’un grand oiseau, combiné avec ses cheveux hérissés sur sa tête. Mais il n’avait pas vraiment changé par rapport à la dernière fois où il était venu nous rendre visite et j’aurais préféré ne pas le revoir de sitôt…

-Qui va là ? Le menaça Kyuryu. Qui que vous soyez, si vous vous mettez en travers de notre route, nous vous éliminerons !

Le nouveau venu esquissa un sourire et, d’un ample geste de la main, envoya un rayon noir sur le vieil homme et le toucha de plein fouet. Les autres serviteurs des démons braquèrent leurs monstres sur lui mais il prit la parole.

-Quel accueil. Je savais que vous ne l’aimiez pas, mais j’ignorai que c’était à ce point.

-Toi…tu es…Chuchota Hurricane, horrifié.

L’homme s’inclina et se présenta d’une voix doucereuse.

-C’est exact, je suis Shadow, le voile des ténèbres devant recouvrir ce monde et accessoirement, l’hôte du plus puissant d’entre des vôtres, j’ai nommé Gariatron, le démon originel des ténèbres.






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[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:39

Chapitre 24 : Luminion



Spoiler :


-Alors Saya, tu n’as pas quelque chose à me dire ? Demandai-je sévèrement à la jeune fille blonde

Ma meilleure amie n’osa pas croiser mon regard et baissa les yeux. En temps normal, je ne lui aurais pas demandé plus d’explications, mais la situation ne me le permettait plus, il fallait que je connaisse la vérité sur son retour au début de cette année.

-Saya ! Répétai-je plus durement.

-Je…Je ne peux rien te dire Darksky, je suis désolée…Me répondit-elle d’une petite voix où se mélangeaient peur et remords.

-Nous n’avons pas le temps pour ça Saya ! Ton pouvoir, cette Iori, la citadelle originelle, ne me dis pas que tu ne sais rien du tout sur les démons !

Après un instant de silence, mon ancienne partenaire releva le regard et me fixa avec ses yeux bleus comme l’azur, des yeux bleus emplis de tristesse.

-Darksky, les démons sont proches, ces jours de paix sont sur le point de prendre fin…

-Comment peux-tu affirmer une telle chose ? M’étranglai-je. Si tu sais quelque chose, je t’en supplie, dis le nous !

-Si Laura est la clé permettant à Gariatron de revenir sur terre, je suis celle qui fera renaitre Luminion dans ce monde !

Mon cœur s’arrêta de battre en entendant cela et je me figeai sur place, incapable de réagir à cette révélation. Je ne savais même pas s’il s’agissait d’un nouveau problème ou d’une aide potentiel, mais une chose était sûre, je venais d’apprendre quelque chose que Saya ne voulait absolument pas divulguer.

-Lu…Luminion tu dis ? Le démon originel de l’éclat ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce que cela signifie pour le monde et pour toi Saya ?

-Je suis désolée…mais nos routes se séparent ici, je dois préparer le retour du roi de la lumière. C’est un adieu Darksky, n’essaie pas de me retrouver…

Avant même que je n’aie pu lui demander plus d’explications, elle s’enfuit en courant, me laissant planté dans ce couloir vide, seul, avec encore plus de questions qu’avant, avec le sentiment d’avoir perdu quelque chose de très important, avec immense vide dans le cœur…

Je revins dans la salle de préparation, sans mon amie et Miyako me passa un savon puisqu’elle était censée prendre part à la finale ce jour-ci, finale qui était bien la dernière de mes préoccupations après cette histoire. Je ne sais même plus comment elle s’est terminée, ai-je gagné ? Ai-je perdu ? Je n’en sais rien, mais au moment où Angéla allait jouer, une immense citadelle est apparue dans le ciel et les démons en sont sortis. En les voyant, toute la colère et la frustration accumulées en moi depuis le matin ressortirent. Je n’écoutai même pas ce qu’ils avaient à dire et j’invoquai Nout. Je voulais simplement passer mes nerfs sur quelque chose. Ce luminion m’avait pris Saya, comme Gariatron m’avait pris Laura et Floges Nagisa ! J’en avais assez, je voulais en finir une bonne fois pour toute !

Cependant, ma résolution vacilla lorsque Nagisa apparut aux côtés des démons et m’attaqua. Je ne savais même plus pourquoi je me battais. Je pensais que mes amies avaient été trainées de force dans ces histoires, mais Nagisa semblait réellement déterminée à en finir avec nous…

Mais pour Saya, c’était différent. Elle était la seule à m’avoir accepté par le passé, elle a toujours été là pour moi aussi depuis son retour, et maintenant, elle n’était plus là…je ne pouvais pas le concevoir.

-Darksky, ce n’est pas le moment de dormir, ton monstre est en train de se faire massacrer ! Me hurla Angéla alors que nous étions au milieu du champ de bataille.

-Saya…Pourquoi…Continuai-je à répéter en boucle dans ma tête et à voix haute…

-Qu’est-ce que…ce n’est pas le moment de penser à elle, où qu’elle soit !

-Tu ne comprends pas Angéla, Saya était la seule…elle était la seule à…

Elle était la seule à être toujours restée à mes côtés…

La foudre me tira de mes pensées et je vis Shadow et ses deux sous-fifres au centre du stade, entouré par les serviteurs des démons qui lui lançaient des regards hostiles. Shadow, le père de Laura, certainement l’homme le plus dangereux de ce monde, se trouvait devant nous, mais cela ne me faisait ni chaud, ni froid. Je focalisai cependant tout de même mon attention sur ce qu’il se passait autour de moi à présent.

-Toi…tu es…Chuchota Hurricane, horrifié.

Shadow s’inclina et lui répondit :

-C’est exact, je suis Shadow, le voile des ténèbres devant recouvrir ce monde et accessoirement, l’hôte du plus puissant d’entre des vôtres, j’ai nommé Gariatron, le démon originel des ténèbres.

-Gariatron est ici ? Tu es-tu fou Shadow ? Lui lança Terra, les yeux ronds.

-Mais ma chère Terra, quel est le mal à cela ? Vos maitres savent pertinemment qu’ils ne peuvent rien contre Gariatron. Le seul à pouvoir l’arrêter serait Luminion…mais suis-je bête, il vous a quitté lui aussi !

La jeune femme se figea en grimaçant. Alors comme ça Luminion était le seul à pouvoir arrêter son opposé ? C’était donc en pressentant cela que Saya était partie…Mais si elle le savait, pourquoi ne me l’avait-elle pas dit ? Pourquoi continuait-elle à me cacher autant de choses ?!

-Que nous veux-tu Shadow ? Lui demanda Floges avec mépris.

-Je suis venu faire ce que vos maitres n’ont pas le courage de faire évidemment !

-C’est à dire ? Continua Floges, méfiant.

Shadow éclata de rire et se tourna vers Bakura. Un sourire malsain se dessina sur la figure de se dernier et il sorti son disque de duel.

-très chers serviteurs des démons, laissez moi vous présenter ma dernière créature, la dernière évolution de la créature du chaos, j’ai nommé Diabound Synchro Kernel !



Je reconnus le monstre à la queue de serpent qui avait attaqué Marie dans le parc et apparemment, Hélios ne mentait pas, il avait effectivement absorbé les pouvoirs du dragon de ma sœur et était encore plus moche qu’avant. Même les serviteurs des démons reculèrent devant ce monstre hideux.

-J’imagine que vous devinez la suite ? Diabound, attaque !

Au même moment, Laura s’interposa entre nous et son père et l’homme masqué écarquilla son seul œil visible avant de stopper l’attaque du monstre de son serviteur. Un silence pensant s’installa entre le père et la fille.

-Lau…Laura, c’est bien toi ? Murmura Shadow d’une voix faible.

-Papa…qu’as-tu fait ? Rétorqua Laura d’une voix dans laquelle se lisait tout le regret du monde. Je croyais que tu avais compris, je croyais que tu avais enfin réalisé tes erreurs, alors pourquoi fais-tu ça aujourd’hui ?

-Laura…Ne trouves-tu pas que ce destin est cruel ma fille ? Nos voilà à nouveau ennemis contre notre gré.

-Je l’ai déjà dit aux démons, je ne crois pas au destin ! Tu cherches simplement une excuse pour justifier tes actes !

-Le destin existe, et c’est dans le but de l’exterminer que j’ai passé un nouvel accord avec Gariatron, pour que plus jamais nous ne soyons forcés à faire de telles choses.

-Je ne te crois pas, tu veux simplement assouvir ta vengeance ! J’ai cru que tu avais changé mais tu es resté le même homme aveuglé par la rage et la haine !

-Lau…Laura ; bégaya son père qui ne s’attendait visiblement pas à une telle réaction.

-Cette fois-ci, je ne ferai pas la même erreur qu’autrefois et je t’arrêterai avant qu’il ne soit trop tard ! Trishula !

Le dragon de glace apparut dans le dos de Laura et rugit si fort qu’il en fit trembler les fondations du stade.

-Tsss, quelle perte de temps ; rétorqua Bakura. Diabound Synchro Kernel, débarrasse toi de ce gêneur !

-Attends Bakura non !

Le garçon aux cheveux blancs ignora l’ordre de son maitre et lança son monstre à l’assaut du dragon de Laura. Ce dernier esquiva facilement l’attaque et répliqua par un tir de glace qui toucha sa cible dans le mille. Le gros monstre blanc s’écrasa au sol en soulevant un épais nuage de poussière.

C’est alors que l’autre garçon aux côtés de Shadow entra en scène et invoqua un monstre à l’aura sombre.

-A mon tour de m’amuser, Apparais, Numéro 39 : Dystopie !

A l’arrivée de ce monstre, je vis Angéla se redresser derrière moi et elle envoya Athéna à l’assaut du nouveau venu sans aucune autre forme de sommation. Les serviteurs des démons reprirent également leurs esprits mais se concentrèrent désormais sur Shadow qui venait d’invoquer Drakon, tous, sauf Nagisa qui me faisait toujours face.

-Darksky, je n’en ai…pas fini avec toi…Garunix !

Dans un éclat de lumière qui balaya tout sur son passage, le phénix revint d’entre les morts et me fit face à nouveau. Mais…je ne pouvais pas l’attaquer. J’avais promis de ramener Nagisa dans le club une fois toute cette histoire terminée et une seule attaque de Nout aurait pu la tuer ou la blesser gravement…

-Pousse-toi de la incapable ; me dit Miyako en se plaçant devant moi avec son monstre.

Je m’étalai par terre et la fille aux cheveux de flammes me dévisagea avec mépris.

-Tu es vraiment pitoyable, tu le sais ça ?

-Co…Comment ?

-Tu laisses tes émotions prendre le dessus alors que nous sommes en pleine bataille. Peu importe où est Saya en ce moment et peu importe qui nous affrontons, que ce soit Nagisa ou Shadow, tu ne peux tout simplement pas te permettre de te laisser aller !

-Mais Miyako, je…

-Il n’y a pas de mais qui tienne Darksky ! Soit tu nous aides, soit tu prends tes jambes à ton cou et tu disparais de ma vue immédiatement !

Sans plus attendre, elle lança son monstre à l’assaut de Garunix en me laissant au sol. Je savais que Miyako avait raison, mais je ne pouvais me résoudre à attaquer Nagisa… Je voyais le phénix et le chevalier s’échanger des coups tous plus violents les uns que les autres. Etait-ce vraiment le souhait de Nagisa de se battre à mort ainsi, elle qui avait souffert plus que n’importe qui durant la guerre ?…

Hélios, June, Drago, Satoshi, Serena, Alan, ils essayaient tous de repousser les sbires des démons pour nous permettre de nous échapper vivants de cet enfer pendant que les serviteurs se battaient contre Shadow. J’étais le seul à ne rien faire alors que j’avais entrainé tout le monde dans cette histoire en acceptant la création du club avec Saya.

Non, je ne pouvais pas continuer à me lamenter éternellement. Saya m’avait trahi, nous avait trahis pour s’allier à Luminion tout comme Nagisa avait décidé de passer un pacte avec Floges, mais je ne devais pas me laisser influencer !

Je me relevai et fis signe à Miyako qui me regarda avec étonnement.

-Pousse toi de la Miyako, il est temps que je rentre en scène !

-Oh, monsieur le pleurnichard a enfin décidé d’arrêter de pleurer sur son sort ? C’est pas trop tôt je dois dire.

-Nout, c’est à nous, Divine Flare !

La carte de ma mère scintilla lorsque l’oiseau de feu se releva et prit son envol haut dans les cieux, droit vers la citadelle originelle qui planait au dessus de nos têtes.

-Anéantis cette forteresse de malheur !

Alors que mon monstre entouré d’un feu ardent était presque arrivé à la base de la sombre forteresse, quelque chose brilla un peu plus haut et tira un rayon de lumière qui stoppa net le phénix divin et le fit disparaître dans un nuage de fumée.

-Nout…Murmurai-je, abasourdi.

-Quelle puissance, détruire une carte divine comme ça, c’est inconcevable…Continua Miyako, tout aussi choquée.

-Darksky, tu as été assez fou pour t’attaquer à la citadelle, tu vas en payer le prix ! Cria Nagisa.

Garunix lança une rafale de flammes droit dans ma direction alors que je n’avais même pas eu le temps de réaliser ce qu’il se passait et je n’avais plus rien pour me protéger. Je mis simplement ma main devant mes yeux par réflexe, même si je savais que c’était totalement inutile et que j’allais brûler vif mais j’étais pétrifié par la peur et surtout sidéré que Nagisa ait pu faire cela…

-Baxia, arrête ces flammes ! Cosmic light !

Je levai immédiatement le regard, illuminé par une lueur d’espoir. Quelqu’un se tenait en haut des gradins, quelqu’un possédant le deck légendaire. Je ne pouvais pas voir de qui il s’agissait à cause de l’éclat du à l’attaque mais il n’y avait aucun doute, il ne pouvait s’agir que de…

-Sa…Saya ?


La lumière se dissipa et mon excitation aussi. Ce n’était pas Saya qui venait de me sauver la vie mais Iori dont l’écharpe volant sous l’onde de choc de l’impact se confondait avec une queue de cheval. Elle regardait Nagisa avec étonnement, comme si elle ne s’attendait pas à la voir du côté des démons, mais je devais me faire des idées, elle ne la connaissait même pas après tout…

La jeune fille mystérieuse sauta des gradins et vint s’interposer entre mon ancienne amie et moi, son disque de duel au bras et le monstre de Saya devant elle.

-Ce n’était pas censé se passer ainsi ; grommela-t-elle. Je vais avoir beaucoup à faire…

-Iori…Comment cela se fait-il que tu aies le deck de Saya ? Lui demanda Miyako tout aussi surprise que moi.

-Vous vous soucierez des détails plus tard présidente Hikari…euh, je veux dire Miyako. Pour le moment, j’active la capacité spéciale de Baxia qui va nous débarrasser définitivement de ce phénix immortel ! Aller mon dragon, renvoie le d’où il vient !

Le monstre de Iori scintilla à nouveau et Garunix disparut instantanément sans laisser de traces, comme s’il n’avait jamais existé. Nagisa se contenta de froncer les sourcils, elle avait si souvent vu cette capacité que cela ne l’impressionnait même plus et elle tourna les talons. Mais avant qu’elle ne s’en aille, je tentai de lui poser une dernière question :

-Nagisa, dis-moi…est-ce vraiment ce que tu veux ? Sacrifier ce monde pour revoir tes parents et ton frère ?

-Si c’est ce qu’il faut faire, alors oui, je le ferai et j’éliminerai tous ceux qui se mettront en travers de ma route, y compris toi Darksky.

-Mais est-ce que tu t’entends parler Nagisa ? Rétorquai-je. Penses-tu vraiment que tes parents voudraient…

-Silence ! M’interrompit-elle d’une voix que je ne lui connaissais pas. C’est bien trop facile de faire parler les morts ! Tu ne connais pas ma famille, tu ne sais rien de moi, tu ne sais pas à quel point nous avons été manipulés ! Même ce vieil homme qui se prétendait être notre camarade, c’est entièrement de sa faute si j’en suis là aujourd’hui !

-Tu es complètement folle Nagisa ; répliqua Miyako. Les morts doivent rester où ils sont…Peu importe à quel point on voudrait les avoir à nouveau à nos côtés…

Miyako serra un pendentif qu’elle portait autour du cou et son regard se voila. Je savais parfaitement à quel point il devait lui être difficile de reconnaître la mort de Dan une nouvelle fois. Mais Nagisa ne sembla pas avoir entendu car elle tourna simplement les talons avant de disparaître dans une lumière rouge comme le sang. A ce moment, je compris une chose : Nous avions définitivement perdu notre amie et Nagisa ne reviendrait jamais dans le club de duel…

Iori se retourna vers moi et me lança un regard compatissant.

-Pap…je veux dire Darksky, même si tout s’effondre autour de toi, tu ne dois pas baisser les bras. Si le soleil ne peut réchauffer le cœur gelé d’une personne, alors peut-être que la chaleur d’un proche pourra le faire…

-Merci d’essayer de me réconforter Iori, mais je n’en ai pas besoin.

-Ah oui, vraiment ?

-Saya et Nagisa nous ont quittés, c’est un fait, mais nous sommes toujours là, quoiqu’il arrive, rien ne pourra effacer le passé donc il ne me reste qu’à me tourner vers l’avenir et espérer qu’il sera meilleur.

-Effacer le passé…effacer les larmes de papa…Murmura la jeune fille d’une voix presque inaudible.

-Pardon ?

-Non, rien, oublie ce que je viens de dire, je pensais à…un film que j’ai vu récemment ! Oui, un magnifique film ! Mais ce n’est pas le moment de parler de ça, aidons plutôt Laura et les autres à passer !

-Je me charge des sbires, vous, allez aider Angéla et Laura ! Nous ordonna Miyako.

Elle se précipita vers Hélios et les autres et nous laissa tous les deux. Iori me sourit légèrement avant de replonger dans le chaos de la bataille. Quant à moi, en voyant Laura en difficulté, je ne perdis pas une seconde de plus et je volai à sa rescousse.

-Laura ! Lui criai-je tout en invoquant ma deuxième carte divine : Geb.

Mon amie se retourna et s’écarta aussitôt pour faire place à mon immense lézard aux griffes plus acérées que des couteaux et plus longues que le corps d’un humain. Il se jeta sur le Diabound et l’envoya sur l’un des murs du stade avant même qu’il n’ait eu le temps de comprendre qui était son adversaire. Bakura Jura en le voyant surgir.

-Encore un Dieu ! Je commence à en avoir assez de vos petits tours misérables humains. Je suis Zorc l’obscur, créateur de royaume des ombres et je vais…

-Pour l’instant mon gros, tu es coincé dans ce corps humain je te rappelle, donc les menaces, ça sera pour une autre fois ; rétorqua Laura en renvoyant Trishula à l’assaut.

Le grand dragon de glace se plaça aux côtés de Geb et Bakura recula d’un pas. Son monstre ne faisait pas le poids face à un monstre parfait et un dieu égyptien. Mais, alors que nous allions lui porter le coup de grâce, une explosion bien plus puissante que les autres retentit et je me retournai immédiatement.

J’eus du mal à croire ce que je voyais. Terra, Kyuryu et Floges étaient à terre et seul Hurricane tenaient encore tête à Shadow et Drakon. Mais il était en piteux état. Tous ses habits étaient déchirés, tout son visage était parsemé d’égratignures et une grosse tache rouge ressortait en dessous de sa manche droite. Le père de Laura, au contraire, ne semblait même pas être essoufflé.

-Allons bon, c’est tout ce dont sont capables les serviteurs des démons ? Je suis vraiment déçu, moi qui m’attendais à un véritable combat.

-Ce n’est pas fini Shadow ! Daigusto Eguls, anéantis ce dragon avec ta tempête de gusto !

-Pitoyable, vos simples monstres ne peuvent venir à bout de Drakon !

Le dieu maléfique de Shadow prit son envol et évita l’attaque du monstre d’hurricane puis se plaça juste derrière lui si rapidement que le serviteur de Typhos n’eut pas le temps de réagir. Le dragon noir ouvrit la bouche et une gerbe de flammes sombres sortirent et détruisirent l’oiseau vert avant de se précipiter droit sur Hurricane.

-Trishula ! S’écria soudain Laura.

Contre toute attente, le dragon de glace stoppa l’attaque de Drakon en repliant simplement ses ailes autour de son corps, protégeant ainsi Hurricane qui n’en revenait pas.

-Pour…pourquoi ? Bégaya-t-il, confus.

-Je ne fais pas ça pour vous protéger, je veux simplement rendre la monnaie de sa pièce à celui qui prétend être mon père !

-Lau…Laura…Murmura Shadow en tremblant.

-Trishula, perfection de la barrière de glace, Ultimate Ice beam !

-Drakon, esquive, vite !

Mais il était trop tard et l’attaque du dragon de Laura atteignit sa cible. Le monstre de Shadow hurla de douleur en s’écrasant au sol dans un vacarme assourdissant et soulevant un épais nuage de poussière.

-Finissons-en !

-Non…je…je ne peux pas…Je ne peux pas riposter sans blesser Laura…je ne peux…

Le rayon glacé percuta Drakon et ce dernier explosa dans un millier d’étoiles noires. Shadow fut propulsé à l’autre bout du stade et s’écrasa dans les tribunes. Bakura vola à son secours mais, lorsqu’il réapparut, il semblait changé. Ses yeux luisaient d’un éclat noir et il était entouré d’une aura bien plus sombre.

-Si c’est ce que tu veux Laura…alors je te l’offre…

-Mai…Maitre, tout va bien ? S’inquiéta le garçon aux cheveux blancs.

-Chers Elus, vous pensiez être les seuls à posséder un pouvoir dépassant les Dieux eux-mêmes ? Vous vous trompiez si tel est le cas !

Hélios se arriva à nos côtés au même moment accompagné de son dragon hiératique parfait et grimaça, ce qui signifiait que quelque de vraiment mauvais allait arriver… Shadow se mit à rire et ajouta une carte à sa main. Je déglutis en pensant au pire.

-Non, ce n’est pas possible…Murmura l’ex roi, les yeux ronds.

-Vous possédez la fusion parfaite ? A la bonne heure, laissez moi vous présenter mon arme suprême : J’active la carte Magie Fusion Néant !

-Fusion…néant ? Vous dites ? Répétai-je espérant avoir mal entendu.

L’air autour de Shadow se mit à tourbillonner, le ciel, déjà sombre, s’obscurcit encore d’avantage, comme lors de l’apparition de Gariatron l’année passée et le vent devint glacial, dénué de toute chaleur. Un gouffre béant se forma aux pieds du père de Laura tandis que ce dernier jubilait. Les combats cessèrent et tous se tournèrent vers le trou noir en formation. La plupart des sbires des Démons ne demandèrent pas leur reste et s’enfuirent. A ma gauche, je vis Angéla repousser son adversaire et regarder dans notre direction, les yeux emplis de crainte. Même Geb rugit, ce qui ne fit qu’accentuer ma peur.

-Toi le destructeur de tout ce qui existe dans cet univers, prête moi ta puissance et ne faisons plus qu’un seul et unique être capable d’anéantir la création : Void Fusion ! Absorbe tout, Darkness Shadow, Maitre Dragon du néant !



Du gouffre noir surgirent deux yeux blancs immaculés, certainement le blanc le plus pur que je n’avais jamais vu auparavant. Puis vint un corps, plus sombre que la nuit. Le corps de ce dragon ne semblait pas fait de chair et d’os, mais d’une matière entre la roche nue et le métal, exactement comme la surface d’un astéroïde. Sur son long cou scintillaient de nombreuses tâches bleu ciel et son torse était recouvert d’une sorte de toile violette. Ses griffes quant à elles, étaient plus fines que celles de Geb mais également bien plus tranchantes. Pour ajouter encore des éléments à ce tableau monstrueux, la créature du néant devait mesurer au moins cinq mètres de hauts pour dix mètres de long. Je pensais avoir vu le diable en la personne de Gariatron, et bien je me trompais. Ce monstre était, sans aucun doute, la chose la plus terrifiante de l’univers…

-Admirez chers élus, le pouvoir que vous n’obtiendrez jamais, la fusion entre un démon originel et le plus puissant des esprits de duel de monstres !

-Shadow, qu’as-tu fait ! Lui cria Hélios, tout aussi terrorisé que nous.

-J’ai fait ce que tu n’as jamais osé faire mon pauvre Hélios, j’ai franchi le pas que même toi, tu n’as jamais pu franchir, celui de ne faire qu’un avec Gariatron !

-Tu es fou, nous ne pouvons pas supporter une telle puissance…

-Toi peut-être non, mais avec ce nouveau corps, j’en ai les capacités, et je vais te le prouver tout de suite ! Darkness Shadow, montre ta puissance à ces misérables, Absolute Zero !

Le dragon des ténèbres ouvrit la bouche et un rayon de lumière intense en sorti, comme si une étoile prenait naissance entre ses dents. J’ordonnai à Geb de s’interposer entre nous pour nous protéger de son attaque mais je ne savais pas si cela était suffisant…

Cependant contre tout attente, au dernier moment, il leva la tête et lança son attaque droit sur la forteresse des démons. Comme pour Nout, elle répliqua, mais sa contre attaque ne sembla n’avoir aucun effet et fut tout bonnement balayée par le rayon de lumière. Ce dernier continua son ascension jusqu’au sommet de la forteresse où il heurta un bouclier invisible et où il fut néanmoins stoppé, non sans laisser une profonde marque sur les murs de pierre.

Aucun d’entre nous n’en revenait, et surtout pas Hurricane qui posa un genou au sol, comme si voir une telle puissance avait aspiré ses dernières forces. Je regardais maintenant non plus avec crainte le dragon de Shadow, mais avec effroi. Nout avait été balayée par les défenses de la citadelle. Lui, venait de balayer ces mêmes défenses.

Hélios serrait les dents, Laura était blême, Drago avait la main sur son disque de duel, prêt à se battre, Angéla était à terre, subjuguée par tant de puissance, Miyako tremblait comme une feuille, Alan se cachait derrière l’un des piliers et Satoshi tenait dans ses bras sa sœur, terrifiée. Seule Iori avait gardé son sang froid et faisait toujours face à l’homme le plus puissant sur cette terre, soit par courage, soit par inconscience de la situation. Nous…ne pouvions pas vaincre cette chose…

-Comprenez-vous maintenant quelle puissance je détiens ? Une puissance au delà de celle des dieux, au delà de celle des démons, au delà de celle de la fusion parfaite, au delà même de celle d’Armageddon…Je suis inarrêtable !

-N’en sois pas si sûr Shadow…Ou devrais-je dire, Gariatron, démon originel des ténèbres.

Cette voix…non, cette fois il n’y avait aucun doute, je la reconnaissais entre mille ! Je me retournai vers la personne qui venait de prononcer ces mots en même temps que Shadow et mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Saya était là, juste derrière nous, son disque de duel à la main et activé, accompagnée d’un monstre que je n’avais encore jamais vu. Il s’agissait d’un grand dragon d’or aux ailes blanches et recouvertes de plumes plus blanches que la neige. Il faisait presque la même taille que l’atrocité de notre ennemi et il irradiait une telle lumière qu’il rayonnait à travers les ténèbres de Gariatron, comme une étoile brillant dans l’espace. Je ne l’avais jamais vu mais je savais pertinemment qui était cette nouvelle créature.

-To…Toi ? Hurla Shadow…ou bien Gariatron, fou de rage.

-Mes amis ; dit Hélios en souriant, je vous présente le plus grand ennemi de Gariatron, Luminion, démon originel de l’éclat en personne.


Luminion…C’était donc lui qui m’avait pris Saya ? Je ne pouvais me l’expliquer mais à ce moment-là, j’aurais préféré affronter le Dragon de Shadow plutôt que de me faire sauver par une telle personne. Non, je ne pouvais tout simplement pas le laisser faire comme bon lui semblait. Saya était un membre précieux de notre club, personne n’avait le droit de nous l’enlever, pas même un soit disant démon originel !

Mon amie fixa Shadow un long moment et ce dernier finit par blêmir. Avait-il peur ? Ou bien était-ce Gariatron qui tremblait à travers lui ? Quoiqu’il en soit, le combat venait de prendre un tournant radicalement différent à l’arrivée de cette créature et de mon amie.

-Gariatron, si tu veux détruire l’humanité, tu devras passer sur le corps de Luminion ! S’écria Saya en brandissant son disque de duel.

-C’est…impossible…être parvenu à ressusciter Luminion avant Gariatron…Murmura le père de Laura, suant à grosses gouttes.

-Maitre, je pense qu’un repli stratégique s’impose ; proposa Bakura.

-Une minute, je n’en ai pas fini avec Angéla moi ! Rétorqua le troisième allié du démon.

-Nous…nous ne pouvons pas vaincre Luminion…du moins, pas dans les conditions actuelles…Soit, vous gagnez cette bataille, Elus des Dieux, mais la prochaine fois, vous ne repartirez pas vivants ! Darkness Shadow, Absolute Zero !

Le monstre de notre ennemi cracha une gerbe de flammes noires dans notre direction mais Luminion s’interposa et, émanant une lumière intense, les fit disparaitre. Cependant, lorsque la lumière se dissipa, les trois hommes avaient disparu…

-Im…impossible, Luminion ? Dit une voix faible dans notre dos.

Je me retournai et j’aperçus Kyuryu, les yeux exorbités. Apparemment, personne ne s’attendait à voir le démon aussi tôt. Ce dernier disparu dans un rayon de lumière et ses compagnons également, ne laissant que nous au milieu du stade dévasté, et cette forteresse menaçante planant au-dessus de nos têtes. Surement étaient-ils retournés auprès de leurs maitres.

Quant à moi, je ne perdis pas une seconde et je me précipitai vers Saya pour la serrer dans mes bras. Elle sursauta mais je refusais de la lâcher, de peur de la perdre une nouvelle fois.

-Saya, j’ai bien cru ne jamais te revoir…

-Je suis désolée Darksky ; me répondit-elle tristement. En vérité, je ne comptais pas revenir, mais lorsque je vous ai vus encerclés ainsi, je n’ai pas pu résister…

-Saya, la prochaine fois que tu disparais au dernier moment, juste avant le match final, crois-moi, tu auras affaire à moi ! Lui lança Miyako, furieuse, mais également soulagée de la revoir.

-La…prochaine fois tu dis ? Répéta-t-elle, perdue.

-Oui Saya, tu es membre du club et nous ne te laisserons pas partir aussi facilement ; affirma Laura. Même si en ce moment, je préfèrerai que tu sois un peu plus loin de Darksky…

Comme se réveillant brutalement, Saya rougit et me repoussa si fort que j’en perdis l’équilibre et tombai à la renverse.

-Dé…Désolée, je ne voulais pas…C’est juste que…

-Ah, la jalousie, c’est amusant, tu ne trouves pas Drago ? Dit Angéla, l’air moqueur.

-Je ne vois pas du tout pourquoi tu t’adresses à moi ; lui répondit ce dernier, mal à l’aise.

Hélios, qui n’avait pas encore parlé, s’avança à son tour et fit face à Saya en prenant un air sévère. Elle recula, inquiète. C’était avec ce même regard qu’Hélios dévisageait les élèves ayant fait du mauvais travail l’an passé et cela ne présageait rien de bon en général…

-Saya ; déclara-t-il gravement.

-O…Oui, qu’y a-t-il Hélios ?

-Tu ne penses pas que l’illusion n’a que trop duré ?

Tout le monde se tourna vers l’ex-roi. Qu’est-ce que ce type racontait encore ? L’illusion ? Il n’y avait aucune illusion ici à part…

Saya se détendit et se mit à rire, d’abord timidement, puis de plus en plus fort, jusqu’à pleurer des larmes de joie, devant les airs effarés de tous, excepté Hélios dont le visage avait retrouvé son sourire naïf.

-Bien, bien, j’ai compris Hélios.

Mon amie claqua des doigts et immédiatement, Luminion qui était à ses côtés, disparut sans laisser de trace.

-Qu…Comment ? Bégaya June, livide.

-Il ne s’agit pas du véritable Luminion. Ce n’est qu’une illusion créée de toute pièce. Comme Gariatron peut manipuler l’ombre, Luminion peut manipuler la lumière et donner naissance à des illusions comme celle-ci, voilà tout. Vous ne pensiez tout de même pas que je serais partie en quête du démon si je l’avais avec moi depuis le début ?

-Evidemment, tout cela aurait été bien surprenant que tu reviennes justement de ta quête au moment où Shadow est apparu ; marmonna Satoshi.

-Je ne sais pas encore où se trouve le vrai Luminion, mais je sens qu’il n’est pas loin…Après tout, il m’a sauvée l’année dernière…

J’allais lui demander comment elle savait cela mais Iori me coupa la parole.

-Bref, tout est bien qui finit bien, n’est-ce pas ? Et si nous allions voir comment se portent ceux qui sont à l’extérieur plutôt ?

-Le grec, Hoshi, Marcelo ; s’exclama Alan d’une voix tremblante, se souvenant tout à coup de ses camarades.

Sans se faire prier, il s’enfuit hors du stade. Nous n’attendîmes pas longtemps non plus et nous prîmes sa suite. Avec tout ça, j’avais totalement oublié que nos amis étaient pris dans ces histoires eux aussi. J’espérai sincèrement qu’ils avaient pu s’en sortir…

Lorsque je ressortis à l’extérieur du stade, je fus cependant surpris par ce que je vis. Tous les serviteurs des démons étaient à terre, inconscients ou proches de l’être et, juste devant l’entrée du grand bâtiment se trouvaient les UWS.

-Ridicule tout ça, je pensais qu’on aurait un peu plus de challenge tout de même ; râla Hoshi en s’étirant.

-Je ne suis pas mécontent d’en avoir fini personnellement, je commence à avoir des courbatures moi ; lui répondit son camarade Marcelo.

Alan était avec eux et Le grec se trouvait un peu plus loin, les mains dans les poches, la tête levée en direction de la citadelle, l’air pensif.

-Nous n’y étions pas…non, nous n’y serons jamais ; marmonna-t-il.

Il baissa les yeux et m’aperçut puis vint à ma rencontre.

-Je vois que vous avez survécu, je n’en attendais pas moins du club de duel de Miyako.

-Et vous…avez vraiment battu tous ces types seuls ? Demandai-je, impressionné.

-Evidemment que non. Denys et Julie nous épaulaient, de même que ces deux filles, Ambre et Maya si je me souviens bien. Ils doivent d’ailleurs être en train de faire un tour pour voir si personne n’est blessé.

Au même moment, les anciens camarades de club de Miyako apparurent d’une rue adjacente et elle se précipita à leur rencontre, visiblement soulagée. Un instant plus tard, les amies d’Angéla firent leur apparition et June et Angéla partirent à leur rencontre. Heureusement, personne ne semblait blessé, ce qui relevait certainement du miracle…

Je levai la tête à mon tour vers la citadelle de pierre. Elle n’avait pas l’air d’être sur le point de bouger…Nous devions la prendre d’assaut avant le réveil total des démons, c’était notre seule option.

Laura vint se placer à côté de moi et me serra la main en tremblant. Elle avait peur. Qui n’aurait pas eu peur à notre place ? Elle avait plus que personne des raisons de craindre les affrontements à venir où son père serait impliqué.

-Dis-moi Darksky…ai-je fait une erreur aujourd’hui ? Aurais-je du essayer de comprendre mon père et de le ramener à la raison au lieu de l’attaquer ? Dit-elle d’une voix pleine de remords.

-Très sincèrement…je ne sais pas Laura. Je ne peux pas dire que ce que tu as fait était stupide, ni que c’était le meilleur choix, mais sois sûre d’une chose : nous ferons revenir ton père à la raison, une nouvelle fois.

-Tu es bien optimiste tu sais…Mais l’espoir fait vivre et donne des ailes, alors, je te fais confiance, tu y arriveras, j’en suis sûre.

Je plongeai mon regard dans ses magnifiques yeux émeraude avant de lui répondre :

-Tu y arriveras, tu es la seule à avoir ce pouvoir.

Laura sourit légèrement et me lâcha la main, comme si elle avait retrouvé confiance en elle. Mais, alors que je regardai nos compagnons, je crus distinguer comme un voile de tristesse dans les yeux de Iori qui nous regardait, voile qu’elle s’empressa de dissimuler lorsque Saya vint lui parler.

Saya…je venais à peine de comprendre à quel point elle comptait à mes yeux. Elle était plus que ma meilleure amie, elle était presque comme ma sœur, toujours là pour moi, toujours à rigoler à mes blagues, toujours à chercher du réconfort auprès de moi…

Hélios et les jumeaux me tirèrent de mes pensées lorsqu’ils demandèrent l’attention soudainement de tout le monde. Que voulait-il dire à un moment pareil alors que nous sortions juste d’une bataille acharnée ?

-Ecoutez-moi tous, j’ai une annonce à faire ! Déclara ce dernier en se raclant la gorge.

-Si c’est pour nous sortir une banalité, évitez ; lui lança Angéla.

-Je ne plaisante pas mon enfant. J’ai une révélation de la plus haute importance.

Je déglutis difficilement. Lorsqu’Hélios était sérieux, cela ne présageait rien de bon. Les jumeaux à ses côtés affichaient des airs contrariés, comme si la révélation d’Hélios ne leur plaisait pas…

-Je pense que vous savez tous – ou presque – qu’il y a plus de cinq mille ans, j’ai passé un pacte avec Gariatron et je suis devenu sa marionnette, comme Shadow l’est aujourd’hui. Cependant, seuls deux d’entre vous savent que j’ai passé un autre pacte l’année dernière.

-Un…autre pacte ? S’étrangla Saya.

-Oui, lorsque je suis retourné sur les terres d’Héliopolis, je l’ai rencontré, celui qui est devenu mon plus précieux allié : Luminion.

Tout le monde se raidit en entendant cela. Hélios…était donc l’allié de Luminion depuis tout ce temps et nous le cachait ? Mais pourquoi ? C’était comme si sa révélation venait de me planter une épée dans le cœur. Nous suivions aveuglément Hélios, mais une fois de plus, nous n’étions que les marionnettes des Démons ?

-Vous devez tous vous sentir trahis mais cela n’a pas lieu d’être. Certes, Luminion est le frère de Gariatron mais je peux vous assurer que nous pouvons lui faire confiance.

-Et pourquoi devrions-nous VOUS faire confiance alors ? rétorquai-je pris d’un soudain accès de colère.

-Parce que grâce à moi, nous allons pouvoir percer à jour les plans des démons.

-Se venger des dieux et du destin ? Merci mais nous le savons déjà ça !

-Tu ne comprends pas Darksky ? En ce moment même, les démons ont préféré ignoré les humains et les mettre à l’écart de leurs plans. Cependant, que penses-tu qu’il arriverait si Gariatron parvenait à les rallier à sa cause ?

-Et pourquoi ferait-il une chose pareille ? Les autres le haïssent !

-Très bien, puisque vous ne semblez pas me croire sur parole, je pense qu’il est grand temps de vous révéler la véritable nature des démons, démons qui ne sont autre que des Dieux eux-mêmes.



Chapitre 25 : Amis ou Ennemis ?



Spoiler :


Il était encore là, toujours à me gâcher la vie. Il était la seule personne que je connaissais capable de faire systématiquement le pire choix possible pour ceux qui l’entouraient et pour lui-même. Cette fois-ci, il avait décidé de s’allier au démon…

Athéna esquiva une attaque de Dystopie avec aisance avant de contre-attaquer et envoyer le monstre d’Aymeric dans le décor. Cet idiot n’avait pas changé finalement. Il était toujours aussi mauvais, faisant de grands discours mais incapable de joindre l’acte à la parole. Il voulait se venger de ce monde ? Ce n’était pas avec une puissance aussi ridicule qu’il allait y arriver.

Aymeric grimaça lorsque son monstre heurta le sol avec violence. J’étais sur le point d’en finir avec lui une bonne fois pour toute lorsqu’un tremblement de terre attira mon attention.

Je me retournai et je ne pus réprimer un cri de terreur.

-Toi le destructeur de tout ce qui existe dans cet univers, prête moi ta puissance et ne faisons plus qu’un seul et unique être capable d’anéantir la création : Void Fusion ! Absorbe tout, Darkness Shadow, Maitre Dragon du néant !

Non…Ce n’était pas possible…Comment Shadow pouvait-il posséder le même pouvoir que nous ?… Je m’effondrai par terre, vidée de toute ma détermination. Je pensais pourtant que nous avions dépassé nos ennemis grâce à la fusion parfaite et voilà que Shadow l’utilisait également…

Le monstre invoqué par Shadow tira puissant jet noir en direction de la forteresse et l’atteignit sans être bloqué par ses défenses. Tant de puissance…nous ne pouvions pas rivaliser…Nous avions perdu ce combat…

A côté de moi, Aymeric affichait un sourire triomphant. Cela me coutait de l’admettre, mais nous avions échoué. Aymeric était une chose, la fusion parfaite de Shadow en était une autre.

Alors que j’avais déjà baissé les bras, une voix nouvelle me redonna une once d’espoir. Devant nous se tenait Saya, et à ses côtés, un grand dragon d’or irradiant une puissante lumière. Shadow blêmit à sa vue.

-Gariatron, si tu veux détruire l’humanité, tu devras passer sur le corps de Luminion ! S’écria Saya en brandissant son disque de duel.

-C’est…impossible…être parvenu à ressusciter Luminion avant Gariatron…Murmura le père de Laura, suant à grosses gouttes.

-Maitre, je pense qu’un repli stratégique s’impose ; proposa Bakura.

-Une minute, je n’en ai pas fini avec Angéla moi ! Rétorqua Aymeric, visiblement furieux d’avoir été interrompu.

-Nous…nous ne pouvons pas vaincre Luminion…du moins, pas dans les conditions actuelles…Soit, vous gagnez cette bataille, Elus des Dieux, mais la prochaine fois, vous ne repartirez pas vivants ! Darkness Shadow, Absolute Zero !

Le dragon de Saya se plaça sur la trajectoire de l’attaque et la stoppa net. Cependant, Shadow et ses acolytes avaient profité de la confusion pour s’enfuir, ne laissant que nous et les serviteurs des démons dans ce grand stade…Où plutôt en ne laissant que nous car Kyuryu et les autres disparurent également dans un rayon de lumière. Certainement avaient-ils été rappelés par leurs maitres.

Alors…c’était fini ? Nous avions gagné ? Je me relevai lentement, encore incertaine, mais voir Saya, Darksky et Miyako se chamailler me détendit. Nous nous en étions vraiment sortis cette fois-ci. La jeune fille blonde repoussa son ami qui la serrai dans ses bras et je ne pus m’empêcher de faire une remarque là-dessus pour détendre l’atmosphère :

-Ah, la jalousie, c’est amusant, tu ne trouves pas Drago ?

-Je ne vois pas du tout pourquoi tu t’adresses à moi…

Hélios s’avança alors et fixa Saya froidement. Que voulait-il encore ? Pensait-il qu’il s’agissait d’un piège à présent ?

-Tu ne penses pas que l’illusion a assez duré ?

Contre toute attente, elle se mit à rire et son dragon disparut d’un claquement de doigts.

-Qu…Comment ? Bégaya June, livide.

-Il ne s’agit pas du véritable Luminion. Ce n’est qu’une illusion créée de toute pièce. Comme Gariatron peut manipuler l’ombre, Luminion peut manipuler la lumière et donner naissance à des illusions comme celle-ci, voilà tout. Vous ne pensiez tout de même pas que je serais partie en quête du démon si je l’avais avec moi depuis le début ?

Soudain, Alan sursauta lorsque la jeune fille du nom de Iori évoqua nos amis restés à l’extérieur du stade et partit immédiatement à leur rencontre. Je regardai June dans les yeux avec inquiétude et elle me rendit ce regard. Ambre et Maya étaient présentes lors de l’attaque aussi…

Nous nous précipitâmes hors du stade et je constatai avec surprise que tous les serviteurs des démons étaient à terre, inconscients. Je ne m’attardai cependant pas sur eux pour me précipiter vers Ambre et Maya qui se trouvaient à l’autre bout de la rue.

-Tiens, tiens, voilà Angéla et June, qu’est-ce que vous fabriquiez encore ? Vous en avez mis du temps, ça doit bien faire dix minute qu’on s’est débarrassées de ces types nous ! Me lança Maya dès qu’elle m’aperçut.

-N’exagère pas non plus, ça ne fait que cinq minutes et j’imagine que les combats à l’intérieur du stade étaient un poil plus compliqué que les nôtres ; la reprit Ambre.

-On peut dire ça, mais bon, le danger est écarté à présent et ils se sont enfui sans demander leur reste ; leur répondit June en souriant pour les rassurer.

J’allai ajouter également quelque chose lorsque j’entendis Hélios demander l’attention de tout le monde. Qu’est-ce qu’il voulait encore ? Nous faire un grand discours sur l’amitié ou un autre cliché de Manga ?

-Je pense que vous savez tous – ou presque – qu’il y a plus de cinq mille ans, j’ai passé un pacte avec Gariatron et je suis devenu sa marionnette, comme Shadow l’est aujourd’hui. Cependant, seuls deux d’entre vous savent que j’ai passé un autre pacte l’année dernière.

-Un…autre pacte ? S’étrangla Saya.

-Oui, lorsque je suis retourné sur les terres d’Héliopolis, je l’ai rencontré, celui qui est devenu mon plus précieux allié : Luminion.

Etrangement, je n’étais même pas étonnée de sa révélation. Après tout, lorsque Shadow nous avait attaqués, Hélios semblait en savoir bien plus que nous tous sur Luminion et Shadow avait même demandé qu’il le fasse apparaitre. Oui, cette révélation n’avait rien d’extraordinaire pour moi, mais Darksky, au contraire, sembla troublé et s’énerva contre l’ex-roi.

-Très bien, puisque vous ne semblez pas me croire sur parole, je pense qu’il est grand temps de vous révéler la véritable nature des démons, démons qui ne sont autre que des Dieux eux-mêmes.

-Que…qu’est-ce que vous nous sortez là Hélios encore ? Rétorqua Miyako, livide. Je croyais que les démons et les dieux étaient deux entités différentes !

-Lumière et ténèbres, bien et mal, jour et nuit, oui, je l’ai pensé pendant longtemps, mais j’ai découvert la vérité il y a peu.

-Mais Luminion disait…

-Ma très chère Miyako, je dois te dire que Luminion t’a menti, non pas parce qu’il te manipulait mais parce qu’il n’était pas fier de ses actions passées. La vérité se cachant derrière la naissance de ceux qu’on appelle les « démons » n’est pas celle que vous croyiez.

-Et…quelle est-elle ? Demandai-je d’une voix tremblante.

« Premièrement, il n’y a jamais eu de force contraire s’affrontant depuis le commencement. Le bien et le mal sont des conceptions purement humaines. Non, avant les hommes, il n’y avait que les Dieux et une créature répondant au nom d’Armageddon. Cette créature avait en charge le destin de ce monde, créant ainsi les prophéties que nous connaissons, régissant le monde des Dieux et maintenant celui des humains. Personne ne se rebellait contre Armageddon. Après tout, pourquoi faire ? Les Dieux acceptaient cette vie, eux qui régnaient déjà sur les hommes. Et pourtant, après plusieurs millénaires de paix, un dieu, mieux connu sous le nom de Gariatron, considéra que ce destin n’avait plus de raison d’être. Il refusait d’être soumis, de sentir que sa vie éternelle ne lui appartenait pas, qu’il n’était qu’une marionnette d’Armageddon. Il fit part de ses convictions à ses frères mais peu comprirent ce dont il parlait et il fut mis à l’écart et perdit son titre de Dieu des ténèbres.

-Attendez, ce n’est pas du tout ce que Gariatron nous a raconté l’année dernière ! Objecta Drago, confus.

-Laisse-moi finir, tout te sera expliqué dans la suite. Je disais donc que Gariatron fut réduit au silence. Cependant, ses mots avaient réussi à toucher certains de ses frères et il obtint son premier allié peu de temps après : Luminion, Dieu de la lumière et du soleil. Ensembles, ils élaborèrent des plans afin de détruire ce destin qui les oppressait tout en continuant à rassembler plus de fidèles : Syphos, Dieu de la mer et des océans ; Typhos, Dieu des vents et tempêtes ; Pyros, dieu du feu et des volcans et Tellas, déesse de la terre et des forêts. Gariatron et Luminion avaient à présent suffisamment de ressources pour détruire l’oppresseur qu’était le destin et ils assiégèrent la citadelle des Dieux, demeure d’Armageddon, avec leur vaisseau mieux connu sous le nom de citadelle originelle. »

Je levai la tête vers le sombre bâtiment qui nous surplombait. Ainsi, il s’agissait réellement d’une machine de guerre créée dans le but de détruire. Les démons disaient-ils la vérité ? N’avaient-ils vraiment aucune intention d’attaquer la terre pour la conquérir ? Mais dans ce cas, pourquoi Gariatron s’était-il mis en tête de détruire l’humanité avant ?…

« Les Dieux, voyant cela, s’opposèrent aux actions de Gariatron, refusant le changement dans l’ordre de l’univers, et une bataille sans fin commença. Très vite, les humains furent mêlés à ce conflit, ainsi que les esprits de duel, divisant ainsi les mondes en deux camps : ceux qui se soumettaient au destin et ceux qui le combattaient. Finalement, après des siècles de guerre, les dieux furent vaincus et le destin fut anéanti. Les démons pensaient avoir enfin trouvé la paix qu’ils recherchaient mais ce n’était qu’une illusion. Quelque part, terré au plus profond de l’univers, Armageddon subsistait encore sous forme d’énergie. Gariatron en comprit rapidement la cause : les humains croyaient encore en ce destin qui régissait le monde et ne pouvaient concevoir la disparition d’Armageddon. C’est à ce moment-là que Gariatron réalisa que son rêve ne pourrait devenir réalité tant que l’humanité existerait et décida donc de l’anéantir.

-Une minute ; l’interrompit Darksky. Je ne vois pas en quoi cela nous pousserait à faire confiance à Luminion aujourd’hui cette histoire !

-Lorsque Gariatron exposa sa thèse à ses compagnons, ceux-ci furent sceptiques. Mais Luminion, lui, était catégorique : le problème ne venait pas des humains mais ces derniers étaient, au contraire, la solution pour éradiquer définitivement le destin. Commença alors une longue querelle entre les deux grands et les Dieux profitèrent de la situation pour les écarter à nouveau et les bannir une bonne fois pour toute. Gariatron et les autres rebelles passèrent ainsi aux yeux de tous de Dieux créateurs à Démons originels, puis leur existence fut effacée de la mémoire des hommes et des esprits de duel, ne laissant que les Dieux. Depuis, Gariatron fait cavalier seul dans le but de finaliser son projet en écartant tous ceux s’opposant à lui tandis que Luminion tente de rallier les humains à sa cause dans ce même but. Typhos, Pyros, Syphos et Tellas, quant à eux, continuent de suivre le plan d’origine en ignorant les hommes, ne se concentrant que sur l’éradication du destin et d’Armageddon. »

Un long silence suivit la déclaration de l’ex-roi. Il faut dire que nous avions beaucoup d’informations à digérer d’un seul coup…J’avais encore du mal à y croire. J’avais toujours pensé que Gariatron était le mal incarné mais en vérité, sa réaction pourrait être celle d’un humain…non, les réactions de tous les démons auraient pu être celle d’humains. Mais dans ce cas-là, pourquoi combattions-nous les démons si leur objectif premier n’était pas de détruire la terre ? Pourquoi étions-nous alliés aux dieux s’ils se soumettaient au destin ? Je ne savais plus quoi penser ni quoi faire maintenant…

Je me tournai vers June qui semblait aussi confuse que moi. Drago était vraisemblablement perdus dans ses pensées tout comme moi et Darksky tremblait comme une feuille, ne sachant certainement plus quoi penser de toute cette histoire. Saya fut la première à prendre la parole après la déclaration d’Hélios :

-Comprenez-vous maintenant ce qu’il nous reste à faire ? Nous ne devons pas affronter simplement les démons mais nous devons les rallier à la cause de Luminion avant que Gariatron ne le fasse, sans quoi, l’humanité est condamnée.

-Une minute, je refuse d’être embarquée dans cette histoire moi ! Rétorqua Maya, terrifiée.

-Il ne s’agit pas d’engager l’humanité dans un conflit contre Armageddon, mais d’éviter que la guerre contre Gariatron ne redémarre, mais cette fois-ci, en s’achevant par notre défaite ; répliqua Saya.

-Saya a raison ; intervins-je alors. Même si nous ne voulons pas engager le combat, il faut au moins tenter d’éviter ce que nous redoutions le plus : combattre les démons. Hélios, je suis avec vous sur ce coup-là.

-Je n’aime pas particulièrement l’idée de l’allier aux démons, mais si c’est la seule solution, je vous suis aussi ; affirma Drago.

-Cela fait longtemps que j’ai accepté Luminion, il est trop tard pour faire marche arrière je pense, même s’il m’a menti, et Darksky est du même avis que moi ; déclara Miyako en croisant les bras.

-Attends une minute, je n’ai pas dit que…

-Tu as accepté de porter mon fardeau avec moi, quel qu’il soit, et bien, tu sais à présent ce que tu as à faire.

-Les UWS, Denys et Julie sont avec vous, plus jamais une guerre comme celle contre le démon ne doit se reproduire ; continua le Grec en fronçant les sourcils.

-De même pour nous ; s’exclamèrent June, Ambre et Maya d’une seule voix.

-Le destin a été bien trop cruel avec moi, je me dois de le changer, coute que coute ! S’écria Iori, les larmes aux yeux.

Les jumeaux tournèrent la tête vers Hélios qui afficha un sourire soulagé avant de déclarer :

-Nous rallierons les démons à notre cause ! Comme on dit dans les mangas : Mission Start !

Les premiers jours suivant l’attaque des démons, nous passâmes tout notre temps à élaborer une stratégie afin de convaincre les démons de se rallier à Luminion, ou tout simplement de ne pas écouter Gariatron. Cependant, même s’ils n’avaient aucune raison d’attaquer selon Hélios, nous nous relayions pour monter la garde au pied de la grande forteresse de pierre mais ni les démons, ni leurs serviteurs ne montraient signe de vie. Lorsque ce fut mon tour de veiller avec Ambre, Maya et June, la seule chose que nous fîmes de toute la journée fut de bailler et jeter des gravats dans le stade dévasté.

Je n’aimais vraiment pas ce temps d’attente à ne rien faire. J’avais l’impression qu’une épée de Damoclès pendait au-dessus de ma tête, menaçant à tout moment de me tuer…Si seulement je pouvais faire quelque chose mais Hélios nous avait formellement interdit de prendre la moindre initiative tant que le plan ne serait pas au point.

Darksky et ses amis étaient également restés au château, ainsi que ceux se faisant appeler les UWS.

Evidemment, dans toute la ville, l’alerte avait été donnée, les cours suspendus et tout le monde vivait dans la peur, bien qu’Hélios ait tenté plusieurs fois de convaincre le maire qu’il n’y avait aucun danger pour le moment. Ce dernier passait d’ailleurs le plus clair de son temps avec Sherry et Ellsworth enfermé dans la bibliothèque et refusant d’être dérangé. Il s’était métamorphosé du tout au tout. C’était terminé le gentil Hélios à côté de ses pompes, à présent, il ressemblait réellement à un roi devant défendre son pays face à une invasion imminente. Je comprenais comment il avait pu défendre Héliopolis et comment il avait fini par sombrer dans la folie s’il se donnait autant de mal par le passé…

Le professeur Wheeler avait également été embarqué dans cette histoire et tentait de joindre d’anciennes connaissances pour leur demander de l’aide.

Mais moi, je ne pouvais rien faire. J’étais soit bloquée au château ou dans ma chambre. Je me sentais tellement…inutile. Je voulais mettre fin à toute cette pression s’accumulant de jours en jours mais je ne pouvais pas y arriver seule…

Finalement, la situation prit une nouvelle tournure une semaine après l’attaque lorsque Lareine débarqua au château de Sherry sans prévenir, l’air préoccupé.

-Lareine, vous êtes rentré finalement et par miracle, vous n’avez rien ; s’exclama Sherry en le voyant dans le hall d’entrée.

-J’aimerais échanger les civilités Sherry, mais malheureusement, je crois que nous n’avons pas le temps. J’ai une information de la plus haute importance à faire parvenir, est-ce que vous pourriez réunir tout le monde dans le grand salon ?

Mon cœur s’accéléra lorsqu’il prononça ces mots. Allait-il nous dire qu’il avait la solution à notre problème, ou mieux, nous révéler un moyen de vaincre immédiatement les démons ? Je ne pus attendre d’avantage et j’allai chercher tout le monde dans les différentes pièces pour les réunir autour de Lareine. Une fois que Darksky, Drago, Miyako, Laura, Saya, Alan, les UWS, Julie, Denys, Serena, Satoshi, Hélios,Iori, Ambre, Maya et June furent en place, notre professeur d’histoire s’éclaircit la gorge et commença à parler :

-Comme vous devez le savoir, j’ai été appelé pour une urgence il y a deux semaines et j’ai dû partir précipitamment. Vous devez certainement vous demander ce qui me paraissait plus important que le tournoi inter école, et c’est très simple : ma collègue Alice, avec l’aide du professeur Fudo, ont découvert une chose assez étonnante que voici.

Lareine sortit de sa poche une petite boite, pas plus grande qu’un doigt et il l’ouvrit. A l’intérieur reposait une sorte de bague surmontée par une pierre de couleur mauve. J’haussai les sourcils, étonnée en voyant l’objet et en ne comprenant pas son utilité.

-Qu’est-ce-que c’est que ça encore, un bijou ? Demanda naivement Saya.

-Ce n’est pas un simple bijou. Il s’agit d’une pierre qu’on ne trouve pas sur terre normalement, une météorite précieuse pour faire simple.

-Très bien, et à quoi ça sert ? L’interrogea Drago, sceptique.

-Nous avons testé les propriétés de cette pierre au laboratoire en la soumettant à divers champs électromagnétiques et nous avons constaté une chose : cette pierre est un isolant parfait. Rien ne peut la traverser. Peut-être est-ce dû à sa densité ou sa composition unique, mais elle a la propriété de briser n’importe quel champ de force.

-Attendez, vous ne comptez pas sérieusement attaquer les démons ? S’étrangla Miyako.

Lareine baissa les yeux et serra les dents.

-Si ça ne tenait qu’à moi, Alice ou Yusei, non. Mais le gouvernement en a décidé autrement. Demain à l’aube, une attaque frontale sera lancée sur la forteresse dans le but de la détruire…

-C’est de la folie pure et simple ! M’exclamai-je. Que comptent-ils faire une fois le champ de force brisé ? Tout le monde a pu le voir, même le dragon de Shadow n’a pas pu détruire les murs !

-Le gouvernement est persuadé qu’ils y arriveront.

A ce moment-là, Hélios abattit violemment son poing sur la table et fit sursauter tout le monde.

-Non, tout sauf ça, nous étions si proche du but…

-Hélios, ça va aller, nous…

-Tu ne comprends pas Darksky, lorsqu’ils verront ça, les démons se rangeront forcément du côté de Gariatron et tout sera fini !

Je déglutis. Je n’avais pas vu la chose aussi dramatiquement mais il avait certainement raison. A la place des démons, c’est exactement ce que j’aurais fait aussi. Nous ne devions pas laisser cela se produire, mais comment les en empêcher…

-Tous les gouvernements sont les mêmes, toujours à faire les pires choix possibles pour la population ; cracha Satoshi en tournant les talons et en s’apprêtant à quitter la pièce.

-Tout cela est bien triste, si j’avais le pouvoir de changer les choses, je n’hésiterai pas ; continua sa sœur en suivant ses pas.

Nous passâmes le reste de la journée à essayer de trouver un moyen pour contrecarrer cette attaque suicidaire. Tout y passa : détruire les bases militaires, voler les ressources de météorite précieuse, attraper le président par la peau du cou et l’obliger à changer de tactique, mais finalement, l’idée du Grec fut retenue : faire barrage avant l’arrivée des troupes au niveau de la citadelle et tenter de raisonner les chefs de projet. Cela pouvait paraitre stupide, mais c’était notre dernier atout pour éviter un massacre.

Le lendemain, aux aurores, nous étions tous au stade puis nous nous divisâmes en plusieurs groupes couvrant toutes les grandes artères menant à la citadelle. Nous devions certes empêcher l’armée de passer, ce qui était déjà presque infaisable, mais en plus, nous devions éviter à tout prix d’attirer les éventuels combats du côté de la forteresse. Rien que d’y penser, j’en frissonnais.

-Qui a accepté un plan aussi stupide ; marmonnai-je tandis que nous remontions l’avenue Napoléon.

-Nous avons un avantage : grâce aux démons, nos monstres sont réels à présent, nous avons donc de quoi lutter à armes égales ; me répondit June, non sans trembler.

-Ne comptez pas sur moi pour me battre à mort. S’ils pointent un obus sur moi, je peux vous affirmer que je me rendrai ; dit Maya dans un magnifique accès de courage, même si elle était certainement la seule à oser le dire tout haut.

-Je crois que je vois quelque chose ; dit alors Ambre en pointant une ombre au loin.

-Vous savez ce qu’il vous reste à faire les filles. Apparais, Dragon éclipse Parfait !

Aux côtés de Drago, le grand dragon violet et or surgit en rugissant et faisant trembler les vitres des magasins abandonnés.

-Sauve ce monde, Athéna, déesse protectrice de la perfection !

La déesse de la guerre prit place à mes côtés mais je ne me sentais pas vraiment plus rassurée pour autant. June, Ambre et Maya invoquèrent également leurs cartes les plus puissantes et nous attendîmes que l’armée vienne à nous.

La voiture en tête s’arrêta brutalement en voyant nos monstres et ordonna au reste de faire feu. Immédiatement après, des dizaines de monstres armés de canons et fusils nous encerclèrent. Je crus que mes jambes allaient se dérober sous mon poids mais je tins bon et fis face à l’ennemi.

-Serviteurs des démons, aujourd’hui est votre dernier affront ! Hurla un général moustachu en sortant de la voiture de tête.

-Il y a méprise Général ; répondit Drago avec un calme impressionnant. Nous ne sommes pas des serviteurs des démons mais nous les combattons comme vous.

-Dans ce cas, écartez-vous de notre chemin, nous allons régler ce problème une bonne fois pour toute !

-Je suis désolé mais c’est impossible. Voyez-vous, les démons n’ont actuellement pas de mauvaises intentions envers nous.

-Et cette attaque au stade, c’était quoi à votre avis petit malin ? Rétorqua le gradé en rigolant. J’ai reçu des ordres et je compte bien les faire appliquer, même si je dois me débarrasser d’enfants comme vous !

-vous ne semblez pas très ouverts à la discussion dites-moi…Soupira mon ami. Mais vous dites que vous allez vous débarrasser de nous ? J’aimerais bien voir ça.

-Petit insolent ! Toutes les unités, pas de pitié !

Des dizaines de coups de feu furent tirés en même temps et je fermai instinctivement les yeux mais rien n’arriva ni même ne me frôla. Lorsque je les rouvris, je vis le Dragon éclipse parfait, la main dressée devant lui, formant une sorte de bouclier de flammes noires stoppant les balles.

-Vous comptez sérieusement battre les démons avec une puissance de feu aussi faible ? Ne me faites pas rire, regardez ce que c’est qu’une vraie force !

Le dragon violet dissipa d’un revers de la main les flammes bloquant le passage des balles et toutes celles-ci repartirent d’où elles venaient, faisant ainsi exploser un char et plusieurs vitres autour de nous sous les yeux ébahis des soldats.

-Co…Comment cet hologramme peut-il faire ça ? Bégaya le général pétrifié. Les disques de duel ne sont pas programmés pour une telle puissance !

-Vous êtes impressionné par peu de chose général. Sachez que ce pouvoir n’est rien comparé à celui de ceux que vous essayez de détruire, même avec votre météorite précieuse. Un bon conseil, renoncez et laissez-nous nous occuper du reste.

-Vous ? Vous n’êtes que des enfants, comment pourriez-vous avoir plus de puissance de feu qu’une armée entière ? S’étrangla le général.

-Nous avons un pouvoir que vous n’avez pas : celui de convaincre.

Le général ne répondit rien à cela et ordonna simplement à ses troupes le repli. Lorsqu’ils disparurent enfin, mes jambes me lâchèrent et je m’écroulai sur le sol. Mais c’était trop facile, donc soit nous étions tombés sur le plus peureux des généraux, soit c’était un piège…Mais j’étais tout de même soulagée de ne pas avoir eu à combattre réellement.

-J’ai bien cru qu’on allait y passer ; gémis-je.

-Ces rigolos ne sont pas plus dangereux que Gariatron et puis…

Drago ne put terminer sa phrase car mon portable dans ma poche vibra. Je vis le numéro d’Hélios s’afficher et je décrochai.

-Hélios, tout est bon chez nous, nous avons…

-Angéla, on a un gros problème sur le dos, Satoshi et Serena ont été capturés alors qu’ils tentaient de forcer la sécurité de la mairie !

Dès que j’appris la nouvelle, je ne perdis pas une seconde et je fonçai vers le bâtiment principal avec mon groupe, laissant tomber la mission. Pourquoi ces deux là avaient-ils tenté de s’introduire dans la mairie ? Je n’avais aucun souvenir concernant une éventuelle attaque directe du gouvernement…A quoi pensaient-ils bon sang ?

Après dix minutes de course effrénée, nous arrivâmes devant les portes de la mairie, closes, sans aucun garde pour les surveiller, et seul un silence de mort régnait aux alentours.

Nous nous arrêtâmes et je regardai de chaque côté dans l’espoir de voir Hélios ou même Serena et Satoshi mais il n’y avait vraiment personne, nous étions seuls. Toute cette histoire ne sentait vraiment pas bon, mais nous ne pouvions pas laisser les jumeaux.

-Il n’y a personne ici, je n’aime pas ça, déclara Drago, son dragon sur le qui-vive.

-C’est certainement un piège, j’ai l’impression qu’ils veulent qu’on vienne les chercher ; ajouta June, peu rassurée.

-Nous n’avons pas le choix, il va falloir jouer leur jeu je pense. Maya, Ambre, restez dehors et prévenez-nous s’il y a du nouveau ; dis-je à mes deux amies qui ne demandaient rien de mieux.

Drago, June et moi montâmes donc les imposantes marches du bâtiment puis nous poussâmes la porte d’entrée qui s’ouvrit d’elle-même, à notre plus grande surprise. Nos monstres derrière nous, nous pénétrâmes à l’intérieur.

Le décor était somptueux, avec des colonnes sculptées, des tapis rouges de velours, de grandes peintures murales et un plafond ornée d’or mais nous n’avions pas le temps de nous extasier sur la beauté des lieux et nous nous dirigeâmes directement dans le bureau du maire, au premier étage.

Dans les couloirs, nous ne croisâmes toujours personne, et plus nous avancions, plus mon cœur battait rapidement. L’atmosphère était lourde et nul ne disait un mot. Finalement, nous arrivâmes juste devant la porte du bureau du maire et nous fîmes halte.

-Bien, Serena et Satoshi doivent-être ici, est-ce que vous êtes prêtes les filles ?

-Ouvre moi cette porte Drago, avant que ma raison ne reprenne le dessus et que je dégage d’ici ; lui répondis-je en frissonnant.

-Je sais pas pour vous, mais j’ai comme l’impression que le maire n’y est pour rien dans toute cette histoire tout de même ; déclara alors June, les sourcils froncés.

-Qu’est-ce que te fais dire ça ? Les jumeaux ont tenté de forcer la sécurité donc se sont faits arrêter, je ne vois pas ce que te gêne là-dedans.

-Tout me gêne Angéla. Si la sécurité avait réellement arrêté nos deux camarades, pourquoi aurait-elle disparu entre temps ? Et avant tout ça, pourquoi arrêter deux adolescents comme eux sans raison valable ? Certes ils ont essayé de s’infiltrer mais mon père connait le maire et il n’est pas du genre à s’emporter pour rien.

-C’est un piège, ça ne fait aucun doute, soyons simplement préparés à toute situation ; lui répondit Drago en haussant les épaules.

Il ouvrit alors les portes et ce que je vis me sidéra. En face de nous, Serena et Satoshi étaient ligotés dans un coin du bureau tandis que le maire, livide, semblait négocier avec Shadow. Lorsqu’il nous vit, il se retourna et afficha un sourire mauvais.

-Je me doutais que vous viendriez, élus des dieux.

-Shadow, vous, ici ? S’étrangla June. Mais pourquoi ?

-Je pourrais vous poser la même question. J’étais simplement en train de discuter affaire avec notre bon maire comme tout honnête citoyen que je suis.

-Ne vous foutez pas de nous Shadow, nous savons que Gariatron veut rallier les démons à sa cause pour nous exterminer !

Le sourire sur la figure du père de Laura s’effaça et il prit un air ennuyé avant de croiser les bras sur son torse.

-Les humains s’inventent toujours de ces histoires, c’est admirable. Vous savez, Gariatron n’a que faire de ces traitres de démons qui refusent de voir la vérité. Détruire l’humanité, c’était en effet une solution pour le moins radicale…enfin, il y a quelques milliers d’années.

-Vous allez essayer de nous faire croire que Gariatron est notre allié maintenant ?

-Drago, mon cher, je te croyais plus intelligent que ça, je suis déçu…Puisque de toute façon, il est trop tard pour que vous puissiez changer quoi que ce soit, je vais vous le dire : Gariatron a finalement compris quelle était la méthode la plus radicale pour nous débarrasser définitivement du destin ; créer un chaos si grand qu’il provoquera inévitablement un changement dans les rouages de ce monde, un changement qu’Armageddon ne pourra pas accepter. Par conséquent, il sera obligé de se montrer pour corriger cette anomalie et c’est là que nous l’exterminerons de nos propres mains !

-Un…chaos ? Répétai-je, sceptique.

Je compris soudain ce que Shadow voulait dire et j’écarquillai les yeux de stupeur devant la folie de ce plan.

-Gariatron…n’a en aucun cas changé ses plans ; marmonna June, furieuse. Mais en faisant cela, il fera d’une pierre deux coups, éliminant à la fois les humains et Armageddon…

-On ne peut rien te cacher June on dirait ; rigola Shadow en haussant les épaules. Mais qu’allez-vous faire pour m’en empêcher ? Un duel est perdu d’avance, vous le savez très bien et…

-Shadow, c’est entre vous et moi maintenant, je vais vous arrêter ici et maintenant !

Je m’avançai d’un pas pour faire face au père de Laura. Il était imposant, mais je refusais de trembler face à lui. Je m’étais entrainée avec Hélios des jours durant, jusqu’à ne plus en dormir, tout ce que j’avais fait jusqu’ici, c’était le moment de le mettre en pratique en détruisant les plans de Gariatron !

Un sourire mauvais illumina le visage de Shadow et il fit apparaitre un disque de duel noir à son bras.

-Vous allez me divertir pendant que l’armée se charge des démons, c’est parfait, je n’aime pas patienter sans rien faire !

Duel !

-Je prends la main si vous le permettez et j’invoque normalement Terre, Agent du Mystère. Par son effet, je peux ajouter à ma main Minerve, Agent de la protection et l’invoquer spécialement !



Invocation Synchro ! Rejoins-moi, Chronos, Agent du temps



-Je vois que tu t’es améliorée depuis notre dernière rencontre, mais peu importe le monstre que tu invoqueras, il sera impuissant face à moi.

-C’est ce qu’on verra, j’active l’effet de Chronos pour geler nos battle phases respectives ! Je pose ensuite deux cartes face cachée et je termine mon tour là-dessus.

Bien, j’avais établi mes défenses. Chronos m’assurait de ne pas perdre dès le premier tour afin d’évaluer la nouvelle puissance de Shadow, et mes deux cartes face cachée, Chaine démoniaque et appel de l’être Hanté devraient me permettre de tenir quelques temps…mais combien ?…

-Prépare toi à perdre Angéla, je pioche ! J’active pour commencer l’effet de Reactan, Maître Dragon Des Pierres ! En le défaussant avec Tidal, Maître Dragon Des Chutes D'eau, j’invoque depuis mon deck Redox, Maître Dragon Des Rochers. Ce n’est pas fini, j’active également l’effet de Burner, Maître Dragon Des Étincelles. En le défaussant avec Tempest, Maître Dragon Des Tempêtes, j’invoque depuis mon deck Blaster, Maître Dragon Des Brasiers. Je recouvre mes deux monstres de niveaux sept : Invocation Xyz ! Apparais, Shining, Maitre Dragon des cieux !



-Shining, c’est nouveau ça…Marmonna Drago, perplexe.

-Et attends, tu n’as encore rien vu ! Non seulement mon monstre ne peut pas être ciblé mais voici un bonus : J’active l’effet de Shining : En détachant Blaster, je peux activer son effet comme l’effet de mon monstre, dis adieu à Chronos Angéla ! Sur ce, je termine mon tour. Profite de ton dernier tour, sans Chronos, l’issue de ce duel est scellée.

-On verra ça, je pioche ! On dirait que la chance est avec moi Shadow. J’active la carte magie de terrain, Le Sanctuaire Céleste ! Et comme il est présent, je peux invoquer spécialement Uranus, Agent du Désordre. J’active également son effet pour envoyer au cimetière Jupiter, Agent des Miraclese et prendre son niveau. Puis j’active ma carte face cachée, Appel de l'Etre Hanté pour rappeler Minerve. Il est temps de te montrer, invocation Synchro ! Athéna, Agent de la paix !



-Tu penses m’impressionner ? Tu ne fais que m’ennuyer.

-Vous allez peut-être moins rigoler avec ceci, j’invoque normalement Kanna, Agent de l’espoir et, par son effet, Chronos va revenir parmi nous ! Dites adieu à votre prochaine draw Phase Shadow !



-Astucieux, je n’ai plus qu’une seule carte en main et une seule sur le terrain ? Mais, penses-tu vraiment que j’ai besoin d’être sauvé par ce que tu appellerais l’âme des cartes, ou bien le destin ? Tu es naïve. Je vais m’en sortir par ma seule force en te le prouvant dès à présent. J’active l’effet de Shining ! En détachant Redox, je peux immédiatement rappeler Blaster de mon cimetière ! Mais attends, le plus drôle reste à venir. J’active l’effet de Tidal, Maître Dragon Des Chutes D'eaul depuis mon cimetière ! En retirant Redox, Maître Dragon Des Rochers et Tempest, Maître Dragon Des Tempêtes, il va venir nous rejoindre. Mais ce n’est pas tout, le spectacle ne fait que commencer.

Le deck de Shadow s’illumina d’une lumière noire et sur son masque, une fente s’ouvrit, laissant entrevoir son œil gauche, brillant du même éclat que son deck. Je fis un pas en arrière, craignant ce qui allait arriver avant de me ressaisir lorsque je vis que Serena et Satoshi étaient toujours prisonniers, de même que le maire et que Drago et June ne pouvaient rien faire.

-Les effets de Tempest et Redox vont dès à présent s’activer : j’ajoute à ma main Skylord, maitre dragon des ouragans et Earth, maitre dragon des Séismes!





-Des…monstres de niveau huit ? Bégayai-je, surprise et effrayée.

-Angéla, tu vas regretter de m’avoir défié ! Je retire de mon cimetière Burner et Reactan pour invoquer les deux monstres que je viens d’ajouter à ma main ! Apparaissez, Skylord, Earth !

J’étais littéralement pétrifiée en voyant ces titans arriver sur le terrain. Non seulement c’était la première fois que j’avais à faire à ce genre de monstres, mais en plus, j’affrontai certainement le duelliste le plus puissant sur terre…Même s’il ne pouvait réduire mes points de vie à zéro durant ce tour, il m’était totalement impossible de remonter sans carte en main…

-Shining, Détruis Athéna, lumière céleste !

-Lorsqu’Athéna est détruite, elle change de forme et renait ! Bon retour parmi nous, Athéna !

-Celle-ci va disparaitre également dans ce cas, Blaster, occupe-toi d’elle !

-Je ne le laisserai pas faire, j’active Chaîne Démoniaque, ainsi votre dragon est scellé…

-Cela ne m’arrêtera pas, Tidal, détruis Chronos et Skylord, fais disparaitre cette Kanna !

Autour de moi, les vitres volèrent en éclat, les murs se couvrirent de griffures et les tableaux se brisèrent sous les yeux effarés du maire. Heureusement que le sanctuaire céleste nous protégeait tous, sinon nous aurions certainement fini comme le pauvre bureau principal, en miettes…

-Je termine mon tour là-dessus. Angéla, ce duel est terminé. Par l’effet de ton propre monstre, tu es obligée de passer ta battle phase qui était ton unique chance de victoire.

Oui, la situation semblait désespérée, mais j’avais confiance en moi. Je savais que je pouvais le faire, que toutes ces heures d’entrainement n’étaient pas vaines, je savais comment remporter la victoire !

-Je pioche !

L’espoir me revint lorsque je vis ma carte et Shadow grimaça, conscient que je venais peut-être de renverser la situation.

-Je n’abandonnerai pas Shadow, j’active la carte magie Fusion Parfaite !



-Fusion…parfaite ? Je vois, Hélios vous a transmis son savoir…

-Evolue dans la lumière toujours plus pure, prête moi ta force et ensemble, éradiquons les ténèbres sur terre : Invocation Parfaite ! Elève toi, Athéna, Déesse protectrice de la perfection !

Un vif éclat de lumière nous aveugla tandis que je sentais mes forces augmenter et ma confiance en moi grandir. Oui, je pouvais le faire, ce duel n’était pas terminé, jamais je ne laisserai Shadow ou Gariatron répandre leur Chaos !

La déesse apparut au milieu de la lumière blanche et June me lança un regard emplit d’espoir. Je ne devais pas la décevoir.

-J’active l’effet d’Athéna pour rappeler de mon cimetière Kanna, Agent de l’espoir ! Mais ce n’est pas terminé, revis également Athéna, Agent de la paix !

Mes trois monstres se placèrent devant moi et firent face aux monstres de Shadow. J’avais à présent une barrière impénétrable. Il me suffisait d’attendre un tour et Shadow n’aurait plus qu’à s’incliner devant moi. Je ne devais pas perdre ce duel, je ne devais pas le perdre !

-C’est un joli Enchainement, je dois bien le reconnaitre…mais c’est terminé à présent Angéla.

-Co…Comment pouvez-vous affirmer une telle chose ? Essayez de passer avant d’affirmer de telles absurdités !

-Bien, tu l’auras voulu, je pioche. Depuis ma main, je révèle la carte que je viens de piocher, j’ai nommé, Fusion Néant.



Mon sang se glaça dans mes veines, June devint livide et Drago se précipita vers moi avant qu’il ne soit trop tard. Non, il ne pouvait pas…comment…J’étais si proche du but, je ne pouvais pas échouer maintenant, pas après tout ce chemin parcouru…

-Dans les méandres des abysses, au plus profond de cet univers, tu te terrais, banni de la surface de la terre. Prête-moi ta puissance et ensemble, détruisons ce monde qui nous a tant fait souffrir pour en reconstruire un nouveau à partir du néant ! Invocation Parfaite ! Darkness Shadow, maitre Dragon du néant !



Dehors, le tonnerre gonda, le sol trembla, le plafond au-dessus de nos têtes menaça de s’écrouler, et, par la vitre du bâtiment, j’aperçus un œil immense, bleu comme la plus ardente des flammes, empli de haine et de colère. Shadow donna un ordre à la créature du chaos et tout mon terrain disparut dans un trou noir formé à mes pieds. J’étais sans défense et tout ma détermination s’envola lorsque je vis Athéna être emportée à son tour dans les tréfonds des ténèbres. J’avais…Perdu ce duel…

Shadow ordonna à ses monstres de m’attaquer de concert et je ne pus rien faire pour les en empêcher. Drago arriva trop tard et sa main frôla la mienne sans qu’il ne puisse l’attraper. Je fus expulsée de la pièce avec une violence inouïe, fracassant les portes, des millier d’échardes me transperçant le corps au passage, avant de m’échouer dans le couloir, vidée de mes forces, sous le regard triomphant de Shadow…

-Im…Impossible…Je n’ai…rien pu faire…

La dernière chose que je vis fut Drago et June se précipitant sur moi avant de sombrer dans les ténèbres.






Chapitre 26 : La révélation de Saya



Spoiler :



Le général ordonna à ses hommes de se replier et fit demi-tour lorsque Geb transperça d’un coup de griffe l’un de ses tanks comme un vulgaire bout de papier. C’était déjà le troisième bataillon qui battait en retraite et Laura et Saya commençaient à fatiguer à force de répéter toujours la même chose. Cependant, je n’étais pas totalement d’accord avec le plan d’Hélios. Il suivait aveuglément les conseils de Luminion, mais qui nous disait qu’il était plus digne de confiance que les autres ?

Pour le moment, je me contentai d’obéir, faute de mieux, mais je ne comptais pas en rester là avec ce démon, d’autant plus qu’il avait tenté de me prendre Saya, et ça, je ne pouvais pas le digérer. C’est pourquoi je gardai régulièrement un œil sur mon amie, afin d’être certain de ne plus la perdre. Mais pour le moment, elle ne semblait plus décidée à repartir…comme si elle avait trouvé ce qu’elle cherchait ou que ce quelque chose se trouvait dans les environs…

Soudain, Saya se raidit au milieu de la rue et son regard devint vide.

-Saya, quelque chose ne va pas ? S’inquiéta Laura. Tu es toute blême.

-Non…c’est impossible…Bégaya-t-elle.

-Qu’y a-t-il Saya, tu as vu le futur ?

-Oui Darksky…et nous devons immédiatement partir aider Angéla, elle va avoir de gros problèmes !

Je ne posai pas plus de question et je suivis Saya, entrainant Laura à ma suite qui ne comprenait visiblement pas ce qu’il se passait, mais nous n’avions pas le temps pour les explications. Saya ne s’était jamais trompée dans ses visions et la voir aussi affolée ne présageait rien de bon.

Nous courûmes à travers les rues de Paris sans savoir où nous allions mais Saya semblait sûre d’elle et n’hésitait pas une seule seconde. Notre course effrénée dura une bonne vingtaine de minutes avant que nous arrivions à notre destination : la marie de la ville. Je ne pouvais pas expliquer pourquoi, mais ce bâtiment me mettait mal à l’aise. Peut-être à cause des nuages recouvrant le ciel et lui donnant un air menaçant de maison hantée ou à cause du silence effrayant qui y régnait, mais je sentais que quelque chose n’était pas clair dans toute cette affaire.

Cependant, je me détendis légèrement lorsque je vis Ambre et Maya, les amies d’Angéla, postées devant les grandes portes. Lorsqu’elles nous virent, elles nous invitèrent à les rejoindre.

-Darksky, Laura, Saya, vous tombez à pic vous savez. Hélios vous a demandé de venir en renfort ? Nous demanda Ambre.

-En renfort ? Répétai-je sans comprendre ce qu’elle voulait dire.

-Oui, ces idiots de jumeaux se sont faits capturés alors Hélios nous a demandé de les aider ; me répondit Maya, l’air lassée. June, Drago et Angéla sont déjà à l’intérieur depuis un petit moment. D’ailleurs, c’est étrange, ils auraient dû ressortir depuis le temps…

A peine avait-elle dit cela que la terre se mit à trembler, exactement comme le jour de l’apparition des démons. Je craignais déjà le pire avec une riposte conséquente des démons face aux attaques du gouvernement mais ce que je vis fut bien pire.

Juste devant nous, sorti de nulle part, se tenait Darkness Shadow, le monstre le plus puissant que j’avais eu l’occasion de voir jusqu’à maintenant, peut-être même plus puissant que Gariatron lui-même…

Mon sang se glaça dans mes veines, je vis Ambre et Maya devenir blêmes et regarder avec angoisse vers l’intérieur du bâtiment, Laura activa son pouvoir et une énergie sombre scintilla au bout de ses doigts et Saya n’en demanda pas plus et se précipita à l’intérieur.

Non, Angéla ne pouvait tout de même pas…

Je réalisai soudainement ce qui était en train de se passer et je me précipitai à l’intérieur également, suivi de Laura. Le hall d’entrée était vide mais je pouvais facilement entendre les bruits de pas de Saya montant les escaliers ainsi qu’un vacarme assourdissant provenant de l’étage supérieur.

Alors que nous montions à notre tour au premier étage, une nouvelle secousse ébranla le bâtiment et un lustre tomba du plafond juste derrière Laura qui eut tout juste le temps de sauter en arrière pour éviter l’objet mortel.

Cependant, l’escalier venait de s’effondrer sous le poids du cristal et je me retrouvai séparé de Laura, sans moyen immédiat pour la rejoindre.

-Pars devant Darksky, je trouverai un autre moyen, le plus important c’est d’aller aider Angéla !

-Compris.

Je repris ma course et j’arrivai finalement au premier étage et ce que je vis me sidéra. Au bout du couloir, dans le bureau du maire, Angéla livrait un duel contre Shadow et tous ses monstres venaient de disparaitre devant mes yeux. Saya se trouvait quelques mètres devant moi et tentait de les rejoindre, affolée.

Cependant, Shadow donna un ordre à ses monstres et Angéla fut éjectée de la pièce avec une violence inouïe. Saya n’eut pas le temps de la rattraper et elle s’écrasa sur le sol, ses points de vie réduits à zéro, inconsciente.

-Darksky, Saya, vous venez vous aussi assistez au spectacle qui fera basculer ce monde dans une nouvelle ère, une ère où le destin et Armageddon ne seront plus ? Nous lança Shadow, triomphant.

-Nous sommes encore là je vous signale ! Rétorqua June en activant son disque de duel, prête à défier Shadow.

-Il est déjà trop tard chers élus des dieux, mon plan arrive à se phase finale. Admirez.

Le père de Laura se saisit de la télécommande de la télévision et l’alluma sur une chaine d’information. On pouvait y voir la citadelle originelle, encerclée par des centaines de tank, avions, hélicoptères et même quelques monstres de duel. Hélios avait-il échoué finalement ?

-Le spectacle commence…maintenant !

Lorsque Shadow prononça ces mots, toutes les machines de guerre tirèrent en même temps sur la forteresse et le bruit des explosions retentit jusqu’ici. Les premiers tirs ne semblèrent pas affecter les murs mais plus elle recevait de coups, plus les explosions que j’entendais étaient puissantes, et finalement, une des attaques finit par pénétrer le champ protecteur et forma un énorme impact sur le mur.

Shadow esquissa un sourire. Je ne savais pas comment réagir. D’un côté, je savais que je devais arrêter Shadow, sans quoi les démons nous attaqueraient immédiatement, et d’un autre, cet assaut était ce que j’attendais depuis le début. Je voulais détruire cette épée de Damoclès planant sur nos têtes et en finir une bonne fois pour toute avec ces histoires…

-Shadow, vous ne savez pas ce que vous êtes en train de faire ! S’écria Saya.

-Mais si ma très chère Saya, lorsque le destin de ce monde aura basculé, nous réunirons les démons et ensemble, nous finirons ce que qu’ils ont commencé il y a plus de dix mille ans !

-Dix mille ans…mais c’est !…

A ce moment précis, une ombre noire s’éleva derrière Shadow et deux yeux rouges surgirent de l’ombre. Je reculai d’un pas. Gariatron, c’était lui, le démon originel des ténèbres…

-Oui Saya, tu as compris. Lorsque j’ai réalisé que les humains étaient la cause de mon échec, j’ai créé le grand Léviathan afin qu’il éradique définitivement le destin. Cependant, il a échoué, alors j’ai créé Zorc puis les esprits de la terre immortel dans ce même but. Tous ont échoué dans leur mission. C’est pourquoi, j’ai décidé d’intervenir moi-même dans ce conflit en m’alliant avec Hélios il y a cinq-mille ans mais j’ai échoué à mon tour à cause de vous, élus des dieux.

-Cette succession d’échecs ne doit pas être facile à digérer ; ironisa mon amie malgré la peur visible qui se lisait sur son visage depuis l’apparition du démon.

-J’ai donc revu mes plans lorsque je me suis allié à celui que vous appelez Shadow et j’ai enfin compris pourquoi Armageddon n’a jamais dénié se montrer : il était trop faible et n’a pas jugé mes actions nuisibles à son destin. Cependant, cette fois-ci, il ne pourra pas ignorer plus longtemps notre existence ! S’il le fait, cela signifiera que le destin n’existera plus et qu’il n’a plus aucun pouvoir sur nous ! Quelle que soit l’issue, je sortirai vainqueur de ce combat et personne ne pourra m’en empêcher ! Vous pouvez bien évidemment essayer, mais il est trop tard. Les rouages du destin se sont déjà mis en marche, et cette fois-ci, des rouages que j’aurais créé !

L’ombre disparut tandis qu’au dehors, les coups de feu retentissaient toujours d’après la retransmission et les démons ne faisaient rien pour se défendre. Cependant, après avoir entendu le discours de Gariatron, le doute s’installa encore plus en moi. Devions-nous vraiment combattre Gariatron à présent ? Je voulais certes le faire payer pour ce qu’il avait fait l’année passée, mais s’il disait vrai, alors il n’y avait qu’un seul fautif : Armageddon, le destin régissant ce monde…Il fallait qu’Armageddon soit détruit, j’en étais maintenant convaincu mais…était-ce vraiment la meilleure méthode ?

-Shadow, ce chaos ne sauvera pas ce monde, il ne fera que le détruire ; intervint Drago.

-Précisément, si ce monde est détruit, j’en rebâtirai un nouveau, un monde parfait, où il n’y aura ni Armageddon, ni dieux, ni démons, un monde où nous pourrons enfin vivre en paix !

-Un monde où vous serez le maitre absolu plutôt.

-June, ma chère, si le seul moyen pour obtenir la paix est de devoir m’imposer comme chef suprême, alors oui, je jouerai ce rôle et je…

Shadow fut interrompu dans sa phrase par une nouvelle explosion au loin. Il pencha la tête sur le côté, comme si ce n’était pas prévu et regarda la télévision avant d’écarquiller les yeux.

Devant la forteresse de pierre, un grand dragon or et argent se tenait et irradiait sa lumière tout autour de lui. Il bloquait les tirs ennemis d’une seule main et les renvoyait à leur propriétaire sans même une égratignure. Un homme se trouvait également sur son épaule : Hélios, et le Dragon hiératique parfait !

-Hélios, tu vas encore tout gâcher ! Cracha Shadow fou de rage.

Dans un tourbillon sombre, notre ennemi disparut, nous laissant seuls avec la télévision dont la retransmission s’arrêta au même moment. Fallait-il que nous y allions, nous aussi ? Hélios devait bien être capable de se débrouiller seul mais…même si je ne savais plus quoi faire, je ne pouvais pas rester ici alors que tout se jouait sous la grande forteresse.

June libéra les jumeaux qui étaient ligotés, et le maire ne se fit pas prier pour s’enfuir. Laura arriva par un escalier de secours et ne put que constater l’étendue des dégâts.

-Que…Que s’est-il passé ici ? Bégaya-t-elle.

-Je savais que tout cela n’était pas clair ; râla Satoshi quand June lui enleva son bâillon. Les politiques sont tous les mêmes, des imbéciles ! Nous avons simplement cherché à jouer aux héros et voilà où ça nous a menés !

-Nous avons bien fait de nous méfier on dirait. Si nous n’avions pas insisté auprès d’Hélios…Je ne préfère même pas y penser ; continua sa sœur, pâle comme un linge. Mais dis-moi Drago, comment va Angéla ?

-Elle est vivante, simplement inconsciente et épuisée.

-Tu me soulages, je me serais vraiment sentie mal si elle avait été blessée gravement par notre faute…Mais Shadow doit être arrêté au plus vite. Si les démons passent à l’attaque maintenant, notre monde ne s’en relèvera pas, Armageddon ou pas !

-Oui, mais comment faire ? Vous avez bien vu, avec le pouvoir de Gariatron, il est presque inarrêtable ; se lamenta June.

-Moi, je sais comment faire ; dit soudainement Saya.

Tous les regards se tournèrent vers elle et mon cœur se serra. Je sentais que j’étais sur le point d’apprendre quelque chose que ne me plairai pas du tout. La jeune fille prit une grande inspiration et commença à parler d’un ton solennel :

-Tout le monde, j’ai quelque chose à vous avouer. Je ne suis pas celle que vous croyez.

-Tu…n’es pas Saya ? Demanda Laura, déboussolée.

-Je suis bien Yuiko Saya, mais je ne suis pas une simple lycéenne ou une élue des dieux comme vous le pensez. Je suis l’émissaire de Luminion, et celle qui devra mettre fin à la guerre incessante entre Dieux et Démons.


Non, Saya…tu ne pouvais pas…D’abord Laura…puis toi ? J’avais le sentiment que les démons jouaient avec mes sentiments, me prenant toutes les personnes auxquelles je tenais et ma haine pour eux s’accrut.

-L’émissaire de Luminion tu dis ? Sais-tu ce que cela implique Saya ? Rétorqua Laura. J’ai été l’émissaire de Gariatron et je peux t’assurer que rien de tout ce qu’il t’a promis ne deviendra réalité !

-Et pourtant, il m’a déjà donné ce que je voulais.

-Et que voulais-tu ?

-Simplement pouvoir revoir Darksky.

J’écarquillai les yeux. Alors c’était de ma faute si Saya avait prêté allégeance à Luminion ? Parce que je ne l’avais pas accompagnée lorsqu’elle avait décidé de fuir Hélios ? Si j’avais su que cela la conduirai à faire une telle absurdité, je l’aurais accompagnée sans l’ombre d’un doute !

-Mais ne croyez pas que je suis stupide non plus ; reprit-elle en voyant mon angoisse. Je fais cela parce que je partage les mêmes convictions que lui.

-Les mêmes…conviction ?

-Oui Laura, comme je l’ai expliqué à Darksky, je n’ai pas de parents, ceux-ci m’ont abandonnée et j’ai toujours vécu seule, exclue des autres. J’étais tellement mal insérée dans le présent que j’en venais à voir le futur. Puis sont venus Hélios, Gariatron et maintenant les autres démons. J’ai vécu assez de malheurs dans ma vie pour comprendre ceci : le destin est cruel. Il joue avec vous et vous prend tout ce que vous avez. Ce sentiment qu’est l’espoir n’est qu’une illusion si tout est décidé à l’avance…

-Penses-tu…vraiment cela, Saya ? Murmurai-je, redoutant sa réponse.

-Oui…je le croyais, jusqu’à ce que j’arrive dans ce club cette année.

-Tu veux dire…

-Dans ce club, j’ai enfin eu l’impression d’avoir trouvé ma place, un chez moi. C’est certainement pour ça que mes visions ont cessé, parce que je n’avais plus besoin de fuir la réalité en étant avec vous tous et j’ai réalisé une chose : le destin, Armageddon, n’est pas infaillible et j’en ai eu la preuve. Le jour précédent mon arrivée, j’ai eu une vision. Dans cette vision, il n’y avait pas de club de duel. Il n’y avait que Laura, Darksky et moi.

-Un monde sans le club de duel ? J’ai vraiment du mal à me l’imaginer ; frissonnai-je.

-En vérité, lorsque je suis arrivée ici, je n’avais qu’une mission, retrouver Luminion mais il semblerait que je me sois égarée en chemin. Je me suis tellement amusée avec vous tous que j’en ai oublié la véritable raison de ma venue dans cette ville. Mais Luminion m’a contactée le matin précédent le retour des démons et j’ai voulu fuir pour ne pas vous causer davantage de problèmes. Je suis désolée si j’ai pu vous paraitre lâche…mais je ne savais plus quoi faire. Je voulais vous protéger…mais je voulais remplir ma mission qui aurait mis fin à la guerre, j’ai pensé que !

Elle s’interrompit lorsque je la pris dans mes bras.

-N’en dis pas plus Saya.

-Darksky…

-Tu n’as pas à porter le fardeau du monde, seule sur tes épaules. Même si je ne peux pas concevoir de me plier à la volonté de Luminion, je veux encore moins te perdre…alors je t’aiderai. Nous t’aiderons tous à remplir ta mission.

-Mais tu ne sais même pas…

-Je ne sais peut-être pas en quoi elle consiste exactement, mais je sais que si tu as accepté, alors elle ne peut être que bénéfique. Je te connais Saya, tu es quelqu’un de bien, jamais tu ne mettrais en péril ce monde, pas maintenant que tu as ta place dans le club !

-Ne me ferais-tu pas un peu trop confiance Darksky ? Dit la jeune fille blonde, une pointe d’ironie dans la voix.

Laura s’avança à son tour et sourit à mon amie à sa grande surprise.

-Saya, le but de Luminion est de sauver le monde, alors sache que je suis derrière toi. Plus jamais je ne me plierai à Gariatron.

Drago, les jumeaux et June restèrent en retrait, ne sachant pas s’ils devaient se joindre à nous ou pas, mais leur attention fut prise lorsqu’Angéla entrouvrit les yeux en gémissant.

-Oh ma tête…

-Angéla, tout va bien ? S’inquiéta June.

-Je crois que je suis vivante oui…

Soudain, la jeune fille écarquilla les yeux et s’éveilla totalement, comme prise d’une angoisse soudaine.

-Et…Et Shadow, où est-il maintenant ?

-Parti affronter Hélios ; le répondit Satoshi sans émotion.

-Quoi ? Mais il faut aller le rattraper et…

Angéla tenta de se lever mais grimaça lorsqu’elle s’appuya sur sa jambe et June lui conseilla de rester allonger et lui expliqua la situation.

-Vraiment, Saya, tu as un plan ? Dans ce cas, qu’attendez-vous tous pour le mettre en place ? S’étonna-t-elle.

-Nous avons eu…un léger contretemps ; dit mon amie malicieusement. Mais passons. Mon plan est assez simple en réalité. Pendant qu’Hélios et Shadow s’affronteront, nous en profiterons pour nous introduire à l’intérieur de la citadelle. Une fois rentrés, nous nous occuperons des démons et nous les convaincrons d’arrêter cette guerre avant qu’elle n’ait commencé.

-Ce plan me parait un peu trop simpliste pour réussir ; fit remarquer June, perplexe.

-La simplicité est la clé de la réussite ma chère June ; rétorqua Saya avec un grand sourire.

-Nous sommes tout de même peu nombreux, à six, nous n’y arriverons pas ; rajouta Drago. Darksky, est-ce que tu penses que les autres membres de ton club pourraient se joindre à nous ?

-Il ne devrait pas y avoir de problème, je les contacte.

J’envoyai un message à Miyako, Denys, Julie, Alan, et Iori pour les prévenir et leur demander de se rassembler tous en dessous de la citadelle dans moins de dix minutes. Une fois que tout le monde fut prévenu, Saya reprit la parole.

-Une dernière chose, ne vous inquiétez pas pour Hélios. Il n’en a peut-être pas l’air, mais il saura faire face à Shadow.

-J’espère que tu dis vrai, mon père possède tout de même le pouvoir de Gariatron…

-Oh mais Hélios possède lui aussi un pouvoir terrifiant.

-C’est-à-dire ?

-Vous verrez sur place ; lui affirma Serena en souriant bêtement.

Saya n’ajouta rien et se contenta de sortir du bâtiment. Nous n’eûmes d’autre choix que de la suivre. Angéla récupéra Ambre et Maya au passage et leur expliqua la situation. J’étais vraiment soulagé que Saya nous ait enfin révélé son secret, je la trouvais vraiment étrange depuis son retour. Même si je n’appréciai pas la tournure des événements, je préférai cela à perdre mon amie sans savoir pourquoi et si le seul moyen pour la garder était de faire alliance avec Luminion, alors je le ferais, sans l’ombre d’un doute.

Nous arrivâmes au pied de la forteresse dix minutes plus tard et nous ne pûmes que constater les dégâts causés par le combat opposant Hélios à Shadow. Tout autour de nous, des cratères fumant s’étaient formés et de nombreuses voitures étaient totalement détruites. Dans le ciel, deux dragons s’affrontaient : Atum et Darkness Shadow. Je ne savais vraiment pas qui l’emportait sur l’autre. D’un côté, Atum se mouvait bien plus facilement que le gros dragon de pierre et esquivait aisément les attaques destructrices, mais ses propres attaques ne semblaient pas beaucoup affecter le colosse.

L’armée s’était repliée dans un coin et attendait certainement que l’un des deux combattant soit exténué pour reprendre les tirs contre la forteresse. Nous allions devoir agir vite si nous voulions avoir une chance de raisonner les démons…

Miyako, Denys, Julie, Iori et les UWS arrivèrent juste après nous et furent tout aussi consternés devant le spectacle qui s’offrait à eux.

-Hélios ? Mais que fait-il ? S’étonna Miyako en fronçant les sourcils.

-Il nous fait gagner un peu de temps. Mais écoutez-moi tous maintenant s’il vous plait.

-Saya, que se passe-t-il ?

-C’est très simple Miyako, nous allons mettre fin à cette guerre avant même qu’elle ne commence.

-Très…certainement, mais concrètement ?

-Nous allons nous introduire dans la forteresse et nous nous diviserons en plusieurs groupes. Mais notre but n’est pas le combat, nous devons l’éviter à tout prix. Nous y allons pour négocier la paix. N’utilisez la force qu’en dernier recours.

-Attends Saya, tu veux vraiment y aller ? Demanda Iori inquiète. Je veux dire…Tu n’es pas obligée, tu devrais plutôt…

-Non, je dois y aller aussi. C’est mon plan, je dois y participer.

Je vis Iori grimacer. Pourquoi ne voulait-elle pas que Saya prenne part à l’opération ? Cette fille était décidemment bien mystérieuse et semblait en savoir bien plus que nous…

-Si je peux me permettre, j’aurais une remarque à faire ; déclara alors le grec.

-Oui, je t’écoute.

-Il est inutile que nous y allions tous. Certains doivent rester au sol pour surveiller l’armée où même aider Hélios si les choses tournent mal. Vous comprenez ?

-C’est vrai que j’avais négligé ce détail, mais qui devra rester à terre dans ce cas ?

-Les UWS se chargeront de l’armée, ne vous inquiétez pas de ça.

-Denys et moi allons rester là aussi, nous serons plus utiles au sol je pense ; dit Julie.

-Pareil pour nous ; déclara Ambre. Nous serons plus une gêne en haut, alors ne vous inquiétez pas de nous et foncez.

-Mais si vous avez des problèmes, ce dont je ne doute pas, n’hésitez pas à appeler, nous vous rejoindrons et nous mettrons une belle raclée à ces démons ! Renchérit Maya.

-Mon frère et moi, nous allons aider Hélios. Il a beau être fort, son ennemi est terrifiant…Continua Serena en levant la tête et voyant le dragon d’Hélios projeté sur les murs de la forteresse.

Cela ne laissait donc que Laura, Drago, Angéla, June, Miyako, Saya, Iori et moi, deux pour un démon…C’était peu, mais nous devions avoir la force nécessaire pour les vaincre. Après tout, nous nous étions entrainés jours et nuits pour cette occasion, c’était le moment de récolter les fruits de notre dur labeur.

Je m’apprêtai à dire quelque chose d’encourageant lorsqu’une explosion retentit dans le ciel et je vis le dragon parfait d’Atum être éjecté et s’écraser à l’intérieur du stade. Nous n’avions plus beaucoup de temps…

-Préparez-vous tous, le temps est compté ! Hurlai-je à tout le monde. Conduis-nous jusqu’en haut, Nout, déesse créatrice des cieux !

Je brandis la carte de ma mère et le grand phénix apparut dans le ciel. Shadow le notifia car son dragon se retourna et s’apprêtait déjà à m’attaquer lorsqu’il dû s’interrompre au dernier moment pour esquiver une balle de lumière créée par Atum.

-Viens me rejoindre toi aussi, Trishula, Perfection de la barrière de glace !

Le dragon bleu de Laura vint se placer à côté de l’oiseau de feu, créant ainsi une très étrange sensation de chaleur et de froid en même temps.

-Illumine les cieux, Dragon éclipse Parfait !

-Mets fin à la souffrance, Athéna, Déesse protectrice de la perfection !

Les deux autres monstres parfaits nous rejoignirent. Je montai entre les deux ailes de Nout, Saya derrière moi, tandis que Drago se plaça dans le creux de la main de son dragon, Miyako dans l’autre. Laura alla se poster sur la tête de Trishula avec Iori et Athéna prit Angéla et June dans ses bras.

Nos monstres s’envolèrent, tandis que nos amis restés à terre nous faisaient des signes d’encouragement. Je n’aimais pas vraiment voler ainsi mais c’était le seul moyen pour nous de parvenir à l’intérieur de la forteresse.

Alors que nous étions presque arrivés à l’entrée formé par l’explosion de l’une des attaques de l’armée, je sentis un froid glacial me mordre la peau et cela n’avait rien à voir avec Trishula. Non, c’était souffle vidé de toute chaleur, comme vidé de son énergie.

Je me retournai et je crus que mon cœur allait s’arrêter de battre. En dessous de nous, Atum et Darkness Shadow se faisaient toujours face, mais une troisième entité venait d’entrer en scène ; une ombre, grande, à l’aura maléfique, aux yeux rouges et émanant du père de Laura.

L’ombre devint matérielle et de la peau se forma sur elle. Deux grandes ailes sombres apparurent, ainsi que deux pattes griffues, une longue queue et une petite tête au bout d’un long coup serpentin. Je n’eus aucun doute sur l’identité de cette créature.

-Non, ce n’est pas possible…

La créature rugit et tous mes amis s’arrêtèrent net et Laura laissa échapper un cri de surprise.

-Je suis Gariatron, Démon Originel des ténèbres. Tremblez humains, car le voile des ténèbres va s’abattre une nouvelle fois sur ce monde…

Le démon venait de renaitre sous mes yeux. Alors que nous l’avions vaincu moins d’un an plus tôt, la créature des ténèbres refaisait surface, plus déterminée que jamais à accomplir son œuvre.

Shadow affichait un visage triomphant tandis qu’Hélios grimaçait en voyant son ancien hôte. Etait-il trop tard ? La terre allait-elle replonger dans une guerre incessante de laquelle nul ne sortirait vivant ?

Je me tournai vers mes compagnons et tous semblaient pétrifiés. Que faire ? Tenter de pénétrer l’imposante citadelle ou aller aider Hélios à se battre ? Nous avions en notre possession les moyens de lutter à armes égales avec le démon, mais si nous faisions ça, ses camarades risquaient de nous attaquer par la suite. D’un autre côté, si nous laissions Hélios seul, Gariatron sortirait vainqueur…Comment avions-nous pu nous mettre dans une telle impasse !

-Je le sens, l’espoir ; s’écria alors Saya en écarquillant les yeux de stupeur.

-L’espoir ? Tu as complètement perdu la tête ma pauvre Saya ! Rétorqua Miyako.

-Non, je ne suis pas folle, il est tout proche…

-Il ? Qui donc ? Lui demanda Laura, sceptique.

-Luminion.

Au même moment une vive lumière émana de la main d’Hélios et fit reculer le démon des ténèbres qui ne s’attendait visiblement pas à une riposte aussi rapide de son ennemi.

-On dirait bien que je ne peux pas te cacher plus longtemps mon vieil ami ; déclara Hélios avec un sourire.

La lumière dans la paume de sa main s’intensifia puis, tout comme l’ombre de Shadow, commença à s’étendre et à prendre forme. Un long coup émergea de la lumière, puis deux mains griffues, deux jambes et des ailes d’or couvertes de fines plumes. Enfin, la tête d’un dragon se forma, une couronne de lumière scintillant sur sa tête. La créature dégageait une aura aussi puissante que celle de Gariatron, à la différence qu’elle était pure et brillante.

-Toi qui t’opposes au destin et évolues dans la lumière la plus pure, je te libère de ta prison éternelle. Brille au milieu des ténèbres et montre-nous la voie qui nous mènera à un avenir plus radieux ! Luminion, démon Originel de l’Eclat !

-Luminion, impossible ! Hurla le démon en crachant une rafale de flammes noires sur l’être de lumière.

Contre toute attente, l’attaque de Gariatron ne toucha jamais sa cible et fut comme absorbée par la lumière entourant le démon de l’Eclat.

-Hélios…je savais que c’était vous qui possédiez le pouvoir de Luminion depuis le début ; murmura Saya.

Un rayon de lumière perça alors l’épaisse couche de nuage, ramenant le soleil sur la ville et la peau noire de Gariatron se mit à fumer, comme si la seule présence de l’astre du jour le brulait. Une voix grave résonna dans le ciel provenant de la créature d’Hélios.

-Je vois que tu n’as pas changé, Gariatron, toujours aussi impulsif.

-Luminion, sale traitre, tu oses te présenter à nouveau devant ton roi ? Cracha le démon des ténèbres, furieux.

-Oui, je suis un traitre, mais nous le sommes tous depuis que nous nous sommes rebellés contre Armageddon.

-Toi…Ne me dis pas que tu t’opposes à moi-même sur Armageddon !

-Mes positions n’ont pas changé depuis cinq mille ans Gariatron. Nous ne pouvons pas vaincre le destin sans aide. Abandonne ta fierté et allie-toi aux humains et nous aurons peut-être une chance. Dans le cas contraire, nous sommes tous perdus !

-Silence, je n’ai que faire de tes considérations Luminion, j’ai tout abandonné pour combattre Armageddon, je ne plierai pas !

Gariatron repassa à l’attaque, mais cette fois-ci, l’intensité des flammes était telle que je ressentais la chaleur de ma hauteur. Elles n’étaient plus noires mais d’un bleu intense. Cependant, Luminion ne bougea pas et se contenta de les arrêter d’une seule main, exactement de la même façon qu’Hélios l’avait fait avec Shadow.

-La force seule ne pourra t’apporter la victoire Gariatron.

-Shadow, détruis-moi ce misérable !

-Mais avec plaisir, je n’avais pas besoin de ton accord pour le faire. Darkness Shadow, Void Beam !

-Riposte Atum ! S’écria Hélios.

Le dragon parfait vint se placer sur la trajectoire de l’attaque de Darkness Shadow et la contra en la faisant dévier vers le ciel ou elle explosa dans un millier d’étoile noire. Je crus réellement que Gariatron allait devenir fou lorsqu’il vit cela.

-Gariatron, tu ne peux pas me vaincre ; dit Luminion très calmement.

Un orbe lumineux se forma au creux de sa main, orbe qui grossit à vue d’œil jusqu’à atteindre la taille d’un gros boulet de canon. Le démon de l’éclat projeta son attaque directement sur Gariatron qui tenta à son tour de la contenir mais il fut rapidement submergé et il disparut dans la lumière en poussant un cri de rage. Lorsque l’attaque se dissipa, je vis Gariatron battre faiblement des ailes pour se maintenir dans les airs, mais il m’était difficile de penser qu’il pouvait encore se battre.

Luminion…il venait de mettre au tapis celui qui avait terrorisé l’humanité pendant trois longues semaines, et tout cela, d’une seule attaque…J’étais vraiment heureux qu’il fût dans notre camp…Mais si tous les autres démons étaient aussi puissants que lui ?

-Saya, Elus des dieux, c’est le moment ; résonna une voix dans ma tête.

Apparemment, je n’étais pas le seul à l’avoir entendue car tout le monde commença également à regarder de tous les côtés pour voir qui venait de prononcer cette phrase.

-Luminion ?

-Je peux contenir Gariatron pour le moment, mais le temps est compté. Dépêchez-vous de raisonner mes frères, sans quoi une guerre interminable commencera. Ne vous inquiétez pas pour Hélios et vos amis, je les protégerai.

Sans en attendre d’avantage, j’ordonnai à Nout de reprendre son ascension vers la forteresse et tout le monde me suivit. Soudain, quelque chose sur les murs de la citadelle brilla et, instinctivement, je me décalai sur le côté. L’instant d’après, un puissant rayon nous frôla et s’écrasa au sol avec fracas.

-Zut, les défenses de la forteresse ne sont pas totalement hors service ; râlai-je.

-C’est ce qu’on verra, Dragon éclipse Parfait, Perfect Beam Light !

De la bouche de dragon violet sortit une salve de flammes rouges qui se heurta à une seconde attaque de la forteresse.

-Laisse-moi faire Drago ; l’interrompit Laura. Trishula, montre-nous ce que tu sais faire !

Le monstre de glace rugit et une brume blanche se forma autour de lui puis les yeux de mon amie prirent un reflet bleu glacé avant que le dragon ne relâche son attaque. La glace ébranla la forteresse et détruisit apparemment le canon qui nous visait puisque le rayon cessa immédiatement.

-Et voilà, alors les démons, qu’est-ce que vous répondez à ça !

-Je suis sûre que tu ne veux pas connaitre la réponse Laura ; la taquina Angéla.

-Ah bah bravo, je crois qu’ils t’ont entendue le génie ; râla Miyako lorsqu’une autre explosion retentit.

Le ciel se couvrit alors de millier de points noirs…Non, ce n’étaient pas de simples points noirs, il s’agissait de monstre, et ils arrivaient par millier !

-Ils ne m’arrêteront pas, Trishula, c’est reparti !

Le dragon de glace attaqua à nouveau et toucha dans le mille. Cependant, lorsque la fumée se dissipa, il y avait autant de monstres qu’avant, toujours plus proches de nous.

-Nout, Flammes divines ! Hurlai-je précipitamment.

Le feu de la déesse consuma une bonne partie des monstres des démons, mais à peine avaient-ils disparus qu’ils étaient déjà replacés, comme des abeilles sortant d’une ruche…

-Ils sont trop nombreux, nous ne passerons jamais ; me lamentai-je déjà.

-Toujours aussi peu combattif Darksky, tu vas voir ce que je leur dis à ces monstres ! Répliqua Saya. Protège-nous, Chaofeng !

Alors que la vague de monstres arrivait sur nous, ils furent tous stoppés à un endroit précis et s’écrasèrent contre un mur invisible, juste devant le monstre de Saya.

-Ils sont coriaces ; lança-t-elle en grimaçant.

-Nous ne pouvons pas passer en force, ça ne sert à rien ; Dit June très calmement. La force ne sert à rien dans une situation pareille, il va falloir faire preuve de stratégie.

-Tu as un plan June ? Parce que je n’aime pas du tout la façon dont tous ces monstres nous regardent ; lui répondit Angéla, pâle comme un linge.

Effectivement, tout autour de nous, des créatures ailées s’étaient accumulées. Elles étaient certes bloquées par la barrière de Chaofeng, mais l’énergie de Saya semblaient s’épuiser à vue d’œil. Le temps était compté car une fois la barrière brisée, nous serions submergés par le nombre…

-Oui, j’ai un plan mais j’aurais besoin de la coopération de tout le monde, et d’une synchronisation parfaite.

Nous acquiesçâmes tous comme un seul et un léger sourire traversa le visage de June.

-Bien, Saya, lorsque je te le dirai, brise la barrière qui retient les monstres.

-Qu…quoi ?

-Fais-moi confiance. Une fois ceci fais, Darksky, tu utiliseras Nout pour repousser les ennemis le plus longtemps possible. Débrouille-toi, mais ne les laisse pas s’approcher.

-Evidemment, j’ai le rôle le plus dur…mais j’y arriverai, compte sur moi.

-Bien, Drago, Miyako, Angéla et moi-même attaquerons tous en même temps. Cela devait être suffisant pour ouvrir une brèche dans ce flot de monstres.

-Tu penses vraiment que nous avons la puissance nécessaire ?

-Je ne sais pas Angéla, mais c’est notre seul espoir. Laura, Iori, la phase finale du plan repose sur vous : je veux que vous vous engouffriez dans cette brèche et que vous remontiez tout en haut. De là, Trishula pourra geler tous les ennemis et on obtiendra un bel effet domino.

-Ca me semble réalisable, tu es prête Iori ?

-O…Oui ; bégaya-t-elle comme sortant de ses pensées.

-Nous ne pouvons pas échouer, Hélios compte sur nous pour raisonner les démons, et nous y arriverons ! S’exclama Miyako.

Nous lançâmes tous un « hourra » général puis Saya, à bout de force, relâcha son bouclier et son monstre disparu, tandis qu’une nuée d’adversaire se précipitèrent sur nous. Je concentrai toute mon énergie que je transmis à Nout. Le phénix rouge vira au bleu l’espace de quelques instants, bleu qui se retrouva dans les flammes ardentes de la déesse qu’elle dispersa tout autour d’elle. Maintenant un flux constant était épuisant, mais je n’avais pas le droit à l’erreur.

Athéna et le Dragon éclipse parfait orientèrent toutes leurs forces vers un seul et même point. Comme June l’avait prévu, ils réussirent à ouvrir un passage dans le flot de monstres. Laura me lança un regard inquiet et je lui souris pour l’encourager. A présent, tout reposait sur ses épaules.

Je vis Trishula s’élever lentement au-dessus de moi et pénétrer à l’intérieur du cercle de monstres.

-Je crois en toi Laura, tu peux le faire…

J’attendis une minute, puis deux, puis cinq mais rien ne se passa. Mon cœur se mit à battre plus vite et je commençai à suer à grosse gouttes. Laura mettait trop de temps, ce n’était pas normal. Et moi qui étais coincé là, à repousser les ennemis…

-June, qu’est-ce qui se passe à la fin, pourquoi Laura met-elle autant de temps ?

Elle me répondit simplement par une grimace d’angoisse. Non, définitivement, ce n’était pas normal. Je ne pouvais pas rester là, je devais y aller moi aussi !

-Delteros, viens nous prêter main forte !

Je me tournai vers Miyako et elle me rendit un regard assassin. Mais je compris ce qu’elle voulait me dire. Je cessai d’attaquer et je m’engouffrai à mon tour dans le gouffre béant tandis que le chevalier de Miyako repoussait les ennemis à ma place.

Je montai, toujours plus haut, toujours plus vite, dans ce couloir de flammes qui n’en finissait pas. Combien de dizaine de milliers de monstres allais-je devoir encore passer avant de sortir ?…

Soudain, une faible lueur me parvint au loin et j’accélérai encore le pas. C’est la que je finis par voir Laura et Iori, aux prises avec des créatures qui semblaient particulièrement coriaces. Je n’hésitai pas une seconde et Nout les dégagea d’un seul coup.

-Darksky ? Que fais-tu là ? S’étonna mon amie.

-Je suis venu te sortir du pétrin, qu’est-ce que tu crois. Je n’ai pas…

-Attention !

Trishula repoussa Nout d’un coup d’aile et plusieurs flèches enflammées me frôlèrent. Je compris alors pourquoi le plan de June ne fonctionnait pas. Ces monstres n’étaient pas stupides et ne suivaient pas bêtement les ordres de quelqu’un, non, ils combattaient réellement, comme des entités indépendantes.

Je levai les yeux pour regarder la forteresse ressemblant à un mirage inatteignable lorsqu’un éclat attira mon regard. Le temps que l’information soit retransmise à ma bouche, il était trop tard.

-L…Laura, derrière toi !

Elle se retourna précipitamment et écarquilla les yeux de frayeur lorsqu’elle vit un rayon sombre foncer droit sur elle.

-Garunix, Avatar, roi Ultime du Feu !

Ce nom retentit dans les airs et un tourbillon de feu s’interposa entre Trishula Parfait et le rayon.

-Ga…Garunix ?

Non, impossible…je ne connaissais qu’une seule personne possédant un tel monstre. Je me rapprochai de la forteresse et je distinguai une forme humaine à travers le trou formé par l’armé, une jeune fille pourtant une jupe courte, un pull blanc et par-dessus, une cape rouge sang.

-Na…Nagisa, est-ce que c’est toi ? Demandai-je plein d’espoir.





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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [26/07/2014] à 03:02

Chapitre 27 : Vent de rébellion



Spoiler :


Cela faisait bien dix bonnes minutes que nous attaquions sans relâche cette armada de monstres mais nous ne percevions aucun changement, pas la moindre ouverture ou le moindre relâchement dans le flot continuel d’attaques. Pourtant le plan de June aurait dû fonctionner, ses plans fonctionnaient toujours !

Darksky aussi était parti depuis un petit moment et depuis, nous étions sans nouvelle de lui, et il nous était impossible d’y aller nous aussi, sans quoi le flot de monstre nous submergerait en un instant. Tout ce que nous pouvions faire, c’était espérer que tout le monde allait bien au-dessus de cette masse informe…

A côté de moi, un monstre explosa. Je ne l’avais même pas vu arriver, et sans le chevalier de Miyako, il m’aurait certainement atteinte…

-Bon sang, mais qu’est-ce qu’il fabrique ! Râla la jeune fille aux cheveux flamboyants. Angéla, June, Drago, je ne sais pas si nous pourrons tenir encore longtemps à ce rythme !

-Je le sais bien, mais que pouvons-nous faire de plus ? Demanda Drago tout en faisait disparaitre trois monstres d’un seul coup.

Au même moment, je reçus un appel sur mon portable. Ce n’était pas du tout le moment…mais je ne sais pas pourquoi, quelque chose me disait qu’il s’agissait d’un appel important et je décrochai donc.

-Angéla, Dieu soit loué, tu es saine et sauve !

-Maya, est-ce que tu pourrais rappeler plus tard s’il te plait, je suis légèrement occupée là !

-Je m’en doute bien mais j’ai quelqu’un qui voudrait te parler.

-Quoi, maintenant ? Ça ne peut pas attendre ?

-Non Angéla, c’est maintenant ou jamais ; me dit alors Sherry qui avait visiblement pris le téléphone.

-Qu’y-a-t-il Sherry, un problème en bas avec Gariatron ? Lui demandai-je inquiète de sa présence.

-Certainement moins qu’en haut j’imagine, mais ne vous découragez pas, même si la situation vous parait désespérée, surtout, ne baissez pas les bras !

-S…Sûrement oui, merci pour ce conseil…Dis-je, peu sûre de savoir quoi répondre exactement.

-Une autre chose, une fois que vous serez à l’intérieur, toutes les communications seront coupées, donc je préfère vous le dire maintenant, mais vous ne serez pas seuls, quelqu’un est déjà sur place et saura vous guider.

-Un espion ?

-Angéla, attention !

Le dragon éclipse parfait poussa Athéna sur le côté pour nous éviter une autre attaque et mon téléphone m’échappa des mains sous l’effet de surprise et tomba dans le vide.

-Ce n’est pas vrai, tout mais pas ça ! Je gémis en le regardant disparaitre lentement.

J’allais continuer à me plaindre quand soudain, la masse informe de monstres se dispersa et une étrange pluie d’étoile glacées tomba du ciel. Je levai la tête et mon cœur fit un bond. Des créatures complètement congelées se rapprochaient à grande vitesse, telles des météorites. J’eus tout juste le temps de dire à Drago et Miyako de dégager et nous pûmes nous en tirer sans trop de dégâts, mais nos ennemis, eux, ne furent pas assez vifs et furent emportés comme de vulgaires pierres.

-Que…Qu’est-ce que c’était que ça ? Bégaya Miyako totalement déboussolée.

-Laura a dû réussir…Lui répondit June avec espoir.

-Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, c’est d’aller voir ça de plus près ; lança Drago en partant déjà à leur rencontre avec Miyako.

Je souris à June pour la féliciter de son plan puis nous les suivîmes. Maintenant que l’horizon s’était dégagé, je voyais très bien la grande forteresse grise et elle était encore plus grande que ce que j’imaginais…Je pensais que la citadelle des Dieux était impressionnante, mais ce n’était rien face à cette chose gigantesque flottant dans le ciel.

Devant moi, j’aperçus trois formes se détachant du gris des murs de pierre, certainement Nout, Trishula et…et qui ?

Je fronçais les sourcils pour essayer de distinguer le nouveau venu : un phénix flamboyant, comme Nout, mais surmonté d’une sorte d’armure dorée brillant sous son propre éclat. C’était la première fois que je voyais une telle créature et pourtant, j’avais l’impression de la connaitre…

Nous arrivâmes rapidement à la hauteur de Darksky, Iori, Laura et Saya. Je m’apprêtai à les féliciter eux aussi mais je me retins en voyant leurs expressions figées devant le grand phénix. Etait-ce un ennemi ?

-N…Nagisa ! S’écria soudainement Miyako en pointant la forteresse.

Je me retournai et je vis effectivement la jeune fille dans une des fissures des murs, pourtant une grande cape rouge comme les serviteurs de Pyros. Alors comme ça, ce phénix était bel et bien un ennemi…J’étais sur le point d’ordonner à Athéna d’attaquer lorsque l’ancienne amie de Darksky fit un geste qui me surpris : elle nous fit signe de venir la rejoindre.

Etait-ce un piège ? Certainement puisqu’elle nous avait trahi…mais je repensai soudain aux paroles de Sherry. Le phénix, comme pour nous montrer l’exemple, revint vers sa maitresse sans nous attaquer avant de disparaitre dans une colonne de flammes.

-De toute façon, nous devons rentrer dans cette forteresse ; dis-je en haussant les épaules.

Je pris la direction de l’ex membre du club de duel, puis Drago me suivit avec Miyako. Darksky, Laura, Iori et Saya furent les derniers à se décider.

Nagisa s’écarta lorsque nous nous posâmes sur le sol de la forteresse grise et je pus observer l’intérieur. Il était sobre, un long couloir éclairé avec des torches, des murs de pierre nue, comme à l’extérieur et un sol régulier pour un plafond asse bas malgré la taille de l’édifice.

Tout le monde se mit en ligne devant Nagisa, personne ne sachant exactement quelle position avoir avec elle et je sentais de l’électricité dans l’air, comme si tout aurait pu exploser à n’importe quel moment. Cependant, la jeune fille fit quelque chose qui surprit tous ses anciens camarades de club : elle leur sourit.

-Enfin, ce n’est pas trop tôt, je commençai à en avoir marre de grimacer tout le temps ! S’écria-t-elle en rigolant.

Personne ne répondit rien et elle prit un air ennuyé.

-Bah quoi, vous n’êtes pas content de me revoir dans votre camp ?

-Nagisa…je ne sais pas comment te le dire mais…A quoi tu joues bon sang ! S’exclama Miyako, visiblement furieuse.

-Ah, suis-je bête, c’est vrai que c’était un secret, donc vous n’êtes pas au courant !

-Un secret ? Quel secret ? Lui demanda Laura sur ses gardes.

-Vous vous souvenez du soir où Saya a évoqué la chasse au fantôme ? Et bien, figurez-vous qu’en rentrant chez moi, le vieux m’a fait part d’un plan visant à attaquer les démons de l’intérieur !

Lorsque Nagisa prononça ces mots, la mémoire me revint tout à coup.

-Ne me dis pas…que Sherry a finalement trouvé quelqu’un pour accepter son idée folle ?

-Si, si, mais je dois te dire qu’au départ, ça ne m’emballait pas tant que ça. Mais quand j’ai compris que je pourrais enfin me rendre utile, je n’ai pas hésité une seule seconde, surtout que sinon, le vieux y allait à ma place…

-Et donc…tu as joué les taupes tout en gardant contact avec Sherry, c’est bien ça ? Lui demanda June, impressionnée.

-Tout à fait. Et par chance, il se trouvait que Floges avait prévu d’attaquer le soir de la chasse au fantôme. J’en ai donc profité pour lui faire croire à mes convictions, et ça a marché on dirait, il n’y a vu que du feu cet idiot.

-Mais…Mais tu as quand même essayé de nous tuer ! Rétorqua Darksky.

-Techniquement, je n’avais aucune chance contre vous. Mais je ne pouvais pas griller ma couverture, donc j’ai dû jouer mon rôle jusqu’au bout, j’espère que vous ne m’en voulez pas trop…

Miyako s’avança au-devant des autres, l’air menaçant et Nagisa ferma les yeux, pensant qu’elle allait la frapper, mais elle se contenta de l’étreindre.

-Idiote, tu aurais dû nous en parler avant, tu n’imagines mêmes pas ce que ça nous a fait quand tu es partie…

-Vraiment, je suis désolée, je voulais simplement me rendre utile pour une fois…

-Mais tu es utile, tu es la présidente du club, celle qui nous a tous rassemblés ; répliqua Saya en souriant. Sans toi, le club a bien failli disparaitre.

-Je…Je ne pensais pas que vous teniez tant à moi ; dit Nagisa, étonnée.

-C’est surtout lui qui tenait à toi ; lui lança Laura en désignant Darksky. Tu n’imagines pas la galère dans laquelle tu nous as mis en quittant comme ça le club ! Cependant, je suis vraiment soulagée d’apprendre que tu es toujours avec nous.

-Tu sais Laura, je ne mentais pas, je souhaite vraiment revoir mes parents…Mais je ne suis pas prête à tout sacrifier pour ça, ce n’est pas ce qu’ils auraient voulu. Ils ne voudraient pas vivre dans un monde ravagé par la souffrance.

June s’avança à son tour et prit la parole plus sérieusement :

-Je suis désolée d’interrompre ces joyeuses retrouvailles, mais puisque tu espionnais pour le compte de Sherry, tu as bien du apprendre quelques trucs utiles, non ?

-En effet, j’ai pas mal d’informations, beaucoup concernant les serviteurs des démons, mais également quelques-unes sur les démons eux-mêmes. Ils ne vous ont pas menti lorsqu’ils disaient qu’ils n’attaqueraient pas l’humanité. Leur objectif est uniquement l’anéantissement d’Armageddon. Si les humains se mettent en travers de leur chemin, ils les détruiront, dans le cas contraire, ils les ignoreront tout simplement.

-C’est déjà une bonne chose de ne pas avoir à nous inquiéter de ça.

-Oui, en théorie…mais en ce moment même, l’armée attaque la forteresse et par conséquent, ils sont prêts à répliquer, et croyez-moi, vous ne voudriez pas connaitre toute l’étendue de la puissance renfermée dans cette forteresse…

June grimaça. En effet, c’était une mauvaise nouvelle, mais nous étions justement venus en ayant cela en tête, donc nos objectifs ne changeaient nullement. Cependant, il restait encore une chose que je voulais savoir.

-Nagisa, dis-moi, concernant Floges et les autres, quels sont leurs objectifs à eux ? Parce la dernière fois, ils semblaient plus proches de Gariatron que de ce que tu me décris.

La jeune fille prit un air embêté, comme si elle connaissait la réponse mais qu’elle ne voulait pas nous la dire pour une raison ou une autre.

-Floges, Hurricane, Terra et Kyuryu ne sont pas mauvais, mais disons simplement qu’ils ne peuvent plus avoir confiance dans ce monde qui leur a fait trop de mal et…

Nagisa ne put terminer sa phrase car au même moment, des bruits de pas résonnèrent dans le couloir et la jeune fille nous fit signe de la suivre. Sans discuter, tout le monde prit sa suite et nous nous enfonçâmes dans la sombre forteresse.

Nous marchâmes plusieurs minutes sans nous arrêter, sans voir aucune bifurcation ni porte avant de déboucher dans une grande salle ronde. Les murs étaient peints de scènes représentant la mythologie certainement. Au centre, il y avait simplement un petit autel sur lequel était posé une statue d’or représentant un dragon composé de différents éléments naturels.

La salle débouchait sur de nombreuses autres portes, toutes portant un sigle différent, mais facilement reconnaissable : l’eau, le feu, la terre, la lumière, le vent et les ténèbres, les six éléments du duel de monstre.

Nagisa s’arrêta net et se tourna vers nous.

-Bien, nous voici à la salle principale de la forteresse. Je vous déconseille d’y rester trop longtemps car tous les quartiers convergent ici.

-Donc si je te suis bien, derrière chacune de ces portes, nous trouverons un des démons, c’est bien ça ? Demanda Drago.

-C’est exact. Personnellement, je ne connais que les quartiers de Floges, donc je ne serais pas d’une grande aide ailleurs, mais je pense que nous allons devoir nous séparer si nous voulons gagner du temps.

-Je n’aime pas spécialement l’idée de nous répartir, nous serons bien plus vulnérables ; répondit June.

-Peut-être, mais le temps joue contre nous, nous n’avons pas le choix ; répliqua Miyako. Je peux me charger des quartiers de Floges avec Nagisa.

-Je me charge d’hurricane, j’ai toujours un compte à régler avec lui ; dit June. Angéla, tu es partante ?

-Evidemment, même s’il doit toujours être furieux contre nous…

-Dans ce cas, je vais prendre Kyuryu, ce type ne me plait pas du tout ; continua Drago.

-Il ne reste que Terra alors, Darksky et moi, on peut s’en charger ; affirma Saya. Tu es partant, on va se refaire cette expédition de l’année dernière rien que tous les 2 !

-Une minute, je ne suis pas…Tenta de protester Laura avant d’être interrompue.

-Parfait, je monterai la garde avec Laura ! La coupa Iori, visiblement soulagée de quelque chose.

-Non, ça ne va pas du tout, je…

-Laura, tu n’es pas rabaissée ou quelque chose comme ça, mais tu es sûrement notre meilleur élément, si nous échouons, tu es la seule à avoir une chance de vaincre les démons ; lui dit Darksky en la regardant dans les yeux.

Laura n’eut pas l’air totalement convaincue mais acquiesça tout de même.

Après un dernier regard d’encouragement, nous prîmes tous une direction différente pour aller livrer l’un des duels les plus difficiles de notre vie…


Nous marchâmes dans le long couloir pendant plusieurs minutes sans dire un seul mot. Il faut dire que nous étions assez tendues à l’idée que si l’un seul d’entre nous échouait, c’en était fini de nous tous. C’est pourquoi je préférais concentrer mon attention sur l’environnement dans lequel nous avancions pour penser à autre chose. Je remarquai que la structure du couloir était assez semblable à celle de la citadelle des dieux, la glace en moins, ce qui me mettait assez mal à l’aise et faisait ressurgir de mauvais souvenirs en moi.

June me tira de mes rêveries en me montrant une porte sur le côté, la première que nous voyions depuis que nous avions quitté les autres. Après une concertation silencieuse, nous décidâmes de rentrer voir ce qui se cachait à l’intérieur. Heureusement, il n’y avait personne.

La pièce dans laquelle nous venions de rentrer était une simple chambre assez sobre. Il n’y avait qu’un lit, un bureau, une lampe et une armoire, le tout admirablement bien rangé.

Par curiosité, j’ouvris l’un des tiroirs du bureau et je tombai sur quelque chose que je n’aurais pas penser trouver ici : des titres honorifiques de duel. Et il n’y en avait pas qu’un mais des dizaines et des dizaines qui s’empilaient et prenaient la poussière, tous au nom d’un certain Peter Casanova.

-June, regarde un peu ça ; lui dis-je en lui tendant l’un des titres.

-Je…je connais ce type ; me répondit-elle en fronçant les sourcils. C’était un champion régional assez connu mais il a disparu du jour au lendemain sans laisser de trace…

June écarquilla les yeux et sursauta soudainement.

-Non, c’est impossible…

-Qu’y a-t-il June ? Tu sais pourquoi tous ces titres sont ici ?

-Oui, Peter Casanova était le détenteur de la carte de Sophia par le passé…

-Attends, tu veux dire…

Des applaudissements retentirent dans notre dos et nous nous retournâmes précipitamment, sur nos gardes, et nous avions raison de l’être car dans l’embouchure de la porte se tenait Hurricane, un sourire mauvais fendant son visage.

-Félicitation mesdemoiselles, vous êtes les premières à l’avoir notifié, je suis impressionné, moi que pensais que l’humanité avait perdu toute once de raison.

-Vous…jamais je n’aurais imaginé que vous seriez tombé aussi bas…Lui lança June, le ton tranchant.

-Pas plus bas que tous ces insectes qui gravitaient autour de moi lorsque j’étais encore jeune et naïf ma chère June. Je pense d’ailleurs qu’il est impossible de tomber plus bas que ces misérables opportunistes rongés par le vice. Mais assez parlé de moi, vous êtes entré dans ma chambre sans autorisation il me semble, et je suis donc en droit légitime de vous chasser de force d’après vos lois, pour peu qu’elles aient encore une infime valeur dans ce monde.

Hurricane claqua des doigts et un vent puissant se leva. Ma vision se brouilla peu à peu, la pièce devint de plus en plus floue, je me sentis comme écartelée puis tout se calma et revint à la normal. Cependant, je n’étais plus dans la chambre d’Hurricane mais dans une grande arène circulaire, exactement la même que durant mon combat contre Maya et Ambre dans la citadelle des dieux…

June était également là, aussi perdue que moi, tandis qu’en face de nous, Hurricane semblait attendre, un disque de duel en forme d’aile d’oiseau à son bras.

-Au fait mesdemoiselles, laissez-moi vous dire une chose, je ne suis pas dupe quant à vos intentions mais je ne vous laisserai pas faire. Cela fait plus de cinq mille ans que Luminion, Gariatron et les démons se sont séparés et nul ne pourra les réunir à nouveau, je m’en assurerai personnellement !

-Attendez Hurricane, nous ne sommes pas obligés de nous battre ! Lui lançai-je dans un dernier espoir de lui faire entendre raison. Nous voulons simplement que les démons laissent l’humanité tranquille, rien de plus !

-Malheureusement, cela ne va pas être possible, je le crains. L’attaque de tout à l’heure n’a pas été très appréciée pour nos maitres. Je pense que vous devinez la suite.

-Dans ce cas, nous allons les arrêter, coute que coute !

-Je n’en doute pas Angéla, mais pour ça, vous devrez d’abord me passer sur le corps !

-Aucun problème, June, tu es prête ?

Mon amie hocha la tête en signe d’approbation et Hurricane sourit à nouveau lorsque nous nous plaçâmes en face de lui. J’aurais vraiment espéré ne pas avoir à combattre mais apparemment, nous n’avions plus le choix. Ce combat, nous ne pouvions pas le perdre !

-Duel !

-Je prends la main ; s’exclama Hurricane. Je pose un monstre en position de défense face cachée puis je pose trois cartes avant de terminer mon tour !

-Je m’attendais à mieux venant d’un serviteur de Typhos, mais soit, je ferai avec ; raillai-je. J’active Le Sanctuaire Céleste ! A partir de maintenant, je ne recevrai plus aucun dommage de combat impliquant un monstre elfe. De plus, comme j’ai cette carte, je peux invoquer spécialement depuis ma main Uranus, Agent du Désordre ! Mais ce n’est pas tout, j’invoque à présent Vénus, Agent de la Création depuis ma main et je paie 1500 points de vie pour invoquer troisSphère Mystique Lumineuse depuis mon deck. Je synchronise également Uranus avec Vénus pour invoquer Athéna, Agent de la paix puis je recouvre deux sphères : apparais, Gachi Gachi Gantetsu ! Grâce à lui, Athéna gagne 400 points d’attaque et passe donc à 3200. Sur ce, je termine mon tour.

Angéla : 2500 – June : 4000 – Hurricane : 4000

-Donc c’est à moi, je pioche et j’active Terrain de Chasse des Harpies et je continue en invoquant Médium Harpie. Puis l’effet de mon terrain s’active et détruit l’une de vos cartes face cachée !

-Je vais donc activer cette carte ; répliqua Hurricane très calme. Il s’agit d’Hommage Torrentiel, tous les monstres sur le terrain sont détruits, dont mon

-Je détache un matériel xyz de mon monstre pour éviter la destruction et comme mon monstre synchro a été détruit, je peux invoquer depuis mon deckAthéna !

-Je pose une carte face cachée et je termine mon tour ; grimaça mon amie apparemment à court de ressources.

-Ce duel va être rapide je le sens. Je pioche et j’invoque normalementPilica, Descendant De Gusto et grâce à elle, je peux rappeler Gusto Gulldo qui a été détruit au tour précédent. Et maintenant, Admirez, Invocation Synchro : Apparais,Daigusto Sphreez! Par son effet je peux récupérer Pilica de mon cimetière. Maintenant Sphreez, attaque June directement, tourbillon Daigusto !

Comme une tornade, l’attaque toucha June de plein fouet et elle fut projetée en arrière. Heureusement, elle ne perdit par l’équilibre et pu retomber sur ses pieds mais l’attaque ne la laissait pas sans séquelle pour autant et elle grimaçait.

Angéla : 2500 – June : 2000 – Hurricane : 4000.

-June, tout va bien ? Lui lançai-je, inquiète.

-Oui, ce n’est qu’une égratignure, j’ai déjà connu bien pire…

-Vous allez voir Hurricane, je vais vous rendre la monnaie de votre pièce ! Je pioche et j’invoque Mars, Agent de la Force ! Par l’effet d’Athéna, vous perdez immédiatement 600 points de vie ! Mais ce n’est pas tout, je vais activer le deuxième effet de la déesse de la guerre : en envoyant Mars au cimetière, je rappelle Athéna, Agent de la paix et vous récoltez encore 600 points de dommages !

Angéla : 2500 – June : 2000 – Hurricane : 2800

-Vous pensez réellement sauver le monde avec aussi peu de puissance ? Ridicule.

-On va voir qui est ridicule Hurricane, j’active la carte magie : Fusion Parfaite ! Protégeons ce monde que nous aimons tant ensemble, Athéna, ne faisons plus qu’une et allions nos forces pour terrasser nos ennemis : Illumine les ténèbres, Athéna, Déesse protectrice de la perfection !

Je sentis un nouvel afflux d’énergie dans mes veines tandis que mon monstre se transformait. L’armure disparut pour faire place à une légère tunique, plus adaptée pour un combat au corps à corps, son épée se transforma en long sceptre et ses cheveux devinrent blond comme les miens.

Ma défense était à présent totale. Le sanctuaire céleste me protégeait des dommages tandis que les deux Athéna formaient un bouclier impénétrable aux attaques et à la destruction. Cependant, June était encore vulnérable et le monstre d’Hurricane le rendait intouchable également. Je devais trouver une solution rapidement si je voulais éviter que ce duel ne s’éternise alors que Luminion se battait toujours à l’extérieur avec Gariatron…

-J’active l’effet d’Athéna, Déesse Protectrice de la perfection pour rappeler Athéna du cimetière !

-Peu importe le nombre d’Athéna que tu invoqueras, jamais tu ne pourras passer Sphreez.

-C’est pourquoi je pose une carte face cachée et je laisse la main à June !

-Je vais me rattraper pour le tour précédent en invoquantDanseuse Harpie et par l’effet de mon terrain, je détruis l’une de vos cartes face cachée !

-Comme tu voudras June.

-Je continue en activant mon piège :Clique Hystérique. Il me suffit de défausserHarpiste Harpie pour la rappeler avec ma Médium Harpie et détruire votre deuxième carte ! Je recouvre à présent mes trois monstres pour invoquer ce monstre : Dragon Fantomatique, Familier De Harpie !

-Encore ce monstre ; ronchonna Hurricane en pensant à son dernier duel contre June.

-Oui, encore lui et il va vous attaquer directement !

Angéla : 2500 – June : 2000 – Hurricane : 800

Cette fois-ci, ce fut au tour d’Hurricane de voler à travers la pièce mais lui, s’écrasa sur le mur en créant un énorme cratère. Il se releva cependant comme si de rien n’était et se mit à rire. J’avais vraiment un mauvais pressentiment pour la suite, ce duel était bien trop simple jusque-là…

-Je termine mon tour en posant une carte face cachée.

-On dirait…que je vais devoir devenir sérieux maintenant…

-Arrêtez de bluffer Hurricane, ce duel est fini, il vous reste 800 ridicules points de vie.

-Oui, je suis acculé, au bord du gouffre, seul, abandonné de tous…

-Qu’est-ce que vous racontez encore ? Lui demanda June, confuse.

-Toute cette souffrance, toutes ces années à méditer ma vengeance, il est grand temps…que je passe à l’action !

Un vent puissant souffla et les yeux d’Hurricane se colorèrent d’un vert émeraude, mais contrairement à ceux de Laura, c’était un émeraude sombre, presque noir, une émeraude dénuée de tout espoir.

-Puisque je suis seul, j’avancerai seul jusqu’au bout de ce chemin, je pioche et j’active la carte magie : Fusion Néant !

-Fu…Fusion Néant ? Bégayai-je.

Je fis un pas en arrière et je déglutis. La dernière fois, cette carte m’avait couté le duel et j’avais failli perdre la vie par la même occasion. Rien que de repenser au dragon de Shadow me donnait des frissons, je préférai ne pas imaginer la créature qui allait apparaitre devant moi…

-Vents célestes, tornades divines, réunissez-vous depuis les profondeurs de mon âme pour créer l’être qui balaiera cette misérable planète et détruira toute forme de vie qu’il rencontrera. Je te somme d’apparaitre, fille des tempêtes, Daigusto Sphreez de l’ombre !



Le monstre d’Hurricane disparut dans un tourbillon de fumée noire et lorsqu’il se dissipa, la jeune fille, auparavant si lumineuse, semblait dévorée par les ténèbres. Sa chevelure avait perdu de son éclat, elle portait une sinistre tenue violette et elle chevauchait, non pas un oiseau vert, mais un dragon noir qui dégageait une aura spécialement maléfique.

-Il est temps de mettre un terme à ce duel, Sphreez, attaque Athéna, Déesse protectrice de la perfection. Shaddoll Storm !

Le monstre d’Hurricane se rapprocha de la guerrière et j’entendis le bruit de métal s’entrechoquant. Mon monstre était beaucoup plus puissant que le mien mais étrangement, ce dernier ne fut pas détruit et continua à croiser le fer avec la déesse.

-La faculté de Sphreez s’active, tu vas recevoir le double des dommages que j’aurais dû recevoir et elle ne peut être détruite au combat !

-Qu…Quoi ?

-Je te l’ai dit Angéla, ce duel est terminé !

D’un revers de la main, Athéna fut repoussée et je la vis se rapprocher de moi à grande vitesse. Alors, c’était déjà fini ? Une fois de plus, j’étais vaincue par la fusion Néant ? Aymeric avait raison finalement, je n’étais qu’une ratée, tout juste bonne à se vanter d’exploits que je n’aurais pu réaliser seule…

-Angéla, n’abandonne pas ! Cria une voix dans ma tête.

Un éclair blanc passa devant mes yeux et je dus les fermer pour ne pas être aveuglée. Lorsque je les rouvris, je me trouvais ailleurs, dans une arène, entourée de milliers de spectateurs. Deux duellistes se faisaient face, et je reconnus l’un d’entre eux : Hurricane.

-Où…suis-je ?

-Tu te trouves dans les souvenirs d’Hurricane, un espace créé par l’affrontement de deux créatures ayant un lien spécialement puissant avec leur propriétaire ; me répondit la même voix que je finis par reconnaitre.

-Socrate ?

-Angéla, désires-tu connaitre l’origine du mal de celui se faisant appeler autrefois Peter Casanova, mais maintenant mieux connu sous le sinistre nom d’Hurricane ?

-Si cela me permet de le convaincre de cesser le combat, alors oui.

-Dans ce cas, observe bien ce qui va suivre, et quoiqu’il arrive, souviens toi que tu ne peux changer le passé.


La voix disparut dans les cris d’une foule surexcitée et pour cause, Hurricane venait de vaincre son adversaire pendant que j’étais distraite. Le serviteur de Typhos salua ses fans avec un sourire éclatant aux lèvres avant d’aller serrer la main à son adversaire et le féliciter pour ce duel. Puis il se retira dans les coulisses après avoir pris son trophée.

Lorsqu’il ouvrit la porte de sa loge, une jeune femme l’attendait juste devant, les bras croisés, visiblement impatiente. Elle était grande, au moins un mètre soixante-quinze, avait de longs cheveux noirs tirés en arrières, le front dégagé, les yeux bleu marine et une fine bouche entourée de rouge à lèvres. Elle devait certainement avoir la trentaine comme Hurricane et regardait ce dernier d’un œil mauvais. L’homme, au contraire, lui adressa une sourire radieux, comme à ses fans, mais elle ne semblait visiblement pas être une simple fan venue féliciter son héros. Devant son manque de réactivité, Hurricane prit un air embêté.

-Qu’y a-t-il Sophie, tu n’encourages plus le grand Peter Casanova, surnommé Hurricane le grand tourbillon de Gusto ?

-Peter, j’ai beaucoup réfléchi et…je pense que tu devrais arrêter ces tournois ; rétorqua la jeune femme en regardant l’homme dans les yeux.

-Arrêter les tournois ? Mais pourquoi donc ? Ce n’est pas comme si mes talents de duellistes te gênaient, au contraire, je croyais que tu aimais me voir gagner !

-Oui, au début c’était amusant, mais plus maintenant.

-Je ne comprends pas Sophie…

-Lorsque tu as commencé, tu étais encore ce duelliste que j’admirais tant, celui qui pouvait gagner n’importe quoi mais qui gagnait, non pas pour la gloire, mais parce qu’il voulait devenir meilleur. Maintenant que tu as atteint les sommets, je trouve que quelque chose a changé en toi.

-Vraiment ? J’ai l’impression d’être resté le même. Regarde, je t’ai même ramené ce trophée, on pourra le mettre chez nous une fois que nous serons mariés ! Dit-il en lui tendant la coupe.

La jeune femme ne prit pas la coupe mais l’arracha à Hurricane d’un revers de la main devant les yeux ébahis du futur serviteur de Typhos. La récompense du tournoi tomba par terre et se brisa en deux.

-P…Pourquoi as-tu fait ça ? Bégaya Hurricane, encore trop surpris par ce qu’il venait de voir.

-Regarde toi Peter ! Tu n’es plus que l’ombre de toi-même ! Où est passé ce duelliste que j’admirais et que j’aimais ? Où est l’homme qui, par ses rêves, m’a fait rêver moi aussi ? Où est le camarade de classe qui me disait qu’il vaincrait un jour les plus grands en claquant des doigts?

-Mais Sophie, n’est-ce pas ce que je fais en ce moment ? Répondit Hurricane d’une petite voix. Je viens encore de gagner…

-Oui, tu gagnes, encore et toujours, et pourtant, tu es loin d’être le meilleur, tu te contentes de petits tournois régionaux, mais jamais tu n’oseras monter plus haut ! Et tu veux que je te dise pourquoi ? Parce que ce système a fini par te corrompre toi aussi !

La jeune femme s’avançait au fur et à mesure qu’elle disait ses quatre vérités à Hurricane, ce qui obligeait ce dernier à reculer jusqu’à être acculé dans un coin.

-Tu ne désires pas aller plus haut, tu as simplement pris gout à la victoire, alors tu gagnes, encore et toujours le même tournoi, chaque année, parce que tu as peur de perdre, parce que tu aimes la popularité que tu as acquise en devenant champion, parce que la simple idée de ne pas être déjà le meilleur t’effraie, alors tu te convaincs que tu l’es, mais je vais te le dire moi, tu n’es rien de plus qu’un champion de seconde zone qui n’ira jamais plus haut tant qu’il se contentera de se donner en spectacle a des fans qui le laisseraient tomber s’il perdait !

La dénommée Sophie s’arrêta là dans ses reproches et tourna les talons, laissant Hurricane seul dans ce couloir. Il était livide, avait le regard vide et tremblait comme une feuille. Puis, après plusieurs secondes, il se releva lentement, prit les deux morceaux de son trophée et entra dans sa loge où il s’assit devant son miroir et se prit la tête dans les bras.

Sans prévenir personne, il jeta son trophée contre le mur et ce dernier se brisa en mille morceaux. Il était rouge de colère, mais je devinais facilement que la seule personne à qui il en voulait, c’était à lui-même. Il sortit ensuite une carte de sa poche que je reconnus immédiatement : Sophia, la regarda quelques instants, puis la remit dans sa poche et sortit de la pièce d’un pas déterminé.

La vision se brouilla et lorsqu’elle redevint nette, j’étais sur un toit, certainement celui du même bâtiment, et la jeune femme se trouvait là, assises au bord du vide, regardant tristement un pendentif qu’elle portait autour du cou.

Derrière moi, une porte s’ouvrit brutalement et je vis Hurricane arriver en trombe, essoufflé. Son amie se retourna également et écarquilla les yeux.

-C.…Comment…

-Je viens…de faire…le tour…du bâtiment…pour te trouver ; articula Hurricane en essayant de reprendre son souffle.

La jeune femme de répondit rien et un long silence s’installa entre les deux personnes avant que le serviteur des démons ne le rompe :

-Tu avais raison Sophie, je me suis égaré. Je me suis laissé aveugler par la gloire et le succès. Sans m’en rendre compte, j’avais peur de perdre, et par la même occasion de perdre tous mes fans, et de te perdre aussi…

-Me perdre…moi ? Répéta la jeune femme, étonnée.

-Oui, parce que je me suis souvenu qu’il y a longtemps, tu m’as dit que lorsque je serai devenu le meilleur, tu m’épouseras.

La jeune femme rougit, visiblement gênée d’avoir dit ceci, mais Hurricane n’en tint pas compte et ressortit la carte de Sophia de sa poche.

-Tu te souviens, tu m’as dit lorsque nous étions au lycée que cette carte revenait naturellement au meilleur duelliste qui croisait son chemin. Cette carte ne m’a jamais quitté, et elle ne me quittera jamais, car je serai le meilleur. Dès demain, j’irai m’inscrire au tournoi national, et lorsque je gagnerai, j’irai à la coupe du monde, et j’en sortirai victorieux puis nous pourrons tenir notre promesse, tu es d’accord avec ça, Sophie ?

L’amie d’Hurricane ferma les yeux et pendant un instant, je crus qu’elle allait refuser, mais elle se contenta de lui sourire légèrement à son tour.

-Hurricane, le grand tourbillon gusto hein ? J’attends avec impatience le jour où tu seras au sommet. Mais n’oublie pas, lorsque tu seras au sommet, tu devras faire ce que tu m’as dit : changer cette société corrompue de l’intérieure car seul le meilleur peut réaliser ce miracle.

-Oui, je tiens toujours mes promesses.

Hurricane tendit une main chaleureuse à son amie. Cette dernière se leva mais au même moment, un vent puissant souffla et déstabilisa la jeune femme qui, avant de comprendre ce qui se passait, basculait dans le vide. Sans réfléchir, Hurricane, terrorisé, se courut vers elle, mais fut repoussé par les hélices d’un hélicoptère de la télévision venant l’interviewer et il rata la main de la jeune femme de peu. Oubliant totalement où je me trouvais, je me précipitai également mais sa main passa à travers la sienne, comme si ce n’était qu’un fantôme, une illusion.

Alors qu’Hurricane hurlait le nom de son amie, je crus distinguer ses derniers mots dans le vacarme assourdissant qui nous entourait :

-Tu y arriveras Hurricane, tu es le seul à pouvoir le faire, je le sais, tu es le meilleur après tout…

La vision s’arrêta net et je me retrouvai à nouveau dans l’arène, Athéna fonçant sur moi. Cependant, après avoir vu cela, je sentais en moi une volonté nouvelle, celle de sauver Hurricane, car j’avais très bien saisi ses vraies motivations et je pouvais les comprendre. C’est pourquoi je devais lui montrer qu’il faisait fausse route, et pour cela, il n’y avait qu’une seule méthode : le vaincre !

-Athéna !

Mon monstre reprit ses esprits et s’arrêta à un cheveu de ma figure avant d’aller se replacer sur le terrain, sans aucune égratignure.

-Par l’effet du sanctuaire céleste, je ne reçois moi non plus aucun dommage de ce combat !

-Tu es peut-être protégée, mais ne crois pas que j’en ai fini avec toi. Je m’occuperai de June en premier si c’est ce que tu veux ; cracha notre ennemi. Ensuite, j’irai m’occuper de ce monde !

-Hurricane, ou plutôt devrais-je dire Peter Casanova, pensez-vous vraiment que ce que vous faites soit le dernier souhait de Sophie ?

Le serviteur de Typhos devint blême lorsque je prononçai ce nom et fit un pas en arrière.

-Co…Comment connais-tu ce nom ? Bégaya-t-il, tremblant.

-Je le connais, c’est tout, et je sais aussi que votre but en tant que duelliste était d’atteindre les sommets pour changer ce monde de l’intérieur.

-Tais-toi, je ne veux pas entendre ça…

-C’était la promesse que vous aviez faite à votre amie d’enfance, Sophie, n’est-ce pas ?

-Tais-toi…

-Cependant, après sa mort, vous vous êtes tourné vers quelque chose de plus…radical.

-S’il te plait, arrête, je ne peux pas…

-Regardez-vous Hurricane ! Où est passé le grand champion ne désirant qu’à s’élever plus haut ? Où est passé Hurricane, le tourbillon de Gusto !

-Cet Hurricane-là est mort en même temps que Sophie, il ne reste qu’une coquille vide ne vivant que pour venger celle qu’il aimait et vous êtes sur mon chemin, alors je vais vous faire disparaitre vous aussi ! Je pose deux cartes face cachée et je termine mon tour !

-Très bien, on dirait que je n’ai pas le choix alors ; rétorquai-je calmement. Il est temps d’en finir ! June ?

-Utilise mes monstres comme bon te semble Angéla !

-C’est parti, il est temps d’ouvrir les yeux d’Hurricane, j’invoque depuis ma main les Ailes de Socrate !

Au-dessus de nous, le tonnerre se mit à gronder et mon dragon apparut dans une lumière aveuglante. Il était si grand qu’il emplissait presque tout l’espace et notre adversaire continua à reculer en le voyant, de plus en plus terrifié.

-Je fusionne les ailes de Socrate avec le Dragon Fantomatique, familier de Harpie ; Père de l’Atlantide, Dragon des légendes, alliez vos forces pour ne faire plus qu’un seul être capable de renverser le cours du destin : Apparais, Dragon Familier de Socrate !



Je vis le monstre de June grossir, encore et encore, jusqu’à atteindre la taille de Socrate, la chaine autour de son cou se brisa et des flammes ardentes surgirent de sa gueule, maintenant aussi grande qu’un homme.

-Lorsque ce monstre est invoqué sur le terrain, toutes les cartes magies et pièges de notre adversaire sont réduites en fumée ! S’exclama June. Aller, plumeau du dragon familier de dame harpie !

Les deux seules défenses d’Hurricane, Force de Miroir et Prison Dimensionnelle, venaient d’être réduites à néant.

-C’est terminé Hurricane ! Nous nous exclamâmes d’une seule voix. Lorsque Dragon familier de Socrate combat, il annule les effets de sa cible !

-Co…Comment ?

-De plus, il me suffit de retirer le dragon fantomatique, familier de Harpie de mon cimetière pour que notre monstre gagne 2000 points d’attaque ; ajouta June.

-5000 Points d’attaque ? C’est…

-C’est la voie que vous n’avez pas décidé de suivre, la voie menant au sommet Hurricane !

-Le…sommet ?

-Dragon Familier de Socrate, Anéantis les points de vie d’Hurricane, Harpie’s Feather !

Notre dragon attaqua le monstre parfait d’Hurricane avec une rafale de flammes bleues. Ce dernier tenta de résister mais il ne pouvait rien faire contre l’alliance de nos forces et fut balayé en même temps que les points de vie du serviteur du démon.

Le duel était terminé, nous l’avions gagné, mais je ne me sentais pas totalement satisfaite de moi-même. En face, Hurricane était debout, comme figé, regardant dans le vide devant lui, les yeux dénués de vie. Je m’approchai prudemment de notre ennemi malgré les avertissements de June et ce dernier tourna la tête vers moi.

-J’ai…j’ai perdu…Sophie avait donc raison ? Suis-je incapable de changer ce monde ? Sophie doit bien se moquer de moi de là où elle est, moi, Hurricane, le tourbillon gusto, le seul champion n’ayant jamais osé sortir de sa ville…

-Hurricane, ce n’est pas parce que vous avez perdu un duel que tout est fini. Une défaite doit vous rendre plus fort au contraire.

Je fouillai dans ma poche et j’en sortis une carte que je tendis à notre ennemi. Lorsqu’il la vit, son regard s’illumina soudainement.

-Sophi…a ?

-Je crois que cette carte vous revient, je n’en ai plus l’utilité, et j’ai cru comprendre qu’elle était importante pour vous.

Tremblant, Hurricane attrapa la carte et je vis une larme couler sur sa joie, larme qu’il tenta d’essuyer aussitôt mais qui fut immédiatement remplacée par une autre.

-Je…Je suis désolé…Finit-il par dire après un moment de silence. Je pensais qu’avec l’aide de Typhos, je pourrais enfin réaliser le souhait de Sophie, mais je me suis égaré et j’ai laissé mon désir de vengeance prendre le dessus…

Une secousse ébranla la citadelle et je me tournai vers June qui me lança un dernier regard pour me dire de me dépêcher.

-Allez-y, derrière cette porte, vous trouverez les démons. Je ne peux plus rien faire pour vous empêcher de passer, mais promettez moi une chose : que vos actions d’aujourd’hui changeront le monde. Je n’ai pas le pouvoir de réaliser la dernière volonté de Sophie, mais vous pouvez le faire, je crois en vous, seuls les plus forts ont le pouvoir de modeler un monde nouveau.

-Je peux vous le promettre Hurricane, nous réaliserons ce rêve pour vous et pour Sophie.

Le serviteur de Typhos nous lança un dernier sourire tandis que nous franchissions la grande porte menant à notre destin. Nous allions enfin faire tomber cette épée de Damoclès planant sur nos têtes depuis bientôt six mois. Il était temps de mettre un terme à cette guerre insensée avant même qu’elle n’ait commencé.





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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [26/07/2014] à 11:33

Chapitre 28 : Flammes du Désespoir



Spoiler :



Nagisa était vraiment revenue parmi nous ? J’avais encore du mal à le croire. Au fond de moi, j’étais contente de revoir notre présidente, mais je savais également que cela signifiait que j’allais devoir rendre la casquette de présidente du club de duel, et quelque part, je ne me voyais pas redevenir un simple membre. Lorsqu’Hiroki était apparu, j’avais enfin réalisé à quel point j’avais été bête de mettre un terme à tout ça et je voulais sincèrement reformer ce club que j’aimais tant. Mais maintenant que la véritable présidente était là, qu’allais-je devenir ?

-Dis Miyako, je dois te remercier pour ce que tu as fait ; me dit soudain Nagisa en me tirant de mes pensées.

-Me…remercier, moi ? Mais pourquoi ? Lui demandai-je, surprise.

-Pendant que j’espionnais les démons, j’ai gardé contact avec le vieux et il m’a tout raconté, il m’a dit comment, grâce à toi, le club avait survécu.

-Oh, ce n’est rien, je voulais simplement…enfin, tu vois, je n’avais pas envie que tout disparaisse avec toi et pour ton retour, je voulais…

-Miyako, tu devrais être plus honnête avec toi-même ; m’interrompit-elle en se plaçant juste devant moi pour me barrer la route.

-Je…Je ne vois pas de quoi tu veux parler Nagisa ; rétorquai-je en évitant soigneusement son regard.

-Aller Miyako, avoue-le, tu as pris la tête du club plus pour toi que pour moi, je le sais ! Continua-t-elle avec un large sourire.

-Mais non, vraiment, je te jure que…

-Mais je ne t’en veux pas tu sais. C’est tout à fait normal que tu aies eu envie de reprendre ce club, tu es une présidente bien plus légitime et douée que moi après tout.

-Qu’est-ce que tu vas chercher Nagisa, c’est ton club à présent, je n’ai aucun droit de…

-Je te taquine, je sais bien que tu n’as aucune envie de prendre ma place définitivement. Et puis, même si tu le voulais, l’année prochaine, je reprendrai ma place ; termina-t-elle avec un clin d’œil malicieux.

Je soupirai puis je repris ma marche dans le long couloir de la citadelle, faisant semblant d’être lassée d’autant de gaité chez Nagisa, mais en vérité, j’étais vraiment soulagée de la voir comme ça plutôt que froide et sans pitié.

Pendant que nous continuions note route, la jeune fille me demanda beaucoup de nouvelles du club, comment je l’avais géré en son absence, comment s’était passé notre entrainement puis quelle avait été l’issue du tournoi inter-école. Je me contentai de répondre le plus simplement possible, mais je vis une légère déception dans ses yeux quand je lui dis que, même si le tournoi était inachevé, nous l’aurions perdu à coup sûr.

Pour éviter d’avoir à trop parler, je lui demandai comment, elle, avait vécu ces dernières semaines et étrangement, elle ne m’en dit pas que du mal.

-Jouer les dépressifs quand tu ne l’es plus, je peux t’assurer que ce n’est pas drôle tous les jours ; se plaignit-elle. Heureusement, je n’étais pas la pire recrue, donc j’avais relativement la paix sur les entrainements et tout ça, mais bon sang, qu’est-ce qu’ils sont désagréables ici ! Oh mais attends…

Nagisa se figea devant moi et ne dit plus un seul mot.

-Quoi, tu as vu un ennemi ?

-Non, mais je viens de me rendre compte…que je commence à parler comme toi !

-Hein ?

-C’est affreux, je deviens comme toi ; commença-t-elle à se lamenter en se prenant la tête dans les bras.

-Eh, une minute, en quoi est-ce que c’est mal de devenir comme moi !

– « Bon sang, vous êtes désespérants », « bon sang, vous me fatiguez, je rentre moi », ce genre là ; m’imita-t-elle alors.

En temps normal, je me serais énervée, surtout si ça avait été Saya, mais je ne sais pas pourquoi, Nagisa me fit rire cette fois-ci. Oui, je riais aux éclats, sans pouvoir m’arrêter, si bien que la jeune fille se mit à rire également à son tour.

Nous tentâmes bien que mal de nous calmer rapidement, après tout, nous étions quand même dans la citadelle originelle, un endroit où la mort nous guettait à chaque porte. Mais être avec Nagisa me mettait étrangement de bonne humeur…de meilleure humeur que lorsque j’étais avec Saya du moins.

Une fois redevenues sérieuses, nous reprîmes notre marche à travers la citadelle jusqu’à arriver dans une grande pièce toute en longueur, avec deux tables occupant la moitié de l’espace, un peu comme la salle commune de Poudlard. Nagisa me dit que c’était ici que tous les serviteurs de Pyros se réunissaient et que, si nous voulions trouver Floges, il nous fallait prendre la porte en face de nous, à l’autre bout de la pièce.

-Bon sang, qui est l’idiot qui a conçu cet endroit ; râlai-je. A quoi bon un couloir aussi long s’il mène à une seule et unique pièce, autant la construire plus près de la salle commune !

-Ne me demande pas, mais je peux t’assurer que c’était un calvaire ces couloirs interminables ; me répondit Nagisa en haussant les épaules.

Nous ouvrîmes la lourde porte et, bizarrement, cette fois, il n’y avait pas de long couloir, simplement un hall d’entrée majestueux, orné de statues de marbre, de colonnes romaines, de peintures murales et de bas-reliefs au plafond. On se serait cru n’importe où, sauf dans la résidence d’un fou dangereux.

Il y avait plusieurs portes, mais Nagisa semblait savoir où se diriger et nous prîmes celle à l’apparence la plus simple…façon de parler évidemment puisqu’elle était tout de même sculptée avec des fleurs.

Nous arrivâmes dans une immense salle dont le plafond était fait pour reproduire un ciel bleu, sans nuage, par un jour d’été. Au milieu, une fontaine de pierre blanche se dressait, entourée de buissons parfaitement taillés en carré. A côté, il y avait une véranda, deux chaises, une table et de la vigne procurant un peu d’ombre.

-Nagisa…tu es sûre que nous sommes au bon endroit ?

-Ne sois pas surprise Miya-chan, ce n’est que le début.

-Miya…Chan ? Qu’est-ce que c’est que ce surnom débile ?

-Pendant que je jouais les taupes, j’avais du temps alors j’ai réfléchi à des surnoms pour tout le monde !

-Je ne veux pas en savoir plus, garde ça pour toi ; soupirai-je, déjà fatiguée rien qu’à l’idée d’entendre ça.

Soudain, nous entendîmes des bruits de pas sur le côté et je me figeai lorsque je vis Floges, assis sur une chaise, une tasse de thé à la main, les yeux fermés, les sourcils froncés, et le disque de duel au bras.

-Pourquoi ne suis-je pas étonné ? Déclara-t-il alors en posant sa tasse délicatement. Je pourrais très bien dire qu’il s’agit d’une trahison de ta part Nagisa, mais je me contenterai d’appeler ça l’ordre naturel des choses.

Il se leva ensuite et nous dévisagea toutes les deux avec son regard dans lequel brulaient des flammes de haine et de mépris. Nagisa se cacha derrière moi, soudainement terrifiée.

-Heureusement que j’ai perdu tout espoir en l’humanité il y a de cela bientôt vingt-cinq ans, sinon j’aurais été bien déçu de ton comportement Nagisa, toi, la recrue modèle, prête à tuer ses amis pour revoir ses parents.

-Je…Jamais je ne ferai une telle chose ! Rétorqua Nagisa, prenant son courage à deux mains.

-C’est bien dommage ma chère, car Pyros avait ce pouvoir, mais par tes actes, tu viens de les condamner ; répondit Floges très calmement.

-Mes parents sont morts, c’est un fait que je dois accepter, mais mes amis, eux, sont bien vivants, et je ne laisserai personne leur faire de mal tant que je serai là !

-Et bien, dans ce cas, je m’en vais t’éliminer sur le champ.

Nagisa grimaça mais activa également son disque de duel. J’étais sur le point de faire la même chose lorsqu’une carte se planta juste devant mes pieds. Mais ce n’était pas Floges qui venait de la lancer. Je levai donc les yeux et ce fut à mon tour de grimacer en voyant qui était le nouveau venu. Le serviteur de Pyros eu l’air tout aussi étonné que Nagisa à la vue de cet intrus.

-Qui va là ! Hurla Floges.

-Qui va là, telle est la question ; répondit le nouveau venu, une rose à la main.

Il fit quelques pas en avant jusqu’à se placer entre nous et le serviteur de Pyros puis tourna son regard dénué d’émotion vers moi, regard que je lui rendis sans trop de difficultés.

-Mon nom importe peu, je suis simplement là pour Miyako.

-Je commençais justement à me demander si tu n’avais pas abandonné toutes ces histoires de vengeance ; répondis-je sarcastiquement.

-Je ne vis que pour ça désormais. Je ne trouverai pas le repos tant que je n’aurais pas lavé l’honneur de Dan.

-Malheureusement pour toi, je suis un peu occupée en ce moment, prends un ticket et attends ton tour ; soupirai-je, lassée de lui.

Hiroki tiqua à ma pique tandis que Nagisa sourit légèrement. Floges, quant à lui, ne semblait pas avoir beaucoup apprécié d’avoir été mis à l’écart et nous rappela à l’ordre d’une manière assez brutale, en créant un cercle de flammes tout autour de nous, nous empêchant de nous échapper. Au passage, tout son magnifique jardin fut pris dans le brasier. J’avais vraiment l’impression d’être tombée en enfer.

-Le pouvoir de Pyros hein ? Les flammes brulant éternellement que même un océan ne pourrait éteindre, intéressant ; marmonna Hiroki en activant à son tour son disque de duel.

-Je ne veux même pas savoir qui tu es, mais tu t’es introduit dans mon sanctuaire sans permission, tu disparaitras donc de la même façon que tes misérables amis !

-Amis ? Je n’ai que des ennemis sur cette terre, mais soit, vous venez d’être ajouté sur la liste des personnes dont je dois me débarrasser on dirait.

Je n’aimais vraiment pas la tournure des événements. Affronter Floges était une chose, affronter Floges et Hiroki en était une autre. Notre seule chance était de les voir se mettre des bâtons dans les roues entre eux. Nagisa et moi prîmes place en face de nos adversaires en mode battle Royal, un mode où tous les autres joueurs pouvaient être considérés, soit comme des alliés, soit comme des ennemis.

-Hiroki, je vais t’ouvrir les yeux, je vais te montrer les sentiments que Dan m’a confié avant de mourir…

-Je ne sais pas si je te serai d’une grande aide Miyako mais…je ferai de mon mieux ; affirma Nagisa.

-Duel !

-Vous allez voir, je vais vous détruire tous jusqu’au dernier ! S’écria Hiroki en prenant la main. J’active Fusion Marionnette de l'Ombre depuis ma main : j’envoie au cimetière mon Faucon Marionnette de l'Ombre et ma Bête Marionnette de l'Ombre pour invoquer le monstre qui causera votre perte : apparais, Winda Marionnette de l'Ombre El! Les effets de mes deux monstres s’activent, mon faucon revient parmi nous en position de défense et ma bête me fait piocher une carte. Je pose ensuite deux cartes face cachée et je termine mon tour !

Je grimaçai en voyant le deck d’Hiroki. Comme je le craignais, il jouait le même deck que Dan, et aussi bien que lui. Cela ne m’arrangeait pas du tout car j’avais toujours eu énormément de mal à le vaincre. Même avec le deck donné par Luminion, je n’étais pas sûre de faire le poids contre lui…mais je n’avais pas droit de perdre ce duel. Je n’étais plus Miyako, chef de la résistance, j’étais Miyako, vice-présidente du club de duel de Nagisa, je n’avais plus rien à voir avec celle s’étant faite dépasser par les événements !

-Admire Hiroki, je vais t’anéantir et te prouver une bonne fois pour toute que tu as tort ! Je pioche et j’invoque Satellchevalier Deneb. Par son effet, je peux ajouter à ma main Satellchevalier Altaïr. Je pose ensuite trois cartes face cachée et je termine là-dessus !

-C’est donc à moi ; enchaina Nagisa ; j’activeAssaut Des Rois Du Feu pour invoquer directement depuis mon deck Avatar Grand Roi Du Feu Garunix puis je pose une carte face cachée et je termine mon tour ! Durant la end Phase, Garunix est détruit.

-Maintenant que toutes ces gamineries sont terminées, je vais vous montrer que toutes vos cartes ne sont rien face au pouvoir de Pyros ; déclara Floges toujours impassible. Je pioche et…

-Durant la Standby Phase, Garunix revient parmi nous et il détruit tous les autres monstres sur le terrain !

-Ridicule ; lança Hiroki en haussant les épaules. Winda ne peut pas être détruite par des effets et lorsque Faucon est détruit, il revient immédiatement, seul le monstre de Miyako en pâtira, mais si tu veux faire le travail à m place, vas-y, je ne t’en empêcherai pas.

Nagisa se mordit la lèvre lorsque mon monstre disparut dans les flammes de Garunix mais je lui envoyais un regard rassurant pour lui dire de ne pas s’en faire. Après tout, un Deneb au cimetière était mieux qu’un Deneb sur le terrain si je voulais activer son effet sans avoir besoin d’utiliser Altair durant mon prochain tour.

-Je disais donc avant d’être interrompu par mon ancienne subordonnée que j’invoque Confrérie Du Poing De Feu – Dragon depuis ma main puis j’activeFormation Feu – Tensu. L’effet de Dragon s’active, je peux ainsi poser directement depuis mon deck Formation Feu – Tenken. Puis par l’effet de tensu, j’invoque Confrérie Du Poing De Feu – Gorille. Autant active son effet en envoyant tensu au cimetière pour détruire l’une de tes carte face cachée l’intrus ; dit Floges en visant Hiroki.

-La carte que vous venez de détruire est Noyau Marionnette de l'Ombre qui, lorsqu’elle est détruite, me permet de reprendre ma fusion en main. Merci pour le coup de main.

-Mais de rien. A présent, je recouvre mes deux monstres pour ouvrir le réseau recouvrement ! Il est temps de faire place au souverain de ce royaume, celui qui ordonnera votre mort, je parle de Confrérie Du Poing De Feu – Roi Tigre! Mais ce n’est pas tout, non seulement, je peux poser depuis mon deckFormation Feu – Tenkiet l’activer pour ajouter à ma main mon Ours, mais en plus, en détachant une unité de couverture, j’annule les effets de tous les autres monstres sur le terrain !

Hiroki grimaça lorsqu’il vit que Winda était prise dans les flammes du roi tigre. Mais Floges agissait comme je l’avais espéré, il bloquait les coups d’Hiroki et nous laissait donc le champ libre pour agir. Restait à espérer qu’Hiroki bloquerait également les coups de Floges en représailles. Garunix, lui, ne semblait nullement affecté par les flammes du roi tigre et tant mieux pour nous.

– A présent, il est temps de rendre le jugement et ton faucon va donc périr sous les coups du roi de la confrérie !

L’oiseau d’Hiroki fut tranché en deux mais il ne broncha pas et ne leva même pas le petit doigt alors que Floges terminait son tour. Le frère de Dan tourna la tête vers moi et me lança un sourire sadique, et je devinais aisément pourquoi, mais je ne me laissai pas faire et je restai de marbre. Il pensait pouvoir en finir ce tour-ci avec moi mais il se trompait, il me restait encore quelques as en poche.

-Miyako, ta dernière heure est arrivée, remercie ce très cher Floges pour cela ! Je pioche et j’activeFusion Marionnette de l'Ombre, et puisqu’il y a le roi tigre sur le terrain, je peux fusionner directement depuis mon deck ! J’envoie donc Dragon Marionnette de l'Ombre et Ange de Loyauté de mon deck à mon cimetière pour invoquer le monstre qui causera ta perte : Asservis mes ennemis, Constructution Marionnette de l'Ombre El !

Il était là, le monstre le plus puissant de Dan. Mais je l’avais affronté des dizaines de fois, cela ne me faisait plus peur. Hiroki pouvait bien déployer une armée de monstre contre moi, l’issue de ce duel était toute tracée. Pour Dan, je ne pouvais pas perdre !

-J’active l’effet de mon dragon et de mon monstre ; je détruis l’une de tes cartes face cachée et j’invoque un autre faucon depuis mon deck ! Constructution, Winda, anéantissez Miyako !


-Quel simple d’esprit, Hiroki, j’activeAppel de l'Etre Hanté pour rappelerSatellchevalier Deneb de mon cimetière. Je peux donc ajouter Satellchevalier Véga de mon deck à ma main et ainsi me protéger de tes attaques.

Je réussis à éviter la défaite de très peu. Je ressentis l’attaque de ses deux monstres avec bien plus de violence que je ne l’aurais cru. Contrairement à Dan, Hiroki possédait des pouvoirs de duelliste télépathe vraiment impressionnants. Une de mes mèches de cheveux fut coupée alors que j’esquivai un des fils tranchant de la poupée de l’ombre. Je réalisai à quel point Hiroki ne plaisantait pas lorsqu’il disait vouloir me tuer…

Miyako : 500 – Floges : 4000 – Nagisa : 4000 – Hiroki : 4000.

-Je pose une carte et je termine mon tour là-dessus.

-Bon, Hiroki, tu commences à m’ennuyer, tu le sais ça ? Dan m’aurait vaincu ce tour sans me laisser de chance lui.

Hiroki grimaça car il savait que j’avais raison. Son excès de confiance en lui l’avait poussé à foncer tête baissée, dans le seul but d’en finir au plus vite avec moi, mais Dan, lui, savait que ce n’était pas la bonne manière pour me vaincre.

-C’est donc à moi, je pioche et j’invoque Véga de ma main, et par son effet Altaïr nous rejoint également, et enfin Deneb revient du cimetière pour ajouter Satellchevalier Alsahm à ma main. Il est temps de recouvrir mes trois monstres ; guerrier céleste, née de la poussière d’étoile, prête moi ta puissance et illumine les ténèbres ; apparais, Stellchevalier Delteros et détruis Constructution avec la pluie de poussière d’étoile !

Le monstre d’Hiroki disparut instantanément sous la lumière de Delteros et ce dernier grimaça. Si c’était bien le deck de Dan, il ne possédait qu’un seul exemplaire de chacune de ses fusions et sa meilleure arme venait de partir en fumée. J’avais cet avantage sur lui, je connaissais parfaitement son deck puisque c’était presque moi qui l’avais fait à Dan.

-Je récupère encore une fois Fusion Marionnette de l'Ombre de mon cimetière ; grogna-t-il.

-Tu ne pourras pas échapper à Delteros, aller, détruis Winda avec ton Tranchant des étoiles !

Miyako : 500 – Floges : 4000 – Nagisa : 4000 – Hiroki : 3700

-Je vais me reprendre pour le tour précédent Miyako ! Affirma Nagisa en dévisageant Floges avec hostilité. J’invoque Avatar Roi Du Feu Barong en mode attaque puis j’active la carte magie Fusion parfaite !

J’écarquillai les yeux. Depuis quand Nagisa possédait-elle le même pouvoir que Laura, Hélios et Angéla ? Cela signifiait-il qu’elle aussi m’avait dépassée ? Non, je ne devais pas penser à ça, je devais me concentrer sur le duel, je devais vaincre Hiroki coute que coute.

-Phénix immortel, flammes éternelles, cendres sacrées, alliez vous pour ne faire qu’un seul avec moi pour qu’ensemble, nous puissions veiller éternellement sur ceux qui nous sont proches ! Invocation Parfaite : Resplendis dans les flammes ; Avatar roi ultime du feu, Garunix !



Le Phénix prit son envol et, dans un cri assourdissant, commença à prendre feu. Ses ailes s’agrandirent, son torse se revêtit d’une sorte d’armure tandis que ses yeux devenaient rougeoyant comme les braises. Hiroki recula, surpris de voir une telle méthode d’invocation mais Floges ne semblait nullement étonné. Etait-ce lui qui était à l’origine de cette évolution ?

-J’active l’effet de Garunix pour détruireAvatar Roi Du Feu Garunix et ainsi invoquer depuis mon deck Avatar Roi Du Feu Yaksha ! Aller, Yaksha, détruis-moi le Faucon d’Hiroki !

-L’effet de Faucon s’active, je peux ainsi invoquer de mon cimetière Constructution Marionnette de l'Ombre El en mode défense !

-Puisque c’est ainsi, je vais attaquer le roi tigre de Floges avec Ga…

Nagisa s’arrêta soudainement dans sa phrase comme pétrifiée et pour cause, son adversaire la dévisageait avec des yeux assassins. Pourquoi semblait-elle si effrayée par Floges tout à coup alors que moins de deux minutes avant, elle lui tenait tête sans fléchir ?

-Nagisa, qu’est-ce qu’il se passe ? Lui criai-je en tentant de la faire revenir à la réalité.

-Il se passe ma très chère Miyako, que Nagisa n’osera pas attaquer son supérieur, n’est-ce pas ?

-Je…

-Non Nagisa, tu ne m’attaqueras pas, parce que tu sais que je peux te donner ce que tu souhaites et…

-Fermez-là un peu vous ! Intervint alors Hiroki, mécontent.

-Tu…Tu oses me dire à moi de…

-Vous perturbez ce duel Floges, alors taisez-vous et laissez Nagisa jouer tranquillement. Je suis venu ici dans le seul et unique but d’accomplir ma vengeance, mais je veux l’accomplir vite, j’ai encore beaucoup à faire !

-Petit insolent, tu…

-Garunix, détruis le roi Tigre, irradiation !

Miyako : 500 – Floges : 3300 – Nagisa : 4000 – Hiroki : 3700

Floges se retourna, fou de rage et ne put que constater qu’il ne restait plus de son monstre qu’un tas de cendres fumantes. Je tournai mon regard vers Hiroki. Pourquoi nous avait-il aidé ?

-Ne te méprends pas Miyako, je n’aime pas que les choses trainent, il en va de même pour ta mort.

-Vous n’auriez jamais dû toucher au roi de la confrérie…Marmonna alors Floges.

Les flammes autour de nous virèrent soudainement au noir et leur intensité augmenta encore. J’évitai de justesse une branche enflammée qui tomba en cendre dès qu’elle toucha le sol. Génial, réunis dans cette pièce, trois cause potentielles de mort me guettaient : les flammes, Hiroki et Floges. En y repensant, ce n’était pas tant par rapport à la guerre contre le démon, mais je n’avais pas l’intention de mourir, pas maintenant que Dan avait tout donné pour moi !

Derrière Hiroki, j’entendis un craquement sourd et je vis la fontaine de Floges se fissurer et basculer lentement vers lui. Je ne sais pas ce qui m’a pris à ce moment-là, mais je sauvai la vie de celui voulant ma mort.

-Hiroki, attention, derrière toi !

Sans que je n’ordonne rien, Delteros fit exploser le morceau de pierre sous le regard ébahi d’Hiroki qui venait de réaliser qu’il avait frôlé la mort de très près.

-Qu…Miyako…

-Ne me demande même pas pourquoi j’ai fait ça, je n’en sais rien moi-même ; lançai-je le plus froidement possible.

-Je commence à en avoir assez de vous, il est temps de vous vaincre une bonne fois pour toute ! Nous interrompit Floges qui était à présent entouré d’un halo rouge sang qui ne laissait présager rien de bon.

-Je devrais vous remercier bande d’imbéciles, car, puisque le roi de la confrérie n’est plus parmi nous, il va pouvoir laisser son trône au vrai commandant ; j’active la carte magie Fusion Néant !



Nagisa et moi reculâmes en même temps. C’était la carte de Shadow, celle dont la puissance dépassait l’entendement, j’avais du mal à croire que Floges la possédait également.

-Vous allez découvrir le véritable pouvoir que m’a accordé Pyros, le pouvoir de faire naitre du néant un pouvoir incommensurable ! Toi que la confrérie du poing de feu vénère depuis la nuit des temps, descends sur terre et consume ses habitants jusqu’au dernier pour qu’enfin ma vengeance soit pleinement accomplie ; Invocation Néant ; Confrérie du poing de feu – Divinité Tigre !



-Ce monstre gagne 500 points d’attaque pour chaque formation feu que je contrôle. De plus, il me suffit d’envoyer Tenki au cimetière pour bannir ta carte face cachée Nagisa ! Puis j’active Formation Feu – Tenken, mon monstre n’est plus affecté par les effets de carte durant cette phase. J’enchaine donc avec Trou Noir pour nettoyer un peu le terrain.

Tous les monstres disparurent en une fraction de seconde, excepté le monstre de Floges qui était le seul à être encore debout. Le spectacle que nous avions sous les yeux ressemblait vraiment à un champ de bataille où un seul survivant s’élevait au-dessus des ruines fumantes du jardin…enfin, un seul, pas tout à fait.

-L’effet de Delteros est activé, je peux donc rappelerSatellchevalier Altaïr de mon cimetière qui va lui-même rappeler Stellchevalier Delteros !

-Grand bien te fasse, de toute façon ma cible est Nagisa ! J’invoque Confrérie Du Poing De Feu – Ours puis Mon monstre passe 3200 et va attaquer cette traitresse directement !

Miyako : 500 – Nagisa : 800 – Floges : 3300 – Hiroki : 3700

Mon amie vola à travers la pièce lorsqu’elle reçut l’attaque du monstre de Floges et elle poussa un cri de douleur en percutant le sol certainement brulant, du jardin en flammes. Heureusement pour elle, elle n’était pas tombée sur l’un de ces buissons ardents, mais je me précipitai tout de même à son secours.

-Nagisa, tout va bien ? Lui demandai-je, réellement inquiète pour elle.

-Je crois que je n’ai rien de cassé…

Elle grimaça lorsqu’elle tenta de bouger son bras et je vis une grosse tâche sombre se former sous sa manche. Nagisa ne pouvait pas continuer le duel dans ces conditions. Elle protesta mais je ne voulais rien entendre.

-J’ai déjà fait une erreur par le passé en obligeant mon meilleur ami à se battre alors que c’était à moi de le faire. S’il t’arrivait la même chose qu’à lui, jamais je ne me le pardonnerais.

Nagisa tenta de répondre quelque chose mais la douleur l’empêcha visiblement de parler et elle se contenta de me donner la carte de Garunix.

Je me remis en position, prête à affronter Hiroki et Floges seule. C’était mon devoir en tant que Vice-Présidente du club de duel, je ne pouvais pas les laisser toucher un seul cheveu de Nagisa. Hiroki parut déstabilisé en voyant mon geste, lui qui me croyait égocentrique et ne pensant qu’à ma propre survie, mais, si cette Miyako là avait un jour existé, elle était morte à présent et je comptais bien lui prouver !


-Je révèle mon second piège, Annulation D'attaque, cela met fin à la battle phase Floges !

-Tu ne me laisse pas le choix, j’active l’effet de Divinité Tigre pour bannir Altair en envoyant Tenken au cimetière puis je pose une carte face cachée et je termine mon tour.

Hiroki hésita un instant avant de piocher sa carte et son regard alla de Nagisa à Floges avant de se poser sur moi.

-Garunix revient à présent sur le terrain ; lançai-je alors qu’il piochait sa carte en hésitant. Tous les monstres sur vos terrains sont détruits !

-Pas si vite, j’active une autreFormation Feu – Tenken pour protéger ma divinité. De plus, je peux ajouter à ma main Formation Feu – Gyokkou comme Ours vient de nous quitter.

-Constructution…Murmura Hiroki comme s’il perdait un ami cher. J’active mon Noyau Marionnette de l'Ombre pour l’invoquer en tant que monstre ! Puis j’active Fusion Marionnette de l'Ombre pour envoyer mon Noyau considéré comme un monstre Terre et Hérisson Marionnette de l'Ombre depuis mon deck afin d’invoquerShekhinaga Marionnette de l'Ombre El en mode défense ! Les effets de mes deux monstres s’activent et je peux ajouter à ma main Squamate Marionnette de l'Ombre et récupérer ma fusion ! Je pose un monstre et une carte face cachée et je termine mon tour là-dessus.

Je le regardai avec étonnement. Quelque chose avait changé subitement en lui. Peut-être était-il moins agressif dans son jeu, ou bien alors peut-être que ses menaces de mort me manquaient déjà, mais depuis mon acte envers Nagisa, il était bien plus hésitant.

-A moi donc ! Je pioche et j’invoque Satellchevalier Alsahm depuis ma main, ce qui vous coutera 1000 points de vie Floges !

Miyako : 500 – Nagisa : 800 – Floges : 2300 – Hiroki : 3700

-Je recouvre mes deux monstres pour invoquer Tellchevalier Ptolemaeus puis je peux invoquer également Stellchevalier Constellée Diamant !

Hiroki tiqua lorsqu’il vit ce monstre, et pour cause, il s’agissait du seul monstre de mon deck capable de lui faire perdre la partie sans qu’il puisse jouer. Cependant, il n’y avait pas que lui, Floges était là aussi et ce monstre ne signifiait certainement rien pour lui…

-Je pose une carte face cachée et je termine mon tour.

-Bien, c’est donc à moi de jouer et je vais terminer ce duel une bonne fois pour toute ! J’active Gyokkou pour sceller la carte que Miyako vient de poser puis j’invoque Confrérie Du Poing De Feu – Léopard. Je vais ensuite le sacrifier pour poser directement Formation Feu – Tensu depuis mon deck. Mais ce n’est pas tout, j’invoque en plus Confrérie Du Poing De Feu – Esprit et son effet me permet de rappeler Léopard. Invocation synchro ! Apparais, Confrérie Du Poing De Feu – Prince Des Chevaux ! Puis j’active la faculté de Divinité Tigre, en envoyant mes deux formations feu au cimetière, je bannis l’une des cartes face cachée d’Hiroki et Garunix !

On pouvait dire que j’étais mal…vraiment très mal. Avec 500 points de vie, je ne pouvais pas rivaliser avec le monstre de Floges…

-Finissons-en, Divinité Tigre, attaque Constellée Diamant…

-Pas si vite, j’active Compétence de Percée sur votre divinité ! Intervint soudain Hiroki.

Avant que je ne comprenne ce qui m’arrivait, le monstre de de Floges disparut sous les coups de Constellée sous les cris de rage du serviteur de Pyros.

-Miyako : 500 – Nagisa : 800 – Floges : 2200 – Hiroki : 3700

-Toi, tu vas me le payer ! Prince des chevaux, attaque son monstre face cachée !

-Vous n’êtes qu’un imbécile, il s’agit évidemment de Squamate qui, lorsqu’il est retourné, détruit un monstre, et je choisis sans grande difficulté le prince des chevaux.

Le deuxième monstre de Floges vola en éclats. Mais je n’arrivai toujours pas à comprendre ce qu’Hiroki faisait. Je croyais qu’il voulait ma mort…alors pourquoi venait-il de me sauver la vie ?

-Je suis le seul à avoir le droit de vaincre Miyako, c’est ma vengeance, et je ne laisserai personne d’autre se mettre en travers de ma route.

-Vous…Vous deux, je vais vous anéantir ! Je pose une carte face cachée et je termine ce tour !

-C’est donc à moi, je pioche et…

-Je révèle mon piège : Formation Feu Ultime – Seito! En bannissant Tenki, deux Tensu, deux Tenken, Gyokkou, et Tensen, je peux activer cette carte ! Revenez à la vieConfrérie Du Poing De Feu – Prince Des Chevaux, Confrérie Du Poing De Feu – Roi Tigre, Confrérie Du Poing De Feu – Ours, Confrérie Du Poing De Feu – Dragon et Confrérie Du Poing De Feu – Esprit ! Puis je pose depuis mon deck Formation Feu – Tensu, Formation Feu – Tenki, Formation Feu – Tenken et Formation Feu – Tensen ! Vous ne pouvez rien faire contre moi, je suis Floges, fils des flammes, deux insolents comme vous ne peuvent comprendre le désespoir à l’état pur !

-Nous verrons cela, j’active une fois de plus Noyau marionnette de l’ombre puisFusion Marionnette de l'Ombre pour l’envoyer avec mon Chien de Chasse Marionnette de l'Ombre et ainsi invoquer Wendigo Marionnette de l'Ombre El ! Puis je passe Shekhinaga en mode attaque pour détruire ours !

Miyako : 500 – Nagisa : 800 – Floges : 1200 – Hiroki : 3700

Floges mit un genou à terre. Nous étions sur le point de le vaincre ! Une minute…nous ? Non, Hiroki était en train de le vaincre. Cela me faisait mal de le reconnaitre mais sans lui, nous aurions certainement perdu ce combat Nagisa et moi. Je me retournai vers elle. Elle était toujours aussi mal en point. Je devais définitivement gagner, ou du moins éliminer Floges, une fois ceci fait, Nagisa serait en sécurité et c’est tout ce qui m’importait.

C’était ma dernière pioche, si je n’arrivais pas à gagner ce tour-ci, c’en était fini. Lorsque je mis ma main sur mon deck, ce dernier se mit à scintiller de mille feux et Delteros tourna la tête vers moi. Je compris immédiatement ce qu’il se passait et je tirai ma carte sans même hésiter, puis, sans la regarder, je l’activai.

-Fusion Parfaite Activée !

Le serviteur de Pyros devint livide lorsqu’il vit cela et Nagisa releva péniblement la tête, intriguée par cette nouvelle lumière si apaisante, cette lumière retirant aux flammes leur caractère sinistre et destructeur, cette lumière symbolisant l’espoir dans la guerre contre les démons.

-Chevalier galactique, lumière traversant les ténèbres de l’espace, rejoins-moi et accorde-moi la victoire sur les flammes éternelles ! Invocation Parfaite ! Illumine les cieux, Satellchevalier Delteros Andromède !



Mon guerrier lâcha l’épée qu’il tenait en main ainsi que son bouclier et son armure se fissura peu à peu, en laissant apparaitre une nouvelle, brillante comme l’astre du jour et son casque tomba, laissant apparaitre le visage d’un homme aux cheveux bleu et aux traits matures. Dans ses mains se tenait une galaxie naissante.

-Im…Impossible ; bégaya Hiroki. Je croyais que seules les personnes au cœur pur pouvaient maitriser ce pouvoir…

-Puisque Stellchevalier Delteros a été envoyé au cimetière, je peux rappeler Satellchevalier Véga. Puis l’effet d’Andromède s’active pour bannir Dragon ! J’enchaine en invoquant spécialement Satellchevalier Capella et ainsi bannir prince des chevaux !

-Je ne laisserai pas ceci ! J’active Tenken pour…

-Je révèle ma carte face cachée ; intervint alors Nagisa. Appel de l'Etre Hanté pour rappeler Garunix sur le terrain de Miyako…

-Nagisa…Je saurais en faire bon usage. J’invoque à présentSatellchevalier Procyon et l’effet d’Andromède s’active une nouvelle fois pour bannir Tenken !

-Non…Non, je ne peux pas…pas après tous ces sacrifices…

-Regardez la réalité en face Floges, vous avez perdu ! Garunix, Attaque Esprit !

Miyako : 500 – Nagisa : 800 – Floges : 0 – Hiroki : 3700

Floges voltigea à l’autre bout de la pièce tandis que ses points de vie tombèrent à zéro et que les flammes disparurent. Il ne restait qu’Hiroki à vaincre.

-Andromède, détruis Wendigo avec ton explosion galactique !

-Je ne me laisserai pas faire Miyako ! J’active l’effet de Wendigo pour protéger Shekhinaga !

-Constellée, attaque Shekhinaga !

Miyako : 500 – Nagisa : 800 – Hiroki : 3600

Lorsque mon attaque pris fin, Hiroki se mit à rire. Je ne savais pas s’il s’amusait ou s’il se moquait de moi mais dans tous les cas, je restais sur mes gardes, n’oubliant pas ce que ce type voulait me faire.

-Miyako…je commence à comprendre pourquoi Dan t’aimait tant finalement !

-Ah oui ?

-Oui, et c’est justement parce que Dan t’aimait que je te détestais, toi qui as toujours mérité plus d’attention de sa part que moi, son frère ainé !

-Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même si Dan ne t’aimait pas ; le rabrouai-je.

-Oui, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, tu as raison…en fait, c’est peut-être moi que je déteste et non toi…

-Je ne te comprends pas Hiroki.

-Lorsque j’ai appris que Dan s’était sacrifié pour toi, cela n’a fait que remettre sur le tapis ce sentiment de délaissement de sa part. Il m’avait abandonné une fois de plus pour toi, mais cette fois-ci, il n’y avait aucun retour en arrière. Est-ce que tu imagines un peu, toute la rage accumulée en moi au fil des années, je pouvais enfin la passer sur quelqu’un, en te tenant pour responsable de la mort de Daniel, je pouvais me venger de toi sans remord !

-Je n’imaginais pas que tu étais tombé aussi bas ; rétorquai-je.

-Oui, je suis tombé bas, très bas, dans les abysses de la folie d’où aucune lumière d’espoir ne peut parvenir. Mais lorsque je t’ai vu tout donner pour cette fille puis lorsque tu as activé la fusion parfaite, cet infime rayon d’espoir a fini par me trouver.

Après quelques secondes de silence, je repris la parole, d’un ton plus doux cette fois-ci.

-Tu n’es pas le seul à avoir eu besoin de quelqu’un pour remonter Hiroki. Sans Darksky, je serais exactement dans le même état que toi en ce moment, à vouloir tuer la présidente du club de duel qui a laissé mourir son ami. Tu ne peux pas avancer seul dans la vie, c’est ce que j’ai réalisé cette année ; avouai-je enfin en souriant à Nagisa.

-Peut-être…as-tu raison…

Hiroki sourit à son tour et mit la main sur son disque de duel puis tous nos monstres se fondirent dans le décor et disparurent.

-Ne crois pas avoir gagné Miyako, ce n’est que partie remise, je vengerai Daniel…mais je sais sur qui la foudre de ma colère doit s’abattre à présent : Gariatron, démon originel des ténèbres. Il est le seul responsable. La vie est une suite de choix Miyako, et Daniel a mis fin à la sienne en faisant le choix de se sacrifier pour une imbécile dans ton genre, je ne peux que respecter sa volonté. Mais un jour, je te ferai payer pour m’avoir volé Daniel pendant toutes ces années, sois-en certaine.

-Essaie un peu pour voir, tu n’as pas réussi aujourd’hui, tu ne réussiras pas non plus dans deux jours, ni dans deux ans. Je n’étais pas présidente du club de duel pour rien.

Tandis que nous parlions, Nagisa s’était éclipsée et était au chevet de Floges. Je lui fis signe de s’éloigner, mais elle n’en fit rien et semblait réellement inquiète pour le serviteur de Pyros. Je m’approchai donc pour voir de quoi il en retournait.

-Pourquoi…Pourquoi…Murmurai Floges en boucle.

-C’est terminé Floges, vous n’avez plus à vous comporter de la sorte ; lui répondit Nagisa comme si elle consolait un enfant.

-J’ai voué toute ma vie à la vengeance…et voilà à quoi j’en suis réduit…je suis vraiment pathétique…

Hiroki s’agenouilla devant l’homme vaincu et l’obligea à le regarder dans les yeux, le regard sévère.

-Toute une vie consacrée à la vengeance ?

-Oui, ma vengeance contre l’humanité. La victoire des démons sur tous ces misérables aurait dû m’apporter enfin la justice…mais j’ai perdu, Pyros ne réalisera jamais mon souhait…Vous venez de gâcher le rêve de toute une vie…

-Ce souhait Floges, quel est-il ? Lui demandai-je à mon tour.

L’homme ferma les yeux et commença son regard d’une voix lente et grave.

-Je n’ai jamais connu la paix. Je suis né dans un pays en guerre civile. Mes parents étaient des riches bourgeois et nous possédions une maison à l’écart des troubles. J’ai donc grandi avec la peur de voir notre vie détruite, peur fondée puisqu’un jour, des rebelles arrivèrent et mirent le feu à la maison. J’en suis le seul survivant. Mes parents, mon majordome, mes professeurs, tous sont morts à cause de la stupidité humaine ! Mais ne croyez pas que mon malheur se soit arrêté là, je me suis engagé dans l’armée de libération, j’ai vu mes camarades tomber, j’ai tué un nombre incalculable de gens avant que notre front ne soit vaincu. J’ai dû fuir et c’est au plus profond du désespoir que j’ai rencontré Pyros. Il m’a parlé de son combat contre Armageddon et j’ai accepté en échange d’un souhait : détruire tous ces vauriens m’ayant tout pris…Dans le nouveau monde que Pyros m’a promis, il n’y aurait plus eu de guerre, plus de souffrance, je me serais assuré personnellement que personne ne dérange cet équilibre…Mais c’est terminé, jamais je ne verrai ce monde si parfait maintenant que vous me l’avez pris…

Floges s’arrêta là, certainement incapable de continuer. Même s’il était notre ennemi, je comprenais ses motivations. Je ressentais la même chose vis-à-vis de Gariatron depuis la mort de Dan, sauf que lui, il le ressentait certainement depuis des années, c’était un fardeau qu’il avait dû porter seul de jour en jour, un fardeau rapidement devenu trop lourd pour un simple être humain. C’est en entendant son histoire que je pris une décision allant influer radicalement sur le cours de ma vie.

Je me relevai et je soupirai.

-Soit, puisque vous y tenez, je vais vous promettre de rétablir la paix. Mais ne comptez pas sur moi pour faire plus de victimes.

-Et comment comptes-tu faire Miyako ? Me demanda Hiroki intrigué.

-En mettant fin à cette guerre une bonne fois pour toute et en devenant la personne la plus influente de ce pays !

-Tu veux dire…

-Oui, vous avez devant vous la présidente Hikari Miyako !

-Présidente…Hikari ? Ça sonne bien comme nom Miya-chan ; dit Nagisa avec entrain. Et puisque tu dois t’entrainer à commander, je te laisse la présidence du club de duel tant que tu seras parmi nous !

-Non, tu n’as pas besoin…

-Si, j’insiste, et je te soutiendrai dans ta campagne ! Je pourrais même être ta directrice de campagne ! Oh et si tu prenais Darksky pour faire de la publicité ? Saya, Laura et Alan pourraient nous aider aussi, tu en dis quoi ?

-Bon sang, j’aurais dû me taire. Oubliez ces histoires et concentrons-nous sur les démons. Si nous échouons, il n’y aura plus rien à gouverner je vous signale ! Hiroki ?

Ce dernier tourna la tête vers moi, intrigué.

-Viens-tu avec nous ou retournes-tu te battre contre le démon ?

Il hésita une seconde avant de répondre :

-Puisque que je suis là, autant venir avec vous ; dit-il en haussant les épaules.

-Floges, ne vous inquiétez pas, tout rentrera dans l’ordre et plus personne n’aura à souffrir à cause de guerre, telle est ma première promesse.

Il ne répondit rien à cela et sourit légèrement pour la première fois.

-Nagisa, je suis désolé de t’avoir manipulé ainsi. Sans m’en rendre compte, je te jalousais, toi qui, comme moi, as tout perdu et qui pourtant, as continué à vivre, entourée de tes amis. Au fond de moi, je t’enviais vraiment…

-Ce n’est rien Floges, je m’excuse aussi d’avoir trahi votre confiance en me révélant être une espionne. Nous sommes quittes comme ça ! Lui répondit Nagisa essayant d’apparaitre la plus joyeuse possible.

Nous le laissâmes au milieu du champ de ruines qu’était son jardin pour nous avançâmes vers la grande porte de l’autre côté, dernier obstacle nous séparant des démons.



Chapitre 29 : Torrent Impétueux



Spoiler :



Ce long couloir si sombre…il éveillait quelque chose en moi, comme un lointain souvenir, une illusion perdue, un rêve se perdant dans la brume de mon esprit. Depuis mon arrivée dans ce monde, j’avais l’impression d’oublier de nombreuses choses sur mon passé. Même si tout paraissait clair dans ma tête sur ma vie, ma famille, mes amis et moi-même, je gardais en moi cette sensation que certaines choses m’échappaient. Des choses sans importance peut-être, des futilités que n’importe qui aurait oublié de toute façon, mais je savais qu’il me manquait quelque chose, comme une zone d’ombre que l’on aurait effacée de mon esprit lorsque je suis passé de mon monde à celui dans lequel je vis actuellement. Ce sentiment état né après la défaite d’Hélios et n’avait fait que grossir pendant les six mois qui suivirent. A présent, j’en avais la certitude : mon passé n’était pas celui que je croyais être.

Lorsque je regardais les murs de pierre sombre qui m’entourait, la nostalgie m’envahissait, comme si j’avais connu une architecture similaire des années plus tôt.

J’avançais lentement, pas à pas, non pas par peur, mais par intrigue. Je voulais comprendre pourquoi tout ce qui se trouvait dans cette forteresse m’était si familier.

-Drago, tu ferais mieux de te dépêcher, les démons ne t’attendent pas pour attaquer ; me conseilla Théa en me faisait revenir à la réalité.

-Oui, désolé, c’est simplement que…j’ai l’impression de connaître cette forteresse ; lui avouai-je.

Ma sœur grimaça comme si je venais de percer à jour l’un de ses secret et Ladd apparut à son tour. Depuis quelques temps, il avait abandonné mon apparence pour prendre celle d’un homme adulte, aux cheveux noirs et aux yeux dorés. Les traits de son visage reflétaient en même temps la sagesse de quelqu’un ayant vécu énormément de chose, mais également la force de quelqu’un pouvant encore écraser ses ennemis d’un seul regard.

-Drago, pour le moment, contente-toi de vaincre les démons, tu ne dois penser qu’à la victoire et ne pas te laisser distraire par des futilités de ce genre.

-Futilités ? Répétai-je en fronçant les sourcils. Si ma mémoire me fait bien défaut, les démons sont bien la dernière de mes priorités dans ce cas !

-N’oublie pas que ce monde est le tien, tu peux considérer ta vie passée comme un rêve, un rêve qui s’effacera avec le temps.

-Quinze ans ! Un rêve de quinze ans, tu ne trouves pas ça un peu long Ladd ? Tu insinues que je suis né l’année dernière ? Que tout ce que j’ai vécu jusque-là n’a aucune importance ?

-Apparemment, cela n’en a aucune puisque tu as essayé de mettre fin à tes jours et que tu n’y as jamais repensé depuis ton arrivée ici ; répliqua l’esprit de duel.

Je m’arrêtai soudainement et je me retournai, hors de moi. J’avais vraiment l’impression de n’être qu’une marionnette pour Ladd et ma sœur, qui m’utilisaient afin d’arriver à des fins qu’ils ne pouvaient accomplir seuls. Depuis mon arrivée dans ce monde, je n’avais fait qu’obéir bien sagement à ce que tout le monde me disait, je commençais à en avoir assez de ne pouvoir agir par moi-même. Si l’objectif d’Hélios était bien de combattre Armageddon en ralliant les démons à sa cause, alors pourquoi n’avais-je pas choisi de me joindre à lui mais m’étais-je retrouvé de force dans son camp de par mes ancêtres et mon pouvoir ?

Théa soupira et Ladd leva les yeux vers le plafond puis les deux esprits se regardèrent et hochèrent tous les deux la tête puis me sœur me regarda tristement.

-Ce que tu as perdu Drago, je ne peux pas te le rendre.

-Tiens donc, alors comme ça, mes souvenirs ont été modifiés et tu le savais mais tu n’as jamais rien dit ? Rétorquai-je en lui lançant un regard noir.

-Ce n’est pas aussi simple que tu le crois, il n’y a aucune force rentrée en jeu, il n’y a que toi. C’est comme si tu cerveau avait réécrit ton histoire lorsque tu es arrivé dans ce monde. Tu as toi-même écarté certains souvenirs et tu les as remplacés par d’autres.

-Et tu ne pouvais pas me le dire plus tôt ?

-Les souvenirs sont un poids, lorsque tu peux t’en débarrasser, fais-le, c’est le seul moyen d’avancer.

-Evidemment, mais sur le chemin que j’ai emprunté à cause de vous, il n’y a aucune bifurcation désormais ! Je suis simplement Drago, l’élu des dieux qui doit combattre les démons puis Armageddon, mais une fois que tout cela sera terminé, que deviendrai-je ? Qu’adviendra-t-il de la personne n’ayant que l’ombre derrière et devant lui ? Je n’aurais d’autre choix que de sauter les deux pieds dedans encore une fois, c’est cela que vous voulez ? Je ne vis que pour réaliser la prophétie, la combattre et sortir victorieux avant de sombrer ?

Ma sœur tenta de répondre, mais je n’avais plus envie de perdre mon temps. Je sortis de mon deck les cartes du dragon de la lumière et des ténèbres et celle de la magicienne des ténèbres et je les jetai par terre. Immédiatement, les deux esprits disparurent de ma vue comme je l’espérais. Je commençais à en avoir assez de ceux deux-là. S’ils voulaient tant que ça que j’efface mon passé, alors voilà, c’était fait, les deux dernières personnes me reliant à mon passé venaient disparaitre. Il était grand temps que Drago Mio vole de ses propres ailes. Il y avait cependant un point sur lequel j’allais suivre ce que ces deux-là me disaient : j’allais vaincre les démons et ramener la paix, mais pas pour Ladd et Théa, mais pour Angéla, June, Maya, Ambre, Darksky et tous les membres de son club, pour le professeur Wheeler et Mai, pour Toru, Misaki et tous les autres m’ayant accueilli dans ce monde en ne sachant même pas qui j’étais, pour eux, j’allais enfin m’acquitter de cette dette.

-Et après ? Dis-je à voix basse dans un murmure.

Je regardai une dernière fois les deux cartes trainant sur le sol avant de leur tourner le dos définitivement et m’avancer plus profondément dans cette forteresse.

J’avançai sans me retourner, sans penser aux deux amis que je venais de laisser derrière moi, je me contentai d’aller toujours tout droit, toujours plus loin, dans ce long, long couloir de pierre grise.

J’avais l’impression d’avoir marché plusieurs kilomètres lorsque le décor changea enfin, de manière brutale en plus.

Le couloir débouchait sur une vaste salle remplie d’eau…Je ne m’attendais vraiment pas à tomber sur un tel endroit et je freinai brutalement sous peine de tomber droit dans cette mer intérieure…Non, c’était plus qu’une simple mer, c’était la recréation exacte d’un port de plaisance comme j’avais pu en voir sur les côtes. Plusieurs bateaux s’alignaient derrière différents ponts de bois auxquels ils étaient amarrés. Il y en avait de toute sorte, allant de la petite barque à la grande frégate à voile en passant par les classiques yacht et les bateaux de pêche. Le plafond était peint de telle façon à recréer un ciel bleu comme l’azur sans aucun nuage. Etrangement, un léger vent apportant les bonnes odeurs de la mer soufflait également. Sans les murs délimitant cet espace clos, j’aurais eu du mal à croire que j’étais vraiment à l’intérieur d’une véritable forteresse.

Au large, un bateau un peu plus gros que les autres se dessinait dans le bleu de l’eau, tel un mirage caché par la brume. Je distinguai néanmoins qu’il ressemblait à ces gros navires de croisière avec ses hautes cheminés crachant une fumée noire sans pour autant que le bateau ne bouge, comme s’il s’était échoué contre un récif.

-Tu as vu Théa, c’est…

Je me repris immédiatement en me souvenant que je l’avais abandonnée avec Ladd. Je n’avais pas besoin d’elle après tout. Si elle préférait jouer avec ma vie plutôt que de veiller sur moi, je n’avais plus rien à faire avec elle.

Je tournai ensuite la tête vers la gauche et je vis quelqu’un debout sur la jetée surplombant la mer. Il s’agissait vraisemblablement de Kyuryu. Parfait, j’allais pouvoir lui régler son compte rapidement et sauver Angéla et les autres.

Je m’avançai vers lui, mais étrangement, il ne bougea pas d’un pouce alors que mes pas résonnaient tout de même sous la haute voute de la forteresse. Même lorsque je fus à quelques pas de lui, il ne semblait pas me remarquer et continuait à fixer la mer, inlassablement.

Je remarquai alors ses vêtements ordinaires…trop ordinaires pour un serviteur d’un démon : un simple pull rayé bleu et blanc, un pantalon noir et au bras, un béret blanc et rouge sur la tête et un ciré jaune posé sur un poteau à côté de lui.

Je me raclai la gorge et il sembla enfin notifier ma présence et tourna la tête lentement vers moi puis me regarda avec un regard vide à glacer le sang.

-Un visiteur ? C’est rare, personne n’ose s’aventurer dans le domaine de Kyuryu, pas même mes subordonnés ; dit-il d’une voix éteinte.

-Kyuryu, je suis venu…Commençai-je avant de me faire interrompre.

-Je sais très bien ce que tu es venu faire…mais vois-tu, je ne suis pas d’humeur à me battre aujourd’hui. Alors fais ce que bon te semble. Si tu veux voir Syphos, passe simplement ton chemin et ignore-moi, je ne t’empêcherai pas de passer.

Le vieil homme s’arrêta là et recommença à fixer la mer. Je ne savais plus quoi faire. J’étais venu dans l’espoir de convaincre Kyuryu de raisonner les démons ou alors le combattre s’il refusait mais là…il faisait simplement comme si toute cette crise n’existait pas, comme si, peu importe le sort du monde, il resterait là à fixer l’océan jusqu’à la fin.

C’était l’occasion rêvée pour aller défier immédiatement les démons, mais quelque chose dans l’attitude de cet homme me gênait. Sa voix, son regard, son visage pâle, sa volonté, tout était éteint chez lui et, même s’il était notre ennemi, je ne pouvais m’empêcher de ressentir de la pitié à son égard.

Théa et Ladd m’auraient certainement dit de le laisser tomber et saisir ma chance, mais ils n’étaient plus là pour me dire quoi faire, je devais écouter ma propre raison, pas la leur, et cette dernière me commandait à ce moment-là d’aider, non pas l’ennemi Kyuryu, serviteur de Syphos, mais le vieil homme éteint que j’avais en face de moi.

-Kyuryu, affrontez-moi en duel ! Lançai-je dans l’espoir de le faire réagir.

Il me répondit par un simple grognement mais ne fit rien de plus. Je me mis alors juste devant lui de façon à lui boucher la vue et il fronça les sourcils.

-Qu’y-a-t-il encore gamin ? dit-il d’une voix plus agressive. Je t’ai dit de partir et de me laisser.

-Kyuryu, expliquez-moi, êtes-vous un serviteur de Syphos oui ou non ?

-Je partage les mêmes convictions que lui, rien de plus. Mais maintenant, il n’y a plus rien à faire, quoique vous fassiez, je ne peux plus rien pour m’y opposer, telle la tempête balançant un chalutier en pleine mer, le pauvre marin ne peut que regarder son bateau couler et doit couler avec lui.

-Si vous partagez les mêmes convictions que lui, vous devez combattre le destin j’imagine ? Dans ce cas, pourquoi être aussi défaitiste ?

Le vieil homme se leva péniblement et se prit la direction de l’un des quais, y descendit lentement et m’invita à le rejoindre d’un regard vide. Je descendis sur les petits ponts de bois à mon tour et je m’arrêtai à côté de lui, juste devant un grand voilier à trois mats, une frégate pour être exacte, comme celles que l’on peut voir dans les livres d’histoire. Seule sa coque en métal rappelait qu’elle devait être neuve.

Kyuryu monta sur le pont et je fis de même puis il effleura de la paume de la main le mat principal avec un air nostalgique. Je ne comprenais pas où il voulait en venir jusqu’au moment où il se tourna vers moi, un médaillon en or dans une main, un une photo dans l’autre, rouleau qu’il me tendit.

-Qu’est-ce…

-La raison pour laquelle je me suis engagé au service de Syphos il y a maintenant presque vingt ans se trouve sur cette image, figée dans le temps.

J’attrapai avec précaution le bout de papier et ce que je vis dessus me surpris : il y avait un homme d’une quarantaine d’années, je reconnus Kyuryu habillé d’une veste de marin d’où pendaient de nombreuses décorations, et portant un béret de la marine, aux côtés d’une petite fille aux cheveux blancs comme la neige et aux yeux rouges comme le sang, mais qui souriant chaleureusement en tenant la main de Kyuryu. Son visage était assez rond, elle ne devait pas avoir plus de six ou sept ans mais semblait plus grande que son âge par sa taille. Elle portait une simple chemise blanche et une courte jupe unie à sa chemise. Les deux personnes faisaient face à l’objectif sur un fond marin, avec un voilier en arrière-plan, le même que celui sur lequel je me trouvais.

J’eus un hoquet de surprise en reconnaissant cette fille sur la photo.

-T…Terra ? Bégayai-je.

Un faible sourire éclaira brièvement le visage du vieil homme.

-Terra…est votre fille ? Demandai-je, abasourdi.

-Non, elle ne l’est pas, mais je la considère comme telle. Après tout, je ne sais même pas si j’ai déjà une fille ou non…

-Que voulez-vous dire ?

-C’est très simple : le Kyuryu que tu vois devant toi est né à quarante ans. Avant ça, il n’y a rien que le néant et des bribes de souvenirs lointains.

-Attendez, Kyuryu, vous êtes…amnésique ?

-Oui, je le suis. Kyuryu n’a pas de passé, il n’a pas de futur, il n’a que le présent et Terra, ce sont les dernières choses qu’Armageddon m’ait laissé il semblerait…


J’allais lui en demander plus lorsque je sentis que le bateau sur lequel nous nous trouvions se mettait à bouger. Lentement, le port s’éloignait de moi et une épaisse brume nous entoura, nous cachant totalement la vue. Je n’avais pas prévu ça et j’ordonnai à Kyuryu de faire revenir ce bateau immédiatement pour aller combattre les démons mais c’était comme s’il ne m’entendait pas et que son navire bougeait tout seul, même si les voiles n’étaient pas dépliées. Je l’agrippai alors par le col mais il me répondit simplement par :

-Ne voulais-tu pas comprendre pourquoi je m’étais engagé auprès de Syphos, Drago ?

Je le relâchai, conscient de ma propre erreur et cette fois, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. J’allais donc devoir assumer, et qui sait, peut-être que j’allais réussir à convaincre Syphos de rejoindre nos rangs en le connaissant mieux.

La brume finit par se dissiper légèrement et me laissa entrevoir une petite ile sur laquelle nous accostâmes. Kyuryu descendit du navire et je le suivis sur cette plage de sable fin. Etions nous réellement encore à l’intérieur de la forteresse ? J’avais vraiment du mal à le croire…

Soudain, je vis quelqu’un marcher sur le sable à côté de nous et j’eus un hoquet de surprise en reconnaissant le Kyuryu de la photo, à quarante ans, et lorsque je me tournai vers le vieil homme, je ne vis que son regard vide dans ses yeux.

Le quadragénaire boitait et d’énormes cernes entouraient ses yeux, comme s’il n’avait pas pu se reposer depuis des jours. Ses habits étaient en lambeaux, et il était visiblement affamé vu sa maigreur.

-Lorsque je me suis réveillé sur la page de cette ile, j’étais seul et sans passé ; déclara alors soudainement Kyuryu. Je ne savais même pas comment je m’appelais ni ce que je faisais là alors je suis resté sur cette plage plusieurs jours, jusqu’à ce que la faim ne me le permette plus et je me suis enfoncé dans la jungle.

Effectivement, le jeune Kyuryu se dirigeait vers les grands arbres plus éloignés de la plage et disparut rapidement de notre vue. Comment avais-je pu atterrir dans les souvenirs de Kyuryu ? Etait-ce la le pouvoir de Syphos ? Je voulus demander à Ladd mais je me rappelai une fois de plus qu’il n’était plus là, lui qui savait tant de choses que j’ignorais…

Accompagné du vieil homme, je suivis le jeune Kyuryu à travers la forêt d’arbres tropicaux. Nous arrivâmes rapidement à une petite clairière ensoleillée et le jeune serviteur de Syphos s’y arrêta puis regarda le ciel avant de s’effondrer par terre puis toute l’ile devint noire d’un seul coup.

-Je me suis évanoui par manque de nourriture et de sommeil, donc mes souvenirs sont interrompus ; dit Kyuryu d’une voix toujours aussi éteinte.

La clarté revint quelques secondes plus tard et nous nous retrouvâmes dans une sorte de grotte où étaient entreposées toutes sortes d’affaires, modernes comme des chaises et des tables en plastique, et anciennes comme un vieux lit en bois brut, un filet, une lance et une armoire. Ce décor était vraiment déstabilisant mais ce qui l’était encore plus, c’était cette petite fille assise à côté de Kyuryu. Ses cheveux étaient blancs comme la neige et ses yeux rouges comme le sang mais elle regardait l’homme affaibli avec compassion et inquiétude. Elle ne portait sur elle qu’une légère robe brune très abimée ainsi qu’un bracelet d’or au poignet et ne devait pas avoir plus de six ou sept ans.

-Terra…

Oui, c’était bien elle, la jeune fille sur la photo, la servante de Tellas et cette petite fille ne formaient qu’une seule et même personne que je connaissais sous le nom de Terra, mais lorsque je voulus en demander d’avantage au vieil homme, il ne me regarda même pas et continua à fixer la scène d’un air triste.

L’homme au sol se releva alors en grimaçant et en gémissant puis écarquilla les yeux en voyant la petite fille qui lui souriait d’un air soulagé.

-Oh, tu es enfin réveillé, je suis rassurée ; dit-elle avec entrain.

-Où…suis-je ? Demanda timidement le jeune Kyuryu, déboussolé.

-Je t’ai trouvé dans la forêt, inconscient alors que je chassais. Tu as de la chance que je sois passée, sinon les bêtes sauvages t’auraient certainement dévoré !

Terra se mit à rire en disant ça tandis que le serviteur de Syphos pâlit.

-Et bien…je crois que je te dois la vie, merci beaucoup…

-Ce n’est rien, c’est tellement rare de voir quelqu’un ici.

-Attends, tu vis seule ? Reprit Kyuryu étonné.

-Bah oui, pourquoi ?

-Je…c’est étonnant que tu aies réussi à survivre dans cet environnement par toi-même alors que j’ai failli y passer…

-J’ai bien eu des parents il y a longtemps mais ils ne sont plus là à présent, alors je dois me débrouiller seule !

-Oh, je vois…

-Mais je ne me suis pas présentée, je m’appelle Terra ! Et toi ?

-Euh…je ne sais pas ; lui répondit-il avec un sourire triste. Je ne sais ni où je suis, ni pourquoi je suis là et encore moins qui je suis.

-Dans ce cas, que dirais-tu de rester un peu avec moi ? Proposa la petite fille avec entrain.

-Tu demande à un inconnu…de rester avec toi ?

-Qu’y a-t-il d’étrange à cela ? Répondit la fille, étonnée.

-Non, rien…De toute façon, je ne pense pas pouvoir me débrouiller seul, donc pourquoi pas, du moins, le temps que je retrouve la mémoire…

L’île redevint noire puis je me retrouvai à nouveau sur le bateau, mais ce dernier était de retour au port. Avais-je rêvé ? Non, tout cela était bien trop réelle et cohérent, je venais vraiment de voir les souvenirs de Kyuryu par le biais de cette étrange brume. Ce dernier était toujours à côté de moi et prit la parole avant moi :

-Comme tu peux le voir, je n’ai jamais pu la retrouver. Cependant, un bateau de sauvetage est venu me rapatrier et Terra m’a accompagné. Si j’avais su tout ce qui allait se passer, jamais je ne lui aurais proposé. Si elle ne m’avait jamais rencontré, elle n’aurait pas eu à porter le même fardeau que moi et serait restée sur cette ile, belle, innocente et pure. C’est l’une des raisons pour lesquels j’ai rejoint Syphos, pour faire payer à Armageddon ce qu’il m’a infligé et ce qu’il a infligé à Terra. Elle ne méritait pas un tel destin mais cela ne va pas durer, je vais briser ce cycle et tout redeviendra normal pour elle, pour moi, pour nous tous !

Une flamme nouvelle venait de s’allumer dans le regard auparavant vide de Kyuryu. Je comprenais mieux à présent ses motivations. Tout comme moi, son passé n’était qu’un vague souvenir entouré de brume. Finalement, n’étions-nous pas dans le tort à vouloir combattre ces démons ? Non, je devais me sortir cette idée de la tête, de toute façon, il fallait empêcher Gariatron d’arriver à ses fins, telle était ma priorité, je ne devais penser à rien d’autre !

-Tu sais Drago, l’amnésie n’est pas toujours un mal ; déclara soudain le serviteur de Syphos.

-C…Comment ?

-Lorsque je fus sauvé, j’ai appris de nombreuses choses dont je ne suis pas fier aujourd’hui mais que j’avais oubliées et que j’aurais préféré laisser dans l’oubli.

-Mais tous les souvenirs heureux ? Vos amis, votre famille, votre vie passée, n’a-t-elle donc aucune importance ? N’êtes-vous pas frustré de savoir que vous avez vécu pour rien, pour recommencer à zéro ?

-Si, je suis frustré, tellement que cela m’a souvent empêché de dormir…mais là où Armageddon est encore plus cruel, c’est qu’il a fait en sorte que mon passé ressurgisse, mêlant ainsi deux facettes de mon être, deux vie différentes et incompatibles : celle de Kyuryu le marin et celle de Kyuryu, le père adoptif de Terra. Mes deux vies sont des mensonges, mais j’ai fait ce choix, qu’une fois Armageddon vaincu, j’abandonnerai définitivement l’ancien Kyuryu, même si cela signifie avoir perdu quarante ans de ma vie, il n’y a plus que Terra, cette ile déserte et moi à présent. Je suis mort lorsque mon bateau a coulé par un jour de tempête, et une nouvelle âme a pris place dans mon corps ce même jour et est née sur cette île, avec Terra.

Plus j’écoutais Kyuryu, plus je me laissais convaincre par ses propos. Ladd et Théa m’avaient non seulement menti mais ils étaient les derniers éléments me reliant à mon passé. Mais le passé est une chose finie, ma vie était à présent parmi Angéla et les autres, dans ce monde que nous avions protégé ensemble et que nous essayions de protéger une fois de plus. Oui, il était plus que temps d’aller de l’avant une fois pour toute et…

Je fus distrait par un bruit de pas provenant du même couloir que celui par lequel j’étais arrivé et Kyuryu leva la tête, aussi surpris que moi. Une ombre furtive passa au-dessous de nous telle un ninja et quelqu’un portant un grand manteau noir et une longue écharpe cachant son visage se posa sans un bruit sur le pont du bateau. Tout ce que je pouvais distinguer chez cette personne étaient ses longs cheveux si noirs qu’ils paraissaient presque bleus ses yeux, bicolores, et ces derniers me firent un choc. Je…je connaissais ces yeux verts comme l’émeraude et noir comme l’ébène.

-Encore un visiteur ? Je n’ai pas vu autant de monde dans mon sanctuaire depuis une éternité ; déclara Kyuryu.

La nouvelle venue, puisqu’il s’agissait sans aucun doute d’une fille, ignora sa remarque et me fixa d’un air sévère et je reculai d’un pas, troublé.

-Qu…qui es-tu ? Bégayai-je, peu assuré.

Lorsque je prononçai cette phrase, la jeune fille eu l’air troublée à son tour et me regarda avec étonnement et peine. Elle enleva alors son écharpe et me sourit légèrement.

-Désolée, tu n’as pas dû me reconnaitre dans cet accoutrement ; dit-elle d’une voix claire.

Cependant, je n’eus pas l’air de réagir comme elle s’y attendait car elle pencha la tête sur le côté et prit un air inquiet.

-Je suis désolé mais je répète ma question, qui es-tu ?

Elle écarquilla les yeux de surprise et lâcha l’écharpe qu’elle tenait en main puis ouvrit la bouche, mais aucun mot n’en sortit et elle tremblait. Kyuryu vint s’en mêler à son tour, ce qui ne fit qu’augmenter son malaise.

-Effectivement jeune fille, j’aimerais également savoir qui vous êtes. Vous avez pénétré dans mon domaine sans permission, donc la moindre des choses serait de vous présenter.

Le regard paniqué de la nouvelle venue passa successivement de Kyuryu à moi mais elle semblait réellement en état de choc.

-Allons, calme-toi, aucun d’entre nous deux ne te fera de mal…enfin, moi du moins, lui je ne sais pas trop.

-Mais…mais…Tu es bien Drago Mio ? Demanda-t-elle d’une petite voix peu assurée.

-Oui, effectivement, comment me connais-tu ?

-Tu…tu ne te souviens vraiment pas de moi ? Ce visage ne te dit donc rien ? Continua-t-elle en murmurant presque.

-Tes yeux me disent effectivement quelque chose mais…

Un déclic se fit alors dans ma tête. Ce souvenir manquant dans mon esprit qui me tiraillait depuis six mois et ces yeux vairons étaient liés, j’en étais persuadé.

-Est-ce que par hasard…on se serait connu dans….

Les yeux de la jeune fille s’illuminèrent d’espoir quand je dis cela.

-Oui, tu te souviens maintenant Drago ? C’est moi, Hoshino Asuna, ton amie d’enfance !

-Hoshino…Asuna…

A l’évocation de ce nom, mon cerveau fut comme attaqué par des milliers d’aiguilles et je dus me prendre la tête dans les mains tellement j’avais mal. Dans tous mes souvenirs, une fille aux cheveux bleus et aux yeux vairons fit son apparition au milieu du brouillard de mon esprit : dans le parc près de chez moi, à l’école, au collège et au lycée, à une fête foraine, et dans des centaines d’autres endroits que je connaissais, sans pour autant me souvenir de qui elle était vraiment. Elle était simplement présente dans des bribes de souvenirs mais je n’arrivais pas à savoir ce qu’elle représentait exactement pour moi.

La jeune fille, affolée, se précipita vers moi pour m’aider puis la douleur finit par disparaitre aussi vite qu’elle était apparue.

-Drago, tout va bien ? S’exclama-t-elle.

-Hoshino…Asuna…Répétai-je, réalisant avec peine ce qui venait de m’arriver.

Cette fille ne mentait pas, je la connaissais bel et bien, elle faisait partie de mon passé, de mon ancienne vie dans cet autre monde, avant ma rencontre avec Angéla, Darksky et les autres. Alors, devais-je l’abandonner comme j’avais abandonné Ladd et Théa ?

J’aurais bien voulu m’enfuir et attaquer immédiatement les démons pour me débarrasser d’elle, mais mes jambes ne voulaient pas bouger. Une partie de moi désirait plus que tout rester auprès de cette fille.

Etait-ce là ce que Kyuryu essayait de me dire ? Que lui aussi avait dû faire face à un dilemme épineux lorsque son passé l’avait rattrapé ?

Oui, toutes ses paroles prirent un sens. Au fond de moi, deux personnes s’affrontaient : le Drago heureux d’avoir retrouvée une amie qu’il croyait perdue, et le Drago ne désirant que sauver ce monde pour Angéla et les autres, et c’était ce conflit intérieur qui me paralysait totalement.

-J’ai eu tellement peur pour toi Drago ; s’exclama mon ancienne amie en me serrant dans ses bras.

-Mais comment…comment as-tu pu venir dans ce monde ?

-Tu ne me croirais jamais si je te disais que j’étais tranquillement assise dans mon canapé en train de regarder la télévision lorsqu’un type avec une cape et une couronne en or a surgit de nulle part et m’a demandé si je voulais le suivre pour sauver le monde !

-Ne me dit pas…que tu as accepté ? Demandai-je désespéré, comme si elle avait encore fait une bêtise et que j’y étais habitué.

-Bien sur que non mais il a ajouté que je pourrais te retrouver alors je n’ai pas hésité une seconde et j’ai fait le grand saut ! Me répondit-elle avec un large sourire.

-Mais…et ta famille ?

-Idiot, je te rappelle que je vis seule à cause du travail de mes parents qui les a obligés à partir en ville.

Effectivement, je m’en souvenais maintenant. Asuna avait son propre appartement et c’est pourquoi elle venait souvent chez moi parce qu’elle se sentait seule. Mais je n’arrivais toujours pas à la replacer exactement dans mon esprit encore embrouillé.

-Autre chose, comment m’as-tu retrouvé finalement, dans cette forteresse qui plus est ?

-Je te suis depuis ton retour dans cette ville qu’est-ce que tu crois ! Mais j’attendais le bon moment pour me montrer parce que je ne savais pas comment t’annoncer ma présence dans ce monde…

-Et donc…tu sais aussi ce que je suis en train de faire ? Continuai-je en espérant l’éloigner le temps de vaincre les démons.

-Oui, ces deux-là m’ont tout expliqué.

La fille aux yeux bicolores sortit de sa poche deux cartes et j’eus un mouvement de recul en les reconnaissant.

-Tu les as fait tomber de ta poche alors je les ai ramassées pour toi.

-Tu…Tu n’aurais pas dû…Rétorquai-je en serrant les dents.

Kyuryu s’avança à son tour et fronça les sourcils en examinant les cartes.

-Des esprits de duel ? Ne viens-tu pas de briser la fusion parfaite par hasard Drago ?

-C’est lui qui l’a brisée en me mentant, pas moi !

-Sais-tu ce qu’il reste lorsque le lien entre un esprit et son propriétaire est corrompu ? Si non, je t’invite à regarder dans ton deck.

Intrigué, je sortis mes cartes et instinctivement, je cherchais la carte fusion parfaite mais il me fut impossible de la trouver. A la place, il y avait une autre carte que je lâchai immédiatement en la voyant : fusion néant, la carte de Shadow. Kyuryu ferma les yeux et déclara :

-La fusion néant résulte d’une fission entre un esprit de duel et son possesseur. Une fois le lien rompu, la carte ne disparait pas, mais, ne pouvant trouver sa source d’énergie la puise dans le néant.

-Quelle importance ?

-Puiser l’énergie du vide n’est pas quelque chose que nous devrions pouvoir faire Drago. Cela n’a évidemment aucun impact, mais réfléchis-y simplement, une carte à laquelle tu n’es reliée en rien t’est-elle vraiment utile ?

Je regardai à nouveau la fusion néant de mon deck puis je me mis à me remémorer tout ce que j’avais dû endurer pour obtenir la fusion parfaite. Ladd m’avait accompagné durant ces six mois, il m’avait protégé, aidé, conseillé, entrainé et finalement, nous étions arrivés à une synchronisation parfaite. Mais ce mensonge sur ma mémoire…je ne pouvais tout simplement pas l’accepter. Même s’il faisait cela pour effacer mes regrets, j’étais persuadé qu’il y trouvait son compte également à me laisser dans l’ignorance, de même pour Théa.

Je me tournai vers Hoshino Asuna. Sans elle, jamais je n’aurais retrouvé la mémoire et j’aurais vécu dans le mensonge éternellement puisque Ladd et Théa refusaient de me dire quoique ce soit.

-Asuna, ces cartes, garde-les.

-Qu…quoi ? Tu n’es pas sérieux Drago ? Ces deux personnes sont vraiment attachées à toi, tu ne peux pas…

-Mais moi, je n’ai plus rien à faire avec ces deux-là !

Asuna fronça les sourcils et je reculai instinctivement, comme si mon corps connaissait cette réaction de sa part et réagissait de lui-même. Son œil vert brilla pendant une seconde avant que Kyuryu ne se mette entre nous deux.

-Drago, tu veux combattre les démons, oui ou non ? Si tel est le cas, n’as-tu pas mieux à faire que de faire des caprices ?

-Des…caprices vous dites ? Je vous signale que ces deux-là m’ont caché la vérité pendant plus d’un an !

-Mais maintenant que tu la connais, ne penses-tu pas qu’il est temps de tourner la page ? Il s’agit des prémisses d’une guerre, la fin justifie les moyens, tu ne dois pas t’occuper de détails, seul le résultat doit compter à tes yeux.

Je serrai les dents. Kyuryu avait raison, ce n’était même pas ma fierté que je remettais en jeu, simplement un caprice. Je ne voulais tout simplement pas avoir à faire à deux personnes s’étnt prétendus mes amis mais qui me mentaient dans mon dos. Et d’un autre côté, sans Ladd, je n’étais rien, je ne pouvais pas gagner ce combat sans ses conseils…

Finalement, je repris les deux cartes des mains d’Asuna et les deux esprits réapparurent, mais contrairement à ce que je pensais, ne m’agressèrent pas immédiatement et me regardèrent simplement d’un regard complaisant.

-Allons bon, c’est trop tard pour les excuses, je ne fais ça que pour Angéla, Darksky et les autres, j’aviserai plus tard.

-Angéla ? Qui est-ce ? Me demanda Asuna sur ses gardes.

Il ne fallait pas être un génie pour voir les sentiments de la jeune fille. Elle devait certainement être amoureuse de moi par le passé, et il ne fait aucun doute que je l’étais également. Mais à ce moment, je ne ressentais rien de plus que de l’empathie pour elle, c’est pourquoi je répondis en faisant mine de ne pas comprendre.

-Angéla m’a sauvé l’année dernière lorsque je suis arrivé dans ce monde, c’est une amie précieuse, c’est pourquoi, j’aimerais la sauver à mon tour. Mais pas qu’elle, tous ceux m’ayant accueilli alors que je n’étais qu’un inconnu.

-Je…je vois…Juste une amie…

J’entendis une explosion retentir à l’extérieur qui me ramena à la réalité. Je n’avais pas de temps à perdre à parler avec une ancienne amie ou un serviteur des démons, je devais me dépêcher. C’est pourquoi, sans un mot de plus, je rangeai les deux cartes dans ma poche et je me mis à courir vers la grande porte au fond de la salle. J’essayai de les ouvrir, mais rien à faire, elles étaient bel et bien fermées.

-Drago, une dernière chose avant que tu ne t’en ailles ; me dit alors Kyuryu arrivé à ma hauteur. Les démons ne sont pas vos ennemis, mais ils ne sont pas vos alliés non plus. Tout comme je ne me dresse pas sur ta route, les démons vous écouteront puis aviserons.

-Ca me rassure déjà un peu de savoir qu’ils ne sont pas des monstres sanguinaires…

-Et j’ai une faveur à te demander.

-Laquelle ? Répondis-je intrigué.

-Si jamais je n’étais plus en mesure de le faire, protège Terra pour moi.

-O…Oui, je veux bien, mais la protéger de qui ?

-D’elle-même. Elle n’est encore qu’une enfant dans sa tête, elle ne mesure pas la portée de ses actes et je ne serai pas éternellement là pour elle.

-Entendu, vous pouvez compter sur moi Kyuryu.

Je serrai la main du vieil homme et il me sourit, sourire que je lui rendis, puis il posa son doigt sur les grandes portes et j’entendis le bruit de rouage s’enclenchant. Les deux portes, lentement, commencèrent à s’ouvrir. Mais alors que je m’avançai déjà, une main sur mon épaule me retint fermement. Lorsque je me retournai, je vis Asuna me dévisager avec un regard à en faire pâlir plus d’un.

-Une minute Drago, tu ne comptais tout de même pas me laisser en plan une seconde fois j’espère ?

-Asuna, ce qui se trouve derrière cette porte n’est pas à prendre à la légère, nous pourrions bien mourir si nous échouons, tu devrais plutôt…

-Je devrais plutôt y aller avec toi et m’assurer que tu ne mourras pas, très bonne idée !

-Mais…

-Pas de « mais » qui tienne. J’ai déjà cru que tu étais mort pendant ces six derniers mois, et maintenant que je t’ai retrouvé, je refuse de te perdre à nouveau !

-Mais…est-ce que au moins…

-Est-ce que j’ai un deck ? Oui, l’homme en armure m’a demandé d’en prendre un avec moi avant de partir. J’ai acheté le tiers 0 du moment, je ne peux techniquement pas perdre !

Elle sortit de sa poche quelques cartes et je faillis m’étrangler en voyant son deck. Dans mon monde, il était réputé pour être l’un des plus cher existant, mais également l’un des plus puissants jamais créés…

-Alors, on peut y aller maintenant ?

-O…Oui, allons-y, je crois que tu n’as rien à craindre…

Ensemble, nous franchîmes les deux grandes portes, laissant Kyuryu derrière nous. Enfin, après plusieurs mois d’attente, nous allions faire face aux démons originels, et il était hors de question de les laisser se rallier à Gariatron, je comptais bien m’en occuper personnellement, Ladd ou pas Ladd.





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le bon temps…

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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [26/07/2014] à 13:24

Chapitre 30 : Forêt Impénétrable



Spoiler :


Je regardai mon amie marcher devant moi, sa queue de cheval blonde se balançant gracieusement à chacun de ses pas. J’avais encore du mal à croire qu’elle était vraiment l’alliée de Luminion au même titre que Laura l’avait été avec Gariatron l’an passé.

Cependant, cette fois-ci, c’était différent, Saya était à mes côtés, elle m’épaulait et était restée fidèle à elle-même, toujours aussi joyeuse et insouciante, je n’avais aucune raison de m’en faire pour elle…Du moins, j’essayais de m’en convaincre.

Ce lien qui l’unissait à Luminion, je sentais que c’était ce même lien qui nous avait réunis mais qui était sur le point de nous séparer une nouvelle fois. Notre objectif était peut-être de trouver un terrain d’entente avec les démons, mais moi, je n’avais aucune envie de négocier et je n’espérais qu’une seule chose : qu’ils refusent. Je ne pouvais concevoir de m’allier avec les frères de celui m’ayant tout pris : mes parents, Marie, Laura et même ma jeunesse. Mais si cela arrivait, cela signifiait également la fin de mon aventure avec Saya car je savais qu’elle ne lâcherait pas l’affaire en tant qu’émissaire de Luminion.

Penser à ça me rendait malade. Une fois de plus, les démons allaient me prendre une des personnes les plus chères à mes yeux !

-Quelque chose ne va pas Darksky ? Me demanda Saya en s’arrêtant soudainement.

-Si, tout va bien, contentons-nous d’avancer ; répondis-je plus sèchement que je ne le voulais.

Je passai devant mon amie et je m’apprêtai déjà à reprendre notre route lorsqu’elle m’attrapa par le col et m’empêcha de continuer en me fixant avec des yeux assassins.

-Si tout allait bien, tu ne serais pas rouge comme une tomate, génie !

Je détournai le regard, n’osant affronter le sien. Je ne voulais pas m’allier aux démons, mais je voulais encore moins perdre ma meilleure amie, mais ça, il était hors de question que je lui révèle. La connaissant, elle aurait soit ri de ma bêtise, soit m’aurait laissé tomber sur le champ. C’est pourquoi, j’abordai un sujet tout aussi tendu.

-Saya, tu penses que Nagisa va revenir parmi nous ?

Elle me dévisagea quelques instants, comme si j’avais dit quelque chose de vraiment étrange et me répondit :

-Evidemment, elle faisait ça pour nous, mais une fois toute cette histoire terminée, le club reprendra ses activités quotidiennes ! C’est ça qui te préoccupe tant depuis notre départ Darksky ?

-Oui, en quelque sorte, je me demande comment les choses seront après tout ça…

Ce fut à son tour de détourner le regard. Evidemment, elle n’y avait jamais vraiment réfléchi elle non plus. Elle ne devait même pas entrevoir la fin de cette guerre. Saya prononça alors quelque chose qui piqua ma curiosité :

-Darksky, s’il te plait, quoiqu’il arrive, ne m’oublie pas. Je ne veux pas être effacée de la mémoire des autres encore une fois…

-Que…Qu’est-ce que tu racontes Saya ? Comment cela pourrait-il arriver ? Répliquai-je interdit.

-On ne sait jamais ce que la vie te réserve, peut-être est-ce notre dernière aventure ensemble qui sait, alors, je tenais simplement à te dire que moi, quoiqu’il arrive, je ne t’oublierai pas, toi, le frère que je n’ai jamais pu avoir ; déclara mon amie avec un sourire triste.

-Je…Je…

Saya m’avait totalement pris de court. Tout ce que je pus faire fut d’ouvrir et refermer la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Sans rien n’ajouter d’autre, elle reprit notre route et je la suivis, encore choqué parce qu’elle venait de dire.

Alors comme ça, elle aussi pensait que notre séparation était imminente ? Je sentais déjà que même si Hélios réussissait, jamais plus le club de duel ne serait comme avant, car s’il arrivait à rallier les démons à lui, je comptais bien m’opposer à lui, et par conséquent à Saya. Il était également hautement improbable que Laura refasse équipe avec ces monstres, de même que Nagisa. Cependant, Miyako, Saya, Drago, Angéla, tous semblaient en accord avec Hélios.

Le club allait-il se scinder en deux pour toujours ? Oui, à présent, j’en étais persuadé, le club de duel vivait ses derniers instants et je ne pouvais rien faire pour changer le cours des choses désormais.

Alors que j’étais perdu dans mes pensées, nous arrivâmes devant une imposante porte de bois sculpté où figuraient des branches d’arbres s’entremêlant, des fleurs et des plantes de toute sorte et un peu de vigne. Sans hésiter, Saya la poussa et je me retrouvai dans un nouveau monde qui éclipsa totalement mes pensées précédentes.

-Sommes-nous…vraiment dans la forteresse ? Murmurai-je abasourdi.

-Je ne vois pas où on pourrait être sinon ; rétorqua Saya tout aussi impressionnée.

Devant mes yeux ébahis se dressaient des milliers d’arbre sur un sol terreux. La forêt s’étendant devant nous devait être unique en son genre. Les maigres pins se mélangeaient aux imposants chênes et aux petits saules pleureurs. Je reconnus aussi des bouleaux blancs comme la neige, des épicéas avec leurs aiguilles, des palmiers et des cocotiers qui se détachaient vraiment des autres. Au loin j’entendais des chants d’oiseaux, un étrange mélange de chants connus comme des moineaux et des pigeons accompagnés par des cris plus exotiques que je n’arrivais pas à distinguer. C’était comme si toute la faune et la flore se trouvait réunie dans ce même endroit féérique.

Même le plafond de la salle donnait l’illusion d’un ciel rosé au soleil couchant.

-C’est…je n’ai pas de mot pour décrire ça ! S’exclama Saya redevenue aussi enjouée que d’habitude. Mais…si Terra est bel et bien ici, comment sommes-nous censés la retrouver ?

-On trouvera bien à force de tourner en rond ; répondis-je en haussant les épaules.

-Une minute, c’est ma réplique ça ! Protesta-t-elle.

-Il faut croire que j’ai passé trop de temps avec toi et que j’ai été contaminé par ta sale habitude à tout prendre à la légère ; continuai-je avec ce même ton désinvolte.

-Qualité tu veux dire, je me trompe ? Pouvoir être détendue en toute situation, voilà ma devise !

-Je te conseille d’en changer rapidement si tu ne veux pas être prise pour une imbécile ; soupirai-je, désespéré.

-Tiens, c’est exactement sur ce ton que m’aurait répondu Miyako !

Je réalisai soudain que Saya disait vrai et j’éclatai de rire et elle me suivit. Nous mîmes bien cinq minutes à nous calmer et à reprendre notre sérieux mais l’espace d’un instant, tous mes doutes et mes tracas s’étaient envolés grâce à Saya, une fois de plus. Elle avait ce don précieux de détendre l’atmosphère quelle que soit la situation. Je savais que tant qu’elle serait à mes côtés, je garderais mon sang froid, même face au plus puissant des ennemis.

-Darksky, tu es là ? Me demanda-t-elle en claquant des doigts devant mes yeux.

-Oh…euh, oui, désolé. J’étais ailleurs.

-Bon sang, on ne va pas y arriver si tu pars je ne sais où toutes les trente secondes ; soupira-t-elle.

-Et c’est moi qui parle comme Miyako après ? Lui lançai-je en guise de vengeance.

Elle me répondit par une simple pichenette et s’enfonça dans l’étrange forêt et je la suivis, amusé. Marcher dans cette forêt en sa compagnie faisait remonter en moi de nombreux souvenirs, et plus particulièrement notre expédition sur l’ile déserte. Même si nous avions failli mourir plusieurs fois, cette aventure avait été le point de départ de tout.

-Dis-moi Darksky, tu te souviens de notre aventure sur un ile déserte il y a un an ? Me demanda soudain Saya sans s’arrêter.

-C’est amusant, je pensais exactement à la même chose ; m’étonnai-je.

-C’était le bon vieux temps hein, quand nous bossions tous les deux pour Hélios. En un sens, tout cela n’a pas tellement changé.

-Que veux-tu dire par là ?

-Regarde nous, nous marchons dans une forêt pour arrêter les démons et c’est Hélios qui nous a envoyés ici en quelque sorte.

-Effectivement, vu comme ça, tu as raison. Dans ce cas, pourquoi ne pas recommencer tout comme à l’époque ?

Saya s’arrêta et se retourna vers moi, intrigué. Je lui lançai un regard malicieux, pris mon inspiration et criai :

-Terra, sors de là si tu es là !

Mon amie sursauta et instinctivement me mit sa main sur la bouche pour m’empêcher de continuer avant de se rendre compte que cette fois-ci, il n’y avait réellement aucun risque. Je continuai à la fixer avec mon regard moqueur et elle s’éloigna, rouge de honte en me traitant d’idiot.

Contre toute attente, une flèche passa juste devant mes yeux et alla se figer dans un arbre. Conscient que je venais une nouvelle fois de frôler la mort, je me retournai lentement en tremblant. Saya aussi avait notifié l’étrange flèche et regarda dans la même direction.

-Tss, quelques centimètres de moins et je l’avais !

Finalement, nous l’avions trouvée, la servante de Tellas, Terra. La grande femme aux cheveux blancs comme la neige et aux yeux rouges comme le sang se tenait un peu plus haut et nous dévisageait d’un regard à faire trembler les plus courageux. Elle portait une simple robe blanche lui tombant jusqu’au pieds et de légères sandales marron. Un grand arc pendait à son épaule et un carquois dans son dos. Elle ressemblait vraiment à ces nymphes de la mythologie chassant dans les bois et tuant les visiteurs imprudents.

-Terra, vous voilà enfin, j’ai cru qu’on n’y arriverait jamais ; gémit Saya.

-Vous me cherchiez ? Eh bien, c’est votre jour de chance les morveux, cette forêt est plus grande que tout ce que vous pouvez imaginer, vous auriez pu tourner pendant des jours et ne pas me trouver !

-Alors ça, j’en doute, nous sommes à l’intérieur d’une forteresse quand même…rétorquai-je.

-Ne sous-estime pas le pouvoir de Tellas mon chou. Enfin bon, que me voulez-vous encore ? Je croyais que vous vouliez aller vous faire casser la figure contre nos maitres.

-Terra, s’il vous plait, nous avons besoin de votre aide ! Lança alors Saya.

-De…mon aide ? Répéta-t-elle surprise. Qui aurait besoin de l’aide d’une incapable comme moi après tout…

-Oui, nous avons besoin de vous pour convaincre les démons de ne pas écouter Gariatron !

-Tu penses vraiment que nos maitres ont besoin d’idiots comme vous pour savoir cela, jeune fille ? Répliqua Terra dédaigneusement. Gariatron est sur une fausse piste, Luminion n’est qu’un traitre, nous n’avons pas besoin d’eux pour détruire Armageddon.

-Mais…

-Il n’y a pas de « mais » qui tienne ! Je suivrai aveuglément la volonté de Tellas et une fois Armageddon anéanti, elle exaucera enfin mon souhait, celui du monde dont j’ai toujours rêvé depuis que Kyuryu me l’a promis…

Terra ferma les yeux et je vis une fine larme couler le long de sa joue. Je ne comprenais pas exactement de quoi elle parlait, mais je savais une chose, cette femme n’était pas le monstre sanguinaire qu’était devenu Shadow, il devait être possible de la raisonner.

-Terra, nous rêvons nous aussi d’un monde meilleur ; lançai-je à mon tour. Cependant, les utopies des uns sont les dystopies des autres, nous ne pouvons pas le modeler à notre guise !

-Qu’y-a-t-il de mal à simplement vouloir un monde où chacun peut avoir sa place ? Vouloir un monde où le pouvoir n’est pas entre les mains d’une seule personne ? Vouloir un monde où l’on peut vivre la vie que l’on souhaite, la vie que l’on a rêvée, la vie qui nous rendrait heureux…


Terra rouvrit ses yeux et je pus y lire la haine la plus pure au fond de ses pupilles rouges comme le sang. Instinctivement, je reculais, et Saya également. Je grimaçai. Il n’y avait pas pire adversaire que quelqu’un pensant se battre pour une cause noble. Malgré cela, les intentions de Terra, bien qu’égoïstes, n’étaient pas bien différentes de celle de n’importe qui, elle était simplement prête à tout pour voir son rêve se réaliser.

-Vous ne m’arrêterez pas, vous n’êtes que des gamins inconscients, vous ne pouvez pas comprendre l’enfer que j’ai vécu, tout ça par la faute de ceux qui prétendent suivre la volonté du peuple ! Mais j’ai fait cette promesse il y a longtemps, je rendrai à Kyuryu ce qu’il a perdu et nous pourrons vivre heureux dans le monde que nous aurons façonné, un monde qui ne sera plus régi par le destin d’Armageddon !

L’air autour de la jeune femme se mit à tourbillonner, les feuilles s’envolèrent, les branches des arbres craquèrent et la terre se mit à trembler. J’avais vraiment un mauvais pressentiment.

-Terra, écoutez-nous ! Hélios poursuit le même but, nous voulons simplement que vous laissiez l’humanité tranquille !

-Et puis quoi encore ? Dans la promesse que m’a faite Tellas, ce monde changera, et il est hors de question que ce rêve sur le point de se réaliser se volatilise dans le néant !

Une aura marronne se forma alors autour d’elle et une ombre inquiétante s’éleva derrière elle. Je compris avec terreur ce qu’elle tentait de faire. Ce n’était plus le moment de négocier, nous avions échoué, il ne nous restait plus qu’à nous battre. Je posai donc la carte de Geb sur mon disque de duel et le grand monstre gris se matérialisa derrière moi, prêt à me protéger.

Cependant, contre toute attente, un sourire mauvais se dessina sur le visage de la jeune femme et elle pointa son bras gauche sur mon monstre puis l’aura sombre se précipita sur la carte divine et l’entoura complètement.

-Qu’est-ce que…Bafouillai-je.

Je vis Geb se débattre pour tenter de repousser l’aura de Tellas mais rien n’y faisait, il était prisonnier de Terra et je ne pouvais rien faire pour l’aider, de même que Saya qui regardait la scène, impuissante.

-Tu es trop bon mon chou, c’est exactement ce qu’il me manquait, le pouvoir de l’imposteur ayant pris la place de Tellas, je vais me régaler !

Soudain, le flux d’énergie cessa et libéra Geb pour revenir à Terra. Cependant, le monstre, bien que libre, ne faisait plus un seul geste, il restait figé, comme pétrifié tandis que le rire de notre ennemie redoubla d’intensité.

-Enfin, Tellas a retrouvé ses véritables pouvoirs, Adieu Geb, et qu’on ne te revoie jamais !

-Que…

Terra claqua des doigts et immédiatement, le corps du dieu de la terre tomba en poussière sous mes yeux ébahis. Pire que tout, je voulus récupérer la carte mais cette dernière fit de même lorsque je tentai de la saisir. J’avais encore du mal à le croire, mais Terra venait littéralement de détruire Geb. Ma carte la plus puissante venait d’être réduite en poussière avec une facilité déconcertante…

-G…Geb…

-Que…vient-il de se passer ? Bégaya Saya également sous le choc.

-Je n’ai fait que reprendre le pouvoir qui avait été volé à Tellas ; répondit la jeune femme d’un air tout à fait naturel. Privé de ses pouvoirs, Geb a également perdu son immortalité, voilà ce qui se passe quand on se prend pour ma maitresse. Mais à présent, admirez le pouvoir de Tellas tel qu’il était à l’origine !

La lueur dans ses yeux redoubla d’intensité et le sol en dessous de nous se mit à trembler. Je m’accrochai à un arbre pour ne pas tomber mais je restai sur mes gardes, craignant ce que la jeune femme nous préparait. Puis, tout à coup, une grande ombre s’éleva derrière elle.

Immédiatement, les chants des oiseaux cessèrent, le vent souffla plus fort et se fit plus froid, le soleil disparut derrière une immense masse sombre que je ne pouvais distinguer de ma hauteur mais je sentais que cela ne présageait rien de bon.

Soudain, alors que l’énorme chose se déplaçait lentement, un œil, aussi grand qu’une maison, apparut dans le ciel, et Saya lâcha un cri de terreur.

-Un…Un monstre de duel…Murmurai-je, apeuré.

-Admirez stupides gamins, le pouvoir de Tellas volé par Geb ; je vous présente l’ultime protecteur de cette planète, j’ai nommé Sandayu, Incarnation de la terre !

Un long cri strident retentit et la chose dans le ciel prit de l’altitude. C’est à ce moment que je pris conscience de la véritable taille du monstre : il occupait tout l’espace au-dessus de nous ! Je connaissais les esprits de la terre immortels, les dieux, les démons, mais ça, c’était autre chose…

Son corps gris bleuté était celui d’un dragon classique jusqu’au torse, puis sa queue s’enroulait plusieurs fois sur elle-même dans une spirale qui me semblait sans fin. L’intérieur de ses ailes semblait le foyer d’un brasier ardent et ses bras massifs se terminant par trois longs doigts suffisaient certainement à écraser un esprit de la terre d’un seul coup.

-Impossible…murmura Saya.

-Sandayu, mon chéri, je t’en prie, anéantis-les !

Un nouveau cri strident retentit et la créature bougea son bras dans notre direction. Le moindre de ses mouvements provoquaient des courants d’air si forts que j’avais du mal à rester sur place.

-Darksky ! Hurla mon amie essayant de se faire entendre à travers le sifflement du vent.

Je compris ce qu’elle voulait me dire et j’acquiesçai. J’avais affronté Gariatron, le démon originel des ténèbres, ce n’était pas cette chose qui allait me faire peur !

Je concentrai mon énergie en moi tout en tenant l’une de mes cartes en main. Je savais exactement ce que je devais faire pour vaincre cette chose. J’écartai donc tout ce qui se trouvait autour de moi afin de le voir, l’esprit du Maitre des Armures. Cependant, ce ne fut pas lui qui répondit à mon appel, mais un phénix de flammes.

-Nout ?

Non, ce n’était pas seulement Nout, il y avait quelqu’un à ses côtés, et cette personne, je la reconnus au premier coup d’œil : cette longue chevelure noire tirée en arrière, ces yeux ébènes comme les miens d’où émanaient une infinie douceur et ce visage effilé et rond en même temps…

-Ma…Maman ?

Elle ne me répondit pas et me fit simplement signe d’approcher. Je m’exécutai sans broncher, je courus même jusqu’à elle mais une fois à sa hauteur, je lui passai simplement au travers, comme si ce n’était qu’un fantôme. Je me retournai, mais son expression n’avait pas changé, toujours aussi joyeuse.

-Mon fils, tu as tellement grandi, c’est incroyable ; déclara-t-elle sans cesser de sourire. Jamais je n’aurais imaginé te revoir un jour.

-Maman…Est-ce vraiment toi ? Demandai-je plein d’espoir.

-Qui veux-tu que ça soit d’autre ? Répondit-elle, amusée.

Lorsqu’elle prononça ces mots, je ne pus me retenir d’avantage et je fis comme un enfant rapportant ses malheurs à sa mère après l’école.

-J’ai besoin d’aide…s’il te plait, je ne peux pas vaincre Terra, même Geb a été anéanti et je n’ai plus aucune carte pouvant faire face…

Ma mère m’interrompit en mettant son doigt sur mes lèvres comme lorsque j’étais petit puis déclara :

-Je ne peux plus rien pour toi, je ne suis plus de ce monde tu sais.

-Mais…je croyais que tu étais Nout ! Rétorquai-je.

-Non, je ne suis pas Nout, mais Nout est moi.

Je dus faire une drôle de tête car ma mère lâcha un petit rire amusé et me mit la main dans les cheveux comme à un enfant qui vient de dire une bêtise sans s’en rendre compte.

-Il y a longtemps, j’ai prêté allégeance à Nout comme Hélios l’a fait avec Gariatron. Je lui ai juré de combattre les démons lorsque ceux-ci réapparaitraient. Mais, lorsque je suis morte, cette dernière m’a permis de vivre encore un peu à travers elle. A présent, nous ne formons plus qu’une, c’est ainsi que j’ai pu te retrouver l’année dernière, mais je crois bien que le temps de nous séparer est arrivé.

Ma mère ferma les yeux et caressa la tête du phénix avec un sourire triste à présent. L’oiseau de feu lui rendit cette tristesse dans son regard.

-Mon fils, voici mon dernier cadeau pour toi, la clé à ton bonheur dans un monde sans démon ni dieu ni Armageddon, un monde dont nous avons rêvé avec Nout maintes et maintes fois.

Elle me tendit une carte et lorsque je la pris, ma mère s’évapora en un millier de lumières blanches qui s’éparpillèrent tout autour de nous.

-Attends, Maman, reviens, j’ai encore besoin de toi ! S’il te plait ! Criai-je dans le vide.

-Cela fait bien longtemps que tu n’as plus besoin de moi, vis ta vie comme tu le souhaites, ton destin t’appartiens à présent, on se reverra dans plusieurs dizaines d’années ! Résonna la voix de ma mère à travers les ténèbres tandis que la lumière se dissipait peu à peu, ne laissant que Nout et moi, ainsi que sa carte.

Je la regardai, retenant quelques larmes, ayant compris la dernière volonté de ma mère.

-Merci Maman, et adieu…

Je me tournai vers Nout, le regard déterminé et la créature de flammes rugit. Ses flammes redoublèrent d’intensité jusqu’à se transformer en véritable brasier vivant. Ma mère m’avait laissé ses espoirs à travers cette carte, je ne pouvais pas la décevoir ! Il n’y avait pas que pour elle que je devais me battre, mais pour Saya, Miyako, Nagisa, Laura, Drago, Angéla et tous nos compagnons, je ne pouvais pas échouer à ce moment-là !

-C’est parti Nout, J’active la carte Magie Fusion Rank Up Parfaite !

Les ténèbres autours de moi disparurent instantanément et je me retrouvai à nouveau au milieu de cette forêt, avec la chose s’approchant toujours de nous et Saya me regardant avec surprise alors que je brandissais la même carte qu’Hélios.

-Déesse des cieux, reine des flammes, phénix immortel, je t’implore de me prêter ta puissance dans ce combat pour terrasser les ennemis de l’humanité et rétablir la paix dans ce monde ! Invocation Parfaite ! Consumons tout ; Nout, Déesse de la perfection !

Je sentis immédiatement mes bras s’allonger et des plumes pousser. Mon nez se transforma en bec, mes pieds en serres, et ma vision fut accrue. Je ne faisais plus qu’un avec le phénix immortel, j’étais le phénix immortel, Nout.

Terra écarquilla les yeux en voyant ma nouvelle transformation et je lui répondis simplement en battant des ailes aussi fort que je pus et en m’envolant pour faire face à sa bestiole immonde. En un instant, j’étais à sa hauteur et je réalisai à quel point il était imposant. J’avais beau avoir le pouvoir de Nout et être un phénix de plusieurs mètres d’envergure, je ne faisais que la taille de son crâne, il pouvait toujours m’écraser d’une seule main…

J’écartai cette idée de ma tête et je m’élançai sur Sandayu, toute griffe sortie et je réussis à lui asséner un coup en dessous de l’œil puis à me retirer rapidement. Contre toute attente, ce coup ne lui avait rien fait…

Je replongeai donc sur lui en tentant de le frapper sur le torse cette fois mais le titan bougea son bras dans ma direction, m’obligeant à me replier pour ne pas être assommé. Je ne pouvais pas l’approcher sans risque de prendre un coup fatal, j’adoptai alors une nouvelle stratégie de combat à distance.

J’inspirai une grande bouffée d’air et je sentis comme une explosion se produire à l’intérieur de moi. Je devais tout donner dans cette attaque pour en finir au plus vite et mettre Saya hors de Danger.

-Divine Flare !

Je recrachai toutes les flammes brûlant à l’intérieur de mon corps sur le géant avec une telle puissance que je me sentis reculer dans les airs. Le jet bleuté fusa et percuta le monstre de Terra dans une explosion de lumière si intense qu’elle m’aveugla quelques instants, instants pendant lesquels j’entendis un nouveau cri strident provenant de mon ennemi.

Cependant, lorsque la lumière de l’impact se dissipa, je faillis m’étrangler. Non seulement le monstre était encore debout mais en plus il n’avait aucune égratignure, un mur de lianes sortant de son corps le protégeant, tel un bouclier impénétrable.

-Im…Impossible…Ni le combat rapproché, ni à distance ne fonctionne contre lui…

Je commençai vraiment à perdre espoir. Même avec le pouvoir de Nout, j’étais impuissant face à ce titan. Etait-ce ça, le véritable pouvoir des démons ? Ou bien était-il plus grand encore ? Nous n’avions aucune chance de les vaincre en tout cas si Terra me tenait tête à elle seule…

Alors que j’étais perdu dans mes pensées, je n’avais pas vu la créature se rapprocher et je découvris avec stupeur que sa main n’était qu’à quelques mètres de moi. Je fendis en piqué vers le sol aussi vite que je le pus pour échapper à la chose mais, provenant de la terre, les mêmes lianes qui servaient de bouclier au monstre surgirent. Je dus zigzaguer entre ces tiges sortant du sol sous peine d’être embroché comme un vulgaire poulet. J’étais vraiment pris entre deux feux : si je remontais, je me faisais écraser, mais si je restais là, je ne donnais pas cher de ma peau…

Je passai soudain au-dessus de ma position initiale et je vis Saya, le disque de duel à la main, le regard déterminé et brillant. Ce moment de distraction me fut fatal et je reçus un coup dans le dos qui me fit m’écraser sur le sol dans un vacarme assourdissant, déracinant des dizaines d’arbres dont les branches virent me transpercer la peau avant de brûler.

-Assez ! Hurla Saya lorsqu’elle me vit à terre. Terra, je ne vous laisserai pas faire plus de mal à mon premier ami !

-Saya, ne dis pas…

-Oh, et que comptes-tu faire ma mignonne ? Ton ami, même avec le pouvoir d’un dieu, est incapable de vaincre mon petit Sandayu, comment pourrais-tu y arriver toi ? Rétorqua Terra en jubilant.

-C’est vrai que je n’ai pas le pouvoir d’un dieu…mais j’ai le pouvoir de Luminion !

-Lu…Luminion tu dis ? Répéta la servante de Tellas, blême.

Tout comme pour Terra, l’air autour de mon amie se mit à tourbillonner et une aura dorée l’entoura. Saya était rayonnante, au sens propre du terme, même ses yeux bleus avaient viré au jaune or et brillaient comme des joyaux.

Notre ennemie ordonna à son monstre d’écraser Saya mais la main de ce dernier fut repoussée par un champ de force invisible lorsqu’il tenta de s’approcher d’elle et Terra pâlit encore d’avantage.

-Dragon des étoiles, descends sur terre, montre ta puissance infinie à tous nos ennemis et rétablis l’ordre dans ce monde de chaos ! Invocation Parfaite ! Illumine les cieux, Chaofeng, Perfection du Yang Zing !


Saya scintilla de plus belle et une ombre fantomatique surgit derrière elle. Je reconnus Chaofeng à sa couleur verte et son long corps de serpent. Ce dernier entoura mon amie et se mit à noircir, ses cornes s’allongèrent, ses ailes prirent de l’envergure et une sorte d’armure violette recouvrit le haut de son corps. Il était également bien plus grand et plus massif, si bien qu’il devait atteindre la taille du titan par la longueur.

Le monstre de Saya rugit et s’envola pour faire face à l’atrocité de Terra. Certes, comparé à lui, il ressemblait à une vulgaire ficelle devant un énorme rocher mais j’avais appris à ne pas me fier aux apparences.

Le géant tenta d’attraper le long serpent mais ce dernier évita facilement sa main en tordant son long corps et s’enroula autour du poignet de Sandayu avant de lui lancer une puissante rafale de flammes noires.

Notre ennemi poussa un autre cri strident et voulut arracher Chaofeng avec son autre main mais Saya se retira au dernier moment, si bien qu’il se broya lui-même le poignet sous la puissance de son propre coup. Terra hurla de rage à ce même moment et brandis son disque dans les airs.

-Assez ! Je vais m’occuper de vous personnellement si vous le prenez ainsi, sales gamins !

La jeune femme disparut instantanément mais je devinai aisément ce qu’elle venait de faire. Saya n’eut cependant pas le temps de réaliser ce qu’il se passait et Terra, par la main encore entière de Sandayu, attrapa le serpent ailé et le projeta au loin. Mon amie s’écrasa en glissant sur plusieurs mètres, arrachant tous les arbres sur son passage.

-Saya ! Criai-je, affolé.

Sans tenir compte de mes blessures, je fis un effort surhumain pour me relever et battre des ailes pour retourner au combat affronter Sandayu et Terra. Lorsque je fus à sa hauteur, je crus voir le titan sourire comme l’aurait fait une créature s’amusant à regarder sa proie se débattre.

-Nous n’avons vraiment pas le temps Terra, alors laissez-nous passer ! Divine Flare !

Une fois de plus, je sentis une explosion se produire à l’intérieur de moi et je projetai une nouvelle salve de flammes bleues directement sur le bras affaibli de Sandayu, mais à nouveau, je fuis arrêté par ces espèces de lianes protégeant le corps du monstre de Terra.

-Je vous l’ai dit, je vous empêcherai de détruire notre rêve ! Je sauverai Kyuryu comme il m’a sauvée il y a de cela des années !

La main de Sandayu s’avança vers moi et je reculai instinctivement lorsque je m’aperçus d’un détail : Chaofeng avait disparu ! Je regardai de tous les côtés et je finis par le voir, en même temps que Terra, juste en dessous de la spirale du bas de son corps, se dirigeant tout droit vers un point spécialement lumineux.

-Oh non, je ne te laisserai pas…Commença Terra avant que je l’interrompe.

-C’est moi qui ne vous laisserai pas faire Terra ! Rétorquai-je en repassant à l’attaque de plus belle, au corps à corps cette fois-ci.

Le géant n’eut pas le choix de se concentrer sur moi pour éviter d’être réduit en charpie sous les serres de Nout, et pendant que je voltigeais près de sa tête, je crus lire une réelle détresse dans les yeux du monstre, et accessoirement, dans ceux de Terra, comme si cette défaite signifiait la fin de tout pour elle.

Je m’arrêtai soudainement et je me plaçai juste devant l’immense crâne de la créature et je déclarai :

-Terra, je ne sais pas ce que vous avez vécu, mais vous n’obtiendrez pas ce que vous souhaitez à la fin de cette guerre.

-Et comment un enfant comme toi pourrait l’affirmer ? Rétorqua-t-elle à travers le titan.

-Parce que je sais qu’une paix forcée n’est pas une paix durable.

Lorsque je dis ces mots, la servante de Tellas cessa ses attaques et je fis signe à Saya de faire de même. J’avais une nouvelle chance de la raisonner, je ne devais pas la laisser passer !

-Et pourquoi te croirai-je ? Ce que j’ai vécu depuis que Kyuryu a été ramené dans le monde moderne, personne ne peut le comprendre.

-J’ai vécu plus de choses que beaucoup n’en n’ont vécu pendant toute leur vie, alors dites-le moi, je vous écouterai et je vous comprendrai certainement.

Sandayu reste immobile quelques instants, comme perdu dans ses souvenirs, avant de déclarer :

-C’était il y a plus de vingt ans. Je vivais sur une ile, seule depuis la mort de mes parents. Je ne connaissais rien à la civilisation ou au monde extérieur puisque j’étais née sur cette ile, loin de tout, mais je savais me débrouiller, et je n’étais ni heureuse, ni triste, en vérité, je ne ressentais aucune émotion jusqu’à l’arrivée de Kyuryu…

Terra ferma les yeux puis Saya vint à ma hauteur et je la regardai dans les yeux. Elle non plus ne connaissait pas de réelles émotions avant notre rencontre, elle devait certainement se sentir proche de la servante de Tellas à en juger par son regard compatissant.

-C’était le premier humain que je voyais depuis la mort de mes parents, alors je l’ai recueilli, sans même savoir qui il était ni pourquoi il était là, j’étais simplement heureuse de voir un autre être humain. Mais il n’avait plus aucun souvenir de sa vie passée, et il est donc resté avec moi. Pendant un an, nous avons vécu seuls sur cette île. Puis un beau jour, une équipe de sauvetage est venue chercher Kyuryu et ils m’ont proposé de partir également. Je ne voulais pas quitter mon seul ami alors j’ai accepté et je lui ai fait une promesse : de rester à ses côtés jusqu’à ce qu’il retrouve la mémoire.

-Mais comment en êtes-vous arrivé à vous associer à Tellas dans ce cas ? La questionna Saya.

-Kyuryu m’avait décrit le monde moderne comme une Utopie, un endroit où tout le monde pouvait vivre heureux…mais c’était faux. Les souvenirs de Kyuryu étaient troubles et ce que j’ai découvert commença à fissurer l’âme de la petite fille que j’étais. J’ai certes appris à lire, écrire et compter, et je pensais être heureuse au début, mais bien vite, j’ai vu le véritable visage de la société moderne. Derrière chaque Utopie se cache une Dystopie encore plus grande : Satellite, les guerres, les famines, la corruption, l’argent, la destruction de la nature, toutes ces choses qui ont sali mon âme si pure de jeune fille innocente. J’ai pris cette décision : de faire des souvenirs de Kyuryu une réalité, de changer la face de ce monde en commençant par lui rendre son aspect d’origine, je voulais sauver notre terre sur le point de mourir et j’ai donc rencontré Tellas, prête à réaliser mes rêves.

Les flammes sur les ailes du titan gagnèrent en intensité et je me remis sur mes gardes, craignant une nouvelle attaque de la part de Terra mais elle se contenta d’élever la voix.

-Vous comprenez, je n’ai pas le droit à l’erreur, la défaite n’est pas une option ! Je dois tenir ma promesse à la seule personne ne m’ayant jamais menti !

Chaofeng se rapprocha lentement de Sandayu et Saya déclara à travers la bouche de son dragon :

-Terra, il y a un an, j’aurais approuvé vos actions, mais plus aujourd’hui, plus depuis que j’ai rencontré Darksky.

Le titan pencha la tête sur le côté, ne comprenant visiblement pas, et mon amie continua donc.

-J’étais seule, tellement seule que j’ai cru aux mensonges d’Hélios et je me suis alliée à lui. J’ai voulu détruire ce monde qui ne m’avait rien donné excepté la souffrance et la solitude, mais lorsque j’ai rencontré Darksky, ma solitude s’est envolée. C’est pourquoi, lorsque j’ai appris l’existence d’Armageddon, j’ai imploré Luminion de briser ce cycle du destin qui nous avait séparés. J’étais prête à tout, jusqu’à ce que je rejoigne le club de duel, cet endroit où je me suis sentie chez moi pour la première fois.

-Le…club de duel ? Répéta Terra sans comprendre.

-Avant, je pensais que mon bonheur ne tenait qu’à une seule chose, que tout le reste était futile, mais Miyako, Laura, Nagisa, Alan et Darksky m’ont fait réaliser le contraire. Si je suis encore la voie de Luminion, c’est simplement par devoir, mais j’ai trouvé ce que je cherchais depuis bien longtemps. Ce n’était pas que l’objet de mon désir était caché, non, c’était moi qui était aveuglée.

Saya tourna la tête vers moi et je crus distinguer un sourire sur la tête de Chaofeng et je détournai le regard, gêné par ses compliments. Puis mon amie tendit une main chaleureuse vers le titan de feu.

-Terra, je suis certaine que ce que vous cherchez, vous l’avez déjà trouvé depuis longtemps. L’objet de votre bonheur, c’est la simple présence de Kyuryu, je me trompe ? Vous n’avez que faire de ce monde tant qu’il n’entrave pas votre relation. En vérité, ce que vous reprochez à la société, c’est d’avoir éloigné votre père adoptif de vous, alors vous chercher des excuses pour la détruire afin de reconstruire votre idéal, la vie que vous avez connue plusieurs années auparavant.

-Tu es bien perspicace pour une simple gamine ; répondit simplement Terra en fermant les yeux.

Au même instant, le Titan scintilla et disparut dans un millier de poussière d’étoile. Je compris que le combat était enfin terminé et que Saya venait de le remporter haut la main.

A mon tour, je séparai mon esprit de celui de Nout et je revins à ma position d’origine, face à Terra, Saya à mes côtés, redevenue humaine également. La jeune femme aux cheveux blancs comme la neige regardait vers le plafond de la forteresse, pensive.

-J’aimerais tant revenir à ces jours bénis, où nous n’étions que tous les deux, loin du mal et de la corruption ; murmura-t-elle.

-Rien ne vous empêche de les reconstruire ! Lui répondis-je alors.

-Les…reconstruire ?

-Oui, faites-vous de nouveaux souvenirs, des souvenirs encore plus beaux que les anciens, afin qu’ils restent à jamais gravés dans votre mémoire, dans ce monde dans lequel nous vivons tous !

-Si seulement…cela était possible…mais cela ne dépend plus de moi. Kyuryu est tiraillé entre deux fronts : sa vie passée et sa vie actuelle, et tant que l’une n’aura pris le dessus sur l’autre, jamais nous ne pourrons être heureux à nouveau…

-A défaut d’avoir un bonheur partagé, rendez le heureux lui. Je suis certaine qu’il n’aimerait pas vous vous ainsi, à vous inquiéter pour lui alors que vous avez toute votre vie devant vous ; affirma Saya en souriant. Le monde n’est pas noir ou blanc, vous pouvez trouver votre bonheur ailleurs et même…

Saya s’arrêta net et se prit la tête dans les bras tout en s’appuyant à un arbre mort. Sans hésiter une seconde, je me précipitai à son secours mais elle me fit signe de rester à distance. Je n’avais pas d’autre choix que d’obéir mais ses yeux vides me disaient tout.

Après plusieurs secondes d’inquiétude sous les yeux ébahis de Terra, Saya finit par reprendre ses esprits mais elle était livide, tellement pâle que j’avais l’impression qu’elle était sur le point de s’évanouir. Ses mains tremblaient, sa respiration était saccadée et quelques gouttes de sueur perlaient de son front.

-Saya…

-Je viens d’avoir une vision, Darksky, il n’y a pas une minute à perdre ! S’exclama-t-elle alors, l’air terrorisée. Nous devons absolument retourner au croisement des salles !

Mon cœur rata un battement. Il n’y avait qu’une seule possibilité pour que Saya ait l’air aussi terrifiée…

Au même moment, un tremblement ébranla la forteresse et Terra prononça une phrase qui confirma mes craintes :

-Gariatron…

Immédiatement à l’évocation de ce nom, je n’en demandai pas d’avantage et je me précipitai vers la salle où nous nous étions tous séparés, suivi de près par Saya, espérant du plus profond de mon cœur que nous arriverions à temps.

-Laura…



Chapitre 31 : Repos de la glace éternelle



Spoiler :


Je m’en souviens, il y a longtemps, j’ai juré à mon père de l’aider à se venger de ce monde dans le seul espoir de le retrouver un jour tel qu’il était auparavant. Dans ce désir insensé, je me suis perdue et j’en suis venue à rejeter la dernière personne ne m’ayant jamais abandonnée, Darksky. Je pourrais certes me cacher derrière la malédiction de Gariatron, mais ça serait me voiler la face. J’étais simplement tellement obnubilée par le rêve de mon père que j’en suis venue à faire des choix que je regrette du plus profond de mon cœur à présent.

J’aimerais tant m’excuser auprès de Darksky pour tout le mal que je lui ai fait, à lui, mais aussi au monde, auprès de Saya pour l’avoir jalousée, auprès de Miyako pour ne pas l’avoir comprise, auprès d’Angéla que j’ai obligée à se battre pour me faire entendre raison, auprès de Nagisa que j’ai fait souffrir en suivant Gariatron et mon père, et aussi, auprès d’Hélios pour ne pas avoir été à la hauteur…


Je faisais les quatre-cents pas dans la grande salle de croisement où nous nous étions tous séparés. J’étais tellement frustrée d’avoir été laissée à l’arrière que j’en venais à frapper le mur en face de moi à chaque fois que je passais devant. Iori, à mes côtés, semblait inquiète, certainement avait-elle peur de voir surgir un serviteur des démons qui aurait donné l’alerte ou un démon lui-même, mais je n’avais que faire d’eux. Après tout, si j’avais été laissée ici, c’était bien parce que soit disant, j’étais la plus forte, donc théoriquement, je n’avais pas de raison de m’en faire pour moi…

C’était vrai, je n’avais nullement peur pour ma vie. Mais ces idiots n’avaient pas pensé à une chose : que je pouvais me faire du souci pour eux aussi ! Même si j’avais du mal à montrer mes émotions lorsqu’elles n’étaient pas amplifiées par le pouvoir de Gariatron, elles étaient bien présentes en moi. Je n’étais plus la seconde de mon père incapable de ressentir autre chose que la haine tout de même !

Ne sachant pas quoi faire, je sortis mon deck et je contemplai la carte de Trishula, ce qui eut pour effet de me calmer immédiatement. Rien que voir le dragon de glace m’apaisait, cela me rappelait tous ces moments heureux sur la falaise avec Darksky, ces jours d’insouciance de l’enfance. Mais cela m’évoquait également la volonté de mon ami à me sauver l’année passée et m’encourageait à me battre encore et toujours pour que ses efforts ne fussent pas vains.

-Oh, Trishula, dragon de la barrière de glace, c’est un sacré monstre que tu as en ta possession Laura ; me dit soudain Iori en regardant par-dessus mon épaule.

Je sursautai et fis un bond de deux mètres, ayant cru à une attaque.

-Iori, évite de faire peur aux gens comme ça ; râlai-je pour cacher ma gêne.

-Désolée, désolée ; s’excusa-t-elle tout aussi gênée que moi. Simplement, je connaissais quelqu’un qui possédait cette carte également…

-Vr…Vraiment ? Répétai-je vraiment surprise. Je pensais que ce dragon était unique.

-Je ne sais pas vraiment si elle l’est, mais cette personne tenait vraiment à Trishula. Cette carte lui rappelait quelqu’un qui lui était cher mais qu’il ne pouvait plus voir désormais. Elle me disait souvent que Trishula était le départ de tout.

Je ris légèrement.

-Il semblerait que Trishula soit un symbole pour tout le monde apparemment.

-Vraiment, pour toi aussi cette carte est importante à ce point ? Me demanda-t-elle étonnée.

-Oui, elle a été le point de départ de ma carrière dans le duel de monstre et c’est grâce à elle que j’ai pu rencontrer Darksky il y a six ans. Et plus que tout, elle représente pour moi l’espoir, l’espoir de Darksky de me sauver lorsque j’étais déchainée, l’espoir pour moi d’avancer et de vivre sans blesser personne, l’espoir de mon père pour se venger de ce monde qui nous a fait tant de mal…

Lorsque je finis ma phrase, je remarquai quelques larmes aux coins des yeux de Iori qui commençaient à couler lentement sur son visage. Je lui fis remarquer et elle les essuya en vitesse et essaya de dissimuler à nouveau ses sentiments.

-Ne t’inquiète pas Laura, c’est juste que la personne que je connaissais me disait souvent la même chose…

-Tu devais beaucoup aimer cette personne je suppose.

-Qu…Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Bégaya-t-elle.

-J’ai passé tant de temps dans la tristesse que je peux reconnaitre l’amour au premier coup d’œil. Je peux même affirmer que cette personne était très proche de toi, un ami ou bien peut-être même l’un de tes parents qui sait.

-O…Oui, effectivement, tu as juste, il s’agissait de mon père ; dit la jeune fille les yeux ronds de surprise.

Je ris à nouveau devant sa réaction. J’avais l’impression de me voir en Iori et c’était peut-être pour ça que je la comprenais aussi bien. Si j’avais été tenue éloignée de toutes les histoires de fin du monde et de malédiction et si j’étais restée auprès de Darksky au lieu de m’exiler, je serais certainement devenue comme elle, naïve, étonnée de tout et ne pouvant cacher ses sentiments aux autres.

-Tu sais Iori, je ne sais pas ce que tu as vécu, mais si ton père était guidé par l’espoir lui aussi et par Trishula, alors tu as certainement du hériter du même sentiment que lui, tout comme j’ai hérité de l’espoir de Darksky l’année dernière.

-Je ne sais pas, je ne suis plus sûre de rien…Murmura-t-elle en baissant le regard.

-Que veux-tu dire ?

Iori fit quelques pas en arrière et alla se rasseoir sur le rebord du petit autel trônant au milieu de la grande salle circulaire puis sorti à son tour une carte de sa poche.

-Lorsque ma mère est morte, mon père a sombré dans la folie. Je suis partie en espérant pouvoir effacer les larmes de papa. Je devais retrouver l’une de ses amies perdues, comprendre comment lui rendre le sourire comme cette amie l’avait fait bien avant ma naissance. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour arriver à mes fins, je suis même allée jusqu’à m’allier avec un criminel notoire, pour quel résultat ? Plus de souffrances…

-Tu n’as donc pas retrouvé cette personne que tu cherchais ?

-Si, je l’ai trouvée, et c’est justement là le problème : je ne suis pas elle, je ne peux pas redonner le sourire à mon père comme elle le faisait. J’ai vraiment l’impression d’avoir tout sacrifié pour rien…

Je m’approchai de la jeune fille et je la regardai dans les yeux avec un regard ferme et sévère.

-Evidemment que tu n’es pas la personne que tu cherches ! Chacun est unique est je doute que ton père ait voulu que tu deviennes son ancienne amie, aussi proches fussent-ils.

-Mais j’ai échoué, jamais plus mon père ne sourira, pas après tout ce que j’ai fait !

-Comment peux-tu l’affirmer ? L’histoire n’est pas gravée dans le marbre. Si nous nous battons aux côtés d’Hélios contre Armageddon, c’est justement parce que nous croyons à notre propre avenir, un avenir que nous aurons modelé de nos mains. Retourne auprès de ton père et dis-lui que tu es là, que tu le soutiens, et peut-être finira-t-il par émerger.

-Est-ce que…c’est ce que tu pensais toi aussi en étant au service de Gariatron ?

-Oui…Je voulais retrouver mon père, celui qui m’aimait, alors je l’ai accompagné, et je l’aurais accompagné n’importe où, pourvu qu’au bout de notre chemin, il retrouve la raison. J’ai échoué comme tu peux le voir, mais je suis sûre qu’un jour, il comprendra la portée de ses actes, même si pour cela je dois m’opposer à lui.

Iori acquiesça puis essuya ses dernières larmes d’un revers de la manche et sauta de l’autel pour me faire face, une détermination nouvelle dans son regard.

-Oui, tu as raison Laura, je ne dois pas abandonner, je dois continuer à me battre pour mon père ! Merci, jamais je ne pourrais te rendre la pareille.

Au même moment un tremblement se fit ressentir dans la forteresse et le mur à l’autre bout de la pièce vola en éclats pour laisser passer une main géante dans laquelle trois hommes se trouvaient et je me raidis en les reconnaissant. C’était exactement ce que je redoutais le plus en restant ici et mes craintes se confirmèrent. Mon père était là, accompagné de l’ancien ami d’Angéla, Aymeric, et de Bakura, alias Zorc. Les trois hommes se posèrent sur le sol de la forteresse et Darkness Shadow disparut.

-Je crois que tu vas pouvoir me la rendre immédiatement ; lançai-je à Iori en préparant mon disque de duel.

Elle fit de même mais les trois hommes ne semblaient pas nous avoir encore repérées et se contentaient de balayer la grande salle du regard lorsque les yeux de Bakura se posèrent sur moi. Lorsque mon père notifia ma présente, je vis une immense surprise sur son visage et également…de la peur ?

-Allons-bon, qu’avons-nous là, deux insectes qui se sont perdus on dirait ; lança Bakura.

-Lau…Laura, qu’est-ce que tu fais là ? Bégaya mon père, vraiment mal à l’aise.

-ça ne se voit pas ? Je prends du bon temps dans cette magnifique forteresse de pierre. Mais je te retourne la question, moi qui pensais que tu étais occupé à te battre avec Hélios.

-Cet imbécile est toujours encerclé par les monstres de la forteresse, il n’est pas prêt de venir ici ! Répliqua Aymeric. Enfin bon, j’imagine que vous allez nous empêcher de passer et tout ça, mais je vous conseille de renoncer tout de suite, pas vrai Shadow ?

-Darksky et les autres sont trop près du but pour échouer, je ne vous laisserai pas franchir ces portes tant que je serais ici !

-Allons Laura, ne fais pas l’idiote, écarte-toi et…

-Tais-toi Papa ! Je ne veux plus t’entendre me donner des ordres ! Nous sommes ennemis à présent, il faut que tu te le rentres dans le crâne ! Et je m’opposerai de toutes mes forces à toi, même si je dois y laisser la vie, je ne te laisserai plus sombrer comme je l’ai fait bêtement il y a trois ans !

-Lau…Laura, comment peux-tu…

Bakura poussa Shadow et vint me faire face directement. Cependant, quelque chose dans ses yeux avait changé par rapport à notre dernière rencontre. Ils n’avaient plus rien d’humain et la haine se lisait à l’intérieur. Mais je ne flanchai pas et je lui fis face la tête haute.

-Ceci est notre dernier avertissement, humaine, laisse-nous passer où…

-Où bien quoi ? tu vas te charger de moi en personne ? Viens, je t’attends, Zorc.

Lorsque je prononçai son nom, le visage du jeune garçon s’illumina d’un sourire mauvais qui aurait fait frissonné la plupart, mais pas moi. J’avais connu la folie à son état le plus pur, je n’étais plus impressionnée par une chose comme ça. Mais Iori, elle, recula en tremblant, terrifiée.

-Très bien misérable, j’arrive puisque tu le veux tellement…

-Non, Bakura, je t’interdis de…tenta de dire mon père avant d’être coupé.

-Gariatron n’est plus avec toi, tu n’as plus aucun pouvoir sur moi toi non plus !

Une vague noire sortit de la main de Bakura et frappa mon père en plein ventre et ce dernier vola à travers la pièce avant de s’écraser contre le mur à l’autre bout, devant les yeux ébahis et terrifiés d’Aymeric.

-Qu…

-Enfin, après des millénaires, le grand Zorc va faire son retour sur terre ! Tremblez Misérables !

Le garçon aux cheveux blancs écarta les bras et l’air autour de lui s’assombrit pour former des filets de lumière noire se dirigeant vers Bakura. Ne souhaitant pas en voir d’avantage, j’activai la fusion parfaite pour en finir rapidement.

-Dragon corrompu par la colonie, je te ressuscite ! Congèle tous nos ennemis et donne naissance à un monde purifié ! Invocation parfaite, Néo Trishula, Dragon de la barrière de glace !

Tout comme dans le monde des esprits, je sentis mes bras s’allonger pour devenir deux magnifiques ailes bleues. Ma vision changea et mon cou s’agrandit également tandis que des griffes poussèrent sur mes pieds. Je gagnai en une fraction de seconde cinq mètres et je dominai à présent la scène.

Je soufflai un froid aussi glacial que je pus pendant que Bakura accumulait de l’énergie, mais mon attaque fut repoussée aisément et absorbée également.

Mon adversaire à son tour, se mit à grandir. Sa peau s’assombrit progressivement jusqu’à devenir aussi noire que la nuit, deux ailes apparurent dans son dos, des griffes sur ses mains et ses pieds, une queue et une tête de dragon sur son ventre déchirèrent ses derniers habits et enfin, sa tête se garnit de cornes et de dents pointues.

Je reculai instinctivement et Aymeric fit de même. A présent, Zorc faisait la même taille que moi et ses yeux, rouges comme le sang, reflétaient le chaos à son état le plus pur. J’avais en face de moi la créature la plus puissante ayant existé sur terre : Zorc Necrophaldes, le roi du royaume des ombres, l’ultime adversaire du pharaon Atem et le plus dangereux des serviteurs de Gariatron.

-Je suis Zorc Necrophaldes, et j’anéantirai toute personne se mettant en travers du chemin de mon maitre Gariatron ; Déclara le démon d’une voix lente et grave.

-Viens, je t’attends, je suis Laura Garden, fille de Shadow, héritière de la malédiction de Gariatron, alliée de l’espoir et ton adversaire ! Je rugis en réponse à son défi.


https://www.youtube.com/watch?v=BGxYef6pmN0


Sans autre sommation, je me jetai sur le démon, toutes griffes en avant. Je le percutai de plein fouet et il recula en titubant sous la force de l’impact. Sans attendre qu’il reprenne ses esprits, j’aspirai l’air autour de moi et je sentis un froid glacial au fond de ma gorge, froid que je relâchai d’un seul coup sous forme de cristaux de glace.

Le démon noir grogna de douleur lorsque ces derniers le touchèrent et traversèrent sa peau qui se mit à fumer. Mais j’étais encore loin d’en avoir fini avec lui, alors je repassai à l’attaque et lui assénai un violent coup d’aile qui le fit traverser les murs de la citadelle et l’expulsa à l’extérieur.

Je me retournai pour dire à Iori de s’occuper d’Aymeric et de mon père tandis que je sortis dans le ciel à mon tour pour continuer le combat, dans les airs cette fois-ci.

Le vent soufflait fort à l’extérieur de la citadelle, des nuages noirs d’orage nous entouraient et masquaient la lumière du soleil, tout était sombre, comme un an auparavant et Zorc était juste devant moi et me regardait avec ses petits yeux moqueurs, comme s’il s’amusait à me voir me battre contre lui. Cela eut pour effet de me redoubler ma volonté de le détruire, lui, le maitre du royaume des ombres.

J’aspirai une nouvelle fois l’air autour de moi pour recracher une pluie de cristaux de glace sur le démon. Cependant, juste avant qu’ils ne l’atteignent, Zorc balaya l’espace devant lui de son bras droit et tous les projectiles fondirent instantanément, se transformant en simple gouttelettes d’eau inoffensives.

-C’est tout ce dont tu es capable, fille de Shadow ? Quelle déception de la part de celle détenant le pouvoir de mon maitre ; déclara Zorc de sa voix grave et sans émotion.

Je grimaçai intérieurement. Si je voulais vaincre cet ennemi, je ne devais pas me cantonner à de simples attaques que n’importe quel monstre de duel aurait pu lancer, je devais utiliser tout le potentiel du pouvoir que m’avait donné Hélios.

Je me concentrai et à mes côtés apparurent deux créatures que je connaissais bien : Ouroboros et Trishula, les deux facettes de ma personnalité, mes deux masques comme disait Hélios. Je compris ce que j’avais à faire.

Je regardai les deux monstres dans les yeux et ces dernières se mirent à rayonner, et moi également. Zorc observa la scène, intrigué tandis que mon corps de glace émanait une lumière toujours plus intense.

Tous mes membres noircirent, mes yeux virèrent au rouge, la glace me recouvrant refroidit jusqu’à émettre de la brume autour de moi. Oui, si je voulais vaincre Zorc, je n’avais qu’une seule chose à faire : accepter la malédiction et vaincre le démon avec son propre pouvoir.

-Glace corrompue, espoir éternel figé dans le gel, alliez-vous et créez la porte vers un nouvel avenir rayonnant ! Fusion parfaite ! Resplendissons à travers les ténèbres, Néo Trishula !

-Oh, ce combat semble devenir intéressant. Viens, Elue de Gariatron, montre-moi ton pouvoir infini.

-Il suffit de demander, Zorc !

J’aspirai une fois de plus l’air autour de moi, mais cette fois-ci, à peine s’approcha-t-il de ma bouche qu’il se mit à cristalliser et la sphère blanche sur mon torse brilla. Rassemblant toutes mes forces, je soufflai du plus fort que je pus et un rayon de glace noire fusa vers le démon. L’air, au contact de se rayon, gelait également, le rendant de plus en plus gros et de plus en plus puissant.

Le seigneur du royaume des ombres tenta de le repousser comme la fois précédente mais l’attaque avait pris bien trop d’ampleur et il fut heurté sans pouvoir riposter par le déluge de glace qui le traversa de part en part.

J’entendis un hurlement de rage, suivi d’une explosion qui illumina les cieux et dissipa les nuages, laissant à nouveau briller le soleil. Cependant, je savais que ce combat était loin d’être terminé, si Zorc pouvait être vaincu aussi facilement, il n’aurait pas tenu tête au pharaon Atem aussi longtemps.

Je ne me trompai pas car quelques instants plus tard, deux yeux rouges surgirent de la brume créée par l’explosion et Zorc dissipa les nuages noirs autour de lui, laissant apparaitre son corps entouré d’un halo plus noir que la nuit la plus sombre. Dans ses yeux, la moquerie s’était changé en haine et une boule enflammée trônait dans sa main.

-Je dois bien reconnaitre ton pouvoir, humaine, mais tu n’es pas de taille face à Zorc, maitre des ténèbres !

Le serviteur de Gariatron lança la boule de feu droit de sur moi à une telle vitesse que je ne pus que refermer mes ailes pour tenter de me protéger de l’attaque qui, lorsqu’elle me toucha, me donna l’impression que tout mon corps plongeait dans un volcan en éruption.

Des gouttelettes bleues perlèrent de mes ailes et je grimaçai. La glace me recouvrant commençait à fondre, une seule autre attaque comme celle-ci, et c’en était fini de moi. En une seule attaque, Zorc m’avait déjà repoussée dans mes derniers retranchements alors que moi, j’avais à peine réussi à lui infliger quelques dommages…

-A présent, disparais, élue de mon maitre !

Une nouvelle boule de feu naquit au creux de la main de Zorc. Sachant que je ne pourrai pas l’éviter, je me mis à aspirer l’air autour de moi. Etais-je assez forte pour rivaliser avec le maitre des ténèbres ? Il n’y avait qu’un seul moyen de la savoir…

-Brûle dans les flammes de l’enfer, Laura Garden, Inferno Hell Burst !

-Si tel est le châtiment que me réserve Armageddon, je gèlerai ces flammes jusqu’aux dernières, Dark Perfect Ice Beam !

Lorsque les deux rayons de feu et de glace entrèrent en collision, une nouvelle explosion retentit, si puissante qu’elle me déstabilisa, mais je tins bon, car je le devais, je ne pouvais pas laisser Zorc me vaincre, pas tant que Darksky et les autres n’avaient pas accompli leur mission…

Les flammes de Zorc…elles étaient si puissante que je ressentais la chaleur depuis ma position, ce démon était vraiment un adversaire redoutable, même avec la fusion parfaite, j’avais du mal à contenir ses attaques, alors que lui ne semblait pas s’épuiser le moins du monde…

Peu à peu, je voyais les flammes de Zorc gagner du terrain tandis que mon corps fondait à vue d’œil. Ce n’était qu’une question de temps avant que je ne perde ce combat. Je ne pouvais pas lutter avec Zorc, moi, Laura Garden, une simple fille de seize ans ayant hérité de la malédiction d’un vieux démon millénaire pour seule arme…

Mais je le savais, je savais qu’en acceptant la mission d’Hélios, je ne m’en sortirai pas vivante, cela faisait bien longtemps que j’avais accepté la possibilité de mourir. Je n’avais qu’un seul désir, que ma mort ne soit pas vaine, je voulais laisser quelque chose derrière moi, un souvenir, une lueur d’espoir, un avenir radieux, et pas seulement l’image de la personne prête à tout pour se venger.

C’est pourquoi…Je ne pouvais pas abandonner ! Je devais me battre, jusqu’au bout, repousser l’heure de ma mort autant que je le pouvais afin d’accomplir ce dernier désir, Darksky DEVAIT réussir sa mission, et tant que j’affrontai Zorc, toutes les chances restaient de son côté !

-Qu…Que se passe-t-il ? Rugit Zorc en écarquillant les yeux.

-Je ne perdrai pas, je suis Laura Garden, fille de Shadow, éradicatrice des ténèbres !

Le cristal sur ma poitrine se mit à rayonner une seconde fois et mon attaque gagna en intensité. Lentement, les flammes de Zorc reculèrent et se rapprochèrent de lui. Je comptai bien relâcher l’intégralité de la puissance que m’accordait la malédiction de Gariatron, même si cela devait me détruire.

Mon cœur rata plusieurs battements mais je ne cédai pas, je ne pouvais pas céder, je devais me battre, jusqu’à la fin, jusqu’à ce que le démon soit détruit, jusqu’à ce que Darksky ait accompli sa mission !

-Im…Impossible, je ne peux pas perdre…Je suis…Zorc Necrophaldes, seigneur du royaume des ombres, prochain maitre de cette planète !

A leur tour, les flammes du démon regagnèrent en intensité et arrêtèrent de reculer. A présent, la glace et le feu se refaisait face à égalité pendant que moi, je m’affaiblissais toujours un peu plus.

J’étais vraiment à bout de forces, mais je maintenant le flux. Mon cœur me faisait souffrir, tous mes membres dégoulinaient de glace fondue, et j’avais vraiment du mal à me maintenir dans les airs, mais je continuais à attaquer sans fléchir.

-Je ne comprends pas humaine, pourquoi te battre jusqu’à la mort ? Tu pourrais vivre en fuyant dès maintenant et j’épargnerai ta misérable vie, alors, qu’est-ce qui t’est plus important que ta propre vie ? Demanda le démon, intrigué.

-L’avenir ; je répondis sans hésiter.

-L’avenir tu dis ?

-Oui. Si je laisse un avenir derrière moi, alors les gens se souviendront de moi, ils sauront que j’ai existé, que je me suis battue pour eux. Dans l’avenir que je vois, mes amis seront sains et saufs et je continuerai à vivre dans leur mémoire. Si j’abandonnais maintenant, je resterais en vie, mais je serais seule et une vie dans la solitude n’a pas de sens, je l’ai bien compris l’année dernière…C’est pourquoi, je ne crains pas la mort !

-Comment peux-tu être certaine de cet avenir où Armageddon n’existera plus puisque mon maitre l’aura détruit ?

-L’espoir Zorc, l’espoir au fond de moi me le dit et je le crois.

-Pathétique, suivre ses sentiments est bien une chose humaine !

-Exactement, c’est parce que je ressens que je suis humaine, contrairement à toi, Zorc et c’est parce que j’ai cet espoir en moi que je vais te vaincre ici et maintenant !

Puisant dans mes dernières forces, je rassemblais les fragments de la malédiction éparpillés en moi, auxquels je mêlai tous mes sentiments pour mes amis du club, pour le capitaine, pour mon frère, ma mère, pour Angéla, Drago, Maya, Ambre, June, Iori, et même mon père. Oui, le monde redeviendrait calme et paisible, mes amis auraient une vie heureuse et mon père serait à nouveau l’homme qu’il était !

Une aura blanche et pure entoura mon corps de glace noire et un immense guerrier de glace s’éleva derrière moi. Le symbole de la renaissance de la barrière de glace m’accompagnait, le symbole du vœu de Darksky et Angéla de me sortir des ténèbres, le symbole de ma puissance !

-Qu’es-ce…

-C’est fini Zorc ! Trishula, Nekroz Sword !

Le colosse en armure de dragon leva son épée et l’abattit sur le démon dont les flammes disparurent instantanément, si bien qu’il fut également transpercé par mon rayon de glace.

-Im…Impossible…

Un trou béant se trouvait à la place du torse de Zorc. Le serviteur de Gariatron leva le bras en espérant m’attraper puis la peur passa furtivement dans les yeux du démon avant que ceux-ci ne s’éteignent pour toujours et qu’un corps sans vie ne commence une chute dans le vide de plusieurs centaines de mètres.

-C’est terminé Zorc. Darksky, je compte sur toi pour le reste…

Le cristal sur ma poitrine se brisa en même temps que la glace recouvrant mon corps de dragon et je redevins une simple fille de seize ans, vidée de ses forces, au cœur ne battant presque plus, et commençant à son tour une chute de plusieurs centaines de mètres dans le vide…

-Je sais…que tu peux…le faire…

Tous mes sens disparurent d’un seul coup. Ma vision se brouilla, mes oreilles n’entendirent plus les sifflements du vent, l’odeur de mon sang disparut de mes narines, je ne sentais plus l’air tourbillonner autour de moi pendant ma chute. Mes poumons me brûlaient, mon cœur ralentissait, mes os semblaient de plomb et ma tête me faisait souffrir le martyr.



Quoi ? Quelqu’un au dehors m’appelait ? J’avais l’impression d’entendre mon nom résonner dans le ciel…Et cette chose sombre se rapprochant de moi…Zorc ? Alors…J’avais échoué finalement ? Je n’étais pas parvenue à vaincre le démon ?

-Laura !

Non, ce n’était pas Zorc, c’était un dragon noir, gigantesque et effrayant, c’était…

-LAURA !

-Pa…Pa ?


https://www.youtube.com/watch?v=wWyDHVyMlhU


Je sentis quelque chose de dur sous moi pendant ma chute. Quelque chose venait de m’attraper ? Je tentai de lever la tête et j’entrevis une silhouette. J’essayai de prononcer quelques mots, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Je discernai néanmoins dans le brouillard le visage de quelqu’un me souriant, même si je ne pouvais distinguer de qui il s’agissait.

Je reconnus ensuite la citadelle de pierre, elle se rapprochait de moi à toute vitesse puis je franchis le trou que j’avais moi-même créé en expulsant Zorc et la chose sur laquelle je me trouvais se posa sol et deux bras puissants me soulevèrent.

Tout autour de moi était si flou…il y avait des gens qui m’entouraient, deux personnes, mais je n’arrivais pas à les identifier.

Elles disaient des choses…mais quoi ? Je ne pouvais pas les comprendre, comme si elles parlaient loin, très loin de moi…

Délicatement, l’homme me portant me posa au sol, sur quelque chose de doux, comme un manteau ou une cape. Je voyais son visage prendre plusieurs expressions différentes, je le voyais me parler, crier, pleurer, mais je ne pouvais ni le comprendre ni le reconnaitre, même si je savais de qui il s’agissait, je l’avais reconnu au moment même où il m’avait pris dans ses bras, il n’y avait qu’une seule personne sachant faire le seul geste qui ne me faisait pas pleurer lorsque j’étais encore une enfant, un geste qu’il n’avait pas fait depuis des années…

-Pa…pa…

-Ti…bond…ra…va…rtir !

C’était inutile, aucun son compréhensible ne parvenait jusqu’à mes oreilles, je ne pouvais capter que des bouts de phrase sans aucun sens, des mots hachés…Je tentai une nouvelle fois de parler mais ma poitrine me brula et je me mis à tousser sans pouvoir m’arrêter et un gout de sang envahit ma bouche.

Un mouchoir en tissu passa sur mes lèvres et je profitai de cette occasion pour agripper le bras de mon père d’une main tremblante.

-Papa…s’il te plait…écoute-moi…réussis-je à dire d’une voix presque inaudible en ignorant la douleur et le sang affluant dans ma bouche.

Mon père se figea et me regarda droit dans les yeux. Oui, là, lorsqu’il ne bougeait plus, je pouvais voir son visage. Ce n’était plus cet homme assoiffé de pouvoir, au regard fou. Non, c’était mon père, l’homme que j’avais toujours connu, celui prêt à tout pour sa famille, au yeux doux et aux traits fins, celui que j’avais toujours rêvé de revoir…

-Est-ce que…j’ai réussi, papa ? Est-ce que…Darksky…a pu accomplir sa mission ? Est-ce que…ce monde…est à nouveau…en paix ?

Mon cœur s’arrêta quelques secondes et je me remis à cracher du sang. Mon père s’affola mais je ne lâchai pas sa main.

-Réponds-moi…papa…est-ce que…cette guerre est finie ?

-O…Oui, elle l’est Laura…Zorc est vaincu.

Je pouvais le comprendre, mon ouïe était de retour elle aussi…

-Et…toi ? Ne dois-tu pas…nous arrêter aussi ?…

Mon père marqua une pause pour tourna son regard vers un point que je ne pouvais pas voir de là où j’étais puis me répondit :

-C’est fini pour moi aussi, Iori m’a vaincu, je ne peux plus rien faire.

-Io…ri ?

Le visage de la jeune fille m’apparut à son tour aux côtés de mon père. Il était recouvert de larmes. Iori pleurait, et la peur se lisait dans son regard, ainsi que la tristesse, le regret et…le désespoir ? Tant d’expression dans simplement deux yeux noirs…Mais je connaissais ce regard…Je l’avais déjà vu, six ans auparavant. C’était lorsque j’avais annoncé mon départ à Darksky, il m’avait lancé le même regard empli de souffrance.

Un déclic se fit dans ma tête et je compris soudain tout ce que Iori m’avait dit quelques minutes plus tôt et je ne pus m’empêcher de sourire bêtement malgré la douleur qui me rongeait.

-Iori…S’il te plait…redonne le sourire à Darksky.

-Attends Laura, qu’est-ce que tu veux dire ? Pourquoi ne pourrais-tu pas…

Je fermai les yeux, épuisée. Je n’avais plus de force, pas même pour garder mes paupières ouvertes. Ma respiration était saccadée, mon corps était desséché et cet horrible gout de sang ne disparaissait pas. Je relâchai la pression sur le bras de mon père mais celui-ci retint ma main, glacée. Tant de chaleur…j’aurais bien voulu rester auprès de lui encore quelques heures, quelques jours, quelques années, j’aurais tant voulu voir mon père sourire à nouveau, passer du temps avec lui sans nous affronter, sans démon ni malédiction, rien que lui et moi, c’était mon rêve en l’accompagnant dans sa quête insensée après tout.

Mais…j’avais eu l’occasion de le revoir une fois, et cela m’était amplement suffisant. Finalement, j’avais réussi, mon père était revenu à la raison, il n’y avait plus aucune menace pour Darksky.

Tout à coup, des larmes coulèrent sur mes joues. Voilà que j’étais prise de regrets à mon tour…En réalité…je ne voulais pas mourir, je voulais rester avec le club de duel pour toujours, je voulais rire avec eux, pleurer avec eux, m’énerver avec eux. Je voulais vivre aux côtés de Darksky, je voulais voir tout le monde grandir dans ce monde que nous aurions protégé ensemble, je voulais me racheter pour tout ce que j’avais fait subir à ce monde, je voulais pouvoir me remémorer toutes les choses que nous avions vécus, tous ensemble…

Je le sentais, ma vie m’échappant lentement, comme du sable s’écoulant d’un sablier troué. Je ne pouvais rien faire si ce n’est regarder la mort en face…

Non, il y avait une dernière chose que je pouvais faire…

-Pa…pa, s’il…te plait…Trishula…

-Laura, ne bouge pas trop, tu dois te reposer, tu dois être en forme pour demain.

-De…main ? Répétai-je dans un murmure inaudible.

-Oui, demain, les cours reprennent, le tournoi est fini, de même que la guerre, il n’y a plus aucune raison pour que tu sèches les cours, n’est-ce pas ? Je t’accompagnerai si tu veux, je pourrais même être votre superviseur au club de duel, comme ça, tu pourras être fière de ton père, tu en dis quoi Laura, ça te va comme programme ? Je rachèterai notre maison et tout redeviendra comme avant, je te le promets, alors Laura…je t’en supplie…reste…reste avec moi ! Si j’ai accepté de revenir dans ce monde…c’était…c’était uniquement pour te revoir une dernière fois, alors s’il te plait, ne pars pas ! C’était moi qui étais censé mourir, pas toi !

-Papa…Tu n’es qu’un idiot…

-Oui, je suis un idiot, le roi des idiots, mais c’est pourquoi, je ne peux pas vivre seul !

-Je suis…désolée…papa…j’aurais tant voulu…

Je ne terminai pas ma phrase. Je n’avais plus de souffle pour continuer. Je n’arrivai plus non plus à respirer. Au loin, j’entendis des bruits de course. Evidemment, il était là…Je tournai la tête sur le côté dans un ultime effort et je le vis, Darksky, accompagné de Saya, débarquant dans la grande salle, telle une furie.

-LAURA !


C’était ma vie, elle vient de défiler sous mes yeux en à peine une seconde, mais, même si je regrette de ne pas pouvoir passer plus de temps avec tout le monde, je suis heureuse de savoir que le plus dur est passé. Sans Zorc et mon père, Drago ne devrait avoir aucun mal à convaincre les démons de laisser le monde en paix. Je sais qu’après moi, il y aura quelque chose, un futur radieux libéré du jouc des démons.

-Adieu…Papa…Adieu…Darksky…Iori…Je te le laisse …Rends à ton père…son sourire…

Un dernier spasme secoue mon corps, mon cœur bat une dernière fois puis ma vision se brouille encore plus jusqu’à ce que la dernière couleur que je perçoive soit le noir, les ténèbres. Tout devient silencieux, toutes les odeurs, tous les gouts et toutes les sensations disparaissent excepté un froid mordant m’envahissant.

Tout en essayant de sourire à Darksky qui, je le sais, est auprès de moi, je rends mon dernier souffle et mon esprit se volatilise dans les ténèbres.


Encore une fois…Je veux les revoir encore une fois, Darksky, Saya, Miyako, Nagisa, Alan, Angéla, Maya, Ambre, June, Drago, Papa, maman, Arthur, capitaine, Sherry, Ellsworth, Hélios. Je veux les rencontrer une nouvelle fois, je veux…vivre à leurs côtés !





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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [29/07/2014] à 12:29

Iori, prisonnière du Temps



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Tout a commencé ce funeste jour à présent gravé dans ma mémoire. Avant, je n’étais qu’une fille ordinaire, allant à l’école, ayant des amies, des parents qui l’aimaient et ne connaissant pas les souffrances de ce monde. Cependant, ce jour-là, alors que j’avais douze ans depuis peu, tout a basculé. Ce jour-là, la vie de mon père a été brisée. Ce jour-là, j’ai connu la vraie souffrance pour la première fois. Ce jour-là, ma mère est morte.

Je me souviens parfaitement de son enterrement. J’ai vu mon père détruit, le regard vide, le teint pâle et les yeux rouges à force d’avoir pleuré. Il pleuvait, c’est pourquoi il n’y avait que très peu de monde, seuls les amis les plus proches de mes parents étaient venus, et parmi eux, ma tante Marie.

J’étais seule dans mon coin à pleurer la disparition de ma mère, ne pouvant imaginer un avenir sans elle et elle est venue vers moi puis s’est mise à ma hauteur et m’a dit ces mots qui sauvèrent mon père : « Iori, je sais que ça doit être dur pour toi, mais sois forte. Tu es le dernier espoir de mon frère, la dernière lumière qui le maintiendra en vie. Tout comme ta mère l’a sauvé du désespoir par le passé lorsqu’il a perdu ce qu’il avait de plus cher, je sais que grâce à toi, il s’en sortira une nouvelle fois. Tout ce que tu dois faire, c’est veiller sur lui, est-ce que je peux compter sur toi ?

Je n’avais pas vraiment compris le sens de ses mots à cette époque mais j’avais accepté sans hésitation. Depuis, je faisais mon maximum afin de lui faciliter la vie. Je préparais les repas, rangeais et nettoyais notre maison et je travaillais jour et nuit à l’école jusqu’à perdre la plupart de mes amis afin qu’il n’ait pas à s’inquiéter pour mon avenir. J’en venais même à ne pas lui dire que j’étais malade pour ne pas lui causer plus de soucis.

Souvent, nous avions la visite des amis de lycée de mon père qui venaient lui remonter le moral également mais ce dernier restait toujours dans son monde, perdu dans ses souvenirs, remarquant à peine ce qu’il se passait autour de lui, si bien que de temps à autres, j’entendais ma tante Miyako s’énerver dans le salon en le traitant d’imbécile irresponsable et bon à rien, ce à quoi il répondait en général par un « tu as raison, c’est exactement ce que je suis… ».

Cela me faisait vraiment mal de le voir ainsi, ne pouvant surmonter le départ de ma mère, mais je ne pouvais rien faire pour l’aider à part suivre les conseils de ma tante, du moins, je pensais que je ne pouvais rien faire jusqu’à ce que je trouve l’origine de son mal quatre ans après la disparition de ma mère, un mal remontant à dix ans avant ma naissance, un mal que ma mère n’avait fait qu’atténuer, un mal ayant pour cause la mort de son amie d’enfance : Laura Garden.


Iori : La rencontre du Destin



Spoiler :


C’était un jour comme un autre. Je rentrai du lycée directement après les cours pour aller m’occuper de mon père puis je prévoyais de travailler jusqu’à vingt-trois heures avant d’aller me coucher, mais ce jour-là, je sentais qu’il y avait quelque chose d’étrange dans l’air, comme si quelque chose dans cette ville n’aurait pas dû être là.

Je m’arrêtai au milieu de la rue pour regarder autour de moi, mais je ne trouvai rien d’anormal. La rue était pleine d’agitation entre les magasins décorés de vitrines de Noel en cette fin d’année, les gens se pressant pour rentrer chez eux à cause du froid mordant et les simples passants venus admirer le paysage. Non, vraiment, tout était normal, je devais me faire des idées.

Au moment où je voulus reprendre ma route, quelqu’un me rentra dedans et je tombai à la renverse. Je n’eus même pas le temps de voir le visage de cette personne car elle s’enfuit immédiatement sans demander son reste.

-Vous pourriez faire attention, imbécile ! Hurlai-je à travers la rue, furieuse.

Cet idiot n’avait non seulement pas daigné s’excuser mais en plus, toutes mes affaires s’étaient éparpillées sur le sol. Toujours hors de moi, je les rassemblai lorsque je vis un petit bout de papier qui n’était pas à moi. Certainement cette personne l’avait fait tomber. Je m’apprêtai déjà à le déchirer en mille morceaux pour passer ma colère mais quelque chose me retint et je me contentai de lire ce qui était écrit dessus. Il s’agissait de l’adresse de quelqu’un que je connaissais : Fukuhara Nagisa, l’une des amies de lycée de mon père.

Il n’y avait pas grand-chose d’étonnant là-dedans, cette ville était si petite que tout le monde ou presque se connaissait. Non, ce qui était plus intriguant en revanche était le deuxième nom inscrit au dos du papier : Laura Garden.

Ce nom éveilla comme un lointain souvenir en moi. Je l’avais déjà entendu auparavant mais il m’était impossible de me souvenir où. Je n’aimais pas laisser une question sans réponse, surtout lorsque je savais que je la connaissais. C’est pourquoi, je décidai de faire un léger détour par la maison de Nagisa. Après tout, si les deux noms se trouvaient sur un même bout de papier, cela devait signifier qu’elles se connaissaient toutes les deux.

Je pris la route qui menait chez l’amie de mon père et j’en profitai pour admirer le paysage. Je passais rarement dans cette partie de la ville. En fait, je ne connaissais presque que le chemin pour aller à l’école puisque je ne m’autorisais guère à aller gambader après les cours. La route longeait la mer, calme, bleue, scintillante au soleil couchant, et au loin, une grande falaise surplombait l’étendue d’eau, comme un gardien veillant sur l’entrée d’un temple. Ma mère m’avait souvent parlé de cette falaise. Apparemment, c’était un endroit très cher aux yeux de mon père mais elle ne m’avait jamais dit pourquoi.

Je continuai ma route en tournant dans la grande avenue où logeait Nagisa. Après quelques minutes de marche supplémentaires, j’arrivai sur le palier et un doute m’envahit. Qu’allais-je lui dire pour justifier ma venue ? Je ne pouvais pas simplement pointer le bout de mon nez en demandant qui était cette Laura…

Pendant que je réfléchissais, une voix familière m’interpela derrière moi.

-Oh, mais si ce n’est pas la petite Iori, ça faisait un bail dis-moi.

Je me retournai et l’amie de mon père apparut, un sac de courses à la main. C’était une femme brune, aux cheveux assez courts tombant juste au niveau de ses épaules. Ses yeux marron clair reflétaient une grande gentillesse et elle avait conservé un visage assez enfantin malgré qu’elle ait eu le même âge que mon père. Elle portait une grosse laine et une écharpe que je lui enviai en cette fin de mois de novembre. Je fus assez surprise qu’elle ait aussi peu changé en quatre ans alors que mon père, lui, avait considérablement maigri, avait gagné de nombreuses rides sur le front et les joues et commençait à perdre ses cheveux grisonnant.

Elle me sourit en me voyant, sourire que je lui rendis sans trop de difficultés. Après tout, elle s’était un peu occupée de moi juste après la mort de ma mère et je lui étais redevable.

-Bonjour Tante Nagisa ; lançai-je en essayant de paraitre enjouée. Oui, ça faisait longtemps en effet, presque quatre ans.

-Et en quatre ans, tu n’as toujours pas compris que tu ne devais pas m’appeler Tante mais simplement Nagisa ? Tu ne me rajeunis pas, tu le sais ça ?

Je ris de bon cœur. Oui, pendant tout le temps où elle s’était occupée de moi, elle m’avait répété cette phrase en boucle, mais j’étais butée et je n’arrivai pas à me débarrasser de cette mauvaise habitude.

Elle me proposa d’entrer, ce que j’acceptai et elle me laissa quelques minutes dans le salon, le temps de ranger ses courses.

L’intérieur était assez sobre. Une vieille télévision datant certainement des années 2010, quelques canapés, des chaises, une table et des tapis au sol. Dans un coin, il y avait également une étagère poussiéreuse sur laquelle s’entassaient des tonnes de papiers et de livres.

Ne sachant pas quoi faire, je m’approchai pour voir s’il n’y avait pas quelques bons ouvrages qui m’occuperaient en attendant et je tombai sur une chose qui attira mon attention ; un vieil album photo.

-Ta…Nagisa, je peux regarder tes photos ? Lui demandai-je.

-Vas-y, fais comme chez toi Iori, je n’en ai plus pour longtemps ! Me répondit-elle depuis la cuisine.

J’ouvris l’album et la première photo me laissa bouche bée. Il était marqué en dessous : « Année 2014-2015, Club de duel de monstres ». La photo représentait un groupe de jeunes de mon âge avec en arrière-plan, la cour de mon lycée. Je reconnus sans difficulté Nagisa, la présidente Hikari, Lucky Alan, mon père et ma mère. Ils semblaient tous si heureux à l’époque, qui aurait pu croire que mon père ait pu sourire comme ça un jour…

Il y avait également une autre fille sur cette photo : Grande, brune aux yeux vert émeraude, le visage fin et mature, mais une certaine tristesse émanait de son magnifique sourire. C’était la première fois que je la voyais. Qui pouvait-elle bien être ? Mon père ne m’avait jamais évoqué l’existence de cette fille dans son club de duel. Il ne parlait que de la présidente Hikari comme quelqu’un d’insupportable mais avec un bon fond, de Nagisa, la petite fille ayant surmonté les épreuves les plus rudes, d’Alan, le rigolo de la bande et de ma mère, celle qui mettait de l’animation dans ses journées.

Nagisa sortit de la cuisine au même moment en soupirant et râlant contre l’âge et j’en profitai pour lui montrer la photo.

-Ah, le club de duel, c’était quelque chose ça, oui ; soupira-t-elle, nostalgique avec un léger sourire. Il faudra que je fasse une réunion un de ces quatre, ça fait si longtemps que nous n’avons pas été tous réunis.

-Et dis-moi, cette fille brune sur la photo à côté de mon père, qui est-ce ? La questionnai-je en la lui désignant.

Un voile de tristesse passa furtivement devant ses yeux qu’elle tenta de masquer avec un sourire, mais ce dernier ne fit qu’amplifier son expression. Nagisa prit l’album dans ses mains et contempla cette photo pendant deux bonnes minutes durant lesquelles je ne savais pas comment regagner son attention. Finalement, elle me le rendit et dit :

-Déjà vingt-six ans…Le temps passe trop vite ; murmura-t-elle.

-Il s’est passé quelque chose avec cette fille ?

Soudainement, je ne sais pas pourquoi mais une illumination me passa par la tête.

-Serait-ce elle, Laura Garden ?

-Co…Comment connais-tu ce nom Iori ? Bégaya ma tante, surprise.

-Cela n’a pas vraiment d’importance, cependant, je ne connais que son nom mais je n’ai aucune idée de qui elle peut être. Elle était un membre de votre club aussi ? Etait-elle une amie de mon père ? Que lui est-il arrivé pour que mon père ne m’en parle jamais ?

Nagisa s’assit sur l’un des fauteuils et me parut soudainement bien plus âgée et fatiguée qu’elle ne l’était.

-Oui, Laura était une amie de ton père, je dirai même plus qu’une simple amie pour lui. Je ne connais pas les détails, mais ils étaient très proches, bien plus proches que ta mère et lui ne l’ont jamais été.

-Mon père aimait cette Laura plus qu’il n’a jamais aimé ma mère ? M’étranglai-je.

-Oui. Même si je ne doute pas de son amour pour ta mère, celui qu’il éprouvait pour Laura était bien plus fort.

-Dans ce cas-là, pourquoi a-t-il épousé ma mère plutôt que cette Laura ?

Nagisa ferma les yeux et son sourire forcé disparut de sa figure pour ne laisser place qu’à la tristesse.

-Cela remonte à dix ans avant ta naissance. Ton père, ta mère, Miyako, Alan, Laura et moi-même avons été impliqué dans un combat qui nous dépassait largement. Tu as certainement déjà du entendre parler de la grande guerre contre les démons, guerre qui n’a jamais eu lieu en réalité ?

-Oui. En cours d’histoire, on parle d’une période de plusieurs semaines d’ombre, semaines pendant lesquelles de nombreuses personnes ont péri à cause d’un démon du nom de Gariatron.

-Oui, et par la suite, Gariatron est revenu, ainsi que ses frères d’armes. Nous nous sommes opposés aux démons et Laura est morte en essayant de protéger ta mère, l’émissaire de Luminion, le démon originel de l’éclat, de Gariatron.

Nagisa marqua une pause à ce moment du récit. Alors comme ça, cette Laura avait sauvé ma mère ? Au fond de moi, deux sentiments s’affrontaient. La jalousie et la colère contre cette personne ayant une plus grande place dans le cœur de mon père que ma mère, et en même temps, une certaine reconnaissance, car sans elle, je n’aurais peut-être jamais vu le jour…Mais une dernière question restait en suspens, une question dont je devais connaitre la réponse absolument.

-Dis, pourquoi mon père ne m’en a jamais parlé ? Je veux dire, s’il l’aimait tant que ça, pourquoi a-t-il vécu jusque-là comme si ma mère était tout pour lui ?

-Ta mère était tout pour lui. C’est elle qui l’a aidé à surmonter la mort de Laura, sans elle, ton père serait mort à l’heure actuelle.

-Et toi ? Et la présidente Hikari ? Et Alan ? Ne pouvaient-ils pas jouer ce rôle ?

-Ta mère, tout comme Laura, a partagé avec ton père des péripéties les ayant rendus extrêmement proches. C’est pourquoi, elle était la seule à pouvoir combler le vide laissé par Laura dans le cœur de ton père.

-Peut-être mais…

Nagisa se releva et me prit dans ses bras, comme elle l’avait si souvent fait après la mort de ma mère lorsque j’avais peur ou que je me sentais seule.

-Iori, il est normal que tu doutes, mais je peux t’assurer que si ta mère n’avait été qu’un substitut à Laura, tu ne serais jamais née, et ton père ne se serait pas occupé de toi comme il l’a fait jusqu’à la mort de ta mère. Les choses sont comme elles sont, tu ne peux pas les changer. Laura est morte, ton père a épousé ta mère, tu es née, ce sont les faits et tu dois les accepter. Ton père a retrouvé le bonheur après la guerre. Il ne tient qu’à toi de le lui redonner à nouveau.

-Tante Marie m’a dit la même chose il y a quatre ans ; dis-je en souriant légèrement.

Je restai encore chez Nagisa jusqu’à la tombée de la nuit avant de repartir. Même si j’avais appris des choses que j’aurais préféré ne pas savoir, j’étais tout de même contente de les avoir apprises. A présent, j’étais vraiment persuadée que j’étais la seule à pouvoir sauver mon père, tout comme ma mère l’avait fait vingt-six ans avant moi.

Lorsque je franchis le portail de notre manoir, je fus surprise de voir la porte d’entrée ouverte ainsi que de nombreuses voitures garées devant la maison. J’eus soudain un très mauvais pressentiment et je me mis à courir jusqu’au manoir avant d’entrer dans le hall en trombe.

-Papa ! M’écriai-je à peine rentrée.

Personne ne me répondit et je commençai vraiment à m’inquiéter. Je regardai de tous les côtés et je finis par distinguer comme des voix provenant du salon. Je ne perdis pas une seconde et j’ouvris les portes de la pièce avant de me retrouver nez à nez avec trois grands gaillards aux airs peu amicaux qui me barrèrent l’entrée et devant eux, il y avait une autre personne, essayant de parler à mon père, assis à une table, une bouteille de vin à la main.

Cette dernière se retourna et je la reconnus immédiatement. De longs cheveux rouges comme les flammes et un visage effilé et froid comme la glace, des yeux bleu azur et une longue mèche de cheveux lui tombant sur l’œil droit, il ne pouvait s’agir que de…

-Pr…Présidente Hikari ?

-Iori, c’est bien toi ? Dit-elle surprise en me voyant.

J’étais rassurée. Ce n’était que l’ex présidente du club de duel qui n’était pas venue nous rendre visite depuis un petit moment déjà, c’est pourquoi, j’en avais presque oublié que les choses avaient changé depuis le temps.

-Le Grec, laisse-là passer, c’est la fille de cet idiot.

-J’espère qu’elle a plus de cervelle que lui. Quatre ans de déprime, il t’a battu Miyako, c’est un exploit ; ironisa le dénommé le grec.

Miyako ignora sa pique et me prit dans ses bras puis m’embrassa sur le font. J’étais contente de la revoir après Nagisa, cela me donnait l’impression que les choses se remettaient peu à peu en place dans ma vie et dans celle de mon père.

-Je suis désolée d’être passée à l’improviste comme ça, mais je devais prévenir ton père d’une chose importante mais cette tête de mule n’a même pas daigné m’écouter. Franchement, je te plains d’avoir un père pareil ma pauvre Iori ; soupira la présidente d’un air compatissant.

-Ce n’est pas vraiment de sa faute, il tenait beaucoup à ma mère d’après ce que j’ai compris.

-Oui, oui, mais c’est aussi lui qui me disait que se morfondre ne servait à rien il y a vingt-six ans…Enfin bon, je compte sur toi pour le ramener à la raison. Il semblerait que je n’ai aucun impact sur lui.

-Comptez sur moi présidente Hikari, je ferai de mon mieux !

-Ne m’appelle pas comme ça s’il te plait, je ne suis pas non plus une étrangère…

-Ohohoh, mais on dirait qu’il est l’heure de partir, grande Présidente Hikari, sinon le Sunbird va être très mécontent ; nous coupa l’un des hommes présents.

-Je suis entourée d’imbéciles ; soupira Miyako en se prenant la tête dans les bras avant de tourner les talons en compagnie de ses gardes du corps.

Il ne restait plus que moi et mon père dans la pièce et ce dernier sembla enfin notifier ma présence.

-Oh Iori, tu reviens tard aujourd’hui ; dit-il d’une voix monocorde.

-Je suis passée chez Tante Nagisa, j’avais envie de la revoir après tout ce temps ; lui répondis-je en essayant de paraitre enjouée.

-Oh, je vois. Et comment va-t-elle ?

-Elle se portait bien, elle n’a pas vraiment changé depuis quatre ans.

-Il faudra que j’aille la voir un de ces jours aussi…Mais dis-moi Iori, as-tu déjà diné ?

-Non, pas encore, mais ne te dérange pas pour ça, je me débrouillerai seule !

Je partis en direction de la cuisine puis je fouillai un peu dans le réfrigérateur. Il n’y avait plus grand-chose, il allait falloir que j’aille faire les courses…Je me contentai donc de surgelés qui trainaient là. Lorsque je m’assis à la table, mon père se prit la tête dans les bras comme il le faisait si souvent et commença à se lamenter sur lui-même.

-Je te cause bien des soucis…Je suis désolé Iori.

-Mais non, pas du tout, au moins, j’apprends à être autonome papa !

-Tu dois penser que ton père est un bon à rien, incapable de surmonter la mort de sa femme, incapable d’élever sa fille seul, incapable de garder ceux qu’il aime auprès de lui…

-Mais non, mais non, je t’assure que tout va bien. Il est normal que tu aies été brisé et seul le temps pourra remédier à ça. En attendant, compte sur moi pour prendre soin de tout !

Pour la première fois depuis une éternité, un léger sourire éclaira le visage exténué de mon père.

-Ta mère serait fière de toi si elle savait tout ce que tu fais pour moi en ce moment même…

-Mais non, tout cela est normal. Mais il se fait tard, tu devrais aller te coucher, une longue journée t’attend demain aussi. Je rangerai tout ça quand j’aurai terminé.

Mon père se leva et m’embrassa avant de retourner dans sa chambre et je pus enfin effacer ce sourire de mon visage. En vérité, tout cela était épuisant, mais je n’avais pas le choix, je ne pouvais pas abandonner mon père à son propre sort, alors je prenais sur moi, même si cela devait me détruire moi aussi, je ne voulais pas laisser tomber après quatre ans de lutte acharnée !

Une fois mon diner terminé, je fis la vaisselle puis je profitai du fait de n’avoir que peu de travail pour ranger le salon qui était dans un état indescriptible.

Je commençai par ramasser tous les papiers trainant ici et là, puis je dépoussiérai les meubles, je remis en place tous les livres et je finis par tomber sur un album photo similaire à celui se trouvant chez Nagisa.

A l’intérieur, il y avait la même photo du club de duel de monstres. Mais je ne m’arrêtai pas là et je commençai à le feuilleter. Sur la plupart des photos, on ne voyait que ma mère et mon père, et de temps en temps d’autres personnes, telles que Drago ou Angéla, de vieux amis de mes parents, ainsi que leur fils. Ils avaient l’air si heureux à l’époque. Cela me fit chaud au cœur de voir que les paroles de Nagisa n’étaient pas que des mots en l’air, mon père devait vraiment aimer ma mère.

Je remis l’album à sa place et je terminai les rangements avant d’aller me coucher à mon tour.

Le lendemain, je me levai aux aurores pour préparer le petit déjeuner de mon père avant de partir pour l’école. La journée passa rapidement et le soir était tombé avant même que je ne m’en aperçoive. Je m’apprêtai déjà à rentrer lorsqu’une idée étrange me passa par la tête.

Je savais que dans ce même lycée, mon père avait formé un club de duel avec Tante Nagisa par le passé et j’eus la soudaine envie de voir où toute cette histoire avait commencé.

Je me renseignai auprès du conseil des étudiants et je finis par connaitre l’emplacement de la salle et j’obtins la clé permettant d’y rentrer. Je m’y rendis et j’ouvris la porte qui émit un grincement, comme si personne n’était venu depuis des lustres.

Je découvris alors un nouveau monde. Ce n’était qu’une petite salle comme il y en avait tant d’autres dans le lycée. Il n’y avait que deux canapés se faisant face, un bureau donnant sur la cour du lycée, deux étagères pleines à craquer de papiers et surtout, de vieilles affiches accrochées aux murs.

La pièce était soigneusement rangée même si la poussière s’accumulait sur les vitres et sur le mobilier. Apparemment, personne n’avait voulu reprendre le club après le départ de Nagisa et tout avait été laissé tel quel.

C’était donc dans cet environnement que mon père, ma mère, Tante Nagisa, la présidente Hikari et cette Laura avaient passé leur jeunesse ? Rien qu’en y pensant, je pouvais facilement imaginer leurs rires lorsqu’ils s’affrontaient. Je voyais distinctement mon père et ma mère s’affronter sur la table pendant que Miyako les sermonnait, qu’Alan blaguait et que Nagisa tentait de calmer le jeu. Et cette Laura alors, elle devait être là elle aussi. Que faisait-elle ? Quelle était son caractère pour que mon père l’ait aimé ? L’aurais-je apprécié comme j’appréciai Nagisa et Miyako si elle était encore en vie ?

Plus je réfléchissais, et plus j’avais envie d’en savoir plus sur cette mystérieuse fille occupant une aussi grande place que ma mère dans le cœur de mon père.

Les jours qui suivirent, je revins plusieurs fois dans l’ex salle de club de mon père. Pendant les pauses, le soir ou avant les cours le matin, j’y passai de plus en plus de temps. Je me sentais un peu chez moi dans cette salle, entourée des fantômes du passé, m’imaginant les journées de mes parents et cherchant toujours un moyen de rendre le sourire à mon père…

Je me mis alors à chercher dans les affaires restées dans la salle. Au début, je ne trouvai rien de passionnant. Il y avait essentiellement des livres traitant de stratégies de duel, des plans de l’école, des brouillons, des devoirs non finis et même des dessins de Nagisa représentant le club. Mais je ne perdis pas espoir et je continuai à chercher jusqu’au jour où je trouvai enfin ce dont j’avais besoin.

Caché derrière une montagne d’autres livres, je repérai un petit journal poussiéreux. Je l’ouvris et je vis le nom de Laura Garden en première page. Il était daté de septembre 2014, l’année de formation du club et relatait toutes les activités de club, jour par jour. C’était comme si toute sa mémoire se trouvait dans ce journal. Je dus d’ailleurs m’arrêter quelques minutes lorsqu’elle évoqua une malédiction directement liée à Gariatron. Mon père avait le chic pour attirer les filles anormales apparemment ; pensai-je en souriant intérieurement.

Evidemment, je ne pus lire tout le contenu en une seule soirée, et c’est pourquoi, je revins encore et encore, chaque soir, pour continuer ma lecture. Et plus j’avançai dans ce récit, plus je désirai connaitre réellement ce club où mon père était heureux.

La dernière ligne du carnet me glaça cependant le sang : « Si mon père refuse d’entendre raison, alors je le détruirai. Je protégerai ce club quoiqu’il m’en coute, même si je dois y laisser ma vie. »

Cette Laura…elle devait aimer mon père plus que tout pour aller jusqu’à se sacrifier. Mais ce qui m’impressionnait n’était même pas qu’elle ait eu le courage de le faire, mais qu’elle ait su à l’avance qu’elle n’en sortirait pas vivante. Elle était partie aux côtés de mon père en sachant pertinemment qu’elle n’en reviendrait pas.

Un véritable sentiment d’admiration naquit alors en moi ce jour-là. Je voulais rencontrer cette Laura, je voulais avoir le même courage qu’elle pour surmonter les épreuves, la même détermination, le même espoir de lendemains meilleurs…Mais c’était impossible. Laura était morte bien avant ma naissance et tout ce qu’il me restait d’elle, c’était ce journal, ainsi que les souvenirs de Miyako et Nagisa…Personne d’autre que ses amis de club ne devait être capable de m’en dire plus sur elle…

Je fuis soudain saisis d’un énorme doute et je me mis à feuilleter le journal de long en large jusqu’à tomber sur ce que je cherchais. Le père de Laura, il devait pouvoir m’éclairer, me dire comment rendre le sourire à mon père. Je finis par trouver son nom qui m’avait échappé à la première lecture et je grimaçai : Shadow.

Ce type était un criminel notoire connu dans le monde entier pour avoir essayé de le détruire et se trouvait maintenant emprisonné à Paris, sous la surveillance personnelle de la présidente Hikari. Il était également connu pour avoir été l’un des duellistes les plus forts de son temps. Mais mes chances de le rencontrer étaient donc quasiment nulles…a moins que…

Je serrai les dents lorsque cette idée me passa par la tête, mais je voulais en apprendre plus sur cette Laura, et si le seul moyen était de parler à ce Shadow, alors je le ferai, et j’irai voir la présidente Hikari pour qu’elle m’y autorise.

Je ne parlai pas de toutes ces histoires à mon père et je me contentai d’agir normalement les jours suivants, mais je préparai mon expédition dans mon coin. Je rassemblai suffisamment de questions à poser à cet homme, je contactai Angéla et Drago pour avoir de quoi loger une fois sur place sans pour autant leur expliquer la raison de ma venue, je demandai à Nagisa de veiller sur mon père le temps de mon absence, je reconstituai également le deck de ma mère que mon père avait laissé à l’abandon après sa mort et surtout, je fis promettre à Miyako d’accéder à ma requête lorsque je la verrai, ce qu’elle accepta naivement, pensant certainement que cela ne pouvait pas avoir une grande importance et finalement, au bout d’une semaine, tout fut fin prêt.

C’était un samedi où je n’avais pas cours. Je me levai comme chaque matin, préparai le petit déjeuner puis attendis que mon père se lève. Vers dix heures, il arriva, l’air toujours aussi fatigué et le regard toujours aussi vide que d’habitude.

-Papa, j’ai quelque chose à te dire ; déclarai-je solennellement.

-Iori, qu’y a-t-il pour que tu sois si sérieuse dès le matin ? Me demanda-t-il, surpris.

-J’ai quelque chose à faire à Paris, je dois partir pour le week end.

-A…Paris ? Répéta-t-il soudain totalement réveillé. Tu y vas toute seule ? Je devrais t’accompagner, tu ne penses pas ?

-Ne t’inquiète pas, je suis une grande fille maintenant, j’ai presque dix-sept ans après tout ! Angéla a accepté de me loger pendant ce temps, et puis j’ai demandé à Nagisa de passer te voir également.

-Tu n’avais pas besoin d’en faire autant Iori, je peux me débrouiller seul tu sais…

-Tss, Tss, Tss, il n’y a pas à discuter, je serais de retour très vite en plus !

Mon père baissa les yeux sur son verre et ne parla pas pendant quelques instants, comme perdu dans ses pensées, avant de déclarer :

-Je t’accompagnerai au moins jusqu’au train, c’est le moins que je puisse faire pour ma fille…

Je ne refusai pas sa proposition et vingt minutes plus tard, nous nous retrouvions dans la rue à marcher en direction de la gare de la ville. En vérité, j’aurais préféré qu’il reste tranquille, mais cela faisait si longtemps que nous n’avions pas fait de sortie ensemble que je n’avais pas pu dire non.

Nous passâmes devant le parc de la ville, toujours aussi animé que d’habitude, puis devant mon lycée, ainsi que celui de mon père et de cette Laura auparavant puis nous longeâmes la côte.

Au fond de moi, j’étais vraiment heureuse à ce moment-là. Même si mon père restait silencieux, j’avais l’impression de retrouver celui que j’avais toujours connu avant la mort de ma mère. Nous faisions aussi ce genre de balade sans but auparavant. Nous marchions au bord de la mère, main dans la main, en riant, insouciants et heureux.

Cela ne fit que renforcer ma volonté d’en savoir plus sur cette Laura, afin de revoir le sourire de mon père, afin de marcher comme avant sur la plage, afin d’effacer ses larmes.

Lorsque nous arrivâmes à la gare, mon père m’embrassa brièvement puis je montai dans le train. Il resta sur le quai, à attendre mon départ et me fit des signes lorsque le train démarra, signes que je lui rendis.

-Ne t’inquiète pas Papa, je trouverai le moyen de te sauver, j’en fais la promesse ; murmurai-je alors qu’il disparaissait de mon champ de vision.


Le voyage dura un peu moins d’une heure et demi, heure pendant laquelle je regardai le paysage défiler sous mes yeux en rêvassant et pensant au passé. Comment ma mère avait-elle bien pu faire pour rendre le sourire à mon père après la mort de cette Laura ? Combien de temps cela lui avait-il pris ? Y arriverai-je moi aussi un jour ou bien faisais-je fausse route depuis le début ? Tant de questions qui trottaient dans ma tête et auxquelles je n’avais aucune réponse…

La sirène du train me tira de mes pensées et je rassemblai mon bagage puis je descendis sur le quai et je consultai le plan de la ville sur mon téléphone. La maison d’Angéla n’était pas tout près, au moins à vingt minutes de marche de la gare, mais heureusement, je n’étais pas pressée.

Cependant, alors que j’allai sortir de la gare, je vis une personne qui attira mon attention. C’était un grand garçon blond, aux yeux bleus comme l’azur, à la carrure imposante. Il portait un long manteau noir et semblait chercher quelqu’un à en juger par ses mouvements de tête frénétiques de droite à gauche.

Je m’approchai un peu et je le reconnus après quelques secondes de réflexion.

-Mais c’est…Hélio ?

Le jeune garçon se retourna dans ma direction et son regard s’illumina quand il me vit.

-Iori, je n’y croyais plus, te voilà enfin ! S’écria-t-il en courant dans ma direction.

-Tu m’attendais ? Mais pourquoi donc ? Lui demandai-je étonnée.

-Ca fait déjà quatre ans que tu n’étais pas venue à Paris, je te devais au moins ça ; répondit-il avec un large sourire.

Il avait raison, je n’étais plus revenue à Paris depuis un bon bout de temps. Après la mort de ma mère, j’avais arrêté énormément de choses, et mon père également, et parmi celle-ci, nos vacances annuelles avec Angéla, Drago et Hélio en été.

Sur le chemin, nous nous remémorâmes de vieux souvenirs de nos voyages tous ensembles mais évita soigneusement d’évoquer mes parents, et je n’en étais pas mécontente, je n’avais pas la tête à parler de ça alors que je venais de retrouver mon ami d’enfance.

Nous arrivâmes finalement chez Angéla mais apparemment, cette dernière était sortie. Hélio me proposa donc de m’installer en attendant ses parents. Leur maison était certes moins impressionnante que le manoir de mon père mais elle n’en restait pas moins très belle, surtout située en plein cœur de Paris.

-Alors Iori, dis-moi tout, qu’est-ce qui t’amènes chez nous si soudainement ? Me demanda Hélio une fois que j’eus déballé mes affaires.

J’hésitai à lui dire la vérité. Après tout, j’allais tout de même voir l’homme le plus dangereux sur terre, et ce, sans en avoir parler à personne…Non, il n’avait pas besoin de savoir finalement, c’était une chose que je devais faire seule et je savais qu’il aurait tenu à m’accompagner si je lui avais dit.

-J’avais besoin de changer d’air, et pour une fois que j’avais le week-end de libre, je me suis dit : pourquoi ne pas venir à Paris ! Mentis-je.

-Iori ; déclara-t-il en me regardant avec ses yeux amusés. Tu crois vraiment que je vais gober ça ?

Mince, j’avais oublié que je n’avais jamais réussi à lui faire avaler le moindre mensonge…Mais je ne pouvais vraiment pas lui dire pour Laura et Shadow…

Heureusement, je fus sauvée au même moment par le bruit de la porte d’entrée venant de s’ouvrir. Angéla rentra quelques instants plus tard dans la pièce. Elle non plus n’avait pas beaucoup changé. Elle avait toujours ces magnifiques cheveux blonds comme les blés et ce regard bleu comme l’azur. Son visage n’avait pas une seule ride non plus, exactement comme Nagisa et un sourire malicieux éclairait sa figure lorsqu’elle me vit.

-Iori, ça faisait une éternité ! S’exclama-t-elle en me serrant dans ses bras.

-Je suis contente de te revoir aussi Tante Angéla.

Je reçus un bon coup dans la tête lorsque je dis ça avant de me rappeler d’une chose qu’elle détestait tout autant que Nagisa.

-Arrête de me vieillir toi, j’ai à peine la quarantaine je te signale !

-Désolée, désolée ; m’excusai-je en me frottant le crâne.

-Mais je suis contente de voir que tu n’as pas changé malgré tout ce qui est arrivé ; continua cette dernière sans cesser de sourire. Mais tu dois être fatiguée après un tel voyage, je vais te laisser te reposer, mais ne fais pas trop de bêtise avec Hélio.

Je m’empourprai et Hélio protesta également mais sa mère se contenta de lui répondre par un clin d’œil avant de sortir de la pièce en nous laissant seuls. Angéla aimait bien faire ce genre de blagues lorsque nous étions petits et qu’elles nous laissaient seuls parce qu’à chaque fois que nous étions seuls, notre maison de vacances se retrouvait sens dessus-dessous, mais maintenant…j’avais l’impression de saisir un autre sens à ses paroles…

Je secouai la tête pour m’éclaircir les idées puis je fis semblant de tousser pour retrouver mon sérieux.

-Bon sang, ma mère ne s’est toujours pas faite à l’idée que nous n’avions plus huit ans, c’est fou quand même ; soupira mon ami.

Je ris légèrement.

-Ne te plains pas trop, tu as de la chance d’être chouchouté comme ça, tu sais.

-Oui, tu dois avoir raison je suppose…Mais quand même, j’ai presque dix-sept ans, je peux bien me débrouiller un peu tout seul !

-Le voilà qui fait sa crise d’adolescence ; le taquinai-je en lui donnant un petit coup de coude dans les côtes.

-Tu vas voir qui fait sa crise toi ! Répliqua-t-il en me lançant un oreiller.

Je l’esquivai et je répliquai avec un coussin qui me passait sous la main et il se le prit en pleine tête puis j’éclatai de rire. Nous continuâmes nos gamineries jusqu’au soir. Mais j’aimais ça, j’avais l’impression de retourner cinq ans plus tôt, lorsque nous avions passé les vacances au bord de la mer avec Angéla, Drago et Hélio, lorsque mon père savait encore comment sourire et lorsque ma mère était encore de ce monde…

Drago rentra un peu plus tard dans la soirée. C’était un duelliste professionnel, enseignant comme professeur à la duel académie et passait donc très peu de temps chez lui. D’après Angéla, c’était une chance que je sois tombée sur lui. Durant le diner, nous échangeâmes des banalités, Angéla me demanda comment se passait mes études, si mon père allait bien et si moi-même j’allais bien. Je n’avais pas vraiment envie de l’inquiéter avec mes problèmes alors je lui répondis que tout allait pour le mieux et que mon père se remettait lentement, ce qui n’était pas totalement faux non plus.

Puis Drago posa la question à laquelle je n’avais pas envie de répondre.

-Et donc, qu’est-ce qui t’amène chez nous ce week-end Iori ?

-Je…j’étais venue voir une amie de lycée de mon père, rien de plus.

-Oh, laisse-moi deviner, tu vas rendre visite à Miyako, c’est cela ?

-O…Oui, comment sais-tu cela ? Dis-je étonnée.

-Miyako est la seule amie de ton père s’étant installée à Paris ; répondit-il amusé.

La soirée se termina sur de vieilles anecdotes sur nos vacances ensembles et sur nos boulettes d’enfance, comme la fois où nous avions gardé un œuf dans le jardin en pensant qu’il allait éclore jusqu’à ce qu’il pourrisse et qu’Angéla s’en débarrasse immédiatement ; puis nous montâmes tous nous coucher vers vingt-trois heures.

Dans mon lit, je réfléchis enfin au lendemain. Depuis mon arrivée chez Angéla, je n’avais pas eu le temps de penser à mon plan tellement j’étais heureuse de les revoir, mais maintenant que j’étais à nouveau seule, mes préoccupations me revinrent.

Je fus soudain saisie d’une angoisse incontrôlable : et si Shadow ne me disait rien ? S’il refusait de me parler à moi, la fille de son ennemi ? Pourquoi aurais-je fait ce voyage s’il faisait ça ?

Non, je ne devais pas y penser, et s’il refusait de parler, je le forcerai, je ne repartirai pas sans avoir trouvé le moyen de guérir les plaies du cœur de mon père.

Le lendemain, je me levai aux aurores. Miyako avait bien accepté de me voir, mais seulement très tôt dans la journée, avant neuf heures pour être exacte.

Je m’habillai en vitesse puis je descendis saluer Angéla, Drago et Hélio qui étaient déjà debout eux aussi à mon grand étonnement.

-Alors Iori, bien dormi ? Me lança joyeusement l’amie de mon père.

-Très bien, le lit était vraiment agréable ; répondis-je en souriant.

-Tu vas quelque part de si bon matin ? Me demanda ensuite Drago.

-Oui, la présidente Hikari a accepté mon rendez-vous, mais je dois partir tout de suite.

-Tu salueras Miyako de ma part dans ce cas, je n’ai malheureusement pas le temps de venir…

-Ah oui, c’est vrai que tu donnes des cours le samedi aussi ; me rappelai-je soudain.

-Oui, je détestai déjà les cours le samedi quand j’étais au lycée et ça n’a pas changé ; soupira-t-elle. June va encore me passer un savon si j’arrive en retard moi…

-D’ailleurs Maman, tu devrais te dépêcher, il est déjà presque huit heures et tu commences dans moins d’une demi-heure.

Angéla se leva brusquement de table, l’air affolée et se précipita dans l’entrée, enfila son manteau et sortit de la maison en nous laissant pour seule consigne de ne pas l’attendre pour le déjeuner. Je vis Drago ricaner gentiment d’Angéla lorsqu’Hélio le rappela à l’ordre lui aussi.

-Tu ferais mieux de te préparer toi aussi, tu donnes des cours à la même heure que maman je te signale.

-Laisse-moi finir mon café, j’irai plus tard ; répondit son père en baillant et en buvant une gorgée au passage.

Une fois sa tasse terminée, le père d’Hélio se leva lentement et se prépara comme s’il avait tout son temps. Au bout de cinq minutes, il finit par ouvrir la porte et nous souhaiter une bonne journée. Une fois que ses parents furent partis tous les deux, mon vieil ami soupira.

-Tu as de la chance d’avoir des parents comme ça ; déclarai-je alors en regardant tristement mon bol de lait.

-Je me demande souvent qui sont les vrais adultes dans cette famille ; me répondit-il en commençant à débarrasser.

-Je pourrais me poser la même question pour moi aussi…J’ai parfois l’impression que mon père n’est qu’un enfant qui ne peut survivre seul…

-Ton père ? Je croyais pourtant qu’il allait mieux ; me lança Hélio depuis la cuisine.

-Je ne le sais même pas moi-même ; murmurai-je. Depuis la mort de ma mère, je suis incapable de percevoir le moindre changement autour de moi, comme si le temps s’était figé il y a quatre ans.

-Tu ne devrais pas broyer du noir comme ça Iori ; me dit mon ami en me regardant dans les yeux. Je suis certain que grâce à toi, ton père est sur la bonne voie. Continue à être comme tu es et tout ira mieux, je peux te l’assurer.

-Tu as sûrement raison ; lui répondis-je en me forçant à sourire.

Une fois la table rangée et mon petit déjeuner pris, je quittai à mon tour la maison. Hélio voulut m’accompagner mais j’avais l’argument en béton pour ne pas qu’il me suive :

-Tu penses vraiment pouvoir rentrer à l’Elysée sans invitation ?

Il n’eut d’autre choix que de se résigner mais tint à m’accompagner au moins jusqu’aux portes du bâtiment présidentiel. Je ne pus refuser et nous fîmes un bout de chemin ensemble. Il en profita pour me montrer un peu la ville, les curiosités, les raccourcis qu’il connaissait, les bonnes adresses et m’acheta une petite tour Eiffel dans une boutique souvenir. Je fus touchée par son geste et je l’accrochai à mon portable comme porte-clés.

Lorsque nous arrivâmes devant le palais de l’Elysée, il me laissa comme promis mais me demanda tout de même de ne pas rentrer trop tard.

Une fois qu’il fut hors de mon champ de vision, je me dirigeai vers l’une des entrées annexes du palais. Après tout, l’entrée principale était réservée aux officiels, ce que je n’étais pas. Je tournai donc dans la rue sur ma droite puis je me présentai à l’accueil avec l’invitation officielle de Miyako.

Le garde me laissa passer après m’avoir fouillée puis me demanda de patienter dans un grand salon. Rien qu’en regardant autour de moi, j’étais mal à l’aise, entourée par autant de luxe. Le sol était recouvert d’un luxueux tapis de velours rouge à carreaux dorés. Le plafond semblait fait d’or et était orné d’une multitude de décorations comme des couronnes de fleurs, des bas-reliefs et d’imposants lustres de cristal pendaient du plafond pour éclairer la salle, le tout soutenu par d’imposantes colonnes dorées, séparées par de beaux rideaux rouge sang.

Miyako arriva quelques minutes après moi accompagnée des mêmes hommes que la dernière fois, certainement sa garde personnelle. Elle semblait épuisée comme d’habitude mais se força à sourire en me voyant.

-Iori, je suis contente de te voir. Tu sais que tu m’as fait peur lorsque tu m’as envoyé ce message, j’ai cru qu’il t’était arrivé malheur, mais apparemment, ce n’est pas le cas.

-En effet Présidente Hikari, ce n’est pas à moi qu’il est arrivé malheur, mais à mon père.

-T…Ton père ? Que lui est-il arrivé ? Bégaya-t-elle, palissant en pensant au pire.

-Rien de nouveau, tout cela est arrivé il y a vingt-six ans apparemment, une époque où je n’étais pas née mais où vous étiez là, aux côtés de mon père et de ma mère.

-Vingt-six ans…

La présidente écarquilla les yeux de stupeur lorsqu’elle comprit de quoi je voulais parler et elle blêmit d’avantage si cela était possible.

-Vous devez savoir de quoi je parle, et vous devez donc deviner facilement quelle est ma requête qui demande l’autorisation de l’autorité suprême dans notre pays. J’ai besoin de réponses Présidente, et vous êtes la seule à avoir le pouvoir de me les fournir.

-Attends Iori, ta requête, c’est…

-Je veux rencontrer le père de Laura, je veux savoir qui elle était, pourquoi elle occupait une telle place dans le cœur de mon père, comment elle le faisait sourire, je veux que vous m’ouvriez la porte de la cellule de Shadow.



Iori, l’ombre du destin



Spoiler :


La présidente Hikari fit un pas en arrière, visiblement choquée que moi, Iori, fille de seize ans, ait pu découvrir un secret férocement gardé par mon père et par tous les membres du club de duel. Mais je ne comptais pas renoncer maintenant, j’étais déterminée à découvrir la vérité, même si pour cela, je devais aller à l’encontre des ordres de Miyako.

-Iori, es-tu consciente de ce que tu demandes ? Reprit la présidente, la voix tremblante.

-Oui, je sais qui est Shadow, ce qu’il a fait et pourquoi il est emprisonné mais il est la dernière personne à pouvoir m’apporter des réponses.

-Shadow est un manipulateur, tu ne devrais pas…

-Je connais les risques, mais pour mon père, je suis prête à tous les sacrifices.

Miyako ne me répondit pas immédiatement, comme perdue dans ses souvenirs et un silence pesant s’installa entre nous. Au fond de moi, mon cœur battait à tout rompre en l’attente de sa réponse. Finalement, elle reprit la parole d’une voix troublée par un sentiment que je n’arrivai pas à distinguer.

-Soit Iori, j’ai promis d’accéder à ma requête, et il est de mon devoir de présidente de tenir mes promesses. Cependant, je veux que tu me promettes une chose également Iori.

Elle s’approcha de moi et me prit par l’épaule en mettant un genou à terre avant de me regarder dans les yeux avec ses magnifiques yeux marrons, presque rouges.

-Quoiqu’il arrive, n’écoute que ce que te dit ton cœur. Ne te laisse pas influencer par Shadow. Il essaiera certainement de t’embobiner mais tu dois te souvenir de qui est de ton côté et qui sont tes ennemis, est-ce que je me suis bien faite comprendre ?

-Je ne suis pas le genre de personne à me laisser corrompre, vous savez ; lui répondis-je avec un léger sourire pour la rassurer.

-Bien. Cependant, je ne peux pas te conduire immédiatement à Shadow, j’ai de nombreuses réunions aujourd’hui et ma présence est nécessaire pour l’ouverture et la fermeture de sa cellule. Je viendrai plutôt te chercher demain, mais tâche d’être à l’heure, mon emploi du temps est très serré, tu ne pourras le voir qu’une demi-heure tout au plus.

-Ça me va, du moment qu’il m’apporte les réponses dont j’ai besoin.

Miyako me congédia là-dessus et je rentrai seule chez Angéla. Sur le chemin, je réfléchis alors sur les questions que j’allais poser à Shadow une fois dans sa cellule et je me rendis compte que je n’avais aucune idée de ce que j’allais lui demander exactement. Je voulais simplement en savoir plus sur Laura, mais je ne pouvais pas simplement le forcer à parler, jamais il n’accepterait, je devais trouver un autre angle d’approche…

Alors que j’étais perdue dans mes pensées, je me rendis compte que je m’étais totalement perdue dans les rues de la capitale et qu’il m’était impossible de retrouver mon chemin. Je me pris la tête dans les bras en pensant à la longue marche qui m’attendait encore.

Finalement, vers vingt-et-une heure, je réussis à rentrer mais, même si Hélio était mort d’inquiétude à mon sujet, cette petite balade m’avait laissé le temps de réfléchir et je savais maintenant comment persuader Shadow de répondre à toutes mes questions.

Le reste de la soirée passa rapidement. Il faut dire que l’on ne s’ennuyait vraiment pas avec Angéla, Drago et Hélio. Entre blagues stupides, réflexions déplacées et comédie, je n’avais pas un seul moment pour rêvasser.

Le soir, après avoir pris un bon bain pour décompresser un peu avant le grand jour, je me mis au balcon puis j’observai les étoiles. La nuit n’était pas aussi silencieuse que dans notre ville et les étoiles ne brillaient pas aussi fort, mais je me sentais un peu chez moi ici, dans cette ambiance bon enfant. Cela faisait remonter de nombreux souvenirs en moi. Mon père et ma mère se chamaillaient souvent comme Drago et Angéla le faisaient et c’était toujours à moi de calmer le jeu…

-Ne t’inquiète pas papa, je saurai te faire sourire à nouveau…lançai-je dans la nuit comme si les ténèbres pouvaient atteindre son cœur.

Je me réveillai le lendemain aux aurores ne sachant exactement à quelle heure Miyako devait venir me chercher et je m’habillai en quatrième vitesse avant de descendre l’attendre dans le salon. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis qu’Hélio était là lui aussi, et qu’il semblait m’attendre. Il était déjà habillé et portait une chemise blanche ainsi qu’un pantalon noir et à côté de lui, une veste assortie attendait sagement.

-Tu te réveilles enfin, ce n’est pas trop tôt, ça fait vingt minutes que je suis là moi ; déclara-t-il en baillant.

-Hélio, je peux savoir pourquoi tu es habillé de la sorte ? Lui demandai-je en ignorant sa remarque.

-C’est évident, la présidente Hikari vient chez nous et je compte bien t’accompagner après !

-Et tu crois vraiment qu’elle va te laisser venir ? J’ai déjà eu un mal fou pour qu’elle accepte, alors n’y pense même pas…

-Nous verrons cela…

Au même moment, j’entendis un bruit de moteur dans la cour et, en me mettant à la fenêtre, je vis une belle Peugeot aux vitre teintés s’avancer lentement parmi les graviers avant de se garer devant la porte principale. La présidente Hikari sortit rapidement et vint sonner. Je lui ouvris avant même qu’elle n’ait eu le temps de le faire.

-Iori, dépêchons-nous, j’ai beaucoup à faire aujourd’hui et je n’ai pas particulièrement envie d’aller voir Shadow, donc plus vite cette histoire sera terminée, mieux ça sera et…

-Excusez-moi Présidente ! L’interrompit Hélio qui s’était levé également.

-Oh, Hélio, ça faisait longtemps dis-moi, comment vas-tu ?

-Très bien présidente, merci.

-Angéla et Drago sont là aussi ? Je serais bien passée les saluer mais je n’ai pas vraiment le temps, peux-tu le faire pour moi ?

-Je suis désolé Présidente, mais ça va être impossible.

-Impossible ? Pourquoi donc ? Ils ne sont pas là ? Demanda-t-elle étonnée.

-Non, simplement que je viens avec Iori.

Je soupirai et Miyako écarquilla les yeux de surprise. Mais Hélio semblait déterminé et ne baissait pas le regard, si bien qu’elle finit par soupirer à son tour et déclarer :

-Je n’ai vraiment pas le temps, alors viens, mais Iori sera la seule à pouvoir voir Shadow, est-ce que c’est clair ?

-Très clair Présidente, merci beaucoup.

Nous montâmes dans la voiture où se trouvaient les mêmes grands gaillards que les deux fois précédentes. Il n’y avait plus aucun doute, ils étaient la garde personnelle de Miyako lorsque cette dernière se déplaçait.

Le chauffeur démarra et durant le trajet, la présidente Hikari nous demanda des nouvelles de nos parents et de nous-mêmes. Hélio lui répondit que tout allait bien pour lui quant à moi, je n’eus pas à lui expliquer dans quel état se trouvait mon père puisqu’elle l’avait vu moins de deux semaines avant. Je profitai du temps de trajet pour lui demander pourquoi elle était venue nous voir si soudainement, ce à quoi elle répondit :

-Ce n’était rien, j’ai simplement eu des nouvelles d’une amie de lycée que nous n’avions pas vu depuis des années et je voulais les lui transmettre, mais apparemment, il n’en avait rien à faire. Franchement, je te jure, j’espère sincèrement que ce que tu fais pour lui sera utile, ça me fait vraiment mal de le voir ainsi et de ne rien pouvoir faire pour l’aider…

-Je l’espère aussi présidente, je l’espère vraiment…

Après vingt minutes de route dans Paris, nous nous engouffrâmes sur le périphérique que nous quittâmes assez rapidement vers une route que rien n’indiquait. J’avais entendu dire que Shadow était tenu à l’écart de tout. Il n’était pas techniquement en prison puisqu’aucune prison n’était capable d’accueillir un tel prisonnier, mais dans une sorte de maison à l’écart de tout qu’il ne pouvait quitter sous aucun prétexte.

Je vis après cinq minutes l’enceinte du bâtiment. Ce n’était qu’une petite chaumière au milieu de rien, il n’y avait que de l’herbe et des champs autour de nous. La voiture s’arrêta et Miyako sortit avant de s’arrêter à un endroit précis.

-Qu’est-ce qu’elle fait ? Demandai-je à Hélio.

-Ne crois pas que cet endroit soit sans surveillance, de nombreuses sécurités entourent la maison pour éviter toute tentative d’évasion.

J’entendis comme un craquement puis Miyako revint et la voiture reprit sa route. En passant à l’endroit où elle se tenait juste avant, je vis que l’herbe était un peu plus courbée et sombre qu’ailleurs et je compris : un champ de force invisible entourait la maison et seule Miyako pouvait le désactiver. Shadow devait vraiment être dangereux pour avoir besoin de recourir à de telles méthodes.

Nous descendîmes tous les trois de la voiture et la présidente nous conduisit jusqu’à la porte blindée de la demeure de Shadow puis, grâce à un badge, l’ouvrit et pénétra à l’intérieur.

Il n’y avait que très peu de choses ici : une salle donnant sur l’entrée qui devait être la pièce de séjour, une salle de bain sur le côté, une cuisine et une dernière pièce dont la porte était fermée, pièce vers laquelle Miyako se dirigea.

Elle frappa trois fois et n’attendit pas de réponse pour rentrer. Je la suivis et Hélio tenta de faire de même mais elle l’en empêcha et lui demanda de patienter dans le salon. A contrecœur, il s’exécuta en me laissant seule avec Miyako et le père de Laura.

Il était devant moi, l’homme le plus dangereux de la planète et le dernier espoir pour mon père, Shadow. Cependant, il n’avait rien de celui que j’imaginais. Il se trouvait au fond de la chambre, les lumières éteintes, les volets clos, un livre entre les mains. Il devait également avoir dans les soixante-dix ans à en juger par ses cheveux grisonnants et ses rides prononcées sur les joues et le front.

Le criminel notoire releva lentement la tête en entendant des pas dans la chambre et je croisai son regard qui me fit froid dans le dos. Autant celui de mon père était vide, autant celui-ci ne laissait paraitre qu’une seule chose : le désespoir.

Je fus si surprise que je reculai d’un pas mais Miyako ne bougea pas et lui fit face.

-Qui…va la ? Demanda-t-il d’une voix éteinte.

-Shadow, vous avez de la visite ; lui répondit froidement Miyako.

-De la visite ? Répéta-t-il, étonné.

Son regard se posa sur moi et il écarquilla les yeux, visiblement terrifié par quelque chose, à tel point qu’il en lâcha son livre.

Miyako sortit de la pièce et nous laissa seuls. J’étais bien avancée. Voilà que j’étais incapable de dire quoique ce soit et Shadow ne semblait pas plus à l’aise que moi. Cette visite aurait pu tourner court s’il n’avait pas prononcé ces mots singuliers :

-Je le savais…je savais que j’aurais dû t’écouter…

-Pardon ? M’écouter ? C’est la première fois que nous nous rencontrons. Je me présente, je suis…

-Iori, Yuiko Iori.

Je me figeai, abasourdie qu’il connaisse mon nom. Non, je devais me faire des idées, Miyako l’avait surement prévenu de ma venue, il ne pouvait pas me connaitre…

-Shadow, je suis venue…

Il me coupa une nouvelle fois la parole.

-Je sais très bien ce que tu es venue faire ici. Tu es venue me demander comment redonner le sourire à ton père ? Tu veux que je te dise comment effacer son mal ? Tu voudrais rencontrer ma fille, la meilleure amie de ton père, la seule personne pouvant le guérir, Laura Garden ?


Je dégluti. Comment ce type pouvait-il en savoir autant sur moi ? Il me faisait vraiment froid dans le dos et son regard glacé n’arrangeait rien à mon malaise. C’était comme s’il pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert, comme s’il me connaissait déjà…

Je secouai la tête pour chasser ces pensées. Non, c’était impossible, c’était la première fois que je le rencontrais et Miyako elle-même n’en savait pas autant sur moi. Je devais me concentrer sur mon objectif. J’étais là pour une seule chose et tout le reste m’importait peu.

Shadow n’avait pas bougé depuis notre arrivée, mais sur son visage s’était dessiné une sorte de sourire nostalgique, certainement à l’évocation de sa fille.

-Alors Iori, que veux-tu savoir exactement ? Reprit Shadow très calmement.

-Une seule chose Shadow : qui était Laura Garden pour mon père ?

Le sourire du criminel se fit plus triste et il baissa la tête vers le sol puis soupira.

-Si seulement…je l’avais su moi-même…

-Que voulez-vous dire ? Lui demandai-je en fronçant les sourcils.

-Pour faire simple, lorsque Laura s’est rapprochée de ton père, j’étais très pris par mon travail, donc je n’ai même pas su qu’ils se connaissaient. Puis, plus tard, lorsqu’elle a été dans le même lycée que lui, je n’ai jamais pu lui parler avant…enfin, tu me comprends.

-Je vois…Dis-je dépitée de ne pas en avoir appris plus.

-Cependant, il y a une chose que je savais : Laura a toujours eu ce don pour réconforter n’importe qui. Ton père à l’époque, mais moi également.

-Vous ?

-Oui, lorsque j’étais au bord de la folie, prêt à détruire le monde, c’est elle qui m’a ouvert les yeux. J’ai voulu vivre pour elle, vivre pour la voir grandir, pour la voir rire, pour la réconforter, pour la serrer dans mes bras…Mais…Je n’ai rien pu faire…J’ai…voulu vivre pour la protéger…mais c’est moi qui…c’est moi…

La voix de Shadow se troubla et je vis quelques larmes tomber sur le sol. Je ne savais pas comment réagir devant ce criminel notoire réduit à un simple homme pris de regrets…Je n’imaginais pas notre entretien tourner de cette façon, mais je ne pouvais rien faire pour reprendre la conversation, car je le comprenais. Moi non plus, je n’avais rien pu faire pour aider mon père ou pour sauver ma mère…

Je m’approchai prudemment du criminel et je mis un genou à terre pour pouvoir le regarder dans les yeux.

-Shadow ; repris-je d’une voix douce ; je suis désolée, je ne voulais pas…

-Ne t’excuse pas, tout est de ma faute. Tout ce que je vis maintenant doit faire partie de mon châtiment j’imagine.

Le vieil homme marqua une pause et soupira.

-Je donnerai n’importe quoi pour revoir le sourire de ma fille.

Lorsqu’il dit cela, j’eus comme une illumination sur ce qui faisait de Laura une personne si chère aux yeux de mon père mais également aux yeux de tout le monde.

Je pense avoir compris pourquoi mon père tenait tant à votre fille. Il était comme vous, il ne désirait qu’une seule chose, vivre pour la protéger mais il y avait quelque chose d’autre.

-Quelque chose…d’autre tu dis ?

-Oui, Laura, votre fille, devait vraiment être unique. Je pense qu’elle avait cette chose que peu de personnes possèdent : la pureté.

-Si seulement…tu disais vrai.

-Je me trompe ?

-Pas totalement. Je pense que ma fille possédait effectivement cette pureté lorsque ton père l’a rencontrée et je pense également que c’est pour retrouver cette pureté qu’elle s’est battue ainsi. Elle ne combattait pas simplement les démons, elle combattait également contre elle-même. Elle voulait se racheter de ses erreurs, elle voulait prouver à ton père qu’elle était toujours la même, elle voulait retrouver sa blancheur d’antan…

Lorsque Shadow prononça ces mots, il y eut comme un déclic dans ma tête. Je commençais à cerner qui était Laura à présent et surtout comment elle avait pu être aussi proche de mon père. Mais je sentais que beaucoup d’éléments manquaient encore à mon tableau avant de pouvoir redonner le sourire à mon père.

J’allais en demander d’avantage lorsque Miyako rentra dans la pièce :

-Iori, la demi-heure est écoulée, il est temps de rentrer.

Je tournai la tête vers Shadow et il se contenta d’hausser les épaules et d’ajouter en murmurant :

-Reviens quand tu veux, un peu de visite de temps en temps ne fait pas de mal, je te raconterai d’autres histoires sur ma fille si c’est ce que tu veux entendre.

Je sentis qu’il glissait quelque chose dans ma poche mais je ne réagis pas, de peur que Miyako ne se doute de quelque chose et qu’elle m’empêche de revenir par la suite. Je me relevai donc et suivis Miyako non sans avoir lancé un dernier coup d’œil vers le criminel qui reprit sa lecture.

Etrangement, ni Hélio ni Miyako ne me posèrent de question sur mon entretien avec Shadow. La présidente râlait contre son chauffeur qui roulait trop lentement à son gout, ce à quoi il répondait avec un sourire malicieux, et Hélio me demandait simplement ce que j’allais faire maintenant que j’avais vu le père de Laura.

-Je ne sais pas trop, j’ai bien envie de rester encore quelques temps chez vous, mais je dois aller en cours et m’occuper de mon père aussi, donc je pense rentrer ce soir.

-Oh, je comprends ; répondit le garçon visiblement déçu.

Miyako nous laissa chez Angéla et repartit immédiatement sans prendre le temps de saluer Angéla et Drago qui visiblement, venaient de se lever.

-Bonjour Iori, dis moi, c’était Miyako dans la voiture là ? Me demanda Angéla en baillant, les yeux à demi fermés.

-Oui, elle n’avait pas beaucoup de temps donc elle est repartie, mais elle vous passe le bonjour ; répondit Hélio.

-Je vois, je vois. Vous en avez du courage pour vous lever un dimanche matin aux aurores, Miyako aussi, je ne sais pas comment elle peut tenir…En tout cas, je pense que je vais retourner me coucher moi, bonne journée…

-Déjà ? Je croyais que tu devais voir Ambre et Maya aujourd’hui ; rétorqua Drago qui lui, semblait totalement réveillé.

Angéla ouvrit alors totalement les yeux et, après avoir râlé contre ses amies de lycée, se précipita vers la salle de bain sous les rire de son mari et le regard désespéré de son fils.

Je laissai tout le monde dans le salon prétendant vouloir me reposer un peu dans ma chambre. Et une fois seule, je sortis le présent de Shadow et je fronçais les sourcils. Ce n’était qu’une simple carte magnétique, à quoi pensait-il en me donnant cette chose et en ne me disant pas à quoi elle servait ?

Je la retournai et je faillis m’étrangler en voyant le nom inscrit au dos : Hikari Miyako. Il ne m’en fallait pas plus pour comprendre que cette carte n’était rien d’autre que la clé de sa cellule.

Pourquoi avait-il ceci en sa possession ? Et surtout, pourquoi ne pas l’avoir utilisé pour s’échapper plutôt que de me la donner ?

Quelqu’un toqua à la porte et je rangeai en vitesse la carte dans ma poche et la seconde d’après, Angéla entra. Je fus impressionnée par la vitesse à laquelle elle s’était changée. Elle avait échangé son pyjama avec une belle robe blanche lui tombant jusqu’aux genoux et décorée par de petites fleurs au niveau des extrémités. Elle portait également de fines chaussures tout aussi blanches et s’était fait une queue de cheval avec ses cheveux plus blonds que l’or. Si je n’avais pas su qu’elle avait le même âge que mon père, j’aurais facilement pensé qu’elle n’avait même pas trente ans.

-Iori, je reviendrai ce soir, et comme je sais que tu dois repartir, j’ai pensé que…

Elle ne termina pas sa phrase car la sonnette de l’entrée retentit. Angéla grimaça et se précipita en bas, et je la suivis, la carte magnétique m’étant complètement sortie de la tête.

Les amies d’Angéla, Ambre et Maya, venaient apparemment d’arriver plus tôt que prévu et patientaient dans le salon avec Drago et Hélio. Lorsque la mère d’Hélio entra dans la pièce, elle eut droit à une remarque désagréable et à des éclats de rire.

Je ne savais pas si je devais venir ou non mais Angéla ne me laissa pas vraiment le choix. Ambre était une grande femme au visage fin et au regard doux. Son front était assez dégagé et tout comme Angéla, deux mèches de cheveux lui tombaient de chaque côté de la tête. Ses yeux, marrons, reflétaient une grande attention aux autres et une grande gentillesse et ses lèvres fines souriaient amicalement. Maya, quant à elle, avait le regard plus pétillant. Contrairement à son amie, une large frange lui tombait sur les yeux, beaucoup plus longue du côté droit, un peu comme Miyako. Je n’avais que très peu de souvenir d’elles, nous ne nous étions vues qu’une seule fois, lorsque j’avais trois ou quatre ans, mais elles, semblaient se souvenir parfaitement de moi.

-Oh, mais si ce n’est pas la petite Iori, tu as grandi dis-moi ! S’exclama Ambre.

-Salut Iori, comment vas-tu depuis le temps ? Lança Maya. Et surtout, que fait la fille de cet idiot ici ?

-Très bien, merci. Je suis simplement de passage à Paris, je devais voir Miyako pour quelque chose.

-Oh, dans ce cas là, passe le bonjour à ton père de notre part ; j’espère sincèrement qu’il va bien lui aussi ; me répondit Maya.

-Oui…il va bien ; mentis-je pour éviter les états d’âmes inutiles.

-Bon, ce n’est pas tout ça, mais si on est passée ici, c’était pour ne pas être en retard, connaissant notre chère Angéla.

-Je t’en prie Maya, j’ai fait des progrès depuis le lycée quand même ! Protesta cette dernière.

-Ouai, ouai, en attendant, tu n’étais même pas prête à l’heure où tu devais nous rejoindre…

Angéla grimaça et Ambre éclata de rire. Les trois femmes partirent et je dis au revoir à Angéla qui en avait pour la journée et qui ne reviendrait pas avant mon départ.

Il ne restait donc que Drago, Hélio et moi dans la maison et il était aux alentours de midi.

-Bon, qu’est-ce que vous voulez manger les enfants ? Aujourd’hui c’est moi qui régale ! Déclara le père d’Hélio avec un grand sourire.

-Je vote pour le restaurant ; répondit son fils, visiblement terrifié par quelque chose.

-Tu es sûr ? Il y a plein de choses ici, ta mère nous a même laissé de quoi faire un excellent repas !

-Certain !

-Bien, et toi Iori ? Tu es notre invitée donc je te laisse choisir.

Je me tournai vers Hélio mais son regard suppliant me fit céder et je me rangeai derrière lui, au grand dépit de Drago.

-Merci Iori, tu viens de sauver des vies ; me glissa mon ami à l’oreille, soulagé.

-Tu m’en dois une maintenant ; rétorquai-je malicieusement.

Le reste de la journée passa assez vite, d’un parce que nous mîmes presque une heure à choisir un restaurant, et de deux, parce que je m’amusais vraiment en compagnie d’Hélio et son père, si bien que l’heure de mon départ arriva avant même que je n’aie eu le temps de m’en rendre compte.

Il était dix-huit heures et Hélio avait tenu à me raccompagner jusqu’à la gare tandis que Drago faisait les courses pour le diner. Nous attendions sur le quai depuis une bonne demi-heure déjà un train qui, d’après la SNCF, avait eu un problème technique, comme toujours…

-Fichus Trains ; râla Hélio en shootant dans une canette. Ton père va finir par s’inquiéter à ce rythme !

-Mais non je te dis. Je lui ai envoyé un message.

-Et tu as cours demain, tu ne peux pas te permettre de rentrer à minuit comme ça !

-Mais tout va bien je te dis, j’ai l’habitude de me coucher tard.

Hélio ne semblait pas convaincu mais n’ajouta rien de plus.

-Au fait, je voulais vous remercier pour ce week-end, toi et tes parents ; dis-je soudain.

-Nous remercier, mais de quoi ?

-Grace à vous, j’ai passé les plus belles journées de ma vie depuis quatre ans. J’en avais oublié à quel point la vie en famille pouvait être agréable et remplie de joie.

-Iori…

-Aujourd’hui et hier, j’ai retrouvé ce que je croyais avoir perdu lorsque ma mère est morte. Maintenant, je suis plus que jamais déterminée à moi aussi, vivre la même vie que vous ! Je redonnerai le sourire à mon père et nous repartirons en vacances tous ensembles, comme avant, tu verras !

-J’attends ce jour avec impatience Iori, je sais que tu en es capable.

Je rougis. Ses mots me faisaient vraiment chaud au cœur et m’encourageaient à poursuivre ma quête. Puis le train arriva enfin et, après lui avoir rappelé qu’il m’en devait une pour aujourd’hui, nous nous dîmes au revoir et je montai dans le train qui devait me ramener à mon quotidien, auprès de mon père.


Lorsque je sortis de la gare, il n’était pas encore vingt-heures et le soleil n’était pas totalement couché en cette fin de mois de novembre. Je longeai les côtes, les derniers rayons éclairant une mer de feu. Je m’arrêtai quelques instants sur la plage pour contempler cette grande étendue d’eau.

Depuis toute petite, j’aimais rester tard le soir sur cette plage pour regarder avec mon père et ma mère le soleil sombrer dans l’océan et cela faisait un petit bout de temps déjà que je n’étais pas venue ici. Voir ce paysage, écouter le son des vagues s’échouant sur le sable fin, sentir le vent frais sur ma peau, tout cela me rendait nostalgique.

Je me posai alors cette question : tentais-je de rendre le sourire à mon père pour qu’il soit heureux à nouveau, ou bien alors faisais-je cela pour être heureuse ?

Certainement un peu des deux, même si à l’époque je n’avais aucune réponse à ma question.

Je franchis la porte du manoir vers vingt heures et je fus agréablement surprise en sentant une bonne odeur de cuisine émaner de la salle à manger. Je pensai tout d’abord que ce n’était que tante Nagisa qui s’occupait de mon père comme je lui avais demandé, mais la personne se trouvant derrière les fourneaux était quelqu’un d’autre : une femme aux cheveux courts et aussi noirs que les miens. Lorsqu’elle se retourna, je reconnus immédiatement son visage rond et sans ride, ce nez fin et ces grands yeux ébène.

-Tante Marie ; m’exclamai-je, heureuse et surprise en même temps.

-Ah Iori, te voilà, tu arrives pile à l’heure pour le dîner, c’est parfait !

Je penchai la tête sur le côté, surprise autant par sa réaction que par le fait qu’elle soit chez moi. En me voyant faire cette tête, elle éclata de rire et posa un plat sur la table.

-Ne fais pas cette tête Iori, je suis simplement de passage et j’en ai profité pour aider un peu ton bon à rien de père ; me répondit-elle toujours en souriant.

Au même moment, mon père entra dans la salle à manger, intrigué par tout ce vacarme et fit un bond de trois mètres en arrière lorsqu’il vit sa sœur avec moi.

-Qu’est-ce que…Tenta-t-il de dire avant de se faire interrompre.

-Et bien, tu m’as l’air en meilleure forme que la dernière fois qu’on s’est vu, je constate que Iori a fait du bon travail avec toi !

-Quand…es-tu entrée ? Et surtout, qu’est-ce que tu fabriques ici ? Et Iori est de retour ? Depuis quand ?

-Tss, tss, trop de question en une fois, ça me donne mal à la tête ; râla ma tante en s’asseyant et commençant à se servir de pâtes qu’elle avait déposées sur la table.

Je regardai mon père dans les yeux, aussi déconcertée que lui mais ma tante faisait comme si de rien n’était et continuait à se servir en viande, prit un peu de vin rouge et entama son assiette.

-Si vous ne venez pas, il n’y aura plus rien pour vous ; déclara cette dernière en avalant un morceau de steak.

-Tu n’as pas répondu à mes questions je te signale !

-Oh, je suis chez moi aussi ici, je peux bien passer quand bon me semble non ? Quant à la raison de ma présence, disons que j’avais des choses à faire ici, je vais rester une bonne semaine, voire deux si je me plais bien. Et oui, ta fille est rentrée à l’instant.

-Deux…Deux semaines ? Tu n’as donc rien de mieux à faire ? S’exclama mon père qui visiblement ne voulait pas que quelqu’un vienne déranger sa tranquillité.

-Pas vraiment, je suis en vacances et Satoshi est allé voir sa sœur, donc je suis libre pour la semaine !

Mon père soupira et vint s’asseoir à son tour, visiblement résigné et je fis de même. Pour la première fois depuis quatre ans, nous étions plus que deux à table et mon père parla d’autre chose que de la pluie et du beau temps avec ma tante et moi. J’avais vraiment l’impression de revoir le père que j’avais toujours connu lorsqu’il était aux côtés de ma tante. Tous les deux se chamaillaient autant que ma mère et lui sans pour autant être vraiment sérieux dans leurs disputes.

Une fois le diner terminé, je sortis de table plus tard que je ne l’avais prévu mais j’étais heureuse. Plus les jours avançaient, plus les blessures du cœur de mon père semblaient se panser. Lentement mais sûrement, la cicatrice laissée par la mort de ma mère se refermait.

Plus tard dans la nuit, alors que je séchais totalement sur un exercice de maths, je ressortis l’étrange carte de Shadow. En avais-je vraiment besoin ? Mon père guérissait de lui-même, je n’avais plus aucune raison de chercher à faire la même chose que cette Laura.

Cependant, je rangeai la carte dans un de mes tiroirs dans le doute. Je n’étais pas encore totalement convaincue de ce que j’avançais, même si je le souhaitais du plus profond de mon cœur.

Je m’endormis finalement vers minuit sans avoir terminé tous mes devoirs, mais ils étaient moins importants que mon père, donc cela ne me dérangeait pas d’avoir passé du temps avec ma tante et mon père si cela l’aidait.

La semaine passa tranquillement. Avec l’aide de Tante Marie à la maison, je pouvais prendre un peu de temps pour moi-même. Je n’avais plus besoin de resserrer mon emploi du temps pour m’occuper de mon père, je n’avais pas non plus besoin d’être tout le temps présente à la maison et j’en profitai donc pour rendre visite à Nagisa, trainer dans la salle de club ou tout simplement flâner en ville après les cours, même s’il faisait vraiment froid dehors…

Puis, un jour, alors que je relisais le journal de Laura comme j’avais pris l’habitude de le faire pour me détendre après les cours, un élément me frappa plus qu’à l’ordinaire. Plusieurs fois était mentionnée une falaise très importante à ses yeux. Comme il n’y en avait qu’une en ville, je devinais facilement qu’il s’agissait de la même falaise que je voyais depuis la plage.

N’ayant pas grand-chose d’autre à faire grâce à Marie, je décidai d’aller jeter un œil. Je passai souvent devant, je la voyais, mais je ne m’y étais jamais rendue.

Je marchai dix minutes avant d’arriver à un petit sentier non goudronné que j’empruntai. Sous mes pas, j’entendais le bruit des branches se briser et le craquement des feuilles mortes, comme si peu de monde passait par ici.

Après avoir grimpé sur quinze bons mètres, j’émergeai finalement des broussailles sur une large pierre nue et ce que je vis me laissa bouche bée.

Devant moi – ou plutôt sous mes pieds – la mer rougeoyante au soleil couchant s’étendait à perte de vue. L’astre du jour semblait plonger directement dans la vaste étendue d’eau, comme avalé par cette dernière. Au loin sur ma gauche, je discernai la plage et le quartier dans lequel vivait Nagisa. D’ici, il ressemblait à une ville miniature dans un musée.

Je fermai les yeux, éblouie par tant ce spectacle mais étrangement, je n’entendis pas ce vrombissement perpétuel de la ville. Non, les seuls bruits parvenant à mes oreilles étaient le sifflement du vent et le fracas des vagues en contrebas contre la falaise.

J’inspirai un grand coup et je sentis cette odeur caractéristique de la mer, odeur mêlant sel, algue et poisson, et elle était forte, bien plus que sur la plage.

Je comprenais maintenant pourquoi Laura et mon père aimaient tant cet endroit. Il était comme irréel, hors du temps, presque féérique. En me tenant debout sur cette falaise, j’avais l’impression d’être dans un autre monde, loin des tumultes du monde réel, seule et apaisée.

Je trouvai d’ailleurs cela étrange que personne ne se soit emparé de cet endroit pour le tourisme et qu’aussi peu de monde connaisse l’existence même de ce lieu, alors qu’il était visible à des kilomètres à la ronde.

Après être restée cinq minutes debout et figée, je décidai de rentrer, non pas à cause de l’heure, mais à cause du froid mordant. J’aimais certes le paysage et les odeurs, mais j’appréciais moins la froideur du vent.

Une fois de plus, tante Marie nous avait préparé un bon repas et nous passâmes une autre soirée agréable en sa compagnie. Cependant, un appel soudain me ramena à la réalité.

-Zut, je crois que je vais devoir écouter mes vacances, Satoshi vient d’appeler et ça râle bien au boulot ; pesta ma tante, visiblement très mécontente. J’avais prévu de rester encore une semaine, mais je vais devoir partir dans deux jours. Je passe encore la journée de demain avec vous, et ensuite, retour au travail…Franchement, ils ont intérêt à doubler ma paie et que ça soit vraiment important…

Une expression que je ne saurais décrire passa sur le visage de mon père lorsqu’elle dit cela, entre de la tristesse, de la fatigue et…de la détresse ?

Mon père ne voulait pas que sa sœur s’en aille, et moi non plus d’ailleurs. Grace à elle, j’avais enfin l’impression de retrouver une vie stable…Mais je n’avais pas le choix, je savais que ces jours ne dureraient pas éternellement, mais j’espérais que mon père ait suffisamment récupéré pour se passer d’elle…Je me trompai à en juger par son expression.

Il se leva de table et retourna dans sa chambre pour ne plus en sortir de la soirée, visiblement abattu par cette nouvelle soudaine. Ma tante semblait également très embêtée mais ne pouvait certainement rien faire cette fois-ci.

Le lendemain soir, alors que ma tante Marie faisait ses valises, je ressortis la carte magnétique de Shadow. Finalement, j’allais en avoir besoin. Puisque ma tante et moi étions impuissantes à le guérir, mon dernier espoir était cette Laura, donc de voir Shadow une nouvelle fois. Mais je ne pouvais pas m’absenter tous les week-ends non plus et laisser mon père seul, cela aggraverait certainement plus son état qu’autre chose…

J’avais besoin d’air pour m’éclaircir les idées. Je sortis en ville et machinalement, je me dirigeai vers la falaise. Je sentais que si je voulais des réponses, je ne pourrais les trouver que là-bas, là où mon père et Laura s’étaient rencontrés plus de trente ans auparavant.

Au sommet du rocher surplombant la mer, le vent soufflait plus fort qu’en journée et me glaçait les os. Je ne voyais rien excepté la nuit et les étoiles se reflétant dans l’eau noire de la mer calme. Mais tout cela m’importait peu, j’avais simplement besoin de calme et de faire le tri dans ma tête.

Malheureusement, je ne réussis pas à me concentrer. J’essayai constamment de m’imaginer comment mon père et Laura s’étaient connus sur cette falaise, ce qu’ils faisaient, pourquoi ils s’entendaient si bien, ce que Laura aurait fait à ma place, si bien que je me contentai d’observer le ciel étoilé.

-La falaise, que de souvenirs ; dit une voix dans mon dos.

Je sursautai et je me retournai avant de constater qu’il ne s’agissait que de Marie.

-Je n’imaginais pas que toi aussi tu aimais cet endroit pour réfléchir Iori. Ça doit être de famille ; continua-t-elle en venant s’asseoir à côté de moi, laissant pendre ses jambes au-dessus du vide et se mettant également à contempler les étoiles.

-Est-ce que tu penses qu’elle est là-haut ? Qu’elle nous observe et veille sur nous comme elle l’a toujours fait ?

-Elle ? Tu parles de ma mère ?

-Oh non, elle, je sais pertinemment qu’elle le fait, elle me l’a promis. Non, je parle de Laura. C’est à elle que tu pensais également, n’est-ce pas ?

J’écarquillai les yeux mais ma tante se contenta de rire légèrement devant ma réaction.

-Ne me demande pas comment je le sais, ça serait trop compliqué à expliquer.

Marie soupira et baissa le regard vers la mer d’encre en dessous de nous.

-Nous nous étions pourtant mis d’accord pour te cacher son existence, mais c’était inutile apparemment.

-Nous ? Tu veux dire que c’était intentionnel ?

-Oui, avec ta mère, Nagisa, Alan, Miyako, Angela et Drago, nous nous étions promis de repartir à zéro après la mort de Laura. Non pas pour oublier, mais parce que c’est ce qu’elle désirait. Si nous nous étions morfondus comme ton père l’a fait, alors sa mort aurait vraiment été vaine.

-Je ne comprends pas, pourquoi vaine ?

-Ce que Laura souhait, c’était certes un monde en paix, mais avant tout un monde dans lequel nous serions heureux, même si cela devait passer par sa mort. Mais ne crois pas que nous l’avons oubliée, loin de là. C’est justement parce que nous avons tourné la page qu’elle continue à vivre parmi nous. Tant que nous serons heureux, son dernier vœu vivra à travers nous tous.

-Mais, et moi dans ce cas ? Pourquoi ne pas m’avoir parlé de son existence ?

-A quoi cela t’aurait-il servi ? Savoir que la meilleure amie de ton père est morte ne t’aurait certainement apporté que de la tristesse, ce dont tu n’avais pas besoin. Même si, je pense que nous avons fait une erreur à présent, une telle vérité ne peut pas rester enfouie éternellement. Plus le temps passait et plus cette information devenait dangereuse pour toi qui grandissait tranquillement, sans les soucis et les tracas de la vie…

Etrangement, je comprenais ma tante. J’avais beau ne pas aimer avoir été dupée, mais son raisonnement me paraissait logique. Si ma mère n’était pas morte, jamais je ne me serais intéressée à cette Laura. Elle n’aurait été pour moi qu’une amie de mon père et j’aurais simplement accepté le fait de sa mort sans chercher à savoir pourquoi.

-Mais, maintenant que je connais son existence, tu ne vas pas m’en dire plus sur elle pour autant, je me trompe ?

-Même si je le voulais, je ne pourrais pas. Il n’y a que ton père qui fût assez proche d’elle pour te dire qui elle était réellement ; me répondit ma tante avec un léger sourire.

Un court silence suivit sa déclaration. Je ne trouvais rien à répondre à cela et elle n’avait visiblement rien de plus à ajouter si bien que je me remis à contempler la mer.

-En attendant, je vais rentrer, une longue journée m’attend demain, évite de trainer trop toi aussi ; déclara-t-elle soudainement.

Ma tante se leva mais je ne bougeai pas de ma place et je continuai à fixer la vaste étendue d’eau, perdue dans mes pensées. Mais alors que je pensais que Marie était partie, j’entendis sa voix dans mon dos.

-Au fait Iori, même si un jour, l’ombre plane au-dessus de ta tête, n’écoute que ce que ton cœur te dit, seul lui connait la vérité. Si tu dois agir et que tu penses qu’il le faut, alors n’hésite pas et fonce.

Je me retournai immédiatement mais ma tante avait déjà disparu dans les ténèbres de la nuit. Cependant, ces quelques mots avaient suffi à faire battre mon cœur à tout rompre. Pour une raison que j’ignorais, Marie connaissait mes plans et il s’agissait clairement d’une mise en garde…mais contre quoi ? Je n’avais à ce moment-là aucune réponse…



Iori, La décision du destin



Spoiler :


Un mois s’était écoulé depuis la visite de ma tante et l’état de mon père semblait s’être stabilisé. Il n’était pas encore la personne que j’avais connue, mais ce n’était plus ce dépressif ne se levant que pour les besoins élémentaires du quotidien. J’aurais pu arrêter mon travail ici et me contenter de ce que j’avais, mais ce n’était pas ce que je voulais. Je n’avais qu’un seul objectif, rendre le sourire à mon père, et je m’étais promis – et je l’avais promis à Marie – de tout faire pour y parvenir.

De plus, Noel approchait à grands pas, quatre jours exactement. Les quatre années précédentes, nous nous étions contentés de le fêter dans notre coin, mon père et moi, mais cette année, j’avais décidé de prendre les choses en main.

Comme chaque année, Angéla nous avait envoyé une invitation pour passer le réveillon avec elle et sa famille, mais d’habitude, mon père se contentait de jeter la lettre à la poubelle sans même la lire. Pour une fois, j’avais réussi à la prendre avant lui et j’avais pu répondre oui à l’invitation à sa place. Evidemment, il se contenta d’hausser les épaules lorsque je lui annonçai la nouvelle. Mais ce simple geste, aussi anodin fût-il, me redonna de l’espoir. Auparavant, jamais il n’aurait accepté de sortir de chez nous, jusqu’à la capitale qui plus est.

Nagisa nous accompagnait également et Miyako était de la partie elle aussi, de même que ma tante. Il y avait même des personnes que je n’avais pas revues depuis une éternité, comme Alan, Serena, Satoshi et bien d’autres.

Hélio, quant à lui, semblait ravi de me revoir jusqu’au moment où je lui rappelai qu’il m’en devait une. Mais j’étais heureuse de le revoir aussi. C’était certainement mon seul ami à ne pas m’avoir abandonnée après la mort de ma mère et que moi je n’avais pas abandonné non plus.

Le jour J arriva enfin et pour la première fois depuis longtemps, mon père ferma la porte à clef derrière lui, signe qu’il sortait plus loin que le fond du jardin. Nagisa nous rejoignit rapidement et nous fîmes le trajet jusqu’à la gare en sa compagnie.

Cette dernière et mon père parlaient de tout et de rien, comme les vieux amis qu’ils étaient. Et même si je me sentais un peu mise à l’écart, j’étais contente de les voir parler ainsi normalement donc je ne me plaignais pas.

Nous arrivâmes chez Angéla dans l’après-midi, vers trois heures. Cette dernière nous accueillit à bras ouverts, surtout mon père à qui elle donna une si grande tape dans le dos qu’il se mit à tousser.

Drago le salua plus conventionnellement avec une simple poignée de main et un sourire chaleureux. Quant à Hélio…

-Eh Iori ! Ça va depuis la dernière fois ? S’écria-t-il en me voyant et en me donnant une énorme claque dans le dos.

-Ça allait…bien…avant que tu ne me salues ; lui répondis-je en toussotant. C’est de famille chez vous de blesser vos invités dès leur arrivée ?

-Oh, désolé, je ne voulais pas…

J’éclatai de rire. Il était tellement naïf et attentionné qu’il s’affolait pour un rien. Mais c’est ce qui faisait son charme aussi je pense.

Après les retrouvailles, j’allai déposer mes affaires dans la même chambre que la dernière fois puis mon père, Nagisa et moi descendîmes dans le salon pour aider à préparer la fête…du moins, c’était notre intention à Nagisa et moi, mon père semblait plus trainé de force par Angéla qu’autre chose…

Au même moment, alors que nous nous apprêtions à nous mettre au travail, des bruits de klaxon nous parvinrent de la cour et, en passant la tête par la fenêtre, je vis la présidente Hikari sortir d’une voiture discrète aux vitres teintées qu’elle conduisait elle-même. Il y avait également une autre personne arrivant au même moment, que je reconnus car je l’avais déjà vu à la télévision, un certain Yami Hiroki, candidat à la présidentielle et accessoirement, finaliste contre Miyako…

Il était assez grand, légèrement plus que la présidente, aux yeux et aux cheveux noirs et à la barbe bien taillée sur ses joues et son menton. Sa carrure le rapprochait plus d’un boxeur que d’un homme politique et dans ses yeux brillait une certaine assurance. Mais lorsqu’il vit la présidente Hikari, il fit une grimace.

-Encore toi Miyako ? Mais ce n’est pas vrai, tu me suis, j’en suis sûr ! S’exclama le grand homme à la carrure imposante.

-Oh, Hiroki, tu es invité toi aussi ? Si j’avais su, je ne serais même pas venue ; soupira-t-elle. Mais puisque je suis là, je ne vais quand même pas repartir.

Je crus que son adversaire politique allait exploser mais Angéla arriva à temps pour les accueillir et pour calmer le jeu. Finalement, après quelques minutes, ils acceptèrent de se séparer et rentrèrent chacun de leur côté.

-Ce deux-là ne s’aiment pas vraiment, je ne sais pas à quoi pensait ma mère en les invitant ensemble ; me confia Hélio.

-Ça devait l’amuser j’imagine, ou alors elle voulait jouer les réconciliateurs entre eux qui sait ; hasardai-je en haussant les épaules.

Plus tard, Tante Marie et Satoshi arrivèrent en compagnie de Serena, la sœur jumelle de Satoshi, qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eaux. Seuls ses cheveux étaient bien plus longs que ceux de son frère. Puis ce fut au tour d’Ambre et Maya, les deux femmes que j’avais entrevues avant mon départ et vint ensuite June, une grande femme blonde aux yeux bleus et à la coiffure extrêmement soignée, une autre amie d’Angéla et accessoirement, la directrice d’Hélio. C’est pourquoi ce dernier se cacha soigneusement lorsqu’elle arriva.

Cependant, son nom ne m’était pas inconnu. Avant de se lancer dans l’enseignement, elle était une duelliste reconnue dans le monde professionnel. J’avais d’ailleurs souvent vu son visage en tête d’affiche et il ne me fut pas difficile de la reconnaitre au premier coup d’œil.

Vers sept heures, tous les invités étaient arrivés et nous avions fini toutes les préparations. Mais, ce n’était pas tous les jours que la présidente était invitée à diner, c’est pourquoi Angéla insista pour que Miyako fasse un discours, et elle fut suivie par tous les autres.

-Aller Présidentes, faites-nous un discours ; la piqua Hiroki.

-Un jour, j’instaurerai une loi qui obligera les gens à laisser les autres tranquilles, au moins je suis sûre d’avoir des partisans…

Miyako prit place au milieu de la pièce et s’éclaircit la gorge avant d’entamer son discours.

-Mes chers concitoyens, c’est avec un immense honneur, et également avec un immense plaisir que je m’adresse à vous ce soir et…

-Aller, la suite, la suite ! S’exclama Hiroki qui avait l’air de convoiter un superbe gâteau se trouvant devant lui.

-Il faudrait savoir ce que vous voulez ; râla-t-elle à voix basse, mais suffisamment fort pour que tout le monde l’entende.

Les invités éclatèrent de rire, surtout Nagisa qui visiblement était prise d’une crise inarrêtable, à tel point que Miyako commença à s’inquiéter pour elle.

-Je disais donc avant de me faire interrompre, je vous souhaite à tous un excellent réveillon et je vous souhaite le meilleur pour la suite. Je lève mon verre à cette année qui fut, pour tout le monde ici, une excellente année puisque nous sommes réunis en ce jour. Nous avons chacun accompli beaucoup, peut-être nous reste-t-il encore du chemin à faire, mais quoiqu’il en soit, je suis certaine que l’avenir n’en sera que meilleur, et s’il ne l’est pas, venez vous plaindre à moi, je viendrai vous épauler…si je n’ai pas une autre crise de la CGT sur le dos…

Un autre fou rire parcourut la salle. Miyako savait faire quand il s’agissait de parler en public, elle n’était pas la présidente pour rien.

-Et maintenant, je ne vais pas m’attarder plus car certains ont déjà commencé et je déclare cette fête officiellement ouverte !

Son discours fut suivi d’un tonnerre d’applaudissements, même de la part d’Hiroki, et la fête put vraiment commencer.

Au début, j’étais un peu sur mes gardes et je restai près de mon père au cas où, mais rapidement, je m’éloignai de lui, voyant qu’il pouvait se débrouiller seul parmi ses anciens camarades de classe. Je partis donc rejoindre Hélio qui, visiblement, n’avait pas pu échapper à sa directrice.

-Oh, Iori, par ici ! M’appela-t-il en me voyant me diriger vers lui.

-Iori, c’est bien toi ? Me demanda June qui ne semblait pas en croire ses yeux. J’imagine que tu ne dois pas te souvenir de moi, après tout, la seule fois où l’on s’est vues, tu avais quatre ou cinq mois, pour ton baptême. Je m’appelle June Wheeler, enfin, m’appelait, même si j’ai changé de nom à présent, tout le monde me connait sous ce nom-là. Je suis une très bonne amie d’Angéla, et aussi la directrice d’Hélio.

-Oui, j’ai souvent entendu parler de vous dans les journaux de duel. A ce qui parait, vous étiez très forte !

-N’exagérons rien tout de même. Je me débrouillai, mais Angéla, ou même ton père, m’ont rapidement dépassée.

-Et comment est Hélio à l’école ? Il est sage au moins ?

-Io…Iori ! Répliqua mon ami, mal à l’aise, ce qui fit rire June.

-Je pourrais dire, telle mère, tel fils, mais malheureusement, ou heureusement pour moi, ce n’est pas le cas. C’est même l’un des premiers de la promotion pour le moment.

-Tu…tu es premier ? M’exclamai-je abasourdie.

-Ou…Oui, mais quelle importance, ce qui compte, ce ne sont pas les résultats, c’est la personne que tu es à l’intérieur de toi ! Même s’il ne faut pas…négliger les résultats non plus…

-Voilà qui est bien dit Hélio, je vois que tu retiens aussi bien mes discours que tes leçons. Mais je ne vais pas vous embêter plus, je vous laisse entre jeunes !

La directrice d’Hélio s’éloigna et partit discuter avec d’autres invités tandis que mon ami s’empressa de quitter les lieux lui aussi. Amusée, je le suivis jusqu’à la cuisine ou se dernier poussa un long soupir en prenant une cannette de jus d’orange.

-Voilà pourquoi je n’aime pas quand ma mère organise une fête, je finis toujours par me retrouver nez à nez avec June ; râla-t-il.

-Je ne vois pas de quoi tu te plains, elle a l’air plutôt sympathique je trouve.

-Oui, là est le problème, je n’aime pas avoir un traitement de faveur parce que je suis le fils de sa meilleure amie…

-Ecoutez le parler, il râle parce qu’il est bien traité. Rappelle-moi de te traiter comme un chien à l’avenir ; ironisai-je.

-Ce n’est pas drôle Iori, c’est super gênant devant mes amis !

-Je n’en doute pas une seule seconde ; rétorquai-je avec un large sourire moqueur.

Hélio n’eut pas le temps de riposter car au même moment, Angéla débarqua dans la cuisine et nous demanda d’amener les plats se trouvant sur la table, ce qui mit fin à notre petit débat.

Tout le reste de la soirée, je le passai à parler avec les amis de mon père. Il y avait vraiment de tout dans cette assemblée et je pus également faire connaissance avec des personnes dont j’avais simplement entendu le nom sans jamais les rencontrer, comme Serena, la sœur de mon oncle Satoshi, qui était son exact opposé, lui qui était d’ordinaire si renfrogné, ou Hiroki, le rival de Miyako, qui, pour une raison quelconque, préférai se disputer avec cette dernière plutôt que de profiter de la fête…

Puis, lorsque minuit sonna, ce fut l’heure d’ouvrir les cadeaux. Tous étaient rassemblés sous la cheminée, à côté du grand sapin décoré de toutes sortes de guirlandes colorées. Je me rendis soudain compte que j’avais laissé le mien dans ma chambre, n’ayant pas vu l’heure tourner.

Furtivement, je m’éclipsai donc mais cela n’échappa pas au regard d’Hélio.

-Tiens, j’en connais une qui a oublié l’heure ; lança-t-il alors que je montais déjà les escaliers.

Je l’ignorai et je fonçai dans ma chambre. Bizarrement, la porte était entrouverte. J’étais pourtant persuadée de l’avoir fermée…

Prudemment, je la poussai et mon cœur rata un battement lorsque je vis une ombre près de la fenêtre. Il y avait quelqu’un, de dos, regardant au dehors, portant un grand manteau noir surmonté de plumes.

-Drago…est-ce que c’est toi ?

Lorsque la personne se retourna, je compris que ce n’était pas le père d’Hélio et mon sang se glaça dans mes veines.

-Te voilà enfin, Iori.

Au même moment, Hélio, intrigué par mon silence, entra à son tour et eut un mouvement de recul en voyant le nouvel invité à la fête tandis qu’au dehors, les cloches sonnaient les douze coups de minuit.

Je ne pouvais pas en croire mes yeux. Juste devant moi, dans ma chambre, les yeux luisant dans la pénombre et simplement éclairé par la lueur de la lune se tenait l’ennemi public numéro un.

-Sha…Shadow ! Murmura Hélio, terrifié.

L’homme sortit quelque chose de sa poche et nous le présenta.

-Iori, Hélio, Joyeux Noel à vous deux ; déclara l’homme d’une voix doucereuse.


Je n’osai plus faire un geste. Les cloches s’étaient arrêtées de sonner, le vent ne soufflait plus, les rires de la soirée semblaient s’être tus et seuls les battements de mon cœur résonnaient à travers la nuit.

Comment Shadow s’était-il échappé de sa prison ? Mais le plus important, que faisait-il là, dans ma chambre à m’attendre ?

Sans savoir pourquoi, je me mis à avancer vers lui prudemment devant le regard effaré d’Hélio. Le criminel quant à lui, continuait à me dévisager avec ce sourire d’où se dégageait autre chose que de la simple joie…mais quoi…

Lorsque je fus à sa portée, je pris le présent qu’il tenait dans sa main et l’instant qui suivit, il se volatilisa dans un tourbillon de vent, ne laissant de son passage qu’une fenêtre ouverte et la mystérieuse petite boite soigneusement emballée.

Ne comprenant pas vraiment ce qu’il venait de se passer, mon premier réflexe fut d’ouvrir le cadeau de Shadow. A l’intérieur se trouvait un seul et unique objet : une carte portant le nom de Fusion parfaite.

Hélio s’approcha, lui aussi sous le choc.

-Qu’est-ce…c’était que ça ? Bégaya-t-il visiblement toujours terrifié.

-Je ne sais pas Hélio…Je ne sais pas…Répondis-je en toute honnêteté.

Mille et unes questions me vinrent à l’esprit, mais une seule occupait toutes mes pensées : pourquoi Shadow m’avait-il remis cette carte ? D’autant plus qu’elle m’était totalement inconnue et le texte semblait bogué si bien qu’il était illisible.

Je la montrai à Hélio mais il n’en savait visiblement pas plus que moi.

-Iori, j’ai un mauvais pressentiment ; déclara mon ami en regardant la fenêtre encore ouverte après le passage de Shadow.

-Je n’en ai pas qu’un moi, et pas simplement à cause du fait qu’un criminel notoire puisse se balader en liberté dans la ville.

-Qu’est-ce qui te préoccupe donc plus que ça ?

-Je sens…que Shadow m’a remis cette carte dans une but précis. Il attend que je fasse quelque chose pour lui…mais je ne sais pas quoi…Et puis, il me connaissait lorsque je l’ai rencontré.

-Co…Comment ? S’étrangla Hélio. C’est impossible, tu ne l’as jamais vu auparavant, n’est-ce pas ?

-Oui, c’est exact. Cependant, il savait qui j’étais et savait ce que j’allais lui demander. Si on ajoute à ça le fait qu’il savait également que j’allais remonter dans ma chambre au milieu de la fête, tout s’enchaine trop logiquement pour que ça ne soit que des coïncidences.

-Et à quoi penses-tu ? Qu’il peut lire dans les pensées ou quelque chose du genre ? Ça m’étonnerait fort…

-Je pensais plutôt à un informateur le tenant au courant du moindre de mes faits et gestes. Pourquoi ? je n’en ai aucune idée, mais il doit vouloir se servir de moi.

-Tu ne penses pas partir un peu loin ? Me demanda Hélio en regardant avec inquiétude tout autour de lui. C’est vrai après tout, qu’as-tu de spécial à ses yeux Iori ?

-J’aimerais bien le savoir Hélio, j’aimerais bien ; murmurai-je, déboussolée.

-Pour le moment, le plus important c’est de signaler à la présidente Hikari l’évasion de son prisonnier. Ca risque de lui gâcher sa soirée, mais je me sentirais mieux en le sachant derrière les barreaux.

N’ayant plus aucune autre piste pour tenter de percer les intentions de Shadow à jour, je me résignai à suivre Hélio après avoir déposé la carte sur le bureau.

En bas, la fête battait son plein. La plupart des cadeaux avaient été ouverts et tout le monde semblait très satisfait, même mon père, qui avait reçu un nouveau manteau de la part de notre tante, souriait légèrement.

Je repérai la présidente Hikari près de la cheminée, en train de parler avec Angéla, un magnifique collier autour du cou qu’elle ne portait pas en arrivant.

-Angéla, tu peux m’excuser deux minutes, je dois parler à la présidente Hikari, c’est important.

Les deux femmes eurent l’air surprises, mais n’en demandèrent pas plus et je demandai à Miyako de me suivre dans une salle voisine dans laquelle nous ne serions pas dérangées. Une fois installés et nous être assurés que personne ne pouvait nous entendre, Hélio lui annonça la nouvelle et Miyako blêmit.

-Que…Shadow…Libre ? Bégaya-t-elle en tremblant. Vous êtes bien sûrs de ce que vous avancez ?

-Certains, nous l’avons vu il y a moins de dix minutes ; lui répondis-je.

-Laissez…laissez-moi deux minutes je vous prie, j’ai besoin d’éclaircir quelques points…

La présidente sortit son téléphone puis composa un numéro et attendit en tapotant nerveusement la table avec ses doigts. Au bout de quelques secondes, quelqu’un décrocha à l’autre bout et une image en 3D d’un grand homme aux cheveux rouges et en bataille apparut devant nous.

-UWS Sunbird au rapport ! Joyeux Noel Présidente Hikari !

-Marcelo, je n’ai pas le temps avec les formalités, j’ai besoin que vous me donniez une information. Les autres sont-ils avec toi ?

-Evidemment, UWS un jour, UWS toujours et…

-Parfait, allez immédiatement vérifier les caméras de surveillance 4,5 et 6 de la cellule un.

L’homme en 3D fronça les sourcils.

-ça me parait grave. Le grec, Alan, Hoshi, vous avez entendu le boss ? Au boulot !

J’entendis quelques râles à l’autre bout, puis le bruit de chaise grinçant sur le parquet et à peine dix secondes plus tard, une autre personne apparut à l’écran. Celui d’un homme au regard froid et au visage effilé.

-Présidente Hikari, rien de suspect au poste 4 ni au 5 et encore moins au 6. Quelle est la raison de cet énervement ?

-Le grec, on vient de me signaler une évasion.

Le grec haussa les sourcils, comme si ce que Miyako venait de dire était stupide avant qu’un cri ne retentisse à l’autre bout de la pièce et que Alan apparaisse en compagnie d’un autre homme, certainement le dénommé Hoshi.

-Miyako-Sama, je viens de regarder le replay et c’est terrible, affreux et…

-Ohoh, c’est qu’il est énervé ce garçon. Calme-toi et exprime-toi clairement ; le coupa son camarade.

-Pendant trente secondes, la caméra a été coupée, de minuit pile à minuit et trente secondes mais un bruit d’explosion a été entendu !

-Bande d’incapables, je vous avais pourtant dit de surveiller cette cellule ! S’exclama Miyako toujours plus blême.

-On se calme présidente Hikari ; lui répondit calmement Hoshi. Nous ne sommes pas omniscients nous, les cloches sonnaient à minuit, nous n’avons donc rien pu entendre.

-Ce n’est pas une excuse ! Si vous n’êtes même pas capables d’accomplir une tâche aussi simple que de regarder une caméra, vous êtes tous virés !

-Encore ? Se plaignit Alan. C’est au moins la quatrième fois ce mois-ci !

Je crus que la présidente Hikari allait vraiment exploser lorsque le grec écarta ses camarades et prit la parole.

-Miyako, ce qui est fait est fait. Cependant, la caméra extérieure numéro 7 n’a détecté aucune anomalie. Personne n’est entré ni sorti de la zone.

-Vrai…Vraiment ? Tu es sûr de ce que tu avances le grec ?

-Certain. Chaque fois que le champ de force est désactivé, un voyant rouge s’allume sur le tableau de contrôle, et nous n’avons vu aucun voyant rouge. Cela signifie donc que l’explosion et la panne ne sont que deux coïncidences.

-Je vois…J’irai m’en assurer personnellement demain tout de même. Merci quand même ; termina Miyako qui avait repris quelques couleurs.

Elle coupa la conversation ici et se laissa tomber sur une des chaises en soupirant.

-Bon sang les enfants, ce n’est pas drôle de me faire une peur pareille, j’ai déjà assez de soucis comme ça.

-Mais…nous l’avons vu ! Répliquai-je.

-Es-tu sûre qu’il s’agissait bien de lui ?

-Comment pourrais-je me tromper ? Un grand manteau, un visage avec des rides bien marquées, des cheveux grisonnant et une mystérieuse boite !

-Une…boite ? Répéta Miyako, intriguée.

-Oui, elle est dans ma chambre.

Je m’absentai quelques secondes le temps de monter et redescendre avec le présent de l’homme puis je montrai la carte à Miyako qui écarquilla les yeux en la voyant.

-Fusion…parfaite ? Comment as-tu obtenu cette carte Iori ?

-Je l’ai déjà dit, c’est Shadow qui vient de me la remettre.

-Shadow…la fusion parfaite…les démons…Armageddon…Laura…Murmura-t-elle en se prenant la tête dans les mains.

-Vous connaissez cette carte présidente ? Lui demanda Hélio.

Elle grimaça, comme si elle ne voulait pas nous révéler un secret mais que nous l’avions percée à jour. Finalement, elle finit par esquiver la question :

-Il ne devrait plus y avoir d’autres exemplaires de cette carte sur cette terre. Il faut que j’en parle avec ton père, Nagisa, Angéla et Drago.

Sans plus attendre, la présidente se leva et regagna la salle de réunion, nous laissant tous les deux dans l’incompréhension la plus totale.

-Je ne comprends plus rien Hélio ; me lamentai-je. Les démons ont été vaincu, Laura est morte, Shadow est en prison et qui est cet Armageddon…J’ai l’impression d’avoir été embarquée dans une histoire dans laquelle je n’aurais jamais dû entrer et où je suis piégée à présent…

-Au contraire, je suis largué moi. Mais Iori, si tu te sens dépassée par les événements, tu n’es pas seule, je serais là si tu as besoin de moi. Après tout, c’est à cela que servent les amis non ?

Je lui souris légèrement. Mine de rien, son petit discours m’avait remonté le moral. Je ne voulais pas affronter l’inconnu seule et il me confirmait que je ne cheminais pas seule.

-Et si nous oubliions ces bêtises que et nous profitions de la fête ? Lui proposai-je.

Sans en demander plus, il acquiesça et nous retournèrent dans la grande salle. Pendant le reste de la soirée, nous essayâmes d’oublier cette étrange histoire en parlant avec les invités. Vers deux heures du matin, Maya, qui avait trop bu, commença à sortir des histoires invraisemblables sur la mère d’Hélio et un dénommé Aymeric. Angéla avait beau essayer de la faire taire, rien ne l’arrêtait, si bien qu’elle finit par être mise à l’écart dans la pièce voisine. Miyako était partie juste après notre annonce, certainement pour vérifier nos dires, de même qu’Hiroki qui l’avait accompagnée. Tante Marie s’amusait bien à taquiner mes père, Drago faisait le service, Nagisa parlait joyeusement avec Serena et Satoshi tandis qu’Ambre et June tentaient de calmer Angéla qui était devenue rouge comme une tomate.


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Tout à coup, la musique de fond se changea en valse que je reconnus immédiatement. Il s’agissait de la belle au bois dormant, de Tchaïkovski.

-Hélio, ça te dit une petite danse ? Lançai-je à mon ami qui regardait tous les invités danser au milieu de la pièce.

-Que…Je…Je ne sais pas danser moi ! Rétorqua-t-il en essayant de s’éclipser.

-Ce n’est pas grave, tu n’auras qu’à suivre mes pas ! Lui répondis-je en l’agrippant par la manche et en le forçant à venir sur la scène de danse.

Une fois que je fus au centre, mes pieds bougèrent tout seuls. Je me laissai simplement porter par le rythme de la musique en entrainant Hélio avec moi qui essayait tant bien que mal de suivre mes pas.

Ces minutes furent magiques. J’oubliai tout ce qui se trouvait autour de moi ainsi que tous mes tracas. Il n’y avait plus qu’Hélio et moi, dansant au gré de la valse. Ce dernier d’ailleurs finit par comprendre les pas et commença à prendre de l’assurance et à mener la danse.

Il semblait vraiment s’amuser, et moi aussi. Son visage souriant rayonnait de bonheur et le mien devait être identique. Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas ressenti autant de joie que j’aurais aimé que ces instants durent éternellement.

Oui, nous deux, tournoyant dans la grande salle sur un fond de musique classique, le soir de Noel, je ne pouvais pas rêver mieux pour un réveillon.

Finalement, la musique s’arrêta brutalement et je revins à la réalité sous les applaudissements de toute la salle. Je regardai les amis de mon père, hébétée par ce spectacle. Je n’avais même pas réalisé que tout le monde s’était écarté pour nous faire de la place.

Je tournai ensuite mon regard vers Hélio et il me sourit, puis, sans vraiment savoir pourquoi, je fis une révérence, comme une artiste ayant terminé son spectacle.

-Ta fille est vraiment talentueuse tu sais ? Dit Angéla à mon père. Elle ne tient pas ça de toi j’imagine.

-Non, sa mère doit y être pour beaucoup je pense ; répondit-il avec un léger sourire.

Soudain, quelques larmes me vinrent aux yeux. C’était la première fois que mon père parlait de ma mère avec le sourire.

-Que t’arrive-t-il Iori ? Me demanda Hélio, intrigué.

-Rien, ce n’est que de la fatigue ; répondis-je en les essuyant d’un revers de la manche.

-C’est vrai qu’il se fait tard, il est temps de rentrer je pense ; déclara June. Angéla, j’ai vraiment passé une superbe soirée, il faudra remettre ça.

-Oui, mais la prochaine fois, on la fera chez l’autre pleurnichard ! Rétorqua-t-elle en désignant mon père.

-Chez…Chez moi ? S’étrangla-t-il.

-Bonne idée, ça nous changera un peu ; déclara tante Marie avec un grand sourire.

-C’est loin, mais pourquoi pas ; dit Maya en haussant les épaules.

-Tiens, tu es redevenue normale toi ? Lui lança Ambre, surprise.

-Personnellement, ça m’arrangerait bien, c’est à deux pas de chez moi ; continua Nagisa.

-Ici ou là-bas, de toute façon, c’est à perpette, donc je m’en fiche ; grogna Satoshi.

-J’ai toujours voulu visiter cette ville moi, c’est avec plaisir que je viendrai ! S’exclama Serena avec un grand sourire.

-C’est donc décidé, on ira tous chez toi pour l’année prochaine ! Conclut Drago.

-Attendez, je n’ai pas encore donné mon accord moi ! Répliqua mon père en écarquillant les yeux.

Tout le monde rit de bon cœur. Ce soir-là, j’étais convaincue d’avoir fait un autre pas en avant pour sauver mon père. Peu à peu, je me rapprochais de mon but…


Le jour suivant la fête, soit le vingt-cinq décembre, jour même de Noel, j’étais tellement épuisée par la réunion que je dormis jusqu’à midi avant de me faire réveiller par les quelques rayons de soleil d’hiver passant à travers les rideaux de ma chambre.

Je pris une bonne douche, m’habillai et descendis au rez-de-chaussée en prenant mon temps. Je n’avais pas vraiment envie de courir dans tous les sens après une telle soirée, je voulais simplement prendre mon temps et savourer mes vacances à Paris avec Angéla, Hélio, Drago, mon père et Nagisa.

Lorsque je mis les pieds dans la salle à manger, je fus assez étonnée de n’y voir que Drago lisant son journal. Lorsque ce dernier me vit, il me fit un grand sourire.

-Oh, bonjour Iori, bien dormi ?

-Très bien, merci mais…où sont les autres ? Demandai-je intriguée.

-Tu es la première réveillée, qu’est-ce que tu crois ? Enfin, après moi évidemment, mais passons, tu veux manger un bout ? Je dois pouvoir préparer quelque chose avec les reste d’hier soir.

-Pourquoi p…

Je m’arrêtai brutalement, me souvenant des paroles d’Hélio tandis que Drago se dirigeait déjà vers le four.

-Non, ça ira, merci, j’ai trop mangé hier je crois !

-Vraiment ? Bon, et bien, je demanderai aux autres de finir dans ce cas ; répondit-il visiblement déçu.

Cependant, j’avais vraiment faim moi, mais je préférai faire confiance à Hélio sur ce coup là…Je décidai donc de sortir acheter quelque chose à grignoter. J’allai récupérer l’argent de ma chambre, puis, en passant dans les escaliers, j’entendis des voix provenant de l’autre bout du couloir.

Je n’étais plus la seule réveillée apparemment et s’il s’agissait d’Angéla, peut-être n’allais-je pas avoir besoin de sortir finalement.

Contre toute attente, en me rapprochant, je reconnus les voix de mon père et Tante Marie…et ils n’avaient pas l’air de parler très calmement…

De plus en plus intriguée, je collai l’oreille à la porte pour pouvoir discerner les voix et mon cœur failli s’arrêter lorsque je compris de quoi ils parlaient.

-Es-tu stupide ou quoi ? Tu ne peux pas abandonner maintenant ! S’écria ma tante en tapant sur un meuble.

-Je te l’ai dit Marie, cette discussion est close ; répondit mon père avec sa lassitude habituelle. Je ne peux plus continuer à faire semblant…

-Tu ne peux plus ? Je n’ai jamais entendu pareille bêtise, surtout de ta part ! Et ton devoir, tu en fais quoi ? Et ta promesse que tu lui as faite ? Tout ça, ce n’était que du vent ?!

-Iori est presque adulte à présent, elle peut se débrouiller sans moi…Non, elle a toujours pu se débrouiller sans moi en fait…

Je savais bien que je ne voulais pas en entendre d’avantage, mais il m’était impossible de partir. J’entendis le bruit d’une table que l’on renverse puis quelques pas avant que ma tante ne reprenne.

-Tu sais depuis combien de temps ta fille se bat pour toi ? Tu sais tout ce qu’elle a du sacrifier pour toi ? Et tout ce que tu trouves à me dire c’est « il est temps d’enlever mon masque » ? Ridicule !

-Oui, à cause de moi, Iori a bien trop souffert, il est tant que cela cesse…

-Parce que tu penses que lui avouer qu’elle a échoué sur toute la ligne la rassurera ? Réveille-toi un peu et prends tes responsabilités !

Je reculai d’un pas en écarquillant les yeux. Non, j’avais du mal entendre…Echoué ? Moi ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Mon père faisait…semblant d’être heureux depuis tout ce temps…Et je n’y avais vu que du feu ?

Je me pris la tête dans les mains. Je voulais pleurer, mais aucune larme ne me venait. Je voulais crier, mais aucun son ne sortait de ma bouche. Je voulais rire de ma bêtise et de mon aveuglement, mais je ne trouvais rien de drôle dans cette histoire. Je voulais m’enfuir, mais mes jambes ne m’obéissaient pas. J’étais là, devant cette porte, figée, telle une morte refusant de mourir.

Je réalisai soudain que, en reculant vivement, j’avais entrouvert la porte et que mon père et Tante Marie me dévisageaient, interdits.

-Iori, ce n’est pas…Tenta de dire mon père.

C’en était trop, je ne pouvais pas supporter leurs regards une seconde de plus et je pris mes jambes à mon cou.

Hélio m’interpela joyeusement lorsque je passai devant lui dans le salon, mais je l’ignorai et je sortis de la maison comme une furie et je me mis à courir dans les rues de Paris sans même savoir où j’allais, sans même regarder où j’allais, sans même faire attention à où j’allais. Je courais simplement en ligne droite, ne désirant que m’enfuir le plus loin possible de mon père et Tante Marie.

Finalement, après vingt minutes de course effrénée, je fus obligée de m’arrêter pour reprendre mon souffle. Je ne savais pas du tout où je me trouvais. Tout autour de moi, les rues étaient vides et les magasins fermés ce vingt-cinq décembre. Très peu de voitures circulaient dans la grande avenue dans laquelle je me trouvais.

Le ciel était gris, et quelques minces flocons de neige tombaient. Un vent froid soufflait également, me glaçant les os. Mais je n’avais plus la force de bouger. Je restai simplement plantée là, au milieu de la rue, à regarder le ciel.

Je ne ressentais plus rien, je ne voyais plus rien, je n’entendais plus rien, tous mes sens s’étaient envolés et je répétais cette phrase en boucle.

« Echoué…J’ai échoué…J’ai échoué… »

J’étais en colère, contre mon père évidemment, mais contre tante Marie également. J’avais l’impression qu’à cause d’elle, j’avais perdu les plus belles années de ma vie pour quel résultat ? Aucun. Cela faisait des années que je faisais du sur-place…Etait-ce ma faute pour ne pas avoir été assez bonne ? Etait-ce celle ma tante pour m’avoir demandé l’impossible ? Etait-ce celle de mon père pour ne pas avoir pu se remettre ? Etait-ce celle de ma mère pour être morte et nous avoir laissés seuls ? Etait-ce celle de Laura pour avoir quitté mon père trop tôt ? Je ne savais plus, je n’étais plus sûre de rien…

Tout à coup, je crus voir une ombre passer près de moi mais lorsque je me retournai, je ne vis personne dans l’avenue déserte.

-Connais-tu l’échec, Iori ? Dit une voix résonnant dans l’air.

-Qui a dit ça ? M’exclamai-je en regardant de tous les côtés.

-Moi je l’ai connu il y a longtemps ; continua la voix embrumée.

-Qui va là ? Montrez-vous !

-Ce que j’ai perdu, personne ne pourra jamais me le rendre.

-Je ne suis pas d’humeur à plaisanter, qui que vous soyez, laissez-moi tranquille !

-Mais toi Iori, tu es différente de moi. Tu as le pouvoir que je n’ai pas, je pouvoir de combattre le destin, le pouvoir de combattre Armageddon, le pouvoir de changer ce monde.

-Moi ? Changer le monde ? Arrêtez de délirer, je suis déjà incapable de changer mon père !

Soudain, l’ombre se matérialisa juste à côté de moi et je reconnus le visage ridé de Shadow qui me dévisageait de ses yeux gris et mélancoliques.

-Tu te trompes Iori, tu dois simplement voir les choses autrement. Parfois, il faut remonter à la source afin de purifier un fleuve.

-La source ? C’est impossible, je ne suis pas ma mère, je ne peux pas…accomplir le même miracle qu’elle…

-Et si je te disais…que tu peux accomplir bien plus que ta mère ?

Je fronçai les sourcils, intriguée. Je savais que je ne devais pas gober tout ce qu’il me racontait et qu’il était le roi de la manipulation, mais au point où j’en étais, je n’avais plus rien à perdre.

-Après tout Iori, n’es-tu pas l’incarnation même des vœux de ta mère et de Luminion ?

-L’incarnation…des vœux de Luminion ? Répétai-je.

Shadow ne me répondit pas et son ombre commença à se fondre dans le décor.

-Attendez Shadow, dites m’en plus ! J’ai besoin de savoir !

Je tentai de retenir la fumée noire mais elle finit par disparaitre complètement, me laissant à nouveau seule, et encore plus désemparée qu’avant. Au même moment, j’entendis mon nom résonner dans la rue et je vis Hélio se précipiter vers moi, l’air terrifié et soulagé.

-Iori, enfin je te trouve ; s’exclama-t-il en arrivant à ma hauteur, essoufflé. Que s’est-il passé ? Je t’ai vue t’enfuir et…

-Ne t’en fais pas Hélio, tout va bien à présent.

-Ce qui veut dire que quelque chose n’allait pas avant. Tu peux me le dire tu sais, je suis ton ami.

Un déclic se fit tout à coup dans ma tête en revoyant le gros titre du journal de Drago et je compris ce que Shadow désirait. Oui, c’était le seul moyen, ma dernière chance, mon dernier échec si je n’y parvenais pas.

Je me tournai vers mon seul ami et je le regardai dans les yeux en prenant l’air le plus déterminé possible.

-Hélio, j’ai une faveur à te demander.

-Qu’y-t-il pour que tu sois si sérieuse tout à coup ?

-Serais-tu prêt à m’accompagner où que j’aille ?

-C’est-à-dire ? Tu pars en voyage quelque part ?

-Oui, on peut voir ça comme ça. Je vais faire un long, très long voyage et j’ai bien peur qu’on ne se revoie jamais si tu ne m’accompagnes pas.

-Tu me fais peur Iori tu sais. Qu’est-ce que tu as encore inventé ?

-Moi ? Rien. Je ne fais que suivre le déroulement logique des choses.

-Très bien, mais où comptes-tu te rendre ? Parce que si je dois t’accompagner, j’aimerais au moins dire à mes parents où je vais…

-Si tu veux tant le savoir, nous allons là où l’on peut effacer nos erreurs, là où le retour en arrière est possible, là où je pourrais enfin trouver la paix…

-Trouver…la paix ? Ne me dis pas…

-Non, tu es bien loin Hélio. Je veux simplement mettre fin à ma quête commencée il y a cinq ans déjà, une quête qui n’a fait que tourner en rond, qui m’a blessée, moi, mon père, mes proches, et même toi. A cette quête, je vais y mettre un terme. Je vais effacer les troubles de mon père, je vais remonter à la source de son flot de larmes et la boucher avant même que de l’eau ne commence à en jaillir, même si je suis née de cette source. Je vais…modifier le passé !





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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [29/07/2014] à 16:10

Iori, le voyage du destin



Spoiler :


Hélio me dévisagea plusieurs secondes, l’air de penser que j’étais devenue folle. Peut-être bien que je l’étais qui sait, n’était-ce pas de la folie à l’état pur de prétendre pouvoir être capable de changer le destin d’une personne ? Je ne savais même pas quelles conséquences cela allait engendrer sur le présent : allait-il être modifié lui aussi ? Allais-je me faire rattraper par le destin ? Serais-je envoyée dans un monde totalement différent, un monde où je n’aurais jamais existé ? A ce moment-là, je n’avais aucune réponse à ces questions, mais j’étais certaine d’une chose : Le présent tel qu’il était ne me convenait pas.

Je reposai ma question à Hélio avec un air plus déterminé cette fois-ci.

-Alors, j’attends ta réponse Hélio : vas-tu m’accompagner, ou bien vas-tu me laisser seule dans ma quête pour sauver mon père ? Enfin, je ne serais pas vraiment seule, Shadow sera avec moi.

-Sha…Shadow ? Répéta-t-il interdit.

-Oui, tu as parfaitement entendu, je compte m’allier avec Shadow pour mener à bien mes objectifs.

-Mais…es-tu consciente de ce que tu es en train de faire Iori ? Non seulement tu t’attaques à quelque chose qui nous dépasse totalement, et en plus de ça, tu es prête à faire confiance à ce criminel ?

-Si c’est le seul moyen, alors oui, je le ferai, peu importe les conséquences. J’ai essuyé bien trop d’échecs dans ma vie jusqu’à maintenant. Aux grands maux, les grands remèdes. Je n’ai plus le choix Hélio, c’est quelque chose que je dois faire !

-Mais, si tu modifies le passé, tout ce que nous avons connu jusqu’ici va disparaitre ! Ces souvenirs que nous avons ensembles, ne représentent-ils rien pour toi ? Miyako, Nagisa, ma mère, mon père, Marie, et même tes parents, s’ils sont ce qu’ils sont aujourd’hui, c’est grâce à ce qu’ils ont vécu ! Et si un infime changement provoquait la fin de tout ce que nous connaissons aujourd’hui ? Penses-tu vraiment que ton père serait plus heureux en sachant cela ?

-Je suis prête à prendre le risque ; répondis-je gravement. Si je dois sacrifier ce monde pour permettre simplement à mon père de sourire, alors je le ferai. Mais ne t’inquiète pas, vous tous, continuerez à vivre, seuls vos souvenirs de moi seront modifiés je pense, personne à part moi ne disparaitra.

Hélio recula, terrifié. Je le comprenais. Moi-même, je frissonnai en m’entendant parler. Mais je pensais réellement ce que je disais. Il n’y avait rien que je désirai plus que de retrouver ma vie telle qu’elle était avant la mort de ma mère, et comme cela m’était impossible dans ce monde, je n’avais aucune raison de vouloir y rester.

-Si tu refuses, alors va-t’en Hélio, laisse-moi savourer mes derniers instants dans ce monde, seule. Si tu tiens à nos souvenirs, alors viens, affronte-moi et prouve-moi que je suis incapable de changer le destin !

Mon ami ferma les yeux et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

-Iori, je sais que je n’ai aucune chance contre toi. Mais je ne fuirai pas, ce n’est pas dans ma nature.

-Vas-tu m’accompagner dans ce cas ?

-Oui, je viendrai avec toi. Non pas parce que j’accepte ce que tu fais, mais parce que si tu dois disparaitre, je veux me faire autant de souvenirs que possible avec toi avant que cela n’arrive, parce que je ne veux pas t’oublier, parce que je veux rattraper le temps perdu, parce que je t’aime Iori !

Sa déclaration ne m’étonna même pas. Je le savais depuis longtemps maintenant mais malheureusement pour lui, je ne pouvais pas m’encombrer de sentiments, cela m’aurait empêché de mener à bien mes projets.

-Tu ferais mieux de m’oublier, ça vaudra vraiment mieux pour toi.

-Impossible, ça m’est totalement impossible ! Je ne peux pas t’oublier, mais surtout, je ne veux pas ! Mais c’est pourquoi je t’accompagnerai jusqu’au bout, où que tu ailles, je te suivrai !

-Tu es vraiment stupide Hélio ; lui répondis-je en souriant légèrement.

-Au moins autant que toi ! Répliqua-t-il. Mais alors, dis-moi, quel est ton plan ?

-Premièrement, il faut que nous allions libérer Shadow puis nous partions pour Néo Domino City.

-Je vois, tu comptes utiliser leur dernier réacteur d’Ener-D ?

-Parfaitement, et c’est pourquoi, j’ai besoin de Shadow. Lui seul est assez puissant pour alimenter le réacteur suffisamment longtemps.

-Et tu penses qu’il va accepter ?

-Il n’aura pas le choix.

Hélio s’apprêta à en demander d’avantage mais je tournai les talons. Je commençai vraiment à avoir froid à force de rester sur place et le temps pressait. Si Miyako se rendait compte que Shadow était déjà à moitié libre, je n’aurais eu plus aucune chance de réussir.

-Hélio, je partirai ce soir dans la nuit, si tu n’as pas changé d’avis d’ici là, rejoint moi dans la cour.

Je ne lui laissai pas le temps de répondre et je m’enfuis en courant. Hélio était la seule personne à ne m’avoir jamais abandonnée et il restait fidèle à lui-même, c’est pourquoi, je ne voulais pas qu’il m’accompagne car je sentais que s’il le faisait, toute ma détermination s’envolerait. Il était certainement la dernière personne me rattachant encore à ce monde, la dernière personne qui comptait encore à mes yeux avec mon père, la dernière personne à m’aimer de tout son cœur…

Lorsque je revins chez Angéla, je ne croisai personne, certainement étaient-ils tous partis à ma recherche. Tant mieux, je n’avais pas très envie de faire face à Angéla et Drago en sachant pertinemment que ça aurait été la dernière fois.

Je rassemblai les quelques affaires utiles que j’avais avec moi, comme la carte de Shadow, le deck de ma mère, la clé de la cellule de Shadow, ainsi qu’une photo de mon père, ma mère et moi et je mis tout cela dans un petit sac puis je pris un papier et un stylo et je me mis à écrire une lettre, non pas d’adieu, mais d’excuses. J’expliquai très brièvement les raisons de mon départ, mes échecs successifs, mais sans donner le véritable but de mon voyage. Je disais simplement que je partais afin que tout le monde puisse être plus heureux que maintenant.

Une fois la lettre écrite, je la déposai dans la chambre de mon père et un petit objet attira mon attention sur sa table de nuit. Il s’agissait d’une carte, Trishula, Dragon de la barrière de glace à côté de la photo d’une jeune fille brune aux yeux verts que je reconnus : Laura.

Voir cela ne fit que renforcer mes convictions. Il fallait que je libère mon père de sa souffrance qu’il gardait pour lui depuis vingt-six ans déjà.

Je regardai l’heure : quatre heures et il n’y avait toujours personne. Je ne pouvais pas attendre d’avantage et je pris la décision d’entreprendre ce voyage seule finalement. Hélio n’avait pas besoin d’être embarqué dans de telles histoires. C’était ma décision, je devais en assumer seule les conséquences.

En sortant, je regardai une dernière fois la belle demeure d’Angéla et je la remerciai intérieurement pour tout ce qu’elle avait fait pour moi avec Drago puis je tournai les talons, définitivement.

Je pris un bus qui m’emmena jusqu’au périphérique et de là, je continuai mon voyage à pieds. Heureusement, je me souvenais encore parfaitement du chemin d’accès à la cellule de Shadow.

Malgré le froid mordant et le vent violent, un léger soleil brillait dans le ciel. Autour de moi, il n’y avait que de vastes étendues inexploitées, presque des terres agricoles. Au loin, la tour Eiffel s’élevait au-dessus de la ville, imposante et inégalée. Le vrombissement des moteurs de voiture me parvenait faiblement aux oreilles et j’étais seule sur cette route goudronnée et mal entretenue.

Tout était si calme. Etais-je vraiment prête à renoncer à tout cela ? Et si mes actions provoquaient un désastre ? Si tout ce qui se trouvait autour de moi disparaissait ?

Je secouai la tête. Je ne devais pas y penser. Seul mon objectif devait compter à mes yeux, tout le reste n’était que futilité

Après trois quarts d’heure de marche, je finis par arriver devant la petite bâtisse. Qui se serait douté qu’ici le plus grand criminel de l’histoire était retenu ?

Je plaçai la carte magnétique au bon endroit et l’air crépita autour de moi puis les quelques brins d’herbes couchés se relevèrent, signe que je pouvais passer.

D’un pas déterminé, j’entrai dans la maison et je me dirigeai immédiatement vers la chambre de Shadow et j’ouvris la porte avec fracas.

Lorsqu’il me vit, le vieil homme leva la tête de son livre et esquissa un sourire.

-Iori, je savais que tu finirais par revenir ; déclara-t-il de sa voix rauque.

-Je n’ai pas le temps de plaisanter Shadow, vous allez venir avec moi immédiatement.

-Qu’entends-je ? Tu voudrais me faire sortir de cette prison inviolable ?

-Ne jouez pas à l’idiot, je n’ai vraiment pas le temps. Ce n’est pas comme si vous étiez déjà libre de toute façon.

-Iori, sais-tu réellement ce que tu désires faire ? En changeant le passé, tu vas te heurter à la plus puissante créature sur cette terre, celle qui a tué ta mère et ma fille, je parle d’Armageddon.

-Armageddon, le destin n’est-ce pas ? Je n’ai que faire de ces idioties. Si je change l’histoire, c’est justement parce que je pense que tout n’est pas gravé dans le marbre.

-Je reconnais bien là la fille de Luminion ; dit-il en riant.

-La fille de Luminion ? Je n’ai hérité d’aucun pouvoir ; répondis-je en haussant les épaules.

-Au contraire, Iori, au contraire, tu es bien plus puissante que tu ne le penses.

-Ma mère pouvait voir le futur à ce qu’on disait. Je ne peux pas le faire.

-Mais toi, tu as le pouvoir de le modeler Iori. Sais-tu en quoi tu es l’incarnation des vœux de luminion ?

-Non, et je m’en fiche. Luminion n’est plus depuis longtemps, je n’ai que faire de lui.

-Tu ne devrais pas Iori sachant que le démon de l’éclat ne désirait qu’une chose : une paix durable entre dieux et démons. N’est-ce pas ce que tu représentes ? L’union de Nout et Luminion ? La lumière qui éclaire le futur de tous ? L’éclat qui illumine les ténèbres ?

-Oui, mon père possédait le pouvoir de Nout, et alors ?

-Ma pauvre Iori, tu ne sais vraiment rien ; se désola l’ex criminel. Tu es unique, tu possèdes un pouvoir dépassant celui des dieux et celui des démons, tu peux décider de l’avenir de ce monde, tu peux lutter à armes égales avec Armageddon.

-Et quelle importance ? Armageddon, c’est votre problème, je veux simplement redonner le sourire à mon père.

-C’est bien ce que je disais, tu n’as pas la moindre idée de ce que tu es en train de faire. Mais…

Shadow fut interrompu par des bruits de moteur à l’extérieur. Intriguée, je passai la tête par la fenêtre et je retins un cri de surprise. Dehors, se tenaient la présidente Hikari, Hiroki et leurs gardes du corps, les UWS.

-Je vous l’avais dit pour le voyant rouge, présidente Hikari. Le système fonctionne parfaitement.

-Parfaitement ? Je connais des systèmes imparfaits qui fonctionnent mieux moi, regardez ça, grand ouvert ! S’exclama Hiroki sur un ton de reproches.

-Il n’y a aucune faille Hiroki, quelqu’un a du s’introduire ici et l’ouvrir. Tentez de trouver cette personne, je m’occupe de Shadow avec Hiroki.

-Bien reçu ! S’exclamèrent les UWS d’une seule voix.

Mon cœur s’accéléra lorsque je vis la présidente Hikari ouvrir la porte de la petite bâtisse mais Shadow ne semblait nullement inquiet et continuait à me dévisager avec son sourire moqueur. Mais j’étais prise au piège, il n’y avait aucune échappatoire dans cette prison, j’allais devoir faire face à Miyako et m’expliquer…

Hiroki et Miyako entrèrent dans la salle et écarquillèrent les yeux en me voyant parler à Shadow.

-Io…Iori ? Bégaya Miyako, pâle comme un linge.

-Pourquoi je ne suis même pas surpris ? Tu aurais dû te méfier Miyako lorsqu’elle t’a dit que Shadow était libre !

-Iori, explique-moi, que fais-tu ici ? Demanda la présidente d’une petite voix.

-Je…

-Iori est venue faire ce que vous auriez dû faire il y a vingt-six ans déjà, chère présidente Hikari ; me coupa Shadow.

-Qu’est-ce que cela veut dire ?

Shadow ne répondit rien mais son sourire s’élargit et je vis comme une flamme s’allumer au creux de ses yeux gris. Sortie de nulle part, une carte apparut dans sa main qui resplendit lorsqu’il la brandit en l’air.

-Fusion Néant Activée !

-Fusion…Néant ? Répéta Hiroki, pâlissant à son tour.

Dans les méandres des abysses, au plus profond de cet univers, tu te terrais, banni de la surface de la terre. Prête-moi ta puissance et ensemble, détruisons ce monde qui nous a tant fait souffrir pour en reconstruire un nouveau à partir du néant ! Invocation Parfaite ! Darkness Shadow, maitre Dragon du néant !

La terre trembla sous nos pieds et le ciel s’obscurcit instantanément…Non, il ne s’obscurcissait pas…le soleil était caché par quelque chose…de gigantesque…Lorsque je passai la tête par la fenêtre pour voir de quoi il s’agissait, mon cœur faillit s’arrêter. Juste devant moi se tenait la créature la plus imposante que je n’avais jamais vu. C’était un dragon immense, noir comme la nuit, aux puissantes mains surmontées d’une armure et aux ailes semblant faites de pierre d’astéroïde. Deux petits yeux violets luisaient au sommet de sa tête, dix mètres plus haut et malgré sa noirceur, il émettait une lueur étrange, comme la lumière visible depuis l’espace…comme une galaxie scintillant dans le vide…

Le dragon passa sa main à travers les murs de la bâtisse comme s’il s’agissait de papier et la posa à terre, comme pour nous dire de monter.

-Impossible…Darkness…Shadow ? Répéta Miyako qui reculait, terrifiée.

-Iori, il est temps de partir ; me dit Shadow en me tendant le bras pour me dire de le suivre.

Je regardai une dernière fois les deux personnes qui était un jour plus tôt encore mes alliés.

-Je suis désolé, Miyako, Hiroki.

Puis je rejoignis Shadow dans la main du dragon.


Le monstre de pierre poussa un cri et battit des ailes avant de s’envoler en soulevant un épais nuage de poussière autour de lui. Je me sentais mal après ce que je venais de faire à Miyako. Elle avait toujours pris soin de moi, elle avait accédé à ma requête pour voir Shadow la première fois et elle soutenait mon père depuis le début, et comment la remerciai-je ? En m’enfuyant avec son prisonnier.

Cependant, alors que je pensais que tout était fini, un vif éclat lumineux surgit juste devant nous et nous obligea à nous arrêter. Lorsqu’il se dissipa, un grand guerrier aux cheveux bleus et portant une armure d’or apparut et nous barra la route. Comparé au monstre de Shadow, il était minuscule, mais il dégageait une aura de puissance tandis qu’aux creux de ses mains brillait ce qui ressemblait à une sphère lumineuse.

-C’est inutile Présidente Hikari, vous pensez vraiment que votre monstre ait la moindre chance face à Darkness Shadow ? Demanda Shadow en fermant les yeux.

-Iori, sois raisonnable, ne te laisse pas manipuler par Shadow ! Quoiqu’il t’ait dit, ne l’écoute pas ! Lança Miyako depuis le sol.

-Allons, allons, je suis une fois de plus le fautif dans l’histoire, mais je n’ai rien demandé moi, c’est cette chère Iori qui est venue me trouver, je ne fais que la suivre moi ; répondit le criminel en haussant les épaules.

-Iori…

-C’est la vérité Présidente Hikari, j’agis de mon propre chef afin d’aider mon père !

-Ton…père ? Répéta-t-elle interdite.

-Oui, je vais sauver mon père…grâce à Laura !

-Lau…Laura, tu dis ?

Hiroki poussa Miyako, l’air exaspéré et activa son disque de duel, de même que les UWS.

-Tu es trop sentimentale Miyako, je vais régler cela rapidement. Tranche tout sur ton passage, Constructution, Marionnette de l’ombre El !

Aux côtés du guerrier à l’armure d’or apparut une sorte de poupée mauve à tête de femme d’où partaient des milliers de fils, fins comme des lames de rasoir.

-Team Sunbird, à l’attaque ! S’écria Marcelo, quatre énormes oiseaux rouges et hideux nous encerclant totalement.

Je fis une grimace. Je n’avais pas le temps à perdre avec ces empêcheurs de tourner en rond, mais Shadow ne semblait nullement inquiet face à tant d’ennemis d’un seul coup et se contentait de regarder au loin, pensif.

-Constructution, ramène ce type à l’endroit qu’il n’aurait jamais dû quitter !

Les milliers de fils se précipitèrent vers le dragon comme un seul mais mon partenaire ne réagissait toujours pas. Mais, alors que l’attaque de la poupée allait nous atteindre, j’entendis une voix au loin.

-Atum, Perfect Light Beam !

Un rayon de lumière passa devant nos yeux et fit bruler instantanément tous les fils de la poupée qui se retira aussitôt. Je tournai la tête vers l’endroit d’où venait la voix et je ne pus m’empêcher de sourire en voyant Hélio, debout sur l’épaule d’un grand dragon d’or à l’armure argentée volant vers nous.

-Ce n’est pas trop tôt, j’ai failli attendre ; déclara soudain Shadow en revenant au combat.

-Quoi ?

-Darkness Shadow, Void Beam !

Le dragon noir rugit et, avant que je ne comprenne comment, tous les monstres autour de nous explosèrent puis Hélio nous rejoignit.

-Shadow, maintenant !

-Je sais, pas besoin de me le rappeler ; grogna ce dernier.

Je n’eus pas le temps de protester ou de dire quoique ce soit que le criminel claqua dans ses doigt et tout autour de nous se brouilla. Je vis Miyako, Hiroki et les UWS disparaitre et se fondre progressivement dans un décor devenant de plus en plus blanc. Ma tête me fit mal, je ne sentais plus mes membres et je décidai de fermer les yeux, le temps que tout cela cesse.

Toutes ces sensations étranges s’arrêtèrent brutalement quelques secondes plus tard et lorsque je rouvris les yeux, je lâchai un cri de surprise. Nous n’étions plus au-dessus du petit lot de terre entourant la maison de Shadow, non, tout autour de nous, il n’y avait que de l’eau à perte de vue. Nous survolions un océan, mais impossible de savoir lequel. A côté de moi, Shadow continuait à regarder pensivement dans le vague tandis qu’Hélio et son dragon volaient à côté de nous…Une minute, Hélio ?

-Je sais ce que tu vas me dire Iori ; dit-il avant que j’aie pu prendre la parole. Mais j’ai pris ma décision, je t’accompagnerai jusqu’au bout. Et qu’importe ce que tu pourras me dire, je ne t’abandonnerai pas.

-Mais Hélio…Comment…

-Shadow m’a contacté après ton départ, et je lui ai demandé de m’attendre.

-Ne crois pas que j’aie fait ça de bon cœur. Mais comme tu es le fils d’Angéla et Drago, tu dois avoir plus d’un tour dans ton sac, ce dragon en est la preuve ; lui répondit Shadow sans le regarder.

-Peu importe les raisons, je suis là. Dans combien de temps arrivons nous ?

-Dans moins de deux minutes je dirai, regardez.

Shadow montra au loin des formes étranges mais qui s’éclaircirent rapidement pour laisser place à de haut building comme à Manhattan, sauf que je savais exactement où nous nous trouvions grâce à une tour bien plus grande que les autres en forme de pointe immense s’élevant dans le ciel.

-Néo Domino City…mais c’est à plus de cinq heures de vol de Paris ! M’exclamai-je, interdite.

-Ne sous-estime pas le pouvoir de Gariatron jeune fille. Mais trêve de bavardage, il nous faut adopter une stratégie : la jouer discrète ou foncer dans le tas, à vous de choisir.

-Je préférerai une approche discrète, cela nous donnera plus de temps si nous n’arrivons pas à faire démarrer la machine ; répondis-je après quelques secondes de réflexion.

-Je suis d’accord avec Iori. Si nous arrivons avec l’artillerie lourde, nous nous confronterons à une résistance ; confirma Hélio.

-Très bien, dans ce cas…

Shadow claqua des doigts et le dragon sur lequel nous nous trouvions disparut immédiatement et nous nous retrouvâmes tous les trois sur celui d’Hélio, bien plus petit et moins visible puis nous nous écartâmes légèrement de Néo Domino City pour nous diriger vers la périphérie portant le nom de satellite.

Le dragon d’Hélio se posa dans ce qui semblait être une décharge. Autour de nous, il n’y avait que des bâtiments en ruines et des rues délabrées parsemées de fissures et de brins d’herbe dépassant des pavés. Au moins, personne ne pouvait nous avoir vu dans un tel endroit.

-Nous sommes dans la partie oubliée de satellite. Si nous voulons rejoindre la ville, il va nous falloir traverser le pont dédale puis le laboratoire se trouvera au pied de la tour principale. Je pense que dans trente minutes, nous y serons ; déclara Shadow.

Lorsqu’il me dit cela, je me mis à trembler, ce qu’Hélio remarqua immédiatement.

-Tout va bien Iori ?

-Oui, je suis juste un peu anxieuse pour la suite ; avouai-je.

-Tout ira bien, j’ai foi en toi Iori, tu vas réussir ce que tu as entrepris ; me répondit-il avec un sourire.

Je rougis et je détournai le regard. Pourquoi avait-il fallu qu’il vienne ? J’aurais vraiment préféré qu’il restât à Paris, au moins je n’aurais pas eu à m’inquiéter pour lui…

-Iori, une fois au laboratoire, que comptes-tu faire ? Me demanda alors Shadow. La machine n’est qu’un prototype, il est certain qu’elle sera très bien gardée.

-Nous aviserons en temps voulu en fonction de ce que nous rencontrerons. Le plus important est d’arriver là-bas en premier lieu.

-Tu es aussi impulsive que ta mère ; me dit-il en souriant.

-Fermez-là un peu, nous perdons du temps ; rétorquai-je froidement.

Sans un mot de plus, je pris la tête du groupe et ils n’eurent d’autre choix que de me suivre. Cependant, je ne savais pas vraiment où j’allais, je marchai au hasard en espérant tomber sortir de cette décharge, ce que je réussis à faire néanmoins assez rapidement pour me retrouver dans une grande rue de Satellite.

Là, tout était différent, plus moderne, plus entretenu, et surtout plus vivant en ce soir du vingt-cinq décembre. Les vitrines des magasins illuminaient la rue avec leurs décorations, tandis que des dizaines d’enfants se pressaient pour les admirer sous les regards attentifs de leurs parents.

Je me souvenais que peu de temps avant, nous faisions la même chose avec mon père et ma mère.

Je détournai le regard et je fis face à la mer au bout de l’avenue. Sur cette grande étendue bleue se dressait un pont en bois non achevé devant lequel s’amassaient de nombreuses personnes.

-Le pont dédale est un symbole pour cette ville, il représente la liberté tant attendue par tous les citoyens de Satellite ; déclara Shadow.

-Qu’est-ce que ça peut me faire à moi ? Je ne suis pas là pour faire du tourisme mais pour sauver mon père.

-Tu devrais t’intéresser un peu à ce que tu vois Iori, peut-être n’auras-tu plus jamais l’occasion de le faire dans le futur.

-Il n’y a plus de futur pour moi de toute façon, alors à quoi bon…

-Iori…Murmura Hélio, un voile de tristesse dans les yeux.

Nous marchâmes en silence jusqu’au pont dédale et un autre pont m’apparut, bien plus grand, reliant satellite et la ville principale. Il y avait un chemin sur le côté permettant aux piétons de passer. Plus je me rapprochais de la ville, plus mon cœur battait rapidement, mais il était trop tard pour se dégonfler, je devais aller jusqu’au bout.

Une fois de l’autre côté, Shadow prit la tête du groupe et nous conduisit à travers des petites rues désertes jusqu’à la tour principale, siège du laboratoire Fudo, du nom de son créateur. Evidemment, l’entrée était bien gardée et un criminel notoire comme Shadow n’avait aucune chance de passer…

-Alors, que fait-on ? Chuchota Hélio.

-J’ai une idée, toi et moi on entre à l’intérieur pendant que Shadow nous attend dehors puis on le fait rentrer à son tour.

-Puisque j’imagine que vous n’avez pas de meilleur plan, pourquoi pas ; répondit le criminel. La zone d’étude se trouve dans l’aile est du bâtiment. Je vous attendrai donc à l’arrière du laboratoire.

Le vieil homme s’en alla et nous laissa seuls tous les deux. Hélio ne semblait pas vraiment rassuré mais je ne devais pas être bien mieux.

Prudemment, nous prîmes la direction de l’entrée principale, comme deux visiteurs. Sans grande surprise, les garde nous laissèrent passer sans faire d’histoire et nous nous retrouvâmes à l’intérieur. Je fus impressionnée par ce hall d’entrée. Il s’agissait d’une grande pièce circulaire d’au moins vingt mètre de diamètre de laquelle partaient de nombreux couloirs. Au milieu, deux services de réceptions étaient chargés d’accueillir les visiteurs et organiser les visites guidées car ce laboratoire était également, à la demande de son créateur, un sanctuaire où n’importe qui pouvait assister à l’avancement des projets.

C’est là-bas que nous nous dirigeâmes afin de pénétrer à l’intérieur du laboratoire.

-Bonjour, serait-il possible de voir l’avancement de la machine à voyager dans le temps ? Demandai-je à la réceptionniste.

-Nous sommes désolés, mais ce projet n’est pas accessible au public pour le moment. Attendez qu’elle soit totalement terminée et revenez ensuite.

Je grimaçai. Je n’avais pas du tout envie de faire un scandale. Heureusement, Hélio intervint et me sauva la mise.

-Nous sommes des amis de la maire Serena. Vous pouvez l’appeler, elle vous donnera son accord je pense.

La réceptionniste fronça les sourcils mais s’exécuta tout de même. Après quelques secondes, elle raccrocha et déclara :

-Madame la maire se trouve justement ici, elle sera là dans quelques instants.

Je lançai un regard de détresse à mon ami. Il n’était prévu nulle part que Serena serait présente au même moment que nous. Comment allait-on lui expliquer notre présence ici, à néo Domino city ? Il ne faisait aucun doute qu’aucune explication ne lui conviendrait en sachant qu’elle-même venait certainement d’arriver en ville en étant partie bien plus tôt que nous…

Je n’eus pas le temps de réfléchir d’avantage car l’amie de nos parents arriva, l’air contrariée mais se détendit en nous voyant.

-Iori, Hélio, j’ai vraiment cru à une mauvaise blague lorsqu’on m’a appelée, mais vous êtes vraiment ici, à néo Domino City ; déclara-t-elle avec un large sourire.

-Bonjour Serena, ça fait un bail depuis hier soir, n’est-ce pas ? Répondit Hélio sur le même ton enjoué.

-Oui, vingt-heures, c’est long ! Lança-t-elle en riant. Mais qu’est-ce qui vous amène ici ? Surtout que vous avez dû arriver à l’instant en comptant le décalage horaire.

-Oui, mais nous avions très envie de visiter ce fameux laboratoire qui fait la gloire de Néo Domino City alors nous avons fait un détour. Surtout que nous avons entendu parler de cette extraordinaire invention qu’est la machine à voyager dans le temps.

-Oh, vous savez, elle n’est pas au point, mais si vous voulez, je peux vous montrer le prototype.

-Vraiment ? Rien ne nous ferait plus plaisir !

J’étais soufflée. Jamais je n’aurais cru qu’Hélio puisse avoir un tel talent d’improvisation. A sa place, je n’aurais certainement pas pu aligner deux mots sans bégayer ou perdre mon calme alors que lui disait tout cela avec un tel naturel que j’aurais pu y croire moi-même.

Serena nous donna à chacun un badge grâce auquel nous pûmes rentrer dans la zone de construction de la machine et mon pouls s’accéléra encore d’avantage lorsque je franchis la porte. Moins de cents mètres devant moi se trouvait la machine qui allait me permettre de sauver mon père et Laura…


Serena nous conduisit à travers les nombreux couloirs du laboratoire. Il y en avait tellement que j’avais peur de ne pas réussir à trouver celui menant à l’arrière du bâtiment où nous attendit Shadow. Heureusement, Hélio faisait la conversation avec Serena, ce qui me permettait de me concentrer sur le chemin à prendre et je finis par repérer une indication du local poubelles. La sortie devait se trouver non loin de là et je retins sa position.

Finalement, après deux minutes de marche, nous arrivâmes dans une petite pièce sombre où se trouvaient deux personnes portant des blouses et se chamaillant, un grand homme au visage fin et à la carrure pas spécialement imposante, et une femme aux cheveux presque aussi rouges que ceux de Miyako, des dizaines de feuilles à la main. Lorsqu’ils nous virent, ils cessèrent de se disputer et nous regardèrent, intrigués.

-Bonjour Professeur Okabe, Professeur Makise ; déclara Serena avec un sourire.

-Madame le maire, quelle surprise de vous voir ici, je pensais que vous alliez passer Noel à l’étranger ; déclara la dénommée Makise, surprise.

-Que veux-tu Cristina, c’est le choix de Steins Gate que Serena revienne aujourd’hui pour voir l’avancement final du Gadget du futur 10 : The Time Machine ! S’exclama l’autre avec un rire digne des méchants de mauvais dessins animés…

-Vous…l’avez terminée ? Reprit Serena.

-Oui, nous venons de faire les premiers tests, tout a l’air de fonctionner. Il n’y a qu’un seul problème…la machine fait sauter les plombs…Lui répondit la jeune femme.

-Pourtant nous avons le laboratoire le plus perfectionné au monde après celui du CERN…

-Mais Serena, qui sont ces jeunes avec toi ? Des agents de l’organisation ? Reprit l’homme en blouse.

-Je vous présente Iori et Drago, ce sont des amis de passage et ils étaient impatients de voir cette fameuse invention.

-Professeur Makise ; intervins-je, votre machine permet-elle réellement de voyager dans le temps ?

-Théoriquement oui, mais…

-Dans ce cas, pourrions-nous la tester ?

Les deux professeurs et Serena écarquillèrent les yeux de surprise puis se regardèrent comme pour se concerter tacitement et l’homme du nom d’Okabe me répondit :

-Le temps n’est pas un jouet, celui qui maitrise le temps maitrise le monde, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser n’importe qui utiliser cette machine, d’autant plus que nous n’avons pas assez d’énergie pour la maintenir en marche plus d’une seconde.

-Et si je vous disais que j’ai de quoi alimenter votre machine ?

Ma phrase eut l’air de piquer au vif la curiosité des deux scientifiques car ceux-ci froncèrent les sourcils. Voyant que j’avais de quoi marchander, je leur demandai d’attendre quelques secondes puis je courus jusqu’à la sortie que j’avais repérée précédemment et sans grande surprise, j’y trouvai Shadow, assis sur un banc, attendant tranquillement. Mais, était-ce une bonne idée de le ramener maintenant ? Ne devais-je pas attendre qu’ils soient partis avant de mettre mon plan à exécution ?

Il était trop tard pour faire marche arrière de toute façon et, accompagnée du criminel, je revins dans la salle de commande. Evidemment, dès qu’ils le virent, Serena et les deux professeurs firent un pas en arrière, terrifiés.

-Io…Iori, qu’est-ce que cela signifie ? Bégaya Serena, livide. Qu’est-ce que Shadow fait ici ?

-Vous vouliez une source d’énergie non ? Shadow fera très bien l’affaire je pense ; répondis-je en haussant les épaules.

-Etre réduit à une source d’énergie, très sympathique ; grommela le criminel.

Je l’ignorai.

-Alors Serena, voici ce que je propose, vous nous laissez tranquille et en échange, nous testons votre machine pour vous. Cela me parait un bon deal ?

Visiblement, Serena ne savait plus quoi penser et je la comprenais. Mais je n’avais plus le temps de faire semblant comme mon père. Si je voulais parvenir à mes fins, il ne me restait plus qu’à miser tapis sur ce coup-là. Cependant, Hélio intervint à son tour :

-Serena, Professeur Makise, Professeur Okabe, nous savons quels crimes ont été commis par Shadow dans le passé, cependant, il pourrait être votre seule chance de devancer le CERN. De plus, Iori a quelque chose d’important à accomplir.

-Quelque chose…d’important ? Répéta Serena, toujours aussi confuse.

Le professeur Makise prit la parole à son tour, tremblante.

-Je…je ne sais pas si je peux parler au nom de tout le monde…mais…j’imagine que si nous refusons, vous allez essayer par la force, je me trompe ?

-Quelle perspicacité Professeur ; répondit Shadow en sortant déjà une carte de sa poche que je reconnus être la fusion néant lui permettant d’invoquer son terrible dragon noir.

-Dans ce cas, je pense qu’il nous est inutile de résister. Nous acceptons, mais nous voulons participer à ce premier test.

-Comment Cristina ? Mon assistante prend les décisions à ma place maintenant ? Moi Houhouin…

-Marché conclus Iori. Si vous nous promettez de ne causer aucun dégât à la ville, nous accéderons à votre requête ; le coupa Serena.

Nous nous mîmes d’accord sur ce point-là, même si de toute façon, je n’avais aucune intention de m’attaquer à Néo domino city en cas d’échec. Le professeur Makise ouvrit une porte solidement verrouillée au fond de la salle et nous invita à la suivre.

Nous arrivâmes dans une autre pièce, entièrement vitrée et de l’autre côté se tenait une énorme machine ronde et noire, d’où partaient des centaines de fils. Une porte permettait visiblement d’entrer à l’intérieur tandis qu’un câble plus gros que les autres reliait le haut de la machine à une sorte de terminal de commandes derrière la vitre.

-Voici la machine à voyager dans le temps, le premier prototype jamais créé dans l’histoire ; déclara le professeur Makise.

J’étais tout bonnement soufflée. Jamais je n’aurais cru voir un tel engin de mes yeux autre part que dans les films de science-fiction, et même en le voyant, j’avais du mal à le croire. Hélio semblait tout aussi impressionné que moi. Shadow, quant à lui, se contentait d’observer la pièce avec son regard éternellement vide.

-La machine va avoir besoin de quelques minutes pour chauffer, le temps que nous la programmions ; déclara le professeur Okabe. D’ailleurs, à quelle date souhaiterais-tu te rendre ?

-Il y a vingt-six ans, en décembre 2014, juste avant l’attaque des démons.

Serena écarquilla les yeux de surprise.

-Iori…ce que tu veux faire c’est…

-De la folie ? Oui, je sais, mais je n’ai plus le choix. J’ai déjà trahi Miyako en m’alliant à Shadow, j’ai abandonné les vœux de ma tante, j’ai entrainé Hélio avec moi dans cette quête insensée, je n’ai plus rien à perdre désormais.

-Iori…es-tu sûre de toi ? L’époque à laquelle tu vas atterrir est une époque trouble, entre deux guerres. De plus, tu vas revoir ta mère et ton père lorsqu’ils étaient jeunes, vas-tu le supporter ?

-Certainement pas.

-Dans ce cas-là, pourquoi fais-tu cela ? Est-ce vraiment pour ton père ou pour ton propre désir ?

-Je ne sais même plus Serena ; répondis-je tristement. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne me reste que ceci comme solution.

-Dans ce cas, avant que tu ne partes, je pense qu’il serait bon que tu prennes ça avec toi.

Serena sortit de sa poche un petit bout de papier froissé. Cependant, je me contentai de le ranger, comme si cela n’avait aucune importance. Cela n’eut même pas l’air de la choquer et elle me sourit même.

-Tu sais Iori, si tu suis ce que ton cœur te dit de faire, alors fais-le. Il n’y a rien de pire que d’emporter des regrets avec soi ; me dit-elle tendrement.

Au même moment, un bruit de moteur se fit entendre et nous nous retournâmes et je vis la machine illuminée de lumières rouges et bleues tandis que plusieurs voyant sur le panneau de commandes s’étaient allumés.

-Tout me semble marcher, cependant, c’est maintenant que les choses se corsent ; déclara Makise en fronçant les sourcils. Si j’enclenche le système, tout va sauter une fois de plus. J’imagine que c’est ici que vous entrez en jeu Shadow ?

Le criminel se contenta de fermer les yeux et sortit la carte fusion néant de sa poche puis s’avança vers la vitre qui nous séparait de la machine à voyager dans le temps.

-L’heure est venue Iori, tu vas enfin pouvoir réparer une injustice ; déclara-t-il sans me regarder.

-Ne croyez pas que je fais ça pour vous Shadow, je fais ça pour mon père. Même si nos objectifs sont communs, je ne partage en aucun cas vos idéaux. Mon but n’est pas de satisfaire mon propre bonheur mais celui des autres. En sauvant Laura, je me condamnerai, mais j’épargnerai les larmes de mon père.

Le criminel ne répondit rien tandis que je m’approchais de la porte me permettant de passer de l’autre côté. Mais, au moment où j’allais la franchir, Hélio me retint par le bras et nos regards se croisèrent.

-Iori…

-Hélio…

-Je te le redemande une dernière fois, mais, es-tu certaine de vouloir le faire et tirer un trait sur nos souvenirs ? Me demanda-t-il tristement.

-Très sincèrement…non, je ne veux pas.

Ses yeux l’illuminèrent un instant avant que je ne termine ma phrase.

-Cependant, cela ne relève plus de ma volonté. J’ai fait ce choix il y a plusieurs années déjà, il est trop tard pour faire marche arrière.

-Dans ce cas, je veux que tu me fasses une promesse à moi aussi Iori ! Promets-moi de réussir…promets-moi que j’oublierai tout, je ne veux pas vivre en sachant que tu as échoué et gâché ta vie ! Je ne veux pas vivre en sachant que j’aurais dû t’empêcher de partir et te garder auprès de moi !

-Hélio…

Quelques larmes commencèrent à couler sur les joues de mon ami et le voir ainsi finit par m’arracher quelques larmes à moi aussi, larmes que j’essuyai aussitôt.

-Je suis désolée, mais c’est une promesse que je ne peux pas faire. Le futur n’est peut-être pas gravé dans le marbre, mais gelé dans la glace pour le moment. Il n’y a aucune garantie à ce que je réussisse.

Un voile de tristesse passa dans les yeux du jeune homme, un voile où se lisait toute le désespoir et l’impuissance du monde et je compris alors à quel point je comptai pour lui.

-Cependant, je peux te promettre ceci : nous nous reverrons et ce, quelle que soit l’issue de ma quête.

N’ayant pas eu l’air de l’avoir convaincu, je pris son petit doigt avec le mien comme le faisaient les enfants et je lui répétai cette phrase avec le plus grand sourire que ma propre tristesse me permettait de faire et son visage finit par s’éclairer légèrement.

-Reviens vite Iori, j’attendrai ton retour avec impatience.

Après cela, il me lâcha le bras, et, après lui avoir lancé un dernier regard, je me dirigeai vers la machine terrifiante. De l’autre côté de la vite, je voyais les regards inquiets de tout le monde, autant pour moi que pour le bon déroulement de l’expérience.

J’ouvris la petite porte et je me retrouvai à l’intérieur. Il n’y avait presque rien, simplement quelques fils qui pendaient, des centaines de voyant lumineux et une lampe permettant d’éclairer tout cela.

J’entendis alors la voix de Makise dans un micro :

-Iori, afin de procéder au transfert, tu dois poser les électrodes que tu vois sur ton corps. Cela permettra de connaitre exactement la forme de ce que nous voulons envoyer dans le passé pour pouvoir le reconstituer par la suite.

-Le…reconstituer ?

Je n’étais vraiment pas rassurée à l’idée d’être dématérialisée, mais j’obéis sans faire d’histoire. Une fois chose faite, je prévins Makise.

-Bien, j’enclenche le processus. Shadow, c’est à vous de jouer.

-Fusion Néant Activée ! S’écria le père de Laura.

Au même moment, les voyants changèrent de couleur et virèrent tous au vert et j’entendis le professeur Makise lancer une exclamation de joie.

-Pression ok, puissance de la machine : Stable, Niveau d’oxygène : normal. Tout semble marcher. Iori, la machine est créée de sorte à te faire passer à travers un trou de vers reliant le passé et le présent. Cependant, nous ne savons pas encore dans quel univers tu vas atterrir, nous ne pouvons que programmer la date.

-Allez-y, je vous fais confiance !

-Dans ce cas : Mission Odin Start !

Le bruit d’un moteur se mettant en marche se fit entendre puis je sentis la machine trembler. Le professeur Okabe continuait à parler dans le micro confirmant que tout était normal tandis que je sentais mes membres s’alourdir de plus en plus.

Soudain, devant mes yeux, une sorte de trou s’ouvrit, un trou d’où aucune lumière ne parvenait, un trou noir et je sentais que j’étais entièrement attirée à l’intérieur. Je me mis tout à coup à avoir vraiment peur en sentant mes membres disparaitre peu à peu lorsque tout à coup, une explosion secoua la machine et une alarme se déclencha.

-Qu’est-ce…

Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase qu’une autre explosion ébranla la machine et je vis le trou noir commencer à se refermer.

-Que se passe-t-il ? M’exclamai-je, affolée.

-Iori…le trou de ver… fuis ! M’ordonna Shadow dans le micro avant de pousser un cri de douleur.

-Shadow, qu’y a-t-il ? Répondez !

-Arma…geddon…

Une troisième explosion se fit entendre. Je ne pouvais pas rester là à ne rien faire, je devais rester avec eux pour les aider !

-Iori, fonce, change le passé et redonne le sourire à ton père ! Si tu y arrives, tout cela ne sera qu’un rêve pour toi ! S’écria Hélio dans le micro.

-Mais…

-Cours !

Sans réfléchir d’avantage et écoutant uniquement le souhait d’Hélio, je sautai les deux pieds en avant dans le trou noir qui se referma juste après mon passage et je me retrouvai…dans le vide…Il n’y avait plus rien autour de moi et je sentais que j’avançai à toute vitesse, aussi rapidement que la lumière, peut-être même plus vite lorsque soudain, deux yeux rouges et luisants apparurent dans le néant et une voix résonna dans le vide :

-Yuiko Iori, je me nomme Armageddon, je suis le protecteur du destin de ce monde. Ceux qui essaient de modifier l’histoire doivent être supprimés de l’histoire.

Une main géante et griffue apparut à côté de la paire d’yeux sanglant et se dirigea lentement vers moi. Je ne pouvais pas bouger, je ne savais même pas si je possédais encore un corps matériel mais, alors que cette créature allait me broyer, une vive lumière émana des ténèbres et je vis comme une sorte de dragon doré se mettre en travers de sa route pour me protéger.

-Qui…

-Iori, le destin n’est qu’une illusion, seule la lumière de ton cœur saura guider tes pas.

Je n’eus même pas le temps de comprendre ce que la créature disait qu’elle fut broyée à ma place et s’ensuivit une violente explosion puis tout redevint noir et je sentis mon esprit se disloquer dans les ténèbres du néant…



Iori : Changer le destin



Spoiler :


Un vent frais soufflait sur ma peau tandis que je sentais la douce chaleur du soleil réchauffer mon corps endolori et une bonne odeur d’herbe fraiche parvenait jusqu’à mes narines. Au loin, le chant des oiseaux résonnait, seul bruit que je pouvais entendre avec celui des cigales.

Lentement, j’ouvris les yeux et la lumière m’aveugla. Je tentai de mettre ma main devant mes yeux pour me faire un peu d’ombre mais immédiatement, une vive douleur me saisit à l’épaule et je grimaçai. La même chose arriva lorsque je voulus me mettre debout, je m’écroulai immédiatement, n’ayant plus assez de force pour me tenir sur mes deux jambes.

C’était inutile, je ne pouvais pas bouger dans cet état. Je repérai donc un petit arbre non loin de moi vers lequel je me trainai tant bien que mal et je réussis tout de même à m’adosser à son tronc.

Je remarquai alors que tous mes vêtements étaient déchirés de toute part. Que m’était-il arrivé ? Comment étais-je arrivée là ?

Je fus tout à coup saisie d’une angoisse incontrôlable. Je n’avais…plus aucun souvenir. Je ne savais plus qui j’étais ni ce que je faisais dans un endroit pareil !

Non, je devais me calmer, il était inutile de s’affoler, surtout dans mon état, je devais y réfléchir calmement, peut-être n’était-ce que passager…

Je regardai autour de moi, cherchant quelque chose qui aurait pu m’appartenir mais il n’y avait rien d’intéressant à part une écharpe. Je fouillai alors dans mes poches et à ma grande surprise, je trouvais quelque chose : un deck, une carte magnétique et un téléphone, dont j’avais oublié le code évidemment. Mais il y avait également autre chose : un petit bout de papier. Intriguée, je le dépliai et je lus la seule et unique phrase marquée dessus : « Iori ne lira pas ce papier lorsque tu le lui donneras ».

Plutôt énigmatique comme phrase. Cette Iori…était-ce moi ? Certainement, sinon pourquoi aurais-je eu ce truc entre les mains ?

Bon, j’avais mon nom déjà, c’était un bon début. Je continuai à chercher dans mes poches mais il n’y avait rien d’autre, pas de carte d’identité ou d’un quelconque objet qui aurait pu m’en dire plus sur moi-même. Faute de mieux, je regardai le tas de cartes que j’avais entre les mains. Les images me disaient vaguement quelque chose mais je ne savais absolument pas pourquoi je les avais, ni même si elles étaient à moi.

Une carte en particulier attira néanmoins mon attention, une carte nommée fusion parfaite. En la regardant, un sentiment de tristesse remontait en moi mais je ne pouvais pas expliquer pourquoi. Je me sentais simplement étrange, comme si cette carte était liée à de mauvais souvenirs…

Ne pouvant faire un pas, je restai plusieurs heures durant au pied de cet arbre, sans rien faire à part observer le ciel et essayer de me remémorer mon passé, mais rien n’y faisait, j’avais vraiment tout oublié…

Quel jour étions-nous ? De quel mois et de quelle année ? Etrangement, je pouvais dire approximativement que je devais me trouver dans les années 2010, mais sans plus, même si le soleil froid de midi me disait que ça devait être le début ou le milieu de l’hiver, peut-être octobre ou décembre…

Plus tard dans la journée, le ciel se couvrit et une averse se déclencha. Ne pouvant toujours pas faire le moindre geste, je fus trempée jusqu’aux os et je ne pouvais même pas me déplacer pour faire sécher mes vêtements. J’étais condamnée à attraper un bon rhume apparemment…

Le soir tomba et j’étais totalement frigorifiée. Je n’en pouvais plus de rester là, il fallait que je bouge sinon j’allais mourir gelée.

Avec un effort surhumain, je réussis à me remettre sur mes jambes en m’appuyant sur le tronc de l’arbre. Certes, je tremblai et je menaçai à tout moment de m’effondrer mais j’étais debout. Si je pouvais rejoindre une ville, peut-être que quelqu’un sera apte à me renseigner ou que quelqu’un me reconnaitrait même…

Pas à pas, j’avançai dans cette forêt qui me paraissait interminable, même si en réalité je ne devais avoir fait que deux cents ou trois cents mètres. Mes jambes me faisaient souffrir le martyr, c’était à peine si je ne succombais pas à la douleur à chacun de mes pas. Mes vêtements trempés n’arrangeaient rien et m’alourdissaient encore plus, rendant ma progression d’autant plus pénible avec ce froid mordant au contact direct de ma peau.

Finalement, après un temps qui me parut être une éternité, j’aperçus ce qui me semblait être la sortie de cet interminable bois et je m’y précipitai aussi vite que mes jambes me le permettaient. Devant moi, un vaste jardin s’étendait sur plusieurs hectares et au loin, un château se dressait fièrement entre les arbres. C’était ma chance, non seulement pour me reposer un peu mais aussi pour avoir de l’aide.

Galvanisée par cette idée, je me mis presque à courir oubliant ma propre faiblesse. Cette idée me fut fatale et mes jambes cessèrent de me porter, me faisant trébucher et je m’étalai par terre dans la boue.

Génial, j’étais non seulement trempée, transie et en plus allongée par terre, sans mémoire et sans passé. Pourquoi ? Etais-je condamnée à errer sans but jusqu’à la fin de mes jours ? Qu’avais-je donc fait pour me retrouver dans une telle situation. Ou étaient mes parents ? Mes proches ? Mes amis ? S’inquiétaient-ils pour moi ? Savaient-ils au moins que j’avais disparu ? Comptais-je ne serait-ce pour une seule personne ?

Je me remis debout ignorant la douleur et je me remis à marcher vers le château. Mais pourquoi ? Les propriétaires écouteraient-ils une fille ressemblant à une vulgaire mendiante, racontant des absurdités plus grosses que leur propriété ?

Je voulais rentrer chez moi, je voulais retrouver mes proches, je voulais que ma mémoire revienne, je n’en pouvais plus, si je devais mourir, alors que ma mort arrive rapidement et sans souffrance…

J’entendis des pas sur ma gauche. Sans grand espoir, je tournai la tête dans la direction d’où venait le bruit et je vis un homme venant vers moi. Il était grand, blond avec une coiffure assez étrange en pics, devait avoir une trentaine d’années et quelque chose dans ses yeux m’était familier. Son visage était assez long, se terminant cependant par un menton assez carré. Il portait une simple veste noire et un pantalon assorti tandis qu’à son bras, un disque de duel doré scintillait sous les derniers rayons du soleil d’hiver.

Lorsqu’il arriva, il me sourit et me demanda :

-Hello mademoiselle ! Dites-moi, vous ne me semblez pas très en forme, y-a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous aider ? Dit-il avec un large sourire.

Je ne réagis pas à sa demande et je continuai à le fixer d’un regard vide, à tel point qu’il finit par se retourner, se demandant ce que je regardai ainsi. N’en pouvant plus, à bout de force, je laissai la fatigue prendre le dessus sur moi et je m’écroulai.

L’homme, vif comme l’éclair, me rattrapa avant que je ne heurte le sol une seconde fois.

-Oula, vous êtes brulante ; s’exclama l’homme d’une voix inquiète.

Je lui répondis par une simple quinte de toux, n’ayant plus la force de parler davantage. Je sentis alors l’homme me soulever pour me prendre dans ses bras. Je n’avais aucune idée de qui était ce type, j’espérais simplement ne pas être tombée sur le pervers du coin…

Vidée de toutes mes forces, le sommeil finit par gagner et je m’endormis immédiatement dans les bras de l’homme, m’en remettant totalement à cet inconnu.

Lorsque je me réveillai, il faisait nuit. Les étoiles brillaient aux côté d’une lune pleine dans un ciel sans nuage. Au-dessus de ma tête, quelques ombres de branches se balançaient lentement au gré du vent frais qui soufflait sur ma peau. A côté de moi, une puissante source de chaleur réchauffait mon corps épuisé par ma cavalcade mais étrangement, je ne ressentais plus la douleur. Je tentai alors de lever mon bras, mais tout était normal.

Je tournai la tête sur le côté et je vis l’homme assis dans l’herbe au coin d’un grand feu. Il lisait un livre tranquillement et le reflet des flammes passait dans ses yeux, le rendant d’autant plus mystérieux. Puis, lorsqu’il vit que j’étais réveillée, il s’arrêta de lire et me sourit chaleureusement.

-Bien le bonsoir mademoiselle, bien dormi ? Me demanda-t-il avec douceur.

-Je…que m’avez-vous fait ? Lui répondis-je, toujours choquée de ne plus rien ressentir.

-Pas grand-chose à vrai dire, tu n’étais pas si mal en point que ça, j’ai simplement soigné les quelques égratignures que tu avais et le repos a fait le reste. Mais je ne me suis pas encore présenté, je m’appelle Hélios, je suis le roi d’Héliopolis, ou plutôt ex-roi depuis l’année dernière, j’ai été détrôné.

Ce type était réellement roi ? A en juger par son apparence, et en omettant sa coiffure étrange, il ressemblait vraiment à monsieur tout le monde dans son costume classique. Cependant, quelque chose me dérangeait chez lui : son nom…J’avais l’impression de l’avoir déjà entendu, mais où ? Il m’était impossible de m’en rappeler, mais peut-être que lui savait !

-Excusez-moi, mais…est-ce qu’on se connait ? Lui demandai-je soudainement.

Le dénommé Hélios se gratta le menton et leva la tête au ciel en fronçant les sourcils avant de répondre :

-Peut-être bien, ta tête me rappelle vaguement quelqu’un que je connais…mais je dois me tromper je pense. Plus important, quel est ton nom ? Et que faisais-tu ici ?

Son ton s’était légèrement durci, comme s’il était méfiant vis-à-vis de moi. Quoi de plus normal lorsqu’on trouve une fille ressemblant à une sans abri, à bout de force dans son jardin.

-Je m’appelle Iori…Mais c’est tout ce que je sais ; répondis-je en toute honnêteté. Je me suis réveillée ce matin dans votre jardin, mais je n’ai aucun souvenir plus ancien, je ne sais même pas ce que je faisais là…

-C’est n’est pas techniquement mon jardin, mais passons. Je voulais simplement m’assurer que tu n’étais pas une ennemie mais je me trompais apparemment, je m’excuse d’avoir été méfiant.

-Une ennemie ? Sommes-nous en guerre ? Demandai-je immédiatement.

L’homme hésita une seconde avant de déclarer :

-Je ne sais pas vraiment moi-même à vrai dire. On ne peut pas appeler ça une guerre, mais disons que des individus peu recommandables nous menacent régulièrement en ce moment. C’est pour cela que je ne t’ai pas amenée au château, Sherry ne m’aurait pas pardonné si j’avais encore ramené un ennemi ; soupira l’homme, visiblement fatigué.

Il y eut quelques secondes de silence pendant lesquelles seul le crépitement des flammes résonnait dans la nuit. Ce type ne semblait pas mal intentionné, c’était déjà un bon point pour moi. Mais ce sentiment de connaitre ce nom me dérangeait trop pour simplement partir je ne sais où à la recherche de je ne sais quoi.

-Dis-moi…Iori, tu n’as vraiment aucun souvenir de qui tu es vraiment ?

-Non, aucun à part mon nom.

-Je vois, j’ai dû me tromper dans ce cas ; continua-t-il en fronçant les sourcils sans me regarder. Quoiqu’il en soit, que dirais-tu de venir avec moi au château ? Je ne suis pas sûr qu’il reste beaucoup de place maintenant que Saya et son club son là mais on doit pouvoir se serrer un peu.

Lorsqu’il prononça le nom du dénommé Saya, mon cœur fit un bond dans ma poitrine et je me mis à trembler. Pourquoi ? J’avais l’impression de connaitre ce nom, qu’il m’était très proche, que je l’avais entendu des milliers de fois…et pourtant, aucun visage n’apparaissait dans ma tête. C’était tellement frustrant, être si proche mais en même temps si lointaine…

En même temps, un fort sentiment de malaise envers le château s’empara de moi, comme si cette personne, cette Saya, me repoussait, comme si je la connaissais et que je ne devais pas la voir, ou bien… que j’appréhendais vraiment de la voir. Oui, c’était ça, je craignais de rencontrer cette personne du nom de Saya pour une raison qui m’échappait.

-Je…je ne vais pas vous déranger si vous êtes déjà nombreux, je peux passer la nuit ici, je me débrouillerai comme je peux d’ici demain.

-Vraiment ? Ça ne me dérange vraiment pas de virer Darksky de sa chambre pour que tu t’y installes une nuit ; me répondit-il étonné.

-Oui, oui, vraiment, et puis, comme vous l’avez dit, je suis peut-être une ennemie qui sait puisque je n’ai plus aucun souvenir, donc je préfère ne causer d’ennui à personne et rester ici, le temps d’une nuit, j’aviserai ensuite.

Du moins, c’était ce que je prévoyais, mais les choses se passèrent différemment. L’homme me laissa donc mais en me promettant de revenir le lendemain avec un peu de nourriture et je passai donc la nuit dans la forêt avec un manteau troué comme couverture et mon écharpe comme oreiller.

Le lendemain, comme promis, Hélios revint avec un peu de pain et des tartines puis m’expliquer ce qu’il se passait en ce moment : un tournoi inter école de duel de monstre et que son rôle était de supporter l’équipe d’une dénommée Angéla. Encore un nom qui résonnait dans en moi sans aucun aboutissement et se perdant dans les ténèbres de mon esprit embrumé.

Je passai la journée avec des journaux apportés par Hélios racontant les événements récents dans l’espoir que quelque chose me revienne mais c’était inutile, tous les faits mentionnés m’étaient inconnus. Puis, dans la soirée, comme je refusais toujours de venir au château, Hélios m’apporta quelques couvertures et un oreiller et me raconta les exploits du club de duel. A l’entendre, ils étaient invincibles, et en grande partie grâce à lui…

Ce type était certes un peu bizarre sur les bords, mais il respirait une profonde gentillesse ainsi qu’une sincère envie de m’aider à trouver la mémoire, allant jusqu’à appeler la préfecture de police pour demander si une disparition avait été signalée, mais visiblement, personne ne s’inquiétait de mon sort, même si étrangement, cela ne me faisait ni chaud, ni froid, comme si j’y étais habituée…Mais les faits étaient que je m’étais profondément attachée à cet homme aidant une inconnue comme moi. Peut-être était-il réellement roi pour agir de la sorte…

Les choses commencèrent à changer le troisième jour. Hélios, comme les deux soirs précédents, vint me raconter les exploits, mais, alors que je lui demandais s’ils allaient gagner, il se retourna et déclara dans le vide :

-Oh, mais ça Iori, tu n’as qu’à demander à leurs rivaux qui sont justement venu nous rendre visite.

Une fille surgit alors des buissons et se plaça devant Hélios et mon sang se glaça dans mes veines lorsque je son visage.

-Assez de cachotteries Hélios, qui est cette fille ? Je l’ai déjà vue quelque part…S’exclama la fille.

Mon regard croisa le sien et mon cœur s’emballa. Des gouttes de sueur perlèrent de mes joues et je me mis à trembler de tous mes membres. Ces yeux, ce nez, cette bouche, cette coiffure, ce visage…je les reconnaissais…C’étaient ceux de…

Comme un ouragan levant le voile de mes souvenirs troublés, toute la mémoire me revint d’un seul coup : ma mère, mon père, Hélio, Présidente Hikari, Tante Nagisa, Serena, Tante Maire, Angéla, Drago, Shadow, le voyage dans le temps, Armageddon…Je me souvenais de tout ! Je fis un pas en arrière, affolée de voir ma mère, en vie, devant mes yeux ébahis. J’avais beau savoir qu’à cette époque, elle était encore vivante, mais je ne m’étais pas préparée à la rencontrer aussi tôt…

-Non, ce n’est…pas possible…Murmurai-je.

Une autre personne sortit des buissons et cette fois-ci, mon cœur s’arrêta pour de bon lorsque je reconnus mon père, au même âge que moi, en pleine forme, en totale opposition avec la personne qu’il était devenu à mon époque.

-Iori, je te présente…Commença Hélios.

-Papa…Maman…Chuchotai-je dans un dernier souffle, prête à fondre en larmes avant de perdre une nouvelle fois connaissance.


Lorsque je revins à moi, je me trouvais sur quelque chose de moelleux et chaud, un canapé sûrement. Autour de moi, j’entendais des voix, celle d’Hélios évidemment, ainsi que celle de mon père, plus jeune, et celle de la présidente Hikari à mon grand étonnement. Cependant, je n’osais pas ouvrir les yeux, j’avais peur de faire face à mon père, plus jeune de vingt-six ans, en pleine santé…En même temps, j’étais soulagée de ne pas entendre la voix de ma mère dans la discussion, je n’aurais certainement pas supporté de la voir en sachant ce qui allait lui arriver dans le futur…

Je finis néanmoins par montrer que j’étais consciente, histoire de ne pas les affoler. La pièce dans laquelle je me trouvais était incroyablement luxueuse. Un feu dans une imposante cheminée brulait et réchauffait toute la pièce de ses flammes bleues tandis qu’au plafond, un superbe lustre en cristal illuminait ce qui semblait être le salon à en juger par la décoration : des chaises sculptées, une grande table sur laquelle étaient posées des fleurs multicolores et à côté de moi, de nombreux tableaux, et il y avait également un petit plateau sur lequel eau et nourriture se trouvaient.

Lorsqu’ils virent que j’étais réveillée, Hélios, la présidente Hikari et mon père cessèrent leur conversation et se focalisèrent sur moi :

-Comment te sens-tu Iori ? Me demanda doucement Hélios.

-Je crois…Je crois que j’ai retrouvé la mémoire…Répondis-je sans oser croiser son regard.

-Mais c’est formidable ! Alors, tu vas pouvoir rentrer chez toi maintenant ?

Je grimaçai intérieurement. Dans cette époque, je n’avais pas de chez moi, j’étais simplement une fille sans parent ni maison, une totale inconnue aux yeux de tous.

-Je n’ai…plus de chez moi ; déclarai-je en toute honnêteté.

Ma déclaration fut suivie d’un grand silence de malaise durant lequel j’en profitai pour enfin observer mon père. Il était presque tel que dans mes souvenirs d’enfance, simplement un peu plus petit et de carrure moins imposante. Il remarqua rapidement mon attitude étrange et me demanda :

-Dis-moi, on se connait non ?

-ça m’étonnerait, je ne suis pas d’ici.

-Je vois…mais pourquoi nous as-tu appelés papa et maman tout à l’heure, est-ce que nous leur ressemblons ?

-Evidemment, qu’est-ce que tu veux qu’elle te réponde ? Que tu es réellement son père et que tu es marié à Saya ? railla la présidente Hikari, sarcastique comme à son habitude.

-Je ne t’ai pas demandé ton avis toi, je lui ai posé la question à elle, pas à toi.

-Oui, cette Saya est le portrait craché de ma mère et toi tu ressembles à mon père d’autrefois…mais vous êtes bien différents en fait ; répondis-je en souriant tristement et en repensant à mon père d’autrefois, si proche de cette personne en face de moi, mais si lointaine de celle que je connaissais actuellement.

Après avoir réprimé une larme naissant dans mon œil en repensant à tout cela, je continuai :

-Ma mère est morte lorsque j’étais plus jeune et mon père ne s’en est jamais remis…Il m’a même confiée à ma tante puis à une amie lorsque celle-ci ne pouvait plus.

-Je comprends, ça n’a pas dû être facile pour toi de te débrouiller seule toute ta vie, mais ton père devait avoir ses raisons, peut-être voulait-il te protéger ou il pensait que tu serais mieux avec ta tante qui sait ; me dit la présidente Hikari avec la douceur de celle qui m’avait élevée avant de commencer sa carrière politique.

Je ris légèrement en revoyant la personne grincheuse qu’elle était devenue.

-Ma tante me disait exactement la même chose que vous, présidente Hikari.

Oups, c’était le mot de trop. Miyako n’était encore qu’une lycéenne à cette époque, la présidente Hikari n’existait pas encore en dehors du club de duel.

-Présidente Hikari ? Répéta-t-elle surprise.

-Euh…Miyako je voulais dire ; repris-je immédiatement, paniquée à l’idée qu’ils aient des soupçons.

Il allait vraiment falloir que je sois plus prudente dans ce monde, je connaissais certes les personnes qui m’entouraient, mais elles, ne me connaissaient pas, je ne pouvais pas agir comme je le faisais toujours avec elles mais prendre un peu de distance…

Je me souvins alors d’une chose : Laura, elle devait être ici, dans ce château. Si je voulais la sauver, je devais rester auprès d’elle le plus souvent possible pour éviter le pire…

-J’ai une faveur à vous demander cependant ; déclarai-je soudainement. Est-ce que je pourrais rester ici quelques temps avec vous ? J’ai certaines choses à faire, mais je ne peux pas rentrer chez moi donc…

-Je pense que…

-C’est d’accord, tu peux rester ici ! S’exclama Hélios en coupant la parole à mon père. De toute façon, j’allais te le proposer tout à l’heure, parce que j’imagine bien que camper ça ne doit pas être très agréable !

-Et voilà qu’il prend les décisions à la place de la propriétaire du château, j’aurais tout vu moi ; lança la future personne la plus importante du pays.

Tout le monde remonta ensuite dans sa chambre excepté Hélios qui appela la fameuse propriétaire du château, Sherry Leblanc, qui arriva de très mauvais poil en pestant contre le soi-disant roi, mais finit par se calmer et se radoucit lorsqu’elle se présenta à moi avant de m’accompagner à l’étage où il restait une chambre de vide…mais vraiment vide, il n’y avait qu’un lit et rien d’autre dans cette pièce, mais je n’avais pas d’autre choix que de m’en contenter. Puis, après une bonne vingtaine de minutes, je me retrouvai à nouveau seule et la première chose que je fis fut de m’affaler sur le lit et regarder au plafond.

Bon, j’avais retrouvé la mémoire, c’était une bonne chose, mais pour ce qui était de la suite des événements, je n’avais aucune idée de comment procéder, d’autant plus que je ne savais pas quel jour exactement Laura devait mourir. J’allais devoir l’avoir constamment à l’œil…Et puis, ce n’était pas tout, il y avait ma mère aussi. Je ne connaissais pas exactement la cause de sa mort – tout le monde mettait ça sur le dos d’une maladie mais je n’y croyais pas – mais je sentais que je pouvais également l’empêcher si je me débrouillais, ce qui sauverait également mon père.

Enfin, ce n’était que de la théorie, en pratique, tout risquait d’être bien plus difficile. Et puis, il y avait cet Armageddon. Il se disait protecteur du destin, cela voulait-il dire que, s’il se rendait compte que j’étais encore en vie, il se mettrait à ma poursuite ? Ou bien s’opposerait-il à moi à chacune de mes tentatives ?

Si seulement je pouvais avoir des alliés dans cette époque, il me serait peut-être plus facile d’accomplir mes objectifs…

Je me levai et j’allai sur le balcon pour avoir un peu d’air frais…un peu trop frais même…et je me mis à regarder les étoiles. Le ciel était exactement le même qu’à mon époque, les mêmes étoiles brillaient, de même que la lune, fidèle à elle-même en tout temps. Hélio contemplait-il le même ciel que moi en ce moment ?

Je ris légèrement. Quelle question stupide. Cependant, une autre question bien plus sérieuse me vint à l’esprit : que s’était-il passé après mon départ ? Allaient-ils tous bien ? Les avais-je condamnés en les obligeant à affronter Armageddon ?

Je sortis cette pensée de ma tête. Non, rien de tout cela n’était encore arrivé. En changeant le futur, jamais Armageddon n’attaquera le labo, je ne reviendrai jamais dans le passé, je n’existerai peut-être même jamais…

Soudain, à côté de moi, j’entendis une fenêtre s’ouvrir et, par réflexe, je me cachais derrière un rideau de ma chambre et je vis une jeune fille sortir de la chambre voisine. Elle était plutôt grande, presque autant que mon père, avait de longs cheveux châtains volant gracieusement derrière elle et elle portait l’uniforme de mon école dans le futur. Je ne distinguais pas son visage mais je sus immédiatement qui j’avais en face de moi : Laura Garden.

Je ne sais pas pourquoi, mais je me figeai en la voyant, non pas que j’avais peur comme avec ma mère, mais elle dégageait quelque chose de spécial, comme une aura visible à des kilomètres, que personne d’autre ne possédait.

La meilleure amie de mon père ne faisait pas un geste et contemplait simplement le paysage noir qui s’étendait devant nous puis, lorsqu’elle décida de rentrer, je pus voir ses yeux, verts comme l’émeraude, reflétant une grande tristesse, mais également…de l’espoir ?

Oui, il y avait dans ses yeux ce que mon père avait perdu depuis longtemps, ce qu’il lui manquait pour avancer, l’espoir d’un lendemain meilleur, un espoir que je pouvais ressentir.

C’était donc ça, ce que Laura avait de plus que moi, et c’était également pour cela que j’échouais depuis tout ce temps. Je m’étais focalisée uniquement sur la reconstruction d’un passé éteint, et non sur un avenir meilleur…

J’étais vraiment stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt…mais le passé était le passé, il était trop tard pour avoir des remords, je devais moi aussi aller de l’avant et faire tout mon possible pour la sauver. C’est avec cette pensée en tête que je m’endormis, plus déterminée que jamais.

Le lendemain, Hélios me présenta à tout le monde. C’était vraiment une sensation étrange de connaitre tout le monde sans les reconnaitre pour autant. Mais le plus étrange était ma mère. Je l’avais toujours connue joyeuse, souriante et pleine d’énergie, mais ce jour-là, elle semblait vraiment ailleurs et perdue dans ses pensées, si bien qu’elle fit à peine attention à moi, ce qui ne me dérangeait pas vraiment, je redoutai de devoir lui parler en vérité…

Etrangement, la personne la plus amicale envers moi fut Laura qui semblait vraiment s’inquiéter pour moi. Au moins, ça allait me faciliter les choses si nous étions proches l’une de l’autre. Mais l’attitude de ma mère m’intriguait vraiment, quelque chose ne tournait pas rond…

Le reste de la journée passa rapidement comme le club de duel avait encore un match à faire en demi-finale qu’il gagna haut la main, de même que l’équipe d’Angéla qui remporta la victoire de justesse. Cependant, pendant que je regardai les matchs, une chose m’interpela : Tante Nagisa n’était pas parmi les membres, alors que j’avais entendu qu’elle en était la présidente, mais je n’osai pas demander, de peur de paraitre suspecte.

Le soir tomba, tout le monde rentra et se félicita de la victoire, excepté ma mère qui restait dans son coin, à tel point que mon père finit par lui demander ce qui lui arrivait mais elle répondit par un simple « rien du tout » avant de se lever et de partir dans sa chambre.

Je n’étais pas la seule à être choquée, tout le club de duel semblait aussi surpris que moi, mais le plus affecté était sans nul doute mon père. Il fallait que je sache ce qu’il se passait.

C’est dans cet objectif que, le lendemain, je me faufilai dans les loges avant le début des matchs de la finale contre le club d’Angéla et ce que je vis me sidéra : mon père et ma mère se disputant.

-Alors Saya, tu n’as pas quelque chose à me dire ? Demanda mon père en fronçant les sourcils.

Ma mère baissa le regard, visiblement honteuse de quelque chose.

-Saya ! Répéta-t-il plus durement.

-Je…Je ne peux rien te dire Darksky, je suis désolée…Lui répondit-elle d’une voix éteinte et pleine de remords.

-Nous n’avons pas le temps pour ça Saya ! Ton pouvoir, cette Iori, la citadelle originelle, ne me dis pas que tu ne sais rien du tout sur les démons !

J’…J’étais la source de tous ces problèmes ? Non, c’était impossible, je ne pouvais pas…j’avais simplement fait une erreur…cela ne pouvait pas avoir de telles conséquences…Ce n’était pas ce que je voulais…Ce n’était pas prévu !

-Darksky, les démons sont proches, ces jours de paix sont sur le point de prendre fin…

-Comment peux-tu affirmer une telle chose ? Si tu sais quelque chose, je t’en supplie, dis-le-nous !

-Si Laura est la clé permettant à Gariatron de revenir sur terre, je suis celle qui fera renaitre Luminion dans ce monde !

-Lu…Luminion tu dis ? Le démon originel de l’éclat ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce que cela signifie pour le monde et pour toi Saya ?

-Je suis désolée…mais nos routes se séparent ici, je dois préparer le retour du roi de la lumière. C’est un adieu Darksky, n’essaie pas de me retrouver…

Ma mère s’enfuit en courant dans le couloir, laissant mon père sur place, totalement déboussolé.

Non, ce n’était pas ce que je voulais, ils ne devaient pas se fâcher…Je devais absolument faire revenir ma mère coute que coute et c’est pourquoi, je m’élançai à sa poursuite, oubliant totalement ma mission de protéger Laura.


Je réussis à rattraper ma mère alors que celle-ci sortait du stade et s’était arrêtée quelques instants et regardait derrière elle tristement. Lorsqu’elle me vit, elle eut l’air surprise, mais sans plus et attendit visiblement que je m’explique.

-Iori, c’est ça ? Pourquoi m’as-tu suivie ?

-Ma…Je veux dire Saya, qu’est-ce que tu es en train de faire ?

-Je fais ce que j’aurais dû faire il y a trop longtemps déjà, j’ai perdu assez de temps et les démons sont proches. Je dois faire revenir Luminion à la vie avant qu’il ne soit trop tard.

-Ce n’est pas ce que je voulais dire ! Ce garçon, Darksky, il est ton ami, non ? Alors pourquoi le laisses-tu ainsi ?

-Pour le protéger, quelle question ? Darksky est fort, mais si je l’amène avec moi, alors il voudra me protéger, alors que c’est inutile ; déclara ma mère en serrant le poing.

-Non, c’est loin d’être inutile ! Je suis sûre qu’il est assez fort pour s’en sortir ! Quelle que soit l’épreuve à surmonter, si tu es à ses côtés, je sais qu’il pourrait vaincre…Armageddon ! Alors s’il te plait…

-Tu ne comprends donc rien ! M’interrompit-elle.

Je me tus devant sa réaction. Ma mère…Pleurait…Oui, des larmes s’étaient formées sous ses yeux et dégoulinaient le long de ses joues. Je n’avais jamais vu ma mère pleurer, même dans ses derniers instants, elle continuait à sourire, et ce fut donc pour moi un véritable choc.

-Je le sais qu’il pourrait vaincre Armageddon s’il s’agissait de moi ou de Laura…mais il ne peut rien faire pour moi dans la situation actuelle, personne ne peut rien, parce que…parce que je suis condamnée ! S’écria-t-elle en pleurant à chaudes larmes.

J’écarquillai les yeux de surprise et je fis un pas en arrière. Je…Je ne savais pas quoi répondre. Je savais que ma mère allait disparaitre, mais apprendre qu’elle le savait elle aussi et que pourtant, elle continuait à vivre avec le sourire…je n’avais pas les mots. J’étais partagée entre pitié et admiration. Pitié pour ma mère qui devait redouter son dernier jour à chaque instant de sa vie, et admiration pour la force et le courage qu’elle avait pour continuer à vivre malgré tout.

-Conda…Condamnée ? Répétai-je, abasourdie.

-Oui, condamnée, mes jours dans ce monde…sont comptés désormais ; me répondit-elle en essayant de sourire par-dessus ses larmes. C’est pourquoi, je ne veux pas que Darksky risque sa peau pour moi, ma vie n’a plus aucun prix puisque je dois disparaitre…Cependant, je ne peux pas lui avouer, ça lui ferait trop de peine…

Ma mère releva la tête et me regarda dans les yeux et dans les siens, je pouvais lire toute la détresse du monde. Il m’était insupportable de soutenir son regard, mais j’étais figée, incapable de faire un geste ou de dire quoique ce soit.

-En vérité, mes jours auraient dû prendre fin il y a un moment déjà…mais il me restait un vœu qui me tenait à cœur, une promesse que je devais réaliser, alors Luminion m’a accordé un peu plus de temps…Temps qui va bientôt arriver à son terme.

-Mais…mais…Luminion…Ne peut-il pas…

Ma mère secoua la tête en guide de négation.

-Le pouvoir de Luminion est grand, mais pas infini. Je ne veux pas faire de peine à Darksky et aux autres, alors je préfère m’éclipser maintenant et disparaitre de leur vie. Ils seront tristes certes, mais moins qu’en apprenant ma disparition ; continua-t-elle toujours avec ce sourire sans joie.

-Non, tu ne dois pas partir, tu dois rester avec eux, jusqu’à la fin, tu dois épauler Darksky, il ne pourra pas vivre sans toi !

-Je suis sûre qu’il pourra très bien se passer de moi, après tout, Laura sera toujours là pour lui…

Je me mordis la lèvre pour m’empêcher de parler. Devais-je la prévenir de ce qui allait se passer au risque de griller ma couverture ? J’avais plus ou moins la situation en main jusque-là, créer un tel paradoxe temporel n’entrainerait-il pas des conséquences irrévocables ? Je ne savais vraiment pas quoi faire…

-Iori ; reprit ma mère en me tirant de mes pensées. Je ne sais pas pourquoi je t’ai raconté tout cela…mais s’il te plait, garde le pour toi. Je ne veux pas que tout le monde soit triste par ma faute. S’ils pouvaient simplement me cracher dessus pour traitrise, cela m’irait très bien…

-Non tu as tort ! M’écriai-je si fort que ma mère s’arrêta de parler et me dévisagea, surprise.

Même si…même si ma mission était de sauver Laura…Ce n’était pas une raison pour laisser passer une telle chose ! Je devais sauver ma mère, peu importe les moyens, je n’allais pas la laisser s’échapper sans rien faire, mon père ne me le pardonnerait jamais !

-Nous…nous sommes tous voués à disparaitre un jour, mais si un de mes amis mourrait demain, je préférerais le pleurer plutôt que de le détester sinon, tous les souvenirs heureux que j’ai de lui disparaitraient en même temps ! Tant que notre mémoire vit, nous vivons aussi !

-Mais…je ne peux pas…je suis revenue pour mon simple bonheur et je leur reprendrais le leur en mourant ? Je ne peux tout simplement pas accepter cela…

-Tu ne reprendras rien du tout ! Ce que vous avez accompli tous ensembles, les moments de joies et de peines que vous avez traversés, les épreuves que vous avez surmontées, tout cela, souhaites-tu vraiment que tout le monde oublie ? Souhaites-tu disparaitre de la mémoire de tout le monde !

A ces mots, ma mère fondit en larme et s’écroula sur le sol puis se prit la tête dans les mains.

-Je ne veux pas…disparaitre…Je voudrais rester avec tout le monde…rire, pleurer, m’énerver et vivre avec eux…Mais…Je n’ai pas le choix ! Pourquoi dois-je partir avant tout le monde ? C’est tellement injuste ! Tout ce que je voulais…c’était revoir Darksky une seule fois, était-ce trop demandé ?

Je compris alors à quel point ma mère était désespérée, non pas à cause de son propre sort, mais à cause de ce qu’elle allait laisser derrière elle et je savais très bien ce que cela allait engendrer. Je ne pouvais définitivement pas laisser passer ça…

-Maman, je vais changer ce destin, je t’en fais le serment, je te sauverai, toi et Laura ; murmurai-je en serrant les dents.

-Tu as dit…quelque chose, Iori ?

-Oui, si tu es vraiment l’émissaire de Luminion, prouve-le-moi et refuse cette mort qui s’offre à toi, montre-moi que tu peux défier Armageddon !

-Défier…Armageddon ? Répéta-t-elle, interdite.

-Pour ma part, j’ai moi aussi des gens auxquels je tiens et que je dois sauver, et je n’abandonnerai pas tant que je n’aurais pas atteint mon objectif !

Après tout, Shadow me l’avait dit : je suis Yuiko Iori, fille de Luminion et Nout, capable de combattre à armes égales avec Armageddon.

Sans dire un mot de plus, je retournai vers le stade, laissant ma mère au milieu de la route, bien déterminée à les sauver, elle, Laura et mon père et j’espérais sincèrement que j’avais réussi à convaincre ma mère.

Cependant, au même moment, je sentis la terre trembler sous mes pieds et j’entendis un coup de tonnerre particulièrement puissant secouer le stade tout entier.

-Les démons…

Ils étaient là, ceux pour qui j’étais revenue dans le passé, les démons originels, la plus grande menace que l’humanité n’ait jamais connue. Je me mis à hésiter. Etais-je vraiment assez forte ? Non, je ne devais pas penser à cela. Laura risquait sa vie à chaque instant désormais, je devais me concentrer là-dessus et une fois cette affaire réglée, je passerais à ma mère !

Je me mis à courir dans les couloirs du stade, croisant des milliers de spectateurs affolés tentant de s’enfuir. Ma progression était difficile et à chaque instant, je redoutais d’arriver trop tard.

Après dix minutes de galère, je finis par réussir à sortir dehors et ce que je vis me laissa sans voix. Au-dessus de moi planait une gigantesque citadelle de pierre noire tandis qu’à mes pieds, des dizaines d’hommes et de monstres étaient en train de se battre. Je fus légèrement soulagée lorsque je vis Laura et Trishula se battre contre un affreux monstre blanc à queue de serpent mais mon cœur s’emballa néanmoins en voyant mon père à terre, à la merci d’un oiseau de feu.

Furtivement, je regardai à l’extérieur du stade mais ma mère avait disparu. Tant pis, une chose à la fois. Je mis à mon bras mon disque de duel et j’invoquais la première carte me venant.

-Baxia, Arrête ces flammes, Cosmic Light !

L’impact me permit de voir l’adversaire de mon père qui n’était autre que…tante Nagisa ? Qu’est-ce que…Non, définitivement, je n’avais pas le temps, cette histoire allait bien se régler d’elle-même. Je sautai donc des gradins pour atterrir juste devant mon père, visiblement étonné de me voir ici.

-Ce n’était pas censé se passer ainsi ; grommelai-je. Je vais avoir beaucoup à faire…

-Iori…Comment cela se fait-il que tu aies le deck de Saya ? Me demanda Miyako interdite.

-Vous vous soucierez des détails plus tard présidente Hikari…euh, je veux dire Miyako. Pour le moment, j’active la capacité spéciale de Baxia qui va nous débarrasser définitivement de ce phénix immortel ! Aller mon dragon, renvoie-le d’où il vient !

Le monstre de feu disparut instantanément puis s’ensuivit un bref échange entre mon père, la présidente Hikari et Tante Nagisa auquel je ne compris pas grand-chose à part que, dans ce monde, Tante Nagisa était une ennemie, prête à tout pour…quelque chose, l’exacte opposée de celle que je connaissais. Je ne savais pas trop quoi dire, mais je pensais qu’il fallait réconforter mon père après ce second choc.

-Pap…je veux dire Darksky, même si tout s’effondre autour de toi, tu ne dois pas baisser les bras. Si le soleil ne peut réchauffer le cœur gelé d’une personne, alors peut-être que la chaleur d’un proche pourra le faire…Déclarai-je en lui lançant un regard compatissant.

-Merci d’essayer de me réconforter Iori, mais je n’en ai pas besoin.

-Ah oui, vraiment ?

-Saya et Nagisa nous ont quittés, c’est un fait, mais nous sommes toujours là, quoiqu’il arrive, rien ne pourra effacer le passé donc il ne me reste qu’à me tourner vers l’avenir et espérer qu’il sera meilleur.

-Effacer le passé…effacer les larmes de papa…Répétai-je en repensant à mes propres actes.

-Pardon ?

-Non, rien, oublie ce que je viens de dire, je pensais à…un film que j’ai vu récemment ! Me corrigeai-je rapidement. Oui, un magnifique film ! Mais ce n’est pas le moment de parler de ça, aidons plutôt Laura et les autres à passer !

-Je me charge des sbires, vous, allez aider Angéla et Laura ! Ordonna la présidente Hikari.

Je souris une nouvelle fois à mon père avant de me plonger dans la bataille. Si seulement il savait que vingt-six ans après, il ne serait plus en mesure de tenir le même discours…Mais c’était bien pour cela que j’étais revenue, afin qu’il puisse avoir à nouveau espoir en l’avenir

C’est alors que je le vis, l’homme m’ayant aidé dans ma quête : Shadow, le père de Laura, en pleine bataille avec quatre personnes et à ses côtés se tenait un grand dragon sombre et une illumination me vint : c’était lui dont j’avais besoin, l’allié que je recherchais dans cette époque, la seule personne prête à tout dans le futur pour sauver sa fille : Shadow.

Malheureusement pour moi, il était encore dominé par sa rage de domination du monde, mais une petite lueur d’espoir surgit lorsque je le vis refuser de combattre sa fille. Oui, définitivement, je devais m’appuyer sur lui si je voulais avoir une chance de sauver Laura.

Lorsque le criminel invoqua son monstre, Darkness Shadow, je compris à quel point il avait pu semer la terreur dans le passé. Cette créature venait d’exploser littéralement les défenses de la forteresse de pierre et tout le monde était subjugué par sa puissance. Mais moi, je n’avais pas peur, je savais de quoi ce dragon était capable, et je savais que Shadow me craignait autant qu’il me respectait dans le futur. Shadow du d’ailleurs remarquer mon sang froid car son regard croisa le mien et il fronça les sourcils.

-Shadow, je connais votre souhait le plus cher et c’est pourquoi, vous allez m’aider, que vous le vouliez ou non ; murmurai-je dans le vent.

Le criminel braqua son regard sur mon père et ses amis avant de déclarer froidement :

-Comprenez-vous maintenant quelle puissance je détiens ? Une puissance au-delà de celle des dieux, au-delà de celle des démons, au-delà de celle de la fusion parfaite, au-delà même de celle d’Armageddon…Je suis inarrêtable !

-N’en sois pas si sûr Shadow…Ou devrais-je dire, Gariatron, démon originel des ténèbres.

Mon cœur s’emballa et une larme me vint au coin de l’œil lorsque je vis ma mère, le disque de duel à la main, le regard déterminé, un gigantesque monstre doré à ses côtés…Mais une minute…ce monstre…c’était lui, celui m’ayant sauvé d’Armageddon dans les couloirs du temps !

-To…Toi ? Hurla Shadow… fou de rage.

-Mes amis ; dit Hélios en souriant, je vous présente le plus grand ennemi de Gariatron, Luminion, démon originel de l’éclat en personne.

Luminion…alors c’était le démon originel de l’éclat qui m’avait sauvée et qui me protégeait depuis tout ce temps…Shadow disait vrai…

-Gariatron, si tu veux détruire l’humanité, tu devras passer sur le corps de Luminion ! S’écria ma mère en brandissant son disque de duel.

-C’est…impossible…être parvenu à ressusciter Luminion avant Gariatron…Murmura criminel, suant à grosses gouttes.

Ce dernier donna un ordre à son dragon et disparut en même temps que les sbires des démons, ne laissant que nous au milieu d’un stade dévasté.

Mon père se jeta immédiatement dans les bras de ma mère pour la serrer contre lui et je souris malgré moi. Malgré les révélations de ma mère, j’étais vraiment heureuse d’avoir pu la ramener. Apparemment, elle avait suivi mes conseils car elle ne laissait apparaitre nullement la tristesse qu’elle m’avait montrée. Elle était redevenue la personne souriante et heureuse que j’avais toujours connue.

En sortant du stade, je me tins légèrement à l’écart des autres. Ils étaient tous très heureux d’être sortis indemnes de cette épreuve, mais, en voyant mon père et Laura, je ne pus m’empêcher de ressentir une certaine tristesse. Ils étaient si proches l’un de l’autres, Tante Nagisa ne mentait pas. Je compris alors toute l’étendue de ma mission. L’échec n’était décidément pas une option. Il ne s’agissait plus seulement de mon père, mais de moi aussi à présent : si j’échouais, jamais je ne m’en relèverais.

Ma mère me tira de mes pensées en venant me parler :

-Iori, je dois te remercier, tu avais raison sur toute la ligne.

-De…de rien…Mais je n’ai rien dit de spécial ; répondis-je, gênée.

-Au contraire, je voulais fuir, et tu m’as rappelé à quel point je tenais à cette vie avec Darksky et les autres. Sans toi, j’aurais tout abandonné et je me serais certainement haie jusqu’à la fin de mes jours.

-Non vraiment, je…

-A présent, je vais faire tout mon possible pour rendre tout le monde heureux, jusqu’à mon dernier souffle, je promets de rester fidèle à moi-même. Après tout, c’est le moins que je puisse faire pour les remercier ; déclara ma mère avec un large sourire, ce même sourire qu’elle avait toujours arboré.



Iori : Refuser le destin



Spoiler :


Après le retour de ma mère, les jours passèrent rapidement. Entre l’angoisse de tout le monde sur une potentielle attaque des démons et ma propre peur au sujet de Laura qui pouvait mourir à tout moment, je n’avais pas une seule seconde à m’accorder. Etrangement, j’aimais cette atmosphère, non pas avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais être avec le club de duel, partager mes journées avec eux, et ne plus être traitée comme une enfant mais comme un membre à part entière de leur club, connaitre ce que mes parents avaient connu.

Miyako, malgré ses airs froids et rébarbatifs, cachait la grande gentillesse dont elle avait fait preuve avec moi, mais j’aimais bien cette facette de sa personnalité également. Angéla et Drago étaient fidèles à eux-mêmes, cela me permettait d’avoir un petit pied à terre lorsque les choses devenaient trop étranges pour moi. Laura, elle, semblait bien plus s’inquiéter pour moi que je ne m’inquiétais pour elle, ne faisant que renforcer mes convictions de la sauver coute que coute. Ma mère détendait l’ambiance comme elle me l’avait promis, avec son éternel sourire et mon père était forcé de suivre le rythme. Tout cela ressemblait à peu de choses près à mon ancienne vie en y regardant de plus près.

Les choses commencèrent à changer le jour où on nous apporta une étrange pierre et en la voyant, mon cœur s’emballa. J’y étais, je sentais que ma véritable mission allait commencer. L’erreur n’était pas permise.

Hélios nous sépara en plusieurs groupes mais je préférai partir de mon côté. Je m’arrangeai donc pour régler cette histoire rapidement en envoyant valser les quelques généraux qui se frottaient à moi avant de me trouver une place avec une fontaine en son centre. Je m’assis sur le rebord et je me mis à réfléchir à mes plans à partir de là.

Jusque-là, j’avais réussi à faire un quasi sans faute. Mais ma seule erreur m’avait permis de réaliser une chose : j’avais le pouvoir de modifier le passé. Si j’avais laissé ma mère partir, les événements auraient sans doute pris une tournure radicalement différente. Malheureusement, je n’avais pas une totale maitrise de ce que je modifiais, je devais donc être très prudente.

Cependant, j’avais une petite idée de comment m’y prendre pour éviter un changement trop radical. Dans le futur, Shadow ne désirait que revoir sa fille, donc, en suivant ce raisonnement, en annonçant sa mort dans ce présent, il ferait tout pour la sauver. Seulement, il fallait le convaincre que je venais bien du futur, et c’était la partie la plus difficile du plan, après celle où je devais prendre contact avec lui.

Parce que, c’était bien beau de réfléchir à en faire mon allié, mais si je ne pouvais même pas l’approcher de plus de cent mètres, c’était inutile. J’avais hésité de nombreuses fois à en parler à Hélios mais je n’arrivais pas à me retrouver seule avec lui plus de cinq minutes, si bien que j’avais fini par abandonner. Peut-être avais-je baissé les bras trop vite, après tout, son absence du futur m’aurait permis de me confier à quelqu’un sans modifier radicalement les souvenirs de tous.

Soudain, alors que j’étais perdue dans mes pensées, un vent glacial me traversa. Mais ce n’était pas un simple vent de décembre, non, il apportait avec lui le malheur et le désespoir. Je me mis à regarder de tous les côtés, anxieuse et je fis un bond de trois mètres en arrière.

Dans l’eau de la fontaine, juste derrière moi, deux yeux rouges comme le sang luisaient. Je les reconnaissais, c’était les mêmes que lors de mon attaque dans les couloirs du temps, les yeux d’Armageddon…

-Yuiko Iori ; déclara une voix grave résonnant dans l’air, je t’ai enfin retrouvée.

-Ar…Armageddon…Bégayai-je, tremblante.

La paire d’yeux sanglants s’éleva lentement dans les airs, suivi d’un corps fantomatique mais duquel je pouvais facilement distinguer les deux bras, les deux jambes, une paire d’aile et une longue queue trainant derrière l’ombre, à la manière d’un dragon. Dans ses mains, la créature tenait une sorte de lance pointue aux deux extrémités.

-Ceux qui souhaitent modifier l’histoire…Doivent être supprimés de l’histoire ; déclara la créature en s’avançant vers moi.

Je continuai à reculer, effrayée. Non, je ne devais pas avoir peur, Shadow m’avait dit que je pouvais me battre à armes égales avec Armageddon…alors pourquoi tremblais-je comme une feuille ?

-Il est temps de disparaitre, Yuiko Iori…

-Vous…Vous allez me renvoyer à mon époque, c’est ça ? Bafouillai-je.

-Ceux qui souhaitent modifier l’histoire doivent être supprimés de l’histoire.

Mon pouls s’accéléra dangereusement. Non, Armageddon n’avait aucune intention de me renvoyer gentiment chez moi…

Je sursautai en me cognant contre une surface dure derrière moi avant de me rendre compte que j’étais dos au mur tandis que l’ombre se rapprochait toujours plus de moi. Non, je ne pouvais pas fuir, je devais empêcher la mort de Laura et celle de ma mère, je devais effacer les larmes de mon père, je devais changer le futur !

-A nous deux Armageddon, moi, Yuiko Iori, fille de Nout et de Luminion, je vous attends, venez !

L’ombre leva sa lance et la pointa dans ma direction. Je ne voulais pas mourir, je ne devais pas mourir, pour Hélio qui m’avait soutenu tout ce temps, pour Shadow qui avait mis ses espoirs en moi, pour mon père que j’ai brisé en disparaissant, pour ma tante Marie qui me faisait confiance, pour Laura qui était devenue une de mes meilleures amies, pour ma mère qui m’avait promis de vivre jusqu’au bout, pour eux, je ne pouvais pas échouer !

-Adieu, Yuiko Iori, Destiny Spear !

-Fusion Parfaite Activée ! Combattons le destin ensemble, maman…Illumine les cieux, Chaofeng, perfection du yang Zing !

Alors que la lance était presque parvenue jusqu’à moi, elle fut stoppée dans son élan par un grand dragon mauve qui venait de faire son apparition entre moi et Armageddon. La créature ne s’attendait visiblement pas à ça et je fus comme soulagée d’un grand poids. Heureusement, il n’était pas omniscient, du moins pas me concernant, j’avais encore toutes les chances de mon côté.

-Toute résistance est futile.

-C’est ce que nous verrons Armageddon, en attendant, je vous invite à gouter à l’attaque de Chaofeng !

Mon dragon se jeta sur l’ombre et la heurta comme si elle était matérielle. Cette dernière s’écrasa contre un mur en face en créant un énorme cratère. Mais il était trop tôt pour crier victoire.

-Peut-être t’ai-je sous-estimée, humaine…Mais je ne laisserai pas passer cela. L’histoire ne doit pas être modifiée !

Armageddon se releva et son ombre commença à prendre des formes distinctes. Je pus voir une main griffue, puis un bras entièrement recouvert d’une armure noire comme la nuit.

Cependant, je ne vis rien de plus car une explosion de lumière m’aveugla quelques instants et l’ombre fut comme annihilée en un seul instant et le bras matériel tomba à terre avant de se disparaitre à son tour.

Je levai la tête vers mon sauveur qui n’était autre qu’Hélios, chevauchant un grand dragon à l’armure d’argent et aux ailes d’or. Ce dernier sauta et vint se placer devant moi, l’air inquiet.

-Iori, tout va bien ? Me demanda-t-il immédiatement.

-Oui, ne vous inquiétez pas, j’ai pu repousser les attaques d’Armageddon.

Le soi-disant roi se figea lorsque je prononçai ce nom et je grimaçai. J’en avais trop dit peut-être…

-Enfin, je ne suis pas sûre qu’il s’agissait bien d’Armageddon, juste une supposition ; continuai-je, paniquée à l’idée qu’il ait pu me percer à jour.

-Certainement, personne ne peut tenir tête à Armageddon…actuellement du moins…déclara-t-il en me dévisageant.

Impossible…Comment avait-il pu deviner à partir de si peu ? Je n’avais pourtant fait aucune erreur devant lui qui aurait pu le conduire à une telle conclusion…Etait-ce simplement ma ressemblance avec mon père qui lui permettait d’affirmer cela ? Ou bien était-ce quelque chose que je n’avais pas compris moi-même ?

-Enfin bon, je suis content que tu n’aies rien ; reprit Hélios en s’adoucissant. Fais attention si cette créature rapplique.

-Ou…Oui, merci pour le coup de main…

Hélios remonta sur l’épaule de son dragon et s’apprêtait à s’envoler lorsque je l’interpelai :

-Attendez, j’ai quelque chose à vous dire !

-Oh, qu’y a-t-il Iori ? Je suis pressé, ils sont en train de faire n’importe quoi sans moi j’ai l’impression.

Je me mordis la lèvre. Non, définitivement, je ne pouvais pas lui révéler que je venais du futur juste comme ça, même s’il l’avait découvert…Mais je sentais que je devais lui demander de l’aide, indirectement du moins.

-S’il vous plait, protégez le club de duel.

-Hu ? Le protéger ? En a-t-il vraiment besoin ? Me demanda Hélios, intrigué.

-Oui, c’est juste une impression…mais je ne les sens pas prêts à affronter la menace qui se prépare ! Alors je vous en prie Hélios, s’ils sont dans le besoin, sauvez-les ! S’il vous plait !

Après un instant de silence interminable pendant lequel le roi croisa les bras pour réfléchir, ce dernier finit par déclarer :

-Très bien Iori, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour les protéger. Après tout, n’est-ce pas mon devoir de roi de protéger tous mes camarades, même si ceux-ci sont au front ?

-Mer…Merci, du fond du cœur…Murmurai-je, les larmes aux yeux.

-Sur ce, je te laisse Iori !

Hélios s’envola ensuite en direction de la citadelle qui était visible même depuis ma position éloignée. Mais j’étais heureuse. J’avais pu me débarrasser un peu de mon fardeau en le partageant avec Hélios. A présent, je savais que, même si j’échouais ou si Armageddon me tuait, il y aurait quelqu’un pour continuer mon œuvre derrière moi. Maintenant, il ne me restait plus qu’à convaincre Shadow et j’aurais terminé ma mission.

Je reçus au même moment un message de mon père sur mon portable. Il y avait une chose amusante dans toute cette histoire, c’est que son numéro n’avait pas changé en vingt-six ans, de même que ceux de la plupart des membres du club, si bien que je pouvais recevoir n’importe quel message.

Moins amusant cependant, le contenu du message me demandant de venir le rejoindre immédiatement au pied de la citadelle.

Sans réfléchir d’avantage, je pris mes jambes à mon cou pour me précipiter à notre point de départ où je retrouvai tout le monde. Il y avait également Shadow et Hélios se battant dans les airs, Darkness Shadow contre le dragon d’argent du nom d’Atum, le même dragon que celui d’Hélio…

-Saya, que se passe-t-il ? Demanda la présidente Hikari en voyant Hélios se battre contre Shadow

-C’est très simple Miyako, nous allons mettre fin à cette guerre avant même qu’elle ne commence ; lui répondit ma mère.

-Très…certainement, mais concrètement ?

-Nous allons nous introduire dans la forteresse et nous nous diviserons en plusieurs groupes. Mais notre but n’est pas le combat, nous devons l’éviter à tout prix. Nous y allons pour négocier la paix. N’utilisez la force qu’en dernier recours.

Le plan ne me plaisait pas du tout, autant pour Laura que pour ma mère. Je sentais bien que ce pour quoi j’étais là se trouvait juste au-dessus de moi, dans cette forteresse de pierre, il fallait que je la dissuade de faire ça…

-Attends Saya, tu veux vraiment y aller ? Demandai-je. Je veux dire…Tu n’es pas obligée, tu devrais plutôt…

-Non, je dois y aller aussi. C’est mon plan, je dois y participer.

Ce n’était pas du tout ce que je voulais dire. Il n’était pas que question d’elle, mais de tout le monde. Je voulais à ce moment-là, plus que jamais, leur révéler le futur…mais je ne pouvais pas, je devais absolument éviter les effets irréversibles sur le futur que je ne pourrais pas contrôler.

Les choses allèrent tellement vite que je n’eus pas le temps d’émettre d’autres objection. J’allais devoir me montrer plus prudente que jamais…

Laura, Drago, Angéla, June, Miyako, ma mère, mon père et moi, voila qui devait se rendre à l’intérieur de la forteresse. Je devais coute que coute rester auprès de Laura, sans quoi, c’en était fini de ma mission et de Laura…


Aux côtés de celle que je devais protéger, j’enfourchai Trishula et nous commençâmes notre ascension vers la forteresse. Evidemment, ce ne fut pas une partie de plaisir, et je pus voir de mes propres yeux Gariatron, la créature ayant semé la terreur par le passé…ou plutôt dans le présent mais étrangement, il ne m’inspirait rien du tout. Pour moi, ce n’était qu’un monstre de duel comme les autres, de même que Luminion lorsqu’Hélios l’invoqua. Peut-être était-ce parce que j’étais plus puissante qu’eux…Quoiqu’il en soit, les deux créatures commencèrent à se battre entre-elles et Luminion nous ordonna de partir tant qu’on le pouvait. Nous ne nous fîmes pas prier davantage. Cependant, ce n’était que le début de nos ennuis, car, après avoir échappé de justesse à un tir de la forteresse, une armée de milliers de monstres de duels nous fonçaient dessus.

Je n’étais pas réellement inquiète. Je savais qu’ils allaient tous s’en sortir, tout ce qui m’importait était la sécurité de Laura, mais tant qu’elle restait près de moi, je n’avais rien à craindre de ce point de vue. Tout ce que j’avais à faire était de ne pas la quitter des yeux un seul instant et tout irait bien…

-ça me semble réalisable, tu es prête Iori ? Me demanda Laura en me tirant de mes pensées.

-O…Oui ; bégayai-je sans savoir à quoi je répondais.

Je ne compris qu’après le plan d’attaque, lorsque nous nous engouffrâmes dans une brèche créée par les monstres de duel. Je me mis à vraiment avoir peur avec toutes ces bestioles autour de nous. N’importe laquelle aurait très bien pu nous prendre en traitre et nous tuer avant même que nous ne réalisions ce qui nous arrivait…

Heureusement, aucune créature ne nous attaqua et nous finîmes par émerger au-dessus de la masse de monstres et finalement, après quelques difficultés et un sauvetage in extremis de mon père, et de l’intervention impromptue de tante Nagisa depuis la citadelle, nous pûmes pénétrer à l’intérieur.

Arrivés à un croisement, nous décidâmes de nous séparer pour pouvoir couvrir plus de terrain. Il fallait absolument que je reste auprès de Laura…

-Il ne reste que Terra alors, Darksky et moi, on peut s’en charger ; affirma ma mère. Tu es partant, on va se refaire cette expédition de l’année dernière rien que tous les 2 !

-Une minute, je ne suis pas…Protesta Laura, que j’interrompis.

-Parfait, je monterai la garde avec Laura !

-Non, ça ne va pas du tout, je…

-Laura, tu n’es pas rabaissée ou quelque chose comme ça, mais tu es sûrement notre meilleur élément, si nous échouons, tu es la seule à avoir une chance de vaincre les démons ; continua mon père.

Je lâchai un soupir de soulagement. Les choses semblaient s’arranger en ma faveur. Cependant, je pensais à une chose : sans ma présence, Laura serait-elle restée seule à attendre ? Etait-ce pour moi le moment de vérité ? J’en avais bien l’impression…non, j’en étais convaincue : ce n’était plus qu’une question de minutes ou d’heures avant la fin de ma quête…

Alors que les autres étaient partis, Laura se mit à faire les quatre-cents pas dans la pièce, grognant contre tout le monde et frappant tout ce qu’elle trouvait tandis que moi, je restai sur mes garde, attentive au moindre bruit, au moindre mouvement dans la grande pièce. Le danger pouvait surgir de n’importe où, tout était potentiellement mon ennemi : un homme des démons embusqué, un monstre invisible, une pierre mal accrochée au plafond, un insecte venimeux, je me méfiais de tout.

Finalement, Laura se calma en sortant son deck et, voyant la carte qu’elle tenait entre les mains, je ne pus m’empêcher de revoir cette photo que contemplait mon père le jour de mon départ et je repensai à la véritable raison de mon retour dans le passé. Au départ, si j’avais voulu revenir, ce n’était pas pour sauver Laura, non, c’était pour trouver ce qu’il me manquait pour sauver mon père…Peut-être était-ce le moment de trouver ce quelque chose.

Je m’approchai discrètement de mon amie et je déclarai :

-Oh, Trishula, dragon de la barrière de glace, c’est un sacré monstre que tu as en ta possession Laura ;

Laura sursauta et fit un bond de trois mètres en lâchant un cri de surprise avant de se calmer en voyant qu’il ne s’agissait que de moi.

-Iori, évite de faire peur aux gens comme ça ; râla-t-elle.

-Désolée, désolée ; m’excusai-je précipitamment. Simplement, je connaissais quelqu’un qui possédait cette carte également…Déclarai-je en revoyant mon père chérir cette carte.

-Vr…Vraiment Répéta-t-elle, étonnée. Je pensais que ce dragon était unique.

-Je ne sais pas vraiment si elle l’est, mais cette personne tenait vraiment à Trishula. Cette carte lui rappelait quelqu’un qui lui était cher mais qu’il ne pouvait plus voir désormais. Elle me disait souvent que Trishula était le départ de tout.

Laura rit légèrement.

-Il semblerait que Trishula soit un symbole pour tout le monde apparemment.

-Vraiment, pour toi aussi cette carte est importante à ce point ? Demandai-je étonnée que mon père ne soit pas le seul à y tenir.

-Oui, elle a été le point de départ de ma carrière dans le duel de monstre et c’est grâce à elle que j’ai pu rencontrer Darksky il y a six ans. Et plus que tout, elle représente pour moi l’espoir, l’espoir de Darksky de me sauver lorsque j’étais déchainée, l’espoir pour moi d’avancer et de vivre sans blesser personne, l’espoir de mon père pour se venger de ce monde qui nous a fait tant de mal…

Alors voilà…Voilà qui était réellement Laura Garden, l’idéal que je n’avais jamais atteint, la réponse au mal de mon père. Enfin, après tant d’année, j’avais ma réponse définitive, ce qui me manquait pour aider mon père, ce que je n’avais pas en moi, cet espoir de Laura aurait suffi à résoudre tous mes problèmes…

Je me mis à pleurer devant mon propre aveuglement. J’avais été si…égoïste. Je prétendais être la seule à pouvoir sauver mon père en remontant dans le temps et en protégeant Laura…mais je n’en avais pas besoin, la réponse était sous mes yeux depuis toujours. Si j’avais réfléchi ne serait-ce qu’une seconde en lisant le journal de Laura, j’aurais pu trouver par moi-même et je n’aurais pas blessé tant de personnes en tentant de modifier le passé…Vraiment…j’étais à des années-lumière de Laura…

-Iori, tout va bien ? Tu pleures et…

J’essuyai rapidement mes larmes.

-Ne t’inquiète pas Laura, c’est juste que la personne que je connaissais me disait souvent la même chose…répondis-je en m’efforçant de sourire.

-Tu devais beaucoup aimer cette personne je suppose.

-Qu…Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Bégayai-je.

-J’ai passé tant de temps dans la tristesse que je peux reconnaitre l’amour au premier coup d’œil. Je peux même affirmer que cette personne était très proche de toi, un ami ou bien peut-être même l’un de tes parents qui sait.

-O…Oui, effectivement, tu as juste, il s’agissait de mon père ; m’exclamai-je, vraiment surprise.

Laura rit devant ma réaction excessive.

-Tu sais Iori, je ne sais pas ce que tu as vécu, mais si ton père était guidé par l’espoir lui aussi et par Trishula, alors tu as certainement du hériter du même sentiment que lui, tout comme j’ai hérité de l’espoir de Darksky l’année dernière.

-Je ne sais pas, je ne suis plus sûre de rien…Murmurai-je en baissant les yeux, honteuse de ne pas pouvoir répondre simplement « oui » sans mentir.

-Que veux-tu dire ?

J’inspirai profondément et j’allai m’asseoir au centre de la pièce avant de sortir la fusion parfaite de ma poche.

-Lorsque ma mère est morte, mon père a sombré dans la folie. Je suis partie en espérant pouvoir effacer les larmes de papa. Je devais retrouver l’une de ses amies perdues, comprendre comment lui rendre le sourire comme cette amie l’avait fait bien avant ma naissance. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour arriver à mes fins, je suis même allée jusqu’à m’allier avec un criminel notoire, pour quel résultat ? Plus de souffrances…

-Tu n’as donc pas retrouvé cette personne que tu cherchais ?

-Si, je l’ai trouvée, et c’est justement là le problème : je ne suis pas elle, je ne peux pas redonner le sourire à mon père comme elle le faisait. J’ai vraiment l’impression d’avoir tout sacrifié pour rien…

Laura s’approcha de moi, l’air sévère et je me pris peur. En avais-je trop dit ? Ou bien était-elle en colère contre mon égoïsme ?

Cependant, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle allait me répondre :

-Evidemment que tu n’es pas la personne que tu cherches ! Chacun est unique est je doute que ton père ait voulu que tu deviennes son ancienne amie, aussi proches fussent-ils.

-Mais j’ai échoué, jamais plus mon père ne sourira, pas après tout ce que j’ai fait !

Non, c’était impossible, sans Laura, sans ma mère, sans moi, il ne restait personne capable de faire sourire mon père et lui redonner gout à la vie…

-Comment peux-tu l’affirmer ? L’histoire n’est pas gravée dans le marbre. Si nous nous battons aux côtés d’Hélios contre Armageddon, c’est justement parce que nous croyons à notre propre avenir, un avenir que nous aurons modelé de nos mains. Retourne auprès de ton père et dis-lui que tu es là, que tu le soutiens, et peut-être finira-t-il par émerger.

-Est-ce que…c’est ce que tu pensais toi aussi en étant au service de Gariatron ? Demandai-je, impressionnée par la force de la jeune fille et du courage que je n’aurais jamais eu…

-Oui…Je voulais retrouver mon père, celui qui m’aimait, alors je l’ai accompagné, et je l’aurais accompagné n’importe où, pourvu qu’au bout de notre chemin, il retrouve la raison. J’ai échoué comme tu peux le voir, mais je suis sûre qu’un jour, il comprendra la portée de ses actes, même si pour cela je dois m’opposer à lui.

Les mots de Laura résonnèrent dans mon esprit. Oui, je n’avais pas besoin d’être elle et d’agir comme elle ! Pendant tout ce temps, je n’avais pensé qu’à reprendre son flambeau, j’avais lâché mon père pour devenir quelqu’un d’autre et ce dernier avait fini par replonger à cause de cela ! Mais pendant toutes ces années où j’étais moi-même, où je vivais comme Iori, sa fille et non comme Laura, son amie d’enfance, mon père était heureux, simplement par ma présence, je pouvais égayer ses journées…Quelle imbécile avais-je été en tout laissant tomber !

Mais…il était trop tard, j’étais dans le passé, je pouvais sauver Laura et m’empêcher de commettre la plus grosse erreur de ma vie, il ne fallait pas que je baisse les bras, sans quoi, il ne resterait rien pour mon père à part le désespoir en voyant que sa dernière raison de vivre avait disparu…

-Oui, tu as raison Laura, je ne dois pas abandonner, je dois continuer à me battre pour mon père ! Merci, jamais je ne pourrais te rendre la pareille.

L’instant qui suivit, la forteresse trembla du sol au plafond et trois individus apparurent. Parmi eux, je reconnus immédiatement Shadow, mais il n’était pas seul, un jeune garçon l’accompagnait ainsi que…

Non, ce n’était pas possible…Je connaissais la dernière personne présente…Cette aura noire qui l’entourait, ce regard cruel et dénué d’émotion, ces cheveux blancs comme la neige…Oui, c’était lui, je le sentais, ça ne pouvait être que lui, l’assassin de Laura !

Mon cœur s’emballa. Que devais-je faire ? Attaquer immédiatement et risquer de me faire écraser ou tenter de rallier Shadow à ma cause mais au risque de perdre un temps précieux ?

Devant la réaction du criminel face à sa fille, je choisis la seconde option. Cependant, je me mis à penser que j’avais peut-être fait une erreur lorsque le garçon aux cheveux blancs écarta Shadow de sa route et défia ouvertement Laura.

Je reculai, terrifiée à l’idée d’avoir fait le mauvais choix. Quelques secondes plus tard, ce n’était plus Laura et Bakura qui se trouvaient là, mais un grand dragon de glace et un démon à la peau noire.

-Je suis Zorc Necrophaldes, et j’anéantirai toute personne se mettant en travers du chemin de mon maitre Gariatron ; Déclara le démon d’une voix lente et grave.

-Viens, je t’attends, je suis Laura Garden, fille de Shadow, héritière de la malédiction de Gariatron, alliée de l’espoir et ton adversaire Rugit Laura avant de se jeter sur lui.

Les deux créatures s’échangèrent quelques coups tandis que moi je restai figée sur place, incapable de faire le moindre geste, totalement dépassée par les événements. Soudain, Laura m’ordonna de m’occuper de Shadow et de l’autre idiot pendant qu’elle envoyait Zorc à l’extérieur et qu’elle le rejoignit.

Cela me sortit de ma torpeur et je réalisai à quel point la situation était critique. Je ne pouvais pas y arriver seule, Shadow devait m’aider !

Je me précipitai donc vers le criminel, toujours dans les pommes et je lui donnai une grande baffe pour le réveiller.

-Debout Shadow ! Ce n’est pas le moment de roupiller !

-Qu’est-ce que…Laura ! S’exclama-t-il en sursautant et se remettant debout immédiatement.

-Zorc et votre fille sont à l’extérieur et se battent ! Dit le garçon, inquiet.

-Que…Quoi ? Et toi, qui es-tu et que me veux-tu ? Me demanda-t-il toujours aussi perdu. Je n’ai pas le temps de me battre, je dois aider ma fille !

-Shadow, votre fille va mourir.

-Co…Comment ? Tu es une alliée des démons ? S’étrangla-t-il en m’attrapant par le col, fou de rage. Qu’est-ce que vous voulez à Laura ?

-Je ne suis pas une alliée des démons. Mon nom est Yuiko Iori, et je viens du futur pour sauver votre fille.


Le criminel me relâcha aussitôt et me dévisagea, les yeux ronds de surprise. Je soutins son regard. Depuis le temps, j’avais pris l’habitude de ne pas flancher face à lui, même s’il paraissait beaucoup plus impressionnant dans ce présent.

-Du futur tu dis ? Qu’est-ce qui me prouve que tu dis vrai ? Tu pourrais très bien être une de ces espionnes prête à dire n’importe quoi pour que je te croie.

Je m’étais préparée à ce genre de réponse. Je ne m’attendais pas à ce qu’il puisse accepter cette possibilité directement, c’est pourquoi, j’avais prévu le coup et je sortis mon téléphone.

-Un téléphone ?

-Non, on s’en fiche du téléphone, regardez ça plutôt !

Après avoir fouillé dans quelques dossiers, je finis par trouver ce que je cherchais et je mis une photo sous le nez du criminel et il fit un pas en arrière, visiblement troublé. Et pour cause, il s’agissait de mon père, ma mère, Tante Nagisa et la présidente Hikari le jour de la ma naissance.

-Qu…Une photo de toi bébé ? Me demanda-t-il.

-Mais non, on s’en fiche de ça ! Regardez plutôt les gens sur la photo ! Rétorquai-je, agacée.

-Ces personnes…on dirait le club de duel de Laura mais en plus âgé…

Ce type était-il aveugle dans le passé ou quoi ? Il devait le faire exprès, ce n’était pas possible autrement, même le dernier des abrutis aurait fait le rapprochement…

-C’est le club bon sang !

-Non…ce n’est pas possible…ils sont cinq dans le club, et non pas quatre…Bégaya-t-il, blême.

-Non, ils ne sont plus que quatre dans le futur.

-Mais…Et Laura…Pourquoi a-t-elle quitté le club ? Je croyais que…

-Laura est morte !

-Mais…Si tu es la fille de Darksky…

-Laura n’est pas ma mère. Je suis la fille de Yuiko Saya.

-Non…Je…je ne peux pas y croire…Laura…Morte ? Ce n’est pas possible, elle a enduré tellement…elle ne peut pas mourir, ce n’est pas possible ! Hurla le criminel en me repoussant.

Je grimaçai. Ce type était buté. Je comprenais que la mort de sa fille soit un fait inacceptable pour lui, mais je n’avais plus beaucoup de temps. Dehors, Laura continuait son combat contre Zorc et aucun des deux ne semblait avoir l’avantage mais ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne faiblisse alors que le démon était infatigable….

-Toi là ! M’exclamai-je en direction du garçon dont j’ignorai l’identité.

-Que…

-Fais quelque, ne reste pas planté là !

-Je…Shadow, qu’est-ce que je dois faire ? Bégaya-t-il totalement perdu.

-Ne t’emmêle pas Aymeric. Yuiko Iori, c’est bien ça ? Tu dis venir du futur, n’est-ce pas ? Dans ce cas, tu peux certainement me dire ce que je vais devenir ? Selon toi, qu’est-ce que la prétendue mort de ma fille engendrerait ?

Je soupirai.

-C’est vous qui m’avez envoyé dans le passé Shadow.

-Moi ?

-Oui, vous allez finir rongé par le remord, seul et loin de tout, du moins, jusqu’au jour où vous allez me rencontrer et vous allez m’utiliser pour parvenir à vos fins : sauver votre fille coute que coute.

Un léger sourire éclaira la figure du criminel et il haussa les épaules.

-Alors comme ça, moi, Shadow, l’homme ayant fait trembler le monde, je finirai détruit par la mort de ma fille ? Déclara-t-il en riant.

Zut, il n’avait pas l’air du tout convaincu et j’avais sorti tout ce que j’avais…Allais-je devoir me passer de lui finalement ?

-C’est exactement ce que je ferai ; déclara soudainement le criminel, le sourire s’étant effacé sur sa figure ne laissant qu’une tristesse infinie.

-C’est…c’est ce que vous feriez ? Répétai-je, surprise qu’il me croie.

-Oui. Je suis peut-être l’allié de Gariatron, mais je suis avant tout le père de Laura. Le démon peut bien me manipuler comme il veut, mais s’il touche à un seul cheveu de Laura, je m’opposerai à lui, de toutes mes forces. Après tout, elle est le dernier membre de ma famille…

-Dans ce cas, pourquoi combattez-vous encore l’un contre l’autre ? Pourquoi ne vous ralliez-vous pas à Luminion et aux autres ?

Shadow secoua la tête tristement et me répondit :

-Parce que je suis un égoïste. J’ai bien tenté d’agir en héros, mais mon égoïsme a pris le dessus…Tout ça parce que je voulais revoir Laura, une seule fois, parce que je voulais m’excuser auprès d’elle, la serrer dans mes bras comme autrefois, savoir si elle me pardonnait, la voir sourire une dernière fois après quatre ans de tristesse ! Mais…j’imagine que ce n’était pas possible, mes deux souhaits étaient trop contradictoires. En y repensant, je n’aurais jamais dû accepter la première fois…Laura…aurait été bien plus heureuse sans moi…

Le criminel acheva sa phrase en se laissant tomber au sol. Je ne savais pas quoi répondre. Je voyais Laura se battre toujours dehors, mais Shadow me semblait totalement anéanti. Je me maudis moi-même. Ce n’était pas une bonne idée, si Shadow ne m’avait pas demandé de le rallier à ma cause, il y avait une raison : il était incapable d’agir.

Tout à coup, sans aucune raison, je me mis à voir…le futur ? Il y avait…Laura, blessée à mort…puis mon père, anéanti, puis d’autres souvenirs encore, je me voyais grandir aux côtés de mon père, ma mère, tante Nagisa et présidente Hikari, je me vis naitre, je vis ma mère mourir, je me vis donnant un bout de papier à Serena et enfin, prendre en main une étrange machine dans le même laboratoire d’où j’étais partie et revenir au présent…

Je me souvenais de tout…Et J’avais…échoué…

Mon cœur s’accéléra et je me tournai immédiatement vers la fente dans le mur avant de constater l’évidence et, toutes mes forces s’étant envolées, je lâchai mon téléphone qui se brisa en mille morceaux en heurtant le sol.

-Sha…Shadow…bégayai-je avant de me rendre compte qu’il n’était plus là.

Lentement, je me laissai tomber à mon tour au sol en voyant Laura perdre son apparence de Trishula et commencer ce qui était, je le savais, le début de sa fin…

C’était légèrement différent de la dernière fois. Je me souvenais que Laura avait péri sans avoir défait Zorc et que, dans ma rage, je l’avais détruit seule, mais le résultat était le même, j’avais échoué…

J’étais arrivée trop tard, je pensais qu’en revenant juste avant, je serais en mesure d’agir…mais Armageddon m’avait mis des bâtons dans les roues…une fois de plus !

Shadow revint, portant Laura dans ses bras et l’allongeant sur son propre manteau en guise de matelas. La jeune fille avait les yeux vides, elle saignait de la bouche et de multiples entailles parcouraient son corps meurtri. Cette vision m’était insupportable. C’était la seconde fois…deux fois, j’aurais pu la sauver…mais deux fois j’avais échoué ! J’avais promis…j’avais promis à Hélio de changer le passé…mais une fois de plus, je n’avais rien pu faire à part regarder, impuissante, les rouages du destin se mettre en place et voler la joie de mon père…

-Laura, tiens bon, tu vas t’en sortir ! Criait Shadow, aux portes du désespoir.

Oui, cela aussi, je m’en souvenais, sauf que la dernière fois, aucune réponse n’était sortie de la bouche de sa fille et ses yeux s’étaient fermés pour ne plus se rouvrir.

Laura toussa et du sang se remit à couler de sa bouche. Shadow sortit un mouchoir de sa poche pour essuyer le liquide rougeâtre et Laura l’attrapa par le bras avec ses dernières forces.

-Papa…s’il te plait…écoute-moi…Déclara Laura d’une voix presque inaudible et grimaçant à chaque mot. Est-ce que…j’ai réussi, papa ? Est-ce que…Darksky…a pu accomplir sa mission ? Est-ce que…ce monde…est à nouveau…en paix ?

Un rictus parcourut la figure blanche de Laura et elle se remit à cracher du sang. Son père voulut lui essuyer une nouvelle fois mais elle l’en empêcha.

-Réponds-moi…papa…est-ce que…cette guerre est finie ? Continua-t-elle en tentant d’ignorer tant bien que mal sa douleur.

-O…Oui, elle l’est Laura…Zorc est vaincu.

-Et…toi ? Ne dois-tu pas…nous arrêter aussi ?…

Shadow tourna la tête vers moi et me lança un regard désolé. Il était certainement en colère contre lui-même de ne pas m’avoir cru, mais il ne pouvait rien faire à part plonger dans un océan sans fond de remords et de regrets.

-C’est fini pour moi aussi, Iori m’a vaincu, je ne peux plus rien faire.

-Io…ri ?

Lorsque Laura prononça mon nom et tourna ses yeux dénués de vie dans ma direction, je ne pus me retenir davantage et je laissai mes larmes s’échapper. Je pleurais pour mon père que j’avais condamné à une longue agonie, pour ma mère qui ne pouvait rien faire à part retarder le jour fatidique, pour Hélio qui avait mis sa confiance en moi, pour Tante Marie que j’avais trahie en laissant tout tomber, et pour Laura que je n’avais pas pu sauver…Je n’étais vraiment qu’une bonne à rien…Tout était fini, j’avais échoué…

-Iori…S’il te plait…redonne le sourire à Darksky ; me demanda-t-elle en s’efforçant de sourire une dernière fois.

-Attends Laura, qu’est-ce que tu veux dire ? Pourquoi ne pourrais-tu pas le faire aussi ? Tout n’est pas fini encore, n’est-ce pas ? Lui répondis-je, une dernière once d’espoir dans le cœur.

Des larmes se mirent à couler sur les joues glacées de Laura. Non, il n’y avait rien à faire. Même en y mettant toute la volonté du monde, il fallait que je me rende à l’évidence…

Puisant dans ses dernières forces, la jeune fille tenta d’attraper une carte qu’elle avait sur son disque de duel encore actif.

-Pa…pa, s’il…te plait…Trishula…

-Laura, ne bouge pas trop, tu dois te reposer, tu dois être en forme pour demain ; lui répondit tendrement le criminel.

-De…main ?

-Oui, demain, les cours reprennent, le tournoi est fini, de même que la guerre, il n’y a plus aucune raison pour que tu sèches les cours, n’est-ce pas ? Je t’accompagnerai si tu veux, je pourrais même être votre superviseur au club de duel, comme ça, tu pourras être fière de ton père, tu en dis quoi Laura, ça te va comme programme ? Je rachèterai notre maison et tout redeviendra comme avant, je te le promets, alors Laura…je t’en supplie…reste…reste avec moi ! Si j’ai accepté de revenir dans ce monde…c’était…c’était uniquement pour te revoir une dernière fois, alors s’il te plait, ne pars pas ! C’était moi qui étais censé mourir, pas toi !

Je détournai le regard, incapable d’en supporter plus. Tout ça, c’était de ma faute. J’avais eu la prétention de défier Armageddon et voilà où j’en étais. Je m’étais fait une amie chère en la personne de Laura, j’avais appris à la comprendre et à l’aimer mais j’avais été incapable de la sauver, même en sachant ce qui allait lui arriver…

-Papa…Tu n’es qu’un idiot…Répondit-elle dans un murmure.

-Oui, je suis un idiot, le roi des idiots, mais c’est pourquoi, je ne peux pas vivre seul !

-Je suis…désolée…papa…j’aurais tant voulu…

Laura ne termina pas sa phrase et je vis la pression qu’elle exerçait sur le bras de Shadow se relâcher puis sa main tomba mollement au sol, juste au moment où mon père débarqua dans la salle telle une furie.

-LAURA !

Non…Tout mais pas ça…Je ne pouvais pas le revivre une seconde fois…Je ne pouvais pas…c’était au-dessus de mes forces…Ce désespoir dans ses yeux, sa tristesse infinie, sa haine contre les démons…Pourquoi…Pourquoi devais-je subir cela une seconde fois, ce n’était pas ce que je voulais…

-Adieu…Papa…Adieu…Darksky…Iori…Je te le laisse …Rends à ton père…son sourire…

Ce furent les derniers mots de Laura avant que ses yeux ne se ferment pour toujours. Quant à moi, je ne pouvais pas revivre encore une fois cela…je ne pouvais pas le supporter !

Je m’enfuis donc dans la forteresse sans me retourner, sans oser affronter le regard de ma mère lorsque je passai devant elle, ne cherchant qu’à fuir le plus loin possible de mon père que j’avais été incapable de soigner…

-Armageddon ! Hurlai-je avec toute la rage accumulée en moi contre cette créature.





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le bon temps…

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