fin de la 3eme partie du chapitre miyako! mais pas la fin de son arc heureusement^^
Les jours suivants, la faim commença sérieusement à nous tirailler tous. Nous n’avions plus d’attaques, ils devaient avoir compris que nous nous détruisions de l’intérieur. Les UWS avaient tenu leur promesse et réunissaient de plus en plus de personnes. Les Overlord également, mais dans un autre but. Ils ne recrutaient que les meilleurs, les autres étaient exclus et contraints de se débrouiller par eux-mêmes. Dan avait bel et bien disparu de la circulation, comme volatilisé, ce qui ne fit qu’augmenter mes soupçons sur lui.
Un soir, alors que j’allais me faufiler dans la cuisine pour voler de la nourriture –voilà à quoi nous en étions réduits – je vis quelqu’un d’autre entrer. Intriguée, je la suivi. Dans la pénombre, je ne pouvais pas voir son visage, mais je discernais tout de même qu’il s’agissait d’un garçon. Du bout d’un objet tranchant, il agrippa une belle tranche de viande et s’enfuit. Je le vis prendre la direction du toit et ma curiosité fut piquée au vif.
J’entendis la lourde porte s’ouvrir puis se refermer. Heureusement, je ne me séparais jamais des clés de l’endroit et je l’ouvris à mon tour.
Le voleur était là, assis par terre, dévorant son butin, une simple couverture pour se protéger du froid. Il sursauta en entendant la porte crisser mais se calma aussitôt en voyant mon visage.
-Oh, tu as finis par venir alors ?
Je…je reconnaissais cette voix ! J’étais si heureuse de l’entendre à nouveau que j’aurais pu lui sauter dans les bras, mais je me retins en repensant aux paroles des UWS. Il continua.
-Je suis vraiment désolé ; dit-il d’une voix lasse, comme s’il était épuisé. Je n’ai pas été là pour vous soutenir ces derniers temps…
Le vent soufflait fort en cette soirée, toujours sans étoile, comme au premier jour.
-Je ne voulais pas être un fardeau pour le club, alors j’ai préféré m’éclipser, le temps que les choses aillent mieux. Est-ce que tu m’en veux ?
-Je…
-Tu ne sais pas quoi répondre bien sûr…Répondit-il, comme résigné à accepter la vérité.
-Ce n’est pas ça ! Tu ne peux pas savoir comme on s’est inquiété pour toi, tu as disparu presque dès le premier jour !
-Parce que dès le premier jour, j’ai su que j’allais être un fardeau pour vous. J’ai vu mes limites, je vous aurais mis en danger si j’étais resté, vous auriez dû me protéger sans cesse, alors j’ai fait cavalier seul. Je suis désolé si je vous ai inquiétés…
Un long silence s’installa entre nous. D’où venait ce malaise soudain que je ressentais vis-à-vis de celui qui était autrefois mon ami le plus proche ? Lorsque je le regardai droit dans les yeux, il me semblait impossible qu’il nous ait un jour trahis. Soit les UWS se trompaient, soit je partais sur une fausse piste, mais dans tous les cas, mon ami n’était pas coupable, et je le savais.
Contre toute attente, il me proposa un morceau de son butin que je refusai poliment. Il l’avait récupéré, je n’avais aucun droit de le lui prendre…
Il soupira alors.
-Que tu es têtue Miyako ! Mais…tu n’as pas changé depuis ce jour-là…Dit-il nostalgique.
-Que veux-tu dire ?
Il rit légèrement puis me couvrit d’un regard doux.
-Tu te rappelle de notre première rencontre Miyako ?
-Notre…première rencontre ? Répondis-je, surprise qu’il évoque cela à un moment pareil.
-Oui, quel âge avions nous déjà ? Six ? Peut-être sept ans ? En tout cas, je n’étais pas quelqu’un de très recommandable à cette époque il me semble.
-Ah oui, je me souviens, tu étais Dan la terreur des bacs à sable ; lâchai-je en riant. Tout le monde tremblait devant ta bande et toi !
-Et pourtant, toi, tu ne t’es pas laissé démonter pour autant ; continua-t-il.
-Oui, je vous ai causé bien des soucis. Je refusais de faire ce que vous me demandiez, je m’interposais toujours lorsque vous alliez harceler les plus faibles et pourtant…
-Pourtant, lorsque ce fut moi le faible, tu m’as défendu également…
-Que veux-tu ? J’avais beau détester ce que vous faisiez, vous ne méritiez pas de vous faire accuser pour une bêtise que vous n’aviez pas commise !
-Mais, ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu as pris la faute sur tes épaules ? Tu n’avais aucune raison de le faire, tu aurais même pu te faire exclure…
-Je n’ai sans doute pas réfléchi, comme toujours, j’ai agis simplement, et je ne l’ai jamais regretté.
-Vraiment ?
-Oui, car si je ne l’avais pas fait, serions-nous en train d’en parler aujourd’hui ?
-Non, tu dois avoir raison. Mais je ne t’ai jamais remerciée pour ce que tu as fait ce jour, alors je le fais maintenant : merci Miyako.
-Ah…bah…je…je…bégayais sans savoir quoi répondre.
Sans prévenir, il me prit dans ses bras et me serra contre lui. Je me sentais bien comme ça, comme protégée par mon ami, comme à l’intérieur d’un cocon protecteur. Tout à coup, ce fut comme si les soucis autour de moi n’étaient que de simple souvenirs s’évanouissant dans un brouillard obscur.
-Tu dois être forte Miyako ; dit-il sans me lâcher. Sans toi, nous n’aurions pas tenus jusqu’ici, alors je t’en supplie, reconstruis ce qui a été détruit, toi seule le peut, j’ai confiance en toi, tu nous sortiras de cette guerre, comme tu m’as sorti de mon égoïsme.
-Tu mets au même plan deux choses d’ampleurs totalement différentes ; soupirai-je. Il est trop tard à présent, je…
Il me regarda droit dans les yeux, en fronçant les sourcils.
-Non Miyako. Arrête de croire que tu es seule car tu as faux. Beaucoup de personnes dans cette école croient encore en toi, ils attendent simplement que tu viennes à eux. Tant que nous vivons, notre espoir ne peut s’éteindre, est-ce que tu m’as bien compris ?
-Je…
-Moi en tout cas, je crois en toi Miyako. Tu vas nous sortir de là, tous, sains et saufs, comme tu l’as promis, j’en suis persuadé !
-Arrête, je…tu me mets bien trop de pression sur les épaules là…
-Ahah, désolé, mais je voulais que tu comprennes à quel point tu nous es indispensable.
Je lui souris alors, et il me rendit mon sourire. Il avait fini par me convaincre malgré moi. S’il disait vrai, je ne pouvais baisser les bras, même si un traitre se cachait parmi nous.
Je le remerciai chaleureusement et je pris la direction du bureau de direction. Il tint à m’accompagner pour s’excuser de son absence prolongée, assurant qu’il serait à présent toujours à nos côtés.
Il était encore tôt lorsque je rentrai dans la salle de direction et je fus surprise de voir que les UWS y avaient établi leur camp. Certains membres me lancèrent des regards hostiles mais les leaders eux, me regardaient sans appréhension.
-Alors Miyako, as-tu enfin fait ton choix ? Me demanda Le Grec solennellement.
-Oui, j’ai décidé de reprendre les choses en main ! Affirmai-je d’une voix se voulant confiante.
-Ohoh, voilà que notre chef bien aimée reprend du poil de la bête, je commençais à en avoir marre des ordres stupides du Grec ! Lança son camarade nommé Hoshi.
-Je n’ai que trop longtemps renié mes responsabilités et regardez où cela nous a mené ! A présent, il est temps de mettre fin à cette guerre !
-Bien, c’est tout ce que je voulais entendre ; acquiesça le grec. Tiens, je pense que tu es prête à reprendre ceci.
Il me tendit le micro que j’attrapai les mains tremblantes puis je le remerciai chaleureusement. Le grand moment était enfin arrivé, j’avais à présent le pouvoir de reprendre le contrôle de la situation, remettre de l’ordre dans le désordre que le président avait créé. J’inspirai un grand coup et je me mis à parler dans le micro. Ma voix résonna longuement dans le bâtiment.
-Très chers élèves et camarades de classe, ici Hikari Miyako. Je sais que nous avons vécu des choses difficiles ces derniers temps mais à présent, vous n’avez plus à vous en faire car je compte bien vous sortir tous d’ici indemnes ! Je sais que j’ai fait des erreurs par le passé, vous cacher une information aussi importante que la présence d’un traitre parmi nous n’était pas une bonne idée mais je voulais à tout prix éviter la panique. Cependant, je n’ai pas réussi et le résultat a été pire que tout ce que j’imaginais. Mais à présent, vous avez également vu que vivre chacun de son côté n’est pas la meilleure chose à faire, les faibles sont écartés, c’est la loi du plus fort qui règne. Mais lorsque nous faisons cela, qu’est-ce qui nous différencie de nos ennemis ? Rien du tout ! C’est pourquoi je vous le demande encore une fois, nous, je vous supplie de vous réunir à nouveau pour faire face à l’ennemi comme un seul homme ! J’espère sincèrement que ces paroles vous aurons touché, ou au moins fait réfléchir sur votre manière de vous comporter.
Je posai le micro sur la table, encore tremblante. Comment allaient-ils réagir tous face à ma pauvre tentative pour reprendre le pouvoir ? Et si cela n’engendrait que plus de discordes ?! Je frémis à cette idée. Cependant, j’entendis soudainement derrière moi quelques applaudissements lents. Je me retournai, il venait de l’homme au Sunbird et du Grec mais ils furent bientôt rejoints par tous leurs camarades jusqu’à ce qu’un tonnerre d’applaudissements se fasse entendre.
Je n’en revenais pas. Le grec me félicita avec sa froideur habituelle, son ami Hoshi fut sarcastique mais on sentait une pointe d’admiration dans sa voix, quant à l’homme au Sunbird, il affichait un sourire sincère.
Dan me prit sans ses bras et me félicita tandis que Denys et Julie arrivèrent quelques instants plus tard puis me félicitèrent à leur tour. Ce jour-là, j’avais vraiment l’impression que tout espoir n’était pas perdu.
Dès le lendemain, UWS devint partie à part entière de Yume-Nikki. Cela encouragea de nombreux élèves à nous rejoindre. Petit à petit, notre équipe se reformait, bien qu’Overlord préférât toujours faire équipe de leur côté, mais au moins, nous n’avions plus de problèmes avec les armes et la nourriture, pour le peu qu’il restait…
Mais cette illusion de stabilité se brisa dès le lendemain. Les armées ennemies étaient de retour sur le terrain voyant notre nouvelle organisation, mais pour la première fois, nous avions réussi à capturer l’un de leurs hommes. Dan le ramena à l’intérieur avec moi et les UWS pour l’interroger sur leurs plans de bataille pour prendre l’avantage.
-Alors, parle, que comptez-vous faire ? Lui demanda Dan froidement.
-Absolument rien, nous n’avons besoin de rien faire pour vous vaincre ; dit-il d’une voix mielleuse.
-Ohoh, quel confiance en soi, c’est impressionnant ! Prends-en de la graine le grec ! Mais il se trouve que ce n’est pas ce qu’on te demande, alors soit tu vas parler soit on lâche Sunbird sur toi !
-Ne critique pas Sunbird Hoshi ! Protesta son camarade.
-Vous n’êtes qu’une bande de guignols incapables de voir plus loin que le bout de votre nez…Dit alors notre prisonnier.
-Sois plus clair je te prie ; le somma le Grec.
-Oh mais c’est très simple. Je suis simplement en train de vous dire que le traitre est dans cette pièce…ou plutôt devrais-je dire la traitresse.
Tous tournèrent les yeux vers moi, abasourdis et je fis un pas en arrière. Qu’est-ce qu’il racontait ? Moi la traitresse ? Ridicule ! Personne ne semblait le croire non plus heureusement.
-Arrête tes sornettes ! S’exclama Dan en le menaçant. Miyako ne peut pas nous avoir trahis, elle est la personne la plus honnête que je connaisse !
-Et pourtant, la connais-tu si bien que ça ? Rétorqua l’ennemi.
Je sentis sa détermination vaciller. Mon cœur s’accéléra soudainement. Et s’il disait vrai ? Si j’étais vraiment cette traitresse sans même le savoir ? Je tentais d’appeler ma moitié, sans succès, ce qui ne fit qu’amplifier ce sentiment.
-La fille de lumière est notre clé. Tant qu’elle sera en vie, nous aurons toujours une longueur d’’avance sur vous. Vous ne pouvez pas gagner tant qu’Hikari Miyako sera votre chef !
Un rire grave s’éleva de sa gorge et Dan le fit taire d’un coup de poing dans le ventre avant de se tourner vers moi. Je ne pouvais plus soutenir son regard tant j’avais honte. Il tenta de me consoler, mais je m’enfuis avant qu’il ait le temps et je fonçai en plein cœur de la bataille…S’il disait vrai, il ne me restait plus qu’une seule chose à faire pour préserver la survie de mes amis…
|