dernière sous partie du premier chapitre nagisa :3
chapitre Nagisa: suite
Nous marchâmes encore pendant deux bonnes heures dans la sombre forêt. En réalité, elle n’était pas si sombre, mais sans soleil pour l’éclairer ni étoile dans le ciel, nous avancions vraiment à l’aveuglette, nous guidant uniquement grâce à la lumière de nos téléphones, lampe torche ou tout ce qui était susceptible de produire un peu de lumière.
Un bon point était que ceux qui nous poursuivaient semblaient avoir perdu notre trace mais nous n’étions pas rassurés pour autant. Autour de nous, il n’y avait pas un seul bruit, pas un oiseau, pas un bruissement de feuille, comme si même le vent s’était arrêté de souffler, comme si toute vie avait quitté cette terre en même temps que le soleil.
Nous avancions en nous tenant tous la main, frémissant que l’un d’entre nous se détache du groupe pour se perdre à jamais dans les ténèbres.
Finalement, nous arrivâmes à une autre clairière d’où provenait un peu de lumière. Sans réfléchir une minute de plus, je me précipitai vers la source de vie sans tenir compte des avertissements de ma mère et je débouchai au beau milieu de l’enfer…
Devant moi, cinq hommes portant des capes noires encerclaient le vieux schnoque. Ce dernier semblait sévèrement blessé et se tenait le bras en grimaçant. Autour des sinistres individus, des créatures plus immondes les unes que les autres fixaient le vieil homme d’un œil mauvais, prêtes à lui sauter dessus au moins ordre.
Lorsqu’il me vit, il écarquilla les yeux et je me figeai à mon tour. Que devais-je faire dans une situation pareille ? Derrière moi, mes parents me suppliaient de revenir mais je ne pouvais pas abandonner ce type à son propre sort, il fallait que je fasse quelque chose mais quoi…
Soudain, comme sentant ma présence, l’une des créatures se retourna et entraina toutes les autres avec elle.
-Tiens, mais qu’avons nous là ? Une petite souris ayant perdu sa maison. Dit l’un des hommes avec un rire sadique.
-Nous n’avons que faire des gêneurs ; débarrasse-toi d’elle vite fait et occupons nous de notre butin ; répliqua un autre.
-Evidemment, attaque, broww, chasseur du mon…
Il ne termina pas sa phrase car le vieil homme, comme dans un ultime effort, se jeta sur lui de tout son poids. Immédiatement, les regards retournèrent à lui et les créatures repassèrent à l’attaque.
Cependant, je vis quelque chose tomber de la main du vieil homme et voler dans ma direction. Profitant d’un moment de distraction, je sautai et attrapai le morceau de carton, que je reconnus. C’était lui, l’oiseau de feu qui avait sauvé la vie de mon père au village !
Dès que mes doigts frôlèrent la surface de la carte, je ressentis quelque chose d’étrange parcourir mon corps, comme des fourmillements. Tout à coup, tout autour de moi devint clair comme en plein jour. Je me sentais revigorée, prête à escalader une montagne, ou tout simplement écraser ces types d’un seul coup.
Guidée par cette force nouvelle, je brandis la carte au dessus de ma tête et une intense lumière illumina la clairière.
-Roi ancestral, né des flammes les plus brulantes de la terre, toi qui rennais des cendres avant de réduire tes ennemis en fumée, élève-toi et apporte-moi la victoire dans ce combat : Avatar, grand roi du feu, Garunix !
Au dessus de ma tête, la lumière s’intensifia et, dans un flash aveuglant, un immense oiseau de feu descendit du ciel dans un nuage de feu. Les agresseurs reculèrent, surpris devant l’arrivée impromptue de ce géant rouge, laissant le vieil homme libre de s’enfuir.
-Le voilà, Garunix est là, attaquez ! Rugit l’un des hommes en noir.
-Garunix !
Alors que toutes les créatures se jetaient sur le grand phénix, ce dernier, d’un battement d’ailes enflammées, les repoussa comme de vulgaires brindilles et ils s’écrasèrent sur le sol dans un fracas abominable devant les regards ébahis des hommes.
-Maintenant Garunix, finis-les avec ton feu sacré !
L’oiseau ouvrit la bouche et un déluge de flammes déferla sur les monstres qui disparurent instantanément, laissant derrière eux une forêt en feu Paniqués, les hommes se retirèrent, non sans jurer en nous laissant seuls avec le vieux.
Mes parents et mon frère sortirent prudemment de leur cachette, ne sachant pas très bien comment réagir.
Soudain, toute l’énergie qui m’avait envahie se dissipa et l’oiseau disparut. Je vacillai et mon père me rattrapa avant que je tombe au sol.
-Ne refais plus jamais ça Nagisa ; dit-il en me serrant dans ses bras.
-Tout va bien papa…enfin, je crois…Pour l’instant, je crois qu’on a plus urgent à faire.
En effet, le vieil homme était assis contre un arbre, se tenant toujours le bras, ne pouvant pas faire un seul mouvement. Ma mère et mon frère s’approchèrent de lui et lui demandèrent s’il avait besoin d’aide.
-Non, je vais très bien, ça ne se voit pas ? Railla-t-il avec une grimace.
-Allons, montrez-moi votre bras.
Au moment même où elle le toucha, il hurla de douleur et ma mère fronça les sourcils.
-Je crois bien que c’est cassé. Je vais vous faire un bandage de fortune, mais il faudra vous faire soigner assez vite.
Elle prit un bout de tissu qui trainait dans son sac et l’attacha avec un bâton pour fabriquer une attelle de fortune.
-Merci ; se contenta de répondre le vieux un peu déstabilisé.
-Et maintenant monsieur, pouvez-vous nous expliquer ce qu’il se passe vraiment ? Demanda-t-elle une fois certaine que le bandage tenait. Qui êtes-vous pour que ces hommes s’en prennent à vous ?
-Je croyais que vous ne me faisiez pas confiance.
-On ne peut pas savoir à qui faire confiance, mais nous nous connaissons depuis longtemps, c’est pourquoi vous êtes plus digne de confiance que les autres.
Le vieil homme hésita un instant, puis déclara :
-Soit, je vais vous dire ce qu’il se passe réellement ici, mais je doute que cela vous plaise ou que vous puissiez le concevoir.
-Allez-y, nous sommes totalement perdus, nous ne savons même pas où aller ; dit mon frère tristement.
-Tout ce qui arrive maintenant, les destructions, les monstres, les hommes en noir, tout est de la faute du démon originel, Gariatron…
-Gariatron ? N’était-ce pas ce gros nuage noir qui survolait le village ? Demanda ma mère confuse.
-Cette chose était tout sauf un nuage ! Ce que vous avez vu, la chose qui a détruit le village n’était qu’une manifestation de l’esprit du démon ! A l’heure actuelle, je ne sais pas exactement où il se trouve, mais son véritable pouvoir est bien plus grand encore !
-Attendez une minute, temps mort, est-ce que vous pourriez commencer dès le début ? Le coupa mon père.
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« C’était il y a bien longtemps, alors que les pyramides dominaient encore le monde, l ‘Egypte ancienne était commandée par un homme du nom d’Hélios. Il était le souverain modèle, généreux, puissant, n’hésitant pas à se sacrifier pour son peuple, mais il cachait au fond de lui un lourd secret. Pour devenir roi, il avait du passer un pacte avec une créature maléfique, un démon du nom de Gariatron. Alors qu’il pensait pouvoir contrôler le démon, la mort de sa femme durant la guerre contre le diabound, Celestia, l’a anéanti. Dès ce moment là, il a commencé à perdre le contrôle de lui même, pillant, détruisant et asservissant son beau royaume. Le mythe de bon roi Hélios était loin dans l’esprit de tous.
Cependant, les habitants, révoltés, se liguèrent contre lui. Une rébellion éclata, menée par sa propre sœur, Luna. Hélios était seul contre tous et malgré son pouvoir presque tout puissant, il ne put faire face. Le roi déchu tomba emportant avec lui la malédiction du démon, laissant derrière lui un pays en ruines. Tous pensaient que le démon avait péri avec lui, mais c’était une erreur, aucun d’entre eux n’avait disparu. Se souvenant alors de la prophétie qui avait détruit son frère, Luna décida de s’exiler vers le nord, tentant d’échapper à ces tourments. Et voilà qu’à présent, cinq-mille ans après, le sceau emprisonnant le démon et le roi fou s’est brisé, rependant une nouvelle ère de ténèbres sur le monde… »
Un long silence accompagna la fin du récit du vieil homme. Tout cela semblait si…impossible. Un démon, un roi immortel, une guerre, tant de choses que nul ne savait et qui pourtant étaient bel et bien arrivées. Mais, même si je ne pouvais qu’accepter les faits, une dernière question me restait sur les lèvres.
-Et…quel est le rapport avec nous ? Demandai-je en brisant le silence.
-Avec vous ? Aucun.
-Dans ce cas, pourquoi notre village a-t-il été détruit ?
Le regard du vieil homme se voilà et il regarda le sol tristement.
-Gariatron…a une revanche à prendre sur ses ennemis passés…
-Mais, ils sont tous morts ! M’exclamai-je.
-Oui, mais leurs descendant sont toujours en vie…Et il se trouve que je suis l’un des leurs…
Nous sursautâmes tous en entendant cette révélation. Nous qui prenions ce type pour un simple vieil homme qui n’avait plus toute sa tête, apprendre qu’il était le descendant d’une famille aussi ancienne était un vrai choc.
-La rébellion était menée par trois personnes en plus de la sœur d’Hélios : le phénix, un certain Jin, mon ancêtre, la fille adoptive d’Hélios, Cynthia et le vieux prêtre Amon, gardien des secrets d’Héliopolis. Je suis vraiment désolé…si le village a été détruit, c’est entièrement de ma faute, donc si vous voulez vous venger, tuez moi maintenant, ça m’évitera de devoir fuir les sbires du démon plus longtemps…
Mon père s’approcha du vieil homme, l’air menaçant, et leva le poing dans sa direction. L’autre ferma les yeux, s’apprêtant à recevoir le coup, mais au lieu de le frapper, il lui posa simplement la main sur l’épaule d’un geste amical.
-C’est vrai qu’à cause de vous, notre village a été détruit, mais cela ne servirait à rien de nous venger. Vous êtes simplement une victime dans cette affaire, tout comme nous.
-Je…merci de comprendre ce que je dois porter sur mes épaules…
-Cependant, nous ne pouvons pas nous reposer ici, nous devons partir avant que ces hommes ne reviennent pour vous.
-Vous n’avez pas à supporter le poids de mon héritage, vous pouvez fuir tant qu’il en est encore temps.
-Fuir ? Ou ça ? Si ces hommes sont bien des esclaves du démon, il y aura un jour où ils finiront par chercher à nous détruire nous aussi. En temps de guerre, nous devons nous serrer les coudes !
-Vous avez certainement raison…
Le vieil homme se leva et fit face à mon père de toute sa hauteur.
-Je vais faire ce que j’ai à faire, tout comme mon ancêtre l’a fait avec moi, je vais protéger ce monde du tyran et du démon ! Mais pour cela, j’ai besoin de retrouver ceux qui ont accompagné mon ancêtre, seriez-vous prêts à les chercher avec moi ? J’ai entendu dire que l’un d’entre eux se trouvait au nord.
-Evidemment, et justement, mon frère habite dans le nord, je suis sur qu’il sera d’accord pour nous héberger ; déclara mon père ayant repris toute son assurance.
-C’est un chemin difficile qui s’ouvre à nous, je ne peux rien vous garantir ; avoue le vieil homme. Il est encore temps de changer d’avis.
-Je crois que c’est trop tard, quand papa à une idée en tête, impossible de la lui retirer ; soupira Tomoya.
-Bien, dans ce cas, il est temps de partir…une dernière chose Nagisa ; dit-il en se tournant vers moi.
-Oh, vous voulez votre carte, prenez-la…
-Garde la, je pense qu’elle te sera bien plus utile à toi qu’à moi. Je n’ai pas d’enfant, mais s’il devait m’arriver quoique ce soit, c’est à toi que je confie le soin de mon héritage.
-J’essaierai d’en être digne ; dis-je, peu assurée.
Ainsi commença notre périple qui devait nous conduire à arrêter le démon à son terme. Cependant, je ne connaissais pas encore le prix à payer au moment d’accepter cette quête, un prix bien trop élevé pour une enfant d’à peine quatorze ans comme moi…
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