aller aller, maintenant qu'on s'est occupé de laura, on va pouvoir passer au coeur de la fic, j'ai nommé l'arc Iori!
Je vous préviens tout de suite, l'action ne sera pas au rendez vous tout de suite, laissez vous porter d'abord par le train train quotidien de cette jeune fille 😉
Iori, prisonnière du Temps
Tout a commencé ce funeste jour à présent gravé dans ma mémoire. Avant, je n’étais qu’une fille ordinaire, allant à l’école, ayant des amies, des parents qui l’aimaient et ne connaissant pas les souffrances de ce monde. Cependant, ce jour-là, alors que j’avais douze ans depuis peu, tout a basculé. Ce jour-là, la vie de mon père a été brisée. Ce jour-là, j’ai connu la vraie souffrance pour la première fois. Ce jour-là, ma mère est morte.
Je me souviens parfaitement de son enterrement. J’ai vu mon père détruit, le regard vide, le teint pâle et les yeux rouges à force d’avoir pleuré. Il pleuvait, c’est pourquoi il n’y avait que très peu de monde, seuls les amis les plus proches de mes parents étaient venus, et parmi eux, ma tante Marie.
J’étais seule dans mon coin à pleurer la disparition de ma mère, ne pouvant imaginer un avenir sans elle et elle est venue vers moi puis s’est mise à ma hauteur et m’a dit ces mots qui sauvèrent mon père : « Iori, je sais que ça doit être dur pour toi, mais sois forte. Tu es le dernier espoir de mon frère, la dernière lumière qui le maintiendra en vie. Tout comme ta mère l’a sauvé du désespoir par le passé lorsqu’il a perdu ce qu’il avait de plus cher, je sais que grâce à toi, il s’en sortira une nouvelle fois. Tout ce que tu dois faire, c’est veiller sur lui, est-ce que je peux compter sur toi ?
Je n’avais pas vraiment compris le sens de ses mots à cette époque mais j’avais accepté sans hésitation. Depuis, je faisais mon maximum afin de lui faciliter la vie. Je préparais les repas, rangeais et nettoyais notre maison et je travaillais jour et nuit à l’école jusqu’à perdre la plupart de mes amis afin qu’il n’ait pas à s’inquiéter pour mon avenir. J’en venais même à ne pas lui dire que j’étais malade pour ne pas lui causer plus de soucis.
Souvent, nous avions la visite des amis de lycée de mon père qui venaient lui remonter le moral également mais ce dernier restait toujours dans son monde, perdu dans ses souvenirs, remarquant à peine ce qu’il se passait autour de lui, si bien que de temps à autres, j’entendais ma tante Miyako s’énerver dans le salon en le traitant d’imbécile irresponsable et bon à rien, ce à quoi il répondait en général par un « tu as raison, c’est exactement ce que je suis… ».
Cela me faisait vraiment mal de le voir ainsi, ne pouvant surmonter le départ de ma mère, mais je ne pouvais rien faire pour l’aider à part suivre les conseils de ma tante, du moins, je pensais que je ne pouvais rien faire jusqu’à ce que je trouve l’origine de son mal quatre ans après la disparition de ma mère, un mal remontant à dix ans avant ma naissance, un mal que ma mère n’avait fait qu’atténuer, un mal ayant pour cause la mort de son amie d’enfance : Laura Garden.
Iori : La rencontre du Destin
C’était un jour comme un autre. Je rentrai du lycée directement après les cours pour aller m’occuper de mon père puis je prévoyais de travailler jusqu’à vingt-trois heures avant d’aller me coucher, mais ce jour-là, je sentais qu’il y avait quelque chose d’étrange dans l’air, comme si quelque chose dans cette ville n’aurait pas dû être là.
Je m’arrêtai au milieu de la rue pour regarder autour de moi, mais je ne trouvai rien d’anormal. La rue était pleine d’agitation entre les magasins décorés de vitrines de Noel en cette fin d’année, les gens se pressant pour rentrer chez eux à cause du froid mordant et les simples passants venus admirer le paysage. Non, vraiment, tout était normal, je devais me faire des idées.
Au moment où je voulus reprendre ma route, quelqu’un me rentra dedans et je tombai à la renverse. Je n’eus même pas le temps de voir le visage de cette personne car elle s’enfuit immédiatement sans demander son reste.
-Vous pourriez faire attention, imbécile ! Hurlai-je à travers la rue, furieuse.
Cet idiot n’avait non seulement pas daigné s’excuser mais en plus, toutes mes affaires s’étaient éparpillées sur le sol. Toujours hors de moi, je les rassemblai lorsque je vis un petit bout de papier qui n’était pas à moi. Certainement cette personne l’avait fait tomber. Je m’apprêtai déjà à le déchirer en mille morceaux pour passer ma colère mais quelque chose me retint et je me contentai de lire ce qui était écrit dessus. Il s’agissait de l’adresse de quelqu’un que je connaissais : Fukuhara Nagisa, l’une des amies de lycée de mon père.
Il n’y avait pas grand-chose d’étonnant là-dedans, cette ville était si petite que tout le monde ou presque se connaissait. Non, ce qui était plus intriguant en revanche était le deuxième nom inscrit au dos du papier : Laura Garden.
Ce nom éveilla comme un lointain souvenir en moi. Je l’avais déjà entendu auparavant mais il m’était impossible de me souvenir où. Je n’aimais pas laisser une question sans réponse, surtout lorsque je savais que je la connaissais. C’est pourquoi, je décidai de faire un léger détour par la maison de Nagisa. Après tout, si les deux noms se trouvaient sur un même bout de papier, cela devait signifier qu’elles se connaissaient toutes les deux.
Je pris la route qui menait chez l’amie de mon père et j’en profitai pour admirer le paysage. Je passais rarement dans cette partie de la ville. En fait, je ne connaissais presque que le chemin pour aller à l’école puisque je ne m’autorisais guère à aller gambader après les cours. La route longeait la mer, calme, bleue, scintillante au soleil couchant, et au loin, une grande falaise surplombait l’étendue d’eau, comme un gardien veillant sur l’entrée d’un temple. Ma mère m’avait souvent parlé de cette falaise. Apparemment, c’était un endroit très cher aux yeux de mon père mais elle ne m’avait jamais dit pourquoi.
Je continuai ma route en tournant dans la grande avenue où logeait Nagisa. Après quelques minutes de marche supplémentaires, j’arrivai sur le palier et un doute m’envahit. Qu’allais-je lui dire pour justifier ma venue ? Je ne pouvais pas simplement pointer le bout de mon nez en demandant qui était cette Laura…
Pendant que je réfléchissais, une voix familière m’interpela derrière moi.
-Oh, mais si ce n’est pas la petite Iori, ça faisait un bail dis-moi.
Je me retournai et l’amie de mon père apparut, un sac de courses à la main. C’était une femme brune, aux cheveux assez courts tombant juste au niveau de ses épaules. Ses yeux marron clair reflétaient une grande gentillesse et elle avait conservé un visage assez enfantin malgré qu’elle ait eu le même âge que mon père. Elle portait une grosse laine et une écharpe que je lui enviai en cette fin de mois de novembre. Je fus assez surprise qu’elle ait aussi peu changé en quatre ans alors que mon père, lui, avait considérablement maigri, avait gagné de nombreuses rides sur le front et les joues et commençait à perdre ses cheveux grisonnant.
Elle me sourit en me voyant, sourire que je lui rendis sans trop de difficultés. Après tout, elle s’était un peu occupée de moi juste après la mort de ma mère et je lui étais redevable.
-Bonjour Tante Nagisa ; lançai-je en essayant de paraitre enjouée. Oui, ça faisait longtemps en effet, presque quatre ans.
-Et en quatre ans, tu n’as toujours pas compris que tu ne devais pas m’appeler Tante mais simplement Nagisa ? Tu ne me rajeunis pas, tu le sais ça ?
Je ris de bon cœur. Oui, pendant tout le temps où elle s’était occupée de moi, elle m’avait répété cette phrase en boucle, mais j’étais butée et je n’arrivai pas à me débarrasser de cette mauvaise habitude.
Elle me proposa d’entrer, ce que j’acceptai et elle me laissa quelques minutes dans le salon, le temps de ranger ses courses.
L’intérieur était assez sobre. Une vieille télévision datant certainement des années 2010, quelques canapés, des chaises, une table et des tapis au sol. Dans un coin, il y avait également une étagère poussiéreuse sur laquelle s’entassaient des tonnes de papiers et de livres.
Ne sachant pas quoi faire, je m’approchai pour voir s’il n’y avait pas quelques bons ouvrages qui m’occuperaient en attendant et je tombai sur une chose qui attira mon attention ; un vieil album photo.
-Ta…Nagisa, je peux regarder tes photos ? Lui demandai-je.
-Vas-y, fais comme chez toi Iori, je n’en ai plus pour longtemps ! Me répondit-elle depuis la cuisine.
J’ouvris l’album et la première photo me laissa bouche bée. Il était marqué en dessous : « Année 2014-2015, Club de duel de monstres ». La photo représentait un groupe de jeunes de mon âge avec en arrière-plan, la cour de mon lycée. Je reconnus sans difficulté Nagisa, la présidente Hikari, Lucky Alan, mon père et ma mère. Ils semblaient tous si heureux à l’époque, qui aurait pu croire que mon père ait pu sourire comme ça un jour…
Il y avait également une autre fille sur cette photo : Grande, brune aux yeux vert émeraude, le visage fin et mature, mais une certaine tristesse émanait de son magnifique sourire. C’était la première fois que je la voyais. Qui pouvait-elle bien être ? Mon père ne m’avait jamais évoqué l’existence de cette fille dans son club de duel. Il ne parlait que de la présidente Hikari comme quelqu’un d’insupportable mais avec un bon fond, de Nagisa, la petite fille ayant surmonté les épreuves les plus rudes, d’Alan, le rigolo de la bande et de ma mère, celle qui mettait de l’animation dans ses journées.
Nagisa sortit de la cuisine au même moment en soupirant et râlant contre l’âge et j’en profitai pour lui montrer la photo.
-Ah, le club de duel, c’était quelque chose ça, oui ; soupira-t-elle, nostalgique avec un léger sourire. Il faudra que je fasse une réunion un de ces quatre, ça fait si longtemps que nous n’avons pas été tous réunis.
-Et dis-moi, cette fille brune sur la photo à côté de mon père, qui est-ce ? La questionnai-je en la lui désignant.
Un voile de tristesse passa furtivement devant ses yeux qu’elle tenta de masquer avec un sourire, mais ce dernier ne fit qu’amplifier son expression. Nagisa prit l’album dans ses mains et contempla cette photo pendant deux bonnes minutes durant lesquelles je ne savais pas comment regagner son attention. Finalement, elle me le rendit et dit :
-Déjà vingt-six ans…Le temps passe trop vite ; murmura-t-elle.
-Il s’est passé quelque chose avec cette fille ?
Soudainement, je ne sais pas pourquoi mais une illumination me passa par la tête.
-Serait-ce elle, Laura Garden ?
-Co…Comment connais-tu ce nom Iori ? Bégaya ma tante, surprise.
-Cela n’a pas vraiment d’importance, cependant, je ne connais que son nom mais je n’ai aucune idée de qui elle peut être. Elle était un membre de votre club aussi ? Etait-elle une amie de mon père ? Que lui est-il arrivé pour que mon père ne m’en parle jamais ?
Nagisa s’assit sur l’un des fauteuils et me parut soudainement bien plus âgée et fatiguée qu’elle ne l’était.
-Oui, Laura était une amie de ton père, je dirai même plus qu’une simple amie pour lui. Je ne connais pas les détails, mais ils étaient très proches, bien plus proches que ta mère et lui ne l’ont jamais été.
-Mon père aimait cette Laura plus qu’il n’a jamais aimé ma mère ? M’étranglai-je.
-Oui. Même si je ne doute pas de son amour pour ta mère, celui qu’il éprouvait pour Laura était bien plus fort.
-Dans ce cas-là, pourquoi a-t-il épousé ma mère plutôt que cette Laura ?
Nagisa ferma les yeux et son sourire forcé disparut de sa figure pour ne laisser place qu’à la tristesse.
-Cela remonte à dix ans avant ta naissance. Ton père, ta mère, Miyako, Alan, Laura et moi-même avons été impliqué dans un combat qui nous dépassait largement. Tu as certainement déjà du entendre parler de la grande guerre contre les démons, guerre qui n’a jamais eu lieu en réalité ?
-Oui. En cours d’histoire, on parle d’une période de plusieurs semaines d’ombre, semaines pendant lesquelles de nombreuses personnes ont péri à cause d’un démon du nom de Gariatron.
-Oui, et par la suite, Gariatron est revenu, ainsi que ses frères d’armes. Nous nous sommes opposés aux démons et Laura est morte en essayant de protéger ta mère, l’émissaire de Luminion, le démon originel de l’éclat, de Gariatron.
Nagisa marqua une pause à ce moment du récit. Alors comme ça, cette Laura avait sauvé ma mère ? Au fond de moi, deux sentiments s’affrontaient. La jalousie et la colère contre cette personne ayant une plus grande place dans le cœur de mon père que ma mère, et en même temps, une certaine reconnaissance, car sans elle, je n’aurais peut-être jamais vu le jour…Mais une dernière question restait en suspens, une question dont je devais connaitre la réponse absolument.
-Dis, pourquoi mon père ne m’en a jamais parlé ? Je veux dire, s’il l’aimait tant que ça, pourquoi a-t-il vécu jusque-là comme si ma mère était tout pour lui ?
-Ta mère était tout pour lui. C’est elle qui l’a aidé à surmonter la mort de Laura, sans elle, ton père serait mort à l’heure actuelle.
-Et toi ? Et la présidente Hikari ? Et Alan ? Ne pouvaient-ils pas jouer ce rôle ?
-Ta mère, tout comme Laura, a partagé avec ton père des péripéties les ayant rendus extrêmement proches. C’est pourquoi, elle était la seule à pouvoir combler le vide laissé par Laura dans le cœur de ton père.
-Peut-être mais…
Nagisa se releva et me prit dans ses bras, comme elle l’avait si souvent fait après la mort de ma mère lorsque j’avais peur ou que je me sentais seule.
-Iori, il est normal que tu doutes, mais je peux t’assurer que si ta mère n’avait été qu’un substitut à Laura, tu ne serais jamais née, et ton père ne se serait pas occupé de toi comme il l’a fait jusqu’à la mort de ta mère. Les choses sont comme elles sont, tu ne peux pas les changer. Laura est morte, ton père a épousé ta mère, tu es née, ce sont les faits et tu dois les accepter. Ton père a retrouvé le bonheur après la guerre. Il ne tient qu’à toi de le lui redonner à nouveau.
-Tante Marie m’a dit la même chose il y a quatre ans ; dis-je en souriant légèrement.
Je restai encore chez Nagisa jusqu’à la tombée de la nuit avant de repartir. Même si j’avais appris des choses que j’aurais préféré ne pas savoir, j’étais tout de même contente de les avoir apprises. A présent, j’étais vraiment persuadée que j’étais la seule à pouvoir sauver mon père, tout comme ma mère l’avait fait vingt-six ans avant moi.
Lorsque je franchis le portail de notre manoir, je fus surprise de voir la porte d’entrée ouverte ainsi que de nombreuses voitures garées devant la maison. J’eus soudain un très mauvais pressentiment et je me mis à courir jusqu’au manoir avant d’entrer dans le hall en trombe.
-Papa ! M’écriai-je à peine rentrée.
Personne ne me répondit et je commençai vraiment à m’inquiéter. Je regardai de tous les côtés et je finis par distinguer comme des voix provenant du salon. Je ne perdis pas une seconde et j’ouvris les portes de la pièce avant de me retrouver nez à nez avec trois grands gaillards aux airs peu amicaux qui me barrèrent l’entrée et devant eux, il y avait une autre personne, essayant de parler à mon père, assis à une table, une bouteille de vin à la main.
Cette dernière se retourna et je la reconnus immédiatement. De longs cheveux rouges comme les flammes et un visage effilé et froid comme la glace, des yeux bleu azur et une longue mèche de cheveux lui tombant sur l’œil droit, il ne pouvait s’agir que de…
-Pr…Présidente Hikari ?
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