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[Fic] La légende des Six samouraïs
Quadriforce
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [27/04/2016] à 21:12

C'est reparti ! C'est pas l'envie qui m'a manqué pour écrire la suite, mais le temps. En tout ça m'a permis de trouver l'inspiration pour une petite histoire sympa qui va s'étaler sur les chapitres à venir. D'ailleurs avec celui ci, on rentre dans le cœur de l'arc. Mais assez parlé, voici le chapitre.


Chapitre 25 : Le commandement de la Résistance



Spoiler :



Suivant les indications de la lettre, Zanji cavala en direction de l'ouest. Progressivement, le paysage changea. Les arbres étaient moins nombreux, le terrain plus nivelé. De grandes étendues d'eau émergeaient progressivement du sol, au point d'en recouvrir l'intégralité. Il y avait un air de campagne, un quelque chose de rural dans ces grandes étendues où l'on piquait le riz. Le samouraï l'avait compris : il avait quitté la Forêt pour la région des rizières.


Plusieurs villages apparurent à lui sur son chemin. Des paysans intrigués regardaient l'inconnu cavaler sur leurs terres, tandis que ce dernier poursuivait sa route. Son objectif était le dernier village à l'ouest, comme lui avait expliqué le Forgeron.


Enfin, la route s'arrêta devant un village en bord de mer. Plus rien après. Ça devait être ici. C'était un petit regroupement de maisons modestes, faîtes de pierre et de bois. Il semblait déserté par ses habitants, tous occupés à travailler dans les parcelles voisines. Il n'y avait rien, pas même une auberge ni un endroit où boire. Juste des maisons.


– Eh, toi.


Pris par surprise, le jeune guerrier se retourna. Un homme, surement un paysan local, lui faisait signe dans l'ombre.


– Tu n'es pas un Shien n'est-ce pas ? Demanda l'homme en regardant son armure.

Je cherche le Zappeur, répondit Zanji. J'ai un message pour lui.


Le paysan hésita. Il vérifia que personne ne trainait dans les alentours, puis fit signe au cavalier de le suivre silencieusement.


– Si tu connais le nom du commandant, c'est que quelqu'un t'a parlé de notre petit groupe, explica l'homme. Tu vas pouvoir le rencontrer.


Il conduisit le samouraï jusqu'à une grange. Elle ne semblait pas bien différente de celles d'à côté, en apparence. Son guide s'approcha alors d'un tas de foin qu'il déplaça. Une trappe était cachée en dessous.


– Descend, ordonna t-il à Zanji. Je vais fermer derrière toi.


Un petit escalier de pierre avait été aménagé. Suivant les directives, il se laissa porter jusqu'au sous-sol, dans une petite pièce souterraine. Les murs de pierre, vides de toute décoration, étaient éclairés par des torches. Il y avait une porte lourdement cadenassée au fond, et devant celle ci une table en bois et des bancs. Un autre homme était présent dans la pièce, en train de lire des parchemins. En entendant les bruits de pas, celui ci releva les yeux. C'était un homme sur la fin de la trentaine, droit, aux cheveux attachés. Sa tenue ne put échapper à Zanji : il portait l'armure verte, celle de l'ancien empire Shiranui, la même que son père. Il considéra le nouveau venu d'un air sérieux.


– Tu es ?


– Je m'appelle Zanji, dit-il en s'approchant. J'ai un message d'un certain Forgeron à vous montrer.


Il tendit le mot. La signature authentique y figurait.


– Alors comme ça tu as rencontré le vieil homme ?


Le jeune homme hocha la tête. Il l'inspecta alors rapidement depuis le banc où il était assis, toujours avec cette mine sévère sur le visage.


– Je reconnais cet équipement. Tu fais partie des Six samouraïs, n'est-ce pas ?


Zanji était stupéfait. Lui aussi, comme le Forgeron, avait deviné. Etaient-il à ce point connus ? Lui qui pensait que nulle part on le croirait, que pour les gens les Six n'étaient qu'une légende.


– C'est votre Envoyée qui m'a prévenu que vous viendriez en renfort. D'ailleurs où sont les autres ?


– L'Envoyée….? Je ne vois pas de qui vous parlez. Je suis seul. Les autres ne savent pas que je suis ici.


Le Zappeur le regarda avec défiance.


-Retire ton casque, ordonna t-il.


Zanji s'exécuta. La mine du résistent se décomposa alors. Il brandit sa lame cachée derrière son dos, et regarda le jeune homme d'un air furieux. L'adolescent reconnut ce visage : un mélange de haine et de terreur, c'était celui des gens qui avaient tout perdu et n'aspiraient plus qu'à la vengeance.


– Toi ! Tu oses venir ici ! hurla t-il.


– Je…Je ne vous veux pas de mal….précisa le garçon paniqué, qui avait la pointe de l'épée sur le cou.


– Calme toi, Mataza.


– ?!


Un homme avait surgi de la pénombre. Un jeune guerrier au regard fier, vêtu d'une tenue légère de bretteur. Il se rapprocha du centre de la pièce, et s'assit à côté du premier homme.


– Seigneur…vous étiez là depuis tous ce temps ?


-C'est vrai qu'il lui ressemble, dit l'intéressé. Mais je l'ai vu de près, ce n'est pas exactement le même visage. En plus, celui ci doit avoir environ le même âge que moi, donc ça ne peut pas être lui.


Il se tourna ensuite vers le visiteur. Il lui tendit la main.


– Tu es Zanji des Six samouraïs, si j'ai bien compris ? Je suis le Samouraï Shiranui, l'héritier légitime du trône. C'est moi qui dirige la Résistance.


Zanjivoulut s'incliner devant le prince, mais ce dernier l'en empêcha d'un signe de main.


– Pas de cela entre nous. Vous êtes un valeureux guerrier et j'ai perdu mon titre, je vous considère donc comme mon égal. Vous pourrez me saluer de la sorte lorsque j'aurais retrouvé mon titre de Shogun.


– Je comprends.


– Bien, bien. Viens, Zanji, nous n'allons pas rester ici.


Il se leva, et fit signe son invité de faire de même. On ouvrit la grande porte de derrière. De l'autre côté, un long dédale souterrain de pierre et de torches s'étendait à perte de vue.


– Nous contrôlons tous l'espace sous le village, expliqua le Samouraï Shiranui. Cela a mis des années à se construire discrètement, dans le dos des Shien, mais depuis quelques mois nous sommes opérationnels. Une petite centaine d'hommes s'entraînent régulièrement ici à l'abri des regards. Nous avons aussi une importante réserve d'armes.


Zanji repensa à son petit entraînement dans la grange de chez lui avec son épée de bambou, lorsqu'il vivait encore dans son village. Il était alors bien loin d'imaginer ce qui se jouait dans les rizières, à l'autre bout de la contrée.


– En attendant les autres samouraïs, je vais te présenter au quartier général.


Il continuèrent à marcher pendant quelques temps, tournant parfois au niveau d'un couloir, avant d'arriver dans une salle gardée par deux paysans. Ils saluèrent leurs supérieurs, et libérèrent le passage. La pièce n'était pas plus grande que les autres. Il y avait plusieurs tables et des tatamis installés au sol, ainsi que quelques documents soigneusement rangés sur des étagères. Des sièges étaient aménagés en carré, comme une sorte de conseil. Deux personnes attendaient là.


– Ah, vous voilà revenus !


C'étaient un homme et une jeune femme. Le premier avait tout du vrai guerrier : l'air viril, les muscles saillants, les cicatrices, la carrure imposante, la voie rauque. Mais l'attention de Zanji se porta sur la femme. Jamais il n'avait vu de femme qui lui ressemblait auparavant. Ses cheveux étaient si clairs, sa peau si pâle ! Elle n'était certainement pas d'ici.


– Les trois commandants de la Résistance sont réunis ici, expliqua le prince Shiranui en se tournant vers lui. A mes côtés, Mataza le Zappeur, que tu connais maintenant. Sur les sièges là bas, Ben Kei et la Dame Guerrière des Terres Désolées. Elle vient d'un pays lointain ravagé par la guerre, et à décidé de nous aider pour éviter qu'une telle catastrophe ne se reproduise chez nous.


– Ravi de faire ta connaissance, fit Ben Kei en lui donnant une grande tape amicale sur l'épaule. Tu es des notres alors ?


La Dame se contenta d'un salut. Le Samouraï Shiranui lui expliqua qu'elle ne parlait pas japonais. C'étaient ses compétences exceptionnelles de combat et ses talents de soigneuse qui en faisait un leader né, apte à commander des troupes malgré la barrière de la langue.


Zanjise présenta brièvement à son tour, et fut invité à s'asseoir à leurs côté. Le Samouraï Shiranui sortit une carte de la région.


– Nous sommes ici, dit il en pointant une petite croix près de la mer. Nous nous préparons depuis quelques temps à une grosse offensive. Nous voulons reprendre aux Shien la capitale régionale.


Il montrait cette fois un gros point éloigné de quelques kilomètres. Les autres acquièrent. C'était une ville fortifiée, point de relais de l'armée Shien qui y avait installé un gouverneur. Un gouverneur qui exploitait la population, qui rendait le quotidien du peuple invivable comme pouvait le faire Tenkabito dans la région des Forêts.


– Nos hommes sont assez nombreux, mais peu à savoir vraiment se battre. Ce sont des paysans pour la plupart, qui n'ont jamais appris. Mataza et Ben Kei tentent de les entraîner et les premiers résultats commencent à se faire sentir. Mais si nous vous avions vous Six à nos côtés, je pense que les troupes seraient assez galvanisées pour emporter la victoire.


– Nous ne sommes pourtant que des simples guerriers….


– Mais vous incarnez l'espoir. Du temps de mon père, ce sont les Six samouraïs qui ont sauvé l'empire. Le peuple compte sur vous cette fois encore.


Zanji resta silencieux. Il commençait à comprendre ce qu'ils représentaient pour les gens. La légende pouvait devenir réalité. Les autres continuèrent à expliquer le détail du plan, il écouta d'une oreille attentive. Peut être qu'ici même, dans cette salle, leur avenir à tous se jouait. Finalement, après maintes délibérations, on déclara la session close. Les trois commandants quittèrent la pièce, repartant vers leurs occupations respectives. Il ne restait plus que Zanji et le Samouraï Shiranui.


– J'aimerais que nous parlions de quelque chose. C'est à propos de ce message que tu as apporté.


– Je vous écoute.


Le chef de la Résistance tenait le morceau de parchemin dans ses doigts. Il le rapprocha de la torche la plus proche. Eclairé par le feu, il laissa apparaître un autre texte au verso du premier.


– Une encre invisible ?


– L'homme que tu as rencontré est un ancien du personnel du Château De Brume. Je le connais personnellement. Il utilise ce procédé dans ses messages, mais moi seul suis au courant. J'ai déjà lu ce message, et je voulais t'en parler en privé. Lis le s'il te plait.


Zanji saisit le parchemin :


« J'ai entendu des officiers haut placés du château discuter. Ils ont dit qu'un espion avait infiltré la Résistance et attendait le moment propice pour la détruire de l'intérieur. Ils sont donc au courant qu'un mouvement contestataire au Régime se cache quelque part sur le territoire. Ils ont de plus précisé que cette personne était seule, mais parmi les commandants du quartier général. Je ne sais pas combien vous êtes, ni si tu vois de qui il pourrait s'agir, mais sois prudent. L'avenir de la Résistance est en jeu.»


Le lancier reposa la lettre.


– Mais alors…


– Oui. Une des trois personnes que tu viens de voir est un traitre d'après cette lettre. Pourtant, ils sont les seuls combattants puissants sur lesquels je peux m'appuyer. Ils n'ont jamais rien fait qui pourrait me nuire jusqu'à présent. Je ne peux pas me permettre de les sacrifier à cause de cette lettre, sans preuve. Je voudrais que tu les surveilles discrètement pour moi, et que tu me rapporte les comportements étranges que tu pourrais observer.


– Vous me faîtes donc confiance à ce point ?


Le Shiranui le regarda dans les yeux.


– Je sais reconnaître un homme de valeur, dit-il simplement. Tu devrais aller te coucher, il se fait tard. Je veux que tu sois en forme demain lorsque je vais te présenter à mes hommes.


Il lui montra une chambre où se tenaient deux lits, dans lesquels trois matelas se superposaient.


Six lits…vous pensez vraiment que les autres vont me rejoindre alors qu'ils ne savent même pas que je suis là ?


– Ils viendront. J'ai la parole de l'Envoyé.


Mais de qui pouvait-il bien parler ? Sur ces mots, les deux hommes se séparèrent. Zanji s'allongea sur le matelas le plus proche. La fatigue le prit rapidement, il s'était passé tellement de choses dans la journée ! Il avait traversé la région, été fait prisonnier dans l'antre des Shien, et finalement rejoint la Résistance. Il avait bien mérité un peu de repos.


La nuit s'écoula. A son réveil, Zanji fut surpris d'entendre ronfler sur la banquette du dessus. Il tourna la tête : Yaichi dormait tranquilement sur le lit d'en face. Mais ce n'était pas lui qui ronflait.


– Mais que ?


Il se leva pour en avoir le cœur net. Sur les quatre lits du dessus, ses autres compagnons étaient aussi en train de se reposer. Au dessus de Yaichi se trouvaient Irou puis Nisashi. Le lancier grimpa la petite échelle de bois pour voir qui dormait au dessus de lui. Il identifia le ronfleur :Kamon qui bavait à moitié dans son sommeil, et dont les pieds dépassaient de la couette.


– Alors tu es réveillé ?


Le lancier releva la tête : au dessus de Kamon se tenait Yariza, qui manifestement était debout lui aussi.


– Comment m'avez vous retrouvé ? demanda t-il à son camarade.


– Nous ne t'avons même pas cherché. Il se trouve que nous devions venir ici depuis le début, comme l'avait prévu ma mère.


– Ta mère ?


– Oui. L'Envoyée Des Six Samouraïs.


– L'Envoyée, tu dis ?


– Je ne pense pas que tu l'aies déjà rencontré.


Il comprenant mieux. Alors ce que lui avait dit le prince Shiranui était vrai. Ils devaient vraiment venir les rejoindre.


– On est arrivé en plein milieu de la nuit, il y a quelque heures. Toi, tu étais déjà profondément endormi. On a encore besoin de repos. Tu devrais aller voir ma mère en attendant.


Le jeune homme acquiesça. Il s'habilla et quitta la pièce. Ne sachant où aller, il prit la direction du bureau de la veille. Les mêmes deux gardes se tenaient devant.


– Laissez le passer, fit une voix de femme provenant de l'intérieur. Je veux lui parler.


Le lancier comprit immédiatement de qui il s'agissait. L'Envoyée.

A peine fut-il dedans qu'elle s'approcha de lui, regarda sa tenue, sa position, ses armes. Elle fixa alors longuement sur son visage. Elle pâlit alors légèrement. Elle grinça des dents, puis se laissa tomber sur un fauteuil.


– Toi, tu es son rejeton, aucun doute la dessus…Ta tête m'a rappelé de mauvais souvenirs.


– Vous connaissez mon père ? demanda Zanji, très étonné.


– Oh, je ne le connais que trop bien…Cet enfoiré….


– Je ne vous permet pas ! s'emporta le garçon. Bon père est un brave soldat qui a combattu pour empêcher l'invasion Shien. Il s'est sacrifié pour préserver la paix !


– Hein ?


Elle semblait confuse.


– Alors ton père n'est pas…pourtant en te voyant j'ai cru que…Oublie ce que j'ai dit, je suis désolée. J'ai du te prendre pour quelqu'un d'autre.


Elle se ressaisit alors. Elle l'invita à regarder une carte posée au même endroit que la veille. C'était un plan détaillé de la ville régionale.


– Le prince Shiranui m'a dit que vous en aviez parlé hier. Eh bien sache que je viens de lui apporter de nouveaux éléments sur la géographie de la ville. Grâce à mes informations, on a pu parfaire le plan. On va lancer l'assaut très rapidement, de manière à ce que tout le monde puisse se reposer, et que ce maudit espion ne puisse pas faire son rapport et gâcher l'effet de surprise.


– Quand exactement ?


Elle sourit.


– Ce soir.



Quadriforce
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [05/07/2016] à 00:14

Vous pensiez que j'avais abandonné cette fic ? Pauvres fous ! Bon, j'avoue que j'ai vraiment du mal à trouver le temps d'écrire en ce moment. J'avais par exemple prévu de finir l'arc avant de partir en vacances, mais ce ne sera pas possible. Enfin, j'ai quand même réussi à sortir ce chapitre, qui est 2 fois plus long que ce que je fais d'habitude !


Chapitre 26 : L'assaut de la porte Sud



Spoiler :



– Alors ça y est ?


– Oui. La Résistance va passer à l'action.


C'était une petite pièce isolée, coupée du reste du foyer de la Résistance. Elle avait été aménagée pour accueillir une seule personne, et non une demi-douzaine comme le faisaient les chambres de soldats ordinaires. Le Samouraï Shiranui avait voulu rendre visite une dernière fois à son mentor avant de partir en guerre. Celui qui l'avait emmené loin du château lors du coup d'état il y a 10 ans, l'homme qui avait veillé sur lui et garanti sa sécurité pendant tout ce temps. Le Maître Esprit Shiranui.


– Lorsque je reviendrai ici, ce sera en tant que Shogun, annonça t-il au vieil homme, qui

méditait calmement sur le tatami de la pièce comme à son habitude.


– Le Sage est-il revenu ? demanda ce dernier d'une voix douce.


– Non, nous ne l'avons toujours pas trouvé….Il est vrai qu'à lui seul le Sage représenterait un support conséquent pour la cause Shiranui. Mais nous ne pouvons plus attendre. Et puis, nous venons de recevoir une autre aide tout aussi précieuse.


– Les Six samouraïs ?


Le prince acquiesça. Son maître soupira.


– Comme nous l'avait prédit cette envoyée. Alors, si tu penses être prêt….Je pense que l'heure est venue.


Le Maître Esprit poussa la dalle de tatami la plus proche, laissant apparaître une petite cavité dont le Samouraï lui même ignorait l'existence. Le vieil homme en sortit une lame, délicatement rangée dans une boîte de velours.


– Mais c'est ?!


– Oui….L'Epée Spectre Shiranui, celle qui a appartenu à ton père, le Saga-Shogun. Je veillais sur elle depuis ce tragique jour d'il y a dix ans, attendant le moment opportun pour te la remettre.


– Maître….


En saisissant l'arme, il ne put s'empêcher de penser à son père, à la vie qu'il avait mené jusqu'à ses 9 ans à ses côtés. La vie que les Shien lui avaient volé. Et qu'il allait récupérer. Il rangea l'épée dans un second fourreau, au côté de son arme de feu personnelle. Il ne pouvait se résoudre à l'abandonner tant il avait combattu avec. Or il n'avait pas le luxe d'y songer plus longtemps, on l'attendait ailleurs. Le jeune homme salua alors une dernière fois son maître. Dès qu'il aurait quitté la pièce, la guerre commencerait. Finalement, il s'exécuta.


Les troupes se rassemblaient. Les rebelles, qui avaient économisé leur forces durant la journée, s'étaient réunis dans la plus grande pièce des souterrains. Il devait y avoir environ 150 hommes prêts à se battre. Le Samouraï Shiranui et ses trois commandants montèrent sur une petite estrade. Les hommes se turent, sentant que leur seigneur allait s'exprimer de manière imminente :


– Le grand soir est venu ! Cette nuit, nous allons reprendre nos terres aux Régime ! Ceux qui pillent nos cultures, qui oppressent nos femmes et nos enfants, qui nous humilient depuis des années doivent payer pour leurs crimes ! Aujourd'hui, nous avons de véritables guerriers à nos côtés. L'heure de la Révolution Globale est arrivée !


Le chef de la Résistance fit alors signe aux Six samouraïs de le rejoindre sur le devant de la scène. Ils s'avancèrent, un peu intimidés par la foule qui les scrutait.


– Alors c'est eux ?


– C'est des jeunots, non ?


– Ce sont les vrais Six samouraïs ?


Le prince Shiranui demanda le silence une nouvelle fois. Il fit signe à l'un des guerriers de prendre la parole. Mais aucun des garçons n'avait jamais vécu une telle expérience : pas un des Six n'osa se désigner volontaire. Après quelques secondes d'hésitation, se fut finalement Zanji, le plus proche de la foule, que les autres poussèrent discrètement vers l'avant.


Ce dernier déglutit. Les paysans le regardaient avec passion, prêts à boire chacune de ses paroles. Il pouvait percevoir la détermination dans leur regard, cette lueur de l'homme qui veut se battre jusqu'au bout pour défendre sa cause. Il ferma les yeux, inspira un grand coup, et se résolut à dire ce qu'il avait sur le cœur depuis si longtemps :


– Si vous saviez depuis combien de temps j'en rêve, déclara le lancier. J'étais seul dans mon village, impuissant face à l'oppression de ce Régime maudit. Je ne voulais qu'une chose : venger la mort de mon père, tué par ces traitres il y a 10 ans, leur faire payer au centuple la douleur qu'ils m'ont infligé. Puis, je me suis rendu compte que je n'étais pas tout seul. Maintenant que nous sommes tous réunis, nous avons assez de poids pour y parvenir.

Enfin, nous allons pouvoir nous battre. Pour le peuple. Pour la paix.


Il y eut des applaudissements, des hurlements. La foule était galvanisée. Le samouraï n'avait pas fait un grand discours, mais sa sincérité avait su séduire le peuple qui se reconnaissait dans son histoire. Les Six avaient sa confiance. Ensemble, ils se battraient dignement sur le champ de bataille.


– Voici comment, concrètement, nous allons procéder, ajouta l'Envoyée Des Six Samouraïs, décidée à amorcer une discussion plus stratégique. Ecoutez bien car je ne le répèterai pas. Ce soir, notre cible est la ville principale de la région, la Cité aux rizières. C'est là que se trouvent la majorité des troupes Shien. Si nous prenons la ville, la Résistance gagnera le contrôle de la région entière. Mais si nous perdons, ils découvriront notre existence, et s'en sera fini de notre association.


– Vous pensez vraiment qu'une centaine de pov'gars comme nous fra le poids cont' les Shien ? interrompit quelqu'un au loin.


D'autres murmurèrent entre eux, inquiets. Il s'agissait en effet d'un enjeu de taille. L'inquiétude montait dans la salle. Les expériences de combat réel n'étaient déjà pas nombreuses pour ces paysans, alors attaquer la Cité leur paraissait une épreuve insurmontable.


– Ayez confiance en vous ! rétorqua Ben Kei. Nous les commandants, on ne vous a pas appris à vous battre pour rien. Et puis, nous avons les Six samouraïs avec nous !


Les chuchotements se firent moins nombreux. Moyenement convaincus, les hommes attendaient d'en savoir plus. L'Envoyée en profita pour continuer :


– La Cité est protégée par une muraille circulaire qui la recouvre entièrement. Seules quatre portes, situées au Nord, au Sud, à l'Est et à l'Ouest permettent d'y pénétrer.


Elle marqua une pause. Tous attendaient les détails suivants avec impatience. La femme sourit :


– Nous allons les attaquer de partout à la fois, fit elle. Par un assaut synchronisé des quatre portes.


Un brouhaha de contestation résonna presque immédiatement dans la salle, suite à cette annonce qui semblait absurde.


– On est d'ja pas beaucoup, pis en pus faudrait encore se diviser ! cria t-on.


– On court à not' perte ! fit-on remarquer ailleurs.


D'un geste de bras le Samouraï Shiranui tenta d'apaiser ses hommes :


– Peut être trouvez vous cela ridicule, mais cette stratégie a été murement réfléchie par le quartier général. Nous alons les forcer à se disperser sur quatre fronts différents, puis nous faufiler par petits groupes dans les entrailles de la ville. Nous nous retrouverons enfin au centre de la Cité pour libérer la ville, et tuer l'homme qui représente les Shien dans les rizières. Celui que vous haissez tous, qui est responsble de toutes les atrocités qui ont lieu dans la région. Le Bushi Immortel. Ne voulez vous donc pas voir scélérat disparaître ?


L'armée Shien disposait de 1200 soldats chargés de maintenir l'ordre dans la région de manière permanente, dont 500 dans la Cité. Cela faisait plus de 100 hommes par porte, tandis que les résistants ne seraient que 40 environ à chaque point cardinal. La bataille s'annonçait difficile, mais les officiers se montraient confiants.


– On a l'effet de surprise, rassura Ben Kei. On attaque de nuit, vous pensez vraiment que les 500 font leur tour de garde en même temps ?


– Ce n'est pas seulement la taille de l'armée qui compte, ajouta Mataza le Zappeur. Eux ne sont que des pantins du Régime. Vous, vous battez pour vos familles, pour le bonheur de tous. Et lorsque l'on se bat pour les siens, on fait preuve d'une vivacité que l'on aurait même pas soupçonné jusqu'ici.


– Vous…forts ! bégueya la Dame Guerrière des Terres Désolées, qui ne connaissait que quelques mots de japonais.


Grace aux arguments mobilisateurs de leurs chefs, les paysans reprirent confiance. Les inquiétudes avaient été balayées par l'espoir de voir la paix revenir sur les terres qu'ils peuplaient. Le flot de résistant quitta alors progressivement la pièce pour aller s'équiper. Dans une heure, l'assaut serait donné. Il s'y jouerait peut être le premier acte de la chute du Régime.


Il ne restait alors plus que le prince et les Six samouraïs dans la salle. Zanji regarda les officiers quitter la pièce, puis fit discrètement signe au Shiranui.


– Votre majesté, concernant la possibilité qu'il y ait un traitre dans les rangs…


– Je sais. J'en ai informé les Six guerriers ici présent, ainsi que la femme qui vous accompagne. Mais nous ne pouvons rien faire tant qu'il ne s'est pas manifesté. J'ai surveillé les trois officiers susceptibles de l'être : aucun d'entre eux n'a pu communiquer avec l'extérieur pour prévenir les Shien de notre plan, je m'en suis assuré. C'est le plus important. Pour le reste, il faudra être vigilant. Très vigilent.


Il se tourna alors vers les cinq autres guerriers :


– Vous allez devoir vous disperser entre les portes pour diriger nos unités de soldats. Sachez que Mataza est affecté à la porte Sud, Ben Kei à la porte Sud, et la Dame Guerrière à l'Ouest. Il faut qu'au moins un de vous les accompagne à chaque fois, pour justement vérifier que tout se passe conformément au plan. Personnellement, j'irai à l'Est. Quelle porte choisissez vous ?


– J'accompagnerai Mataza, fit Nisashi d'un air déterminé. En tant qu'ainé parmi les Six samouraïs, je suis prêt à m'en occuper seul.


– Dans ce cas, je pense que je vais suivre la Dame Guerrière, laissa entendre un Kamon étrangement souriant. Je pourrai ainsi passer un peu plus de temps avec elle….


– Ce n'est pas un jeu, Kamon ! répliqua immédiatement Yaichi. Je viendrai avec toi, pour éviter que tu fasses n'importe quoi à cette pauvre jeune femme.


– Quant à moi et mon fils, nous serons à vos côtés, votre altesse, précisa l'Envoyée. Nous veillerons à vous assister sur le champ de bataille.


Tous les regards se tournèrent alors vers Yariza, à la recherche d'un signe d'approbation. Celui ci se contenta de fermer les yeux et de hocher la tête vers sa mère. Satisfait de voir que les choses avançaient bien, le Samouraï Shiranui prit les devants pour le reste :


– Ce sera donc la porte Nord pour vous deux, en compagnie de Ben Kei ! Annonça t-il à Zanji et Irou.


Le lancier écarquilla les yeux. Son camarade soupira une énième fois.


– Quoi ? Je vais devoir faire équipe avec ce type ??


– Pff….


– Oh, tu ne vas pas commencer hein ??


– Tu es pathétique….


Visiblement, l'envie de coopérer était aussi faible chez l'un que chez l'autre. Mais le chef de la Résistance, pour qui les affectations étaient arrêtées, n'y prêta pas attention.


Après quelques derniers échanges, on se prépara. Les samouraïs étaient déjà en armure, ils ne leur restait plus qu'à récupérer leurs armes et montures. La Résistance avait à sa disposition les animaux utilisés dans les fermes à proximité, mais aussi des chevaux importés clandestinement depuis tout le pays. On en dénombrait 94 au total, soit un peu plus d'un cheval pour deux combattants. Pendant leur petite discussion les autres avaient pris de l'avance, et ce fut assez rapidement que la petite armée quitta silencieusement le repère souterrain.


Deux simples veilleurs Shien rôdaient dans le village pour y maintenir l'ordre la nuit. Quelle ne fut pas leur surprise lorsque 150 hommes armés foncèrent vers eux avec colère et hargne ! Ils ne purent rien faire : balayés par le groupe, les hommes se heurtèrent aux lames successives de dizaines de combattants à la suite, avant de finalement s'écrouler au sol, raides morts. La contestation de l'autorité avait commencé.


La petite centaine de chevaux s'élança au galop sur la petite route de gravier au milieu de la nuit.

Les portes de la ville se dessinaient déjà, au loin. C'était bel et bien une forteresse circulaire, protégée par des murailles que l'ennemi surveillait. A l'intérieur s'entassaient les maisonnettes des travailleurs, tandis que les cultures de riz s'étendaient au dehors. Au centre culminait le point le plus haut de la Cité : la demeure du Bushi Immortel.


Sous ses ordres, les troupes se divisèrent en quatre comme convenu, et foncèrent vers les portes. Les hommes saisirent leurs haches, et enfoncèrent les palissades de bois de toutes leurs forces. Alertés par ce fracas, des hommes apparurent aux remparts. On siffla, courut, s'alerta. Mais c'était déjà trop tard. Au 4 points cardinaux, à quelques minutes près, toutes les portes cédèrent.


Enfin, l'assaut allait commencer. Les portes s'étaient écroulées. Les troupes entrèrent en hurlant. Tous coururent en direction de la tour centrale. Au milieu des maisonnées, une grand allée pavée facilitait leur déplacement. Mais rapidement, des gardes vinrent à leur rencontre.


C'est du moins ce qui se passait à la porte Sud. C'était Mataza qui dirigeait les Résistants de l'aile méridionale, avec à ses côtés Nisashi, le plus ancien des Six Samourais. Leur progression avait été bloquée par des Fantassin De Shien. Mais les petits singes n'étaient pas seuls. A leurs côtés se drssait non pas un, mais une dizaine de Légionnaires, reconnaissables à leur armure pourpre aux couleurs du Régime. Ils étaient armés jusqu'au dents.


– Comment ont-ils pu réagir si vite… ? s'interrogea le Zappeur.


– Toi, avec l'armure verte….tu es le chef de ces hommes ?


– …..


– Battons nous.


Cinq des Shien se jetèrent sur lui, sabre en avant. Le bretteur dégaina également, bien décidé à se défendre. Mataza esquiva un dangereux coup vertical, pour mieux pousser son assaillant d'un coup de coude. Quelque soit les techniques utilisées, il fallait à tout prix éviter de se faire encercler.


Nisashi, viens m'aider ! hurla t-il. Je peux en attaquer deux à la fois, mais là c'est trop pour moi.


Le samouraï accourut immédiatement, malgré sa peur. Il para ainsi une attaque de l'un des cinq assaillants, dans le dos du Résistant. Et dire que les Six samouraïs avaient peiné pour battre un seul de ces officiers écarlates lorsqu'ils avaient été cherché Irou dans les

Montagnes ! Là, c'étaient dix des ces bourreaux que la faible armée de la porte Sud devait affronter. Les cinq autres faisaient bloc pour empêcher les paysans de traverser la grande allée. Les Résistants affrontaient tant bien que mal les petits singes armés de lance, mais il paraissait évident qu'ils n'auraient aucune chance face aux Légionnaires.


– Dispersez vous dans les ruelles ! ordonna leur chef.


Ils s'exécutèrent. C'était bien là le plan de départ. L'adversaire aurait du mal à retrouver les petits groupes armés qui se faufilaient dans la nuit, de maisons en maisons. Pourtant, les Shien suivirent. Torche à la main, les guerriers se séparèrent à leur tour pour traquer l'envahisseur. On entendait par endroits des bruits d'affrontements, des hurlements, des hommes des deux camps qui s'écroulaient au sol. Pas de doute, la bataille avait bien débuté. Sous peu, la Cité serait à feu et à sang.


Dans ce chaos inouï, des habitants effrayés commençaient à sortir de chez eux. Ils fuyaient la violence des Shien, qui avaient entrepris de saccager les maisons à la recherche de Résistants cachés. Un flot humain se forma rapidement, à contresens des guerriers. En plein combat, Nisashi trouva le temps de tourner la tête pour voir où son unité en était. Ce fut pour lui l'occasion de constater les ravages de leurs assauts, à travers ces familles qui couraient vers la sortie de la ville. Une foule de visages terrorisés, de femmes et d'enfants en pleurs. C'est alors que dans la masse, il les vit.


Le regard de Nisashi se décomposa. A tel point qu'il faillit finir transpercé par un ennemi de front. Au loin, parmi les habitants de la ville en fuite, il avait reconnu des silhouettes familières.


– Mais que pourraient-ils faire ici ?


Nisashi, on a pas le temps de rêvasser !


Les Shien se multipliaient. De nouveaux Fantassins venaient de surgir d'une ruelle, prêts à fondre sur eux. Les silhouettes, elles, s'éloignaient de plus en plus de lui.


– Je ne peux pas me permettre de les perdre de nouveau !


Sans réfléchir plus longtemps, il entreprit de courir à leur rencontre. Il fallait qu'il sache. Il le fallait. C'était plus important que tout. Peut être avait il retrouvé sa famille, qu'il avait quitté pour venir s'entraîner au Temple des Six il y a plusieurs années de ça.


– Tu fuis ? Je croyais que tu avais le sens du devoir !


Nisashi s'arrêta. Derrière lui, il laissait le commandant d'unité seul face à cinq ennemis de taille. Mais en même temps, cette chance de retrouver sa famille était peut être unique. Et celle ci s'éloignait encore….Que devait il faire ?


Maître….qu'auriez vous fait à ma place ?


– Qu'attends tu ? Reviens m'aider !


– Je….je suis désolé. Je ne peux pas.


Tout pale, le samouraï se jeta dans les ruelles à la poursuite des siens. Des gouttes de sueur froides ruisselaient sous son armure depuis sa nuque, et son cœur battait à la chamade. Lui qui avait toujours eu un code strict de valeurs, qui se devait de représenter un modèle pour ses camarades, avait fini par désobéir à un ordre. Peut être même qu'à cause de son égoïsme, les hommes de la porte Sud n'accompliraient pas leur mission. Désorienté, il ne pouvait plus que courir droit devant, toujours plus loin, pour ne pas se retourner vers son erreur.


Le flot humain se tarissait progressivement. Les habitants apeurés se dispersaient en effet au coin des rues pour ne pas former un troupeau trop facilement repérable. A cause de cela, Nisashi devait rester extrêmement vigilent pour ne pas perdre de vue ceux qu'il poursuivait. Il avait repéré trois personnes qu'il connaissait : sa mère, aux longs cheveux blanchis par le temps, sa petite sœur , vêtue d'un tissu sombre déchiré, et un enfant d'environ six ans. Lorsque Nisashi avait quitté l'exploitation familiale, ce n'était encore qu'un nourrisson.


– MERE ! hurla le guerrier en vert alors qu'un tournant le séparait de nouveau d'eux.


Il traversa à son tour le pâté de maison adjacent. Face à lui, au milieux des autres personnes qui couraient, le petit groupe s'était arrêté.


– Ni….Nisashi ?


– Oui, c'est moi ! Mais que faites vous ici ?


Il voulut courir à leur rencontre, franchir la vingtaine de mètres qui les séparait. Mais quelqu'un le frappa brusquement dans le dos, projetant le jeune homme au sol. Un homme à l'armure rouge, un des fameux officiers.


– On ne laisse pas s'échapper un parasite de cette taille….lâcha le Légionnaire.


– Merde, il m'a suivi….


Cela s'apparentait à un duel. Les deux hommes se faisaient face dans un chemin pavé mais étroit. Derrière le Shien, les citadins paniqués rebroussaient chemin en le voyant. Derrière le samouraï, sa famille attendait, hésitant à son tour entre fuir et lui parler. Tout dépendrait de l'issue du combat.


Il pouvait y parvenir. Le moment était venu de faire ses preuves. Oui, mais la dernière fois, à six, ils n'avaient réussi que de justesse. Et là, il était seul, et sa famille attendait derrière, et… Stop. Le combattant se ressaisit. Non, il ne fallait pas se poser de question. Il fonça, tout simplement. Comme il l'avait toujours fait.


Arrivé devant le Shien, il fit un bon de quelques mètres. Ses deux armes se plantèrent alors dans les épaules de l'ennemi sans qu'il ne puisse réagir. Toutefois, au lieu de s'écrouler, celui ci regardait béatement Nisashi :


– Tu croyais vraiment que ça suffirait ?!


D'un coup de boule, il le repoussa. Il arracha les deux épées de ses articulations, mais les garda en main, tout en plaçant son sabre dans la bouche.


– Un entrainement à toute épreuve…C'est là la force des Shien.


Nisashi, cours ! cria sa sœur. Tu vas te faire tuer !


– Je…ne fuirai pas….


Il était sans arme, face à un soldat qu'il n'aurait même pas été sur de battre avec. Pourtant une puissante force en lui l'incitait à ne pas partir, à protéger les siens au péril de sa vie.


– Vous m'avez manqué, fit il en souriant.


A main nues, il se jeta sur l'adversaire de toute ses forces. Avec un sourire, ce dernier se prépara à utiliser ses propres armes contre lui. Mais Nisashi étaiit plus rapide. Il se rappela alors des paroles que Mataza avait prononcé plus tôt dans la soirée :


« Ce n'est pas seulement la taille de l'armée qui conte. Eux ne sont que des pantins du Régime. Vous, vous battez pour vos familles, pour le bonheur de tous. Et lorsque l'on se bat pour les siens, on fait preuve d'une vivacité que l'on aurait même pas soupçonné jusqu'ici.»


C'était exactement ça.


D'un coup de poing, il allongea son bras vers la tête de l'ennemi qui tituba, un filet de sang à la bouche. Mais ce n'était pas fini : il profita de son déséquilibre pour le pousser en avant, en plaquant ses deux mains contre son torse. L'autre ne put résister et s'écroula à son tour sur le sol pavé. Il voulut se relever, mais le samouraï lui arracha des main ses épées et les récupéra. A ce moment précis il se sentait invincible, capable de n'importe quel exploit pour voire sourire ceux qui attendaient dans son dos. Cette fois ci, ce ne serait pas dans les épaule qu'il enfoncerait ses lames. Nisashi visa le cœur. L'armure écarlate ne résista pas à la force de ses bras, et le sang du soldat vint bientôt se confondre avec elle. Il l'avait fait.


Nisashiiiii !


Sa petite sœur courut en sa direction, dans une ruelle devenue silencieuse. Tous les autres avaient fuit, il ne restait plus que la petite famille au milieu du champ de bataille.


– Vous m'avez tellement manqué, répéta le samouraï.


Sa mère tomba dans ses bras, si surprise de voir ce fils qui avait disparu il y a six ans de cela. En pleur, elle prit son visage entre ces bras :


-Tu as changé, mais je te reconnaitrais entre mille. Comme je suis heureuse de t'avoir retrouvé, mon fils !


– Je ne voulais pas partir…exliqua t-il en serrant lui aussi celle qui l'avait vu naître. Nous étions heureux, tous ensemble, à cultiver le riz dans la ferme familiale…Mais quand le Régime a commencé à réquisitionner les récoltes, quand mon frère est mort de faim, j'ai pensé être un fardeau pour la famille. J'ai préféré partir, laisser ma part à mes frères et sœur, moi qui avait 14 ans et pouvait subvenir à mes besoins seul.


– Tu n'a jamais été un fardeau pour nous, lança sa sœur. Tu as toujours été mon héros, grand frère. Je ne voulais pas que tu partes.


Elle se blottit à son tour contre lui, et se mit à pleurnicher comme une enfant. Elle avait maintenant le même âge que lui à son départ, et pourtant elle était restée la même qu'avant son départ, la gamine de 8 ans qu'il avait connu.


– Que faites vous dans cette ville ? Et où sont Père et mes frères ?!


– On s'est réfugié ici dans l'urgence comme beaucoup. La porte Sud ressemble un peu à un bidonville, où ceux qui sont trop pauvres pour vivre s'entassent à la recherche d'un vie meilleure. L'impôt Shien est devenu trop élevé Nous ne pouvions plus leur fournir ce qu'ils demandaient. Alors, nous avons du abandonner nos champs. Je suis désolée, mon fils.


Elle regarda son garçon de six ans, le dernier né de la famille. Il restait étonnamment silencieux devant ce frère qu'il n'avait jamais connu. C'était en partie pour qu'il ne connaisse pas le manque que la famille s'était installée ici. Nisashi le prit dans ses bras. Quel avenir connaîtrait donc cet enfant ?


– J'ai rejoint l'ordre des Six samouraï, déclara t-il. Je suis venu me battre pour libérer la ville. Je voudrais rester avec vous, mais je dois y retourner. Les autres m'attendent…


– Alors la Résistance s'est vraiment formée, sourit elle en relâchant son étreinte. Avec tous les gens qui haïssent les Shien ici, vous allez recevoir du support !


– Vraiment ?!


– Où crois-tu que ton père et tes frères soient ? Presque tous les hommes se sont dressé contre les Shien ce soir pour vous porter leur aide !


Si c'était vrai, alors tout n'était peut être pas perdu. Ils n'étaient plus 30, mais tout un peuple à se dresser contre la tyrannie. Ni les fantassins de Shien, ni les 9 Légionaires restants ne pourraient faire bloc face à un tel engouement.


– Je vais les rejoindre, sourit le samouraï. Mettez vous à l'abri ! Il embrassa les siens, et courut retourner à son poste. Il savait maintenant qu'il avait bien agi et qu'avec sa nouvelle force rejoindre le centre de la Cité ne serait qu'une question de temps.



Quadriforce
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [22/08/2016] à 22:39

Cette fic a déjà 1 an !! Je n'ai rien prévu de particulier pour l'occasion, si ce n'est un nouveau chapitre 🙂


Chapitre 27 : L'embuscade de la porte Ouest



Spoiler :



– Rah….pourquoi es-tu venu mettre ton grain de sel, Yaichi ?


Son camarade archer l'ignora. Les deux samouraïs avançaient derrière leur commandante, la Dame Guerrière des Terres Désolées, au côté des Résistants. Aux quatre coins de la ville, les combats avaient commencé. Kamon avait été affecté à l'Ouest. Il l'avait choisi, dans le but de se retrouver seul avec la belle le temps d'une bataille. Mais c'était sans compter sur Yaichi, bien décidé à surveiller chacun de ses faits et gestes.


– Concentre toi sur la mission, finit il par répondre d'un ton sec.


Ils avaient rencontré quelques ennemis, mais ceux ci avaient été neutralisés rapidement. Le petit groupe progressait rapidement en direction du centre, pour retrouver le plus rapidement les autres et affronter le Bushi Immortel. Ils avaient traversé pour l'instant un des quartiers marchands, reconnaissable par une l'étendue de boutiques fermées qui se présentait des deux côtés de la route.


– C'est louche…je m'attendais à une défense plus solide de la part des Shien.


– Peut être sont ils affairés de l'autre côté de la ville ?


Tandis qu'ils discutaient, le petit groupe se rapprochait d'une tour de pierre qui parut immédiatement suspect aux deux guerriers. La Dame Guerrière avait aussi eu un mauvais pressentiment car au même moment, elle ordonna à ses troupes de s'arrêter. C'était une tour carrée, semblable à un petit fort. D'étroites fentes carrées étaient incrustées un peu partout dans les murs. Aucun bruit ne s'en dégageait.


– Ca….y avait po dans l'coin avant les Shien, commenta un des Résistants en montrant du doigt l'édifice.


– Autre…..chemin, chuchota la Dame Guerrière qui préférait éviter de prendre des risques.


Kamon admira la façon dont cette femme parvenait à se faire obéir par une trentaine d'hommes alors qu'elle devait connaître à peu près le même nombre de mots de leur langue. Sous ses ordres, le groupe commença à se décaler. Hélas, trop tard.


Il y eut un grincement en provenance de la tour. Puis un second. Un troisième. Cela venait des fentes. A l'intérieur, on allumait des torches.


– Des canons ! Dispersez vous ! Beugla Yaichi.


La première détonation retentit à peine une seconde plus tard. Elle toucha la troupe regroupée de plein fouet. Ceux qui purent sautèrent sur les côtés. Ce fut le cas de Yaichi, qui plongea avec une dizaine d'hommes vers la droite. Kamon, lui, avait saisi la Dame Guerrière pour la protéger, l'abritant du côté gauche. Ceux qui étaient indemnes les suivirent alors. Les hommes du milieu, en revanche, avaient eu moins de chance. Sur les 36 compagnons, 7 avaient fini broyés par le boulet envoyé depuis la tour de garde. D'autres projectiles furent tirés sur l'allée principale, sans résultat car les guerriers s'étaient réfugiés dans les ruelles adjacentes. Alors les Shien changèrent de stratégie.


Yaichi, rejoins nous avec tes hommes ! cria Kamon à son allié depuis la ruelle opposée.


– Si on traverse l'avenue, ils vont nous pulvériser, expliqua l'archer. Tant pis, il faut se disperser pour le moment.


Chaque groupe avait entrepris de courir dans les petites rue avec à sa tête une quinzaine de soldats, bien décidé à rejoindre le centre de la Cité tant qu'il faisait nuit. Mais les Shien n'avaient pas dit leur dernier mot. D'autres fentes s'ouvrirent, et avec elle apparurent de nouveaux canons, braqués sur les quartiers autour de l'avenue.


– Ils vont tirer sur les habitants ?


L'armée du Régime avait toujours carte blanche concernant les civils lorsqu'il s'agissait d'un combat. Malheureusement, cette soirée ne ferait pas exception, et les autres le savaient. La tour se mit à tirer de tous les côtés aveuglement, avec frénésie, dans l'espoir de les abattre. De grands fracas retentirent à proximité, suivis de hurlements. Comme au sud, les habitants sortirent paniqués de leurs maisons, de peur d'être déchiquetés par les boulets. Certains brisèrent les toits et s'enfoncèrent dans les salons, d'autres firent de même dans les boutiques, ou au milieu des pavés. Des veilleurs Shien sortirent de l'édifice armés de torches, prêts à en découdre.


Les Résistants survivants coururent de toutes leur force pour sortir du périmètre de la tour, tout en avançant vers le centre. Il était difficile d'avancer au milieu de la foule qui s'agitait dans tous les sens, mais les deux groupes parvinrent à rester plus ou moins homogènes. Chacun se précipitait en gardant à l'esprit ce qui pouvait leur arriver à tout instant. Seulement, malgré cette peur que tous avaient au tripes, la Dame Guerrière s'arrêta un instant. Elle avait vu une petite fille, toute seule, qui pleurait au pied d'une maison détruite. Sous les gravas, on distinguait un bras et une jambe écrasés.


– Mais qué'qu'elle fait ?! Faut s'dépecher ou on va y passer !!


Mais la commandante ne releva pas. Elle fit simplement signe avec le bras d'avancer, mais contrairement à ses hommes, elle se dirigea vers la gamine.


– Hé, toi….dit elle doucement à La Petite Fille Malheureuse.


On pouvait voir dans le regard de l'enfant qu'elle avait perdu toute volonté de vivre. Elle était couverte de poussière, recroquevillée sur elle même, au bord du dernier mur de sa maison qui avait résisté au boulets Shien. Ses cheveux tout ébouriffés cachaient une partie de son visage, et plusieurs égratignures sur sa joue droite. La Guerrière comprit immédiatement que le reste de sa famille avait été enseveli sous les décombres. La petite fille releva tout doucement la tête.


Une orpheline de plus causée par la guerre…Les Shien sont de véritables monstres.


La commandante se retourna, surprise. Kamon l'avait suivi et se penchait à son tour pour examiner la petite.


– Toi ?


– Ouais…je ne pouvais pas abandonner une demoiselle en détresse, expliqua t-il en souriant. Malheureusement, le temps nous est compté et nous n'avons pas le temps de nous occuper de cette petite. Nous devons rejoindre les autres, qui sont déjà bien loin…


Mais entre temps, la fillette avait saisi le bras de la Dame Guerrière, et ne semblait plus vouloir la lâcher. Celle ci s'agenouilla à son niveau pour tenter de la réconforter. Au même moment, un autre boulet frappa à quelques maisons devant eux. Kamon comprit qu'elle n'était pas en sécurité ici.


– Bon, d'accord, admit il. On va la déposer dans un endroit plus sur.


Le duo reprit alors sa course,Kamon portant la La Petite Fille Malheureuse sur son dos. La commandante s'assurait qu'elle allait bien tandis qu'ils se déplaçaient, n'hésitant pas à faire une pause de temps à autres en plein milieu des ruelles si la jeune fille grimaçait. Kamon fut surpris devant tant d'humanité de la part de cette femme sur le champ de bataille. Elle, était belle, attentionnée, intelligente…Décidément, la Résistance avait recruté un bon élément.


Il ne s'était même pas écoulé dix secondes après qu'il eut formulé cette pensée que déjà, les veilleurs Shien vinrent à leur rencontre. Ils étaient toujours dans le rayon d'action des canons mais bizarrement, ceux ci ne tiraient plus dans leur direction. Les torches des veilleurs indiquaient en effet leur position depuis la tour, indiquant aux canonniers où il ne fallait pas envoyer de boulets.

Les ennemis étaient au nombre de sept, tous munis d'une dague dans une main et d'une torche de l'autre. On pouvait voir l'agressivité transpirer de leurs visages éclairés dans la nuit par le feu.


– Merde ! grogna Kamon. Je ne peux pas me battre car non seulement j'ai la gosse dans le dos, mais en plus avec ma dynamite je risque de faire sauter le quartier…


C'était vrai. L'arme de prédilection du samouraï était adaptée au vastes terrains ouverts, comme des plaines ou des champs. Ici, les ruelles étaient étroites et composées de nombreuses structure en bois, qui menaçaient de s'embraser à la moindre explosion. Yaichi lui avait pourtant dit de modifier son arsenal en conséquence, mais il n'avait rien voulu entendre. Ah, Yaichi…finalement, il aurait bien voulu l'avoir à ses côtés…


– Je fais, déclara la Dame Guerrière en sortant son épée.


– Attends ! Je ne peux pas laisser une jeune femme frêle et fragile se….


A peine avait il terminé sa phrase que deux des Shien tombèrent au sol, laminés par les coups de la Guerrière. A ce moment là, Kamon fut content qu'elle ne comprenne pas le japonais. Plus méfiants, les trois autres se jetèrent sur la jeune femme en tachant de ne pas la sous estimer. Mais ces précautions ne suffirent pas : elle trancha l'épaule du premier, qui fut forcé de lâcher sa dague. Le second tenta de la faire reculer avec sa torche. Un coup qu'elle anticipa, et qui ne l'empêcha pas de contre attaquer en plantant sa lame en plein cœur. Kamon. s'occupa du dernier qui passait près de lui en lui donnant un violent coup de pied qui le déséquilibra. La commandante acheva ceux qui gesticulaient au sol d'un coup d'épée vif et précis.


– Ne regarde pas, fit Kamon à la La Petite Fille Malheureuse. Ces atrocités ne sont pas pour les enfants. La Dame Guerrière se rapprocha de la petite pour voir si tout allait bien. Celle ci serra très fort le samouraï et ferma les yeux.


La Dame Guerrière se rapprocha de la petite pour voir si tout allait bien. Celle ci serra très fort le samouraï et ferma les yeux. Il ne restait plus que deux veilleurs Shien qui ne s'étaient pas précipités sur eux. Il se regardèrent, puis jetèrent un œil à leur camarades décédés et aux deux intrus encore indemnes.


On…on se casse….


Et les deux hommes apeurés s'enfuirent aussi vite qu'ils purent.


– On s'en est bien sortis, souffla Kamon. Je ne te savais pas aussi forte.


La Dame Guerrière sourit en guise de réponse.


– Mais maintenant, les bombardements vont reprendre. Dépêchons nous de trouver un abri pour la petite.


Ils reprirent leur traversée des ruelles.


De son côté, Yaichi était déjà sorti de la zone de danger avec son groupe. Ils avaient rencontré plusieurs veilleurs Shien, mais s'en étaient sorti sans trop d'encombres. Quatre soldats étaient morts, ce qui en laissait toujours une dizaine un peu fatiguée, mais toujours capable de se battre. La tour bombardait toujours, à raison d'un boulet toutes les trente secondes environ, si bien que quasiment tout le quartier à proximité était dévasté. En évaluant les destructions, les Résistants avaient pu clairement évaluer le champ de tir et éviter de lourds dégâts. Heureusement pour eux, il n'y avait aucune autre tour dans les parages, les Shien ayant considéré suffisant d'en bâtir deux ou trois dans toute la ville.


Ils approchaient à présent de l'autre tour, la grande tour centrale dans laquelle résidait le Bushi Immortel. Leur objectif final. Le point où ils devaient retrouver les autres groupes pour une attaque en bloc. Il y avait une seconde série de rempart, mais ceux ci n'était pas gardés, car la majorité des soldats s'étaient dispersés pour repousser la Résistance. Yaichi aperçut néanmoins un dizaine de cadavres à l'entrée.


– C'est nous qui nous sommes chargés d'eux, commenta une voix familière dans son dos.


Nisashi ! fit l'archer en se retournant. Toi aussi tu es là !


Le plus âgé des Six Samouraïs se tenait radieux aux côté du commandant Mataza et de ses hommes. Il était quelque peu essoufflé, et son armure verte était tintée de sang.


– Nous avons du affronter de terribles ennemis, mais Mataza et moi nous sommes battus côte à côte, et avons finalement triomphé. De plus, j'ai retrouvé des personnes qui m'étaient cher…


Il s'arrêta un moment, puis regarda autour de lui :


– Mais au fait, où sont les autres ? Tu n'étais pas accompagné de Kamon ? Ne me dit pas que…


– Je ne sais pas où ils sont, coupa Yaichi. On s'est perdus de vue à cause des Shien.


– De toute façon, il faut encore attendre les autres des portes Est et Nord, intervint Mataza. J'espère que tout s'est bien passé là bas…


Kamon et la Dame Guerrière avaient pris du retard. La La Petite Fille Malheureuse ralentissait le samouraï, qui peinait à courir tout en la protégeant d'éventuels boulets de canon.


– Je…je crois qu'on est sortis de la zone de danger, dit il au bout de cinq autres minutes de sprint. Je ne vois plus non plus de veilleurs.


L'Ouest était en réalité la partie de la ville la moins surveillée, car on estimait qu'à elle seule la tour suffisait à repousser n'importe quelle armée. Seulement, un petite troupe comme la leur avait aisément pu en triompher en se dispersant rapidement. Il y avait là un petit temple éclairé à la lumière d'une bougie. Kamon s'approcha du lieu sacré, où un prêtre veillait. Celui ci se tourna vers les guerriers, et regarda l'orpheline.


– J'ai entendu du bruit dehors. Je priais justement la déesse Amaterasu pour que ce genre de chose n'arrive pas. Vous êtes en guerre contre les Shien n'est ce pas ?


– Oui.


– Je m'en doutais. Vous pouvez me confiez l'enfant. Ce sanctuaire constitue un havre de paix où se réunissent ceux qui souffrent. Elle sera en sécurité ici.


La petite fille lâcha à contrecœur Kamon, regarda ses sauveurs une dernière fois, puis rejoignit le prêtre.


– Je vais m'occuper d'elle, soyez en sur. Je prierais pour vous également.


Ils remercièrent l'homme comme il se devait, puis partirent de nouveau. Malgré la brièveté de leur rencontre, les deux Résistants ne purent s'empêcher d'avoir un pincement au cœur en voyant la petite s'éloigner. Qui sait, peut être la rêveraient ils un jour, lorsque la paix serait revenue ? Quoi qu'il en soit, la tour du Bushi où les autres attendaient n'était plus très éloignée.


– Finalement on a réussi à sauver cette petite, dit Kamon.


– Oui, répondit la Dame en s'arrêtant à une bifurcation.


– Même si maintenant on est plus que tous les deux….


– …..


– Tu sais, je crois même que j'ai un peu le béguin pour toi…dit-il en rougissant.


La Dame Guerrière se rapprocha alors de lui. Elle ne souriait plus du tout.


.- Tu veux que je te dise, Kamon ? Tu n'es qu'un imbécile.




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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [06/09/2016] à 23:06

Nouveau chapitre !


Chapitre 28 : La crise de la porte Est



Spoiler :



Du côté de la porte Est, les choses n'étaient pas bien différentes qu'ailleurs. Une petite trentaine d'hommes luttaient pour forcer un passage dans la Cité et parvenir jusqu'à son centre. Il y avait à leur tête le grand chef en personne : le Samouraï Shiranui. L'Envoyée Des Six Samouraïs et son fils Yariza assuraient ses arrières.


Ce dernier était resté silencieux depuis le début des hostilités. Jusque là il n'avait pas vraiment eu besoin d'intervenir : le prince Shiranui terrassait à lui seul les hordes de Fantassins De Shien, qui tentaient de les retenir. Il attendait l'occasion de briller, le moment où il pourrait montrer à sa mère qu'il avait progressé depuis son départ.


– Je crois que c'est terminé, fit le prince en soufflant.


Derrière lui s'entassaient les dépouilles de la quarantaine de petits singes qu'il avait terrassé, tandis que son cheval ruminait. Les petits ennemis peinaient à faire face à l'imposant guerrier, dont le destrier renforçait la carrure. C'était l'une des rares montures de la Résistance à avoir survécu au passage en force dans la Cité. La plupart des autres avaient fui après que leur propriétaire aient pénétré dans de trop étroites ruelles, ou avaient tout simplement été abattues par les Shien. Mais pas la sienne. Le prince était un bien trop bon cavalier pour cela.


Les paysans, soulagés, tachèrent d'avancer. Pour l'instant, tout se déroulait sans encombre.


– Reposez vous, votre altesse, assura Yariza. Je prends la première ligne.


Personne ne l'avait obligé à faire cela. De son plein gré, le jeune homme voulait se montrer entreprenant. C'était décidé, les prochains ennemis seraient pour lui. Il était temps de montrer à tous la force qu'il avait acquis.


Mais peut être avait-il parlé trop tôt car soudain un puissant bruit de cloche retentit. Tous se retournèrent : on aperçut des Signaux de Fumée de Shien qui ne pouvaient réclamer qu'une seule chose : des renforts.


Un des Résistants décocha une flèche qui permit d'arrêter les cloches de sonner. Le veilleur qui les faisaient retentir, déséquilibré, tomba de sa plateforme. Cependant, le mal était fait. Une autre armée arriva bientôt, mais ce n'était plus des Fantassins De Shien. Ils avaient été remplacés par des Légionnaires armés jusqu'au dents. Ceux ci étaient au nombre de 21.


– Ils sont presque aussi nombreux que nous, commenta l'Envoyée. Je crains que l'on ne soit pas capables de les battre.


– Je suis prêt à les neutraliser, répliqua son fils en première lige tandis qu'il se mettait en garde.


Elle le regarda, mais alors que l'ennemi se rapprochait elle vint le rejoindre devant.


– Arrête. Je sais que tu ne peux pas le faire. Nous allons nous battre ensemble.


– Tu es encore un jeune guerrier, Yariza. Je vais m'en charger avec l'aide de ta mère.


Comme pour accompagner ses mots, le Samouraï Shiranui cavala devant lui pour retrouver sa place initiale, à la tête du groupe. Yariza savait comment allaient se passer les choses. Les deux autres viendraient, plus ou moins facilement, à bout de la quasi-totalité des ennemis à eux seuls. Et il ne resterait rien pour lui, personne ne le laisserait faire ses preuves. Tout comme les autres Résistant, derrière, il n'aurait pas de réel rôle dans cette bataille. Cantonné à celui de simple soldat, silencieux. Silencieux…..


Yariza frémit. L'espace d'un instant, il allait s'emporter. Or, tout bon guerrier se doit de rester calme pour analyser la situation. De toute façon, malgré leur force impressionnante, les deux leaders ne pourraient combattre une vingtaine d'officiers en même temps. Il y en aurait bien un ou deux qui échapperait à leur vigilance, que lui pourrait affronter.


Et effectivement, ce qui devait arriver arriva. Sur l'ensemble des ennemis, quatre parvinrent à franchir la barrière que les deux guerriers représentaient. Presque immédiatement, Yariza saisit sa chance et partit à l'attaque. Il sortit sa lance et la projeta sur le plus proche. Etonné, le Légionnaire para de justesse. Mais ses alliés ne tardèrent pas à répliquer à coups de sabre. Dans un premier temps, le samouraï esquiva facilement.


Toutefois, il comprit rapidement qu'il s'était frotté à plus fort que lui. Les coups s'enchaînèrent, à un rythme toujours plus soutenu. Il s'essoufflait ainsi progressivement face aux attaques simultanées des quatre experts. Ses coups devenaient de moins en moins précis avec la fatigue, au point d'ouvrir démesurément sa garde. Fatalement, une frappe mieux placée que les autres finit par atteindre Yariza. Le Légionnaire qui était derrière lui fracassa l'arrière de son armure avec sa lame, avec une telle violence que le guerrier s'écroula d'un coup. Il ne pouvait plus lutter.


– Crève, marmonna l'un des quatre, impatient de se débarrasser du jeune homme en lui plantant son arme en plein coeur.


Yariza !!


Affalé au sol, le samouraï n'eut pas le temps distinguer à qui appartenait la silhouette colorée qui rapidement s'interposa entre lui et les hommes pourpres. Tout ce qu'il vit, ce fut un filet de sang couler de l'épaule de l'individu au dessus de lui, pour venir tomber à hauteur de son nez. La personne s'était interposée devant ses bourreaux, au point de finir blessée. En reprenant ses esprits, il put enfin reconnaître son sauveur.


– Mère !!!!


L'Envoyée Des Six Samouraïs, blessée, fut propulsée au sol à l'endroit même où se trouvait son fils quelques instants plutôt. Celui ci se releva la larme à l'œil, encore stupéfait par ce qu'il venait de voir.


– Reprends ton poste, Mizuho ! ordonna le Samouraï Shiranui.


Celle ci avait foncé sans prévenir au secours de son fils, abandonnant le prince seul face aux 17 soldats qu'ils affrontaient conjointement. Certes, ils en avaient déjà éliminé 6, mais les 11 restants demeuraient un fardeau trop important pour le seul prince, et ce n'était assurément pas le reste des Résistants qui allait pouvoir l'aider. Lorsqu'il comprit dans quel état se trouvait la numéro 2 de l'expédition, il ne put retenir un grognement de colère.


Yariza était resté immobile, debout face à sa mère, cette grande guerrière qu'il avait toujours admiré. La blessure, qui partait de son épaule droite, formait en réalité une longue rayure qui déchirait tout son flanc. Elle semblait incapable de se relever.


– Alors ça y est, l'heure est venue pour moi de te rejoindre….Shinai ?


Les quatre Légionnaires s'attroupèrent autour d'elle, ignorant temporairement son fils. L'un d'entre eux leva sa lame pour appliquer la sentence réservée aux perdants, exactement comme pour lui tout à l'heure. Cependant l'un de ses camarades l'arrêta et le repoussa en arrière d'un geste brusque.


– Arrête. Malgré son âge, elle est plutôt jolie. Ce serait dommage de gâcher ça.


L'homme, en plein milieu du champ de bataille, commença à retirer son armure, dévoilant une longue chevelure grisâtre. Yariza reconnut celui qui était responsable de la blessure.


– Chaque guerre connaît son lot d'atrocités, dit il en s'approchant de la femme au sol.


Yariza se mit à trembler. Qu'allait donc tenter ce Shien sur sa mère ?! Cette puissante guerrière ne méritait donc pas plus de respect qu'une simple fille de joie ??!! L'officier déchira un peu plus le yukata de l'Envoyée. Yariza serra les poings. Tout était de sa faute. C'était à cause de lui, lui qui n'avait pas su rester à sa place, lui qui était un boulet pour sa mère, obligée de se ruer à son secours au point de finir dans cet état. Et ce alors qu'on avait besoin d'elle ailleurs. Il était le seul responsable.


Yariza…murmura la femme tandis que l'oppresseur se rapprochait dangereusement d'elle.


Le seul…le seul responsable…le seul….Le jeune homme écarquilla les yeux. Son souffle s'accentua, au point qu'il respirait difficilement. Il n'entendait plus rien autour de lui. Tout d'un coup il sentit des sueurs froides remonter, d'abord dans son cou, puis dans tout son dos. Il sentit que ça remontait. Les pulsions enfouies au plus profond de son être, qu'en temps normal il parvenait à canaliser. Ce soir, face à l'impasse de la situation, il ne pouvait plus retenir cette puissante haine qui le submergeait. Tant pis, comme dans la forteresse d' Hanzo, malgré les conséquences, il faudrait céder. Incapable de se contrôler, le samouraï se mit à hurler, comme possédé :


– HAAAAAAAAAAA !


Le cri inattendu qu'il produit sut capter l'attention des Shien. Celui aux cheveux argentés, qui semblait être le chef du petit groupe, et peut être même de la vingtaine d'hommes, s'approcha de lui.


– Je vais d'abord m'occuper de l'avorton. On sera plus tranquilles. Retenez la femme, mais n'y touchez pas. Je passe en premier.


Les sueurs froides s'étaient arrêtées. Yariza ne tremblait plus. Ses yeux regardaient vaguement à l'horizon. Le jeune guerrier était dans un état second. Il avait fini par accepter les pulsions. Il considéra le Shien qui lui faisait face :


– Je vais te détruire.


Il y eut un silence, puis l'homme déconcerté éclata de rire :


– Tu veux me détruire au combat, c'est ça ? Pauvre fou ! On ne m'appelle pas le Casse-Cou Déterminé pour rien ! Même si ton attaque était supérieure à la mienne, ce qui est impossible, je ne serais pas détruit.


Yariza n'écouta pas. Derrière son masque, il souriait. Ce soir le sang allait couler à flot. Il saisit sa lame et s'élança vers l'autre, qui avait préparé ses katanas. Le jeune homme fut le plus rapide : d'un pas vif, il se glissa derrière la garde du Casse-Cou Déterminé et brandit son arme sur lui. Il enfonça celle ci de toute ses forces dans le corps de l'officier, qui émit un puissant cri de douleur.


– Enflure….


Il crachait du sang. Yariza, qui tenait encore sa lance, l'extirpa de la poitrine de l'officier où elle était logée. Aucun point vital n'avait été touché, mais l'opération n'empêcha pas un flot de sang de s'écouler à travers la blessure à vif qu'il avait crée. Fou de rage, l'ennemi bondit sur lui, bien décidé à le tailler en pièce. Mais ce n'était plus le même Yariza qu'il affrontait, le guerrier calme, discret et raisonnable. Il avait en face de lui un guerrier enragé, un véritable chien fou que personne ne pouvait arrêter. Le samouraï laissa son adversaire s'approcher au maximum, avant de lui donner un puissant coup de pied sous la ceinture pour le faire reculer. Malgré la douleur et ses multiples blessures, le Casse-Cou Déterminé voulut reprendre son attaque. Mais le temps de s'y atteler, la lance de Yariza s'était déjà rapprochée de lui à une distance critique. Il ne put empêcher celle ci de pénétrer de nouveau sa chair, cette fois dans les parties vitales. C'était son cœur qui avait bien sur été visé, mais l'officier avait pu esquiver le coup de sorte que ce soit son poumon qui soit perforé, et sa cage thoracique broyée. Semi conscient, il était à présent cloué au sol dans une flaque de sang.


– Reste en vie, s'il te plait, fit Yariza d'un ton méprisant. Je n'en ai pas encore fini ave toi.


Il comptait bien torturer le Shien avant de le laisser partir pour l'au delà, lui faire payer pour avoir osé déshonorer sa mère. Il fut toutefois interrompu lorsque les trois autres Légionnaires tentèrent leur chance en attaquant conjointement. Bah, ils connaîtraient le même sort…A ce moment précis, le samouraï avait perdu toute once d'humanité. Il n'était plus qu'une machine à tuer qui satisfaisait ses pulsions à la vue du sang qui coulait toujours plus. Lorsqu'il abattit le premier des trois en lui fracassant le crâne, il ressentit une certaine satisfaction, un plaisir dans la cruauté. Voir le visage de ses camarades se décomposer progressivement le rendait plus fort, plus implacable encore. Les deux autres ne résistèrent pas bien longtemps. Sa lame perfora l'armure du premier, puis déchira la carotide du second. Il ne furent bientôt plus que des corps inertes étendus sur les pavés rougeâtres de la Cité.


Non loin de là, l'Envoyée Des Six Samouraïs tentait de se relever, consciente de la folie que commettait son fils. Les valeurs des samouraïs qu'elle défendait n'étaient pas celle ci : ce qui les différenciait des Shien et de leur brutalité aveugle était justement leur manière d'éliminer l'ennemi rapidement et sans souffrance, seulement lorsque cela était nécessaire, et sans céder à ses émotions. Tout l'inverse de ce qui se produisait sous ses yeux.


– Restez tranquille, mère, dit Yariza sans vraiment la regarder. Je m'occupe du dernier et je viens vous aider.


Il n'y avait peut être pas que du mal dans la crise qu'il avait déclenché. Après tout, il avait enfin montré à sa mère le potentiel qu'il détenait lorsqu'il laissait parler sa colère. Une force qui dépassait peut être celle des cinq autres samouraïs. C'était lui le héros, lui, le combattant de premier plan qui terrassait les Shien. Quelques pas lui suffirent pour retrouver le Casse-Cou Déterminé qui gisait au sol. La flaque qui l'entourait s'était entre temps élargie, et on voyait bien qu'il n'en avait plus pour très longtemps. Cela n'empêchait pas ses lèvres d'arborer un étrange sourire.


– Tous les Shien sont comme ça au bord de la mort ? demanda le samouraï d'un ton moqueur.


Sans attendre de réponse, il leva sa lame au ciel, répétant le même geste que les Légionnaires précédemment. Mais à ce moment précis, quelqu'un l'interrompit.


– Hé, attends là ! Il a eu son compte, t'y crois pô ?


Un villageois membre de la Résistance, qui apparemment avait observé la scène, l'avait saisi par la taille afin de l'empêcher d'achever l'ennemi.


– Y va mourir de tout'manière ! continua t-il. Faut pas s'acharner comme ça, on a not' dignité !


– Lâche moi, ordonna le samouraï en se débattant, tandis que ses envies de meurtres insatisfaites grandissaient d'avantage.


– Non ! insista l'autre.


L'impensable se produisit alors. Soumis à cette envie d'achever le Casse-Cou qui avait mis à terre sa mère, Yariza changea de direction sa lance toujours brandie, et la retourna contre le Résistant. Il lui enfonça celle ci dans les bras, forçant le pauvre homme à le lâcher. Cela suffit pour que le paysan peu habitué aux blessures de guerre s'éffondre à terre, évanoui. Conscient de ce qu'il venait de faire, le samouraï regarda furtivement autour de lui à la recherche d'éventuels témoins. Apparemment, ses compères étaient partout aux prises avec les Shien. Mais il en remarqua un qui le regardait fixement d'un air grave, tout en se battant. Le Samouraï Shiranui, qui entre temps avait défait 6 des 17 ennemis qui l'encerclaient. Sa mère, enfin debout, avait à peu près la même réaction. Le Casse-Cou déterminé, lui, éclatait de rire :


– Tu es encore plus monstrueux que nous ! Tu devrais faire carrière chez les Shien !


– Il suffit, dit il en brandissant sa lame de nouveau, un peu plus calme qu'auparavant.


L'officier arrêta de rigoler. Il sortit une dynamite de derrière ses cheveux, cachée dans un compartiment dont Yariza ignorait l'existance. La ficelle était extrêmement courte, la détonation allait avoir lieu dans quelques secondes à peine. Sans que la samouraï put faire quoi que ce soit, l'ennemi alluma la mèche et la lança ses pieds.


– Je ne pars pas seul, brailla t-il. Pour toi comme pour moi, l'heure de la Carbonisation est venue.


Presque instantanément, une énorme explosion retentit. Yariza tenta tant bien que mal de se jeter en arrière, mais il sentit malgré cela son armure craquer sous le choc. L'onde de choc le propulsa quelques mètres en arrière, loin de la zone d'impact. Il était de nouveau par terre, blessé légèrement. Il essaya de bouger, mais à son premier geste l'avant de son armure se fissura. Quelques morceaux tombèrent, mettant son buste et son visage à découvert. Il était sonné et hébeté, mais toujours en vie. On ne pouvait pas en dire autant du Shien, dont le corps avait été soufflé par l'explosion. Mais il y avait une autre victime : le Résistant qu'il avait assommé n'avait pas non plus pu s'enfuir, et avait connu le même sort.


Une grande tristesse traversa Yariza. Tout cela était de sa faute. S'il ne l'avait pas ramené de tels dégats, pour sa mère comme pour cet homme, auraient pu être évités. Mais non, il avait fallu qu'il joue les héros. De nouvelles larmes coulèrent le long de ses joues. Les pulsions étaient reparties.


– Je suis là, Yariza. Tout est fini.


L'l'Envoyée, à ses côtés, venait de le prendre dans ses bras. Un geste de tendresse auquel il n'était pas habitué, lui qui était resté sans elle pendant si longtemps.


– Pardon, mon fils. J'aurais du être à tes côtés plus longtemps.


– Je voulais vous montrer, mère….Mais j'ai échoué, marmonna t-il en pleurant à chaude larmes.

Je suis fière de toi, mon fils. Tu n'as plus besoin de te mettre en colère, ni de prouver quoi que ce soit. Pardonne moi, j'ai peut être été trop dure avec toi dans le passé, à toujours être exigeante… Je voulais te pousser à toujours te dépasser, sans comprendre que cette pression pouvait te mener à une telle violence. Mais je t'aime, Yariza. Et je ne veux plus que tu souffres à cause de cela.


Elle avait assisté intégralement à la scène. Les pulsions de son fils semblaient dangereuses, et elle était consciente qu'il faudrait encadrer cela au plus vite. Le prince Shiranui qui venait de se débarrasser de ses adversaires, fit signe qu'il avançait avec les autres Résistants vers la tour centrale. Elle comprit à son air grave que lui aussi avait tout vu. Le champ de bataille fut bientôt vidé de toute forme de vie à l'exception de la petite famille. Le barrage Shien s'était soldé par la mort des 21 Shien et de 11 Résistants, sur les 32 que comprenait le groupe.


L'l'Envoyée, elle, resta sur place avec son fils. La bataille était finie pour eux, mais un autre défi les attendait : reconstruire les liens de mère et de fils, que le temps avait contribué à fragiliser.


C'est à peu près à ce moment que non loin d'eux, leSolitaire Shiranui choisit de se montrer.



Quadriforce
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [18/09/2016] à 22:14

Fin de la petite série des points cardinaux. La prochaine fois, fin de l'arc.


Chapitre 29 : L'alliance de la porte Nord



Spoiler :



– Le plan est simple, il suffit de foncer droit devant et de tout détruire sur notre passage.


Voilà ce qu'avait prévu le commandant Ben Kei, qui supervisait l'attaque dans le district Nord de la Cité. Le chef du petit groupe avait couru le long de l'allée principale, entraînant dans son sillage samouraïs comme Résistants. Parmi eux, Zanji. Le jeune homme était déterminé : il allait enfin combattre pour ramener la paix sur les terres du royaume. Son sens aigu de la justice le titillait, il avait hâte de passer à l'action.

A l'inverse, Irou semblait bien plus réservé. Le samouraï se contentait d'avancer, attendant avec flegme qu'on lui dise de combattre. Ben Kei courait juste à côté d'eux, armé de son sourire habituel.


– Bon, on dirait que les ennuis arrivent. Pourtant, on a été rapides….


Effectivement, comme ailleurs, des troupes Shien étaient venues à leur rencontre. Il y avait de tout : des Légionnaires, des Fantassins Shien,et toute sortes d'autres guerriers. Ils faisaient résolument barrage, prêts à empêcher l'ennemi d'aller plus loin. Derrière eux, on pouvait voir les premières marches d'un escalier menant à la tour centrale. L'affrontement semblait inévitable.


– Arrêtez ! gronda pourtant une voix.


A la grande surprise des Résistants, l'armée ennemie obtempéra à l'ordre. Ils s'écartèrent pour laisser un passage autour de l'escalier : celui qui avait parlé apparut alors au milieu des marches. Il s'agissait d'un jeune homme en armure, katana à la main. Il possédait des traits fins, qui lui donnaient presque un air fragile. De longs cheveux roux se dressaient derrière sa tête. On pouvait lire une grande tristesse dans ses yeux. Il balaya du regard la troupe de Ben Kei, considérant un à un chacun des Résistants. Son attitude calme et posée ne ressemblait en rien à celle d'un Shien.


– Je suis Getsu Fuhma, le protecteur de cette ville. Renoncez à cette folie avant que je ne cède à la violence.


Dans le camp Résistant, tous étaient complètement déstabilisés. La situation dépassait dépassait de loin le plan « foncer dans le tas » de Ben Kei. Mais qui était donc cet homme qui venait s'interposer devant eux, et à qui même les Shien obéissaient ?


– Laisse nous passer, tenta Zanji. Nous sommes venu libérer cette ville.


Quelques Shien grognèrent devant tant de culot. Getsu Fuhma, quant à lui se contenta de focaliser son attention sur le lancier :


– Libérer la Cité ?


Zanji hocha la tête en le fixant droit dans les yeux.


– Libérer ? Répéta l'autre. Tous ce que vous êtes venus apporter, c'est la mort et la désolation.


– Quoi ?


– Votre milice a déclenché une guerre dans la ville, continua t-il en descendant les dernières marches. Le sang va beaucoup couler ce soir. Ca a déjà commencé dans d'autres parties de la ville, je l'ai vu de là haut. Rien de cela ne serait arrivé si vous étiez resté chez vous.


Un grand silence retentit alors. Il avait raison, et aucune de leurs convictions ne pourraient effacer cela. Getsu Fuhma écarta d'un revers de bras l'armée Shien, pour se placer devant celle ci. Il toisa les Résistants, à une vingtaine de mètres de lui :


– Vous ne passerez pas.


Ben Kei fit signe à Zanji et Irou de s'approcher :


– Je préfère que vous vous occupiez de ce type tous les deux. Moi et mes hommes – c'est à dire moi tout seul vu leur niveau de combat actuel – je vais m'occuper de l'armée ennemie.

Ca va aller ? s'enquit le lancier.


Le commandant sourit de toutes ses dents en montrant l'arsenal qu'il cachait dans son dos, composé de toutes sortes d'armes plus ou moins conventionnelles.


– Avec tout cet équipement, je vais pouvoir attaquer plein de fois en même temps. Qui sait, je pourrais même tuer l'adversaire en un seul tour ?


Zanji acquiesça, rassuré. Irou, plus pragmatique, était méfiant. Il gardait à l'esprit que parmi le commandement de la Résistance se cachait peut être un traitre. Et si Ben Kei voulait les séparer volontairement du groupe pour se débarrasser d'eux plus facilement ? En tant qu'ennemi, il n'aurait rien à craindre des Shien qu'il était censé affronter seul…. Mais ce n'était qu'une supposition, et pour le moment Irou n'avait d'autre choix que de suivre les ordres. Il finirent donc par s'approcher de Getsu Fuhma.


– Seulement vous deux ? Vous me défiez ?


– Je ne sais pas qui tu es, mais nous devons à tout prix franchir ces marches, fit Zanji en brandissant son naginata. Tant pis si tu dresses sur notre chemin.

Je vais détruire le démon qui sommeille en vous, oppresseurs.


Zanji se rua le premier, profitant de l'allonge de son arme. La pointe de l'arme frôla le cou de Fuhma, qui s'inclina juste assez pour l'esquiver. Le tout en un geste parfaitement contrôlé.


– Et maintenant, tu es déséquilibré par le poids de l'arme.


Avant que le samouraï n'ait pu faire quoi que ce soit, il était déjà à moitié sur lui, brandissant son katana. Irou para de justesse.


– Tu pourrais faire plus attention, Zanji. Même un aveugle comme moi l'ai senti venir.


– Tu te débrouilles bien pour un non voyant, commenta le guerrier roux en enchainant les coups contre les deux samouraïs simultanément. Mais ce ne sera pas suffisant.


Il les balaya d'un revers de sabre. Les deux compagnons n'eurent d'autre choix que de reculer.


– Soyez raisonnables, abandonnez. J'épargnerai peut être vos vies. Il était toujours aussi calme. Contrairement à eux, il n'affichait aucune trace de fatigue.

Pourquoi fais tu cela ? beugla Zanji. Tu dis protéger cette ville, mais tu nous empêches de la libérer des Shien. Toi qui vit ici, tu dois pourtant bien voir ce qu'il font subir à la population. C'est ça, la ville que tu défends ?


Irou soupira. Encore ce discours idéaliste auquel son camarade tenait tant. Au moins, cela lui laisserait le temps de récupérer.


– Je ne défends pas les Shien. Tout comme les autres régimes, ils finiront par s'éteindre. Cependant, la Cité demeurera à travers les siècles. Et je refuse qu'elle soit souillée par des individus tels que vous.


– Nous voulons la paix !


– Alors pourquoi avoir déclanché cette guerre ?


– …..


– Vous ne valez pas mieux que les Shien.


Sur ces mots, Getsu attaqua de nouveau.


Zanji, il va falloir faire équipe, lança le samouraï aveugle. Nous avons nos différents, mais il va falloir laisser ça de côté pour aujourd'hui.


L'intéressé fit signe d'approuver, même si cela ne le réjouissait gère. Irou ne semblait absolument pas intéressé par les enjeux de la bataille. Contrairement à lui, n'était pas là par conviction mais parce qu'on le lui avait demandé.


Les deux tentèrent donc une riposte en équipe. Mais dans le feu de l'action, leurs gestes furent mal coordonnés, et ils se gênaient plus qu'autre chose. En voulant se rapprocher, le lancier donna ainsi un coup de coude à son camarade qui le dévia de sa course. Cela les handicapa bien plus que nécessaire, et Getsu Fuhma n'eut aucun mal à les envoyer au tapis de nouveau.


– Il est temps d'en finir.


Le cœur de Zanji se mit à battre à toute vitesse. Alors ça allait se finir comme ça ? Si vite, sans qu'il n'ai rien pu faire pour se battre dignement ? Il regarda son coéquipier. Lui aussi haletait, et son souffle paraissait irrégulier. Soudain, une image vint en tête au lancier.


Irou…tu pourrais refaire l'attaque de la dernière fois ?


Il faisait référence à l'attaque combinée que les deux hommes avaient exécuté dans la région des Montagnes, au tout début de leur aventure. Le samouraï le regarda d'un air surpris :


– C'est étrange…moi aussi je pensais à cela.


Ce n'était pas la première fois que les deux hommes, que tout opposait, se retrouvaient subitement sur la même longueur d'onde. Là dernière fois aussi, c'était arrivé. Mais il y avait plus urgent. Les jeunes guerriers s'empressèrent de lancer leur contre-attaque :


Prompte Tornade Du Samouraï !


Ils passèrent de chaque côté de l'ennemi, le prenant en tenaille à toute vitesse. Sans s'arrêter, chacun dessina avec son arme un vaste coup horizontal au large de ses côtes. Ce dernier para mollement. Les coups rayèrent son armure dans une moindre mesure.


– Il y a du mieux. Mais c'est toujours insuffisant.


– C'est parce que ce n'est pas fini.


Ils se retournèrent et exécutèrent une attaque frontale, avec un coup d'estoc. Surpris, Fuhma se décala de justesse, manquant de se faire empaler. C'était la première fois qu'il reculait vraiment. Il n'avait pas prévu cet enchainement.


A vrai dire, les deux autres ne l'avait pas prévu non plus. Le coup était parti tout seul, sur un coup de tête…qu'ils avaient eu tous les deux exactement au même moment. Il sentaient quelque chose en eux bouillonner. Sans vraiment comment l'expliquer, il se sentaient tout les deux en parfaite confiance, comme si tous les verrous avaient cédé, comme si ils étaient capable de tout à présent.


– Je ne sais pas ce qui se passe, dit Zanji, mais j'ai l'impression qu'on continuant comme ça, on peut gagner.


Et son camarade ne pouvait qu'approuver.


Il se remirent à l'assaut. Les deux samouraïs ne réfléchissaient plus à leurs techniques, il se laissaient porter par leur intuition de guerrier. Il en résultait des techniques parfaitement synchronisées, dangereuses et imprévisibles. Le protecteur de la Cité semblait beaucoup moins à l'aise que plus tôt. Chacune de ses parades venait plus lentement que la précédente, il fatiguait, et les deux autres ne lui laissaient aucun répit. Le terrible bras de fer, mené à coup de sabres, dura une bonne dizaine de minutes. Passé ce laps de temps, il finit par céder. Le katana d'Irou lacéra l'épaule droite de Fuhma, qui perdit l'équilibre.


– On le tue? demanda Zanji d'un air sombre.


– Avant, il a peut être des renseignements sur la ville ?


– Comme si j'allais dire quelque chose à des gens comme vous….


Il avait beau être épuisé, légèrement blessé et à la merci des samouraïs, Getsu Fuhma restait calme et sur de lui. Il imposait le respect, même en tant qu'ennemi.


– Pourquoi ne veux tu pas comprendre ? Cette guerre est un mal nécessaire pour retrouver la paix ! Si nous gagnons aujourd'hui, ce sont tous les habitants de la région des rizières qui seront débarrassés de l'oppresseur !


– Je me suis assuré que les Shien ne fassent pas de mal aux habitants, répliqua l'homme à terre. Et ce depuis des années ! Vous êtes les seuls à leur faire du mal ici.


C'est alors qu'un grand vacarme retentit. Ca venait d'une tour, plus à l'Ouest. En entend ce bruit, Getsu comprit ce qui se passait.


– Ce….ce n'est pas vrai, murmura t-il en tremblant. Ils avaient promis de ne pas l'utiliser….


– Qu'est ce que c'est ?!


– Des canons…. ils tirent sur les maisons du district Est…


– Mais c'est là où il y a Kamon et Yaichi !


– Je…je croyais que….


– Je comprends que tu veuilles protéger cette ville. Mais faire confiance au Shien est impossible.


– Passez, fit l'épéiste roux. De toute façon, je ne suis plus en mesure de vous arrêter.


Il n'y avait pas de temps à perdre. De son côté, Ben Kei et ses hommes en avait fini avec les soldats ennemis. En fait, il avait vu que les deux samouraïs maîtrisaient la situation et attendait qu'ils aient terminé.


– Que fait-on de lui, à votre avis ? fit il en désignant Fuhma.


– C'est un homme bon, répondit le lancier touché par la sincérité du guerrier. Il s'était juste trompé de camp. Je pense qu'il faut le laisser vivre.


– J'espère qu'on ne le regrettera pas, commenta le commandant en accompagnant ses paroles d'une petite tape dans le dos de ses hommes.


Le petit groupe entreprit de monter les grandes marches de l'escalier central pour retrouver les autres divisions au sommet. La moitié de la Résistance avait été décimée dans cet assaut, mais la stratégie avait payé : ils étaient tout proches du but. Le Bushi Immortel n'était plus qu'à quelques marches.


Il y avait une petite terrasse où s'étaient regroupés les autres samouraïs, qui attendaient d'être au complet pour aller plus loin. Il y avait pour l'instant Nisashi et Mataza qui l'avait accompagné au Sud, Yaichi, le Samouraï Shiranui et les hommes à leurs ordres.


– Il ne manque plus que Kamon et Yariza, remarqua Zanji.


Yariza et sa mère ont été blessés tout à l'heure, expliqua le prince. Je ne pense pas qu'ils soient en état de grimper ces marches escarpées, qui m'ont soit dit en passant forcé à abandonner mon cheval.


– Pour Kamon, on s'est séparés après une embuscade, dit Yaichi. Je n'ai pas de nouvelles de lui depuis….


– Et la Dame Guerrière des Terres Désolées ? demanda Ben Kei.


– Je…arrive ! balbutia quelqu'un qui déboulait d'un escalier adjacent.


Elle s'arrêta à quelques mètres d'eux et se laissa glisser le long d'un mur. Elle était toute essouflée.


– Pardon…fit t-elle en inspirant un grand coup.


– Et Kamon ? Il était avec toi ?


Elle fit non de la tête.


– Avant oui. Mais per….per……


– Tu veux dire perdu, c'est ça ?


Elle hocha de nouveau la tête, à l'affirmative cette fois. Tous se regardèrent. Le temps leur faisait défaut : si ils patientaient trop, les renforts ne tarderaient pas à débouler. il faudrait faire sans lui. Le Samouraï Shiranui réunit la troupe de guerriers, qui devait au total comporter une soixantaine d'hommes. La première partie de l'assaut avait duré quelques heures, et déjà l'aube commençait à se lever.


– Le jour qui va naître est crucial pour notre royaume. Levez vos armes ! Nous allons montrer aux Shien ce que vaut la Résistance !


La foule d'hommes galvanisés obéit, et dans un grand vacarme d'épées, de lances et de haches, tous s'élancèrent vers les dernières marches qui les séparaient de la liberté.



Scandalf
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [18/09/2016] à 22:25

Hmm un p'tit feat du samourai shiranui :3 J'aime !


Nujabes Rest In Beat
https://www.youtube.com/watch?v=b246roYSQWw


Pseudo dev =Jake the dog =

Quadriforce
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [05/10/2016] à 23:21

J'essaie de faire apparaître des persos d'autres archétypes quand je peux, je trouve l'idée sympa 🙂

On arrive à la fin de l'arc Résistance avec ce chapitre, qui est d'ailleurs le plus long de tout ceux que j'ai écrit !


Chapitre 30 : L'identité du traître



Spoiler :



L'armée résistante était finalement parvenue au sommet de la tour. Depuis les remparts, on pouvait voir un panorama de la Cité, ainsi que l'étendue des dégats causés par la bataille : petits incendies dispersés ça et là, quartiers détruits, cadavres étalés au sol. Une fois la ville conquise, il faudrait s'assurer que le calme revienne en ces lieux.


Il y avait devant eux une grande porte, qui vraisemblalement était la dernière chose qui les séparait du Bushi Immortel. Le Samouraï Shiranui fit signe d'enfoncer la porte. Peu de temps après, celle ci céda. Ils découvrirent une vaste pièce rectangulaire, bordée d'un tapis de soie rouge. Celui ci se déroulait jusqu'au fond de la salle. Au bout, le Bushi attendait, installé dans ce qui semblait être un trône. C'était un homme assez âgé, avec un air sévère gravé sur le visage. Sa calvitie ne l'empêchait pas de porter de longs cheveux gras et mal coiffés, qui renforçaient son côté effrayant. D'une main, il se tenait la tête. De l'autre, il caressait son sabre posé sur ses genoux.


– Vous êtes donc parvenu jusqu'ici ?


Chez les Résistants, on ne prit pas la peine de répondre. Chacun saisit ses armes. Épées, fourches, haches, toutes se dressèrent dans la même direction. Le Shien arrêta de jouer avec la sienne et l'empoigna fermement.


– Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas battu moi même….ça fera un bon entraînement.


Il regarda la troupe de soixante hommes attroupés devant lui. Il ajouta alors :


– Je ne me bats pas contre n'importe qui…Que les meilleurs approchent. Je vais divertir les autres.


– On ne doit pas jouer son jeu ! prévint le prince.


Sauf qu'entre temps, le leader Shien avait puissamment frappé des mains pour appeler des renforts. Une vingtaine de Légionnaire de Shien apparurent d'une salle connexe, avant de partir à la rencontre des Résistants.


– Non ! grogna l'héritier Shiranui. C'est mauvais…Les samouraïs, venez avec moi. On va s'occuper de lui. Quant aux trois commandants et leurs soldats, ils élimineront les officiers.


Le prince gardait à l'esprit l'avertissement du Forgeron Shiranui : il y avait peut être un traître parmi les commandants. Cela pouvait être n'importe qui parmi Mataza, la Dame Guerrière ou Ben Kei. Il valait donc mieux les laisser tous trois ensemble, dans une formation où ils pourraient se surveiller mutuellement. Et surtout, là où le traître ne pourrait pas entraver ses propres mouvements.


– Venez ! Ordonna t-il en bran disant son habituelle épée de feu.


– Je me demande ce que vaut ce prétendu prince…


Les lames s'entrechoquèrent. La puissance que chacun mit dans le coup se dégagea en instant, au point d'en faire trembler le sombre parquet qui ornait le sol. Pensant le Bushi occupé, Nisashi, Irou et Zanji s'élancèrent à leur tour. Yaichi se tint également prêt à décocher une flèche dès que l'occasion se présenterait.


Mais sous estimer le temps de réaction du Shien fut une grave erreur : ce dernier vit l'ensemble des coups venir. Cependant, au lieu d'esquiver ou de parer comme on pouvait s'y attendre, l'ennemi adopta une stratégie radicalement différente. Il chargea en effet sur le Samouraï Shiranui grâce à de violents coup d'épaules, ignorant les samouraïs.


– Mais qu'est ce que ?!


Tous furent surpris par ce geste, qui brisait toutes les conventions du combat au sabre. Mais pour les Shien, il n'y avait pas de conventions. Peut importe les moyens mis en œuvre, une victoire était une victoire.


– Je vais m'acharner sur toi.


Le prince vacilla. Son épée de feu lui échappa des mains, tombant sur le tapis. Immédiatement, le Bushi tapa celle ci du pied afin de l'éloigner un maximum du combat. L'arme fut projetée contre un mur hors de portée, à l'autre extrémité de la salle. Le Samouraï Shiranui était désarmé.


Le chef Shien lui asséna quelques coups de pieds, de manière à s'assurer qu'il ne reprendrait pas l'avantage. Il savait se battre à mains nues, mais il était difficile de résister à un homme armé. Forcé de reculer, le prince se retrouva bientôt bloqué contre un mur. Cependant les samouraïs, ignorés du Bushi, foncèrent de nouveau à sa rencontre. Il anticipa, mais fut forcé de laisser de côté l'héritier Shiranui. Il fallait s'occuper méthodiquement de chaque samouraï, où il reviendraient systématiquement le gêner.


Il commença par parer les attaques combinées de Nisashi, Irou et Zanji, puis enchaîna avec une série invraisemblable de coups, qui n'avaient aucune cohérence entre eux. Une fois, c'était un coup vertical, puis l'instant d'après une estocade. Il n'y avait qu'une chose que tous ces coups avaient en commun : leur extrême agressivité.


Les samouraïs avaient du mal à saisir sa stratégie. Peut être d'ailleurs n'en avait il aucune. Quoi qu'il en soit, la garde du Bushi restait infranchissable : tout opposant devait rester plusieurs mètres à l'écart sous peine de finir transpercé par ses katanas. Zanji jeta un œil à son camarade aveugle :


– On remet ça, Irou?


Ce dernier hocha la tête, tout en se préparant.


Prompte Tornade Du Samouraï !


Un peu surpris, Nisashi regarda ses frères d'armes attaquer simultanément le Shien. L'espace d'un instant, tous crurent que c'était bon, qu'il allaient enfin réussir à le toucher. Mais il n'en fut rien. Le Bushi saisit leurs deux armes avec ses bras et les arrêta, en dépit de leur vitesse, comme on attrape un taureau par les cornes. Il avait un peu de sang au niveau des mains, mais n'y prêta même pas attention. Il profita de l'effet de surprise pour cogner brusquement les deux homme avec sa tête. Le coup de boule fut si puissant que Zanji en perdit son casque. Irou, qui lui n'était pas protégé, reçut le choc de plein fouet et manqua de peu de s'évanouir. Les deux guerriers tombèrent à genoux devant le Bushi Immortel. Décidément, il portait bien son nom.


– Vous aussi, vous voulez vous battre ? lança t-il à Nisashi et Yaichi, derniers des quatre à être encore debout.


Yaichi, c'est le moment ! indiqua son camarade en vert. Vise le tant qu'il est seul.


L'archer n'avait pas attendu le conseil et était déjà en train de viser. Il fallait viser les ponts vitaux : le cœur, la tête, et les articulations pour le paralyser. Ses doigts relâchèrent la corde de l'arc, laissant partir une première flèche. Celle ci fendit l'air à toute vitesse, pour venir transpercer l'armure du Shien et se loger tout près de son cœur. Seulement, contre tout attente, il n'eut pas la moindre réaction, mis à part un petit sursaut. Il ne chercha même pas à retirer la flèche, et se contenta d'avancer vers les deux hommes en retrait, avec un sourire au coin des lèvres. Déconcerté, Yaichi prépara un autre projectile. Il visa cette fois la nuque. Un point visible, que l'armure ne protégeait pas. Cette fois ci, rien ne pourrait l'empêcher de faire mouche.


Après une petite vrille, la flèche atterrit exactement là où l'archer l'avait souhaité, c'est à dire au niveau de la carotide de l'ennemi. Il grimaça vaguement lorsque la pointe se logea dans sa chair, fit un pas en arrière, mais ce fut tout. Il ne cria pas, ne s'écroula pas non plus. Tout portait à croire que ces deux coups, qui auraient du être fatals à n'importe qui, ne lui avaient rien fait du tout. Paniqué, Yaichi décida d'envoyer une par une toute les flèches de son carquois. Il visa toute les articulations des bras, des jambes, dans le but de le faire reculer. Il tira plusieurs fois sur les même zones, sans relâche, avec une bonne vingtaine de flèche.


– C'est bon…tu as fini ?


Le Bushi Immortel ruisselait de sang. Son corps était entièrement recouvert de flèches, comme peut être celui d'un hérisson de pics. Malgré cela, il se tenait debout, juste à côté d'eux. Il sortit une fiole de sa poche. Dedans se trouvait une étrange substance verdâtre que les samouraïs n'auraient gouté pour rien au monde. Le Shien avala goulûment le liquide, jusqu'à la dernière goutte.


– Du Stim-Pac…ça fait du bien….


Les samouraïs comprirent de quoi il s'agissait. Une drogue. Voilà qui expliquait son incroyable résistance à la douleur. Elle devait également placer son corps dans une sorte d'état second, qui lui permettait de se comporter normalement malgré ses blessures. Décidément, ce Shien était véritablement prêt tout pour gagner, au mépris de toute éthique.


Il ne pouvaient cependant rien faire pour l'arrêter. Nisashi tenta de s'interposer. Mais que pouvait il faire seul, alors que même à trois sur lui il n'avaient pu dégager la moindre petite ouverture ? Ses deux épées rencontrèrent les katanas du Bushi, qui les écarta violemenent. Il chassa l'ainé de samouraïs d'un grand coup de pied, le propulsant au pieds de Yaichi. De tout évidence, les samouraïs étaient vaincus. Mais ce n'était pas le cas du Samouraï Shiranui.


Le prince s'était remis des quelques coups qu'il s'était pris. Il avait ramassé son épée de feu et s'était éloigné des murs, pour revenir au centre de la pièce. Il se pencha pour aider Zanji et Irou, qui se relevaient lentement bien qu'encore sonnés. Il fusilla du regard le Bushi Immortel, occupé à rouer un Yaichi sans armes de coups divers et variés.


– C'est moi que tu veux…Alors viens te battre, Shien.


Le Bushi cessa de jouer avec son adversaire, et prêta attention à l'héritier.


– Oh….le petit prince réclame sa correction ?


– Comment savez vous qui je suis ?


– Pauvre idiot….si tu savais tout ce que je sais sur votre misérable petit mouvement….


Le yugioh=BOSH-34]Samouraï Shiranui comprit immédiatement où il venait en venir.


– Il y avait donc bien un traître ?


Le Bushi déploya un large sourire.


– Il est un peu tard pour s'en rendre compte…Regarde par toi même.


Le prince se retourna. Derrière eux, l'affrontement était terminé. Tous les résistants étaient à terre, inanimés. Certains étaient apparemment morts, d'autres juste blessés. Ils formaient des tas d'hommes empilés les uns aux dessus des autres, incapables du moindre geste. Deux des trois commandants figuraient eux aussi au milieu des tas. Peut être avaient ils tenu longtemps, mais eux aussi avaient été vaincus. Les Légionnaires de Shien, relativement peu touchés, les encadraient pour mater toute tentative de représailles.


Il ne restait que le troisième commandant de la Résistance. Ce commandant avait été totalement épargné par la bataille, et attendait tranquillement à côté des soldats Shien. Tout portait à croire que cette personne avait aidé les Shien à l'emporter. Le Samouraï Shiranui contempla ce spectacle, horrifié. Le traître s'était dévoilé. Tous ses espoirs s’effondraient.


– Non….ne me dis pas que….


– Calmez vous, prince….susurra le traître. Tout sera bientôt terminé.


Le Samouraï Shiranui, sous le choc, ne pouvait plus bouger. La Dame Guerrière des Terres Désolées avança vers lui, avec son épée couverte de sang dans la main droite. Elle brandit celle ci vers le prince. Il ne réagit pas. Il n'y avait aucune hésitation dans son regard, alors qu'elle s'apprêtait à assassiner celui qui avait été son supérieur pendant plusieurs années.


– Alors c'était toi….l'Espion de Shien !


Elle afficha un petit sourire, puis enfonça sa lame dans la poitrine du prince. L'épée pénétra sa chair et s'enfonça profondément, au point de transpercer son corps et de jaillir de son dos. Le dernier héritier de la dynastie Shiranui s'écroula à son tour au sol, comme tous ses camarade, sans un bruit. La douleur était effroyable, mais elle ne représentait rien en comparaison avec la tristesse qui le prenait. Il avait échoué. Et toute la Résistance payait le prix de son erreur. Il savait pourtant qu'un traître courrait peut être dans ses rangs, le Forgeron Shiranui l'avait prévenu depuis le Château De Brume.


– J'en ai laissé en vie comme vous me l'avez demandé, expliqua la Dame Guerrière au Bushi. Il y en aura une trentaine à exposer demain pour les exécutions en place publique.


Tous ces gens s'étaient sacrifiés pour lui. Pour rien, au final. Le Samouraï Shiranui ferma les yeux. Même si la blessure n'avait pas touché son cœur, elle était assez violente pour rendre son état critique. En voulant toucher sa blessure, il s'aperçut que son buste était déjà couvert de sang. Il n'y avait plus rien à faire. L'obscurité se répandit partout autour de lui.


Était ce cela la mort ? Ça ne ressemblait pas à ce que décrivaient les traditions. Au milieu du noir, une forme blanchâtre apparut devant lui. C'était une forme humaine, floue. Elle semblait lui parler :


– Mmm…..fiiiii….


Qu'était ce exactement ? Le prince se concentra sur la forme. Celle ci se précisa, la voix devint plus distincte. C'était une voix familière, qui rejaillit du plus profond de ses souvenirs.


– Mon fils….


Il la reconnut instantanément.


– Père ?


La silhouette devint totalement nette : il avait bel et bien devant lui le Saga-Shogun Shiranui. Le véritable roi, celui qui régnait avant le coup d'Etat du Grand Shogun Shien. Celui ci se tenait droit devant lui, le visage impassible. Il était exactement comme dans ses souvenirs d'il y a 10 ans.


– Alors tu vas abandonner, mon fils ?


– Père…je suis seul…je ne peux rien faire face à eux…


Il y eut un silence. Le prince, toujours au sol, tenta de se relever. Mais ses blessures l'empêchaient de faire quelque geste que ce soit.


– J'ai fait tout ce que j'ai pu. Mais je dois l'avouer, la Résistance est vaincue. Tous ses membres ont été balayés, sans exception. Vous m'avez manqué, père. Je vais bientôt trouver le repos à vos côté.


– Tu n'as donc pas plus de respect que ça pour tes sujets ? demanda l'ancien shogun d'une voix rauque.


– Je ne peux plus rien faire, répéta le fils.


– Tu me déçois, mon enfant…Tu as pourtant encore un moyen de lutter.


– De quoi parlez vous ?


Comme pour répondre à sa question, un autre homme apparut devant eux. Un vieil homme que le au prince Shiranui connaissait. Il s'agissait du Maître-Esprit, son mentor resté au repère. En le voyant, le prince à terre se rappela de ce qu'il lui avait confié avant le début de la bataille.


– L'Épée-Spectre Shiranui! L'arme qu'utilisait mon père !


– Il s'agit en effet de l'épée que sa majesté utilisait en combat. Une partie de son âme réside encore dans l'épée.


Le prince regarda l'épée, toujours rangée dans son fourreau. Jusqu'ici, il n'avait utilisé que son arme personnelle, l'épée de feu.


– Mais je ne suis plus en état de l'utiliser….


Son père le regarda d'un air déterminé :


– Est ce que tu veux l'utiliser ?


– …..


– Veux tu le faire, pour tes hommes ?


– Oui, je le veux.


– Alors ta volonté se transformera en miracle.


C'est alors que l'ombre se dissipa. L'image du Saga-Shogun et du Maître-Esprit lentement. En disparaissant, un petit sourire apparut sur les lèvres de l'ancien roi.


– Ton heure n'est pas encore venue…mon fils.


Lorsqu'il ouvrit les yeux, le prince héritier était debout, avec l'Épée-Spectre Shiranui en main. Une étrange flamme bleu s'agitait tout autour de lui. Ses plaies semblaient cicatriser à vue d’œil.


– J'ai compris, père. dit-il d'un ton apaisé. Je n'aurais jamais du douter de la Résistance.


Avait il vécu un rève ? Une vision, aux portes de la mort ? Il n'en savait rien. Une seule chose importait : le Saga-Samouraï Shiranui venait de révéler son plein potentiel.


– Cette garde….je la reconnais ! beugla le Bushi Immortel. Ce jour là, il y a dix ans, l'adversaire de mon maître avait…


– Je vais vous montrer….la force de la dynastie Shiranui.


Le prince se précipita vers le chef Shien. Cette fois, il était comme invincible. Son père était avec lui, après tout. Plus rien ne pourrait l'empêcher de gagner. Le Bushi voulut attaquer. Mais la forme bleue entrava ses mouvements.


– Des flammes ?


Style du Coup de Situation Shiranui !!


La même technique que son père. L'Épée-Spectre Shiranuitournoya dans les airs, envoyant de puissantes ondes de choc sur son adversaire. Celui ci grogna, mais ne fut pas déstabilisé. De toute évidence, le Stim-Pac faisait encore effet.


– Étant donné que je ne peut pas te blesser…..


Le Saga-Samouraï fonça vers le Shien. Celui ci tenta un coup de pied, mais fut arrêté. Les réflexes du Saga-Samouraï semblaient eux aussi décuplés depuis son retour. Le Bushi gémit.


– …je vais te réduire en poussière !


Son épée était recouverte de ces étranges flammes bleues. C'était là la manifestation de l'âme de l'ancien shogun, il fallait croire. Mais le Bushi ne comptait pas se laisser faire. Son katana vint s'interposer avec violence, bloquant le Shiranui. Les deux hommes étaient bien décidés à s'engager dans un bras de fer sans merci. En effet, le premier des deux dont le sabre céderait finirait transpercé par celui de l'autre. Les deux hommes insufflèrent toutes leur force dans les deux armes, mais celles ci restaient collées à l'une à l'autre. Aucun ne parvenait à prendre l'ascendant.


– Eh, la Dame Guerrière ! Vient m'aider ! Ordona le chef Shien qui voulait en finir rapidement.


La traitresse regardait la scène depuis le petit trône du Bushi, où elle s'était posée en spectatrice. Elle avait été étonnée de voir le Samouraï Shiranui se redresser, mais n'était pas intervenue pour autant.


– Tu n'es pas capable de le battre toi même ? demanda t-elle d'un ton condescendant.


– Ne me parle pas sur ce ton ! hurla le Shien, qui se contrait tant bien que mal sur le combat. Viens m'aider, c'est un ordre !


Elle ricana. Tout en jouant avec son chapeau, elle regardait la scène qui se déroulait sous ses yeux. Le Bushi Immortel semblait mal en point. Même sans ressentir la douleur, ses organes avaient été sévèrement touchés dans son combat contre les samouraïs. Il allait craquer à tout moment.


– Je ne suis pas sous tes ordres, fit elle remarquer. Tu n'es qu'un pion entre les mains d'intérêts qui te dépassent.


– Comment ?!


Il faiblissait. Le Stim-Pac ne suffisait plus, l'effort demandé était trop grand pour la drogue. Il sentait ses bras se raidir, ses articulations le picoter. L'odeur du sang l'empreignait de plus en plus.


– Mes hommes ! hurla t-il aux derniers Légionnaires encore debout. Je vous ordonne de…


– N'y compte même pas.


Quatre hommes s'étaient dressés entre les officiers et lui. Zanji. Yaichi. Nisashi. Irou.


– Ils sont encore là, eux ?!


Voir le Saga-Samouraï debout avait redonné confiance aux samouraïs. Comme si il leur avait transmis la volonté de combattre de nouveau. Ils étaient blessés ou fatigués, mais leur détermination avait fait peau neuve. Les Légionnaires ne passeraient pas.


– Intéressant, commenta la Dame Guerrière des Terres Désolées. Ça fera un magnifique rapport pour l'Occident. C'est Freed qui va être content.


Plus le bras de fer durait, plus le Bushi cédait. Il recula d'un pas d'abord, de sorte à continuer à maintenir son arme contre celle du Shiranui. Puis, sous la pression du prince, il fit un second pas en arrière. A partir de ce moment, le Saga-Samouraï comprit que c'était terminé. Il concentra toutes ses forces dans un ultime coup. Le katana du Shien fit mine de résister dans un premier temps, mais l'illusion ne dura que quelques secondes. Une fois écoulées, l'arme se brisa net, laissant la lame bleutée du Saga-Samouraï continua sa course. Le coup fut vif et précis. L'Épée-Spectre Shiranui trancha littéralement la tête du Shien en deux. Il mourut sur le coup, sans même voir la mort arriver. Les flemmes bleues se rependirent tout le long de son armure, et en quelques instants son corps fut intégralement consumé. Comme par sorcellerie, les flammes disparurent aussitôt la combustion terminée.


A la vue de ce terrible spectacle, les quelques Légionnaires restants décidèrent de déposer les armes, et s'enfuirent en courant. De toute façon, il n'y avait plus personne pour punir les déserteurs. La pression retomba d'un coup dans la salle. Celle ci était devenu un véritable champ de bataille. Le tapis rouge était déchiré de toute part. Des traces de sang tachaient les murs, des cadavres des deux camps jonchaient le sol un peu partout. Mais au moins, les samouraïs et le prince étaient en pleine possession de leurs moyens, en dépit de leurs blessures. Derrière eux, les Résistants inconscients semblaient hors de danger. Devant, sur le trône, il ne restait plus qu'un seul ennemi.


– Pourquoi as tu voulu me tuer ? Réponds !


La Dame Guerrière soupira. Elle le regardait à peine, preferant jouer à faire tournoyer son chapeau autour de son index.


– Pff…et voilà que Monsieur réclame des explications…


Elle semblait parfaitement métamorphosée, comme si celle qu'il avait fréquenté pendant plusieurs années n'avait jamais existé. Celle qui était en face de lui était insolente, cruelle, mauvaise. La guerrière qu'il avait connu, gentille, timide, attentionnée…où était elle passée ?


– N'était elle pas censée être incapable d’aligner deux mots de notre langue ? s'enquit Zanji.


– Ah, ça ? Fit elle avec un petit rictus. Si tu savais le nombre de fois que j'ai du me retenir d'éclater de rire quand vous me preniez pour une analphabète… Bien sur que je sais lire, écrire et parler votre langue. Je ne suis pas ici par hasard. Tu n'aurais quand même pas cru à mon histoire de Terres Désolées ?


– Que viens tu faire ici, dans ce cas ? demanda le prince. Tu n'as pas l'air de travailler pour les Shien, sinon tu aurais aidé l'autre tout à l'heure. Alors, pourquoi infiltrer la Résistance ?


Elle ricana. Elle arrêta de jouer avec son chapeau, et le remit sur sa tête.


– Quand tu le sauras, tu le regretteras.


– Comment ça ?


Elle ignora la question. La Dame Guerrière s'approcha d'une fenêtre qui donnait sur les remparts. Elle brisa rapidement les vitraux, puis escalada le rebord.


– Il n'y a qu'une seule chose que tu dois savoir.


– Ou crois tu aller ? fit le prince en se précipitant dans sa direction.


– N'oublie jamais, petit prince….vous, les orientaux, vous n'êtes que des pantins de l'Occident.


Elle eu un dernier petit rire méprisant, puis sauta.



Quadriforce
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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [19/10/2016] à 21:01

Début de l'Arc familial ! Dans cet arc, de nombreuses révélations surviennent à propos du passé et de l'entourage de certains personnages, sur fond de guerre civile imminente ! Quel danger peut bien guetter les samouraïs à présent ?


Chapitre 31 : Lendemain de bataille



Spoiler :



Il faisait déjà jour lorsque Kamon se réveilla. Il était allongé au sol, au milieu des pavés de la Cité aux rizières. Comment avait il atterri là ? Quelques souvenirs lui revinrent alors qu’il reprenait conscience. La Dame Guerrière des Terres Désolées lui avait asséné un violent coup à la tête alors qu’ils parlaient tous les deux. Elle, son alliée….Le samouraï avait presque honte, lui qui allait lui avouer ses sentiments…Etait-ce pour cela qu’elle l’avait frappé ? Non, elle semblait parfaitement calme quad elle avait visé avec son épée. Il devait y avoir autre chose. Mais alors…cela faisait-il d’elle la traitresse que tout le monde cherchait parmi les résistants ? Kamon grogna. Il avait été trompé.


Il quitta la petite ruelle où il se trouvait. Dehors, le calme était revenu dans la Cité. Les habitants se promenaient dans la rue, tout en contemplant l’ampleur des dégâts. Le quartier Est où il se trouvait avait été grandement touchés par les bombardements. Ailleurs, des cadavres de Shien et de résistants jonchaient le sol un peu partout. On comptait relativement peu de pertes civiles, les résistants y avait veillé. Peut-être une cinquantaine sur un ville de plusieurs dizaines de milliers d’habitants, mais c’était le prix à payer pour apporter la paix à la région. Car il n’y avait pas que la Cité : éliminer le bastion Shien revenait à éradiquer leur présence dans la région. En effet, il ne restait dans les environs que des petites réserves d’une dizaine de soldats, destinée à mater les populations des villages locaux. D’ailleurs, la Résistance avait prévu d’envoyer ses meilleurs éléments les neutraliser en cas de victoire.


Après avoir fait quelques pas dans la rue, le samouraï tomba nez à nez avec son camarade Yariza et de sa mère, l’Envoyée Des Six Samouraïs. Ils étaient accompagnés par un vieil homme qu’il n’avait jamais vu auparavant. On fit les présentations. L'homme se présenta sous le nom de Solitaire Shiranui.


– Que faisiez vous dans les environs de la Cité ? demanda Kamon, à la fois content de retrouver ses amis et méfiant envers l’inconnu.


– J’étais venu dans l’espoir de recruter des troupes pour lutter contre l’ennemi. Je suis directement au service de sa majesté le prince Shiranui, que vous avez apparemment rencontré.


– Il est venu à notre rencontre alors que nous étions blessés, ajouta l’Envoyée. Cet homme est notre allié.


– Si tu le dis…vu que nous sommes toujours en vie, je dois en déduire que nous avons gagné ?


En guise de réponse, un énorme gong retentit. En l’entendant, tous les habitants qui les entouraient se dirigèrent dans la même direction. Intrigués, les samouraïs suivirent le mouvement, jusqu’à se retrouver sur une grande place où tout le monde s’était regroupé. Au milieu, on pouvait voir le Samouraï Shiranui, et à ses côtés Ben Kei, Mataza le Zappeur, et un homme roux qu’ils ne connaissaient pas. Lorsque le flot d’arrivants fut tari, le prince décida de commencer ;


– Habitants de la Cité ! Nous sommes ceux qui hier soir avons mis fin à l’oppression des Shien. Le Bushi que chacun redoutait est tombé. Nous, la Résistance, avons repoussé jusqu’au dernier soldat en dehors de la ville ! Je suis le dernier descendant de la dynastie Shiranui, le légitime héritier du trône. L’objectif de la Résistance est de libérer le pays tout entier de la tyrannie du Régime, afin que chacun puisse vivre sans cette peur de l’oppression qui nous traverse chaque jour. Grâce à la victoire décisive d’hier soir, l’est et les Rizières sont d’ores et déjà libres. Ce sera bientôt le cas des Montagnes du nord, des Forêts de l’ouest, des Plaines du sud, et de la capitale.


Il s’arrêta. Le peuple, qui retenait son souffle, hurla de joie. Ils n’avaient pas saisi l’ensemble du discours, mais les Shien étaient repoussés. Cela suffisait à mettre tout le monde en effervescence. Cependant, ce n’était pas terminé. Le guerrier aux longs cheveux roux prit la parole.


– Je m’appelle Getsu Fuhma. Je suis celui qui va désormais gouverner la ville, conformément à la volonté de sa majesté. Je connais bien cette ville, j’y ai vécu toute ma vie. Cependant, je n’ai jamais rien fait pour empêcher le Régime de ruiner la vie des habitants. Je croyais qu’un contrôle strict était nécessaire pour maintenir la paix. J’avais tort. Je l’ai bien vu hier soir, lorsque ces monstres se st dressé contre le peuple. Je promets à tous la fin de l’oppression, de plus grandes libertés, et surtout la possibilité de vivre heureux.


Lui aussi fut acclamé. Après avoir salué la foule une nouvelle fois, le commandement de la Résistance se retira en direction de la tour centrale. Chacun repartit à ses occupations, heureux de profiter d’une liberté perdue il y a dix ans. Le groupe de Kamon parvint à rejoindre le cortège qui partait vers la tour.


– Oh, vous voilà ? fit le prince en les apercevant. Nous avions prié la déesse Amaterasu pour que vous nous reveniez sains et saufs.


Il vit alors le Solitaire, un peu en retrait. Leur regard se croisèrent. Le vieil homme s’inclina.


– Vous….la Résistance vous a cherché pendant tellement d’années…Où étiez-vous donc ?


– Comme vus avez grandi, mon prince….N’ayez crainte, je vais tout vous expliquer. Mais une fois à l’intérieur.


Le petit groupe, escorté par des résistants, gravit silencieusement les centaines de marches qui menaient au sommet de la tour. Ils arrivèrent bientôt dans la salle au tapis rouge, celle où avait eu lieu la bataille. On avait débarrassé les corps des victimes et fait de la salle un lieu de repos pour les combattants indemnes. Dans les rangs de la Résistance, sur environ 170 hommes, une soixantaine seulement était parvenue jusqu’à cette salle lors du combat. Ils avaient été ensuite pour la plupart blessés durant les affrontements contre les Légionnaires de Shien et la Dame Guerrière, qui les avait attaqué par surprise. Mais cela ne signifiait pas que ces soixante là étaient les seuls survivants : parmi les autres, certains s’étaient simplement perdu dans la ville. D’autres, que l’on croyait morts, s’étaient révélés être de simples blessés. A l’inverse, quelques hommes grièvement atteints avaient malheureusement succombé de leurs blessures. Finalement, il restait environ 90 des 170 résistants de départ, et au moins la moitié d’entre eux était blessée.


A la recherche d’un lieu moins peuplé, le Samouraï Shiranui invita les autres à se rendre dans une pièce adjacente. Sur des tatamis attendaient là les quatre autres samouraïs, assis avec un bol de riz. Ils paraissaient fatigués : la nuit avait été longue pour eux. Après la victoire sur le Bushi Immortel, il avait fallu fouiller la tour à la recherche d’éventuels ennemis restants, rassurer la foule, se débarrasser des cadavres…Des hommes étaient partis à la poursuite de Dame Guerrière, en vain. Trouver quelqu’un qui se cachait dans le dédale de ruelles en pleine nuit était en effet plutôt compliqué. Avec tout cela, les samouraïs – comme les autres Résistants d’ailleurs – n’avaient pu se reposer qu’à l’aurore. Kamon, en prenant son bol, se sentit un peu coupable d’avoir dormi pendant ce temps là.


Les autres en profitèrent pour raconter aux absents ce qui s’était passé : on parla d’abord du combat qui avait eu lieu contre le Bushi Immortel, de la traitresse. Puis chacun raconta ce qui s’était passé de sn côté, lorsque tous étaient séparés aux quatre portes de la Cité. Cependant l’Envoyée évita soigneusement de parler des pulsions de Yariza. Elle adressa un regard prince Shiranui, le seul à avoir assisté à la scène. Celui-ci lui fit clairement comprendre qu’il avait tout vu, mais qu’il garderait cela pour lui. Il faudrait qu’ils aient une conversation en privé à ce sujet, tous les deux. D’autant que l’armure de Yariza avait été brisée et que dans l’état actuel des choses, il ne pouvait plus combattre.


La conversation dura le temps du repas. Pendant tout ce temps, le Solitaire Shiranui n’avait rien avalé, ni prononcé le moindre mot. A un moment donné, lorsqu’il sentit le moment opportun, il se lança :


– C’est un honneur de me retrouver parmi vous.


Tout le monde se tourna vers lui. Personne n’avait fait attention à lui, et personne ne semblait non plus le connaître.


– Laissez-moi me présenter, fit il en s’inclinant. Je fus pendant un temps très proche de sa majesté le défunt Saga-Shogun Shiranui. Lors du coup d’Etat Shien il y a dix ans, j’ai fui aux côtés du Maître-Esprit afin de protéger le jeune prince, alors que tous les guerriers loyaux aux Shiranui étaient progressivement massacrés par les Shien. Nous nous sommes installés secrètement ici, dans la région des rizières, avec l’aide de quelques habitants.


– Mais vous êtes partis, fit remarquer le prince. Et je n’ai jamais su pourquoi.


– Vous étiez trop jeune. Lorsque je suis parti, trois ans après le coup d’Etat, vous aviez 11 ans. Je ne pouvais pas attendre que vous ayez la maturité nécessaire au commandement de troupes pour rassembler des hommes. Voilà pourquoi je suis parti. J’ai sillonné les routes, d’abord dans les rizières, puis dans la région voisine des Montagnes, à la recherche de soldats capables de mener une contre-révolution.


Il y eut un silence. Un grand espoir commençait à naître chez ses interlocuteurs.


– J’ai en effet rencontré beaucoup d’hommes et de femmes motivés pour se battre. Parmi eux, de nombreux anciens soldats fidèles aux Shiranui ayant échappé aux Shien, mais trop faibles pour se battre seuls. J’ai aussi croisé des hommes puissants prêts à nous aider, notamment un certain Maître Moine très doué au corps à corps. Il y a au total une petite centaine d’hommes, basés dans la région des Montagnes. Tous ensemble, ils forment la La Troupe Exilée.


Les yeux de la petite assemblée s’illuminèrent. Ailleurs, il y avait d’autres hommes qui se battaient comme eux. Si les deux groupes joignaient leur force, leur puissance de frappe serait considérable.


– Je suis venu ici dans l’espoir de recruter d’autres guerriers, continua le vieil homme. Jamais je n’aurais pensé faire face à un tel spectacle.


– Serait-il possible de rencontrer ces hommes ? demanda le Samouraï Shiranui sans attendre d’avantage. Nous devrions coopérer au plus vite.


– C’est en effet une très bonne initiative. D’autant que vos hommes vont avoir besoin de repos, votre majesté. Ceux qui nous attendent dans les Montagnes sont bien entraînés et en pleine forme. Je peux vous conduire là bas dès que vous le désirerez.


– Ce n‘est pas à moi que je pensais, rétorqua le prince en se grattant le menton. Mais plutôt à eux.


Son regard se tourna lentement vers les Six samouraïs :


– Le rôle de la Résistance est de soutenir la population locale et d’éviter les troubles dans les Rizières. En tant que chef, je ne peux pas me permettre de m’éloigner d’ici. Mais vous, vous pouvez.


– Et pourquoi faudrait-il que l’on…commença Nisashi.


Mais à peine avait-il commencé que l’Envoyée se leva :


– Nous irons. décrétât-elle. La région des Montagnes se trouve à mi-chemin entre les rizières où nous sommes et la région des Forêts, où se trouve le Temple des Six. Ca nous permettra de passer nous réapprovisionner en armes. Et puis, il y a un endroit où je dois amener les samouraïs…


– Intrigués, les samouraïs ne purent qu’obéir. Elle était leur ainée et il n’avaient d’autre choix que de lui obéir comme ils obéissaient au Grand Maître.


– N’oubliez pas, rappela le prince. Rallier la La Troupe Exilée est le plus urgent. D’ici quelques jours, les Shien seront au courant pour l’assaut et auront mobilisé leur armée contre nous. Il nous faudra un maximum d’effectifs pour tenir bon lorsque cela arrivera.


Elle acquiesça.


– Ce sera fait. Nous partirons dans quelques heures.


Chacun se sépara alors, vacant à ses occupations. Contrairement à Zanji et Irou, qui avaient seulement été assommés pendant la bataille, Yaichi avait du mal à se remettre de ses blessures. Il resta allongé sur un tatami, tandis que Kamon et Yariza discutaient à côté de lui.


Le lancer quitta la pièce. Dehors, l’Envoyée était assise à une table et étudiait une carte de la région. Il s’avança vers elle :


– Il y a une chose importante dont je n’ai pas pu vous parler plus tôt, commença t-il.


– Moui ? fit elle, sans détourner les yeux de la carte.


– C’est à propos de notre Maître, fit il. Il a voulu défier le Grand Shogun Shien au Château De Brume, et il…il…


La femme se figea.


– « Erradiquer le problème à la source ». C’est donc cela qu’il voulait dire…(nb : voir fin du chapitre 14)

Oui, ce jour là, elle l’avait bien entendu dire cela, alors qu’il s’éloignait du Temple des Six. Mais jamais elle ne se serait doutée que Kizan irait vraiment régler ses comptes avec le chef des Shien après 10 ans de statut quo.


– J’étais avec lui, continua le lancier. J’ai insisté pour le suivre…Il a pu défier un proche du Shogun, mais a perdu. J’ai été séparé de lui, et je ne sais pas ce qu’il est devenu. J’ai alors eu l’occasion de m’enfuir, et…Je me sens si faible, j’aurais dû…


– Tu ne pouvais rien faire contre le Château De Brume tout entier, c’est bien normal ! coupa t-elle. Tu as déjà beaucoup de chance de t'en être tiré…C’est de la faute de Kizan qui n’aurait jamais du t’embarquer là dedans. Mais ne t’en fais pas, ce n’est pas une priorité pour nous. Il est beaucoup trop précieux aux yeux du Shogun pour qu’il ne le tue.


– Je l’espère, répondit le samouraï à moitié convaincu.


– Va te reposer maintenant, ordonna t-elle. On part d’ici à 11 heures.


Zanji obéit. Il ne posa pas plus de questions, mais il avait le pressentiment qu’elle en savait bien plus sur le chef des Shien qu’elle ne voulait bien le dire.



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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [29/10/2016] à 20:51

Nouveau chapitre ! Il va falloir encore un peu du temps pour rentrer dans le cœur de l'arc, ce chapitre apporte déjà quelques infos sympa !


Chapitre 32 : Entretien dans la brume



Spoiler :



Le petit matin se levait sur le Château De Brume De Shien. Des Yata-Garasu étaient posés sur les balcons de l’imposant édifice, et regardaient le sol en restant immobiles. Sur ces terres, le volatile était considéré comme l’oiseau du malheur, celui qu’il ne fallait pas croiser sous peine de connaître des jours sinistres. Ils étaient cependant si nombreux aux abords de la forteresse Shien que plus personne n’y faisait attention.


Le chef incontesté des Shien était levé depuis déjà longtemps. En effet, le Grand Shogun ne dormait que très peu, certaines rumeurs qui circulaient dans les rangs de l’armée stipulaient même qu’il ne se reposait jamais. Tous les matins, le Shogun se rendait au conseil de guerre, durant lequel Chancelier Enishi et ses plus proches collaborateurs lui détaillaient la situation du pays et recevaient ses ordres. Ce conseil était permanent, et maintenu même lorsqu’aucune opposition au Régime n’était déclarée. Pour les Shien, gouverner sans guerroyer était en effet inconcevable. Mais ce matin, le programme était légèrement différent. Il y avait quelqu’un à qui le Grand Shogun devait rendre visite depuis un petit moment déjà.


L’imposant chef de guerre s’installa dans un petit salon réservé aux invités prestigieux, non loin de la salle du trône. C’était une petite salle au tatami coloré. Les murs étaient recouverts de bannières à la gloire du Régime, comme un peu partout dans le Château De Brume. Il y avait une table et deux coussins. Il s’installa sur le premier et attendit.


Bientôt, deux gardes apparurent dans l’encadrement de la palissade qui fermait le salon. Ils retenaient un vieil homme vêtu d’une tenue blanche, dont les mains étaient attachées dans le dos. Le prisonnier avait été capturé quelques jours plus tôt, on l‘avait alors dépossédé de son armure. Quelques rougeurs sur son visage indiquaient qu’il avait été battu, surement pour forcer le détenu à coopérer.


– Ah, te voilà. Je t’en prie, installe-toi. Vous, détachez-le et laissez-nous.


Les gardes s’exécutèrent sans poser de question. Le Grand Maître des Six Samouraïs, lui, ne fut nullement étonné de constater que le Shogun l’attendait. Il s’installa sur le coussin libre que le Grand Shogun Shien lui présentait, juste en face de lui. Les deux hommes se regardèrent pendant un moment, droit dans les yeux. Après plusieurs minutes, le chef militaire fut le premier à rompre le silence :


– Tu as vieilli, Kizan.


– Ce n’est pourtant pas moi qui est le plus changé dans cette pièce…


Ils s’observaient toujours, sans même sourciller. Le Grand Maître des Six Samouraïs continua :


– As-tu seulement conscience de ce que tu es devenu ?


Le Grand Shogun Shien soupira.


– Je savais que tu tenterais de me faire la morale. Comment aurait-il pu en être autrement ? Mais je ne pensais pas que tu serais si direct. Tu me déçois, Kizan. Cela fait presque dix ans que nous ne nous sommes pas vus, tu pourrais te montrer un peu plus patient. Prends donc un peu de thé.


Il lui présenta une table basse où deux tasses et une théière avaient été entreposées au préalable. Le Shogun servit lui-même les deux récipients et en offrit à son invité.


– Je ne suis pas venu parler du bon vieux temps, Shi En, fit le maître samouraï en prenant la tasse. Je veux des explications.


Le Shogun avala une gorgée de thé.


– Des explications. Nous y voilà. Pourtant, tu les connais déjà. Je te l’avais expliqué, cette fameuse nuit. Cette contrée était faible. Les Shiranui ne maîtrisaient pas le territoire. Lorsque j’ai pris conscience de ma force, j’ai réalisé que j’étais plus apte qu’eux à gouverner. C’est tout. Sous mon impulsion, le Régime a instauré une nouvelle ère et a permis l’Unification de ce pays.


Le Grand Maître des Six Samouraïs écarquilla les yeux. Il tapa violement son poing contre la table, au point de renverser un peu de thé qui déborda de sa tasse. Il était très rare de voir le vieil homme, d’ordinaire calme et raisonnable, s’emporter brusquement de la sorte.


– Tout ce que tu as fait, c’est piller les richesses des habitants, et mettre le pays à feu et à sang ! Tu es devenu un monstre, Shi En ! Un monstre !


L’intéressé ne releva pas. Avec un calme qui ne lui ressemblait pas, il prit une autre gorgée de thé.


– Tu n’as donc aucun regret de l’époque où nous combattions l’ennemi tous ensemble ? Toi, Enishi, Kageki, Shinai, Mizuho et moi ? De tous ces moments que nous avons pu partager au Temple des Six ?


– Je croyais que tu ne voulais pas reparler « du bon vieux temps ».


– Ne joue pas à cela avec moi. Réponds simplement à ma question.


Un fraction de seconde fut suffisante au Grand Shogun Shien pour le dire, sans ambiguïté :


– Non.


– Ton fils ne te manque-t-il pas ?


– Non.


Le maître était dépité. Son ancien camarade semblait avoir tranché tous les liens qui l’unissait à sa vie d’autrefois. Il n’avait plus rien en commun avec celui qu’il avait été. Mais le pire était peut-être de le voir assumer cela d’un air nonchalant, et lui parler comme si de rien n’était. Comme si tout cela n’avait aucune importance pour lui. Ce qui suivit confirma ce qu’il redoutait :


– Cette fameuse nuit, ma vie a pris un tournant, déclara le Shogun. Ce qui s’est passé avant n’a plus de raison d’être. Seul l’avenir que j’ai fixé à ce pays compte désormais à mes yeux.


– Ce funeste soir où tu as trahi les Six samouraïs…Celui où Shinai est…


Le Shogun resta insensible à l’évocation de leur ancien camarade. Il ne fit même pas l’effort d’aller dans le sens du Grand Maître.


– A moi de poser les questions, coupa-t-il. Ta visite au Château De Brume tombe bien. J’ai cru comprendre qu’une nouvelle génération de samouraïs était née…Pourrais-tu m’en dire plus à leur sujet ?


Le maître ricana. Non seulement il changeait de sujet, mais il osait en plus lui demander des renseignements.


– C’est moi qui les ait formés. Ces petits sont redoutables. Cela ne m’étonnerait pas qu’un jour, ils soient capables de te faire payer pour tes crimes.


– C’est vrai qu’ils ont l’air forts. Ils ont bien résisté face aux ninjas que je leur avais envoyé.


– C’était donc bien toi…


– Oui, ils avaient pour mission de te capturer mais en réalité, c’était surtout un prétexte pour jauger leur niveau. Pour voir s’ils valaient la peine que j’envoie l’armée s’occuper d’eux ou non.


C’était mauvais. Le Grand Shogun Shien connaissait l’emplacement du Temple des Six. S’il décidait de faire un raid là-bas, les conséquences seraient terribles.


– C’est dommage, Kizan, reprit-il. Pendant 10 ans, j’ai relativement épargné l’Ordre des Six à condition qu’il se fasse petit. Mais il a fallu que tu entraînes ces gamins dans le but de me renverser. Tu comprendras que je ne suis pas indifférent à cela.


– Tu n’oserais tout de même pas…


– Si. Sur mon territoire, toute révolte est réprimée. Je vais faire raser le temple.


Le maître se leva brusquement, le poing levé. Son sang n’avait fait qu’un tour. Il projeta son poing avant, dans l’espoir de frapper le Shogun au visage. Celui-ci attrapa le poing avec ses deux mains, et repoussa le maître en arrière en lui tordant le bras. Ce ne fut pas douloureux, mais suffisent pour déséquilibrer le vieux guerrier qui tomba sur la table, renversant tout son contenu au sol.


Le bruit alerta les deux gardes qui attendaient dehors.


– Saisissez le, fit le Grand Shogun Shien. Et ramenez le dans sa cellule. Nous discuterons un jour où il sera plus calme.


Le maître se débattit de toutes ses forces, mais il ne pouvait rien faire face à deux Sentinelles Inflexibles dont la masse musculaire était le double de la sienne.


– Je ne te pardonnerai jamais ! Jamais, tu entends ? JAMAIS !


Il cria ainsi pendant plusieurs minutes, mais ses cris finirent par se dissiper alors que les gardes l’éloignaient lentement de la pièce saccagée. Shien se retrouva alors seul dans le salon.


– Il était donc prêt à me tuer…


On accourut alors dans sa direction. Un homme pénétra dans la pièce, et s’agenouilla devant lui. Il s’agissait du Conseiller de Shien, un stratège l’assistait et le renseignait en permanence lors des conseils de guerre. C’était d’ailleurs le seul homme à responsabilités chez les Shien à ne pas avoir embrassé une carrière militaire.


– Pardonnez mon intrusion, mon Seigneur. J’ai des nouvelles de la plus haute importance à transmettre.


Le Shogun se tourna vers lui :


– Parle.


– Nous venons de perdre la région des Rizières. Ceux qui se sont autoproclamés « Résistance » ont mené un assaut sur la ville principale et l’ont capturée hier soir. Nos hommes ont été mis en échec.


Une goutte de sueur coula du front du Conseiller. La tension était considérablement remontée dans la pièce, au point presque d’en étouffer. Le Grand Shogun Shien tremblait de colère. Ses yeux s’étaient soudainement injectés de sang, tandis que sa mâchoire se contractait férocement.


– Combien d’hommes ?


– On avait 1200 hommes dispersés dans la région. D’après nos sources, 600 furent tués ou fait prisonniers, 200 désertèrent, et 400 demeurent dispersés dans des petits villages ou les combats durent toujours.


– J’exige que les 200 déserteurs soient retrouvés et décapités ! rugit le Shogun. Nous allons lancer une contre-offensive immédiatement. Fais mobiliser les hommes de la garnison, ainsi que la moitié des gardes de la région des Plaines, immédiatement ! Combien d’hommes peut-on regrouper ?


– Environ 10 000 hommes, mon Seigneur. Ils seront opérationnels sous trois jours.


– Parfait, fit le Grand Shogun en se levant. Contacte aussi les hommes en poste dans la région des Forêts. J’ai une autre mission pour eux.


– A vos ordres.


Il s’exécuta et quitta la pièce à son tour.


– Nous ne devons pas montrer de faiblesse devant l’Occident, murmura le Shogun qui semblait avoir retrouvé le calme. Surtout pas maintenant.


La Stratégie de Shien qu’il était sur le point d’élaborer devait justement éviter cela. Le sang allait couler comme jamais dans l’histoire de ce pays.



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[Fic] La légende des Six samouraïs posté le [18/11/2016] à 23:28

Chapitre 33 : Ce visage



Spoiler :



Il fallut pas moins deux bonnes heures de route aux Six samouraïs pour voir les premières Montagnes se dessiner à l’horizon. Le petit groupe guidé par le Solitaire Shiranui et l’Envoyée traversait au galop les principales routes des rizières aussi vite qu’il le pouvait, dans l’espoir de quitter rapidement la région où des effectifs Shien demeuraient actifs. Vers deux heures de l’après-midi, ils franchirent la frontière officielle qui séparait les deux régions. Par chance, ils ne croisèrent aucun soldat ennemi sur le chemin : les Résistants avaient déjà dû nettoyer cet itinéraire.


– A partir d’ici, il nous faudra encore une heure et demi de route pour atteindre le repère, expliqua le Solitaire qui menait la marche.


La région des Montagnes était reconnue comme difficile d’accès. Il suffisait de regarder sa topographie pour comprendre que cette réputation était amplement méritée. Les rares sentiers étaient incroyablement escarpés, presque impraticables à cheval. Des roches nues couvraient la totalité de l’espace à des kilomètres, et se confondaient en une infinité de pentes montagneuses. On pouvait apercevoir des nuages gris graviter autour des sommets qui se dressaient au-dessus de leur tête. L’hiver, le vent glacial venu des glaciers enneigés pétrifiait les rares voyageurs qui osaient s’aventurer là. En réalité, seuls les habitants locaux et les individus connaissant bien la région étaient en mesure d’accéder aux routes en altitude.


Pour cette raison, les villages en hauteur étaient restés relativement épargnés de l’influence des Shien malgré des tentatives régulières de conquête. Irou, lorsqu’il vivait encore dans un des villages au pied du massif montagneux, contribuait également à chasser les milices du Régime. Cette situation faisait de la région un endroit idéal pour le développement de groupes contestataires, et le Solitaire Shiranui en avait eu rapidement conscience. L’Envoyée avait beau le savoir, elle n‘avait pas été capable de découvrir la cachette de l’un de ces groupes.


Et effectivement, jamais elle n’aurait soupçonné que la La Troupe Exilée ne se cache dans un endroit aussi reculé. Le groupe avait dû descendre de cheval et continuer à pied. Il fallait forcer les bêtes à suivre tant elles étaient dérangées par la grande pente qu’ils devaient monter. Ils franchirent également plusieurs cols, dont les parois escarpées freinaient systématiquement leur progression. Une fois un dernier obstacle passé, le vieux serviteur Shiranui s’arrêta, à un endroit qui n’avait pourtant rien de particulier.


– On fait une pause ? demanda Kamon qui était visiblement exténué.


– Non. Nous sommes arrivés.


Cela faisait bel et bien une heure et demi qu’ils avaient rejoint les Montagnes, comme convenu. Mais il n’y avait rien qui laissait penser qu’un quelconque repère se trouvait là. Il n’y avait que de la roche atour d’eux, rien de plus. Pourtant, le Solitaire s’approcha d’un amas rocailleux. Les rochers cachaient en fait un autre chemin, qui donnait sur une grotte. Il fallait vraiment s’arrêter et regarder attentivement l’endroit pour s’en rendre compte.


– C’était donc ça…


En entrant dans la grotte, ils s’aperçurent que les parois n’avaient rien de naturel. La pierre avait été travaillée de manière à former un large couloir artificiel, dans lequel hommes et chevaux s’engouffrèrent. La grotte débouchait sur une grande porte comme unique issue, que le Shiranui ouvrit.


– Soyez les bienvenus, dit-il.


De l’autre côté de la porte, la grotte donnait sur une vaste cour à ciel ouvert. Il y avait sur les côtés d’autres portes qui s’engouffraient à nouveau dans la roche, avec derrière elles les diverses salles du repère. Des caisses de matériel et d’armes étaient entreposées sur le sol pavé. Au milieu, une dizaine d’hommes s’entraînaient au combat par groupe de deux. Ils faisaient manifestement partie de la La Troupe Exilée. Lorsqu’ils aperçurent les nouveaux venus, les guerriers vinrent immédiatement à leur rencontre.


– Bon retour parmi nous, lança l’un d’entre eux au Solitaire Shiranui. On a de nouvelles recrues ?


– C’est plus compliqué que ça, répondit l’Envoyée.


Elle entreprit de raconter brièvement ce qui s’était passé la veille dans la Cité aux rizières. Il y eut une vive émotion lorsque l’on apprit que la région avait été reprise, et une plus large satisfaction encore à l’idée qu’une seconde résistance allait pouvoir s’unir à la leur.


– Il faut vite annoncer ça aux autres ! se réjouirent certains soldats.


– Bonne idée. Rassemblez tout le monde dans la grande salle.


Le Shiranui les invita à emprunter la porte de droite. Il se retrouvèrent comme prévu dans une grande pièce creusée dans la roche. La salle était couverte d’un tatami jauni par le temps, et des bougies entreposées un peu partout comblaient au manque de luminosité. Il leur fit signe de s’installer au-devant de la salle, pour que tous les soldats puissent les voir. Déjà, certains arrivaient derrière eux et s’installaient, prêts à les écouter.


Soudain, un groupe d’une bonne quinzaine de guerriers arriva. Parmi eux se distinguait deux hommes. Le premier était un vieux combattant. Ce dernier possédait de nombreuses cicatrices tout le long du corps, corps doté d’une musculature particulièrement étonnante pour son âge. Ses longs cheveux blancs lui donnaient un air de vieux sage, malgré un regard vif dans lequel on pouvait lire son gout pour le combat. Sa tenue déchirée témoignait en effet de ses récents entraînements effectués plus tôt dans la journée. La tête du second était dissimulée par un chapeau de paille. Il paraissait extrêmement maigre, n’ayant que la peau sur les os. Il portait une tenue bleue assortie d’un katana. Contrairement à son camarade, il semblait très vulnérable, comme s’il allait s’effondrer au moindre coup.


– Je vous présente le Maître Moine. Le plus puissant des hommes de cette caserne, celui qui entraîne les hommes. A ses côtés, c’est un Spadassin D'un Pays Lointain, bien plus au sud que notre royaume.


Les deux intéressés se rapprochèrent d’eux.


– Je vois que tu es de retour, commenta le Maître Moine. Je ne pensais pas que tu amènerais autant de monde, bien équipé en plus.


Il jeta un œil aux armures des Six samouraïs. Un équipement de qualité, à n’en pas douter. Ces petits étaient bien fournis en armes également. Ses yeux balayèrent ensuite les invités eux-mêmes. Des jeunes guerriers, pensa-t-il, mais qui pouvaient avoir du potentiel. Son regard se décomposa toutefois lorsqu’il aperçut Zanji.


– Toi…


Sans plus d’explications, il se jeta violement sur ce dernier. Toute la masse de l’imposant combattant déferla sur le jeune homme, qui fut plaqué au sol. Il tenta de se débattre, de se libérer de l’emprise du vieil homme, en vain.


– Lâchez-moi ! hurla-t-il


– Comment oses tu venir ici ?! ENFLURE !


Toute la salle avait les yeux rivés sur l’altercation. On savait le vieil homme impulsif, mais pas au point de se ruer sur un inconnu. L’Envoyée décida de s’interposer :


– Arrête ! Ce n’est pas l’homme que tu penses !


Le Maître Moine ne se calma pas. Il immobilisait maintenant le lancier au sol tout en le menaçant d’un poing levé, qu’il était prêt à abattre sur son visage.


– Je reconnaîtrais ce visage ente mille…grogna-t-il. Celui de l’homme qui m’a fait toutes ces cicatrices au torse…


– Ce n’est pas lui, répéta-t-elle, regarde mieux.


Seuls quelques centimètres séparaient le visage de Zanji du combattant penché sur lui. Ce dernier le fixait attentivement, avec une hostilité qu’il n’expliquait pas. Dans la salle, on retenait son souffle.


– Pff…Je me suis peut-être emballé, lâcha t-il finalement.


Il desserra son emprise, laissant un Zanji éreinté au sol. Le Maître Moine ne fit même pas semblant de s’excuser, et se contenta d’aller s’asseoir un peu plus loin, comme le lui proposait le Spadassin D'un Pays Lointain. Les derniers soldats qui arrivaient profitèrent du petit temps mort pour s’installer, et le Solitaire Shiranui crut bon de ne pas s’attarder sur ce petit incident et d’enchaîner :


– Tout le monde doit être là, maintenant. Soyez attentifs. Des informations importantes nous viennent de l’Ouest. La région des rizières a été reprise par les forces résistantes locales.


Il y eut d’abord un silence. Peu de soldats avaient réalisé ce qu’ils venaient d’entendre. Quand enfin, au bout de quelques secondes, les paroles prirent sens dans l’esprit de chacun, un puissant élan d’euphorie traversa la salle. L’orateur continua :


– Ce n’est pas tout. Sachez que la résistance en question est au moins aussi bien organisée que la nôtre. Leurs troupes ne sont pas encore entrainés correctement, mais ils disposent de commandent très puissants.


Il y eut une nouvelle acclamation. C’était presque trop de bonnes nouvelles d’un coup pour ces hommes qui vivaient cachés dans les Montagnes, où il pouvait ne rien se passer de nouveau pendant des semaines.


– Et donc, qui sont ces hommes devant nous ? Des membres de la résistance en question ? demanda un soldat au loin.


– Oui. Mais pas n’importe lesquels. Ce sont les Six samouraïs.


– Les Six… ?


Une nouvelle fois la salle était bouche bée. Il y avait bien six jeunes guerriers en face d’eux. Ils avaient l’air plutôt fort. Mais tout de même, de là à parler des six guerriers de légende qui avaient sauvé le royaume du déclin il y a 30 ans…Certains de la La Troupe Exilée n’étaient même pas nés à l’époque. Et puis, n’était-ce pas un mythe ?


– Ce sont les vrais Six samouraïs ? demanda quelqu’un.


Il y eut des murmures dans la salle. Les soldats étaient partagés. Soudain, le Maître Moine se leva, et s’avança sur l’estrade.


– Ce sont les vrais, déclara-t-il. Il fit un signe de tête en direction de Envoyé Des Six Samouraïs. J’ai combattu avec cette femme autrefois, le temps d’une mission. Je n’étais alors qu’un simple Moine Combattant. Elle, elle était déjà affiliée à l’Ordre des Six à l’époque.


Alors ils ne mentaient pas. Les Six samouraïs existaient vraiment. Les guerriers restèrent ébahis devant les six jeunes combattants en armure. Ils paraissaient si jeunes ! Et pourtant rien qu’en les voyant chacun reprenait espoir, regagnait l’envie de se battre.


– Ces résistants risquent d’être en difficulté seuls dans les rizières, ajouta le Solitaire Shiranui. Je ne pense pas que le Grand Shogun Shien accepte de perdre la seconde région du royaume si facilement. Il va contre-attaquer. Et si nous ne les aidons pas, tous leurs efforts auront été vains.


Les silences furent cette fois anxieux.


– Ils ont franchi le pas. La guerre civile est proche. Nous ne pouvons plus nous cacher.


– Alors…les deux Résistances vont s’allier et combattre à découvert ? demanda un jeune soldat assis devant, d‘une voix peu rassurée.


– Elles vont même fusionner, assura le chef.


– Attention mon vieux, murmura le Spadassin caché derrière son chapeau. Je ne me mets pas au service de n’importe qui.


– Vous pouvez avoir confiance en leur leader. Qui pourrait être plus légitime que lui pour mener cette guerre, après tout ? Il s’agit du fils du défunt empereur, le prince héritier Shiranui.


– Quoi ?!


Le silence était définitivement brisé. Dans la salle, la grande majorité étaient des soldats fidèles à la dynastie Shiranui, qui vivaient clandestinement pour avoir refusé l’autorité des Shien. Découvrir que la dynastie n’était pas encore perdue, alors qu’en dix ans tous avaient appris à y renoncer, sonnait comme un miracle à leurs oreilles. La résistance, les Six samurais, et maintenant le prince…plus personne ne tenait en place. Des hommes hurlaient de joie, complétement galvanisés par cette annonce. Les plus courageux cherchaient déjà leurs armes, comme si on allait partir combattre dans la minute qui suivait. Même ceux parmi les plus jeunes qui avaient peur d’une guerre imminente devenaient peu à peu optimistes devant tant de bonnes nouvelles.


– Nous devons nous entretenir entre commandants pour échanger des informations. Vous aurez plus d’informations demain. Toutefois, nous allons surement partir pour les rizières d’ici très peu de temps. Commencez à préparer vos affaires.


– J’imagine qu’on peut sortir les rations de saké restantes pour fêter ça ? cria un soldat. Elles ne risquent pas de resservir de sitôt !


Leur chef soupira. Il fallait bien distraire les hommes.


– Un verre par personne…


Ce qui, en général, signifiait une dizaine.


Les divers commandants en profitèrent pour se retirer. On s’installa dans une plus petite salle, autour d’une table basse. L’Envoyée prit place aux côtés du Solitaire, du Maître Moine et du Spadassin. Elle fut directe :


– Nous n’avons pas besoin de vous, lança-t-elle aux samouraïs. Vous pouvez disposer.


– Ne sont-ils pas les Six samouraïs ? demanda le vieux moine. Ils ne peuvent pas assister à la réunion ?


– Ils sont encore peu expérimentés. Ce sont de simples soldats, au même titre que les autres.


Sans argumenter plus, elle se jeta sur une galette de riz qui avait eu le malheur d’entrer dans son champ de vision, et l’avala d’une bouchée. Elle ne semblait pas décidée à négocier.


– Venez, on y va, dit Nisashi avec une pointe de déception.


Les six jeunes hommes sortirent lentement de la pièce. Il se retrouvèrent dans le couloir rocailleux qui séparait le petit salon de la grande salle.


– Que fait-on, demanda Kamon. On va faire la fête avec les autres ?


– Ils vont nous sauter dessus, prédit Nisashi. On devrait plutôt essayer de trouver des lits. Il se fait tard, bus allons surement passer la nuit ici.


Les jeunes combattants avancèrent dans le couloir. Zanji fermait la marche. Il n’arrivait pas à les suivre, quelque chose le tourmentait. Il repensait bien sûr à son altercation avec le Maître Moine. Ce dernier lui avait apparemment foncé dedans sans raison. Il avait toutefois évoqué son visage, le fait qu’il ressemble à quelqu’un…Ce n’était pas le premier à lui faire cette remarque depuis qu’il était samouraï. Mais qui était donc cette personne ? Cela le perturbait, il n’arrivait pas à penser à autre chose.


Zanji ?


Cet homme, qui pouvait-il être ? Le connaissait-il ? Qu’avait-il fait pour qu’on ait envie de se ruer sur lui avec une telle violence ?


– Hé, ZANJI? Tu es tout pâle. Ça va ?


– Excuse-moi, Kamon soupira-t-il. Allez-y, avancez. Je vais attendre l’Envoyée, il faut que je lui parle.


Le jeune lancier se laissa glisser le long du mur du couloir. La nuit commençait à tomber, le froid à s’engouffrer dans le refuge. Il pouvait entendre sur sa droite les cris animés des soldats qui s’enivraient des nouvelles venues de l’ouest. Le couloir était faiblement éclairé, et un peu humide. Toutefois, Zanji attendit. Lui qui d’habitude était si fougueux, toujours plein d’enthousiasme et de détermination, n’était à ce moment-là que l’ombre de lui-même. Cette question occupait toute la place dans son esprit. Inconsciemment, il s’avait que la réponse était primordiale et que, tant qu’il ne l’aurait pas, il ne serait pas tranquille.


Au bout d’une heure environ, la femme sortit de la pièce accompagnée des trois autres commandants. Ces derniers prirent la direction de la grande salle en quête d’un peu de saké, et les deux membres de l’Ordre des Six se retrouvèrent rapidement seuls.


– Qu’est-ce que tu fais là, assis tout seul dans l’ombre ? demanda-t-elle avec son ton strict habituel.


– Je ne comprends pas, coupa-t-il. Quel est le problème avec moi ?


Elle ne répondit pas. Il prit son courage à deux mains et demanda.


– Quelle est donc cette personne à laquelle je ressemble tant ?


Elle soupira.


– Tu veux vraiment le savoir ?


Il hocha la tête.


– Très bien. Tu auras toutes les réponses que tu souhaites là où je vous emmène demain.



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