Chapitre 44 : Hiroki Partie 2 : Lettre à Reisuke (2)
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Armé de toute ma détermination, de mon courage et de ma peur toujours plus grandissante de ce monde hostile et dénué de toute chaleur et réconfort, je me lançai dans cette attaque surprise, sans vraiment comprendre qu'en invoquant ce pari stupide, j'allais moi-même sceller cette vie qu'était la mienne. Rassemblant mes forces, je commençai à courir tout en essayant de me fondre au mieux dans l'environnement dans lequel j'étais, visant le sac en bandoulière que tenait la fille de mon âge. Dépassant touristes et autres passants, je me faufilai entre chacun d'entre eux jusqu'à arriver près de la jeune fille et son père. Lorsque je fus juste derrière elle je ralentis ma course pour au final marcher tranquillement derrière elle. Je fus pris d'un doute à ce moment. J'avais déjà commis quelques larcins visant les commerçants, mais jamais alors je ne m'étais attaqué à un particulier directement. Peut être étaient-ils encore plus pauvres que moi et que ce que j'allais leur voler allait être vital… ?
Cependant, le visage de Reisuke revint paraître dans mon esprit dissipant avec lui tous mes doutes. Dans un élan de rage contre notre situation, j'attaquai la jeune fille, se saisissant rapidement de son sac avant de prendre la fuite. En me retournant vers elle et son père, je les vis en train de me poursuivre, me laissant l'occasion de croiser le regard émeraude de cette fille. Ce regard aurait du avoir plus d'effet que je ne le crus au premier abord , mais dans la situation où j'étais, je ne pouvais pas me permettre de m'arrêter. Je possédais leur bien, si ils me rattrapaient, j'allais finir au commissariat ou pire….Je courus donc jusqu'à perdre haleine, me faufilant entre les passants jusqu'à me réfugier sous le carton qui me servait de toit, entre les deux poubelles qui me permettaient de passer inaperçu.
J'en profitai pour déballer ma prise du jour. Je pris dans mes bras le sac en bandoulière qui sentait un parfum de propre que je n'avais pas senti depuis un bon mois. C'était idiot, mais le parfum de la lessive du sac me rappelait celui du linge propre fourni par notre propre mère. Je restai donc quelques minutes à me rappeler des bons temps grâce à ce sac, avant de l'ouvrir et de constater la valeur de ce que j'avais volé.
J'eus cependant une surprise assez intense lorsque je découvris le contenu du sac. En effet, moi qui m'attendais à quelques objets multimédias que j'aurais pu revendre, je n'y trouvai pas grand chose. Un cadre photo comme celui que l'on avait utilisé pour les funérailles de nos parents à l'intérieur duquel une femme respirant la gentillesse était représentée. La femme aux cheveux blancs et aux yeux bleus semblait être décédée, et j'eus cette confirmation en trouvant dans le sac un bouquet de fleur et un produit de nettoyage de pierre. Ce que je pensais être des richesses n'était au final qu'un sac contenant tout ce qu'il fallait pour prendre soin d'une tombe.
Je pris alors conscience de la nature de mon vol, des intentions mauvaises que j'avais eu vis à vis de cette fille et son père. Moi qui n'avais rien à voir avec eux je m'étais permis d'empiéter sur leur vie et de leur enlever ce moment d'intimité qu'ils partageaient ensemble. A en juger par la ressemblance frappante, la femme devait être la mère de cette fille, et cela me rendait d'autant plus coupable que moi j'avais eu le luxe de pleurer devant la tombe de mes parents.
Toujours à l'abri des regards , sous mon carton, je me rendis alors compte qu'il n'y avait qu'une chose à faire pour moi : retrouver ces gens afin de leur rendre leur sac et assumer les conséquences de mes actes mauvais envers eux. Ainsi, je soulevai mon toit afin de me mettre à la recherche de cet homme et sa fille.
Alors que j'avais décampé en vitesse la dernière fois, j'avais l'impression de courir au ralenti cette fois…Comme si le temps qui m'était imparti était trop court pour que je remplisse la mission que je m'étais octroyé. Ne pensant qu'à réparer le mal que j'avais fait en leur enlevant ce moment d'intimité qu'ils allaient partager ensemble, je me démenai à chercher chaque recoin de l'allée principale, mettant de côté les passants pour essayer de me concentrer sur ce visage que j'avais repéré quelques dizaines de minutes auparavant…..En vain.
Dix minutes passèrent, puis vingt, puis trente, pour au final laisser passer une heure sur les horloges du quartier huppé de la ville. La masse populaire se faisait de moins en moins importante, se retranchant dans ses quartiers en voyant le soir arriver…Et moi…Je n'avais toujours pas trouvé l'occasion de racheter mon erreur de jugement et mon acte. Abandonnant mes recherches, je m'écroulai au sol, me maudissant d'être devenu ce genre d'individu, quelqu'un d'instable et sur qui on ne pouvait pas compter, sur qui Reisuke n'aurait pas pu compter. Laissant éclater des larmes chaudes et bruyantes , je me détestais encore et encore , et j'allais le faire jusqu'à ce que je sois trop fatigué pour continuer et que je m'écroule de fatigue. Mais alors que je restais au sol, persuadé que le plan que je m'étais donné était le meilleur à suivre, une forte voix aiguë vint m'interrompre dans mes actions. Elle me lâcha un « nous t'avons enfin retrouvé ! » qui me fit me retourner vers elle.
De ma vision trouble je pus enfin voir le visage que j'avais cherché toute la soirée durant. Je repris alors un peu espoir , laissant mes émotions s'inscrire sur mon visage l'espace d'un instant avant de les renvoyer d'où elles venaient pour ne pas les laisser paraître. Je ne pouvais pas me permettre de montrer ce qu'il se passait à l'intérieur tant que je vivais dans cet endroit, cela m'aurait été fatal.
La petite brune qui semblait être venue me sermonner s'arrêta un instant, comprenant sûrement que je n'avais aucune intention de garder son bien. Tandis que son père resta à l'écart, surveillant malgré tout sa fille à qui il confiait la situation, celle-ci prit la parole à mon égard d'une voix forte qui était censée couvrir son hésitation.
-Hakaze- Ce sac….C'est quelque chose de précieux pour moi. Cela appartient à ma mère, peux-tu me le rendre ?
Sans prendre la parole je ramassai le sac que j'avais laissé au sol. Cette femme était donc vraiment la mère de cette fille….J'avais vraiment été grotesque en croyant pouvoir rendre le sourire à Reisuke avec un tel acte….C'est ce que je pensais lorsque je ramassai en silence le sac, prenant soin de ne rien casser à l'intérieur, avant de le tendre à la petite brune, n'osant pas affronter son regard croisant le mien. Détournant le regard, je gardai le silence tandis que je sentais la poigne de la jeune fille s'emparer du sac et l'enlever de mes mains.
Sans demander mon reste, je me retournai dans la direction opposée à la fille, malgré tout heureux d'avoir pu réparer mes actes malgré que je revenais à la case départ dans mon but premier du soir. Mais alors que j'allais retourner entre ces deux poubelles, là où était ma place, j'entendis un « Attends ! » qui provint de la même voix que celle qui réclamait son sac. Je me retournai avec surprise, ne comprenant pas ce que voulait la fille qui m'avait interpellé. Pour toute réponse à mon incompréhension, elle lâcha un sourire sincère qui ancra quelque chose de spécial en mon cœur. Face à ce sourire qu'était le sien, j'avais retrouvé cette sensation chaude et confortable que nous laissait maman à l'intérieur, mon esprit de gamin ne comprenait pas à l'époque, mais ce que j'avais ressenti ce jour là, c'était de l'espoir profond….Et quand la petite brune reprit la parole, je compris alors le véritable sens de l'espérance.
-Hakaze- Je me demandais….Pourquoi tu avais fait ça…. ? Pourquoi tu as voulu voler le sac de maman ? Tu pensais qu'il y avait de l'argent dedans.. ?
Je lui répondis par un silence, détournant le regard face à la honte de mon acte qui me faisait face. Le père qui était alors en retrait repris la parole d'un ton menaçant envers moi, comme pour me forcer à donner des réponses.
-Soichiro- Si tu ne nous le dis pas à nous, tu peux le dire au commissariat aussi. C'est ton choix.
-Hiroki- Non ! Pas le commissariat s'il vous plaît ! Si j'y vais je ne pourrai plus voir mon frère !
Les mots que j'avais lâché étaient sortis tout seuls de mon esprit face à la menace de l'homme. Lorsque je me rendis compte de ce que j'avais balancé, je me retranchai de nouveau dans ma quiétude, affichant sûrement une gène considérable face à la situation. Pourtant, la réaction de l'homme en face me surprit énormément….Puisqu'il lâcha un rire discret qui me percuta de plein fouet. Il reprit la parole en étant plus doux cette fois, me regardant avec le sourire aux lèvres.
-Soichiro- Il en aura fallu pour te faire parler haha. Allez, réponds donc à ma fille, c'est important pour elle de savoir.
Je me retournai vers la petite brune qui semblait vraiment prendre à cœur le fait de connaître le pourquoi de mon délit envers elle. Je n'avais pas d'autre choix que de rassembler mon courage afin de lui dire tout le pourquoi du comment…Même si m'ouvrir à des inconnus était difficile…Mais j'avais le sentiment qu'avec eux, tout allait bien se passer.
-Hiroki- Je pensais qu'il y a avait des objets à revendre. J'ai eu un besoin d'argent urgent et je n'ai pas réfléchi aux conséquences. Je suis désolé l'amie…
-Hakaze- Hakaze.
-Hiroki- Huh ?
-Hakaze- Je m'appelle Hakaze, Namatame Hakaze. Et mon père tout grincheux c'est Soichiro. Et toi, tu t'appelles comment ?
-Hiroki- Hi…Hiroki….Yamada Hiroki….
Lorsque je dévoilai mon nom, le père sembla tiquer un peu. Je lui demandai si quelque chose n'allait pas, mais il m'assura que tout allait bien, laissant sa fille reprendre la conversation qu'elle avait avec moi.
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-Hakaze- Dis, Hiroki. Pourquoi tu es dehors , tout seul, et dans cet état… ? Nous avons le même âge et on semble si différents quand on nous regarde…
-Hiroki- J'étais comme toi il y a quelques temps encore. Nous avons juste pris un mauvais virage, ma famille et moi. Mes parents sont morts et mon petit frère est dans un endroit où seul lui peut être. Je peux encore le voir, mais lui le me reconnaît pas lorsqu'il croise mon regard. Je survis ici jusqu'à ce qu'il me reconnaisse et que je puisse de nouveau remplir mon rôle de le soutenir et de lui montrer la voie.
-Hakaze- Je vois….Tu es un bon grand frère, Hiroki !
Le sourire qu'elle afficha à côté de ces paroles déclencha une émotion intense à l'intérieur de moi-même. Cela faisait un bon mois, non, plus , que je n'avais pas entendu ces mots qui me faisaient tant plaisir. « Tu es un bon grand frère, Hiroki. » Rien ne pouvait me faire plus plaisir que de savoir que la cause pour laquelle je vouais ma vie était convenablement remplie….Malgré tout ce que je faisais à côté.tu étais après tout, ma seule et unique motivation pour continuer dans ce monde dans lequel je n'étais pas à ma place, et c'était une chance que j'avais de pouvoir me raccrocher à ce pilier dans la vie, celui de te revoir un jour. Devant ma réaction spontanée et incontrôlée, Hakaze reprit la parole, cette fois avec plus de sérieux.
-Hakaze- J'ai quelque chose pour toi, Hiroki.
-Hiroki- Huh ?
Sans que je ne puisse le voir arriver, la petite brune mit la main dans sa poche avant d'en sortir en billet de 2000 Yens qu'elle tendit vers moi, consentant clairement à m'avancer cette somme considérable pour une fille de son âge et pour moi. Lorsqu'elle reprit la parole, ce fut toujours armée de son sourire et de sa voix compatissante.
-Hakaze- Tu as vraiment besoin d'argent, Hiroki….Et puis tu voulais me rapporter notre sac n'est-ce pas ? Tu as compris ce que tu avais fait et tu nous a cherché, alors tu mérites bien de trouver un peu d'espoir toi aussi.
-Hiroki- Je…Je ne peux pas accepter ça. J'ai besoin de cet argent, aujourd'hui c'est l'anniversaire de mon petit frère….Mais je ne peux pas accepter ça après ce que j'ai fait. Je n'ai pas gagné cet argent, je t'inspire simplement la pitié à cause de mon acte de désespoir. Se faire de l'argent par ce genre de procédé…Ce n'est pas envisageable.
La petite brune recula d'un pas, semblant déçue par ma réaction face à sa proposition. Je passai ma main dans mes cheveux, gêné par la déception que j'avais moi-même inscrit sur son visage, mais je ne pouvais pas faire autrement. J'avais mes principes qui faisaient de moi un grand-frère respectable sur qui l'on pouvait compter, je ne pouvais pas tout envoyer valser, même pour ce genre de cause.
Cependant, comme pour trouver un compromis entre mes désirs et ceux de sa fille, ce fut l'homme qui l'accompagnait qui reprit la parole avec diplomatie.
-Soichiro- Dans ce cas, que dirais-tu d'emprunter cet argent à ma fille et le lui rendre quand tu le pourras ? Cela serait très honnête.
-Hiroki- Vous voyez bien que je ne serai jamais en mesure de rendre l'argent dans l'état dans lequel je me trouve. Je ne peux pas accepter cet argent. Je suis désolé, monsieur.
-Soichiro- Écoute moi jusqu'au bout jeune homme. Je te propose de travailler pour moi. Tu viens avec nous, je te donne un toit, de quoi te changer, manger et te laver, et toi en échange tu deviens mon assistant au laboratoire. Tu feras du travail pour moi, je te donnerai de l'argent de poche, et le reste je le garde pour les dépenses liées à ta vie avec nous. Tu gagnerais donc toi même le droit de vivre sous mon toit , et tu pourrais accepter cet argent, cela serait honnête , non ?
-Hakaze- Papa, tu vas vraiment faire ça !?
-Soichiro- Bien sûr, on a la place pour accueillir une personne de plus.
La petite brune exulta de joie devant la déclaration de son père. Elle s'approcha rapidement de moi, collant presque son visage au mien ,avant de se saisir de ma main d'une rapidité surprenante. Elle plongea son regard joyeux dans mon regard noyé dans la tristesse avant de reprendre la parole avec entrain et insistance.
-Hakaze- Hiroki, moi et papa on pense que rien n'est fait au hasard, que toutes les rencontres sont organisées par quelqu'un au-dessus de nous. Si on s'est rencontré ce soir c'est parce qu'on doit faire un bout de chemin ensemble vers l'espoir ! Hiroki, s'il te plaît, accepte de venir avec nous !
-Hiroki- …J….Je…
J'hésitai quelques instants. Tout cela était trop soudain. D'abord j'étais un voleur, ensuite on me proposait de l'argent pour récompenser mon crime, et enfin on me laissait le droit de reprendre une vie normale à condition d'avoir un travail….C'était trop hâtif, trop soudain….Trop beau, pour être vrai. Bien sûr que la proposition était alléchante, je pouvais enfin sortir de tout ce traquenard , mais j'avais l'impression que quelque chose n'était pas correct.. Cependant, ce que je lisais dans les yeux de Hakaze qui insistait face à moi était tout sauf de la réticence. La petite brune semblait vraiment vouloir m'aider à sortir de la galère….Même plus que ça…J'avais l'impression qu'une partie d'elle m'appréciait…Même si je me faisais sûrement des fausses idées de ce point de vue….Mais je me laissai malgré tout convaincre par les arguments du père et de la fille. Acquiesçant, je repris la parole avec sérieux , tout en gardant mon côté introverti face aux étrangers.
-Hiroki- D'accord. Je veux bien travailler pour vous monsieur. Je vous remercie de me donner cette opportunité…Je ne vous décevrai pas.
-Hakaze- Super ! Je suis contente que tu aies choisi l'espoir plutôt que de te morfondre ici dans une poubelle !
-Hiroki- Je…J'habite un carton entre deux poubelles s'il te plaît….
-Hakaze- Plus maintenant, tu as un chez toi maintenant.
-Soichiro- Il y a un léger soucis cependant, Hiroki.
-Hiroki- Comment ça ? Quel est le soucis monsieur ?
-Soichiro- Les magasins ferment dans trente minutes, cela serait dommage de manquer le cadeau d'anniversaire de ton petit frère, non ?
-Hiroki- Monsieur…Vous êtes sûr que… ?
-Soichiro- Hâtons-nous, c'est un jour particulier pour toi n'est-ce pas ? Allons-y.
J'acquiesçai avec le sourire face à l'homme et sa fille qui furent apparemment satisfait de voir finalement une expression de joie se dessiner sur mon visage. Accompagné par l'homme et sa fille, je me dirigeai en quête de magasins afin de trouver ce qui allait être un cadeau pour tes sept ans. Je ne pouvais pas rentrer dans les magasins à cause du fait que j'étais bien trop sale sur moi et sur mes vêtements, mais Hakaze, la petite brune, allait dans le magasin pour moi voir ce que je voulais pour ensuite ressortir avec l'objet tant convoité. Ce que nous t'avions payé ce jour là, c'était un simple jouet de gamin que j'avais repéré. Il ne coûtait pas cher, mais c'était un cadeau pour lequel nous avions tous mis du nôtre ….Et c'était un cadeau que tu allais avoir venant de moi, et cela suffisait à me rendre heureux.
Le père et la fille m'accompagnèrent jusque notre chez nous . Ce n'était pas ma destination principale, mais je voulais leur montrer en même temps cette bâtisse là où s'était joué le drame d'il y a quelques temps. Je ne m'y arrêtai cependant pas, sonnant à côté à la place, au domicile des Kurenai. Après quelques secondes d'attente sur le pas de la porte, la tante d'Erika, Marie Kurenai, vint m'ouvrir la porte, constatant avec stupeur l'état dans lequel j'étais.
-Marie- Hiroki ! Dans quel état t'es-tu mis… ? Je t'avais pourtant dit que si tu ne savais pas où dormir, je pouvais te prendre avec moi voyons….Cela fait combien de temps que tu n'as pas dormi dans un lit ?
-Hiroki- Un….Un mois…..Mais ce n'est pas la question…Tenez Marie…C'est le cadeau d'anniversaire de Rei-kun…Est-ce que vous pourriez lui donner… ?
-Marie- Tu ne vas pas lui donner toi même ? Il serait content de te voir.
-Hiroki- Il ne vaut mieux pas que l'on se voit pour le moment…Je vais prier pour que le temps fasse son œuvre, mais je ne peux pas le voir pour le moment. Je vais partir maintenant, merci de veiller sur lui , Marie.
-Marie- Et toi alors… ? Je ne te laisse pas repartir dans cet état, rentre à la maison !
-Soichiro- Ne vous en faites pas madame, tout est sous contrôle.
Soichiro s'avança alors avec sa fille, laissant Erika les voir tours les deux. Tandis que je me tus, laissant les adultes parler entre eux, l'homme expliqua la situation à ma voisine , celle qui était sur le papier ma tutrice. Il lui expliqua que j'allais travailler pour lui en échange des besoins de ma vie quotidienne, et que j'avais consenti à ça. J'allais aider sa fille à remplir son travaille d'assistante de laboratoire , un travail tranquille dont il pouvait assumer les charges financières. Pour toute réponse, Marie soupira, déclarant que j'étais décidément bien trop têtu et bien trop fier et que ça allait me causer préjudice de nouveau un jour….Mais d'un sourire, elle me souhaita bonne chance dans ma nouvelle vie avec Soichiro et Hakaze.
Je lui assurai que je viendrais la voir régulièrement pour avoir des nouvelles de toi, elle m'assura en retour qu'elle prendrait soin de ce que j'avais de plus précieux en ce monde, et sur ce, nous nous séparâmes en cette fraîche soirée de printemps.
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J'accompagnai désormais Soichiro et Hakaze à qui je racontai mon passé de A à Z. Je leur parlai de qui était nos parents comme je t'en ai parlé au début de cette lettre, laissant l'homme esquisser un sourire lorsque je lui mentionnai Shinichi notre propre père. Hakaze suivait avec attention les détails de notre histoire. Elle aimait lorsque je racontais combien tu étais précieux, combien tu étais fragile, et combien je devais te protéger contre ce vaste monde, comme me l'avait enseigné notre mère depuis ta naissance. J'étais fier de raconter que j'avais un frère, même si notre histoire était teintée d'obscurité. Hakaze quant à elle me raconta qu'elle avait vécu un passé similaire au nôtre. Sans rentrer dans les détails, elle m'expliqua que sa mère était décédée d'une maladie deux ou trois ans plus tôt, et que depuis ce temps, Soichiro et elle s'étaient installés dans un endroit spécial à quelques heures de la ville. Je ne compris pas ce qu'elle voulait dire par spécial, mais mes doutes furent dissipés lorsque je vis l'immense forêt dans laquelle vit toujours la famille Namatame à ce jour.
Je m'installai donc dans ce qui était le logis mais aussi le quartier général de travail de Soichiro Namatame. Il faisait ses expériences sur les esprits du duel de monstre dans un laboratoire reculé, et le travail de sa fille était de l'aider à gérer les crises et les conflits entre esprits du duel vivant dans la forêt.
En guise de travail, on me confia l'apprentissage du duel de monstres. Je devais être capable de partir en mission pour Soichiro qui était lui même subventionné par la ville pour faire des recherches sur l'énergie Ener-D qui restait présente dans les parages malgré une abolition récente de cette source d'énergie par la ville à cause d'incidents dont nous n'avions pas eu mention à cause du fait que l'on avait déménagé avec les parents. Les conflits mettant en jeu l'Ener-D finissaient souvent en duels de monstres, il fallait donc que je maîtrise le jeu pour pouvoir réellement servir à l'extérieur.
Hakaze fut celle qui m'entraîna, elle me dicta les règles de ce jeu que je ne comprenais pas vraiment aux premiers abords, pour au final m'aider à me faire mon premier deck, le deck Vers. J'avais choisi ces créatures parce qu'elles représentaient des monstres assez sales aux premiers abords, mais qui peuvent être intéressants si l'on s'y intéresse. C'était un symbole me représentant, moi qui paraissait sale aux premiers abords, mais qui avais révélé une autre facette de moi à la petite brune qui s'était intéressée à moi. Ce deck vers c'était moi, et j'avais donc décidé d'évoluer avec.
Je m'entraînai, encore et encore, avec pour seul objectif de répondre aux attentes de Soichiro. Je pouvais venir te voir discrètement tant que je le voulais, pouvant même te glisser l'argent de poche que je gagnais afin de couvrir tes dépenses superflues . Marie me disait toujours que ce n'était pas la peine, mais j'avais la conscience bien plus tranquille en sachant que je pouvais moi aussi participer à ton bonheur par mes propres moyens. Quand à mon travail avec Soichiro, il me convenait, et ce que je faisais semblait convenir à l'homme.
Lorsque je sus enfin jouer convenablement, l'homme m'apprit alors sur quoi il travaillait. Il étudiait l'énergie Ener-D qui donnait naissance à des esprits du duel de monstres, comme un esprit que Hakaze portait en elle, en la présence de Athéna. J'étais dubitatif au départ, mais mes doutes se dissipèrent lorsque la petite brune invoqua son monstre devant moi, la laissant me rencontrer, moi qui était choqué par ce changement soudain et inattendu. L'Ener-D était donc une énergie se faisant de plus en plus rare et souvent corrompue par le fait qu'elle était restée trop longtemps sous terre. Ainsi, le but premier de Soichiro était de faire taire toutes les sources d'énergie jaillissant telles des sources de pétrole un peu partout dans la ville tandis qu'il menait en parallèle des recherches pour permettre aux esprits du duel de monstre de survivre dans cette forêt qu'était la sienne. D'après lui, l'endroit dans lequel nous nous trouvions était lui même un esprit du duel…Et pour être honnête, tout cela me fascinait. Je n'avais jamais eu de réelles questions sur le paranormal, la spiritualité, mais découvrir tout ça me donnait énormément de plaisir dans ce travail que je menais.
Les mois, puis les années passèrent me laissant grandir aux côtés de la famille Nanatame, aux côtés de Hakaze, qui était devenue ma partenaire de mission. Nous menions ensemble des tournois variés dont les primes servaient à améliorer le laboratoire de Soichiro ou à nous faire un peu d'argent de poche. Parfois je gagnais, parfois elle gagnait, parfois nous perdions tous les deux, pour au final confirmer notre nom dans le monde du duel professionnel. Hakaze mettait un frein au bout de quelques tournois cumulés, tandis que de mon côté je continuais encore et encore, me laissant même l'opportunité de la dépasser dans le cadre du duel compétitif. Je participais donc aux tournois tandis que de son côté elle profitait des évènements en question pour développer ses facultés à interagir avec les esprits du duel que l'on trouvait sur notre route. Nous allions vous voir secrètement, toi et Erika , quand vous étiez à l'école élémentaire ou au collège. Hakaze avait repéré Toratura, la princesse des serpents , qui habitait l'esprit d'Erika, la laissant même établir un contact avec elle par le biais d'Athéna.
Ce jour là, Toratura était venue piquer une crise dans le laboratoire de Soichiro Namatame. Elle était vexée par le fait qu'Erika ne connaissait même pas son identité, Vénominaga la déesse des serpents venimeux, et qu'Erika l'avais surnommée Toratura parce que c'était mignon comme tu le disais. Elle nous demanda que faire et Soichiro lui créa alors une carte vide nommée Toratura la princesse des serpents, il la confia à l'esprit du duel qui décida alors de comment elle allait se battre à vos côtés.
Lorsque tu es entré au collège, j'ai voulu me rapprocher d'avantage de toi, estimant que le temps avait peut-être déjà fait assez de boulot pour que je puisse t'approcher sans heurter ta mémoire ou tes sentiments. Ainsi, je sympathisai avec Erika Kurenai, remarquant au passage que tu étais fou d'elle, et comme pour marquer notre lien à tous les deux, je fis mine d'avoir le béguin pour elle. Il n'y avait de toute façon aucun danger pour toi étant donné que cela se voyait clairement que ton attirance était partagée, et j'étais persuadé que vous finiriez ensemble. Ainsi, à tes yeux je devins Hiroki le rival, celui que tu aurais bien voulu voir disparaître pour être plus tranquille, mais je préférais jouer ce rôle dans ta vie que de ne pas en jouer du tout. Je ne voulais pas que tu m'oublies une seconde fois, et ce, même si je devais laisser une impression désagréable dans ton esprit et dans ton cœur. Ma principale priorité était de rester ancré dans ta vie, partageant en tant que spectateur toutes les épreuves dans lesquelles je m'imaginais à tes côtés. J'eus donc la joie de partager des moments naturels de ta vie comme tes premières déceptions, tes karaokés, ton premier groupe de musique avec Kôsei , Erika et les autres, mais aussi le jour de ta remise des diplômes au collège et au lycée, tandis que moi je m'affirmais dans le monde du duel de professionnel sous le nom Hélio que j'avais obtenu en remportant un tournoi spécial dans lequel j'avais vaincu la reine de la lune et de la nuit. Suite à ce tournoi, je trouvai un sponsor qui payait pour que j'apparaisse à tel ou tel tournoi, que je gagne ou non. C'était plus rassurant dans le sens où je touchais le cachet même si j'arrivais en quarts de finale, tant que mon nom apparaissait sur l'affiche. Ainsi, je pus complètement laisser tomber tous les coups fourrés pour gagner ma vie honnêtement, toujours accompagné par Hakaze qui s'était lancé dans les recherches sur les plantes et les remèdes naturels en parallèle avec notre travail pour son père que je considérais au final comme le mien.
Concernant moi et Hakaze….Notre lien avait grandi d'années en années, et je finis par tomber amoureux d'elle. Je savais bien que la jeune fille que je connaissais depuis des années à cette époque ne partageait pas ce sentiment, je préférais donc me taire sur ces derniers plutôt que de tout avouer et briser cette complicité intense qu'était la nôtre. Nous étions comme deux frères et sœurs, faire évoluer cette relation solide en relation de couple aurait peut-être été une erreur irréversible détruisant notre complicité. J'étais satisfait d'être son partenaire de mission, de pouvoir toujours assurer ses arrières, de dormir avec elle dans des endroits farfelus où nous devions passer la nuit, de nous battre pour savoir quelle route prendre et au final me prendre son air supérieur parce qu'elle avait raison et moi tort, tout ça c'était bien plus que ce que j'attendais au départ lorsque j'eus accepté la proposition de Soichiro Namatame qui consistait à bosser pour lui.
Nous passâmes quelques années de plus ensemble, moi, Hakaze et Soichiro. Notre but était désormais d'attraper des joueurs qui avaient des esprits, leur poser des questions, et éliminer les esprits qui étaient venus du monde des esprits pour répandre le mal, avec ou sans le consentement de l'humain en question. Hakaze n'aimait pas mettre un terme à la vie d'un esprit, même malintentionné, c'était moi qui le faisait pour la soulager de ce poids.
Nous gardions toujours un œil sur toi et Erika, constatant que les problèmes avec Toratura étaient de plus en plus fréquents. Connaissant le passé de Toratura , nous savions que l'affronter de pleine face était impossible et qu'il fallait donc pouvoir la faire tirer un trait sur les évènements ayant eu lieu auparavant. Ainsi, nous devions trouver un moyen d'approche pour comprendre l'état d'esprit dans lequel se trouvait Erika, et fut lorsqu'elle s'inscrit au tournoi féminin de duel de monstre que nous le trouvâmes. Hakaze s'inscrit également dans l'espoir d'affronter Erika et ainsi en apprendre d'avantage sur sa relation avec Toratura, tandis que de mon côté j'observais depuis les grandis. Avec le recul, je peux t'avouer que je t'observais plus toi qu'Erika. Nous observâmes d'ailleurs ensemble le duel entre ton amie et Indy, la duelliste venue d'Inde, et nous pûmes donc constater à quel point Toratura possédait un mal être prenant provenant de l'intérieur.
-Hiroki- Dis donc, Toratura a gagné en puissance. Mais j’ai l’impression qu’Erika ne se développe pas en même temps qu’elle.
-Hakaze- C’est normal, Erika est une jeune fille qui n’a aucun passé, Toratura n’est même pas censée être là et a vécu des choses terribles. C'est difficile pour la princesse de se repentir de ce qu'elle était auparavant…Et pour une raison inconnue elle a choisi l'incarnation de l'innocence pour ce faire….Laissons leur le temps.
-Hiroki- Hmmm…Je ne pense pas que c’est du temps qu’ils ont besoin, mais plutôt de traverser des épreuves ensemble…….Un peu…Un peu comme toi et moi….
-Hakaze- Qu’insinues-tu l’avorton? Tu penses que nous avons mûri en même temps? Tu n’es encore qu’un gamin.
-Hiroki- Eh, ne me cherche pas des cross ok ? Je suis bien plus fort que toi au duel. ~
-Hakaze- Cela reste à prouver ça, et maintenant ferme là sinon je t'enferme de nouveau dans ta carte. Et puis…Je sens que Reisuke est étrange. J'ai l'impression que lui aussi, il possède un esprit du duel.
-Hiroki- Tu en es sûre ?
-Hakaze- Laisse moi confirmer avec Athéna…….Oui, Ananta le dragon maléfique. Ton frère n'est pas encore conscient de son existence , mais il est présent et attend son heure.
-Hiroki- Gérer deux esprits du duel en même temps c'est un peu….Difficile…. ?
-Hakaze- Ne t'en fais pas, j'ai un plan.
Hakaze me raconta ce qu'elle avait en tête. Elle devait aller voir Erika pour lui proposer une quête abracadabrantesque, celle de remonter le temps pour s'accaparer d'une énergie qu'elle avait inventé elle même en donnant le nom de « Kan'jiru ». Il n'existait pas de telle énergie, mais elle voulait faire vivre des épreuves à Erika et Toratura pour qu'elles se comprennent , tandis que de ton côté tu devais rencontrer ton esprit du duel et le comprendre comme Erika devait le faire. Ainsi, pendant que Hakaze était partie à votre rencontre, je devais prévenir Soichiro du plan de sa fille. Il était réticent à l'idée de faire ce pas, mais il plaça son entière confiance en l'analyse de sa fille, laissant ainsi cette dernière lancer les plans de ce voyage peu banal qu'était le vôtre. Me cachant dans le laboratoire, je vous vis tous partir vers le passé, toi , Erika et Hakaze, et lorsque ce fut enfin fait, je me positionnai à mon tour dans un des cercles bleus créés par Soichiro afin de vous rejoindre et de garder un œil sur vous.
-Soichiro- Tout ce cinéma alors que vous pourriez faire comme d'habitude, je ne sais pas ce que vous avez dans la tête les gamins.
-Hiroki- Hakaze tient à ce que Toratura ait une vie heureuse. Elle est agaçante, mais c'est une fille bien malgré tout. Mais vous êtes sûrs que tout ira bien là-bas ?
-Soichiro- Ils traverseront des épreuves, mais je suppose que tant qu'ils gardent espoir, tout finira par s'arranger.
-Hiroki- Oui, vous avez sans doute raison….C’est mon tour alors. Ne vous fatiguez pas ; je vais m’en charger, trois personnes cela doit avoir affecté votre énergie.
-Soichiro- Tu ressembles beaucoup à ton frère, si investi, si émotif, vous avez beaucoup en commun toi et lui. Il veille sur sa copine, je compte sur toi pour veiller sur ma fille. Et n’oublie pas ; là-bas vous ne vous connaissez pas, c'est essentiel pour ne pas attirer le doute sur le plan.
-Hiroki- Je vous la ramènerai sauve, comptez sur moi ! Merci pour tout ce que vous faites pour moi, Soi…..Ôto-san… Sans vous, je ne serais même pas ici.
-Soichiro- Pars donc, ma fille serait capable de créer un paradoxe temporel sans surveillance. Il ne vaudrait mieux pas détruire l'espace et le temps sur un de ses caprices personnels.
Sur un sourire je partis donc dans le passé avec une heure de décalage par rapport à vous. Tout comme vous je me suis fait des allés à l'époque de Domino City, ce qui m'a permis de survivre et d'évoluer dans un monde qui n'était pas le mien, tout comme je l'avais fait lorsque j'étais un gamin. Il était clairement moins hostile ce monde, mais j'avais cependant une mission bien claire, celle de te retrouver et de te rendre la mémoire que tu avais perdu, dans l'espoir de pouvoir de nouveau te serrer dans mes bras un jour et entendre ce « Onii-chan » qui viendrait désormais de ta voix d'homme. La seule chose que je n'avais pas prévu dans ce voyage, c'était les tourments de Hakaze. Elle ne m'avait pas détaillé son passé à ce point, et je n'avais pas la moindre idée de comment elle se sentait vis à vis de son père et surtout vis à vis d'elle-même. Aujourd'hui, si je n'arrivais pas à la sauver, cela serait un profond regret qui se marquerait en moi étant donné que j'ai promis à son père de la ramener sauve et qu'elle est la seule femme qui ait jamais compté à mes yeux.
Reisuke, tout ce que nous avons vécu par le passé nous amène donc à cette scène où tu dois lire cette lettre. Si je suis mort en essayant de te sauver, j'espère ne pas avoir aggravé ton état avec ces sentiments que je gardais en moi, et si tu es conscient de notre histoire en lisant ça, je voudrais te dire une dernière chose, un de ces précieux conseils de frère aine que j'aurais voulu te donner mais dont je n'ai pas pu saisir l'occasion : Garde espoir. Ne pleure pas, n'attise pas la haine en toi, ne te sens pas coupable, ne te déteste pas, ne garde pas une rancœur contre la vie pour nous avoir séparé de la sorte. J'ai malgré tout vécu des choses formidables en raison de cet événement aussi dramatique soit-il, et je ne regrette rien de tout ce qu'il s'est passé à ce jour. Reisuke, Soichiro m'a appris que notre destin est entre les mains d'un être supérieur, Dieu si tu préfères. Parfois il nous arrive malheur, mais il y a toujours une contrepartie heureuse qui fait qu'en te retournant tu ne regrettes rien. Trouve la contrepartie apportée par ma mort si tu as à lire cette lettre, crois, vis , cours, ris, et ne te préoccupe pas du reste….Si je peux te faire une ultime requête….Garde en toi le petit frère que j'ai connu, et quand tu te sens mal , lève les yeux au ciel, je serai là pour te guider, où que je sois.
Je t'aime bien plus que tu ne peux l'imaginer, Reisuke.
Hiroki
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