Quelques minutes plus tard, Eric alla manger. Cette fois il mangeait seul. Le Serpent était en grande discussion avec le maitre des shaolins. Manger seul n'était pas gênant à proprement parler, en revanche, Eric avait l'étrange sensation qu'il était un des sujets de conversation de ses camarades. Ce sentiment était renforcé par le fait que dès lors qu'il regardait un groupe, ce dernier devenait silencieux et chacun plongeait dans son assiette. A la dernière bouchée Eric se leva et sorti de la salle à manger, sans même prendre le dessert. Il était de loin le premier à s'être levé de table, mais il n'alla pas directement dans sa chambre. Il avait autre chose en tète : il cherchait la cuisine. Personne ne lui avait montré ou travaillaient les femmes, comme si ici elles n'avaient aucune importance. Mais pour Eric elles en avaient : elles les nourrissaient, préparaient les chambres et nettoyaient le temple de fond en comble. Au bout d'une heure il n'avait toujours pas trouvé la cuisine, et comme il croisait de plus en plus de shaolins, il préféra arrêter ses recherches pour ce soir et alla se coucher avant d'attirer une nouvelle fois l'attention.
Le lendemain ressemblait à la veille. Il arrivait toujours juste après à la course, tombait autour des cinq-six mètres et combattait avec acharnement ses différents adversaires.
Ainsi son entrainement devenait chaque jour plus bénéfique et les performances d'Eric étaient telles que seul Java arrivait avant lui dans chaque type d'épreuve. Au combat Eric avait surpassé tout les autres militaires shaolin, de la même manière il ne tombait plus dans l'eau, tout comme Java, par ailleurs sa réussite lui avait apporter le respect et l'admiration de ses pairs, et quand il fallait rentrer en fin d'après midi il talonnait systématiquement Java.
Cela faisait déjà trois mois qu'il avait intégré le temple et Eric avait l'impression que sa formation guerrière était achevé mais il lui manquait de repousser ses limites, il voulait se mesurer à ce qui avait de mieux…
Un soir Eric sorti très tôt de table, plus que d'habitude, et il se dirigea directement vers le sous sol du temple : il se déplaçait vers la cuisine, chose qu'il n'avait jamais fait avant mais qu'il attendait depuis le début afin de pouvoir s'entretenir avec les femmes de moines et ce soir il allait pouvoir y arriver, après tant de soirée à chercher.
Quand il se trouva devant la porte il toqua et entra. Et ce qu'il y vit sortait de l'imaginaire, c'était impensable et pourtant : une dizaine d'hommes, vêtu de l'habit traditionnel shaolin dirigeaient, ordonnaient et exhortaient les femmes qui courraient dans tous les sens afin de préparer les plats. Au moment ou Eric entra, quelques secondes s'écoulèrent sans que personne ne remarque sa présence mais que ce fut le cas ils se précipitèrent sur lui et se mirent à lui passer un savon :
"- Pour qui te prends-tu ? disait un.
-Que fais-tu ici ? exigeait un autre.
Eric resta calme et quand ces hommes ne dirent plus mot car ils voyaient qu'ils ne déclanchaient pas de réactions, ce fut Eric qui parla :
-Vous osez me demander ma présence, sachez que je voulais juste féliciter toutes ces femmes pour tout ce qu'elles font pour nous.
-Tu es un shaolin, tu n'as pas besoin de remercier qui que se soit, lui répondit sèchement celui qui donnait le plus d'ordres.
-Ce qui est certain, c'est que je ne vous félicite pas des les traiter de la sorte, rétorqua Eric en leur jetant un regard glacial et emprunt de dégout.
-Comment ? Je crois que tu ne sais pas ton erreur de me parler de la sorte, tonna le shaolin. Je te lance un défi de mort, sale avorton!"
Et ils firent le chemin vers la grande salle à manger.
Arrivés là, ils entrèrent alors que de nombreux shaolins se levaient pour aller se coucher mais quand ils virent Eric flanqués de ces dix shaolins ils comprirent la suite et en silence déplacèrent les table le long des murs et le chef de ces shaolins s'adressa au grand maitre et lui raconta la scène qui s'était déroulée dans la cuisine et il conclu en disant "c'est pour cela que je le défi à mort".
"-Bien, dit le chef shaolin, Eric, tu as commis une faute grave dans la hiérarchie de l'ordre shaolin…
-Dites-moi ce qu'il convient de faire pour "rattraper" cette erreur, coupa Eric qui commençait à s'énerver en son for intérieur.
-Et bien il te faut l'affronter dans un défi de mort. Comme son nom l'indique il s'agit d'un affrontement entre lui et toi jusqu'à ce qu'un des deux meure.
-J'accepte le défi. Peut être qu'en le tuant cela améliorera la situation des femmes.
-Oh c'est donc cela que tu veux!
-Oui car je considère comme anormal qu'elles soient tant exploitées!
Le chef des shaolins les coupa alors :
-Cela suffit messieurs, vous avez de la place, trêve de bavardages, affrontez-vous et que le vainqueur de ce défi de mort propose son idée."
C'est sur ces mots que les deux belligérants se jetèrent regard noir des plus intenses. Le combat approchait, l'affrontement était inévitable et de nombreux jeunes shaolins étaient impressionnés, eux qui n'avaient jamais vu ce genre de défi car personne n'avait l'idée de changer le système et à présent, voyant Eric, il se murmurait dans leur rang qu'Eric avait cette fois franchi la ligne de trop et malheureusement pour lui il allait s'en apercevoir trop tard. Même son oncle pensait qu'Eric allait mal finir, et il commençait à s'en vouloir de ne pas l'avoir pris sous son aile. Finalement seul Java paraissait calme et cela non plus n'échappait pas à cette assemblée et en particulier au chef de cuisine qui lui demanda :
"-Java, toi qui souvent est si remuant, comment se fait-il que tu sois aussi calme à l'heure de voir l'exécution de ce jeune inconscient ?
-Mmmhh…ricana le principal intéressé, c'est que je connais déjà le résultat de ce "défi", si on peut appeler ça un défi…
-Que veux-tu dire?
-Je pensais avoir été clair mais je vois que le fait de ne pas sortir de la cuisine t'a fait rouiller, telle une poêle enfermée dans un placard car on ne s'ne sert plus depuis des années, pour parler de choses que tu connais bien, et ils continuait à ricaner, chose qui énervait profondément son interlocuteur mais qui pourtant ne parlait plus et était devenu bien rouge tant Java lui infligeait la honte. java devant le silence régnant repris : Tu veux que je m'arrête là ? Ou peut être tu veux que je développe ?
-Fais donc Java, fais donc, répondit le cuisinier mais d'une voix moins assurée que précédemment.
-Eric est entrainé, jeune, intelligent : c'est un shaolin. Il est devenu le meilleur à mes entrainements et pourtant j'ai augmenté le rythme. Il a quand même suivi sans utiliser son pouvoir de ralentissement du temps alors dans un défi de mort ou il peut le faire, tu n'as pas l'ombre d'une chance, alors fais ta prière parce que de ton coté, on peut dire quoi ? Tu es vieux, rouillé, non entrainé…non tu ne peux pas rivaliser avec Eric alors que je l'entraine chaque jour vers la perfection.
-Dans ce cas tu vas être déçu Java! J'ai plus d'expérience que ce jeune effronté…
-C'est bon ? coupa Eric fermement. J'ai pas que ça à faire et demain on s'entraine encore donc il faut se coucher.
-Ne t'inquiètes pas pour demain, tu ne fais plus parti de ce monde; et il sorti un glaive de taille démesuré, avant d'ajouter : et inquiètes toi pour ceci."
Pour seule réponse Eric lui jeta un nouveau regard de dédain et se mis en position de combat. Son ennemi, le voyant sans arme sourit de manière sauvage, presque dénaturée. Puis il se projeta vers l'avant…leva son glaive et avant de le rabattre il s'était déjà pris une pluie de coup. Eric avait choisi de couper le souffle de son adversaire et avait enchainé une demi*douzaine de coups rapides dans les cotes et quand le glaive retomba, Eric était déjà derrière et l'attaquait toujours aux cotes enchainant les crochets rapides puis avant que le cuisinier ne se retourne il lui attrapa les chevilles et le fit basculer face première contre le sol et mis ses genoux sur les omoplates de sa victime et lui pilonnait à présent le crane, la nuque, tout ce qui passait à sa portée. Le moine cuisinier avait beau se débattre, il n'avait pas la force de l'âge d'Eric et il en perdait la volonté du combat si chère à l'ordre shaolin. Au bout d'un moment Eric se releva et le cuisinier pensa alors que c'était grâce à un mouvement de dégagement de sa part qui avait enfin porté ses fruits mais la vérité était bien loin de cette idée.
En effet devant une telle domination, devant la raclée humiliante qu'Eric infligeait au cuisinier, cinq parmi les autres cuisiniers se mirent à intervenir afin d'empêcher Eric de continuer à malmener leur chef. Pourtant à peine avaient-ils bougés qu'Eric s'était relevé et se dirigé vers celui le plus à droite, le plus éloigné des autres, et quand il en fut assez proche il lui sauta dessus d'un bond qui rappelait ceux de Morgana, et le plaqua au sol avec autorité.
Mais à peine l'avait-il fait tomber que ses compagnons sautèrent eux aussi sur Eric. Mais à présent Eric avait pris de l'assurance et savait quand il devait utiliser son pouvoir, et à ce moment précis, il était le temps d'en user toute l'étendue. Quand il vit les quatre assaillants tout près de lui il su donc que c'était le moment opportun et il figea le temps au beau milieu de leur saut, s'enleva d'en dessous puis se mis tranquillement derrière eux et le temps se remit à tourner normalement et les quatre corps s'écrasèrent en retombant, telles des poupées de chiffons.
C'est alors que le chef shaolin se leva et dit à haute voix "l'heure est venue de mettre un terme à ce combat. Il est évident qu'Eric est supérieur à Mousta, et je ne veux pas de sang, pas en ce lieu du moins. Puis il se tourna vers Mousta et ajouta, vas te reposer car nosu aurons besoin de toi en cuisine dès demain matin"; et Mousta, visiblement ébranlé et exténué de cet affrontement, sorti de la pièce, la tête basse.
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