Bienvenue visiteur, pour poster sur ce forum vous devez vous enregistrer.
Présentations Flux RSS Recherche
Pages : 1 2 3 4 ... 43 44 45 46
[Fic] L\'Ascension des Démons
heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

Hello Mina! la fic, L'avènement des dieux ayant pris fin, voici la suite directe qui se passe quelques mois plus tard avec comme personnage principal, Darksky!

Il va rencontrer un certain nombre de filles et va les aider à résoudre leurs problème dans un premier temps, et dans un deuxième temps, l'action reviendra 😉

mais voila tout de suite le prologue^^



Prologue : le réveil



Spoiler :


La pluie martelait les murs de pierre de la vieille citadelle et le vent menaçait à chaque instant de la faire chavirer comme une vulgaire barque. L’eau s’engouffrait déjà par les nombreuses fissures que comportait le vieux bâtiment. Le tonnerre gronda soudain, et au même moment, un éclair pourpre illumina le ciel noir.

Dans une petite pièce, quatre personnes étaient réunies autour d’une grande table de marbre nu, et nul ne disait un mot. Ils attendaient simplement la fin de la tempête mortelle. Après tout, ils ne faisaient que ça depuis des siècles attendre, ils pouvaient bien patienter encore un peu.

Chacun portait une longue cape d’une couleur différente de celle de son voisin, cachant leur visage. Cependant, une paire d’yeux rouges sang brillaient d’un faible éclat derrière la capuche vermillon de celui se tenant au bout de la table. Il semblait observer ses camarades, les juger.

Soudain, son poing s’abattit avec violence sur le marbre froid, créant une autre fissure.

-C’est inadmissible ! Gronda-t-il furieusement. Jamais nous n’aurions dû laisser Gariatron partir. Cela fait maintenant près de cinq mille ans qu’il nous a promis de revenir, et où en sommes-nous à présent ? Toujours au même point ! Vous trouvez cela normal mes frères et sœur ?

-Calme-toi Pyros tu veux bien ; répondit celui à la cape verte d’une voix dénuée de sentiment. Il n’a pas d’autre choix que de la tenir, sinon, il sait ce qu’il lui arrivera.

-Tu es bien sûr de toi mon pauvre Typhos ; repris une voix féminine. En cinq mille ans, il est très facile de contourner un serment aussi poussiéreux que celui-là.

-Tu n’as rien à dire Tellas ! Cria l’homme à la cape verte en se levant brutalement. Si Luminion nous a trahis, c’est justement à cause de ce genre de raisonnement !

-Et que veux-tu faire toi ? Le suivre à la trace ? Nous ne savons même pas où il se trouve en ce moment !

-Nous avons perdu les deux plus puissants d’entre nous, c’est regrettable en effet ; dit alors l’homme à la cape bleu qui ne s’était pas encore exprimé.

-Et que comptes-tu faire à présent Syphos ? Demanda le rouge.

-C’est très simple, il est temps pour nous d’enfin nous montrer au grand jour et de prendre notre revanche sur ces… « dieux » qui nous ont déshonorés !

Tous acquiescèrent d’un signe de tête, et, malgré la pénombre, un sourire semble se dessiner sur les lèvres de celui qui venait de proposer cela.

Un autre éclair zébra le ciel, et des ombres monstrueuses se dessinèrent alors derrière les quatre personnes présentes, des ombres de dragon…


Au même moment, dans une autre partie du monde, en Egypte ancienne, près de la tombe du pharaon sans nom, un homme luttait contre la tempête de sable se tenant là. Il avançait en regardant toujours devant lui, sans jamais se retourner. Il était un point noir au milieu d’un océan de jaune, cela était dû au manteau qu’il portait pour se protéger du sable volant.

Il s’arrêta soudainement au milieu de nulle part et se mit à contempler les environs en fronçant les sourcils.

-Tu es sûr que c’est ici Gariatron ? Demanda-t-il dans le vide.

-Bien entendu ; lui répondit une voix dans sa tête. Pour qui me prends-tu Shadow ? Bien, il est temps de le ressusciter.

-Je ne vois pas en quoi cela t’aidera, tu es déjà bien plus fort que lui…

L’homme soupira et sortit un petit objet en or en forme d’anneau et le posa à terre. L’anneau d’or se mit à briller soudainement d’une lumière intense, et un immense rayon lumineux fusa en direction du ciel, dissipant la tempête.

Mais, l’obscurité des nuages fut bientôt remplacée par l’ombre d’un immense colosse noir. Il descendait lentement sur terre, sa deuxième tête de dragon crachant de grandes flammes dans le ciel. Lorsqu’il se posa, toute la terre autour de lui sembla perdre vie instantanément.

-Quel misérable humain se croit assez fort pour invoquer le tout puissant Zorc l’obscur ? Dit-il d’une voix grave résonnant à des kilomètres à la ronde.

-Moi, Shadow, le voile des ténèbres devant recouvrir ce monde ; dit l’homme en s’inclinant.

-Je te suis reconnaissant humain, de m’avoir libéré. Voici ta récompense !

Le dragon tourna sa tête de dragon vers le dénommé Shadow et lui lança un puissant jet de flammes. Alors, un rire grave retentit. Zorc stoppa immédiatement le déluge et constata avec surprise qu’une barrière venait de se former autour de l’homme. Il n’avait même pas bougé le petit doigt et continuait de sourire bêtement.

-Comment est-ce possible ! Gronda Zorc.

-Nous sommes partis sur de mauvaises bases je pense ; reprit l’homme au manteau noir. Je suis donc Shadow, celui qui t’a libéré et qui abrite actuellement l’esprit de ton maitre : Gariatron, le démon originel des ténèbres.

-Mensonges ! Mon maitre a sombré depuis des millénaires, pourquoi viendrait-il partager le même corps qu’un insecte de ton genre ?

-Tu n’avais pas besoin de le rappeler ça…Marmonna Shadow pour lui-même…Bref, tu veux une preuve ? En voici une !

L’ombre derrière lui s’allongea et se détacha soudainement du sol. Un œil rouge apparut alors et fixa Zorc d’un air mauvais. Ce dernier recula brutalement et commença à rétrécir. Bientôt, il ne resta du grand ragon que le corps frêle d’un être humain. Il possédait des cheveux blancs en bataille et l’anneau d’or était à présent autour de son cou.

-Oh non, ne me dis pas que je suis à nouveau enfermé dans ce corps ridicule ! Se lamenta L’ex Démon. Il n’y a qu’une seule personne capable de faire ça….Gariatron ?

-Bien, je crois que nous allons pouvoir nous entendre à présent, nous avons tant à faire…



chapitre 1: l'amie retrouvee, nouvelles amities



Spoiler :


Un long couloir sans fin, un sentiment de malaise, de peur et d’angoisse, voilà ce que je ressentais. Je courais dans ce long couloir, comme si ma vie en dépendait, ce qui était peut-être le cas après tout. J’entendais derrière moi le pas lourd de quelqu’un. Il était lent, mais il se rapprochait indéniablement, je le sentais. Pourquoi ne me retournai-je pas pour lui faire face ? Je ne le savais pas moi-même, je me contentai de courir, toujours plus vite, dans ce long couloir sombre. Je vis alors une lumière, la sortie était toute proche, j’allais réussir à m’échapper ! Soudain, une vive douleur me transperça la jambe. Non, j’étais trop proche du but pour m’arrêter maintenant…


Je me réveillai en sursaut dans mon lit. J’étais en sueur, comme si j’avais réellement couru toute la nuit. Mes jambes étaient lourdes, et j’étais encore plus fatigué que la veille. Ce rêve semblait si vrai…Je regardai alors ma jambe ; heureusement, elle n’avait rien. Pourtant, j’avais bel et bien ressenti cette douleur comme la mienne…

-Darksky, le petit déjeuner est prêt, dépêche-toi ou tu seras en retard à l’école ! Cria ma sœur depuis le rez-de-chaussée.

-J’arrive Marie, pars sans moi ! Répondis-je assez fort pour qu’elle m’entende depuis le premier étage.

Je me levai, enfilais mon uniforme en vitesse sans prendre le temps de me coiffer et je descendis les marches deux par deux au risque de tomber.

Beaucoup de choses s’étaient passées depuis la défaite de gariatron. Tout le groupe s’était séparé, mais avec la promesse de nous revoir très bientôt, dès prochaines vacances en vérité. Angéla, June et leurs amies étaient reparties de leur côté, Drago avait entrepris un grand voyage, tout comme Hélios. Quant à moi, j’avais ramené Laura et Marie la ville de notre enfance à tous les trois. Je me souviendrai toujours du regard de Laura lorsqu’elle est retournée sur la falaise pour la première fois depuis des années. Nous habitions tous dans notre ancienne maison, sous la tutelle de Grand-mère qui avait accepté de revenir. Il y avait également Arnold, le major d’homme de Laura qui s’occupait de tenir les comptes et toutes les formalités. Comment avait-il su que nous nous trouvions là ? C’était un grand mystère pour nous tous, même Laura l’ignorait, mais il nous était d’une grande aide.

Reprendre l’école n’avait pas non plus été facile pour nous, mais il le fallait bien. Les débuts furent difficiles, lorsque tous les élèves vous dévisagent parce que vous avez arrêtez un dragon fou, cela ne donne guère envie de continuer. Cependant, l’histoire avait fini par s’émietter et à présent, nous étions des étudiants comme les autres.

J’arrivai dans la salle à manger, Laura était déjà levée et prenait son petit déjeuner. Elle n’avait pas vraiment changée, mis à part le fait qu’elle mettait à présent une barrette dans ses cheveux pour ne pas avoir l’air trop décoiffée à l’école. Lorsqu’elle me vit, elle m’adressa un grand sourire :

-Regarde-toi Darksky, tu as encore oublié de te peigner ce matin ; dit-elle pour me taquiner.

-Inutile, je me suis jamais coiffé le matin de toute façon ; répondis-je en prenant une tartine.

-Oui…sauf que là c’est ridicule ; rétorqua Laura en me tendant un miroir toujours en riant.

Elle avait raison. Je découvris avec stupeur ma tête ce matin. Mes cheveux étaient dressés en pic sur ma tête, comme chez un personnage de manga. Si j’allais en cours comme ça, plus personne ne m’adresserait jamais la parole ! Laura me jeta un peigne et j’arrangeai rapidement cela…Enfin, pas trop non plus, je devais garder un certain style tout de même. Une petite mèche de chaque côté, un peu relevé sur le devant, parfait.

-Franchement Darksky, qu’est-ce que tu ferais sans moi ; soupira-t-elle.

-Je m’en sortirai très bien, le l’ai bien fait pendant cinq ans ! Répliquai-je.

-J’adorerais voir ça ; dit-elle malicieusement.

-Mademoiselle Laura, je suis dans l’obligation de vous dire que vous allez être en retard en cours ; dit alors Arnold qui venait d’entrer.

-C’est pas vrai ! S’affola-t-elle subitement. Tu finiras ton petit déjeuner plus tard, il faut partir !

-Attends, j’ai même pas…

Elle ne me laissa pas terminer ma phrase, ni ma tartine et m’attrapa par le poignet, pour ensuite m’obliger à courir derrière elle. Je devais avoir l’air malin dans la rue avec mon bout de tartine dans la bouche et mon sac grand ouvert. Si quelque chose tombait, ça serait entièrement de sa faute, me disais-je.

Nous arrivâmes juste à l’heure en classe, pile au moment où la sonnerie retentit. J’eus à peine le temps de rejoindre ma place seul tout au fond –parce que Laura avait retrouvé d’ancienne amies qui l’avait trainée avec elles, me laissant seul – et de dire saluer mon cher voisin, ou plutôt compagnon d’infortune, Youhei, que notre professeur de Français, Madame Piment, drôle de nom, je dois l’avouer, entra dans la classe. Lorsqu’elle arrivait, elle demandait toujours d’ouvrir en grand les fenêtres, même s’il faisait moins vingt dehors, mais cette fois-ci, elle ne le fit pas et resta debout.

-Avant toute chose, j’aimerais vous annoncer que nous accueillons aujourd’hui une nouvelle élève dans notre classe, je vous prierai de lui faire bon accueil.

Les murmures s’élevèrent d’un peu partout, jusqu’à ce que Madame Piment tape sur le bureau pour faire taire tout le monde. La porte de la salle de classe s’ouvrit alors et une fille entra. Elle était blonde, avec une longue que de cheval. Elle avait également des yeux bleus comme l’azur et de petites lèvres fines…Une petite minute, je la connaissais !

-Bonjour, je me présente, je suis Yuiko…

-Saya ! Terminai-je d’une voix forte.

-Tu connais cette fille ? Me demanda Youhei interdit.

Tout le monde se retourna vers moi et je virai rapidement au rouge. Je n’avais jamais apprécié être le centre d’attention.

-Tiens, Darksky, ça faisait longtemps dis-moi ; dit-elle enjouée, ce qui attira tous les regards sur nous deux.

-Bien, je vois que vous vous connaissez déjà ; dit Madame Piment, une pointe d’exaspération dans la voix, dans ce cas, Saya, allez vous asseoir à côté de votre camarade.

-Compris !

Saya se précipita vers moi. Elle semblait bien heureuse de me revoir. Je l’étais aussi bien évidemment, mais j’étais surtout surpris après ce qu’elle m’avait dit la dernière fois que nous nous étions vus. Tant de questions me trottaient dans la tête, mais je ne pouvais pas parler avant la fin du cours, sinon Piment m’aurait envoyé tout de suite chez le directeur… Je voyais cependant Laura qui regardait Saya de loin d’un œil mauvais. Je tentais de lui faire un signe pour lui dire que je lui expliquerai plus tard, mais elle ne cessait de nous regarder de son regard des mauvais jours.

-Laura, si la poésie romantique ne vous intéresse pas, vous pouvez toujours sortir ! Dit soudainement Piment.

-Non, je voulais juste…Tenta-t-elle pour se défendre.

-Vous ne vouliez rien du tout, soit vous prenez des notes, soit vous prenez la porte. Aller raconter cela à monsieur Noel.

-Quel jeu de mot pourri ; dit alors Saya.

Laura se leva alors et sorti de la pièce, toujours en me regardant fixement. Elle faisait vraiment peur à voir quand elle était en colère…Il allait vraiment falloir que l’on parle après. Je me rendis compte que j’aurais beaucoup à faire durant la prochaine pause…

Après m’être presque endormi sur mon cahier, Madame Piment quitta enfin la classe. Le lundi était vraiment la pire journée, commencer par deux heures de français alors qu’on sortait à peine du lit ne donnait envie que d’y retourner au plus vite.

-Alors Darksky, quel bon vent t’amène par ici ? Me demanda subitement Saya.

-Je pourrais te poser la même question je te signale, nous sommes dans ma ville natale…

-A vraiment ? C’est ici que tu es né ? Je n’en savais rien, c’est charmant par ici ; dit-elle toujours avec un sourire.

-Et donc, que fais-tu ici alors que tu devais traverser monts et vallées pour trouver ta citadelle ?

-Figure toi que je l’ai trouvée ! Répondit-elle naturellement.

-Sérieusement ? M’exclamai-je impressionné.

-Oui, plus ou moins… marmonna Saya, je te raconterai ce soir, il y a trop d’oreilles indiscrètes… Sinon, tu peux me passer ton cahier ? J’avais la tête ailleurs durant ce cours.

En effet, lorsque je jetai un coup d’œil sur ses notes, il n’y avait que des dessins de petite fée et de gros dragons, ce qui allait assez mal ensemble d’ailleurs. Ce qui me faisait penser, Laura n’était toujours pas revenue, elle devait s’être sacrément fait gronder, et elle allait m’en vouloir encore plus. Je frissonnai à cette idée.

-Dis Darksky, la fille qui est sortie tout à l’heure, c’était ta petite amie ?

-Qu…Qu’est-ce que tu vas chercher toi ; répondis-je en rougissant. Il est vrai que nous sommes très proches, mais, plus autant qu’avant…

Saya me regarda bizarrement avant de sourire à nouveau. C’était la triste vérité, Laura était peut-être revenue parmi nous, mais nous n’avions jamais pu retrouver la même complicité que lorsque nous étions enfant. Je sentais comme une réserve à m’exprimer tout ce qu’elle ressentait désormais, alors que nous n’avions aucun secret l’un pour l’autre avant. Je mettais ça sur le dos de l’adolescence, mais je sentais bien qu’il y avait un autre élément en jeu…

A l’heure de la pause de midi, Laura n’était toujours pas revenue. Je commençai sérieusement à m’inquiéter et je décidai de partir à sa recherche. Cependant, Saya me barra la route lorsque je voulus sortir.

-Une minute Darksky, tu n’oublies pas quelque chose ?

-Hum… laisse-moi réfléchir… non, vraiment, je ne vois pas.

-Je suis nouvelle…

-Et ?

-Par conséquent, tu dois me faire visiter l’école ; dit-elle avec son sourire habituel.

-Je suis obligé ?

-Oui !

Elle me tira par le bras et m’entraina en dehors de la salle de classe sans que je ne puisse placer un seul mot. Je n’avais apparemment pas d’autre choix que d’accepter, Laura pouvait bien attendre un peu après tout si elle était encore dans le bureau du CPE.

Je commençai donc la visite par la cours, puis par le bâtiment de direction, suivi de la cantine et des salles d’expériences pour les cours de physique. Cependant, je voyais bien que Saya n’écoutait pas un seul mot de ce que je lui disais. Je m’arrêtai donc brutalement, et elle me rentra dedans de plein fouet.

-C’est bien ce que je pensais, tu n’écoutes rien n’est-ce pas ? Soupirai-je.

-Si, si, j’ai tout retenu crois-moi, c’est simplement que, tout est si nouveau pour moi, c’est très différent de notre ancienne école, tu ne trouves pas ?

-Oui, on peut le dire, ici, personne ne se bat pour sa survie. On ne fait qu’écouter des cours pour ensuite les recracher durant les contrôles… Ne me dis pas que la vie que tu menais là-bas te plaisait ? M’exclamai-je soudain.

-Tu plaisantes j’espère ! Seul un parfait masochiste aimerait ça. Ici, tout le monde est si…normal, ça fait du bien de temps en temps je trouve.

Normal… Un mot que je n’avais pas entendu depuis longtemps… Car, même si nous essayions au mieux d’oublier la catastrophe Gariatron, il nous était impossible de l’enterrer totalement. Elle revenait sans cesse pour Laura, après tout, cela avait occupé ton son temps ces trois dernières années. C’est pourquoi, j’essayais de lui faire vivre une vie « normale » comme le disait Saya, en allant à l’école, en fréquentant des élèves du lycée, sans se soucier du lendemain.

-Au fait, je ne sais pas, mais, tu as pu retrouver ta sœur ?

-Oui, elle doit être quelque part ici…

-Contente de l’apprendre. Et qu’est-devenu Hélios ?

-Tu n’es pas au courant ? Demandai-je surpris. Pourtant, cette nouvelle est passée en boucle dans tous les journaux télévisés.

-Vraiment ? Désolée, je n’ai pas vraiment suivi les actualités ces derniers temps ; dit-elle en riant.

-Franchement ; soupirai-je. Comment as-tu pu passer à côté de ça… Enfin, Hélios est parti en voyage autour du monde après avoir été libéré de Gariatron.

-Libéré de qui ?

-Gariatron, le démon originel des ténèbres, le mal incarné ! Tu ne sais vraiment rien du tout ?

-Non.

-Pas même un petit détail ?

-Vraiment rien. Mais tu vas pouvoir me raconter tout ça hein ?

-Je n’ai pas le choix on dirait…Hélios n’agissait pas de sa propre volonté, il partageait en fait l’esprit du démon originel Gariatron depuis plus de cinq mille ans. Son but était de détruire l’humanité pour se venger des dieux. Mais heureusement, Drago l’a vaincu avec l’aide d’Osiris et a pu libérer Hélios de son emprise.

-Une bonne chose de faite ça ; déclara-t-elle. Et ce Drago, où est-il en ce moment ?

-Je n’en ai aucune idée, tout ce que je sais c’est…

Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase car je fus interrompu par un cri suraigu venant de la partie inférieure du parc. Quelqu’un semblait avoir de gros problèmes. Nous ne réfléchîmes pas une seconde et nous nous précipitâmes à l’endroit d’où venait ce cri.

Une fois arrivés sur les lieux nous découvrîmes une jeune fille affalée par terre, avec autour d’elle des dizaines de feuilles éparpillées. Elle était assez petite, sûrement était-elle encore au collège. Ses cheveux bruns foncés tombaient élégamment sur ses frêles épaules, sans pour autant les dépasser. Elle ne semblait pas blessée, mais dans le doute, Saya demanda tout de même.

-Je ne crois pas ; répondit la fille d’une petite voix.

Elle regarda autour d’elle, et poussa un autre cri suraigu.

-Oh non, mes prospectus ; se lamenta-t-elle en commençant à les rassembler.

-Que s’est-il passé ? Demandai-je à mon tour. On t’a attaqué ? Tu t’es fait menacée par un bandit ?

-Non, je me baladais tranquillement pour aller coller ces affiches, quand soudain, je me suis pris les pieds dans cette racine et je suis tombée ; répondit-elle honteuse.

-Ce n’est que ça ; dit Saya soulagée. Laisse-nous t’aider dans ce cas.

Elle se mit à genou pour ramasser et écarquilla les yeux lorsqu’elle vit de quoi il s’agissait.

-Un club de duel de monstre ? Demanda-t-elle abasourdie.

-Oui, c’est exact, j’ai toujours rêvé d’en faire partie…Cependant, le club a été fermé l’année dernière à cause des catastrophes engendrées par le dragon…

-Et tu voudrais faire en sorte qu’il soit de nouveau en activité ? Demandai-je en connaissant déjà la réponse.

-Oui… Je n’ai jamais su me battre en duel, mais je pense que faire partie du club me permettra de m’améliorer… Donc je fais de mon mieux pour progresser dans mon coin en attendant.

-Eh bien, tu peux déjà compter deux membres dans ton club ! Affirma Saya.

-A…Attends, tu pourrais me demander mon avis avant au moins ! Rétorquai-je.

-Pourquoi ? Tu ne veux pas ?

-Si, simplement, je n’aime pas trop qu’on parle à ma place ; marmonnai-je.

Notre dispute ridicule eut au moins pour vertu de faire rire la jeune fille, et nous également par la suite.

-Au fait, nous ne nous sommes même pas présentés : je suis jean Michel Martin, mais appelle moi Darksky, et elle, c’est Yuiko Saya, va savoir pourquoi elle porte un nom japonais…

-J’ai le droit non ? Répliqua-t-elle mécontente.

-Vous êtes marrants tous les deux ; rigola la fille. Je m’appelle Nagisa Fukuhara. C’est étrange comme mélange, mais à ce qu’il parait mon prénom viendrait d’un manga que mon père appréciait beaucoup… Je suis en première année de lycée. Ravie de vous rencontrer.

-Nous également ; répondit joyeusement Saya. Bien, maintenant allons coller ces affiches tu veux ?

Nagisa acquiesça avec un sourire. Je n’eus pas mon mot à dire encore une fois, et je me retrouvai embarqué dans une drôle d’histoire… Ramasser tous les prospectus nous prit toute la pause déjeuner, résultat, au lieu de manger un repas chaud, nous étions à genoux dans l’herbe à trier des papiers…

Au fond, cela ne me dérangeait pas vraiment, cette Nagisa était assez sympathique et Saya semblait bien s’entendre avec elle. Cependant, il fallait vraiment que j’aille m’excuser auprès de Laura à présent, sans quoi, elle ne m’adresserait plus la parole pendant une semaine, ce qu’elle avait déjà fait. C’est assez perturbant de se voir ignorer ainsi pendant sept jours par quelqu’un…

Une fois toutes les affiches collées, nous prîmes congés de Nagisa pour retourner en cours. Mon estomac criait famine, mais je n’avais plus le temps de manger quoi que ce soit. Les cours passèrent assez vite l’après-midi comparé à d’habitude. Certainement grâce à la présence de Saya en tant que voisine qui commentait avec humour tout ce que disaient les profs. Mais, l’absence prolongée de Laura devenait de plus en plus inquiétante. Passer une journée entière dans le bureau du CPE n’était pas normal, il avait dû lui arriver quelque chose.

A peine les cours terminés, je pris la direction de ce bureau, après avoir échangé mon numéro de portable avec Saya. Je déambulais dans les couloirs déserts de l’école. Aucun fou ne resterait après les cours pour faire des heures supplémentaires tout de même, si ? Et, même si Laura se trouvait encore ici, l’attendre à sa sortie n’était peut-être pas la meilleure chose à faire…

Je pris ma décision, elle me rejoindrait à la maison et je m’excuserais une fois là-bas. Je rebroussais donc chemin tranquillement, sans me presser, lorsque je vis comme une ombre passer devant moi. Etait-ce mon imagination ? Le bruit strident qui retentit juste après démentit mon hypothèse, que j’aurais espéré être vraie.

Ma curiosité prit le dessus sur ma peur, et je pris la même direction que l’ombre. Je montais les escaliers, qui d’ailleurs étaient réservés aux professeurs, jusqu’à arriver à une porte ouverte. L’accès à la terrasse, elle était pourtant interdite aux élèves…

Je passais la porte, et je fus immédiatement ébloui par la lumière pourpre du soleil couchant. Une fois la première impression passée, je m’avançai un peu sur la terrasse, et je restais stupéfait devant ma découverte. D’ici, je pouvais voir presque toute la ville !

-Jolie vue n’est-ce pas ? Dit une voix à côté de moi.

Je sursautai, manquant de passer par-dessus le mur, mais je me rattrapai juste à temps. Sortie de nulle part, une fille rousse se tenait à mes côtés, et contemplait le paysage. Je ne l’avais jamais vue, mais elle semblait avoir mon âge, et son uniforme indiquait qu’elle était élève de cette école. Mais quelque chose me dérangeait dans son regard gris comme une mer un jour de tempête. Il n’y avait aucune joie dedans, malgré le sourire léger qu’elle affichait. Elle tourna la tête vers moi, et ses yeux s’éclaircirent légèrement.

-Tu es celui qu’on appelle Darksky n’est-ce pas ? Demanda-t-elle d’une voix douce.

-Oui, c’est moi en effet, et toi, qui es-tu ?

-Je m’appelle Hikari Miyako, cela fait longtemps que je voulais te rencontrer Darksky.

-Vraiment ? Pourquoi donc ? Et comment me connais-tu ?

-Si je te disais tout dès maintenant, ça ne serait pas amusant, hein ?

-Oui, certainement ; répondis-je un peu perdu.

-Bien, j’espère que nous nous reverrons bientôt.

Le vent souffla et l’instant d’après, elle avait disparu. Avais-je rêvé ? Personne ne pouvait disparaitre aussi vite. Oui, il s’agissait certainement d’une hallucination. Cependant, un bout de papier sur le sol attira mon attention. C’était la carte d’étudiant de Miyako. Elle était en première année, en classe D. Bien, je n’aurais qu’à lui rendre le lendemain.

Je fus saisi d’une angoisse soudaine. Quelle heure était-il ? Dix-huit heures, déjà ? Si je ne rentrai pas vite chez moi, Laura ne me le pardonnerait jamais.

Je descendis les escaliers en courant, au risque de me casser une jambe, je traversai la cour d’une traite, au risque de passer pour un fou, et je filai à travers les rues au risque de me faire écraser, mais j’arrivai cependant à la maison en moins de dix minutes.

-Arnold, est-ce que Laura et Marie sont déjà rentrées ? Lui demandai-je immédiatement après qu’il m’a ouvert la porte.

-Oui, monsieur. Mais je dois vous avertir que mademoiselle Laura ne semble pas de très bonne humeur. Elle se trouve dans le salon.

Je déglutis de travers et je me préparai mentalement aux reproches qu’elle allait m’adresser. Elle était assise sur un fauteuil et me tournait le dos, si bien que je ne pouvais voir son expression, mais je m’attendais au pire.

-L… Laura ; risquai-je. Est-ce que tout va bien ?

-Dis-moi Darksky ; commença-t-elle d’une voix mielleuse, qu’as-tu fait aujourd’hui durant mon absence ? Sept heures de cours, c’est incroyablement long tu ne trouves pas ?

-Attends Laura, ne va pas t’imaginer des choses ; me défendis-je. Et toi d’abord, que t’est-t-il arrivé ? Tu n’es pas réapparue de la journée !

-Rien de palpitant, sauf si tu considères que faire des travaux d’intérêts généraux pendant une journée est intéressant !

Elle s’était soudainement levée en faisant tomber le fauteuil au passage. Elle était réellement en colère. Je remarquai alors que ses habits étaient vraiment sales, couverts de boue, de peinture et même un peu déchirés par endroits.

-Regarde-moi ! J’ai du ratisser les feuilles du jardin, repeindre les tables griffonnées, et même recoller les morceaux de certaines qui n’avaient plus de pieds !

-C’est un peu de ta faute aussi, pourquoi tu me regardais comme pendant tout le cours ? Ne me dis pas que tu es jalouse de la première fille à qui je parle ?

Elle s’empourpra soudainement. Je soupirai. C’était bien ce que je pensais.

-Ecoute Laura, si je ne peux même plus parler à une seule fille, ça risque d’être problématique pour la suite de l’année.

-Oui, mais tout de même ; ronchonna-t-elle, qui me dit que tu ne la dragues pas dans mon dos ?

-Tu es vraiment paranoïaque Laura. Enfin, je ne vais pas m’attarder là-dessus avec toi, va plutôt te changer, Arnold recoudra ton uniforme après.

-D… D’accord, je veux bien fermer les yeux cette fois-ci ; dit-elle en montant les escaliers, mais tâche de ne pas me décevoir.

Je trouvai préférable de ne pas lui parler de l’idée du club de duel pour le moment, inutile de mettre de l’huile sur le feu. Bien, c’était une bonne chose déjà que Laura acceptât de me parler encore, cela suffisait à me satisfaire.

Grand-mère débarqua alors dans le salon. Depuis que nous vivions ici, elle n’avait plus à s’occuper de rien, et je voyais bien qu’Arnold la soulageait d’un grand poids. Elle était bien plus détendue qu’auparavant, même si abandonner sa maison dans la forêt avait failli demander l’intervention des forces de police. Résultat, nous nous retrouvions maintenant avec tous ses vieux meubles dans le salon.

-Dis-moi, Michou, tu aurais vu ta sœur par hasard ? Demanda grand-mère.

-Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler ainsi. Darksky à la limite, mais pas Michou… Soupirai-je. Et pour te répondre, non, elle n’est pas dans sa chambre ?

-Je le pensais aussi, mais je me suis trompée. Si seulement elle pouvait arrêter ses petites sorties après l’école…

-Ne t’inquiète pas, je vais la chercher.

Depuis notre retour ici, Marie avait pris l’habitude de revenir tard le soir. Personne ne savait ce qu’elle faisait, et ses petites escapades commençaient sérieusement à m’inquiéter.

Je sortis de la maison pour commencer les recherches. Heureusement, cette ville n’était pas très grande, pour ne pas dire minuscule, on devait mettre à peine une demi-heure pour en faire le tour, en marchant à cloche pieds et en prenant le temps d’admirer la vue.

Je cherchai tout d’abord du côté de l’école, il n’y avait plus personne. Je ne la vis pas non plus du côté du quartier des boutiques de vêtements, ni sur la falaise. Il n’y avait vraiment que moi pour chercher dans tous les endroits sauf le bon…

Cela ne me laissait que le parc. Je me sentis bête tout à coup, j’aurais dû commencer par-là. Il avait bien changé en cinq ans, à présent, il y avait une aire entière consacrée au duel où tous les meilleurs joueurs de la ville se réunissaient.

Sans grande surprise, je la vis dans les gradins, elle encourageait de toutes ses forces une duelliste masquée. Son adversaire m’était connu malheureusement : mon vieil ami Brutus. Il n’avait guère changé, et était à peine plus musclé. Il était dans une mauvaise situation, vraiment.

-Maintenant, Yazi va t’attaquer directement ; scintillement des étoiles noires!

Il fut à terre la seconde suivante. Sans surprise, cet idiot ne savait pas jouer de toute façon. Je profitai de l’agitation de la foule pour attraper Marie par le bras.

-Maire, qu’est-ce que tu fais là ? Dis-je d’un air se voulant menaçant.

-Tiens, tu es venue voir Saya la duelliste masquée toi aussi ?

-Saya…la duelliste masquée ? Demandai-je interdit.

Je jetais mon regard sur le terrain. Non, cette fille ne pouvait tout de même pas être… Sans réfléchir une seconde de plus, je me frayai un chemin à travers les spectateurs et je débarquai sur le terrain.

-Et voilà un nouveau Challenger ! Hurla un homme dans un micro.

-C… Comment ? Non, vous faîtes erreur, je ne suis pas…

-Va-t-il briser la série de victoire de notre duelliste masquée pour le moment invaincue ? Nous verrons ça tout de suite !

La foule acclama Saya, tout en me huant. Je la regardai et je pouvais deviner un petit sourire moqueur derrière son masque.

-Tu peux m’expliquer à quoi ça rime ? Lui demandai-je.

-Tu comprendras plus tard, pour le moment, combats-moi ! Nous ne nous sommes jamais affrontés il me semble ; ajouta-t-elle.

-La question n’est pas vraiment là…

-Trêve de bavardage, je prends la main et j’invoque ce monstre ci en mode attaque : Jiaotu, Darkness of the Dragonstar, puis j’active son effet. En me défaussant de deux cartes de ma main, j’invoque Bian, Dragonstar of Earth et Polao, Dragonstar of Wind. Je synchronise mes trois monstres pour invoquer mon plus puissant monstre : Yazi, Winckness of Dragonstar ! Je pose une carte face cachée et c’est à toi Darksky.



Spoiler :




-Tu n’écoutes vraiment pas ; dis-je lassé. Bien, Je vais mettre un terme à ce duel rapidement. Je commence en activant ma falaise aile noire. Puis je continue avec Choix Douloureux, je choisis cinq cartes de mon deck, puis tu en sélectionne une et je l’ajouterai à ma main, le reste ira au cimetière.



-Très bien, prend donc ton Aile Noire – Vâyu L'etendard De La Justice en main, tu auras l’air malin ; ricana-t-elle.

-Je savais que tu allais faire ça ; dis-je triomphant. Je continue avec l’effet de ma falaise : en retirant de mon cimetière Aile Noire – Sirocco L'aube, Aile Noire – Jet le Ciel Bleu et Aile Noire – Mistral Le Tourbillon, je peux invoquer de mon extra deck un monstre synchro, montre-toi Trishula, Dragon de la Barrière de Glace! Lorsqu’il est invoqué, je peux bannir une carte sur le terrain, cimetière et main de mon adversaire…

-Bien, mais sache que tu ne peux pas cibler mon monstre…

-Aucune importance, je bannis donc de ton cimetière Jiaotu, ta carte face cachée et ta seule carte en main.

-Bon, on dirait que je suis fichue, dit-elle en haussant les épaules.

-Exactement ! J’invoque à présent Aile Noire – Shura la Flamme Bleue, et comme je contrôle Shura, je peux invoquer Aile Noire – Bora La Lance de ma main ! J’attaque Yazi avec Trishula !

L’impact créa une épaisse fumée blanche et, lorsqu’elle se dissipa, je constatai avec étonnement que son monstre était toujours là. Saya se mit à rire gentiment.

-Lorsque Bian est utilisé pour une invocation synchro, ce monstre ne peut pas être détruit au combat ; m’expliqua-t-elle calmement. Bien, tu as fini ?

-Oui ; dis-je, déçu de ne pas en avoir fini ce tour comme je l’avais prévu.

-A mon tour donc… Et on dirait que la chance me sourit. J’active Cosmic Dragon Trail : en mélangeant trois monstres Dragonstar de mon cimetière dans mon deck, je pioche deux cartes… Je vais continuer avec ceci, Trou Noir, pour détruire tous tes monstres. Bien sur, grâce à Polao, Yazi est épargné.

-Dis-moi Saya, d’où tiens-tu un deck pareil ? Lui demandai-je impressionné, mais en même temps un peu effrayé par sa puissance.

-C’est un secret. Bien, où en étais-je ? Ah oui, j’allais invoquer Bixi, Dragonstar of Water puis activer l’effet de Yazi. En détruisant Bixi, je détruis ta falaise, et je gagne Taotie Evil of the Dragonstar. Bon, finissons-en tu veux ?



Ses deux monstres m’attaquèrent directement et je mes points de vie furent réduits à zéro. Une fois de plus, je ne pouvais que constater la puissance du deck de Saya, je n’avais rien pu faire. Elle fut acclamée par la foule, et je compris pourquoi elle n’avait jamais perdu un duel. Son deck était réellement une forteresse impénétrable ! J’avais beau me creuser la tête, je ne voyais pas comment la vaincre.

Le commentateur dit quelque chose dans le micro que je ne retins pas et la foule se dissipa petit à petit. Il ne resta bientôt plus que Saya, Marie et moi.

-Ah, la raclée que tu t’es prise ! Me taquina ma sœur, ne manquant pas une si belle occasion.

-Désolée Darksky, j’y suis peut-être allé un peu fort ; s’excusa Saya en enlevant son masque.

-Non, c’était amusant ; répondis-je avec un sourire. Mais tu peux m’expliquer pourquoi tu portes ce masque ridicule ?

-Il n’y pas ridicule du tout ! Protestèrent les deux filles en même temps.

Elles se regardèrent dans les yeux avant d’éclater de rire. Elles allaient bien ensemble finalement, j’avais toujours vu Marie seule dans son coin à l’école, mais la voir bien s’entendre avec une fille de son âge me faisait chaud au cœur.

-Mais, attendez une seconde ! S’exclama soudainement Marie en écarquillant les yeux. Tout le monde se connait ici ?

-Ah oui, ton frère et moi sommes de vieux amis de l’époque d’Hélios ; déclara Saya en mettant mon bras sur mon épaule.

-Vieux amis, tu parles, ça fait à peine un an qu’on se connait ; murmurai-je assez bas pour que personne n’entende.

-Darksky, ta sœur est ma plus grande fan depuis que je suis arrivée ici ; repris Saya.

-Oui, Saya est tout bonnement impressionnante ! Dit Marie avec admiration. Tu devrais prendre exemple sur elle, ton style de jeu est vraiment ennuyeux !

Super, maintenant même Marie me dénigrait… Sa réflexion fit à nouveau rire Saya, si bien que je ne pouvais pas lui en vouloir. Nous la laissâmes après une bonne demi-heure de discussion sur nos aventures sur l’île et à domino city. Cependant, Saya refusait toujours de révéler ce qu’elle avait découvert durant son périple.

Nous rentrâmes pile à l’heure du dîner, tout était déjà en place. J’aurais pu savourer pleinement cette soirée, si Marie n’était pas allée tout raconter à Laura encore une fois.

Lorsqu’elle l’entendit, elle se leva brusquement et alla s’enfermer dans sa chambre sans autre explication.

-J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? M’interrogea Marie sans comprendre la situation.

-Un peu, oui ; répliquai-je mécontent. Je vais aller lui expliquer…

Cependant, lorsque je tapai à sa porte, je n’eus aucune réponse. Laura faisait la sourde, comme à chaque fois qu’elle était mécontente. Je me mis à parler à travers la porte, faute de mieux :

-Ecoute Laura, je ne sais pas ce que tu crois, mais il n’y a absolument rien entre Saya et moi. C’est simplement que… je me suis beaucoup inquiété pour elle depuis son départ, et j’étais si heureux de la revoir aujourd’hui…

Elle ne répondit toujours rien. Peut-être ne disais-je pas ce qu’elle voulait entendre. Mieux valait s’en arrêter là avant d’arriver au point de non-retour. Je la laissai dans sa chambre et je pris la direction de la mienne. Je passai le reste de la soirée à faire mes devoirs pour ne plus penser aux événements de la journée. Tout irait mieux le lendemain, pensais-je.

Le soleil me réveilla… Une minute, le soleil ? Normalement, c’était Laura ou Marie qui me réveillait le matin… Je regardai avec angoisse l’heure : neuf heures.

Je sortis d’un bond du lit. Pourquoi personne ne m’avait prévenu ! Une fois en bas, je faillis cogner Arnold qui passait le balai. Je le lui demandai où étaient les filles.

-Elles sont parties de bonne heure ce matin et m’ont ordonné de ne pas vous réveiller monsieur.

Elles avaient vraiment fait ça ? Non, à tous les coups, c’était une sorte de vengeance de Laura. Pourquoi refusait-elle de m’écouter ? Et pire que tout, pourquoi devait-elle entrainer Marie dans sa jalousie non justifiée ? Au moins, j’étais sûr qu’à l’école, elle serait obligée de m’écouter.

C’est là que je me trompais lourdement. Mon arrivée après le cours de Maths provoqua un fou rire général, mais cela m’importait peu. Je voyais simplement sur le visage de Laura un petit sourire de satisfaction, mais qui me disait également que les surprises n’étaient pas finies. Je déglutis de travers en pensant à cela.

-Eh bien alors, qu’est-ce qu’il t’est arrivé ce matin ? Me demanda Youhei toujours mort de rire.

-Pas envie d’en parler ; répondis-je d’un ton sec.

-Tu n’arrivais pas à sortir du lit de Laura ? Dit-il avec un sourire niait.

-Ne dis pas n’importe quoi ; protestai-je en regardant Laura tristement.

Ses blagues débiles ne m’atteignaient même plus à ce moment. En temps normal, j’aurais rougit jusqu’aux oreilles, mais cette-fois ci, je ne ressentis absolument rien, pas la moindre émotion, seulement de l’ennui pour la nullité de la blague.

Lorsque le cours commença, je remarquai que la place de Saya était toujours vide. Séchait-elle les cours dès le deuxième jour ?

La réponse arriva rapidement lorsque la porte de la salle de classe s’ouvrit. Tous les regards se tournèrent alors vers Saya qui venait d’arriver, à bout de souffle, avec quelques feuilles d’arbre dans ses cheveux en bataille.

-Désolée, je me suis faite attaquée par un chat sauvage sur la route ; dit-elle en riant.

Tous les élèves en profitèrent pour rire également, et surtout en profitèrent pour faire perdre quelques secondes de cours. C’était vraiment une excuse bidon, à coup sûr, elle était encore allée faire des duels dans le parc sans se rendre compte de l’heure qu’il était…

-Alors, on attaque des chats avant l’école ? La taquinai-je.

-Non, pas exactement, je suis juste tombée d’un arbre…

-Et je peux savoir ce que tu faisais dans un arbre ? Pouffai-je.

-Ce… Ce ne sont pas tes affaires ! Rétorqua-t-elle.

Heureusement pour moi, Saya n’était pas du genre à se vexer pour un rien, et elle passa tout le cours à me parler de tout et de rien, sans se faire prendre, ce qui eut l’air d’exaspérer Laura à l’autre bout de la classe.

L’heure de la pause de midi arriva enfin, j’avais l’impression d’être resté sur cette chaise une éternité. Ecouter Saya parler de guivres, ça passe bien une heure, mais après, on en viendrait presque à écouter le cours.

Laura nous interrompit alors dans notre petite discussion, elle semblait hors d’elle.

-Tu permets que je te l’emprunte deux minutes la nouvelle ? Dit-elle froidement.

Je n’attendis pas la réponse et je me levai de ma chaise, ne manquant pas une si belle occasion de casser cette conversation monotone et je pris Laura par le bras pour la faire sortir de la classe au plus vite.

Une fois dehors, je sentis venir le blâme, mais, avant que cela n’arrive, tout le monde dans le couloir se réunit subitement à un même endroit et des murmures s’élevèrent.

-Tu as de la chance Darksky que ma curiosité soit la plus forte.

Nous nous frayâmes un passage parmi la foule d’élèves et je vis au centre Fukuhara Nagisa, la fille que j’avais rencontrée la veille, figée devant le mur. Elle était à genou et semblait totalement anéantie, des larmes coulaient sur son visage enfantin. Je me précipitai à sa rencontre.

-Nagisa, que sa passe-t-il ? Demandai-je inquiet.

Pour toute réponse, elle me pointa une affiche sur le mur. Je restai interdit devant ce que je vis : c’était une de celles que nous avions ramassé la veille, et une grosse étiquette était collée en plein milieu, avec écrit en rouge : Refusé par le conseil des étudiants.





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

chapitre 2: Encore une prophetie!



Spoiler :


La tension était à son comble. Chaque joueur n’avait plus que trois cartes en main, il suffisait qu’un seul fasse une paire et la partie serait terminée. C’était à mon tour, à présent, l’issue du jeu reposait sur mes épaules. Je voyais les regards angoissés de June, Ambre et Maya. Je retins ma respiration et je fermai les yeux avant de piocher ma carte. J’allais la retourner quand soudain, une craie volante atterrit au beau milieu de la table et éparpilla notre jeu tout autour de nous.

-Angéla, je vous ai déjà dit mille fois de ne pas jouer aux cartes durant mes cours ! Hurla notre professeur fou de rage.

-Une minute, pourquoi toujours moi ! Protestai-je. Vous pourriez punir June pour une fois vous ne pensez pas ?

-Parce que je sais qu’elle ne fait que vous suivre dans vos bêtises, vous êtes l’élément perturbateur !

Il n’avait pas tort, mais pour une fois, je n’y étais vraiment pour rien, et c’était vraiment une idée de June. Cette dernière me regarda d’un air moqueur, comme pour dire « ça t’apprendra à balancer tes amies ». Une fois de plus, je fus donc sortie du cours d’allemand. Mais sortir n’était pas ce qui me dérangeait le plus, non, ce que je reprochais surtout, c’était de ne pas avoir eu un seul geste de reconnaissance pour avoir sauvé toute l’école. Les journées étaient même pires qu’avant si cela était possible.

Réintégrer l’école ne fut pas chose simple. Il fallut déjà que mon père accepte d’avouer qu’il s’était fait un sang d’encre pour moi avant qu’il ne me prive de sortie pour un mois, et ensuite seulement, l’inscription à l’internat fut annulée. Le nouveau directeur de l’école accepta de me reprendre, traitant monsieur Chapy de « dangereux excentrique à qui on ne peut faire confiance », et c’est ainsi que je pus reprendre les cours normalement durant cette année.

Les débuts furent difficiles, les bâtiments avaient sérieusement besoin de réparations, et bien sûr, tous les profs m’en tenaient pour responsable, alors que je les avais justement sauvés… Il y avait également le regard des autres élèves qui avait fini par être dur à supporter. Aucun ne vint me féliciter d’avoir retrouvé deux élèves disparues mystérieusement, mais les rumeurs allaient bon train sur moi, comme quoi je serais chef d’un gang, ou une extra-terrestre… Au bout d’un moment, j’avais fini par m’y habituer.

Quitter Drago et Darksky ne fut pas simple non plus. Après tout, j’avais passé les meilleurs moments de ma vie avec eux, si on exceptait bien entendu ceux où j’avais failli mourir. Heureusement, Darksky et Laura n’étaient pas très durs à contacter, contrairement à Drago. Il s’était comme évaporé dans la nature, tout comme Hélios. Et il ne m’avait même pas laissé son numéro, franchement, à quoi pensait-il !

Mais bon, pour le moment, je me trouvais seules dans le couloir de l’école, à regarder à travers la vitre de la classe mes amies qui continuaient à jouer tranquillement. Je n’avais pas battu mon record en plus ce jour-là, qui était de me faire sortir deux minutes après être rentrée en classe. Le seul avantage de Beauchardassaut était qu’il nous donnait de bonnes notes.

La cloche retentit une demi-heure plus tard. Il était enfin l’heure. Je rassemblai mes affaires et je rejoignis mes amies devant la porte. Elles avaient l’air d’avoir passé du bon temps sans moi, mais ce n’était pas le plus important. Aujourd’hui était le jour de recrutement des membres du club de duel de monstres et nous comptions bien nous y inscrire. J’avais attendu ce moment toute la semaine, à tel point que je n’en dormais presque plus, mais avec toutes ces heures d’entrainement, j’étais persuadée d’être prise.

Nous nous dirigeâmes d’un pas décidé vers la salle du club. Etais-je la seule à avoir angoissé une semaine durant ? June, Maya et Ambre semblaient totalement détendues.

Je reçus soudainement un message de la part de Laura : « est-ce qu’il t’est déjà arrivé d’être jalouse de quelqu’un ? ». Etrange comme forme de salutation, et poser la question ainsi l’était encore plus. Je lui répondis spontanément que oui, et sa réponse fut : «  qu’as-tu fait ? ». Elle en avait de bonnes aujourd’hui, je n’avais pas vraiment la tête à ça…

-Qu’est-ce que tu attends Angéla ? Me demanda June sur le point d’entrer dans la salle.

-Laura me demande ce qu’elle doit faire si elle est jalouse ; répondis-je sincèrement. Qu’est-ce que je lui dis ?

-Réponds-lui de faire tout le contraire de ce qu’elle fait habituellement ; lança Maya en rigolant.

Bêtement, j’écrivis ce qu’elle me dictait avant de me rendre compte que ce conseil était stupide.

-Arrête Maya, tu sais bien qu’Angéla est capable de l’envoyer sans réfléchir ; soupira Ambre.

C’était donc bien une blague, et moi j’étais une fois encore tombée dans le panneau… Il allait vraiment falloir que j’arrête de croire tout ce que ces deux-là me disaient… J’allais envoyer un autre message à Laura pour lui dire de ne surtout pas faire une bêtise pareille, lorsqu’une voix se fit entendre dans le haut-parleur de l’école :

-Il vous reste moins de deux minutes pour vous inscrire au club de duels de monstres, je répète, les inscriptions seront clôturées dans moins de deux minutes !

Maya ne me laissa pas le temps de m’excuser et me prit par le bras avant d’entrer en catastrophe dans la salle. Les recruteurs étaient déjà en train de ranger les documents lorsque June présenta sa candidature. Elle fut immédiatement acceptée, de même que Maya et Ambre. Enfin vint mon tour, j’allais prendre le formulaire que me tendais la personne mais cette dernière ne le lâcha pas.

-J’aurais besoin de ce bout de papier s’il te plait…

-Et pourquoi te permettrai-je de réaliser ton rêve alors que tu as brisé le mien ? Dit une voix masculine que je reconnus.

Le garçon leva les yeux qui étaient cachés par sa casquette et mes craintes se confirmèrent : des cheveux bleus, un regard froid, et une coiffure ridicule comme les héros de shônen. Je répliquais sur le même ton glacé que lui :

-Tiens, Aymeric, ça faisait longtemps. Quel mauvais vent t’amène par ici ?

-Une minute, c’est à moi de poser les questions ! Je suis le président du club je te signale !

-Je suis contente pour toi, à ce qu’il parait, ce club possède d’excellents duellistes, c’est pourquoi j’avais envie de le rejoindre, mais maintenant que je sais que c’est faux, je n’en ai plus envie.

-Comme si j’allais te laisser rejoindre le club après ce que tu as fait ! Aller, hors de ma vue ! Et tes amies aussi par la même occasion, tous dehors, les inscriptions sont terminées !

-Comme si nous allions rester une seconde de plus ici, June, Ambre, Maya on s’en va.

Après quelques protestations, elles se résolurent à me suivre. Il était réellement devenu le président d’un club, lui ? J’avais vraiment du mal à le croire, président du club de duel de monstres qui plus est. Mon niveau était largement supérieur au sien et pourtant personne ne m’avait confié ce rôle, à croire que quelqu’un cherchait vraiment à me mettre en colère.

-Je ne suis pas sûre de bien comprendre ; déclara alors June. Angéla, tu connais ce garçon ?

-Malheureusement oui ; soupirai-je. Mais c’est un raté, rien de plus, il n’en vaut pas la peine.

-Ce qu’Angéla oublie de dire c’est qu’il fut son premier amour mais qu’elle s’est faite larguée ; compléta Maya.

-Tu n’étais pas obligée de rappeler cela ! Protestai-je. En plus c’est faux, c’est moi qui l’ai lâché… Mais n’en parlons plus, il ne le mérite pas.

-Cela ne te ressemble pas Angéla ; reprit June. Etre aussi violente au sujet de quelqu’un n’est pas dans ta nature. Même Hélios avait le droit à plus de considération ; termina-t-elle pour me faire céder.

-Je sais qu’elle n’aime pas en parler, donc je vais te raconter à sa place ; dit Ambre que je remerciai d’un signe de tête. En fait, Aymeric et elle sont des amis de longue date, nous jouions souvent ensemble lorsque nous étions petits. Et puis, ils se sont rapprochés jusqu’à sortir ensemble en troisième.

-Et ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, fin ; ajouta Maya.

-Absolument pas ! Répliquai-je en rougissant. Ce n’est pas une histoire passionnante, mais il en aimait une autre, voilà tout. Et depuis, nous ne nous parlons plus, fin. Si on pouvait clore ce sujet, ça m’arrangerait.

June, en bonne diplomate, en resta là. C’était une de ses qualités, voir où se trouvait la limite. Heureusement, parce que certains détails ne valaient mieux pas être révélés. Cependant, la discussion n’était pas réellement terminée car nous n’avions à présent pas de club par ma faute. Je me sentais tout de même responsable, c’est pourquoi, je cherchais dans ma tête une nouvelle idée.

-Angéla, tu nous écoutes ? Dit Ambre en me tirant de mes pensées.

-Euh…Oui, que se passe-t-il ?

-June propose d’ouvrir notre propre club de duel de monstres puisque nous ne pouvons pas le rejoindre, tu en dis quoi ?

-Un deuxième club ? Répétai-je surprise par une telle proposition. Mais ça ne s’est jamais fait, et je ne sais même pas si une telle chose est autorisée…

-Ecoutez-là, c’est celle qui se fait sortir de cours trois fois par jour qui nous dit ça ; railla Maya.

-Quoiqu’il en soit, un club doit avoir au moins trois membres et un tuteur pour être reconnu comme officiel. Nous sommes déjà quatre, par conséquent, il suffit de trouver un professeur acceptant de nous prendre en charge et ils ne pourront pas refuser.

-Ca m’a l’air bien foireux comme plan, mais ça peut marcher ; répondis-je peu convaincue.

Toutes semblaient très emballées par cette idée, sauf moi. Je sentais déjà les embrouilles, et je n’en avais vraiment pas besoin en ce moment. Mais cela semblait leur fait tellement plaisir que je ne m’y opposai pas. Cependant, trouver un professeur acceptant de nous superviser après l’incident de Chapy allait être dur, voire quasiment impossible. Je ne voyais personnellement que deux options : Clavère et Beauchardassaut… Il y avait vraiment mieux comme superviseur…

-Allons leur demander demain dans ce cas puisque nous avons cours avec eux deux ; suggéra Ambre.

Sur ces belles paroles, nous nous séparâmes. La soirée fut banale, j’eux droit à mes reproches habituels sur ma tenue en cours après un appel du lycée dans la journée, et j’allai me coucher immédiatement.


Je me trouvai sur une lande sans fin, sous un ciel noir sans aucune étoile pour l’éclairer. Le vent soufflait fort et me décoiffait. J’étais totalement seule, même les arbres avaient déserté l’endroit. Soudain, un bruit sourd se fit entendre au loin. C’est alors qu’une immense ombre recouvrit la lande. Une sorte de forteresse volante apparut dans les airs, sombre comme la nuit, et tous ses canons étaient pointés sur moi. De plus, elle semblait entourée d’une multitude d’êtres ailés. Je voulais m’enfuir, mais autant courir à contresens sur un tapis roulant. Il y eut une explosion, je vis un boulet filer à pleine vitesse sur moi, et les ténèbres se refermèrent.

Je me réveillai en sursaut dans mon lit, la respiration saccadée. Un cauchemar, ce n’était qu’un mauvais rêve, j’étais en vie… Mais il semblait si réel, et cette forteresse dans le ciel m’était familière également, bien que je ne l’aie jamais vue.

Je décidai de tirer un trait sur ce rêve pour le moment, trouver un superviseur devait être ma seule obsession. Je retrouvai Maya, Ambre et June devant l’école comme chaque jour. Je les saluai chaleureusement, mais June, elle, ne répondit qu’avec un temps de retard et semblait préoccupée.

-Alors, prêtes à monter notre propre club ? Déclara Ambre joyeusement.

-Un peu oui, en plus ridiculiser Aymeric est la cerise sur le gâteau ! Répondit Maya.

-Ne vous emballez pas trop vite les filles, rien n’est joué, pas vrai June ?

-Hein ? Oui, tu as raison Angéla, ce n’est pas gagné…

Décidément, quelque chose clochait vraiment avec elle aujourd’hui… Mais je ne pouvais pas la forcer à me le dire, si elle jugeait bon de le partager, elle le ferait.

Avant même que nous soyons rentrées dans l’école, un professeur nous salua de loin. Il s’agissait de Monsieur Lareine, notre prof d’histoire de l’année précédente. Je ne l’avais pas revu depuis qu’il nous avait parlé de la prophétie d’ailleurs…

-Angéla, je voulais justement vous voir, vous auriez cinq minutes par hasard ?

-Euh, maintenant ? Mais les cours vont commencer et…

-Ne me la faites pas Angéla, entre vous et moi, nous savons très bien qu’arriver à l’heure n’est pas ce qui vous caractérise le plus.

-Si vous me permettez d’arriver en retard, c’est avec plaisir que je vous écouterai.

Il m’emmena alors un peu à l’écart du reste du groupe et sortit un dossier de sa sacoche. Je crus qu’il allait encore me faire un compte rendu de mes mauvaises appréciations comme il le faisait souvent, d’autant plus qu’il fronçait les sourcils, mais son expression se radoucit très rapidement.

-Tout d’abord, j’aimerais m’excuser pour vous avoir embarqué dans toute cette histoire l’année dernière ; déclara-t-il solennellement.

-Euh… Pourquoi ça ? Je veux dire, vous n’avez rien fait…

-Si, bien sur, si je n’avais pas parlé de cette prophétie, jamais tout cela ne serait arrivé, c’est entièrement de ma faute. C’est pourquoi, je voudrais me racheter.

-Vous n’avez pas besoin, vraiment ; lui dis-je déboussolée qu’un prof s’excuse auprès de moi et non le contraire.

-Par ma faute, deux étudiantes ont disparu, et vous les avez retrouvées, je suis le seul responsable. Mais vous souhaitez monter votre propre club de duel de monstres il me semble ?

-Oui, comment savez-vous ça ? M’exclamai-je.

-Les rumeurs se propagent vite. Enfin, il me semble également que vous cherchez un professeur pour vous superviser. Si tel est le cas, j’aimerai beaucoup être ce professeur.

-V… Vraiment ?

J’avais peur d’avoir mal entendu, mais il répéta une seconde fois la même phrase. Je ne savais pas quoi répondre. D’un côté, je ne pouvais qu’accepter une offre aussi inespérée. D’un autre, l’offre était si soudaine que j’avais peur qu’il change d’avis en cours de route. La première option fit pencher la balance et j’acceptai donc.

-Très bien, dans ce cas, je vais de ce pas annoncer la création du club et je viendrai vous annoncer le résultat à la fin des cours.

J’allai rejoindre mes amies pour leur annoncer la bonne nouvelle. Lorsqu’elles l’entendirent, elles lâchèrent en même temps un « c’est pas possible ! » très coordonné. Cela suffit à égayer cette journée monotone, malgré les heures de cours, les sorties dans le couloir et les craies volantes. A vrai dire, elle passa si vite que je m’en rendis à peine compte. Le soir, comme promis, Monsieur Lareine nous attendait devant la porte de la classe, une expression contrariée sur le visage.

-J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle ; dit-il alors. La bonne est que le conseil a accepté la candidature du club. Et la mauvaise… est que le club ne sera reconnu qu’à une seule condition…

-Laquelle ? Voulut savoir June angoissée.

-Que le président de votre club batte le président du club de duel actuel pour prouver que vous avez assez d’expérience pour le diriger. En d’autres termes il faut qu’Angéla affronte Aymeric en duel…

Mes amies me regardèrent, attendant ma réponse. Cela faisait maintenant deux ans que je ne lui avais pas parlé, et tout à coup, je me retrouvais à devoir l’affronter en duel. Heureusement, je connaissais bien son style de jeu, étant donné que je lui avais tout appris au sujet du duel. J’acceptai donc ce marché, au grand soulagement de mes amies et monsieur Lareine nous emmena dans le gymnase où l’autre club nous attendait déjà. Aymeric était là lui aussi, avec son air arrogant. Il était toujours aussi sûr de lui, il n’avait donc pas changé ? Lorsqu’il me vit, un sourire cruel s’afficha sur son visage.

-Alors comme ça, c’est vous qui voulez nous faire concurrence ? Si j’avais su, je ne me serais même pas dérangé ; dit-il d’un ton supérieur.

-Je n’ai guère envie de parler avec toi, alors finissons-en vite tu veux ? Répliquai-je en soupirant.

-Comme tu voudras, je me suis énormément amélioré depuis l’époque où nous jouions ensemble !

-Je l’espère sincèrement pour toi, sinon, c’est moi qui me serais déplacée pour rien.

-Oh, pourquoi être aussi dure avec moi ? Répliqua-t-il. Et puis, je m’en fiche, je pioche et j’invoque gobelindberg en mode attaque, et par son effet, j’invoque Kagetokage depuis ma main !

-Je rêve où tu joues toujours ton deck de démarrage V pour victoire ? M’exclamai-je en pouffant. En plus, tu ne sais toujours pas le jouer, tu n’as pas besoin de l’effet de Gobelindberg pour invoquer Kagetokage…

-Je… Je le savais ; reprit-il, pour qui me prends-tu ? Passons, je superpose Gobelindberg et Kagetokage de niveau quatre pour construire le réseau recouvrement : numéro 39 utopie ! Je pose une carte face cachée et je te laisse la main.

Son monstre fut acclamé par ses camarades du club. Ils étaient aveugles ou quoi ? Ce monstre est ridicule, minable, inutile et en plus, il est moche… Mais cela confirmait que son style n’avait nullement évolué depuis deux ans.

-Si c’est tout ce dont tu es capable, je vais t’achever dès mon premier tour. Je pioche et j’active le sanctuaire céleste. Voici ensuite terre, agent du mystère, et comme je contrôle le sanctuaire, j’ajoute maitre Hypérion à ma main. Ensuite, toujours avec le sanctuaire céleste, j’invoque spécialement Uranus, agent du destin depuis ma main et j’active son effet : j’envoie Vénus, agent de la création au cimetière et il prend le niveau de vénus, soit trois. Aller, finissons-en, je retire terre de mon cimetière pour invoquer Maitre Hypérion ! Et maintenant, son effet, je retire vénus du cimetière pour détruire Utopie !

-Pas si vite, j’active un piège : aura d’utopie, en détachant un matériel de mon monstre, il ne pourra pas être détruit par des effets de carte, bien essayé.

-Bon, ça sera pour le prochain tour je suppose ; grommelai-je. J’attaque utopie avec Hypérion…

-Et je l’annule. Alors, qui utilise toujours les mêmes cartes ? Jubila-t-il.

-C’est toi je te signale, Uranus vient tout juste de sortir…

-Aucune importance, je te finirai ce tour ci. J’active destructeur d’Utopie pour détruire Uranus et tu subis 2200 de point de dommages !

Angéla : 1800 – Aymeric : 4000

-Je n’ai pas fini, j’active ZW – porteur de tornade et ZW – Lame foudroyante que j’équipe à utopie. A présent, il gagne 2500 points d’attaque et ne peut pas être ciblé par des effets de cartes, de plus, tu ne pourras pas détruire mes équipements, utopie attaque Hypérion et termine ce duel !

-Tu es vraiment stupide, ou bien tu as une mémoire défaillante, lorsque je contrôle mon sanctuaire, je ne subis aucun dégât d’un combat impliquant un monstre de type Elfe.

-Je… Je termine mon tour ; dit-il d’une voix peu assurée.

-Aller, terminons ce duel, je commence à avoir faim moi ; soupirai-je. Je pioche et j’active Walhalla le sanctuaire du déchu pour invoquer spécialement Athéna depuis ma main. Voici ensuite les ailes de Socrate…

Le terrain se mit à trembler et le grand dragon bleu apparut sur le terrain. Aymeric recula rapidement et trébucha avant de tomber sur les fesses.

-Qu…Qu’est-ce que c’est que ça ? Bégaya-t-il effrayé par le regard glacé de Socrate.

-Simplement une carte que j’ai obtenue l’année dernière durant mon combat contre les forces de l’orichalque ; répondis-je naturellement. Mais ce n’est pas le plus important, je fusionne Athéna et les ailes de Socrate pour donner naissance au Dragon ailé d’Athéna, et quand celui-ci arrive sur le terrain, annule les effets de toutes les tiennes. Mais ce n’est pas tout, lorsqu’elle combat un monstre, il gagne une attaque égale à celle du monstre adversaire, soit 2500. De plus, j’active depuis ma main l’ange de Loyauté qui va faire gagner 2500 points d’attaque supplémentaire à mon monstre, pour un total de 7200 points d’attaque…

Angéla : 1800 – Aymeric : 0

Mon adversaire était au sol. Son regard était empli de terreur et de haine. Mais je m’en fichais, sa prétention l’avait une fois de plus perdu.

-Tu n’as pas évolué du tout ! Déclarai-je alors. Tu es toujours le duelliste médiocre que tu étais, tu fonces dans le tas sans réfléchir, tu te bases sur la puissance d’un seul monstre et une fois qu’il est détruit, tu n’as plus aucune ressource, tu ne seras jamais un grand duelliste ainsi !

Je rangeai mes cartes dans mon étui et je m’apprêtai déjà à sortir de la salle sans me retourner et sans attendre l’annonce du résultat, lorsque je fus prise de vertiges. Le monde autour de moi commença à tourner, ma vision se brouilla, j’entendis des bourdonnements dans mes oreilles et ma tête me fit souffrir. Je fermai les yeux et la douleur se calma immédiatement.

Lorsque je les rouvris, je ne me trouvais plus dans le gymnase mais de retour sur la lande infinie. La forteresse volait toujours au-dessus de moi, mais ses canons ne me visaient pas cette fois-ci.

-Angéla ? Dit une voix à côté de moi.

Je me retournai, et je vis June à ma gauche qui semblait tout aussi perdue que moi.

-Alors comme ça, toi aussi tu as fait ce rêve hier ?

-Oui…Attends, ne me dis pas que tu as vu la même chose que moi ?

-Si, une immense forteresse et des dragons voltigeant autour… Tu sais ce que cela signifie ?

-Absolument pas…

Soudain, un rugissement se fit entendre. Je frissonnai. On aurait dit le cri d’un monstre de film de science-fiction, le genre de créature généralement immense et qui n’hésite pas à dévorer les amis du héros…

Je n’avais pas totalement tort, celui qui avait poussé ce rugissement apparut juste après. C’était un grand dragon mauve aux ailes de lumière. Il passa devant nous à une vitesse folle avant de s’attaquer aux gardes ailés de la forteresse. Il n’était pas seul. Un autre dragon, bleu comme la mer, le suivait de près, tandis qu’un troisième portant une armure argenté assurait ses arrières. C’est alors qu’une femme descendit du ciel et s’approcha de nous. Elle avait à la main un sceptre rouge et un bouclier mauve. Son visage m’était vaguement familier, mais impossible de me rappeler l’endroit où je l’avais vue.

-Angéla, June ; commença-t-elle.

-Vous… Vous connaissez nos noms ? S’exclama June interdite.

-Aidez…Nous…

La vision se brouilla subitement et nous nous retrouvâmes à nouveau dans le gymnase. Personne ne semblait avoir remarqué quoi que ce soit. J’avais toujours mon disque de duel à la main et Socrate se trouvait toujours sur le terrain, à croire que tout cela n’était qu’un rêve. Mais, lorsque je regardai dans la direction de June, son expression déroutée me disait tout le contraire.

Chancelante, je me dirigeai vers la sortie sans un seul mot de plus pour mon adversaire, et je fus bientôt rejointe par June, Maya et Ambre.

-C’était incroyable ! Me dit Ambre en me tapant dans le dos. C’est avec cette même carte que tu nous as battu n’est-ce pas ?

-Je me sens humiliée ; protesta Maya, tu utilises la même carte pour nous vaincre nous et ce minable, à croire que tu le mets sur le même plan que nous !

-Désolée, mais je l’avais en main, autant l’utiliser n’est-ce pas ? Répondis-je évasivement.

Comme chaque jour, nous nous séparâmes au coin de la rue où chacune prenait une direction différente. Cependant, alors que j’étais sur le point de partir, June me retint par la manche.

-Alors ce n’était pas un rêve ; dit-elle en fronçant les sourcils.

-Je ne crois pas, mais je n’en sais pas plus que toi sur le coup.

-J’ai déjà vu cette forteresse ; avoua-t-elle alors. Dans la bibliothèque de mon père…

-V… Vraiment ? Bégayai-je surprise par cette révélation. Tu as de ces trucs chez toi June…

-Oui, mais tu devrais venir voir par toi-même ce dont il relève, tu as le temps de passer maintenant ?

-J’imagine que oui, mon père ne pourra pas me blâmer encore plus qu’il ne le fait habituellement.

Nous prîmes donc la direction de la colline sur laquelle June habitait. Très peu de mots furent échangés au cours du trajet, elle semblait totalement perdue dans ses pensées et très préoccupée par ce que nous avions vu. Je l’étais moi aussi bien sûr, mais je n’arrivai pas à capter le sens de cette vision. Nous devions les aider ? Mais qui devions nous aider ? Et les aider à faire quoi ?

Nous traversâmes la cours carrée et June sonna à la porte de chez elle. Son père, le professeur Wheeler, vint nous ouvrir. Il portait sa blouse blanche –enfin blanche, façon de parler – habituelle et semblait toujours aussi insouciant.

-Tiens Angéla, ça faisait longtemps ; dit-il joyeusement. Comment se passe vos activités de club ? Vous avez réussi ? June en a longuement parlé hier et…

-Papa, nous sommes désolées de ne pas pouvoir discuter école plus longtemps, mais aurais-tu toujours le livre que tu as montré à Angéla l’année dernière ?

Le professeur nous regarda étonné, avant de nous inviter à entrer. Je pris une chaise et il revint quelques instants après avec le vieil ouvrage poussiéreux contenant la prophétie d’Hélios. Je déglutis en le voyant. Il ne nous avait apporté que des ennuis comme l’avait dit monsieur Lareine. Est-ce que cette vision était un signe d’une nouvelle catastrophe ? Le seul moyen de le découvrir était de parcourir cet ouvrage.

June ne fut pas longue à retrouver sa page et elle me mit le livre sous le nez. Il y avait un dessin d’une forteresse volante, grise, et armée, exactement comme celle de la vision. A côté était écrit « citadelle originelle ». Au bas de la page était représentée la citadelle des dieux, reconnaissable à la glace l’entourant. Les deux édifices semblaient se faire face.

-Oh non, ne me dis pas qu’il s’agit encore de Gariatron ! Dis-je d’un ton plaintif.

-Non, pire que ça ! Répliqua June. Tu n’as jamais entendu parler de la légende des six dragons originels je parie ?

-Non, jamais. Mais dragon originel, tu parles de créatures comme Gariatron je me trompe ?

-Oui, mais mon père serait plus apte à t’en parler que moi je pense.

Le professeur s’éclaircit la voix et prit la parole.

-La légende des dragons originels, oui, il me semble l’avoir étudié il y a longtemps, d’ailleurs, à cette époque je…

-Abrège, nous n’avons pas le temps ; râla June.

-Bien, selon la légende, avant les dieux, il aurait existé des créatures nommées « démons ou dragons originels », Gariatron serait l’un d’eux d’ailleurs. Nous n’avons gardé la trace que de six dragons, même si nous pensons qu’il y en avait bien plus. Ils s’appelaient Pyros, Syphos, Tellas, Typhos, Luminion et Gariatron. Leurs pouvoirs nous sont encore inconnus, même si nous avons pu voir que Gariatron maitrisait les ténèbres à sa guise. Ils sont également bien plus puissants que les dieux, et ils les auraient même affrontés, puis défaits dans une ultime bataille se tenant justement dans votre forteresse originelle. Cependant, les dragons ont disparu de la surface de la terre du jour au lendemain, et les dieux ont pris leur succession dans les esprits des humains. Maintenant, si vous me demandez pourquoi Gariatron est revenu l’année dernière, je n’ai pas la réponse.

-Et y aurait-il une quelconque… prophétie à propos de ces dragons ? Demandai-je en repensant à la demande d’aide de la jeune femme.

-C’est amusant que vous parliez de ça, car pas plus tard qu’hier, Alice, que vous avez rencontrée durant votre périple, m’a contacté pour me faire part d’une découverte surprenante au sujet de Gariatron, mais n’a pas donné plus de détails. Peut-être qu’elle pourrait vous éclairer plus que moi. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider davantage…

-Non, c’est déjà suffisant ; dis-je pour le réconforter. Nous étions simplement intriguées par cette légende, rien de plus.

Je saluai June et le professeur avant de rentrer chez moi. Le soir, seule dans ma chambre, devant un exercice de maths infaisable, je repensais à cette légende. Si tout ce que le professeur avait dit s’avérait exact, nous aurions bientôt des nouvelles des frères de sang de Gariatron si ce dernier avait décidé de se manifester maintenant. J’avais également un mauvais pressentiment à son sujet. Nous avions beau l’avoir battu et l’avoir vu s’évaporer dans les airs, quelque chose me disait que nous n’en avions pas fini avec lui. Mais étais-je capable de le vaincre une deuxième fois ? J’avais déjà failli y laisser ma peau durant notre duel, si Drago et Darksky ne m’avait pas sauvée, je ne serais certainement plus de ce monde.

Je sortis mon deck et je contemplai ma carte maitresse : les ailes de Socrate. Cette carte était apparue mystérieusement durant mon duel contre Maya et Ambre et ne m’avait jamais déçu, pas même aujourd’hui. Mais méritai-je vraiment de posséder une telle carte ? Sa puissance était effrayante, avec sa capacité de fusionner avec n’importe quelle carte de mon jeu. Mais cette puissance n’étais pas la mienne, à chaque fois que j’invoquais ce monstre, c’était comme si une autre personne jouait à ma place. Peut-être devrais-je essayer de la retirer de mon jeu, pour quelques temps du moins. Je ne savais vraiment plus quoi faire. Devais-je demander conseil à Laura ? Elle qui avait été victime de ses cartes pendant deux longues années, elle saurait certainement quoi faire.

Je pris mon portable pour lui envoyer un message, lorsque notre conversation de la veille m’apparut au milieu de l’écran, avec mon message stupide en dernière position. Je me sentis mal tout à coup. L’avait-elle réellement fait ? Si oui, je plaignais d’avance ce pauvre Darksky…

J’hésitai soudain à lui demander conseil. Et si elle m’en voulait de lui avoir donné un tuyau aussi idiot ? Elle était très bien capable de se venger de moi en me faisant subir la même chose, d’autant plus que son silence ne présageait rien de bon…

Je me résolus finalement à attendre une réponse de sa part avant de faire quoi que ce soit, et je me replongeai dans mon exercice de Maths. « Soit Un une suite telle que Un= ∑Uk/∏Uk pour k variant de 1 à n, calculer Un ». Cet exercice eut pour vertu que je me couche tôt pour une fois car je m’endormis dessus au bout de cinq minutes.

Le lendemain, la journée de cours fut pour des moins banale, comme toujours, mais le soir fut bien plus intéressant. C’était notre première journée en tant que Club officiel. Lareine nous avait trouvé une salle assez grande pour nous entrainer sans casser de matériel et avait même créé des prospectus pour les recrutements. Il était réellement investi dans ce club, cela faisait plaisir à voir.

-J’ai également planifié nos activités jusqu’au grand tournoi inter-école de décembre ; déclara-t-il.

-Un planning ? S’exclama Maya, nous ne sommes tout de même pas en cours !

-Et que pensais-tu faire en créant un club ? Répliqua Ambre. Faire de simples duels comme nous le faisons tout le temps ?

-Ambre a raison ; compléta June. Un club de duel est avant tout fait pour s’améliorer dans de meilleures conditions que si nous le faisions nous-même. Alors, quel est le programme professeur ?

-Un peu de patience, vous découvrirez tout en temps et en heure, mais aujourd’hui, j’avais prévu de commencer par les bases, c’est-à-dire les deck.

-Vous n’allez pas nous expliquer comment jouer au duel de monstres ; raillai-je. Nous savons bien qu’un deck doit être composé de quarante cartes, avoir un certain équilibre entre les monstres, les magies et les pièges et bien sûr, pouvoir faire face à toutes les situations.

-Ah, vous pensez tout connaitre sur vos deck ? Et qu’en est-il des deck de vos adversaires ? Dit Lareine d’un air malicieux.

-Comment voulez-vous connaitre les deck de nos adversaires ? Nous ne savons même pas qui nous allons affronter…

-Et voilà ce que je voulais entendre ! Dit-il en abattant son poing sur la table. Même si vous ne connaissez pas le deck de votre adversaire, il vous est très facile de discerner rapidement sa stratégie. Par exemple, s’il pose cinq cartes dès le début du duel, qu’est-ce que cela signifie Maya ?

-Bah, qu’il a une main infecte ; répondit-elle en haussant les épaules.

Sa réponse simpliste nous arracha un sourire à toutes les trois, et à Lareine également. Cependant, elle ne semblait pas se rendre compte de ce qu’elle venait de dire à en juger par son expression d’incompréhension.

-Oui, mais pas forcément ; expliqua calmement notre professeur. Il se peut qu’il n’ait rien à jouer, mais il se peut également, et dans la plupart des cas, qu’il s’agisse d’un deck contrôle, c’est-à-dire qui joue sur la durée du duel grâce à des pièges et des monstres embêtants pour l’adversaire. L’exemple que j’ai en tête serait le deck Aile noire de Crow Hogan. Dans ce cas-là, que faites-vous Ambre ?

-Euh…Je profite du fait qu’il n’ait aucun monstre pour attaquer ? Hasarda-t-elle.

-Oui, vous pourriez si vous n’avez rien de mieux à faire, mais détruire ses ressources avant qu’elles ne soient activées ne serait-il pas mieux ?

-J’imagine…

Lareine continua de nous parler des différents types de deck existant et les façons de les contrer avant qu’ils ne développent leur jeu. Même moi j’appris des choses durant ce cours. Si seulement nous pouvions en avoir plus souvent à la place des heures de français ou de Maths, je crois qu’aller à l’école serait un véritable plaisir.

Il termina la leçon sur la mise en pratique directe de ses conseils en regardant nos jeux et nous conseillant sur les meilleures cartes permettant de faire face à chaque situation.

L’heure allait se terminer lorsqu’il demanda à me voir avec June en privé juste après. Nous nous regardâmes en nous demandant ce qu’il nous voulait. Ambre et Maya rentrèrent chez elles avant nous et nous nous retrouvâmes seules avec Lareine qui ressortit le même dossier que la veille. Il le posa sur la table et des photos en tombèrent. Lorsque je vis les visages, mon cœur rata un battement.

-June, Angéla, si j’ai accepté de devenir votre superviseur dans ce club, c’est avant tout parce que je connais votre potentiel. Avec ces personnes, vous avez, l’année dernière empêché une catastrophe de se produire. Cependant, les ennuis ne sont pas terminés. C’est pourquoi, j’ai jugé bon de vous former le plus vite possible et de vous enseigner tout ce que je sais.

-Excusez-moi, mais qui êtes-vous au juste pour vous inquiéter autant de menace comme celles-là ? Lui demanda June.

-En tant que professeur d’histoire et Historien, je connais un certain nombre de choses qui ne sont pas révélées au grand public, et notamment la grande guerre des dragons.

-Mais ce n’est qu’une légende ! Rétorquai-je.

-Je vous l’ai dit, tout n’est pas révélé ; dit-il d’un air grave. Et cette guerre a bel et bien eut lieu il y a plus de dix mille ans.

-Dix mille ans, mais cela signifie…

-Oui Angéla, à cette même époque, la civilisation Aslante était à son apogée. Comme quoi, même les jeux vidéo du professeur Layton sont instructifs ; dit-il en rigolant. Mais passons, ces derniers, avant de disparaitre en même temps que les dragons, nous ont laissé une prophétie que voici : « Le vingt-cinquième jour de la vingt-cinquième année après la plus grande menace de l’histoire, le tonnerre gris prendra à nouveau son envol dans un ciel sans étoile. Les quatre grands, méditant leur vengeance depuis une éternité sortiront de l’ombre dans laquelle ils s’étaient réfugiés. Les ténèbres et la lumière se feront face à nouveau, et seul le médiateur pourra les arrêter dans leur combat. Le ciel, la terre, les gardiens et la galaxie s’uniront une nouvelle fois autour de l’être parfait pour mener leur ultime bataille….

Je déglutis. Selon la prophétie de Gariatron, Darksky, Laura, Hélios et moi étions ce ciel, cette terre, ces gardiens et cette galaxie. Cela signifiait-il que nous allions bientôt tous mourir ? Je frissonnai à cette idée. Et Drago ? Ou se trouvait-il maintenant ? Etait-il ce fameux médiateur ? Ou bien cet être parfait ? A moins qu’il soit totalement exclu de cette prophétie, ce que je ne pouvais croire. Cela faisait déjà presque vingt-cinq ans que Yugi et les autres avaient arrêté Zorc, il ne s’agissait certainement pas d’une coïncidence. Dans tous les cas, cela nous laissait jusqu’au vingt-cinq janvier prochain pour trouver une solution, soit un peu plus de trois mois. Voyant mon angoisse, Lareine reprit la parole :

-Rassurez-vous Angéla, une prophétie ne peut être fiable à cent pour cent. Lorsqu’elle se réalise totalement, c’est en général car les intéressés font tout pour. Vos chances de mourir sont donc très minces, regardez la dernière, la terre aurait dû être recouverte d’un voile de ténèbres pour l’éternité, et nous sommes toujours là !

-Une minute professeur ; nous interrompit June. Que viens-je faire dans cette histoire ? Cela ne semble concerner qu’Angéla, alors pourquoi m’avoir convoquée ?

-Vous êtes la fille du célèbre professeur Wheeler, et par conséquent, vous êtes impliquée dans toutes ces histoires par votre père, je ne pouvais pas vous écarter ; se contenta-t-il de répondre.

-Célèbre, si on veut ; grommela-t-elle.

Sur ces paroles rassurantes, Lareine nous congédia toutes les deux. Nous ne savions plus quoi dire après avoir entendu une prophétie pareille, et pour cause, elle disait que nous allions tous mourir dans trois mois ! June, sans prévenir, me serra dans ses bras.

-Sois forte Angéla ; me murmura-t-elle. C’est la deuxième fois en deux ans que tu dois supporter une telle charge sur tes épaules, mais je sais que tu en es capable

-J’aimerais en être aussi sûre que toi ; soupirai-je.

En réalité, je ne me sentais vraiment pas à la hauteur. La dernière fois, sauver Maya et Ambre m’avait donné une véritable raison de me battre jusqu’à la fin, je ne pouvais pas perdre. Mais cette fois-ci, je devais simplement affronter l’ennemi sans réelle motivation. C’était certes égoïste comme raisonnement, mais les faits étaient bien là. Il allait falloir que je travaille dur jusqu’au vingt-cinq janvier dans le club de duel si je voulais être prête à affronter à nouveau le dragon en compagnie de Darksky. Hélios devait certainement connaitre la prophétie également et devait se préparer dans un coin reculé de la planète, tout comme Drago.

Bien, je ne pouvais pas me reposer, cela me donnait un nouvel objectif à atteindre dans ce club, autre que ridiculiser Aymeric : être parée à affronter mon destin !



Chapitre 3 : Pour le club de Duel !



Spoiler :


Refusé ? Mais pourquoi donc ? Pourquoi le conseil des étudiants s’opposait-il à la création de ce club ? Et qu’importe la raison, ils n’avaient tout simplement pas le droit de faire une telle chose ! Pauvre Nagisa, elle s’était donné tant de mal pour coller toutes ces affiches avec nous, je ne pouvais pas fermer les yeux à ce moment. Je m’excusai auprès de Laura et je fonçai au troisième étage. J’ouvris violemment la porte de la salle de réunion du conseil, et je me heurtai aux regards d’incompréhension des membres. Ils étaient en pleine réunion apparemment. Le président du conseil se leva de son siège et me regarda droit dans les yeux. Il était assez grand, blond. Il remonta ses lunettes sur son nez et s’adressa calmement à moi :

-Je suis Olivier Lesage, président du conseil des étudiants ; déclara-t-il. Quelle est la raison de ce dérangement soudain ?

-Vous… Vous avez détruit le rêve de mon amie ! Rétorquai-je violemment en frappant sur le mur.

Les autres membres se levèrent d’un bond, prêts à riposter si je m’attaquais à eux, mais le président restait de marbre.

-Oh, tu veux certainement parler du club de duel de monstres de cette fille ? Dit-il sans aucune émotion.

-Vous n’avez nullement le droit de censurer un club uniquement parce qu’il ne vous plait pas !

-Tu as raison, nous n’en avons pas le droit.

-Alors retirez immédiatement votre véto !

-Impossible.

-Et pourquoi cela ? Rétorquai-je sur le point de perdre mon sang froid devant son impassibilité.

-Connais-tu au moins la raison pour laquelle ce club a été fermé ? J’imagine que non… L’année dernière, il fut la première cible du dragon, et tous ses membres furent blessés. Nous n’avons nullement envie de revivre un tel incident une deuxième fois. Tu sais de quoi je parle Jean-Michel, ou plutôt devrais-je dire, Darksky.

Il avait prononcé mon nom avec un certain mépris dans sa voix. Je sentais déjà qu’il ne m’appréciait pas, pour une raison que je ne pouvais expliquer. Heureusement, ce sentiment était réciproque, ce président me mettait vraiment mal à l’aise.

J’allais répliquer quelque chose de cinglant, lorsque quelqu’un frappa à la porte. Avant même que Lesage ait pu répondre, elle s’ouvrit et la silhouette d’une fille se découpa dans l’ouverture.

-Objection président Lesage ; dit-elle alors d’une voix forte.

Elle s’avança d’un pas et je reconnus le visage d’Hikari Miyako, rencontrée la veille.

-A qui ai-je l’honneur ? Dit-il méfiant.

-Je suis Hikari Miyako, en troisième année, de la classe D. J’ai vu que tu avais griffonné toutes les affiches du club de duel de monstres avec ton stylo rouge. C’est bien joli les graffitis, mais, si je me réfère à l’article vingt-cinq de votre règlement, n’importe qui peut créer n’importe quel sorte de club, du moment qu’il a au minimum trois membres fondateurs. Je peux bien comprendre que vous n’ayez pas envie que la catastrophe du dragon se reproduise, cependant, qui a subit les pertes les plus lourdes en essayant de vous sauver la peau ?

-Oui, peut-être que ces membres ont protégé d’autres élèves, mais…

-Il n’y a pas de mais ! Rétorqua-t-elle violemment. Tu sais tout aussi bien que moi que même sans ce club, cette école aurait été attaquée, alors soit tu autorises la formation du club, soit j’irai en référer à plus haut !

Le président grommela, avant de faire signe aux autres membres qui se concertèrent. Après un bref délai, il reprit la parole.

-Soit, je veux bien autoriser la création de ce club, mais à une condition : le club devra sortir vainqueur au tournoi inter-école de décembre, sans quoi, il sera immédiatement fermé. Prouvez-nous que cette fois-ci, vous serez capable de nous protéger ; nous menaça-t-il.

-Je m’en assurerai personnellement ; répliqua Miyako sur le même ton de défi.

Nous fûmes ensuite congédiés. J’étais à la foi soulagé, et en même temps légèrement inquiet par la condition imposé par le président. Si nous échouions, cela reviendrait à n’avoir rien fait, et le rêve de Nagisa serait à nouveau brisé. Je me tournai vers Miyako qui avait accepté cette condition. Elle regardait la salle du conseil avec mépris. Son attitude était en contradiction avec celle que j’avais rencontrée la veille. Cela me fit penser à sa carte d’étudiant :

-Miyako ? J’ai trouvé ceci hier sur le toit.

Je lui tendis son bien et ses yeux devinrent ronds de surprise.

-Je… Je n’ai pas été sur le toit hier, ni jamais ; répondit-elle effrayée.

-Mais, nous nous sommes parlés hier à cet endroit ! Rétorquai-je.

-C… C’est vrai ; finit-elle par dire après un moment d’hésitation. Je suis désolée, j’avais totalement oublié.

Elle tourna la tête dans la direction opposée.

-Bien, tu as peut-être rétabli le club, mais maintenant, il ne tient qu’à vous de le faire survivre. Je te souhaite bonne chance, et comme promis, je viendrai vous aider.

Elle partit sans un mot de plus, en me laissant seul au milieu du couloir. J’étais perdu dans mes pensées. Comment avait-elle pu oublier quelque chose qui s’était passé la veille ? Et pire encore, comment pouvait-elle changer d’attitude si soudainement d’un jour à l’autre ? J’avais le pressentiment que Miyako me cachait bien des choses.

Je descendis lentement les escaliers pour retourner à notre étage, cherchant un moyen d’annoncer la nouvelle à Nagisa, lorsque cette dernière se présenta juste devant moi, suivie de Laura essayant de la retenir par le bras.

-Je te dis que ce n’est pas la peine, il saura gérer cette situation tout seul ! Lui criai-t-elle.

Elle s’arrêta net en me voyant et lâcha le bras de Nagisa qui tomba sur moi. En relevant la tête, elle devint rouge de honte :

-Jean…Darksky ; bégaya-t-elle. Je… Je suis désolée, je ne voulais pas…

-Il n’y a pas de problème ; répondis-je gentiment.

Je levai la tête vers Laura, et étrangement, elle ne semblait pas en colère cette fois. N’était-elle jalouse que de Saya ? Il allait falloir que j’éclaircisse cela aussi.

Une fois debout, j’annonçai la bonne nouvelle à Nagisa. Sa première réaction fut un grand sourire, avant de me sauter dans les bras, pour me faire tomber à nouveau. Je notai donc dans un coin de ma tête de faire attention à elle la prochaine fois que je la croiserai dans les escaliers.

Je passai le cours suivant à raconter à Saya comment Miyako s’était emmêlée dans la discussion et comment elle en était arrivée à faire céder le président. Lorsque j’eus terminé, Youhei se retourna et prit part à la conversation :

-Attendez, vous parlez d’Hikari Miyako, je me trompe ?

-Oui, tu la connais ?

-Et bien, qui n’a jamais entendu parler d’elle ; répondit-il à voix basse, comme s’il s’agissait d’un secret. Elle était la présidente du club de duel de monstres l’année dernière, une fille joyeuse, gaie, toujours souriante, enfin, la présidente idéale. Cependant, il paraitrait que durant la guerre, elle ait fait quelques mauvais choix, comme prendre la première ligne de défense ou envoyer des éclaireurs au mauvais moment. Beaucoup de ses membres ont été blessés, et on m’a dit qu’elle ne s’en serait jamais remise. Depuis, elle est toujours renfermée sur elle-même, ne parlant qu’à peu de monde, et les rares fois où elle parlerait, elle se contenterait de répondre par des phrases de deux ou trois mots…

Il n’eut pas l’occasion d’en raconter plus car madame Piment le sortit de cours pour bavardage incessant. Durant tout le reste du cours, je n’écoutai pas ce que me racontait Saya, j’étais obnubilé par l’histoire de Youhei. La face souriante et la face sombre de Miyako, tellement différentes qu’on pourrait penser qu’elles sont deux personnes distinctes. Ses paroles me revinrent à l’esprit : « je n’ai pas été sur le toit hier ». Celle qui avait prononcé ces mots était froide, contrairement à la Miyako de la veille, souriante. Vraiment, il y avait quelque chose d’étrange avec elle.

A la fin des cours, Laura vint vers moi, mais tourna immédiatement le dos lorsque Saya me proposa de venir avec elle au parc. Je déclinai cependant son offre, parler avec Laura était ma priorité pour le moment.

Je la vis dans le couloir, et je la rattrapai. Elle marchait vite, et lorsque je m’adressai à elle, elle fit semblant de ne pas m’entendre. Je finis par lui barrer le chemin en me plaçant juste devant elle. Elle prit alors un air surpris et daigna me parler :

-Tiens, tu n’es pas encore au parc avec ta nouvelle amie ? Vous semblez si proches pourtant !

-Mais tu vas m’écouter Laura ; la suppliai-je. Saya est juste une amie ! Pourquoi tu réagis comme ça en sa présence ? Nagisa ne te dérange pas pourtant.

-Je…

Elle semblait déstabilisée. Comme je le pensais, il n’y avait que Saya dont elle était jalouse. Pourquoi ? Je ne le savais pas, mais je comptais bien le découvrir.

-Vous devriez vous rencontrer ; suggérai-je alors.

Elle me regarda avec des yeux ronds.

-Que… Que je lui parle ? Tu as perdu la tête mon pauvre Darksky, je…

-Tu ne la connais même pas, comment peux-tu dire que tu ne l’aimes pas juste en la voyant ?

-Le problème n’est pas là ! Rétorqua-t-elle. Depuis qu’elle est arrivée, c’est-à-dire hier, tu n’as d’yeux que pour elle, durant les cours, les pauses, et même après l’école.

-Tu te trompes…

-Vraiment ? Et avec qui as-tu fait un duel hier ? Depuis quand ne m’as-tu pas affrontée ? J’ai l’impression que tu me fuis depuis que nous sommes de retour ici, ai-je tort ? Tu veux que je me fasse de nouvelles amies, que je m’intègre mieux, tu penses qu’après toutes ces années de voyage en solitaire je ne suis plus capable de me débrouiller seule ? Vas-y, dis-le, je sais que tu en meures d’envie !

-Mais… où vas-tu chercher des choses pareilles ? Répondis-je effaré.

-Je te connais Darksky, tu es ainsi, tu veux que les autres autour de toi s’épanouissent, quel qu’en soit le prix à payer. Je ne peux pas te blâmer pour ça, tu penses agir pour le mieux. Ce que je te reproche, c’est de ne pas faire assez attention aux sentiments de ceux qui t’entourent et de n’en faire qu’à ta tête ! Et si ceux que tu aides ne désirent pas être aidés et simplement rester tels qu’ils sont ?

-Je ne te suis plus du tout Laura… De quels sentiments parles-tu ?

-Voilà, c’est exactement ça, tu es incapable de comprendre ce que je ressens ; termina-t-elle tristement.

Elle partit en me laissant seul au milieu du couloir, avec un immense poids sur le cœur. Comment en étions-nous arrivés là ? Je voulais simplement arranger les choses entre nous, et le résultat avait été catastrophique. Je sentais Laura s’éloigner de plus en plus de moi. Disait-elle la vérité ? Etais-je incapable de la comprendre ? Je n’y avais jamais réfléchi auparavant. Je pensais simplement lui donner un coup de pouce dans sa nouvelle école… Pourquoi tout devait être toujours aussi compliqué !

-Toujours aussi désespérant avec les filles ; dit alors Marie qui venait d’arriver.

-Tu as vu la scène ? Lui demandai-je dépité.

-Je crois que toute l’école l’a vue malheureusement.

-Dis-moi, toi qui peux voir les vraies personnalités des gens, tu le penses aussi ? Que je suis incapable de comprendre ce que ressentent les autres ?

-Je ne dirais pas ça ainsi, mais il est vrai que tu agis comme bon te semble. Ce n’est pas forcément un défaut, mais dans certaines situations, ce n’est pas une qualité non plus.

-Tu ne m’aides pas tu sais…

-Je suis désolée, mais je ne peux pas t’aider sur ce coup, tu vas devoir suivre ton propre chemin. Bien, on se retrouve à la maison ; dit-elle joyeusement avant de partir.

Suivre mon propre chemin… Encore une phrase mystérieuse…

Le soir, je ne vis pas Laura à table. Certainement s’était-elle enfermée dans sa chambre avant mon arrivée. La soirée fut peu animée sans elle et je gagnai rapidement la mienne. Il fallait que je me change un peu les idées, broyer du noir n’apportait rien de bon.

C’est alors que je reçus un message sur mon portable. Qui pouvait bien m’en envoyer un à une heure pareille ?

« Cher Darksky, je suis sûr que tu m’auras reconnu, je ne donnerai donc pas ma véritable identité. Je suis actuellement sur la falaise de ta ville. J’ai quelque chose d’important à te dire immédiatement. Viens seul. Signé : le justicier Masqué. »

Encore une blague téléphonique pensais-je immédiatement. Cependant, le fait qu’il connaisse mon surnom me dérangeait. Je devais connaitre ce zigoto, mais je ne voyais pas de qui il pouvait s’agir. Aucun de mes amis n’était assez bête pour faire ce genre de blague.

La curiosité prit le dessus et je décidai d’aller vérifier par moi-même. La nuit était fraiche. Il n’y avait que peu d’étoiles dans le ciel noir, et même la lune avait disparu. A cette heure, il n’y avait plus personne dans les rues de la ville. J’entendais uniquement le sifflement du vent dans les branches des arbres et le clapotis de la mer au loin.

Lorsque j’arrivai enfin sur la falaise, le vent me cingla le visage. Le type m’ayant envoyé ce message avait intérêt à avoir une bonne excuse pour me déranger une nuit pareille. C’est alors que je vis une silhouette se découper parmi les ténèbres. En me rapprochant, je pus distinguer un homme portant une grande veste qui regardait au loin. Il me tournait le dos, je ne pus donc pas voir son visage, mais j’avais déjà un mauvais pressentiment. Je m’arrêtai à quelques pas de lui. Il ne se retourna pas mais prit la parole.

-C’est ici que nous nous sommes rencontrés pour la première fois n’est-ce pas ?

De quoi parlait-il encore ? Il se croyait dans un western avec son grand chapeau ou quoi ?

-Ca fait déjà presque cinq ans, mais rien n’a changé ici ; dit-il d’un ton nostalgique. A l’époque, je t’ai fait quelque chose d’affreux…

-Attendez une minute…

Je connaissais cette voix grave et autoritaire. L’homme se retourna, et je pus voir son visage. Il avait autour de trente ans, n’était pas rasé et ses cheveux n’étaient pas coiffés. Son regard brillait dans la pénombre, comme dans un de ces films fantastiques…

-Oh non, pas lui ; soupirai-je lassé. J’aurais dû me douter qu’un message aussi farfelu ne pouvait venir que de vous, Hélios.

Un silence se fit après que j’ai prononcé son nom, et le vent souffla entre nous.

-Attends, tu veux dire que tu n’avais pas deviné ? Dit-il apparemment déçu.

-Et comment vouliez vous que je devine !? Rétorquai-je en écarquillant les yeux. « Le vengeur masqué », vous n’avez même pas de masque et vous n’avez jamais rien vengé ! Et d’abord, comment vous avez obtenu mon numéro, et depuis quand vous savez vous servir d’un portable ?!

-Ne sous-estime pas les services de renseignements d’Héliopolis ; répondit-il en secouant la tête pour faire voler ses cheveux.

-Mais cette ville n’existe même plus ! Et ça ne répond pas à mes questions !

-Oh, pourquoi te soucier de détails comme ceux-là alors que tu peux contempler un océan infini s’ouvrant à tes pieds ; dit-il d’un air mystérieux.

-Ce que vous dîtes n’a absolument aucun sens…Soit, je rentre ; rétorquai-je en tournant les talons.

-Attends, tu n’as même pas écouté ce que j’avais à dire ! S’écria-t-il en me retenant par la manche.

-Vous êtes venus m’annoncer la fin de votre voyage et votre retour triomphal ? Hasardai-je.

-Exact, comment l’as-tu su ? Demanda-t-il interdit.

-Une intuition. Enfin, félicitations, et maintenant, bonne nuit, j’ai cours demain moi.

Je tournai déjà les talons pour rentrer à la maison lorsqu’Hélios me retint fermement par le bras. Il s’adressa alors à moi plus sérieusement.

-Attends, si je suis ici… c’est parce que je dois te prévenir…

-Me prévenir ? Mais de quoi ? Demandai-je surpris par son ton inhabituel.

Il me lâcha alors le bras et s’assit sur un rocher, juste au bord de la falaise et contempla l’océan d’un regard triste.

-Shadow… est vivant ; déclara-t-il enfin après une longue pause.

Je reculai d’un pas en entendant cela. Je ne savais pas comment réagir. D’un côté, il fallait que j’annonce la bonne nouvelle à Laura, mais d’un autre, mon instinct me disait que son retour n’était pas forcément une chose souhaitable. J’attendis qu’Hélios développe, mais il n’ajouta rien. Il se leva puis passa juste à côté de moi, sans me regarder.

-Je resterai dans les parages encore quelque temps. Si tu as besoin de moi, appelle-moi ; dit-il solennellement.

Puis il partit, me laissant seul sur la falaise, avec mes doutes. J’aurais voulus le rattraper et le forcer à s’expliquer. Comment savait-il cela ? Que venait-il réellement faire ici ? Pourquoi me prévenir moi et non quelqu’un d’autre ? Toutes ces questions m’embrouillaient l’esprit.

Je restai encore un long moment assis là, à regarder dans le vague. Le ciel était vraiment sombre cette nuit. L’horizon semblait n’être qu’un voile de ténèbres sans fin. Si nous avions échoué contre Gariatron, le monde ressemblerait-il à ça ? Une vaste étendue noire dénuée de vie ?

-Je savais que je te trouverai-là ; dit soudainement une voix dans mon dos.

Je ne me retournai pas, je savais de qui il s’agissait. Peu de personnes connaissaient cet endroit.

-Désolé de t’avoir inquiétée Marie. J’allais bientôt rentrer.

-Tu dis ça, mais il est quatre heures du matin ; rétorqua-t-elle confuse.

Quatre heures ? J’avais donc passé plus de temps que je ne le pensais. Cette révélation avait obnubilé toutes mes pensées et m’avait fait perdre la notion du temps apparemment.

Sans surprise, ma sœur me demanda ce que je faisais ici à une heure pareille. J’hésitai à lui dire la vérité, il était inutile de l’inquiéter avec ça. Je racontai donc que je repensais aux moments que j’avais passés avec Laura à ce même endroit après notre dispute de la journée, ce qui n’était pas totalement faux.

-Elle est vraiment remontée contre toi ; me répondit Marie.

-Oui, je sais ; soupirai-je. Mais je ne sais pas du tout comment lui dire que Saya n’est qu’une amie…

-Laisse-lui le temps ; dit-elle alors. Elle finira bien par s’en rendre compte d’elle–même.

-J’espère que tu dis vrai.

Mais je savais au fond de moi que les choses ne seraient pas si simples. Laura était bornée lorsqu’elle voulait quelque chose, et le temps n’arrangeait rien, il suffisait de voir le nombre d’années qu’elle avait passé à préparer sa vengeance contre moi.

Le lendemain, je dus dormir toute la journée car je n’avais aucun souvenir de ma journée de cours. Après une nuit blanche comme celle-ci, il était normal que je sois fatigué après tout. Saya me réveilla à la fin des cours, et se moqua de la marque rouge que j’avais sur la joue.

Evidemment, Laura était déjà partie lorsque j’émergeai totalement du monde des rêves. Je n’avais même pas pu lui dire ce qu’Hélios avait révélé… Mais, comment le prendrait-elle ? Je craignais sa réaction. Peut-être ne l’avait-elle pas pardonné de l’avoir abandonnée au dernier moment…

-Eh oh, tu m’écoutes ? Protesta Saya en me donnant un coup sur la tête.

-Désolé, je pensais à quelque chose qui m’est arrivé hier ; avouai-je.

-Tu me raconteras ça une prochaine fois, pour le moment, nous devons nous rendre au club, c’est notre premier jour !

Ah oui, le club de duel de monstre m’était totalement sorti de la tête avec toutes ces histoires. Ça serait certainement une bonne occasion de me changer un peu les esprits et de me détendre. Nous montâmes donc au troisième étage où Nagisa nous attendait devant une salle de classe.

-Bienvenue ; dit-elle avec entrain, vous être les premiers arrivés !

-Nous sommes les seuls membres du club ; répondit Saya, un peu gênée.

-Pour le moment ; rétorqua Nagisa joyeusement.

Nous entrâmes dans la salle de classe. Il n’y avait pas grand-chose, quelques tables, des chaises et un tableau, le strict minimum pour un club venant se de former. Nous devions jouer cartes sur table apparemment. Miyako entra juste après nous, et regarda la classe avec un certain mépris.

-C’est donc ici notre nouvelle salle d’entrainement ? Je préférai largement l’ancienne !

-C’est tout ce que nous avons ; lui répondis-je calmement. Donc il faudra nous en contenter pour le moment.

Elle posa alors son disque de duel sur une table et se précipita vers une fenêtre pour l’ouvrit. Une bouffée d’air pénétra dans la classe et souleva un épais nuage de poussière. Elle se dirigea ensuite vers l’interrupteur ; une lampe sur deux s’alluma, les autres claquèrent immédiatement.

-Vous voulez vraiment jouer dans des conditions pareilles ? S’exclama-t¬-elle alors.

-Il semblerait en effet qu’un ménage intensif s’impose d’abord ; dit Saya.

-Oh, c’est la première fois qu’on se rencontre ? Dit Miyako en se radoucissant. Je m’appelle Hikari Miyako, en troisième année, ravie de te rencontrer.

-Je suis Yuiko Saya, de la même classe que lui ; dit-elle en me pointant du doigt.

-Je ne suis pas « lui » comme tu le dis ! Puisqu’on en est aux présentations, appelez-moi Darksky ; dis-je à mon tour.

Nous nous tournâmes tous vers Nagisa qui était la seule à ne pas s’être encore présentée. Elle rougit soudainement en voyant l’attention centrée sur elle.

-Je… euh… Fukuhara Nagisa ; dit-elle totalement désorientée.

-La présidente du club ne doit-elle pas faire un discours de bienvenue ? Hasarda Saya pour l’encourager.

-Ah oui ! Alors… J’ai… J’ai décidé de reformer le club de duel de monstres afin que nous puissions nous amuser et… Non, je l’ai reformé pour… Pour…

Elle chercha ses mots quelques instants. Nagisa n’avait vraiment pas confiance en elle. Je me disais qu’il fallait l’aider, mais Miyako fut plus rapide que moi.

-Nous n’avons pas vraiment besoin de raison pour former un club après tout ; dit-elle en haussant les épaules. Ce qui compte pour l’instant est de le maintenir actif jusqu’à décembre. Je n’ai pas particulièrement envie de m’investir là-dedans pour être franche, mais je ne veux pas non plus donner satisfaction à ce président du conseil. Donc, la première chose à faire est de connaitre le style de jeu de chacun. C’était la première chose que j’avais faite l’année dernière il me semble, qu’en pensez-vous ?

-Attends une minute ; rétorqua Saya, ce n’est pas parce que tu l’as fait que c’est ce que nous allons faire maintenant !

-Non… elle a raison ; intervint Nagisa.

-Très bien, dans ce cas, je t’affronterai Miyako, c’est bien ce que tu avais prévu ?

La tension était montée d’un cran tout à coup. Pourquoi Saya s’énervait-elle pour si peu ? En tout cas, cela ne semblait pas déplaire à Miyako qu’on lui tienne tête. Un petit sourire s’était dessiné sur sa figure devant ce défi impromptu.

-Bien, j’accepte, mais sache que je ne me retiendrai pas.

-J’espère bien que non, sinon le duel n’aurait aucun intérêt !

-Euh, les filles, vous prenez tout cela un peu trop au sérieux je pense…

Mon intervention passa inaperçue. Saya et Miyako prirent du recul avant de se faire face. Je ne pouvais qu’observer, mal à l’aise. Nagisa, au contraire, semblait excitée à l’idée de voir ce duel. Je devais prévenir Miyako que le deck de Saya n’était pas à prendre à la légère…Mais, bien que ne connaissant pas son adversaire, elle ne semblait pas du tout effrayée. Toutes deux avait le même regard déterminé, brulant de passion. L’impatience se lisait dans leur regard. Elles avaient une confiance parfaite en leur capacité de duel, c’était impressionnant.

-Je vais prendre la main tu le veux ? Commença Saya. J’invoque Suanni, Feu du Yang Zing en mode attaque puis je pose deux cartes face cachée et je termine mon tour.

-Ce deck…Aucun doute ; murmura Miyako. Je m’attendais à un premier tout plus intéressant pour quelqu’un utilisant des monstres légendaires ! Mais peut-importe, j’ai promis de ne pas me retenir et je vais tenir cette promesse. J’invoque Satellchevalier Unukalhai, et par son effet, j’envoie Satellchevalier Alsahm de mon deck au cimetière. Je continue en activant Satellchevalier Pont Célèste : en renvoyant mon monstre dans mon deck, je peux invoquer spécialement Satellchevalier Véga ! Mais ne crois que c’est fini, l’effet de Véga s’active et je peux invoquer spécialement Satellchevalier Altaïr depuis ma main, qui lui-même invoque Satellchevalier Alsahmde mon cimetière. Et en prime, tu reçois 1000 points de dommages !

Saya : 3000 – Miyako : 4000

-C’est un bel enchainement, je dois l’admettre ; concéda Saya. Mais n’imagine pas un instant gagner ce duel !

-Nous verrons bien. Je recouvre mes trois monstres pour ouvrir le réseau recouvrement : Apparait Stellchevalier Delteros ! Je vais maintenant activer sa faculté, en détachant une unité, je peux détruire une de tes cartes, et je choisis ta carte face cachée de gauche !

-Bon, adieu Force de Miroir, je n’en avais pas vraiment besoin après tout…

-Deltatheros, détruit Suanni, Feu du Yang Zing avec la pluie d’étoile filante !

-J’active Création du Yang Zing avant que ton attaque ne me touche !

Saya : 2400 – Miyako : 4000

-A présent, comme Suanni nous a quitté, je peux invoquer depuis mon deck Chiwen, Lumière du Yang Zing, mais il ne sera pas seul, Bi'an, Terre du Yang Zing peut également apparaitre grâce à mon incarnation.

-Comme on pouvait s’en douter de la part du deck légendaire… Je pose deux cartes face cachées et je termine mon tour.

-Tu as l’air d’en savoir long sur mon deck ; lança soudain Saya. Que sais-tu exactement ?

-Ah, pas grand-chose en vérité, mais je te le dirais si tu arrives à me battre.

-Très bien, je vais donc en finir ce tour même ! J’active Monster Reborn pour faire revenir Suanni, Feu du Yang Zing parmi nous ! A présent, je synchronise mes trois monstres : apparait, Baxia, Éclat du Yang Zing ! Son effet va s’activer…

-Une minute, j’active Stellnova Alpha: en envoyant Stellchevalier Delteros au cimetière, j’annule l’effet de baxia et celui-ci va rejoindre le cimetière, je peux ensuite piocher une carte.

-Bah, tu as perdu ton monstre et moi aussi, la belle affaire, et grâce à mon piège, je peux faire appel immédiatement à Taotie, Mal du yang zing !

-Tu n’es pas la seul à avoir un truc, lorsqu’il est envoyé au cimetière, mon monstre me permet d’en ressusciter un autre, revient parmi nous Satellchevalier Alsahm et prends 1000 points de vie à mon adversaire !

Saya : 1400 – Miyako : 4000

-Je commence à en avoir marre de tes petits tours ! Protesta Saya, j’attaque ton monstre avec taotie ! A présent, je pose une carte face cachée et…

Elle laissa sa phrase en suspend lorsqu’elle entendit son téléphone sonner. Lorsqu’elle regarda son message, ses yeux s’agrandirent d’un seul coup.

-Je suis désolée, on finira ce duel une autre fois, c’est une urgence !

Avant même que l’un de nous n’ait pu protester, Saya était déjà sortie de la salle en courant comme si sa vie en dépendait. Nous nous regardâmes tous avec incompréhension, mais je lisais également un intérêt pour Saya dans les yeux de Miyako.

Elle rangea son disque de duel en soupirant.

-On dirait qu’elle ne veut pas savoir après tout, cela vaut peut-être mieux finalement.

-Que veux-tu dire ? Lui demandai-je.

Elle ne me répondit pas et sorti de la salle sans un mot, me laissant seul avec Nagisa qui se dandinait d’une jambe à l’autre, ne sachant pas quoi dire. Je rompis le silence.

-Tout cela promet ! Affirmai-je d’une voix pleine d’entrain. Si tous les duels que nous faisons sont d’un niveau aussi élevés, le tournoi inter école ne posera aucune difficulté !

-J’espère bien ; répondit-elle timidement. Mais j’espère surtout que Saya et Miyako s’entendront.

-Ne t’inquiète pas pour ça non plus, ce n’est qu’une question de temps…

Je voulais en être aussi sûr que je le laissais paraitre, mais quelque chose au fond de moi me disait que cette relation s’annonçait compliquée. Elles étaient bien trop différentes l’une de l’autre. Miyako était froide alors que Saya n’aspirait qu’à se rapprocher de tout le monde. Il fallait que je réfléchisse plus posément à la question. Pour le moment, ma priorité était de parler à Laura, comme chaque jour en fait.

Je dis au revoir à Nagisa et lui laissait le soin de fermer la salle et je pris la direction de la maison. Comme je m’y attendais, Marie était encore sortie, tandis que Laura s’était enfermée dans sa chambre pour travailler soi-disant. Cependant, je ne la vis pas de la soirée. Je terminai donc cette journée avec mes devoirs et deux ou trois échanges avec Arnold sur comment préparer un parfait au chocolat.

La journée suivante aurait pu être tout à fait banale et sans intérêt- en excluant le fait que Saya faisait comme s’il ne s’était rien passé la veille- si je n’avais pas reçu un message d’Hélios en plein milieu du cours de madame Piment. Il était incroyable tout de même qu’un pharaon vieux de cinq mille ans ait appris à se servir d’un téléphone en moins d’un mois…

« Vi1 à la falaise tt suite, G a te parlé ».

Il connaissait le langage sms par-dessus tout, ça en devenait presque risible, on avait presque l’impression d’une caricature…

-Alors, c’est intéressant ? Me demanda ma voisine en regardant par-dessus mon épaule.

-Pas vraiment ; me contentai-je de répondre en éteignant l’écran.

-Aller, tu peux bien me montrer ! Me supplia-t-elle.

Malheureusement, elle avait dit cette phrase un peu trop fort, et toute la classe se retourna vers nous, y compris Madame piment.

-Vous vous ennuyez tous les deux ? Dit Madame piment d’un ton sévère.

Je lui aurais bien répondu que oui, mais c’était le meilleur moyen pour nous attirer des ennuis, je m’abstins donc de le faire et Saya répondit pour moi. De toute façon, elle ne nous demanda pas de dire quelque chose et nous sortit de la classe tous les deux, encore une fois, sous les rires de nos camarades. Au passage, je pus voir que Youhei s’était encore endormi sur sa table, il allait donc nous rejoindre très bientôt dans le couloir.

Se faire sortir n’était pas une si mauvaise chose en soi. Cela ne nous empêchait que de prendre des notes, ce que ne nous faisions pas de toute façon. Au moins, nous pouvions parler librement à l’extérieur de la salle.

-Alors, qui était-ce ? Me redemanda Saya toujours aussi curieuse.

-Tu n’apprécierais pas si je te le disais ; répondis-je gêné en me souvenant de la haine qu’elle avait contre Hélios en désertant.

Une idée folle me vint alors à l’esprit.

-Saya, est-ce que tu pourrais me couvrir pendant que je vais faire un petit tour en ville ?

-Bien sûr, mais pourquoi cela ? Me demanda-t-elle surprise par la question.

-Je t’expliquerai plus tard, mais c’est important.

-Tu as toi aussi tes petits secrets j’imagine ; soupira-t-elle.

Je la remerciai rapidement et je m’éclipsai tout aussi discrètement que possible, en faisait mine de passer aux toilettes. Contrairement à ce que je pensais, sécher les cours était assez facile, il n’y avait personne à l’entrée pour surveiller et les grilles étaient grandes ouvertes.

Je marchai tranquillement dans la rue pour ne pas éveiller les soupçons des passants, après tout, j’avais toujours mon uniforme sur moi.

Les rues étaient cependant assez calmes en plein milieu d’un après-midi de semaine, même le parc était désert. J’aurais pourtant mis ma main à couper que nos brutes de service séchaient les cours pour martyriser les plus jeunes…

La falaise fut rapidement en vue, et Hélios également. Il contemplait encore l’océan, le regard perdu dans cet infini de bleu. Mais, même sans se retourner, il sut que je me trouvai derrière lui et prit la parole.

-Il y a 5000 ans, j’ai reçu les pouvoirs du dragon, et par la même occasion, j’ai bien failli y laisser mon humanité ; dit-il plus pour lui que pour moi. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités d’après le proverbe. Je suis las de toutes ces responsabilités justement… C’est pourquoi, je te le confie mon cher Darksky.

Il se retourna et me lança un pendentif en forme d’ailes d’ange puis retourna à ses contemplations. Je regardai le collier mais rien ne sortait de l’ordinaire. Hélios, comme lisant dans mes pensées, reprit la parole :

-C’est un symbole bien entendu. J’ai offert ce même pendentif à Celestia il y a une éternité de cela.

Celestia était la femme d’Hélios selon les dire de Luna, sa sœur. Je pouvais comprendre pourquoi il lui avait offert, mais je ne voyais pas pourquoi il me le confiait à moi. Que voulait-il que j’en fasse ?

-Et quel est le rapport avec ces fameuses responsabilités ? Lui demandai-je en m’attendant au pire.

-Aucun ! Déclara-t-il soudainement. C’était juste pour l’effet mélodramatique.

Ce type était vraiment un drôle de numéro ; pensai-je. C’était la deuxième fois qu’il mettait des relations de cause à effet là où il n’y en avait pas…

-Bien que ; dit-il alors plus sérieusement, en te confiant ce pendentif, je t’ai quand même donné les sentiments que j’avais pour Celestia, et à présent, c’est à toi de les transmettre.

De les transmettre ? Il ne voulait quand même pas dire… offrir ce pendentif à Laura en guise de réconciliation ? Etait-il au courant de ce qu’il se passait entre nous ?

Impossible, il venait à peine d’arriver en ville et ne connaissait personne à part moi. Mais hélios en avait toujours su plus qu’il ne le laissait paraitre, si bien que ça ne m’aurait même pas étonné qu’il sache…

-Au fait ; dit-il soudainement en me tirant de mes rêves, saurais-tu où se trouve ce cher Drago ?

-Absolument pas, je pensais que vous saviez…

Il pencha la tête sur le côté et fronça les sourcils, l’air anxieux.

-Ce n’est pas bon tout ça… Angéla serait la dernière à l’avoir vu, il y a quelques mois, mais depuis, plus rien, c’est comme s’il s’était évaporé…Peut être que les rumeurs…

-Quelles rumeurs ? M’exclamai-je. Il lui est arrivé quelque chose ?

-Non, non, absolument rien, oublie ce que je viens de dire tu veux ? Répondit Hélios avec un sourire forcé. Bien, je vais y aller, si tu as besoin de me contacter, tu sais comment faire !

Contre toute attente et avant que je n’aie pu réagir, il sauta de la falaise. Je me précipitai au bord du ravin, abasourdi par ce qu’il venait de faire, mais il avait disparu, et je n’avais entendu aucun bruit de plongeon. Franchement, ce type demeurais un mystère pour moi encore aujourd’hui…

-Je n’ai pas rêvé, c’est bien Hélios que je viens de voir sauter de la falaise ? Me dit alors une voix familière dans mon dos.

Je me retournai en sursaut. Saya était là, et semblait totalement perdue.

-Attends, ce n’est pas ce que tu crois ; tentai-je d’expliquer. Hélios a changé…

-Je m’en fiche bien de ça ; rétorqua-t-elle.

-Ah…Ah oui ? Dis-je légèrement soulagé.

-Bien sûr, qu’il soit vivant, mort, gentil, méchant, totalement cinglé, ça n’a aucune importance ! Ce qui est grave, c’est qu’il y a un type avec un manteau noir et un masque devant l’école qui menace de tout détruire si on ne lui amène pas les élus !

Les élus ? Mon sang se glaça dans mes veines. Il ne pouvait s’agir que de Shadow, et comme je le craignais, son retour n’était pas une bonne chose pour nous… Hélios avait eu raison de me prévenir, j’aurais dû prendre son avertissement plus au sérieux !

-Pourquoi tu ne me l’as pas dit plus tôt ! M’exclamai-je alors sous le coup de l’angoisse, il faut retourner immédiatement à l’école !




http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

Chapitre 4 : Combattre un dragon…Ou du moins un de ses sbires



Spoiler :


Les jours suivants, je me concentrai uniquement sur mon entrainement, à un tel point que j’en oubliais parfois de manger et dormir. Heureusement que June était là pour me rappeler à l’ordre entre les cours. Elle savait bien quel fardeau je portais sur mes épaules, et elle ne pouvait que regarder de loin ce combat que je menais seule.

Je n’avais pas informé Maya ni Ambre, je voulais les tenir à l’écart de toutes ces histoires, elles avaient déjà bien assez souffert la première fois, il était hors de question que je leur fasse subir une telle chose une seconde fois. J’étais réellement seule cette fois-ci.

En un sens, je préférai cela. Je n’avais pas à m’inquiéter sans arrêt de ma survie, et de celle de mes amies, mais cela m’effrayait également. Je ne savais absolument pas ce qui m’attendait au bout de ce chemin sombre. Lors de la guerre contre Gariatron, nous étions trois à partager la même douleur, nous pouvions nous soutenir mutuellement. Cette fois-ci, j’étais bel et bien seule face à mon destin, du moins, jusqu’au vingt-cinq janvier.

Pour le moment, mes entrainements avec Lareine portaient leurs fruits. J’arrivai peu à peu à mémoriser tous les types de deck existants, toutes les cartes me permettant de me sortir de mauvaises situations. Mais encore, ce n’était que de la théorie pure, je connaissais tellement bien les deck de mes amies que je n’avais pas besoin de ces artifices pour mener un beau duel, sans vouloir me vanter.

Une semaine passa ainsi, je m’entrainais chaque jour, je ne pensais qu’à mes stratégies, même mes devoirs y passaient. Mais c’était pour la bonne cause. Même mon père, d’habitude si distant, fut surpris de me voir travailler autant pour quelque chose, et finit par s’inquiéter de mon changement d’attitude. Mais, je ne pouvais pas lui avouer à lui non plus. Quelque chose me disait que tous ceux connaissant cette prophétie seraient en danger. C’est pourquoi, je ne pouvais m’empêcher d’envoyer des messages à June le soir pour m’assurer qu’elle allait bien, malgré qu’elle me répétât que je n’avais aucun souci à me faire.

Un mercredi, alors que je me préparai à partir pour l’école, une limousine blanche s’arrêta pile devant notre maison.

Par réflexe, je sortis mon deck, prête à me battre, avant de reconnaitre le chauffeur de la voiture. C’était un homme imposant portant un costume de major d’homme, ce qu’il était d’ailleurs. Il s’inclina en me voyant.

-Bonjour Mademoiselle Angéla, cela faisait fort longtemps.

-Bonjours Ellsworth ! Répondis-je avec entrain, heureuse de le revoir. Si vous voulez voir mon père, il est dans son bureau.

-Je viendrai le saluer plus tard ; répondit-il amicalement. Mademoiselle Sherry m’a demandé de venir vous chercher, elle voudrait vous voir.

-Eh bien, c’est que j’ai cours maintenant…

Je fus moi-même surprise par la phrase que je venais de dire. Autrefois, jamais je n’aurais manqué une occasion de sécher les cours, mais à présent, le club de duel était presque lié à ma vie, je ne pouvais me permettre d’en rater un…Mais, je ne pouvais pas prendre le risque de les mettre au courant.

-Ne vous inquiétez pas, nous avons déjà prévenu votre école.

Et zut, j’allais devoir le suivre… J’acceptai à contrecœur de sécher les cours et je montais après lui.

Nous roulâmes une petite demi-heure sur l’autoroute avant de sortir et prendre un chemin étroit perdu entre les arbres. Je retrouvai rapidement le visage familier de la campagne et du château qui m’avait accueillie durant ma fuite. Le revoir me faisait du bien malgré moi. Il me rappelait les bons moments que j’avais passés avec Darksky et Drago, aussi courts fussent-ils.

Sherry se trouvait déjà sur le pavillon de sa résidence et m’adressa un grand sourire en me voyant sortir de la voiture.

-Bienvenue Angéla, je suis contente de voir que tu te portes bien après tout ce qu’il s’est passé ces derniers temps.

-Je suis assez résistante ; répondis-je en me forçant à paraitre naturelle.

-Bien, si tu veux bien me suivre, j’ai quelque chose de très intéressant à te montrer.

Elle monta les marches menant à son imposant château et poussa les lourdes portes qui s’ouvrirent en grinçant. Je pris sa suite immédiatement.

L’intérieur n’avait pas changé d’un poil. Toutes les tapisseries, tous les tableaux demeuraient à la même place que lors de ma première visite. Et comme cette-fois-là, elle m’emmena à la bibliothèque.

Nous prîmes place tous les trois autour d’une table au fond de la pièce et, après avoir bu un verre et parlé de banalités de la vie ordinaire, Sherry aborda un point plus grave.

-Angéla, je sais que tu es sous pression en ce moment…

-Ah…Ah oui ? Répondis-je sur un ton peu assuré, de peur qu’elle ne sache pour la prophétie.

-Oui, tu as tes examens anticipés à la fin de l’année, et ce club de duel qui ne tient qu’à ta victoire en décembre…

La pression redescendit. Heureusement, elle ne savait rien de la prophétie. Cela m’étonna un peu sur le coup, elle qui possédait autant de livres, elle aurait du en lire un qui l’évoquait, au moins une fois…

-Cependant, continua-t-elle, je viens d’apprendre d’Hélios que notre vieil ennemi Shadow serait vivant…

Mon cœur rata un bond dans ma poitrine, et je faillis tomber de ma chaise alors que je me balançai. Je me rattrapai juste à temps.

-Sha…Shadow ? Répétai-je de peur d’avoir mal entendu. Mais, c’est…C’est impossible. Nous avons vu la citadelle s’effondrer, et il se trouvait à l’intérieur !

-C’est ce que tout le monde pensait aussi ; reprit calmement Sherry. Mais jamais Hélios ne nous contacterait s’il n’y avait pas une urgence. Dans un autre registre, aurais-tu revu Drago depuis le mois dernier ?

-Euh, non. Pourquoi ?

-Hélios est à sa recherche, il a quelque chose d’important à lui dire, mais à nous, il ne nous a rien dit.

Je ne savais pas ce qui me préoccupait le plus : Le fait que Shadow fût de retour, ou bien Hélios qui semblait faire ses manigances dans son coin… Qu’il fût à la recherche de Drago était également très étrange, pourquoi ne pouvait-il pas nous le dire directement ? Nous avions combattu à ses côtés, nous avions tout aussi bien que lui le droit de savoir…

-Mademoiselle Sherry, si je puis me permettre ; dit Ellsworth, je pense que c’est le bon moment.

-Le moment de ? Demandai-je sans comprendre.

Sherry se leva et commença à faire les cents pas dans la pièce, l’air embêtée.

-Tu te doutes bien que si je t’ai demandé de venir en urgence, ce n’est pas simplement pour te parler de ton vieil ennemi ; dit-elle gravement.

Elle s’arrêta devant une des nombreuses étagères de la bibliothèque et en sortit un énorme livre qui avait l’air très ancien. Sur sa couverture, une citadelle était gravée. Elle ressemblait étrangement à la citadelle des dieux, mais était en suspension dans les airs et était également bien plus sombre.

-Et qu’est-ce que c’est ?

-Ceci est le dernier exemplaire d’un livre très ancien où sont évoquées les « citadelles jumelles ».

-Les…Citadelles Jumelles ? Dis-je sans comprendre de quoi elle parlait.

-En effet ; reprit le major d’homme. Il y a de cela plus de dix mille ans, six dragons régnaient sans partage sur le monde : Luminion, Pyros, Syphos, Tellas, Syphos et le dernier, Gariatron.

A l’évocation de ce nom, je compris tout de suite où ils voulaient en venir. Ils connaissaient bel et bien la prophétie finalement.

-Je sais que le professeur Wheeler t’a déjà parlé de tout ceci, je sais aussi que tu es au courant pour la prophétie, c’est moi qui ai demandé à Lareine de t’en parler.

-Ca pour une surprise…

J’étais réellement surprise, je ne savais même pas que le professeur, Lareine et Sherry se connaissaient… Mais en y réfléchissant bien, cela ne semblait pas illogiques, ils étaient tous les trois immergés dans toutes ces histoires du passé.

Elle ouvrit alors la page sur une représentation de la forteresse : noire, armée de canon, volant dans le ciel, avec autour, des milliers de…D’oiseaux ? C’était bien la forteresse de mon rêve ! Je ne pouvais en croire mes yeux. Alors elle existait bel et bien…

-Voici la citadelle originelle ; reprit Sherry. Il y a très longtemps, elle aurait servi de base aux dragons pour mener la guerre contre les dieux.

-Aujourd’hui, plus personne ne peut prouver son existence cependant ; l’interrompit Ellsworth. Mais d’après Hélios, elle serait la cible des démons originels…

-Te connaissant, je suis sûre que tu refuseras, mais…Laisse-nous t’épauler et porter ton fardeau avec toi ; me demanda Sherry avec compassion.

Je dus réfléchir un peu à sa proposition avant de donner ma réponse. Elle nous avait bien protégés d’Hélios une fois, elle pouvait le refaire. Mais c’était également pour ça que je ne pouvais pas accepter, elle avait déjà couru bien trop de risques par notre faute. Je ne pouvais pas lui infliger cela une deuxième fois.

-En effet, je refuse ; répondis-je alors le plus poliment possible.

-J’aurai au moins essayé ; soupira-t-elle. Mais n’oublie pas que si jamais tu as besoin de quelque chose, tu peux t’adresser à nous.

J’allais la remercier et partir quand une explosion retentit au dehors. Ellsworth se précipita à la fenêtre et un épais nuage de fumée envahit la pièce. On n’y voyait plus à deux mètres, mais Sherry réussi tout de même à m’entrainer jusqu’à la porte et nous fit tous sortir.

Une fois dans le couloir, elle n’attendit pas une seconde et fonça vers la porte d’entrée. Je pris sa suite et nous nous retrouvâmes devant le portique où quatre hommes en rouge nous attendaient, leurs visages étant cachés par des masques. Je crus tout d’abord qu’il s’agissait d’hommes de main d’Hélios s’étant perdu en chemin et arrivant après la tempête, mais un tatouage en forme de flammes sur leur main me fit dire le contraire.

Lorsqu’ils nous virent, ils s’avancèrent comme un seul d’un pas, l’air menaçant.

-Bonjour Messieurs ! Lança Sherry naturellement, que puis-je faire pour vous ?

-La fille, livrez-là nous ; répondit l’homme le plus à droite d’une voix râpeuse.

-Je suis désolée, mais nous n’avons aucune commande en ce moment, je vais donc devoir vous demander de partir.

Un court silence s’installa, pendant lequel je crus qu’ils allaient vraiment le faire, mais celui qui avait pris la parole, et qui semblait être le chef, leva sa main vers le ciel et des flammes s’élevèrent des entrailles de la terre pour entourer le château.

Je regardai ce spectacle, ébahie. J’avais beau avoir combattu un dragon de l’enfer, ces flammes me donnaient un réel sentiment de malaise. Elles semblaient tout, sauf naturelles. Même celles des esprits de la terre me terrifiaient moins.

Je chassais ces idées de ma tête, ce n’étais vraiment pas le moment d’avoir peur ! Non, c’était le moment idéal pour mettre en pratique mon entrainement avec Lareine.

Je sortis mon disque de duel, ainsi que la carte de Socrate. Mon adversaire eut un sourire malicieux aux lèvres à ce moment-là. Il voulait que je sorte cette carte précisément ? Il n’allait pas être déçu !

Le chef s’avança au-devant de ses hommes et se mit lui aussi en position. A ce moment-là, Sherry me retint par l’épaule.

-Attends Angéla, c’est toi qu’ils veulent.

-Je le sais très bien, et bien qu’ils viennent me chercher, je suis prête ! Rétorquai-je.

-Tu ne comprends pas, qui sait ce qu’il va se passer si tu perds !

-Non, au contraire, je le sais très bien ; répondis-je tristement. Mais…Je ne peux pas fuir éternellement. J’ai déjà fui une fois par le passé contre le dragon et j’y ai laissé plus que ma propre vie. Qu’aurait fait Drago dans cette situation ?

Sherry ne répondit rien, et se plaça derrière moi, apparemment convaincue. Bien, il était à présent temps de lui montrer ce que je valais réellement à ce guignol à la cape ! Je ne devais pas perdre, je ne pouvais pas perdre, pas même une seule fois, si je voulais être prête à affronter mon destin…

-Je prends la main, déclara notre ennemi. Je commence en invoquant Confrérie Du Poing De Feu – Dragon. Je continue avec Formation Feu – Tensu. A présent, je pourrais faire une invocation normale supplémentaire ce tour et tous mes monstres gagneront 100 points d’attaque. Mais ce n’est pas tout, comme j’ai activé une carte formation feu, l’effet de mon dragon s’active : je peux poser directement depuis mon deck Formation Feu – Tensen. Je profite de l’effet de Tensu pour invoquer normalement Confrérie Du Poing De Feu – Gorille et terminer mon tour là-dessus.

Ce type était beaucoup trop calme. Il pensait que sa victoire était déjà assurée ? Quelle blague ! Je n’allais faire qu’une bouchée de lui grâce à l’entrainement de Lareine !

-Bien, c’est à moi donc. Je vais en premier lieu invoquer Terre, Agent du Mystère en mode attaque. Grace à son effet, je peux ajouter à ma main Vénus, Agent de la Création. Je bannis à présent terre, Agent du mystère pour invoquer Maître Hypérion ! Je continue avec Sacrifice Inutile pour envoyer Jupiter, Agent des Miracles au cimetière, et tiens, je vais le retirer par l’effet d’Hypérion, je peux détruire ton Dragon ! Maitre Hypérion, anéantis ce singe !

-Tu devrais être plus prudente, j’active la carte que j’ai posée au dernier tour : Formation Feu – Tensen ! Mon monstre va gagner 1000 points d’attaque jusqu’à la fin de ce tour. Je crois que mon singe ne va pas être le seul à disparaitre ; dit-il en souriant.

-C’est ce que vous croyez ; répliquai-je. De ma main, j’active la carte magie Lance Interdite sur votre gorille : il n’est plus affecté par les effets de cartes et perd 800 points d’attaque en prime !

Homme en rouge : 2100 – Angéla : 4000.

-Je pose une carte face cachée et je termine mon tour. Vous parlez beaucoup mais vous êtes mauvais en fait…

-Je me contenterai de te répondre avec ce monstre : Confrérie Du Poing De Feu – Ours. Et grâce à Tensu, j’invoque également Wolfbark Soldat Entraîneur. On va pouvoir s’amuser à présent : J’active l’effet de Wolfbark qui me permet de faire revenir mon Confrérie Du Poing De Feu – Dragon, avec ses effets annulés. Maintenant, j’active l’effet de mon Ours : en envoyant Formation Feu – Tensu au cimetière, je peux détruire ton Maître Hypérion !

-Bon, je dois avouer que je ne l’avais pas vu venir celle-là…

-La suite n’en sera que plus passionnante. Je recouvre Wolfbark et confrérie du poing de feu dragon afin d’invoquer le monstre xyz : Confrérie Du Poing De Feu – Roi Tigre ! Lorsqu’il arrive sur le terrain, je peux poser directement depuis mon deck la Formation Feu – Tenki que j’active. J’ajoute à ma main un monstre bête guerrier, comme Confrérie Du Poing De Feu – Esprit. De plus, grâce à Tensen qui se trouve sur le terrain, tous mes monstres gagnent 300 points d’attaque, c’est la fin je crois, et dire qu’on m’avait dit de me méfier. Vous ne valez pas mieux que des joueurs de deck Gagaga !

-Alors là… C’était la barrière qu’il ne fallait pas franchir ; répondis-je d’un ton tranchant. J’active Rugissement Menaçant, votre tour s’arrête ici, tout comme ce duel !

-Oh, tu penses vraiment passer mes deux puissants monstres ? J’ai hâte de voir les véritables pouvoirs d’une élue dans ce cas. Mais sache que lorsque tu détruiras mon roi tigre, deux autres monstres prendront sa place, et seront prêt à te vaincre au prochain tour. Alors, vas-y, je t’attends.

-Monsieur va être servi alors, je vais gagner sans même attaquer : j’active le Walhalla, Sanctuaire du Déchu pour invoquer immédiatement et sans sacrifice Athéna ! Mais je n’ai pas fini, non, voilà à présent Vénus, Agent de la Création, et comme c’est un elfe, Athéna va vous infliger 600 points de dommages !

Homme en rouge : 1500 – Angéla : 4000

-Ca ne sera pas suffisant pour me vaincre, tu as épuisé ton invocation normale, tu vas devoir m’attaquer à présent…

-Comme je vous l’ai dit, je n’en ai pas besoin, car, en activant l’effet de Vénus, au prix de 1500 points de vie, je peux invoquer trois Sphère Mystique Lumineuse.

Homme en rouge : 1500 – Angéla : 2500

-Mais alors…

-Oui, vous prenez immédiatement 1800 points de dommage, c’est terminé !

L’homme fit une grimace lorsque ses points de vie tombèrent à zéro et les flammes autour du manoir disparurent aussitôt, ne laissant aucune trace de leur passage, comme si tout cela n’avait été qu’une illusion.

L’homme fit un signe à ses compagnons qui disparurent aussitôt dans un éclair rouge. Il ne restait que lui. Sherry s’avança, menaçante.

-Qui êtes-vous ? Et que voulez-vous à Angéla ? Demanda-t-elle froidement à l’homme.

-Profitez bien de vos derniers instants de répit ; dit-il en ignorant la question, car les flammes originelles brûleront à nouveau sur terre, consumant toute vie sur leur passage. Mon nom est Floges. Souvenez-vous-en, nous nous reverrons bientôt.

Il s’évapora dans les airs, comme les deux autres, et juste après, je tombais sur les genoux, épuisée. Je n’avais pas eu aussi peur depuis que nous avions vaincu Gariatron. Je sentais bien que j’aurais perdu bien plus qu’un simple duel si je n’avais pas fait attention. Ce Floges, quelque chose me disait qu’il ne m’avait pas montré toute l’étendue de sa puissance.

Sherry et Ellsworth descendirent lentement les marches du château, encore troublés par ce qu’il venait de se passer. Ils regardèrent les alentours, mais il n’y avait plus rien de la bataille, pas même la plus petite feuille roussie ni la moindre étincelle.

-Tout va bien Angéla ? Me demanda Sherry, inquiète de me voir à terre.

-Oui, c’est juste…que tout ce stress m’a un peu épuisée, mais je devrais m’en sortir.

-Quand même, ce Floges, qui est-il ? Grommela Ellsworth.

-Je n’en sais rien ; répondis-je en cherchant également une réponse… Mais, il a bien parlé des flammes originelles ?

-Oui, cependant…

Sherry s’arrêta net, et pâlit soudainement.

-Je viens d’y penser Angéla, mais Gariatron ne se faisait pas appelé le voile des ténèbres ou encore les ténèbres originelles ?

-Si, pourquoi ?

-C’est bien ce que je craignais ; dit Sherry d’une voix presque inaudible. Si Gariatron était les ténèbres originelles, il est fort probable que les flammes originelles fassent référence à ce Pyros étant donné qu’ils sont tous deux des dragons.

-Attendez une minute, vous voulez dire que je viens d’affronter l’avant-garde d’une autre créature des ténèbres !

-Créature du feu ; me rectifia Ellsworth. Si on en croit la légende, Pyros aurait créé des flammes si brûlantes que même les dieux ne pouvaient s’en approcher, des flammes nées directement de son cœur.

-Ces types pourraient t’attaquer à tout moment Angéla, tu vois bien que tu as besoin de notre protection ; me répéta Sherry.

Au plus profond de moi, je le savais aussi. Je ne pouvais pas faire face à cette menace seule. J’avais déjà eu du mal contre un seul de ces hommes, je n’imaginais même pas comment je ferais face à une dizaine. Ils n’étaient pas comme l’armée d’Hélios qui n’étaient que des personnes ordinaires. Ceux-là possédaient des pouvoirs leur venant directement de Pyros, nous l’avions bien vu. Mais, si Sherry devait me protéger, cela ne ferait que la mettre en danger à ma place, et ça, je le refusais ! Elle non plus ne pouvait rien face à la puissance d’un dragon, quelle que soit sa force. Non, s’il y avait bien une seule personne capable de leur faire face, c’était Drago. Pourquoi avait-il fallu qu’il disparaisse justement à un moment aussi tendu ?

Il allait falloir que je parle avec Laura de tous ces événements dès ce soir. Elle saurait certainement quoi faire dans une situation aussi critique. Et aussi, il fallait que je la prévienne de la menace qui pesait sur Darksky autant que sur moi.

-Alors, quelle est ta réponse ? Me redemanda Sherry en me tirant de mes pensées.

-Et bien, j’y ai réfléchi, je ne veux pas que vous me serviez de bouclier. Mais… si vous pouviez faire en sorte que Maya et Ambre restent en dehors de cette affaire, je vous en serai éternellement reconnaissante.

-Je crois que nous ne te ferons pas changer d’avis ; soupira-t-elle. Bien, nous ferons donc ce que tu nous demandes.

Je pris congé de Sherry juste après cela. Ellsworth me raccompagna jusqu’à chez moi et repartit aussitôt, après avoir pris un verre avec mon père. Il était à peine quatorze heures. J’avais encore le temps d’aller en cours pour l’après-midi, mais cette histoire de dragon m’avait totalement démoralisée et je m’allongeai simplement sur mon lit et je me mis à regarder le plafond.

Satanée prophétie ! Je ne pouvais donc pas être tranquille, au moins un an ? D’abord Hélios, maintenant des dragons fous, qu’est-ce que ça sera ensuite ?

Je jetai un coussin à l’autre bout de la pièce. Si j’avais voulu apprendre à jouer au duel de monstres avec Maya et Ambre, ce n’était pas pour me retrouver poursuivie en permanence.

Cela m’y faisait penser, mais…pourquoi avais-je commencé à jouer au départ ? J’avais beau chercher dans mes souvenirs les plus anciens, je n’arrivai pas à remonter plus loin que l’époque où j’enseignais les bases du duel à Aymeric. C’était comme si le duel de monstres avait toujours fait partie de moi…

Et tiens, comme je pensais justement à ce raté, fallait-il que je le protège lui aussi ? Après tout, il était lié à moi également par l’appartenance au club rival. Les dragons risquaient de s’en prendre à lui aussi.

Après y avoir réfléchi, j’en arrivai à la conclusion qu’il suffisait de l’ignorer, comme chaque jour. Si je faisais ça, il ne devrait rien lui arriver. Mais pourquoi m’inquiétai-je pour lui encore ? Cela faisait bien longtemps que je ne ressentais plus rien pour ce boulet…

Et d’ailleurs, Drago avait été le seul garçon à avoir fait battre mon cœur depuis Aymeric, et voilà qu’il avait disparu. A croire que je n’étais vraiment pas faite pour ce genre de chose…

Alors que je comparais Drago et Aymeric dans ma tête, je reçus un message sur mon portable, de la part de Laura. Je pensais qu’elle était en colère depuis la blague pourrie et j’ouvris donc le message en redoutant la critique, mais son contenu était pour le moins surprenant. « Il est là ». Il ?

Mais qui donc ? Tout cela ressemblait à un appel à l’aide, mais camouflé… J’allais répondre, lorsqu’elle m’appela directement.

-Tout va bien Laura ? Commençai-je par dire dans le téléphone en guise de salutation. J’ai reçu ton message, mais je ne suis pas bien sûr de comprendre de quoi tu veux parler…

-S’il te plait Angéla, aide-moi ; dit-elle d’une voix terrifiée.

-T’aider ? Mais à quoi ? Tu peux m’expliquer un peu plus en détail ? Lui dis-je calmement pour l’inciter à se calmer.

-Je…Je ne suis pas sûre de comprendre moi-même, mais il est revenu. Il hante mes rêves, je ne peux plus supporter ça !

Je décelais une vraie détresse dans la voix de Laura. Quoi que ce fût, cette chose devait être vraiment terrifiante pour la mettre dans un pareil état. S’agissait-il de Gariatron ? Après ce que je venais d’apprendre, cela ne m’aurait même pas étonné…

-Parle plus lentement s’il te plait, je ne te suis plus… Qui est revenu ?

-Ouroboros…

Ouroboros, ce nom résonna dans mon esprit. Il était la carte maitresse de Laura lorsqu’elle se battait pour son père. D’après Darksky, il était l’incarnation de sa haine et son désespoir, c’est pourquoi il avait pris la forme de son ancien monstre fétiche, Trishula. Mais il était surtout un signe de mort et de dévastation. Darksky avait fini par le vaincre au terme d’un combat acharné et à le « guérir » de son infection par le mal. Je n’aurais jamais pensé qu’il puisse revenir un jour…

-Tu es bien sûre que c’est lui ? Demandai-je en tentant de la calmer un peu. Ce ne sont peut-être que de simple cauchemars tu ne penses pas ?

-Je…Je l’ai cru aussi au début…Mais maintenant…Je sais que non. C’est bien lui ! Je peux même entendre sa voix ! Angéla…que dois-je faire ?…

Je sentais une véritable angoisse dans sa voix. Je devais faire quelque chose pour l’aider, mais ma maison n’était pas la porte à côté…

-Et Darksky ? Tu lui as déjà parlé de tout cela ? Je pense qu’il est bien mieux placé que moi pour résoudre ce problème non ?

Elle ne répondit pas.

-Laura ? Demandai-je inquiète. Est-ce que tout va bien ? Tu es encore là ?

-Darksky… Je doute qu’il puisse m’aider dans son état…

-Il lui est arrivé quelque chose ? Dis-je paniquée.

-Disons qu’en ce moment, il n’a pas le temps de penser à moi…Il est bien trop centré sur lui-même pour le remarquer de toute façon…

Laura semblait décidément avoir beaucoup de problèmes en ce moment. Et moi qui me lamentais à cause d’un sombre destin, je me rendis compte que ce que pouvait vivre mes amis était parfois bien pire. Je me sentis lamentable tout à coup. Contrairement à Laura, je me refermai sur moi-même en cas de problème au lieu de demander de l’aide.

J’avais rejeté tout le monde pour les protéger. Mais en vérité, je ne pensais une fois de plus qu’à moi ! Je ne voulais pas avoir à supporter le poids de cette responsabilité si j’échouai. Tout ce qui m’importait était ma propre conscience… Si Sherry m’avait proposé son aide aujourd’hui, c’est parce qu’elle savait les risques qu’elle encourait justement en faisant cela, pas parce qu’elle les ignorait. De même pour Ambre et Maya, si elles m’avaient sauvée contre Hélios l’année dernière, c’est parce qu’elles ne voulaient pas que moi, je sois blessé, peu importait leur propre sécurité. Et que leur donnais-je en retour ? Rien. Je les évitais tout simplement. Comment avais-je pu être aveugle à ce point ?

Quelques larmes coulaient sur mes joues à présent.

-Merci Laura… Murmurai-je dans le téléphone.

-Merci pour quoi ? Demanda-t-elle surprise.

-Pour m’avoir ouvert les yeux ; répondis-je en m’essuyant le visage.

-Ah, mais, de rien ; dit-elle déconcertée.

-Bien, personnellement, je ne peux rien faire directement pour résoudre ton problème, mais je connais quelqu’un qui devrait pouvoir nous éclairer un peu là-dessus. J’irai lui parler demain, cela te convient-il ?

-Oui, merci beaucoup Angéla… Tu fais tant pour moi alors que je vous ai gâché la vie…tu es l’amie dont tout le monde rêverait…

-Si seulement ce que tu disais pouvait être vrai, mais malheureusement, je crois que tu te trompes. Je ne suis pas ce genre de personne, je ne suis pas comme Drago…Je ne peux pas faire passer les autres avant moi, bien que j’essaie de m’en convaincre moi-même…

-Je ne suis pas sûre de te comprendre Angéla.

-Ce n’est rien, je suis désolée d’encombrer avec mes propres soucis alors que tu as déjà les tiens…

-Mais non pas de tout, tu…

-Je te rappelle très vite, à plus ! Terminai-je d’une voix se voulant enjouée.

-Angéla, ce n’est pas…

Je raccrochai avant qu’elle n’ait pu terminer sa phrase. Je savais ce qu’elle allait me dire, et je n’avais pas envie de l’entendre à ce moment-là. Je devais me concentrer sur le moyen pour aider Laura à présent. Je m’étais bien trop longtemps focalisée sur moi-même en rejetant toute l’aide qui m’était proposée. Je me jurai à cet instant que j’allais changer cela.

Je repris mon téléphone et composai le numéro de la personne qui était la plus apte à m’aider. Après deux bips sonores, elle répondit d’une voix ensommeillée.

-Vous êtes bien chez les Wheeler…Que puis-je faire pour vous ?…

-Bonsoir professeur, c’est Angéla, désolée d’appeler si tard.

-Ah Angéla ? Dit-il alors d’une voix tout de suite plus dynamique. Non, non, tu n’appelles pas trop tard, tu voudrais parler à June c’est cela ? Je te la passe…

-A vrai dire, je voulais vous parler directement pour une fois.

-A moi ? Dit-il surpris.

-Oui, voilà…

Je commençai à lui raconter l’histoire de Laura, ses cauchemars et ses angoisses, mais également ce qu’elle avait vécu ces dernières années : sa séparation avec Darksky, la perte de son frère, et son serment à son père qui avait abouti à la création du problème qui nous préoccupait actuellement. Le professeur ne m’interrompit pas dans mon monologue, et une fois celui-ci terminé, il continua de garder le silence quelques instants.

-Je crois avoir lu quelque chose de similaire il y a longtemps ; répondit-il alors sérieusement. Mais de tête, je ne pourrais pas te le dire. Passe donc chez nous demain, la mémoire me sera certainement revenue.

C’est ainsi que se termina notre conversation. Au moins, je pouvais tenir la promesse faite à Laura, mais maintenant, je devais aller m’excuser auprès de mes amies pour les avoir ignorées ces derniers jours. Il était seize heures trente. J’avais tout juste le temps de les attraper à la sortie de l’école.

Sans plus attendre, j’enfilai mes chaussures et je fonçais au lycée le plus vite possible pour ne pas les rater. L’avantage d’être toujours en retard était que je connaissais maintenant tous les raccourcis pour me rendre là-bas.

J’arrivai pile à l’heure, un exploit. Je n’eus même pas à attendre longtemps car je vis mes amies sortir juste après mon arrivée. Elles eurent l’air surprises en me voyant plantée là.

-Angéla ? Qu’est-ce que tu fais là ? Me demanda Ambre. Et que faisais-tu aujourd’hui ?

-Elle séchait les cours, je te l’avais bien dit ; railla Maya.

-Eh bien figurez-vous que j’avais l’intention d’aller à l’école ce matin et…Je m’égare.

Je respirai un bon coup et je me jetai à l’eau.

-Ambre, Maya, je suis désolée ! Leur dis-je en m’inclinant. Vous devez me trouver bizarre en ce moment, je vous ai évitées le plus possible, et pourtant, je me faisais un sang d’encre pour vous…

-Je ne suis pas sûre de comprendre ; me dit Ambre, de quoi t’excuses-tu exactement ? Tu as bien le droit de vivre ta vie de temps en temps de ton côté…

-Ce que je veux dire… c’est que je fais toujours tout de mon côté, sans vous impliquer, parce que je ne veux pas que vous soyez blessées…et encore cette fois, je vous ai tenues à l’écart de la prophétie.

Elles se regardèrent alors gênées lorsque je leur parlai de cette prophétie.

-Eh bien, tu sais ; repris Ambre, il se pourrait que nous soyons au courant…

-Hein ? Dis-je incrédule.

-C’est June qui nous en a parlé ; compléta Maya en haussant les épaules.

-On voulait te laisser un peu seule pour une fois, nous savions que tu nous verrais comme des fardeaux si nous nous emmêlions, donc on a préféré rester à l’écart aussi pour cette fois… c’est plutôt à nous de nous excuser ; me dit Ambre en se dandinant d’une jambe à l’autre.

Je me sentis alors encore plus coupable que je ne l’étais déjà. En plus de cela, Ambre et Maya savaient ce que je ressentais… J’aurais bien voulu cacher ma honte loin de là, mais j’étais venue ici de mon plein gré, je devais maintenant faire face aux conséquences.

-Mais, si vous saviez que je vous considérais comme ça, pourquoi êtes-vous toujours avec moi ?

-Parce que nous sommes amies tout simplement. Et puis, nous le savons bien que nous sommes faibles par rapport à June ou à toi. On a bien essayé de jouer aux héroïnes durant la guerre, mais tu as encore dû venir nous sauver. On ne doit vraiment pas être faites pour ça, n’est-ce pas Maya ?

-Ça me fait mal de l’admettre, mais c’est vrai, tu as un niveau bien supérieur au nôtre en duel de monstres…Mais nous te battons à plate couture dans plein d’autres domaines où tu es nulle hein ! C’est pourquoi, ne devons-nous pas nous soutenir entre boulets ?

-Tu pouvais te passer de la dernière phrase je crois…

Nous éclatâmes de rire toutes en même temps. Cela semblait une éternité que nous ne nous étions pas détendues ainsi. Tout le stress qui s’était accumulé ces derniers jours n’était plus qu’un lointain souvenir. Je pouvais enfin être moi-même à présent. Une fois que la crise fut passée, je me rendis compte que je n’avais pas vu June sortir et les cours étaient terminés depuis plus de trente minutes.

-Elle a dit qu’elle voulait rentrer vite pour réviser. On a un contrôle de Maths Lundi prochain portant sur les suites.

-Oh non, tout mais pas ça ! Me lamentai-je en me prenant la tête dans les mains. Je suis donc condamnée à passer d’un malheur à l’autre ?

-Ne t’inquiète pas Angéla, tu es peut-être nulle en maths, mais je pourrais t’aider à réviser ce week end, moyennant finance bien entendu ; me dit Maya avec une tape sur l’épaule.

-Je ne suis pas si nulle que ça, la preuve, je ne suis pas dernière…Et pourquoi je devrais te payer d’abord ?!

-Pour nous avoir larguées ces derniers jours. Mais c’est sûr qu’au pays des aveugles, tu es la reine ; pouffa Ambre.

J’avais beau avoir l’air mécontente, au fond de moi, ces petites piques me faisaient du bien. J’avais l’impression que toutes ces histoires de fin du monde n’étaient qu’un rêve, que ma vie telle que je l’ai toujours connue n’était jamais partie. Trois amies inséparables se taquinant sans arrêt mais s’entraidant dans le besoin, c’était ainsi que les gens nous voyaient autrefois. Ambre était l’élève modèle, Maya le garçon manquée, et moi le bouffon du groupe. Je devais tout faire pour que plus jamais nos relations ne soient entravées par un quelconque élément nuisible, pas même une prophétie de fin du monde !

-Eh oh, tu dors debout ou quoi ? Me dit Maya en me pinçant le bras.

-Aie ! Ça fait mal tu sais ; râlai-je.

-Je viens d’y penser, j’ai pris les devoirs pour toi aujourd’hui Angéla ; dit Ambre en me tendant une pile de papiers. Je me suis dit que tu les lirais peut-être…

-Je te l’ai dit, tu t’encombres pour rien, je suis sûre que tu ne vas même pas regarder le contenu.

-Vous avez une bien mauvaise opinion de moi toutes les deux…

-On te connait par cœur surtout ; répliqua Ambre. Aller, rentrons ensemble à présent et on en profitera pour faire du shopping, on ne l’a pas fait depuis une éternité !

Nous marchâmes côte à côte dans les rues, regardant les boutiques, nous arrêtant parfois sans rien acheter, nous parlions de tout et de rien, des cours, des profs où même de chaussures, des sujets banals.

A ce moment-là, nous n’étions qu’un groupe d’adolescents normaux parcourant les rues de Paris. Il n’y avait ni prophétie, ni fin du monde, ni dragon, juste Ambre, Maya et moi, trois amies depuis la maternelle s’étant fait la promesse de passer une fin de journée normale.


Chapitre 5: l'ombre des ténèbres



Spoiler :



Nous arrivâmes devant le portail de l’école, encore essoufflés par notre course folle à travers la ville. Cependant, il n’y avait personne à la grille. Tout était calme. Où était donc passé Shadow ?

Une pensée affreuse me traversa l’esprit. Et si jamais il s’était déjà introduit dans l’école et retenait prisonnier tous mes camarades ? Si tel était le cas, jamais je ne me le serais pardonné. C’était moi que Shadow voulait, les autres n’avaient rien à voir là-dedans.

Non, je devais me calmer, il ne ferait jamais ça tant que Laura serait là elle aussi, il avait beau être maléfique, elle n’en restait pas moins sa fille…

Je franchis la grille prudemment, Saya sur mes talons. Une fois au milieu de la grande cour, il n’y avait toujours aucun signe de notre ennemi.

C’est alors que j’entendis un bruit de pas derrière moi. Je me retournai avec un sursaut et je fis face à mon pire cauchemar.

Il était bel et bien là, notre ennemi ayant fait un pacte avec Gariatron, l’homme ayant tenté d’éradiquer tout sentiment sur terre, le père de ma meilleure amie, mieux connu sous le nom de Shadow.

Il me faisait face, le visage serein. Il n’avait pas l’air de m’en vouloir, il ne semblait même pas venu là avec de mauvaises intentions, si on exceptait son étrange manteau noir qui lui faisait office de cape. Si je ne le connaissais pas, j’aurais certainement pensé qu’il s’agissait d’une personne normale allant à un bal costumé.

Je restai cependant sur mes gardes, il était capable de tout…

-Tiens, Darksky ; déclara-t-il joyeusement, je ne pensais pas que tu serais le premier sur qui je tomberai en arrivant ici, c’est une drôle de coïncidence tu ne trouves pas ?

-Très drôle oui. Et moi je ne pensais pas vous revoir un jour ; répondis-je froidement.

-Oh, tu me sembles quelque peu en colère contre moi. Je n’ai pourtant encore rien fait de mal ; déclara-t-il en penchant la tête sur le côté.

-Pas « encore », cela signifie donc que vous allez faire quelque chose n’est-ce pas ?

-Je ne sais pas ; dit-il en regardant en l’air, ça dépendra de lui.

-De… « lui » ? Répétai-je sans comprendre.

-Enfin, pour le moment, je suis libre de faire ce que je veux, donc est-ce que tu pourrais me dire où se trouve ma fille que je lui annonce la bonne nouvelle ?

Il s’arrêta soudainement et se raidit.

-Comment ça je n’ai pas le temps ? Bien sûr que si !… Qu’est-ce que tu me chantes là ? Et ta promesse alors ? Je savais que je n’aurais pas dû te faire confiance !… Si tu le dis…

Il se tourna à nouveau vers moi.

-Ne fais-pas attention à ce que je raconte, je débloque un peu je crois…mais j’ai une urgence, je repasserai plus tard. Dis tout de même à Laura que je suis venu !

Il repartit aussi vite qu’il était arrivé, et avant même que je n’aie pu comprendre ce qu’il se passait, il n’était plus là. Saya ne savait plus quoi dire non plus, mis à part une remarque assez inappropriée à la situation :

-Le père de ta copine est schizophrène ? Dit-elle naivement.

-Parle pour toi, je te signale que Shadow n’était pas là lorsque nous sommes arrivés ! Qu’est-ce qu’il t’a pris de dire une chose pareille ! Répliquai-je d’un ton tranchant. Je ne savais même pas pourquoi je m’énervai à ce moment, mais sa remarque me déplut.

-Mais pourquoi… Je l’ai pourtant vu… Répondit-elle d’une petite voix. Il était devant l’école… Et… Je ne comprends pas…

Elle recula, tremblante. Saya était pâle comme un linge, et au bord des larmes. Je me sentis tout à coup coupable d’avoir été aussi dur. Il fallait que je me rattrape, me disais-je, mais je ne voyais rien qui pouvait nous aider. Saya avait vu Shadow, mais il n’était arrivé que quelques instants après nous… C’est alors que je me rappelai soudainement de notre première expédition, sur l’ile déserte. Saya avait également eu une vision du futur et nous avait sortis d’un mauvais pas de cette manière. Etait-ce le même phénomène qui se reproduisait aujourd’hui ?

-Dis-moi Saya…Repris-je d’un ton plus doux, s’agissait-il par hasard d’une autre de tes visions du futur ?

Elle me regarda, interloquée.

-Comment… Comment as-tu deviné ?

-Et bien, ça fait quand même deux fois que tu me fais le coup, c’était une simple hypothèse en fait.

-Mais ton hypothèse est bonne malheureusement…

Ce fut à mon tour d’être interloqué. Je ne pensais vraiment pas avoir raison. Saya s’assit sur un banc et se prit la tête dans les bras.

-C’est bien cela Darksky, je peux effectivement voir l’avenir ; dit-elle tristement.

-Mais comment ? Je veux dire, depuis quand as-tu ce…don ?

-« Je ne sais pas trop si on peut appeler ça un don. Aussi loin que je me souvienne, j’ai dû ‘acquérir vers dix ans. A cette époque, j’étais souvent seule, puisque comme je te l’ai dit, mes parents ne me reconnaissaient pas comme leur fille. Je m’enfermais de longues heures durant dans ma chambre, je contemplais le plafond, ne pensant à rien en particulier. Ma vie n’avait aucun sens maintenant que j’y repense, elle était totalement creuse. Chaque journée se ressemblait, et l’ennui était omniprésent. Je ne voyais pas au-delà du lendemain, et même le moment présent était souvent un tourbillon obscur dans mon esprit. C’est alors que j’ai commencé à voir des choses qui n’avaient pas lieu lorsque je fermais les yeux pour échapper à ce monde monotone. Au début, j’ai d’abord pensé que j’étais folle, ce que je suis peut-être après tout qui sait, cependant, ces événements se réalisaient toujours quelques instants après. Belle ironie du sort, tu ne trouves pas ? La fille incapable de s’insérer dans le présent se met à pouvoir voir le futur… Je me souviens qu’un jour, alors que j’étais en classe, j’ai fermé les yeux, et j’ai vu une des lampes du plafond tomber juste derrière la tête de l’un de mes camarades. Une seconde après, j’entendis un bruit de métal derrière moi. Mais je ne sais rien de plus sur ce pouvoir. Comment l’ai-je obtenu ? Pourquoi l’ai-je obtenu ? Quoi qu’il en soit, il semblait avoir disparu lorsqu’Hélios m’a recueillie, et tu l’as fait ressurgir durant notre expédition. »

Un léger sourire fendit son visage, bien qu’elle gardât son regard triste. J’essayai encore de digérer son histoire qui semblait tout droit sortie d’un conte de fée.

-Tu dis que c’est à partir du moment où Hélios t’a recueilli que tu as cessé d’avoir ces visions. N’était-il pas, toutes mesures gardées, comme le père que tu n’as jamais eu ?

Elle leva les yeux vers moi, intriguée.

-Ce n’est peut-être pas vraiment approprié. En m’exprimant mieux, tes visions ont commencé lorsque tu étais incapable de voir plus loin que l’instant présent. Mais lorsque tu l’as rencontré, l’horizon ne s’est-il pas dégagé pour toi ? N’était-il pas pour toi l’élément perturbateur qui faisait de tes jours quelque chose d’intéressant et unique ? N’était-il pas celui qui te permettait d’oublier toute ta solitude passée ?

-Il se servait de moi, je le sais. Et puis, je ne me suis jamais sentie aussi seule que durant cette période, ta théorie ne peut être vraie.

-Tu te sentais seule, certes, mais au fond de toi, ne savais-tu pas, même s’il est dur de l’admettre, que l’attention qu’Hélios a porté sur toi était un signe que tu n’étais pas seule au monde ? Qu’une personne au moins se préoccupait de toi et savait que tu existais ?

-Tu pars dans des raisonnements métaphysiques trop compliqués pour moi ; dit-elle alors en retrouvant sa gaieté habituelle. Garde tout ça pour l’année prochaine, et qui sait, tu pourrais éventuellement obtenir de bonnes notes.

-Mais J’AI de bonnes notes ; rétorquai-je, heureux d’entendre à nouveau ses taquineries.

Elle se leva d’un bond. Elle avait retrouvé, en un instant, toute son énergie. Je ne savais pas si cela était dû à mes raisonnements ou bien au fait qu’elle ait pu parler de son passé à quelqu’un, mais à présent, toute la tristesse dans son regard s’était évaporée.

-Bien, assez parlé de moi ! Déclara-t-elle. Il vaut mieux que nous retournions en cours, sinon j’en connais qui ne seront pas très contents.

-Pourquoi toujours être aussi pressée ; soupirai-je en entamant le pas derrière elle qui marchait rapidement devant moi.

Quoiqu’elle en dise, Saya n’était plus seule. Elle m’avait moi, et également le club de duel en formation désormais. Elle ne devait plus s’enfermer sur elle-même, je voulais la voir toujours ainsi, joyeuse et pleine d’énergie. C’était ainsi que je l’avais toujours connue, c’était la véritable Saya pour moi. Elle ne devait pas rejeter son pouvoir, ce dernier lui avait été donné pour apprendre à regarder vers avant, j’en étais persuadé. Par qui ? A ce moment-là, je n’avais pas de réponse à cette question, et je n’en cherchais pas. Je considérai simplement cela comme une chance qu’elle avait eu, une chance que j’aurais bien aimé obtenir également…

Lorsque nous arrivâmes en cours, ceux-ci étaient terminés bien évidement. Nous avions certainement l’air intelligents lorsque nous restâmes devant la porte de la salle de classe vide.

Nous éclatâmes de rire sans même savoir pourquoi. Nous avions remplacé le cours d’histoire par l’histoire de la vie de Saya…

-Enfin je te trouve ! Dit une voix dans mon dos.

Je me retournai et je me retrouvai nez à nez avec ma sœur.

-Tu sais que ça fait presque un quart d’heure que je te cherche ; râla-t-elle.

-Désolé, j’étais assez…occupé disons…

-Enfin, tout cela ne me regarde pas ; dit-elle en haussant les épaules. J’ai croisé ta nouvelle amie dans un couloir, Hikari Miyako je crois, qui m’a dit qu’elle t’attendait sur le toit, avec Saya.

Nous nous regardâmes sans comprendre, puis nous décidâmes d’aller à ce rendez-vous impromptu. Tout cela était très étrange, pourquoi Miyako voudrait voir Saya sur le toit alors que la veille même, elle était à deux doigt de la réduire en bouillie ? Le seul moyen de le savoir était de lui demander directement.

Nous montâmes les escaliers menant à la terrasse. Il y avait toujours ces panneaux d’interdiction, mais je les ignorai et je poussai la lourde porte qui s’ouvrit en grinçant.

Saya se précipita au bord du bâtiment et fut immédiatement émerveillée par la vue. Je me rappelai alors que c’était la première fois qu’elle venait ici. Je la comprenais, j’avais eu la même réaction qu’elle.

-Je vous attendais.

Comme sortie de nulle part, Miyako apparut à nos côtés. Elle semblait scintiller dans la lumière du soleil couchant. Ses longs cheveux roux, quant à eux, semblaient en feu, et son regard était comme fait d’or. Elle n’avait rien à voir avec la fille de notre club, prétentieuse et autoritaire, que nous connaissions.

-Je suis contente que tu sois venue avec elle ; dit-elle en désignant Saya. Hier, j’étais sur le point de lui parler de l’origine de son deck mais elle est partie trop rapidement.

-Alors tu ne bluffais pas ? Lui demanda Saya, méfiante.

-Non, Miyako disait la vérité, elle connait l’origine de ce deck.

-On peut savoir pourquoi tu parles de toi à la troisième personne soudainement ? Lui demandai-je surpris.

-J’ai le droit, non ? Répondit-elle avec un sourire. Mais Saya, es-tu sûre de toi ? Ne préfères-tu pas le découvrir par toi-même ?

-Je ne vois pas pourquoi je m’embêterais à chercher alors que la réponse est juste sous mon nez…

-Tu peux voir les choses ainsi oui, mais si je te disais que ce que je vais te dire n’était qu’une partie de la vérité, la partie émergée de l’iceberg plus exactement, penses-tu que cela te serait bénéfique ?

-Je suis perdue là… Tu sais d’où vient mon deck oui ou non ?

-Miyako le sait, oui.

-Mais tu ES Miyako !

-Je l’étais, à présent, je ne sais même plus ce que je suis…

-Que veux-tu dire par là ? Demanda Saya, troublée.

Miyako se contenta de fermer les yeux puis de sourire. Un flash de lumière nous aveugla momentanément. Lorsque nous ouvrîmes les yeux, nous étions seuls…

Tout cela n’avait aucun sens. Qui était cette fille si elle n’était pas Miyako ? Sa sœur jumelle ? Impossible, elle avait dit qu’elle l’avait été…Plus je réfléchissais à la question, plus j’avais mal à la tête. Je me tournai vers Saya pour lui demander son avis. Elle semblait elle aussi perdue dans ses pensées.

-Alors Darksky, tu penses toi aussi que je devrais en apprendre plus sur mon deck ? Dit-elle soudainement.

-Si Miyako a les réponses, alors…

-Ce n’est pas ce que je veux dire, elle vient de me dire de chercher par moi-même, pas de demander la réponse. Cependant, je n’ai aucune piste pour l’instant…

-Et si tu commençais par essayer de te rappeler comment tu l’as obtenu ? Peut-être cela nous apporterait-il des réponses.

-Justement, je n’en ai aucune idée. Je dois l’avoir depuis que j’ai commencé à jouer, mais je ne sais même plus qui me l’a donné…

J’allais lui répondre d’aller voir Miyako, même si sa réponse ne serait pas complète, lorsque la porte de la terrasse s’ouvrit violemment, et cette dernière surgit, affolée. Elle semblait avoir couru pour arriver ici, elle était essoufflée.

-Je peux savoir ce que vous faîtes ici ? Dit-elle d’un ton mi mécontent, mi inquiet. Je vous signale que la terrasse est interdite aux élèves, alors vous feriez mieux de redescendre vite fait avant que quelqu’un ne vous voit !

Je ne fus même pas étonné qu’elle ne se souvienne pas que ce fût précisément elle qui nous avait demandé de la rejoindre sur le toit… Après tout, elle ne se souvenait pas non plus de notre première rencontre ici…

-Mais c’est toi qui…

Je fis signe à Saya de se taire.

-Ce n’est pas comme si cette terrasse était un endroit dangereux, je suis sûr que toi-même tu y viens assez souvent.

Elle se raidit, j’avais visiblement visé juste, mais je ne voulais pas enfoncer davantage le clou pour aujourd’hui. Si Miyako cachait quelque chose, cela finirait bien par nous sauter aux yeux lorsque nous la connaitrons mieux.

-Ce ne sont pas vos affaires, ça fait bien longtemps que je ne viens plus ici ; dit-elle tristement en regardant au loin. Mais s’il vous plait, partez, j’ai besoin d’être seule…

Nous ne posâmes pas plus de questions et nous nous exécutâmes. Lorsque je passai près de Miyako, elle me chuchota :

-Veille bien sur elle, le futur qui l’attend est plus qu’incertain. Qui sait de quoi sera fait demain ?…

Je m’arrêtai net en entendant ses paroles. Comment en savait-elle autant sur Saya ? Je voulais lui poser la question, mais la lourde porte s’était déjà refermée derrière moi. Je me tournai alors vers Saya, l’air inquiet. Je ne voyais vraiment pas ce que Miyako insinuait… Saya était normale, que pouvait-il bien lui arriver maintenant que le mal était vaincu ?

-Tout va bien ? S’inquiéta-t-elle. Tu as l’air bizarre, tu es malade ?

-Non, non, tout va pour le mieux, mais je me posais la question pour toi, tu me semble un peu…pâle.

-Vraiment ? Je me sens très bien pourtant… Tu dois être un peu fatigué Darksky, que dirais-tu de te détendre en allant au parc ? Me dit-elle joyeusement.

Je ne répondis rien, je me contentai d’acquiescer et je la suivis. Miyako devait se tromper, Saya se comportait de la même façon que d’habitude. Je savais aussi qu’elle était assez forte pour se débrouiller seule, elle n’avait pas besoin de mon aide, elle était bien plus forte que moi de toute façon ? Comment Miyako voulait-elle que je la protège ? Et de quoi ? Rien ne faisait peur à Saya, je le savais, durant notre première expédition, elle enchainait les pièges sans jamais se plaindre, sans jamais ralentir…

-Dis-moi Darksky ; dit-elle en me tirant de mes pensées, pourquoi m’as-tu empêché de parler tout à l’heure ? Je veux dire, si Miyako a des troubles de la mémoire, pourquoi ne pas le lui dire ?

-Je ne pense pas que ce soit aussi simple que des troubles… Comme tu as pu le voir, Miyako est froide avec nous, même autoritaire, et pourtant, celle qui nous a donné rendez-vous était son exact opposé.

-Tu penses qu’il s’agit de deux personnes différentes ? Des jumelles ?

-C’est très peu probable ; répondis-je gravement. Miyako à l’air d’avoir un passé assez douloureux d’après ce que Youhei nous a dit. Si seulement il avait pu terminer son histoire, peut-être que nous pourrions éclaircir ce mystère…

-Ce n’est pas comme si tu le voyais tous les jours, tu lui poseras la question demain, et je suis sûre que tout s’éclairera ! En attendant, je crois qu’un peu de ménage fera du bien ; soupira-t-elle.

-Du…Ménage ? Demandai-je sans comprendre.

Je levai la tête et je vis, sans grande surprise, Brutus maltraiter un plus jeune que lui. J’étais sur le point d’intervenir avec Saya, lorsque quelqu’un d’encore lus musclé et grand que lui nous devança et le pris par le col.

-Dis donc, qu’est-ce que c’est que ces manières de martyriser les plus petits que soi ? Je vais t’apprendre ce que ça fait de…

-Ce n’est pas justement ce que tu es en train de faire, de martyriser un plus petit que toi ? L’interrompit alors une fille brune, portant des lunettes et une natte, qui arriva après le garçon d’un pas lent.

Le garçon recula vivement et lâcha Brutus qui s’étala par terre.

-Oh non, je me suis encore laissé emporter ! Se lamenta le nouveau venu. Excuse-moi l’ami, j’espère que tu me pardonneras ; dit-elle en tendant une main à Brutus, qui s’enfuit pour toute réponse.

-Tu sais, ce n’est pas comme ça que tu te feras accepter par les autres ; soupira la fille.

-Je sais, mais c’est plus fort que moi, sans Dan et Miyako, impossible de me maitriser… répondit-il tristement.

-Ils ne sont plus là à présent, donc il va bien falloir que tu t’y habitues.

La fille remarqua alors notre présence.

-Tu vois, tu as encore effrayé des gens avec tes manières de brute !

-Non, non, il n’y a aucun problème ; répondis-je hâtivement, nous allions nous même régler son compte à ce type lorsque ton ami est arrivé.

-Tant mieux ; dit-elle soulagée. Mais nous ne nous sommes pas encore présentés, je m’appelle Julie Guardian, et le grand là-bas, c’est Denys Syracuse.

-Je peux me présenter tout seul tu sais ; protesta-t-il. Mais j’ai l’impression de t’avoir déjà vu quelque part toi ; dit-il en me regardant. Attends, ne dit rien…Ca y est, j’y suis ! Tu es celui qu’on appelle Darksky, l’aigle noir ! J’ai raison hein ?

-Oui ; répondis-je un peu déconcerté. Je ne savais pas que j’étais aussi connu…

-Donc c’est vraiment lui ! Tu entends Julie, c’est Darksky ! Cria le dénommé Denys.

-Oui, j’entends, pas besoin de me hurler dans les oreilles non plus… rétorqua-t-elle.

-Tu pourrais te monter un peu plus enthousiaste tout de même, nous sommes en présence d’une véritable légende, celui qui a mis fin à la guerre contre le dragon !

-Techniquement, j’ai perdu ce duel ; dis-je sans savoir quoi répondre.

-Tu fais le modeste, tu as vraiment toutes les qualités ; dit Denys avec une tape amicale dans le dos, qui me coupa quand même la respiration quelques secondes. Et j’imagine que ton amie ici, c’est Laura Garden, la sinistre seconde de l’ombre ?

-Non, pas vraiment ; répondit Saya. Mon nom est Yuiko Saya, je suis une vielle amie de Darksky, ravie de vous rencontrer.

-L’amie d’une légende est une légende également ! Affirma le jeune homme.

-Enfin, si vous voulez bien nous excuser, nous ne faisions que passer lorsque Denys a vu cette brute et il n’a pas pu s’empêcher de venir…

-Je ne supporte pas les injustices ; grommela-t-il. Dan aurait été tout à fait d’accord avec moi…

-Mais il n’est pas là. Aller, nous allons être en retard si on ne se dépêche pas. J’espère que nous nous reverrons bientôt.

Ils nous saluèrent et disparurent rapidement de notre champ visuel. Alors comme ça j’étais une légende ? Je ne sais pas pourquoi, mais savoir ça me mettait mal à l’aise, je préférais largement rester dans l’ombre plutôt que d’occuper un premier rôle, premier rôle qui revenait à Drago soit dit en passant.

-On trouve vraiment de tout dans ce ville ; dit Saya en rigolant. Bien, où en étions-nous ? A oui, tu devais te détendre un peu. Je te propose de venir voir ta sœur livrer un beau match, qu’en dis-tu ?

-Marie…livre un duel ? Dis-je un peu surpris.

-Oui, oui, elle ne te dit jamais rien ?

-Jamais, en tout cas, pas en ce qui concerne les duels…

Saya me prit alors par le bras et m’amena au terrain de duel où une foule s’était déjà rassemblée. Je vis ma sœur au milieu, livrant un duel. Elle semblait mal partie. Son terrain était vide et son adversaire avait déjà trois monstres sur le terrain. Cependant, elle n’avait pas du tout l’air inquiète. Elle piocha une carte et un sourire se dessina sur sa figure.

-Je crois que c’est terminé. J’active ravin des dragons ! Grace à ce terrain, en me défaussant de Brandistok, je peux ajouter à ma main mon duc Dragunité que j’invoque immédiatement. Lorsque je fais ça, je peux l’équiper avec Phalanx Dragunité qui se trouve dans mon cimetière. Et pourquoi s’arrêter là, j’active l’effet de Phalanx et je l’invoque spécialement. Invocation synchro : Apparait, chevalier Dragunité – VAJRAYANA ! Par son effet, je peux l’équiper avec Arklys dragunité depuis mon cimetière. Ce n’est pas fini ! J’active l’effet de mon chevalier, en envoyant Arklys au cimetière, son attaque est doublée et l’effet d’Arklys s’active, je détruis donc ton Dragon blanc aux yeux bleus ! Il te reste 2000 points de vie, mon dragon a 3800 points d’attaque et tu n’as que ce ridicule dragon alexandrite, tu as donc perdu

-Attends un peu, tu ne sais pas compter, il me restera encore 200 points de vie et au prochain tour…

-J’oubliai, j’ai lance interdite en main…

Le public acclama ma sœur, qui leur répondit en les saluant avec un sourire. Elle avait décidément énormément progressé avec le deck de notre père, elle le maniait même mieux que moi à présent. Je ne regrettais vraiment pas de lui avoir offert.

Alors que son adversaire se retirait la tête basse, un nouvel individu fit son entrée. A son arrivée, l’air autour de nous se refroidit soudainement. Son visage était caché par une capuche noire, et portait le même manteau que Shadow, mais je pouvais tout de même distinguer de longs cheveux blancs comme la neige dans l’ombre. Je sus immédiatement que son arrivée était synonyme de problème. Je devais prévenir Marie.

Je tournai la tête vers Saya, et je remarquais soudainement que les spectateurs étaient comme figés sur place. Plus un ne bougeait. C’était comme si le temps s’était arrêté pour eux. Cependant, Saya, Marie, le sinistre individu et moi-même pouvions nous mouvoir librement.

C’est alors que l’individu leva la tête vers moi, et je crus entrevoir un sourire cruel derrière sa capuche. Il s’adressa à nous d’une voix grave :

-Mon nom est Bakura, et mon maitre m’a demandé de vous éliminer…

Bakura…J’avais déjà entendu ce nom quelque part, mais où ? Le garçon enleva alors sa capuche et je pus enfin distinguer son visage. Il avait bien de longs cheveux blancs dressés sur sa tête, mais le plus inquiétant était ses yeux. Il y avait comme une joie malsaine qui s’en dégageait, ce qui se reflétait dans son sourire cruel.

La mémoire me revint subitement en l’examinant. Ce garçon avait combattu Yugi il y a plus de vingt ans ! Comment pouvait-il ne pas avoir vieilli d’un pouce ? Il avait exactement la même tête que sur les vieilles images du tournoi…

-Ton maitre dis-tu ? Dit Marie d’une voix glaciale. Pourquoi quelque chose me dit que tu fais plus ça pour toi que pour moi ?

-Tiens, mais si ça ne serait pas Marie, la fille pouvant lire le cœur des gens ? Répliqua-t-il d’un ton doucereux. J’avais entendu dire que certains pouvoirs humains étaient plus puissants que ceux des objets du millénium, mais je ne pensais pas que cette rumeur était vraie. A moins que… ton pouvoir ne te vienne d’une autre entité ?

Marie Recula d’un pas. Même elle ne savait pas d’où provenait réellement son pouvoir. Quant à moi, je ne savais même plus qui était réellement nos parents… Mais je ne devais pas laisser ce type déstabiliser ma sœur.

-Dis-donc toi ! Lui lançai-je pour détourner l’attention, qu’as-tu fais à tous ces gens ?

-Rien de bien méchant petit oisillon, enfin, pour le moment… Je suis venu pour ta sœur, je te prierai de ne pas intervenir, ton tour viendra bientôt.

-Tu es venu pour moi ? Tu ne sais pas à qui tu as affaire ; rétorqua-t-elle. Je ne sais pas qui tu es ou ce que tu es, mais sache que je n’ai pas peur de toi ! Ton cœur me dit que tu n’es pas sûr de me vaincre, je vais donc profiter de cette faiblesse et te renvoyer à ton « maitre » !

-Mon cœur n’est que mensonge, désespoir, tristesse et chaos, comment peux-tu percer la vérité à travers cela ? Enfin, tu n’es qu’une humaine, tu ne me poseras aucun problème…

Le garçon sorti son disque de duel, qui n’avait pas changé depuis vingt ans, c’était un des premiers modèles. Il était vieux et rouillé, son deck devait donc suivre, enfin, je l’espérais…

-Tu vas regretter tes paroles « bakura » ! Je prends la main. Bien, je vais commencer par activer Sanctuaire du Dragon pour envoyer au cimetière Brandistok Dragunité. Je vais à présent jouer mon Légionnaire Dragunité et activer son effet pour l’équiper avec Brandistok. Je pose une carte face cachée et je laisse la main.

-Tu n’as pas joué selon mes plans, mais je vais te forcer à le faire ; dit Bakura à voix basse. Je vais activer Bourse des Ames, ainsi, je sacrifie ton monstre pour invoquer le mien : apparait Néo Diabound Kernel !



Un affreux monstre verdâtre sorti des entrailles de la terre. Il avait une tête démoniaque et une queue de serpent. J’avais déjà entendu parler de cette carte, unique, mais je ne l’avais jamais vue en vrai. D’après ce qu’on en disait, ce monstre était capable de s’accaparer la puissance de n’importe quel monstre, y compris celle des dieux…Je priai pour que cette légende fût fausse.

-Comme j’ai activé bourse des âmes ce tour ci, je ne pourrais pas attaquer, je pose donc une carte face cachée et c’est donc à toi, essaie un peu de détruire mon monstre.

-Avec grand plaisir, il est tellement laid que ça ne sera pas une grande perte ! J’invoque immédiatement Duc Dragunité, et grâce à son effet, je peux l’équiper avec Brandistok depuis mon cimetière. Mais ce n’est pas fini, je retire maintenant du jeu pour invoquer ma plus puissante créature : Arsenal Dragunité – Leyvaten ! Son effet, s’active à présent et je l’équipe avec Brandistok depuis mon cimetière, ce qui signifie qu’il pourra désormais attaquer deux fois par tour ! Aller Leyvaten, détruis sa mocheté avec ton sabre tranchant !

-Ce n’est pas ce que je recherchai, mais je m’en contenterai pour le moment. L’effet de Néo Diabound s’active ! Je réduis premièrement l’attaque de ton monstre à 0 puis j’annule ses effets, qui deviennent à présent les siens !

-Impossible, Leyvaten…

Bakura : 4000 – Marie : 2000.

-Ton pouvoir est intéressant…mais Diabound en veut plus, alors invoque le, invoque ton monstre synchro !

-Je…je pose une carte face cachée et je termine mon tour…dit-elle désemparée.

-C’est tout ? Eh bien, ça n’aura pas été si dur que ça finalement. Diabound, met un terme à ce duel !

-Je ne me laisserai pas faire, j’active Appel de l'Etre Hanté, ainsi je rappelle mon Légionnaire Dragunité0 du cimetière…

Bakura : 4000 – Marie : 1200

-Tu ne fais que retarder l’inévitable, je pose une carte face cachée et je termine mon tour. Comme tu le vois, je pense que seul un monstre synchro pourra te sauver à présent.

Pourquoi Bakura voulait-il absolument que Marie invoque un monstre synchro ? Si elle faisait ça, il risquait de perdre plus qu’autre chose, à moins que… Je tournai la tête vers le Diabound et je compris son plan, il fallait que j’avertisse Marie, mais elle était trop loin.

-Je vais me gêner tiens ! Je pioche, et j’active Ravin des Dragons ! En me défaussant de Phalanx Dragunité, j’ajoute un autre Duc Dragunité à ma main. Je vais l’invoquer, et il va donc s’équiper avec Phalanx. Mais ce n’est pas fini, l’effet de Phalanx s’active, je peux l’invoquer spécialement ! Admire, Invocation synchro ! Apparait, Chevalier Dragunité – Vajrayana !

-Non, Marie ! Lui criai-je, trop tard.

A cet instant précis, une chose étrange se produisit. A peine son chevalier avait-il touché le sol du terrain de duel qu’une épaisse brume nous enveloppa. Bakura jubila, et son rire faisait vraiment froid dans le dos. Je vis alors Diabound se rapprocher du dragon et il l’attrapa par le coup, sans que son maitre n’ait rien ordonné.

Marie recula, terrifiée. Elle semblait s’affaiblir en même temps que son monstre, prisonnier des griffes du Diabound. Je devais faire quelque chose. Saya semblait d’accord avec moi, et nous nous élançâmes entre ma sœur et son adversaire.

-Ça suffit ! Lui cria Saya. Laisse-la tranquille et viens te battre avec moi plutôt !

-Ça ne fait que commencer pourtant ; répliqua Bakura. Asseyez-vous et profitez du spectacle, ce n’est pas tous les jours que vous pourrez voir mon Diabound.

-Et puis quoi encore ! Lançai-je. Tiens bon Marie.

-T’es drôle toi ; dit-elle en grimaçant, je ne sais pas ce que c’est que ce truc, mais il est aussi dangereux que moche…

Le diabound relâcha soudainement le monstre de Marie, qui s’écroula au sol en même temps qu’elle, tandis que ce dernier avait grandi de plus de deux mètres ! Je courus vers ma sœur. Elle était inconsciente. C’en était trop, une rage folle s’empara de moi, je sortis mon disque de duel lorsqu’une voix se fit entendre :

-Ne touche pas à ma fille !

Mon jeu s’illumina et un éclair de lumière perça à travers la brume. Du ciel descendit Nout, la déesse m’ayant aidé durant mon duel contre le dragon, et accessoirement, une personne très proche de mes parents…

Ce fut au tour de Bakura de grimacer.

-Tu te pointes trop tôt toi, je n’avais pas prévu de t’affronter tout de suite, mais ton heure viendra également…

Il nous tourner le dos, et disparu dans la brume, qui se dissipa aussitôt après. Le temps repartit en même temps que la brume. Personne ne semblait avoir remarqué quoi que ce soit. Mais je n’avais pas le temps de me préoccuper de ça, Marie était toujours blessée, je devais la ramener le plus vite possible chez nous. Je la pris dans mes bras, et je pus alors remarquer que la carte de son monstre synchro était devenue totalement noire. Diabound avait-il…volé ses pouvoirs ? Cela n’avait aucune importance pour le moment…

-Attends, tu veux que je t’aide à la porter ? proposa Saya tout aussi inquiète que moi à son sujet.

-Merci, mais je peux me débrouiller seul, mais pourrais-tu aller chez moi et prévenir Arnold, notre Major d’homme, que Marie est mal en point ?

-J’y vais de ce pas ! Mais…tu habites où au fait ?

Je me souvins soudainement que Saya n’était encore jamais venue chez moi. Cela allait poser un problème si Arnold ne savait rien…

-Ce n’est pas grave, mais dépêchons nous alors, nous n’avons pas beaucoup de temps…

Saya passa devant moi. Nous courûmes à travers les rues de la ville. Je sentais le cœur de Marie battre faiblement dans sa poitrine.

-Tiens bon ; lui murmurai-je.

Nous arrivâmes chez moi tout essoufflés, sous les yeux ébahis d’Arnold.

-Que lui est-il arrivé ? S’exclama-t-il.

-On ne sait pas trop, elle s’est écroulée sans raison dans le parc ; mentis-je.

Arnold la pris dans ses bras et l’emmena sans plus attendre dans sa chambre, avant d’appeler un médecin. Ces minutes d’attentes furent interminables, je faisais les quatre cents pas dans le salon, et Saya regardait par la fenêtre d’un air angoissé.

Le médecin arriva enfin après un temps interminable. Cela me rappela le jour où Marie était réapparue mystérieusement dans le jardin de Sherry. J’avais cru que ce jour ne se terminerait jamais.

-Dis Darksky ; dit alors Saya, toujours en regardant par la fenêtre, j’étais en train de réfléchir à quelque chose…

-Quoi donc ? Demandai-je intrigué.

-Tu as une sœur toi, tu n’as donc jamais été seul, contrairement à moi… Je me demandais simplement comment tu pouvais supporter qu’elle soit blessée, perdue ou, comme aujourd’hui, en grand danger ? Je veux dire, je crois que je deviendrai folle d’inquiétude si je savais que quelqu’un à qui je tiens énormément, était en danger…

-Je ne le supporte pas justement ; avouai-je.

-Vraiment ? S’étonna-t-elle. Pourtant, tu as toujours l’air si calme, si maitre de toi…

-Ce n’est qu’une impression, pour te dire la vérité, je pense que si je m’affolais et perdais le contrôle de moi-même, tout n’irait que plus mal autour de moi. Les gens s’inquièteraient bien plus, et cela n’aiderait personne finalement…

-Peut-être bien, mais tu n’en es pas moins très fort, je sais que jamais je ne pourrais me contrôler comme tu le fais, je ne sais même pas si je pourrais risquer ma vie pour ceux que j’aime… Laura a vraiment de la chance de t’avoir…Finit-elle à voix basse.

-Je ne sais pas si elle serait d’accord avec toi ces derniers temps. Je la blesse sans même m’en rendre compte. Je fais vraiment tout de travers…

Saya se leva brutalement et me fit sursauter. Elle s’approcha de moi, l’air menaçant.

-Mais qu’est-ce que tu racontes encore ? Personne ne peut être parfait, il est normal que de temps en temps, tu fasses un faux pas, non ?

-Je…

-Laura n’a-t-elle jamais fait quelque chose qui t’a blessé sans s’en rendre compte ? Est-elle parfaite ?

-Euh, Saya, pourquoi t’énerves-tu ?

-Je ne m’énerve pas, je veux simplement que tu comprennes que tu as le droit de faire des erreurs comme tout le monde, et si Laura ne l’accepte pas…

-Je vois qu’on parle de moi dans mon dos ? Dit alors une voix mécontente.

Je me retournai, mon cœur battant à deux cent à l’heure. Laura était là, à l’entrée du salon, les bras croisés sur sa poitrine, son regard lançant des éclairs.

-Saya je présume ? Dit-elle avec un air hautain.

-C’est bien moi, et tu es Laura ? Rétorqua Saya sur le même ton.

La tension monta d’un cran. Ce n’était pas bon du tout, je devais arrêter cette catastrophe imminente.

-Je…Je n’ai pas fait les présentations, c’est vrai ; dis-je d’un ton se voulant enjoué.

Elles m’ignorèrent royalement.

-La jalousie est un vilain défaut ! Lança Saya sans prévenir.

Un grand silence s’ensuivit. Laura rougit, je tombais de ma chaise, Saya sourit, et la pression retomba immédiatement.

-Tu es vraiment soupe au lait toi ; lui dis-je. Quand tu commences à t’énerver, tu pourrais au moins aller jusqu’au bout !

-Oh, pourquoi je ferais ça ? Répondit-elle innocemment.

-Je ne sais pas, peut-être parce que c’est normal, tu n’es pas d’accord Laura ?

-Il a raison ; dit-elle tout aussi déconcertée que moi.

-Comme je le dis toujours, « rien de tel qu’une blague pour détendre l’atmosphère » !

-Tu ne dis jamais ça ! Rétorquai-je.

-Et bien, à partir de maintenant je vais le dire !

-Surtout pas ! De quoi tu auras l’air en sortant de telles banalités ?!

Laura se mit à rire malgré elle devant notre conversation stupide. Nous la regardâmes tous les deux d’un air étonné. Elle tenta alors de se rattraper, en vain.

-Hum, hum, je disais donc…

-C’est trop tard pour avoir l’air sérieuse ; l’interrompit Saya. Pour le moment, concentrons-nous sur le rétablissement de Maire.

-Elle a eu un accident ? S’étrangla Laura. Où ? Quand ? Comment ?

-Au parc, un type bizarre l’a défiée en duel, et il a invoqué un monstre du nom de diabound qui…

-Et tu n’aurais pas pu le dire tout de suite ? C’est bien plus important que le reste !

-Je sais, mais tu n’avais pas l’air très…encline à la discussion en arrivant, si tu vois ce que je veux dire…

-Je…Je suis désolée ; dit-elle avec un air coupable. Je me suis encore laissé emporter par mes sentiments…

-Ce n’est pas grave ; lui dit Saya en lui mettant la main sur l’épaule. Personne n’est parfait. On fait tous des erreurs, toi, moi, Darksky…

Arnold apparut alors à l’entrée de la pièce.

-J’ai la joie de vous annoncer que mademoiselle Marie est hors de danger à présent ; dit-il avec une révérence. Elle a cependant besoin de beaucoup de repos, je vous prierai donc de ne pas la déranger avant demain.

Nous eûmes tous un soupir de soulagement en entendant ses paroles. Arnold se retira et nous laissa seuls.

-Bonne nouvelle ! S’exclama Saya. Mais le mystère reste entier quant à ce que ce type lui a fait…

Je sortis alors la carte de Marie que j’avais récupérée sur son disque de duel. Elle n’avait pas changé, elle était toujours noire, sans image, comme si elle avait été brulée. Je la montrai aux filles :

-Il n’y a qu’une seule explication logique ; dit alors Saya, il a volé l’énergie de la carte !

-Parce que pour toi, c’est logique ? Répliquai-je.

-C’est pourtant bien ce qui a du se passer ; dit alors Laura, c’est déjà arrivé dans le passé. Vous connaissez le nom de son adversaire ?

-Il s’appelait Bakura, mais…

Laura eut un sursaut et écarquilla les yeux de terreur.

-Bakura…Non, c’est impossible…Et son monstre…S’appelait Diabound ?

-Oui, mais je ne vois pas où tu veux en venir…

-Moi je vois où elle veut en venir ; dit une voix d’homme.

Nous nous retournâmes, et nous vîmes Hélios assis sur un rebord de l’une des fenêtres, l’air grave.

-Diabound…est une des créatures de Zorc…




http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

i]Chapitre 6 : Renaissance



Spoiler :


Le lendemain, après les cours, je rejoignis June chez elle pour parler avec son père. Lorsque j’arrivai chez elle, Mai était encore en train de tenter de cuisiner, d’où l’odeur de brûlé qui m’envahi les narines en entrant. June alla l’aider et me laissa seule dans le salon en attendant son père.

Je me rendis compte que c’était la première fois que j’avais l’occasion de faire le tour du propriétaire. Sur les étagères, il y avait de nombreux livres consacrés aux mythes et légendes, mais également de nombreux albums photos. Je ne pus résister à la tentation et j’en sorti un au hasard. Toutes les photos dataient d’au moins trente ans. On pouvait y voir le professeur dans ses années de lycée avec tout un groupe d’amis, dont le roi du jeu. Sur d’autres, on pouvait voir Yugi aux côtés de légendes telles que Pegasus ou Kaiba. Le professeur n’avait pas tant changé que ça, il avait déjà la même coupe de cheveux à cette époque.

-Oh, ça me rappelle des souvenirs tout ça ! Dit alors l’intéressé en se penchant par-dessus mon épaule pour regarder.

Je sursautai et je lâchai l’album sous l’effet de surprise.

-Prévenez avant de faire ça ! Protestai-je. J’ai failli avoir une attaque !

-Désolé, désolé ; s’excusa-t-il, confus.

-En fait, c’est moi qui devrais m’excuser pour avoir fouillé dans vos affaires sans permission…

-Ne t’en fais pas pour ça, tu es comme chez toi ici ! Répondit-il enthousiaste. Mais tu n’es pas venu pour regarder de vielles photos il me semble.

-En effet, est-ce que vous vous seriez souvenu de quelque chose au sujet de ces monstres ?

-J’ai fait mieux que ça, j’ai demandé à une collègue spécialiste en mythes anciens de venir t’en parler, elle s’appelle Alice.

La jeune femme brune apparut alors dans le salon. Je ne pensais pas la revoir un jour, pas depuis qu’elle nous avait fait passer nos épreuves, mais elle faisait comme si jamais rien n’était arrivé et se comportait comme si elle me rencontrait pour la première fois. Le professeur fit les présentations, même si cela était inutile, et laissa la parole à Alice.

-Le mythe des monstres colonies du mal remonte à il y a très longtemps, à une époque où les différents clans d’esprits de duel se faisaient la guerre. Parmi les plus puissants, il y avait les vers, les envahisseurs de ce monde, les vallées de brume, les cloches de feu, et enfin, les gardiens scellés, les barrières de glace. Alors que le monde était sur le point sombrer sous la menace du vers zéro, le sceau de Trishula, le dragon légendaire, fut brisé, et cela mit un terme à cette guerre. Cependant, le prix à payer était cher. Tous les dragons de la barrière de glace furent détruits en même temps que le vers zéro et son armée. Le monde aurait pu prospérer longtemps, mais les vers n’avaient pas dit leur dernier mot. En guise d’adieu, ils avaient laissé un virus qui s’est petit à petit répandu. Ainsi sont nés les « colonies du mal », ce sont les corps sans vie des monstres ayant péri durant la grande guerre, ils n’ont ni âme, ni cœur, ils sont simplement guidés par leur instinct de destruction.

-Attends ; l’interrompis-je, tu es en train de me dire que ces monstres sont des sortes de…zombies ? Mais alors, comment peuvent-ils être vaincus ? Et quel est le rapport avec le deck de Laura ?

-La réponse aux problèmes du présent se trouve le plus souvent dans le passé. Les colonies du mal ont bien fini par être vaincus, mettant un point final à la guerre. Cependant, il n’est dit nulle part qui a mis fin à la guerre, ni comment. Le seul indice que nous avons est le mot « renaissance ».

-Plutôt vague comme indice…Et…tu sais ce que sont devenus ces monstres après leur destruction ? Ont-ils pu reposer en paix ? Ou bien ont-ils pu vivre à nouveau ?

-Là non plus, nous n’avons aucun indice.

-Je vois ; dis-je dépitée. Merci quand même pour ces informations.

-Je suis désolée de ne pas pouvoir t’être plus utile, mais je continuerai les recherches de mon côté et je te préviendrai dès que je trouve un indice.

Alice se retira. Le professeur la raccompagna et me demanda d’attendre son retour pour parler de « quelque chose d’important ».

June arriva quelques instants après en toussant.

-J’ai cru que nous n’y arriverions jamais ; gémit-elle. Je t’ai déjà dit de laisser Papa cuisiner !

-Il faut bien que j’essaie de temps en temps ; répliqua Mai. Mais laisse-moi faire à présent, je peux m’occuper du reste !

-J’ai peur du résultat, mais je te fais confiance…

June m’invita à monter dans sa chambre en attendant son père. C’était également la première fois que j’y entrais. Elle n’avait rien de bien particulier. Quelques poster aux murs, un bureau encombré d’une multitude de papiers et de cartes, et une vue donnant sur toute la ville. June avait vraiment de la chance, elle pouvait vraiment voir toute la ville depuis sa chambre, elle n’avait même pas besoin de sortir pour connaitre toutes les rues…

Je reportai mon regard sur les posters et un détail m’intrigua. Ils étaient tous vieux de plus de trente ans. En fait, ils dataient de la même époque que toutes les photos du professeur.

-Dis-moi June, pourquoi tu n’as que des affiches pour de vieux tournois ? Demandai-je.

-Ce sont tous les tournois auxquels ma mère a participé dans sa jeunesse : l’ile des duellistes, le grand tournoi de Batailleville, et j’en passe !

-Mai avait l’air d’être une duelliste très impressionnante d’après toi.

-Et elle l’était ! Mais elle a toujours été si seule, elle pensait qu’on ne pouvait compter que sur soi-même avant de rencontrer mon père…

-On parle vraiment de la même personne ? Mai me semble pourtant être une personne ouverte aux autres…

-Oui ; dit June avec un léger sourire, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Vois-tu, je n’ai jamais connu mes grands-parents. Ils sont morts lorsque ma mère était encore une enfant et lui ont laissé une fortune colossale, et comme tu le sais, l’argent n’achète pas les amis. C’est dans cette solitude que ma mère a grandi, mais c’est également grâce à cela qu’elle a connu le duel de monstres et rencontré mon père sur l’ile des duellistes, il y a plus de trente ans. Je crois qu’il a changé sans vision des choses pendant un court instant, mais il était maladroit et l’a faite douter d’elle-même. Elle continua sa carrière tandis que mon père hantait son esprit. Elle s’est cependant retirée du circuit professionnel après l’avoir blessé alors qu’elle était possédée. Mais je ne peux qu’admirer sa force, elle a enduré toutes ces épreuves sans l’aide de personne. J’ai beau faire de mon mieux, je sais que jamais je ne lui arriverai à la cheville…

-Mais pourtant tu es l’une des duellistes les plus talentueuses que je connaisse ! Tu me l’as déjà montré de nombreuses fois, en entrainant Ambre et Maya, durant le duel contre elles ou même contre moi ! Tu as gagné des tournois auxquels je n’aurais jamais imaginé pouvoir ne serait-ce que participer ! Tu es assez forte comme ça !

-Tu ne connais pas ma mère ! S’exclama-t-elle. Comparée à elle, je ne suis rien du tout ! Elle m’est supérieure en tout, courage, force, volonté, je n’ai aucune de ces qualités-là ! Je n’ai pas vécu seule, e n’ai pas enduré la souffrance de perdre mes parents, je ne peux donc pas l’égaler ! Je ne suis que l’ombre d’une duelliste de talent qui tente de se faire un nom pour que sa mère soit fière d’elle…

Je me levai brutalement, choquée d’entendre ses paroles.

-De quoi te plains-tu ? Est-ce vraiment une vie enviable, la solitude et la souffrance ? Est-ce ce dont tu rêves, de perdre tes parents et nous, tout ça simplement pour devenir meilleure ?!

-Je…Je…Bafouilla-t-elle déconcertée.

-Si tu n’as jamais connu la souffrance ou la solitude, n’est-ce pas parce que Mai ne VOULAIT pas que tu connaisses ces peines ?! Ne t’a-t-elle pas protégée dans ce but ?! Tu peux bien être moins talentueuse qu’elle, mais t’a-t-elle déjà demandé de devenir meilleure qu’elle ?! Penses-tu même qu’elle le veuille ?

-Je…Je ne me suis jamais posé la question ; murmura-t-elle. J’ai toujours joué au duel de monstre afin de faire honneur à la réputation de me mère, pour qu’elle soit fière de moi… J’ai tenté…de ne penser qu’à la victoire comme elle le faisait, de ne pas me soucier de mes adversaires, d’être toujours froide et distante envers les autres…mais cela m’était impossible…C’est pourquoi, je m’étais persuadé que jamais je n’atteindrai son niveau… ; dit-elle les larmes aux yeux.

-Tu ne peux pas copier le style de duel de quelqu’un d’autre, tu n’es ni Mai, ni le professeur, tu es toi, tu as ton propre style de duel, ta propre personnalité, tu n’es absolument pas l’ombre de quelqu’un ! C’est justement en trouvant ta propre voie que tu pourras égaler Mai, tu ne peux pas reproduire le parcours qu’elle a eu ! Tu ne penses pas qu’il est temps de voler de tes propres ailes ?

-Mais, et si je n’y arrivais pas ? Si tu te trompais sur toute la ligne ? Comment mes parents pourraient-ils être fiers de moi ?

-Je suis sûre qu’ils le sont déjà ; affirmai-je. Je sais comment réagis quelqu’un lorsque tu le déçois, c’est pourquoi, je peux t’assurer que tu es déjà parfaite à leurs yeux.

C’était la vérité. Je savais pertinemment comment réagissait mon père lorsque je rentrai avec une mauvaise note ou un avertissement de comportement. J’avais toujours pensé qu’il me criait dessus parce qu’il ne m’aimait pas, mais je me rendis compte à ce moment-là que ce que je disais à June, je le disais également à moi-même. A chaque fois que je faisais cela, je décevais mon père qui pensait que j’étais capable de bien mieux. Au contraire de June qui tentait de toujours faire du mieux qu’elle pouvait pour plaire à ses parents, je les blessais sans même m’en rendre compte…Elle qui se préoccupait plus d’eux que d’elle-même, une fois de plus, je vivais centrée sur moi-même, sans faire attention à ceux qui m’entouraient. Ambre, Maya, mes parents, combien d’autres personnes avais-je blessé avec mon attitude égoïste ?

-J’espère sincèrement que tu as raison ; dit June en fermant les yeux, un léger sourire aux lèvres. Je vais suivre ton conseil, mais j’ai comme l’impression que la vie que je t’ai décrite s’est arrêtée le jour où je vous ai rencontrées, sans même que je ne m’en aperçoive. C’est pourquoi, je dois te remercier, pas seulement pour tes conseils d’aujourd’hui, mais pour tout le temps que nous avons passés ensemble…

-Je ne sais pas vraiment pourquoi tu me remercies, je n’ai rien fait de particulier. Ça serait plutôt à moi de te dire merci. Tu m’as fait comprendre une grande chose aujourd’hui.

-Vraiment ? De rien dans ce cas…Dit-elle un peu gênée.

Nous passâmes l’heure suivante à nous remémorer tous les bons moments que nous avions passés depuis notre rencontre, puis nous révisâmes ensemble le contrôle qui avait lieu la même semaine. Ce n’était pas grand-chose, mais si je pouvais décrocher une bonne note, j’aurais déjà fait un premier pas pour que mon père puisse enfin être fier de moi.

Le professeur arriva un peu plus tard dans la soirée. Je souhaitais bonne soirée à June, en la remerciant encore, puis je redescendis dans le salon. Le professeur s’installa dans un fauteuil et prit un air sérieux qui ne lui ressemblait pas.

-Angéla, cela fait un petit moment que je voulais te parler de ça, mais je n’ai jamais trouvé le temps. C’est au sujet de ma fille, June.

-Que se passe-t-il ?

-Comme tu le sais, avant de vous rencontrer, elle était le plus souvent seule, elle ne souriait que peu souvent et rares étaient les fois où elle riait. Je pense…que c’est de ma faute…

-De votre faute ?

-Oui, selon moi, elle désire me ressembler, à tel point qu’elle n’est préoccupée que par ça.

Je ne pus rien lâcher de plus intelligent qu’un « quoi ? » d’un ton entre le fou rire et la pitié pour le professeur. Je le laissai cependant continuer un peu, je sentais que la suite allait me plaire.

-Je sais que beaucoup de monde aimerait me ressembler, mais c’est impossible malheureusement. Mais je ne sais pas comment lui dire cela, il faut qu’elle vive sa propre vie. C’est très bien d’avoir un modèle, mais il y a un jour où il faut s’en séparer.

-Et…Vous ne pensez as que Mai pourrait avoir un rôle à jouer là-dedans ? Dis-je en me retenant de rire.

-Mai ? Non, aucune chance, qui voudrait lui ressembler !

Une chaussure vola à travers la pièce en direction du père de June, qui l’évita à la dernière seconde.

-Dis-moi ça en face toi ! Dit Mai qui venait d’apparaitre derrière le professeur, l’air terrifiant.

-Dire quoi ? Je ne parlais pas du tout de toi, qu’est-ce que tu vas chercher ? Répondit le professeur gêné.

Pour toute réponse, il eut droit à une belle gifle qui lui laissa une marque rouge sur la joue.

-Si c’est comme ça, tu te prépareras ton propre dîner ce soir !

Mai se retira ensuite. J’avais vraiment du mal à croire que la Mai décrite par June et la Mai que je connaissais étaient une seule et même personne. Le professeur reprit, une fois la douleur passée.

-Je disais donc que June devait certainement chercher à me ressembler. Mais elle s’est ouverte aux autres en te rencontrant, j’aimerais beaucoup savoir ce que tu as fait pour qu’elle change ainsi.

Je ne pus me retenir plus longtemps et je fus prise d’un fou rire inarrêtable. Je dus me retourner pour ne pas avoir l’air grossière. Une fois calmée, je lui répondis sincèrement ce que June m’avait avoué une heure plus tôt. Le professeur fit les yeux ronds et resta bouche bée avant de s’exclamer en se prenant la tête dans les bras :

-Comment ? Elle ne t’a même pas parlé de moi ?! Et pourquoi ça ?! Ne suis-je pas assez bon duelliste ?

-Non, tu es même le pire duelliste que je connaisse je pense ; dit soudainement June en descendant les escaliers.

Cela finit d’achever le professeur qui s’effondra sur son siège.

-Mis à part ça Angéla, j’ai cru comprendre que tu étais à la recherche d’un moyen de vaincre un mal par la renaissance ou un truc du genre ?

-C’est exact, comment sais-tu cela ? Demandai-je, surprise.

-On entend très bien depuis ma chambre. Mais ce n’est pas le plus important, est-ce que le nom de Sophia te dit quelque chose ?

-Absolument pas.

-Tu devrais chercher de ce côté-là je pense, cherche une carte du nom de Sophia, déesse de la renaissance, elle pourrait être la solution à ton problème…

Sophia…Comment June pouvait-elle en savoir autant sur un mythe que même les plus grands archéologues n’avaient pu percer à ce jour ? Mais après tout, quelle importance, je tenais une piste, je devais l’explorer, je n’en trouverai sûrement pas d’autre.

Je commençai les recherches dès le lendemain en commençant par la bibliothèque municipale, celle de l’école, internet, mais rien ne donnait de résultat concluant. J’appris simplement que Sophia était une carte ayant été éditée à un seul exemplaire, comme les dieux égyptiens, avant de disparaitre mystérieusement. Mais le plus étrange était que personne n’avait jamais fait mention de cette affaire, comme si quelqu’un avait voulu l’étouffer…

Il me fallait plus d’indice, et la dernière personne capable de m’en fournir était Sherry. Je l’appelai et moins d’une demi-heure après, Ellsworth arriva en bas de chez moi dans sa grande limousine noire. Au moment où je m’apprêtai à monter dans la voiture, une voix familière m’interpella.

-Dis-nous, tu n’oublies pas quelque chose ?

Je me retournai.

-Ambre, Maya, June, mais qu’est-ce que vous faites ici ?

-June nous a dit que tu cherchais une carte rare, nous sommes venues t’aider ; affirma Ambre.

-Ca nous rappellera le bon vieux temps ; rajouta Maya. Oh, mais tu nous cachais que tu avais une si belle voiture, je suis jalouse ! Râla-t-elle.

-Je me nomme Ellsworth, je suis le major-d’homme de Mademoiselle Sherry, c’est un honneur de rencontrer les amies de Mademoiselle Angéla.

-Enchantée moi aussi ; répondit-elle dépassée par la situation.

Nous éclatâmes de rire avant de toutes monter. Heureusement, ce n’est pas la place qui manquait dans cette limousine. Même à cinq, il y avait encore assez de place pour deux, voire trois autres personnes. Mes amies s’émerveillaient devant le luxe du véhicule, auquel je n’avais jamais fait attention au passage, comme chaque fois que je montais là-dedans, c’était pour sauver ma peau…

Nous arrivâmes au château de Sherry qui nous salua chaleureusement. Je fis les présentations et je lui expliquai ensuite la situation.

-Je vois. Dans ce cas, toute la bibliothèque est à votre entière disposition. Je peux également vous aider si vous le voulez.

Nous commençâmes les recherches. Heureusement pour nous, sa bibliothèque était bien mieux rangée que ma chambre. Tous les livres étaient classés par thème, puis par auteur. Tandis que Maya s’occupait de la partie mythes et légendes des peuples anciens, June des contes pour enfants, Ambre des archives de duels de monstres et Sherry de tout ce qui traitait de la renaissance, moi je regardais un peu tout ce qui me tombait sous la main, mais au bout d’une heure, on ne trouvait toujours rien. Je commençai à désespérer, pensant qu’il s’agissait d’une fausse piste, que cette carte n’avait jamais existé, lorsqu’Ambre nous appela.

Illuminée d’une lueur d’espoir, je me précipitai pour voir sa découverte. Elle tenait entre les mains un livre relatant des faits s’étant passés moins de dix ans auparavant. On pouvait y voir un duelliste, dont le visage était flou, jouant une carte inconnue.

-D’après ce livre ; dit-elle, ce duelliste aurait remporté une victoire écrasante grâce à cette carte.

-Vous pensez qu’il pourrait s’agir de cette Sophia ? Demandai-je.

-Très certainement, regarde ça.

Maya me tendis un livre où était reproduite une vielle fresque sur laquelle une créature était représentée, illuminant le ciel à gauche, détruisant la terre à droite. L’illustration contenait également un titre : « renaissance »

-D’après ce que j’ai pu lire, la légende dit que cette créature aurait détruit une partie de ce monde devenu corrompu, pour en reconstruire un plus beau. Les hommes n’auraient rien pu faire, excepté prendre la fuite ou être anéantis.

-Tiens, tu ne trouves pas que cela se rapproche de l’histoire d’Alice ? Me demanda June.

-Oui, Sophia aurait détruit le virus des vers, ayant contaminé presque toute la surface du globe…

Sherry s’avança à son tour.

-En y regardant de plus près, le monstre joué par cet homme, et cette fresque sont étrangement similaires, mais ce n’est sûrement pas une coïncidence.

-Donc cet homme détiendrait la carte de Sophia en ce moment même? La questionnai-je.

-Très certainement, je pense que…

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase car un tremblement se fit ressentir et toute la maison vacilla.

-Quoi encore ? Hurla Sherry.

-Nous avons un problème mademoiselle Sherry ; lui répondit Ellsworth depuis l’extérieur. Vous devriez venir voir par vous-même !

Sans en demander plus, elle se précipita dehors. Nous nous regardâmes toutes les quatre avant de partir également.

Dehors, c’était le chaos. Le vent soufflait incroyablement fort, comme si une tempête approchait. Les feuilles des arbres ne résistaient pas et volaient dans tous les sens, de même que les accessoires de jardins, les pots de fleur, c’était à peine si la voiture ne s’envolait pas également. Le ciel était obscurcit par de sombres nuages d’orage.

Devant nous se tenait un homme assez imposant, dont le visage était caché par une capuche, comme la dernière fois, mais cette fois-ci, sa robe se trouvait plus dans les verts émeraude. Il était apparemment seul, mais nous restions tout de même sur nos gardes, au cas où d’autres surgiraient de nulle part.

-Vous êtes un autre disciple de Pyros ? Le questionna Sherry. On vous a déjà battu une fois, pourquoi recommencer ?

L’homme se mit à rire gravement avant de prendre la parole. Sa voix était teinte d’une pointe d’ironie.

-Pyros ? Vous rigolez j’espère, ne me comparez pas à ces minables ; dit-il. Je suis l’enseignement de Typhos, je me présente, Hurricane, pour vous desservir.

Il enleva sa capuche et nous eûmes tous un mouvement de recul. Il s’agissait de l’homme possédant la carte de Sophia ! Mais, comment s’était-il donc retrouvé à la solde d’un dragon ?

-Je vous connais ; lançai-je alors. Vous avez gagné un tournoi n’est-ce pas ?

-Oh, je n’irai pas jusque-là, mais disons que j’ai fait de belles performances dans ma jeunesse, oui. Mais trêve de bavardages inutiles, je suis venue récupérer une fille du nom d’Angéla. Alors, laquelle d’entre vous est-ce ?

J’allais lui répondre une chose cinglante lorsque June s’avança et descendit les escaliers qui la séparaient de lui pour lui faire face à ma place.

-Je serai ton adversaire. Je ne suis peut-être pas Angéla, mais elle a autre chose à faire que de t’affronter, comme chercher une carte du nom de Sophia.

-June, mais qu’est-ce qui te prends ? Pensais-je à ce moment-là.

L’homme se remit à rire avant de sortir une carte de sa poche. Sophia ! Elle était là, devant nos yeux, le remède pour guérir Laura de son traumatisme !

-Oh, tu parles de cette vieillerie ? Je suis prêt à te la donner si tu nous livres ton amie, cela me semble équitable non ?

-J’ai une autre proposition pour toi Hurricane ; répliqua-t-elle.

-Je vais t’affronter en duel. Si je gagne, tu nous donneras la carte avant de disparaitre.

-Et qu’est-ce que j’y gagne moi là-dedans ? Grogna-t-il.

-Si tu gagnes, nous te livrons Angéla sans discuter.

-June ! Nous criâmes en cœur.

Elle se retourna vers nous et nous fit un clin d’œil avant de reprendre son marchandage avec l’homme à la robe verte. Il eut un sourire satisfait aux lèvres en entendant la proposition.

-Je vois que tu sais marchander toi ; répondit-il. Marché conclu. Mais je n’ai aucune chance de perdre face à une personne comme toi !

-Mais je ne me suis pas présentée ; l’interrompit-elle. Je me nomme June Wheeler, Fille du grand professeur Wheeler.

L’homme tiqua lorsqu’elle prononça son nom. Il faut dire qu’ayant gagné de nombreux tournois pour se rapprocher de sa mère, elle était non seulement connue en tant que duelliste mais également en tant que fille du professeur.

L’homme se ressaisit bien vite, mais June avait eu l’effet escompté, c’est-à-dire le déstabiliser pour semer le trouble dans son esprit avant le duel.

-Quelle importance, en garde June Wheeler !

Le vent se mit à souffler plus vite, plus fort. Nous avions du mal à rester debout. Nous nous accrochâmes chacune à ce que nous pouvions afin de regarder ce duel. Mais le plus étrange était que les deux combattants ne semblaient pas être gênés comme si…ils étaient dans l’œil d’un cyclone…

Je jetai un coup d’œil craintif par-dessus mon épaule, et je vis ce que je redoutais le plus. Après le mur de flammes, nous étions enfermés dans une tornade géante.

Techniquement, je ne voyais pas le vent, mais je voyais toutes les feuilles tourbillonner en décrivant un immense cercle entourant la maison. Il y avait également énormément de poussière dans l’air, si bien que nous ne pouvions rien voir de l’extérieur de la tornade. Nous étions comme emprisonnés, et la clé de sortie était la victoire de ce duel, avec Sophia en prime.

Quels pouvoirs avaient donc ces dragons si leurs serviteurs étaient déjà aussi puissants que ça ? Je préférais ne même pas le savoir…

-Ne t’inquiète pas ; me dit alors Ambre en voyant que je fronçais les sourcils.

-Comment ?

-June va gagner ce duel. Si elle n’était pas sûre, jamais elle ne t’aurait mise dans une situation aussi délicate.

-Et puis, si jamais tu te faisais vraiment enlever, nous pourrions aller à ton secours, ainsi, nous serions quittes ; rajouta Maya avec une touche d’humour pour détendre l’atmosphère.

-C’est une façon de voir les choses ; répondis-je en rigolant. Mais je préférerais que vous gardiez cette dette pour quelque chose de vraiment important…

Nous nous focalisâmes ensuite à nouveau sur le duel de June. Il n’avait pas encore commencé, mais je sentais la tension monter entre les deux adversaires.

-S’il te plait June, ne fait rien de téméraire ; la suppliai-je en moi-même.

-Eh bien June Wheeler, je vais prendre la main si cela ne te dérange pas. Je pioche et je vais poser un monstre en position de défense face cachée et terminer mon tour.

-C’est tout ? Pour un serviteur du mal, vous êtes bien peureux ! Déclara June.

-Serviteur ? Non, disciple serait mieux, répliqua Hurricane. J’agis selon ma propre volonté.

-Si vous le dîtes, enfin, ce duel sera bientôt terminé…Je pioche et j’invoque Médium Harpie. Grace à son effet, je défausse Dame Harpie pour invoquer depuis mon deckDame Harpie 1. Je continue en activant Égotiste Élégant pour invoquer une autre dame harpie depuis le deck ! Médium harpie, détruis son monstre face cachée !

-Le monstre que tu as détruit s’appelle Kamui, Espoir de Gusto, et grâce à son effet, je peux invoquer depuis mon deck Gusto Gulldo.

-Aucune importance, ma dame harpie va le réduire en bouillie aussi !

-C’est là que son effet s’active également. J’invoque depuis mon deck Gusto Egul.

-Dans ce cas, je vais recouvrir mes trois monstres pour invoquer le monstre xyz Dragon Fantomatique, Familier De Harpie et me contenter de poser une carte face cachée et de terminer mon tour.

-Tu es bien la fille de Mai Valentine, tu as su anticiper ta défaite. Enfin, tu ne fais que la retarder. Je pioche et j’active Téléporteur D'urgence pour invoquer depuis mon deck Pilica, Descendant De Gusto. Son effet s’active, je peux invoquer depuis mon cimetière Gusto Gulldo ! Invocation synchro : Daigusto Sphreez ! En bonus, je peux même récupérer Pilica. Je vais maintenant passer gusto Egul en mode attaque et poser deux cartes face cachée, je t’en prie.

Ce type jouait vraiment bizarrement. Non seulement il n’invoquait que des monstres faibles, mais en plus les laissait en mode attaque. Que cherchait-il à faire à part prendre des dégâts ? Je regardai June qui semblait cependant perplexe. Peut-être avait-elle réussi à percer sa stratégie, qui devait être redoutable pour un joueur de compétitions comme lui. Je l’espérai sincèrement, car il n’y avait pas que mon avenir qui se jouait à ce moment-là, mais également celui de Laura, dépendant de cette carte, Sophia.

-Je vais faire preuve de prudence et utiliser l’effet de mon dragon pour vous attaquer directement ! Je termine ainsi mon tour, et mon dragon perd un matériel.

June : 4000 – Hurricane : 2000

-Tu ne m’attaques pas ? Je suis déçu ; dit son adversaire avec un ton faussement embêté. Mais je vais t’y forcer moi ! Je pioche et j’active Permutation de Créature ! Je vais donc te donner mon petit oiseau, et toi, que m’offres-tu en échange ? Oh, mais tu n’as pas le choix, je prends donc ton dragon ! C’est terminé ! Dragon fantomatique, détruit Egul !

Hurricane : 2000 – June : 2200.

-Ce n’est pas terminé, comme Egul a été détruit, il invoque depuis mon deck Caam, Sérénité Gusto. Tu es sans défense à présent, Daigusto, occupe-toi du reste !

-J’active Clique Hystérique ! En défaussant mon Signe Hystérique, je peux rappeler depuis mon cimetière toutes mes dames harpies ! Apparaissez, dame harpie, dame harpie 1 et médium harpie !

-Tu ne fais que retarder l’inévitable ; soupire-t-il. Je vais donc détruire ta médium et ta dame harpie 1, avant de terminer mon tour.

-Pas si vite, l’effet de mon signe hystérique s’active. J’ajoute à ma main trois cartes harpie : Terrain de Chasse des Harpies, Danseuse Harpie et Reine Harpie ! Je vais en finir ce tour ci, affirma-t-elle.

-Oh, je suis impatient de voir cela ; ricana l’autre.

-Je commence en activant mon Terrain de Chasse des Harpies. Puis j’invoque normalement Danseuse Harpie, et une de tes cartes pièges disparait ! (Tempête de Poussières Gusto.)

-Pas de chance, ce n’était pas la bonne !

-Je n’ai pas fini ; rétorqua-t-elle l’œil brillant. J’active l’effet de ma danseuse, en la renvoyant en main, j’invoque normalement Reine Harpie, et la deuxième saute également ! (Tourbillon de Gusto)

-Pas trop mal, je l’avoue ; grommela Hurricane. Mais tu n’as pas encore passé mes défenses…

-Je vous l’ai dit, ce duel est terminé ! Je recouvre mes deux dames harpies pour invoquer Chidori Eclair ! Son effet va me permettre de renvoyer Daigusto à l’extra deck ! J’active ensuite Contrôle Mental pour récupérer mon dragon fantomatique. Votre dernière ligne de défense est brisée, Caam ne vous sauvera pas. Reine Harpie, règle lui son compte !

June : 2200 – Hurricane : 1700.

-Childori, mets un terme à tout ça !

Lorsque la poussière se dissipa autour de notre ennemi, une carte brillante vola jusqu’à nous et m’atterrit dans les mains. Je l’avais enfin, la solution aux troubles de Laura, la carte unique au monde, dont la puissance dépassait l’imagination. Hurricane leva la tête, visiblement troublé.

-Sophia vous a donc choisis ? Dit-il ébahi. Je n’aurais jamais cru cela possible…Mais après tout, quelle importance, cette carte est inutile, je vous la laisse ! Mais je reviendrai bientôt, et croyez-moi, me vaincre ne sera pas aussi facile qu’aujourd’hui. Ceci n’était qu’une simple brise annonciatrice d’une tempête, une tempête monumentale comme l’humanité n’en a jamais connue !

Le vent souffla plus fort et il disparut dans un tourbillon de poussière. Au même moment, la tornade nous emprisonnant cessa aussitôt, en ne laissant aucune séquelle, comme une illusion, exactement comme pour les flammes de Floges.

Nous félicitâmes June pour sa victoire écrasante mais ce fut la carte qui retint l’attention de tout le monde. Quant à moi, je faillis m’étrangler en lisant son effet.

-Co…Comment voulez-vous sortir un truc pareil ! M’exclamai-je.

-Un peu d’imagination voyons ! Répliqua Maya. On fait partie du club de duel de monstre oui ou non ?

-Oui, enfin il y a des limites ; rajouta Ambre en se rangeant de mon côté.

-Je pense pouvoir la sortir avec un peu de technique ; renchérit June.

-Pour un effet pareil, il est normal d’avoir de telles conditions ; dit Ellsworth venant se greffer à la conversation.

-Je ne peux pas vous aider, mais je pense que Lareine en serait capable ; termina Sherry.

Suivant son conseil, nous partîmes avec en tête nos questions pour notre superviseur.

Durant la soirée, je fis un point sur les événements du jour, particulièrement sur les ressemblances entre les deux attaques. L’un était disciple de Pyros, démon originel des flammes, et maitrisait le feu, quant à l’autre, il suivait Typhos, le démon originel des vents, et par conséquent, jouait avec ce dernier élément. Dans ce cas, dans très peu de temps devraient arriver d’autres « émissaires » si je suivais le schéma actuel des choses. Deux m’avaient déjà attaquée, il en restait donc trois en retirant Gariatron que nous avions déjà vaincu.

Je repensai soudainement à Darksky. Est-ce que lui aussi avait été attaqué ? Il n’y avait aucune raison que seule moi l’aie été. Je lui envoyai un message pour lui demander, mais il me répondit que personne ne se réclamant d’un dragon n’était venu se présenter à lui. Il me renvoya un autre texto quelques secondes plus tard « sauf si tu considères que se faire réveiller en pleine nuit par Hélios est une attaque… »

Je souris en lisant cela et en repensant au personnage. Je le voyais très bien surgir de nulle part et allumer la lumière dans la chambre de Darksky, tranquillement en train de dormir, avant de lui sortir une banalité.

Mais plus important, ces dragons ne semblaient n’en avoir qu’après moi, et peut-être Drago, mais je n’avais aucun moyen de le contacter…

Je ne voulais pas impliquer mes amies dans cette histoire, mais elles l’étaient malgré elles rien qu’en faisant partie du club de duel. J’allais donc devoir prendre sur moi cette fois-ci et les laisser se mettre en danger pour moi…Rien que d’y penser, cela me mettait mal à l’aise…

Mais je ne devais pas me focaliser sur ces histoires pour le moment. J’avais promis d’aider Laura, et cela devait passer avant toute chose.

Je ressortis la carte de Sophia. Plus je cherchais une solution, plus elle semblait m’échapper. Comment réunir autant de cartes différentes dans un seul deck, et surtout, comment rendre ce deck jouable ? Je pouvais mélanger des xyz et des synchros, mais rajouter des fusions et des rituels…Cette tâche me semblait vraiment impossible, mais je devais le faire, pour Laura. Je m’endormis en me torturant l’esprit avec ce monstre…

Le lendemain, je réfléchis toute la journée à ce même problème, à tel point que Maya et Ambre pensèrent que j’avais dormi en cours toute la journée à cause des événements de la veille.

Nous retrouvâmes Lareine le soir pour nos activités des clubs et nous abordâmes immédiatement la question sans passer par quatre chemins, en lui expliquant l’urgence de la situation.

-Un monstre Synchro, Xyz, Rituel et Fusion vous dîtes ? Répéta-t-il pour lui-même. Cela devrait pouvoir se faire…

-Vraiment ? Nous nous exclamâmes en chœur.

-Tout à fait. Je pense que le plus dur serait de sortir le monstre rituel, donc il faut se focaliser sur ce dernier. En avez-vous un en tête par hasard ?

-Saffira ; hasarda Ambre en pensant aux dernières cartes sorties.

-Je ne pense pas ; la contredit June. Parce qu’une fois sortie, il sera difficile d’exploiter son effet au maximum. Pourquoi pas le renoncé ?

-La carte fétiche de Pegasus ? Demandé-je. Mais il se l’est sûrement gardée pour lui…

-Mon père possède un exemplaire de cette carte il me semble, ainsi que de sa fusion, le renoncé aux mille yeux, ce qui nous ferait déjà la moitié du travail, qu’en pensez-vous ?

-Si ton père l’a effectivement, cela pourrait nous aider fortement. Donc vous vous basez sur le niveau un, ce qui signifie des synchros de niveau deux et des xyz de rang un.

-Laissez-moi faire le reste ; affirmai-je, je sais ce dont nous avons besoin !

-Vraiment ? Ça serait bien la première fois ; railla Maya, que j’ignorai.

-C’est une surprise, vous verrez cela demain…

Je m’éclipsai sur ces bonnes paroles, laissant les autres dans l’incompréhension. Cependant, pour une fois, je savais vraiment ce qu’il me fallait, mais je ne voulais pas les impliquer dans mon projet, elles s’y seraient opposées, c’est pourquoi, je préférai ne leur faire part du projet qu’après l’avoir réalisé.

Je tournai à l’angle du couloir, remontai les escaliers pour arriver au deuxième étage. Je fis encore quelques pas, et je m’arrêtai devant l’une des salles de l’étage. Je pris une grande respiration et je l’ouvris avec fracas.

Les personnes à l’intérieur, en train de dormir, sursautèrent aussitôt. Je regardai alors la personne se tenant au fond de la pièce, avec son air supérieur et sa coupe de cheveux ridicule, qu’il pouvait m’insupporter…mais je n’étais pas là pour me battre avec lui, du moins pas physiquement.

-Tiens, Angéla ; dit-il d’une voix mielleuse, quel bon vent t’amène ?

-Je n’irai pas par quatre chemin Aymeric ; rétorquai-je froidement. Je suis venu te proposer un marché.

-Je ne sais pas ce que tu manigances encore, quelque chose de stupide sûrement, mais la réponse est d’ores et déjà non. Tu peux t’en aller maintenant.

-Même si je te propose de perdre volontairement face à toi ?

Ma remarque capta son attention. Parfait, cet idiot avait mordu à l’hameçon, il ne restait plus qu’à remonter la ligne et le tour était joué.

-J’ai besoin de certaines cartes, plus précisément un deck que tu jouais par le passé, tu vois ce dont je veux parler n’est-ce pas ?

Il sortit un petit tas de cartes poussiéreuses d’un tiroir de son bureau et les posa sur la table. Je n’aurais jamais cru que cela s’avérerait aussi simple. Il fallait que j’en profite.

-Peut-être…Et alors, pourquoi te donnerai-je ces vieilleries ?

-Voilà la proposition : affronte-moi en duel ici et maintenant, si je gagne, tu me donnes ces vieilleries comme tu les appelles, mais si tu gagnes…

-Continue…

-Je suis prête à te laisser la victoire au tournoi inter club de décembre.

-Oh, tu es prête à mettre en jeu ton propre club juste pour ces trucs ? C’est intéressant…

Il s’avança de quelques pas et les autres s’écartèrent sur son passage. Mon cœur se mit à battre plus vite. Pourquoi ressentais-je une telle pression sur mes épaules ? J’avais battu ce type à chacun de nos duels par le passé, je n’avais pas peur de lui !

En vérité, au fond de moi, je savais pourquoi je ressentais cela. Je ne pouvais pas me permettre de perdre ce duel. Ce n’était pas que pour moi, mais pour le club de duel tout entier et pour Laura. Je devais mettre de côté toutes ma haine personnelle contre lui pour ne pas me laisser distraire. Une seule erreur pouvait être fatale maintenant que Socrate se reposait chez moi. Mais cela m’obligeait également à donner le meilleur de moi-même…

-Prépare-toi à souffrir, Angéla, c’est la fin de ton club ridicule !

Un frisson me parcourut le dos. Sa voix…Elle n’était pas normale. D’habitude, il se serait contenté de m’insulter, mais sa phrase sonnait comme une prédiction. Avait-il progressé à tel point qu’il était sur de me vaincre ? Ce qu’il ne savait pas, c’était que moi aussi j’avais progressé, et il s’en rendrait très vite compte.

-Tu parles beaucoup, mais tu ne fais rien ; répliquai-je.

-Je ne…Perdrai pas à nouveau…face à toi ! En tout cas, pas avec cette carte…

Il sortit une carte noire de son deck. A première vue, ce n’était qu’un monstre Xyz normal, mais en y regardant de plus près il y avait comme une aura sombre planant autour de la carte. Son nom : Numéro du Chaos 39 : Dystopie…C’était la première fois que je voyais ce monstre dans son jeu…

-Un petit nouveau hein ? Il ne te sera d’aucune utilité tu sais…

-Nous verrons cela, duel !


Chapitre 7 : Lumière du passé



Spoiler :


Zorc, rien qu’à l’évocation de ce nom, mon cœur s’accéléra. Il était le mal incarné, seigneur du royaume des ombres et par-dessus tout, invincible. Même le légendaire pharaon sans nom n’avait pu le vaincre définitivement et l’avait donc emprisonné en même temps que lui…

Son retour ici, ou du moins, le retour de son serviteur ne présageait rien de bon. Le monde venait d’échapper à la menace du dragon, était-ce pour sombrer à nouveau sous le jouc d’une autre entité maléfique ?

Je me tournais vers Hélios, voulant des réponses.

-Ce Diabound signifie-t-il réellement le retour de Zorc, Hélios ?

-Je ne sais pas, mais même sans son maitre, cette créature reste incroyablement puissante et dangereuse…dit-il tristement, comme perdu dans ses souvenirs.

-Est-ce que vous parlez de ceci ? Demandai-je en sortant de ma poche la carte de Marie et en lui montrant.

Tout le monde se pencha pour l’examiner et Hélios soupira.

-C’est bien cela, Diabound Kernel est une créature capable d’absorber les pouvoirs de ses ennemis vaincus, jusqu’à devenir quasiment invincible. Je vois qu’il a déjà absorbé l’énergie d’un monstre synchro, et par conséquent, vous devriez vous attendre à une surprise peu plaisante à votre prochaine rencontre…

Il se leva brusquement et enjamba le rebord de la fenêtre pour sortir.

-Je vous conseille d’être prêts, qui sait ce qui se trame dans la tête de cette créature ; dit-il en nous tournant le dos.

Il disparut quelques instants après au coin de la rue, en nous laissant abasourdis. Plus personne n’osait dire un mot. Hélios en savait visiblement plus qu’il ne le laissait paraitre, mais pour une certaine raison, il semblait également craindre ce diabound, c’est pourquoi, je n’ai pas essayé de le retenir. Mais, penser qu’Hélios pouvait être terrifié par quelque chose me donnait des frissons à moi aussi, lui qui semblait ne jamais être troublé par quoi que ce soit, il fallait vraiment que notre ennemi fût incroyablement puissant pour le déstabiliser ainsi.

-Eh bien ; hésita Saya, j’ai l’impression qu’on l’a échappé belle, mais il faudrait s’entrainer encore plus si nous voulons le vaincre ! Nous devrions prévenir tout le club de duel également, tu t’en charges Darksky ?

-Un…Club de duel ? Demanda Laura, un peu perdue.

Je me rendis soudainement compte que je n’avais jamais parlé à Laura de ce projet. Je tremblais déjà à sa réaction. Il fallait que je limite la casse, même si à ce stade, je ne sais pas s’il y avait encore quelque chose à sauver…

-O…Oui, le club de duel, j’allais justement t’en parler, mais chaque jour tu disparaissais, alors, ça a été un peu dur, héhé…

-Mouai, je ne suis pas totalement convaincue non plus ; rétorqua-t-elle.

-Tu ne voudrais pas te joindre à nous par hasard ? Darksky m’a si souvent parlé de tes talents du duelliste, j’adorerais que tu sois des nôtres ! Alors, qu’en dis-tu ?

Laura rougit légèrement lorsque Saya évoqua ses talents.

-Tu…tu le penses vraiment ? Me demanda-t-elle d’une petite voix.

-Oui, pourquoi est-ce que je dirai le contraire ?

-Je…non, oublie ça, j’ai été stupide ; me dit-elle avec un léger sourire. Pour le club, je serais ravie d’en faire partie, ça me permettra de garder un œil sur toi Darksky.

Je savais qu’elle disait ça pour plaisanter, mais je sentais également une pointe de sincérité. Quand comprendrait-elle que sa jalousie était totalement infondée ?…

Saya nous quitta peu après et pour la première fois depuis longtemps, nous dinâmes tous ensembles. Marie s’était remise de son combat, même si elle était encore assez faible. Grand-mère était là comme chaque soir, et Arnold faisait le service. Retrouver cette ambiance égaya un peu cette journée difficile, imprégnée de la menace de Diabound.

La soirée se termina tranquillement, comme de nombreuses autres soirée avant que Gariatron ne surgisse à nouveau dans nos vie. Je n’avais pas encore prévenu Laura que son père était en vie d’ailleurs. J’attendais le bon moment pour lui annoncer. Nous venions à peine de nous réconcilier, je ne voulais pas qu’une chose comme celle-là vienne tout gâcher.

Le lendemain, tout semblait revenu à la normale, comme si tous les événements des jours précédents n’étaient qu’un rêve lointain. Je m’habillais tranquillement, je descendis dans la salle à manger où Marie et Laura prenaient déjà leur petit déjeuner et je partis en catastrophe avec Laura. Alors que nous courions pour arriver à l’heure, Laura se heurta à quelqu’un posté devant les grilles de l’école et tomba à la renverse.

Je l’aidais à se relever et j’en profitais pour regarder qui pouvait bien se tenir là, à nous bloquer le passage. Je la reconnus immédiatement, même de dos, ces cheveux roux, presque rouges se reconnaissaient entre mille.

-Miyako ? Qu’est-ce que tu fais là ? Tu vas être en retard si tu ne te dépêches pas.

Elle se retourna alors et un frisson me parcourut l’échine. Elle n’avait pas l’air d’être dans son état normal. Son teint était extrêmement pâle, ses joues étaient creuse, et ses yeux fixaient un point au loin. Elle semblait également ne pas avoir dormi depuis plusieurs jours, ce qui était absurde en soi, puisque je la voyais tous les jours…Mais le plus étrange était que la veille même, elle paraissait être en pleine forme, un peu triste certes, mais en bonne santé, alors que là, elle semblait tout droit sortie d’un hôpital…

Elle me remarqua au bout de quelques secondes et me parla d’une voix plus faible qu’à l’ordinaire et saccadée.

-Oh, Darksky, tu dois te dire que j’ai une mine épouvantable non ?… Mais ne fait pas attention à moi, je suis juste légèrement fatiguée…Ça ira mieux dans la journée…

-Mais est-ce que tu t’es regardée au moins ? Répliquai-je. Tu devrais rentrer chez toi et te soigner au plus vite, tu ne peux pas aller en cours dans cet état là !

-Ce n’est rien, je t’assure, tant que je peux me tenir debout, je continuerai à…

A ce moment-là, elle s’effondra subitement. J’eus tout juste le temps de la rattraper avant qu’elle ne touche le sol et n’aggrave ainsi son état. Elle était brulante de fièvre. Sans hésiter, je l’amenai à l’infirmerie, et Laura tint à m’accompagner.

Je la déposai délicatement sur l’un des lits comme l’infirmière n’était pas encore là à cette heure matinale et je décidai de rester à son chevet avec Laura en l’attendant.

Nous ne disions rien. Même si elle ne la connaissait pas, Laura semblait inquiète pour la santé de Miyako. Si elle pouvait sembler froide à l’extérieur, elle se souciait plus que n’importe qui des autres.

Une demi-heure passa, puis une heure, et Miyako ne réagissait toujours pas. Nous n’avions pas non plus de nouvelle de l’infirmière qui aurait dû arriver depuis longtemps désormais. Je ne savais vraiment plus quoi faire. Je ne pouvais pas rester ici toute la journée, mais je ne pouvais pas non plus laisser Miyako ainsi.

Je me mis alors à réfléchir sur ce qui aurait pu l’affaiblir à ce point. La dernière fois que je l’avais vu, c’était sur le toit de l’école où elle m’avait donné rendez-vous avec Saya…Non, ce n’était pas elle d’ailleurs, mais une personne lui ressemblant étrangement, mais qui affirmait ne pas être Miyako. Le contraire aurait été impossible de toute façon, étant donné que cette dernière était arrivée juste après nous. Il avait donc dû se passer quelque chose de grave après notre départ, mais quoi ? J’avais beau me triturer les méninges, rien ne me venait à l’esprit et je me mis à faire les cents pas.

-Calme toi un peu, t’énerver ne résoudra pas la situation, ce dont elle a besoin avant tout, c’est de calme ; déclara alors Laura.

-Je sais, je sais, désolé, mais je ne supporte pas me sentir aussi inutile, il faut que je fasse quelque chose !

-Tu ne peux rien faire cette fois, à part espérer qu’elle s’en sorte ; répondit-elle tristement. Je ne sais pas de quel mal elle est atteinte, mais c’est certainement quelque chose qui nous dépasse largement…

Cela m’énervait, mais Laura avait raison. Je résolus donc de m’asseoir et attendre. L’infirmière arriva en catastrophe à l’heure de la pause et se précipita sur Miyako en la voyant allongée. Elle nous demanda également de sortir, et nous n’eûmes pas d’autre choix que de nous exécuter.

Mais je n’avais pas le cœur à retourner en classe pendant que Miyako était allongée là. Au moment où Laura pris le couloir menant à la classe, je lui demandai de prévenir de mon retard prolongé.

-Ou est-ce que tu vas ? Tu ne peux rien faire de plus, il faut que tu te mettes ça dans le crâne. L’infirmière est là à présent, tout ira bien.

-Je ne cherche pas à faire quoi que ce soit, je cherche simplement des réponses.

Laura ne sembla pas comprendre de quoi je parlais, mais je ne lui laissai pas le temps d’en demander d’avantage et je disparus à l’étage supérieur. Si je voulais des réponses, il allait falloir que je commence par la source du problème.

Je montais encore quelques marches avant de me retrouver devant la lourde porte, fermée en temps normale. Sans surprise, elle était ouverte. Cependant, je ne m’attendais vraiment pas à croiser des élèves sur le toit, à cette heure de la journée qui plus est !

Mais les faits étaient là, deux personnes se tenaient debout et discutaient entre eux. Je ne savais pas si je devais les interrompre ou non, mais ils cessèrent d’eux même à mon arrivée. Je reconnus immédiatement les visages.

-Oh, Darksky-sama ! S’écria le garçon en se précipitant à ma rencontre, je ne pensais pas te revoir ici !

-Calme toi un peu Denys ; le réprimanda Julie, tu vas alerter toute l’école.

-Denys, Julie, vous êtes élèves dans cette école ? Demandai-je surpris.

-Nous l’étions ; répondit évasivement la jeune fille. Nous avons subitement eu envie de revenir, comme ça…

-Qu’est-ce que tu racontes ? Tu n’as pas dit qu’on venait ici parce que quelqu’un y aurait aperçu le fantô…

Elle lui donna un coup dans les côtes ce qui le stoppa net dans sa phrase.

-Idiot ! Ne t’occupe pas de lui, il raconte n’importe quoi…

-Mais, Julie, tu m’avais pourtant dit que…

-Inutile d’en rajouter, nous sommes venus ici simplement par nostalgie, compris ? Rien d’autre !

Je m’apprêtais à leur demander ce qu’il se passait exactement lorsqu’un flash de lumière venu de nulle part nous aveugla, et lorsque nous rouvrîmes les yeux, une autre jeune fille se tenait à nos côté, baignée d’une lumière presque surnaturelle. Je fus à nouveau frappé par la teinte de ses cheveux, ils semblaient vraiment flamboyants au sens propre du terme…

Mais elle était là, la réponse à mes questions, celle avec qui tout avait commencé…

-Miya…Commençai-je avant d’être interrompu par l’intéressée.

-Bienvenu, Julie, Denys ; dit-elle d’une voix douce, je vous attendais…


Les deux amis se figèrent instantanément en voyant apparaitre « Miyako » devant eux, Denys poussa même un cri de surprise et faillit tomber à la renverse. Il n’y avait que moi qui ne m’étonnai même plus de la voir ainsi apparaitre alors qu’elle devait être à l’infirmerie en ce moment même. Cela confirmait cependant qu’elles étaient bien deux personnes différentes, mais cela ne me suffisait pas, il me fallait d’autres réponses. Je m’avançai donc d’un pas, mais Miyako me stoppa d’un geste de la main.

-Tout te sera expliqué en temps et en heure Darksky, la précipitation est ton pire ennemi, et ceci, je peux te l’assurer ; dit-elle avec un sourire triste aux lèvres.

Denys reprit ses esprits et fit également un pas en avant, tout en étant peu assuré, comme s’il ne pouvait en croire ses yeux.

-Miyako…est-ce que c’est bien toi ? Chuchota-t-il. Je ne pensais pas te revoir un jour…

-Je ne suis plus Miyako ; déclara-t-elle alors évasivement. Cependant, vous seuls pouvez l’aider à présent, particulièrement toi Darksky.

-L’aider ? Demanda Julie, méfiante.

-Sa vie lui échappe peu à peu, et bientôt, elle ne sera plus que l’ombre d’elle-même, sans pouvoir cependant mourir complètement, une dernière chose la rattache encore à la vie…

-Que veux-tu dire ? S’affola Denys. Miyako est malade ou quelque chose du genre ? Si oui, il faut l’emmener à l’hôpital !

-Malheureusement, les médecins peuvent soigner les blessures physiques, mais certaines blessures morales ne se referment jamais ; le coupa Julie tristement.

La jeune fille étincelante ferma les yeux sans quitter son éternel sourire sans joie avant de s’évaporer simplement dans les rayons du soleil, nous laissant encore plus confus et déconcertés qu’avant.

Denys et Julie étaient visiblement fortement troublés par la visite de celle qu’ils pensaient être Miyako. La jeune fille s’adressa alors à moi.

-Bien, je ne sais pas pourquoi Miyako a mis sa vie entre tes mains mais si elle l’a fait, alors cela signifie que je peux te faire confiance.

-Attends, tu as compris ce qu’elle a dit ? M’étonnai-je.

-Malheureusement oui ; soupira-t-elle. Nous étions venu pour lui, et voilà qu’on se retrouve à nouveau embarqués dans cette affaire ; dit-elle alors à Denys.

-Je te l’avais dit, il ne fallait pas abandonner aussi vite !

-Tu ne trouves pas cela facile de le dire après coup ? Tu ne t’y es pas opposé non plus je te signale…Quoi qu’il en soit Darksky, s’il te plait, aide Miyako. Le mal dont elle souffre, nous ne pouvons rien faire pour elle, mais il semblerait que toi, tu puisses y remédier.

-De quoi souffre-t-elle exactement ?

-De remords ; me répondit Julie.

-De…remords ? Répétai-je sans comprendre. Est-ce que tu pourrais être un peu plus explicite ?

-Ce n’est pas à nous de t’en parler, si Miyako met sa vie entre tes mains, alors c’est à elle de faire le premier pas.

Elle ne voulut rien me dire de plus. Elle passa à côté de moi en entrainant Denys à sa suite avant de descendre les escaliers, me laissant dans l’incompréhension la plus totale. Je ne savais rien du passé de Miyako, c’était un fait. Dans ce cas, pourquoi était-ce à moi de la sauver ? Pourquoi ses deux amis ne pouvaient-il pas s’en charger eux-même ?

J’aurais pu abandonner cette histoire à ce stade, cela m’aurait épargné un travail long et laborieux, mais malgré tout, Miyako nous avait aidés à former le club de duel, je lui devais au moins ça. Et puis, je m’en serais voulu longtemps si j’avais fermé les yeux sur une affaire concernant l’une de mes amies.

Je devais commencer mes recherches en me renseignant sur elle. Youhei semblait en savoir un rayon sur les événements s’étant déroulés dans cette école durant l’attaque du dragon, c’est pourquoi il fut la première personne que j’allai voir.

Je le retrouvai dans la classe à l’heure du déjeuner. Il s’étonna d’abord de me voir arriver à une heure pareille puis remarqua mon air préoccupé. C’est à ce moment que je lui posai la question.

-Encore Miyako ? Dit-il surpris. Je n’en sais pas vraiment plus que toi à vrai dire. Elle était présidente du club de duel et a dirigé la résistance durant la guerre.

-Mais saurais-tu si…elle pourrait avoir fait quelque chose qu’elle regretterait aujourd’hui ?

Youhei eut un hoquet de surprise et écarquilla les yeux, mais se reprit très vite.

-Pas…pas du tout, je ne vois pas de quoi tu veux parler…Enfin, je dois y aller, dis aux profs que je ne serai peut-être pas là cet après-midi !

Avant que je n’aie pu lui en demander davantage, il avait déjà disparu. Voilà qui ne m’avançait pas du tout. Quel était son problème à celui-là encore ? Cependant, il n’était pas le seul à réagir de la sorte. En interrogeant d’autres élèves de troisième année, tous achevaient la conversation dès que je posais la question, si bien qu’à la fin de la pause, je n’en savais pas plus.

Je retournai dans la classe dépité lorsque Saya se précipita sur moi. Je n’étais pas vraiment d’humeur à plaisanter.

-Tu as l’air contrarié Darksky, c’est à cause de Miyako ? Finit-elle par me demander.

-En grande partie ; répondis-je sincèrement. Mais tu ne peux pas m’aider sur ce coup.

-Tu penses vraiment ?

-A moins que tu ne saches ce qu’il s’est passé exactement l’année dernière avec Miyako, j’en doute fort.

Elle n’en demanda pas plus et fila dehors. Qu’avait-elle derrière la tête encore ?…

Laura arriva peu après et me donna quelques nouvelles de Miyako. Apparemment, l’infirmière faisait ce qu’elle pouvait pour la soigner mais il ne fallait pas compter la voir aujourd’hui en classe. Les cours passèrent, Saya ne revenait pas, et l’état de mon amie ne bougeait pas. Le soir, je présentai Laura à Nagisa pour le club de duel comme promis. Nous fîmes quelques matchs, mais je n’arrivais pas à me concentrer. La jeune fille de première année finit par me demander ce qui me tracassait.

-Ce n’est rien, je n’arrive simplement pas à avoir une information.

-C’est au sujet de quoi ? Je peux peut-être t’aider !

Saya arriva exactement à ce moment-là, totalement essoufflée. Nous nous retournâmes tous vers elle. Elle semblait totalement terrifiée.

-Je sais Darksky, je sais ce qu’il s’est passé l’année dernière…

Un grand silence s’installa dans la salle, tous nos regards étaient rivés sur elle, attendant qu’elle s’exprime. Saya finit par parler au bout de quelques secondes.

-Je ne sais pas par où commencer ; hésita-t-elle. Peut-être par le commencement, cela vous permettrait de mieux comprendre.

-C’est si compliqué que ça ? Lui demandai-je.

-Assez. Je vous conseille de bien suivre, parce que même moi, je ne suis pas sûre de tout comprendre. Miyako était la présidente du club de duel comme vous le savez. Elle l’avait fondé lorsqu’elle était en deuxième année avec trois amis : Julie Guardian, Denys Syracuse et Yami Daniel. Je vous passe les détails pour arriver directement à ce qui nous intéresse, c’est-à-dire leur rôle durant la guerre. En tant que présidente du club de duel, Miyako s’est portée volontaire pour diriger la résistance, et c’est là que les choses ont dégénéré. Elle avait sous-estimé la puissance des armées du dragon et ils se sont fait submerger et de nombreux élèves ont été blessés. Ça, ce sont les faits certains, mais après, les informations sont bien plus floues.

-Dis toujours, toute information est bonne à prendre.

-Donc il semblerait que Miyako ait été isolée des autres membres sur le toit de l’école. Elle était cernée, sa dernière heure aurait dû sonner, mais elle est toujours parmi nous. Tu sais pourquoi Darksky ? Parce que vous avez vaincu Gariatron à ce moment-là.

-Tu…tu veux dire que j’aurais sauvé Miyako ? M’exclamai-je.

-En quelque sorte. Mais il a du se passer quelque chose sur ce toit, car en revenant, elle n’était plus la même. Juste après, le club a été dissout et son meilleur ami, ce Yami, a disparu de la circulation.

Je commençais à comprendre d’où pouvaient provenir ces remords dont Julie parlait. Non seulement son club n’était plus, mais en plus, elle avait voulu protéger tout le monde mais n’avait rien pu faire finalement. C’était elle qui avait entrainé les élèves à se révolter et tout ce qu’elle avait obtenu, c’était une cuisante défaite. Sans Drago, elle ne serait même plus de ce monde.

Je connaissais ce sentiment d’impuissance, lorsque Marie avait été enlevée par Hélios et lorsque Laura était devenue incontrôlable. Je m’étais senti l’homme le plus inutile au monde, et sans Saya, Angéla et Drago, je serais certainement encore à me lamenter.

Je me sentis soudainement bien plus proche de Miyako qu’auparavant. Si elle avait vécu la même chose que moi, je ne pouvais pas la laisser dans cet état. Je ne devais plus agir en tant que simple ami redevable, mais en tant que guide pour la sortir d’une situation face à laquelle elle ne pouvait rien faire seule.

Mais une dernière chose m’échappait encore pour comprendre cette histoire.

-Comment as-tu réussi à obtenir ces informations ? Lorsque j’ai interrogé les troisièmes années, personne ne voulait m’en parler.

-J’ai simplement interrogé plus de personne que toi ; répondit-elle en haussant les épaules.

-Mais il y a quelque chose qui cloche ; intervint Laura, l’air contrarié.

-Ah oui ? Quoi donc ? Demanda Nagisa.

-Cela n’explique en rien le problème de Miyako. Certes, elle s’en veut, certes elle ne peut accepter son passé, mais toi non plus Darksky tu ne pouvais pas, et pourtant, ta vie n’a pas été menacée pour autant…

-Que veux-tu dire ?

-C’est très simple Darksky, tu avais peut-être tout perdu, mais ton espoir, lui, ne s’était pas envolé, tu voulais que tout redevienne comme avant, de tout ton être. Mais j’ai comme l’impression que Miyako au contraire se laisse dépérir d’après ce que vous nous dîtes.

Les paroles de Laura résonnèrent dans mon esprit et se recoupèrent avec celles de la fille de lumière. Vouloir mourir tout en redoutant de laisser quelque chose derrière soi, c’était un sentiment courant parmi les personnes que je connaissais. Ce quelque chose la rattachant encore à la vie, pouvait-il être le nouveau club de duel ? Ou bien était-ce quelque chose de plus complexe ?

Quoiqu’il en fût, je tenais très certainement une piste me menant directement à la solution du problème.

Je remerciais Saya de son aide puis je m’excusai auprès de Nagisa avant de filer à l’infirmerie. Avec un énorme soulagement, je vis Miyako éveillée sur son lit, regardant le soleil se coucher par la fenêtre. Elle était toujours incroyablement pâle, ses cheveux avaient perdu toute leur couleur de feu, mais elle semblait aller légèrement mieux. Ses joues n’étaient plus creuses comme le matin et ses cernes étaient moins visibles. Lorsqu’elle me vit, elle me regarda avec des yeux emplis d’une tristesse infinie.

-Alors comme ça, tu sais à présent ? Dit-elle d’une voix lasse.

J’hochais la tête en guise de réponse. Elle soupira puis sourit.

-Je ne veux pas que tu sois impliqué dans cette histoire , laisse tomber avant que cela ne dégénère à nouveau, à moins que tu ne sois prêt à quitter aussi vite ta vie tranquille.

-Une vie tranquille ? Moi ? Ces deux choses sont totalement incompatibles !

Elle rit légèrement.

-Je le sais bien, je le sais bien…Mais avant tout, je dois te prévenir, une fois engagé sur ce chemin, tu ne pourras plus faire marche arrière. Mes amis l’ont compris eux. Et toi, te sens-tu à la hauteur ?

-Je te rappelle que j’ai combattu le dragon en face à face et je m’en suis sorti vivant, alors je peux supporter n’importe quoi à présent je pense.

-J’ai bien fait de te choisir j’ai l’impression…

-Alors dis-moi Miyako, que se passe-t-il exactement ?

-Elle ne te l’a pas encore dit ?

-« Elle » ? Demandai-je confus.

-Hikari Miyako, la véritable Miyako, celle qui est morte le dernier jour de la guerre en même temps qu’un de ses amis les plus chers.


A ce moment, j’aurais dû, en temps normal, sauter au plafond, mais plus rien ne m’étonnait aujourd’hui. Je pouvais facilement accepter que Miyako ait un double d’elle-même, cela ne me semblait pas plus fou que de combattre un dragon vieux de plusieurs millénaires après tout.

-Elle m’a simplement dit quelque chose comme quoi tu ne serais bientôt plus que l’ombre de toi-même…Est-ce vrai ?

Elle soupira à nouveau.

-Je ne suis déjà plus que l’ombre de celle que j’étais auparavant, comment pourrais-je me fondre encore plus dans les ténèbres ?

-Comment voudrais-tu que je le sache ? Je ne fais que rapporter ce qu’on me dit, rien de plus. Cependant, elle a aussi rajouté que quelque chose te raccrochais encore à la vie.

-Peut-être bien ; répondit-elle évasivement. Il y a encore une chose que je dois faire ici et que je ne peux laisser derrière moi.

-Et quelle est cette chose ? Demandai-je intrigué.

Elle ignora ma question pour en poser une à son tour.

-Darksky, m’accorderais-tu une faveur ?

-Euh, oui, pourquoi cela ?

-Aide-moi à aller sur le toit de l’école, je dois y faire quelque chose…

Je hoquetai de surprise.

-Dans ton état ? Tu ne peux pas attendre un peu ? Demain je serai ravi de t’accompagner mais maintenant…

-Non, je dois y aller, j’ai fait trainer les choses bien trop longtemps à présent, il est temps que cela cesse.

Je finis par céder à sa requête. Je l’aidai à se mettre debout. Au début, elle tremblait encore sur ses jambes, mais elle arriva tout de même à tenir en s’appuyant à mon épaule. Lentement, nous sortîmes de l’infirmerie. Je sentais que le moindre faux pas serait fatal pour Miyako, elle qui avait déjà du mal à respirer et qui semblait souffrir à chaque pas. Mais elle n’abandonnait pas, elle continuait courageusement à marcher dans la cour. Nous nous arrêtâmes plusieurs fois afin qu’elle reprenne son souffle, mais nous finîmes par arriver au bâtiment principal, et un autre défi se dressa devant nous : les escaliers. Je doutai fortement qu’elle ait pu les monter, même avec mon aide, c’est pourquoi, je lui proposai de la porter sur mon dos. Elle refusa en premier lieu, mais arrivée au premier étage, elle craqua.

Durant notre ascension, elle me posa une question étrange :

-Dis-moi Darksky, pourquoi fais-tu tout cela pour moi ? On se connait à peine après tout, et le peu que tu as vu de moi a dû t’être détestable.

-Tu te trompes, sans toi, le club de duel n’aurait jamais pu voir le jour. Et d’ailleurs, pourquoi tenais-tu tant à le reconstruire ?

-En tant qu’ancienne présidente, voir quelqu’un se donner autant de mal m’a rappelé de bons souvenirs je suppose.

-Mais est-ce que tu ne cherchais pas quelque chose en faisant cela ?

-Que veux-tu dire ?

-Je sais que tu as énormément perdu après la guerre, dont ton club. C’est pourquoi, je me disais que peut-être, inconsciemment, tu voulais retrouver une chose que tu avais perdue, peut-être une époque ou un sentiment, je ne sais pas…

-Je ne savais pas que tu étais psychologue ; dit-elle ironiquement.

-Je ne le suis pas, je suis simplement passé par la même chose que toi…

Elle attendait visiblement que je développe ma pensée, mais nous étions arrivés devant la lourde porte. Je la posai délicatement à terre. Elle semblait déjà aller mieux et pouvait se tenir debout sans mon aide à présent.

J’enfonçai la poignée et la lumière rougeoyante du soir nous éblouit immédiatement. Nous nous avançâmes dans ce paysage de feu jusqu’au rebord du toit de l’école. Je ne pouvais m’empêcher de remarquer à nouveau la beauté de la ville vue de haut dans la lumière crépusculaire. Une brise légère soufflait également.

Miyako regardait frénétiquement autour de nous, comme si nous étions encerclés. Je pouvais la comprendre après ce qu’il s’était passé ici d’après Saya…

Son regard s’arrêta sur un point précis et s’en rapprocha. Je la suivis et je remarquai alors comme un vestige de fissure dans le sol. Elle observait l’endroit tristement, comme perdue dans ses souvenirs. Au bout d’un moment, je me décidai à lui demander.

-Que s’est-il passé exactement ici Miyako ?

-Tu m’obliges à me remémorer des souvenirs que j’essayais d’oublier, tu es méchant…répondit-elle avec un léger sourire avant de fermer les yeux. Mais, si je suis venue ici, ce n’est pas pour oublier, non, je suis ici pour m’excuser auprès de nombreuses personnes que j’ai blessées, que j’ai exposées au danger et que je n’ai su protéger…

Je vis quelques larmes étincelantes couler sur son visage avant d’être emportées au loin. Je ne dis pas un mot. Elle ne semblait plus s’adresser à moi mais à des personnes invisibles issues de ses souvenirs.

-J’ai vraiment été la pire des chefs durant la guerre…Je pensais vraiment pouvoir mener la résistance…Mon orgueil était si grand, je l’ai payé très cher au final. Non seulement je n’ai rien pu faire, mais ce sont mes amis qui ont été obligés de me protéger…Je devais les guider, être un modèle pour tous ceux ne pouvant rien faire, ils avaient confiance en moi, et qu’ai-je fait ? Rien ! Absolument rien ! J’ai été pathétique, inutile, totalement dépassée par la situation, incapable de réagir, incapable même de me protéger moi-même. C’est moi qui aurais dû mourir ce jour-là ! Je le méritais.

-Non, Miyako, c’est moi qui aurais dû mourir ; dit alors une nouvelle voix sortie de nulle part.

La jeune fille leva la tête, le visage à présent couvert de larmes, et aperçut une lumière devant elle, une lumière qui prit rapidement forme humaine.

-Oui, cette partie de moi est morte, l’ancienne Miyako, la présidente du club de duel, joyeuse et attentionnée, toujours entourée de ses amis. Alors pourquoi viens-tu encore me hanter ?

-Parce que, je suis toi Miyako, et tu es moi. Je ne peux pas mourir totalement tant que tu vivras, car je suis en toi. J’attends simplement que tu viennes me sortir d’un long sommeil.

La fille de lumière tendit une main vers Miyako. Celle leva la sienne, tremblante et hésita une seconde. L’autre continuait de sourire, imperturbablement. Elle finit par la prendre en lui rendant son sourire.

Au moment où elles se touchèrent, un éclat lumineux m’aveugla et lorsque je rouvris les yeux, j’étais seul, tout était sombre autour de moi. Il faisait nuit, et j’entendais comme des bruits de combat en contrebas. Soudainement, je vis Miyako arriver, poursuivie par une dizaine d’hommes de Shadow. Ils l’acculèrent jusqu’au rebord, mais elle ne se laissa pas faire et continua de se battre. Cependant, ils étaient bien plus forts qu’elle et ses monstres furent balayés en un rien de temps.

Elle était à présent sans défense et ne pouvait plus s’échapper. Une terreur immense s’installa dans son regard. C’est à ce moment précis qu’un garçon de mon âge débarqua comme une furie en criant son nom. Grace à l’effet de surprise, il put faire tomber deux hommes par-dessus la balustrade. Mais au lieu de s’écraser, ils s’évaporèrent dans une sorte de fumée noirâtre, ne laissant aucune trace de leur passage.

Les survivants reportèrent leur attention sur le nouveau venu et l’encerclèrent à son tour. Je vis Miyako qui tentait de se relever mais elle retomba aussitôt.

-Vous ne toucherez pas un seul cheveu de Miyako ! S’écriait le garçon.

Malheureusement, il ne faisait pas le poids non plus, et fut vaincu à son tour. Un cercle noir se forma à ses pieds et il hurla de douleur. Miyako, dans un effort désespéré, se remit sur pieds, mais le garçon lui fit signe de ne pas approcher.

-Ne t’occupe pas de moi Miyako ; articula-t-il. La victoire est plus importante que ma propre survie, et toi seule peut nous l’apporter !

-Je refuse de faire une telle chose, gagner en sacrifiant ses amis n’apportera jamais rien de bon !

-Je te fais confiance Miyako, s’il te plait…met fin à tout cela…

Une flamme nouvelle s’alluma dans les yeux de Miyako et elle apparut, la fille de lumière, comme un esprit flottant au-dessus de mon amie. Elle se jeta sur les hommes de Shadow et ils disparurent instantanément. Cependant, juste avant qu’ils ne sombrent dans la lumière, j’entrevis comme un éclat noir s’échapper de la main de l’un d’entre eux, éclat noir qui alla se planter directement dans le cœur de la fille de lumière.

Elle poussa un cri de douleur et disparut dans les ombres. Juste après cela, Miyako s’évanouît.

Je rouvrais les yeux en sursaut. J’étais encore sur le toit de l’école, mais il n’était plus question de combat mortel, simplement de coucher de soleil sur une ville tranquille.

Je tournais la tête vers Miyako. Elle était à nouveau seule. Quelques larmes coulaient toujours sur ses joues, mais toute sa tristesse semblait s’être envolée.

Je ne comprenais rien à ce qu’il venait de se passer, mais le résultat était que la jeune fille semblait aller beaucoup mieux à présent. Je m’approchai prudemment d’elle. Elle se releva en me voyant arriver.

-Tout va bien Darksky, ne t’inquiète plus pour moi, je vais bien à présent…Dit-elle faiblement. J’ai enfin pu faire ce que j’aurais dû faire il y a longtemps…

-Miyako, est-ce que je peux te poser une question ? Osai-je demander.

-Oui ?

-Regrettes-tu toujours le passé ?

Elle me regarda d’un air surpris, avant de comprendre et de sourire légèrement.

-Longtemps, j’ai maudit mes actions. Je pensais que tout cela était de ma faute, et effectivement, cela l’était. Je ne voyais les choses que d’un seul point de vue, celui de la chef lamentable que j’ai été durant la guerre…Cependant…j’ai réalisé que les choses auraient pu aller bien pu mal si je n’avais rien fait…

-C’est aussi ce que je pense.

-Qu’est-ce que tu en sais ? Tu n’étais même pas là ; répliqua-t-elle.

-Non, mais comme toi, j’ai eu des remords pendant longtemps. Lorsque Laura est partie vivre en Angleterre, j’ai d’abord pensé que nous n’aurions jamais du nous rencontrer, que si nous ne nous étions jamais connus, jamais je n’aurais souffert ainsi après son départ. C’était la vérité, comme pour toi, et comme toi, j’ai réalisé que ma vie aurait été pire sans notre rencontre. Je n’aurais jamais connu toutes les joies de passer de temps avec elle sur la falaise, les joies du duel, les joies de la voir tout simplement.

-Et qu’est-ce que tu essaies de me dire avec cette belle histoire ?

-Simplement que je connais le fardeau que tu as supporté et que je suis heureux que tu aies pu accepter ton passé toi aussi.

-Malheureusement, tu te trompes sur ce point-là mon cher. Il y a une dernière chose que je dois accomplir avant de pouvoir l’accepter entièrement…

-Quoi donc ?

-Ah, ça, tu n’as pas à le savoir aujourd’hui, mais un jour viendra où tu découvriras tout le poids de mon fardeau, car, en acceptant de m’aider, tu as également accepté de le partager avec moi.

-Et je tiendrai ma promesse, quel qu’il soit ! Affirmai-je.

-En attendant que ce jour vienne, j’aimerai te demander une autre faveur…

-Laquelle ?

-Je ne suis pas la seule à avoir un lourd passé à cause de la guerre. Au contraire, je suis peut-être celle avec le plus léger. C’est pourquoi, j’aimerai que tu aides ces personnes également, toutes ne sont pas aussi fortes que toi et pourraient sombrer à la moindre récidive…

-Est-ce que tu penserais à…

Elle hocha la tête pour toute réponse, et se dirigea vers la porte en boitant légèrement. Au moment où elle allait appuyer sur la poignée, cette dernière s’ouvrit brutalement et une mèche de cheveux blonds comme le soleil apparut. Miyako recula précipitamment pour éviter la porte, quant à moi, je fis un bond de deux mètres en voyant par l’entrebâillement les personnes qui se tenait sur le pas ; quatre filles que je n’aurais jamais cru revoir de sitôt.

-Cela faisait longtemps Darksky, n’est-ce pas ?





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

Hikari Miyako: la voie des ténèbres



Spoiler :


Jamais je n'ai voulu une telle chose. D'ailleurs, jamais je n'aurais pu penser, pas même une seconde, que cela pourrait arriver. Et pourtant, tout ceci était la réalité. Une réalité trop dure à accepter? Peut-être bien après tout. Peut-être que je me voilais la face, peut être que j'essayais inconsciemment d'oublier tout cela, de faire une croix sur le passé et de repartir de zéro en rejoignant le club de duel. Et pourtant, ces souvenirs continuent de me hanter, jours après jours. J'y repense, sans arrêt. Chaque nuit, je vois leur visage déformé par la douleur et le désespoir. Je les vois m'appeler à l'aide, je les vois chuter les uns après les autres, puis je me vois moi, immobile, incapable de bouger, paralysée par la peur. Je ne peux qu'observer la scène.

Mais, si j'étais intervenue dans ce conflit, cela aurait- Il réellement changé le cours des événements? Avec ma force actuelle, je n'aurais certainement été qu'un fardeau supplémentaire à protéger pour mes camarades qui se battaient déjà pour leur propre survie. C'est ce que tout le monde répétait pour tenter de me consoler, mais je savais au fond de moi que ce n'était pas la vérité. J'étais leur chef, la présidente du club, c'était à moi de les protéger! Mais je n'ai rien fait par peur d'engager un combat perdu d'avance! Cependant, il y a une chose dont je suis sûre: si j'étais intervenue plus tôt, j'aurais au moins pu le sauver lui…

Nous étions quatre au départ, deux garçons et deux filles. Notre petit groupe se composait de Denys Syracuse, le plus musclé de la bande. Un mètre quatre-vingt-cinq, les cheveux noirs et courts, le visage carré, prenant de la place partout où il allait et parlant fort pour un rien, il nous faisait souvent rire involontairement. Sous ses airs de brutes, il cachait en réalité un bon fond. Venait ensuite Julie Guardian, ma meilleure amie. Nous la connaissions depuis son arrivée d'Amérique lorsqu'elle avait cinq ans. Elle était toujours très sombre, ne parlant que peu, mais c'est cela qui faisait son charme. Elle avait toujours une natte tressée avec soin le matin et de temps en temps, portait des lunettes ou des lentilles de contact selon son humeur. Elle était aussi légèrement plus petite que moi mais n'en restait pas moins bien plus grande que la moyenne des filles de notre lycée du haut de son mètre soixante-huit. Le troisième membre s’appelait Daniel Yami, surnommé dan par tous. Il était un peu le mélange entre les deux avec ses cheveux noirs jamais coiffés, son caractère aussi bien ténébreux qu'enjoué et ses blagues ne faisant rire que lui. Et enfin, il y avait moi, Hikari Miyako. On me considérait un peu comme la meneuse, bien que je n’aie jamais pensé un seul instant que nous pouvions avoir un chef.

Nous nous connaissions depuis si longtemps que nous avions l'impression d'avoir toujours été ensemble. Chacun avait sa personnalité propre, ses idées, ses petits secrets, mais une chose nous réunissait tous: le duel de monstres. C'était notre passion commune. En primaire, puis au collège, nous ne pensions qu'à cela. Il ne se passait pas une journée sans que nous nous affrontions.

Il y avait un parc dans notre ville ou nous allions trainer après les cours. C'était l'endroit idéal pour s’entrainer sans être dérangé. Tous les voyous l'avaient fui à cause d'une certaine duelliste incroyablement puissante qui faisait régner l'ordre. Nous ne l'avons jamais rencontrée bien entendue, ce n'était rien d'autre qu'une légende urbaine. Peu à peu, nous progressions, mais pas assez vite. Nous nous amusions bien, certes, mais je voyais beaucoup de nos camarades progresser bien plus vite que nous.

Ce n'est qu'à notre seconde année de lycée que nous eûmes l'idée de former un club de duel. Ce fut la certainement la plus grosse erreur de notre vie…


chapitre 1: un départ prometteur


Nous étions dans la cour, en train de regarder un passionnant match de football, ou Dan jouait. Il y jouait depuis toujours et avait finalement réussi à entrer dans L'équipe du lycée. Nous étions tous très contents pour lui. Mais nous concernant, nous n'avions trouvé aucune activité à pratiquer durant cette année en seconde. Il y avait cependant l'embarras du choix: basket, tennis, natation, volley, badminton… Nous étions obligés de nous inscrire quelque part, c'était la tradition.

Julie et Denys étaient partis se renseigner pendant que moi, j'encourageais dan. Il était attaquant. Il répétait sans cesse que la défense n'était faite que pour ceux aimant se cacher. J'étais assez d'accord avec lui, même si je ne voyais pas le monde d'une façon aussi radicale.

Je recentrai mon attention sur le match. Il avait la balle et se rapprochait de plus en plus des cages. Il n'y avait aucun défenseur entre lui et le gardien. Il tira. L'autre arrêta son tir de justesse.

Je ne pus réprimer un soupir de déception. A présent, l'équipe adverse se dirigeait droit vers son camp avec le ballon. Dan était le plus rapide, il aurait pu les arrêter sans problème, mais il ne se repliait pas. Il restait en première ligne. Si je ne le connaissais pas, j'aurais certainement dit qu'il était épuisé ou qu’il campait, mais je savais que cela faisait partie de sa stratégie de "non défense". Alors que toute l'équipe adverse se trouvait de l'autre côté du terrain, il restait seul au milieu avec quelques défenseurs.

Il avait vu juste encore une fois. Son équipe réussi à reprendre la balle et à lui envoyer. Marquer après cela n'était qu'un jeu d'enfant.

Ni le gardien ni les défenseurs ne le virent venir et il marqua. Je l'acclamai avec tous mes camarades. C'était déjà le deuxième but qu'il marquait aujourd'hui. Le sifflet retentit quelques minutes plus tard, achevant le match sur un score de 2 à 0.

Je retrouvai Dan pour le féliciter juste après.

-Joli match, je vois que tu es toujours aussi fort qu'avant; lui dis-je avec une tape amicale dans le dos.

-C'était un travail d'équipe; répondit-il avec sa modestie habituelle.

Denys et Julie nous rejoignirent également et nous allâmes tous prendre un déjeuner bien mérité. A table, je leur racontai les exploits de Dan, lui les niait, Julie ne disait rien et Denys parlait fort. Une journée tout à fait ordinaire en elle-même. Elle l'était jusqu'à ce que dan nous demande ou en étaient nos recherches.

-Bonne nouvelle; lui répondit Denys d'une voix forte, figure toi que nous avons trouvé quelque chose qui devrait tous vous intéresser! Pas vrai Julie?

-Évite de parler la bouche pleine, j'essaie de me reposer; se contenta-t-elle de dire en entamant son plat.

-Pourquoi faut-il toujours que tu me rabaisses? ! Gémis Denys. Enfin, je disais donc, reprit-il une fois remis de ses émotions, j'ai vu une annonce, "formez votre club" dans le couloir!

-Tu comptes réellement former ton propre club? Dit Dan surpris. Personne ne s’inscrirait en voyant ta tête…

-Rigole tant que tu le veux, Rétorqua-t-il calmement, il était habitué aux plaisanteries de Dan.

-En effet, si nous mettions une affiche avec la tête de Denys en gros plan, personne ne viendrait; reprit Julie froidement.

-Ah, mais qu'est ce qui cloche avec ma tête! Se lamenta- t- Il en se prenant le visage dans les mains.

-C'est pourquoi; continua Julie en l'ignorant royalement, nous avons eu une idée, ou plutôt j'ai eu une idée. Elle se tourna alors vers moi. Miyako, tu es populaire auprès des élèves et auprès des professeurs comme tu es la déléguée.

-Attends, ne me dis pas que…Répliquai-je en sachant ce qu'elle allait dire…

-Deviens présidente de notre club.

Ils étaient si prévisibles… Malgré cela, je fis les yeux ronds en entendant sa demande. Je savais bien qu'il fallait quelqu'un pour présider le club et le représenter, mais je ne me voyais vraiment pas prendre la tête du groupe et ils le savaient. Je n'avais pas une âme de chef, contrairement à dan. Lui aurait fait un excellent président, mais il avait déjà son club.

Mon regard se balada sur mes amis ici présents. Denys, comme Julie l'avait si bien dit, ne pourrait jamais présider un club, ses airs de brute discréditeraient le sérieux du club. Quant à elle… La connaissant, elle serait incapable de parler en public, ne serait-ce pour faire un discours de bienvenue… Ce qui ne nous laissait plus que moi. Je soupirai.

-Je n'ai pas vraiment le choix j'imagine… Et quel genre de club voulez-vous monter?

-Quelle question! Un club de duel! S’écria Denys en frappant la table de son poing.

Je restai interdite, tout comme Dan. Nous ne pouvions qu’écarquiller les yeux bêtement. Devant notre incompréhension, Julie reprit la parole d'un ton las.

-C'est la seule discipline dans laquelle nous ne nous débrouillons pas trop mal. De plus, si nous faisons nos preuves, plus personne ne pourra dire que nous perdons notre temps, vous me suivez?

-Plus ou moins; répondit dan, sans avoir l'air de comprendre pour autant. Donc en résumé, vous trois allez créer un club de duel et Miyako serait la présidente, et serait en charge de recruter d'autres membres, c'est bien cela?

-Ce n'est pourtant pas si compliqué; lui lançai-je en haussant les épaules.

-Eh bien en fait, c'est plus compliqué que ça…Dit Denys en grimaçant. Le projet est une chose, mais nous ne sommes que trois, et le nombre de membres minimal est de quatre. Pour couronner le tout, nous n'avons qu'une semaine pour recruter ce quatrième membre, sans quoi, le club sera qualifié de "sans intérêt" puis fermé.

-Encore ce conseil des étudiants? Soupirai-je. J'ai entendu dire que depuis l'arrivée de son nouveau président, Olivier Lesage, il y avait eu énormément de changements…

-Cette règle existe depuis toujours; rétorqua Julie, elle n'était tout simplement pas appliquée. Mais les règles sont les règles, donc autant nous mettre au travail au plus vite.

-J’ai hâte de voir votre club de duel, je vais vous aider à faire vos affiches, ça vous laissera le temps de recruter plus de monde ; proposa Dan.

Nous nous mîmes d’accord sur les rôles de chacun dans cette affaire. Julie devait écrire les textes, Denys, lui, devait parler de ce projet à tous les élèves pour qu’il soit déjà connu, Dan s’occupait des affiches, quant à moi…Je n’avais pas de rôle particulier à part me préparer mentalement à être présidente du club.

Nous nous séparâmes après les cours pour accomplir nos tâches respectives. Je restai encore un peu en classe pour veiller à ce que tout soit à sa place. Le rôle de déléguée était prenant mais non pas désagréable. Et puis, ça me donnait une certaine notoriété auprès des autres élèves. Une fois que je me fus assurée de ces détails, je rangeai mes affaires et je me préparai à rentrer chez moi.

Je marchais lentement dans le couloir, je n’avais jamais aimé me presser, je préférai que chaque chose arrive lorsqu’elle devait arriver. C’était d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je n’arrivais toujours pas à trouver ma voie dans la vie. Denys, Julie, Dan, tous savaient ce qu’ils allaient faire après le lycée, mais moi non. Ce n’est pas que je n’avais aucune ambition, mais plutôt que je n’arrivais pas à me projeter dans un futur aussi lointain. Pour moi, le moment présent était déjà bien assez riche en événements, il était inutile de chercher à contrôler une chose aussi incertaine qu’est l’avenir. Les gens autour de moi s’étonnaient lorsque je leur répondais que je ne savais pas ce que je voulais faire, mais je leur répondais toujours avec le sourire. Oui, cela me faire rire au fond de moi qu’autant de personne s’inquiètent pour si peu. Je trouverai le moment venu ma voie, je n’ai pas à forcer le passage de l’avenir, voilà ce que je voulais leur répondre, mais je savais bien qu’ils ne me comprendraient pas, alors je ne disais rien.

Je m’arrêtai devant les escaliers et je remarquai pour la première fois que la porte menant à la terrasse de l’école était ouverte. Intriguée, je décidai d’aller jeter un coup d’œil.

Je poussais la lourde porte pour me retrouver dehors. Il faisait encore frais en ce début d’année scolaire, mais le soleil couchant me réchauffait un peu. Je m’avançai plus au bord et c’est là que je découvris la magnifique vue. Je pouvais voir absolument toute la ville depuis ce promontoire. Devant moi s’étendait la mer, cette vaste étendue d’eau, scintillant d’un éclat rouge comme le sang sous les rayons de l’astre solaire. En tournant légèrement mon regard vers la gauche, je vis une haute falaise, s’élevant au-dessus de l’eau, comme un aigle prenant son envol. Vers la droite, je distinguais la forêt bordant la ville. Il s’étendait elle aussi à perte de vue, jamais je n’aurais pensé qu’elle pût être aussi grande. Plus au sud, le parc se démarquait des immeubles gris par sa végétation verdoyante. Je tentai d’y discerner Denys ou Julie, mais vu d’ici, tout le monde ressemblait à des fourmis.

Après avoir admiré ce paysage magnifique quelques minutes, je me décidai à rentrer à la maison. C’est alors que je vis sur les grilles de sécurité un petit objet brillant. Une paire de clés, certainement celles de la terrasse, était accrochée là. Un mot était également joint.

« Là où tout a commencé, la clé ouvrant la seule porte que l’homme n’a créé. H.Y »

Cette phrase n’avait aucun sens…Mais dans le doute, je pris tout de même les clés avec moi, Julie saurait certainement déchiffrer un tel message.

Il était dix-huit heures passé lorsque j’arrivai chez moi. Il n’y avait personne pour m’accueillir, mais j’étais habituée depuis le temps. Mon père est mort lorsque j’avais deux ans dans un accident d’avion, et depuis, ma mère m’élevait seule, mais elle ne s’en est jamais remise. Selon les médecins, le moindre choc la détruirait elle aussi. Je connaissais depuis ce jour-là la peine qu’elle devait supporter, c’est pourquoi, j’essayais d’alléger son fardeau le plus possible. Je lui remontai le moral lorsqu’elle pensait un peu trop à mon père, je préparais les repas depuis déjà trois ans, c’était même moi qui faisais les courses, je ne voulais pas qu’elle ait la moindre raison de s’inquiéter. Mais je voyais qu’elle se laissait glisser, lentement mais sûrement. Tout ce que je pouvais faire était de retarder l’heure où elle irait rejoindre mon père…

Je posais mes affaires et je me dirigeai vers la cuisine pour cuisiner le diner. Ma mère arriva à dix-neuf heures du travail.

-Bon retour maman ! Lui lançai-je depuis la cuisine.

-Je suis rentrée Miyako ; répondit-elle d’une voix rauque.

Elle entra dans la cuisine. Son visage était celui d’une personne épuisée, et pour cause, elle se surmenait plus que jamais depuis la mort de mon père pour oublier sa peine.

-Miyako, encore en train de préparer le diner ? Tu n’as pas des devoirs à faire ?

-Très peu, et puis, c’est en cuisinant tous les jours que je m’améliore. D’ailleurs, c’est prêt. Tu peux aller t’asseoir, je t’amène tout ça sur le champ.

Je lui servis son plat puis je pris place en face d’elle avant de lui raconter ma journée, comme je le faisais tous les soirs. Je lui parlai donc du projet de club de duel, avec moi en tant que présidente du club.

-C’est formidable Miyako. Ce n’est pas tout ce dont tu as toujours rêvé ?

-Pas vraiment non…Je ne sais pas si je serai à la hauteur de cette responsabilité…

-Mais qu’est-ce que tu nous dis là Miyako ? Tu as tout à fait la carrure d’un chef. Il suffit de voir le travail que tu accomplis ici, c’est tout bonnement fantastique.

-Oui, mais il n’y a que toi ici, alors que je devrai parler devant une foule d’inconnus qui me jugeront sur ce que je dirai…

-Une foule d’inconnu ou moi, il n’y a aucune différence Miyako. Tant que tu fais de ton mieux, tout ira bien, je peux te l’assurer ; dit-elle en me regardant dans les yeux.

-Merci Maman.

Elle m’embrassa puis je débarrassai la table avant de prendre la direction de ma chambre. Je regardai mes messages. Tout le monde avait tenté de me joindre apparemment, et bêtement, j’avais encore oublié de rallumer la sonnerie après les cours…

Je me contentai de lire leur message. Il n’y avait rien de passionnant. Dan me disait qu’il allait manquer de papier, Julie quant à elle semblait avoir fini sa part du travail, et Denys…comme d’habitude, il avait fait fuir les autres…

Tout le monde s’investissait tellement dans ce projet qui me semblait fou…Je me devais de faire quelque chose également. Je me mis à mon bureau et je tentai d’écrire quelque chose qui attirerait les gens…

J’y passais plusieurs heures, ma corbeille était remplie de boulettes de papiers, et je n’avais toujours rien…Je finis par m’endormir toute habillée avec la lumière allumée.

Evidemment, il va sans dire que le lendemain, j’étais épuisée. C’était peut-être le seul défaut du rôle de déléguée, ne pas pouvoir dormir en classe. Je dus donc tenir bon jusqu’à la pause déjeuner, où mes amis vinrent me rejoindre.

-Tu as une mine patibulaire Miyako, je pense que tu as besoin de sommeil ; me dit Dan.

-Toujours aussi fort pour constater l’évidence toi ; railla Julie.

-Ce…Ce n’est peut-être pas évident pour tout le monde ! Tenta-t-il de se défendre.

-Laissez un peu Miyako tranquille vous deux, intervint Denys, vous ne voyez pas qu’elle est fatiguée ?

Deux regards foudroyants fusèrent vers lui et il recula, effrayé. Imaginer la suite de la discussion me fit rire, mais je le cachais, je voulais vraiment voir ce qu’il allait se passer.

-Qu’est…Qu’est-ce que j’ai dit ?

-Mais qui nous a collé un boulet pareil…Soupira Julie. Tu es vraiment irrécupérable tu le sais ?

-Eh, excuse-moi de ne pas avoir suivi toute la conversation alors !

-Et voilà, c’est reparti…murmura Dan l’air lassé.

Je me levai pour arrêter ça parce que je savais que si ça continuait, je ne pourrais jamais me retenir de rire plus longtemps.

-Ca suffit vous trois, vous n’avez rien de mieux à faire que de vous chamailler ? D’ailleurs Julie, j’ai quelque chose pour toi.

-Vraiment ?

Je sortis de ma poche les clés trouvées la veille et je les lui montrai, ainsi que le message qui y était accroché. Elle l’examina quelques instants avant de prendre un air sûre d’elle.

-Ça ne fait aucun doute, ce message est codé !

-Merci, mais je l’avais deviné toute seule ça tu sais…

-O…oui, je le savais ; bégaya-t-elle.

J’étais la seule du groupe contre qui Julie n’osait jamais monter la voix, et j’en profitais souvent pour la mettre mal à l’aise. C’était assez amusant de la voir perdre tous ses moyens alors qu’en temps normal, c’était elle qui déstabilisait les gens.

-Je pensais que tu aurais su, mais il semblerait que non ; dis-je déçue. Je crois que ce papier est simplement bon pour la poubelle…

-Attends, donne-le-moi ! M’arrêta-t-elle. Je voudrais l’étudier un peu, je sens que ce n’est pas aussi dénué d’intérêt que ça en a l’air.

-Comme tu veux, mais je garde les clés. Et en parlant d’elles, j’ai un endroit sympathique pour déjeuner, vous voulez le voir ?

Ils acquiescèrent tous et je pris la tête du groupe pour monter sur le toit. Les disputes continuaient encore un peu, mais s’atténuaient progressivement, comme souvent.

J’ouvris la lourde porte avec la clé trouvée la veille et nous nous avançâmes dehors. Le soleil brillait haut dans le ciel à cette heure, mais le paysage n’en était que plus beau. Tous furent émerveillés comme je l’avais été la veille. Denys semblait être le plus intéressé. Il faisait le tour en poussant des exclamations de surprises. Julie, bien que ne montrant rarement ses émotions, semblait elle aussi surprise de la vue.

-Tu es sûre qu’on a le droit d’être ici ? Me demanda Dan légèrement inquiet.

-Je n’en ai aucune idée ! Déclarai-je. J’imagine que non, sinon cet endroit serait pris d’assaut, mais ce n’est pas plus mal ainsi non ?

-Et c’est la déléguée qui me dit ça ? Répondit-il d’un air malicieux.

-Oh, c’est bon toi, je te rappelle que je n’ai jamais demandé à le devenir ! Rétorquai-je.

Dan prit un air amusé en repensant aux élections. Notre professeur avait demandé à tous les élèves qui voulait bien se présenter, mais personne n’avait osé se lancer. C’est alors que je m’étais étiré en levant les bras…et c’est ainsi que je fus désignée déléguée de classe… Au début, je voyais cela comme une contrainte, mais j’avais fini par m’y habituer jusqu’à apprécier ce rôle.

-Miyako ! M’appela Denys depuis l’extrémité. Viens voir ça !

Je m’excusai auprès de Dan, lui promettant de reprendre cette dispute plus tard pour aller voir ce qu’il avait à me dire de si important.

Je m’approchai et je vis de quoi il voulait parler. Au loin, en haute mer, se détachait de l’horizon une forme lumineuse volant vers le large. Ce n’était pas le soleil, mais il brillait au moins aussi fort que ce dernier, si bien que je ne pouvais le regarder droit dans les yeux. Mon cœur se mit subitement à battre plus vite à la vue de cette chose. Elle…elle ne m’était pas inconnue…La forme finit par disparaitre au loin et sa lumière s’estompa.

-Tu sais ce que c’était ? Me demanda Julie devant mon air contrarié.

-Je…je ne pense pas, j’ai simplement l’impression de l’avoir déjà vue quelque part, mais je dois me tromper…

-C’était magnifique en tout cas, dommage que je n’aie pas apporté mon appareil photo ! Se lamenta Denys.

-Tu auras certainement d’autres occasion de l’apporter ton appareil ; soupira Julie.

-Ce n’est pas tout ça, mais je commence à avoir légèrement faim moi ; vint se greffer Dan.

-Et pourquoi ne pas manger ici ? Proposai-je. On joue ça comme d’habitude, le perdant va chercher le déjeuner ?

-Pour que je perde encore une fois ? Non merci ! S’exclama Denys.

-Je passe mon tour aussi ; rajouta Julie.

Je me tournai vers Dan qui était mon dernier espoir. Il soupira avant de céder.

-On dirait que je n’ai pas le choix…Mais pimentons un peu les choses : le perdant devra en plus payer le dessert de tout le monde !

-Tu es vraiment maso ma parole…J’en connais un qui va avoir un portefeuille bien léger ce soir…

Nous nous mîmes en position tandis que Denys faisait l’arbitre, l’air enthousiaste. Nous avions beau nous affronter presque tous les jours, les duels entre Dan et moi étaient ceux qui captivaient le plus.

-Duel !

-Je prends la main ; dis-je. Je commence par invoquer Pollux de la Constellée, par son effet, je peux invoquer en complément Kaus de la Constellée. J’active son effet, mes deux monstres gagnent un niveau supplémentaire ! Il est temps d’ouvrir le réseau recouvrement, apparait Pléiades de la Constellée ! Je pose deux cartes face cachée et je te laisse la main mon cher.

-C’est trop d’honneur Miyako. Je pioche…pas mal tout ça…J’active Fusion Marionnette de l'Ombrepour…

-Tu ne vas rien faire du tout, j’active mon piège : Sceau Maudit de la Magie Interdite ! En défaussant un typhon d’espace mystique, j’annule ta carte et tu ne pourras plus l’utiliser du duel !

-C’est de la triche ça, tu as présidé ton deck ! Mais ça ne m’empêchera pas de gagner, j’active ma Fusion Marionnette de l'Ombre Elafin de fusionner Ma Bête Marionnette de l'Ombre et mon Faucon Marionnette de l'Ombre ! Apparait, Winda Marionnette de l'Ombre El ! Je peux donc invoquer mon faucon sur le terrain et piocher une carte…

-Une seconde, j’active l’effet de Pleiades pour renvoyer ta bestiole à l’extra deck, encore raté…

-Je vais poser une carte face cachée ainsi qu’un monstre en position de défense et terminer mon tour.

-Déjà ? C’était rapide, mais au moins, on déjeunera plus tôt. Je j’active l’effet de Pleiades pour renvoyer en main ton monstre face cachée !

-J’active un piège, Jeux de l'Ombre Sinistres pour envoyer au cimetière mon Dragon Marionnette de l'Ombre, et retourner tous mes monstres. Leurs effets s’activent, Squamate Marionnette de l'Ombre va détruire Pleiades, dragon ton piège et faucon va rappeler Ma bête !

-Tu m’énerves toi, ton deck est totalement fumé ! Me plaignis-je comme souvent lorsque je l’affrontais.

-Tu as pré-sidé, tu ne peux rien dire ! Rétorqua-t-il.

-Oui, et je vais gagner ce duel ! J’invoque Algiedi de la Constellée, puis son effet me permet d’invoquer spécialement Sombrero De La Constellée que j’ai en main. Ce n’est pas fini, je retire de mon cimetière Pleiades pour récupérer Pollux de la Constellée et l’invoquer normalement. Son effet me permet d’invoquer également un autre Kaus de la Constellée que j’ai en main.

A ce moment précis, j’eus comme un vertige. Le monde se mit à tourner autour de moi et à devenir flou, et je me sentis tomber. J’essayai de reprendre mon équilibre mais en vain. Les images que je voyais finirent par devenir totalement noires. Je fermai les yeux, pensant qu’il ne s’agissait que d’une illusion d’optique, mais lorsque je les rouvris, j’étais totalement ailleurs.

Je me trouvais dans une sorte de temple de lumière. Tout était en or et scintillait de mille feux sous le soleil implacable régnant sur cet endroit. Je levais la tête et je vis une forme lumineuse se détacher du métal précieux et s’avancer vers moi. Ce n’était pas un homme ni une femme, mais la chose avait forme humaine. Elle n’avait pas de visage à proprement parler, simplement deux yeux bleus se détachant sur un corps de lumière.

-Ou…Ou suis-je ? Demandai-je inquiète.

La chose s’arrêta devant moi et prit la parole d’une voix puissante, inspirant le respect et la peur:

-Hikari Miyako, des temps sombres se préparent pour toute l’humanité. Le seigneur des ténèbres va bientôt refaire surface. Quatre jeunes personnes ont déjà été désignées pour protéger ce monde. Cependant, les ténèbres ne peuvent être vaincues que par la plus pure des lumières…

-Que…Que voulez-vous dire ? Bégayai-je sans comprendre la situation.

-Es-tu prête à accepter ton destin ?

-Attendez ! Protestai-je. J’étais simplement en train de faire un duel avec mon ami et voilà que je me retrouve embarquée dans je ne sais quoi ! De quel destin parlez-vous d’abord? Et qui est ce seigneur des ténèbres ? Que se passe-t-il à la fin ?

-Le destin d’être la clé permettant à ce monde de vivre en paix pour toujours, dans un monde où Gariatron ne serait plus…

Je ne sais pas pourquoi, mais ce nom me fit frissonner. Je ne l’avais jamais entendu auparavant mais je savais au plus profond de moi qu’il s’agissait d’un être malfaisant…Je levai la tête vers mon mystérieux interlocuteur. Il semblait peu à peu prendre forme humaine, des traits se dessinaient sur son visage, sans pour autant être totalement nets.

-Mais qui êtes-vous?…Finis-je par demander.

-Mon nom est Luminion

-C’est bien gentil, mais tout cela ne me dit pas ce que vous êtes…Et puis, c’est quoi cette histoire de dragon ? On n’est plus au moyen âge !

-Tu n’as pas besoin de tout savoir immédiatement ; répondit-il amusé. Cependant, je peux te raconter une petite histoire qui devrait t’éclairer : au départ, avant la création de l’univers tel que vous les connaissez, il n’y avait que deux forces, le bien et le mal, l’ombre et la lumière, s’affrontant dans une lutte sans fin. Ces deux éléments en tout point opposés finirent par épuiser leur énergie vitale et ont donc pris une forme leur permettant de se reposer. La lumière prit la forme des dieux, et les ténèbres, celle des dragons. Cependant, même affaiblies, ces deux forces ont continué de s’affronter. La victoire des dieux fut écrasante, obligeant les dragons à se terrer pour l’éternité…

-Et j’imagine que ce Gariatron dont vous me parlez est un de ces dragons ? En admettant que ce que vous me racontez est la vérité…

-Tu doutes encore ? C’est normal, l’esprit humain a été formé pour se poser des questions contrairement aux dieux et aux dragons. Gariatron est effectivement un démon originel, et son retour dans votre époque pourrait provoquer la fin de votre ère. C’est pourquoi, je te le redemande, es-tu prête à endosser la responsabilité de l’arrêter ?

-Attendez un peu, vous débarquez comme ça dans ma vie et vous me demandez de m’engager ? Je n’ai même pas le droit à quelques minutes de réflexion ? Qu’est-ce qui me dit que ce n’est pas un piège votre truc ?

-Tu es méfiante, c’est bien…Mais pour te prouver ce que je dis, je vais te laisser une partie de mon pouvoir. Il devrait te convaincre dans les jours à venir. Nous nous reverrons bientôt, Hikari Miyako.

Avant que je n’aie pu protester, la créature de lumière leva la main vers moi et je fus aveuglée instantanément. Lorsque je rouvris les yeux, j’étais de retour sur le terrain de duel. Le temps semblait s’être figé durant mon absence car personne ne semblait n’avoir remarqué quoi que ce soit. Etait-ce un simple rêve ?

Mon extra deck me sembla alors légèrement plus lourd qu’à l’ordinaire, et pour cause, lorsque je vérifiai, trois nouvelles cartes venaient de faire leur apparition, certainement grâce à ce Luminion…Tout cela n’avait aucun sens…J’étais une scientifique, ces événements irrationnels, comme l’apparition soudaine de cartes, n’avaient pas lieu d’être, et encore moins les rêves éveillés ! Et pourtant, je me retrouvais bien devant les faits accomplis…

-Miyako ? Miyako, tu es toujours parmi nous ? Me criait Dan depuis l’autre bout du terrain.

-Euh…Je…je crois que je vais te laisser cette manche, je ne me sens pas très bien…

-Vraiment ? Tu veux qu’on t’emmène à l’infirmerie ? Me demanda Julie soudainement inquiète.

-Non, non, c’est simplement la fatigue ; mentis-je.

-C’est parce que tu n’as rien pris depuis ce matin aussi ! Ne bougez pas, je me dévoue pour aller acheter le déjeuner ! Déclara Denys.

Il disparut instantanément en nous laissant tous les trois. Dan s’approcha à son tour.

-Tu en fais trop Miyako. Si le club est de trop, laisse-nous nous occuper de la suite.

-Tu rigoles ? Dans ce cas-là, autant que tu deviennes le président à ma place si je ne fais rien !

-Tu en fais déjà bien assez ; repris Julie. Et puis, il ne reste pas tant de choses à faire que ça. Demain, nous devrions pouvoir commencer à coller les affiches.

-Vous avez fait vite ! M’exclamai-je.

-A trois, c’est assez rapide ; continua-t-elle. Ce soir, tu peux dormir tranquille !

Je les remerciai chaleureusement puis Denys revint avec le déjeuner. Nous parlâmes de tout et de rien pendant une heure avant de devoir retourner en classe. La fin de journée fut assez tranquille et nous nous séparâmes après les cours.

Sur le chemin du retour, je ne pus m’empêcher de repenser à la vision du temple de lumière. Instinctivement, je sortis les cartes mystérieuses. Elles étaient réellement scintillantes, bien plus que des cartes achetées dans des boosters, comme si la lumière émanait directement d’elles. C’était stupide comme pensée, comment une carte pourrait avoir sa propre lumière ? Je les rangeai dans ma poche en tentant de ne plus y penser.

En rentrant, je préparai le diner comme tous les soirs, ma mère arriva encore très tard, puis je m’enfermai dans ma chambre pour travailler. Enfin, c’est ce que j’aurais dû faire, mais mon esprit était obnubilé par la vision et les cartes. Ne pouvant supporter de rester dans l’incertitude, je décidai de faire quelques recherches sur ce luminion.

Bien entendu, je ne trouvai rien sur internet ni dans un quelconque livre de mythologie ou d’histoire. Je commençai à penser que je devenais vraiment folle…

La fatigue prit une fois de plus le dessus sur moi, et je m’endormis malgré moi.

Le lendemain, Samedi, je retrouvai tout le monde au parc à quinze heures. Comme à mon habitude, j’étais la dernière arrivée, sans pour autant être en retard au rendez-vous, point sur lequel mes amis aimaient rire. Nous passâmes tout l’après-midi à coller des affiches sur les murs de l’école et aux alentours. Elles étaient très belles, je reconnaissais bien là l’œuvre de Dan, il avait toujours eu un petit côté artiste. Au centre étaient représentés nos monstres favoris. Sur les bords, on voyait très clairement la main de Denys avec des effets de lumières presque aveuglant, tandis que Julie avait créé le slogan. Rien de particulièrement étonnant, mais assez bien choisi. Mes amis étaient si investis dans ce club, cela me faisait chaud au cœur de nous voir aussi soudés.

Nous finîmes notre travail vers dix-sept heures puis nous allâmes prendre un verre dans le parc. Tout le monde se félicitait, et nous voyions déjà les membres affluer dès le lundi matin. Julie avait même réservé une salle à l’école qui nous servirait pour nos entrainements. Le club de duel aurait dû être un franc succès avec tout le travail fourni pour le créer.

Cependant, ce n’était qu’une illusion. Personne ne se présenta. Mais nous ne perdîmes pas espoir et nous commençâmes à distribuer les tracts nous-mêmes aux élèves le mardi matin. Ce fut un nouvel échec et nous n’eûmes d’autre choix que d’attendre. Un jour, deux jours, peu à peu, nos espoirs s’envolaient. Dan essayait de nous remonter le moral, affirmant qu’il allait continuer à propager la nouvelle, mais nul n’y croyait.

Arrivés au vendredi soir, date limite du recrutement, la tension était à son comble. C’était le dernier jour avant la dissolution du club. Tout le monde était assez énervé pour cette raison.

-Bon sang, qu’est-ce qui cloche avec ce club ! Râla Denys en abattant son poing sur la table. Encore aujourd’hui, je viens de retrouver nos prospectus par terre et complètement déchirés ! Il y a plein d’élèves qui n’ont pas de club, pourquoi ne pas rejoindre le nôtre !

-Tout simplement parce qu’ils sont comme nous, incapables de se décider ; répondit Julie froidement. Nous aurions dû nous en douter, si le club n’existait pas encore, c’était pour une bonne raison…

-Quand bien même, il doit forcément y avoir au moins un élève dans cette école jouant à ce jeu !

-Il y en a oui, mais rejoindre un club implique des responsabilités, et tous ne sont pas prêts à s’engager. Fais-toi une raison Denys, nous avons échoué cette fois-ci. Je ne sais même pas ce que nous faisons encore ici.

-Je n’abandonnerai pas Julie ! Il nous reste encore une heure, c’est largement suffisant !

-Tous les élèves de cette école n’ayant pas de club sont déjà partis à l’heure qu’il est. S’il y avait un retardataire, il se serait manifesté juste après les cours, mais en aucun cas maintenant.

-Tu vas voir, je vais t’en trouver moi des membres !

Il se leva brusquement et ouvrit la porte. C’est à ce moment-là que je décidai d’intervenir.

-Tu ne peux forcer personne à rejoindre le club Denys ; lui dis-je calmement. Un club se doit d’avoir une cohésion, si l’un des membres se retrouve là sans savoir pourquoi, il ne tiendra jamais.

-Alors tu comptes abandonner toi aussi Miyako ?

-Non, je ne suis pas d’accord avec ta méthode, mais je n’ai jamais dit que je suivais Julie pour autant. Je resterai ici jusqu’à la dernière minute. Quand on commence quelque chose, il faut aller jusqu’au bout, ou alors ce n’est même pas la peine d’avoir essayé.

Je disais cette phrase pour Julie, et cette dernière détourna le regard, gênée.

-Tu sais Miyako, il y a aussi certaines fois où il faut savoir abandonner ; dit-elle tristement. Persister dans cette voie ne fera que nous donner plus de souffrance, autant laisser tomber lorsqu’il est encore temps.

-Abandonne si tu veux, mais moi, je reste ! Affirmai-je, déterminée.

Mes deux amis se regardèrent droit dans les yeux, puis Denys alla se rasseoir, résigné, et nous attendîmes encore, dans le plus grand silence.

L’horloge sonna une fois, puis deux fois, et une troisième fois. C’est alors que nous entendîmes des bruits de pas dans le couloir. L’heure était enfin arrivée, le club de duel allait mourir avant même d’être né…

On toqua à la porte, et un membre du conseil des étudiants apparut, l’air menaçant.

-Et bien, on dirait que vous n’avez pas réussi à trouver le nombre de membres requis, je suis donc au regret de vous annoncer que…

-Si vous voulez bien m’accorder une minute ! Dit soudainement une voix familière dans le couloir.

Le membre du conseil s’écarta et Dan arriva dans la salle, le sourire aux lèvres.

-Il n’est pas encore dix-huit heures il me semble, le club a donc encore une minute pour trouver un membre.

-Co…Comment ? S’étonna-t-il. En une minute ? C’est ridicule voyons !

-Et pourtant, le club vient de trouver son quatrième membre !

-Vraiment ? Qui ça ? Nous nous exclamâmes en chœur.

-Il est juste devant vous !

Denys recula vivement, en percutant la table, Julie lâcha le livre qu’elle tenait dans les mains et j’hoquetai de surprise. Juste après cela, dix-huit heures sonna. Plus personne n’osait dire un mot. Dan finit par briser le silence.

-Euh…Oui, donc, je disais, moi, Yami Daniel, rejoins le club de duel de monstre en quittant le club de football.

-Attends un peu ! Répliquai-je. Tu te rends compte de ce que tu fais ? Quitter le club de foot pour nous après tout le mal que tu t’es donné pour y rentrer ?

-Oui, cela pose un problème ?

-Un gros! Tu n’auras peut-être plus jamais l’opportunité d’y rentrer à nouveau !

-N’est-ce pas la même chose pour le club de duel ? S’il est fermé aujourd’hui, il n’y aura pas que moi qui n’aurais jamais l’occasion d’y rentrer. Le club de foot trouvera bien un remplaçant de toute façon.

Il se tourna vers le membre du conseil qui sursauta.

-Bi…Bien, ayant quatre membres, votre club peut continuer à exercer ses activités, désolé pour le dérangement…

Il s’inclina avant de se retirer, en nous laissant tous les quatre.

-Alors, vous n’êtes pas content de m’avoir parmi vous ? Dit-il joyeusement. C’est bien mieux qu’un membre random non ?

Julie se leva, l’air menaçant, avant de lui asséner un bon coup de poing dans le ventre. Dan se plia en deux sous l’effet de la douleur.

-Tu es vraiment un idiot, tu le sais ça ! Renoncer à tes rêves pour un stupide club, non mais tu te rends compte de ce que tu viens de faire !

-Julie a raison ! Continua Denys. Tu n’avais pas besoin d’en arriver là, nous nous serions débrouillés…

-Ah…Vous avez une drôle façon d’être reconnaissants vous le savez ? Dit-il avec une esquisse de sourire. Vous pensiez vraiment que vous étiez les seuls à vouloir que ce club voit le jour ?

-Non, bien sûr, mais pas au point que tu abandonnes ton rêve ! Répliquai-je.

-Mais qui te dit que je l’ai abandonné ?

-Que veux-tu dire ?

-Ce club…était autant mon rêve que le vôtre…J’ai toujours voulu qu’un jour, nous puissions faire quelque chose, tous ensembles…Alors, lorsque vous avez évoqué pour la première fois le club, je me suis dit que ce jour arriverait peut-être plus vite que je ne le croyais…Si je me suis autant investi, ce n’est certainement pas pour voir tous nos efforts réduits à néant aussi facilement…

-Et…le club de foot dans tout ça ? Lui demandai-je.

-J’avais prévu de le quitter dès le premier jour de travail pour vous ; avoua-t-il. Alors, les laisser tomber maintenant ou dans trois mois, quelle importance ? Et, quand bien même je n’aurais eu aucun intérêt dans votre club, je l’aurais rejoint quand même.

-Alors, soit tu es un abruti fini, soit je ne comprends pas tes motivations…Lui dit Julie, confuse.

-Mais c’est très simple. Le rêve de mes trois meilleurs amis ne doit-il pas passer avant mon propre rêve ?

-C’est bien ce que je disais, tu es un abruti fini… soupira-t-elle. Ce n’est pas la peine de jouer au chevalier blanc avec nous…

Denys lui donna alors une grande tape amicale dans le dos.

-Sacré Dan, tu nous étonneras toujours ! Dit-il en rigolant de bon cœur.

-Arrêtez de me frapper comme ça, sinon, vous risquez de retrouver rapidement votre quatrième membre à l’hôpital…

Nous rîmes tous un bon coup, et toute la tension retomba immédiatement. Finalement, nous n’aurions pas pu avoir de meilleur membre que Dan dans le club de duel. Même si cela me faisait de la peine qu’il ait dû renoncer à son club, j’étais heureuse de l’avoir parmi nous.

-Alors, Présidente, que faisons-nous aujourd’hui ? Me demanda Dan.

-Evite de m’appeler comme ça, c’est gênant…Quant à notre travail…déjà, un nom ne serait-il pas la première chose à trouver ?

-Oui, bonne idée ! Que dîtes-vous de « Overlord » ? Proposa Denys.

-Trop prétentieux ; le rabroua Julie. Team « Black Star » me semble plus approprié.

-On a l’impression d’être une secte avec un nom pareil…Répondit Dan. Peut-être « Guardians », ou bien « Infinity »…

-Et pourquoi pas « Yume-Nikki » ? Proposai-je alors.

-Ce qui veut dire ? Me demanda Julie.

-Littéralement, Le journal des rêves. Journal, pour évoquer les souvenirs que nous aurons en commun, et rêve, parce que ce club est né des rêves de chacun…

-Ca en jette comme nom, j’approuve totalement ! Dit Denys.

-Pourquoi pas, j’avoue que ça sonne pas trop mal ; ajouta Julie.

-C’est un nom parfait, je suis sûr que beaucoup de monde nous enviera avec un nom pareil ! Termina Dan.

-Alors c’est décidé, à partir d’aujourd’hui, nous somme la team Yume-Nikki !

Cependant, en prononçant une phrase aussi anodine, je n’aurais jamais imaginé que ce club serait le point de départ de notre plus grande aventure, une aventure remplie de grandes joie, mais également de souffrances immenses…



Hikari Miyako: Résistance.



Spoiler :


La team Yume-Nikki fut un franc succès de mon point de vue. Même si nous n’étions toujours que quatre durant le reste de l’année, nous nous amusions comme jamais. Il n’y avait plus personne pour nous reprocher de jouer au duel de monstres, nous faisions même plus de choses qu’auparavant. Nous sortions plus facilement après les cours au lieu de rentrer chacun de son côté, nous variions nos sorties, en ne nous contentant plus simplement du parc de la ville, mais en visitant de nouveau lieux.

Le départ soudain de Dan de l’équipe de football avait créé entre lui et les membres de son équipe un profond fossé, mais il s’en fichait. Tout ce qui lui importait était de passer du temps avec nous. J’étais très heureuse de le voir parmi nous, sans lui, le club aurait été bien moins amusant je pense. Quant à Julie et Denys, ils continuaient de se chamailler sur tout et n’importe quoi, mais cela animait les journées un peu trop mornes.

Nous nous étions également donné des surnoms. Dan aimait se faire appeler Aniki, on avait fini par surnommer Denys le pingouin, à cause de son air toujours renfrogné, Julie, quant à elle, préférait ne pas participer à ce jeu « enfantin » selon elle.

Nous passions le plus clair de notre temps de club sur le toit de l’école. Depuis que nous avions les clés, il nous était très facile d’aller et venir entre la salle du club et cet endroit.

Les mois passèrent ainsi sans l’ombre d’un quelconque souci pour nous. La team Yume-Nikki exerçait ses activités dans l’insouciance la plus totale. Durant cette période, je n’eus aucune nouvelle vision du temple de lumière, et j’en conclus donc que j’avais vraiment halluciné ce jour-là, et que les cartes devaient être simplement des cadeaux de Dan, Julie ou Denys.

Cependant, un événement bien particulier me rappela brusquement à la réalité…

C’était un jour tout à fait ordinaire. Tout le monde était réuni dans la salle du club, comme chaque soir, à l’exception de Dan, qui finissait les cours plus tard ce jour-là. Ce dernier entra alors subitement, l’air effrayé, un journal à la main.

-Vous ne connaissez pas la dernière ! S’écria-t-il affolé.

-Quoi donc ? Tu es dernier de ta classe ? Demanda Julie.

-Ce n’est pas le moment de plaisanter, l’heure est grave !

Il lui brandit le journal juste sous le nez, tellement près que la pauvre ne pouvait rien voir. Mais cependant, nous qui étions derrière, pûmes très bien distinguer le gros titre du journal.

-Qu’est-ce que cela signifie ? L’interrogea Denys, un peu perdu.

-Ce n’est pas assez clair ? Une école de la capitale, assiégée par de mystérieux terroristes utilisant des monstres de duel !

-Attends Dan, calme toi et explique nous tout depuis le début…

-Me calmer ? Mais tu es complètement inconsciente Miyako ! Pas plus tard qu’hier, j’ai vu un type avec le même manteau que les hommes de la photo, et croyez-moi, un truc pareil, ça ne s’oublie ou ne se confond pas facilement !

-Admettons que tu dises vrai, quel est le rapport avec nous ?

-Le rapport ? Je vais te le dire Julie : pourquoi assiéger une ville de la capitale uniquement ? C’est un message. Bientôt, ils viendront ici également et nous serons tous sous leur domination !

-Tu regardes trop de films mon pauvre…

-Rigole tant que tu veux, mais ne venez pas râler quand cela arrivera !

-Et dans ce cas, que fais-tu encore ici ? Si tu as si peur, tu devrais déjà être loin non ? Riposta Julie.

-SI je suivais le bon sens oui…

-Mais Dan n’a aucun bon sens ; compléta Denys, c’est pourquoi, il est encore là.

-Il est inutile de s’inquiéter pour quelque chose qui n’est jamais qu’une possibilité ; ajoutai-je. Si cela doit arriver, alors cela arrivera et il sera trop tard pour y penser, nous devrons alors vivre en acceptant cela. Dans le cas contraire…et bien, notre vie n’en sera pas affectée.

-Tu vis trop dans l’instant présent Miyako ; protesta Dan. On verra bien si tu tiendras le même discours à ce moment-là !

-Je n’en doute pas une seconde.

Je pense aujourd’hui, même s’il est trop tard pour le dire, que j’aurais dû écouter mon ami. J’avais toujours vécu selon ce principe, de ne pas se soucier du lendemain, « Carpe Diem » comme disaient les épicuriens, cela résumait assez bien ma vision du monde. J’étais incapable de prévoir au-delà de l’instant présent, et je pense que c’est cela qui a causé notre perte…

Quelques semaines plus tard, le commencement du la coupe du monde de duel nous fit oublier l’avertissement de Dan. Nous nous focalisions uniquement là-dessus, dans l’espoir d’améliorer nos techniques. Même le principal acteur de l’alerte finit par oublier.

Nous pûmes voir de magnifiques duels s’enchainer. Il y avait une nouvelle équipe, sortant de nulle part, qui enchainait les victoires. Si je me souviens bien, les duellistes s’appelaient Angéla, Drago et Darksky. Mais ils n’étaient pas les seuls à retenir notre attention. L’équipe d’Héliopolis se débrouillait incroyablement bien, de même que l’équipe Anglaise. Ces derniers étaient cependant assez effrayants. Premièrement, jamais nous ne vîmes le capitaine, se faisant appeler Shadow, toutes les victoires étaient remportée par les deux premiers duellistes, notamment une certaine Laura, une fille dont la simple vue me glaçait le sang…Son regard vert émeraude dénué d’émotion, son long manteau noir et son visage sans expression, sans oublier son style de jeu, tout chez elle me terrifiait, mais me fascinait également. Je voulais me rapprocher d’elle en un certain sens…

Denys s’était pris d’admiration pour le combattant du nom de Darksky, tandis que Dan semblait trouver Angéla à son gout…Julie était fidèle à elle-même, ne s’intéressant que guère à toutes ces choses.

Plus le tournoi avançait, et plus nous étions impatient de voir la suite. Et c’est ainsi que le duel final arriva…Il n’aurait pas dû l’être en vérité, mais dans les faits, il fut le dernier avant l’annulation du tournoi.

Il opposait Hélios, capitaine de l’équipe d’Héliopolis, et le fameux Shadow. Les échanges de coups étaient magistraux. Les deux combattants enchainaient les invocations, les destructions et les attaques. C’est alors qu’ils apparurent, les dieux maudits : Apopis, le serpent Divin, et Drakon, le maitre des enfers, deux monstres aussi effrayants qu’ils étaient puissants.

Au moment même où les deux créatures divines allaient s’affronter, je fus saisie de vertiges. Je fermai les yeux et je les rouvris à l’intérieur du temple de lumière. Je levai la tête vers le sommet, et il était là, Luminion.

-Bienvenu Miyako, cela faisait fort longtemps…

-Qu’est-ce que cela signifie ? Demandai-je alors, méfiante.

-Comme tu as pu le voir, les dieux, l’incarnation de la lumière commencent à se réveiller de leur long sommeil. Mais ils ne sont pas les seuls, les ténèbres s’agitent également depuis leur prison éternelle…

-Encore cette histoire à dormir debout ? Désolée, mais j’ai toujours du mal à y croire, même après autant de temps…

-Et pourtant mon enfant, tu en as la preuve sous les yeux, que te faut-il de plus ?

-Je ne veux simplement pas y croire…car si vous dîtes la vérité, alors…alors…

Luminion ferma les yeux et sourit, compatissant. Il me comprenait apparemment, il voyait bien que si je refusais de voir la vérité, c’était parce que je la craignais. Une guerre entre dragons et dieux, cela signifiait pour moi la fin de tous ces moments agréables dans le club de duel…Alors je fermais les yeux sur l’avenir, ne voyant que l’instant présent, encore et toujours, repoussant très loin de moi ces malheurs, sans pouvoir les éliminer définitivement…

-Miyako ; dit-il solennellement, je vais te faire un autre présent, j’espère qu’il te permettra de surmonter les douleurs qui t’attendent…

-Attendez, qu’est-ce que vous me racontez là ? Expliquez-vous !

Mais déjà, le temple de lumière se dissipait lentement devant moi. Je pus cependant entendre un dernier mot avant de disparaitre de cet endroit : « Espoir »…Puis je sombrai dans l’inconscience.

Lorsque je me réveillai dans la salle de club, il faisait déjà nuit. J’étais allongée sur un des canapés, et tout mon corps me faisait mal, comme si j’avais couru un marathon. Je me redressai tant bien que mal, et je vis Julie à l’autre bout de la pièce.

-Tiens, la belle au bois dormant se réveille enfin ? Dit-elle en levant le nez de son livre.

-Que…que m’est-il arrivé ? Demandai-je d’une voix faible.

-Tu t’es évanouie soudainement, alors nous t’avons allongée là.

-Merci, je m’en doute, je ne suis pas somnambule je te signale…Et…

-Si tu veux savoir où sont les garçons, ils sont partis acheter quelque chose à grignoter, ils pensaient que nous serions là pour un petit bout de temps encore.

-Je vois…Je suis désolée de vous causer autant de soucis…

-Ne t’inquiète pas pour ça, Denys est bien plus embêtant que toi.

-Je ne sais pas comment je dois prendre cette comparaison…

Les garçons revinrent quelques minutes plus tard et s’empressèrent de me demander ce qu’il m’était arrivé. Je dus leur mentir, prétendant que je manquais de sommeil ces derniers temps. Ils me crurent cependant sans poser de questions, mais tinrent quand même à me raccompagner chez moi, pour s’assurer que j’allais bien.

Cette fois-ci, ma mère était déjà rentrée, et avait déjà préparé le repas. Plus tard dans la soirée, j’eus l’occasion de repenser à luminion et à son « cadeau ». J’avais beau regarder, je ne voyais pas ce qui avait changé chez moi ni autour de moi, tout semblait identique à d’habitude. Je ne le découvris que quelques jours plus tard, à mes dépends…


C’était encore une journée ordinaire à son commencement. Nous écoutions des cours, comme toujours, le soleil était brillant, le ciel clair, sans nuage, et un vent frais soufflait légèrement. Yume-Nikki était sur le toit, profitant de cette journée.

-Une bonne journée de repos, voilà ce dont nous avions besoin ! S’exclama Denys en s’étirant.

-C’est sûr, même si nous sommes censés avoir nos examens dans moins de deux semaines ; répliqua Dan.

-Quel rabat joie, deux semaines, c’est largement suffisant ! Rétorquai-je.

-Taisez-vous, et profitez simplement ; râla Julie en lisant un livre.

Soudainement, une explosion retentit tout près et fit trembler la terre. Nous levâmes tous la tête comme un seul homme dans la direction d’où elle provenait, et nous vîmes une haute colonne de fumée s’élever dans les airs.

-Qu…qu’est-ce que c’était que ça ? S’affola Denys.

-Je ne sais pas, mais probablement rien de bon ; répondis-je, inquiète. Nous ferions mieux d’aller nous renseigner rapidement.

Nous descendîmes en vitesse les escaliers pour nous retrouver devant le bureau du conseil des étudiants, où une foule s’était déjà rassemblée.

-Calmez-vous, je vous en prie ! Criait le président du conseil, tentant de maintenir l’ordre.

-Nous calmer ? Une explosion vient d’avoir lieu je te signale ! Protesta un élève.

-C’est la guerre ! S’écria un autre.

-Il faut nous enfuir !

Tout le monde approuva, et nos camarades prirent tous la direction de la sortie, en ignorant les ordres du président du conseil, leur intimant de rester là.

-Que faisons-nous à présent ? Demanda Dan.

-Quel idiot tu fais bon sang, on ne va pas rester les bras ballants, on va se battre évidemment !

-Oui…mais contre qui exactement ? Demandai-je.

-Bonne question…l’autre là-bas dans la cour peut-être ? Suggéra Denys.

Je me retournai et je vis parmi la masse d’élèves effrayés, un énorme monstre de duel. Cependant, je n’en avais jamais vu de tel auparavant. Son corps était long, comme celui d’un serpent, mais possédait quatre membres, à la façon d’un dragon, sans pour autant en être un. Il semblait même être réel car tout le monde s’écartait autour de lui, comme si son corps était matériel. Il balaya du regard la foule pétrifiée, avant de prendre la parole d’une voix grave et puissante.

-Humains, mon nom est Gariatron, démon originel des ténèbres.

Je frissonnai à l’évocation de ce nom. Alors Luminion ne me mentait pas, il existait vraiment un dragon prêt à asservir le monde…

-Je suis revenu afin d’accomplir ma vengeance sur vous ; continua-t-il. Préparez-vous, car dès que la terre aura fait une rotation, mes hommes s’abattront sur votre misérable ville, puis sur le monde entier. Ce que vous venez de voir ne représente qu’une infime partie de mon pouvoir infini. N’espérez pas pouvoir vous échapper, votre bâtiment est d’ores et déjà scellé. Cependant, si vous me livrez à l’aube l’enfant de la lumière, vos misérables vies seront peut-être épargnées. Vous avez à présent moins de douze heures pour faire votre choix : sacrifier l’un des vôtres, ou vous préparer à mourir dans une guerre sans fin.

L’énorme monstre disparut instantanément après cela. Des murmures s’élevèrent rapidement, et la panique prit rapidement le dessus. C’était le chaos, chacun ne pensait qu’à sa propre survie en voyant que le portail de l’école était scellé. Certains se marchaient les uns sur les autres, d’autres se recroquevillaient dans leur coin, d’autres encore commençaient à chercher « l’enfant de lumière ».

-Miyako, je crois que nous devrions faire quelque chose ; me dit Julie. Si cela continue ainsi, demain, il n’y aura plus personne…

-Je le sais, mais que faire ?

« Convaincs-les ! »

Je cherchai autour de moi qui pouvait avoir prononcé cette phrase, mais il n’y avait que mes amis.

« L’espoir est tout ce dont ils ont besoin ! »

Cette voix…était-ce cela, le présent de Luminion ? N’ayant d’autre option, je décidai de lui faire confiance.

Je m’avançai parmi la foule et je pris place sur un muret afin d’être légèrement surélevée, puis je pris la parole.

-Ecoutez-moi tous !

Je ne sais pas comment, mais ma voix perça à travers le chaos ambiant et tous se retournèrent vers moi. Mon cœur se mit à battre plus vite. Je n’aimais pas parler devant un public, mais il le fallait à présent. Je pris une grande inspiration pour me détendre, puis je commençai :

-Je m’appelle Hikari Miyako, de seconde année, présidente du club de duel de monstre. Puis-je savoir seulement ce que vous êtes en train de faire ! Regardez-vous, il suffit d’un simple avertissement et vous voilà prêts à tuer votre voisin ! Est-ce donc là un comportement de personne civilisée ? Le chaos ne nous mènera à rien si ce n’est l’autodestruction ! Certes, notre situation semble désespérée, nous ne pouvons pas nous enfuir ni même nous défendre, nous ne savons même pas qui sont nos ennemis, mais ne sommes-nous pas assez nombreux pour repousser n’importe qui ? L’union fait la force mes amis !

-Ohohoh, mais quel beau discours ; dit alors un grand garçon roux, l’air arrogant. Tu vas nous dire maintenant de nous laisser faire bien gentiment ? Bravo le génie, ça c’est de l’idée, pas vrai le Grec ?

-Tais-toi un peu, l’heure n’est pas à la plaisanterie, rétorqua-t-il d’un calme impressionnant…Mais je suis d’accord avec mon camarade sur un point : nous ne savons pas quoi faire à l’heure qu’il est, personne ne sait quoi faire. Alors pourquoi écouterions-nous ton idée plutôt que les nôtres ? En quoi serait-elle meilleure ?

-Je…

-Tu n’as pas de réponse, bien évidemment…

-Moi j’en ai une ! S’exclama Dan en montant sur le muret à côté de moi. Pourquoi son idée serait-elle meilleure que les vôtres ? Tout simplement parce que Miyako possède un plan de défense au moins, pas un simple instinct de survie !

-Ton raisonnement me semble bon. Mais il y a une faille. Qu’est-ce qui nous dit qu’elle sera capable de mettre en place son plan pour nous protéger, tous ?

-Parce qu’il s’agit de Miyako tout simplement ; répondit Denys en montant à son tour. Miyako est la déléguée de la classe B, quand il y a une décision dure à prendre, c’est à elle que revient ce choix, elle est donc particulièrement bien placée pour prendre des initiatives !

-Objection ! Dit alors un autre garçon un peu plus loin. Dans ce cas, qui serait notre chef ? Parce qu’il faut bien un chef ? Et je doute que notre cher président du conseil soit en mesure de faire quoi que ce soit !

Tous les regards se tournèrent vers l’intéressé, qui ne put que grimacer devant une affirmation aussi véridique.

-Qui ? Elle est devant vos yeux je vous signale, à moins que vous ne soyez aveugles ; dit Julie en restant à sa place. Miyako a eu l’initiative, c’est donc à elle de prendre en charge le commandement de l’opération. Sauf si tu penses pouvoir faire mieux, toi qui t’es tu jusqu’ici et qui ne parle que pour te plaindre.

-Attends Julie, je peux très bien…tentai-je de protester.

-Il n’y a pas de « mais » Miyako, d’entre nous tous ici réunis, je pense que tu es la plus apte à commander. Si quelqu’un s’y oppose, qu’il parle maintenant !

Personne ne dit un mot.

A quoi jouait Julie ? Je n’avais aucunement l’intention de prendre la tête de ce mouvement en m’adressant à eux, je voulais simplement faire cesser le chaos, mais en aucun cas les commander, surtout que je n’avais aucun talent pour ça…

-Puisque le peuple a parlé, ou plutôt, n’a rien dit, nous nous y plions ; reprit celui se faisant appeler « le grec ».

-Je refuse de faire une telle chose, quelle injustice, pourquoi ne pourrais-je pas commander moi ! Protesta le garçon roux.

-Parce qu’il fallait te proposer avant. Premier arrivé, premier servi. Cependant, je doute qu’une personne seule puisse gérer une telle situation.

-Miyako n’est pas seule, nous sommes là pour l’épauler, la team Yume Nikki vous promet que nous sortirons tous vivants de ce calvaire ! Affirma Dan.

-Les paroles m’importent peu, ce sont les actes qui sont comptent, tout le reste ne nous sortira pas de cette situation.

Le grec et son camarade prirent du recul par rapport aux autres élèves et disparurent dans les bâtiments. Un silence de mort régnait à présent sur la cour. Tous les regards étaient dirigés vers moi, attendant que je dise quelque chose, mais j’étais aussi terrifiée qu’eux, je ne savais pas quoi faire non plus…

« Les lignes de défense »

Mais oui, la première chose à faire était…

-Bien, commençons par attribuer des fonctions à chacun ; déclarai-je. J’aimerai que vous vous sépariez en petits groupes. Les premières choses à faire sont de regarder si nous avons de quoi manger, dormir et nous soigner en cas de blessure. Deuxièmement, il nous faudrait un groupe d’une vingtaine de personne cherchant des objets pouvant nous aider à nous défendre. Et enfin, nous aurions besoin d’éclaireurs repérant tous les endroits stratégiques de l’école, pour nous cacher ou attaquer. Ce sera tout pour le moment. Ensemble nous survivrons !

Un tonnerre d’applaudissement suivit mon discours et tout le monde fit comme je l’avais dit. Je descendis de mon estrade, encore surprise de moi-même. Je n’aurais jamais pensé qu’ils m’écouteraient ainsi. J’espérais simplement ne pas leur avoir donné de faux espoirs…

Le président du conseil s’approcha de moi, mais fit demi-tour à mi-chemin. Il semblait ne pas vouloir s’impliquer dans cette histoire, et tant mieux, je préférai ne pas rencontrer d’obstacle dans cette quête déjà périlleuse.

Mes amis mes félicitèrent chaudement, Dan en particulier, puis nous nous mîmes au travail également. Alors que j’allais chercher de quoi nous défendre, Denys m’attrapa par l’épaule.

-Attends Miyako.

-Oui ?

-Je dois te le dire, mais durant l’intervention de l’autre affreux, j’ai ressenti comme une force nouvelle provenant de mon disque de duel…

-Pour une fois, il ne dit pas n’importe quoi, je l’ai ressentie moi aussi ; rajouta Julie.

-Vous ne pensez pas sérieusement…

-A toi l’honneur Dan ; lui dis-je.

Ce dernier prit son deck en tremblant, puis invoqua un de ses monstres qui se matérialisa devant nous. Cependant, à la différence de d’habitude, nous entendîmes le bruit de ses pas sur le sol, comme s’il avait une masse…

Dan s’approcha timidement de son monstres jusqu’à le toucher. Il recula vivement, surpris par ce contact inattendu.

-Il…il est réel ! S’écria-t-il.

-C’est bien ce que je pensais ; marmonna Julie. Ce truc ne nous a pas simplement enfermés à l’intérieur de l’école, il a également modifié l’espace dans lequel nous nous trouvons pour permettre aux monstres de prendre vie…

-Et…C’est bien ou non ? Demanda Denys, confus.

-C’est un bien, comme un mal. D’un côté, nous avons de quoi nous défendre et nous savons à quoi nous attendre. D’un autre…nous ne faisons sans doute pas le poids face à des monstres programmés pour la destruction…C’est pourquoi, nous devrions également réunir les meilleurs duellistes de l’école, les cartes seront certainement nos meilleures armes.

-Que se passe-t-il vraiment ici bon sang ? Murmurai-je pour moi-même.

Le reste de la journée fut occupée à chercher tout ce qui nous serait utile. Nous trouvâmes de nombreuses couvertures dans la remise, des vivres à la cafétéria, de quoi tenir un bon mois. Dans les gymnases, les filets de tennis, les raquettes, les ballons de foot, tout était réquisitionné pour servir de moyen de défense. Un autre groupe revint de l’infirmerie avec tous les médicaments qui semblaient utilisables. Avec tout cela, nous avions de quoi résister pendant longtemps, mais nul ne savait combien de temps durerait cet emprisonnement…

Nous entreposâmes tout cela à l’abri dans des salles du sous-sol, de façon à ce que personne d’extérieur ne puisse les trouver, tandis que la salle du club devint le quartier général de la résistance.

A la fin de la journée, tout le monde était exténué. Les rares sachant cuisiner se mirent au travail afin de préparer plus de trois cents repas. J’étais dans ceux-là, ce qui incita d’autres à se joindre à nous.

Nous décidâmes de passer la nuit dans le gymnase. Se répartir dans les classes aurait été trop dangereux, il nous fallait un endroit où nous pussions tous tenir. Nos installations étaient vraiment très rudimentaires. Tout le monde n’avait pas de couverture ni d’oreiller, mais heureusement, la nuit n’était pas trop fraiche.

Il était presque vingt-trois heures lorsque nous finîmes tous les préparatifs. J’aurais dû aller dormir, comme tout le monde, mais je ne pouvais pas fermer l’œil, c’est pourquoi, je déambulais simplement dans les couloirs. Tout était si sombre de nuit, l’école n’avait plus rien à voir avec ce qu’elle était. Toutes les lumières étaient éteintes, les salles de classe fermées, même les lampadaires de la cour n’émettaient plus de lumière, comme si le monde entier avait sombré dans les ténèbres.

Mes pas me conduisirent devant l’escalier menant au toit de l’école. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais je ne pus résister à l’envie d’y monter.

Dehors, pas une étoile ne brillait, même la lune avait disparu. Tout était calme, trop calme, je j’entendais ni le bruit des voitures, ni le brouhaha des fêtards du dimanche. Le vent était tombé. Aucune lumière ne me parvenait de la ville, d’habitude si lumineuse. C’était comme si tout le monde redoutait à présent la puissance du dragon.

Comment en étions nous arrivés là ? Dan nous avait pourtant prévenus que ce n’était qu’une question de temps, pourquoi ne l’avais-je pas pris au sérieux ? Pour la première fois, je regrettai d’avoir refusé de voir le futur. Je ressentais à présent le fardeau que je portais sur mes épaules. En m’engageant dans cette résistance, je m’étais également engagée à protéger tout le monde, et pas simplement à gagner la guerre. Mais en étais-je capable ?

J’entendis des pas derrière moi. Je me retournai, sur mes gardes, mais je me détendis en reconnaissant Dan.

-Salut Miyako, je savais bien que je te trouverai ici ; dit-il. Alors comme ça, toi non plus tu n’arrives pas à dormir ?

-Non.

Il s’installa à côté de moi et se mit à regarder au loin, en direction de l’océan, à présent inaccessible pour nous qui étions prisonniers de cette école. Plusieurs minutes passèrent sans un seul échange de mot. Chacun était perdu dans ses propres pensées. Je finis par briser ce silence pesant.

-Je suis désolée Dan-Aniki, j’aurais dû t’écouter…

-A propos de quoi ? Demanda-t-il surpris.

-Lorsque tu nous as prévenus, je n’ai pas tenu compte de ton avertissement, alors que tu avais raison depuis le début.

-N’étais pas toi justement qui disais de ne pas s’inquiéter ? Que si une telle chose devait se produire, il serait trop tard pour y penser et vivre dans le moment présent plutôt que de se complaindre en remords ?

-C’est vrai, mais n’était-ce pas toi aussi que je ne tiendrai plus le même discours lorsque cela arriverait ? Répliquai-je.

Il rigola.

-A quoi est-ce que tu joues franchement ? Dit-il, amusé par la situation. Voilà que je suis d’accord avec toi, et tu me contredis avec mes propres arguments ! Cependant, tu avais raison et j’avais tort. Nous ne pouvons qu’accepter ce qu’il nous arrive à présent. A quoi bon se préparer contre une chose qui nous dépasse ? Même en sachant que cela arriverait, je n’ai rien pu faire pour l’en empêcher, si cela ne te donne pas raison, je me jette du haut de ce toit !

-Alors comme ça, tu penses que tous nos efforts auraient-été vains ?

-Ce n’est pas moi qui le pense, c’est toi qui nous as toujours répété cela. Ce qui est fait est fait, nous ne pouvons plus changer le passé, mais nous pouvons encore écrire l’avenir. Tout n’est pas perdu. Les prochaines semaines seront certainement les plus sombres de notre vie, mais je suis certain que nous pouvons le faire. Après tout, nous avons une chef remarquable.

Je rougis lorsqu’il dit cela. Je sentais dans sa voix qu’il était sincère, il ne le disait pas simplement pour me faire plaisir ou me remonter le moral. Non, il pensait réellement que je pouvais les guider. Il avait plus confiance en moi que moi-même…

-Il se fait tard, et demain prévoie d’être mouvementé. Nous ferions mieux de prendre les quelques heures de sommeil qu’il nous reste encore.

Il me tendit la main, et je la pris volontiers puis nous rentrâmes à l’intérieur. Je n’espérai à présent plus qu’une seule chose : ne pas décevoir tous ceux qui, comme Dan, croyaient en moi…Quelle prétention…


Nous nous tenions le lendemain aux aurores devant le bâtiment principal de l’école. Nous avions commencé cette résistance, nous le club de duel, nous devions donc en assumer les conséquences pour tout le monde. L’air était frais, un vent faible soufflait sur nous. La tension était palpable, mais nul de disait un mot. Nous attendions simplement. Je me demandais comment ils allaient venir cette fois-ci. Ce Gariatron allait-il encore se montrer en personne ou bien allait-il envoyer un de ses sbires ? Là était la question.

Soudain, un coup de tonnerre retentit, et une image du dragon apparut dans la cour. Je reculai d’un pas, impressionnée par sa taille gigantesque, mais je me repris rapidement, pour ne pas montrer de signe de faiblesse.

-Humains, livrez-moi à présent la fille de lumière ou vous en subirez les conséquences !

-Rêve toujours l’affreux ! S’écria Dan. Même si on savait de qui il s’agissait, jamais nous ne livrerions l’un des nôtres !

-Vous aviez une chance de vous en sortir et vous l’avez laissée passer, la stupidité des mortels m’impressionnera toujours…Soit, préparez-vous dès à présent à mourir !

Le dragon rugit avant de disparaitre. Mon cœur s’accéléra soudainement lorsque la terre se mit à trembler. Nous y étions, il n’était pas question de nous rendre sans nous battre ! J’armai mon disque de duel, et mes amis firent de même.

L’instant d’après, une série d’éclairs frappa le sol de l’école et nous aveugla. Lorsque nous rouvrîmes les yeux, des hommes en noir se tenaient devant nous. Leurs visages étaient cachés par de sombres masques. Dan avait raison une fois de plus à leur sujet, mais il était trop tard pour y penser.

Sans autre sommation, ils invoquèrent tous leur monstre et bientôt, la cour fut recouverte de ces bestioles. Nous ne nous attendions pas à ce qu’ils fussent si nombreux.

-Qu’est-ce qu’on fait maintenant Miyako ? Me demanda Julie, inquiète.

-Je propose de foncer dans le tas ! Répondit Denys. Apparaissez, Seigneur dragon océan, Néo Dédale et Posséidra, Dragon de l’Atlantide !

Ses deux monstres s’élevèrent par-dessus la masse informe d’ennemis qui nous entourait et en repoussa une bonne partie. Mais à chaque fois qu’un était détruit, deux le remplaçait. Il allait falloir les vaincre plus rapidement si nous voulions avoir une chance…

-Prêtez-nous main forte, Winda, Nephilim !

-Je crois que nous n’avons pas le choix ; soupira Julie. S’il te plait, Junon…

Les trois nouveaux venus s’attaquèrent à leur tour aux ennemis. Je vis les monstres ennemis disparaitre une nouvelle fois dans d’épais nuages de fumée, avant que d’autres prennent leur place. Nous n’étions toujours pas assez forts cependant. A quatre contre presque cent, nous ne faisons pas le poids…Je voyais déjà notre mort arriver, ainsi que celle de mes camarades…

-C’est inutile ; dis-je désespérée. Nous ne pouvons pas gagner…

-Que tu es défaitiste Miyako, le combat vient à peine de commencer ! Rétorqua Dan. Et puis, je n’ai pas dit mon dernier mot…

-C’est-à-dire le génie ? Lui demanda Julie.

-Admire, j’active la carte magie, Raigek…

Avant qu’il ait pu finir sa phrase, un chien noir se jeta sur lui et le clou au sol, et il lâcha sa carte. Je réagis immédiatement.

-Pleiades !

A son apparition, le chien noir se désintégra instantanément. Je me précipitai sur Dan pour l’aider.

-Merci Miyako…

-Mais de rien.

-Ecoutez tous, je crois que j’ai une idée ! S’exclama Denys.

-Toi ? Une idée ? On est vraiment dans un cas désespéré…Railla Julie.

-Rigole tant que tu veux, mais je viens de remarquer quelque chose, si nous attaquons les duellistes directement, cela devrait être plus efficace non ?

Nous nous regardâmes tous dans les yeux, étonnés qu’il ait pu sortir quelque chose d’aussi intelligent. Nous nous mîmes d’accord ensuite sur un nouveau plan d’attaque. Denys et Julie devaient ouvrir un passage avec leur monstre qui nous conduirait tout droit aux duellistes.

Junon, Posséidra et Levia dédale prirent la tête en détruisant tout ce qui se trouvait devant eux, ce qui nous permis de progresser. Cependant, c’était un trajet à sens unique, car dès que nous passions, une horde de monstres nous empêchait immédiatement de faire marche arrière.

Les duellistes étaient en vue. Je regardai Dan droit dans les yeux, qui me répondit par un regard confiant, puis nous emmargeâmes de la foule pour faire face aux duellistes. Ils eurent l’air surpris de nous voir devant eux.

-Ahah, et bien messieurs, je crois que c’est la fin ! Déclara Dan entouré de Nephilim et Winda.

-Pour vous peut-être ; rétorqua l’un des hommes.

Il sortit alors le bras de sous sa coupe et nous aperçûmes une longue épée à sa main. Les autres firent de même avant de se tourner vers nous.

-Oh, j’imagine que tu n’avais pas prévu ça Dan ?

-En effet, mais ce ne sont que des épées, on peut les passer facilement avec nos monstres non ?

Pour toute réponse, l’un des hommes se jeta sur Winda et la trancha en deux. Elle disparut dans une explosion puis l’homme se replaça, serein.

-Rectification, je crois qu’on est mal…Ces types sont des ninjas ou quelque chose comme ça ?

-Ce n’est pas le moment de plaisanter Dan ! Tout le monde compte sur nous, nous ne pouvons pas les décevoir !

-Bien, bien, dans ce cas…

Il sortit de je ne sais où une épée comme celle que l’on utilisait en escrime, à la différence près que le bout était plus aiguisé qu’à la normale, puis se mit en garde.

-On trouve de ces trucs dans cette école tu sais Miyako. Et maintenant, reste derrière moi tu veux bien ? Je n’ai pas fait trois ans d’escrime pour rien finalement !

Je n’eus même pas le temps de protester qu’il s’était déjà élancé sur les ennemis. Ces derniers ne semblèrent même pas surpris et ripostèrent. Mais Dan était agile. Il évita tous les coups de ses adversaires avant de leur rendre. Il désarma le premier, donna un coup dans le ventre au second avant de mettre l’épée sous la gorge au troisième. Il était vraiment impressionnant…

Mais…A lui seul, il ne pouvait rien faire. Il était cerné par huit hommes, prêts à le tuer au moindre geste. Pourtant, il ne semblait pas inquiet. Il souriait, comme si tout cela n’était qu’un jeu pour lui. Etait-il inconscient à ce point ? Non, je ne pense pas, il agissait simplement comme il avait toujours agi. Il ne se souciait pas de ce qui pouvait lui arriver, tout ce qui lui importait était notre survie, alors il faisait face à la mort, le visage détendu, car si cela pouvait lui permettre de nous sauver…il était prêt à donner sa propre vie…

-Dan !

-Miyako, cours, je vais les retenir pendant ce temps !

-Mais…

-Vas-y !

Je ne pouvais même plus bouger, je ne savais pas comment réagir face à la situation, tenter de sauver Dan, ou bien m’assurer que tout le monde serait sauvé ?

Mon temps de réaction fut fatal, car d’autres hommes me cernèrent à mon tour. C’était la fin, je pensais. Je tentai de me défendre avec Pleiades, mais ce dernier n’arriva même pas jusqu’à moi et fut détruit avant. Je voyais la fin, ma mort, arriver à grand pas…

« Les cartes de lumière ! » Répéta alors la voix dans ma tête.

Je lui fis une nouvelle fois confiance, faute d’option, et je sortis les deux présents de Luminion avant de les brandir devant moi. Les hommes reculèrent soudainement, comme si la simple vue de ces cartes les affaiblissait. Je n’en croyais pas mes yeux, tout autour de moi, les attaques diminuèrent en intensité, et je pus apercevoir Denys et Julie percer à leur tour pour nous rejoindre.

Je tenais une issue, je ne devais pas la laisser passer !

-Messager des étoiles, descend sur terre afin de faire régner paix et Justice : apparait, Satellaknight Delteros !

Tout ce que nous vîmes de lui fut une lumière intense détruisant d’un seul coup tous les monstres ennemis. Les hommes en noir disparurent également à son arrivée, sans laisser de trace, excepté celles du combat…

Epuisée, je m’effondrai sur le sol. Mes amis vinrent à mon chevet, inquiets, mais également impressionnés par mes performances.

-Tu as été incroyable Miyako ! S’écria Denys en me donnant une grande tape dans le dos. Tu nous avais caché que tu avais de telles cartes dans ta manche !

-Est-ce que tout va bien Miyako ? Me demanda Julie, plus réaliste, en regardant mon visage.

-Ce n’est rien ; occupez-vous plutôt de Dan…

Nous tournâmes tous la tête dans sa direction. Il nous tournait le dos, son tee-shirt était en lambeau et ses cheveux en bataille. Il regardait au loin, l’épée à la main, tel un guerrier non satisfait de sa victoire.

-Ils reviendront ; dit-il soudainement. Cependant, cette fois-ci, je serai prêt à les recevoir.

Sans ajouter un mot, il entra dans le bâtiment principal et disparut dans les couloirs. Je comprenais ce qu’il ressentait. Sans mon intervention, il savait qu’à ce moment, il n’aurait plus été de ce monde, et cela, il ne pouvait se le pardonner. Comment le savais-je ? Parce que j’avais exactement le même sentiment que lui durant la bataille, au moment décisif.

Cependant…j’avais fait une erreur, j’avais baissé les bras avant même d’avoir combattu, et cela, je ne pouvais l’accepter. Ils comptaient tous sur moi, que penseraient-ils en apprenant que leur chef n’avait même pas la volonté de se battre ? Il fallait que je devienne plus forte également, quel qu’en fût le prix à payer…






http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

Hikari Miyako : Le dernier combat



Spoiler :


Comme Dan l’avait prévu, les hommes revinrent très rapidement. A peine quelques heures plus tard, nous étions à nouveau sur le champ de bataille. Cependant, nous étions prêts cette fois-ci. Tous les meilleurs duellistes de l’école s’étaient rassemblés pour nous prêter main forte. Parmi eux, je reconnus celui se faisant appeler Le grec et son ami, ainsi que l’autre garçon contestant tout. Ils étaient tous les trois d’un calme impressionnant, surtout le grec. Il regardait droit devant lui avant la bataille, rien ne pouvait le distraire et à peine le combat engagé, il fonça dans le tas.

Malheureusement pour nous, nos ennemis semblaient avoir eux aussi pris leurs précautions contre Delteros.

Plusieurs fois, je crus que ma fin arrivait, mais à chaque fois, mes amis du club venaient à ma rescousse in extremis. Dan combattait seul avec son épée, plus déterminé que jamais. Il enchainait les coups, sans jamais s’arrêter, sans jamais montrer le moindre signe de fatigue. Ses adversaires ne faisaient pas le poids face à lui, même à cinq contre un.

Le soir arriva, la bataille continuait de faire rage. Denys et Julie m’avaient obligé à me retirer pour prendre du repos, mais je ne pouvais pas rester assise là sans rien faire pendant que mes camarades se battaient dehors et risquaient leur vie.

Ne pouvant plus tenir, je décidai de retourner sur le front, et c’est là qu’elle apparut. Au moment où je touchai la poignée de la porte, une vive lumière surgit derrière moi puis un bruit de pas se fit entendre. Cependant, quelque chose me disait qu’il ne s’agissait pas là d’un ennemi. Je me retournai prudemment, mais mon cœur rata un battement en voyant qui se tenait devant moi.

Il s’agissait d’une jeune fille aux cheveux roux, presque rouges et aux yeux bleus. Un halo de lumière l’entourait, mais à part cela, elle était ma réplique exacte…

-Bien le bonjour Miyako ; dit-elle d’une voix enjouée.

J’étais pétrifiée, incapable de réagir face à cette « personne » me ressemblant tant. Elle pencha la tête sur le côté, comme surprise de ma réaction.

-Oh, tu ne t’attendais pas à me voir ? C’est étrange, je pensais pourtant que tu savais que j’étais là…Je suis déçue franchement.

Je ne répondis toujours rien, mais ma copie continuait de sourire, inlassablement.

-Tu sais Miyako, ce n’est pas tirer une tête pareille qui va arranger les choses, alors fais un peu comme moi !

-Qui…qui es-tu ? Finis-je pas demander.

-Suis-je bête, je ne me suis pas encore présentée, je m’appelle Hikari Miyako, déléguée de la classe B, présidente du club de duel de monstre, ravie de faire ta connaissance !

-Ne te fout pas de moi, je ne suis pas d’humeur à plaisanter ! Je n’ai pas de temps pour ça ! Rétorquai-je agressivement.

-Que tu es rabat joie, je te pensais plus ouverte…Enfin, Luminion m’avait prévenue que tu n’aimais pas voir la vérité, même si elle se trouvait devant tes yeux ; soupira-t-elle.

-Lu..Luminion ? Répétai-je, interloquée.

-Ah, donc tu ne crois pas ce que tu vois mais tu crois ce que tu entends, intéressant…Ça tombe bien, je suis pareille que toi, n’est-ce pas formidable ?

-Je n’ai pas de temps à perdre avec des gens comme toi, j’ai des amis à sauver…

-On a toujours du temps à perdre avec soi-même, surtout quand il s’agit d’élaborer une stratégie.

Je m’arrêtai net dans mon élan. Elle venait de capter mon attention, et elle s’en rendit compte car elle continua.

-Dans l’état actuel des choses, nous ne pouvons rien faire pour sauver nos amis…

-Pourquoi dis-tu « nous » ?

-Tu voudrais que je dise quoi ? Tu ? Vous ? Ne serait-pas pas un peu bizarre de parler de soi à la deuxième personne ?

-Je ne comprends pas…

-Tu es lente ma parole, mais je vais mettre ça sur le compte de la fatigue je pense… Nous nous ressemblons, nous portons le même nom, nous avons les mêmes souvenirs, cela ne te parait-il pas étrange ?

-Je pensais que tu plaisantais…

-Oui, j’aime beaucoup plaisanter, tout comme toi, cependant, cette fois-ci, j’étais on ne peut plus sérieuse. Pourquoi me demanderas-tu ? Parce que je suis toi.

-C’est…c’est impossible, tu ne peux pas être moi, sinon, je serais toi et…

-Oula, ne pars pas dans de telles considérations s’il te plait, ça me donne un mal de crâne pas possible ! Pour faire simple, tu peux dire que je suis une partie de ton âme que tu ne peux voir, mais que Luminion a rendue visible.

-Tu penses que je vais gober un tel truc ?

-Non, je sais pertinemment que tu ne me crois pas, après tout, moi non plus je ne le croirais pas si on me le disait. C’est pourquoi, je te propose un petit duel pour te montrer que je dis la vérité.

-J’allais justement te le proposer…

-En garde Miyako !

Un disque de duel apparut comme sorti de nulle part à son poignet et nous nous mîmes en position. Cela paraissait tellement fou, je ne pouvais croire à une telle chose simplement parce qu’on me le disait. Il fallait que j’en aie le cœur net.

-Je vais prendre la main et j’invoque…

-Pollux de la constellée je me trompe ? Et tu vas enchainer sur kaus avant d’invoquer Pléiades j’imagine.

-Co…Comment sais-tu cela ? M’exclamai-je choquée.

-Je sais quand même quelles cartes je joue non ? Mais continue donc.

-Bon, et bien, puisque tu sais déjà ce que je vais faire, je vais t’épargner tout cela. Apparait Pléiades de la constellée ! Je termine mon tour là-dessus.

-C’est bien dommage que tu ne joues pas de piège pour te protéger cette fois-ci, car ce qui t’attend risque d’être douloureux. Je commence en Satellaknight Vega qui me permet d’invoquer Satellaknight Unlukalhai. Son effet s’active et j’envoie au cimetière Le Satellaknight Deneb depuis mon deck.

-J’active à présent l’effet de Pléiades pour renvoyer Unlukalhai en main !

-Grossière erreur Miyako, j’active Satellaknight Starcrossed. En renvoyant le monstre que tu viens de cibler au deck, j’invoque spécialement depuis mon deck Satellaknight Altair ! Mais ce n’est pas terminer, son effet me permet d’invoquer Deneb qui se trouve dans mon cimetière. Ce dernier va ajouter à ma main Satellaknight Asham. Invocation XYZ : Descends des étoiles et repends la justice sur terre…

Non, il ne pouvait pas s’agir de…

-Apparait Satellaknight Delteros !

La carte dans ma poche se mit à briller intensément, comme en réponse à l’invocation de ce monstre. Cette carte était censée être unique, alors comment pouvait-elle posséder la même carte que moi ? Je me mis à douter, et si jamais elle disait la vérité ? Dans ce cas, qui serait la vraie Miyako, elle, ou bien moi ?

-Tu comptes rêver encore longtemps ? Enfin, j’active l’effet de Delteros, en détachant une unité, je détruis Pléiades, et à présent, la voie est libre pour une attaque directe !

Miyako : 1500 – Miyako ? : 4000

-Je…je n’ai pas dit mon dernier mot, je reprends la main et j’invoque Sombrero de la constellée, puis, en retirant Kaus, je reprends Pollux. Le deuxième effet de Sombrero s’active, me permettant d’invoquer Pollux, mais ce n’est pas terminé, je peux encore invoquer un dernier monstre. Montre-toi, algieldi de la constellée. Je recouvre ces trois monstres pour ouvrir le réseau recouvrement. Tu n’es pas la seule à pouvoir faire ça : apparait Delteros !

-Ohoh, tout cela devient très intéressant…

-Tu connais la suite j’imagine ? Je détache un matériel de Delteros pour détruire le tien !

-Pas de chance Miyako, le deuxième effet de mon Delteros s’active, qui me permet d’invoquer spécialement depuis ma main Satellaknight Asham, tu vas donc perdre 1000 points de vie !

Miyako : 500 – Miyako ? : 4000

-Mais ton monstre va être détruit par l’attaque de Delteros. Je pose une carte face cachée, et c’est à toi.

-Tu m’as surprise, je l’avoue, mais je ne m’avouerai pas vaincue aussi facilement. Je pioche, et j’invoque Satellaknight Bételgeuse. Lorsqu’il est invoqué, je peux l’envoyer au cimetière et reprendre en main Asham. Je pose une carte face cachée, et je termine mon tour. C’est ta dernière chance Miyako.

-Je sais bien, mais je vais gagner durant ce tour ! J’active l’effet de…

-Et moi je riposte avec ma chaine démoniaque.

-Ce n’était pas prévu…Grommelai-je. Je vais donc activer mon piège : mouchard électrique, pour renvoyer ta carte d’où elle vient ! Battle, attaque là directement Delteros !

Miyako : 500 – Miyako ? : 1500.

-Je pose une carte face cachée.

-Tu sais que ce duel est terminé ?

-Je n’abandonnerai pas !

-Tu as dit également la même chose à tout le monde avant de te retrouver sur le champ de bataille.

Ses mots me firent l’effet d’un couteau en plein cœur. Co…Comment pouvait-elle le savoir ? Je n’en avais parlé à personne, pas même à Dan et aux autres. Se pouvait-il qu’elle soit réellement moi ? C’était la seule explication plausible à cela…

Je commençai sérieusement à douter de moi-même, mes mains tremblaient, je n’osais même plus jouer, de peur qu’elle ne sache également ce que je venais de poser et qu’elle le contre…C’est pourquoi, je n’activai pas ma chaine démoniaque…

-J’invoque, Satellaknight Asham, qui va t’enlever 1000 points de vie.

Miyako : 0 – Miyako ? : 1500.

-J’ai…j’ai perdu…

-En effet, mais pourquoi n’as-tu pas activé ton piège ? Grace à lui, tu aurais pu me vaincre au tour suivant, je ne comprends pas…

-Je pensais que tu avais de quoi répondre ; avouai-je.

-Alors c’est donc cela…

-Quoi donc ?

-Tu as peur, peur que ton ennemi soit plus fort que toi, alors tu baisses les bras avant même d’avoir essayé n’est-ce pas ?

-Non, ce n’est…

-Je vais te dire une chose Miyako : tu auras beau connaitre ton adversaire, tu ne pourras jamais prévoir totalement ses mouvements. Mais, n’est-ce pas cela qui fait l’intérêt du duel ?

Je n’eus pas le temps de répondre car la jeune fille disparut instantanément. La seconde d’après, le président du conseil des étudiants débarqua dans la salle du club, l’air furieux.

-Je le savais…Je savais que ton plan ne marcherait jamais ! S’écria-t-il.

-Comment cela ? Je ne comprends pas ? Demandai-je.

-Nous avons peut-être repoussé l’ennemi pour aujourd’hui, mais de nombreux de nos élèves ont été blessés, et que fais-tu toi ? Tu te prélasses dans ton bureau tranquillement ? Bravo !

-Qu…Quoi ? Blessés ? Qui ça ? Est-ce grave ?

-Il est un peu tard pour t’en inquiéter. A présent, laisse-moi prendre les choses en main, cela vaudra mieux pour tout le monde…


-Te…te laisser la place ? Bafouillai-je.

-Oui, tu viens de nous démontrer ton incapacité à commander cette résistance. Il nous faut quelqu’un de sévère, faisant appliquer une discipline stricte pour gagner cette guerre, et je ne pense pas que tu sois en position pour…

-Olalala, qu’entends-je ici ? Dit soudainement une voix derrière le président.

Il se décala sur le côté et je pus voir le garçon roux arrogant de l’autre jour accompagné du grec et d’une troisième personne aux cheveux rouges en épis sur sa tête. Ils avaient tous le même air moqueur dans l’œil, mais un certain sérieux se dégageait également d’eux. Ils étaient très durs à cerner…

-Si j’ai bien compris, tu penses avoir assez de skill pour diriger une armée entière ? Si cela ne tenait qu’à ça, je serais déjà chef de cette armée !

-Calme-toi un peu Hoshi, tu veux bien ? Dit le grec. Nous ne sommes pas venus ici pour chercher la bagarre, nous venons à peine de sortir d’une bataille acharnée.

-Tu es poète toi maintenant ? Ironisa le troisième garçon. Comme quoi, la guerre nous fait faire des choses bien étranges. Si seulement Sunbird était là…

-Etes-vous venus simplement pour discuter ou pour autre chose ? S’impatienta le président.

-Les deux très cher président ; répondit le grec très poliment. Nous étions venus discuter au sujet du rôle de leader que cette très chère Hikari Miyako endossait.

-Alors…vous aussi vous pensez que je devrais me retirer ? Dis-je tristement.

-Laisse le grec terminer avant de parler toi, tu ne sais même pas ce qu’il a à te dire ! Répliqua Hoshi.

-Merci. Nous pensons également que tu n’as pas la carrure pour être chef.

Sa phrase me poignarda le cœur. Alors comme ça personne ne me faisait plus confiance après une seule bataille ? Mais ils avaient raison. Je n’avais rien fait, rien du tout, alors que eux se battaient pour leur vie pendant ce temps-là. En y repensant, ils avaient tous entièrement raison…

-Mais, je pense également que personne ici ne pourrait diriger une telle opération ; termina-t-il après un temps d’arrêt.

-C…Comment ? S’étonna le président.

-J’en connais un qui a besoin de se déboucher les oreilles ; dit le troisième garçon. Hikari Miyako, je ne sais pas du tout de quoi tu es capable, mais fait de ton mieux. Tu as fait le serment de nous sortir de cette galère, tu nous as donné à tous l’espoir que nous n’avions pas, alors c’est à toi à présent de tenir cette promesse. Voilà que j’en deviens poète, si ce n’est pas regrettable…

Les trois garçons se retirèrent ensuite, nous laissant tous les deux dans l’incompréhension. Le président me foudroya du regard et partit sans ajouter un mot de plus. J’étais à nouveau seule dans la pièce. Cependant, à présent, je savais que je ne pouvais pas baisser les bras maintenant. Si je le faisais, personne ne prendrait ma place et nous aurions sombré dans le chaos le plus total.

Je me souvins tout à coup des premiers mots du président et je me levai d’un bond. Et si jamais mes amis étaient blessés ?

J’ouvris la porte et je me précipitai dans les couloirs à leur recherche. Les élèves, encore épuisés par le combat, s’écartaient rapidement sur mon passage, non sans protester. Je finis par trouver mes amis dans le hall assis sur un banc, tous, excepté un. Un saisissement me prit à la gorge. Non, il ne pouvait pas…

Je m’avançai prudemment vers eux. Lorsque Denys me vit, il me fit de grands signaux, comme à son habitude.

-Miyako ! Alors, où étais-tu passée ? Je pensais que tu viendrais immédiatement à la fin du combat !

-Où…où est Dan ? Demandai-je tremblante.

-Excellente question, je ne l’ai pas revu depuis la fin du combat ; me répondit-il. Oh, ce n’est pas bien grave après tout, il nous rejoindra quand il en aura envie !

Je fus soulagée en entendant les mots de Denys. Dan ne semblait pas blessé selon lui, c’était déjà ça. Mais à présent, il allait falloir que je prenne mes responsabilités de chef en main. Je pris donc le micro du bureau de la direction pour passer une annonce.

-Ici Hikari Miyako. La bataille a été rude, je le sais, mais il ne faut pas nous reposer pour autant, ces ennemis peuvent attaquer à tout moment, il nous faut être prêt. C’est pourquoi, nous devons organiser des patrouilles de surveillance à toute heure. Si certains se sentent capable d’assumer ce rôle, qu’ils viennent dans la salle du club.

A ma grande surprise, une foule se présenta devant la porte. Je n’aurais jamais imaginé qu’autant de personnes étaient prêtes à risquer leur vie pour les autres alors que la veille, c’était à peine s’ils ne se tiraient pas dessus. Le grec et ses amis disaient donc vrai, ils avaient espoir, ils me faisaient tous confiance désormais.

Ce système de ronde fonctionna très bien. Une nuit, alors que tout le monde dormait, le veilleur nous alerta et nous échappâmes à une attaque surprise. Il avait également ses défauts, comme tout système. Les armées ennemies commençaient à comprendre que nous les attentions et envoyait également des éclaireurs, mais dans l’ensemble, nous avions l’avantage.

Plusieurs sections d’attaque se formèrent par la suite pour riposter. La première était composée des meilleurs combattants au corps à corps, le « United we Stand », dont le grec et les autres faisaient partie. Cette section était certainement celle nous rapportant le plus de victoires.

Juste derrière eux, la section « Overlord », dirigée par le rebelle du premier jour, analysait les armes ennemies abandonnées et les utilisait à son propre avantage. Je n’aimai pas particulièrement l’idée de combattre avec de telles armes, mais pour eux, il n’y avait pas d’autre solution pour gagner.

Derrière ces deux grandes factions, il y en avait beaucoup d’autres, toutes ayant leur utilité. Yume Nikki, quant à elle, gérait et planifiait les grandes attaques. Mais une chose me tracassait plus que tout, c’était le comportement de Dan. Il semblait totalement différent de d’habitude. Pendant nos heures de pause, il disparaissait comme absorbé par ses pensées et pendant les batailles, c’était à peine s’il distinguait ennemi et allié. Je n’aimais pas le voir ainsi, mais je n’avais pas le temps de m’occuper d’un détail pareil.

Ma « moitié » comme je l’appelais désormais, apparaissait de temps en temps pour me donner des conseils dans les moments les plus difficiles. Je n’essayais même plus de savoir ce qu’elle était réellement, du moment qu’elle nous apportait la victoire, je m’en fichais.

Avec cette organisation, nous réussîmes à tenir trois semaines sans qu’aucun élève ne fusse tué. Cependant, les réserves de nourriture commençaient à se faire rares. Nous avions sous-estimé la dureté des combats et surestimé la résistance des combattants. Avec ce qu’il nous restait, nous aurions tenu encore une semaine, deux au grand maximum. La guerre devait prendre fin rapidement…

Cette dernière prit un tournant radical le jour où le groupe UWS revint en ayant réussi à dérober à l’un des assaillants un petit carnet où ses instructions étaient écrites.

J’étais seule avec Denys et Julie lorsque nous les avons lues, et heureusement car l’une d’entre elle évoquait un espion infiltré…

-C’est mauvais ça, grommela Denys. Si quelqu’un apprend cela, la panique risque de s’emparer de tout le monde…

-Et le chaos régnera comme au premier jour, oui. Mais la décision te revient Miyako. Cacher une information comme celle-ci peut se révéler fatale si quelqu’un l’apprend par inadvertance ; me prévint Julie.

-Je le sais bien…mais nous devons prendre le risque. Pour le moment, nous sommes soudés par un même espoir. Je ne veux pas que celui-ci s’évapore pour ça…

-Oui, je comprends. Dans ce cas, donne-moi ce carnet, je vais le cacher là où personne ne le trouvera.

-Merci Julie.

Nous entendîmes alors des bruits de pas dans le couloir, mais lorsque j’ouvrai la porte, je ne vis personne. Cela ne devait être que mon imagination.

Nous sortîmes tous les trois de la salle de club puis nous nous dirigeâmes vers le grand hall de l’école pour planifier les activités du jour, comme nous le faisions. Cependant, tout le monde était déjà réuni. Intriguée, je me rapprochai et j’entendis une voix au centre, celle du président du conseil.

-Cette soi-disant chef que vous avez élue, elle vous ment depuis le début ! Elle sait qu’un traitre se cache parmi nous !

Des cris de stupéfactions s’élevèrent de tous les côtés, y compris moi. Qu’est-ce qu’il racontait encore lui ?

-Cependant, elle préfère ne pas vous le dire pour mieux vous manipuler ! Allez-vous accepter cela ? Allez-vous…

-Assez ! L’interrompis-je.

Un silence de mort régna sur le hall et tous les regards se tournèrent vers moi.

-Quand on parle du loup, regardez qui voila ? Alors Miyako, quelque chose à dire pour ta défense ?

-Je…

J’avais soudainement perdu tous mes moyens. Je n’avais rien à répondre. Tout ce que je dirai serait contre moi, j’étais dans mon tort, je n’avais pas à cacher une telle information aux yeux de tous ! J’aurais dû écouter Julie… Je sentais la situation m’échapper soudainement. Les murmures s’élevèrent, les regards se durcirent, des groupes se formèrent petit à petit et la foule se dispersa rapidement. Ce que je redoutais arriva, chacun fini par se battre pour son propre compte. Ce que j’avais eu tant de mal à créer, notre seul moyen de défense, tout venait de voler en éclat à cause de ma décision ! Une lueur de triomphe luisait dans les yeux du président.

-Toi…

Denys se jeta sur lui et l’attrapa par le col. Il ne fit rien pour se défendre.

-Laisse-le Denys ; l’arrêta Julie. Le frapper ne résoudra rien.

-Je comptais le donner en pâture à nos ennemis mais le frapper, c’est bien aussi !

Je me relevai péniblement, la tête basse. C’était la fin. Nous n’avions plus aucune chance de gagner cette guerre à présent.

-Miyako, qu’est-ce que tu nous fais là ? S’exclama ma moitié dans ma tête.

-Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Lui répondis-je mentalement. C’est terminé.

-Tu baisses les bras aussi facilement ? Tout ne semblait-il pas perdu également le premier jour ? Et pourtant, tu les as tous rassemblés, tu peux recommencer !

-A quoi bon ? Tu vois comment ça a fini…

-Tu commences à m’énerver toi tu sais ? Regarde plutôt ça et dis m’en des nouvelles !

Un flash de lumière m’aveugla et quand je rouvris les yeux, je me trouvais dans une grande forteresse volante. A mes pieds, des hommes se livraient une lutte acharnée à coup d’épées et de lance. Je compris rapidement que j’avais une vision du passé. Ma moitié apparut à côté de moi.

-Ces hommes se battaient pour une juste cause tu sais Miyako, comme vous il y a encore peu. Cependant, un grand malheur les a frappés et à présent, ils se battent entre eux. Mais regarde plutôt la suite.

La forteresse sur laquelle je me trouvais descendit lentement vers la masse d’hommes qui s’arrêtèrent brusquement en l’apercevant. Quelqu’un, ou quelque chose, en sorti, vêtu d’une longue robe dorée cachant son visage, mais laissant cependant dépasser une longue barbe blanche. Les hommes s’inclinèrent devant lui.

-Seigneur Luminion…

-Misérables, qu’êtes-vous en train de faire ? Hurla-t-il en colère.

Sa voie était grave, puissante, et chacun de ses mots retentissait en moi comme une lourde vérité, comme si j’étais moi-même concernée par les mauvaises actions de ces hommes.

– Si je vous ai donné vos pouvoirs, ce n’est pas pour que vous les utilisiez de cette façon-là ! Vous deviez combattre les dragons et non vous entre-tuez ! Mais j’ai eu tort on dirait, vous n’êtes pas prêts à endosser une telle responsabilité !

Il leva le bras et une lumière en jailli. Les hommes à terre des deux camps commencèrent à crier de douleur et je vis comme deux formes lumineuses s’élever et peu à peu, prendre forme. Je finis par en reconnaitre une, stupéfaite.

-Les pouvoirs de Delteros et Baxia sont beaucoup trop grands pour vous. Le pouvoir des étoiles ne peut être confié à de simples humains…

La vision s’estompa soudainement et j’étais de retour dans le hall de l’école, totalement essoufflée. Qu…Qu’est-ce que c’était que ça ? Le pouvoir des Etoiles ? Luminion ? Tout était si confus dans ma tête. Je tentais d’appeler ma moitié, mais aucune réponse ne me parvint. J’allais devoir chercher des réponses toute seule…

Le jour suivant fut un calvaire. Certains élèves s’étaient emparé de la réserve de nourriture tandis que d’autres des armes. Nous étions totalement démunis face à une telle situation, et tout cela par la faute de ce stupide président ! A trois, nous ne pouvions rien faire et nous passâmes la journée dans la salle du club à attendre. Attendre quoi ? Nous ne le savions même pas, et Dan n’était même pas avec nous pour nous guider. Nous étions totalement perdus…

C’est alors qu’on frappa à la porte et sans attendre notre réponse, le Grec et ses amis entrèrent, l’air mécontent. Nous nous levâmes d’un coup, prêts à nous battre.

-Ohohoh, c’est qu’ils sont énervés ces jeunes ! Déclara le roux toujours aussi sarcastique.

-C’est normal, Crimson Sunbird est parmi eux ; continua son camarade.

-Vous en avez pour longtemps ou bien je peux y aller ? Râla le grec.

-Monsieur veut parler, alors que monsieur parle ! Répliqua son ami, une pointe d’ironie dans la voix. L’autre l’ignora.

-Qu’est-ce que vous nous voulez encore ? Leur demanda Julie sur ses gardes.

-Simplement parler. Nous trouvons votre attitude déplorable.

Denys leva le point quand il dit cela mais Julie l’arrêta. Le grec ne fit même pas attention à cela et continua.

-Je pensais vraiment que tu pourrais nous guider en fin de compte, Hikari Miyako. Me serais-je trompé ?

-Bien sûr que non, tu ne te trompes jamais ! Ironisa l’homme au Sunbird.

-Tu lui as volé sa réplique ; rétorqua le roux.

-Quoiqu’il en soit, si tu ne peux pas assumer une rébellion comme celle-ci, mieux valait-il ne même pas commencer. Cependant, le mal est fait, et je ne peux laisser passer cela. Notre équipe s’appelait United We Stand, UWS, ce n’étaient pas que des paroles en l’air contrairement à vous, nous comptons vraiment sortir d’ici, tous ensemble, alors faites comme bon vous semble, mais nous allons réaliser ce que vous n’avez pas fait.

Le grec nous tourna le dos et partit avec une démarche confiante, suivi de ses deux camarades, échangeant des regards moqueurs. Cependant, il se retourna une dernière fois avant d’ajouter :

– Méfiez-vous tout de même, particulièrement toi Miyako, car le traitre pourrait t’être bien plus proche que tu ne le penses.

Son discours m’avait démoralisée encore plus que je ne l’étais déjà si cela était possible car il avait raison lui aussi.

Cependant ses derniers mots me laissaient un gout amer dans la bouche. Que voulait-il dire par là ? Etait-il en train d’accuser l’un de nous ? Qu’est-ce qui aurait pu lui faire penser une chose…

Je fus frappée d’un éclair d’angoisse. L’attitude de Dan était plus que bizarre ces derniers temps, se pouvait-il que…

Je me tournai vers mes deux amis qui ne semblaient pas avoir compris l’allusion et j’hésitai à leur faire part de mes soupçons. Après tout, peut-être qu’ils essayaient simplement de me faire douter de moi-même…Je l’espérai au plus profond de moi…


Les jours suivants, la faim commença sérieusement à nous tirailler tous. Nous n’avions plus d’attaques, ils devaient avoir compris que nous nous détruisions de l’intérieur. Les UWS avaient tenu leur promesse et réunissaient de plus en plus de personnes. Les Overlord également, mais dans un autre but. Ils ne recrutaient que les meilleurs, les autres étaient exclus et contraints de se débrouiller par eux-mêmes. Dan avait bel et bien disparu de la circulation, comme volatilisé, ce qui ne fit qu’augmenter mes soupçons sur lui.

Un soir, alors que j’allais me faufiler dans la cuisine pour voler de la nourriture –voilà à quoi nous en étions réduits – je vis quelqu’un d’autre entrer. Intriguée, je la suivi. Dans la pénombre, je ne pouvais pas voir son visage, mais je discernais tout de même qu’il s’agissait d’un garçon. Du bout d’un objet tranchant, il agrippa une belle tranche de viande et s’enfuit. Je le vis prendre la direction du toit et ma curiosité fut piquée au vif.

J’entendis la lourde porte s’ouvrir puis se refermer. Heureusement, je ne me séparais jamais des clés de l’endroit et je l’ouvris à mon tour.

Le voleur était là, assis par terre, dévorant son butin, une simple couverture pour se protéger du froid. Il sursauta en entendant la porte crisser mais se calma aussitôt en voyant mon visage.

-Oh, tu as finis par venir alors ?

Je…je reconnaissais cette voix ! J’étais si heureuse de l’entendre à nouveau que j’aurais pu lui sauter dans les bras, mais je me retins en repensant aux paroles des UWS. Il continua.

-Je suis vraiment désolé ; dit-il d’une voix lasse, comme s’il était épuisé. Je n’ai pas été là pour vous soutenir ces derniers temps…

Le vent soufflait fort en cette soirée, toujours sans étoile, comme au premier jour.

-Je ne voulais pas être un fardeau pour le club, alors j’ai préféré m’éclipser, le temps que les choses aillent mieux. Est-ce que tu m’en veux ?

-Je…

-Tu ne sais pas quoi répondre bien sûr…Répondit-il, comme résigné à accepter la vérité.

-Ce n’est pas ça ! Tu ne peux pas savoir comme on s’est inquiété pour toi, tu as disparu presque dès le premier jour !

-Parce que dès le premier jour, j’ai su que j’allais être un fardeau pour vous. J’ai vu mes limites, je vous aurais mis en danger si j’étais resté, vous auriez dû me protéger sans cesse, alors j’ai fait cavalier seul. Je suis désolé si je vous ai inquiétés…

Un long silence s’installa entre nous. D’où venait ce malaise soudain que je ressentais vis-à-vis de celui qui était autrefois mon ami le plus proche ? Lorsque je le regardai droit dans les yeux, il me semblait impossible qu’il nous ait un jour trahis. Soit les UWS se trompaient, soit je partais sur une fausse piste, mais dans tous les cas, mon ami n’était pas coupable, et je le savais.

Contre toute attente, il me proposa un morceau de son butin que je refusai poliment. Il l’avait récupéré, je n’avais aucun droit de le lui prendre…

Il soupira alors.

-Que tu es têtue Miyako ! Mais…tu n’as pas changé depuis ce jour-là…Dit-il nostalgique.

-Que veux-tu dire ?

Il rit légèrement puis me couvrit d’un regard doux.

-Tu te rappelle de notre première rencontre Miyako ?

-Notre…première rencontre ? Répondis-je, surprise qu’il évoque cela à un moment pareil.

-Oui, quel âge avions nous déjà ? Six ? Peut-être sept ans ? En tout cas, je n’étais pas quelqu’un de très recommandable à cette époque il me semble.

-Ah oui, je me souviens, tu étais Dan la terreur des bacs à sable ; lâchai-je en riant. Tout le monde tremblait devant ta bande et toi !

-Et pourtant, toi, tu ne t’es pas laissé démonter pour autant ; continua-t-il.

-Oui, je vous ai causé bien des soucis. Je refusais de faire ce que vous me demandiez, je m’interposais toujours lorsque vous alliez harceler les plus faibles et pourtant…

-Pourtant, lorsque ce fut moi le faible, tu m’as défendu également…

-Que veux-tu ? J’avais beau détester ce que vous faisiez, vous ne méritiez pas de vous faire accuser pour une bêtise que vous n’aviez pas commise !

-Mais, ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu as pris la faute sur tes épaules ? Tu n’avais aucune raison de le faire, tu aurais même pu te faire exclure…

-Je n’ai sans doute pas réfléchi, comme toujours, j’ai agis simplement, et je ne l’ai jamais regretté.

-Vraiment ?

-Oui, car si je ne l’avais pas fait, serions-nous en train d’en parler aujourd’hui ?

-Non, tu dois avoir raison. Mais je ne t’ai jamais remerciée pour ce que tu as fait ce jour, alors je le fais maintenant : merci Miyako.

-Ah…bah…je…je…bégayais sans savoir quoi répondre.

Sans prévenir, il me prit dans ses bras et me serra contre lui. Je me sentais bien comme ça, comme protégée par mon ami, comme à l’intérieur d’un cocon protecteur. Tout à coup, ce fut comme si les soucis autour de moi n’étaient que de simple souvenirs s’évanouissant dans un brouillard obscur.

-Tu dois être forte Miyako ; dit-il sans me lâcher. Sans toi, nous n’aurions pas tenus jusqu’ici, alors je t’en supplie, reconstruis ce qui a été détruit, toi seule le peut, j’ai confiance en toi, tu nous sortiras de cette guerre, comme tu m’as sorti de mon égoïsme.

-Tu mets au même plan deux choses d’ampleurs totalement différentes ; soupirai-je. Il est trop tard à présent, je…

Il me regarda droit dans les yeux, en fronçant les sourcils.

-Non Miyako. Arrête de croire que tu es seule car tu as faux. Beaucoup de personnes dans cette école croient encore en toi, ils attendent simplement que tu viennes à eux. Tant que nous vivons, notre espoir ne peut s’éteindre, est-ce que tu m’as bien compris ?

-Je…

-Moi en tout cas, je crois en toi Miyako. Tu vas nous sortir de là, tous, sains et saufs, comme tu l’as promis, j’en suis persuadé !

-Arrête, je…tu me mets bien trop de pression sur les épaules là…

-Ahah, désolé, mais je voulais que tu comprennes à quel point tu nous es indispensable.

Je lui souris alors, et il me rendit mon sourire. Il avait fini par me convaincre malgré moi. S’il disait vrai, je ne pouvais baisser les bras, même si un traitre se cachait parmi nous.

Je le remerciai chaleureusement et je pris la direction du bureau de direction. Il tint à m’accompagner pour s’excuser de son absence prolongée, assurant qu’il serait à présent toujours à nos côtés.

Il était encore tôt lorsque je rentrai dans la salle de direction et je fus surprise de voir que les UWS y avaient établi leur camp. Certains membres me lancèrent des regards hostiles mais les leaders eux, me regardaient sans appréhension.

-Alors Miyako, as-tu enfin fait ton choix ? Me demanda Le Grec solennellement.

-Oui, j’ai décidé de reprendre les choses en main ! Affirmai-je d’une voix se voulant confiante.

-Ohoh, voilà que notre chef bien aimée reprend du poil de la bête, je commençais à en avoir marre des ordres stupides du Grec ! Lança son camarade nommé Hoshi.

-Je n’ai que trop longtemps renié mes responsabilités et regardez où cela nous a mené ! A présent, il est temps de mettre fin à cette guerre !

-Bien, c’est tout ce que je voulais entendre ; acquiesça le grec. Tiens, je pense que tu es prête à reprendre ceci.

Il me tendit le micro que j’attrapai les mains tremblantes puis je le remerciai chaleureusement. Le grand moment était enfin arrivé, j’avais à présent le pouvoir de reprendre le contrôle de la situation, remettre de l’ordre dans le désordre que le président avait créé. J’inspirai un grand coup et je me mis à parler dans le micro. Ma voix résonna longuement dans le bâtiment.

-Très chers élèves et camarades de classe, ici Hikari Miyako. Je sais que nous avons vécu des choses difficiles ces derniers temps mais à présent, vous n’avez plus à vous en faire car je compte bien vous sortir tous d’ici indemnes ! Je sais que j’ai fait des erreurs par le passé, vous cacher une information aussi importante que la présence d’un traitre parmi nous n’était pas une bonne idée mais je voulais à tout prix éviter la panique. Cependant, je n’ai pas réussi et le résultat a été pire que tout ce que j’imaginais. Mais à présent, vous avez également vu que vivre chacun de son côté n’est pas la meilleure chose à faire, les faibles sont écartés, c’est la loi du plus fort qui règne. Mais lorsque nous faisons cela, qu’est-ce qui nous différencie de nos ennemis ? Rien du tout ! C’est pourquoi je vous le demande encore une fois, nous, je vous supplie de vous réunir à nouveau pour faire face à l’ennemi comme un seul homme ! J’espère sincèrement que ces paroles vous aurons touché, ou au moins fait réfléchir sur votre manière de vous comporter.

Je posai le micro sur la table, encore tremblante. Comment allaient-ils réagir tous face à ma pauvre tentative pour reprendre le pouvoir ? Et si cela n’engendrait que plus de discordes ?! Je frémis à cette idée. Cependant, j’entendis soudainement derrière moi quelques applaudissements lents. Je me retournai, il venait de l’homme au Sunbird et du Grec mais ils furent bientôt rejoints par tous leurs camarades jusqu’à ce qu’un tonnerre d’applaudissements se fasse entendre.

Je n’en revenais pas. Le grec me félicita avec sa froideur habituelle, son ami Hoshi fut sarcastique mais on sentait une pointe d’admiration dans sa voix, quant à l’homme au Sunbird, il affichait un sourire sincère.

Dan me prit sans ses bras et me félicita tandis que Denys et Julie arrivèrent quelques instants plus tard puis me félicitèrent à leur tour. Ce jour-là, j’avais vraiment l’impression que tout espoir n’était pas perdu.

Dès le lendemain, UWS devint partie à part entière de Yume-Nikki. Cela encouragea de nombreux élèves à nous rejoindre. Petit à petit, notre équipe se reformait, bien qu’Overlord préférât toujours faire équipe de leur côté, mais au moins, nous n’avions plus de problèmes avec les armes et la nourriture, pour le peu qu’il restait…

Mais cette illusion de stabilité se brisa dès le lendemain. Les armées ennemies étaient de retour sur le terrain voyant notre nouvelle organisation, mais pour la première fois, nous avions réussi à capturer l’un de leurs hommes. Dan le ramena à l’intérieur avec moi et les UWS pour l’interroger sur leurs plans de bataille pour prendre l’avantage.

-Alors, parle, que comptez-vous faire ? Lui demanda Dan froidement.

-Absolument rien, nous n’avons besoin de rien faire pour vous vaincre ; dit-il d’une voix mielleuse.

-Ohoh, quel confiance en soi, c’est impressionnant ! Prends-en de la graine le grec ! Mais il se trouve que ce n’est pas ce qu’on te demande, alors soit tu vas parler soit on lâche Sunbird sur toi !

-Ne critique pas Sunbird Hoshi ! Protesta son camarade.

-Vous n’êtes qu’une bande de guignols incapables de voir plus loin que le bout de votre nez…Dit alors notre prisonnier.

-Sois plus clair je te prie ; le somma le Grec.

-Oh mais c’est très simple. Je suis simplement en train de vous dire que le traitre est dans cette pièce…ou plutôt devrais-je dire la traitresse.

Tous tournèrent les yeux vers moi, abasourdis et je fis un pas en arrière. Qu’est-ce qu’il racontait ? Moi la traitresse ? Ridicule ! Personne ne semblait le croire non plus heureusement.

-Arrête tes sornettes ! S’exclama Dan en le menaçant. Miyako ne peut pas nous avoir trahis, elle est la personne la plus honnête que je connaisse !

-Et pourtant, la connais-tu si bien que ça ? Rétorqua l’ennemi.

Je sentis sa détermination vaciller. Mon cœur s’accéléra soudainement. Et s’il disait vrai ? Si j’étais vraiment cette traitresse sans même le savoir ? Je tentais d’appeler ma moitié, sans succès, ce qui ne fit qu’amplifier ce sentiment.

-La fille de lumière est notre clé. Tant qu’elle sera en vie, nous aurons toujours une longueur d’’avance sur vous. Vous ne pouvez pas gagner tant qu’Hikari Miyako sera votre chef !

Un rire grave s’éleva de sa gorge et Dan le fit taire d’un coup de poing dans le ventre avant de se tourner vers moi. Je ne pouvais plus soutenir son regard tant j’avais honte. Il tenta de me consoler, mais je m’enfuis avant qu’il ait le temps et je fonçai en plein cœur de la bataille…S’il disait vrai, il ne me restait plus qu’une seule chose à faire pour préserver la survie de mes amis…



Hakari Miyako: Désespoir



Spoiler :



Non, non, non ! Cela ne pouvait pas être vrai ! Je ne pouvais pas être la traitresse, je le savais ! Comment aurais-je pu les trahir alors que je ne faisais que les aider ? Tout cela était stupide, mais je savais au fond de moi que cet homme ne mentait pas…

Je courais en plein cœur de la bataille, sans regarder où j’allais, sans même voir qui je percutais sur mon chemin, ami ou ennemi. J’étais simplement remplie d’une haine incommensurable contre moi-même. La fille de lumière ne pouvait être qu’une seule personne !

Plusieurs fois, je sentis des projectiles, flammes, griffes, me frôler, mais jamais me toucher. Je finis rapidement par arriver aux limites de la grande cour et je vis derrière moi une dizaine d’hommes et de monstres à mes trousses. Je me retournai pour leur faire face. Ils n’avaient pas intérêt à m’énerver plus que je ne l’étais déjà !

– Fichez moi la paix ! Criai-je. Delteros !

J’invoquai mon puissant monstre et les hommes reculèrent, soudain hésitant. Sans réfléchir une seconde de plus, je lui donnai l’ordre de les exterminer. Il leva son épée et un éclair jaillit qui frappa tous mes opposants d’un seul coup. Ils disparurent dans une épaisse brume noire ne laissant qu’un cratère fumant derrière eux.

D’autres arrivèrent. Ils voulaient subir le même sort ? Très bien !

Ils n’étaient même pas encore arrivés devant moi que j’ordonnai à mon monstre d’attaquer. La surprise leur fut fatale et disparurent également sans laisser de trace. Ils pouvaient bien venir tous, je les attendais, et tous subiraient le même sort !

J’étais simplement guidée par mon instinct et ma rage, obscurcissant toute pensée censée. Luminion s’était bien joué de moi lui aussi avec son cadeau empoisonné, si j’avais su, je me serai livrée bien avant pour éviter tous ces ennuis à mes amis !

En pensant à cela, ma rage s’intensifia encore et je me lançai à mon tour dans la bataille, sans réfléchir aux conséquences. Je ramassais une épée trainant au sol et je me jetai sur un ennemi en lui transperçant le dos. Je ne savais même pas s’il s’agissait d’un monstre ou d’un homme et cela m’était bien égal. Je voulais simplement déverser toute cette frustration accumulée tout au long de la guerre.

Trois hommes m’encerclèrent, un sourire carnassier aux lèvres. Ils pensaient donc que se mettre à trois contre un leur donnait l’avantage ? Quels idiots !

Ils se jetèrent comme un seul sur moi avec des poignards mais je les évitai avec une vitesse surhumaine et j’en embrochai un sur la lame de l’épée, je saisis le second à la gorge et le jetai sur le troisième.

Je ne ressentais aucune compassion pour ces hommes. Ils n’étaient que de simples envahisseurs qu’il fallait repousser coute que coute.

-Attends Miyako, je dois te parler, c’est important ! Me dit ma moitié alors que j’envoyai valser un monstre dans les airs.

-Qu’est-ce que tu veux encore ? Nous n’avons plus rien à nous dire, tu nous as tous trahis !

-Ce n’est pas ce que tu crois Miyako, je te le jure !

-Alors explique-toi ! La sommai-je en me défaisant d’un monstre gluant.

-Je suis désolée, je ne peux pas…c’est comme si Gariatron suivait à la trace toute particule de lumière, c’est certainement comme ça qu’il connaissait nos plans à chaque fois…Répondit-elle tristement.

-C’est tout ce que tu as à dire pour ta défense ? Rétorquai-je. Tu n’aurais pas pu nous prévenir avant ?!

-Je sais bien, mais il est trop tard pour se morfondre comme tu le dis souvent, à présent, nous devons mettre fin à cette guerre !

-Comme si ce n’était pas ce que nous essayons de faire depuis le début !

-Attention Miyako !

Durant mon monologue intérieur, un monstre s’était approché tout près de moi et s’apprêtait à m’asséner un coup fatal. Je voyais déjà ma fin arriver mais un rayon de lumière pure le frappa et il disparut.

-Je suis désolée Miyako ; répéta ma moitié. Mais tu dois m’écouter maintenant. Il n’y a qu’un seul moyen de mettre fin à la guerre, cependant…

-Parle, nous n’avons plus le temps, si tu sais quelque chose, dis-le maintenant ou tais-toi !

-La fille de lumière…c’est toi Miyako…

Je m’arrêtai net dans mon mouvement. Alors depuis tout ce temps, j’avais les moyens de mettre fin à la guerre en me livrant simplement ? C’était…c’était si ridicule…

Mes mains se mirent à trembler et je lâchai mon épée, incapable de la tenir plus longtemps. S’il le fallait vraiment, alors peut-être…peut-être que…

-Miyako ! Qu’est-ce qu’il t’arrive bon sang aujourd’hui ! Hurla ma moitié en déviant quelques flammes. Ressaisis-toi ! Tu ne vas pas accepter simplement de mourir maintenant que je te l’ai dit ! Et ta promesse alors : tu les sortiras tous sains et saufs, cela compte aussi pour toi !

Ces mots me firent reprendre mes esprits et je revins à moi. Elle avait raison, je ne pouvais pas mourir ainsi…du moins, pas sans me battre.

-Tu es prête Miyako ? Demandai-je à ma moitié.

Elle acquiesça.

Je me tournai vers mon monstre et je me précipitai à nouveau en plein cœur de la bataille, en m’assurant de capter le plus d’ennemis pour qu’ils se lancent à mes trousses. Si je devais mourir, autant le faire en guerrière.

Après quelques passages, je me retournai pour voir les ennemis. Ils étaient soudain bien plus nombreux que je ne l’avais imaginé. Quelle idée stupide en y repensant…

J’accélérai le pas et j’entrai dans le bâtiment principal. Ils me suivirent. Je devais les amener à un endroit précis, l’endroit où j’avais décidé de livrer mon ultime combat. Je montai les escaliers, essoufflée tout en cherchant la clé dans ma poche.

-« Là où tout a commencé », et là où tout se terminera ; pensai-je.

Je poussai la lourde porte et je la refermai aussitôt derrière moi, le temps de reprendre mon souffle. Les ennemis firent exploser la porte, ce qui me projeta au bord du vide.

Je tentai de me remettre debout, mais avant que je n’aie pu faire le moindre mouvement, un énorme serpent se jeta sur Delteros et le mordis à la gorge. Je ressentis la douleur comme s’il s’agissait de la mienne. Mon monstre disparut, quant à moi, j’étais désormais trop faible pour continuer le combat.

Pour la première fois, je ressentis la peur à l’état pure : la peur de la mort.

-Désolée les amis…m’excusai-je en silence. Je…

Une nouvelle explosion retentit depuis l’intérieur du bâtiment. Dan apparut, le regard rongé par l’inquiétude et, me voyant à terre, ne réfléchit pas une seconde de plus et se jeta sur mes assaillants.

-Miyako !

Il en percuta deux qui s’écrasèrent au sol avant de disparaitre dans une fumée noire. Les survivants reportèrent leur attention sur lui et l’encerclèrent.

Non, il allait faire tout rater ! Mais je ne pouvais pas lui dire que la seule façon de mettre fin à cette guerre était que je meure…

Je tentai de me relever pour l’épauler mais j’étais bien trop faible et je m’effondrai aussitôt.

Vous ne toucherez pas un seul cheveu de Miyako ! Apparaissez, Nephilim, Winda, Grysta et Shekhinaga !

La suite ne fut que pluie de griffes, crocs et épées, tout cela dans le chaos le plus complet. Je ne parvenais même pas à distinguer les combattants. Plusieurs fois, je fus menacée d’être touchée, mais à chaque fois, l’un des monstres de Dan me protégeaient. Cependant, mon ami s’épuisait à vue d’œil. A chaque fois qu’un coup était donné, il le ressentait, et avec quatre monstres, la douleur devait être multipliée…

Je voulais lui crier d’arrêter, mais aucun son ne sortait de ma bouche. J’étais clouée au sol, impuissante à aider mon ami qui se battait pour ma survie sans se soucier de la sienne. Je ne pouvais rien faire, pas même mettre fin à mes souffrances, rien, à part regarder mon ami prendre les coups à ma place…

Finalement, ce qui devait arriver arriva. Dan, épuisée, s’écroula et ses monstres furent balayés. Les ennemis sourirent et un cercle noir se forma à ses pieds.

-Miyako, fais quelque chose bon sang ! Me cria ma moitié, son âme va être aspirée !

Son âme aspirée ? Penser à cette issue me donner assez de force pour me remettre debout dans un ultime effort, ignorant les blessures et la fatigue. Je fis un pas en avant, mais Dan me fit signe de ne pas m’approcher plus.

-Ne t’occupe pas de moi Miyako ; articula-t-il. La victoire est plus importante que ma propre survie, et toi seule peut nous l’apporter !

-Je refuse de faire une telle chose, gagner en sacrifiant ses amis n’apportera jamais rien de bon !

-Je te fais confiance Miyako, s’il te plait…met fin à tout cela…

Oh que oui, j’aillais mettre fin à cela, et plus vite qu’il ne le pensait.

-Miyako, je compte sur toi ; dis-je à ma moitié.

-Laisse-moi faire, si cela me permet de me faire pardonner…

Je sentis une partie de mon âme s’échapper, comme si on m’arrachait le cœur. Ma la douleur ne dura qu’une seule seconde, car juste après, au-dessus de moi, ma moitié se tenait debout, flottant dans les airs, en armure de guerrière

-Encore une fois désolée Miyako, je ne voulais pas en arriver là…

Je ressentais de vrais remords dans sa voix mais je ne pus lui répondre car elle attaqua immédiatement les hommes avec un rayon de lumière dorée. Une haine se lisait dans leurs yeux avant qu’ils ne soient absorbés dans cette lumière. Cependant, l’un d’entre eux eut le temps de lancer un projectile noir qui toucha ma moitié au cœur. Nous criâmes de douleur comme une seule et tout devint noir. J’entendis néanmoins la voix de ma moitié dans ma tête une dernière fois :

-Tu ne peux pas porter ce fardeau seule Miyako…Trouve…trouve quelqu’un qui saura t’épauler. Cette longue bataille s’achève, mais la guerre est loin d’être finie…Les étoiles descendront bientôt sur terre, ce n’est qu’une question de temps…

Puis les ténèbres s’emparèrent de moi.


J’ouvrai les yeux timidement. Les ténèbres m’entouraient toujours. Tout mon corps était endolori. Etais-je morte ? Cela ne m’aurait même pas étonnée après un tel choc. Cependant, si j’étais bel et bien morte, pourquoi ressentais-je toujours la douleur ? Etais-je condamnée à souffrir éternellement pour mon incompétence ? Je l’aurais mérité après tout. Ce châtiment aurait même été une bénédiction pour moi, après toute la souffrance engendrée par ma faute. Tous mes amis du club, les camarades de résistance blessés au combat, tout cela par ma faute, parce que j’avais refusé de me rendre lorsque l’occasion se présentait à nous !

-Mi…Miyako…Dit soudainement une voix faible à côté de moi me faisant revenir à la réalité.

Je la reconnu immédiatement, puis tout me revint en tête, la course poursuite jusqu’au toit, puis l’arrivée soudaine de Daniel pour finir sur…Je me réveillai totalement pour l’apercevoir, gisant dans une mare de sang. Ignorant la douleur, je me précipitai sur lui, affolée. Une énorme blessure lui entaillait le ventre, d’où le liquide rouge s’écoulait abondamment. Chaque respiration semblait être un supplice pour lui.

-Dan !

-Tu en as mis du temps, tu le sais ça ? Murmura-t-il, avant de grimacer sous l’effet de la douleur.

-Ne te force pas, je vais chercher des secours, tiens bon !

Je me levai, mais il me retint par le bras, puis me dit non de la tête.

-C’est trop tard ; articula-t-il avec difficulté. Tu ne peux plus rien faire pour moi…

-Ne dit pas n’importe quoi, tu vas t’en sortir ! Je…Je vous ai promis que je nous sortirai tous vivants d’ici !

-Il est temps de regarder la réalité en face Miyako, tu ne peux plus fuir les faits accomplis…

-Je…Je ne peux pas…

-D’autres hommes ne vont pas tarder…Echappe-toi tant que tu le peux encore…mon cas est déjà scellé, je ne serais qu’un fardeau supplémentaire pour tes épaules, au sens propre du terme…

-Non, non et non ! Rétorquai-je. Si j’avais su…si j’avais su que tout cela allait arriver, je me serais livrée dès le premier jour !

-N’était-ce pas toi qui disait qu’il ne fallait pas regretter ? Te morfondre ne t’apportera rien de plus que de la tristesse, alors s’il te plait, tourne la page le plus vite possible…

-J’avais tort sur toute la ligne et tu avais raison depuis le début…Je suis désolée de ne pas t’avoir écouté…Si je l’avais fait…

-N’avons-nous pas déjà parlé de tout cela auparavant ? Nul ne peut changer le passé, mais tu peux modeler l’avenir…

-C’est pourquoi je vais te sauver, coute que coute, il n’est pas trop tard !

Il ferma les yeux, puis sourit. Les larmes me vinrent. Je ne croyais même pas ce que je disais, et lui non plus. Sa blessure était trop importante pour guérir, les médicaments et les bandages n’y changeraient rien. Nous savions tous les deux pertinemment que c’était la fin, cependant, je refusais de l’accepter, contrairement à lui…Encore une fois, je refusais de voir la réalité se présentant devant mes yeux si évidente.

Tout à coup, je ressentis comme une chaleur réconfortante dans mon dos, une vive lumière venait d’apparaitre, la lueur d’espoir dont nous avions tous besoin, l’astre du jour, le soleil envoyait ses premiers rayons pour la première fois depuis plus de trois semaines. Je n’en croyais pas mes yeux, jamais je n’aurais espéré pouvoir le contempler à nouveau. Je pensais mourir dans l’obscurité sans fin de la nuit créée par le dragon.

Sa lumière était si apaisante, comme si toutes les ténèbres autour de nous se dissipaient par sa simple présence. J’en avais oublié à quel point sa simple présence chassait tous les maux de l’humanité. Mais je sentais en moi qu’il s’agissait là de l’œuvre de Luminion, comme un cadeau de remerciements et d’excuses…

-Dan…Regarde…Le soleil s’est levé…

Il entrouvrit les yeux et esquissa un sourire.

-Alors…Tout est fini ? Dit-il dans un murmure.

-Je crois bien, oui.

-La fin de la guerre…C’est un cauchemar qui se termine aujourd’hui. Je suis heureux…d’avoir pu revoir une dernière fois…Le soleil…Avant…

-Dan…

-Pour tout te dire, j’ai perdu tout espoir il y a longtemps…Ce n’est que grâce à toi, Julie et Denys que j’ai pu continuer à avancer…

-Qu’est-ce que tu racontes ? Tu nous guidais tous !

-Non Miyako…Toi, Tu nous guidais tous.

-Et pourtant, je n’ai pas pu tenir ma promesse…

-Tu l’as tenue, je peux te l’assurer, mais cependant Miyako…

-Oui ?

-Peux-tu me promettre une dernière chose ?

Je ne répondis pas, je ne pouvais pas répondre, ma gorge était nouée par l’émotion.

-S’il te plait, continue à vivre ta vie. Tu es destinée à de grandes choses, alors, ne t’arrête pas en si bon chemin. Ne te tourne pas vers le passé, mais regarde vers l’avenir…Il sera certainement rempli de bien plus de joie que tu n’en as jamais connu…

-Aniki…

-Je t’encouragerai, ou que je sois, tu pourras toujours compter sur moi, et sur Yume Nikki. Nous guiderons tes pas, comme tu nous as guidés durant cette guerre. Nous sommes une famille après tout.

-Je…

-Allons Miyako, souris un peu, cela ne te ressemble pas de tirer une tête pareille ! Nos chemins se séparent peut-être ici, mais je suis sûr qu’un jour, nous nous reverrons…

-C’est une promesse ?

-Oui. Alors, je t’en prie, ne pleure pas.

Il leva sa main pour essuyer une larme me coulant sur la joue, tout en continuant de sourire.

-Où que tu sois…tu continueras à m’encourager…Tu ne m’abandonneras jamais…

-Oui. Ne t’inquiète pas, tout ira bien à présent…

Je ne répondis rien, tentant de retenir mes larmes, sans succès. Dan tourna la tête vers l’océan, comme il l’avait fait tant de fois auparavant.

-Il y a encore…Tant de choses que je n’ai pas pu faire…Tant de choses que je n’ai pas vues, mais…Mais, mon chemin ne va pas plus loin…

A son tour, il se mit à verser une larme.

-Peux-tu le faire pour moi Miyako, réaliser les rêves que je laisse derrière moi ?

-Tu peux compter sur moi…

-Je suis…vraiment heureux…d’avoir pu partager tant de souvenirs avec vous toutes ces années. Aussi court fut mon passage dans Yume Nikki, j’ai pu apprécier chaque moment que nous avons passé ensemble, tous les quatre, je suis heureux que tu aies été notre chef, que tu nous aies guidés, afin de nous sortir de cet enfer…Pour tout cela, je dois te dire…merci, merci pour tout, Miyako…Ma vie…n’aura pas été vaine après tout, et c’est grâce…à toi…Acheva mon ami dans un souffle à peine audible.

Je sentis soudainement la pression sur ma main se relâcher, puis son bras retomba sur le sol, inerte et glacé.

-Dan…Dan ? Dan !


Tandis que le soleil éclairait le sourire désormais figé de mon ami, j’entendais des cris de joie, d’étonnement et des pleurs venant d’en bas. Je me relevai, chancelante, et je m’approchai du bord. Tous les ennemis avaient disparu instantanément aux premiers rayons de soleil et tous se réjouissaient de voir enfin la fin de cette guerre. J’aperçus le grec sourire pour la première fois en tournant la tête dans ma direction tandis que ses deux amis se félicitaient tout en se lançant des piques, mais ils étaient heureux également. Les Overlord jouaient aux durs, prétendant que sans eux, la guerre aurait continué. Le président du conseil sortit du bâtiment principal, les yeux exorbités, comme s’il ne pouvait croire que nous n’avions plus rien à craindre.

Denys et Julie arrivèrent peu de temps après, et à leur vue, je m’effondrai sur le sol en gémissant. Ils tentèrent tant bien que mal de me consoler, mais il n’y avait rien à faire, le flot de larmes ne voulait pas s’arrêter, et je ne voulais pas qu’il s’arrête.

-Pourquoi, pourquoi, pourquoi ! Répétai-je sans cesse à mes amis, incapables de comprendre ce qu’il s’était réellement passé.

Il ne fallait pas qu’ils sachent, je voulais les préserver, je ne voulais pas qu’il leur arrive malheur à eux aussi.

Ils me trainèrent tant bien que mal dans la cour où tous les élèves me firent une ovation générale, dirigée par l’homme au Sunbird. Ils ignoraient tous que pour moi, l’heure n’était pas aux réjouissances. Je ne pouvais pas sourire, je ne pouvais même pas leur répondre. La mort de Dan occupait toutes mes pensées.

Les jours suivant la fin de la guerre furent assez agités pour tous les élèves, mais ne sont pour moi qu’un tourbillon d’images floues, noyées dans un chagrin sans fond.

Il fallait reconstruire l’école, s’assurer que tout le monde était en bonne santé et surtout, retourner chez nous. Ma mère m’accueillit en pleurant de joie. J’appris que durant la guerre, elle avait fait tout son possible pour nous sortir de là, ce qui me remonta légèrement le moral. Je dus annoncer aux parents de Dan la triste nouvelle, mais étrangement, ils ne m’en voulurent pas, et étaient même fiers de son acte, bien que je perçus tout de même une immense tristesse en eux.

Denys et Julie furent transférés du jour au lendemain, si bien que je n’aie jamais pu leur dire au revoir. J’aurais tant voulu partager ma peine avec eux, ils étaient les seuls à pouvoir me comprendre, mais c’était impossible à présent. J’étais plus seule que jamais. C’est ainsi que les derniers membres de Yume-Nikki disparurent, et le club de duel fut fermé.

Je réussis à tenir avec le soutien des UWS au départ, mais, une fois ceux-ci diplômés, je me retrouvai à nouveau seule.

Pour ne rien arranger, ma moitié, bien qu’ayant disparu de ma vie, continuait d’occuper mes pensées, et particulièrement ses derniers mots. Chaque jour, je redoutai de voir surgir une nouvelle menace, pire que celle du dragon… De plus, de temps en temps, des images de personnes que je ne connaissais pas jaillissaient dans ma mémoire, comme si je les connaissais.

Souvent, je retournai sur le toit durant les pauses, ou même durant les cours, lorsque je ne pouvais plus retenir ma peine, ou pour déverser toute ma frustration. Plusieurs fois, je voulus mettre fin à mes jours à ce même endroit, mais je ne pouvais m’empêcher de revoir le visage de Dan, me suppliant de rester en vie pour lui.

Un jour, juste avant d’être diplômé, le grec me surprit pendant les heures de cours à trainer là-bas.

-Oh, mais que vois-je, si ce n’est pas la grande Hikari Miyako qui sèche. C’est contre le règlement tu le sais ?

J’avais ri légèrement à sa blague, ce qui avait eu l’air de lui faire plaisir. Il s’était installé à côté de moi avant de regarder au loin, pensif. Même après la guerre, il avait gardé son air sérieux et pensif. Il ne laissait paraitre aucune émotion. Soudainement, il me fit penser à Dan, lui aussi avait l’habitude de regarder la mer lorsqu’il réfléchissait.

-Tu sais Miyako, tu ne dois pas te sentir responsable de tout ce qui est arrivé durant la guerre ; avait-il déclaré solennellement. Malgré quelques erreurs de parcours, tu as tenu bond et grâce à toi, nous sommes sortis sains et saufs.

-Non, tu te trompes ; lui avais-je répondu tristement.

-Oui, je sais bien que ton ami n’a pas eu cette chance. Cependant, retiens bien une chose : si tu n’avais rien fait, si tu avais laissé l’ennemi nous envahir, que ce serait-il passé ?

-Je suis désolée…mais je ne peux pas m’empêcher de penser que si je n’avais rien fait, les choses seraient peut-être allées beaucoup mieux…

-Que veux-tu dire ?

-Ca serait trop compliqué à expliquer…

-Soit. Mais garde tout de même cela en tête : tu n’as pas été une mauvaise chef. Peu de gens auraient eu le courage de faire ce que tu as fait. Tu peux en être fière. De la part de tout UWS, je suis venu te dire merci.

-Je…

-Tu n’es pas obligée de le comprendre aujourd’hui, mais viendra un jour où tu réaliseras que tout ce que tu as fait était formidable.

Il avait tourné le dos puis, une fois arrivé à la porte, s’était retourné et avait lancé :

-Ceci est un adieu Miyako. L’année prochaine, nous ne serons plus là pour le voir, mais j’aimerais que tu continues à guider tout le monde, je sais que tu peux le faire, je te fais confiance et je sais que tu ne me décevras pas, comme tu ne m’as pas déçu durant la guerre.

Ce furent les derniers mots que j’entendis de lui avant qu’il ne parte, me laissant seule.

L’année se termina ainsi. Les vacances d’été, pour la première fois, me furent insupportables. Je passais mon temps enfermée dans ma chambre, à me lamenter, lire ou bien perdue dans mes souvenirs. Il était également hors de question que je retouche à un disque de duel, les cartes m’avaient fait trop de mal durant la guerre.

La nouvelle année arriva, ainsi que de nouveaux élèves. Au début, je restai soigneusement dans mon coin, évitant tout contact avec mes anciens camarades d’infortune. Rien que voir leur visage me rappelait de mauvais souvenirs.

Cependant, un jour, alors que je déambulais dans les couloirs, une affiche attira mon attention. Je m’approchai et je vis avec stupeur que quelqu’un essayait de récréer le club de duel de monstre. Pire que tout, ce président stupide s’y opposait encore.

Je ne sais pas ce qui m’a pris à ce moment, mais j’entrai dans une colère noire et je fonçai dans le bureau du président. Je m’arrêtai devant la porte et je pus l’entendre en conversation avec un autre garçon.

-Connais-tu au moins la raison pour laquelle ce club a été fermé ? J’imagine que non… L’année dernière, il fut la première cible du dragon, et tous ses membres furent blessés. Nous n’avons nullement envie de revivre un tel incident une deuxième fois. Tu sais de quoi je parle Jean-Michel, ou plutôt devrais-je dire, Darksky.

J’ouvris la porte violement avant de rétorquer.

-Objection Président !

-A qui ai-je l’honneur ? Dit-il méfiant.

Je toisai le président avec un regard hostile. Je n’avais pas oublié ce qu’il avait provoqué durant la guerre. Mon regard se reporta sur le garçon. J’avais l’impression de l’avoir déjà vu…mais où ? Peut-importait après tout.

-Je suis Hikari Miyako, en troisième année, de la classe D. J’ai vu que tu avais griffonné toutes les affiches du club de duel de monstres avec ton stylo rouge. C’est bien joli les graffitis, mais, si je me réfère à l’article vingt-cinq de votre règlement, n’importe qui peut créer n’importe quel sorte de club, du moment qu’il a au minimum trois membres fondateurs. Je peux bien comprendre que vous n’ayez pas envie que la catastrophe du dragon se reproduise, cependant, qui a subit les pertes les plus lourdes en essayant de vous sauver la peau ?

-Oui, peut-être que ces membres ont protégé d’autres élèves, mais…

-Il n’y a pas de mais ! Rétorqua-t-elle violemment. Tu sais tout aussi bien que moi que même sans ce club, cette école aurait été attaquée, alors soit tu autorises la formation du club, soit j’irai en référer à plus haut !

Le président grommela, avant de faire signe aux autres membres qui se concertèrent. Après un bref délai, il reprit la parole.

-Soit, je veux bien autoriser la création de ce club, mais à une condition : le club devra sortir vainqueur au tournoi inter-école de décembre, sans quoi, il sera immédiatement fermé. Prouvez-nous que cette fois-ci, vous serez capable de nous protéger ; nous menaça-t-il.

-Je m’en assurerai personnellement ; répliquai-je en le défiant.

Je sortis de la pièce, assez contente de moi-même, tout en continuant à mépriser ce type. Non seulement il semait le trouble durant la guerre avec des rumeurs mais en plus me faisait porter tout sur mes épaules, il était gonflé encore !

-Miyako ; dit alors le garçon avec moi. J’ai trouvé ceci hier sur le toit.

Il me présenta ma carte et je retins un hoquet de surprise.

-Je…je n’ai pas été sur le toit hier…ni jamais ; mentis-je mal à l’aise.

-Mais pourtant, nous nous sommes parlés hier à cet endroit !

Je fouillais dans ma mémoire et je revis, inexplicablement ce garçon avec moi sur le toit…Non, ce n’était pas moi, c’était…

-C… C’est vrai ; admis-je pour ne pas éveiller les soupçons. Je suis désolée, j’avais totalement oublié.

Je tournai la tête vers les escaliers menant au toit, bien décidée à éclairer ce mystère.

-Bien, tu as peut-être rétabli le club, mais maintenant, il ne tient qu’à vous de le faire survivre. Je te souhaite bonne chance, et comme promis, je viendrai vous aider.

Je me défis de ce garçon pour me précipiter là où tout avait commencé sans me retourner. Mais bon sang, pourquoi leur avais-je proposé mon aide ? Pensai-je soudain. Je croyais m’être jurée de ne jamais retoucher à un deck et je ne trouvais rien de mieux à faire que de prendre en charge à nouveau un club de duel !

J’arrivai sur le toit, essoufflée après avoir couru dans les couloirs pour m’éloigner le plus vite possible de ce club. Tout était identique aux autres jours, tout, excepté une chose. Une fille scintillante était assise sur le rebord et me souriait.

-Ca faisait longtemps Miyako ; déclara-t-elle joyeusement.

-Alors c’était donc toi…j’aurais dû m’en douter…Que me veux-tu encore ?

-Je veux simplement que nous fassions la paix Miyako…

-Je ne peux pas ; rétorquai-je fermement. Tout cela est de ta faute ! Si tu n’avais pas été là, Dan serait…il serait…

-Tu renies la vérité Miyako ; dit-elle visiblement déçue. Tant que tu ne seras pas en paix avec toi-même, tu ne pourras pas l’accepter…

-Je n’ai pas besoin d’être en paix avec moi-même pour te rejeter !

Je tournai les talons. J’en avais assez entendu. Je ne voulais plus avoir affaire avec ma moitié, pas après qu’elle m’a caché qui j’étais réellement durant toute la guerre.

-Tu fais une grossière erreur Miyako, cela finira par te détruire…

-C’est une menace ?

-Non, un avertissement ; répondit-elle calmement.

Avant que j’aie pu lui en demander plus, elle disparut dans une pluie d’étoiles. Je ne tins d’abord pas compte de son avertissement et je reformai le club de duel avec Darksky, Nagisa et Saya. Tout semblait aller pour le mieux, je me disais que peut-être, les choses ne tourneraient pas à la catastrophe cette fois-ci. Et puis, tout ceci était assez amusant, de passer du rôle de présidente à simple membre. D’autant plus que Saya m’intriguait au plus haut point. Ses monstres étaient en tout point conforme avec ceux que ma moitié m’avait montrés durant la guerre…Qui était-elle vraiment pour posséder le même pouvoir que moi ?

Cependant, ma moitié ne me laissa pas tranquille, elle ne cessait de me demander de la pardonner, mais je ne pouvais pas le faire en mon for intérieur. Il ne fallait pas que quelqu’un la découvre, c’est pourquoi, lorsque je vis Darksky sur le toit, je paniquai aussitôt et les envoyai ailleurs.

-Tu sais Miyako, peut-être que tu devrais tout lui dire ? Me suggéra alors ma moitié juste après leur départ.

-Que…quoi ? Leur dire quoi ? M’exclamai-je.

-Tout ce qui s’est passé, la cause de ta mauvaise humeur perpétuelle, tout ça.

-Plutôt mourir, j’emporterai cela dans ma tombe s’il le faut !

-Evite de souhaiter de telles choses, car les souhaits ont tendance à se réaliser dans de telles situations…

Elle avait raison. Le soir même, je fus prise d’un mal de crâne abominable du à mon peu d’heure de sommeil surement. Depuis la nouvelle de la création du club, je n’arrivai plus à dormir, je craignais vraiment qu’il lui arrive la même chose qu’à l’ancien…

Ma mère dormait déjà et je ne voulais pas la réveiller, mais je crus que ma tête allait exploser. Je ne pus en dormir de la nuit non plus, ce qui causa certainement mon malaise le lendemain.

Sur le chemin, je m’étais arrêtée pour reprendre mon souffle lorsque Darksky et une de ses amies arrivèrent devant l’école.

-Oh, Darksky, tu dois te dire que j’ai une mine épouvantable non ?…Dis-je avant qu’il ne demande. Mais ne fait pas attention à moi, je suis juste légèrement fatiguée…Ça ira mieux dans la journée…

-Mais est-ce que tu t’es regardée au moins ? Répliqua-t-il. Tu devrais rentrer chez toi et te soigner au plus vite, tu ne peux pas aller en cours dans cet état-là !

-Ce n’est rien, je t’assure, tant que je peux me tenir debout, je continuerai à…

Je ne pus dire un mot de plus et, à bout de force, je m’évanouis.



Hikari Miyako, Epilogue : Espoir



Spoiler :



Je me réveille à l’infirmerie, toujours aussi fatiguée mais mon mal de crâne passé. Tous ces souvenirs qui viennent de défiler dans mon esprit…Je me rappelle de chacune de mes actions durant la guerre comme si elle avait eu lieu hier. Pourquoi ? Je voulais tout oublier, faire une croix sur le passé, aller de l’avant comme Dan me l’a dit, mais c’est impossible, je ne peux pas…Je ne suis pas assez forte pour faire table rase du passé et commencer une nouvelle vie comme si la guerre n’avait jamais existé.

Je me mets à regarder au loin par la fenêtre. Tout est si calme à présent, personne ne se douterait que quelques mois plus tôt, de terribles combats se tenaient là…

Peut-être…peut-être devrais-je écouter ce que me dit ma moitié finalement ? Me dis-je finalement. Partager mon fardeau avec quelqu’un d’autre, quelqu’un en qui je pourrais avoir une confiance totale et quelqu’un qui ne se soucierait pas de mourir ou prendre des risques, et pour cela, je ne vois qu’une seule personne : celui qui a combattu le dragon et mis fin à la guerre : Darksky.

Soudain, mon mal de tête reprend, mais pas aussi violemment que les jours précédents et je me vois, sur le toit, non, je vois ma moitié sur le toit parlant à Darksky et…Denys et Julie ?

Je m’étrangle presque de joie en les revoyant, mais je me rends très vite compte qu’ils sont en train de découvrir mon plus lourd secret…

Je veux m’enfuir le plus possible, tout en sachant que c’est stupide puisqu’ils ne sont même pas devant moi, mais je sais ce que ma moitié leur a dit, je sais également qu’ils ne sont pas prêts à renoncer, pas plus que Darksky…

C’est pourquoi, je l’attends, impatiente de pouvoir enfin partager mon fardeau avec quelqu’un.

En fin de journée, j’entends quelqu’un frapper à la porte, et il apparait. Je sais ce qu’il va me dire, mais je veux tester sa volonté une dernière fois, pour être certaine de ne pas faire erreur en le choisissant.

-Alors comme ça, tu sais à présent ? Dis-je d’une voix lasse.

Il hoche la tête en guise de réponse. Je soupire puis souris légèrement.

-Je ne veux pas que tu sois impliqué dans cette histoire, laisse tomber avant que cela ne dégénère à nouveau, à moins que tu ne sois prêt à quitter aussi vite ta vie tranquille.

-Une vie tranquille ? Moi ? Ces deux choses sont totalement incompatibles !

Je ris légèrement. Il est tellement…simple d’esprit et pourtant si courageux, j’aurais tant aimé avoir les mêmes qualités que lui au moment de diriger la résistance…

-Je le sais bien, je le sais bien…Mais avant tout, je dois te prévenir, une fois engagé sur ce chemin, tu ne pourras plus faire marche arrière. Mes amis l’ont compris eux ; dis-je en repensant à leurs paroles sur le toit quelques heures plus tôt. Et toi, te sens-tu à la hauteur ?

-Je te rappelle que j’ai combattu le dragon en face à face et je m’en suis sorti vivant, alors je peux supporter n’importe quoi à présent je pense.

-J’ai bien fait de te choisir j’ai l’impression…

-Alors dis-moi Miyako, que se passe-t-il exactement ?

-Elle ne te l’a pas encore dit ?

-« Elle » ? Demande-t-il confus.

-Hikari Miyako, la véritable Miyako, celle qui est morte le dernier jour de la guerre en même temps qu’un de ses amis les plus chers.

Et également une partie de mon âme rendue vivante par Luminion, mais il n’a pas besoin de savoir ce détail…

Il ne réagit presque pas, et se contente de pencher la tête, pensif.

-Elle m’a simplement dit quelque chose comme quoi tu ne serais bientôt plus que l’ombre de toi-même…Est-ce vrai ?

Je soupire à nouveau.

-Je ne suis déjà plus que l’ombre de celle que j’étais auparavant, comment pourrais-je me fondre encore plus dans les ténèbres ?

-Comment voudrais-tu que je le sache ? Je ne fais que rapporter ce qu’on me dit, rien de plus. Cependant, elle a aussi rajouté que quelque chose te raccrochait encore à la vie.

-Peut-être bien ; je réponds évasivement en repensant à Dan. Il y a encore une chose que je dois faire ici et que je ne peux laisser derrière moi.

-Et quelle est cette chose ? Demandai-je intrigué.

Je lui réponds par une autre question, voulant éviter les sujets trop tendus sur lesquels je risque de perdre le contrôle. Il est temps de mettre fin à tout ça ; pensé-je.

-Darksky, m’accorderais-tu une faveur ?

-Euh, oui, pourquoi cela ?

-Aide-moi à aller sur le toit de l’école, je dois y faire quelque chose…

Il hoquète de surprise.

-Dans ton état ? Tu ne peux pas attendre un peu ? Demain je serai ravi de t’accompagner mais maintenant…

-Non, je dois y aller, j’ai fait trainer les choses bien trop longtemps à présent, il est temps que cela cesse.

Résigné, il m’aide à me mettre debout. Mes jambes sont plus faibles que je ne le pensais, mais cela ne m’arrêtera pas. Il faut que je tienne bond !

Lentement, nous sortons de l’infirmerie. Je m’appuie sur son épaule et j’avance en boitant, ignorant la douleur, mais nous avançons cependant. Plusieurs fois, nous nous arrêtons pour que je puisse reprendre mon souffle, mais je refuse de perdre trop de temps.

Une fois arrivée devant les escaliers, il propose de me porter. Je refuse mais devant son insistance, je finis par céder. Il est décidément le prince charmant prêt à aider la demoiselle en détresse dans toutes les situations…

-Dis-moi Darksky, pourquoi fais-tu tout cela pour moi ? On se connait à peine après tout, et le peu que tu as vu de moi a dû t’être détestable.

-Tu te trompes, sans toi, le club de duel n’aurait jamais pu voir le jour. Et d’ailleurs, pourquoi tenais-tu tant à le reconstruire ?

-En tant qu’ancienne présidente, voir quelqu’un se donner autant de mal m’a rappelé de bons souvenirs je suppose.

Est-ce vraiment ça ? Ne cherchai-je pas autre chose en reformant le club de duel ? Je ne le sais même pas moi-même en vérité…

-Mais est-ce que tu ne cherchais pas quelque chose en faisant cela ?

-Que veux-tu dire ? Dis-je soudain surprise.

-Je sais que tu as énormément perdu après la guerre, dont ton club. C’est pourquoi, je me disais que peut-être, inconsciemment, tu voulais retrouver une chose que tu avais perdue, peut-être une époque ou un sentiment, je ne sais pas…

-Je ne savais pas que tu étais psychologue ; dis-je ironiquement.

-Je ne le suis pas, je suis simplement passé par la même chose que toi…

Le même passé que moi ? Alors lui aussi aurait perdu quelqu’un à qui il tenait durant cette guerre ou bien à un moment de sa vie ? Il semble si fort, je n’arrive pas à y croire, mais je remarque cependant une lueur de tristesse dans ses yeux. Les gens cachent parfois de bien lourds secrets ; songé-je alors.

Nous sommes arrivés devant cette porte devenue si familière. Il me pose à terre. Je me sens tout à coup revigorée, comme si le fait de me rapprocher de ma moitié me redonnait des forces.

Le vent me fouette violemment le visage lorsqu’il appuie sur la poignée, me laissant entrevoir ce paysage à la fois chargé en souvenirs heureux et malheureux…

Je regarde de chaque côté, cherchant ma moitié, mais je ne la vois nulle part. Mon regard se pose alors sur un endroit en particulier et je retiens ma respiration. Mon pouls s’accélère et tous mes membres se mettent à trembler. Prudente, je m’approche de la petite fissure dans le sol avant de tomber à genoux, incapable de supporter tous ces souvenirs jaillissant en moi.

-Que s’est-il passé exactement ici Miyako ?

-Tu m’obliges à me remémorer des souvenirs que j’essayais d’oublier, tu es méchant…je réponds avec un léger sourire avant de fermer les yeux. Mais, si je suis venue ici, ce n’est pas pour oublier, non, je suis ici pour m’excuser auprès de nombreuses personnes que j’ai blessées, que j’ai exposées au danger et que je n’ai su protéger…

Quelques larmes coulent sur mes joues en repensant à tout cela.

-J’ai vraiment été la pire des chefs durant la guerre…Je pensais vraiment pouvoir mener la résistance…Mon orgueil était si grand, je l’ai payé très cher au final. Non seulement je n’ai rien pu faire, mais ce sont mes amis qui ont été obligés de me protéger…Je devais les guider, être un modèle pour tous ceux ne pouvant rien faire, ils avaient confiance en moi, et qu’ai-je fait ? Rien ! Absolument rien ! J’ai été pathétique, inutile, totalement dépassée par la situation, incapable de réagir, incapable même de me protéger moi-même. C’est moi qui aurais dû mourir ce jour-là ! Je le méritais.

-Non, Miyako, c’est moi qui aurais dû mourir ; dit alors une nouvelle voix sortie de nulle part.

Ma moitié apparait à mes côtés, scintillante comme toujours, avec son éternel sourire que j’aie perdu depuis longtemps…

-Oui, cette partie de moi est morte, l’ancienne Miyako, la présidente du club de duel, joyeuse et attentionnée, toujours entourée de ses amis. Alors pourquoi viens-tu encore me hanter ?

-Parce que, je suis toi Miyako, et tu es moi. Je ne peux pas mourir totalement tant que tu vivras, car je suis en toi. J’attends simplement que tu viennes me sortir d’un long sommeil.

Je réfléchis une seconde. Oui, si je veux enfin pouvoir accepter mon passé, je dois être en paix avec moi, et avec ma moitié. Sans cela, je continuerais à me lamenter éternellement, et je suis sûre que Dan n’aurait pas voulu cela.

Elle me tend la main, je la saisis, encore tremblante. Lorsque nous nous touchons, je ressens une immense paix s’installer en moi, comme si tous ces mauvais souvenirs me laissaient enfin tranquille. Dans la lumière, ma moitié me sourit, et je lui rends ce sourire pour la première fois depuis la fin de la guerre.

-Ne l’oublie jamais Miyako, tu n’es pas seule, tes amis seront toujours là si tu as besoin d’eux, de même que moi…

Les paroles de Dan, puis du Grec me reviennent en mémoire et je comprends enfin ce qu’ils essayaient de me dire depuis si longtemps.

-Je ne l’oublierai pas, promis…

Elle disparait dans un éclat de lumière. Pendant un instant, je crois distinguer le visage de Dan dans la lumière mais l’illusion se brise instantanément et je retrouve à nouveau sur le toit, seule avec Darksky, mais apaisée à présent. Je me relève prudemment, toutes mes forces me sont revenues au simple contact de ma moitié.

-Tout va bien Darksky, ne t’inquiète plus pour moi, je vais bien à présent…Dis-je faiblement. J’ai enfin pu faire ce que j’aurais dû faire il y a longtemps…

-Miyako, est-ce que je peux te poser une question ? Ose-t-il demander.

-Oui ?

-Regrettes-tu toujours le passé ?

Je le regarde d’un air surpris, avant de comprendre et de sourire légèrement.

-Longtemps, j’ai maudit mes actions. Je pensais que tout cela était de ma faute, et effectivement, cela l’était. Je ne voyais les choses que d’un seul point de vue, celui de la chef lamentable que j’ai été durant la guerre…Cependant…j’ai réalisé que les choses auraient pu aller bien pu mal si je n’avais rien fait…

-C’est aussi ce que je pense.

-Qu’est-ce que tu en sais ? Tu n’étais même pas là ; répliqué-je.

-Non, mais comme toi, j’ai eu des remords pendant longtemps. Lorsque Laura est partie vivre en Angleterre, j’ai d’abord pensé que nous n’aurions jamais dû nous rencontrer, que si nous ne nous étions jamais connus, jamais je n’aurais souffert ainsi après son départ. C’était la vérité, comme pour toi, et comme toi, j’ai réalisé que ma vie aurait été pire sans notre rencontre. Je n’aurais jamais connu toutes les joies de passer de temps avec elle sur la falaise, les joies du duel, les joies de la voir tout simplement.

-Et qu’est-ce que tu essaies de me dire avec cette belle histoire ?

-Simplement que je connais le fardeau que tu as supporté et que je suis heureux que tu aies pu accepter ton passé toi aussi.

-Malheureusement, tu te trompes sur ce point-là mon cher. Il y a une dernière chose que je dois accomplir avant de pouvoir l’accepter entièrement…

-Quoi donc ?

-Ah, ça, tu n’as pas à le savoir aujourd’hui, mais un jour viendra où tu découvriras tout le poids de mon fardeau, car, en acceptant de m’aider, tu as également accepté de le partager avec moi.

-Et je tiendrai ma promesse, quel qu’il soit ! Affirme-t-il.

-En attendant que ce jour vienne, j’aimerai te demander une autre faveur…

-Laquelle ?

-Je ne suis pas la seule à avoir un lourd passé à cause de la guerre. Au contraire, je suis peut-être celle avec le plus léger. C’est pourquoi, j’aimerai que tu aides ces personnes également, toutes ne sont pas aussi fortes que toi et pourraient sombrer à la moindre récidive…

-Est-ce que tu penserais à…

Nagisa. Cette petite, j’ai fait mon enquête sur elle également, et je sais à présent que certaines personnes ont bien plus souffert que moi à cause du dragon, que certaines ont perdu bien plus qu’un de leurs amis…Mais je fais confiance à Darksky pour résoudre ce problème, comme il m’a aidé à sortir des ténèbres, je sais qu’il pourra le faire avec n’importe qui.

Avant de partir, je me retourne et regarde une dernière fois en direction de la mer de feu.

« Ne t’inquiète pas Dan, je tiendrai ma promesse, je continuerai à vivre ma vie, pour toi, et pour Denys, Julie, le grec, les UWS et tous nos compagnons d’arme, à vous tous, je vous fais le serment que plus jamais le monde ne connaitra une telle catastrophe… »




http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

Chapitre 8 : Sagesse



Spoiler :


Tout à coup, je regrettai mon impulsivité et me rendis compte de la bêtise de mon acte. Je ne savais pas de quoi Aymeric était capable à présent, et je risquai de mettre tout le monde en danger. Pas seulement moi, mais également Laura si je n’arriverais pas à trouver une solution à son problème. Enfin, pour le moment, je devais déjà me préoccuper de trouver une solution à mon propre problème parce que sinon je pouvais toujours chercher à résoudre ceux des autres, je n’y arriverais pas.

-Angéla, tu vas être la première à contempler ma toute nouvelle puissance, puissance que…

-Moins de blabla et plus de combat, c’est tout ce que je demande.

-Tu l’auras voulu ! J’invoque Magicien Gagaga et maintenant voilà Fille Gagaga ! Son effet la fait passer niveau 4. Je recouvre mes deux monstres pour invoquer le Numéro 39 : Utopie ! Je termine mon tour avec deux cartes face cachée et je termine mon tour.

-Pour l’instant, je ne vois pas ce qui a changé mais bon…J’active Walhalla, Sanctuaire du Déchu pour invoquer immédiatement Athéna !

-Tiens, la voilà, c’était du rapide : railla-t-il.

-Et tu ne vas pas apprécier la suite, j’invoque Vénus, Agent de la Création, par l’effet d’Athéna tu prends 600 points de dommages !

Angéla : 4000 – Aymeric : 3400.

-J’active ensuite l’effet de vénus pour invoquer Sphère Mystique Lumineuse au prix de 1500 points de vie, mais 1800 pour toi !

Angéla : 2500 – Aymeric : 1600.

-Si tu peux m’achever ce tour ci, fais-le, parce que tu ne pourras sans doute pas après ; dit-il totalement détendu.

-C’est ce que je vais faire ! Je recouvre mes deux sphères Lumineuses pour invoquer Héraut De La Lumière Pure, ce qui fait encore 600 points !

Angéla : 2500 – Aymeric : 1000.

-Continuons avec le Le Sanctuaire Céleste et Uranus, Agent du Désordre qui va me permettre d’envoyer un monstre de mon deck au cimetière : Terre, Agent du Mystère. Cela te fera 600 points.

Angéla : 2500 – Aymeric : 400.

-Un dernier et ça sera terminé, j’active l’effet d’Athéna pour…

Je fus interrompue par Aymeric qui se mit à rire. Il se moquait de moi alors qu’il allait perdre lamentablement ? Il était devenu fou ou quoi ?

Sa crise de fou rire ne s’arrêta que lorsqu’un de ses camarades de club lui tapa dans le dos. Il essuya une larme qui avait coulé et reprit son souffle.

-Tu es bien naïve ma pauvre, tu l’as toujours été. Tu pensais être la meilleure en tout, que les gens se pliaient à tes moindres désirs et pourtant, moi, j’ai refusé. Tu as refusé que j’en aime une autre et tu ne t’en es jamais remise. Tu veux que je te dise pourquoi ? Tout simplement parce que tu es la fille la plus égoïste que je connaisse, la plus égocentrique et la plus superficielle !

Ses mots me transpercèrent comme s’il ‘avait planté une lance en plein cœur. Je me mis à douter de moi. Et s’il avait raison ? Si en fait ce n’était pas lui le méchant de l’histoire mais moi ? J’avais déjà ressenti chez June que je ne me préoccupai que de mon bien être, mais de là à l’entendre de la part de celui qui fut autrefois mon ami, je ne pouvais le supporter. Je me mis à trembler. Etais-je vraiment digne d’aider Laura ? Et si je ne faisais cela que pour moi en vérité ? Toute confiance en moi venait de s’envoler brusquement pour ne laisser place qu’au vide dans mon esprit.

-Bon, où en étais-je moi…ah oui, c’est vrai, j’allais activer mon piège, Egide De Gaia qui va me faire gagner 3000 points de vie. Donc, ton monstre te sera inutile pour m’achever je pense.

Angéla : 2500 – Aymeric : 2800.

-Je…J’attaque avec Athéna…

-L’effet d’Utopie annule cette attaque, dommage pour toi.

-Je…Je termine mon tour en posant une carte…

-Qu’est-ce que je disais ? Enfin, j’en aurais bientôt fini avec toi. Tu vas perdre ce tour ci Angéla, et tu ne vas rien pouvoir y faire !

La lueur sombre dans ses yeux se raviva et leva une carte noire au-dessus de sa tête. Tous ses amis s’écartèrent pour une étrange raison, nous laissant seuls au milieu de la pièce, face à face.

-La perfection n’existe pas en ce monde, disparait Utopie pour laisser place à la réalité cachée : chaos XYZ Change ! Montre-toi, Numéro du chaos 39 : Dystopie !



Je reculai instinctivement d’un pas. Même si tous mes sens étaient déconnectés de la réalité, il me restait au moins mes sensations, et là, il n’y avait que de la terreur en moi. Son monstre n’avait pas physiquement beaucoup changé, non, c’était Aymeric lui-même qui me faisait peur à présent. Un halo noir l’entourait et riait seul, comme un grand méchant dans un film de science-fiction au moment où le héros est à terre. Son regard était comme fou, je peinais à croire qu’il avait encore en lui une once de bon sens…

-Tu es finie Angéla, et ton club de duel également ! J’active l’effet de Dystopie, il ne pourra pas être détruit et tu recevras 3000 points de dommages à la fin de son combat ! Aller, mets un terme à ce duel, Tranchant du soleil couchant !

-Angéla ! Crièrent trois voix en même temps.

Les cris de mes amies me sortirent de ma torpeur et je réalisai soudainement à quel point j’étais mal. Dans la précipitation, je ne pus rien faire à part activer une carte.

-Carte piège activée !

-Carte…piège ? S’étrangla mon adversaire.

Tornade de Poussière, ainsi, en détruisant ton égide, tu reçois 3000 points de dommages…

Avant que son attaque ne me touche, son monstre disparu dans un éclat noir en même temps que ses points de vie. Le halo noir s’évapora et Aymeric s’évanouit comme si toute force l’avait quitté. Je lâchai un soupir de soulagement tandis que mes amies me rejoignirent, inquiète.

-On peut savoir ce que tu as fait Angéla ? Me demanda June, mécontente.

-Un duel ridicule pour récupérer ça.

Sans en demander plus, je pris le tas de cartes sur la table et j’en profitai pour dérober également le nouveau jouet d’Aymeric tandis qu’il était inconscient. Mieux valait-il qu’il ne restât pas en possession d’une telle carte, du moins, tant que je ne connaissais pas son véritable pouvoir…

Les autres membres du club nous laissèrent passer, visiblement aussi effrayés par leur chef que par ma victoire aussi simple sur lui et nous retournâmes à la salle du club.

-Tout ça pour ça ? S’étrangla Maya en voyant mon butin.

-Tout ça pour aider Laura ; rectifiai-je.

-Mais tu es folle ma parole ! Tu as vu dans quel pétrin tu as failli te mettre ? Sans nous, je ne sais pas ce que tu serais devenu !

Je grimaçai. Ses paroles me rappelaient un peu trop celles d’Aymeric sur mon compte. Mais c’était également l’occasion de leur demander ce qu’elles pensaient réellement de moi et je leur dis mot pour mot ce qu’Aymeric avait sorti. Un temps de silence se fit lorsque j’eus terminé, puis June pris un air concentré.

-On ne peut pas dire qu’il ait totalement tort non plus, mais de là à utiliser le superlatif non, je ne suis pas d’accord.

-Tu ne me remontes pas le moral tu sais ?

-Il ne s’est pas regardé lui ; grommela Maya. Angéla, tu ne vas pas me dire que tu le crois ? Bon, d’accord, il n’a pas tort comme le dit June, tu n’en fais qu’à ta tête et tout ce qui va avec, mais c’est bien pour ça qu’on reste avec toi non ?

-Maya à raison ; appuya Ambre. Si tu n’étais pas telle que tu es, et si nous n’acceptions pas cela, nous ne serions pas ici en ce moment même. Il peut bien penser ce qu’il veut, nous on t’apprécie telle quel.

-Au lieu de vous lamenter, cherchez plutôt à invoquer notre nouvelle carte ; déclara June. Je prendrai n’importe qui.

L’idée de tester le deck chassa totalement les mots d’Aymeric. Oui, je ne devais pas m’en faire pour cet idiot. Il pouvait bien penser ce qu’il voulait, ce n’était que son point de vue, et le mien sur lui n’était pas franchement mieux, donc nous étions quittes. Je remarquai soudainement que je me remettais souvent en question ces derniers jours… Chez Sherry puis chez June et maintenant à cause d’Aymeric…Cela faisait beaucoup en peu de temps et surtout pour peu de résultat. Je devais peut-être tout simplement rester moi-même au lieu de chercher à changer.

Je me reconcentrai sur le duel qui venait de commencer. Maya avait tenté d’invoquer la puissante créature mais s’était pris une raclée monumentale au troisième tour. Il fallait dire que June n’y allait pas de main morte…

Ambre n’eut pas beaucoup plus de chance, quant à moi, je réussis à invoquer les monstres nécessaires, mais June m’acheva avant que je ne pioche Sophia.

Le deck n’était vraiment pas au point, je ne pouvais le nier, mais je sentais également que nous nous approchions du but.

Nous finîmes par laisser tomber et rentrer chez nous. Une fois seule dans ma chambre, je ressortis la sombre carte d’Aymeric. Je l’avais vraiment échappé belle. Cette carte était d’une puissance destructrice et aucune de mes cartes de mon deck n’aurait pu me sauver face à un tel effet. Heureusement qu’elle était dans les mains d’un idiot, sinon, j’y serais certainement restée. Mais, pourquoi avais-je cette désagréable impression que cette carte n’était pas un simple bout de carton, que comme Socrate ou les cartes de dieux, elle était unique en son genre, voire maléfique ?

Après l’avoir contemplée encore et encore, sans obtenir de réponse, je lâchai finalement l’affaire pour me reporter sur le problème de Laura. Je lui envoyai un message pour la prévenir que nous serions bientôt prêtes. Cependant, sa réponse me déstabilisa. Ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais…

« Dans ce cas, viens le plus vite possible, STP »

Alors ça c’était un message pressant où je ne m’y connaissais pas. Je n’avais même pas besoin de lui parler au téléphone pour comprendre que la situation empirait. Cependant…quitter l’école en plein milieu de la semaine risquait de ne pas passer très bien auprès du directeur, bien que, comme tous les autres, il me devait la vie.

Et puis quelle importance après tout, aider Laura était quand même prioritaire par rapport à des cours ennuyeux sur le romantisme ou je ne sais quoi. Bon, il y en avait un dernier qui allait être dur à convaincre, c’était mon père…jamais il n’aurait accepté que je fugue encore une fois à moins que…

Un éclair de génie – si on peut dire cela ainsi – me traversa l’esprit. Lareine, en tant que professeur, pouvait bien nous dispenser de cours si je lui expliquais la situation…ce que je fis immédiatement. Il accepta et mon père ne put s’y opposer.

Je préparai déjà toutes mes affaires pour un voyage d’une durée indéterminée, en pensant à bien mettre la carte d’Aymeric sous clé, on ne savait jamais…Et le lendemain, tout était prêt pour m’emmener…ou plutôt nous emmener, car je vis mes amies qui m’attendaient devant chez moi lorsque je sortis…

-Toujours aussi lente Angéla à ce que je vois ; Lança Maya en guise de salutation.

-Ah oui, avant que tu ne dises quoi que ce soit, Lareine nous a prévenues et dispensées de cours également, donc inutile de nous le demander ; dit Ambre avant que je n’aie pu ouvrir la bouche.

-Et il est aussi inutile de nous dire que le voyage sera dangereux ou je ne sais quoi, tu ne nous feras pas changer d’avis ; continua June, toujours avant que j’aie eu le temps de parler.

Je ne savais pas quoi répondre à présent. Elles venaient de répondre à ce que je m’apprêtai à leur dire et je me contentai donc d’acquiescer, faute de mieux. C’est ainsi que, les billets de trains en poche et les sacs à la main, nous partîmes toutes les quatre en direction de la côte ouest afin de rejoindre Darksky et Laura, et surtout, pour découvrir ce qu’il se passait réellement…

Dire que le prendre le train –non, même monter dans le train- fut pénible serait un euphémisme. Arrivées à la gare, les trains avaient décidés de se mettre en grève tandis que des milliers de passagers mécontents attendaient sur les quais. Non, non, ce n’est pas un cliché mais bien la réalité, contrairement à ce que faisait remarquer Maya. Après une heure d’attente, elle se décida à aller râler mais elle ne fut pas la seule à avoir eu cette idée et se retrouva à faire une queue interminable, ce qui fit bien rire June, qui, ne perdant pas son sang-froid, attendait patiemment avec Ambre. Pour ma part, j’étais bien trop préoccupée pour penser à cela. Entre la carte d’Aymeric et le problème de Laura, j’avais déjà bien assez de stress comme ça, tout le reste n’était que futilité et perte de temps.

Après trois heures d’attente, un train nous fut finalement attribué, mais pas grâce à Maya qui était encore à faire la queue, mais grâce à Ambre qui avait réussi à négocier avec un contrôleur des places dans le train de remplacement. Une fois à bord, Maya n’en revenait toujours pas et ne cachait pas sa mauvaise humeur.

Je tentais de me détendre. Nous avions de la place dans le compartiment puisque nous étions les seules mais impossible de trouver le calme et je me mis à faire les cents pas dans le couloir. June, voyant mon énervement, me rejoignit et je faillis lui rentrer dedans lorsqu’elle sortit du compartiment.

-Angéla, fait un peu attention ! Râla-t-elle.

-Désolée June ; m’excusai-je. J’ai la tête ailleurs depuis tout à l’heure.

-Oui, ça je crois que tout le monde l’a remarqué…C’est à cause de Laura c’est ça ? Demanda-t-elle prudemment.

-Oui, mais il n’y a pas que Laura ; répondis-je.

Je fouillai dans mes poches et je lui sortis la carte dérobée la veille. En la voyant, elle eut un mouvement de recul et un hoquet de surprise.

-Où…où as-tu obtenu cette carte ? Me demanda-t-elle, presque effrayée.

-Je l’ai piquée à Aymeric hier, pourquoi ?

-C’est un numéro du Chaos Angéla, quelque chose qui ne devrait même pas exister, concentrant en lui une incroyable quantité de mal !

-Ah, et, qu’est-ce que cela va me faire ?

-A toi, peut-être rien, mais pour des personnes déjà prêtes à sombrer, cela pourrait les faire basculer du mauvais côté…

-Oh, je comprends enfin pourquoi je me sentais aussi mal à l’aise en affrontant Aymeric…et j’ai toujours su qu’il avait un côté maléfique !

-Quoi qu’il en soit Angéla, tiens ce truc hors de portée de tout le monde, mets la sous clé ou jette la dans l’eau, mais il ne faut pas qu’elle tombe entre de mauvaises mains.

-Tu sais que tu ne me rassures pas du tout là June ? Maintenant, grâce à toi, je me sens encore plus mal !

Elle éclata de rire en voyant la grimace que je fis à ce moment-là et je ne pus m’empêcher de la suivre. Maya et Ambre sortirent à leur tour, tout à coup surprises de nous entendre rire ainsi. Nous ne tentâmes pas le leur expliquer, elles n’auraient pas compris de toute façon. Mais June avait réussi son coup, me faire oublier mes soucis pendant un instant.

La fin du voyage se passa tranquillement sans soucis majeur, si on exceptait le fait que le train arrivât avec plus de quatre heures de retard, nous faisant descendre vers six heures du soir alors que nous étions parties aux aurores…

Cependant, lorsque nous descendîmes, nous fûmes confrontées à un autre problème auquel nous n’étions pas du tout préparées : savoir où se trouvait Darksky. Cela créa un certain énervement dans le groupe, enfin, surtout du côté de Maya qui ne supportait pas de devoir déambuler dans les rues sans but.

J’envoyai un message à Laura mais elle ne me répondit pas, si bien que nous tournâmes ainsi encore pendant une demi-heure avant de nous arrêter dans un parc, épuisées.

-Franchement Angéla, quand tu prépares un voyage, sois sûre que tu connais la destination ; soupira Maya.

-J’étais pressée ! Me défendis-je. On ne peut pas penser à tout dans la précipitation !

-C’est vrai qu’on aurait pu prévoir que tu ne savais pas où tu allais réellement ; renchérit Ambre avec son air innocent. Pas vrai Ju…

Nous nous rendîmes soudain compte que June n’était plus avec nous. Je me mis à paniquer, ne sachant pas depuis combien de temps elle avait disparu.

-Elle est là-bas ; fit alors remarquer Maya.

Je la vis en train de parler avec une fille brune sur le trottoir d’en face. Nous la rejoignîmes en vitesse.

-C’est bon les filles, je sais où se trouve Darksky.

-Vraiment ? Nous nous exclamâmes d’une seule voix.

-Je ne me suis pas encore présentée ; intervint la jeune fille. Je m’appelle Fukuhara Nagisa, je fais partie du même club de duel que Darksky. J’ai cru comprendre que vous étiez ses amies également.

-Ca pour une coïncidence…murmurai-je pour moi-même. C’est exact ; dis-je plus fort. Je m’appelle Angéla Hopper, et voici mes amies June, Ambre et Maya.

-Angéla ? Dit-elle en sursautant. L’Angéla ?

-euh…oui certainement ; répondis-je mal à l’aise.

-Darksky nous a si souvent parlé de toi et de Drago ! Vous avez sauvé le monde n’est-ce pas ?

-Allons bon, maintenant tu es célèbre ; soupira une nouvelle fois Maya.

-Mais c’est la vérité ; intervint June. Sans Angéla et les autres, je ne sais pas à quoi ressemblerait le monde aujourd’hui…

-Quelqu’un d’autre aurait sûrement pris notre place pour défier et vaincre le dragon ; suggérai-je.

-Tu es trop modeste ; reprit Nagisa. D’après ce que Darksky m’a dit, tout le monde n’aurait pas pu faire ce que tu as réalisé !

-Ce n’est pas pour casser ce moment de gloire, mais l’heure tourne, fit remarquer Justement Ambre.

-Oh oui, je suis désolée de vous prendre du temps ; s’excusa ma nouvelle admiratrice. Mais Darksky doit sûrement encore être à l’école, il avait…de nombreuses choses à faire…

-C’est-à-dire ? Demandai-je intriguée.

-Une de nos amies, Hikari Miyako, a eu un malaise pendant la journée et il a décidé de rester avec elle.

-Pourquoi est-ce que ça ne m’étonne pas de lui ; ricanai-je.

La jeune fille nous indiqua le chemin à suivre pour nous rendre à l’école et nous remerciâmes Nagisa pour son aide. Heureusement pour nous, ce n’étais pas très loin et nous arrivâmes devant les grilles moins de cinq minutes après. Cependant…Il n’y avait personne en vue, pas d’élève, pas de professeurs et encore moins de surveillants. Le dernier point m’étonna le plus, étant donné la sécurité de mon lycée, renforcée depuis l’attaque du dragon. Ils n’avaient vraiment pas peur d’une nouvelle attaque, à moins qu’ils n’aient jamais été attaqués…

Mais de toute façon, quel qu’en fut la raison, cela nous arrangeait puisque nous pûmes entrer sans être dérangées. Cependant, l’école était grande, et nous ne savions pas par où commencer les recherches. J’allais proposer de nous séparer pour commencer les recherches lorsqu’une explosion lumineuse provenant du toit du bâtiment principal nous aveugla.

-Ah, je crois que je sais où se trouve ce très cher Darksky ; dit malicieusement Maya.

-Le connaissant, et connaissant son don pour s’attirer des ennuis, je mettrai ma main à couper qu’il se trouve sur le toit ; complétai-je.

Etrangement, je n’étais nullement inquiète. Il aurait pu avoir de gros problèmes mais le silence qui suivit le flash me détendit. Nous franchîmes la porte puis nous montâmes les escaliers jusqu’à nous retrouver devant une lourde porte. J’entendis des voix de l’autre côté. Aucun doute, il s’agissait de Darksky, et il parlait avec une fille à la voix rauque, certainement un peu plus âgée que lui.

J’ouvris la porte, soudain très impatiente à l’idée de le revoir et surtout impatiente de voir sa réaction face à cette petite surprise.

-Cela faisait longtemps Darksky ! M’exclamai-je.

Je ne fus pas déçue, après un bond de deux mètre en arrière et avoir failli tomber à la renverse, il écarquilla les yeux, entre effarement et bonheur, ce qui rendait assez mal, il faut le dire puis il se mit à bégayer.

-An…Angéla ? C’est…C’est toi ? Et June, Maya et Ambre également ? Mais qu’est-ce que…qu’est-ce que vous faites ici ?

-Un petit bonjour serait le bienvenu après tout ce temps non ? Répliqua Maya.

-Salut Darksky ; répondit Ambre, ce qui fit soupirer Maya et rire June.

Une fois la crise cardiaque évitée et le choc passé, et après avoir récupéré ses esprits, il nous salua chaleureusement. Lui aussi était très heureux de nous revoir, bien qu’il ne comprenait toujours pas ce que nous faisions ici.

-C’est très simple ; commençai-je avant de m’arrêter en regardant la jeune fille qui se tenait à côté de nous, l’air gênée.

Elle était bien plus grande que nous et portait le même uniforme que Nagisa, certainement une troisième année. Ses longs cheveux roux, presque rouges semblaient flamboyer dans le soleil couchant. Ses yeux étaient doux bien qu’une certaine fermeté s’en dégage, c’était assez troublant. Elle ne nous souriait pas, mais ne paraissait pas désagréable non plus, elle semblait plus nous étudier qu’autre chose.

-Dis-moi Darksky, tu pourrais nous présenter ton amie non ?

-Ah oui, où avais-je la tête !

-Certainement pas ici en tout cas ; railla la jeune fille, que Maya regarda soudain d’un autre œil.

Si elles étaient aussi sarcastiques l’une que l’autre, nous allions avoir du souci à nous faire…

Darksky ignora sa remarque, certainement habitué.

-Je vous présente Hikari Miyako, elle fait partie du même club de duel que nous. Miyako, voici Angéla, June, Maya et Ambre, des amies que j’ai rencontrées…disons, dans des circonstances particulières…

Elle s’inclina avant de nous quitter, ce qu’elle était très certainement en train de faire avant que nous arrivions, ce qui nous laissait seuls et je pus expliquer la raison de notre venue ici, c’est-à-dire Laura.

Une fois tous les détails évoqués, le pauvre Darksky était livide.

-Elle…elle ne m’en a jamais parlé ; dit-il en tremblant.

-Vraiment ? Pourtant ça fait un moment qu’elle m’en parle, vous êtes fâchés ou quoi ?

Il grimaça. Je n’avais pas prévu d’avoir juste en disant cela, et je fus donc bien embêtée. June me sortit de cette situation délicate.

-Vos relations ne nous concernent pas, Angéla est simplement venue ici afin d’aider Laura, vous règlerez vous petites querelles ensuite.

Cela mit tout le monde d’accord. La franchise de June était l’une de ses plus grandes qualités, là où je n’aurais jamais eu le courage de faire comme elle.

Darksky nous invita à le suivre chez lui, puisqu’ils habitaient ensemble étant donné que Laura était orpheline à présent que son père avait sombré avec le démon. Maya ne rata pas l’occasion de mettre Darksky mal à l’aise.

Sur le chemin, il nous raconta ce qu’il s’était passé depuis le retour à la vie « normal », bien que l’adjectif ne soit pas très approprié. Lorsqu’il évoqua Hélios, j’eus un hoquet de surprise. Je n’arrivais toujours pas à me faire au fait qu’il soit de notre côté après toutes ses tentatives pour nous éliminer. J’eus un autre hoquet lorsqu’il parla de Zorc, si bien qu’Ambre me donna une tapa dans le dos, pensant que j’avais avalé de travers.

Cependant, ce fut à son tour de s’étouffer pour de vrai lorsque je parlai des attaques successives de Floges et d’Hurricane et il dut s’arrêter lorsque je lui évoquai les deux dragons, Pyros et Typhos.

-Et moi qui pensais être tranquille sans Gariatron ! S’exclama-t-il. Mais qu’est-ce qu’ils nous veulent à la fin ces monstres ?

-Je n’en sais rien, mais ils m’ont l’air un peu moins enragés que Gariatron d’après les dires de nos deux hommes.

-Tout est une question de point de vue ; grommela-t-il alors que nous arrivions devant les grilles de son manoir.

Je savais que qu’il habitait une grande maison mais sa taille réelle dépassait tout ce que je pouvais imaginer ! Même moi qui trouvais déjà que mon hôtel était grand, par rapport à…ça, il était minuscule. Mes amies eurent les mêmes réactions que moi, ce qui gêna encore plus Darksky. Et pourtant, nous avions l’habitude des grandes maisons avec celle de Sherry !

Il sonna à la porte et un major d’homme, entièrement vêtu de noir vint nous ouvrir. Et en plus, il avait son propre personnel pour lui tout seul, le chanceux…

Le major d’homme, du nom d’Arnold nous escorta jusqu’à l’intérieur. J’aurais pris le temps d’admirer le splendide hall d’entrée si je n’étais pas si préoccupée par l’état de Laura.

Alors que nous ouvrions la porte du salon principal, un merveilleux son m’envahit les oreilles. Quelqu’un jouait du piano. Et, malgré mes connaissances très limitées en musique classique, je reconnus immédiatement l’air, un air à la fois doux, empli d’une certaine mélancolie qui, soudainement s’accélérait, le tout donnant une somptueuse mélodie.

Je passais la tête par l’entrebâillement, et je la vis, Laura. C’était elle qui accomplissait ce prodige, assise devant le colossal instrument de musique. Tout cela semblait si naturel pour elle, elle ne semblait même pas regarder le clavier, comme si les notes venaient toutes seules.

Darksky me confia à voix basse que, de temps à autre, Laura se mettait à jouer et que cela faisait d’ailleurs bien longtemps qu’il ne l’avait pas entendue.

J’attendis la fin du morceau avant d’aller lui parler, ne voulant pas interrompre un tel chef d’œuvre. La dernière note tomba enfin, que Laura garda encore quelques secondes, jusqu’à ce qu’elle se dissipe totalement dans l’air.

J’allai la saluer et surtout la féliciter lorsqu’elle se tourna vers moi et planta ses magnifiques yeux émeraude dans les miens, comme si elle savait que j’étais là depuis le début.

-On dirait bien…que l’heure est venue ; dit-elle en guise de salutation.

Son attitude me déstabilisa totalement. Moi qui pensais qu’elle allait se jeter dans mes bras en me voyant comme une sauveuse, rien de tout ça. Son regard était aussi froid que de la glace et son visage dénué de toute expression, excepté peut-être la lassitude. Darksky semblait être aussi surpris que moi.

-Laura, Angéla est venue t’aider, tu pourrais quand même…

-Je le sais, c’est moi qui lui ai demandé ! Rétorqua-t-elle sèchement.

-Laura…

June s’approcha discrètement de moi et me murmura à l’oreille.

-Angéla, Laura est en train de sombrer à nouveau…

-Tu en es sûre ? Répondis-je assez bas pour ne pas être entendue.

-Certaine, il faut faire vite, l’ombre grandit rapidement, mais elle n’est pas encore perdue.

J’hochai la tête. Je venais de comprendre que l’heure n’était vraiment pas aux paroles mais qu’il fallait agir, et vite.

-Laura, c’est toi qui m’as demandé de venir ici pour te délivrer, alors affronte moi en duel !

Un sourire cruel s’afficha sur ses lèvres. Elle faisait vraiment peur comme ça…mais je ne devais pas me laisser impressionner. Si j’avais fait tout ce chemin jusqu’ici, ce n’était pas pour faire marche arrière à la dernière minute. Laura devait…il fallait qu’elle soit fière de moi.

-J’attendais que tu me le proposes. Tu dis pouvoir me libérer ? Tu penses avoir ce pouvoir ? J’en doute fort à présent. Même Darksky n’a pas réussi, alors comment pourrais-tu le faire ? Peut-être que finalement je devrais rester dans les ombres si tel est mon destin…

-C’est vrai que je n’ai pas le pouvoir de l’amour ou je ne sais quel autre artefact, mais en revanche, j’ai le courage de te défier. Laura, c’est entre toi et moi à présent, et je te promets que je te sortirai des ténèbres, définitivement.

Laura se leva et enfila un long manteau noir et Darksky tressaillit à sa vue, et pour cause, il s’agissait de celui des hommes de Shadow. June avait raison, le temps était compté.

Nous sortîmes dans le jardin, je ne voulais pas casser un objet malencontreusement au cas où les choses auraient mal tourné. Une fois dehors, nous nous mîmes en face à face, Darksky et mes amies restant sur le côté. Le soleil était presque couché, si bien que tout autour de nous plongeait peu à peu dans l’ombre. Le vent était tombé, les bruits de la ville avaient cessé, il n’y avait plus que nous deux, nous apprêtant à livrer un duel dont l’issue était plus qu’incertaine. Mais je ne devais pas trembler, Laura paraissait peut-être plus agressive que d’habitude, mais contrairement à avant, elle gardait encore le contrôle sur ses actions…pour le moment.

-Avant tout, je voudrais te dire une chose Angéla, déclara-t-elle soudain.

-Euh, oui, quoi donc ?

-Je te suis très reconnaissante pour tout ce que tu as fait…mais sache aussi que je ne te ferai aucun cadeau, même si nous sommes amies. Ce duel, je le livrerai avec tout ce que j’ai, j’espère que tu en feras de même.

Je me détendis…un peu.

-Je suis toujours à fond lorsque je livre un duel, surtout contre des adversaires aussi forts que toi !

-Je ne suis pas sûre que tu réalises vraiment que ce duel pourrait bien être le dernier que nous livrons amicalement si je venais à te vaincre.

-Oh que si, et c’est pourquoi j’en profiterai d’autant plus, même si, entre nous, cela a très peu de chance d’arriver !

-Nous verrons cela. Je prends la main et j’’active le sceau de l’infestation : cette carte me permet d’invoquer deux monstres colonie du mal depuis mon deck : apparaissez Héliotrope et Ketos Colonie du Mal !



-Qu…quoi ? S’étrangla Darksky. Je croyais que tu avais abandonné ce deck !

-Tu le saurais si tu m’avais affronté plus souvent je te signale ! Répliqua-t-elle violemment. Ce deck est une partie de moi, comme Trishula, on ne peut me les retirer comme tu l’avais si bien dit !

-Laura…

-Je continue en invoquant normalement Oiseau-Tonnerre Colonie du Mal. A présent admire Angéla ce qui arrive lorsque la glace pure est corrompue par les ombres pour donner un monde sans lumière, apparait, Ouroboros Colonie du Mal !

Je ne sais pas si cela était dû au fait qu’il faisait déjà nuit ou bien à cause de ma peur, mais je sentis l’air se rafraichir soudainement. Dans la pénombre, deux yeux rouges surgirent, puis deux autres, et encore d’autres. Je compris soudainement ce qu’avait ressenti Darksky lors de son duel, de l’effroi. Certes, j’avais déjà combattu bien plus impressionnant, mais ce monstre à trois têtes dégageait quelque chose d’autre qu’une simple aura maléfique.

De la souffrance ? Ouroboros…souffrait ? Ou bien Laura ? Dans tous les cas, cette souffrance me submergea et me glaça les veines, au sens propre du terme.

-A présent, j’active l’effet d’Ouroboros afin de défausser l’une de tes cartes !

-Commencer avec simplement quatre cartes en main, quelle plaie…

-Je pose deux cartes face cachée et je termine mon tour. A toi Angéla, montre-moi toute l’étendue de ta force !

-Avec plaisir ! Bon, commençons avec Flûtiste Mystique. Il me suffit alors de le sacrifier pour piocher une carte et…quelle chance, il s’agit du Chat Lunaire Kinka, et comme c’est un monstre de niveau 1, je peux piocher une autre carte. Je vais me contenter de poser deux cartes face cachée et de te laisser la main.

-C’est tout ce dont tu es capable ? J’en viens à croire que j’ai eu tort de te choisir Angéla, avec un tel niveau tu ne pourras jamais me vaincre ! Je pioche et j’active le second d’effet d’Ouroboros afin de retirer ton flûtiste de ton cimetière ! Je continue en invoquant Kerykeion Colonie Du Mal. Par son effet, en retirant Ketos du cimetière, je peux ajouter Héliotrope Colonie du Mal puis l’invoquer normalement. Battle phase, Attaque Héliotrope !

-Pas si vite, depuis ma main j’active l’effet du Spectre Fantôruse. Non seulement il s’invoque spécialement mais me permet de piocher également une carte.

-Ce n’était que le début, à présent c’est au tour d’Héliotrope !

-Mais je ne suis pas sans défense non plus, l’effet de Lanterne Fantôruse me permet d’annuler cette attaque !

-Mais il me reste encore Ouroboros ! Maintenant, je recouvre mes deux monstre afin d’invoquer le puissant Ophion Colonie du Mal. Son effet me permet d’ajouter une carte Infestation de mon deck à ma main, pourquoi pas Appel à l’infestation ? Cette carte me permet à son tour d’ajouter Castor Colonie du Mal. C’est à toi Angéla.



-Bien, bien, voyons un peu cela…Cela devrait convenir : j’active Contrat avec les Abysses. Il me suffit de sacrifier le Bulbe Luisant que j’ai en main pour invoquer Le Renoncé ! J’active l’effet du renoncé pour prendre possession de ton Ouroboros, il est temps d’ouvrir les yeux Laura !

-Ne parle pas trop vite Angéla, j’active un piège : Dispositif d'Evacuation Obligatoire, et grâce à celui, mon monstre est sauvé mais le tien…

-Pourquoi est-ce que je le sentais venir ; grommelai-je. Enfin, tout n’est pas perdu non plus, Chat Lunaire Kinka afin de rappeler du cimetière le bulbe luisant. Je recouvre mes deux monstres pour invoquer celui-là : Dullahan Fantôruse puis j’active Sarcophage Doré. Je vais placer une carte dans cette boite et dans deux tours, je pourrais l’ajouter à ma main, sur ce, je termine mon tour.

-Pathétique tout cela Angéla, tes monstres n’ont même pas le courage de m’affronter directement, alors je vais venir les chercher ! J’invoque Castor Colonie du Mal qui me permet d’invoquer en supplément O'lantern Colonie du Mal ! Invocation xyz : Bahamut Colonie du Mal !

Ils étaient tous devant moi, les trois dragons légendaires et corrompus par le mal selon la légende. Je tremblais, non pas de peur mais d’excitation. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas retrouvée dans une telle situation. Pouvoir voir sa défaite arriver mais la repousser le plus longtemps possible jusqu’à arracher la victoire, voilà un sentiment vraiment grisant.

Laura s’étonna devant mon air joyeux.

-Allons bon Angéla, tu souris face à la défaite alors que…

-Non, je ne souris pas face à la défaite Laura, je souris face à toi, face à la formidable duelliste que tu es, face à la résistance que tu m’opposes. Je souris parce que je suis heureuse de livrer ce duel avec toi, bien que les enjeux soient lourds, et même si je perds, je me dirai que j’aurais fait de mon mieux, et face à toi qui plus est !

-Quelle simplicité d’esprit ; dit-elle en souriant.

-Peut-être, mais cela ne fait que renforcer mon désir de victoire, alors vas-y, attaque moi, je suis prête !

-Pas tout de suite, j’active l’effet de mon Bahamut, en défaussant Azzathoth, je peux prendre possession de Dullahan !

-Je chaine ton effet en divisant par deux les points d’attaque d’Ouroboros !

-Cela ne m’arrêtera pas, tu es sans défense Angéla, Bahamut, attaque directement !

-Je ne suis jamais sans défense, du moins, pas avec ce deck, J’active l’effet de Jackfrost Fantôruse afin de passer ton monstre en position de défense et l’invoquer spécialement !

-Il va donc se faire détruire par ton propre monstre ! Et maintenant, subit les attaques d’Ophion et Ouroboros !

Angéla : 75 – Laura : 4000

Un souffle glacé me traversa, mais je ne voulais pas montrer de signe de faiblesse, alors je tins bon jusqu’à ce que l’attaque cesse. Les capacités de duelliste de Laura dépassaient de loin tout ce que j’avais pu imaginer, même Darksky ne faisait certainement pas le poids face à sa nouvelle puissance…Mais, plus l’adversaire est puissant, plus je m’accroche à la victoire.

-Je détache une unité de couverture d’Ophion afin d’ajouter Pandémie d'Infestation à ma main et poser une carte. C’est à toi Angéla, montre-moi l’étendue de ta puissance alors que tu es au bord du gouffre !

-Puisque c’est si gentiment demandé. Je pioche et j’active mes deux cartes face cachée : Avidité Téméraire afin de piocher quatre cartes.

-Tu préparais donc quelque chose…

-Exactement, et je pense que maintenant tout est en place. J’activeMonster Reborn afin de faire revenir Spectre Fantôruse. Mais il ne va pas rester longtemps parmi nous car voici la carte magie : Métamorphose. Apparais, Le Renoncé aux Milles Yeux! J’active son effet, viens par ici Ouroboros, cette fois-ci, tu n’y échapperas pas !

-Futile ; souffla-t-elle. Mes monstres sont encore bien plus puissants que les tiens, surtout si j’active l’effet de ton propre Dullahan pour diviser l’attaque de ton renoncé par deux !

-Fais comme tu veux, je n’ai pas fini. J’invoque un autre Chat Lunaire Kinka qui me permet de rappeler Jackfrost Fantôruse. L’effet du Bulbe Luisants’active, j’envoie la carte du dessus de mon deck au cimetière pour l’invoquer. Invocation synchro ! Formule Synchronique, je pioche encore une carte !

-Tous ces monstres minables ne te serviront pas.

-Attends au moins que j’aie fini avant de le dire. Est-ce que un autre Contrat avec les Abysses t’irait ? Je sacrifie le chat lunaire et revoila Le Renoncé qui s’empare d’ophion ! Et la touche finale, Changement de Coeur, je vais reprendre mon monstre si tu le veux bien.

-Incroyable, elle va réussir ! S’exclama June.

-Réussir quoi ? Demanda Darksky, perplexe.

-Laura, tu m’as demandé de te délivrer et c’est exactement ce que j’ai cherché à faire ces derniers temps, alors voici ma réponse ! Je sacrifie le monstre rituel le renoncé, le monstre fusion le renoncé aux mille yeux, le monstre synchro formule synchronique et le monstre XYZ fantôruse Dullahan ! Par-dessus les cendres de ce monde corrompu, toi seule est capable d’élever un monde nouveau, un monde de paix, Eradique le mal et rétablit la justice sur ces terres dévastées, je fais appel à toi, Sophia, Déesse de la Renaissance!

Un éclair zébra le ciel noir et l’illumina quelques brefs instants, me laissant entrevoir l’ombre d’un monstre gigantesque. Le silence suivit, un silence pesant, marquant l’attente. C’est à peine si je ne pouvais pas entendre les cœurs de tous mes amis battre en harmonie. Seule Laura restait de Glace. Puis, sans plus d’avertissement, une immense créature apparut derrière moi, irradiant tout de sa lumière fatale.

-Laura, je te présente le monstre Ultime, celui qui a mis fin à la guerre contre les vers il y a des millénaires et qui s’apprête à recommencer : Sophia déesse de la renaissance, j’active ton effet, toutes les cartes de nos mains, terrains et cimetière vont être bannies et tu ne peux rien répondre à cela !

-Alors comme ça, tu l’as vraiment trouvé ? La vraie Lumière ? Murmura Laura.

-Reviens parmi nous, Laura, aujourd’hui, je remets les compteurs à zéro, Eradication !

Je vis les trois dragons corrompus êtres aspirés par la lumière de Sophia avant de disparaitre pour toujours dans les abîmes.

-Sophia, attaque Laura directement !

Angéla : 75 – Laura : 500

A ce moment-là, Laura tomba à genoux. Darksky se précipita pour l’aider à se relever, mais contre toute attente, elle se mit à rire, non pas de joie, mais un rire maléfique, comme lorsque nous l’avions connue, comme lorsqu’elle était encore sous les ordres de Shadow.

Lentement, elle se releva, chancelante, mais une aura sombre l’entourait peu à peu jusqu’à la recouvrir complètement. Elle leva les yeux vers moi ; ils étaient rouges sang. Je reculai d’un pas, abasourdie par ce revirement de situation.

-Tu m’as surprise, je dois bien l’avouer. Mais Angéla, tu ne croyais tout de même pas pouvoir me vaincre avec une seule carte je me trompe ? Tu as peut-être vaincu mes trois dragons, mais mon âme elle, n’a pas encore pliée ; déclara-t-elle d’une voix mielleuse.

-Que…que veux-tu dire ? Bégayai-je.

-Je vais te le montre si tu le veux bien.

Elle piocha une carte de son deck puis sourit. Je sentais que tout cela allait dégénérer rapidement…

-J’active la carte Sceau de l’infestation.



-Encore…Encore cette carte ? M’exclamai-je.

-Avec elle, j’invoque depuis mon deck Zahak Colonie du Mal et Mandragora Colonie du Mal. Il est temps…de te montrer les véritables profondeurs de mon âme. Invocation xyz, toi chevalier de Jadis, corrompu par le mal tu étais, et corrompu tu es ressuscité, apparaisChevalier Exciton Colonie Du Mal.

-Quelle est cette horreur ? Demandai-je timidement.

-Tu ne le sauras qu’au prochain tour, mais sache que, si tu l’attaques en ayant plus de carte que moi, toutes tes cartes seront détruites, et de même si tu ne l’attaques pas, de plus, tu ne piocheras pas au prochain tour par l’effet de tes propres cartes. Ton destin est scellé Angéla, tu ne peux pas me sortir des ombres, personne ne le peut.

Je dus sourire légèrement car le visage de Laura se crispa.

-Tu vas affronter la défaite avec le sourire ?

-Non, je vais gagner avec le sourire ; rétorquai-je.

-Qu’est-ce que tu veux…

Elle s’arrêta net.

——————————————————————————————————————————————————-

https://www.youtube.com/watch?v=fmsWfjDx4dg

——————————————————————————————————————————————————-

-Tu as remarqué toi aussi ? Cela fait deux tours que mon sarcophage doré a été activé, et à présent, je peux ajouter la carte que j’avais placée dedans : les ailes de Socrate !



-Tu…tu avais tout prévu depuis le début ! Rugit-elle.

-Laura, je t’ai promis de te sortir des ombres, et je tiens –presque- toujours mes promesses et surtout, je fais tout afin de pouvoir les tenir ! Il est temps, je fusionne les ailes de Socrate et Sophia, Déesse de la Renaissance!

-Impossible ! S’écria Darksky. Tu veux encore augmenter la puissance de Sophia ? Mais pourras-tu au moins la contrôler ?

-Ne t’inquiète pas Darksky, tout ira bien. Laura, je te présente, comme toi, mon ultime monstre ! Née de l’intelligence du père, transmet ton immense savoir aux hommes et délivre les de l’erreur de l’ignorance, Philo-Sophia, Déesse de la sagesse !



Du ciel descendit, comme une divinité, l’incarnation de la sagesse, Philo-Sophia. Elle était rayonnante, et même éblouissante dans la nuit noire. Sa lumière devait se voir à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde tellement elle était puissante et pure. Je retins mon souffle devant cette créature si puissante. Les pupilles de Laura rétrécirent et elle se mit à trembler.

-Philo…Sophia tu dis ? Demanda-t-elle d’une voix presque inaudible. Je savais que tu ne me décevrais pas, Angéla.

-Laura, tous tes troubles, je vais les brûler jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien ! L’effet de mon monstre s’active : elle gagne une attaque égale à la somme de tous les monstres bannis actuellement ! Philo-Sophia, éradique une bonne fois pour toute les ténèbres de cœur de mon amie avec ta lumière divine : Jugement !

Elle rayonna de plus belle. Le monstre de Laura ne put résister et il fut anéanti instantanément, de même que les points de vie de Laura. A ce moment-là, une ombre s’éleva derrière elle et tenta de s’échapper mais fut absorbée par Philo-Sophia puis détruite purement et simplement.

Mon amie tomba à terre, inconsciente, mais apaisée, un léger sourire lui traversant le visage. Darksky se précipita sur elle.

Je soupirai de soulagement tandis que June, Ambre et Maya vinrent me féliciter chaudement tout en gardant leur distance avec ma créature un peu trop lumineuse à leur gout. La sœur de Darksky sortit timidement la tête du manoir pour voir ce qui pouvait bien causer autant de vacarme en plein milieu de la nuit…ou du jour, avec cette lumière, on pouvait aisément se tromper.

-Je vois qu’on s’amuse bien sans moi ; déclara-t-elle. Ah mais qui vois-je, salut Angéla, ça faisait longtemps !

-Salut Marie. Je ne suis que de passage ici, je devais…

-Je crois deviner ce que tu es venue faire ; dit-elle l’air moqueur en regardant Laura et Darksky. Heureusement que tu es intervenue à temps, le mal grandissait à vue d’œil, quelques heures de plus peut-être et elle aurait été irrécupérable. Enfin bon, ce qui est fait est fait, et quant à moi, je vais me recoucher, cet idiot Bakura m’a donné un de ces maux de tête…

Marie repartit à l’intérieur et fut suivie de mes amies et Darksky, portant Laura dans ses bras, toujours inconsciente. Il ne restait que moi dehors tandis que la lumière de Sophia s’estompait peu à peu.

Ce fut à mon tour de m’écrouler sur l’herbe de la pelouse.

J’avais réussi. Laura était à présent délivrée de son fardeau, une bonne fois pour toute. J’avais pu tenir ma promesse malgré toutes les difficultés rencontrées. Cela faisait déjà un problème de moins, mais malheureusement, je ne pouvais pas encore me permettre de souffler. Il restait toujours ces dragon…

Je contemplais la multitude d’étoiles dans les cieux, cherchant des réponses à mes nombreuses interrogations et, sans savoir pourquoi, je me mis à penser à Drago. Où était-il en ce moment ? Se battait-il comme moi contre les dragons ? Ou bien vivait-il une vie paisible et bien méritée ? Même si cela était égoïste, j’aurais vraiment voulu qu’il soit à nos côtés pour nous aider à nouveau dans cette lutte…

Je rejetai cette pensée, je ne pouvais pas me reposer sur les autres éternellement. Il fallait que je fasse les choses par moi-même à présent.

Je me relevai et, après un dernier coup d’œil vers les étoiles, je rentrai dans le manoir, laissant derrière moi les ombres de la nuit.


Chapitre 9 : Paix



Spoiler :


Je m’appelle Laura Garden, je suis différente des autres filles de mon âge. Durant la guerre, j’ai semé souffrance et peine autour de moi, sans me soucier de qui je blessais sur mon passage pour me venger de tout ce qu’on m’avait fait subir, tout cela grâce à un pouvoir maléfique.

Mes ancêtres ont passé un pacte avec un dragon du nom de Gariatron leur prodiguant force et longue vie, cependant, ils ont également hérité d’une malédiction, celle d’être la clé permettant de le libérer de sa prison éternelle. Depuis la mort de mes parents et de mon frère, je suis la dernière représentante de ma famille, et par conséquent, le dernier point d’ancrage de Gariatron dans ce monde s’il arrivait à revenir un jour. Il me suffirait donc de mettre fin à mon existence pour que plus jamais une catastrophe comme celle engendrée par Hélios, le roi d’Héliopolis, ne se reproduise. Cependant, les choses ne sont jamais aussi simples qu’on le pense. J’ai moi aussi de nombreuses choses qui me rattachent encore à la vie et plus particulièrement mon ami surnommé Darksky par tous.

Durant la guerre, il s’est battu jusqu’au bout afin de me sortir des ténèbres, il aurait même donné sa vie pour cela. Il y a également Angéla, certainement une des rares personnes sur cette terre à ne pas me juger en fonction de mes actes passés. Car oui, même Darksky a un comportement différent avec moi depuis que je suis revenue à la lumière. C’est un sentiment presque imperceptible, mais je sens bien que nous ne partageons plus la même complicité qu’auparavant.

C’est pourquoi, lorsque le monstre qui me hantait, Ouroboros, m’est apparu en songe, Angéla, était la seule personne vers laquelle je pouvais me tourner. Pour moi, elle a passé des jours à chercher une solution à mon problème et elle a trouvé une réponse. Elle est immédiatement venue lorsque je lui ai demandé puis elle m’a défiée alors que les ténèbres prenaient peu à peu possession de mon cœur. Le combat fut intense. De nombreuses fois, je crus qu’elle allait perdre, mais le mal était déjà bien trop ancré en moi pour que je puisse arrêter, alors j’ai continué jusqu’à l’acculer dans ses derniers retranchements. A ce moment-là, j’ai vraiment pensé sombrer dans les ténèbres et ne plus en sortir mais, contre toute attente, elle renversa la situation et reprit l’avantage, avantage qui fut décisif pour la fin du duel. Son monstre, fusion du père de l’Atlantide et de la sagesse elle-même, a annihilé tout le mal causé par la malédiction. A présent, même si je la sens toujours au fond de moi, elle ne peut plus m’atteindre. Après près de six ans de souffrance, peut-être vais-je enfin pouvoir trouver la paix…


J’ouvrais les yeux timidement, arrivant à peine à croire que j’étais vivante et, plus que tout, toujours moi-même. Les premiers rayons du jour filtraient par la grande fenêtre de ma chambre. Etrangement, je n’avais aucun souvenir de comment j’étais arrivée là. Je revoyais simplement le monstre d’Angéla répandre sa lumière sur moi et les ténèbres se dissiper au loin avant de sombrer dans le néant. Darksky m’avait certainement ramenée à l’intérieur.

Je levai une main tremblante devant des yeux, ayant encore du mal à croire que le mal qui me gagnait depuis des jours était enfin parti. Toute la colère contre Darksky, ma jalousie envers Saya, tout cela était passé, comme disparu en même temps que les derniers restent des ténèbres de mon cœur.

Je décidai finalement de me mettre debout et de descendre. C’était un dimanche, nous n’avions pas cours et par conséquent, aucune raison de nous lever tôt, et pourtant, lorsque je m’approchai de de la salle à manger, j’entendis toute une agitation. En passant la tête par la porte, je vis que tout le monde – ou presque- était déjà réveillé et en pleine forme. Cependant, ils se turent tous en me voyant arriver. Je me crispai. Pensaient-ils que j’étais encore possédée ? Ou bien avaient-ils simplement peur de moi ?

-Ah, tu es enfin réveillée Laura ; me dit June. Bien dormi ?

-Euh…oui, merci ; répondis-je un peu déconcertée.

-Tu sais, évite de t’évanouir la prochaine fois que tu perds un duel car l’autre idiot était dans tous ses états et ne voulait pas te laisser sans surveillance une seconde, s’il ne s’était pas endormi, tu l’aurais retrouvé au pied de ton lit ; dit Maya en baillant ostensiblement.

-Heureusement qu’Arnold était là ; dit Ambre en rigolant.

Je souris. Oui, c’était exactement le genre de Darksky de faire de telles choses. Je me détendis finalement en voyant que leur attitude n’avait rien d’anormal et je me mis à table avec eux. Nous discutâmes de tout et de rien, de nos journées à l’école, nous plaignant de nos professeurs ou nous racontant des anecdotes.

Cela fit beaucoup rire Marie quand je lui dis comment Darksky avait réussi à se faire sortir de cours avec madame Piment avant d’être suivi par Saya et Youhei.

-Et qui a du faire du nettoyage pendant une journée à cause…de je ne sais pas quoi ? Répliqua Darksky pour se venger.

-Non, vraiment ? Toi, tu as du faire ça ? Pouffa Marie. Pourtant tu es l’élève modèle non ? Te voir faire des travaux d’intérêts généraux, c’est comme voir…Darksky travailler !

-Mais je travaille ; maugréa ce dernier mécontent.

Alors que nous étions tous pris dans un fou rire général devant sa tête, une nouvelle personne fit irruption afin d’amplifier le phénomène. Angéla venait d’apparaitre sur le seuil de la salle à manger, les cheveux totalement ébouriffés et l’air à moitié endormi, comme si elle était somnambule.

-Salut tout le monde ; dit-elle d’une voix lente.

-Voilà enfin l’héroïne du jour, ce n’est pas trop tôt, bien dormi la belle au bois dormant ? Lui demanda June.

Elle lui répondit par un simple bâillement avant de s’asseoir à la table et commencer à mettre de la confiture…sur ses céréales…

-Euh Angéla tu… Commença Marie avant de se faire interrompre par Ambre, apparemment habituée à de genre de situation.

Nous la vîmes porter les céréales à la confiture à sa bouche puis ouvrir de grands yeux ronds, comme soudainement pleinement réveillée.

-C’est infect ce truc ! Râla-t-elle. Darksky, tu manges ça tous les matins toi ?

-Non, je n’ai jamais tenté de mettre de la confiture sur mes céréales ; se défendit-il, tout en se retenant de rire.

-De la…

Elle regarda son bol et prit un air effaré avant de tourner la tête vers Ambre, mécontente. Cette dernière fit l’innocente.

-C’était le seul moyen pour te réveiller ; dit-elle en haussant les épaules.

Angéla ronchonna un peu mais ne tenta pas de se défendre. J’en conclus donc que tous les réveils devaient être amusants chez elle et je ris en mon for intérieur.

Une fois le petit déjeuner terminé, Marie proposa à Angéla de visiter la ville avant de repartir, ce qu’elles acceptèrent volontiers.

Elle le montra donc le peu d’endroits attirants un dimanche, le parc en premier lieu, toujours plein de duellistes. Nous nous serions bien arrêter pour livrer un duel mais le programme de Marie contenait tout un tas de lieux ne laissant que peu de place aux distractions. Elle les emmena ensuite à l’école, même si elles la connaissaient déjà, mais elle ne le savait pas et elles firent mine de découvrir. Darksky ronchonna pendant tout le trajet, se demandant à quoi il servait si sa sœur faisait tout, ce en quoi il n’avait pas vraiment tort…

La visite se termina vers quatre heures de l’après-midi par la grande falaise surplombant la ville. Cela faisait longtemps que je n’étais pas revenue ici, je fus donc tout aussi émerveillée qu’Angéla et les autres par la beauté du paysage. Il n’avait pas beaucoup changé, toujours cette infinité bleue à nos pieds et la roche aride derrière nous, tandis qu’en contrebas, le fracas des vagues se faisait entendre distinctement.

En promenant mon regard, je finis par apercevoir une silhouette qui me semblait familière derrière un arbre mort. Je m’éclipsai, intriguée que quelqu’un d’autre se trouve ici.

La personne était assise de dos, si bien que je ne pouvais pas voir son visage mais je reconnaissais la coiffure de l’homme entre mille et je me figeai lorsqu’il prit la parole.

-Ah Laura, tu tombes à pic, il fallait justement que je te parle.

-Hé…Hélios, alors Darksky disait vrai, vous êtes bel et bien de retour ; répondis-je froidement, n’ayant pas oublié que c’était de sa faute si mon père avait sombré.

-Oh, ne t’inquiète pas, je ne suis pas venu me venger ou quoi que ce soit. J’ai…des motivations personnelles, et également quelques informations pour vous, anciens élus.

-N’essayez pas de me rouler sinon…

-Ta malédiction est revenue, n’est-ce pas ?

Je m’arrêtai net dans mes attaques. Il le savait, mais comment ? A part Darksky ou Angéla, personne ne pouvait être au courant puisque moi-même je n’en étais pas sûre !

-Je vois bien qu’elle s’est un peu dissipée à présent, mais tu ne pourras jamais l’éradiquer totalement, tu le sais cela j’espère ?

-Arrêtez de dire n’importe quoi ! Angéla l’a fait disparaitre à jamais, Ouroboros ne reviendra pas !

-Que tu es naïve ; dit-il en prenant un air désolé.

Exaspérée, je l’agrippai sans prévenir par le col de la chemise et je le forçai à me regarder. Mais il soutint mon regard calmement.

-Tu vois Laura, tu la laisses encore prendre le contrôle sur toi…

Je le lâchai et reculai rapidement. Il avait raison, je ne me contrôlai plus, une fois de plus…Et moi qui pensais…je pensais que tout cela était terminé ! Est-ce que tous les efforts d’Angéla étaient vains en fin de compte ? Est-ce qu’étais condamnée à lutter contre cette partie de moi-même cherchant à prendre le dessus sur mes sentiments ?

-Tu ne peux pas l’éliminer, elle est une partie de toi Laura ; reprit Hélios d’une voix compatissante. Tu peux la renfermer au fond de toi, mais il arrivera toujours un jour où tu ne pourras plus la contenir, et elle rejaillira. Comme un volcan, tu ne peux contenir toute cette rage en toi éternellement.

-Que faire alors ? Je ne veux plus blesser personne…Je ne veux plus être crainte ni rejetée…

-Est-ce que tu t’es demandée pourquoi la malédiction a refait surface il y a quelques semaines ?

– J’ai simplement vu Ouroboros en rêve et…

-Tu ne cherches pas assez loin, Ouroboros n’est que la conséquence de son retour…

-Son…retour ? Dis-je sans comprendre, dans un premier temps du moins.

Mais très vite, je vis exactement de quoi Hélios parlait et cela me glaça le sang. Je n’y avais jamais réfléchi, je n’avais même pas essayé de comprendre pourquoi la malédiction avait refait surface, celle-ci m’aveuglait, mais à présent, en y réfléchissant posément, tout m’apparaissait très clairement. Mais cette pensée m’effrayait tellement que je ne pouvais l’accepter de moi-même.

-Est-ce que vous parleriez de…

-Gariatron, le seigneur des ténèbres, est de retour, avec ton père comme allié qui plus est…


Entendre cela divisa mon esprit en deux, d’un côté, apprendre que mon père était encore en vie me réjouissait tellement que j’étais prête à embrasser Hélios, mais d’un autre, savoir que Gariatron l’était aussi me donnait des frissons. C’était peut-être égoïste mais ce qui m’inquiétait le plus, ce n’était pas le retour du dragon, mais le retour de la malédiction, qui, selon Hélios, était liée au dragon. Cela signifiait non seulement que tous les efforts d’Angéla avaient été vains, mais qu’en plus je risquais de blesser quelqu’un à nouveau, quelqu’un de proche…

Hélios, voyant ma confusion, mit la main sur mon épaule.

-Des jours sombres nous attendent Laura ; dit-il solennellement. Gariatron ne sera certainement le cadet de nos soucis si mes informations sont exactes…

-Vous savez quelque chose Hélios ?

-Peut-être, mais certaines choses ne sont pas faites pour être révélées, elles doivent être découvertes.

-Certainement ; dis-je déconcertée. Mais…

Je voulus ajouter quelque chose mais Hélios sauta de la falaise sans me prévenir. Je me précipitai pour voir ce qu’il était devenu mais il avait disparu mystérieusement.

Encore chamboulée par toutes ces révélations, je fis marche arrière et je tombai immédiatement sur Darksky qui semblait affolé.

-Laura, te voilà enfin, ça fait dix minutes qu’on te cherche, où étais-tu bon sang ?

-Je…j’étais simplement allée faire un petit tour ; mentis-je ne voulant pas révéler ce qu’Hélios venait de m’apprendre.

Darksky ne parut pas convaincu mais ne put rien ajouter car Angéla arriva à son tour, suivie de ses amies et Marie. Cette dernière me regarda comme si elle me scrutait puis fronça les sourcils. Je compris tout de suite qu’elle savait pertinemment ce qu’il venait de se passer, c’était son don, mais elle ne dit rien à ce sujet.

La suite de la journée passa très vite. Angéla est ses amies profitèrent au maximum de cet après-midi pour faire les boutiques de souvenirs…pour peu qu’il y ait eu des choses intéressantes à voir dans la ville. Je faisais semblant de me réjouir avec tout le monde mais au fond de moi, l’inquiétude ne me quittait pas. A chaque coin de rue, je redoutais de tomber sur Gariatron ou un de ses serviteurs.

Peu de temps avant le départ d’Angéla, sur le quai de la gare, alors que Darksky tentait tant bien que mal d’obtenir des billets abordables et que Maya râlait en le traitant d’incompétent, je m’étais assise à l’écart, fatiguée par ces histoires stupides, Marie vint me rejoindre, une glace à la main, l’air joyeux.

-Alors Laura, tu ne viens pas regarder le spectacle ? C’est assez amusant tu sais, mais je parie que mon frère va finir par s’énerver…

-Darksky, s’énerver ? J’aimerais voir ça tiens ; répondis-je sans conviction.

Elle fronça alors les sourcils et son visage se durcit.

-Laura, tu t’inquiètes encore pour cette histoire de malédiction ?

-Qui ne s’inquièterait pas ? Tu dois savoir que je suis dangereuse…

-Oui, je sais cela, je sais aussi que le dragon est vivant, que ton père est vivant, que tu as peur, que tu ne veux plus faire de mal, et plein d’autre choses que tu ne sais même pas toi même, et pourtant, est-ce vraiment ce que tu veux ? Vivre avec cette malédiction ?

-Evidemment que non ! Rétorquai-je. Mais je ne peux rien faire, je suis condamnée à vivre avec !

-C’est toi qui te persuades de ça Laura. Je vais reformuler ma question : acceptes-tu de vivre avec cette malédiction ?

-Je…Je…Bégayai-je à court d’argument.

-C’est bien ce que je disais, tu acceptes la malédiction comme une partie de toi, et tu as bien raison, elle l’est.

-Je ne vois pas où tu veux en venir…

-Tu peux l’accepter, il n’y a aucun problème à cela, j’ai moi même accepté mon don qui, je dois avouer, est parfois dérangeant. Ce que tu ne peux pas accepter, ce sont les conséquences, et je sais aussi que cela, tu ne l’accepteras jamais.

-Et ?

-Tu devrais voir le monde sous un autre angle, cela t’aiderait peut-être ; acheva-t-elle avec un large sourire. Bon, je crois qu’ils ont enfin fini de se battre. Tu viens dire au revoir à nos amies ou tu continues à te lamenter toute seule ici ?

Elle me tendit une main charitable que j’acceptai après un petit temps d’hésitation. Lorsque nous arrivâmes sur le quai, Maya semblait plus mécontente que jamais, et pour cause, Darksky n’avait pas réussi à avoir des billets de première classe comme elle le voulait. Elles devaient se contenter de la seconde classe, comme la plupart des voyageurs.

Après nous être promis de nous revoir au tournoi inter-école, Angéla, Maya, Ambre et June montèrent dans le wagon. Nous les regardâmes s’éloigner lentement jusqu’à ce qu’elles soient hors de vue.

-Bien, je compte sur vous deux pour ne pas perdre face à elles ! S’exclama Marie.

-Ouai, ouai, pour l’instant je vais juste rentrer je crois, faire trois fois le tour de la ville, c’est pas mon truc ; râla Darksky.

-Petite nature vraiment ; marmonna sa sœur dans son dos. Et toi Laura, tu veux faire quelque chose avant de rentrer ?

-Non, vraiment, je vais faire de même.

-Qu’est-ce que vous avez donc tous…

J’allais prendre la suite de Darksky lorsque je remarquai que celui-ci avait déjà disparu dans la foule. Je me retournai pour demander à Marie dans quelle direction son frère avait pu partir mais à ma grande surprise, elle avait disparu elle aussi. Je me retrouvais donc seule dans la grande gare. Ce n’était pas comme si j’avais peur d’être seule ou perdue, non, c’était plus le fait qu’ils aient disparu d’un seul coup qui m’inquiétait.

Je me mis à prendre le chemin de la sortie en espérant les retrouver à la maison mais il y avait tellement de monde, j’étais entrainée dans le flot de personnes.

Je finis par atterrir dans un recoin de la gare où il n’y avait personne et je pus reprendre mon souffle. Cependant, plus je passais du temps dans cette gare, plus mon sentiment de malaise grandissait. Il fallait vraiment que je sorte de là.

Je me mis alors à regarder autour de moi pour trouver un plan de la gare. Je remarquai soudainement que le décor était bien sombre et délabré pour une gare aussi fréquentée. Je me mis à avancer lentement, d’un pas peu assuré. Je ne savais même plus par quel côté j’étais arrivée et je me perdis très rapidement. Je montais les escaliers avant de prendre un couloir, puis un autre, toujours sans rencontrer personne. Je commençai réellement à avoir peur là et j’accélérai.

J’arrivai finalement à un croisement et je m’arrêtai net. Quel chemin prendre ?

Je vis alors une ombre et j’entendis un bruit de pas. Quelqu’un ! Je me précipitai dans la direction d’où venait le bruit. Je me retrouvai finalement face à une porte close. Je frappai mais aucune réponse ne me parvint.

-Je peux savoir ce que tu fais ici ? Dit une voix grave dans mon dos.

Je poussais un cri suraigu et je fis un bond de trois mètres avant de me retrouver face à face avec…

-Hé…Hélios ? M’écriai-je encore sous le choc. Qu’est-ce que vous faîtes ici ? Et d’ailleurs, on est où ?

-Je pourrais te poser la même question mon enfant. Tu te trouves dans un lieu appelé une passerelle, ou du moins, je les appelle ainsi.

-Une…passerelle ? Répétai-je sans comprendre.

-Très juste, une sorte de monde intermédiaire reliant notre monde avec de nombreux autres. Je m’en sers régulièrement pour aller dans le monde des esprits du duel de monstres, mais toi…je ne vois vraiment pas ce que tu viens faire ici.

-Je suis perdue ; avouai-je honteusement.

-Ah oui, pourquoi pas, tu ne serais pas la première. Tu as de la chance que je sois passé par-là, certaines personnes errent pour l’éternité dans ces souterrains !

Je déglutis péniblement. Pour une fois, je lui étais vraiment redevable on dirait…

-Mais puisque tu es ici, que dirais-tu de me suivre dans le monde des esprits ?

-Pardon ?

-Je sais que tu as très bien entendu. Enfin, si tu veux me rejoindre, suis-moi, dans le cas contraire, avances toujours tout droit, tu finiras bien par arriver quelque part.

Hélios franchit alors la porte auparavant fermée et une vive lumière m’aveugla. Je ne réfléchis que très peu de temps et je me lançai à sa poursuite.

Le monde dans lequel je me retrouvai me déconcerta totalement. Tout autour de moi, il n’y avait que des arbres et de la végétation, ainsi qu’un petit village primitif. Au loin, la fumée d’un volcan s’élevait haut dans le ciel tandis que je pouvais entendre le bruit de la mer qui devait être très proche.

-Bienvenue dans la tribu des Naturia ma chère Laura ; déclara alors Hélios qui se tenait deux mètres plus loin.

-Des…naturia ? Attendez, vous parlez de la tribu légendaire qui aurait combattu les vers ?

-C’est exact. Mais cela fait longtemps qu’ils vivent en paix.

-Hélios, Hélios ! Cria alors une voix féminine.

Nous nous retournâmes et nous vîmes une jeune fille, certainement du même âge que Maire, accourir vers nous, une grande inquiétude se reflétant dans ses yeux noisette. Ses cheveux, mi blonds, mi châtains, étaient long et volaient élégamment dans son dos. Elle portait un jean et une chemise blanche qui contrastaient avec le décor naturel auquel nous faisions face.

La jeune fille s’arrêta devant nous et reprit son souffle avant de s’adresser à Hélios.

-C’est terrible, c’est affreux, c’est…

-S’il te plait Serena, viens-en au fait ; dit Hélios calmement.

-Le temple de Sophia a été détruit !

-Comment ? S’exclama l’ex-roi les yeux exorbités. Mais qui a fait cela ?

-Satoshi est en train d’enquêter mais nous avons jugé plus prudent de t’appeler tout d’abord.

-C’est bon j’ai compris. Laura, je suis désolé, c’est une affaire de la plus haute importance. Je n’ai pas le temps de t’en parler en détail, mais veux-tu m’accompagner ?

-Euh…oui ; répondis-je sans savoir quoi faire.

-Parfait. Pour les présentations, voici Serena, une amie. Serena, voici Laura, une amie également. C’est bon, vous vous connaissez ? Parfait, donc allons-y !

Hélios s’élança dans la forêt tandis que la dénommée Serena le regardait, l’air de penser qu’il était désespérant, ce que je pensais également, puis nous prîmes la suite du roi.

Je suivis du mieux que je pouvais cette Serena qui se déplaçait dans la forêt avec une facilité déconcertante tandis que je devais faire attention à chacun de me pas à ne pas me coincer les cheveux sur une branche ou trébucher sur un bout de bois que je n’aurais pas vu. Finalement, après dix minutes de course effrénée, nous arrivâmes dans une grande clairière et nous retrouvâmes Hélios en grande conversation avec un garçon aux cheveux châtain également, l’air sévère et qui semblait assez mécontent. Tout autour de nous, il n’y avait que des amas de pierres éparpillées un peu partout ainsi que la base de ce qui avait du être un temple.

Lorsque le garçon me vit, il me lança un regard noir.

-Une inconnue ? Les inconnus ne sont pas les bienvenus ici, repars donc d’où tu viens, cela vaudra mieux ! Dit-il d’un ton glacial.

-Satoshi, c’est Laura, l’amie dont je t’ai parlée à l’instant, le reprit Hélios.

-Qui nous dit que ce n’est pas une espionne ? Elle peut très bien avoir revêtu l’apparence de votre amie Hélios.

-Satoshi, si tu pouvais arrêter la paranoïa ; soupira Serena. Bon, où en est-on ? A-t-on une piste ?

-Toujours aucune malheureusement, ces vandales étaient bien préparés on dirait…Répondit le garçon contrarié.

-Je vais chercher d’éventuelles traces dans les environs, vous deux, continuez à fouiller le secteur. Laura, tu viens avec moi ?

-Si vous pouviez m’expliquer de quoi il retourne en premier lieu, ça serait sympa, parce que là, je suis totalement perdue.

-Très bien, je te raconterai en chemin, mais nous n’avons pas une minute à perdre.

Sans que je n’aie eu le temps de protester, il me prit par la main et commença à courir dans la forêt. Je n’eus d’autre chose que de le suivre. Au bout de cinq minutes, je finis cependant par protester ce qui l’obligea à s’arrêter.

-Vous pouvez me lâcher vous savez, je sais courir seule.

-Oh, désolé.

-Bon, et maintenant, les explications peut-être ? Quel est cet endroit, et que se passe-t-il ?

-Je te l’ai dit, nous sommes dans le monde des esprits du duel de monstre, c’est d’ici que viennent toutes les légendes de notre monde : la guerre contre les vers, l’infection de la colonie, tout cela est réellement arrivé dans ce monde.

-Très bien, et moi, qu’est-ce que je viens faire ici ? Et vous également d’ailleurs ?

-Oh, c’est une longue histoire pour moi, mais pour toi, j’imagine que tu as du être appelée.

-Appelée ? Mais par qui ?

-Comment veux-tu que je le sache ? Je ne suis pas dans ta tête !

-Bon, admettons que ce que vous dîtes soit vrai, qui sont les deux personnes que nous avons vues ? Je croyais qu’il n’y avait que des esprits du duel de monstre ici.

-Satoshi et Serena sont des amis que j’ai rencontrés durant mon voyage à travers le monde. Ils ont simplement décidés de s’installer ici mais…

Hélios ne termina pas sa phrase car soudainement, les branchages bruissèrent autour de nous et il se figea avant de se mettre en position de combat. Je voulus lui poser d’autres questions mais il me fit signe de me taire.

-Aller, montrez-vous, je sais que vous êtes ici !

Sans surprise, tout autour de nous, des créatures surgirent. Elles étaient sombres et nous regardaient avec leurs yeux rouges qui semblaient dénués de vie. L’un d’eux, celui ressemblant à un lézard prit la parole d’une voix sans aucune tonalité :

-Détruire…Equilibre…rompu…Colonie…immortelle…Ressuscitée…

-J’ai rien compris à ce charabia mais tant pis ; déclara Hélios. Vous semblez être des ennemis, je me trompe ?

-La glace…corrompue…doit être…détruite !

Sans autre sommation, la créature se jeta sur moi. Je n’eus le temps que de pousser un cri de surprise avant de voir ses crocs acérés se rapprocher dangereusement de ma tête.


Se rapprocher mais jamais me toucher car Hélios retint la bête en l’attrapant à une main.

-Dis donc, je vous ai posé une question me semble, la moindre des politesse est de répondre.

La créature ne dit rien et continua de se débattre. Le roi soupira et l’envoya valser dans les fourrés avec une facilité déconcertante. Elle atterrit sur le tronc d’un arbre et cessa de bouger. Les autres créatures hésitèrent alors à attaquer. Ce moment d’hésitation leur fut fatal car Hélios sortit de sa poche une sorte de boule lumineuse qu’il lança sur nos assaillants, créant un épais nuage de fumée. Je n’en demandai pas plus et je m’enfuis avec lui.

Une fois que nous fûmes certains d’être hors de portée de ces monstres, nous nous arrêtâmes et Hélios contempla les environs.

-On dirait que tu n’es pas la bienvenue ici ma chère Laura.

-Vraiment ? Qu’est-ce qui vous faire dire ça ? Dis-je ironiquement.

-Cela fait longtemps que toutes les tribus vivent en paix dans ce monde. Se faire attaquer de la sorte n’est pas normal ; répondit-il très sérieusement. D’autant plus que je n’ai jamais vu de telles créatures.

-Allons bon, si je ne suis pas la bienvenue, autant que je reparte d’où je viens.

-Oui, ça serait une solution, cependant, personne n’entre ici par hasard. Tu décevrais certainement quelqu’un en fuyant.

-Ce que vous conseillez donc est d’attendre sagement ici que « quelqu’un » vienne ?

-Je ne conseille rien, je ne fais que dire ce qui me paraît logique. La suite ne dépend que de toi.

Il mit la main dans la poche de sa veste et en sortit une petite clé dorée qu’il me tendit.

-Si tu veux partir, utilise ceci. Dans le cas contraire…et bien, ne fais rien.

Je la pris dans mes mains. Il ne tenait qu’à moi à présent de rester ou de partir. Cependant, je sentais bien qu’Hélios n’inventait rien. Il y avait bien quelqu’un ou quelque chose qui avait conduit mes pas de la gare jusqu’à cet endroit. De plus, quelqu’un d’autre ne souhaitait pas ma présence ici. Je finis par prendre ma décision après quelques secondes de réflexion.

-Bon, je crois que je vais rester un peu et tant pis si je suis en danger.

-Je n’en attendais pas moins de toi. A présent, continuons les recherches si tu le veux bien, le temple de Sophia était un symbole pour tous les habitants de ce monde. Ce crime ne doit pas rester impuni.

-Et par où allez-vous commencer vos recherches ?

-J’ai ma petite idée là-dessus, ne t’inquiète pas.

Je pris sa suite dans la forêt et nous marchâmes encore vingt bonnes minutes avant de sortir enfin et de nous retrouver face à une immense plage de sable fin. L’eau était si pure que la mer en était d’un magnifique bleu turquoise. Evidemment, ce monde ne devait pas connaître la pollution ni même l’industrie, tout me semblait si primitif, comme notre monde devait l’être à l’origine.

Hélios s’arrêta un moment pour humer le bon air marin avant de se tourner vers moi avec un large sourire.

-C’est beau tout cela Laura, tu ne trouves pas ?

-Magnifique oui…

-Dis-toi que j’ai connu de tels paysages il y a longtemps. Oh, ce n’était que pendant de brefs instants, mais je m’en souviens comme si c’était hier. Lors de notre voyage, Celestia, Luna et moi…

Pendant un instant, un air triste et nostalgique passa sur son visage, qui se dissipa presque aussitôt.

-Mais ce n’est pas le moment de radoter j’imagine.

Sans prévenir, Hélios siffla et une sorte de sirène sortit de l’eau. Je la reconnus immédiatement, il s’agissait du monstre esprit de l’eau.

-Ca faisait un bail mon cher Hélios ; dit la sirène d’une voix chantante. Qu’est-ce qui peut bien t’amener ici ?

-Oh, tu en viens directement aux faits, je vais donc faire de même : est-ce que tu saurais, par le plus grand des hasard, si une tribu aurait pu se rebeller ces derniers temps ?

-Non, je n’en ai pas eu vent si c’était le cas. Pourquoi ? Tu as des ennuis ?

-Le temple de Sophia a été détruit.

-Oh, je vois…adresse toi directement au conseil, ils seront plus aptes à t’aider que moi je pense.

L’esprit de l’eau se tourna alors vers moi et se renfrogna.

-Hélios, qu’est-ce que tu nous as encore amené là ?

-Elle s’appelle Laura et…

-Je ne parle pas de la fille, mais de ses esprits de duel. Tu veux mettre ce monde à feu et à sang ?

-Ne vous inquiétez pas pour cela, je contrôle totalement la situation ; répliquai-je.

-J’espère bien car dans le cas contraire, je ne donne pas très cher de votre peau. Hélios, surveille tout de même cette fille.

Sans qu’il n’ait eu le temps de répondre, l’esprit disparut dans les flots en me laissant un énorme poids sur la poitrine. Apparemment, Hélios disait la vérité sur ce point là également, je n’étais pas la bienvenue, et tout cela, à cause de la malédiction.

-Ne t’en fais pas Laura ; dit Hélios compatissant, je suis moi aussi passé par là avec le dragon, mais ils finiront par l’accepter un jour ou l’autre, tout n’est qu’une question de temps.

-Vraiment ? Déjà que dans notre monde, personne ne m’accepte à cause de cette malédiction, je ne vois pas comment quelqu’un pourrait le faire ici…

-Et Darksky alors ? Tes amies Angéla et Marie ?

-Ils n’acceptent pas la malédiction qui est pourtant une part de moi, et par conséquent, ils ne m’acceptent pas comme je suis vraiment.

-Une fois de plus, j’ai connu ça moi aussi. Celestia n’acceptait pas le dragon en moi, et elle avait raison, j’aurais du l’écouter, mais j’étais aveuglé à l’époque.

-Mais vous c’est différent, vous avez choisi d’accueillir le dragon alors que moi, je n’ai nullement eu le choix, je suis née avec la malédiction et je dois la porter quoiqu’il arrive.

-C’est exact, cependant, je veux appuyer sur un point : penses-tu réellement que si tu avais choisi de porter la malédiction plutôt que de naitre avec, cela aurait changé quelque chose ? Le résultat serait le même et qui sait, peut-être pire. Tu as la malédiction en toi, tu ne peux rien faire actuellement pour changer les choses, tu ne peux que l’enterrer au plus profond de toi et cela finira par rejaillir un jour.

-Mais alors, que dois-je faire ?

-Laisse là simplement s’exprimer et les gens finiront, comme toi, par la voir comme une partie de toi et l’accepter. Mais si tu la refoules éternellement, alors jamais tu ne seras acceptée, tu te cacheras toujours derrière un masque qui n’est pas ton vrai visage. Tu es Laura, tu portes la malédiction, n’essaie pas d’être quelqu’un d’autre, n’essaie pas d’être celle que les autres voudraient que tu sois.

-Depuis quand est-ce que vous donnez des conseils intelligents vous ? Demandai-je surprise par son attitude.

-Tu n’es pas la seule à te cacher derrière un masque ma chère Laura ; répondit ce dernier avec un sourire.

-Et donc, quel est votre vrai visage ?

-Oh, ça je ne te le dirai pas, à toi de le découvrir ! Et tu auras tout le temps d’y penser pendant le trajet.

Effectivement, le chemin pour se rendre au siège du conseil était très long, il fallait traverser tout le littoral avant de grimper au sommet d’une montagne gigantesque et, pendant tout ce temps, je repensais aux conseils d’Hélios. J’avais très envie de faire ce qu’il me disait mais j’avais peur également, peur que Darksky, Angéla, Marie ou n’importe qui ne m’accepte pas telle que j’étais vraiment, n’accepte pas la malédiction du dragon et de me retrouver encore plus seule…

Hélios ne dit rien, certainement perdu dans ses propres souvenirs, cet endroit semblait lui en rappeler de nombreux. Il disait avoir vécu la même chose que moi, c’est pourquoi je lui faisais confiance sur ce point. Vivre sans avoir honte de la malédiction, sans avoir peur de blesser quelqu’un, sans avoir peur d’être rejetée, cela semblait si beau, tellement beau que je n’arrivais pas à y croire.

J’étais tellement absorbée par mes pensées que je n’avais pas vu que nous étions arrivés et je percutai Hélios qui s’était arrêté devant une porte monumentale. Nous nous trouvions devant l’enceinte d’une sorte de château. Les remparts étaient si hauts que je ne pouvais même pas distinguer ce qui se trouvait à l’intérieur. La porte quant à elle était sculptée, représentant des créatures que je connaissais bien, les dragons légendaires de la barrière de glace, brionac, Gungnir et Trihsula, qui semblaient garder l’entrée.

Le roi frappa trois fois et une voix se fit entendre de l’autre côté.

-Vous approchez d’une zone sécurisée, veuillez vous identifier ou vous serez désintégré…

-C’est bon, ce n’est que moi, Hélios, ainsi qu’une amie, nous venons voir le conseil pour parler de choses importantes.

Un bref silence se fit puis les portes commencèrent à s’ouvrir lentement, dans un fracas à réveiller un mort. Hélios n’attendit pas l’ouverture compète et s’engouffra dès qu’il put. Je n’eus d’autre choix que de le suivre. Une fois à l’intérieur, je fus totalement bouche bée.

Ce n’était pas un château, non, cela ressemblait plus à un temple romain qu’autre chose. Tout autour de nous se dressaient des statues de monstres ayant péri durant la guerre contre les vers. Au fond de la cours, le bâtiment se dressait fièrement. La façade était entièrement dorée tandis que quatre immenses colonnes la soutenaient. Deux tours s’élevaient au dessus du bâtiment au sommet desquelles des monstres étaient représentés, mais ils étaient bien trop hauts pour que je puisse les distinguer.

Nous n’étions pas seuls dans l’enceinte du temple et à notre arrivée, les regards se braquèrent sur nous. Il y avait de tout, des poissons, humains, dragons, lézards, si bien que cela me mettait très mal à l’aise.

Sous le portique, un groupe de quatre personnes nous attendait, enveloppées dans de grandes toges. Leur visage était caché par une capuche mais Hélios sembla les reconnaître et s’avança fièrement avant de s’incliner devant le groupe.

-Hélios, qu’est-ce qui peut bien t’amener ici ? Dit l’un des hommes qui semblait très, très vieux.

-Je viens vous faire part de la destruction du temple de Sophia par des assaillants inconnus.

Lorsqu’il dit cela, une panique générale s’empara de l’assemblée et des murmures montèrent de partout.

-Comment ? Qui a osé ? Ils vont tâter de mon bâton si je les trouve ! S’exclama le deuxième homme d’une voix plus aigrie.

-Hélios, qui est cette personne ? Demanda le troisième calmement.

-Chers anciens, je vous présente Laura, elle est l’une des élues dont je vous ai parlé une fois.

-Si elle est une élue, comment se fait-il qu’elle amène avec elle les envahisseurs ? S’écria soudainement le quatrième homme.

Le monde se figea et tous les regards se tournèrent vers moi. Je voulus m’enfuir le plus loin possible à ce moment là, disparaître dans les profondeurs de la terre, mais il n’y avait aucune échappatoire. Je déglutis et je me préparai à riposter lorsqu’une explosion retentit à l’extérieur du temple et fit trembler la terre.

L’instant d’après, une ombre apparut au milieu de la cour.

-Mon nom est Nephilim ; dit L’ombre d’une voix féminine.

-A quelle tribu appartenez vous ? Demanda l’un des hommes.

-Une tribu ? Je n’ai pas de tribu exceptée celle que j’ai créée de mes mains ! Je m’adresse à tout le conseil, rendez-vous, mon armée se tient prête juste devant vos portes, elle n’attend que mes ordres pour vous détruire.

-Nous rendre ? Jamais ! reprit l’homme à la voix la plus grave. La paix ne doit pas être brisée !

-Imbéciles, la paix dites-vous ? Cette illusion est brisée depuis longtemps déjà, d’autant plus que la colonie est de retour, tout doit être détruit avant qu’il ne soit trop tard et je m’en chargerai personnellement ! Votre Sophia ne pourra pas nous protéger une seconde fois !

L’ombre se dissipa et les grandes portes volèrent en éclat laissant se répandre dans le temple une multitude de bêtes sombres et dénuées de vie qui nous attaquèrent immédiatement…





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

Chapitre 10 : Pureté



Spoiler :


Très vite, ce fut le chaos dans le temple. Les monstres détruisirent en premier lieu les statues des guerriers de jadis, les réduisant en gravats.

Tous s’étaient rassemblés autour des quatre prêtres, tous excepté Hélios qui se tenait au milieu du chaos comme s’il ne se passait rien. Je lui criais de se venir se mettre à l’abri mais c’était comme s’il n’entendait rien. Il ne bougeait pas d’un pouce, ne faisait rien pour arrêter les créatures ni même se défendre. Il était simplement un observateur.

Je voyais les visages de esprits de duel se crisper un peu plus à chaque statue détruite, il fallait que je fasse quelque chose.

Une voix grave surgit alors dans ma tête, m’ordonnant de libérer toute ma puissance. Je me figeai instantanément car je l’avais reconnue. Il s’agissait d’Ouroboros, et je savais ce qu’il voulait que je fasse. Mais…son pouvoir me terrifiait tant, je craignais de perdre le contrôle de moi-même si je faisais cela.

Les paroles d’Hélios me revinrent alors en tête. Ils font partie de moi, ils sont moi, je ne peux pas les rejeter, au contraire, je dois les accepter.

Tremblante, je saisis la carte maudite dans ma poche. Un halo sombre l’entourait comme toujours. Je pris mon courage à deux mains et je la brandis haut dans le ciel.

-Glace corrompue par le mal, déchaine tes sombres pouvoirs et emprisonne tous mes ennemis dans les profondeurs gelées des abysses, je fais appel à toi, Ouroboros, Colonie du mal !

Le halo sombre s’intensifia et un éclair sombre descendit du ciel et s’abattit en plein sur l’une des créatures qui n’eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Lorsque la fumée se dissipa, elle laissa apparaître une créature au corps noir à trois têtes, chacune recouverte d’un masque les dissimulant les partie.

Tous les esprits de duels reculèrent comme un seul homme à la vue de cette terrifiante créature qui leur avait couté tellement de vie par le passé. Les prêtres rugirent de colère quant à eux.

-Hélios, tu étais derrière tout cela ! L’accusa celui à la voix la plus grave.

-Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler ; répondit-il après un temps d’hésitation en haussant les épaules. Mais vous ne pensez pas avoir un autre problème plus important à régler ?

-Toi…tu ne perds rien pour attendre !

Il se retourna, un sourire malicieux aux lèvres. Je ne comprenais pas moi-même ce qu’il voulait faire, cela faisait longtemps que j’avais renoncé à essayer de le comprendre. Mais, pendant que j’avais encore toute ma lucidité, j’ordonnais à ouroboros d’entrainer les créatures sombres hors du temple. D’un battement d’aile, il les fit voler à l’extérieur comme de simples brindilles, sous les yeux effarés des prêtres.

La bataille prit alors un tournant totalement différent une fois dehors. Ouroboros avait à présent toute la place nécessaire pour se déplacer. Il s’envola haut dans le ciel avant de plonger sur les ennemis. Ceux qui ne réussirent pas à s’enfuir furent congelés sur place.

Les créatures se firent par la suite plus prudentes. Les simples rayons glacés d’Ouroboros ne les atteignaient plus, ils avaient réussi à les anticiper et les éviter.

-Ouroboros, derrière toi ! Hurlai-je en voyant l’une des bêtes se jeter sur lui.

Il se retourna, mais trop lentement et la créature réussit à le mordre au coup. Il poussa un cri de douleur et tenta de s’en débarrasser en se débattant dans tous les sens mais la bête tenait bon. Pendant ce temps là, d’autres s’agglutinaient à ses pieds, lui jetant des coups de griffe rapides mais fatals.

Le grand dragon de glace finit par s’effondrer au sol. Je voulais aller l’aider, mais je ne pouvais rien faire, d’autant plus que dans ce monde, je ne pouvais pas invoquer d’autre monstre pour lui venir en aide.

-Tu ne sembles pas très synchro avec ton monstre ma chère ; dit alors Hélios adossé aux murailles.

-Que voulez-vous dire ?

-Dans ce monde, tout est une question de coordination entre l’esprit de duel et son possesseur. Si tu ne fais rien pour lui, il ne pourra rien faire pour toi, et je vois bien que tu ne lui fais même pas confiance, je me trompe ?

Je me retournai vers Ouroboros. Il était vraiment mal, attaqué de tous les côtés et cloué au sol. Sa taille était plus un handicap qu’un avantage car il devenait une cible facile. Mais je ne savais vraiment plus quoi faire, je ne pouvais pas faire confiance à une créature aussi maléfique, elle risquait de prendre le contrôle sur moi ou même pire…

-Laura ; dit alors la voix grave dans ma tête.

-Non, non, non ! Plus jamais je ne sombrerai ! Tu m’entends Ouroboros, je ne rependrai plus le chaos, plus jamais !

J’entendis alors Hélios soupirer derrière moi.

-Aide-moi…Laura…dit alors Ouroboros d’une voix suppliante.

Je fus sidérée qu’il me demande de l’aide, lui qui avait toujours essayé de prendre le dessus sur moi, lui le produit de la malédiction du dragon lui la créature corrompue par le mal. Mais cette fois-ci, il ne semblait y avoir qu’une vraie supplication derrière son appel. Je regardai Hélios derrière moi. Je devais faire confiance à mon monstre et l’accepter…

A contre-coeur, je laissais Ouroboros pénétrer mon esprit et je m’engouffrai dans le sien. Cependant, je n’y trouvais aucune haine ni colère cette fois-ci. Il n’y avait qu’un désir profond d’écraser les créatures qui le tenaient au sol. Sans savoir comment, je lui insufflai mon propre désir de victoire et de protection du temple. Une vive lumière émana du grand dragon sombre, lumière qui fit reculer ses assaillants. Je lui ordonnais de profiter de cette occasion pour se remettre au combat, ce qu’il fit immédiatement. Il se redressa de toute sa taille pour dominer les minuscules créatures. Il inspira un grand coup et relâcha un souffle d’une froideur incroyable qui gela tous autour de lui dans un rayon de dix mètres. Aucun n’eut le temps se cacher et tous les ennemis furent immobilisés instantanément.

-On dirait que tu as réussi, mais je n’en doutais pas ; déclara Hélios avec une tape amicale dans le dos.

-Réussi ?

-Tu as accepté Ouroboros et donc la malédiction.

-Vous pensez réellement ?

Je tournais mon regard dans les yeux rouges du dragon et quelque chose au fond de moi changea. Je n’avais plus peur d’Ouroboros. Je n’allais pas encore jusqu’à lui faire totalement confiance, mais il ne m’effrayait plus comme avant, je ne le rejetais plus totalement. Il grogna encore une fois avant de disparaître, laissant derrière lui un champ de glace et des créatures des ombres congelées un peu partout.

Les prêtre arrivèrent juste après et eurent l’air effarés devant ce spectacle.

-Hélios, qu’est-ce que…

-Oubliez un peu la colonie ; râla-t-il. Elle est notre alliée pour cette bataille. Mais je crois que je commence enfin à voir ce qu’il se passe…

-Ah oui ? Quoi donc Hélios ? Demanda le prêtre au bâton.

-Faites moi juste confiance. Je vais arrêter tout cela.

-Hélios…

Avant qu’ils n’aient pu dire un mot, Hélios s’enfuit en courant sur le chemin. Je pris un air gêné et je m’excusai à sa place avant de m’élancer à sa suite. Je le rattrapai rapidement et je lui ordonnai de m’expliquer.

-Tout cela n’est pas bon Laura ; se contenta-t-il de répondre sans s’arrêter.

Je voulus lui en demander d’avantage mais il accéléra le pas, m’obligeant à me taire pour économiser mon énergie.

Nous fûmes de nouveau sur la plage en un rien de temps et il s’arrêta enfin. Je m’effondrai sur le sol à bout de souffle.

-Alors…est-ce que…vous allez…enfin…m’expliquer ? Redemandai-je tout en reprenant mon souffle.

-Je dois voir Nephilim.

-Quoi ? Mais vous êtes fou ? M’étranglai-je.

-Pas du tout, comme je te l’ai dit, je crois comprendre ce qu’il se passe. Mais pour en être sûr, je dois voir cette Nephilim.

-Et où allez-vous la trouver ?

-Très simple, il suffit de suivre les traces.

Il désigna des empreintes au sol, celle des créatures nous ayant attaqué quelques minutes plus tôt. La simplicité d’Hélios était parfois si déconcertante…

Ainsi, nous remontâmes la piste en silence. Je n’osais pas dire un mot, de peur d’attirer d’autres monstres et Hélios semblait encore une fois perdu dans ses pensées. Mais à quoi pouvait-il bien penser tout ce temps ?

Nous marchâmes une bonne demi-heure avant d’arriver à la lisière d’un bois sombre. Si sombre que je ne pouvais même pas distinguer ce qui se trouvait au delà du troisième arbre. Mais les traces passaient par ici et Hélios n’hésita pas une seconde et pénétra le bois. La peur de rester seule en terre inconnue fut plus forte et je pris sa suite.

Quand je disais que le bois était sombre, c’était un euphémisme. On n’y voyait rien à un mètre. Heureusement que l’armure d’or d’Hélios émettait un peu de lumière sinon je l’aurais perdu depuis un bon moment déjà.

Mais je n’étais pas plus à l’aise pour autant. Je sursautai à chaque bruissement de feuille et chaque cri de chouette, hibou ou autre animal me faisait frôler la crise cardiaque. Pour compléter ce sentiment de malaise, je sentais Ouroboros rire de ma peur au fond de moi. Evidemment, lui, la créature des ténèbres n’avait pas peur d’un bois sinistre, mais moi je n’étais qu’une fille de seize ans.

-Si tu veux, je tu peux me donner le contrôle de ton corps comme ça…

-Rêve toujours Ouroboros ; le coupai-je.

Le sombre dragon repartit bouder dans un coin de mon esprit, même si pour une fois, j’aurais bien aimé pouvoir me disputer avec lui un peu plus longtemps, juste histoire de ne pas me sentir trop seule dans les ténèbres.

Finalement, nous arrivâmes à une petite clairière ou le soleil perçait très difficilement, mais perçait tout de même, me laissant distinguer une petite habitation.

Un frisson me parcourut lorsqu’Hélios se dirigea droit dessus. Il ne comptait quand même pas sérieusement entrer là-dedans…si ?

Malheureusement, c’est exactement ce qu’il fit. Il ouvrit la porte et entra comme s’il était chez lui. S’il croyait que j’allais entrer dans un truc pareil, il se mettait le doigt dans l’œil !

Je tournais le dos à la sinistre bâtisse…pour faire face au sombre bois. J’avais un choix difficile à faire : entrer dans une maison visiblement hantée mais être avec quelqu’un, ou bien attendre seule dehors, exposée à tous les dangers invisibles de la forêt…Un cri d’animal sauvage assez peu amical me fit choisir la maison hantée.

Je m’étais précipitée à l’intérieur si bien que je me heurtai à quelque chose de dur et je poussai un cri de terreur avant de voir qu’il ne s’agissait que d’Hélios.

-Il fait bien sombre ici, tu n’aurais pas vu un interrupteur ou quelque chose du genre Laura ?

-Je…

Je m’apprêtais à lui répondre une évidence, lorsqu’une lumière rougeâtre venue de nulle part illumina la pièce, me laissant contempler un sombre spectacle. Tout autour de moi, des sortes de poupées de monstres se tenaient, démantelées, des fils pendant au sol. C’était officiel, je me trouvais dans une maison hantée. Je me souvins d’un film où le héros se retrouvait entouré de poupées tueuses et ce décor était très similaire…

Hélios prit alors l’une des poupées dans ses bras et ma réaction immédiate fut de la lui arracher des mains et de la jeter au loin.

-Mais vous êtes fou ? Vous voulez vraiment les réveiller ?

-Allons Laura, ce sont simplement des poupées et…

Un craquement retentit au loin et je me figeai immédiatement. Nous…n’étions pas seuls ici. Je reculai prudemment, cherchant le centre de la pièce afin de m’éloigner le plus possible de ces poupées maléfiques.

Une fenêtre grinça. Le vent…ce n’était que le vent, enfin, je l’espérais.

-Je sens…une très haute énergie nous entourer ; dit soudainement Ouroboros.

Je dus me retenir pour ne pas crier lorsqu’il surgit dans mon esprit.

-Comment cela ? Lui répondis-je mentalement.

Il ne dit rien mais je sentis une sorte d’angoisse dans son esprit. Génial, voilà que même une créature des ténèbres se mettait à paniquer, que devais-je faire dans ce cas ?

Soudainement, j’entendis une porte s’ouvrir en grinçant et mon sang se glaça. Je retins ma respiration. Ce…ce n’était que dans ma tête. Oui…je n’étais pas dans un film d’horreur, les poupées tueuses, ça n’existait pas, pas plus que les fantômes…bon d’accord, pour les fantômes je n’étais pas convaincue, mais il était techniquement impossible que dans le monde réel, une poupée soit vivante…

Sauf que dans ce raisonnement, j’oubliais un détail, nous n’étions pas dans le monde réel, mais dans le monde des esprits, où les dragons, démons, elfes et zombies existaient. Cela ne fit que renforcer encore plus ma peur. Mais pourquoi ? J’avais fait face à un dragon, de simples poupées n’auraient pas du me faire peur…

Je me tournais vers Hélios. Il continuait à regarder les poupées, l’air intrigué plus qu’effrayé. Mais voir Hélios effrayé c’était comme se retrouver face à une poupée tueuse, cela n’arrivait jamais…enfin, je l’espérais…

Il fit un pas, le plancher craqua, mon cœur rata un battement. Je pensais vraiment que les créatures allaient se réveiller et nous attaquer, mais il ne se passa rien. Je tentais de me détendre, mais impossible. L’atmosphère de cette pièce était bien trop pesante et quelque chose de malsain se dégageait de tout cela.

Hélios se dirigea alors vers les escaliers menant au premier étage. Je n’eus d’autre chose que de le suivre.

La lumière rougeâtre éclairait également cet endroit. La plupart des murs en bois étaient troués mais j’avais bien trop peur pour oser regarder à travers.

Hélios s’arrêta finalement devant une porte et l’ouvrit. Je retins ma respiration, m’attendant à voir surgir un rayon ou une main géante mais rien de tout cela une fois de plus. Ne pouvant rester seule dans le couloir en ruine, j’entrai dans la pièce et cette fois-ci, je crus vraiment que j’allais m’évanouir.

La pièce était éclairée d’une lumière violette émanant d’une poupée de femme géante au milieu. Elle portait une sorte de voile sur sa tête, grise comme la cire. De celle-ci, des milliers de fils partaient dans toutes les directions, se perdant dans les fissures du bois. La poupée était assise sur le sol, la tête penchée sur le côté formant un angle inquiétant avec son corps, presque un angle droit. Elle semblait tout, sauf vivante. Cependant, Hélios la regardait avec un air de défi. Qu’essayait-il de faire ?

-Alors Nephilim, qu’est-ce que cela signifie ?

-Attendez Hélios, vous pensez vraiment qu’elle va vous répondre ?

J’aurais peut-être du me taire sur ce coup là, car à peine avais-je terminé ma phrase que la poupée ouvrit les yeux.


Ce n’était pas bon, pas bon du tout pour nous. Dans les films que j’avais vus, lorsque la poupée maléfique se réveillait, elle tuait en général le pauvre passant qui ne cherchait qu’un endroit où loger, et c’est exactement ce qu’elle tenta de faire avec nous.

Elle se mit debout, nous dominant de sa taille gigantesque et commença à lancer des fils incroyablement coupants sur nous. Je les évitai de justesse tandis qu’Hélios dégaina son épée qu’il cachait visiblement dans son disque de duel.

-Nephilim, je t’ai posé une question il me semble ! Reprit-il fermement.

-L’équilibre est rompu par ta faute, tout doit être détruit avant qu’il ne soit trop tard ; répondit la poupée tout en continuant à nous attaquer.

Hélios ouvrit la bouche mais la referma immédiatement lorsque trois nouvelles créatures débarquèrent dans la pièce, les poupées que nous avions vues en dessous, et se jetèrent sur nous.

Sans hésiter, je fis appel à Ouroboros. Malheureusement…il était presque aussi grand que la chambre elle même et son arrivée ne fit que compliquer les choses vu que nous n’avions même plus la place de nous déplacer. Mais le bon point était que les poupées tueuses étaient, elles aussi, immobilisées. Enfin, je le pensais.

Nephilim leva le bras et des milliers de fils s’emparèrent d’Ouroboros, le ligotant fermement. J’entendais sa voix dans ma tête remplie de rage et de colère contre cette poupée.

Nephilim fit alors un geste qui projeta Ouroboros contre le mur, le réduisant en miette. Le grand dragon de glace passa a travers et s’effondra sur le sol, trois mètres plus bas.

A partir de là, le combat se prolongea à l’extérieur. Hélios sauta également, entrainant les poupées servantes à sa suite, me laissant seule avec Nephilim au premier étage. Mais j’étais prête à me battre également. Je n’avais pas passé presque trois ans dans l’armée de mon père à rien faire.

Je ressentis soudainement un poids dans ma poitrine. La malédiction pensai-je. Elle essayait de prendre le dessus. Mais ce n’était pas le moment. Je pouvais encore me battre par moi-même, je ne voulais utiliser ces pouvoirs qu’en derniers recours.

Avec un cri de guerre, je me jetai sur la poupée géante. Comme elle était creuse, comme toutes les poupées, mon poids la déstabilisa et elle tomba à la renverse, soulevant un épais nuage de poussière. Je savais que cela ne suffisait pas à la vaincre, c’est pourquoi je repassais immédiatement à l’assaut.

Cependant, attaquant à l’aveugle, il m’était impossible de prédire les mouvements de l’ennemi, ce qui me couta très cher. Un fil m’attrapa le bras, m’empêchant de terminer mon mouvement et je vis Nephilim se relever. Je croisai son regard, creux et sans vie.

-Tu es celle qu’il faut éliminer, tu as ramené la colonie immortelle parmi nous.

-Je n’ai rien fait du tout ! Protestai-je.

-Le sceau de Naturia est sur le point de se briser, tout doit être détruit avant qu’il ne soit trop tard.

Je fus projetée contre le mur, ce qui me coupa la respiration. Mais je n’allais pas m’avouer vaincue aussi facilement et je me remis sur pieds.

-Laura ; redit la voix dans ma tête.

-Pas maintenant je te dis Ouroboros !

J’esquivai un autre fil d’un bond qui me permit de me retrouver derrière Nephilim. De la, j’empoignai des gravats du mur et les lançai de toute ma force sur la poupée. L’un d’eux percuta sa tête et la créature de cire s’écrasa au sol à nouveau.

Je profitai de ce moment de répit pour observer ce qu’il se passait en bas. Hélios étaient aux prises de deux poupées tandis que la troisième était à moitié congelée par mon dragon. Ce dernier semblait cependant étrange, lançant des rayons de glace dans toutes les directions.

Mais ce moment d’inattention me fut fatal. Nephilim revint à la charge et me frappa directement cette fois-ci.

Je tombai dans le vide qui se trouvait derrière moi, et une telle chute était fatale. Je voyais déjà la fin…qui n’arriva jamais. Je fus rattrapée en vol par Ouroboros au dernier moment.

-Tu…tu m’as sauvée ? Bégayai-je.

-Tu es ma partenaire Laura, je ne t’abandonnerais jamais.

Non, ce n’était pas Ouroboros. Cette voix, je la reconnaissais, une voix que je pensais ne plus jamais entendre en acceptant la malédiction, une voix que je n’avais pas entendue depuis des années…

-Trishula ? Dis-je avec espoir en relevant la tête.

-En acceptant Ouroboros, tu t’es également acceptée telle que tu es, lumineuse comme la glace.

Le masque tomba à ce moment là et je reconnus mon partenaire de toujours, plus rayonnant que jamais. Je n’en croyais pas mes yeux. Les larmes me vinrent sans que je puisse les contrôler. Le conseil d’Hélios s’était avéré exact. Le fait de revoir ce dragon m’apporta les réponses que je cherchais, je savais à présent exactement qui j’étais et quel était mon devoir. Je n’avais plus à craindre le regard des autres, je n’avais plus à avoir honte de moi même car je m’étais enfin trouvée.

Je regardai Trishula dans les yeux et il comprit sans que je n’eus besoin de prononcer un mot. Nous nous envolâmes plus haut dans le ciel, toujours plus haut, traversant la couche de nuages, avant de redescendre en piqué, droit sur la maison maudite, avec une vitesse foudroyante. Nephilim tenta de riposter mais nous passâmes au travers de toutes ses attaques avant de nous écraser sur elle. Nous l’entrainâmes avec nous dans notre chute avant de la plaquer au sol avec une violence telle qu’un énorme gouffre se forma autour d’elle au moment de l’impact. La monstrueuse poupée ne s’avoua pas vaincue et se releva encore une fois.

Hélios se débarrassa de son adversaire d’un coup d’épée et se tourna vers moi.

-Laura, attrape, cela te sera peut-être utile.

Il me lança une carte que je saisis au vol, et, lui faisant confiance, je l’activai immédiatement.

-Il est temps Trishula, Fusion parfaite activée !



Le cœur de Trishula se mit à scintiller en même temps que la carte que je brandissais. La lumière devint très vite si lumineuse que Nephilim recula, aveuglée.

-Dragon légendaire de la barrière de glace, infecté par la colonie, il est temps de te lever à nouveau afin de purifier ce monde des ténèbres ! Le sceau est brisé ! Rayonne, Néo Trishula, perfection de la barrière de glace !

Alors que je prononçais ces mots, je sentis mon corps s’agrandir et se refroidir considérablement. Mes mains se transformèrent et mes doigts s’allongèrent vers l’arrière. Je fermai les yeux et lorsque je les ouvris à nouveau, ils étaient devenus bleus comme la glace. Je ne faisais plus qu’un avec Trishula à présent, j’étais Trishula !

Dans mon esprit, je vis une autre personne avec moi…mais, ce n’était pas Trishula. C’était…quelqu’un d’autre. Un homme portant une armure ayant la même apparence que mon dragon et une épée de glace à la main. Il ne me dit rien, mais je sus qui il était : mon tout nouveau partenaire, libéré de l’infection de la colonie.

-Comme je l’espérais. Tu ne me décevras jamais mon enfant ; dit Hélios avec un sourire satisfait aux lèvres.

Mon regard se focalisa sur Nephilim qui, déconcertée par ma nouvelle apparence, attaqua immédiatement. Elle envoya ses fils tranchants comme des rasoirs sur moi mais je les repoussai tous d’un souffle si froid qu’ils se brisèrent instantanément avant de retomber sur leur propriétaire. Je ne laissai pas à mon ennemi le temps de préparer son nouvel assaut et je l’attaquai en première depuis les airs.

-C’est terminé Nephilim !

Je pris une grande inspiration avant de relâcher tout ce que j’avais sur la poupée. Le vent glacial la frappa en plein cœur, pour peu qu’elle en ait eu un. Elle se couvrit progressivement de glace, la paralysant totalement. Je n’arrêtai qu’une fois que je fus totalement à bout de souffle.

Nephilim était vaincue.

J’atterris gauchement sur le sol n’ayant pas l’habitude de voler par moi même et je vis Hélios me rejoindre, l’air entièrement satisfait en regardant Nephilim.

-Bien, bien, bien, et maintenant que le problème de la colonie est réglé, peux-tu nous expliquer ?

-Vous avez peut-être échappé à une nouvelle catastrophe mais une plus grande menace encore plane sur notre monde ! Rétorqua Nephilim dont la tête était libre.

-Est-ce que tu pourrais développer ta pensée ?

-Tu le sais aussi bien que moi Hélios, c’est entièrement de ta faute, c’est toi qui l’as amenée ici et par ta faute, l’équilibre est rompu !

-Arrête de délirer, Serena n’a rien à voir avec tout cela ! Répliqua Hélios presque hors de lui. Je veux bien croire que nous sommes au bord du gouffre mais ne va pas impliquer ces enfants !

-Tu te voiles la face Hélios. Mais il est trop tard, le mal est fait. Le sceau de l’arbre des Naturia est sur le point d’être brisé, je dois réunir les tribus afin que nous soyons prêts…

L’ex-roi soupira et ferma les yeux, comme s’il s’avouait vaincu. Il claqua des doigts et la glace autour de Nephilim disparut, libérant la poupée maléfique.

-On dirait bien que la colonie est de notre côté à présent ; dit-elle en s’adressant à moi. Mais vos pouvoirs ne suffiront pas, je dois réunir toutes les tribus et vous avez le devoir de vous allier à nous, sans quoi, tout est perdu d’avance.

Je n’eus même pas le temps de protester que Nephilim disparut dans les ombres avec ses serviteurs, nous laissant seuls dans la maison dévastée.


Heureusement pour moi, le chemin du retour fut bien plus facile puisque nous n’avions pas à retraverser la forêt noire sans savoir où nous allions puisque je pouvais voler à présent. De cette hauteur, je pouvais voir tous les endroits où nous étions passés et la distance me parut soudain ridiculement faible. Ce monde était très similaire à la terre, des montagnes de pierre, une végétation abondante, un océan, quelques villages perdus. Si je ne savais pas que je me trouvais dans un autre monde, j’aurais juré être encore sur terre.

Nous nous posâmes sur le littoral. Le soleil se plongeait dans la mer et envoyait des reflets rouges sang sur l’eau. Tout était si calme, rien ne semblait pouvoir troubler un monde si paisible. Cependant, Hélios n’avait pas dit un mot de tout le voyage et regardait constamment au loin.

-Alors Laura, qu’en penses-tu ? Dit-il soudainement.

-De…de quoi ?

-De ton pouvoir, le pouvoir de ne faire qu’un avec ses monstres, celui de la fusion parfaite.

-Je dois avouer que c’est très impressionnant…Mais attendez une minute, comment saviez-vous que j’avais ce pouvoir ? Réalisai-je soudain.

-Tu te souviens lorsque je t’ai dit que quelqu’un te demandait dans ce monde ? Figure toi que cette personne n’est autre que moi.

Je fus à peine étonnée par sa révélation. Après tout, le croiser dans la passerelle était déjà une étrange coïncidence, mais son attitude par la suite ressemblait fortement à un test, lors de l’attaque du temple, il n’avait pas levé le petit doigt afin que je me lie avec Trishula, puis dans la maison hantée, il avait visiblement tout fait pour me laisser affronter Nephilim seule avant de me donner son étrange carte.

-Vois-tu, le pouvoir de la fusion parfaite n’est pas donné à tout le monde, il faut un lien spécialement fort avec un esprit de duel afin de la réaliser.

-Et pourquoi m’avez-vous donné ce pouvoir ?

Le regard de l’ex-roi se voila.

-Afin de faire face au dragon, le monde à besoin de guerriers forts, courageux et prêts à tout. Je pensais qu’en t’aidant à surmonter ta malédiction, tu deviendrais ce genre de personne, et je ne m’étais pas trompé on dirait.

-Je me disais bien que vous ne faisiez pas cela par simple générosité ; dis-je déçue. Une autre question, comment je retrouve mon apparence normale ? Parce que être un dragon c’est bien sympa mais je m’imagine mal aller au lycée comme ça.

-Sépare simplement ton esprit de celui de Trishula.

Je fis ce qu’il dit et, remerciant mon dragon, je coupais le lien mental qui m’unissait à lui. Immédiatement, je sentis le flux d’énergie s’échapper et je retrouvai ma taille et mon apparence normales. Je me sentais tout de même un peu étrange. Après avoir été une créature écailleuse pendant une heure, je m’étais habituée à ma nouvelle force. Hélios rit légèrement.

-Oui, je sais ce que ça fait aussi.

-Vous…avez ce pouvoir également ?

-Qui sait ; répondit-il mystérieusement.

Serena et son frère, Satoshi, arrivèrent à ce moment là en courant, ayant l’air soulagés de nous voir en un seul morceau. Nous leur expliquâmes ce que nous avions découvert au sujet de Nephilim et de la menace pesant sur ce monde, tout en éclipsant la partie où il était question d’eux. Satoshi se remit à marmonner dans son coin tandis que sa sœur se plaignit de ne jamais avoir de repos.

Je remerciai chaleureusement Hélios pour son aide et je saluai les jumeaux, leur promettant de revenir s’ils avaient besoin de moi contre la nouvelle menace avant d’utiliser la clé qui ouvrit comme une porte au milieu de nulle part. Je la franchis et je me retrouvai dans la passerelle reliant nos deux mondes. A partir de là, j’allai toujours tout droit comme me l’avait indiqué Hélios.

Je fus vraiment surprise d’arriver alors juste devant les grilles du manoir de Darksky en sortant de la passerelle. Le soleil n’était pas encore couché, comme si le temps s’était écoulé différemment dans le monde des esprits où j’avais passé la journée.

Je sonnai, Arnold me répondit et je franchis le grand portail. Mais ce jour là, il y avait quelque chose de différent par rapport aux autres fois où je l’avais franchis auparavant. Pour la première fois, je ne ressentais aucune pression sur mes épaules. Je ne m’inquiétais pas de savoir comment je serais accueillie. Je ne m’inquiétais plus pour la sécurité de mes proches à cause de moi. Je ne m’inquiétais pas d’avoir à combattre en permanence la malédiction. Et plus important, je ne m’inquiétais pas de savoir qui j’étais vraiment, car je le savais à présent.

Darksky vint à ma rencontre tout en me sermonnant pour le temps mis pour rentrer mais Marie ne semblait pas s’en préoccuper. Elle vit tout de suite que quelque chose avait changé en moi, que tous mes tourments étaient loin à présent et m’adressa un grand sourire, que je lui rendis, la remerciant intérieurement pour son aide.

Je terminai la soirée joyeusement, ce qui surpris agréablement tout le monde à la maison. Il était vrai que je n’avais pas été très amicale ces derniers jours, mais je comptais bien me rattraper pour cela, et le plus rapidement possible. Je promis de m’investir le plus possible pour le club de duel à présent, même si je comptais également tenir Darksky à l’œil. La jalousie n’était pas un produit de la malédiction après tout, mais ce n’était vraiment pas le plus important à ce moment là.

Une fois dans ma chambre, la première chose que je fis fut de regarder mon deck. Il avait effectivement changé. La colonie du mal n’était plus, les guerriers de rescapés de la barrière de glace avaient pris leur place à présent, de même que mon compagnon de toujours, Trishula.

J’intégrai également dans ce deck le présent d’Hélios, la fusion parfaite. Le dragon pouvait toujours venir, je l’attendais de pieds ferme, je n’avais pas peur de lui, pas plus que de mon père.

Ce jour là, une partie de moi mourut, cette partie que je détestais tant, cette partie m’ayant tourmentée pendant des années, cette partie m’ayant poussé à faire du mal à la seule personne m’ayant accepté, cette partie que je combattais sans relâche.

Mais, en y repensant, elle n’est pas vraiment morte, elle s’est transformée et a été purifiée. Cette partie de moi portait le sinistre nom d’Ouroboros et porte à présent le glorieux nom de Trishula.


Au moment où j’écris ces lignes, je ne sais pas ce que me réserve l’avenir, mais une chose est sûre, je n’abandonnerai pas ce combat. En acceptant la malédiction puis en ne faisant qu’une avec elle, j’ai accepté de prendre part au combat qui se prépare et je n’ai pas l’intention de m’arrêter car à présent, je sais qui je suis vraiment. Je ne suis pas un pion sur l’échiquier du dragon et encore moins une esclave de la malédiction. Je n’accepterai plus jamais de me soumettre à un pouvoir tyran. Je lutterai de toutes mes forces mais je ne plierai pas car je suis simplement moi, Laura Garden, une adolescente de seize ans ayant décidé de vivre une nouvelle vie, une vie que j’aurais choisie.



Chapitre 11 : Retour à la vie ordinaire…ordinaire pour Angéla



Spoiler :


Un mois s’était écoulé depuis la guérison de Laura par Sophia et la vie avait repris son cours normal. A vrai dire, sans cette quête pour trouver une carte légendaire, la vie semblait bien monotone dans mon lycée. Je passais mes journées à dormir en cours, rire avec mes amies, me préparer pour le tournoi inter école de décembre avec le club de duel, mais rien ne venait briser cette routine. Paradoxalement, j’aimais ce genre de vacances, et en même temps, l’action me manquait. Je voulais à la fois être tranquille quelque temps mais je m’ennuyais profondément. Il y avait bien de temps en temps quelques accrochages avec Aymeric qui venaient briser le quotidien mais cela ne m’amusait même plus de me battre avec cet idiot.

J’avais d’ailleurs enfermé sa carte maléfique dans un coffre afin de ne plus jamais en entendre parler. Je ne voulais surtout pas avoir à faire avec des forces maléfiques à ce moment là. Si la routine devait être brisée, autant qu’elle le soit par un événement heureux, pensais-je.

Cependant, j’avais appris depuis longtemps à ne pas espérer de telles choses car j’avais en général exactement le contraire, ce qui arriva.


Avec mes amies, nous sortions du club de duel et nous nous apprêtions à nous séparer comme tous els jours quand June me retint un peu plus longtemps que d’habitude et me demanda de la suivre chez elle, l’air inquiète. Je lui demandai ce qu’il se passait mais elle resta muette. Dès ce moment là, je sentis que quelque chose se tramait, quelque chose de grave et je décidai de l’accompagner. Elle ne dit pas un mot du trajet non plus et ne me répondait que par oui, non, peut-être.

En arrivant chez elle, je tombai immédiatement sur le professeur Wheeler, mais ce dernier semblait bien moins détendu que d’habitude. De grosses cernes se creusaient sous ses yeux et il fronçait les sourcils en regardant au loin, comme s’il s’attendait à voir un ennemi débarquer.

A l’intérieur de l’appartement, des milliers de papiers s’entassaient dans tous les coins et Mai attendait, l’air grave également, assise sur une chaise en face d’une autre personne que je reconnus immédiatement. Lorsqu’elle me vit, elle m’adressa immédiatement la parole.

-Bonjour Angéla, cela faisait longtemps ; dit la personne d’une voix lasse.

-Bonjour Alice, que se passe-t-il pour que vous ayez tous l’air aussi inquiets ?

-Ce n’est qu’une supposition, mais regarde ceci ; dit le professeur Wheeler en me tendant une photo.

A première vue, tout était normal sur celle-ci. Elle représentait simplement une rue de Paris pleine de monde. Devant mon regard interrogateur, Mai intervint.

-Regarde au sol, tu comprendras.

-Au sol ?

Je me replongeai sur l’image et effectivement, un détail attira soudainement mon attention, un détail si infime qu’il serait passé sous le nez de n’importe qui peu attentif à la scène ou ne prêtant pas attention à son entourage, comme c’était le cas de la plupart des personnes sur cette photo. Mais je la voyais clairement, cette étrange ombre s’étalant sur le sol, une ombre qui n’avait rien d’humaine. On aurait très bien pu se dire qu’il s’agissait là d’un effet d’optique, que plusieurs ombres se chevauchaient, donnant cette étrange impression, mais non, il s’agissait d’une seule et unique ombre, l’ombre d’une créature maléfique, l’ombre d’un dragon…

Mon cœur battit plus vite pendant quelques instants. Ils étaient bien revenus, les avertissements de Floges et Hurricane n’étaient pas de simples menaces ! Bon, au fond de moi, je le savais, mais je redoutais le jour où cela arriverait.

Je relevai la tête pour faire face au professeur Wheeler qui ne put qu’acquiescer devant mon expression de doute.

-Un ami m’a fait parvenir cette photo il y a quelques jours ; déclara Alice. Je ne sais pas d’où il la tient, mais les faits sont là et nous ne pouvons plus rester les bras croisés à attendre qu’ils nous attaquent.

-Et que comptes-tu faire ? Demanda Mai.

-Je ne sais pas moi même ; répondit-elle l’air désolée. Je vais déjà me préparer, le temps est compté.

Alice se leva et sortit de l’appartement en nous laissant avec un énorme poids sur la poitrine. Plus personne ne disait un mot à présent, même le professeur, si bavard d’habitude, semblait préoccupé.

Voyant que rester là ne servirait à rien, je décidai de faire comme Alice et de me préparer dans mon coin et je m’éclipsai à mon tour.

La première chose que je fis en rentrant chez moi fut de prévenir Laura et Darksky de cette menace. Je n’attendis pas leur réponse et je me mis ensuite à revoir entièrement mon deck. Il devait être parfait si je voulais faire face aux dragons une seconde fois. Ainsi je remis la carte de Socrate qui restait malgré tout un précieux allié.

Mon regard se posa ensuite sur le coffre scellé où se trouvait la carte du chaos. Je fus tentée de l’ajouter également à mon deck mais les paroles menaçantes de June me revinrent à l’esprit et me dissuadèrent.

Laura me répondit un peu plus tard dans la soirée me demandant plus d’explications mais je ne pouvais pas lui en donner, je n’en avais pas moi même et je lui conseillai simplement de se tenir prête à toute éventualité.

J’hésitai un moment à prévenir Ambre et Maya de cette nouvelle menace car je savais qu’elles finiraient par le découvrir, mais je ne voulais pas les impliquer d’avantage qu’elles ne l’étaient déjà. Finalement June fit le travail à ma place, m’épargnant cette dure décision, si bien que le lendemain, au club de duel, nous expliquâmes en détail la situation à Lareine et ce dernier se promit alors de nous entrainer du mieux qu’il pouvait pendant le temps imparti, oubliant totalement le tournoi inter école.

Cela dura une bonne semaine, mais rien ne se passa, il n’y avait pas l’ombre d’un dragon en vue ni de leur serviteur, mais nous restions tout de même en alerte. Nous passions également beaucoup de temps chez Sherry cherchant dans sa bibliothèque un moyen de vaincre les dragons une bonne fois pour toute.

Alors que nous étions justement chez Sherry en train de fouiller dans les archives, nous reçûmes une visite assez peu commune.


C’était en plein milieu de l’après-midi quand quelqu’un sonna à la porte. Sur nos gardes, nous cessâmes immédiatement les recherches et Sherry chargea Ellsworth de vérifier de qui il s’agissait. Ce dernier revint quelques secondes plus tard, l’air un peu déboussolé. Intrigués, nous allâmes voir par nous mêmes.

Mon cœur s’arrêta lorsque je vis Hélios sur le pas de la porte. Il avait changé depuis le temps. Il s’était rasé premièrement, ce qui le rajeunissait considérablement, et il avait troqué son armure d’or et sa cape contre une simple veste noire et un pantalon assorti. Il ressemblait vraiment à n’importe qui à présent.

Je savais bien qu’il était en vie et de notre côté mais je ne pouvais pas lui faire confiance après tout ce qui était arrivé. L’ex-roi maléfique était accompagné de deux personnes, un garçon et une fille se ressemblant étrangement, aux cheveux tirant entre le blond et le châtain et aux yeux noisette. Ils semblaient contempler la résidence de Sherry avec admiration, mais je comprenais ce qu’il devait ressentir, j’avais eu la même impression la première fois en arrivant ici.

-Bonjour Angéla ; dit Hélios d’un ton amical. Je suis ravi de te revoir.

-Je ne suis pas sûre que ce sentiment soit réciproque ; répliquai-je froidement.

-Allons, je sais que tu es un peu sur les nerfs en ce moment avec toutes ces histoires de dragon, mais cela ne t’empêche pas de faire semblant d’être contente de me revoir…

-Qu’est-ce qui vous amène ici Hélios ? Demanda alors Sherry moins agressivement, mais avec quelques réserves.

-Oh, mais je n’ai pas le droit de faire une petite visite de courtoisie à mes vieux amis ?

-Hélios ! Râla la fille à côté de lui.

-Je sais, j’y viens Serena, j’y viens, pas la peine d’être aussi pressés, surtout que vous allez vous plaindre quand je vous annoncerai et qu’ensuite…

Le jeune garçon décocha un regard noir à Hélios qui finit enfin par venir directement aux faits après avoir toussoté pour s’éclaircir la voix.

– Angéla ; déclara-t-il alors solennellement, tu n’es tout simplement pas assez forte pour affronter les dragons.

-Que…Quoi ? M’étranglai-je. Et qu’est-ce qui vous permet d’affirmer ça ?

-Tu as perdu contre Gariatron l’année dernière je te rappelle. Tu t’es peut-être sacrifiée afin de sauver tes amis, mais penses-tu sincèrement que tu aurais pu le vaincre seule ?

-Arrêtez de raconter n’importe quoi Hélios ; protesta Ambre. Angéla est l’une des duellistes les plus talentueuses que je connaisse !

-Je crois plutôt qu’il ne digère pas sa défaite de l’année dernière ; renchérit Maya.

-Et puis, quand bien même cela serait vrai, nous nous entrainons chaque jour, à quoi bon venir nous le dire ? Termina June.

Le garçon aux côtés d’Hélios fronça les sourcils, visiblement énervé que nous tenions tête à Hélios. Je m’apprêtai déjà à répondre quelque chose de cinglant à ce qu’il allait dire quand Hélios l’arrêta en lui mettant la main sur l’épaule.

-Je crois que je me suis mal fait comprendre ; s’excusa l’ex-roi. Je ne te visais pas particulièrement Angéla, je parlais des humains en général. Je me suis adressé à toi simplement parce que je sais que tu te prépares à affronter cette menace, n’y vois en aucun cas un affront personnel.

-Donc selon vous, nous sommes perdus avant même d’avoir combattu, c’est bien cela ? Demanda Sherry.

-Bien sûr !…Que non. Vous me connaissez, ce n’est pas ma philosophie de partir défaitiste. Je suis donc venu vous proposer mon aide.

-Votre…votre aide ? Bégayai-je.

-Oui, comme l’année dernière. Sans mes précieux conseils, vous ne serez pas en mesure de combattre les dragons. Mais si vous n’en voulez pas, je retourne dans le monde des esprits et je vous laisse vous débrouiller, on a assez de problèmes sur le dos comme ça, à vous de choisir.

Avec Sherry, Ellsworth et mes amies, nous nous concertâmes quelques instants. Les avis étaient assez mitigés mais le fait d’avoir déjà fait confiance à Hélios l’année passée fit pencher la balance en sa faveur.

-C’est d’accord ; dit Sherry. Unissons nos forces une nouvelle fois, mais je vous tiens à l’œil.

-C’est ce que je voulais entendre, mais…

Hélios se figea soudainement puis se retourna brutalement.

-Quelque chose ne va pas Hélios ? Demanda la jeune file.

-Je le sens…ils arrivent…

A peine avait-il dit cela que le sol trembla. Je me retins à l’une des colonnes de la maison pour ne pas tomber.

-Je crois que vous allez avoir dès maintenant l’occasion de me montrer de quoi vous êtes capables ; déclara notre nouvel allié.

Il n’eut pas besoin d’en dire plus car l’instant d’après, surgis de nulle part, d’immenses blocs de roche s’élevèrent tout autour de la maison de Sherry, me rappelant un peu trop les pouvoirs de Floges et Hurricane. Mais les bizarreries ne s’arrêtèrent pas ici car, au pied de la roche jaillirent des trombes d’eau entourant la maison comme des douves…sauf que nous en étions prisonniers.

Sans surprise, deux personnes apparurent également, un homme et une femme. L’homme était assez petit, portait une longue barbe blanche le faisant ressembler à un vieux chaman ainsi qu’un bâton sur lequel il s’appuyait pour marcher. Il avait également une cape bleue, renforçant sa ressemblance avec merlin l’enchanteur…

La femme quant à elle avait des cheveux argentés mais ne paraissait pas âgée pour autant, ses traits étaient même ceux d’une personne ayant à peine la vingtaine. Elle portait une longue robe verte comme l’herbe qui se confondait d’ailleurs avec celle-ci lorsqu’elle marchait sur la pelouse du manoir.

Ils s’arrêtèrent quelques pas devant Hélios et nous toisèrent avec une expression étrange. Il n’y avait pas de haine comme dans les yeux de Floges ni de malice comme avec Hurricane. Ils semblaient plus nous observer, nous scruter. Finalement, Hélios finit par briser le silence pesant qui s’était installé.

-Bien le bonjour, je me présente, je m’appelle Hélios, mais vous devez certainement me reconnaître, j’ai hébergé l’âme du dragon Gariatron pendant plusieurs millénaires.

L’expression des nouveaux venus changea quand il prononça le nom du dragon. Ils ne s’attendaient visiblement pas à tomber sur quelqu’un ayant été dans leur camp par le passé.

-Hélios dis-tu ? Dis le vieil homme d’une voix rauque. Ah oui, j’ai entendu parler de toi par Syphos il me semble, pas en bien évidemment.

-Tu as hébergé l’âme du dragon, toi ? S’exclama la femme d’une voix bien plus claire. Je t’imaginais tout de même un peu plus séduisant…

-La dernière phrase n’était pas utile ; se lamenta Hélios. Enfin, je sais pourquoi vous êtes ici, vous voulez encore une fois empêcher la prophétie de se réaliser en enlevant Angéla ou je ne sais quoi ?

-C’est qu’il est perspicace lui ; reprit la femme. Exactement, mon nom est Terra, disciple de Tellas pour la préservation de la planète.

-Quant à moi, je m’appelle Kyuryu, mon maitre Syphos m’a demandé d’éliminer celle que l’on appelle Angéla. Mais, je vois dans tes yeux Hélios que tu ne nous laisseras pas faire, je me trompe ?

-Exact vieil homme, vous devrez me passer sur le corps avant !

-A deux contre un ? Tu es bien mignon, mais un peu fou si tu crois pouvoir tenir face à nous ; dit Terra en riant.

-Gariatron a affronté trois personnes en même temps, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas faire de même. Angéla et les autres, regardez bien ce qu’il vous manque !

-Pour qui il se prend lui ; marmonna Maya vexée.

Hélios prit place au centre de la pelouse, ses deux adversaires en face de lui. Ils semblaient tous déterminés à accomplir leur objectif. J’espérais seulement qu’Hélios savait ce qu’il faisait…

-Honneur aux dames ; dit Hélios en s’inclinant.

-Tes bonnes manières ne m’impressionnent guère mon chou, mais puisque c’est proposé si gentiment, j’active Obéissance Scolarisé. Comme je ne contrôle aucun monstre, je peux invoquer trois petites créatures depuis mon deck : dites bonjour à Bébé Raton Laveur Ponpokoo, Bébé Raton Laveur Tantan et Chow Chow Chann !

-C’est vraiment un deck me méchant ? Me murmura Ambre à l’oreille, sceptique.

Je répondis par un haussement d’épaule. Après tout, il y avait de tout dans ce monde et les méchants n’étaient pas forcément les gros dragons pleins d’écailles, de griffes et de crocs. Ne pas se fier aux apparences, c’est ce que j’avais appris l’année précédente.

-Je superpose mes deux bébés ratons laveur pour invoquer le Numéro 64 : Ronin Raton Laveur Sandayu ! Mais ne pensez pas en avoir fini avec moi, j’invoque ensuite Loutre des Arbres et je superpose mes deux nouveaux monstres, montre toi à nouveau Sandayu ! Je détache deux unités de couvertures pour activer les effets de mes monstres, me permettant d’invoquer deux jetons. Sur ce, je vais terminer mon tour et laisser place à mon collègue.

-Merci terra, regarde la puissance des anciens Hélios ! En défaussant Sirènemure Abyssgunde et Sirènemure Abyssleed afin d’invoquer Sirènemure Abyssmégalo ! Mais, grâce à l’effet d’Abyssgunde, Sirènemure Abyssleed revient parmi nous. Ce n’est pas fini, l’effet d’Abyssmegalo me permet d’ajouter Sphère-Abysses à ma main. Je recouvre mes deux poissons afin de construire le réseau recouvrement. Roi des mers, père des abysses, élève toi à présent pour faire trembler la terre, apparaît Sirènemure Abyssgaios ! Je pose une carte face cachée, à toi Hélios, peux-tu faire face à la puissance de la terre et de la mer ?

-Sans aucun problème ; répondit Hélios. Je pioche…Et je commence en invoquant le Dragon Hiératique de Tefnuit, cependant, il ne va pas rester bien longtemps parmi nous car je le sacrifie pour invoquer le Dragon Hiératique de Nebthet, ce qui m’octroie au passage un sSceau Hiératique du Seigneur Dragon Soleil.

-La belle affaire, tu te retrouve avec deux monstres minables ; railla Terra.

-C’est ce qu’on dit oui, mais l’union fait la force, je sacrifie depuis ma main le Dragon Hiératique de Su pour détruire abyssgaios…

-Pas si vite, j’active l’effet d' Abyssgaios, en détachant une unité de couverture, je peux annuler les effets de tous les monstres actuellement sur ton terrain ! Bien essayé !

L’œil d’Hélios s’illumina et il regarda alors la jeune femme. Le monstre d’Hélios était gelé par la capacité de son ennemi, mais étrangement, les ratons laveurs de Terra furent également pris dans la glace devant le regard stupéfait de leur propriétaire qui ne s’y attendait visiblement pas.

-Dans ce genre de duel, tout autre duelliste que soi-même est considéré comme un ennemi ; déclara posément Hélios.

Terra foudroya son partenaire du regard.

-Tu…nous sommes une équipe je te rappelle Kyuryu ! Cria-t-elle.

-Oui, mais même dans une équipe, quelques sacrifices sont nécessaires pour parvenir à la victoire ; rétorqua froidement son partenaire. Mon monstre est plus puissant que les tiens, il est normal qu’il soit protégé au détriment des faibles.

Terra semblait prête à attaquer son partenaire si elle le pouvait. Hélios bailla devant cette querelle. Apparemment, ses deux adversaires n’avaient pas l’habitude de travailler ensemble et n’en avaient aucune envie. Moi qui faisais régulièrement des duels en duo avec June, j’avais appris que le partenaire avait autant d’importance que moi-même. Seules une coopération et une coordination parfaites permettaient de gagner dans ce genre de duel, mais certainement pas cet esprit là…

-Bon, si vous avez fini de vous chamailler, je vais continuer en invoquant un Sceau Hiératique du Seigneur Dragon Soleil. A présent, admirer ma toute puissance ! Je superpose mes deux sceaux hiératiques ! Oh toi le protecteur de la cité du soleil, j’invoque ton glorieux nom, détruis nos ennemis et ramène la paix : apparais, Dragon Hiératique du Seigneur Soleil d'Héliopolis!

Du ciel descendit un immense dragon rouge, illuminant le champ de bataille par sa lumière presque irréelle. Terra et Kyuryu durent se couvrir les yeux pour ne pas être aveuglés par la créature. Lorsqu’elle toucha le sol, la terre se mit à trembler et les torrents qui entouraient la maison sortirent de leur lit.

-Je sacrifie à présent le Dragon Hiératique de Nebthet d'Eset, d’Asar et deDSutekh en offrande à mon dragon : réduis les en cendres !

-J’active ma carte face cachée, Sphère-Abysses afin d’invoquer Sirènemure Abysslinde depuis mon deck !

-Grand bien te fasse, mais je n’ai pas encore dit qui j’allais vaincre, et mon choix se porte sur toutes les cartes de Terra que tu as annulé toi-même !

Kyuryu grimaça lorsqu’il vit toutes les défenses de sa partenaire partir en fumée après un seul souffle du puissant dragon d’Hélios. Elle était à présent à découvert, plus rien ne la protégeait et je voyais son regard fou, pas contre Hélios, mais contre celui qui aurait du être son partenaire. En temps normal, elle aurait pu résister à un tel assaut, mais les effets de ses monstres étant annulés, elle ne pouvait rien faire.

-Ne croyez pas que j’en ai fini avec vous. Les effets d’Eset et de Nebteth s’activent, me laissant deux Électro-Dragonqueue. Je superpose mes deux dragons afin d’invoquer le roi des dragons Hiératiques, le sauveur d’Héliopolis : montre toi, Dragon Hiératique Roi d'Atum ! C’est la fin Terra !

Les deux dragons crachèrent une gerbe de flammes sur la jeune femme qui les évita de justesse avant de tomber dans l’herbe, le compteur à zéro, la robe déchirée sur le côté et le regard toujours aussi furieux contre Kyuryu. Je la comprenais. Si j’avais perdu contre Gariatron à cause d’un égoïsme pareil, je n’aurais certainement jamais pardonné Drago ou Darksky.

-Ton sacrifice aura au moins servi à ma victoire ; claironna le vieil homme. A la fin de ton tour, Abysslinde est détruite et me permet d’invoquer Sirènemure Abyssteus depuis mon deck ! A nous deux Hélios, j’active la carte Lance Interdite pour faire passer ton monstre à 2200 jusqu’à la fin de ce tour. Abyssgaios, détruis ce monstre ridicule avec ton trident sacré !

Hélios : 3400 – Kyuryu : 4000

Hélios ne broncha pas lorsque son monstre fut détruit. Pourtant à sa place, j’aurais vraiment paniqué. Non seulement il n’avait plus de carte en main, mais en plus il ne pouvait plus activer l’effet de son dragon à cause d’Abyssgaios. Je ne voyais vraiment pas comment il aurait pu s’en sortir, mais la jeune fille qui l’accompagnait me dit quelque chose de surprenant.

-C’est terminé pour Kyuryu je crois.

-Co…comment peux-tu en être si sûre ?

-Laisser Atum sur le terrain est une erreur impardonnable, leur connexion est si forte qu’ils peuvent produire des miracles ; répondit le jeune garçon imperturbablement.

J’essayais de croire en leur parole mais je n’arrivais vraiment pas à imaginer une carte capable de retourner la situation.

-Bien, on dirait que seul le destin peut te sauver à présent ; ricana le vieil homme.

-Le destin dis-tu ? Je n’y crois pas ; rétorqua calmement Hélios. Je pioche et j’active l’effet de mon dragon !

-Idiot, l’effet d’Abyssgaios l’annulera !

A ce moment là, Hélios sourit et son regard flamboya au sens propre du terme. Ses yeux étaient devenus rouges sang.

-C’est terminé Kyuryu, Atum, il est temps ! Fusion Rank-up parfaite !



-Fusion…Rank-up ? Bégaya l’autre.

Kyuryu était devenu blême et les yeux de Terra s’agrandirent lorsqu’Hélios activa sa carte. Cette dernière s’illumina et le dragon Hiératique brilla d’une même lueur qui l’engloba avec Hélios. Je vis le dragon se transformer. Il se recouvrit d’une armure d’or, ses ailes de lumière semblèrent devenir solides et son œil se teinta d’un magnifique bleu azur.

-Elevons nous, toujours plus haut, Dragon Hiératique Parfait, Dieu d’Atum !



Hélios fit un geste et son dragon fit le même, comme si tous les deux ne faisaient plus qu’un désormais. De même que leurs voix, elles semblaient s’entremêler désormais.

-Grâce à notre effet, nous pouvons appeler de nouveaux compagnons sur le champ de bataille : viens nous aider, Dragon Photon aux Yeux Galactiques ! Mais ce n’est pas terminé, en retirant de mon cimetière le dragon hiératique roi d’Atum, je peux gagner ses effets et par conséquent, invoquer un autre Sceau Hiératique du Seigneur Dragon Soleil!

-Impossible, personne ne peut remonter ainsi…

-Je n’accepte pas de perdre, ce n’est pas mon destin, c’est moi qui choisis ma propre voie ! Je recouvre mes deux dragons pour donner naissance au Numéro 62 : Dragon Photon Primordial Aux Yeux Galactiques !

-4000 points d’attaques…

-J’active la capacité de mon dragon, en détachant une unité, il gagne va gagner 3000 points d’attaque ! C’est terminé, Primordial photon Stream !

Le monstre de Kyuryu fut tout bonnement annihilé, de même que ses points de vie et le vieil homme tomba à la renverse. Sa partenaire ne vint pas l’aider à se redresser et nous tourna simplement le dos, mais sembla satisfaite de la défaite du vieil homme.

Ce dernier jura, pesta, grogna contre Terra, mais cette dernière était déjà partie et, après avoir lancé un regard meurtrier à Hélios, il disparut dans les airs avec les torrents d’eau et les montagnes entourant le manoir.

Mais bien que la menace fût passée, personne n’osait dire un mot. Hélios avait accompli l’impossible, l’inimaginable, ce que personne n’aurait pu faire dans sa situation. Il n’avait plus rien à voir avec le tyran sanguinaire que nous avions connu l’année précédente.

Je me rendis compte alors de ma propre faiblesse et de ce que l’ex-roi essayait de me dire. Comparée à Hélios, je n’étais rien, jamais je n’aurais pu remonter une situation aussi désespérée. Même la chance n’aurait pu me sauver. Non, il me fallait quelque chose de plus, quelque chose que nul autre n’avait si je voulais être capable de faire face à ces dragons…

-La fusion parfaite, quelle incroyable puissance ; murmura la jeune fille à côté de moi.

Il y eut comme un déclic dans ma tête. Si moi aussi je pouvais maitriser cette invocation, alors peut-être les choses seraient-elles différentes me disais-je.

Je pris ma décision. Hélios devait m’apprendre la fusion parfaite, quoiqu’il m’en coutât.

Je me dirigeai donc vers lui pour lui faire part de ma requête quand soudainement, alors que tout semblait aller pour le mieux, il mit un genou à terre et poussa un grognement comme s’il souffrait. Les deux jeunes qui l’accompagnaient se précipitèrent sur lui avant que je n’aie pu faire quoi que ce soit. Cependant, l’ex-roi se releva presque aussitôt en souriant.

-Ce n’est rien les enfants…je dois juste m’économiser, le…voyage a été assez difficile.

-Hélios, vous en faites beaucoup trop ; lui dit la brune.

-Je t’assure que je vais bien Serena, ne t’en fais pas pour moi…

Il s’interrompit et leva la tête vers Sherry.

-Pourrions-nous rentrer nous reposer quelques instants ? Nous venons de loin tous les trois.

-Bien sûr, suivez-moi.

Je vis Sherry chuchoter quelque chose à l’oreille de son major d’homme qui acquiesça. Le roi, les deux jeunes, Sherry et mes amies rentrèrent tous dans le manoir en me laissant seule dehors.

Je regardais au loin quelques secondes avant de rentrer à mon tour, renonçant à lui demander tout de suite au sujet de la fusion parfaite.

Nous nous installâmes tous dans un des nombreux salons et l’ex-roi fit les présentations après s’être assis confortablement dans un large fauteuil en velours.

-Je ne vous ai pas présenté mes protégés il me semble. Voici Serena et son frère Satoshi. Je les ai rencontrés lors de mon voyage l’année dernière et ils ont décidé de m’accompagner.

-Je suis ravie de vous rencontrer ; s’exclama la jeune fille enthousiaste.

Son frère marmonna quelque chose sans grande conviction, comme si le fait d’être ici ne lui plaisait pas. Il semblait particulièrement ronchon contrairement à sa sœur.

Nous nous présentâmes à notre tour même si Hélios semblait avoir déjà parlé de nous aux jumeaux car ils ne furent nullement intéressés par cette partie de la conversation comme s’ils savaient déjà tout ce que nous disions. Il demanda ensuite une chambre à Sherry pour une durée indéterminée, ce qu’elle lui accorda, non sans faire la grimace. Les jumeaux, quant à eux, semblaient très contents de rester dans cette demeure de luxe. Serena du moins, car les sentiments de son frère étaient toujours cachés par un masque d’impassibilité sur son visage.

La nuit tomba assez vite et nous laissâmes Hélios et les jumeaux tandis que nous rentrions chez nous. Sur le chemin du retour, June, Maya et Ambre ne manquèrent pas de me faire part de leurs doutes vis à vis de notre ancien ennemi. J’en avais aussi, c’était naturel après toutes ses actions, mais il était ma seule chance de progresser jusqu’à un niveau inatteignable en temps normal, je me devais de lui faire confiance pour cela, mais elles ne semblèrent pas me comprendre.

En attendant, une fois chez moi, je revis encore une fois mes stratégies de combats, me remémorai les conseils de Lareine et repris la construction de mon deck pour la énième fois. Il me manquait toujours quelque chose, je le savais.

Mon regard se posa alors sur le coffre fort scellé. Je m’étais jurée de ne jamais y toucher à cause des avertissements de June mais…cette carte était si puissante, elle pouvait m’aider à vaincre les dragons…

Ma main s’approcha de la serrure, lentement. Faisais-je le bon choix ? Avais-je besoin d’un pouvoir aussi sombre ? N’y avait-il aucune autre solution ?

J’allais crocheter la serrure lorsque mon téléphone sonna.

Presque soulagée d’être interrompue, je regardai de qui il s’agissait mais le numéro s’affichant m’était totalement inconnu. Je râlai un peu, pensant qu’il s’agissait encore de publicités pour les portes et fenêtres mais je décrochai tout de même.

-Test, un deux, un deux, Angéla c’est toi ? Dis une voix que je ne reconnus pas tout de suite.

-Euh…oui, qui est à l’appareil ? Demandai-je déconcertée.

-Ah parfait, ce truc fonctionne. Ici Hélios, comment vas-tu ?

-Bien, et vous…Mais attendez une minute, d’où avez-vous mon numéro ? M’étranglai-je en me souvenant de qui était l’individu à l’autre bout du fil.

-J’ai simplement demandé à Sherry, vous avez toujours de ces questions vous ; soupira l’ex-roi. Enfin, je ne t’appelle pas pour parler de la pluie et du beau temps, tu imagines bien.

-Alors dépêchez vous, j’ai encore du travail moi ; protestai-je.

-J’ai entendu dire que tu avais ne étrange carte en ta possession, un numéro du chaos ou je ne sais quoi…

Mon cœur s’accéléra. Comment pouvait-il être au courant pour la carte d’Aymeric ? Est-ce que ce type m’espionnait ? Si oui, depuis combien de temps ? Pourquoi ? Allais-je devoir être constamment sur mes gardes désormais ?

Alors que j’imaginais les théories les plus farfelues et inimaginables, Hélios reprit la parole.

-Si tu veux savoir comment je sais cela, sache que le fait d’avoir côtoyé le dragon pendant si longtemps me permet de sentir le mal et non, avant que tu ne le demandes, je ne lis pas dans les pensées.

Bon, alors là, j’étais bluffée. Hélios m’avait totalement prise au dépourvu, je n’avais plus rien à dire. J’entendis alors quelqu’un parler très fort derrière lui.

-Oh, il semblerait que ça soit l’heure d’aller diner. Je dois te laisser, mais j’aimerais que tu m’apportes cette carte pour que je puisse l’examiner.

Avant que je n’aie pu protester, Hélios m’avait déjà raccroché au nez, me laissant avec tout un tas d’interrogations. Pourquoi s’intéressait-il à cette carte ? En avait-il peur ou quelque chose comme ça ? Ou bien voulait-il s’accaparer sa puissance pour ses propres objectifs ? Etait-il notre allié ou nous ennemi finalement ?

Je ne savais plus quoi penser. Je n’étais déjà pas sûre de comprendre ce qu’il se passait avant l’apparition d’Hélios, mais à présent, je ne savais même plus qui étaient nos amis dans cette bataille…

Je préférai ne pas parler de cette histoire à June, cela n’aurait fait que m’embrouiller encore plus l’esprit et je m’endormis tout en repensant à la carte supposée maléfique. Que devais-je en faire à la fin ?…


Le lendemain fut une journée de cours très banale, bien qu’un peu plus calme que d’habitude peut-être. Je n’avais pas vraiment la tête à rigoler ou jouer aux cartes pour dire vrai. Même si je m’efforçais de paraître normale, mes amis virent bien que quelque chose n’allait pas, et les profs également qui furent étonnés qu’aucune boulette de papier ne volât à travers la classe.

A la pause déjeuner, Ambre me demanda si c’était la venue d’Hélios qui me troublait mais je répondis par la négative. Ce n’était pas sa venue en elle-même qui me dérangeait, mais ses actions. Nous aider puis me demander à avoir une carte maléfique, je n’arrivais pas à cerner ses motivations et cela me rendait folle.

Mes amies laissèrent finalement tomber, non sans râler longuement comme quoi je devais arrêter de me la jouer solo à chaque fois et qu’elles voulaient pouvoir faire quelque chose elles aussi. Mais je ne voulais pas les impliquer dans mes suppositions fumeuses, j’étais déjà bien assez embrouillée, il était inutile d’entrainer mes amies avec moi…

L’après-midi passa comme le matin, de même que la réunion du club. Lareine remarqua également que je n’avais pas l’air très attentive à ses conseils et il ne manqua pas de me le dire. Mais mes interrogations ne me quittaient pas.

Cependant, tout se débloqua en sortant. Lareine m’avait retenue un peu plus longtemps pour me sermonner, me dire que ce n’est pas avec cette mentalité que je vaincrai les dragons ou je ne sais plus quoi, mais le résultat fut que je me retrouvai seule à la sortie.

En sortant, je vis Serena, celle qui accompagnait Hélios la veille, attendant de l’autre côté du trottoir et qui observait l’école avec des yeux presque fascinés. La jeune fille baissa la tête et me fit un grand sourire en me voyant, que je m’efforçai de lui rendre.

-Salut Angéla ! Me lança-t-elle de loin.

-Tu es Serena c’est ça ? Qu’est-ce qui t’amène par ici ?

-Hélios m’a envoyé pour récupérer une carte maléfique ou quelque du genre ; dit-elle en haussant les épaules.

-Je suis désolée, mais je n’ai pas cette carte sur moi en ce moment…dis-je avec une grimace.

-Ah, il sera déçu ; dit-elle un peu triste. Mais bon, tu peux l’apporter demain s’il te plait ? C’est de la plus haute importance selon lui !

-J’essaierai oui…Répondis-je sans grande conviction.

-Mis à part cela, ton école est très jolie, tu as de la chance Angéla ; reprit Serena en contemplant le bâtiment à nouveau.

Je ne savais pas trop si elle plaisantait ou non. Mon lycée était tout sauf « joli ». Ce n’était qu’un bâtiment moderne de béton avec une grande entrée fermée par une grille bleue. Il y avait bien un vieux bâtiment de brique rouge des années 1800 à côté que l’on pouvait considérer comme élégant, mais de là à dire qu’il était beau…Quant aux salles de classe, elles étaient toutes identiques sur sept étages, carrées, avec de grandes baies vitrées d’un côté et un mur de l’autre, le tout dans un affreux bâtiment en forme de croix. On était assez loin des beaux châteaux de la Loire ou même de Versailles.

-Je sais que c’est un peu soudain mais…serais-tu d’accord pour me faire visiter ? Demanda-t-elle timidement en se dandinant d’une jambe à l’autre.

-Maintenant ? C’est que les cours sont finis, et je suis pas sûre que…

-Pas forcément aujourd’hui ; se rattrapa-t-elle, mais un jour…

Elle regarda tristement la grille de l’école qui était fermée désormais et son regard reflétait un grand regret. De quoi ? Je n’en avais pas la réponse mais je me doutais bien qu’il avait du se passer quelque chose l’ayant marqué, quelque chose se rapportant à l’école.

-D’accord, je demanderai aux profs si tu peux venir ; finis-je pas dire, ne pouvant supporter un tel regard.

Son visage s’illumina et je me dis que je venais de prendre la bonne décision. Certes, je ne savais rien sur Serena, mais elle ne semblait vraiment pas mauvaise, je n’avais aucune raison de lui refuser quelque chose d’aussi insignifiant.

En rentrant chez moi, j’ouvris le coffre contenant la carte maudite et je la mis, non sans prendre beaucoup de précaution, dans mon deck. Immédiatement, un frisson me parcourut, mais je ne ressentis rien de plus.

Le lendemain, j’obtins l’approbation du nouveau directeur qui, il faut le dire, s’en fichait royalement et l’autorisa même à assister aux cours si elle voulait. Heureusement que nous avions changé de direction d’ailleurs car l’ancien aurait refusé sans même écouter la question.

Mes amies eurent l’air d’apprécier de devoir faire les guides touristiques, après tout, pouvoir raconter toutes les anecdotes croustillantes qui couraient ici était une occasion unique à ne pas manquer.

Je devais retrouver Serena à la sortie de l’école pour lui remettre la carte et lui annoncer la réponse du directeur mais en sortant, je ne vis personne. Nous attendîmes quelques minutes, puis une demi-heure. Mes amies partirent, devant rentrer impérativement mais je ne voulais pas la rater, elle pouvait avoir eu un empêchement, et je l’attendis encore.

Ma patience fut récompensée car la jeune fille se présenta avec une heure de retard, mais je ne pouvais pas la blâmer, il m’était déjà arrivé de faire bien pire…

-Désolée pour le retard Angéla, Ellsworth a du faire face à quelques embouteillages pour venir ici.

-Ce n’est pas grave, tu as juste raté mes amies.

-Je les reverrai certainement une prochaine fois. Mais alors, tu as demandé à ton directeur ?

-Oui, il a accepté que tu passes une journée de cour avec nous.

-Une…journée…entière ? Dit-elle soudainement beaucoup plus pâle.

-Oui, tu n’es pas contente ? Demandai-je étonnée.

-Si, évidemment, c’est juste que…je n’ai jamais été à l’école ; avoua-t-elle en regardant le sol, fuyant mon jugement.

Cependant, contrairement à ce qu’elle pouvait penser, je ne la jugeais pas du tout. J’avais moi-même tellement séché les cours que ne pas aller du tout à l’école ne me paraissait pas si étrange que ça.

-Quelle importance ? Il faut une première fois à tout ! Déclarai-je, essayant d’être encourageante.

-Je sais bien mais…Non, oublie ça, ce n’est pas intéressant. Et pour la carte ?

Je la sortis et la lui tendis. Mais, avant qu’elle ne puisse la prendre, le vent souffla et la carte m’échappa des mains. Je me précipitai pour la rattraper mais, à un coin de la rue, quelqu’un l’attrapa en vol. Il s’agissait d’Hélios et il l’observa avec attention.

-Oh, alors voilà la fameuse carte ? Intéressant, je l’étudierai plus tard ; marmonna-t-il en la fourrant dans sa poche.

-Vous voilà enfin Hélios, ou étiez vous encore passé ? Le rabroua Serena.

-Désolé mon enfant, mais j’ai fait quelques détours, savais-tu que Paris est la ville possédant le plus de café et qu’elle…

-Mais j’en m’en fiche royalement ! Protesta-t-elle. A cause de vous et vos manies, Ellsworth a eu droit à tous les embouteillages !

Hélios était là. Je saisis l’occasion lorsqu’elle se présenta à moi, ne sachant pas quand je le reverrai. Je m’avançai donc d’un pas, l’air décidé.

-Hélios ; déclarai-je solennellement.

-Qu’y a-t-il Angéla ? Demanda-t-il surprit par mon ton.

-S’il vous plait…Apprenez moi à devenir plus forte, apprenez-moi la fusion parfaite !





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

Chapitre 12 : Yume Nikki



Spoiler :


Grace à l’intervention d’Angéla, Laura était guérie de sa malédiction. Elle était redevenue elle-même, telle que je l’avais connue plus de cinq ans auparavant. Il n’y avait plus aucune trace de son passé, même Ouroboros avait disparu pour faire place à nouveau à Trishula. Nous passions des journées paisibles, sans problème. Certes, Laura n’appréciait pas vraiment que je parle avec Saya plutôt qu’avec elle mais elle ne m’ignorait plus pour autant.

Un mois s’écoula ainsi, un mois où nous avions tous l’impression d’avoir retrouvé une vie normale, suivant des cours, trainant après la classe ou passant au club de duel. Chaque jour se ressemblait, et j’appréciais vraiment cela. Je profitais de chaque minute, chaque seconde passée en classe ou avec mes amis car je n’avais pas oublié les avertissements d’Hélios, alors je faisais en sorte de profiter au mieux du temps qui m’était imparti.

Miyako ne cessait d’ailleurs de me répéter d’être plus sur mes gardes, que je ne devais pas prendre tout cela à la légère ou encore que je devais partager son fardeau avec elle mais je ne l’écoutais que d’une oreille, tout en sachant qu’elle avait malheureusement raison…

Quant à Nagisa, elle était toujours aussi discrète dans le club, même en tant que présidente, mais je voyais bien qu’elle prenait peu à peu confiance en elle. Pendant plusieurs semaines, elle avait laissé Miyako prendre les décisions à sa place, mais récemment, elle avait essayé de gérer par elle même nos activités. Et justement, une de ses décisions marqua un grand tournant pour nous tous.


C’était un soir assez banal. Après une journée de cours, avec Miyako, Saya et Laura, nous devions nous réunir dans la salle du club pour notre entrainement quotidien. Evidemment, Miyako était la première arrivée, ce qu’elle ne manqua pas de faire remarquer. Nagisa, quant à elle, n’était pas encore là et nous décidâmes de l’attendre à l’intérieur.

La salle était comme à son habitude, en désordre. Des tas de papiers, dont nous n’avions même pas conscience de l’existence, s’entassaient sur les fauteuils et la table nous servant à nous entrainer croulait sous le poids des livres de théorie de duel.

Pendant que nous attendions Nagisa, Miyako regardait par la fenêtre d’un air perdu, Saya s’amusait à faire voler des avions en papier et Laura semblait s’être endormie. Nous formions vraiment un drôle de club, heureusement que personne ne surveillait nos activités…

Ne pouvant plus tenir assis à rien faire, j’allai rejoindre Miyako près de la fenêtre. Nous avions vraiment une belle vue d’ici. A nos pieds se tenait le parc de l’école avec ses pelouses, ses bancs, ses arbres et ses élèves. La végétation était encore verdoyante en cette fin de mois d’octobre. Je me demandais à quoi cela pouvait bien ressembler sous la neige…Le parc devait être magnifique sans aucun doute.

Je tournai mon regard vers Miyako. Elle continuait de regarder au loin dans le vague, perdue dans ses pensées avec son éternel regard inexpressif. J’avais promis de l’aider, mais je ne savais même pas dans quoi je m’embarquais en acceptant, et depuis, jamais je n’avais eu besoin de faire quoi que ce soit de particulier, si bien que je m’interrogeais toujours sur ce que Miyako devait faire dans la guerre se préparant.

Je me tournai ensuite vers Saya et Laura et je reçus un avion dans l’œil. Je reculai précipitamment en râlant jusqu’à bousculer Miyako, la faisant sortir de sa transe.

-Que…Darksky, fais attention bon sang ! Protesta-t-elle en me repoussant.

-Eh, plains toi auprès de Saya qui s’amuse à m’envoyer des avions dans les yeux ! Ripostai-je toujours en me frottant l’œil.

Cette dernière prit son air le plus innocent possible et mit ses mains devant elle, pour signifier qu’elle n’y était pour rien.

-C’est bon, ce n’est qu’un avion en papier, ça ne va pas te tuer ; dit-elle en rigolant.

-Tu vas voir ce que ça fait de se prendre un avion dans l’œil Saya !

Je ramassais le dangereux projectile et je le lui lançai avant qu’elle n’eut le temps de protester. Mais, malheureusement pour moi, elle avait de bons réflexes et elle l’esquiva en se baissant. L’avion passa au dessus d’elle et alla se planter droit entre les deux yeux de Laura.

Un silence de mort s’abattit sur la salle de club. Je savais qu’elle détestait être réveillée plus que tout, c’est pourquoi j’allai me cacher juste derrière la porte, afin de laisser Saya prendre sa fureur à son réveil.

Ce ne fut peut être pas la meilleure idée car, au même moment, la porte s’ouvrit violemment et je la reçus en pleine figure et Nagisa entra comme une furie dans la salle.

-Miyako ! Cria la nouvelle venue.

Laura se réveilla à ce moment là, l’air furieuse.

-On ne peut même pas se reposer un peu ici ! Râla-t-elle.

Elle se tourna vers moi et fronça les sourcils.

-Je peux savoir pourquoi tu as le nez tout rouge Darksky ?

Je haussais les épaules, ne voulant pas m’appesantir là dessus. Nagisa l’ignora et se précipita sur Miyako, visiblement surprise par autant d’agitation d’un seul coup.

-Nagisa, où étais-tu passée ? Ce n’est pas le rôle de la présidente d’arriver en retard ; la rabroua Miyako.

-Je sais bien, mais je faisais quelques recherches ! Répondit Nagisa, enthousiaste.

-Des recherches ? Mais sur quoi ?

-Je voulais savoir comment bien gérer ce club, alors je me suis renseignée pour savoir comment toi, tu l’avais géré !

Le visage de Miyako se crispa, mais elle ne sembla pas le remarquer et elle continua.

-Je suis donc allée dans la première salle ayant abrité le club de duel et j’ai trouvé ça !

Elle sortit de son sac une grande affiche poussiéreuse de recrutement. Elle était assez sobre, il y avait quatre monstres de duel au milieu, à l’intérieur d’un cercle, et à l’extérieur, des effets lumineux presque éblouissants. Un slogan était également écrit : au delà du rêve.

Miyako avança lentement sa main. Dans son regard se mêlait tristesse et joie dans un étrange mélange, comme si revoir cette affiche faisait ressortir de nombreux souvenirs en elle, bons tout comme mauvais.

-Dis-moi Miyako, c’est toi qui as fait cette affiche ? C’était pour le premier club de duel ? Tu avais du talent !

Elle ne répondit rien et saisit simplement le bout de papier…qu’elle déchira sous les yeux ébahis de tout le monde avant de s’enfuir en courant, nous laissant dans l’incompréhension, et particulièrement Nagisa qui regardait les lambeaux de sa découverte, éparpillés sur le sol, l’air détruite elle aussi.

-Je…Je ne comprends pas ; murmura-t-elle d’une voix presque inaudible, dépitée. Qu’ai-je donc fait encore ?

-Ce n’est pas toi Nagisa ; lui dis-je pour la réconforter. Il y a des choses pour lesquels nous sommes impuissants.

-Tu sais quelque chose Darksky ? Tu as vu Miyako après son malaise après tout; me dit Laura.

-Evidemment qu’il sait quelque chose ; reprit Saya. Mais crois-tu vraiment qu’il va te le dire ? On parle de Darksky je te rappelle, celui qui veut tout régler par lui-même.

-Je sais effectivement quelque chose, mais je n’ai pas le temps de vous expliquer maintenant, et vous ne comprendriez pas de toute façon. Dans l’urgence, je dois retrouver Miyako !

Je sortis sans plus attendre de la salle du club pour rejoindre Miyako. Heureusement, j’avais ma petite idée sur l’endroit où elle pouvait se trouver. Je montais donc au dernier étage, j’enjambai la barrière et je poussai la lourde porte donnant sur le toit de l’école. Le vent me fouetta immédiatement le visage et je vis Miyako, assise au bord du vide, face au soleil couchant du crépuscule.

Je la rejoignis et je m’assis à côté d’elle. Ses yeux étaient rouges à force d’avoir pleuré et son visage couvert de larmes. Je ne prononçai pas un mot, attendant qu’elle parle la première. Après un long silence de plusieurs minutes, elle finit par me dire quelque chose.

-Tu n’avais pas besoin de venir tu sais, je n’ai plus besoin d’aide à présent ; dit-elle d’une voix encore rauque.

Je ne répondis rien. Elle continua donc après un temps d’arrêt.

-Tu sais, l’année dernière, ce club était certainement la première chose d’utile que nous avons faite avec Dan, Julie et Denys. Cette affiche que tu as vue, elle représentait tous nos espoirs lors de la création du club, nous avions mis tout notre cœur pour les créer, nous avions même passé une journée entière à les coller un peu partout. Nous étions si fiers de notre travail, nous pensions vraiment ouvrir la porte sur une nouvelle façon de passer nos journées de lycée. Malheureusement, tu sais très bien ce qu’il est devenu durant la guerre. J’avais vraiment l’impression d’avoir tout raté sur le moment. Notre club était tout sauf un endroit de détente.

Miyako me regarda droit dans les yeux, ayant retrouvé son impassibilité habituelle. Je ne savais même pas si elle me regardait moi, ou bien une chose invisible derrière moi.

-Comprends-tu Darksky, ce que Nagisa a ramené en retrouvant cette vieille affiche ? Des espoirs brisés, des rêves jamais réalisés. Elle a déterré des souvenirs qui auraient du rester enterrés à tout jamais. Tu sais que j’ai décidé de faire une croix sur le passé, d’aller de l’avant, et c’est pourquoi, je ne peux pas m’encombrer de tels souvenirs.

Sa voix se brisa tout à coup comme si prononcer la suite de sa phrase était un supplice.

-Le club…Yume Nikki…est mort…le jour où Dan a péri. Il est inutile d’essayer de le ressusciter.

-Mais dans ce cas, pourquoi avoir aidé à la création du nouveau club Miyako ?

Elle se leva et me toisa de toute sa hauteur.

-Pour enterrer définitivement l’ancien ; répliqua-t-elle d’une voix tranchante. Ce nouveau club n’a rien à voir avec Yume Nikki, et ne devra jamais suivre le même chemin. Il est le nouvel édifice s’élevant sur les ruines d’une erreur, la réalité surpassant l’utopie que nous voulions créer.

-Mais…

-Je n’ai plus rien à ajouter là dessus Darksky, Yume Nikki n’existe plus.

Sans un mot de plus, Miyako tourna les talons et disparut à l’intérieur de bâtiment, en me laissant planté là, dans l’incompréhension la plus totale.

Je pensais sincèrement avoir réussi à comprendre ce que Miyako ressentait vis à vis du passé, mais je m’étais apparemment trompé. Elle ne voulait pas l’accepter, elle voulait l’enterrer une bonne fois pour toute, effacer tous ses souvenirs de l’année précédente et repartir de zéro…

Je pouvais la comprendre, de nombreuses fois, j’avais pensé à faire table rase de mon propre passé et entamer une nouvelle vie après le départ de Laura, mais cela m’était impossible car cela signifiait renier tout ce qu’il m’était arrivé jusque là, et c’était sur ce point que nous étions différents avec Miyako. Oublier mon passé m’était inconcevable, alors que pour Miyako, c’était la meilleure solution pour ne plus souffrir.

Je devais la convaincre qu’il y avait une autre solution, renier n’était pas une solution durable. Au simple souvenir refaisant surface, comme cette affiche, le passé ressurgit toujours de manière violente.

Mais je n’avais aucun argument contre Miyako. J’avais déjà essayé et j’avais déjà échoué. Je devais trouver quelqu’un d’autre. Laura aurait pu convenir pour cette tâche mais j’avais peur que Miyako ne la persuade de faire également table rase du passé. Saya avait rejeté son passé en entrant au service d’Hélios, mais elle n’avait pas grand chose à rejeter excepté des parents indignes, elle ne pouvait certainement pas comprendre ce que Miyako ressentait.

Alors que déambulais dans les couloirs de l’école tout en cherchant une solution, je vis une ombre se faufiler dans un recoin. Intrigué, je la suivis et je finis par arriver dans un coin de l’école où je ne passais presque jamais. Il n’y avait pas grand chose à part des salles de classe inutilisées mais l’une d’entre elle attira mon attention. Je ne pourrais dire ce qu’elle avait de différent mais je sentais qu’il s’agissait d’un endroit important.

La porte étant entrouverte, je jetai un coup d’œil à l’intérieur et mon cœur fit un bond dans ma poitrine.

Ce n’était qu’une petite salle rectangulaire avec un bureau, deux canapés face à face, une armoire où s’accumulaient les vieux mémos et au sol, des milliers de papiers. Mais le plus troublant était ce qui était accroché au mur : des affiches telles que Nagisa en avait ramenées.

Je ramassai un papier au hasard. C’était un plan de l’école parsemé de flèches rouges. J’en ramassai un autre, il s’agissait cette fois d’une liste de noms. J’en ramassais un troisième, puis un quatrième, mais il n’y avait aucun rapport entre eux.

Un bruit de pas se fit entendre derrière moi. Je me figeai. Je n’avais certainement pas le droit d’être là mais il était trop tard pour s’enfuir.

Alors que je m’attendais à voir surgir un prof en colère, quelle ne fut pas ma surprise lorsque Denys et Julie arrivèrent, l’air aussi étonnés que moi de me voir.

-Oh, Darksky, cela faisait longtemps ; me dit la jeune fille.

Un déclic se fit dans ma tête.

-Julie, Denys, je devais justement vous voir !

-Nous ? Demanda Denys surpris.

-Oui, c’est au sujet de Miyako.

Leurs visages se renfrognèrent lorsque je prononçai ce nom et ils se regardèrent tristement.

-Elle a décidé de faire une croix sur son passé et…

-Darksky-sama, sais-tu au moins où tu te trouves ? M’interrompit Denys.

-Euh, pas vraiment, j’ai juste suivi quelqu’un et…

Julie entra dans la pièce et contempla d’un regard mélancolique les milliers de papiers éparpillés au sol.

-Cette salle fut le siège de la résistance, ainsi que la salle de réunion de la team Yume Nikki, il y a de cela un an…


Je mis plusieurs secondes à digérer l’information. Mon regard passa plusieurs fois de la pièce en désordre à Julie avant de comprendre sur quel genre d’endroit je venais de tomber.

Je regardai à nouveau les papiers que j’avais ramassés et je compris soudainement leur signification. Le plan devait être sans nul doute un plan d’attaque fait par Miyako lors de la guerre, tandis que la liste de noms devait se rapporter aux compagnons de la résistance. Quant aux affiches sur les murs, elles devaient certainement être là depuis la création du club.

Julie se dirigea vers une commode, ouvrit un tiroir et en sortit un petit carnet qu’elle regarda tristement. Je vis Denys tressaillir.

-Julie, est-ce que ça serait…

La jeune fille hocha la tête et me tendit le carnet.

-Nous étions venus chercher ça, mais puisque tu es ici, prends le.

-Et qu’est-ce que c’est ? Demandai-je déconcerté.

-L’origine du mal de Miyako ; se contenta-t-elle de répondre.

Je le pris dans mes mains. Il n’avait rien de particulier, c’était un simple carnet comme on peut en voir partout. Il ne semblait même pas spécialement vieux, juste un peu abimé sur les coins, mais à part cela, il était tout à fait normal.

Julie m’invita à l’ouvrir, ce que je fis.

A l’intérieur, des milliers de notes étaient inscrites dans tous les sens. Pour moi, elles n’avaient aucun sens, mais elles en avaient certainement pour Miyako, car c’était son écriture, je la reconnaissais. Une écriture fine, élégante, mais ne respectant en aucun cas les lignes tracées, avec des bouts de mots dans des coins ou en diagonale. Il m’était donc très difficile de comprendre le sens de ces notes, mais je voyais bien qu’il s’agissait de toutes les actions de Miyako durant la guerre, comme « Remplir le garde manger », « plan d’attaque : UWS droit », « Overlord neutralisée ».

Mais quelque chose retint mon attention plus particulièrement. Un groupe de mot revenant sans cesse : la fille de lumière.

Je demandai à Julie et Denys de quoi il pouvait bien s’agir et le grand garçon frappa le mur violemment.

-Si seulement nous n’avions pas interrogé ce type, jamais tout cela ne serait arrivé ! Cracha-t-il. Miyako serait encore elle même et Dan…

Sa voix se brisa et il renonça à continuer. Julie prit le relais plus calmement

-Si Miyako s’en veut à ce point, tu dois savoir pourquoi ?

J’hochai la tête.

-Bien, cela m’épargnera pas mal d’explications, mais tu peux aisément comprendre que Miyako aura beau vouloir renier son passé, l’enterrer, aller de l’avant, les liens qui la rattachent au passé sont bien trop solides pour être brisés et ne sont pas près de céder.

-Mais j’ai déjà essayé de la convaincre d’accepter le passé et elle a mal compris le message. A présent, elle refuse catégoriquement de s’y référer.

-Dans ce cas, il ne tient qu’à toi de lui faire comprendre que ce n’est pas la bonne méthode si c’est ce que tu penses. Dans cette pièce sont réunis tous nos souvenirs, peut-être que tu y trouveras la clé permettant d’ouvrir le cœur de Miyako.

Julie n’ajouta rien de plus et tourna les talons. Denys me serra la main et partit à sa suite, en me laissant seul dans la pièce.

Je continuais à regarder le vieux carnet, cherchant une réponse au mal de Miyako, mais rien ne me venait en tête. Je décidai alors de faire quelques rangements afin de m’y retrouver pour mes futures recherches.

Je commençai à ramasser tous les papiers, faire des tas bien distincts tout en triant ce qui me semblait intéressant et le reste. Cela me prit plus d’une heure, mais après cela, j’avais éliminé une bonne partie des papiers inintéressants pour moi.

Je pris du recul. Rangée, la salle était bien plus belle. Elle ressemblait assez à notre salle de club, bien qu’un peu plus petite. Cela n’avait rien d’étonnant puisque c’était Miyako qui s’était occupée de la décoration de notre club. Encore une fois, elle se reposait bien plus sur le passé qu’elle ne voulait le laisser croire…

Je décidai de laisser là mes recherches. Il se faisait tard et je risquai de me retrouver enfermé dans l’école si je ne partais pas maintenant.

Le lendemain, Miyako ne vint pas à la réunion de club et Nagisa s’en voulait terriblement. Elle ne cessait de répéter que par sa faute, Miyako souffrait terriblement. Je tentai de la réconforter mais il n’y avait rien à faire.

-Je n’aurais jamais du m’introduire là-bas, tout ça parce que je voulais un modèle à suivre et à cause de moi, Miyako…

-Je suis allé faire un tour également ; finis-je par avouer.

Tous les regards se tournèrent vers moi. Je m’étais trop avancé, je ne pouvais plus garder tout cela pour moi, je devais réunir toute l’aider possible pour résoudre ce problème. Je n’avais plus d’autre choix que de les mettre au courant de tout ce que je savais sur elle.

Je commençai par leur expliquer précisément son rôle durant la guerre, en tant que chef de la résistance, mais également en tant que « fille de lumière », titre qui lui avait couté très cher. Je leur racontai également comment le club avait du se former, me référant aux dires de Julie et Denys et également comment ils s’étaient retrouvés à la tête de la résistance. Je ne passai rien de ce que je savais sous le silence, pas même la partie concernant son double. Saya et Laura étaient plus que capables de comprendre cette singularité compte tenu des leurs. Seule Nagisa sembla surprise lorsque je l’évoquai mais elle l’accepta assez vite. Je terminai mon récit en parlant du fardeau que j’avais accepté de partager avec elle.

Un long silence s’ensuivit. Nagisa avait l’air de s’en vouloir encore plus qu’avant tandis que Laura réfléchissait en fronçant les sourcils, et Saya…il m’était difficile de savoir ce qu’elle pensait à ce moment là…

La présidente fut finalement la première à oser proposer une solution.

-Je…Je ne prétends pas savoir ce que Miyako a vécu ni même ce qu’elle a du supporter durant la guerre mais…je pense que plus elle refusera son passé, plus il rejaillira avec violence…

En prononçant ces mots, le regard de Nagisa se voilà légèrement comme si elle repensait à une expérience personnelle. Miyako m’avait prévenu que Nagisa avait un lourd passé, peut-être qu’en entendant mon récit, cela lui avait rappelé de mauvais souvenirs.

-Est-ce que tu aurais une idée en tête Nagisa ? Lui demanda Laura.

-Eh bien, je…

Elle hésita, sa timidité habituelle refaisant surface. Saya lui fit lança un regard encourageant et, après une grande inspiration, se lança :

-Oui, mais j’aurais besoin de l’aide de tout le monde. Mais si vous refusez, je comprendrai très bien, je…

-Refuser ? A moins que ton idée soit complètement stupide, au point où nous en sommes, tout est bon à prendre ; affirmai-je.

Nagisa nous expliqua alors son plan en détail. Au début, je ne comprenais pas bien où elle voulait en venir, mais au fur et à mesure, je commençai à entrevoir ce qu’elle voulait faire, et c’était tellement simple que cela pouvait marcher : obliger Miyako à faire face à son passé et voir s’il lui redonnerait joie de vivre, ou si on contraire, cela la brisait totalement…

Le plan était certes risqué, mais nous n’avions aucune autre solution, nous acceptâmes donc. Nous nous répartîmes les tâches, et j’héritai de celle étant la plus ardue. Tandis que Saya et Laura ne devaient s’occuper que des préparatifs mineurs, moi, je devais convaincre Miyako.

Il fallait agir rapidement, plus le temps passait, et plus Miyako s’éloignait de son passé et plus sa blessure s’agrandissait…

Les activités de club furent suspendues pendant trois jours, et bien entendu, personne ne donna de raison à Miyako. Elle fut d’abord surprise mais fit mine de ne pas s’en préoccuper. Cependant, je l’avais bien vue tiquer au moment où je lui annonçai. Elle était donc bien plus attachée au club qu’elle ne le laissait paraître, cela allait m’aider…

Le deuxième jour, je retournai dans l’ancienne salle. J’y avais invité Denys et Julie afin qu’ils nous aident, et ils avaient accepté immédiatement. Je leur exposai à mon tour le plan de Nagisa. Julie restait sceptique mais Denys était emballé. Leur rôle était simple : se présenter dans cette pièce deux jours plus tard.

J’allai ensuite voir ce qu’il se passait du côté de Saya et Laura. Elles semblaient bien se débrouiller avec leurs banderoles et leurs affiches. Je les laissai donc à leur travail avant de me retrouver nez à nez avec Nagisa qui regardait attentivement l’avancement des préparatifs.

-Tu penses que ça va marcher ? Demanda-t-elle d’une voix peu assurée.

-Nous ne pouvons qu’espérer ; avouai-je en toute franchise.

-Et si je faisais une erreur ? Et si ce n’était pas la bonne méthode ? Si cela ne faisait qu’éloigner Miyako ? S’angoissa-t-elle soudainement.

-Personne ne sait ce qu’il se passera avant que cela n’arrive, et dans ce sens là, personne ne peut être sûr que ses choix sont les bons. Il est normal de douter.

-Sauf que cette fois-ci, j’ai vraiment l’impression de faire une erreur…

Elle ajouta à voix basse :

-Encore.

Elle n’ajouta rien de plus et se rejoignit Saya et Laura dans leur ouvrage.

Encore ? Cela était-ce lié à la guerre ? Nagisa avait-elle eu à faire des choix tout comme Miyako ? A ce moment, il m’était impossible de savoir, mais ces interrogations ne me quittaient pas…

Le jour tant attendu arriva finalement. Je n’étais pas très sûr de moi, mais je devais absolument la convaincre de venir dans l’ancienne salle.

Après les cours de la journée, j’allai attendre Miyako devant sa classe. Je fus très surpris de la voir se lever puis sortir sans dire un mot, sans même regarder ses camarades de classe, comme s’ils étaient des inconnus.

-Miyako ! L’interpellai-je alors qu’elle allait partir.

-Darksky ? Dit-elle surprise. Que viens-tu faire ici ?

-Je suis simplement venu te prévenir qu’aujourd’hui, la salle du club était occupée et que par conséquent, on nous en a attribué une de remplacement.

-Ah oui ? C’est étrange, mais bon, ou est cette salle ?

-Suis-moi, je vais t’y amener.

Je me dirigeai vers mon objectif et elle me suivit sans se douter de quoi que ce soit. Je descendis au rez-de-chaussée puis tournai dans le couloir désaffecté avant de m’arrêter juste devant la porte. Je me tournai alors vers Miyako. Elle ne semblait même pas avoir vu où nous nous trouvions, elle marchait la tête baissée, le regard inexpressif.

Je l’invitai à entrer, et le déclic parut enfin se faire dans sa tête lorsqu’elle pénétra dans la salle. Cette dernière était spécialement décorée pour l’occasion. Partout, des affiches annonçant la création du club étaient accrochées tandis que les meubles étaient décorés de belles banderoles multicolores.

«Team Yume-Nikki » était inscrit sur la plupart avec nos cinq noms à côté.

Laura et Saya nous attendaient avec de grands sourires aux lèvres tandis que Nagisa était près de la fenêtre, le visage anxieux devant la réaction de Miyako.

-Darksky, que ce que cela signifie ? Demanda-t-elle sans émotion particulière.

-C’est un petit cadeau de la part de Nagisa et de tout le club. Nous avons décidé de le rebaptiser en ton honneur.

Elle ne répondit rien dans un premier temps, puis sourit légèrement, un sourire dénué de toute joie.

-C’était bien tenté Darksky, mais je ne marcherai pas, je ne reviendrai pas en arrière, alors rangez-moi des décorations ridicules. On ne fête pas quelque chose de mort.

Miyako tourna les talons, mais nous avions prévu une réaction, c’est pourquoi deux nouvelles personnes entrèrent dans la pièce à ce moment, lui coupant tout moyen de retraite.

Cette fois-ci, elle eut un mouvement de recul en voyant Denys et Julie et l’effarement passa sur son visage d’habitude si impassible et un silence pesant s’installa sur la pièce. Miyako tremblait tandis que ses deux anciens amis la regardaient fixement. Nagisa voulut intervenir mais je lui fis signe de ne rien faire.

-De…Denys ? Julie ? Murmura-t-elle comme si elle voyait deux fantômes.

-Miyako ; dit Julie d’une voix glaciale qui la regardait avec ses yeux perçants réduits à deux fentes.


Miyako regarda de tous les côtés, cherchant un moyen de fuir son passé encore une fois, mais toutes les issues étaient bouchées, elle se trouvait dans une impasse et il lui était impossible de faire demi-tour. Elle ne pouvait plus que faire face à ce qu’elle repoussait depuis si longtemps, tel était le plan de Nagisa.

-Vous…Pourquoi êtes-vous revenus ? Demanda-t-elle d’une voix où se mêlait joie et peur. Je pensais que vous m’aviez abandonnée, que vous ne pouviez pas me pardonner…alors pourquoi me faire face à nouveau ? Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi ne pas vous être montrés plus tôt ?

-Tu ne comprends toujours rien Miyako, n’est-ce pas ? Lui répondit Denys apparemment déçu, une lueur de tristesse dans le regard.

-Comprendre quoi ? Que vous ne pouviez plus supporter de me voir, moi qui ai contribué à la mort de Dan ? Rétorqua-t-elle plus durement.

-C’est exact, nous ne pouvions plus ; reprit Julie froidement.

Miyako ferma les yeux, un peu triste mais semblant rassurée. Cependant, Julie n’en resta pas là et continua sa phrase.

-Nous ne supportions plus de te voir aussi triste, tu n’étais plus la même. Jamais tu n’as souri après la guerre, jamais tu n’as ri, jamais tu n’as même évoqué la mort de Dan. C’est pourquoi, nous avons jugé préférable de nous éclipser, pour ton propre bien.

-Et vous m’avez donc abandonnée à mon propre sort ? Vous m’avez laissée me lamenter ? Vous m’avez laissée sombrer ? Vous m’avez laissée….complètement seule ?

-Nous voulions t’empêcher de te blesser d’avantage rien qu’en nous regardant.

Miyako tressaillit.

-Tu ne l’as peut-être pas remarqué Miyako ; continua Denys, mais à chaque fois que nous étions avec toi après la guerre, tu n’étais plus toi-même, comme si tu vivais toujours dans le passé. Il t’est même arrivé d’appeler Dan ou de parler de lui comme s’il était encore là avant d’éclater en sanglots lorsque tu faisais face à la réalité mais…j’imagine que tu ne t’en souviens pas.

-J…J’ai fait ça ? Bégaya Miyako totalement déboussolée.

-Oui, cela n’arrivait que lorsque nous étions tous les trois dans la salle du club. Nous voyions bien que notre présence te faisait plus de mal qu’elle ne te réconfortait. C’est pourquoi, nous avons disparu de te vie, espérant ainsi que tu redeviendrais toi-même, que par conséquent, le passé disparaitrait avec nous pour que tu puisses vivre une nouvelle vie.

-Vous…Vous…

-Nous ne voulions que ton bien Miyako, en aucun cas nous ne voulions te blesser ; s’excusa Denys, sincèrement désolé.

Miyako se mit à rire devant nos regards ébahis avant de fondre en pleurs.

-J’ai…j’ai toujours cru…que vous me fuyiez…que vous me craigniez, que vous ne pouviez me pardonner… J’ai fini cette année si seule…

-Nous nous excusons Miyako si nous t’avons fait souffrir ; reprit Denys.

Mais Miyako ne l’écouta pas et laissa libre court à ses sentiments. Julie s’approcha d’elle et la serra dans ses bras, la couvrant d’un regard compatissant et bienveillant tandis que Denys souriait gaiement derrière elle. Cela ne fit qu’amplifier les pleurs de Miyako. Elle était méconnaissable, elle qui d’habitude était toujours si distante, si froide, mais à présent, elle pleurait comme n’importe qui l’aurait fait à sa place.

-Je suis désolée…Tout est de ma faute ! Se lamentait-elle. Si j’avais été une meilleure présidente…jamais nous n’aurions eu à nous séparer…

-C’est terminé Miyako, nous sommes là à présent, nous ne t’abandonnerons plus ; lui murmura Julie tendrement. Tu pourras toujours compter sur nous, c’est une promesse.

-Julie a raison ; renchérit Denys. Après tout, même si Dan n’est plus la physiquement, nous sommes une famille, tous unis par les liens indissociables du club, par les liens de Yume-Nikki, par delà même la mort ! Dan est toujours vivant tant que nous perpétuons son souvenir !

-Oui…Nous sommes une équipe…Nous sommes Yume-Nikki…le club de duel pour lequel Dan s’est battu, un club qui vivra éternellement ! S’exclama-t-elle avec un sourire par dessus les larmes.

Je souris légèrement, heureux que Miyako ait pu retrouver ses anciens amis, qu’elle ait pu faire face à son passé, qu’elle ait arrêté de le rejeter.

Nagisa avait vu juste. En faisant directement face à ses problèmes, Miyako avait enfin pu surmonter son traumatisme. Elle n’était plus simplement la présidente de l’ex-club de duel, ayant fermé par sa faute. Elle était celle qui avait mis fin à la guerre, celle qui avait guidé tous ses camarades vers la lumière, celle qui leur avait redonné espoir dans les ténèbres, celle qui avait accepté tout cela comme la vérité, une vérité qu’elle acceptait, sans aucun regret.

Je me tournai ver Saya et à ma grande surprise, je la surpris à verser une larme elle aussi. Laura fermait les yeux, un sourire fendant son visage. Seule Nagisa semblait ne pas se réjouir entièrement. Elle affichait bien une figure joyeuse, mais ses yeux semblaient emplis de tristesse.

Lorsqu’elle vit que je l’observais, elle cette tristesse disparut instantanément et elle retrouva sa gaieté habituelle.

————————————————————————–

https://www.youtube.com/watch?v=ejuNyUQyQl8

————————————————————————–

Le lendemain, alors que nous nous rendions à la salle du club, Laura, Saya et moi, quelqu’un se trouvait déjà devant la porte, attendant en tapant du pied, l’air impatient.

Nous nous arrêtâmes et je souris en voyant Miyako. Cette dernière semblait bien plus détendue et bien moins fatiguée que d’habitude, même ses cernes avaient presque disparu. Elle se tourna vers moi et fronça les sourcils.

-Encore en retard à ce que je vois Darksky ; râla-t-elle. On dirait que certaines choses ne changeront jamais !

-Je suis ravi de te voir moi aussi Miyako ; répondis-je en ignorant sa pique. Tu as passé une bonne journée ?

Elle soupira et entra. A l’intérieur, Nagisa nous attendait déjà et nous accueillit gaiement, comme à son habitude.

-Laura, affronte moi en duel s’il te plait ! S’exclama-t-elle avant même qu’elle ne soit rentrée.

Mon amie accepta avec plaisir et les deux filles se mirent en position. Saya, Miyako et moi allâmes nous asseoir sur le côté, intrigués par le dénouement de ce match.

C’était une journée ordinaire, identique à d’habitude, excepté une chose, aussi cruciale qu’imperceptible, une chose qui, à elle seule, signifiait énormément pour nous tous, membre du nouveau club de duel.

Sur le mur était accroché un grand poster où étaient dessinés cinq monstres et en dessous étaient inscrits les noms de Saya, Laura, Nagisa, Miyako et le mien tandis que, juste à côté de lui, un autre, légèrement plus petit et bien plus vieux le côtoyait et sur lequel était inscrit le nom : Yume-Nikki.



Chapitre 13 : La gardienne



Spoiler :



Une grande citadelle volait dans le ciel, couvrant la terre de son ombre menaçante. A côté de moi se tenaient des milliers de personnes armées et, loin devant, au dessus des masses, debout sur un immense rocher, trois chevaliers nous faisaient face, le visage grave. L’un, celui en armure bleu, avait perdu un œil et une longue cicatrice fendait son visage.

La tension était palpable. Nul ne disait un mot. Tous semblaient inquiets, certains tremblaient même. Mais moi, je ne ressentais rien, excepté un petit poids sur le cœur dont j’ignorais l’origine.

Quelqu’un traversa la foule de guerriers pour venir à ma rencontre. Sans savoir pourquoi, je tournai la tête dans la direction opposée. Cependant, la personne ne du pas comprendre mon geste car elle posa sa main sur son épaule.

-Alors Athéna, prête ? Me demanda la voix féminine avec un sérieux qui me surprit.

C’était la première fois que j’entendais cette voix et pourtant, je savais pertinemment à qui elle appartenait, et je n’avais nullement envie de parler à cette personne. Je ne répondis donc rien.

-Allons, nous devons être forts, il ne voudrait certainement pas que tu te lamentes ainsi, tu ne penses pas ? Reprit la personne d’une voix douce.

-Ne parle pas à sa place Chaneler ; rétorquai-je durement.

Pourquoi lui parlais je de cette façon ? Je n’avais aucune envie d’être agressive, je savais qu’elle ne voulait que me réconforter, et pourtant, rien qu’entendre sa voix me brisait le cœur…

Soudain, de la forteresse sortit un éclair rouge qui fonça droit sur nous. Tous les regards se fixèrent sur lui et les épées pointèrent toutes dans la même direction. Cependant, les trois chevaliers sur le rocher nous firent signe de ne pas agir.

L’éclair rouge frappe le sol et souleva un épais nuage de poussière et les armes ne se baissèrent pas. Je gardais moi-même ma lance levée.

La fumée se dissipa peu à peu et une ombre inquiétante se découpa. La créature n’était pas humaine, cela se devinait facilement. Deux yeux rouges surgirent soudainement et toute l’armée recula d’un pas comme un seul homme. Seuls les trois chevaliers ne bougèrent pas d’un pouce.

Un coup de vent souffla et la créature monstrueuse sortit de l’ombre. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et je resserrai ma prise sur ma lance.

Le monstre avait un corps rouge comme le feu. Son torse, beige, semblait fait, non pas de peau, mais d’un métal infranchissable, comme s’il portait une armure naturelle. Sa tête de dragon nous toisait du haut de ses quatre mètres tandis que ses ailes immenses nous cachaient le ciel.

Le dragonse tourna vers les trois chevaliers et ils se dévisagèrent pendant plusieurs instants. Il les dominait largement et aurait certainement pu les tuer d’un seul coup mais à la place, il ouvrit la bouche et se mit à parler d’une voix lente et grave, résonnant dans la plaine.

-Chevaliers légendaires Timée, Hermocrate et Critias, comme vous le savez, votre temps sur cette terre vous est compté. La prophétie est sur le point de se réaliser.

-Nous le savons ; répondit le chevalier bleu sans laisser paraître une émotion.

-Dans ce cas là, pourquoi continuer à vous battre ? Le questionna le dragon.

-Nous avons encore un peuple à protéger, et nous le protègeront jusqu’à notre dernier souffle ! Répondit le chevalier noir en mettant la main sur son épée et faisant un pas en avant.

-Vous savez que c’est également de votre propre peuple qui causera votre perte.

-Non, un peuple ne peut être responsable des actions d’un seul ! Rétorqua le chevalier rouge. Ce peuple a le droit de survivre à la catastrophe, même si nous devons laisser nos vies pour cela !

-Votre peuple est condamné, il serait temps de l’admettre ; reprit le monstre rouge. Sauvez vous tant qu’il est encore temps…mais je sais que vous ne le ferez pas, la prophétie l’a prédit il y a des milliers d’années déjà.

-Je ne crois pas aux prophéties Pyros, nul ne peut contrôler notre destin. Termina le chevalier borgne.

Après qu’il a dit cela, le monde bascula autour de moi et tout devint noir…


Je fus réveillée par une énorme claque sur la joue, et ce n’était visiblement pas la première étant donné la douleur que je ressentais des deux côtés de mon visage…

Au dessus de moi étaient penchés Hélios et June qui me regardaient avec inquiétude. Je les dévisageai sans comprendre. Je ne savais même plus comment j’avais atterri ici et surtout, je ne savais même pas où je me trouvais. Tout ce dont je me souvenais était d’avoir vu Pyros parler à trois chevaliers légendaires, tandis que j’étais dans la peau d’une guerrière en armure…

Est-ce que l’un d’entre vous peut me dire ce qu’il vient de se passer ? Demandai-je, un peu perdue.

-Tu n’as simplement pas suivi mes conseils ; répondit Hélios mécontent. Regarde un peu dans quel état tu te trouves ! Je t’avais pourtant dit de ne pas utiliser la fusion parfaite avant d’être prête, mais évidemment, tu ne m’as pas écouté !

-J’ai…j’ai fait quoi ? Redemandai-je interloquée.

-Tu as activé la carte d’Hélios et l’instant d’après, tu t’es effondrée par terre ; m’expliqua June en m’aidant à me relever.

-Pourquoi est-ce que les gens n’écoutent jamais les avertissements ; râla-t-il. Je t’avais dit que pour utiliser cette carte, il te fallait un lien spécial avec l’une de tes cartes et toi, tu as pris la première venue !

-J’ai…J’ai vu Pyros…en rêve…s’adressant à trois chevaliers…au pied d’une forteresse…Dis-je tremblante.

-Il s’agissait certainement des souvenirs de ta carte ; rétorqua Hélios comme si ce que je disais était dénué d’intérêt.

-Attendez ; reprit June, voir un dragonn n’est pas rien, vous êtes sûr que nous pouvons le prendre à la légère comme ça ?

-Pourquoi s’inquiéter de faits passés datant de plus de dix mille ans ? Pyros est descendu sur terre à cette époque, la belle affaire, je ne vois pas en quoi cela nous intéresse aujourd’hui. Angéla, j’ai accepté de t’enseigner la fusion parfaite, mais ce n’est pas quelque chose qui se fait en claquant des doigts. Tu dois connaître tes monstres, ne faire plus qu’un avec eux, sans quoi, il te sera impossible de les comprendre…

L’ex-roi prit la direction de la porte, l’ouvrit et sortit en nous laissant toutes les deux, encore dans l’incompréhension de ce qu’il venait de se passer. J’essayais de me remémorer au mieux ce que j’avais vu en rêve. S’il s’agissait vraiment des souvenirs d’Athéna, peut-être avait-elle combattu les dragons par le passé ? Peut-être savait-elle comment ils avaient été vaincus la première fois.

-Angéla, tu es sûre de ce que tu fais ? Me demanda June en me tirant de mes pensées.

-Sûre de quoi ?

-De vouloir apprendre la fusion parfaite. En as-tu vraiment besoin ? Tu as déjà vaincu Gariatron, sauvé Ambre et Maya et plus récemment, délivré Laura de la malédiction, ne penses-tu pas que c’est assez ?

-Je suis sûre que Darksky et Drago travaillent durs de leur côté afin de s’améliorer toujours plus, c’est pourquoi, je ne peux pas me reposer sur mes acquis non plus. Je dois m’améliorer autant que possible. Perdre n’est pas une option dans ce qui se prépare. Tu as vu comme moi le monde sous la domination du dragon, c’est ce monde là que je refuse de voir.

-Mais, es-tu vraiment prête à te détruire dans l’espoir de sauver le monde ?

-Que veux-tu dire ?

-Si tu accumules trop de force, tu finiras par blesser ceux qui te sont proches, et toi par la même occasion. Je sais que tu ne le supporteras pas et cela te détruira. Penses-tu vraiment que c’est de cette façon que tu nous sauveras ? Penses-tu sincèrement que tu nous aideras en te blessant toi-même ?

-Que proposes-tu alors ? Demandai-je intriguée.

-Laisse-moi porter ce fardeau avec toi ; répondit-elle en se redressant de toute sa hauteur, et inutile de me sortir que cela est risqué, je suis consciente de ce que je fais, mais je suis également consciente que je ne peux pas te voir courir à ta perte.

-June, je…

-Tu m’as fait prendre conscience de ma force en me sortant de l’ombre de ma mère afin que je suive mon propre chemin, ne me dis pas à présent que c’était une erreur. J’ai choisi mon chemin, et il suit le tien.

-Tu marques un point ; je reconnus. Mais…penses-tu réellement pouvoir me suivre ? Lançai-je avec un air de défi.

-Evidemment ; affirma June sûre d’elle. Je suis June Wheeler, fille du grand professeur Wheeler !

Nous nous regardâmes droit dans les yeux pendant quelques instants avant d’éclater de rire, sans pouvoir nous arrêter. Avec toutes ces histoires de dragons ces derniers jours, nous avions oublié à quel point il était agréable de rire ainsi, sans raison particulière, si ce n’est le fait d’être entre nous. Toute la pression et le stress accumulés s’évaporèrent instantanément. C’était comme si j’étais libérée d’un énorme poids sur la poitrine.

En un sens, j’étais heureuse d’avoir June à mes côtés dans ce combat, être seule à devoir combattre m’effrayait en vérité, mais je n’osais pas le montrer, de peur que mes amies ne s’en mêlent. Mais là, June se proposait d’elle-même, je ne pouvais pas refuser, car ma peur d’être seule face aux dragons était bien plus grande que celle de voir mes amies mêlées à tout ça. C’était certes égoïste, mais je ne pouvais pas contrôler ce sentiment.

La porte s’ouvrit soudainement et Maya et Ambre entrèrent, l’air exaspérées.

-C’est qu’il est casse pieds l’autre là ! Se plaignit Maya. Comme si ça m’intéressait de savoir comment on plantait des carottes il y a cinq mille ans !

Lorsque j’entendis ça, ma crise de fou rire reprit de plus belle, de même que celle de June et Maya fit la grimace en voyant qu’on riait de leur malheur.

-Dis-moi Angéla, ça s’est bien passé ton entrainement alors ? Me questionna Ambre.

-Oui oui, on va dire ça comme ça ; répondis-je évasivement. Je crois que je suis sur la bonne voie.

-Parfait, ces dragons n’ont qu’à bien se tenir si tu es là dans les parages ! Affirma-t-elle.

-Oui, certainement…

Nous sortîmes toutes les quatre de la pièce et je pensai soudain que je ne savais toujours pas où je me trouvais. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me retrouvai sur la cour de l’école. Elle était déserte et la nuit était presque tombée. Devant nous, Hélios et Serena discutaient tranquillement.

-Je peux savoir ce qu’on fait ici ? Chuchotai-je à June.

-Bah, tu as demandé à Hélios de t’apprendre la fusion parfaite, il a accepté et nous sommes revenus dans l’école.

Lorsque Serena nous vit, elle se précipita vers nous, un grand sourire aux lèvres, l’air émerveillée.

-Alors c’est ça votre école ? Tout est si beau ! S’exclama-t-elle.

-Je te l’ai déjà dit mais beau n’est pas le mot adéquat pour décrire cet endroit…Répondis-je mal à l’aise.

-Je…

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase car un bruit de verrerie cassée se fit entendre en provenance du bâtiment central. Je levai les yeux au ciel et je vis des milliers de bouts de verre dégringoler du septième étage tandis que quelqu’un se tenait derrière la vitre brisée. De cette hauteur, je ne pouvais distinguer de qui il s’agissait mais le fait qu’il fût immobile ne me dit rien de bon, d’autant plus que je pouvais distinguer comme un long habit noir derrière lui.

Hélios leva la tête à son tour lorsque le verre s’écrasa au sol dans un vacarme assourdissant.

-Oh, on dirait que nous avons de la visite. Un ami à toi Angéla ?

-Je ne pense pas mais…

Soudainement, le soleil éclaira le visage de l’homme, le dévoilant au grand jour et je ne pus retenir un cri de stupeur.

Aymeric se tenait en haut de l’immeuble, le regard rougeoyant, les cheveux en bataille et portant un long manteau noir contrastant avec la pâleur du reste de son corps. Mais le plus troublant était la façon dont il me fixait. Je connaissais ce regard, et c’était celui des serviteurs des dragons…

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Qu’est-ce que cet idiot faisait là ? Et surtout, pourquoi était-il accoutré de cette manière ? Je connaissais la réponse bien évidemment, mais je n’arrivais pas à me l’avouer. Pour moi, ce type était un minable, bon à rien et prétentieux, tout juste capable de lacer ses lacets, et encore, c’était moi qui lui avais appris ; alors comment pouvait-il se tenir devant moi et dégager une telle aura de force ?

June et Ambre firent la grimace, Maya ne réagit pas, mais elle, c’était parce qu’elle voyait mal…Mais lorsqu’Ambre lui dit qui elle avait en face d’elle, elle se mit à l’appeler et l’insulter.

Une ombre passa sur le bâtiment et Aymeric disparut instantanément, comme s’il n’avait jamais été là, ne laissant qu’une vitre brisée et des morceaux de verre sur la cour.

Le regard de Serena passa sur mon visage, puis sur celui de mes amies et enfin sur Hélios. Elle ne comprenait visiblement pas ce qu’il se passait à ce moment, mais elle semblait avoir deviné notre inquiétude.

-Angéla, est-ce que tu penses…Me demanda June peu sûre d’elle.

-Cet idiot en serait bien capable ; soupirai-je. Lorsque je l’ai affronté la dernière fois, j’ai senti que quelque chose clochait.

-ohoh, est-ce que nous venons de voir, par hasard, l’ex propriétaire de la carte que tu m’as donnée Angéla ?

-Oui, c’est à lui qu’appartenait cette carte.

-Et cette personne, tu la connaissais avant, n’est-ce pas ?

-Oui

Hélios se gratta la barbe – ou plutôt fit semblant puisqu’il n’en avait plus – tout en fronçant les sourcils. Après quelques secondes de réflexion, il finit par déclarer :

-Les dragons sont malins, ils savent frapper nos points faibles…

-Attendez une minute ! Je n’ai jamais dit que j’aimais ce type ! M’étranglai-je.

-Ah oui, vraiment ? Répondit l’ex-roi surpris. Dans ce cas, pourquoi aurait-il été recruté ?

-Je n’en sais rien moi ! Pour sa prétention peut-être, il a du embobiner les dragons et voilà…

-Tu es bien naïve ma petite Angéla ; rétorqua Hélios avec un léger sourire. A moins que…tu ne te voiles la vérité ?

-Que voulez-vous dire ? Demandai-je sur mes gardes.

-Moi ? Je ne fais que constatez les faits; répondit-il innocemment. Mais toi Angéla, es-tu honnête avec toi-même ?

-Hélios, ce type a trahi Angéla ; intervint Ambre. Il est normal qu’elle le déteste maintenant !

-Croyez-en mon expérience, même lorsqu’on est trahi par ses pairs, on a toujours l’espoir d’une rédemption, c’est dans la nature propre de l’homme qu’espérer.

-Arrêtez les grandes phrases Hélios, ça ne vous va pas ; le rabroua Serena. Et puis, vous n’étiez pas censé venir juste pour récupérer cette carte ?

-Tu as raison, on va être en retard pour le diner ! S’écria-t-il soudainement affolé. Angéla, médite bien ce que je t’ai dit aujourd’hui, à plus ! Ajouta-t-il alors qu’il s’élançait déjà sur la route à toute allure.

Serena soupira et prit sa suite, comme désespérée par son attitude. Mes amies me suggérèrent de rentrer au plus vite, les cours commençant tôt le lendemain, mais je n’arrivais plus à aligner une seule pensée cohérente. Entre la vision du dragon, l’apparition d’Aymeric et les mots d’Hélios sur mes propres sentiments, mon esprit était plus embrumé que Londres un jour d’hiver. Tout s’entremêlait, se chevauchait, si bien que je finis par en avoir mal à la tête. Ce fut Maya qui me tira de ma presque folie en me donner une grande tape dans le dos.

Cela me coupa la respiration et je la foudroyai du regard.

-Oh, du calme toi, je n’ai fait que te ramener dans le monde des vivants ; se défendit-elle en haussant les épaules.

-Qu’est-ce qui t’arrive Angéla ? Me demanda Ambre inquiète. Tu penses qu’Aymeric est une menace ? Si c’est le cas…

-Non, ce n’est pas ça…

-Angéla, je ne connais pas ce type ; reprit June, mais si tu penses vraiment qu’il est dangereux, alors, allons lui parler demain, je suis sûre que…

-Je vous dis que ce n’est pas ça le problème! Vous ne pouvez pas comprendre, alors laissez moi régler ça toute seule, cela ne concerne que moi, et moi seule ! M’exclamai-je avant de m’enfuir.

J’entendis mes amies me rappeler dans mon dos mais j’ignorai leurs appels et je fonçai droit devant moi. Elles ne pouvaient rien faire pour m’aider, elles ne pouvaient même pas comprendre ce que je ressentais à cet instant, lorsqu’Aymeric était apparu devant moi, portant les vêtements des dragons.

A bout de souffle, je finis par m’arrêter au coin d’une rue.

Pourquoi fuyais-je ? Et surtout, que fuyais-je ? J’avais beau détester Aymeric, les souvenirs de notre enfance ensemble étaient joyeux, sans embuche ni trouble. C’était une amitié tout ce qu’il y avait de plus banale et une histoire aussi courte que son achèvement. Pourtant, alors que je pensais avoir banni ce type de ma mémoire, le voilà qui ressurgissait dans ma vie du jour au lendemain pour me la pourrir encore une fois.

Mais, en voyant ces vêtements, pourquoi m’étais-je senti trahie ? Pourquoi, lorsque je l’avais affronté et vu sa carte, redoutai-je qu’il s’allie aux dragons ? J’aurais du ne pas être affectée, le prendre comme un simple serviteur des dragons, comme Hurricane ou Floges, mais non.

Je m’étais juré d’enterrer mon amitié avec lui. Hélios avait-il raison ? Espérai-je encore quelque chose de lui, même après ses coups bas ?

Je levai les yeux au ciel. Il s’était mis à pleuvoir des cordes et des éclairs zébraient le ciel noir du soir. C’était étrange, je ne l’avais même pas remarqué. Un immeuble aurait pu s’écrouler juste à côté de moi, je ne l’aurais pas plus remarqué. Pourquoi étais-je si troublée bon sang ?…

Je mis une bonne heure avant de retrouver mon chemin. Il faut dire que foncer dans les rues sans regarder où l’on va n’est pas forcément la meilleure chose à faire, surtout lorsque notre esprit est ailleurs.

En rentrant, j’étais trempée, transie jusqu’aux os. Mon père me sermonna longuement, mais je n’avais vraiment pas la tête à ça.

En sortant de la douche, je passai devant le miroir et je m’arrêtai quelque instants. Je fus vraiment surprise par mon reflet. Je ne prenais que rarement le temps de me maquiller et autres, je n’utilisais ce miroir que pour me recoiffer sans vraiment regarder mon visage.

Etait-ce vraiment moi dans la glace ? J’avais peine à me reconnaître. D’énormes cernes se traçaient sous mes yeux tandis que mon teint était blafard. Mais ce qui me surprit le plus fut de voir à quel point j’avais changé depuis la guerre.

Avant toutes ces histoires, je n’étais encore qu’une gamine, le visage rond, les yeux pétillants et le sourire aux lèvres, mais à présent, j’avais l’impression d’avoir perdu tout cela. Je devais déjà faire cinq centimètres de plus, mais ma tête était également légèrement plus effilée, tandis que l’éclat de mes yeux avait disparu, remplacé par une immense fatigue. Pour couronner le tout, mes cheveux, autrefois brillants, étaient désormais bien plus ternes, se rapprochant plus de l’ocre que de l’or.

Je n’étais plus celle que j’étais un an auparavant, c’était indéniable. Mais avais-je changé en bien ou en mal ?

Si celle que j’étais une année plus tôt me paraissait lointaine, la petite fille qui jouait avec Aymeric dans bacs à sable semblait n’être qu’une lointaine illusion à l’horizon. Je me demandais ce qu’il se serait passé s’il ne m’avait pas abandonnée. Aurais-je quand même rencontré Drago et les autres ? Ou bien aurais-je vécu dans cette illusion pour toujours ?


Le lendemain, je fus extrêmement surprise de voir que ni Maya, ni Ambre, ni June n’étaient en classe. Qu’Ambre soit malade, je pouvais le concevoir, que Maya sèche, de même, mais qu’en plus June soit absente, cela était tout sauf normal. Elle n’avait jamais raté un seul cours depuis que je la connaissais, elle venait même avec quarante de fièvre.

Le résultat fut un ennui profond durant l’allemand et j’en vins même à prendre des notes et Beauchardassaut n’en revenait pas et crut que j’étais malade également.

Lors de la pause déjeuner, je décidai tout de même d’enquêter un peu car toute cette histoire ne sentait vraiment pas bon.

Je me rendis tout d’abord dans la salle de club pensant qu’elles s’entraient peut-être avec Lareine, mais il n’y avait personne. Déroutée, je ressortis sans savoir où continuer les recherches.

Je déambulai plusieurs minutes dans les couloirs, regardant de tous les côtés si elles ne se cachaient pas, par le plus grand des hasards, dans la foule d’élèves, mais il n’y avait personne.

C’est alors que je vis deux personnes discuter dans un coin de la cour, l’air embêtés. Je les reconnus immédiatement. Ils faisaient partie du club d’Aymeric et leur vue fit ressortir mes interrogations vis à vis de leur président.

Je m’approchai donc pour leur demander mais en me voyant, ils devinrent livides et tentèrent de s’enfuir, sauf qu’il n’y avait pas d’issue de secours derrière eux.

-Vous deux là ! M’écriai-je assez peu amicalement. Vous êtes des amis d’Aymeric, n’est-ce pas ?

-O…Oui ! Bégaya le premier.

-J’ai une ou deux questions à poser à votre président.

-Le…Le président Aymeric est occupé ; répondit le second en tremblant comme une feuille.

-Je m’en fiche, conduisez moi à lui, et que ça saute, je ne suis vraiment pas d’humeur et j’ai autre chose à faire !

J’avais hurlé le dernier mot si bien que les deux garçons, déjà blêmes, frôlèrent la crise cardiaque et s’exécutèrent sur le champ.

Je les suivis jusqu’à la salle du club. Ils ne dirent pas un mot du trajet et leur peur était palpable. Mais, peur de qui ? De moi, ou bien de…

Ils frappèrent à la porte puis s’enfuirent sans demander leur reste. Je pensais connaître l’origine de leur mal aise, mais je devais le voir pour en être sûre. Je franchis le seuil de la porte et cette dernière se referma derrière moi.

Je retins de crier en voyant ce qui se trouvait devant moi. Aymeric se tenait debout dans la pénombre, les yeux rougeoyant, un disque de duel à la main, le regard triomphant, tandis qu’au sol gisaient Ambre, Maya et June, inconscientes…enfin, je l’espérais.

-Angéla, ma chérie, tu es venue à moi ? Comme c’est aimable.

-Aymeric ! Hurlai-je aussi fort que mes poumons me le permettaient.

Je n’avais pas de mot assez fort pour décrire ce que je ressentais : colère, haine, désespoir, pitié, dégout, tout cela en même temps.

A ce moment là, j’avais envie de lui sauter au coup et de l’étrangler, non seulement pour ce qu’il avait fait aujourd’hui, mais également pour ce qu’il m’avait fait par le passé. Je pensais qu’il lui restait encore une part d’humanité après les propos d’Hélios, mais je me rendis compte qu’à présent, il n’était qu’une ordure, tout juste bon à servir les serviteurs des dragons.

-Regarde moi Angéla, tu as vu mon nouveau pouvoir ? S’exclama-t-il en ouvrant les bras, faisant voler son long manteau noir autour de lui. A présent, je peux enfin t’écraser définitivement ! Fini les humiliations, fini les dérangements incessants, fini les nuits blanches à chercher un moyen de te surpasser ! Grace aux pouvoirs de Gariatron, je suis en mesure de faire ce que je veux !

-Espèce de…

-Oh, tu n’es pas contente ? Ah, mais je sais, voir tes amies ainsi à terre t’es insupportable, c’est cela ? Comme c’est touchant, et que vas-tu faire ? Les venger en me battant ? Je te signale qu’elles étaient trois et qu’elles n’ont rien pu faire contre moi ! Mais tu es assez prétentieuse pour penser que toi, la grande Angéla, peux me vaincre, même si ses amies n’y sont pas arrivées ? Laisse moi rire !

-Tu étais un minable, tu touchais déjà le fond, mais tu as trouvé moyen de creuser encore en t’alliant aux démons ? Tu me fais vraiment pitié. Si j’avais voulu caricaturer un méchant de manga, je n’aurais pas eu meilleur modèle que toi.

-Insulte moi autant que tu veux, mais je sais ce que je vaux ; rétorqua-t-il.

-Tu n’es peut être pas au courant, inculte comme tu es, mais j’ai vaincu Gariatron l’année précédente, donc si je n’ai pas eu peur de lui, penses-tu réellement que je vais trembler face à quelqu’un comme toi ? En garde minable, tu vas payer pour tout ce que tu as fait !

Je sortis mon disque de duel avec une telle violence que les papiers autour de nous s’envolèrent. J’étais bien déterminée à vaincre ce type une bonne fois pour toute. Ce n’était pas un simple combat contre les serviteurs des dragons, c’était une vengeance personnelle, une vengeance que j’aurais du accomplir depuis trop longtemps déjà, une vengeance qui mettrait fin à nos relations à tout jamais.

-Je vais te renvoyer d’où tu viens ! Je commence en invoquant Terre, Agent du Mystère et, grâce à son effet, je peux ajouter à ma main Minerve, agent de la protection, qui par son effet, s’invoque spécialement si je contrôle un autre monstre.



-Je ne te laisserai plus faire de mal à qui que ce soit Aymeric, je ne te laisserai plus rien faire du tout d’ailleurs ! Forces anciennes, libérez le pouvoir scellé depuis la nuit des temps, invocation synchro : fais trembler les peuples, Chronos, agent du temps !



-Un petit nouveau ? Je ne vois pas ce qu’il a de particulier, ce n’est pas du haut de ses 2500 points d’attaque qu’il me fera peur ; ricana Aymeric.

-En effet, mais sa capacité te fera trembler : il me suffit de déclarer une phase de jeu, et cette dernière sera gelée jusqu’à la fin de ton tour et je choisis ta battle phase !

-Ridicule, tu ne feras que retarder l’inévitable ; cracha-t-il.

-Je pose deux cartes face cachée et je termine mon tour. Viens, je t’attends !

-J’arrive, inutile de me le dire. Bien, voyons ce que nous avons ici…

Un grand sourire fendit sa figure et il éclata de rire.

-Ma pauvre Angéla, tu as de la chance finalement, sans ton monstre, tu ne serais déjà plus de ce monde. J’active la carte magie : Réseau D'urgence De L'académie Gagaga pour invoquer directement depuis mon deck le Magicien Gagaga!

-Tu aurais pu au moins changer de deck, parce que si tu veux ressembler à un méchant, c’est raté mon vieux…

-Rigole tant que tu veux. J’invoque normalement la sœur Gagaga



-et j’active son effet : les niveaux de mes deux monstres s’additionnent ! Je recouvre mes deux monstres de niveau six pour ouvrir le réseau recouvrement ! Apparaît, Numéro 39 : Au-Delà de l'Utopie ! Lorsque ce dernier arrive sur le terrain, l’attaque de tous tes monstres tombe à zéro ! Je pose une carte face cachée et je suis contraint de finir mon tour, mais je n’en ai pas fini avec toi…

-Ne crois pas que parce que tu as un nouveau jouet, je vais plier ! Je pioche et j’active la carte magie de terrain : Le Sanctuaire Céleste !

-On dirait que je ne suis pas le seul à recycler mes vieilles cartes, n’est-ce pas Angéla ?

-Sauf que moi mon deck n’est pas bon pour la poubelle contrairement à toi, et je vais te le prouver immédiatement ! J’active le pouvoir de Chronos pour geler à nouveau nos deux battle phase !

-Ridicule, bats toi normalement Angéla !

-Je te l’ai dit, je ne te laisserai plus faire de mal à qui que ce soit Aymeric… J’invoque Jupiter, Agent des Miracles et, en retirant de mon cimetière Minerve, il gagne 800 points d’attaque !

-Tout cela est ridicule, mon monstre possède 3000 points d’attaque et tu ne peux même pas attaquer, que comptes tu faire ?

-Rien pour le moment, mais tu le découvriras au prochain tour.

-C’est pitoyable, et moi qui pensais avoir un vrai combat mais…on dirait qu’on ne peut pas te faire confiance…Dit-il tristement.

-Me…faire confiance ?

-Ce n’est rien, oublie ça tu veux ? Je disais donc, j’invoque Gardna Gagaga en mode attaque et, puisque je contrôle ce monstre, je peux invoquer spécialement Enfant Gagaga depuis ma main. Je recouvre à nouveau mes deux monstres : apparaîs, Numéro 39 : Utopie! Moi non plus, je ne te laisserai plus me détruire, Angéla.

-Je ne sais pas de quoi tu parles et peu importe, je vais remporter ce duel ! Je pioche et j’invoque spécialement depuis ma main Uranus, Agent du Désordre ! Son effet s’active me permettant d’envoyer Saturne, Agent du Jugement au cimetière pour passer au niveau six !

-Je vois que tu as enfin décidé de passer aux choses sérieuses Angéla.

-Je recouvre Chronos, Agent du temps et Uranus, Agent du désastre pour briser les chaines des enfers : remonte sur terre, Saturne, Agent du chaos !



Un trou béant s’ouvrit à nos pieds et u inquiétant ange noir en sorti. Aymeric recula, conscient du danger qui se présentait à lui, mais son visage resta de marbre. Le duel avait assez duré comme ça, il était temps d’y mettre un terme une bonne fois pour toute.

-J’active la capacité de Jupiter en défaussant Athéna, je peux invoquer spécialement Minerve, Agent de la protection! Puis j’active l’autre effet de Jupiter : en retirant Athéna, Saturne gagne 800 points d’attaque. Mais ne crois pas que c’est terminé, je détache une unité de couverture à Saturne : en retirant Uranus et Terre, agent du mystère, Athéna revient parmi nous !

-Nos deux cartes maitresses sont sorties…Cela ne te rappelle pas des souvenirs ma chère Angéla ?

-Aucun ! Athéna, attaque Utopie !

-Et bien cela devrait, ainsi tu te souviendrais que la capacité d’Utopie me permet d’annuler ton attaque.

-Saturne, attaque encore une fois !

-Je vais donc annuler encore une fois.

-Tu ne pourras pas te protéger de Jupiter puisque ton monstre se détruira de lui-même ! C’est ainsi que je termine mon tour.

-Tu es tellement charmante Angéla, tu as fait exactement ce dont j’avais besoin.

-Ah oui ? Tu es maso donc tu voulais que je détruise ton monstre ?

-Non, mais te montrer serait bien mieux. J’active Contrôle Mental pour prendre possession de ton Saturne puis j’active la capacité de mon monstre : en détruisant le tien, non seulement, je gagne 1250 points de vie mais Utopie va revenir parmi nous !

Aymeric 5250 – Angéla : 4000

-Continuons avec cette carte : Destructeur Utopie qui me permet de détruire Minerve et tu vas recevoir autant de dommage qu’elle a de points d’attaque !

-J’active l’effet de Minerve : jusqu’à la fin du tour, tu ne pourras pas détruire Athéna !

Aymeric : 5250 – Angéla : 2200

-Tu penses être protégée ? Tu fais une grossière erreur dans ce cas, j’active ma carte face cachée : Typhon d'Espace Mystique pour détruire ton sanctuaire ! Maintenant, même si ton monstre ne peut être détruit, ta va quand même prendre des dommages !

-Que comptes-tu faire ? M’infliger 400 points de dommages ? Raillai-je.

-Non, admire un peu : je recouvre Utopie comme matériel xyz pour invoquer le Numéro C39 : Rayon Utopie!

-Toujours aussi minable que le précédent celui-là.

-Mais je n’ai pas dit que c’était fini. Je recouvre une nouvelle fois Utopie pour ouvrir le réseau recouvrement : apparais numéro S39 : Utopie l’éclair !



-Oula, il a un super nom celui là ; soupirai-je.

-Tu rigoleras moins quand j’activerai sa capacité spéciale : en détachant deux unités de couverture, son attaque passe à 5000 ! Vas-y Utopie l’éclair, attaque Athéna, Tranchant éclair du soleil levant !

-J’active la carte…

-Inutile, tes cartes son paralysées lorsque Utopie l’éclair attaque. C’est la fin, Angéla !

-Co…Comment ? M’exclamai-je affolée.

Je voyais déjà l’attaque de son monstre anéantir mes derniers points de vie. Au fond de moi, je m’excusais auprès de mes amies. J’avais promis de les protéger et de les venger, mais je n’avais rien pu faire. J’avais été si…pathétique. Je pensais tellement pouvoir vaincre Aymeric tout en lui montrant ma détermination. Mon orgueil avait finalement causé ma perte…Je fermai les yeux, prête à recevoir son attaque.

Lorsqu’elle m’atteignit, ce fut comme si on me plongeait dans un bain d’acide. Je sentis mes muscles se déchirer, ma peau me brula, ma vue se troubla, tout mon corps était en feu.

Je fus projetée contre le mur et j’eus la respiration coupée sous le choc. Je m’effondrai sur le sol, à bout de force. Aymeric s’approcha de moi, le visage triomphant.

-Alors Angéla, vois-tu ce que cela fait de se sentir impuissant ? De contempler la défaite ? Tu avais peut-être la force de me ridiculiser auparavant, mais à présent, qu’est-ce que cela te fait d’être ridiculisée à ton tour ? Qu’est-ce que ça te fait de…

Un bruit de porte s’ouvrant l’interrompit dans son discours. Je l’entendis jurer avant de disparaître. Un ombre se pencha sur moi puis je sentis deux mains puissantes me soulever. Des serviteurs des dragons ? Etait-ce la fin, ma fin ?

Une fin pitoyable après un duel pitoyable, je ne méritai sans doute pas mieux. Mon seul regret était de ne pas avoir pu protéger Ambre, June et Maya. Qu’allait-il leur arriver à présent ? J’espérai sincèrement qu’elles auraient plus de chance que moi.

Désespérée, j’arrêtai totalement de lutter et je sombrai dans l’inconscience.





http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
Modérateur
Messages : 10450


haut haut de page
[Fic] L'ascension des démons posté le [26/07/2014] à 02:07

Chapitre 14 : La présidente disparue



Spoiler :


Comme chaque jour, nous nous rendîmes au club de duel après les cours, Saya, Laura et moi. Miyako était la première arrivée encore une fois. Je ne sais pas comment elle faisait pour être toujours là avant nous, elle n’avait jamais cours ou quoi ?

Lorsqu’elle nous vit arriver, elle nous salua d’un signe de tête puis d’adressa à moi.

-Oh, Darksky, j’aimerais que tu te rendes dans l’ancienne salle du club et que tu récupères les vieilles fiches de stratégie que nous avions faites avec Denys et Julie.

-Tu ne peux pas le faire toi même ? Soupirai-je. Je ne sais même pas où elles sont tes fiches.

-Normalement, tu devrais les trouver dans l’armoire.

A contre-coeur, je laissai filles pour me rendre dans l’autre salle. Miyako avait beau avoir accepté son passé, il y avait certaines choses qu’elle ne pouvait pas encore faire seule, se rendre dans à cet endroit faisait partie de ces choses, c’est pourquoi, je me retrouvais souvent à aller lui chercher des vieux papiers.

Cependant, ce jour-là, lorsque j’arrivai devant la vieille porte délabré, je n’étais pas seul. Un jeune garçon la fixait, l’air intrigué. Il avait des cheveux noirs, soigneusement coiffés, portait l’uniforme des deuxièmes années et était assez menu. Il se retourna en me voyant arriver et me regarda, étonné de voir quelqu’un dans cette partie de l’école sûrement.

-Tiens, de la visite, c’est rare ; déclara-t-il d’une voix claire. Qui es-tu ?

-On m’appelle Darksky ; répondis-je.

-Darksky ? En voilà un nom bien mystérieux…En tout cas, ravi de te rencontrer !

-Et à qui ai-je l’honneur ?

-J’en oublie les bonnes manières ! S’excusa-t-il en se tapant le front. Mon nom est Alan, en seconde année, de la classe A, mais tout le monde m’appelle Lucky !

-Et que viens-tu faire par ici Lucky ?

-J’étais simplement venu voir quelque chose. Tu sais, pendant la guerre, cette salle a été le QG de la résistance, j’avais envie de le voir en vrai, c’est tout.

-Il n’y a rien de particulièrement intéressant tu sais, c’est juste une salle mal rangée.

-Est-ce que tu faisais partie de la résistance ? Parce que moi oui, j’étais dans l’unité UWS, l’élite quoi !

-UWS ?

-Oui, la division ayant organisé la résistance avec Overlord pendant un certain temps avant de passer le flambeau à Yume-Nikki. Notre chef s’appelait Rario, ou le grec pour les intimes.

-J’ignorai que Miyako était secondée, je pensais qu’elle faisait tout toute seule…

-Tu connais Hikari Miyako ? Me lança-t-il impressionné. Le grec nous en a si souvent parlé ! Est-ce que je pourrais la rencontrer ? Me supplia-t-il presque.

-Cer…Certainement ; lui répondis-je un peu gêné. Laisse-moi juste deux minutes.

Je rentrai dans la salle de club, fouillai un peu dans l’armoire avant de trouver les fameux papiers que Miyako m’avait demandé de rapporter. J’en profitai également pour regarder ce qu’ils avaient de si spéciaux.

Je fus tout de suite impressionné par le travail de Miyako, car c’était son œuvre, je reconnaissais son écriture. Les stratégies les plus complexes étaient inscrites, allant du simple bourrin au contrôle du terrain en passant par l’épuisement des ressources adverses. Rien n’était laissé de côté. Je compris pourquoi Miyako tenait tant à récupérer ces papiers.

Lorsque je ressortis, Lucky était toujours devant la porte à m’attendre, l’air impatient. Je le conduisis donc jusqu’à la nouvelle salle de club. Sur le chemin, il me raconta comment, après l’accusation du conseil des élèves, Miyako s’était retrouvée isolée, puis comment elle avait repris les rennes de la résistance.

En arrivant, je fus étonné de ne pas entendre un seul bruit. D’habitude, il y avait toujours des protestations, des encouragements, voire même des explosions, mais cette fois-ci rien du tout.

Je frappai à la porte et Miyako me répondit.

Les filles étaient là, mais pas en train de s’entrainer. Elles étaient simplement assises dans le canapé, à regarder par la fenêtre, le regard las, et, plus important, elles n’étaient que trois.

-Nagisa n’est pas encore arrivée ?

-On dirait bien que non ; dit Laura en baillant. C’est la troisième fois cette semaine déjà.

-Nagisa ne peut pas être à l’heure pour une fois ? Se plaignit Saya en se levant soudainement. Ne me dites pas qu’elle s’est perdue dans l’école ?

-Ca m’étonnerait, il n’y a que toi pour te perdre sur le chemin ; répliquai-je.

-Je t’ai rien demandé moi, je dis juste que…

-Ce n’est pas le moment de vous chamailler vous deux ; intervint Miyako. Darksky, premièrement, as-tu ce que je t’ai demandé ?

Je lui tendis les papiers et je vis Lucky derrière moi qui ne savait plus où se mettre.

-Miyako, je crois que quelqu’un voulait te rencontrer au fait.

-Ah, qui donc ?

-Je m’appelle Alan, c’est un honneur de te rencontrer Hikari Miyako ! S’exclama-t-il en faisant une révérence.

-Je…c’est un plaisir aussi… Hésita Miyako qui ne savait visiblement pas comment réagir.

-Je…je rêve de te voir en vrai depuis que, grâce à toi, la guerre s’est terminé. J’étais dans l’unité UWS et je…tu as été mon modèle, surtout depuis que le grec nous a vanté tes mérites !

-Le Grec a vraiment fait ça ? Dit-elle surprise. Je ne pensais pas qu’il était vraiment sérieux la dernière fois que je l’ai vu…

-Oui, il était très admiratif de ce que tu as fait !… Je sais que c’est un peu soudain mais…accepteriez vous que je me joigne à vous ? Je suis sûr que j’apprendrai beaucoup au contact de la chef de la résistance !

-Je ne suis plus la présidente du club, et cette dernière est en vadrouille en ce moment, donc je ne peux pas te répondre.

-Allons Miyako, en tant que vice présidente, tu peux bien prendre ces décisions ? Intervint Laura.

-Je n’ai jamais prétendu l’être ; répliqua-t-elle sèchement.

-Alors, à la majorité, nous t’élisons ici et maintenant vice présidente ! S’exclama Saya. Félicitation Miyako !

-Vous me paierez ça ; marmonna Miyako. Bon, et toi, puisqu’on dirait que je n’ai pas le choix, et puisque tu étais un UWS, j’imagine que ça ne nous ferai pas de mal d’avoir un peu de renfort ; soupira-t-elle encore une fois.

Il allait falloir que je compte le nombre de fois où elle soupirait par heure, c’était certainement assez impressionnant.

Lucky afficha une mine enjouée, des étoiles dansant dans ses yeux.

-Je ferai de mon mieux Hikari-San !

-Si tu m’appelles une fois de plus comme ça, tu es viré ; riposta-t-elle.

-Bien compris Miyako-Sama !

-J’abandonne. Darksky, si jamais Nagisa arrive, dis-lui que j’ai du travail et que je ne peux pas me permettre de perdre du temps à l’attendre.

La fille aux cheveux de feu quitta la salle et nous laissa tous les quatre.

Nous profitâmes de l’heure pour discuter un peu avec notre nouveau membre. Il termina son récit de son rôle durant la guerre, comment, avec les UWS, ils avaient rallié la plupart des élèves à leur cause, comment ils avaient ensuite récupéré Miyako et enfin comment cette dernière avait mis fin à la guerre. Il nous raconta également ce qu’elle avait dit endurer : les complots du président du conseil, les factions rebelles comme Overlord ou encore les solitaires. C’était vraiment étonnant de voir comment cette école s’était transformée, en peu de temps, en une sorte de ville à l’intérieur de la ville, assiégée par l’ennemi.

-Le Grec était un grand chef, je crois même qu’il fait des études pour entrer dans l’armée en ce moment ou quelque chose en rapport avec le combat ; termina Lucky.

-Ce Grec semblait effectivement très impressionnant ; déclara Laura. J’aimerai beaucoup pouvoir le rencontrer un jour…

-Ca tombe bien, il reviendra pour les vacances de noël si son emploi du temps le lui permet, donc dans moins de deux mois, je lui dirai de venir ici si vous voulez.

-Ca serait super, et puis, je suis sûre que Miyako serait très heureuse de le revoir.

-Il le sera certainement lui aussi. Bon, c’est pas tout ça, mais il commence à se faire tard et votre présidente ne se pointe pas…

-Oui, Nagisa est souvent en retard mais jamais absente, c’est étrange ; dit Saya visiblement inquiète.

-J’irai me renseigner demain dans sa classe ; je conclus. Ce n’est peut-être pas bien grave mais mieux vaut être sûr.

Nous laissâmes Saya et Lucky et je pris le chemin du retour avec Laura. Cette dernière semblait visiblement anxieuse, elle regardait constamment en l’air, comme perdue dans ses pensées.

Après avoir failli se faire écraser par une voiture, je finis par lui demander ce qui n’allait pas.

-Oh, ce n’est rien, je pensais seulement à quelque chose ; dit-elle évasivement.

-Oui, je m’en doute bien, mais à quoi ?

-Je suis simplement inquiète pour Nagisa. Angéla m’a dit récemment que les dragons étaient sur le point de passer à l’attaque, et ne pas la voir…mais je dois me faire des idées, oublie ça tu veux ?

-Je ne vois pas ce que Nagisa à avoir dans ces histoires, elle est simplement…

-Peut-être parce qu’elle est spéciale ; dit une petite voix dans mon dos.

Je me retournai précipitamment, m’attendant à voir surgir un ennemi, mais je me calmai tout de suite lorsque je reconnus ma sœur.

-Alors les tourtereaux, qu’est-ce que vous fabriquiez ? Vous mettiez tellement de temps à revenir qu’Arnold m’a demandé de venir à votre rencontre, un comble ! D’habitude, c’est toi qui viens me chercher quand je traine.

-Désolé Marie, on a été un peu pris par le temps ; m’excusai-je.

-Marie, tu as dit que Nagisa était spéciale, que voulais-tu dire ? Me coupa Laura.

-Ah oui ça, vous n’avez jamais rien ressenti lorsque vous faites des duels avec elle ? Répondit-elle évasivement.

-Tu peux être plus claire ?

-Pas vraiment Darksky, parce que je n’en sais rien moi non plus, c’est simplement qu’à son contact, quelque chose de différent se dégage, comme si elle essayait de cacher quelque chose. Quoi ? Je n’en sais rien, mais mon don me permet de l’affirmer.

-Elle…cache quelque chose ? Bégaya Laura.

-Bah oui, tu sais bien comme il est facile de cacher ses vrais sentiments Laura ; dit Marie en haussant les épaules.

Elle fit la grimace. Laura n’aimait vraiment pas qu’on lui rappelle cette époque, et ma sœur le savait, alors pourquoi le faisait-elle quand même ? Il y a des fois où je ne la comprenais vraiment pas.

-Enfin, pour le moment, la priorité, c’est de vous ramener pour le diner, sinon j’en connais deux qui ne seront pas contents.

Elle nous empoigna tous les deux et nous tira de force vers la maison. Nous arrivâmes juste au moment où le diner commençait, ce qui nous évita un long sermon.

Le soir, j’essayai de contacter Nagisa, mais il n’y avait rien à faire, elle ne répondait pas. Laura n’avait pas plus de succès que moi. Le téléphone sonnait dans le vide, et nos messages restaient sans réponse.

Laura demanda également à Angéla si cette dernière avait des nouvelles des dragonns mais elle lui répondit par la négative. Il nous fallait donc éliminer cette option.

Pendant que je faisais mes devoirs, on frappa à ma porte. Je répondis et Laura se présenta.

-Que se passe-t-il ? Il y a un problème Laura ? Demandai-je en faisant tourner mon siège.

-Darksky, j’ai un mauvais pressentiment au sujet de Nagisa.

-Je sais bien que c’est inquiétant, mais que pouvons nous faire de plus que maintenant ? Elle ne répond pas aux messages et aux appels, nous ne pouvons qu’attendre.

-Je sais bien, mais c’est justement le fait d’être aussi impuissante que je ne supporte pas. Nagisa pourrait être en grand danger en ce moment même, nous ne le saurions même pas.

-Tu voudrais qu’on appelle directement chez elle peut-être ?

-Pourquoi pas ! Il y aura forcément quelqu’un chez elle qui pourra nous répondre, elle ne vit pas seule à ce que je sache.

-Euh…en fait, je n’en sais rien du tout ; avouai-je. Je sais vraiment très peu de choses sur elle.

J’attrapai un annuaire téléphonique et je cherchai l’adresse de notre amie. Je la trouvai assez rapidement, ainsi que le numéro de son domicile. Le téléphone sonna, un coup, dix coups, une minute, un répondeur.

-Rien, silence radio chez elle aussi. Nous n’avons vraiment pas d’autre choix que d’attendre. Je te promets que demain nous passerons chez elle.

-A la première heure ? Avant les cours ?

-Evidemment…Qu…Quoi ? Avant les cours ? Tu ne crois pas qu’on commence déjà assez tôt le matin ? M’exclamai-je.

-Tu te lèveras pour arriver à l’heure pour une fois au moins ; rétorqua-t-elle l’œil brillant. Aller, bonne nuit !

Avant même que je n’aie pu répondre quoique ce soit, elle avait déjà claqué la porte. J’avais vraiment un drôle d’entourage, pensai-je. Entre Saya, Laura et Miyako, mes journées n’était vraiment pas de tout repos…

Le lendemain, je faillis faire une crise cardiaque en me levant lorsque j’entendis pas moins de cinq réveils sonner à six heures trente du matin, le tout dans un vacarme assourdissant.

Je me dépêchai d’éteindre ces engins infernaux tout en m’apprêtant à aller dire deux mots à Laura. Cependant je n’étais pas au bout de mes surprises. Lorsque j’ouvris la porte, je vis cette dernière juste derrière et je fis un bond de trois mètres en arrière.

-Tiens, déjà réveillé ? C’est rare que tu sois aussi matinal ; déclara-t-elle joyeusement.

-Laura, c’est toi qui as mis tous ces trucs dans ma chambre ! M’écriai-je en montrant les réveils.

-Ah non, c’est une idée de ta sœur, elle m’a assurée que tu serais à l’heure avec ça.

-J’aurais du m’en douter ; soupirai-je.

-Bref, habille-toi, on n’a pas de temps à perdre !

Elle me lança mes vêtements que j’attrapai maladroitement et dix minutes plus tard, j’étais dans la cuisine avec Arnold, surpris de me voir au petit déjeuner.

-Vous n’avez pas bien dormi monsieur Darksky pour être aussi matinal ? Même mademoiselle Laura n’est pas encore là.

-Non, non, ce n’est rien ; ronchonnai-je en trempant ma tartine dans le lait.

Laura arriva quelques minutes plus tard, les cheveux trempés. Je comprenais maintenant comment elle faisait pour avoir le temps de prendre sa douche tous les matins avant les cours si elle se levait aussi tôt.

Marie et Grand mère arrivèrent au moment où nous allions partir et ma sœur ne manqua pas une occasion de me lancer une petite pique.

-On dirait que pour une fois, le réveil a été efficace ; dit-elle avec un sourire malicieux.

-Toi, tu n’as pas intérêt à ce que je te croise dans l’école ; répliquai-je.

Nous partîmes donc de bonne heure de la maison. C’était bien la première fois que je prenais le temps de regarder le chemin de l’école le matin et je fus très surpris du calme qui se dégageait de la ville.

Il n’était que sept heures du matin, le soleil ne s’était même pas encore levé et il y avait peu de monde dans les rues. Les premiers oiseaux se réveillaient tandis qu’au loin résonnait le bruit des quelques voitures parcourant les rues.

Laura s’arrêta devant le par cet prit une bonne bouffée d’air.

-J’ai toujours aimé la rosée du matin dans ce parc ; déclara-t-elle soudain. Les senteurs sont différentes à ces heures.

-Tu arrives vraiment à faire la différence ? Je ne sens rien de particulier.

-Quel dommage, tu rates quelque chose !

Je tentais de voir de quoi elle parlait mais il n’y avait rien à faire et j’abandonnai. Je n’avais jamais eu l’odorat très développé ceci dit.

Après cette courte pause, nous reprîmes notre route en direction de la maison de Nagisa. Elle habitait vraiment à l’autre bout de la ville. Tandis que nous étions plus proches de la forêt qui bordait la ville, Nagisa habitait plus près de l’océan.

Je descendais rarement à la plage, d’autant plus qu’il ne faisait jamais bien chaud dans la ville et Laura prit le relais pour nous guider lorsque nous arrivâmes au bord de mer.

L’eau était magnifique en cette heure matinale, scintillante sous le ciel rosé de l’aurore. Au loin se dressait la falaise, mystérieuse ombre menaçante dans ce paysage magique, semblant veiller sur les flots de sa hauteur. On aurait vraiment dit un aigle volant au dessus de l’océan.

Nous longeâmes encore un peu la côte avant de nous enfoncer à nouveau dans la ville. C’était un quartier assez résidentiel : la rue serpentait entre les maisons basses et colorées entourées de petits jardins à l’américaine. Evidemment, cela n’avait rien à voir avec notre manoir, mais vivre ici ne devait pas être désagréable. Il n’y avait pas une voiture dans la rue, tout était paisible. C’était dans ce genre de moment que j’aimais la vie dans cette ville où il ne se passait jamais rien, où l’on n’était dérangé que par son voisin qui passait la tondeuse, où tout le monde se connaissait, contrairement aux grandes villes, bien plus anonymes, polluées et où tous les habitants sont stressés du matin au soir. Comment Angéla supportait-elle cela ?

Nous arrivâmes devant la demeure de Nagisa. La maison comportait un seul étage comme toutes les autres dans cette rue, les murs étaient faits de pierre grise et dans le jardin s’épanouissaient des fleurs de toutes les couleurs, donnant une touche de gaité dans cette succession de bâtisses identiques.

Laura sonna mais personne ne répondit dans un premier temps. Je lui proposais de partir et de repasser plus tard mais elle s’obstina et sonna une seconde fois.

-Allons Laura, elle doit dormir ou bien il n’y a personne tout simplement, tu perds ton temps et tu déranges tout le voisinage.

-Attends un peu, elle finira bien par ouvrir, elle est forcément là !

-Si jamais quelqu’un vient se plaindre pour tapage matinal, tu seras la seule responsable ; déclarai-je en haussant les épaules.

Alors qu’elle s’apprêtait à sonner une troisième fois, un bruit de verrou qu’on ouvre se fit entendre de l’autre côté et la porte s’ouvrit sur un grand homme chauve, l’air peu amical.

-J’espère que vous avez une bonne raison pour déranger les gens à une heure pareille ! S’exclama-t-il ronchon.

-Voilà, je m’appelle Laura, et voici Darksky, nous sommes des amis de Nagisa et…

Son visage s’assombrit soudainement lorsque Laura prononça son nom. Il regarda de tous les côtés puis nous fit signe d’entrer sans faire de bruit. Nous nous exécutâmes sans vraiment comprendre.

L’intérieur de la maison était vraiment très sombre. Une petite table dans la salle à manger recouverte d’une nappe grise semblait être le seul meuble se démarquant des murs par les fleurs posées dessus.

Le vieil homme prit une chaise, s’assit et alluma une cigarette.

-Cette petite me cause bien des soucis ; soupira-t-il d’un ton las.

-Vous parlez d’elle comme si elle n’était pas votre fille ; fit remarquer Laura.

-Elle ne l’est pas.

-Comment cela ? Nagisa n’est pas votre fille ? S’exclama-t-elle.

-Je suis son oncle, Fukuhara Ushio. Nagisa n’a plus de parent alors je m’occupe d’elle en attendant qu’elle puisse se débrouiller seule, je dois bien ça à mon frère ; dit-il tristement. Nagisa ne vous l’avait jamais dit ?

-Elle ne parle que très rarement d’elle-même ; déclarai-je.

-Oh, je pensais vraiment que vous saviez ; répondit-il l’air déçu. Mais si elle ne vous a rien dit sur elle, ce n’est pas à moi d’en parler…Nagisa doit être dans sa chambre, je vais lui dire que vous êtes venus, ça lui fera plaisir je pense.

Le vieil homme se leva et monta à l’étage en nous laissant seuls dans la pièce. Un silence pesant s’installa alors. Nous n’avions aucune idée de ce que Nagisa avait vécu et apprendre qu’elle avait perdu ses parents était un sacré choc. Nous pensions qu’elle avait échappé aux horreurs de la guerre contre le dragon mais non. Miyako m’avait prévenu pourtant, mais je ne voulais pas y croire, je ne pouvais pas y croire. Comment penser que derrière un visage si joyeux chaque jour pouvait se cacher un passé aussi lourd ? Les apparences pouvaient se révéler bien trompeuses parfois…

L’oncle de Nagisa redescendit seul, l’air désolé.

-Il semblerait qu’elle dorme ou qu’elle me boude encore. Cela fait deux jours qu’elle ne sort plus de sa chambre… Quoiqu’il en soit, je ne sais pas quand elle ira mieux et quand elle pourra revenir. C’est pas de chance, vous qui avez fait tout ce chemin simplement pour la voir ; dit-il embêté.

-Ce n’est rien, nous repasserons un autre jour ; dit Laura.

Nous prîmes donc le chemin de l’école sans avoir eu plus d’information. Je voyais bien que Laura était frustrée mais nous ne pouvions rien y faire.

La journée se passa sans événement particulièrement passionnant et nous nous réunîmes tous le soir au club, sans Nagisa.

Miyako se chargea d’animer un peu en tentant de nous apprendre quelques stratégies, mais Alan ne cessait de sortir des anecdotes sur la résistance à chacun de ses mots, si bien qu’elle finit par abandonner et nous laissa nous débrouiller seuls, prétendant avoir du travail à faire.

Nos activités cessèrent donc bien plus tôt que d’habitude et Saya nous invita donc à l’accompagner au parc. Cependant, une fois arrivée, elle ne prit pas directement le chemin du stade mais s’arrêta au milieu de la route et nous fit face, l’air sérieux, les mains sur les hanches.

-Bon, vous deux, je sais que vous êtes allés voir Nagisa ce matin mais vous n’en avez parlé à personne ! Je peux savoir pourquoi ? Vous n’avez pas réussi à la voir c’est ça ?

-Oui et non ; hésitai-je. Nous avons vu son oncle mais…

-Tu devrais venir avec nous la prochaine fois Saya ; m’interrompit Laura.

-Pourquoi cela ? Vous ne pouvez pas vous passer de moi c’est ça ?

-Non, mais plus elle verra qu’on est nombreux, plus on aura de chance de la faire sortir.

-Je veux bien moi, mais il faudrait m’expliquer un peu mieux de quoi il retourne, sinon, je risque de ne pas être très utile !

-Je pense qu’elle t’expliquera mieux que nous vu que nous n’avons pas tout compris non plus ; dis-je.

-Bien, et quand comptez vous retourner chez elle alors ?

-Euh…Nous n’y avons pas encore réfléchi ; avouai-je.

-Bon, que diriez vous de passer maintenant alors !

-Maintenant ? Deux fois en un seul jour, ça ne ressemble pas à du harcèlement ? Demanda Laura.

-Si, et alors ?

-Tu es vraiment sans gêne ; soupirai-je. Mais tu as peut-être raison après tout.

Saya afficha un grand sourire et nous repartîmes donc pour la maison de Nagisa. Nous fîmes exactement le même chemin que le matin et nous arrivâmes donc assez vite chez elle.

Alors que Saya allait sonner, la porte s’ouvrit et l’oncle de Nagisa apparut.

-Oh, c’est encore vous, je me doutais bien que vous repasseriez.

-Oui, est-ce que Nagisa a fait signe de vie ? Demanda Laura.

-Oui, elle est descendue prendre son déjeuner, j’allais sortir faire quelques courses, mais je vais la prévenir que vous êtes revenus pour elle. Suivez-moi.

Nous entrâmes à l’intérieur et le vieil homme nous conduisit jusqu’au salon d’où nous provenait un bruit de télévision. Il s’arrêta et appela notre amie qui ne répondit pas. Mais il ne faisait aucun doute qu’elle était présente dans la pièce, cachée par le grand fauteuil dans lequel elle était certainement assise. Son oncle soupira puis nous laissa tous les trois avec la télévision et Nagisa.

Personne n’osait prononcer un mot, même Saya se taisait pour une fois. La tension était palpable. Nous attendions que Nagisa parle la première pour s’expliquer. Laura, après deux minutes de silence en ayant assez d’attendre, prit la parole.

-C’est nous ; dit-elle d’une voix tendre. Nous sommes venus…

-Je sais très bien ce que vous êtes venus faire ici ; répondit une voix éraillée, mais je vais très bien, merci, vous pouvez repartir d’où vous venez.

-Allons Nagisa, tout le monde s’inquiète pour toi ! Continua Saya. Tu ne donnes plus aucun signe de vie, tu ne peux pas abandonner le club comme ça !

La télévision s’éteignit et j’entendis des bruits de pas. Un instant plus tard, Nagisa nous faisait face, mais elle était en tout point différente à d’habitude. Elle n’affichait plus ce sourire joyeux qu’elle arborait si souvent, son visage était blême et sans expression, ses yeux semblaient dénués de vie et ses joues étaient creuses. Ses cheveux, d’ordinaire si soignés, partaient dans tous les sens, comme si elle ne s’occupait plus d’elle-même. Saya poussa un petit cri de surprise en la voyant et Laura recula instinctivement.

L’ombre de la jeune fille nous regarda un par un, sans que son regard ne se rallume pour autant.

-Que t’arrive-t-il Nagisa ? Demandai-je prudemment.

-Il ne m’arrive rien, je suis simplement moi-même ; répondit-elle sans conviction.

-Qu’est-ce que tu racontes ? Tu n’es pas comme ça Nagisa ; reprit Laura.

-Que connaissez-vous de moi ? Pourquoi la Nagisa que vous connaissez serait la vraie Nagisa ? Je suis certaine que vous ne saviez même pas que je vivais chez mon oncle avant de venir ici.

-Parce que tu ne nous l’as jamais dit ! Protesta Saya.

-Parce que cela ne regarde que moi, et de toute façon, qui s’intéresserait à ce qu’une minable comme moi a vécu ?

-Arrête de délirer Nagisa, si tu as des problèmes, tu peux nous en parler, nous sommes tes amis oui ou non ? S’exclama Laura.

-Vous voulez vraiment le savoir ? Vous pensez pouvoir me regarder encore de la même façon si je vous dit toute la vérité ?

J’acquiesçais fermement, et mes deux amies firent de même.

-Je parie tout ce que vous voulez que vous ne pourrez pas tenir cette promesse, mais soit, vous allez enfin connaître Fukuhara Nagisa telle qu’elle est vraiment : une bonne à rien…


-Ne parle pas de toi comme ça Nagisa, tu sais faire énormément de choses ! Répliqua Laura. Tu as récréé le club de duel, ce que peu de gens auraient eu le courage de faire !

-Si Miyako n’avait pas été là, jamais ce club n’aurait pu renaitre… Je ne suis qu’un fardeau partout où je vais, pour mon oncle, pour le club de duel, pour mes parents…

-Tu…

-C’est assez Laura, tant que vous ne connaitrez pas la vérité, vous ne pourrez pas me juger telle que je suis.

Nagisa prit une grande inspiration, puis, après nous avoir regardé droit dans les yeux, commença son récit.

« Je n’ai pas toujours vécu dans cette ville avec mon oncle. Autrefois, j’habitais dans un petit village de campagne avec mes parents et mon frère. Nous avions une vie tranquille. Ce n’était peut-être pas drôle tous les jours, mais je savais encore qui j’étais à cette époque : une simple collégienne s’apprêtant à entrer au lycée. Mais voilà, la guerre a éclaté. Notre village a été rayé de la carte par les serviteurs du dragon. Nous nous en sommes sortis par la force du destin, mais nous n’avions plus de toit, plus d’ami, et nous sommes donc partis. Mon père savait que son frère l’accueillerait volontiers et nous avons pris les routes avec un vieil homme du village.

Cependant, ces monstres ne nous laissaient pas de répit. Ils nous poursuivaient sans relâche. Nous ne pouvions pas prendre le risque de nous arrêter en ville pour demander de l’aide ou même rester plus de deux jours à un même endroit sous peine d’être découverts. »

Laura tressaillit. Je comprenais ce qu’elle pouvait ressentir, elle avait vécu exactement la même chose avant d’être au service de Shadow et de pourchasser elle-même ses ennemis. Peut-être que Nagisa faisait partie de ces personnes…

« Ce fut un voyage long et pénible, sans même voir une seule fois le soleil, il n’y avait que l’obscurité qui nous encerclait. Mon père fut le premier à disparaître en essayant de me protéger, puis vint le tour de ma mère qui tentait de regagner les villes. Mon frère y passa également. Nous n’étions plus que deux, le vieil homme et moi lorsque nous sommes arrivés dans cette ville. »

Nous nous attendions à ce que Nagisa continue son récit, mais elle s’arrêta là et nous dévisagea, observant nos réactions, toujours sans exprimer quoique ce soit.

Laura fut la première à oser prendre la parole.

-Nagisa…Tu dis cela avec tant de détachement…

-Cela fait bien longtemps que j’ai arrêté de pleurer la disparition, cela ne les ramènera pas.

-Je le sais bien, mais comment peux-tu en parler comme si de rien n’était ! C’était ta famille, tu n’as même pas un pincement au cœur en pensant à eux ? En pensant que tu ne les reverras jamais ?

-Je n’ai pas eu le droit de les regretter si je voulais survivre. Je devais avancer, quoiqu’il m’en coutât.

Laura écarquilla les yeux.

-Voilà donc la vraie Nagisa, celle qui a laissé ses proches mourir pour elle, celle qui ne les a jamais remercié d’avoir pu rester en vie grâce au eux, celle qui a perdu jusqu’à son vrai sourire pendant la guerre, celle qui aujourd’hui n’est plus qu’une coquille vide, un corps sans âme, sans beauté, sans émotion. Je ne suis que l’ombre de celle que j’étais autrefois.

Laura l’attrapa par le col de sa chemise et la souleva de quelques centimètres, le regard comme fou.

-Non Nagisa, tu n’as pas le droit de dire cela ! Pas après tout ce que les autres ont donné pour toi ! Tu dis que ta vie n’a plus de sens ? Regarde simplement autour de toi ! Si tu n’étais qu’une ombre parmi d’autres, que ferions-nous ici ?

-Laura, calme toi, je pense qu’elle a ses raisons et que…

-Non Saya, je ne laisserai pas Nagisa se dénigrer ainsi ! Pourquoi penses-tu que tu es encore en vie aujourd’hui ? Tes parents se seraient-ils sacrifiés pour une ombre, seraient-ils morts pour rien ? Tu as le devoir de leur faire honneur, pour que tout ce qu’ils ont fait ne soit pas vain ! Tu n’as pas le droit de salir leur mémoire comme ça, Nagisa !

-Penses-tu être la mieux placée pour me dire ce que je dois faire Laura ? Combien de fois as-tu pensé à ta famille durant ton périple ? Une fois ? Peut-être deux ?

-Co…Comment sais-tu cela ? S’étrangla Laura en lâchant Nagisa et en reculant d’un pas, les yeux ronds.

-Tu dis que je salis la mémoire de mes parents, mais toi Laura, tu ne vaut pas mieux que moi. Nous sommes tous les mêmes depuis la guerre.

Laura serra le poing. Je crus vraiment qu’elle allait exploser et laisser libre cours à son pouvoir, mais au lieu de ça, elle tourna simplement les talons et partit sans dire un mot de plus.

-Tu n’étais pas obligée d’aller aussi loin Nagisa ! Protesta Saya. Nous ne voulons que t’aider !

-Il est inutile de vouloir me sauver, tout est déjà terminé pour moi. Dites à Miyako de prendre ma place, je ne reviendrai plus. C’est maintenant à elle de voir si le club doit mourir avec ma disparition ou non. Ceci est un adieu.

-Très bien, débrouille-toi toute seule si tu ne veux pas de notre aide ! Mais ne viens pas pleurer lorsque tu auras besoin de nous ! Darksky, on y va.

Saya m’agrippa par la manche et me tira à l’extérieur. Je me retournai une dernière fois et je croisai le regard de Nagisa, toujours aussi inexpressif puis elle disparut à l’étage. Une fois sur le pas de la porte, je vis Laura assise sur le bord du trottoir, la tête dans les bras.

-Darksky, tu le penses aussi, que je ne fais pas honneur à mes parents ? Que je salis leur mémoire ?

-Laura, ce n’est pas la question ; répondis-je doucement. Ton père ne t’a pas vraiment laissé le choix et tu as su l’arrêter au bon moment.

-Oui, mais je l’ai renié ensuite et depuis que je sais qu’il est vivant, je ne sais même plus quoi faire…Pourquoi ne vient-il pas me voir ? Pourquoi ne suis-je pas heureuse ?

-Tu sais, il y a une grande différence entre Nagisa et toi : tu sais encore distinguer passé et présent, là où Nagisa ne peut plus faire la distinction, où moments heureux et malheureux se mélangent dans son esprit.

-Excusez-moi, avez-vous parlé de Nagisa ?

Nous tournâmes la tête vers la personne qui venait de dire cela et nous nous retrouvâmes face à face avec un vieil homme, rabougri, moustachu, chauve, portant un grand chapeau noir et une canne à la main.

-Oui, vous la connaissez monsieur ? Demanda Saya.

-Un peu que je la connais ! Nous avons traversé monts et marées ensemble, avec ses parents ! Vous êtes ses amis ?

-Oui, nous sommes dans le même club de duel qu’elle ; répondis-je. Je suis Darksky, et voilà Laura et Saya.

-Oh, elle a finalement eu le courage de se lancer, c’est bien, elle va s’ouvrir un petit peu j’espère. Elle en parlait souvent mais je ne pensais pas qu’elle aurait le courage de commencer. Vous savez, elle est comme une fleur fanée par le gel, elle a juste besoin d’un peu de soleil pour s’épanouir à nouveau.

-Je crois qu’elle vient de rejeter ce soleil justement ; marmonna Saya.

-Que voulez-vous dire ?

-Elle vient de nous lancer qu’elle abandonnait le club de duel et qu’il ne tenait qu’à nous de le faire survivre après elle et…

Le vieil homme se raidit subitement et lâcha sa canne.

-Oh non, par pitié, pas encore…murmura-t-il.

-Il y a un problème monsieur ? Demanda Laura.

-Nagisa est en grand danger !

Sans attendre une seconde de plus, le vieil homme se précipita à l’intérieur de la maison et commença à appeler notre amie de toutes ses forces mais personne ne lui répondit. Nous entrâmes à sa suite et nous vîmes sont regard paniqué qui scrutait chaque recoin de la maison.

-Où est-elle bon sang ; cracha-t-il.

-Je crois qu’elle est montée dans sa chambre mais…

-Dans sa chambre ? S’exclama-t-il presque sans voix.

Les yeux de l’homme sortaient de ses orbites et il était livide. De la sueur perlait sur son visage, comme s’il avait réellement peur de quelque chose.

Il se précipita à l’étage, montant les escaliers quatre par quatre et nous à sa suite. La chambre de Nagisa se trouvait juste devant les escaliers et la porte semblait fermée à clé. Le vieil homme tambourinait sur cette dernière en criant le nom de notre amie.

-Vous allez finir par briser la porte si vous continuez ; hasarda Saya.

-C’est mon but ; répliqua-t-il en tremblant et en frappant de plus belle.

-Mais que se passe-t-il à la fin ? Finis-je par demander en prenant l’homme par l’épaule.

-Nagisa a dit que le club disparaitrait avec elle d’après vous, vous ne comprenez vraiment pas ce que cela signifie ? Rétorqua-t-il presque à bout de souffle.

Je réalisai tout à coup pourquoi l’homme semblait si effrayé et je me mis à trembler à mon tour. J’espérai sincèrement me tromper mais Saya et Laura étaient devenues blanches à leur tour. Comment n’avions-nous pas compris cela plus tôt ? L’attitude étrange de Nagisa, son discours sans vie et son message caché, tout était pourtant si clair !

La porte céda finalement sous les coups du vieil homme et il se précipita à l’intérieur sans perdre une seconde.

Ce que je vis me sidéra, Nagisa était assise sur son lit, une paire de ciseaux à la main, dirigée vers son avant bras posé sur sa table de chevet, des larmes aux yeux.

Sans même qu’elle n’ait eu le temps de réagir à notre arrivée, Laura se jeta sur elle avec un bond surhumain et la plaqua sur son lit de telle façon à ce qu’elle ne puisse rien faire.

-Lau…Laura ? Darksky, Saya ? Mais…que faites-vous ici ? Je pensais que vous ne vouliez plus entendre parler de moi ! Alors que faites-vous encore chez moi ? S’exclama Nagisa déboussolée.

-Mais es-tu devenue complètement folle ?! S’écria Laura en lui arrachant les ciseaux qui tombèrent au sol en se plantant dans le parquet. Te suicider, voilà comment tu remercies tes parents ?

-Tais-toi Laura, ma vie m’appartient, si je veux y mettre fin, c’est mon droit le plus légitime !

-Non, personne n’a droit de vie et de mort, pas même sur soi-même et encore moins quand d’autres ont disparu pour préserver cette vie !

-Mon âme est déjà morte durant la guerre, je ne fais que terminer le travail ! Mes parents ont cru me sauver, mais il était déjà trop tard !

-Non, tu ne fais que fuir la réalité Nagisa, cela ne résoudra rien !

Nagisa arrêta soudainement de se débattre et de nouvelles larmes virent mouiller son visage.

-Fuir…tu as tout compris Laura, je ne fais que fuir depuis des années car c’est la seule solution. En fuyant ce monde, je mettrai fin à des souffrances plus grandes encore. Toute ma vie j’ai fui ce qui me dérangeait par peur de l’affronter…Cet acte devait être la dernière de mes fuites…

-Tout cela est ridicule Nagisa, on ne résout pas un problème en s’enfuyant. En mettant fin à ta vie, tu penses que tu mettras fin à tes souffrances, mais tu en causeras à d’autres…

-Qui souffrirait de ma mort ? Je n’ai plus personne…

-Et le club de duel, Darksky, Miyako, Saya et moi ? Et ton oncle ? Et ce type là-bas ?

-Je vous ai déjà causé assez de soucis, ma disparition ne fera que vous libérer de vos tourments…

-Tu te trompes, si tu venais à disparaître ainsi, alors à quoi aurait servi notre rencontre ? Pourquoi tes parents se seraient-ils sacrifiés ? Pourquoi aurais-tu vécu ?

-Je ne peux décidément rien faire sans que quelqu’un ne souffre ; dit Nagisa avec un sourire triste. Partout où je vais, je sème malheur et désolation…

Le vieil homme s’avança alors et le visage de la jeune fille se tourna vers lui, surpris.

-Vous…vous êtes revenus ? Déclara-t-elle d’une voix à peine audible.

-Tu sais Nagisa, avant de mourir, ton père m’a dit quelque chose, et je crois qu’il est temps que tu l’entendes.

-Qu’a-t-il bien pu dire ?…

-« Ne regrette pas ce qui est arrivé. Je n’aurais pu espérer une plus belle mort que celle-ci. Je sais que grâce à moi, tu vivras et c’est tout ce qui m’importe. Tu es notre trésor Nagisa. Toi et ton frère, vous êtes ce qu’il y a de plus précieux à nos yeux. Tant que vous vivrez, notre mémoire vivra avec vous et vous accompagnera, alors je fais le vœu que vous sortirez vivant de cette épreuve pour que notre mémoire vive encore longtemps avec vous. », Voilà les derniers mots de ton père. Il m’avait fait promettre de ne te les rapporter que longtemps après notre périple, pour ne pas que tu culpabilises, car il savait que tu t’en voudrais, c’est pourquoi j’ai attendu, mais peut-être un peu trop longtemps malheureusement…

-Mon…mon père a vraiment dit cela ?

-Evidemment, je ne l’ai pas inventé, tu sais que ce n’est pas mon genre.

-Un trésor, moi ? Il pensait vraiment cela…

-Nagisa, comment veux-tu qu’il pense autre chose ? Continua le vieil homme. S’il ne t’aimait pas, pourquoi t’aurait-il sauvée ? Pourquoi aurait-il même pris la peine de se mettre en danger en vous emmenant avec lui alors qu’il aurait pu se sauver seul ? Simplement parce qu’il t’aimait plus que tout, toi, ton frère et ta mère. Il t’a donné la vie et il a tout fait pour la préserver, ne gâche pas tout maintenant Nagisa !

-Vous…vous tenez vraiment à moi, même en sachant le fardeau que j’ai été pour tout le monde ? Dit Nagisa entre deux sanglots.

-Evidemment, tu es la présidente du club de duel, sans toi, nous n’aurions jamais pu rencontrer Miyako et vivre autant de choses; déclara Laura en relâchant son emprise.

-Et puis, même si parfois tu es un peu casse-pieds à être toujours en retard, tu restes une amie précieuse ; compléta Saya. Je suis sûre que Miyako te dirait la même chose…ou pas d’ailleurs la connaissant, mais tu comprends l’idée je pense.

-Nagisa, sache que ce début d’année en ta compagnie a été l’une des meilleures choses qui me soit arrivé depuis bien longtemps ; terminai-je.

Laura tendit une main chaleureuse à Nagisa pour l’aider à se relever. Elle nous regarda tous un par un, un peu inquiète, mais sur nos visages, il n’y avait que des sourires bienveillants et de l’amitié. Après quelques hésitations, elle finit par l’attraper et se relever, avec un timide sourire.

-Aujourd’hui est un nouveau départ pour toi Nagisa ! S’exclama Laura. Il est temps de vivre ta vie comme tu le souhaites !

-Mais avant cela, que dirais-tu d’aller rendre visite à ta famille ? Proposa l’homme.

-Je…Je peux vraiment ? Suis-je digne d’aller les revoir une dernière fois ? Demanda-t-elle peu assurée.

-Pourquoi donc une dernière fois ? Rien ne t’empêche d’y aller à présent à ce que je sache.

Nagisa acquiesça joyeusement, retrouvant son sourire avec lequel nous l’avions toujours connue, le sourire de la véritable Nagisa, un sourire rayonnant comme le soleil pouvant faire fleurir n’importe quelle fleur, aussi fanée soit-elle.





Nagisa : Au loin se trouve l’espoir



Spoiler :


Prologue


Je contemple le plafond craquelé de ma chambre, repensant aux événements récents. Je n’aurais jamais pensé que Miyako finisse par accepter ainsi son passé. Je la pensais rigide comme l’acier, dotée d’une volonté inébranlable, mais à force de fuir son passé, elle avait finit par se blesser chaque fois qu’il la rattrapait.

Et moi alors ? N’avais-je pas fait la même chose durant ces trois semaines de désastre ? N’avais-je pas fait même pire, fuyant le présent ? Je refusais de voir la réalité telle qu’elle était, si bien que je m’étais enfermée dans une utopie, une illusion, mais lorsqu’elle s’est brisée, j’en ai ressenti l’onde de choc comme une déferlante, emportant tout avec elle, mes espoirs, mes rêves, ma maison et même mes proches…Aurais-je du rester ? Aurais-je du combattre avec eux plutôt que de m’enfuir et sauver ma peau ? Pourquoi avais-je survécu et eux non ? Pourquoi avais-je eu ce droit, moi qui n’étais qu’un fardeau ?

J’étais faible, je n’ai rien pu faire durant la guerre. Je n’ai cessé de me reposer sur mes proches, mes amis et même sur des inconnus. Tous ces gens m’ayant sauvé la vie, sont-ils eux-mêmes encore vivants aujourd’hui ?

Je sais bien que beaucoup ne sont plus de ce monde, ayant donné leur vie pour un monde meilleur, mais pour d’autres, le mystère reste entier, et cela, je ne peux le supporter. Rester dans l’ignorance sans jamais pouvoir découvrir la vérité, voilà un bien cruel supplice pour me punir d’être rester sur cette terre.

Mais il faut dire qu’avant toute cette histoire, je n’étais qu’une fille normale, bien qu’un peu faible, vivant dans un petit village comportant à peine cent habitants et perdu en pleine campagne. J’avais une vie tranquille, mes parents étaient boulangers, mon frère, Tomoya, venait à peine de finir ses études, depuis moins d’un an, et s’apprêtait à partir vers la ville. Quant à moi, j’étais en troisième, me préparant à passer mon brevet à la fin de l’année.

A l’école, je n’avais que peu de vrais amis. La plupart de ceux que je connaissais étaient déjà parti vers la ville en vue d’obtenir un bon lycée. Mais mes parents étaient trop attachés à notre village pour le quitter. Le résultat est que je passais la plupart de mon temps libre à flâner à travers champs, discuter avec les habitants ou simplement m’asseoir sur la place du village et profiter du soleil.

Mais cette routine fut brisée le jour où ce même soleil se coucha pour ne plus se lever…



Fukuhara Nagisa : Crépuscule



Spoiler :


Je fus réveillée par un bruit de moteur très désagréable. J’entrouvris un œil, puis l’autre avant de me souvenir que je m’étais endormie sur l’un des bancs du seul parc du village. Il faut dire qu’il faisait si beau ce jour là que je n’avais pas pu résister au sommeil, d’autant plus que l’endroit était très agréable à la fin du printemps. C’est pourquoi, être dérangée dans un moment comme celui là n’était que très peu appréciable.

Je fis donc les gros yeux à mon frère qui se tenait devant moi sur sa moto mais il n’eut pas l’air de se sentir coupable le moins du monde.

-Nagisa, il se fait tard, ce n’est pas prudent de trainer dans les rues à cette heure là.

-Je te signale que nous sommes dans un village de cent personnes, des vieux pour la plupart, et nous connaissons tout le monde, donc je ne vois pas en quoi ça serait dangereux Tomoya.

-Ne viens surtout pas te plaindre le jour où un fou passera dans le coin ; dit-il en me lançant un casque.

Je l’attrapai maladroitement tout en continuant à dévisager mon frère comme s’il était une bête étrange. Il n’avait pas du tout la même conception de la vie que moi. Il prenait toujours tout au premier degré, s’inquiétait de tout, allant parfois même jusqu’à prévoir des plans C au cas où son plan B ne marcherait pas. Mais moi je préférai largement prendre la vie comme elle se présentait. Je n’aimais pas ressentir la pression sur mes épaules, je voulais simplement vivre la vie la plus tranquille possible dans ce village.

Je me levai et lui rendis son casque en soupirant.

-Tu sais que la maison est à peine à cinq minutes d’ici ? Je ne sais pas pour toi, mais je vais profiter des derniers rayons du jour, on se retrouve ce soir.

Avant qu’il n’ait eu le temps de protester, j’étais déjà partie. Pourquoi toujours vouloir faire les choses aussi vite ? Mon père et ma mère étaient pareils au passage, toujours à vouloir que les choses tournent le plus rapidement possible. Le matin, lever à six heures pour préparer un maximum de pain puis dans la journée, durant les heures creuses, faire les courses, le ménage, la cuisine pour le soir, tout cela dans un laps de temps très réduit.

Je remontai la grande rue, observant les commerces s’apprêtant à fermer, saluant les voisins et écoutant le calme. J’étais bien heureuse de vivre ici et non dans une grande ville comme l’avaient décidé la plupart de mes amis. Ils aimaient peut-être bien le bruit, la pollution et l’anonymat, mais je préférais largement ma vie actuelle et je ne l’aurais échangé contre rien au monde.

J’arrivai devant la porte de chez moi après une trop courte ballade et je vis la moto de Tomoya déjà garée devant. Pourquoi me disait-il d’être prudente alors que lui même laissait son véhicule sans protection ?

En entrant, je me heurtai à un client – notre maison se trouvait au dessus de la boulangerie – que je n’appréciais pas particulièrement. C’était un vieil homme grincheux aux cheveux blancs comme neige, portant presque toujours un grand manteau noir, hiver comme été, et un chapeau qu’il n’enlevait jamais. Chaque fois qu’il venait, il proférait des menaces concernant la fin du monde et de notre société. Mes parents l’écoutaient pour lui faire plaisir, mais il nous faisait doucement rire, Tomoya et moi. Nous l’avions même surnommé le « vieux schnoque » comme nous ne connaissions même pas son nom.

Ce type était un mystère pour le village. Personne ne se souvenait de quand il était arrivé ni même ne savait s’il y était né, mais tout le monde le connaissait depuis toujours.

-Vous allez voir, très bientôt le voile des ténèbres recouvrira ce monde, le seigneur des ténèbres ne fera qu’une bouchée de vous et vous verrez à quel point ce en quoi vous croyiez, l’argent, la gloire et l’honneur, était futile ! Lançait-il de sa voix de crécelle.

-Monsieur, n’être vous pas un peu pessimiste ? L’interrogea ma mère faisant semblant de s’intéresser encore à ses propos. Je veux dire, pourquoi ne pourrions nous pas faire face à une menace imminente ?

-Ah, vous pensez que vos armes si évoluées pourront combattre le dragon ? Vous vous mettez le doigt dans l’œil ma p’tite dame ! Je peux vous assurez que…

-Excusez-moi, mais nous allons fermer ; l’interrompit mon père qui venait d’arriver.

-Ne venez pas vous plaindre lorsque vous n’aurez plus rien d’autre que vos yeux pour pleurer ! S’exclama-t-il avant de disparaître au coin de la rue.

Une fois que nous fûmes sûrs qu’ils ne pouvaient plus nous entendre, nous éclatâmes de rire. C’était la même chose à chaque fois, mieux valait en rire qu’en pleurer, au moins cela égayait nos journées.

Tomoya arriva quelques secondes plus tard, l’air de se demander pourquoi nous étions si joyeux avant de comprendre et il soupira en se prenant la tête dans les mains.

-Il n’a pas bientôt fini lui ? Dit-il d’un ton las.

-Je pense qu’il n’arrêtera jamais tant que sa fameuse catastrophe ne se sera pas produite ; répondit mon père tout en continuant à rire.

-J’en viendrai presque à souhaiter que cela arrive, au moins il ne nous embêtera plus avec ses histoires ; continuai-je tout aussi joyeuse.

Je ne pouvais pas le savoir à l’époque la portée de mes paroles. Il faut toujours se méfier de ce que l’on souhaite, car les vœux se réalisent plus souvent qu’on ne pourrait le penser…


Quelques jours plus tard à peine, nous vîmes à la télévision un reportage très spécial, montrant la capitale assiégée pas d’étranges hommes portant des capes rouges. Il n’y avait personne dans les rues, les bars étaient fermés, de même que les grands magasins. Paris était vraiment devenue une ville fantôme. On pouvait même ressentir la peur des habitants, la tension était palpable jusqu’ici.

Je regardai par la fenêtre. Dans notre village également il n’y avait personne. La soirée était bien plus sombre que d’habitude, bien plus froide, bien plus inquiétante. On n’entendait même pas les hurlements des chiens ni les feulements des chats sauvages. C’était comme si toute vie s’était éteinte.

Soudain, les plombs sautèrent et nous nous retrouvâmes dans le noir le plus total.

-Encore une panne d’électricité, le maire va m’entendre, c’est moi qui vous le dit ; râla mon père en sortant une lampe torche d’un placard et tenta de rétablir le courant par lui-même, sans succès. Il avait beau actionner tous les boutons, il ne se produisait même pas une étincelle. Cela eut pour effet de le mettre d’assez mauvaise humeur.

-Des incompétents je vous dis, je sens que le maire va avoir beaucoup à faire ce soir !

Il ouvrit la porte avec violence mais recula tout aussi vite lorsqu’il vit que quelqu’un se trouvait sur le seuil.

Il éclaira le visage de l’étrange personne, s’apprêtant à la faire partir à grand coup de pied au derrière mais failli tomber à la renverse en voyant de qui il s’agissait.

-Vous ? S’exclama mon frère. Si vous voulez savoir, non, nous ne sommes pas responsables de la panne d’électricité !

Ma mère, plus diplomate, et voyant le visage refrogné de l’homme, s’avança à son tour.

-Bonsoir monsieur, pouvons nous faire quelque chose pour vous ?

-P’être bien que oui, p’être bien que non. Si vous voulez râler contre le gouvernement, c’est inutile, la source est ailleurs ; déclara-t-il.

-C’est à dire ? Demanda mon père commençant à perdre patience.

-Le dragon, le dragon est la source, je vous avais dit que rien ne pouvait l’arrêter et que…

Mon père ne lui laissa pas le temps de terminer et, le poussant, se précipita dans les rues à l’assaut de la mairie.

Le vieil homme le regarda avec un regard de pitié.

-Il ne sait pas ce qu’il fait. Je reviendrai vous voir une autre fois ; termina-t-il avant de tourner le dos.

Ce type faisait vraiment froid dans le dos, surtout en pleine nuit, sans lumière et dans un village perdu au milieu de nulle part. Mais, étrangement, cette fois-ci, j’avais senti comme une vérité dans ses propos, comme si ce n’était pas simplement de la folie pure ou une vieille superstition.

Cependant, mes doutes s’évanouirent lorsque le courant revint quelques heures plus tard après une manifestation générale des habitants devant la mairie.

Les semaines passèrent, nous n’eûmes plus de nouvelle du vieux, il ne venait même plus acheter son pain et personne ne l’avait revu depuis la panne de courant. La rumeur disait même qu’il avait quitté le village pour de bon.

En temps normal, sa disparition ne m’aurait pas inquiétée plus que cela, mais je ne pouvais m’empêcher de repenser à cet étrange soir. Il semblait être le seul sachant vraiment ce qu’il s’était passé, même le maire ne comprenait pas ce qui avait pu causer cette panne de courant. Je n’arrivais plus à dormir sur mes deux oreilles depuis cet incident. Je savais qu’il se tramait quelque chose dans l’ombre, quelque chose de maléfique, dangereux, capable de changer ma vie à tout jamais, mais je ne pouvais rien faire pour l’en empêcher.

Mes parents et mon frère agissaient comme d’habitude, mais j’étais persuadée qu’eux aussi sentaient la déferlante arriver.

Les jours continuèrent à s’écouler sans que rien ne se passe et la coupe du monde de duel commença. Je n’avais jamais été passionnée par ce jeu contrairement à ma famille, si bien que je dus suivre avec eux l’avancée du tournoi. Au bout du troisième duel, je fus moi même surprise de m’intéresser au dénouement. Tous les participants étaient forts, presque même effrayant pour certains comme cette fille portant une cape noire, écrasant tous ses adversaires sans même un sourire, ou bien le leader de l’équipe d’Héliopolis, un certains Hélios habillé comme pour un carnaval.

Enfin vinrent les demi-finale, opposant l’équipe Anglaise à la fameuse équipe d’Héliopolis. Sayer venait de se faire écraser par la fille en noire et les deux capitaines allaient maintenant s’affronter.

Les échanges de coups étaient violents, aucun des deux ne voulait céder du terrain à l’autre. Puis vint enfin le moment où les deux adversaires étaient acculés au bord du gouffre. D’un côté, un immense dragon noir comme la nuit, et de l’autre, un serpent plus grand encore, comme les basilics des légendes. Les deux créatures semblaient si réelles que je vis certaines personnes du public paniquer et tenter de s’enfuir.

Les monstres passèrent à l’attaque et notre écran devint si éblouissant que nous ne pouvions plus regardez. Lorsque nous ouvrîmes les yeux à nouveau, la télévision était devenue noire et l’électricité venait encore de sauter. Mon père jura et repartit une nouvelle fois à la mairie pour protester. Mais cette fois-ci, la lumière ne revint pas. Le maire n’y était pour rien, tout avait sauté y compris à la mairie. Plus les heures passaient, plus le mécontentement grandissait et ce fut rapidement le chaos dans le village.

Moins d’une semaine après, il ne restait presque plus personne dans le village. Tout le monde était parti vers la ville en attendant que la panne soit résolue. Il ne restait plus que nous, le maire ainsi que quelques habitants ne possédant pas de voiture, blessées ou ne voulant tout simplement pas partir. Cependant, je compris, trop tard, que nous aurions du nous enfuir bien plus tôt…

C’était une journée ordinaire, sans électricité. Le soleil de midi brillait fort et j’avais trouvé refuge à l’ombre d’un arbre avec mon frère. Ma mère préparait le pain à l’ancienne avec un feu de bois de fortune tandis que mon père était avec le maire, essayant de trouver une solution quand soudain

Soudainement, l’obscurité se fit. Je levai la tête au ciel, contente d’avoir un peu d’ombre mais je fus refroidie très rapidement. Au dessus de nous planait une ombre inquiétante, sans forme réelle. C’était tout sauf un nuage d’orage et je commençai à paniquer. Je le savais ! Elle était là, la menace que je redoutais depuis ce jour…

Je pris mon frère par le bras malgré ses protestations et je me précipitai vers la maison. En passant sur la place publique, je vis tout le monde rassemblé et observant le ciel avec la même appréhension que moi. Je remarquai ma mère et mon père dans un coin et nous nous précipitâmes pour les rejoindre.

-Papa, Maman, qu’est-ce qu’il se passe ici ? Demanda mon frère peu rassuré.

-Je suis sûr que ce n’est rien les enfants, restez simplement avec nous et tout ira bien ; affirma mon père tout en tremblant, ce qui ne me rassurait pas le moins du monde.

L’ombre sinistre dans le ciel descendit lentement et prit forme. Des ailes sortirent de son corps de brume, puis deux pattes griffues, un coup et deux yeux rouges comme le sang. Le monstre devait bien mesurer plus de cinq mètres de long et nous dominait tous.

-Je suis Gariatron, Dragon originel des ténèbres, le voile qui va bientôt recouvrir votre misérable planète ; déclara l’ombre sinistre d’une voix plus grave que tout ce que j’avais pu entendre jusque là. Livrez moi le Phoenix immortel immédiatement ou vous subirez les foudres de ma colère !

Le Phoenix immortel ? Que voulait-il dire ? Les Phoenix n’existent pas d’un et de deux, même s’ils existaient, comment pourrait-il y en avoir un dans le village ?

Evidemment, personne ne répondit, tout le monde était bien trop effrayé pour oser demander ce que la créature voulait.

-Très bien, si vous ne me le donnez pas, je viendrai le prendre de force !

Un rugissement retentit et, sans aucune autre forme de procès, des boules de feu grosses comme des immeubles tombèrent du ciel. La panique s’empara des esprits et tous essayèrent de sauver leur peau. Mon père, dans la précipitation, nous entraina à sa suite vers la maison.

Mais, alors que nous avions presque atteint notre objectif, je reçus un éclat de pierre droit dans la jambe et je m’écroulai au sol.

-Nagisa ! Hurla mon père en s’arrêtant puis faisant demi-tour.

Je sentis le sol trembler sous moi et je levai la tête. Je fus pétrifiée instantanément. Une boule de feu fonçait droit sur moi, et sur mon père qui venait à ma rescousse.

-Va-t-en Papa ! Criai-je de toutes mes forces.

Il regarda à son tour vers le ciel et il accéléra le pas avant de m’attraper et de m’envelopper pour me protéger dans un effort désespéré.

C’était la fin, je sentais la chaleur insoutenable jusqu’ici. Aucun d’entre nous ne pouvait survivre à ça…


Je pensais réellement que je vivais mes derniers instants sur cette terre. Mon cœur battait plus vite qu’après un sprint sur deux-cents mètres, tous mes membres tremblaient sans possibilité de me contrôler et de la sueur et des larmes perlaient de mon visage. Mais, plus je constatais les faits, plus je me rendais compte que j’aurais déjà du être brûlée vive depuis longtemps.

Je levais timidement la tête et je vis au dessus de mon père la boule de feu, immobile dans les airs juste au dessus de nos têtes.

Non…ce n’était pas une boule de feu, du moins, pas comme les précédentes. Celle-ci avait une forme précise, une forme…d’oiseau…Oui, un oiseau de feu planait au dessus de nous, un oiseau de feu mieux connu dans la mythologie sous le nom de Phénix…

Mon père leva la tête à son tour et écarquilla les yeux devant la créature mythique. Le Phénix poussa un cri avant de s’évaporer dans les airs.

Encore sous le choc, nous nous relevâmes pour aller rejoindre ma mère et mon frère qui nous accueillirent les larmes aux yeux.

C’est alors que je vis quelqu’un dans l’ombre d’une maison, un disque de duel à la main. Je ne pouvais pas distinguer son visage à cause des flammes qui nous séparaient mais quelque chose me disait que l’oiseau de feu était l’un de ses monstres et qu’il venait de nous sauver la vie…

Mon père nous ordonna de nous cacher à la cave en attendant la fin du fléau. Nous restâmes donc cloitrés dans cet espace restreint plusieurs heures durant. Il n’y avait ni lumière ni aération. Nous ne pouvions pas rester cachés éternellement. Nous entendîmes plusieurs bruits d’explosions au dessus de nos têtes, des cris de terreurs, des pleurs de lamentations, mais nous n’osions pas sortir, c’était à peine si nous osions respirer.

Finalement, après un temps qui me sembla infini, tout bruit cessa pour ne laisser qu’un horrible silence de mort. Prudemment, mon père actionna la trappe de la cave et passa la tête dehors avant de nous faire signe de le suivre.

Lorsque je fus à l’extérieur, ce que je vis me sidéra. Il ne restait rien de notre village. Toutes les habitations étaient en ruines ou en proie aux flammes pour les dernières encore debout. Toutes les autres n’étaient plus qu’un tas de pierres éparpillées au sol à côté de meubles carbonisés, d’ustensiles de cuisine et de vêtements en lambeaux.

-Co…Comment cela a-t-il pu arriver ? Bégaya mon frère en ramassant un bout d’ours en peluche qui trainait par terre.

-Ohe, est ce qu’il y a quelqu’un ? Cria mon père dans le vide.

Seul le silence lui répondit, accompagné du crépitement des flammes. Nous marchâmes parmi les décombres de la grande rue jusqu’à la mairie. Je ne reconnaissais plus rien, toutes ces maisons autrefois familières m’étaient étrangères à présent. Les cendres recouvraient le trottoir comme une neige grise et chaude, dangereuse et mortelle, belle et effrayante à la fois. Où étaient passés tous les habitants ? J’espérai sincèrement qu’ils avaient pu s’enfuir à temps…

La mairie n’avait pas été épargnée. Le majestueux bâtiment se résumait à présent à quatre pans de murs qui tenaient à peine debout. Le toit avait disparu, les fenêtres étaient brisées en mille morceaux et les portes défoncées.

Soudain, nous entendîmes comme un râle. Je me figeai avant de voir celui qui venait de gémir. C’était le maire. Il était au sol, une grande flaque rouge autour de lui. Mon père se précipita à son aide.

-Tu es encore là Fukuhara…Dit le maire d’une voix à peine audible. Je pensais être le dernier encore en ville…

-Dis-moi, que s’est-il passé ici ? Où sont passés tous les gens ?

-Partis…Ils sont tous…sains et saufs…Enfin, je l’espère…

Un rictus déforma son visage et il mit sa main sur son ventre où une énorme tache noire salissait sa chemise.

-Ne bouge pas, nous allons t’aider !

-C’est trop tard Fukuhara, je n’en ai plus pour longtemps…J’ai aidé tout le monde à quitter le village…mais moi, je resterai ici quoiqu’il arrive…

-Ne dis pas n’importe quoi, Sana, donne moi quelque chose pour arrêter l’hémorragie ! Demanda mon père à ma mère tout en attrapant la main du maire.

Elle lui tendit un bout de tissu qui trainait par terre et mon père l’enroula autour du ventre du maire. Il grimaça mais ne protesta pas.

-Si têtu Fukuhara…On ne te changera pas…

-Tais-toi donc un peu et économise toi, c’est presque fini !

Le vieil homme ferma les yeux puis, souriant une dernière fois, il rendit son dernier souffle.

-Adieu mon ami…Déclara solennellement mon père en retenant des larmes.

Il resta au chevet du maire pendant une bonne heure sans dire un mot. Je savais qu’ils se connaissaient depuis longtemps, ils avaient presque grandi ensemble dans ce village. Lui dire adieu devait lui être insupportable.

Alors que mon père s’apprêtait à se relever, l’un des murs au dessus de lui vacilla, menaçant de l’écraser. Affolée, j’allais le prévenir de dégager en vitesse quand une ombre furtive passa à côté de moi et, l’instant d’après, mon père avait disparu dans un tourbillon de feu sorti de nulle part.

J’hurlai de terreur avant de voir que le tourbillon se déplaça et reposa mon père en sécurité quelques mètres plus loin, sans aucune blessures.

A côté de lui se trouvait quelqu’un que j’avais très envie de voir depuis des semaines, quelqu’un qui avait certainement les réponses à toutes mes questions, quelqu’un qui venait de sauver la vie de mon père, pour la seconde fois : le vieux schnoque.

-Qu’est-ce que je vous avais dit ? Grogna-t-il avec sa voix rauque habituelle. Personne ne m’écoute jamais et voilà comment ça se termine !

-Vous…vous m’avez sauvé la vie ? Bégaya mon père encore sous le choc.

-Bah oui, je ne suis pas cinglé au point de vous laisser vous faire écraser par un mur. Par contre, je crois que votre ami n’a pas eu la même chance que vous…

-Je…je ne sais pas comment vous remercier…

-Remerciez plutôt Garunix, c’est lui qui m’a prévenu que des fous étaient encore au village !

-Euh…Merci ; dit mon père à l’oiseau de feu qui se tenait en face de lui.

-Bon, trêve de bavardage, nous ferions mieux de ne pas trainer, le dragon ne va pas tarder à envoyer des sbires à ma recherche et s’ils vous trouvent, vous passerez une sale quart d’heure.

Le vieux nous tournait déjà le dos et commençait à marcher en direction de la forêt, suivi de son oiseau de feu quand mon père l’interpella à nouveau.

-Attendez un peu vous…Qui êtes-vous ? Comment avez-vous pu prédire que tout cela arriverait ? Qui est cette créature sombre ? Qui est l’oiseau de feu ? Qui est…

-Que de questions, je n’ai pas vraiment le temps d’y répondre maintenant mais je me ferai une joie de le faire plus tard, lorsque nous serons hors de danger.

-Une minute, je vous suis peut-être redevable pour m’avoir sauvé la vie, mais on ne sait même pas qui vous êtes, comment savoir si on peut vous faire confiance ?

-La confiance est une vertu primordiale en temps de guerre. Mais bon, si vous voulez rester ici, je n’ai pas le pouvoir. Je pars vers la ville. Vous ne devriez pas trainer vous non plus si vous tenez à la vie.

-Attendez, il fait nuit, vous ne voulez pas attendre le lever du soleil ? Demanda ma mère.

-Le soleil ? J’ai bien peur qu’il ne se lève plus avant longtemps…

Le vieil homme disparut parmi les arbres en nous laissant seuls parmi les ruines et la désolation, complètement déboussolés par la situation.

Mon frère tourna la tête vers ce qui fut autrefois notre village et un voile de tristesse passa devant ses yeux.

-Papa…Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?

-Je…Je ne sais pas Tomoya, je ne sais pas… répondit-il sans conviction.

-Attendez, vous n’entendez pas quelque chose ? Nous interrompit Maman en nous faisant signe de nous taire.

Au début, je n’entendais rien de plus que les flammes et le vent, mais en prêtant l’oreille plus attentivement, je finis par percevoir comme des bruits de pas foulant un sol caillouteux. Je ne savais pas ce que c’était mais tout cela était bien trop ordonné pour être un simple groupe de passage, cela ressemblait plus à une armée marchant au pas.

Comme ayant retrouvé toute son énergie, mon père nous attrapa par la main et nous ordonna de le suivre pour nous cacher dans la forêt.

En faisant le moins de bruit possible, nous avançâmes prudemment parmi les feuillages, faisant attention à éviter tout mouvement brusque qui aurait pu nous trahir. Je ne savais pas où nous allions et je doute que mon père ne l’ait su également. Nous allions simplement tout droit, évitant les chemins balisés, nous enfonçant toujours plus profondément dans la forêt.

Il faisait si sombre que nous voyions à peine où nous mettions les pieds, si mon père était tombé dans un ravin, nous l’aurions certainement suivi sans même nous en rendre compte.

Cependant, pendant notre traversée, rien de grave ne nous arriva et nous arrivâmes à une petite clairière. La lune éclairait de ses faibles rayons le sol de la forêt en perçant à travers le feuillage épais des arbres.

Nous étions épuisés, aucun d’entre nous n’avait mangé depuis le déjeuner. Mon père proposa de camper là et tout le monde acquiesça. Je m’endormis très rapidement contre un gros rocher, espérant que tout cela n’était qu’un cauchemar, qu’en rouvrant les yeux, tout serait revenu à la normale, que je me réveillerais dans mon lit, chez moi, dans une maison avec un toit, des murs, dans un village encore plein de vie…

Le lendemain, en ouvrant les yeux, l’obscurité me fit d’abord croire que je n’avais dormi que quelques heures avant de regarder ma montre. Je dus regarder à plusieurs reprises pour être sûre que je ne rêvais pas, mais non, il était bel et bien midi et la forêt restait plongée dans la nuit la plus totale. Ma famille se réveilla quelques minutes après moi et fut tout aussi étonnée.

-Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Grogna mon père. Il n’y a même pas un seul nuage dans le ciel, comment peut-il faire aussi sombre ?

-Peut-être que le vieux avait raison ; hésita mon frère, peut être que le soleil ne se lèvera plus en fin de compte.

-Plus de soleil ? Mais c’est inconcevable ! C’est totalement anti rationaliste ! S’exclama ma mère qui aimait la logique plus que tout.

-Résumons donc la situation : il fait nuit, il est midi, nous n’avons plus de village et il semblerait que nous soyons suivis ; déclara mon père avec un sang froid incroyable. Que devons-nous faire selon vous ?

-Retrouver le vieux ! Dis-je soudainement sans réfléchir à mes paroles.

Leurs regards se tournèrent vers moi, attendant que j’explique ce que j’avais derrière la tête.

-Vous avez bien vu, il en sait sûrement bien plus que nous sur ce qui se passe en ce moment, il l’avait même prédit, je pense que si nous le retrouvons, il pourra nous aider.

-Ce type ne m’inspira pas plus confiance qu’un renard ; lâcha mon père.

-Retrouver le schnoque ? Ce n’est qu’un fou et il pourrait être n’importe où à l’heure qu’il est ; continua mon frère l’air embêté.

-Ce n’est pas si sûr, il n’y a qu’un seul chemin pour se rendre à la ville la plus proche, c’est certainement celui qu’il a emprunté pour trouver de l’aide ; termina ma mère en pointant le nord.

D’un commun accord, nous décidâmes de suivre cette voie, sans savoir exactement ce que nous allions faire une fois le vieux retrouvé. Mais je sentais au fond de moi que c’était la meilleure chose à faire dans cette situation. Nous ne savions ni où aller, ni comment nous en sortir et notre seul appui était ce vieil homme barjot. J’espérai simplement ne pas avoir donné une idée qui nous aurait couté cher à tous…


Nous marchâmes encore pendant deux bonnes heures dans la sombre forêt. En réalité, elle n’était pas si sombre, mais sans soleil pour l’éclairer ni étoile dans le ciel, nous avancions vraiment à l’aveuglette, nous guidant uniquement grâce à la lumière de nos téléphones, lampe torche ou tout ce qui était susceptible de produire un peu de lumière.

Un bon point était que ceux qui nous poursuivaient semblaient avoir perdu notre trace mais nous n’étions pas rassurés pour autant. Autour de nous, il n’y avait pas un seul bruit, pas un oiseau, pas un bruissement de feuille, comme si même le vent s’était arrêté de souffler, comme si toute vie avait quitté cette terre en même temps que le soleil.

Nous avancions en nous tenant tous la main, frémissant que l’un d’entre nous se détache du groupe pour se perdre à jamais dans les ténèbres.

Finalement, nous arrivâmes à une autre clairière d’où provenait un peu de lumière. Sans réfléchir une minute de plus, je me précipitai vers la source de vie sans tenir compte des avertissements de ma mère et je débouchai au beau milieu de l’enfer…

Devant moi, cinq hommes portant des capes noires encerclaient le vieux schnoque. Ce dernier semblait sévèrement blessé et se tenait le bras en grimaçant. Autour des sinistres individus, des créatures plus immondes les unes que les autres fixaient le vieil homme d’un œil mauvais, prêtes à lui sauter dessus au moins ordre.

Lorsqu’il me vit, il écarquilla les yeux et je me figeai à mon tour. Que devais-je faire dans une situation pareille ? Derrière moi, mes parents me suppliaient de revenir mais je ne pouvais pas abandonner ce type à son propre sort, il fallait que je fasse quelque chose mais quoi…

Soudain, comme sentant ma présence, l’une des créatures se retourna et entraina toutes les autres avec elle.

-Tiens, mais qu’avons nous là ? Une petite souris ayant perdu sa maison. Dit l’un des hommes avec un rire sadique.

-Nous n’avons que faire des gêneurs ; débarrasse-toi d’elle vite fait et occupons nous de notre butin ; répliqua un autre.

-Evidemment, attaque, broww, chasseur du mon…

Il ne termina pas sa phrase car le vieil homme, comme dans un ultime effort, se jeta sur lui de tout son poids. Immédiatement, les regards retournèrent à lui et les créatures repassèrent à l’attaque.

Cependant, je vis quelque chose tomber de la main du vieil homme et voler dans ma direction. Profitant d’un moment de distraction, je sautai et attrapai le morceau de carton, que je reconnus. C’était lui, l’oiseau de feu qui avait sauvé la vie de mon père au village !

Dès que mes doigts frôlèrent la surface de la carte, je ressentis quelque chose d’étrange parcourir mon corps, comme des fourmillements. Tout à coup, tout autour de moi devint clair comme en plein jour. Je me sentais revigorée, prête à escalader une montagne, ou tout simplement écraser ces types d’un seul coup.

Guidée par cette force nouvelle, je brandis la carte au dessus de ma tête et une intense lumière illumina la clairière.

-Roi ancestral, né des flammes les plus brulantes de la terre, toi qui rennais des cendres avant de réduire tes ennemis en fumée, élève-toi et apporte-moi la victoire dans ce combat : Avatar, grand roi du feu, Garunix !

Au dessus de ma tête, la lumière s’intensifia et, dans un flash aveuglant, un immense oiseau de feu descendit du ciel dans un nuage de feu. Les agresseurs reculèrent, surpris devant l’arrivée impromptue de ce géant rouge, laissant le vieil homme libre de s’enfuir.

-Le voilà, Garunix est là, attaquez ! Rugit l’un des hommes en noir.

-Garunix !

Alors que toutes les créatures se jetaient sur le grand phénix, ce dernier, d’un battement d’ailes enflammées, les repoussa comme de vulgaires brindilles et ils s’écrasèrent sur le sol dans un fracas abominable devant les regards ébahis des hommes.

-Maintenant Garunix, finis-les avec ton feu sacré !

L’oiseau ouvrit la bouche et un déluge de flammes déferla sur les monstres qui disparurent instantanément, laissant derrière eux une forêt en feu Paniqués, les hommes se retirèrent, non sans jurer en nous laissant seuls avec le vieux.

Mes parents et mon frère sortirent prudemment de leur cachette, ne sachant pas très bien comment réagir.

Soudain, toute l’énergie qui m’avait envahie se dissipa et l’oiseau disparut. Je vacillai et mon père me rattrapa avant que je tombe au sol.

-Ne refais plus jamais ça Nagisa ; dit-il en me serrant dans ses bras.

-Tout va bien papa…enfin, je crois…Pour l’instant, je crois qu’on a plus urgent à faire.

En effet, le vieil homme était assis contre un arbre, se tenant toujours le bras, ne pouvant pas faire un seul mouvement. Ma mère et mon frère s’approchèrent de lui et lui demandèrent s’il avait besoin d’aide.

-Non, je vais très bien, ça ne se voit pas ? Railla-t-il avec une grimace.

-Allons, montrez-moi votre bras.

Au moment même où elle le toucha, il hurla de douleur et ma mère fronça les sourcils.

-Je crois bien que c’est cassé. Je vais vous faire un bandage de fortune, mais il faudra vous faire soigner assez vite.

Elle prit un bout de tissu qui trainait dans son sac et l’attacha avec un bâton pour fabriquer une attelle de fortune.

-Merci ; se contenta de répondre le vieux un peu déstabilisé.

-Et maintenant monsieur, pouvez-vous nous expliquer ce qu’il se passe vraiment ? Demanda-t-elle une fois certaine que le bandage tenait. Qui êtes-vous pour que ces hommes s’en prennent à vous ?

-Je croyais que vous ne me faisiez pas confiance.

-On ne peut pas savoir à qui faire confiance, mais nous nous connaissons depuis longtemps, c’est pourquoi vous êtes plus digne de confiance que les autres.

Le vieil homme hésita un instant, puis déclara :

-Soit, je vais vous dire ce qu’il se passe réellement ici, mais je doute que cela vous plaise ou que vous puissiez le concevoir.

-Allez-y, nous sommes totalement perdus, nous ne savons même pas où aller ; dit mon frère tristement.

-Tout ce qui arrive maintenant, les destructions, les monstres, les hommes en noir, tout est de la faute du dragon originel, Gariatron…

-Gariatron ? N’était-ce pas ce gros nuage noir qui survolait le village ? Demanda ma mère confuse.

-Cette chose était tout sauf un nuage ! Ce que vous avez vu, la chose qui a détruit le village n’était qu’une manifestation de l’esprit du dragon ! A l’heure actuelle, je ne sais pas exactement où il se trouve, mais son véritable pouvoir est bien plus grand encore !

-Attendez une minute, temps mort, est-ce que vous pourriez commencer dès le début ? Le coupa mon père.


https://www.youtube.com/watch?v=TvB8E8FgMug


« C’était il y a bien longtemps, alors que les pyramides dominaient encore le monde, l ‘Egypte ancienne était commandée par un homme du nom d’Hélios. Il était le souverain modèle, généreux, puissant, n’hésitant pas à se sacrifier pour son peuple, mais il cachait au fond de lui un lourd secret. Pour devenir roi, il avait du passer un pacte avec une créature maléfique, un dragon du nom de Gariatron. Alors qu’il pensait pouvoir contrôler le dragon, la mort de sa femme durant la guerre contre le diabound, Celestia, l’a anéanti. Dès ce moment là, il a commencé à perdre le contrôle de lui même, pillant, détruisant et asservissant son beau royaume. Le mythe de bon roi Hélios était loin dans l’esprit de tous.

Cependant, les habitants, révoltés, se liguèrent contre lui. Une rébellion éclata, menée par sa propre sœur, Luna. Hélios était seul contre tous et malgré son pouvoir presque tout puissant, il ne put faire face. Le roi déchu tomba emportant avec lui la malédiction du dragon, laissant derrière lui un pays en ruines. Tous pensaient que le dragon avait péri avec lui, mais c’était une erreur, aucun d’entre eux n’avait disparu. Se souvenant alors de la prophétie qui avait détruit son frère, Luna décida de s’exiler vers le nord, tentant d’échapper à ces tourments. Et voilà qu’à présent, cinq-mille ans après, le sceau emprisonnant le dragon et le roi fou s’est brisé, rependant une nouvelle ère de ténèbres sur le monde… »

Un long silence accompagna la fin du récit du vieil homme. Tout cela semblait si…impossible. Un dragon, un roi immortel, une guerre, tant de choses que nul ne savait et qui pourtant étaient bel et bien arrivées. Mais, même si je ne pouvais qu’accepter les faits, une dernière question me restait sur les lèvres.

-Et…quel est le rapport avec nous ? Demandai-je en brisant le silence.

-Avec vous ? Aucun.

-Dans ce cas, pourquoi notre village a-t-il été détruit ?

Le regard du vieil homme se voilà et il regarda le sol tristement.

-Gariatron…a une revanche à prendre sur ses ennemis passés…

-Mais, ils sont tous morts ! M’exclamai-je.

-Oui, mais leurs descendant sont toujours en vie…Et il se trouve que je suis l’un des leurs…

Nous sursautâmes tous en entendant cette révélation. Nous qui prenions ce type pour un simple vieil homme qui n’avait plus toute sa tête, apprendre qu’il était le descendant d’une famille aussi ancienne était un vrai choc.

-La rébellion était menée par trois personnes en plus de la sœur d’Hélios : le phénix, un certain Jin, mon ancêtre, la fille adoptive d’Hélios, Cynthia et le vieux prêtre Amon, gardien des secrets d’Héliopolis. Je suis vraiment désolé…si le village a été détruit, c’est entièrement de ma faute, donc si vous voulez vous venger, tuez moi maintenant, ça m’évitera de devoir fuir les sbires du dragon plus longtemps…

Mon père s’approcha du vieil homme, l’air menaçant, et leva le poing dans sa direction. L’autre ferma les yeux, s’apprêtant à recevoir le coup, mais au lieu de le frapper, il lui posa simplement la main sur l’épaule d’un geste amical.

-C’est vrai qu’à cause de vous, notre village a été détruit, mais cela ne servirait à rien de nous venger. Vous êtes simplement une victime dans cette affaire, tout comme nous.

-Je…merci de comprendre ce que je dois porter sur mes épaules…

-Cependant, nous ne pouvons pas nous reposer ici, nous devons partir avant que ces hommes ne reviennent pour vous.

-Vous n’avez pas à supporter le poids de mon héritage, vous pouvez fuir tant qu’il en est encore temps.

-Fuir ? Ou ça ? Si ces hommes sont bien des esclaves du dragon, il y aura un jour où ils finiront par chercher à nous détruire nous aussi. En temps de guerre, nous devons nous serrer les coudes !

-Vous avez certainement raison…

Le vieil homme se leva et fit face à mon père de toute sa hauteur.

-Je vais faire ce que j’ai à faire, tout comme mon ancêtre l’a fait avec moi, je vais protéger ce monde du tyran et du dragon ! Mais pour cela, j’ai besoin de retrouver ceux qui ont accompagné mon ancêtre, seriez-vous prêts à les chercher avec moi ? J’ai entendu dire que l’un d’entre eux se trouvait au nord.

-Evidemment, et justement, mon frère habite dans le nord, je suis sur qu’il sera d’accord pour nous héberger ; déclara mon père ayant repris toute son assurance.

-C’est un chemin difficile qui s’ouvre à nous, je ne peux rien vous garantir ; avoue le vieil homme. Il est encore temps de changer d’avis.

-Je crois que c’est trop tard, quand papa à une idée en tête, impossible de la lui retirer ; soupira Tomoya.

-Bien, dans ce cas, il est temps de partir…une dernière chose Nagisa ; dit-il en se tournant vers moi.

-Oh, vous voulez votre carte, prenez-la…

-Garde la, je pense qu’elle te sera bien plus utile à toi qu’à moi. Je n’ai pas d’enfant, mais s’il devait m’arriver quoique ce soit, c’est à toi que je confie le soin de mon héritage.

-J’essaierai d’en être digne ; dis-je, peu assurée.

Ainsi commença notre périple qui devait nous conduire à arrêter le dragon à son terme. Cependant, je ne connaissais pas encore le prix à payer au moment d’accepter cette quête, un prix bien trop élevé pour une enfant d’à peine quatorze ans comme moi…



Fukuhara Nagisa: Nuit



Spoiler :



Cela faisait maintenant deux jours que nous marchions dans la sombre forêt. Le vieux, plutôt que de sortir immédiatement vers la ville, avait décidé de trainer un peu afin de brouiller les pistes, et cela semblait plutôt bien marcher. Cela faisait maintenant plus de dix heures que nous n’avions pas entendu un bruit de pas, mis à part les nôtres.

Mais les vivres commençaient sérieusement à manquer. Le vieux avait prévu de quoi tenir une bonne semaine, mais seul, et nous étions à présent cinq, si bien que nous avions épuisé toutes nos ressources. Finalement, nous nous étions mis d’accord pour enfin regagner la ville pour refaire quelques provisions, mais sans nous attarder.

Heureusement pour nous, nous longions la lisière de la forêt, si bien que nous n’eûmes aucun mal à sortir rapidement. Cependant, comme nous nous y attendions, les sinistres individus nous attendaient à la sortir. Mais nous étions préparés à cette éventualité, le vieux nous avait tous entrainé au duel de monstres, et plus particulièrement au combat, puisque ces types ne respectaient aucune règle de ce jeu.

-C’est le moment, Phénix sacré de Nephtys ! S’exclama le vieux en brandissant sa carte au dessus de sa tête.

Le grand oiseau jaune enflammé s’éleva haut dans les cieux, illuminant tout de ses flammes ardentes.

-Roi ancestral, né des flammes les plus brulantes de la terre, toi qui rennais des cendres avant de réduire tes ennemis en fumée, élève-toi et apporte-moi la victoire dans ce combat : Avatar, grand roi du feu, Garunix !

A ses côtés vint se tenir un autre phénix tout aussi rayonnant. Leur feu était si ardent qu’ils arrivaient presque à récréer la lumière du soleil disparu. Les hommes en noir n’aimaient visiblement pas la lumière et ils détournèrent tous le regard en jurant.

Pendant qu’ils étaient aveuglés, mon père, armé d’un bâton, alla tous les assommer un par un avant de nous faire signe de profiter de ce moment pour nous enfuir. Tel était le plan que nous avions mis en place si jamais nous croisions ces hommes.

Personne ne demande son reste et nous prîmes nos jambes à nos cous. Mon père s’assurait que tous étaient à terre mais il manqua de vigilance. Alors que je me retournai pour voir s’il nous suivait bien, je vis l’un des hommes en noir se relever, le regard comme fou et lui jeter un étrange projectile noir. Je n’eus pas le temps de le prévenir et la chose toucha mon père qui trébucha et roula par terre.

-Papa ! Hurlai-je en le voyant à la merci de cet homme.

Je levai le bras au ciel et le mini soleil descendit sur terre pour embraser notre ennemi qui disparut aussitôt dans les ténèbres, de même que ses compagnons qui ne demandèrent pas leur reste.

Tout le groupe fit demi tour pour examiner la blessure de mon père. Je réprimai un hoquet de surprise. De son côté, à la place d’un sang rouge suintait un étrange liquide noir.

-Oh, c’est moche ça ; grimaça mon père. Je ne sais pas ce que je viens de recevoir, mais ça ne doit pas être une simple balle ou une flèche…

Ma mère sortit un vieux tissu et épongea la plaie avec. Le visage de mon père se crispa mais il ne se plaignit pas plus.

-Je ne pense pas que cela soit bien grave, n’est-ce pas ? Demanda mon père en s’adressant au vieil homme.

-Oh…Euh oui, je ne pense pas non plus ; répondit-il évasivement. Mais nous ferions mieux de ne pas trainer, cela pourrait s’infecter.

Mon frère aida mon père à se relever mais ce dernier chancela lorsque Tomoya le lâcha, si bien qu’il du s’appuyer sur lui pour finir la route.

La ville n’était pas très loin. Cette forêt était en réalité totalement artificielle, les chemins étaient tous balisés et entretenus en temps normal. Notre village n’était qu’une étape sur le GR qui passait ici.

Très vite, nous aperçûmes une faible lueur à l’horizon, éclairant faiblement les champs de colza qui nous entouraient. Les fleurs avaient fané, il ne restait d’elle que leur tige qui pendait lamentablement vers le sol. Sans soleil, c’était le destin inévitable de toute plante.

Ce paysage de désolation m’arracha une larme. Sans végétation, la planète était condamnée à mourir, et à plus long terme, nous aussi. Si cette ombre perpétuelle persistait, l’humanité, la faune et la flore disparaitrait pour ne laisser qu’une terre sans vie, comme la lune. Etait-ce vraiment ce que ce roi fou du nom d’Hélios voulait ? J’en avais des frissons rien qu’à y penser. Quelqu’un devait l’arrêter à tout prix.

Pendant que je réfléchissais, le groupe était arrivé aux portes de la ville. Mais ce n’était pas qu’une expression, il y avait réellement des portes de fortune comme au moyen âge. Je doutais qu’elles repoussent vraiment quelqu’un étant donné qu’elles étaient en bois, mais cela devait rassurer les habitants.

Le vieux, comme si tout était normal, frappa à la porte.

-Attendez, vous pensez vraiment que quelqu’un va vous répondre ? Demanda mon frère en rigolant.

Cependant, contre toute attente, une voix parvint de l’autre côté.

-Comment appelle-t-on un chien sans patte ?

-Hum…C’est une blague ? Demanda ma mère en fronçant les sourcils.

-Répondez à la question ou partez ; rétorqua l’homme derrière la porte.

-Une minute…Je connais la réponse ! S’exclama mon frère ! On ne l’appelle pas, on vient le chercher !

Nous le dévisageâmes comme s’il délirait mais l’homme derrière la porte ne répondit rien et, une seconde plus tard, les grandes portes grincèrent et s’ouvrirent devant nos yeux ébahis.

-Co…Co…Comment connaissais-tu la réponse ? Bégaya mon père encore choqué.

-C’était une vieille blague qui circulait dans mon lycée ; répondit Tomoya un peu gêné.

Une fois les portes ouvertes, une armée de lance se pointa sur nous avant de se baisser aussitôt lorsqu’un homme fit un signe de la main. Je le reconnus immédiatement. C’était le meilleur ami de mon frère, Sunohara.

-Tomoya, tu es vivant, Dieu soit loué ! S’exclama-t-il en le serrant dans ses bras.

-Je suis content de te revoir moi aussi Sunohara, mais nous avons plus important à faire, il y a deux blessés ici, est-ce que l’hôpital fonctionne encore ?

Le garçon blond fronça les sourcils, l’air contrarié.

-Oui, il fonctionne même un peu trop bien j’ai l’impression. C’est la panique générale depuis que le village a été détruit. Nous avons tous trouvé refuge ici, mais nous ne sommes pas tranquilles pour autant. Cette ombre dans le ciel terrifie tout le monde Tomoya, nous ne savons plus quoi faire !

-Nous sommes désolés de venir vous rajouter du travail supplémentaire, nous partirons le plus tôt possible dans ce cas ; déclara ma mère. Nous ne voulons pas vous causer plus de soucis.

-Attendez, où comptez-vous aller ? La ville est déjà peu sûre, mais à l’extérieur, c’est le chaos ! Restez ici en attendant que tout se calme…

-Rien ne se calmera ; déclara alors le vieux. L’ombre qui s’étend sur ce monde doit être arrêtée coûte que coûte.

-De quoi parle-t-il ? Demanda discrètement Sunohara à mon frère.

-Je t’expliquerai plus tard, mais est-ce que tu aurais un endroit où nous pourrions simplement passer la nuit et soigner nos blessés ?

-Certainement, suivez-moi.

Sunohara nous entraina alors vers le centre ville. En passant dans les rues, je pouvais ressentir un sentiment de crainte générale. Les maisons étaient barricadées, les fenêtres fermées, les volets les plus clos possibles, même les portes semblaient renforcées avec des poutres de métal. Les rues quant à elles étaient désertes. Les magasins, pour la plupart, semblaient avoir mis la clé sous la porte. Les quelques rares encore ouverts étaient assaillis. Même si la ville était assez lumineuse, il était très facile de voir que ce n’était pas une nuit ordinaire, qu’il manquait quelque chose dans le ciel, comme si ce que nous avions au dessus de nous masquait la véritable voute étoilée.

Sunohara s’arrêta devant une maison à l’air très ancienne, la mairie de la ville. C’était une grande bâtisse, un peu comme la nôtre, mis à part qu’elle était bien plus grande et bien mieux décorée.

Sunohara s’arrêta et se retourna vers nous avec un sourire.

-Vous avez de la chance, la maire est à vous !

-A…Nous ? Répéta mon frère sans comprendre.

-Oui, toutes les auberges, tous les hôtels et tous les centres d’hébergements sont complets à l’heure qu’il est et le maire a gentiment accepté de nous prêter ses bureaux. Ce n’est pas le top du luxe de dormir dans un bureau, mais ça ne doit pas être plus désagréable que de dormir en classe. L’hôpital se trouve juste en face si vous voulez aller y faire un tour, et si vous avez besoin de moi, je suis dans la rue d’à côté.

-Merci pour tout ce que tu fais pour nous Sunohara, je te revaudrai ça un jour.

-Tu sais Tomoya, il faut s’entraider dans des temps pareils, c’est ce que tout le monde ici a compris depuis l’attaque de notre village.

L’ami de mon frère s’éclipsa ensuite pour rentrer chez lui. Mon père et le vieux, poussés par ma mère, se rendirent aux urgences tandis que mon frère et moi allâmes visiter nos nouveaux quartiers.

Il n’y avait rien de vraiment surprenant, c’était une mairie tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Des lits de fortunes avaient été installés dans les bureaux à la place de toute la paperasse et des meubles. Je pris le premier que je rencontrai et je sautai dessus, bien contente de pouvoir enfin dormir sur quelque chose de mou et non pas contre un rocher. Mon frère avait l’air d’apprécier également mais avait quand même un peu plus de retenue.

Le soir, nous fûmes convoqués sur la grande place pour le dîner. Les habitants de la ville avaient organisé une sorte de soupe populaire pour tous les rescapés de notre village. J’étais assez heureuse de revoir des têtes connues mais surtout inquiète de ne pas en voir certaines…

Sunohara nous expliqua ce qu’il s’était passé depuis la destruction du village, que tous les habitants, paniqués et désorientés avaient d’abord cherché leur propre survie mais que, voyant la limite de leurs capacités individuelles, s’étaient organisés et avaient cherché un chef.

-J’étais le plus jeune et celui qui leur semblait en meilleure santé, alors j’ai été élu à la majorité. Je les ai conduits jusqu’ici et depuis, nous nous débrouillons pour survivre. La devinette de tout à l’heure était pour tester les nouveaux venus. Seuls les habitants du village pouvaient connaître la réponse, cela permet de distinguer amis et ennemis.

-Je comprends mieux, je suis heureux que tout le monde soit arrivé sain et sauf ; déclara mon frère.

-A vrai dire, je ne peux pas assurer que nous sommes tous là, sur la centaine de personnes ayant du quitter le village, il y en a forcément quelques-uns qui ont du vouloir choisir leur propre chemin, comme vous.

Je tournais la tête vers le vieux. Il n’avait pas dit un mot depuis sa sortie de l’hôpital, seul et il mangeait à l’écart de tous. Il semblait visiblement contrarié, ou angoissé, peut-être à cause de son bandage l’empêchant de bouger son bras droit. Il n’avait jamais été très apprécié par les habitants du village, mais j’aurais imaginé qu’aider tout le monde à s’enfuir lui aurait donné un peu de crédibilité.

Je me rapprochai de lui pour lui tenir un peu compagnie. Après tout, nous n’étions plus des inconnus à présent.

-Si tu veux savoir si ton père va bien, je n’en sais rien, il y a avait tellement de monde que je ne suis pas resté après les examens.

-J’aurais bien aimé savoir oui, mais je voulais simplement vous tenir un peu compagnie vu que vous êtes seul dans votre coin.

-Ne te préoccupe pas de moi ; me répondit-il en avalant un bout de viande. J’ai vécu seul toutes ces années, je peux bien passer une soirée de plus en solitaire.

-Mais n’est-ce pas triste de vivre ainsi, exclu de la société ?

-Si, en effet…c’est triste ; murmura—t-il en regardant le ciel noir.

Je me mis à chercher ce qu’il pouvait fixer ainsi mais il n’y avait qu’une vaste étendue sombre au dessus de nous, sans même une seule lumière pour nous guider. Je ne dis rien de plus. En fait, je ne savais pas quoi dire pour briser le silence, alors je restais moi aussi à contempler un ciel sans étoile, dans le silence le plus total de la nuit la plus sombre.

Vers onze heures du soir, tout le monde se sépara, excepté mon frère qui décida d’aider Sunohara à monter la garde durant les premières heures. Je revins donc seule avec ma mère à la mairie, puis nous nous séparâmes chacune dans notre chambre.

Je m’endormis très rapidement mais mon réveil fut tout aussi soudain. Dans le couloir, j’entendis des voix et je reconnus celle de mon père ainsi que celle du vieux. Heureuse qu’il soit enfin rentré, je m’apprêtais à lui demander ce qu’il avait lorsque ses paroles me refroidirent aussi vite.

-C’est terminé, je ne peux plus continuer comme ça ; dit mon père tristement.

-Allons, et votre femme et vos enfants, que deviennent-ils dans cette histoire ?

-Je n’ai pas le choix, vous pensez bien que si je le pouvais, je resterai auprès d’eux…Mais c’est trop tard à présent. Le poison est déjà en train de faire effet. D’ici quelques jours, je ne serai plus là…


Je fis un pas en arrière. J’avais mal entendu…Mourir ? Non, mon père parlait certainement de quelqu’un d’autre. Il n’y avait aucune raison de s’inquiéter, tout allait bien, cette guerre serait bientôt finie et tout rentrerait dans l’ordre…

Mais, peu importe à quel point j’essayais de me persuader, au fond de moi, je savais ce que je venais d’entendre, mais je refusais de l’admettre.

Je sortis de ma chambre en faisant mine de n’avoir pas intercepté leur conversation et je me jetai dans les bras de mon père qui m’accueillit avec un sourire. Il était comme tous les jours, il ne voulait certainement pas que je m’inquiète pour lui, mais il était trop tard, je savais la vérité…

-Nagisa, tu devrais dormir, tu as vu l’heure ?

-Papa, quand tout sera fini, tu nous emmèneras voir la mer ? Demandai-je soudainement.

-Oui…Pourquoi pas Nagisa, pourquoi pas…Répondit-il tristement.

-Tu me le promets ?

-Je ne peux pas assurer que…

-S’il te plait, promets le !

-Très bien Nagisa, je te promets que tu iras voir la mer une fois cette épreuve terminée, mais en attendant, va te coucher : dit-il en m’embrassant sur le front.

Il me raccompagna jusqu’à ma chambre et me raconta des histoires jusqu’à ce que je m’endorme, comme lorsque j’étais petite. J’avais vraiment l’impression d’être revenue dans notre ancienne maison, à notre ancienne vie, sans guerre, sans monstre, sans prophétie…

Je fis un rêve cette nuit là. J’étais dans une ruelle sombre. Les immeubles autour de moi n’étaient plus que des restes tenant à peine debout. Je regardais la rue d’en face dans laquelle se promenaient des hommes vêtus de noir accompagnés de monstres hideux. C’est alors qu’une fille rousse plus âgée que moi vint se placer à mes côtés.

-Nagisa, c’est maintenant ou jamais.

J’acquiesçais sans savoir de quoi elle parlait. Je me relevai, prête à partir lorsque soudain, je reçus quelque chose dans le ventre et je m’écroulai par terre.

-Nagisa ! Cria la fille en se précipitant vers moi.

Nagisa ! Nagisa !

J’ouvris les yeux, en sueur. J’étais dans ma chambre et en vie. La première chose que je vis fut le visage inquiet de mon frère qui me secouait pour me réveiller en urgence.

-Tomoya…que se passe-t-il ? Demandai-je encore endormie.

-Ils sont là, ils nous ont retrouvés !

Ses paroles me finirent de me réveiller complètement et, sans attendre une seconde de plus, je sautai de mon lit, prête à courir s’il le fallait mais mon frère me retint par le bras.

-Attends Nagisa.

-Attendre quoi ? Tu veux que cette ville finisse comme la notre ? Il faut évacuer tout le monde avant qu’il ne soit trop tard et filer d’ici !

-C’est inutile, toute la ville est encerclée, il n’y a pas d’échappatoire, il va falloir nous battre ; dit-il en serrant les poings.

-Se battre ? Mais c’est insensé, nous n’avons aucune chance !

-Oui, mais si nous ne faisons rien, alors tout est perdu.

Mon frère sortit de la pièce en me laissant seule. Que devais-je faire ? Que je combatte ou non, cela ne changerait pas le cours des événements… Ces types, ils étaient venus pour le vieux, mais nous ne pouvions pas le livrer sans broncher, d’autant plus que rien ne nous assurait qu’ils nous laisseraient tranquilles après.

Je sortis la carte du vieil homme de ma poche. A quoi pensait-il en me la confiant ? Pourquoi ne pas l’avoir donnée à mon frère plutôt qu’à moi ? Lui au moins aurait su quoi en faire, mais moi…

Je reportais mon regard sur ce qu’il se passait dehors. Je vis tout un attroupement sur la place centrale. Sunohara était au centre et faisait de grands gestes. Mon frère se tenait à ses côtés et semblait donner les ordres aux habitants. Ils allaient donc vraiment tout faire pour survivre.

Mais pourquoi ? Pourquoi se battaient-ils pour une cause perdue ? Pour l’honneur ? Ou pensaient-ils réellement pouvoir s’en sortir ?

Une chose était sûre, si tout le monde se battait, je ne pouvais pas rester là à rien faire. J’ouvris la porte de ma chambre et descendis les escaliers de la mairie en courant. Dans le hall d’entrée, des dizaines de personnes, surtout des femmes, des enfants et des vieillards, étaient rassemblés.

Je passai devant eux sans y faire plus attention et je sortis devant le grand bâtiment et j’aperçus mon père qui parlait avec ma mère et je me souvins de la conversation de la veille.

Avant qu’il ait pu dire quelque chose en me voyant à son tour, je pris la direction opposée pour me retrouver nez à nez avec le vieux. Mais ce dernier semblait très différent de d’habitude. Il regardait au loin sans expression.

-Nagisa, penses-tu toi aussi que je suis le responsable de tout cela ?

-Qu…Quoi ? Bien sur que non !

-Je suis le descendant du Phénix, je devrais être le seul touché par ces attaques et pourtant, quand je vois tous ces gens réunis autour de nous pour nous protéger, je me sens vraiment coupable.

-Sunohara et Tomoya s’occupent de tout, il n’y a pas à s’inquiéter ; affirmai-je en tentant de me convaincre aussi.

-J’espère qu’ils savent ce qu’ils font. Pour ma part, je sais ce qu’il me reste à faire si les choses ne tournent pas comme prévu.

Je voulus ajouter quelque chose mais à ce moment-là, Sunohara lança un appel général à tous les villageois encore dispersés dans la ville à l’aide d’un haut parleur particulièrement puissant. Le vieux me fit signe de le rejoindre, ce que je fis.

Je me retrouvai perdue au milieu d’une foule d’inconnus armés de fourches, haches, pistolets pour certains, et l’air déterminé à en finir. Ils y croyaient vraiment, quelle illusion. Même avec le pouvoir du phénix, le vieux avait réalisé que c’était perdu d’avance, comme une fourche pouvait-elle faire la différence ?

Tomoya prit alors la parole une fois le calme revenu.

-Ecoutez-moi tous, l’ennemi est à notre porte, mais nous ne le laisserons pas nous vaincre ! Un village a déjà été détruit, voulez-vous que cette ville subisse le même sort ?

Un non général retentit parmi la foule.

-C’est exact, nous ne voulons pas, vous avez tous une famille, une maison, quelque chose à protéger, alors quelque soit cette chose, nous allons nous battre ! Sunohara dirigera les opérations, si vous suivez notre plan, nous avons encore une chance !

Des acclamations suivirent son discours. Je ne lui connaissais pas un tel talent de zélateur, mais il semblait avoir obtenu l’effet désiré : remotiver tout le monde.

Il continua en répartissant les tâches de chacun. Le vieux et moi étions chargés de l’arrière garde. Nous étions le plan de secours selon ses dires, mais je savais bien qu’en réalité il ne voulait pas me mettre en danger inutilement, alors cette excuse d’arrière garde était parfaite. Sauf que, grâce au pouvoir du phénix, nous étions les mieux placés pour mener l’attaque, avait-il autre chose derrière la tête ? Car je doutais que Tomoya n’ait fait ça que pour me protéger au prix de nombreuses vies.

J’obéis sans broncher et je me mis sur le toit de la mairie pour observer les opérations. C’est alors que je les vis, les armées ennemies. Les hommes n’étaient pas nombreux, mais le nombre de monstres à leurs côtés était impressionnant. Il y en avait de toute taille, de toute forme, de toutes les couleurs. Du serpent noir à la créature informe de cinq mètres de haut, il y en avait pour tous les gouts. Je frissonnais. Jamais ils ne pouvaient faire face à une telle armée. Cette mission était suicidaire, ni plus, ni moins.

Je réalisai soudain une chose : et si c’était bien le cas, si Sunohara cherchait réellement à mettre fin à tout cela par lui même ? Mais dans quel but ?

Je frémis tout à coup en pensant à une chose : et si…s’il faisait tout cela pour nous laisser une chance de fuir ? Je devais en avoir le cœur net, et si j’avais raison, il était hors de question que je laisse une telle chose arriver sans rien faire.

Je descendis dans le hall d’entrée et je me retrouvai nez à nez avec ma mère.

-Maman, il faut stopper ça tout de suite, ils vont tous droit au suicide !

-Ne t’inquiète pas Nagisa, je suis certaine que Sunohara et Tomoya savent ce qu’ils font, on va s’en sortir.

-Tu ne comprends pas ! Nous peut-être, mais eux ne survivront pas !

-Ils le savent Nagisa, ils le savent ; se contenta-t-elle de répondre.

-Ils…Le savent ? Répétai-je interloquée.

-Oui, ils savent très bien que cette bataille est perdue d’avance. Leur attaque n’est qu’un moyen de nous faire gagner du temps. Leur but n’est pas de gagner mais d’épargner un maximum de personnes.

Je ne voulais pas en entendre d’avantage et, forçant les portes de la mairie, je me précipitai au dehors. Il n’y avait déjà plus personne sur la grande place mais je savais bien où ils étaient tous allés et je pris la même direction.

Je les aperçus rapidement aux portes de la ville et je me cachai au coin de la rue pour observer et agir en temps voulu. Tomoya semblait si sûr de lui, comme s’il pensait réellement pouvoir gagner cette bataille. Il parlait avec une telle aisance, si j’avais été dans cette foule, j’aurais certainement été convaincue également. Il leur donnait espoir, mais cela en valait-il vraiment la peine ?

-Ton frère parle bien dis donc ; dit une voix dans mon dos.

Je me retournai avec un sursaut avant de me retrouver nez à nez avec le vieil homme.

-Ce n’est que vous ; soupirai-je rassurée.

-Motiver les troupes est la clé de la victoire, mais ne l’assure pas pour autant. Lorsqu’on donne de l’espoir aux hommes, alors ceux ci sont capables de se surpasser.

-Donner de faux espoirs, quel est l’intérêt ?

-Nous avons tous besoin d’un objectif pour avancer. Si nous n’essayons pas de l’atteindre, jamais nous n’y parviendrons. C’est certainement ce que ton frère doit penser à l’heure actuelle. Il veut que nous survivions à tout prix, c’est pour cela qu’il se bat.

Je voulus ajouter quelque chose mais au même moment, j’entendis les portes grincer au loin. Je relevai la tête et je vis mon frère et Sunohara pousser les lourds verrous. Les habitants n’attendirent pas l’ouverture complète et se jetèrent dans la gueule du loup immédiatement.

Je me relevai d’un bond.

-Nous devons faire quelque chose !

-J’étais sûr que tu dirais ça, c’est d’ailleurs pour ça que je suis venu.

-Que proposez-vous ?

-C’est très simple. Ils veulent le phénix, alors ils l’auront.

-Attendez, qu’est-ce que…

Avant même que je n’ai pu rajouter quoique ce soit, le vieux était déjà parti et fonçait droit dans la bataille. Ce n’était pas du tout ce que j’avais prévu…

J’aurais bien voulu aller lui prêter main forte, mais mes jambes refusaient de m’obéir. J’étais soudain paralysée par la peur. Il fallait que j’aille les aider, je le savais, mais je savais aussi que plonger dans le chaos de la bataille pouvait signer ma fin. J’étais donc coincée là, prise entre deux feux : ma volonté de sauver tout le monde, et la peur de mourir…

Au loin, j’entendais les cris de la bataille, je voyais des éclairs de lumière jaillir de temps en temps, suivis de cris. A tout cela vint se rajouter une nouvelle lumière rouge écarlate illuminant la bataille. Le vieux devait sûrement avoir pris part au combat…

Les minutes passèrent et les bruits ne cessèrent pas, et moi, je restais cachée dans mon coin à attendre. Attendre quoi ? Je ne savais même pas. J’avais bien conscience que tout était déjà perdu d’avance, alors pourquoi essayais-je de retarder l’inévitable ?

Tout à coup, j’aperçus Sunohara rentrer précipitamment à l’intérieur de la ville, suivi de tous les habitants. Il ordonna de fermer les portes avant de s’écrouler.

Cette fois c’en était trop. Je sortis de ma cachette et j’allai les rejoindre.

-Sunohara, que s’est-il passé ? On a gagné ? Demandai-je sans grand espoir.

-Pas vraiment ; répondit-il avec une grimace. Nous avons simplement évité les pertes mais…Ils sont bien trop forts, nous ne faisons pas le poids…

-Il faut abandonner la ville Sunohara ; lança un homme sévèrement amoché.

-Je crois que c’est notre dernière option malheureusement ; soupira ce dernier.

Le garçon blond se releva et mon frère vint à ses côtés. Je tressaillis lorsque je vis l’énorme plaie qu’il avait au visage. Il boitait également et chaque pas semblait être une souffrance pour lui. Je m’en voulus alors. Il n’avait pas à se battre…

-Ecoutez-moi ; clama Sunohara au dessus de la foule, cette ville est perdue, nous allons donc l’abandonner ! Je me chargerai de couvrir vos arrières, ne vous en faites pas pour ça ! Les portes ne les retiendront pas longtemps. Rassemblez vos affaires, le départ est prévu dans moins d’une demi-heure.

Alors que tout le monde se séparait, à l’extérieur des murs, une colonne de flammes s’éleva haut dans le ciel. Le vieux…Il était encore dehors !

-Il nous fait gagner un peu de temps, il s’en sortira ; m’assura mon frère.

Je n’étais pas plus rassurée, mais je n’avais pas le courage d’aller l’aider par moi même. Je me trouvais vraiment inutile au fond de moi…

J’allai prévenir ma mère que le départ était imminent tandis que mon frère et mon père s’occupaient d’aider les plus mal en point à se préparer. En vingt minutes, tout le monde était prêt.

Sunohara donna alors les dernières instructions.

-Comme vous le voyez, rester groupé est bien trop dangereux, nous sommes trop facilement repérables. Je vous demande donc je vous séparer en petits groupes le plus vite possible.

Des cris de protestations montèrent de la foule, mais Sunohara les ignora et continua une fois le calme revenu.

-Nous nous séparons pour le moment, mais je suis convaincu que nous nous reverrons, c’est notre meilleur atout. Je vous demande simplement d’aller vers le nord, de là, vous pourrez vous échapper par la mer ou vous abriter derrière une vraie défense qui vous protégera. Avec un peu de chance, nos ennemis perdront même votre trace.

-Nous allons organiser cette fuite en trois vagues successives ! Continua mon frère. Premièrement, un groupe d’éclaireurs que nous avons constitué partira ouvrir le chemin, puis viendront les blessés, les femmes, enfants et enfin, je fermerai la marche avec Sunohara et d’autres volontaires pour assurer nos arrières ! Si vous suivez ce plan, nous nous en sortirons !

Des murmures d’appréhension montèrent parmi la foule. Le succès de cette opération ne tenait qu’à un fil. A moins que…Sunohara pensait-il vraiment que le vieux pût retenir toute l’armée ennemie assez longtemps ?

Je fus tirée de mes pensées par ma mère qui me demandait ce que je comptais faire.

-Je reste avec vous jusqu’à la fin évidemment. Je fermerai la marche avec vous.

La première vague se mit en route et sortit par l’arrière de la ville. Après quelques instants, Sunohara reçut le signal et la deuxième vague sortit également. Tout se passait comme prévu. Tout le monde allait pouvoir s’enfuir.

Mais, alors que nous allions nous aussi sortir, j’entendis au loin le bruit d’une explosion et une sinistre lumière rouge s’éleva au dessus des toits.

Le vieux…il était en danger, je le sentais.

-Nous n’avons plus le temps Nagisa, dépêche toi ! Hurla Sunohara.

Mais une fois de plus, mes jambes refusaient de m’obéir. Je ne voulais pas le laisser derrière nous, mais je n’arrivais pas non plus à trouver le courage de le rejoindre…

-Nagisa, attention !

Je me baissai juste à temps pour éviter un projectile qui alla détruire une maison à côté de moi. Un monstre m’avait repérée et il appela immédiatement tous ses petits copains.

-Je crois bien…que notre fuite est compromise ; lançai-je à Tomoya en serrant les dents.


Ils étaient vraiment immondes ces monstres, j’avais presque envie de vomir rien qu’en les voyant. Certains étaient comme recouverts d’une armure noire d’ou suintait un étrange liquide verdâtre, d’autres étaient armés jusqu’aux dents et d’autres encore avaient des têtes à faire des cauchemars.

Mais je n’avais pas de temps à perdre à contempler mes ennemis. Instinctivement, je sortis la carte du vieux, mais je fus arrêtée dans mon geste par un étrange mouvement des créatures.

Elles s’écartèrent toutes pour se diviser en deux rangs distincts avec une large allée au milieu. Quatre hommes apparurent alors parmi les monstres et je reconnus l’un d’eux avec effroi, pieds et poings liés, du sang perlant de son visage.

-Impossible…Murmurai-je.

-Rendez-vous ; déclara le plus grand des hommes d’une voix grave. Sans le phénix, votre victoire est compromise.

-Ne…les écoute pas Nagisa, pars…Articula le vieux avec une grimace.

-Je…Je ne peux pas…

-Je sais que tu as le deuxième phénix jeune fille, si tu nous le donnes sans faire d’histoire, nous sommes prêts à vous rendre le vieux crouton.

-J’aurais une autre solution ; intervint Sunohara en s’interposant.

-Qui va là ? S’exclama l’homme sinistre en se mettant sur ses gardes.

-Je suis simplement un villageois dont le village a été détruit ; Sunohara. Et il se trouve que votre patron a détruit mon village. Je ne suis pas du genre rancunier, mais cette fois-ci, je crois que je vais faire une exception.

-Ecarte toi, tout cela n’a rien à voir avec toi ! Répliqua l’homme.

-Au contraire.

Je vis alors que Sunohara faisait des signes avec ses mains dans son dos et que nos camarades s’écartaient légèrement. Je comprenais. Il voulait nous faire gagner du temps !

Quand il ne resta plus que Sunohara, le vieux et ma famille, je décidai de passer enfin à l’action. Sans crier gare, alors que les hommes étaient occupés à faire partir Sunohara, je brandis vers le ciel la carte de Garunix. Le flash lumineux surprit tant les hommes en noir qu’ils reculèrent comme un seul tout en se cachant les yeux, laissant le vieux libre.

Ce dernier ne se fit pas prier et se libéra en un instant de ses chaines.

-Très bien joué Nagisa, maintenant, filons ; Dit-il en m’attrapant par le bras.

Alors que nous courions dans la forêt, j’entendis un hurlement de rage provenant de la ville, immédiatement suivi d’une explosion et d’une colonne de flamme s’élevant dans le ciel. Mon cœur se serra. Encore des destructions…

Nous courûmes encore pendant dix minutes avant de devoir faire une pause forcée. Mon père ne pouvait plus suivre la cadence. Il mit ça sur le dos de la vieillesse, mais moi, je savais très bien quelle était la vraie raison…

Nous nous trouvions devant un grand ravin lorsque nous nous arrêtâmes. Un unique pont de corde permettait de traverser et, en contrebas, plus de dix mètres sous nos pieds, une rivière particulièrement agitée coulait.

-C’était tout juste ; déclara Tomoya en reprenant son souffle. Sunohara, j’ai toujours su que tu étais mesquin, mais pas à ce point là.

-Tu sais, entuber un prof ou un méchant, ça revient au même ; répondit l’intéressé un peu gêné.

-Nous avons gagné un peu de temps, mais ils retrouveront bientôt notre trace. Nous ne devons pas trainer des heures ; ajouta le vieux en regardant vers la forêt d’un œil inquiet.

Très brièvement, Sunohara nous expliqua alors son plan pour la suite des événements. Nous devions à tout prix rejoindre une ville pour nous y abriter, la plus proche si possible.

-Et toi dans tout ça ? Demanda Tomoya dubitatif.

-Je vais vous couvrir. Je n’ai rien à perdre après tout dans cette guerre. Que ce soit ma maison, ma famille ou mon avenir, je n’ai déjà plus rien alors autant savoir que ma vie n’aura pas été vaine.

-Arrête un peu de délirer Sunohara ! Tu restes avec nous, un point c’est tout, pas de sacrifice ou je ne sais quoi ! Rétorqua mon frère en frappant le sol. Tu te crois dans un manga ?

-J’aimerais bien oui ; répondit-il évasivement en regardant le ciel noir.

-Tu es un imbécile Sunohara…

Au même moment, j’entendis des bruits de pas provenant de la forêt et je me relevai aussitôt.

-Ils sont ici.

Tout le monde sursauta lorsque je dis cela.

-Alors nous n’avons pas le choix, il faut partir ; dit ma mère.

-Par…ce pont ? Bégaya Tomoya.

-Nous irons chacun notre tour, je doute qu’il supporte le poids de deux personnes. Nagisa, vas-y d’abord ; m’ordonna Sunohara.

Je voulus protester mais je voyais bien que nous n’avions pas le temps de tergiverser et je m’engageai sur le frêle pont de corde. Dès mon premier pas, j’entendis un craquement et je poussai un cri de terreur. Mais les cordes tinrent et je réussis à franchir le ravin en un seul morceau. Ma mère passa après moi, puis le vieux, mon père et Tomoya. Il ne restait plus que Sunohara. Il allait mettre un pied sur la première planche quand un monstre surgit de la forêt et atterrit le pont qui s’écroula sous son poids.

-Sunohara ! Hurla mon frère paniqué.

-On dirait bien que finalement le sacrifice du héro arrive plus vite que prévu. J’aurais bien voulu vous tenir compagnie encore un peu, c’est dommage.

-Ne reste pas là, fuis tant que tu le peux encore !

-L’expérience de chef aura été intéressante. Ce n’est pas au lycée qu’on apprend ce genre de chose ; dit-il en ignorant mon frère. Adieu Tomoya, on se reverra peut-être un jour. Nagisa, vieil homme, je compte sur vous deux pour faire revenir la chaleur du soleil. Qui sait, peut-être que je la reverrai un jour.

Sunohara tourna les talons et se dirigea vers la forêt.

-Pas par là idiot ! S’écria mon frère.

Mais son ami l’ignora et continua son chemin jusqu’à disparaître parmi les arbres dans les ténèbres.

-Imbécile…Tu n’es qu’un imbécile Sunohara…tu l’as toujours été…murmura mon frère en serrant le poing si fort que du sang perla de sa main.

J’avais encore du mal a accepter le départ du garçon blond. Je le considérai vraiment comme le chef des opérations depuis la veille, je pensais vraiment savoir où aller avec lui. Mais à présent, j’étais complètement déboussolée. Je ne savais plus quoi faire ni même si nos objectifs étaient réalisables…

Je constatai cependant que le plan de Sunohara avait fonctionné une fois de plus. Nous ne vîmes aucun homme arriver pendant une heure. Ils devaient certainement être en train de le poursuivre dans la forêt. Mais ce n’était qu’une diversion.

-Continuons ; déclara mon père avec une voix rauque.

Sans grande conviction, tout le groupe s’enfonça un peu plus dans la forêt, mais la route était encore longue avant d’arriver sur la côte, et qui savait quels dangers nous allions encore affronter…






http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

Pages : 1 2 3 4 ... 43 44 45 46