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[Fic] L\'Ascension des Démons
heart earth
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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [29/07/2014] à 17:18

Iori : Vaincre le destin



Spoiler :


Je courais dans ces longs couloirs sans fin, sans m’arrêter, sans me retourner, en criant pour évacuer ma rage, ne désirant que détruire la créature m’ayant fait échouer deux fois de suite. Je ne savais pas où j’allais. Je voulais simplement fuir le regard de mon père. Je ne pouvais pas l’affronter, pas après tout ce que j’avais fait.

Au loin, j’entendais des bruits de bataille, certainement les monstres de la forteresse s’abattant sur la ville comme la première fois, mais je m’en fichais, je voulais simplement partir le plus loin possible et trouver Armageddon pour lui faire payer une bonne fois pour toute.

Je finis par arriver devant une porte monumentale me barrant la route. Cependant, je n’avais nullement envie de m’arrêter là et rebrousser chemin. C’est pourquoi, puisant à l’intérieur de moi, je concentrais tous les pouvoirs de Nout et de Luminion pour forcer le passage.

-Disparais ; pensai-je.

La porte vola en éclat par ma simple volonté. Un sourire me fendit le visage lorsque je me rendis compte de l’endroit où j’avais atterri. Devant moi, il n’y avait aucun meuble, aucun objet, excepté une longue table de pierre autour de laquelle quatre personnes étaient assises et où était posé une sorte d’écran me permettant de voir ce qu’il se passait à l’extérieur.

-Qui va là ? Tonna l’homme habillé de rouge en se levant.

-Vous…Dis-je entre mes lèvres et en serrant le poing.

-Qui que vous soyez, vous venez de pénétrer dans une salle interdite, veuillez repartir sur le champ ! S’exclama le bleu.

-C’est de votre faute…Marmonnai-je.

-Notre invité de semble pas tenir à la vie ; ricana le vert. Et si nous lui donnions une petite leçon ?

-Je vais vous le faire payer…Continuai-je tout bas.

-Ces humains, je vous jure ; soupira la seule femme du groupe. Quel que soit votre nom, adieu, humaine !

La femme enleva sa cape et, brandissant sa main dans ma direction, une pluie de pierre aussi tranchantes que des harpons s’élancèrent droit sur ma figure. Cependant, je ne fis pas un pas sur le côté pour esquiver, je n’essayai même pas de me protéger avec un quelconque bouclier, non, je me contentai de les regarder s’approcher de moi.

-Ne me touchez pas…Murmurai-je.

Les pierres, sans aucune raison apparente, dévièrent de leur chemin à la dernière seconde et allèrent se planter dans le mur juste derrière moi, sans me toucher, sous le regard d’incompréhension de la démone.

-Qu’est-ce que…Bégaya-t-elle, livide.

-Je ne vous le pardonnerai pas…

Le vert éclata à nouveau de rire.

-Ma pauvre Tellas, incapable de te débarrasser d’une simple humaine qui ne s’est même pas défendue. Ah, les femmes. Laisse-moi faire, et admire comment on s’occupe d’un invité.

Le démon vert s’avança vers moi, l’air moqueur, comme si je n’étais qu’une simple formalité puis brandit à son tour sa main vers moi et un puissant vent commença à souffler dans la pièce. Autour de moi, l’air se mit à tourbillonner, la poussière au sol s’éleva en une colonne grisâtre qui m’encercla totalement.

Le tourbillon se resserrait, lentement, je le voyais se rapprocher de moi. Il s’était si puissant qu’il arrachait les pierres au sol sur son passage, mais une fois de plus, je ne fis rien à part concentrer ma colère.

-Ridicule…

Lorsque le cyclone fut assez près, je levai le bras et je tendis la main jusqu’à toucher l’air tourbillonnant et la tornade disparut instantanément, ne laissant qu’un énorme trou dans le sol et le plafond tout autour de moi.

Ce fut au tour du démon vert d’écarquiller les yeux et son sourire sadique s’effaça aussitôt de sa figure pour faire place à une grimace, non pas de mécontentement mais de peur.

-Je vous ferai payer pour ce que vous avez fait à mon père et Laura…

Une aura doré s’éleva et illumina la pièce. Je voulais les détruire. Je devais les détruire. La première fois, mon père avait été obligé de combattre, mais cette fois-ci, j’allais m’occuper du sale boulot à sa place. C’était la moindre des choses que je pouvais faire pour qu’il me pardonne.

La lumière s’intensifia et les quatre démons reculèrent prudemment. Ils devaient bien voir que je n’étais pas une simple humaine et ils étaient maintenant sur leurs gardes.

-Vous vouliez savoir mon nom, n’est-ce pas ? Je vais vous le dire : Je m’appelle Yuiko Iori, fille de Nout et de Luminion, ennemie d’Armageddon, et la vôtre également !

-Nout…Et luminion tu dis ? Répéta le rouge, interdit.

-Regarde-moi Laura, je fais ça pour toi…

Le halo de lumière gagna encore en intensité jusqu’à devenir aussi éblouissant que le soleil. Les démons, ayant compris que je n’étais pas à prendre à la légère, commencèrent à rayonner également. Des auras bleue, marron, rouge et verte apparurent au milieu de la lumière dorée et tentèrent de percer péniblement. Tout n’était que lumière, la salle avait disparue, comme si nous étions dans un autre monde.

Les auras des quatre démons se mélangèrent en une seule et je crus distinguer comme une nouvelle entité, un nouveau démon dans la lumière qui se jeta sur moi. Je le contrai sans aucune difficulté. Je n’eus qu’à lever la main pour créer un bouclier qui repoussa l’attaque.

-Une telle puissance…Tu n’es pas de ce monde…Déclara le bleu, effrayé.

-Si…Je suis de ce monde…du moins, je suis condamnée à y rester…Contrairement à vous !

Mon bouclier changea de forme pour une lame d’or gigantesque qui trancha d’un seul coup la créature née de l’union des forces des démons avant de s’abattre sur eux. Néanmoins, tout comme moi, ils étaient capables de se défendre et firent à leur tour apparaitre un bouclier noir entre eux et ma lame.

Lorsque les deux armes s’entrechoquèrent, je sentis le sol vibrer sous mes pieds et une puissante explosion me repoussa.

Je n’attendis pas pour repasser à l’attaque et j’agitai mon épée de lumière dans tous les sens dans l’espoir de percer leurs défenses mais rien n’y faisait, leur bouclier était trop résistant. Cependant, même si mes attaques me coutaient de l’énergie, je voyais les démons s’affaiblir également. Ce n’était pas un combat, c’était une épreuve d’endurance. Pouvais-je vraiment tenir face à quatre entités issues du fond des âges ?…

Une nouvelle secousse ébranla la forteresse et je perdis l’équilibre. Les démons en profitèrent pour reprendre l’avantage et repassèrent à l’attaque. Je n’eus d’autre choix de que reformer mon bouclier, mais trop tard. Ce dernier se brisa à la première attaque et je fus projetée en arrière.

-Finis de jouer, fille de luminion ou pas, tu périras ; lança le rouge. Eternal flare !

Des flammes bleues s’élevèrent autour de moi. Je tentai de les repousser comme je l’avais fait avec les pierres de Tellas, mais tout ce que j’obtins fut une brûlure à la main.

Non, je n’avais plus assez de force. Même mon père aidé de tout le club de duel et de luminion avait failli perdre la vie face aux démons, qui étais-je pour me croire supérieure à eux…

« Je peux te promettre ceci : nous nous reverrons et ce, quelle que soit l’issue de ma quête. »

Ces mots résonnèrent dans ma tête. C’était mes adieux à Hélio dans le futur…Je…Je devais tenir ma promesse, je voulais le revoir, lui, présidente Hikari, Tante Nagisa, Angéla, Drago…

Une énergie nouvelle afflua dans mes veines, me permettant de repousser les flammes avec celles qui brûlaient désormais dans mes propres mains. J’allais combattre le feu par le feu, Pyros avec Nout !

Sans autre sommation, je traversai le feu divin comme s’il n’y avait rien et je fis face aux démons, ébahis que je sois toujours en vie.

-Co…Comment ? Bafouilla Pyros.

-Je vous l’ai dit, je suis la fille de Nout, le phénix immortel.

-Dans ce cas jeune fille, je vais éteindre tes ardeurs ; s’empressa de répondre le bleu.

De nulle part, des trombes d’eau émergèrent et s’abattirent sur moi. Cependant, je n’avais plus de temps à perdre. Mon père allait arriver d’une minute à l’autre si je ne terminai pas ce combat suffisamment rapidement.

Alliant les pouvoirs de Nout et de Luminion, je réussis à m’extirper du siphon sans aucune égratignure. Les démons commençaient vraiment à pâlir face à temps de résistance. Mais si j’avais les armes pour me battre avec Armageddon, alors il m’était impensable de plier face à quatre créatures soi-disant toutes puissantes.

-C’est la fin démons ! M’écriai-je en formant une énorme boule de feu doré au creux de ma main.

Les quatre repassèrent à l’attaque mais aucun ne réussit à me toucher, rebondissant sur un champ de force invisible tandis que l’orbe d’or continuait à grossir.

Lorsqu’il fut aussi grand que moi, je puisai en moi pour le lancer de toutes mes forces sur les quatre créatures. Leur bouclier fut détruit instantanément et je les vis disparaitre dans la lumière si puissante qu’elle m’aveugla quelques instants.

Lorsque cette dernière se dissipa, elle me laissa voir un mur défoncé et quatre corps gisant au sol. Je ne les avais pas tués, mais ils étaient suffisamment amochés pour que je les termine à présent.

Lentement, je m’approchai d’eux, trop contente de pouvoir assouvir ma vengeance…Non, ce n’était que le début, le prochain sur la liste était Armageddon…

Mais, plutôt que de les achever, une autre idée me passa par la tête. Les faire disparaitre purement et simplement aurait été du gâchis.

Je mis ma main sur le cœur de Pyros qui était le plus près et je me concentrai afin de visualiser la source de son pouvoir avant de l’absorber en moi. Immédiatement, son visage se contracta et plusieurs rides apparurent tandis qu’en moi, je sentis mon cœur bruler d’une chaleur nouvelle. Mais ce n’était pas assez, il me fallait plus pour vaincre Armageddon à coup sûr.

Je me déplaçai alors vers Typhos, puis Syphos et Tellas, répétant le même procédé à chaque fois. Et, alors que je venais de terminer de récupérer tous leurs pouvoirs, j’entendis des bruits de pas dans les couloirs adjacents et, sans réfléchir une seconde de plus, je me cachai dans un coin de la pièce.

Miyako, Nagisa et Hiroki arrivèrent alors et constatèrent le spectacle qui s’offraient à eux avec incompréhension. Puis vinrent Angéla et June qui pensèrent immédiatement que Miyako avait fait le travail, de même que Drago et une autre fille aux cheveux presque bleus et aux yeux vairons quand ils pénétrèrent à leur tour.

Tous étaient totalement déconcertés par leur découverte. Il y avait de quoi lorsqu’on voyait les quatre démons…Non, humains désormais, gisant au sol, inconscients.

-Est-ce l’œuvre de Gariatron ? Hésita Miyako, déboussolée.

-Je ne pense pas, le démon est fort, mais pas assez pour vaincre tous ses frères d’un seul coup ; lui répondit June, pensive.

-Luminion peut-être alors ? Demanda Angéla.

-Encore plus improbable, je ne pense pas qu’il ait recours à la force pour se faire entendre ; affirma Drago en fronçant les sourcils.

-Vous pensez que ces deux affreux auraient subi le même sort d’ailleurs ? Déclara alors la fille inconnue.

-Je n’espère pas, j’ai toujours une vengeance sur le dos moi ; grimaça Hiroki. Une minute, qui es-tu toi ?

-Je m’appelle Hoshino Asuna mais nous nous soucierons des détails plus tard. Pour le moment, la question est : qu’allons-nous faire ? La guerre est-elle finie ?

Comme pour lui répondre, je vis les sourcils de Pyros bouger et tout le monde le notifia également. Les quatre démons reprirent connaissance tandis que les amis de mon père se mirent en position, prêt à se battre.

-Oh ma tête…Que…S’est-il passé ? Murmura Pyros.

-Nous comptions justement sur vous pour nous le dire ; lui répondit Miyako, méfiante.

-Vous ? Mais qui êtes-vous ? Et où sommes-nous d’ailleurs ? Je ne me rappelle…Plus de rien. Reprit Syphos, l’air perdu.

-Euh…C’est une blague de démon ? Non parce que désolée, ça ne me fait pas rire du tout ; déclara Angéla, déconcertée.

-Une blague…De démon vous dites ? Qui traitez-vous de démons ? La questionna Tellas.


Un grand silence suivit sa question. Moi-même, je n’avais pas été préparée à cela. Je ne pensais pas que prendre leurs pouvoir leur prendrait également la mémoire…Mais c’était peut-être mieux ainsi, un immortel devenant mortel serait certainement devenu fou en un rien de temps…Et moi alors ? Qu’étais-je à présent ? Une démone à mon tour, ou toujours une simple humaine avec des pouvoirs volés ?…

-Pincez-moi, je rêve…Murmura Nagisa.

-Est-ce que…Vous savez au moins comment vous vous appelez ? Demanda Drago, toujours méfiant.

-C’est…Une excellente question jeune homme, mais nous sommes dans l’incapacité de te répondre ; ricana Typhos qui semblait avoir gardé ce mauvais tic de rire à tout bout de champ.

-Alors ça…Je n’ai pas les mots…Chuchota la dénommée Asuna. Mais j’imagine que cela signifie que cette guerre est belle et bien terminée, non ?

-Une guerre ? Nous sommes en guerre ? Demanda Pyros.

-Oubliez ça ; soupira Miyako.

La future présidente sortit son téléphone et composa un numéro.

-Hélios, c’est Miyako, comment ça se passe de votre côté ?

-Pour le mieux, mystérieusement, tous les monstres volants ont disparu en une fraction de seconde et Gariatron n’est plus un problème. Cependant, je m’inquiète pour Laura. Je l’ai vue combattre Zorc puis Shadow s’est pointé et depuis, je n’arrive pas à la joindre.

Mon cœur s’emballa. J’avais peut-être vengé Laura…Mais ça ne l’avait pas sauvée…J’avais vaincu les démons à moi seule, et pourtant, j’étais incapable de sauver ne serait-ce qu’une seule personne…

-Compris Hélios, nous allons voir ce qu’il en est. Je vous tiens au courant.

-Et une minute ma grande, et les démons dans tout ça ?

-C’est…Assez dur à expliquer. Je peux vous les envoyer si vous voulez, ça sera plus simple pour vous de comprendre.

-Pardon ?

Miyako ne répondit rien et raccrocha sans en dire davantage puis demanda à Drago, Angéla et Asuna de prendre avec eux les quatre ex-démons pour les amener à Hélios. Ces derniers acceptèrent et, passant par l’ouverture dans le mur, sautèrent sur le dragon éclipse parfait qui embarqua tout le monde, même si les anciens démons semblaient très peu rassurés à l’idée de voyager dans de telles conditions.

Il ne restait plus que Miyako, Hiroki, Nagisa et moi dans la salle. Les trois compagnons ne tardèrent pas davantage et retournèrent au croisement des salles, mais je le ne les suivis pas, je ne pouvais pas retourner là-bas…

Je sortis de ma cachette pour observer l’étendue des dégâts. Dans la pièce, il n’y avait plus une seule trace des démons, la table de pierre était fendue et un trou béant s’ouvrait dans le mur. Il n’y avait plus un bruit, plus un murmure, rien, excepté moi.

Je n’aimais pas ce silence. Aussitôt avais-je pensé à une brise légère qu’un vent frais s’engouffra dans la pièce. Alors, voilà quels étaient mes pouvoirs désormais ? Il me suffisait de penser à une chose pour qu’elle se réalise ?

Si je n’avais pas échoué dans ma mission, peut-être aurais-je été heureuse de posséder une telle puissance, mais dans l’état actuel des choses, je ne ressentais rien d’autre qu’un immense vide dans mon cœur.

Et maintenant ? Qu’allais-je devenir ? Allais-je devoir repasser vingt-six nouvelles années à attendre avant de pouvoir retenter ma chance ? Ou bien devais-je continuer l’œuvre des démons et défier Armageddon dès à présent ?

Des bruits de pas me tirèrent de mes rêveries et un vieil homme barbu apparut dans la pièce, accompagné d’une jeune femme aux cheveux blancs comme la neige qui devait avoir autour de la trentaine. Ils semblaient totalement perdus face au spectacle qu’ils avaient sous les yeux, mais surtout face à moi, une jeune fille inconnue se tenant seule à la place qu’aurait dû occuper les créatures les plus puissantes de ce monde.

-Toi, qui es-tu ? Et où sont passés nos maitres ? Me demanda le vieil homme d’une voix rauque.

-Vos maitres ne sont plus ; répondis-je d’un ton neutre.

-Co…Comment ? Que leur as-tu fait ? Reprit la femme, menaçante.

Pour toute réponse, j’allumai un feu dans ma main gauche et je créai une bulle d’eau en suspension dans ma main droite. Les deux reculèrent instinctivement, effrayés. Je soupirai et me levai pour leur faire face.

-Cette guerre est terminée, qui que vous soyez, rentrez chez vous et profitez de votre vie.

La femme m’attrapa par le col et me souleva dans les airs. Je n’essayai même pas de me défendre et j’attendis simplement.

-T…Toi…Quoi que tu aies fait à Tellas…Je ne te le pardonnerai jamais !

-Terra, calme toi ; tenta le vieil homme avant de se faire couper.

-Non Kyuryu ! Tellas était tout pour moi ! Si tu lui as fait du mal, je vais la venger !

-Lâche-moi, tu me fatigues ; déclarai-je sans émotion.

-Qu’elle est mignonne, tu te crois assez forte pour me défier, moi ? Laisse-moi rire ! Je vais te faire passer l’envie de me parler de la sorte !

-Je t’ai dit de me lâcher !

A peine avais-je prononcé ces mots que le sol de la forteresse trembla et la jeune femme, déstabilisée, lâcha prise tandis que je retombai doucement sur mes jambes.

Il n’en fallut pas plus à ladite Terra pour activer son disque de duel et invoquer un monstre gigantesque. Sandayu était son nom il me semble…L’arrivée de cette créature finit de détruire entièrement la salle et je me retrouvai à tomber dans le vide tandis que les deux personnes s’accrochaient fermement au monstre de duel.

Des ailes…J’avais toujours rêvé d’avoir des ailes pour m’envoler loin de ce monde, fuir les problèmes de mon père et voler librement dans les cieux, ne rendant de compte à personne…Et c’est exactement ce que je fis.

Dans mon dos, une paire d’ailes blanches se forma et stoppa ma chute. Je n’avais plus envie de combattre ces guignols, je n’avais plus envie de rien faire à vrai dire…

Dans cette optique, j’ignorai la bestiole et ses maitres et je me dirigeai vers le sol. Je l’avais presque atteint lorsque qu’une autre créature me barra le chemin.

-Ohoh ma jolie, pas si vite, j’ai cru comprendre que nos maitres avaient disparu, est-ce vrai cela ? Me demanda un homme chevauchant un grand oiseau vert.

-Pourquoi me demander si vous savez que c’est vrai ? Allez voir par vous-mêmes, ils sont quelques mètres plus bas.

L’homme me regarda avec des yeux ronds et je passai à côté de lui sans en dire davantage. Je vis enfin le sol après quelques minutes mais je ne me posai pas immédiatement. Je préférai regarder la scène d’en haut.

Hélios, Drago, Asuna, Angéla, les démons ainsi que tous les autres étant restés au sol discutaient. A côté d’eux, Luminion gardait un œil sur Gariatron, visiblement très affaibli au point de ne plus pouvoir se battre, mais le même regard d’incompréhension se lisait dans les yeux des deux seuls démons restant.

De là où j’étais, je ne pouvais entendre leur conversation, c’est pourquoi je me posai à proximité d’eux. Terra, Kyuryu, l’homme au piaf vert ainsi qu’un autre me rejoignirent, mais furent tellement troublés par la scène qu’ils ne m’attaquèrent même pas et observèrent avec moi.

-Des démons, nous ? Vous rigolez j’espère, cela n’existe que dans les manga ces créatures ; déclara Pyros, mécontent.

-Olala, j’ai un des maux de têtes avec tout ça moi, Serena, fais la conversation à ma place tu veux ? Ronchonna Hélios.

-Quelle plaie ce type ; soupira la jeune fille. Bon, puisque je n’ai pas le choix. Commençons par le commencement, de quoi vous souvenez vous exactement ?

-Sincèrement…de rien ; répondit Syphos. C’est comme si nous avions été créés il y a quelques minutes.

-Oui, c’est assez troublant quand on voit ta tête à toi qui sembles avoir au moins soixante ans ; rigola Typhos.

-Typhos, Syphos, Pyros, Tellas, vous ne vous souvenez vraiment de rien mes amis ? Les questionna Luminion, inquiet.

-Beurk, c’est quoi ces noms pourris ? On dirait des noms de la mythologie grecques ! Protesta Tellas.

-On va prendre ça pour un non je crois ; déclara Asuna. Et dites-moi vous quatre, pour vous, les deux gros machins là-bas, c’est quoi ? Continua-t-elle en désignant les deux démons.

-Des…Dragons peut-être ? Hésita Pyros qui n’était nullement étonné.

-Etre réduits à de simples créatures écailleuses par nos propres frères, si ce n’est pas malheureux ; cracha Gariatron que Luminion fit taire aussitôt.

La conversation s’arrêta là, car dans le ciel, une grande ombre couvrit le soleil et tout le monde leva les yeux vers la forteresse. Darkness Shadow venait de prendre son envol, accompagné de Chaofeng. A ce moment là, je voulus m’enfuir mais il n’y avait pas d’échappatoire, tout le monde l’aurait remarqué et je restai donc là, le cœur battant la chamade, les larmes aux yeux, la haine contre Armageddon dans le cœur.

Tout le monde s’écarta pour laisser le grand dragon se poser et, lorsque Shadow mit un pied à terre, toutes les personnes présentes eurent la même réaction en voyant celle qu’il portait dans ses bras, enroulée dans sa cape, les yeux fermés, tous ses membres pendants mollement vers le sol.

-Non…Ce n’est…Pas possible…Bafouilla Angéla, tremblante.

-Laura…Murmura Drago, si choqué qu’il ne faisait plus un geste.

-Pourquoi…Pourquoi Laura ? Se lamenta Serena qui trouva refuge dans les bras de son frère qui cachait ses émotions comme à son habitude.

-Laura, mon enfant…Comment cela a-t-il pu arriver ? Demanda Hélios à Shadow d’une voix éteinte.

Ce dernier ne répondit rien et ne put que détourner la tête, honteux. Angéla ne se retint pas davantage et éclata en sanglot dans les bras de Drago. Ce dernier chercha un soutien, mais personne ne fut apte à le lui donner. Asuna, même si elle ne connaissait pas la jeune fille, eut l’air attristée. Luminion semblait aussi affecté que n’importe quel membre du groupe et Gariatron, aussi étrange que cela puisse paraitre, avait l’air de regretter quelque chose. Miyako consolait Nagisa et tentait de lui remonter le moral tant bien que mal, même si elle ne semblait pas aller beaucoup mieux et mon père…

Non, je ne pouvais pas…Je savais quelle avait été sa réaction, mais je ne pouvais pas supporter de revoir ce regard une seconde fois, seule ma mère le pouvait, et encore…

Ce long moment s’éternisa. Personne n’osait dire un mot, tous rendaient hommage à Laura dans leur tête et dans leur cœur.

Ce silence était insoutenable, étouffant, irrespirable, mais je ne disais rien non plus. J’avais échoué, et j’en payais maintenant les conséquences.

Non…Cela ne pouvait pas se finir de la sorte. Je n’avais pas échoué. La partie n’était pas finie. J’avais déjà vécu cela par le passé, il me suffisait de recommencer, encore et encore, jusqu’à ce que j’y arrive. Vingt-six ans, c’était le temps que j’avais à attendre avant de pouvoir relancer les dés du destin et défier une nouvelle fois Armageddon. Mais cette fois-ci, j’allais être prête, je n’allais pas me laisser surprendre. Je savais quand et comment Laura devait mourir, et je ferai tout pour l’en empêcher, non plus pour mon père, non plus pour moi, mais pour elle, parce qu’elle avait le droit de vivre, parce qu’Armageddon avait commis la pire injustice possible, parce qu’elle était une amie chère à mes yeux.

-Attends-moi Laura, je jure que je te sauverai.

Au même moment, alors que je désirai avoir un peu de lumière pour me donner de la force, les nuages obscurcissant le ciel se dissipèrent et laissèrent place à un soleil majestueux, éblouissant, réconfortant. Même si cela était mon œuvre, cela n’avait aucune importance. Si ce monde ne pouvait me donner ce que je désirai, alors je ferai plier le monde à ma volonté avant de disparaitre.

Les rayons chauds du soleil de décembre éclairèrent la figure pâle de Laura et réchauffèrent son corps glacé. Je m’attendais presque à ce qu’elle ouvre les yeux, mais je n’étais pas dans un manga shônen, si je voulais sauver Laura, il allait falloir que j’en prenne les moyens, seule.


L’enterrement de Laura deux jours plus tard fut très sobre. Il n’y avait que peu de monde, Le club de duel de mon père, les uws, Serena, Satoshi, Hélios, Shadow et moi-même. Je n’osais toujours pas croiser le regard de mon père et j’évitai à tout prix de me retrouver seule avec ma mère. Tout le monde semblait très affecté par cette disparition, quoi de plus normal ? J’avais vécu assez longtemps à ses côtés pour comprendre pourquoi tout le monde l’appréciait autant.

Lors de son discours d’adieu, Shadow mentionna sa fille comme une héroïne, s’étant sacrifiée pour la paix, en se prenant lui-même comme exemple. Ce n’était pas totalement faux, grâce à Laura, j’avais déversé ma colère sur les démons et mis fin à la guerre…

Chacun laissa un dernier mot d’adieu à la jeune fille partie beaucoup trop tôt, excepté mon père qui ne réussit pas à se prononcer.

Le soir venu, tout le monde était rentré, excepté moi. Je restais devant cette tombe, dans le noir, à la seule lueur de la flamme au creux de ma main. Devant moi se dressait une simple pierre tombale avec le nom de Laura gravé dessus. Il y avait également quelques fleurs, des chrysanthèmes, décorant le tout, mais ce n’était pas assez. Laura méritait mieux tout de même.

Je fermai les yeux et, utilisant les pouvoirs de Tellas, j’imaginai quelque chose de plus grandiose et un grand obélisque surgit du sol et remplaça la petite pierre. Dessus, j’y inscrivis le nom de Laura, et je représentai son monstre : Trishula. Je m’arrangeai également pour faire fleurir quelques fleurs rares tout autour, telles que des roses, des iris, des coquelicots et même des fleurs du crépuscule, histoire d’égayer le tout.

Mais ce n’était toujours pas assez. Sur le côté, je fis pousser un cerisier et je l’obligeai à rester éternellement en fleur. Comme Laura, il devait rester figer dans le temps, ne jamais flétrir, demeurer magnifique pour l’éternité.

Puis, grâce aux pouvoirs de Syphos, une petite marre se forma devant le cerisier, dans laquelle je mis quelques nénuphars et je fis jaillir une source l’approvisionnant en eau continuellement, afin qu’elle ne soit jamais à sec, même pendant l’été.

Mais il manquait encore quelque chose à ce tableau et c’est pourquoi, je fis souffler un vent léger, berçant les fleurs de cerisier et faisant atterrir gracieusement les pétales roses dans la marre. Comme touche finale, j’allumai l’une des bougies posées là grâce au feu de Pyros avant de prendre du recul sur mon œuvre.

Oui, c’était parfait pour Laura. Un paysage restant éternellement le même au fil des saisons et des années, afin que tout la mémoire de tous perdure de la même façon, c’était la moindre des choses que je pouvais faire pour ma meilleure amie.

Sur le chemin du retour, je me mis à penser aux autres événements récents. Après la défaite des démons, ces derniers avaient été pris en charge par Hélios afin de les intégrer dans la société. Leurs serviteurs, quant à eux, avaient dû se faire une raison et étaient retournés à leur vie d’antan. Luminion et Gariatron avaient disparu avec la forteresse. Pour aller où ? Mystère, même si je les soupçonnais d’être allés défier Armageddon afin de venger leurs frères.

La guerre était finie avant même d’avoir commencé, comme on nous l’enseignait dans les livres d’histoire et la vie reprenait peu à peu son cours.

Mon père, ma mère, Miyako et Nagisa s’apprêtaient à repartir, de même que les UWS, Hélios, Serena et Satoshi. Asuna, la mystérieuse fille, après être restée quelques jours, dit au revoir à Drago avant de disparaitre de la circulation.

Cependant, un jour, alors que je descendais boire un verre d’eau en pleine nuit, j’entendis des pleurs provenant du salon. Intriguée, je fis un détour et je vis Serena pleurer dans les bras d’Hélios. Ce dernier la regardait tristement, essayant néanmoins de sourire et échangeant des paroles tacites avec Satoshi. Je ne compris que plus tard dans la soirée la raison de tant d’émotion.

Je me réveillai dans une sorte de temple. Tout autour, il n’y avait rien et deux personnes se tenaient devant moi : je reconnus ma mère et un vieil homme portant une armure d’or qui n’était autre qu’Hélios. Je levai les yeux, et je vis également Luminion.

-S’il vous plait Luminion, donnez-moi plus de temps ! Darksky a besoin de moi, je ne peux pas partir maintenant ! Protesta ma mère.

-Je suis vraiment désolée ma chère Saya…Mais je n’ai plus assez d’énergie pour te maintenir en vie désormais…

-Mais…Mais vous aviez dit que…

-Armageddon…Nous a vaincu.

J’écarquillai les yeux. Alors j’avais vu juste. Les deux démons étaient partis affronter leur ennemi pour venger leurs frères mais avaient perdu la bataille…Je voulus intervenir mais Hélios prit la parole avant.

-Oui, Gariatron m’a prévenu également. Mais il me reste un peu plus de temps, le démon m’a légué tout ce qu’il lui restait d’énergie avant de disparaitre pour toujours.

-Gariatron…il n’était pas honnête avec lui-même ; rigola Luminion. Mais, es-tu sûr de vouloir le faire, Hélios ? Tu sais ce que cela impliquera ?

-Vouloir faire quoi ? Demanda ma mère, inquiète.

Le roi enleva la couronne qu’il portait sur sa tête et la regarda tristement avant de déclarer :

-Tu sais Saya, le temps que j’ai passé avec vous a été merveilleux, je me suis rarement autant amusé qu’en étant à vos côtés, à entrainer l’équipe d’Angéla, à vous prodiguer des conseils, à élever les jumeaux comme s’ils étaient mes propres enfants, mais je crois que je n’ai pas vraiment ma place dans ce monde ; déclara-t-il gravement.

-Qu’est-ce que vous voulez dire ?

-Loin d’ici, quelqu’un m’attend depuis plus de cinq mille ans désormais. Je pense qu’il serait impoli de ma part de la faire attendre davantage, n’est-ce pas Luna ?

Dans la lumière, une forme humaine se découpa et je crus discerner un visage souriant au roi.

-J’ai déjà prévenu Serena et Satoshi de mon départ, ne t’inquiète pas pour eux, ils sont assez forts pour survivre sans moi désormais.

-Attendez, vous ne pensez sérieusement pas à…

-Saya, je tenais à m’excuser depuis longtemps auprès de toi et Darksky pour ce que je vous ai fait par le passé. Accepte ceci comme un cadeau d’excuse…Et d’adieu…

Hélios frôla le visage de ma mère et son corps se mit à scintiller.

-Non Hélios, vous n’avez pas le droit de…

-Je n’ai pas le droit de te priver d’une vie que tu mérites Saya, tu as raison. Luna, allons-y.

Peu à peu, Hélios devint de plus en plus transparent jusqu’à n’être plus qu’une simple forme brillante dans le temple de lumière tandis que ma mère essayer de le retenir en vain.

-Au fait Iori, puisque je sais que tu es là aussi, j’ai tenu ma promesse comme tu peux le voir, maintenant, c’est à ton tour de tenir la tienne !

-Que…

Je n’eus pas le temps de répondre que ce qu’il restait de son corps se volatilisa en un millier de lumières blanches tandis que ma vision se brouilla peu à peu et que Luminion subit le même sort que le roi.

-Adieu Saya, je vais me retirer. En attendant, prends soin de toi et profite de la vie qui t’a été donnée.

-Je…Je n’y manquerai pas Luminion ! Hélios…Vous pourrez être fier de moi, je ne gâcherai pas ces années de vie et je ferai tout mon possible pour redonner le sourire à Darksky !

Ces mots réveillèrent quelque chose en moi. Une volonté perdue, la véritable raison de mon retour dans le passé.

Lorsque je me réveillai, j’étais en pleurs malgré moi. Ce n’était pas un simple rêve. Tout était réel. Hélios était bien parti pour toujours, laissant ma mère s’occuper de mon père et me demandant de tenir ma promesse…Et c’est ce que j’allais faire.

Les jours passèrent, puis les semaines, puis les mois. Tout semblait rentré dans l’ordre. Le club de duel avait repris ses activités à en croire les messages de ma mère. Quant à moi, je m’étais installée à Paris afin de commencer de nouvelles études. La première fois, j’étais devenue scientifique dans le but de créer une machine me permettant de remonter dans le passé en cas d’échec, mais cette fois-ci, je décidai de suivre la voie de la médecine, dans le but de soigner Laura avant qu’il ne soit trop tard.

La fin de l’année arriva, Miyako fut diplômée et commença des études pour se lancer dans la politique. Tout se passa très vite, j’avais tellement de connaissances en moi que les examens furent un jeu d’enfant et je franchis une à une les étapes.

Huit ans passèrent ainsi comme ça sans que je ne m’en rende compte. Je travaillai pour noyer ma peine. De temps en temps, je revoyais Angéla, Drago, June, Maya et Ambre et à de très rares occasions, Nagisa, Miyako et ma mère. Cependant, je ne pouvais toujours pas affronter mon père, même en sachant qu’il allait bien mieux.

La neuvième année, mon père et ma mère se marièrent enfin. Je fus invitée bien évidemment, mais je me tins éloignée de tout le monde. Ils avaient vraiment l’air heureux, exactement comme sur la photo que je gardais précieusement sur mon portable. Puis je naquis l’année qui suivit.

Me voir si petite, si fragile, me rendit nostalgique. Je voulais retourner à cette époque où je ne savais rien de toutes ces histoires, où je n’étais encore qu’une enfant insouciante et heureuse. Ma mère me dit d’ailleurs qu’ils avaient appelé leur fille Iori en mon honneur, parce que je lui avais rendu le sourire au moment où tout semblait perdu.

J’assistai également au mariage d’Angéla et Drago et à la naissance d’Hélio, nommé ainsi en l’honneur d’Hélios que le couple avait gardé dans leur cœur même après toutes ces années.

Les ans passèrent encore et toujours. J’avais finalement réussi à me procurer un laboratoire de recherches et devenir un médecin reconnu du monde entier comme j’avais été une scientifique reconnue et je menais des recherches poussées dans l’optique de trouver un remède aux blessures fatales de Laura.

Mon propre corps n’allait pas très bien non plus. Souvent, je faisais des malaises ou mon cœur cessait complètement de battre pendant plusieurs secondes. Il n’y avait aucune raison à cela selon mes collègues et personne ne trouvait la cause, mais moi, je la connaissais. Les pouvoirs volés aux démons étaient en train de me consumer petit à petit. Je ne savais pas combien de temps il me restait à vivre, mais j’espérai simplement pouvoir tenir assez longtemps pour retenter ma chance…

Finalement, douze ans plus tard, la lumière de Luminion finit par s’éteindre et ma mère également. Cependant, sur son lit de mort, elle n’était pas triste et elle me souriait, à moi et à mon père. Ce sourire valait tous les trésors du monde, il était pur, sincère et rempli d’espoir pour l’avenir, comme celui de Laura vingt-deux ans auparavant.

A partir de ce moment-là, mon désir de changer le destin de Laura et de ma mère se réveilla brutalement et tout s’accéléra. Pendant vingt-deux ans, je m’étais laissée porter par le rythme de la vie que je menais, comme je me l’étais juré, mais à présent, il était temps de faire bouger les choses.

Je commençai à remuer ciel et terre pour obtenir la construction d’une machine à voyager dans le temps, en donnant les plans que j’avais élaborés moi-même de mémoire puis, à côté, je mis au point un prototype en cas d’échec de la part du laboratoire de Néo Domino City.

Miyako fut élue présidente la même année, en battant Hiroki son rival et compagnon selon les rumeurs, et je profitai de la situation pour rendre de nombreuses visites à Shadow. Le pauvre était dans le même état que lorsque je l’avais trouvé la première fois, mais je savais qu’il restait au fond de lui ce désir de sauver sa fille. C’est pourquoi, je lui donnai la carte qu’il m’avait lui-même donnée par le passé, avec pour instruction de la transmettre à son tour, de même que la fusion parfaite.

Et finalement, après vingt-six ans d’attente, le grand jour arriva. Je m’étais postée à un endroit stratégique pour m’attendre, un bout de papier à la main sur lequel était écrit le nom de Laura. Lorsque je me vis, je m’élançai puis me bousculai avant de repartir aussitôt.

A partir de ce moment-là, je venais de retourner dans cette boucle temporelle, je n’avais plus qu’à attendre quelques semaines avant de pouvoir retenter ma chance une troisième fois. Après vingt-six ans d’attente, ma patience allait enfin être récompensée.

La veille précédant mon propre départ dans le passé, j’allai voir Serena, lui laissant une instruction pour mon autre moi, sur le même papier que j’avais découvert à mon réveil vingt-six ans plus tôt.

Tout était en place, j’avais amélioré mon prototype afin de projeter la moi du présent dans le passé en plus du voyage temporel, mais cette fois-ci, beaucoup plus tôt, dès mon arrivée dans le passé. Puisque mon corps était à sa limite, c’était la seule solution pour sauver Laura sans commettre les mêmes erreurs. D’après les médecins, je n’en avais plus que pour quelques mois de toute façon, je n’avais plus rien à perdre.

Malheureusement, les choses ne se passèrent pas comme prévu et, alors que je regardais l’expérience allant se dérouler depuis l’extérieur, une lance me frôla et je réussis à la dévier à la dernière seconde.

Je me retournai immédiatement et ce que je craignais se réalisa.

Juste derrière moi se tenait la créature m’ayant tout pris : Armageddon. Mais cette fois-ci, ce n’était pas une simple ombre, il avait un corps matériel. Il s’agissait d’un grand dragon portant une armure noire comme la nuit et luisant d’un éclat rouge sang. Sa tête était pourvue de deux cornes pointant vers l’avant de chaque côté et ses ailes étaient déployée derrière lui, me cachant la lumière du jour.

-Armageddon, enfin nous nous retrouvons face à face !

-Yuiko Iori, malgré tes échecs, tu continues à t’opposer à moi ? Tu devrais comprendre que personne ne peut me vaincre, je suis la destinée de chaque être vivant sur cette terre et quiconque s’oppose à moi en voulant modifier l’histoire sera immédiatement supprimé de l’histoire, exactement comme Gariatron et Luminion l’ont fait.

-Je vais te faire payer pour ce que tu as fait à Laura ! Prépare toi à être supprimé comme tu le dis si bien toi-même !

Sans autre sommation et uniquement guidée par ma soif de vengeance réveillée, j’activai les pouvoirs des démons que je cachais en moi et je me précipitai sur mon ennemi. Armageddon contra facilement ma première attaque de pierre en faisant tournoyer sa lance comme un bouclier mais je n’en étais qu’au début.

J’enchainai immédiatement avec une puissante rafale de flammes bleues. Leur chaleur était tellement intense que le dragon fut obligé de lâcher sa lance brûlante et de sauter sur le côté pour esquiver l’attaque. Je ne lui laissai de répit et je continuai en invoquant une puissante tornade qui le déstabilisa suffisamment longtemps pour que je puisse lui envoyer des dizaines de cristaux de glace qui se plantèrent dans les fentes de son armure.

La créature recula, furieuse de s’être laissée prendre au dépourvu et tenta à son tour d’attaquer avec sa lance à double tranchant, mais je réussis à parer en créant mon bouclier de lumière et la lance rebondit dessus comme un vulgaire jouet s’écrasant sur du béton.

-C’est tout ce dont tu es capable Armageddon ? Je te pensais plus costaud que ça !

-Petite prétentieuse, tu vas voir.

Le dragon noir planta son arme dans la terre et son armure se mit à luire de plus belle. La créature se mit à grossir, encore et encore, jusqu’à atteindre une taille gigantesque, dépassant les plus hauts arbres entourant le laboratoire.

Je reculai d’instinct face à sa nouvelle puissance avant de me retrouver dos au mur contre le laboratoire. Je regardai furtivement l’heure. Je devais encore tenir quelques minutes…

Armageddon cracha une salve de feu noir que je tentai de repousser avec le bouclier de Luminion, mais ce dernier se brisa sans opposer de résistance et je me jetai à terre pour esquiver et, en même temps, je tentai d’emprisonner la créature dans un étau de roche au sol pour l’empêcher de se déplacer.

Cela n’eut aucun effet sur Armageddon qui se libéra instantanément et repassa à l’attaque. Ma seule défense fut de contrer en attaquant également, mêlant les pouvoirs des cinq démons en une seule attaque.

Mais mon corps était à sa limite, je ne pouvais pas tenir plus longtemps, il fallait que j’en finisse rapidement, ou que je réussisse à m’enfuir, sans quoi, tout était fini.

Puisant dans les pouvoirs de Nout, je réussis néanmoins à repousser l’attaque d’Armageddon et je me précipitai à l’intérieur du laboratoire, profitant de l’aveuglement du dragon.

-Professeur Makise, enclenchez la machine à saut temporels ! Hurlai-je en arrivant dans la salle.

-io…Iori ? Bégaya Hélio, totalement perdu.

-Mais, les deux en même temps…

-Ne discutez pas, faites vite !

Au même moment, une explosion derrière moi retentit et le mur explosa. Nous fûmes tous projetés en arrière et Armageddon s’engouffra dans l’ouverture avant se précipiter sur la machine à voyager dans le temps.

-Que se passe-t-il ? S’exclama mon double, affolée.

-Iori…le trou de ver… fuis ! S’écria Shadow.

Ce dernier fut coupé lorsqu’Armageddon lui asséna un violent coup de griffes qui l’envoya voler à travers la pièce en hurlant de douleur.

-Shadow, qu’y a-t-il ? Répondez !

-Arma…geddon…

Le dragon planta sa lance dans le terminal de commande qui explosa à son tour et s’apprêtait déjà à s’occuper de la machine elle-même mais je réussis à l’en empêcher en détournant son attention avec un jet de pierre qui l’obligea à s’occuper de moi. Je ne lui laissais aucun répit, lançant flammes, glace, vent et pierre en même temps, le contraignant à se défendre comme il pouvait dans un espace aussi réduit.

-Iori, fonce, change le passé et redonne le sourire à ton père ! Si tu y arrives, tout cela ne sera qu’un rêve pour toi ! S’écria Hélio dans le micro.

Un rêve…oui, tout cela n’aurait été qu’un rêve si j’avais réussi…mais c’était ma réalité à présent…

-Mais…

-Cours !

Lorsqu’Hélio dit cela, la cabine se mit à rayonner. Armageddon semblait fou de rage et se débarrassa de nous d’un vers de la main avant de se précipiter dessus et il disparut en même temps qu’elle, ne laissant qu’un champ de ruine derrière lui.

-Iori…Murmura Serena, choquée.

Je ne répondis rien et je me dirigeai vers la machine à saut temporel posée sur le côté. Tout s’était passé exactement de la même façon la dernière fois, sauf que je n’avais pas les pouvoirs des démons et qu’Armageddon s’était débarrassé de nous bien plus facilement. Et pourtant, je sentais qu’il s’était enfui dans le temps, non pas pour me tuer, mais parce qu’il sentait qu’il allait perdre ce combat.

-Iori…Est-ce que c’est bien toi ? Me demanda Hélio d’une petite voix.

Je m’efforçai de sourire en lui répondant :

-Oui, c’est moi et comme tu peux le voir, j’ai échoué. Mais ne t’inquiète pas, la partie n’est pas finie, il me reste encore une chance de changer les choses.

-Mais…Iori, tu…

-J’ai tenu ma promesse Hélio, nous nous sommes revus, même si je dois repartir presque aussitôt.

-Tu…Tu n’es pas obligée ! Tu peux très bien vivre avec nous, ta place est ici, pas dans le passé ! Tu n’as pas besoin de t’infliger autant de souffrance ! Reste avec nous et aidons ton père ensemble !

-Je ne suis plus la Iori que tu as connue, je n’ai plus la capacité de le soutenir. Mais peut-être qu’un jour, tu la retrouveras qui sait.

J’allumai l’autre machine et je réglai les paramètres afin d’arriver pile au moment où j’avais atterri dans ce parc, vingt-six ans plus tôt.

-Au fait, une dernière chose : mon corps dans ce monde ne survivra certainement pas à ce transfert, c’est pourquoi, j’aimerais que quelqu’un se charge de mon père pour moi. Tante Marie, Présidente Hikari, ou même toi Hélio, j’aimerais que vous lui disiez que j’ai été ravie de partager ces vingt-six années avec lui et le club de duel, je ne pouvais pas rêver mieux comme vie.

-Iori…

-On se revoit dans vingt-six ans si j’échoue à nouveau…

Les mains tremblantes, j’appuyai sur le bouton qui allait démarrer un nouveau cycle pour moi. Mais cette fois ci, je n’allais pas échouer, ce cycle se terminerait par la mort d’Armageddon et non pas par celle de Laura !



Iori : Libérée du temps



Spoiler :


-Laura !

-Je suis désolée…Iori…

Les yeux de la jeune fille se fermèrent lentement sans que je ne puisse rien faire pour la sauver. J’avais beau mettre toutes mes compétences de médecine pour soigner toutes ces blessures, il n’y avait rien à faire. Je sentis la pression qu’elle exerçait sur ma main se relâcher peu à peu puis son bras tomba mollement au sol et son cœur s’arrêta pour en plus jamais repartir.

Non, pas encore…Qu’avais-je fait de travers cette fois-ci ? J’avais vaincu les démons avant que Zorc n’arrive, puis je l’avais vaincu également…Et là, Laura s’était mise en travers d’une des attaques de son père me visant…Pourquoi ? Elle aurait pu vivre…Et à la place de cela, elle avait préféré se sacrifier pour moi…Que fallait-il que je fasse de plus encore ? Tuer Shadow et prendre ses pouvoirs en premier lieu ? Mais une fois que j’aurais fait cela, qui sait quel imprévu me tomberait dessus…

Lentement, je me posai Laura au sol et je me relevai, vidée de toute énergie pour faire face à Shadow qui était presque aussi livide que sa fille.

-Lau…Laura…

-Ne vous inquiétez pas Shadow, je sauverai votre fille. Soyez juste patient.

Et le même cycle recommença. Pendant vingt-six nouvelles années, j’attendis, modifiant légèrement mes actions. Cette fois-ci, je forçai la moi du passé à voler les pouvoirs de Shadow avant de partir dans le temps, afin que je les aie également une fois dans le passé. Mais une fois de plus, j’échouai. Ce ne fut ni Zorc, ni les démons, ni Shadow qui la tua cette-ci. Ce fut Armageddon lui-même.

Ce monstre, alors que Laura était saine et sauve, que j’avais vaincu Zorc et les démons, que Shadow était à terre, apparut de nulle part et la poignarda dans le dos.

Laura hurla de douleur et un énorme point rouge se forma dans son dos.

La blessure était trop grave, même avec toutes mes compétences, je ne pouvais rien faire, une fois de plus, j’étais totalement impuissante, je pensais… Cependant, cette fois-ci, je m’étais juré que c’était la dernière fois qu’il se mettait en travers de ma route.

Uniquement guidée par ma haine, je poursuivis la créature dans son repère avant qu’elle ne disparaisse.

Je me retrouvai dans une vaste pièce circulaire. Le plafond était soutenu par d’épaisses colonnes à la romaine tandis que sur le sol une grande peinture représentant deux dragon, un noir et un blanc, s’affrontaient, entourés de quatre sphères, bleue, verte, rouge et marron. Les murs quant à eux étaient ornés de peintures où je reconnus Zorc, le grand Léviathan, les esprits de la terre et les bêtes sacrées. Tout au bout, il y avait également un trône, vide.

Une lance m’arriva dans le dos que j’absorbai aisément grâce au pouvoir de Gariatron et je me retournai. Il était là, le monstre m’ayant volé ma vie, celle de Laura et celle de mon père, celui que je désirais détruire depuis presque cent ans : Armageddon.

-Toi…

-Je ne sais pas comment tu as pu trouver mon repère, Yuiko Iori, mais puisque tu es là, je vais me faire un plaisir de t’éliminer, toi la gêneuse qui modifie le temps à sa guise depuis bien trop longtemps maintenant.

-Oui, je vais modifier le temps, encore et toujours, mais avant ça, je vais me faire un plaisir de t’éliminer de cette ligne temporelle, Armageddon !

-Je suis impatient de voir ça. Viens, et affronte ton destin !

Je sortis de ma poche la carte que je gardais pour cette occasion et je la brandis dans les airs.

-Fusion Parfaite activée !

-Oh, tu penses qu’une simple fusion parfaite suffira à me vaincre ?

-Non, c’est pourquoi Je fusionne à présent avec Syphos, démon originel des Tempêtes, Pyros, démon Originel des flammes, Tellas, démone Originelle des forêts, Typhos, démon originel des vents, Gariatron, démon originel des ténèbres et Luminion, Démon originel de l’éclat !

-Co…Comment ? Bégaya le dragon noir en reculant.

-L’union des six volontés éclatées se réunissent en une seule créature capable de faire trembler même le destin !

Papa, maman, Tante Nagisa, Présidente Hikari, Tante Marie, Hiroki, Angéla, Drago, Hélio, Serena, Satoshi, Ambre, Maya, June, les UWS, Laura, regardez-moi, je vais accomplir terminer votre œuvre, je vais vaincre Armageddon afin que vous viviez tous en paix et heureux. Pour vous, je vais briser ce cycle de quatre-vingt-huit ans et donner naissance à un nouvel avenir de mes mains !

-Evolue dans la lumière la plus pure et accomplissons notre devoir. Ultimate Perfect fusion ! Genesis Origins !

Mon corps se mit à grandir, ma main droite s’enflamma tandis que ma main gauche se mit à geler. Dans mon dos, une paire d’ailes noire et or poussèrent. Mon cou et ma tête s’allongèrent et deux cornes partant vers l’arrière de mon crâne se formèrent.

Armageddon écarquilla les yeux devant ma nouvelle apparence.

-Im…Impossible…Genesis tu dis ?

-C’est terminé Armageddon ! Origins Pulse !

Je concentrai en moi les pouvoirs des six démons en une seule attaque dévastatrice que je projetai sur Armageddon. Ce dernier ne put que se protéger en invoquant un bouclier, mais ce dernier ne résista pas une seule seconde et fut balayé. Le monstre reçut donc l’attaque de plein fouet et il vola à travers la pièce avant de s’encastrer dans le trône.

-Petite insolente, tu l’auras cherché, je vais te montrer le véritable pouvoir de l’Armageddon !

Le dragon noir planta sa lance et se mit à grandir, exactement comme à chaque fois que je l’avais affronté dans le laboratoire, mais cette fois-ci, j’avais de quoi me battre à armes égales avec lui. C’est pourquoi, lorsqu’il cracha sa salve de flammes, je les absorbai en levant simplement ma main contenant le pouvoir de Pyros et son attaque fut annihilée.

-Qu…Quoi ? Comment est-ce possible ? Hurla Armageddon, écumant de rage.

-Je te l’ai dit Armageddon, c’est la dernière fois que tu te mettras en travers de ma route.

Pour appuyer mes dires, je créai un énorme bloc de glace que j’abattis violemment sur lui. L’attaque souleva un épais nuage de poussière, mais je voyais toujours une forme se mouvoir, c’est pourquoi, je ne baissai pas ma garde.

J’avais raison, car Armageddon émergea, toujours plus furieux et repassa à l’attaque, au corps à corps maintenant. Il se précipita sur moi à une vitesse surhumaine et m’attrapa par les ailes pour me projeter au sol de toutes ses forces. Du moins, cela devait être son intention, mais, avant cela, je tentai de m’envoler et cela fut suffisant pour le déstabiliser.

Quant à moi, profitant de ce moment de distraction, je fonçai sur lui et le bousculai de tout mon poids avec un bon coup d’épaule qui l’envoya au tapis et, immédiatement, je renchéris avec l’attaque combinant les pouvoirs des six démons.

Déjà à terre, il ne put rien faire à part tenter de se protéger en mettant ses bras devant sa tête, ce qui ne l’empêcha pas de pousser un long hurlement de douleur.

Je pris du recul, histoire de reprendre mon souffle. Je vis alors Armageddon se relever. Il était chancelant et grimaçait, mais il était vivant. J’avais donné tout ce que j’avais et pourtant…ce n’était toujours pas assez…

Je tentais une autre attaque mais il réussit à la repousser de justesse avec sa lance et explosa le plafond, révélant un ciel noir sans étoile.

-Yuiko Iori…Tu as de la chance, tu es arrivée avant que je ne récupère toute ma force…Tu gagnes donc peut-être cette bataille, mais sache que ce n’est pas fini. Si le destin a décidé que Laura devait mourir, alors elle mourra ! Tu n’as aucun droit d’intervenir !

-Non Armageddon, Laura a plus le droit de vivre que n’importe qui et je ferai tout pour réparer cette injustice que persistes à protéger !

-Essaie donc pour voir !

Sans autre sommation, Armageddon pointa sa lance dans ma direction et cette dernière se mit à rayonner d’un éclat noir. Je voulus me protéger mais il n’y avait rien à faire, je me sentais comme aspirée vers l’arrière et pour cause, une faille venait de s’ouvrir derrière moi et m’attirait vers elle.

-Armageddon, espèce de lâche ! Viens te battre ! Hurlai-je, folle de rage.

Je crachai une nouvelle rafale de flammes mais elles furent complètement détruites par sa lance qui continuait à scintiller.

-Nous nous reverrons, Yuiko Iori.

Je ne pus résister d’avantage et je fus aspirée par la faille. Peu à peu, ma vision de la pièce et d’Armageddon se brouilla et je sombrai dans les ténèbres…


Un vent frais souffle sur ma peau, trop frais même. Je tente de le rendre un peu plus chaud, mais il ne se passe rien. C’est étrange, je sens comme un grand vide à l’intérieur de moi, mais également une grande légèreté, comme si j’avais perdu quelque chose.

Lentement, j’ouvre les yeux et la lumière du soleil m’éblouit aussi. Mais je crois discerner quelqu’un à mes côtés. J’essaie de bouger un bras mais une voix me parvient à mes oreilles et mon cœur s’emballe en la reconnaissant.

-Iori, ne bouge pas trop ou tu vas te faire du mal.

-Lau…Laura ? Je murmure faiblement.

Je rouvre les yeux et je la vois. La jeune fille est penchée au-dessus de moi et m’applique une compresse de fortune sur la tête en me souriant. Je ne rêve pas, c’est vraiment elle ? Je ne suis pas non plus retournée dans le passé avant l’attaque d’Armageddon ?

-Tu…tu es vivante ? Je continue avec difficulté.

-Oh, tu parles pour la blessure ? Ce n’est pas grand-chose, ça fait mal mais elle n’est pas très profonde, je m’en sortirai. Et toi ? Tu t’es évanouie d’un seul coup et j’ai vu cinq lumières jaillir de ton corps et disparaitre.

-Des…Lumières ?

Je comprends alors la situation en tentant d’allumer un feu pour me réchauffer. Armageddon ne m’a pas seulement expulsée de son repaire, mais il m’a également repris tous mes pouvoirs volés…

A ce moment, mes nerfs lâchent et je me mets à pleurer dans les bras de Laura sous le regard d’incompréhension de cette dernière. Mais il vaut mieux qu’elle ne sache pas. Elle est vivante, je peux lui parler, la tenir dans mes bras, voir son sourire, et c’est tout ce qui compte.

Enfin…Enfin, après, quatre-vingt-huit ans de combat, j’ai réussi, j’ai sauvé Laura des griffes d’Armageddon. Même si ce n’est que partie remise, ce qui compte est l’instant présent. Laura a survécu à la catastrophe des démons et est en sécurité pour le moment.

Ma mission n’est pas terminée évidemment, je dois encore m’assurer de sa survie, sans les pouvoirs des démons cette fois-ci, cet avenir m’est inconnu, mais c’est ce qui fait le piment de la vie n’est-ce pas ? Une vie que l’on connait à l’avance n’a aucune saveur, je l’ai expérimenté trop de fois pour le comprendre.

Je regarde autour de moi : Shadow et le garçon ont disparu, il n’y a plus que Laura et moi dans cette grande salle permettant d’accéder à tous les quartiers des démons.

J’entends des pas dans un des couloirs et je vois mon père arriver en courant, suivi de ma mère. Cependant, cette fois-ci, j’ose croiser son regard et j’y lis tout le soulagement du monde à la vue de Laura. Ma mère aussi est soulagée et nous adresse un sourire embêté d’avoir affolé mon père pour rien.

Mon père, ma mère, Laura et moi-même, ne désirant pas davantage d’émotions fortes, redescendons au sol où nous retrouvons Hélios et les autres. Etrangement, il y a également les démons, Miyako, Hiroki, Drago, Angéla et Nagisa.

Gariatron, comme prévu, est à terre, sous le regard attentif de Luminion et les deux écoutent les paroles des démons, pour le moins étranges :

-Je…Je ne sais pas vraiment comment dire ça, mais…Il se trouve que nous avons besoin de votre aide ; déclare Pyros sous les regards ébahis de tout le monde.

-Olala, j’ai un de ces maux de crâne moi, Serena, fais la conversation à ma place tu veux ? Ronchonne Hélios en se prenant la tête dans les bras.

-Quelle plaie ce type ; soupire la jeune fille. Bon, puisque je n’ai pas le choix, vous désirez vraiment vous rallier à nous ? Ce n’est pas un piège ?

-Sincèrement…Oui ; répondit Syphos. C’est un sentiment assez étrange…Mais j’ai l’impression que nous ne sommes pas assez forts, comme si nous avions été vaincus récemment.

-Oui, c’est assez troublant, surtout quand on voit vos têtes à tous ; ricana Typhos. Quelle honte je vous jure !

-Typhos, Syphos, Pyros, Tellas, vous pensez vraiment ce que vous dites mes amis ? Les questionne Luminion, étonné.

-On ne change pas d’avis comme de chemise nous je te signale ! Proteste Tellas.

-On va prendre ça pour un oui je crois ; déclara Asuna. Et dites-moi vous quatre, vos deux petits copains, vous en faites quoi ? Continue-t-elle en désignant les deux démons.

-Je pense…Que c’est à eux de décider de ce qu’ils désirent faire désormais. Hésita Pyros qui n’était nullement étonné.

-Me rallier aux humains ? Jamais de la vie ! Cracha Gariatron en repoussant Luminion.

La conversation s’arrête là, car dans le ciel, une grande ombre couvre le soleil et tout le monde lève les yeux vers la forteresse. Darkness Shadow venait de prendre son envol. Gariatron n’attend pas davantage et, se débattant, réussit à se libérer de l’emprise de Luminion et rejoint Darkness Shadow.

-Faites ce que vous voulez misérables, quant à moi, je vais m’occuper personnellement d’Armageddon et on verra qui avait raison !

Le démon disparait dans le ciel en compagnie de Shadow et son dragon, mais je ne suis pas inquiète le concernant. Luminion m’a montré sa véritable nature, je sais qu’il finira par se rallier lui aussi à nous.

Hélios s’avance alors vers Pyros et lui tend une main chaleureuse, et ce dernier la saisit.

-Je suis heureux que nous ayons trouvé un terrain d’entente, Pyros.

-Remercie Luminion, Hélios. Sans lui, nous nous serions certainement ralliés à Gariatron.

Je ne peux m’empêcher de sourire devant cette scène. J’ai beau l’avoir vu plus de trois fois déjà, c’est la première fois que les larmes ne sont pas au rendez-vous.

-Au fait Iori, je tenais à te remercier ; me dit soudainement Laura.

-Me…me remercier ? Mais pourquoi ? Je bafouille, étonnée.

-Je ne sais pas vraiment, mais j’ai le sentiment que je te dois quelque chose, alors je te le dis, c’est tout.

Laura me sourit et je lui rends. Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir, mais ma mission n’est pas terminée. Armageddon court toujours et est prêt à mettre ses menaces à exécution. Je devrai redoubler de vigilance maintenant. Mais…Pas pour le moment en fait. Armageddon est trop affaibli pour repasser à l’attaque immédiatement. Ce qui me laisse un peu de répit pour élaborer de nouveaux plans.

Mon cœur bat la chamade pour la première fois depuis longtemps, non pas de peur, mais d’excitation. Oui, je ne sais pas de quoi sera fait demain…et c’est ce qui fait que ma vie n’en sera que plus palpitante !



Chapitre final : Un nouveau jour



Spoiler :


La neige avait commencé à tomber, le ciel était gris, l’air était frais, tout était calme. Je marchai seule dans les rues, me dirigeant vers l’adresse bien connue qu’était celle d’Angéla. Il n’y avait pas grand monde dans Paris ce jour-là. Entre l’attaque des démons quelques jours plus tôt et les fêtes, cela ne m’étonnait même pas.

D’ailleurs, j’avais toujours du mal à croire que tout était vraiment fini. Juste après avoir sauvé Laura, les démons étaient repartis dans leur forteresse et avaient disparu en nous disant qu’ils nous recontacteraient bientôt. Mais personnellement, je n’étais vraiment pas pressée, je voulais savourer autant que possible ces jours de tranquillité qui m’étaient offerts.

Etrangement, je n’avais pas disparu, j’étais toujours là, avec tous mes souvenirs, mais je m’en accommodais plutôt bien, pensant que cela devait avoir un rapport avec la dernière menace d’Armageddon. Ma mission ici n’était pas finie et je le savais, mais je ne voulais pas m’embêter avec ces histoires maintenant que Laura était saine et sauve.

Je passai devant les vitrines des magasins, cherchant un objet à acheter, mais rien n’attira mon attention. Je ne pouvais quand même pas arriver les mains vides…

Finalement, en désespoir de cause, j’achetai simplement un gros gâteau, espérant que cela ne serait pas de trop…

Je sortis mon portable pour regarder l’heure : quinze heures. Je devais me dépêcher, sinon ils allaient finir par commencer sans moi.

J’accélérai le pas et je réussis à arriver à destination moins de vingt minutes plus tard, en ayant failli glisser et faire tomber le gâteau au moins trois fois.

La grande demeure d’Angéla n’avait pas changé en vingt-six ans, toujours aussi majestueuse et se démarquant des autres.

Je sonnai à la porte et j’attendis quelques instants que quelqu’un vienne m’ouvrir mais étrangement, la porte resta close. Je restai donc là une, deux, puis trois minutes à attendre d’attraper un rhume lorsque soudain, la poignée devant moi bougea enfin.

Je m’apprêtai déjà à rentrer me mettre au chaud quand un projectile me frôla et alla se planter dans la cour. J’eus tout juste le temps de faire un pas de côté pour l’éviter sans quoi j’aurais été borgne à coup sûr.

-Non Saya, pas de balle au prisonnier maintenant je t’ai dit ! Protesta mon père les bras chargés de sacs.

-Aller quoi, je m’ennuie moi !

-Aide un peu alors si tu n’as rien à faire ! Rétorqua-t-il mécontent.

-Oh non, ce n’est pas drôle ça, je t’avais dit qu’il fallait venir plus tard moi !

-S’il te plait Miyako, dis-lui toi !

Je passais furtivement la tête par l’ouverture de la porte et je vis l’ex présidente du club, assise sur un fauteuil, lisant un livre, soupirant à chacune des phrases de mon père.

-Laissez-moi un peu tranquille, je sens déjà que la soirée va être longue alors n’en rajoutez pas ; râla-t-elle en se prenant la tête dans les bras.

Au même moment, Angéla apparut en descendant les escaliers. Elle était vraiment élégante ce jour-là avec sa robe blanche brodée au niveau du col et des manches, ses ballerines fines et ses cheveux soigneusement coiffés. Elle avait également dû mettre un fond de maquillage pour faire ressortir le rose de ses joues.

-Oh Iori, tu es arrivée. Je suis désolée, c’est un peu le bordel pour le moment mais installe-toi dans le salon, nous n’en aurons pas pour longtemps ; me dit la jeune fille avec un sourire amical.

-J’ai…apporté un gâteau si vous voulez…enfin, vous n’êtes pas obligés de le prendre mais…

-Ah parfait, il nous en manquait un justement ! Darksky était censé l’amener mais…

-Essayez de porter un gâteau avec Saya à vos côtés pendant plus de dix minutes, et on en reparlera ; rétorqua mon père en lançant un regard noir à ma mère.

-Si tu n’es pas assez adroit pour porter un simple gâteau, je n’y peux rien moi ; lui répondit-elle d’un air faussement innocent.

-Et…Nagisa et Laura ne sont pas là ? Demandai-je à travers les cris de tout le monde.

-Non, elles étaient parties remplacer l’échec de Darksky mais je vais les prévenir que ce n’est plus la peine ; déclara Miyako en sortant son téléphone.

Peu sûre de ce que je devais faire, je posai néanmoins le sac contenant le gâteau sur une table et je rejoignis Miyako dans le salon. Ce dernier fit remonter des souvenirs en moi. Ici non plus, rien n’avait changé, les meubles étaient toujours à la même place et les mêmes tableaux étaient accrochés aux murs. Pour couronner le tout, le buffet était installé exactement de la même façon que la dernière fois.

-Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça Iori ? Me demanda Miyako intriguée.

-Rien, rien, rien, ne t’occupe pas de moi ! Répondis-je précipitamment.

-Si tu le dis, je vais aller prendre l’air moi, toutes ces histoires commencent à me fatiguer…

Miyako se leva de son fauteuil et sortit faire un tour tandis que ma mère vint prendre sa place, croisant les bras sur sa poitrine, ronchonnant contre mon père et Angéla.

-Sérieusement, c’est noël, il n’y a plus de démons et on ne peut même pas se détendre ! Râla-t-elle.

-Je…Je peux les comprendre en un sens, Angéla a toujours été ainsi.

-Si tu le dis, mais ce n’est pas drôle…

Laura et Nagisa revinrent quelques minutes de plus tard, couvertes de neige, pestant contre mon père qui ne savait plus où donner de la tête. Drago, Asuna, Hélios, Serena et Satoshi arrivèrent à leur tour, puis ce fut au tour de June, Ambre et Maya et enfin Miyako revint, l’air plus mécontente que jamais, accompagnée de…Hiroki…Oui, son futur rival était à ses côtés et les deux étaient visiblement en pleine dispute.

-Hiroki et Miyako, c’est toujours aussi amusant de les voir ensemble ces deux-là, même si dans mes souvenirs, c’était plus tendu en général ; déclara ma mère en riant.

-Oui, et je sens que ça ne va pas s’améliorer ; complétai-je en repensant au futur.

Vers sept heures, Marie qui venait d’arriver sur Paris, se présenta à la fête. Je fus surprise en la voyant. Elle avait énormément changé dans le futur, ici, elle faisait vraiment petite fille…Enfin, non, elle n’avait pas du tout changé en fait lorsque je vis de quelle façon elle parlait à mon père…

Une fois tout le monde arrivé, la fête put enfin commencer. Je retrouvai exactement la même ambiance qu’à cette fête juste avant mon départ dans le futur. Tout le monde s’amusait bien, Miyako et Hiroki se chamaillaient, Ambre, Maya et June se moquaient gentiment d’Angéla, Hélios s’empiffrait, Satoshi ronchonnait dans son coin, Serena et Marie semblait bien rigoler, de même que Laura et Nagisa tandis que Drago parlait avec la dénommée Asuna. Quant à moi…

-Iori, dis à cette tête de mule que c’est le bon moment ! Me dit ma mère.

-Non, pas question, je refuse c’est tout ; protesta mon père.

-Je ne suis pas sûre que…Tentai-je avant de me faire interrompre.

-Aucune volonté vous deux ! Mais ce n’est pas grave, je suis là !

Ma mère appela alors Laura et mon père tenta de s’enfuir mais elle le retint par la manche.

-Laura, je crois que ce boulet a quelque chose à te dire ! N’est-ce pas ?

-Ah oui, vraiment, quoi donc Darksky ? Lui demanda la jeune fille brune, intriguée.

-Non, rien, c’est juste que…enfin…Je…

Mon père était rouge comme une tomate et avait l’air vraiment mal à l’aise. J’avais un peu de peine pour lui, mais comme ma mère, je trouvais la situation très amusant également, je n’avais pas l’habitude de le voir ainsi.

Soudain, la musique de fond changea pour une valse que je reconnus. Il s’agissait de la même valse sur laquelle nous avions dansé Hélio et moi.

-Tu…tu veux danser Laura ? Déclara finalement mon père.

-Tu sais danser toi ? Reprit-elle étonnée.

-Evidemment qu’il sait, aller, en piste-vous deux ! Affirma ma mère en les poussant au centre de la pièce.

Immédiatement, tous les regards se tournèrent vers eux et l’un comme l’autre rougirent et détournèrent le regard. Puis, sous la demande de tout le reste du groupe, ils finirent par se lancer, d’abord hésitants, puis leurs pas se firent de plus en plus assurés, jusqu’à danser à la perfection au milieu de la salle, sous les regards émerveillés de tout le monde. Ils semblaient vraiment bien s’amuser tous les deux. Ressemblions-nous à ça aussi avec Hélio ? Dégagions-nous la même impression de joie rien qu’en tournoyant au milieu de la pièce sur cette valse ?

Lorsque la musique prit fin, un tonnerre d’applaudissement retentit, comme pour nous, mais un mot en plus vint s’ajouter à cela :

-Maintenant, le bisou ! S’écria ma mère.

Laura s’empourpra immédiatement tandis que mon père grimaça devant ma mère qui profitait de la situation pour s’amuser à ses dépens…

Cependant, elle fut bientôt reprise par Angéla, puis Ambre, Maya, June, et ainsi de suite jusqu’à ce que tout le monde le demande en boucle, moi y compris.

Oui, ce jour-là, j’avais le sentiment d’avoir trouvé ce que je cherchais depuis si longtemps. Le sourire de mon père était réel, mais pas seulement ça, l’ambiance du club de duel tel qu’il était au quotidien, je me sentais enfin à ma place parmi eux. Je pouvais enfin vivre ma vie dans l’insouciance, loin des problèmes de mon père et des miens.

Des sifflements et des applaudissements fusèrent de partout lorsque les lèvres de mon père et de Laura se touchèrent.

Je ne pus m’empêcher de sourire béatement. Au même moment, dans les autres lignes temporelles, nous aurions été sur la tombe de Laura à pleurer sa disparition, alors qu’aujourd’hui, nous nous amusions tous en sa compagnie. Au fond de moi, j’étais vraiment heureuse, heureuse qu’elle soit en vie mais également parce que j’avais vraiment le sentiment d’avoir accompli quelque chose pour mon père. Définitivement, j’avais enfin réussi à effacer ses larmes.

La soirée avança, et peu à peu, tous les invités s’en allèrent. Le club de duel devait passer la nuit chez Angéla, c’est pourquoi à la fin, il ne resta plus que Miyako, Nagisa, Laura, ma mère, mon père et moi pour nettoyer avec Angéla.

-Cet Hiroki, franchement, il commence à me taper sur le système ; grogna Miyako.

-C’est de ta faute Miya-chan, il ne fallait pas le rallier à ta cause ; répondit Nagisa en riant.

-Je préférais encore quand il essayait de me tuer ; soupira l’ex présidente.

Je ris également. Ce tic qu’avait Miyako de soupirer à chacune de ses phrases était vraiment amusant une fois qu’on l’avait remarqué, mais je n’osais pas lui dire, connaissant ses réactions pour le moins excessives…

Je ramenai quelques assiettes dans la cuisine où je croisais Angéla qui faisait la vaisselle, en râlant.

-N’oublie pas de faire la vaisselle, de tout ranger, de nettoyer et patati et patata, et ce n’est même pas foutu de réparer le lave-vaisselle pour Noel.

-Tu…Tu veux de l’aide peut-être ?

-Non, ne t’inquiète pas pour moi, mais mes parents m’ont juste demandé la lune mais ça ira !

-D’accord, dans ce cas, je vais continuer à ranger…

-C’était ironique ! S’il te plait Iori, aide-moi, je n’y arriverai jamais seule ; se lamenta-t-elle.

Nous nous mîmes donc à deux pour nettoyer et ranger tous les plats, ce qui alla relativement vite, même si Angéla semblait totalement lessivée une fois le travail terminé, à un tel point qu’elle s’affala sur un des fauteuils immédiatement après avoir posé son torchon. Nagisa et Miyako étaient déjà remontées se coucher, il ne restait plus que mon père, ma mère, Marie, Angéla et moi.

-Dernière fois que je fais une fête toute seule moi, la prochaine fois, je laisse June se débrouiller ; lança-t-elle en baillant un bon coup.

-Mais c’était très réussi en tout cas. Tu as vraiment un don pour organiser les diners de Noel.

-Si tu le dis, j’ai surtout très mal au dos…Mais sinon Iori, dis-moi, tu vivais chez Sherry jusqu’à maintenant, mais vu que les démons sont partis, tu vas faire quoi maintenant ? Tu vas retourner chez tes parents ?

Je grimaçai. C’était une question à laquelle je n’avais pas encore réfléchi, mais Angéla avait raison, je ne pouvais pas squatter éternellement chez Sherry. Dans les autres lignes temporelles, j’avais pu m’acheter un petit appartement à Paris, mais cette fois-ci, je devais rester auprès de Laura…

-Que dirais-tu de vivre chez moi ? Déclara soudain ma mère qui passait par là.

-Vivre…Chez toi ? Répétai-je, ayant peur d’avoir mal entendu.

-Tu as un chez toi Saya ? S’étrangla mon père qui eut droit à une bonne claque de la part de Laura.

-Aussi bizarre que cela puisse paraitre, oui, et c’est grand en plus, cinq pièces pour une seule personne, je peux t’assurer qu’on se sent vite seul là-dedans ! Alors, tu en dis quoi ? On a même vue sur la mer si cela peut changer quelque chose.

-pff, chanceuse ; râla Marie.

Je réfléchis quelques instants à la proposition, même si je n’avais pas beaucoup de doutes sur ma réponse. Vivre avec ma mère, près de chez Laura, je ne pouvais pas demander mieux, c’est pourquoi j’acceptai.

-Bon et bien, bonne chance Iori, cette fille est un calvaire ; soupira mon père.

-Je n’y peux rien si tu es invivable toi, je plains Laura et Marie de devoir vivre sous le même toit que toi !

-Je m’y ferai vite, j’ai l’habitude des maisons de fous ; déclarai-je en riant.

-Parfait, tu paieras la moitié du loyer dans ce cas !

-Avoue que c’est ce que tu voulais depuis le début…Fit remarquer mon père en se prenant la tête dans les bras.

-Mais…Pas…Pas du tout voyons, je ne suis pas comme ça ! Rétorqua-t-elle en éclatant de rire. Ne t’inquiète pas Iori, ce n’est pas si cher que ça !

-J’espère bien, parce que mon budget est limité…


Le lendemain, nous dîmes au revoir à Angéla et nous rentrâmes dans la ville que j’avais toujours connue. J’étais un peu anxieuse à l’idée de retourner là-bas, mais aussi très impatiente.

Nous nous séparâmes de mon père, Laura, Miyako, Nagisa et Marie à la gare et nous prîmes la direction opposée avec ma mère. Ici encore, tout était identique, à croire que le temps ne s’écoulait pas. La mer, les rues, la falaise, les immeubles, tout était tel que je l’avais connu…

Ma mère s’arrêta devant une petite maison et sortit ses clés. La bâtisse n’avait rien d’extraordinaire, elle n’avait qu’un étage, pas de jardin, un portail grinçant et était peinte en bleu, mais ça n’avait pas vraiment d’importance, de toute façon, je ne pense pas que j’aurais pu retourner dans le manoir de mon père, trop de souvenirs y étaient conservés.

Bizarrement, je me souvenais être passée des dizaines de fois devant cette maison dans le futur mais pas une seconde cela ne m’avait traversé l’esprit que ma mère ait pu vivre ici avant ma naissance.

Cette dernière ouvrit la porte de la maison et me laissa découvrir ce qui allait devenir mon nouveau foyer. L’entrée était assez sobre, avec un simple meuble pour poser des objets et un porte manteau. Elle donnait directement sur un salon plutôt spacieux dans lequel deux canapés se faisaient face près d’une table qui devait certainement servir pour le travail. Il y avait également une salle à manger dans la continuité où se trouvait la télévision et une autre grande table et une cheminée en marbre et encore plus loin, la cuisine. De l’autre côté, il y avait les chambres et la salle de bain.

Je regardai par la fenêtre et nous donnions effectivement sur la mer. Nous devions être à moins de deux-cents mètres de la plage et je pouvais voir la falaise trôner au loin comme un mirage.

-Tu vois Iori, c’est vraiment trop grand pour une seule personne ; déclara ma mère en posant sa valise.

-Mais c’est très joli ; lui répondis-je.

-Je me suis peut-être un peu trop habituée au luxe à cause d’Hélios, mais bon, puisque tu es là, ce n’est plus un problème ! Fais comme chez toi…enfin non, tu es chez toi !

Je regardai une nouvelle le soleil brillant sur la grande étendue d’eau salée et je souris. Je ne savais pas combien de temps j’allais pouvoir profiter de cette vie en compagnie de tout le monde, mais je savais une chose : Ma nouvelle vie dans ce monde en compagnie du club de duel commençait maintenant !


~The End~



Epilogue



Spoiler :


La fête battait son plein en ce soir du vingt-quatre décembre. Tout le monde semblait bien s’amuser et passer du bon temps à l’intérieur de l’hôtel particulier. Et pourtant, à l’extérieur, deux personnes ne semblaient pas se réjouir, certainement parce qu’elles n’étaient pas invitées et encore moins désirées.

L’homme portant un masque cachant son œil gauche regardait de loin, l’air pensif, une jeune fille aux longs cheveux bruns et aux yeux verts comme l’émeraude. Elle ne pouvait pas le voir mais lui, il la voyait et son cœur battait la chamade. Elle avait bien grandi depuis le temps, c’était à présent une véritable jeune femme…

L’autre, plus jeune, commençait sérieusement à s’impatienter à force d’attendre dans le froid et tournait en rond pour essayer de se réchauffer. Finalement, il craqua et s’adressa à son ainé :

-C’est bon Shadow, vous avez vu ce que vous vouliez voir, on peut y aller maintenant ? Râla-t-il en frissonnant.

-Laura semble vraiment bien s’amuser avec ses amis ; répondit l’autre avec un léger sourire. Je suis content qu’elle ait pu se faire une place dans son école. J’avais peur qu’elle ne puisse pas réintégrer le système scolaire après toutes ces histoires…

-C’est ça, je suis sûr qu’il ne s’agit que d’une bande d’hypocrites qui la lâcheront à la première occasion ! Pesta le plus jeune.

-Tu es bien trop catégorique Aymeric. En tant que père, je peux bien voir qui sont ses vrais amis, et ils sont juste devant nous. Tu devrais essayer d’être plus sociable toi aussi, ça serait bien plus agréable pour tout le monde, moi le premier.

-Ouai, ouai, on peut y aller maintenant avant que je ne gèle sur place ?

-Tu sais, tu ne devrais pas en vouloir à Angéla, c’est une brave fille, je suis sûr qu’elle n’a jamais voulu ton malheur.

Shadow lança un dernier regard vers la maison pour s’assurer que tout allait bien et il reprit son chemin à travers les rues de la capitale en compagnie d’Aymeric, la neige étant le seul témoin du passage de cet homme recherché…

En vérité, il n’était pas venu simplement pour voir sa fille et repartir. Il voulait s’assurer de quelque chose. Au fond de lui, il sentait comme un danger planer sur Laura, comme si une épée de Damoclès se balançait lentement au-dessus de sa tête, menaçant à tout moment de tomber et de la tuer d’un seul coup. Il voyait sa fille, au sol, agonisant et appeler à l’aide, et lui, impuissant à la sauver. Il ne savait pas d’où venait ce souvenir, mais il savait que ce n’était pas qu’un rêve, tout était vraiment arrivé ou devait arriver, ce n’était qu’une question de temps.

Une fois sur une place suffisamment large, les deux hommes s’arrêtèrent et une grande ombre recouvrit momentanément le ciel et la lune puis fondit sur eux avant de rétrécir encore et encore jusqu’à n’avoir plus que la taille d’un grand homme, aux cheveux noirs en bataille et tombant sur ses yeux, aux yeux noirs de serpent et au visage fin et long.

-Shadow, Aymeric, il est bientôt l’heure, êtes-vous prêts ? Demanda le nouvel arrivant d’une voix lente et grave.

-Oui, j’ai fait ce que j’avais à faire, nous pouvons y aller, Gariatron ; répondit l’homme au masque noir.

-Gariatron, dis-moi, si Armageddon est vaincu, les choses redeviendront-elles réellement ce qu’elles étaient ? Pourrais-je tous les revoir ?

-Evidemment. Celui qui détruira le destin gagnera le destin du monde entre ses mains, c’est ainsi que cela fonctionne d’après mes recherches. Une fois Armageddon anéanti, j’accèderai à ta requête.

-Et pour tes frères ? Luminion et les autres, que fait-on ? Tu es sûr de refuser leur aide ?

-Je te l’ai dit Shadow. M’allier avec vous deux est déjà un supplice, il est hors de question d’avoir d’autres avortons dans les pattes. De plus, ces idiots n’ont pas le moindre début de piste de recherche.

-Tu en as peut-être un ? Rétorqua Aymeric sarcastiquement.

-C’est bien possible. En attendant, maintenant que Zorc est vaincu, nous allons devoir reformer nos forces.

-Et que comptes-tu faire ? Le ressusciter encore une fois pour qu’il échoue à nouveau ? Ou alors retenter de recréer l’orichalque comme l’année dernière ? Ou même essayer d’éveiller de nouveaux esprits de la terre ?

-Non Shadow. Nous allons constituer une armée, et pour cela il nous faut des généraux…Ou plutôt, le général.

-Que veux-tu dire ?

-Lorsque nous avons échoués la première fois, j’ai créé de nombreuses créatures pour m’aider dans ma tâche, et nous allons réveiller les prototypes comme vous les appelleriez. Cependant, mes frères avaient peut-être raison sur un point. Je n’ai que faire des humains, je vais me tenir éloignés d’eux, mais notre objectif sera désormais l’élimination totale et définitive d’Armageddon, puis peut-être que je retournerai à mes anciens projets.

-Peut-être ? Tu n’aurais pas changé depuis qu’on se connait ? L’année dernière, jamais tu n’aurais hésité une seconde quant à cette question.

-Tais-toi Shadow sinon tu seras le premier à disparaitre une fois que j’en aurais fini avec ce soi-disant maitre du destin !

-Ah, là je te reconnais bien, le méchant qu’on déteste tous. D’ailleurs, tu as intérêt à tenir ta promesse pour moi aussi sinon je ne donne pas cher de ta peau écailleuse.

-Essaie de survivre à ce qui va suivre et après on en reparlera, parce que même moi je ne suis pas certain de l’issue de ce combat…

-On peut y aller sinon ? Je commence à vraiment geler moi ! Reprit Aymeric, de plus en plus mécontent.

-Soit, allons-y, finissons-en une bonne fois pour toute.

Shadow et Aymeric acquiescèrent et Gariatron sourit en laissant découvrir une rangée de dents pointues et se retransforma avant de s’envoler, accompagné d’un grand dragon noir comme la nuit sur lequel se trouvaient Shadow et Aymeric, en direction des ruines d’Héliopolis afin d’en finir définitivement avec cette guerre commencée plus de dix-mille ans auparavant.




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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [31/07/2014] à 18:02

Le sombre destin de Serena


Prologue



Spoiler :


Les rues de la grande ville futuriste étaient pleines de monde et d’animation, même à cette heure tardive de la nuit. Les vitrines de la plupart des boutiques étaient encore allumées et des touristes se pressaient encore à l’intérieur pour acheter des souvenirs de leur voyage à Néo Domino city. Au loin, une grande tour surplombait la ville, semblant veiller sur elle. Cependant, cette nuit là, quelque chose attirait plus les visiteurs que le stade de la ville ou même les musées. Un homme blond, portant une armure dorée comme le soleil, une cape pourpre et une couronne incrustée de joyaux déambulait dehors. Tous les passants le dévisageaient avec curiosité, après tout, ce n’était pas tous les jours qu’ils avaient l’occasion de voir un homme accoutré d’une telle façon. Mais l’homme semblait ne pas s’en préoccuper et continuait son chemin imperturbablement.

Qui était-il ? Que faisait-il ici ? Voilà les questions qui se posaient sur toutes les lèvres. Certains osèrent lui demander mais se heurtèrent à un visage froid et de marbre. En vérité, l’homme était plongé dans ses pensées, ne remarquant même pas toute l’animation qu’il provoquait. Il repensait au passé, lorsque lui, sa sœur Luna et son amie Celestia, avaient traversé monts et vallées, déserts et guerres avant de trouver une paix, relative certes, le démon restait tapi dans l’ombre, mais une paix tout de même. Il repensait à la grande guerre qui avait pris la vie de ses conseillers, amis et plus important, la vie de la personne la plus chère à ses yeux.

Après cela, ce n’était que le trou noir dans sa mémoire, il ne voyait que des bribes, des images, mais rien de concret. Ses souvenirs remontaient ensuite à quelques mois auparavant, lorsqu’il avait enfin été libéré de l’emprise du démon par ceux que la prophétie appelait les « élus ». Le démon avait été défait et l’homme était, pour la première fois depuis des millénaires, entièrement libre de ses actes. Mais en échange, il avait également perdu ses pouvoirs et son immortalité, c’est pourquoi, le temps lui étant compté à présent, il avait décidé d’entreprendre ce voyage, avant qu’il ne soit trop tard.

Ses pas le conduisirent en premier lieu dans la ville de Néo Domino City, après avoir séjourné quelques temps dans le monde des esprits. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait qu’il avait quelque chose à faire en ce lieu. Peut-être qu’il avait commis un acte atroce par le passé mais qu’il ne pouvait s’en souvenir et qu’il cherchait à se repentir inconsciemment.

Cependant, il n’était qu’un homme du passé dans une ville du futur, incapable de s’adapter. En cinq mille ans, les choses changent et, même s’il vivait dans ce monde depuis plus d’un an, certaines choses lui étaient encore étrangères et en premier lieu, il ne pouvait quitter son armure et son épée et trouvait les gens de cette époque totalement insensés de se balader sans protection alors que le danger rode partout. Une deuxième chose qu’il n’arrivait pas à assimiler était le fait que le duel de monstre soit devenu un simple jeu alors que pour lui, c’était un moyen de survivre. Celui qui n’avait pas d’esprit était condamné. Mais ici, tout le monde en possédait, de nombreux qui plus est.

L’homme à l’armure d’or releva la tête. Il était sorti des grandes artères de circulation et se retrouvait devant un pont majestueux reliant la grande ville à une petite ile au loin. Sans savoir pourquoi, il le traversa, contemplant au passage la mer scintillante dans la nuit, chose qu’il n’avait vue qu’une seule fois auparavant, durant son voyage, et il fut émerveillé. Il se rendit soudainement compte à quel point le monde avait frôlé la catastrophe par sa faute et se mit à accélérer. En ayant côtoyé le démon pendant plusieurs millénaires, il avait fini par comprendre ses motivations, en partie du moins, c’est pourquoi il s’était laissé posséder. Mais à présent, en voyant à quel point le monde avait changé, il ne pouvait plus suivre le même chemin qu’avant et c’est pourquoi il s’était allié à Drago et aux autres dans l’espoir qu’ils l’arrêtent.

Une fois de l’autre côté, l’homme fut totalement déboussolé par ce qu’il constata. Satellite avait beau avoir été réaménagé, il restait encore de nombreux endroits sordides et délabrés. Il venait justement d’atterrir dans l’un de ces endroits oubliés. Autour de lui, des bâtiments aux vitres brisées et aux murs noirs de fumée de voitures s’élevaient sinistrement dans la nuit. Au sol, des milliers de détritus s’entassaient tandis que le vent sifflait et faisait grincer les portes entrouvertes.

Soudain, un bruit de verre cassé retentit dans ses oreilles, très vite suivi de celui de quelque chose de lourd s’effondrant sur le sol.

Intrigué, l’ex roi se dirigea vers l’origine de ce remue-ménage et fut sidéré par ce qu’il vit. Un groupe de quatre hommes armés de massues, couteaux, poêles, encerclaient une personne portant une cape et dont le visage était caché par l’obscurité et une capuche noire. La personne tenait quelque chose entre ses mains, mais il n’arrivait pas à distinguer de quoi il s’agissait. Il vit alors un cinquième homme à terre, saignant du nez et se tenant le bras en grimaçant.

Mais le combat restait inégal. A quatre contre un, la personne encapée n’avait aucune chance. L’homme à l’armure activa alors son disque de duel et s’avança dans la bataille.

Voir quelqu’un ayant le courage de s’interposer surprit tellement les présupposés assaillants qu’ils s’arrêtèrent et se tournèrent tous vers l’étrange homme d’un autre temps.

-Allons, allons messieurs, tout cela ne semble pas très fair-play vous ne trouvez pas ? Dit-il d’une voix grave et assurée.

-C’est qui ce guignol ? Demanda l’un des voyous quelque peu déboussolé.

-Un fou si tu veux mon avis ; lui répondit son camarade. Je ne sais pas qui tu es, mais tu es ici sur notre territoire, tu dois donc payer ou t’en aller, c’est la loi !

Les deux autres acquiescèrent à ce que dit celui qui semblait être le chef. L’homme en armure dorée pencha la tête sur le côté, prenant un air innocent et faisant mine de ne pas comprendre.

-La loi ? Savez-vous au moins à qui vous vous adressez ? Rétorqua-t-il alors, plus fermement cette fois-ci.

-A un type qui s’est échappé d’un bal costumé ! Répondit l’un des hommes.

Les autres se mirent à rire à cette blague. Cependant, insulter l’homme n’était pas la meilleure chose à faire, surtout en pleine nuit alors qu’il cherchait un endroit où dormir. Il posa une carte sur son disque de duel et un grand dragon bleu et or apparut et cloua d’un seul coup les quatre assaillants au sol d’un revers de la main. Ils ne s’y attendaient visiblement pas, après tout, qui s’attendrait à se faire attaquer par un hologramme ?

L’homme se dressa de toute sa taille au dessus des bandits et prit un air sévère, air qui aurait fait trembler même les plus téméraires.

-Je suis Hélios, seigneur soleil d’Héliopolis, les lois, c’est moi qui les crée, et c’est également moi qui décide à qui appartiennent les territoires !


Serena: Etrange rencontre



Spoiler :


Mon nom est Serena. Un nom de famille ? Je n’en ai pas, qui en aurait besoin quand on grandit dans la rue ?

Oui, j’ai grandi dans la rue, comme de nombreuses personnes à Satellite, et malheureusement pour moi, je suis née dans le quartier délaissé par les forces de sécurités de Néo Domino City, le quartier oublié comme on l’appelle, un quartier tellement envahi par les gangs et les contrebandiers qu’il a été laissé à l’abandon lors de la reconstruction de Satellite, jugé irrécupérable et beaucoup trop dangereux. Ici, la notion de justice n’existe que dans les rares livres ne servant pas de feu de bois en hiver.

Je n’ai pas de mère ni de père, j’ai été abandonnée dans la rue très jeune, vers l’âge de sept ou huit ans et j’ai du me tourner vers d’autres infortunés pour survivre. Et cela fait maintenant presque sept ans que cela dure.

Mais on me dira certainement : pourquoi restes-tu ici si tu déteste à ce point ce quartier ? La réponse est simple, je ne le déteste pas mais je ne l’aime pas non plus. Je ne connais simplement que ça, et il en est de même pour la plupart des personnes vivant ici. Ceux qui partent ne reviennent jamais, si bien que nous ne savons pas ce qui nous attend de l’autre côté du pont.

Certes, de nombreuses légendes circulent sur l’autre satellite et sur Néo Domino City, mais il ne s’agit certainement que de légendes. Du moins, c’est ce que je pensais avant de le rencontrer.


C’était une nuit très ordinaire pour quelqu’un comme moi. J’avais un petit creux dans la nuit n’ayant pas mangé depuis deux jours et j’avais décidé d’aller voler un peu de nourriture au gang contrôlant la zone, les exécuteurs. Et oui, ces malades avaient repris le nom de l’équipe légendaire de satellite qui avait rétabli la paix. Ils ne méritaient pas de porter ce nom, car contrairement à eux, ils ne faisaient rien pour les autres, ils s’appropriaient simplement tous les biens. Leur seul point commun était cependant leur force. Jamais ils n’avaient été vaincus et c’est pourquoi ils considéraient satellite comme leur.

Cela me révoltait tant, mais je ne pouvais rien faire pour m’y opposer. Mes compagnons étaient bien trop faibles pour les combattre, et moi aussi. Cependant, rien ne m’empêchait de leur voler quelques objets de temps en temps.

Mais ce soir là, j’avais été quelque peu imprudente. Rien de bien grave en soi, j’avais simplement laissé une porte ouverte, mais cela suffit à me faire repérer. Ils étaient tellement paranoïaques que le moindre objet qui n’était pas à sa place signifiait pour eux une intrusion, un vol, une attaque surprise.

Ainsi, très vite, je me retrouvai avec cinq types à mes trousses, armés de toute sorte d’objets destinés à me blesser, voire même me tuer. Je courus dans les rues de satellite aussi vite que mon bagage me le permettait- je n’avais pas vraiment fait dans la dentelle, j’avais pris tout ce qui me passait sous la main- et je me rendis compte que j’aurais vraiment du être plus prudente.

J’arrivai après dix minutes de course devant un immeuble en piteux état, aux vitres cassées et aux murs noirs qui était également l’endroit où je vivais, ou plutôt survivais. Les cinq types étaient encore à mes trousses. Je ne pouvais pas les laisser entrer et je m’arrêtai donc juste devant. Le premier se jeta sur moi et je ripostai avec un coup de pied dans le nez. Il s’effondra au sol en hurlant de douleur lorsqu’il atterrit sur son bras gauche.

Les quatre autres arrivèrent à la suite, des sourires carnassiers aux lèvres, comme une meute de loup ayant encerclé une proie, ce que nous devions être pour eux, du gibier.

Des bruits de pas retentirent derrière moi. Certainement d’autres hommes du gang, me disais-je. Je me voyais déjà battue à mort avant d’être laissée là avec quelques côtes cassées dans le meilleur des cas, morte dans le pire.

Mais étrangement, l’homme qui venait d’arriver était, d’un, seul, et de deux, vêtu comme s’il s’était échappé d’un bal costumé. Il était blond et devait atteindre le mètre quatre-vingt. Ses yeux, rouges, luisaient d’un éclat inquiétant dans la nuit, comme ceux des vampires dans les contes. Il portait une cape, tout comme moi, je me dis donc en premier lieu qu’il s’agissait d’un autre petit voleur voulant se faire discret, même si le rouge n’est pas la couleur la moins voyante, mais son armure dorée en dessous me fit très vite changer d’avis, de même que sa couronne incrustée de joyaux. Un type de la ville peut-être ? Ou bien le nouveau costume des services de sécurité ?

Quoiqu’il en soit, mes assaillants eurent un moment d’hésitation en voyant cet étrange homme.

-Allons, allons messieurs, tout cela ne semble pas très fair-play vous ne trouvez pas ? Dit-il d’une voix grave et assurée.

-C’est qui ce guignol ? Demanda l’un de mes poursuivants, quelque peu déboussolé.

-Un fou si tu veux mon avis ; lui répondit son camarade. Je ne sais pas qui tu es, mais tu es ici sur notre territoire, tu dois donc payer ou t’en aller, c’est la loi !

Les deux autres acquiescèrent. L’homme en armure dorée pencha la tête sur le côté, prenant un air innocent.

Il était stupide ou quoi celui là ? Il ne voyait donc pas que s’il restait là, il allait se faire massacrer, tout comme moi ?

-La loi ? Savez-vous au moins à qui vous vous adressez ? Rétorqua-t-il alors, plus fermement cette fois-ci.

-A un type qui s’est échappé d’un bal costumé ! Répondit l’un des hommes.

Les autres se mirent à rire à cette blague. L’étrange homme fronça les sourcils. La blague sur son accoutrement ne parut par lui plaire du tout à en juger par son expression.

Il posa une carte sur son disque de duel, doré également et un grand dragon bleu et or apparut. Il cloua d’un seul coup les quatre assaillants au sol d’un revers de la main. Je réprimai un hoquet de surprise. Mais qui était-il pour posséder un disque de duel et des cartes ? Et plus que tout, comment cela se faisait-il que cet hologramme les ait touchés ?

Après la guerre contre le démon, je pensais que plus jamais je n’aurais eu l’occasion de me retrouver face à de telle créature…

L’homme se dressa de toute sa taille au dessus des bandits et prit un air sévère, air qui aurait fait trembler même les plus téméraires.

-Je suis Hélios, seigneur soleil d’Héliopolis, les lois, c’est moi qui les crée, et c’est également moi qui décide à qui appartiennent les territoires !

Ce type était bel et bien un malade ! Un roi ? N’importe quoi. Un mégalomane oui. Il s’inventait même une ville à son nom. Mais il avait eu au moins un effet bénéfique, celui de faire fuir mes cinq agresseurs. Mais l’effet négatif était que je me retrouvais maintenant seule avec lui et son dragon terrifiant. Je m’apprêtais déjà à prendre la fuite également lorsqu’il se tourna vers moi. Ses yeux rouges me glacèrent le sang et me pétrifièrent. Que voulait-il de moi à présent ?

Une pensée affreuse me passa par la tête. Et s’il s’en prenait à mon gang à présent ? S’il était venu faire justice dans ce quartier ou cette dernière n’existait pas ?

Il me posa alors une question étrange :

-Dis-moi, est-ce que par hasard tu saurais où je peux me loger par ici ?

Je ne trouvai rien d’autre à répondre qu’un « Hein ? », ce à quoi il répondit par quelque chose d’encore plus étrange.

-J’ai les moyens de payer si c’est le problème.

-Les…les moyens ? M’étranglai-je à moitié. Non mais vous avez regardé autour de vous ? Pensez-vous sincèrement que vous allez trouver un hôtel dans ce dépotoir ?

-Oh, je ne suis pas à Satellite ?

-Nous sommes dans le quartier oublié de satellite, vous ne trouverez rien ici, si ce n’est que les ennuis, alors vous feriez mieux de partir au plus vite !

-Vous avez une drôle de façon de remercier les gens par ici.

-Remercier ? J’aurais très bien pu m’en tirer toute seule, merci !

-Ah oui ? J’aurais bien aimé voir cela ; dit-il avec une étincelle de malice dans l’œil.

Je soupirai, exaspérée. En fait, il était simplement stupide, je perdais mon temps avec lui. Cependant, en regardant son dragon, je pensai soudain qu’il pouvait m’être très utile pour me débarrasser enfin de ces exécuteurs. Je changeai alors radicalement de tactique d’approche.

-Vous savez, nous n’avons peut-être pas d’hôtel mais je connais un endroit où vous pourriez loger cette nuit ; repris-je d’une voix doucereuse.

-Ah bonne nouvelle ça, parce que je suis épuisé après un tel voyage !

-Vous n’avez qu’à me suivre ; dis-je en ouvrant la porte du bâtiment.

Naïvement, l’homme me suivit à l’intérieur.

Je ne fus même pas étonnée de voir des dizaines de couteaux et autres se brandirent vers moi lorsque franchis le palier.

-Ola, doucement les gars, ce n’est que moi, Serena, vous vous souvenez, on est dans le même camp.

Une voix s’éleva et toutes les armes s’abaissèrent. Un homme, mon chef, celui qu’on appelait tous communément le patron ou boss vint à ma rencontre, pour me sermonner j’imaginais. C’était un grand gaillard, qui devait atteindre un mètre quatre-vingt-dix, aux larges épaules et au visage dur. Son nez était cassé depuis la guerre contre le démon mais cela lui donnait un air encore plus effrayant. Il avait toujours son éternelle coiffure de balais brosse, je lui avais dit que c’était ridicule, mais il ne voulait rien entendre…

Comme tous les membres du groupe, il portait des haillons, bien que les siens fussent des haillons qui furent autrefois des vêtements de luxe.

Il s’arrêta devant moi, croisa les bras sur la poitrine et me toisa avec un œil sévère.

-Alors Serena, on peut savoir où tu étais encore passée ?

Je pris l’air le plus innocent que je pouvais faire et je lui répondis :

-Simplement allée faire des courses.

Je lui montrai l’énorme sac que je tenais entre les bras et il écarquilla les yeux.

-Tu…comment as-tu réussi à leur prendre autant d’un coup sans te faire attraper ?

J’allais lui répondre quand le guignol en armure éternua bruyamment. Tous les regards se tournèrent vers lui, de même que les couteaux. Je m’interposai très vite avant qu’il ne soit réduit en chair à corbeau, ce qui était le sort réservé aux intrus.

-Serena, il est avec toi ? Demanda alors un garçon me ressemblant beaucoup qui n’était autre que mon frère jumeau, Satoshi.

Comme moi, ses cheveux étaient un croisement entre le bond et le châtain mais il était un peu plus grand que moi et son visage était beaucoup plus dur. Ah oui, et il était totalement paranoïaque aussi.

-Il s’appelle Hélios, il m’a sorti d’un mauvais pas à l’instant.

-Ravi de vous rencontrer ! S’exclama-t-il avec un signe de la main.

Le patron me chuchota à l’oreille :

-Mais c’est qui ce type ? Et pourquoi l’as-tu amené ici ?

-Pour ta première question, je n’ai pas de réponse, mais il m’a sauvée. Pour la deuxième, je pense qu’il peut nous être très utile, il a le même pouvoir qu’eux.

-Rendre les monstres réels ? S’étouffa le boss.

J’hochai la tête et il commença à dévisager notre invité. Il fut visiblement déconcerté par la tenue assez…exotique d’Hélios.

-Ah oui, j’oubliai quelque chose ; repris-je, toujours à voix basse, il pense que nous allons le loger cette nuit, alors fais semblant d’être accueillant si tu veux qu’il nous aide.

-Le…loger ? Non mais tu t’es crue où ? A l’hôtel ? J’imagine qu’on devra le nourrir et tout ça ? C’est hors de question, je ne donnerai rien à un inconnu, nada !

-S’il peut nous débarrasser de ces idiots, moi je suis prête à n’importe quoi ; terminai-je alors en tournant le dos au chef pour faire face à l’étrange homme.

J’avais vraiment du mal à croire qu’il ne se doutât de rien mais je devais tout faire pour le ménager afin qu’il nous apporte son aide.

Je lui fis signe de me suivre tandis que je commençai à monter les escaliers. Je vis cependant le chef murmurer quelque chose à l’oreille de mon frère, certainement l’ordre de me surveiller, mais ça, il n’avait pas besoin d’ordre pour le faire…

Hélios monta avec moi au premier étage et je le conduisis dans la seule pièce inoccupée du vieil immeuble. Ce n’était pas bien grand, à peine cinq mètres carré, avec des murs où la peinture se décollait, un plafond envahi par les fuites et un sol recouvert de vieilles affaires inutilisées. Mais il y avait également une sorte de vieux canapé qui pouvait faire office de lit. Je lui désignais la chose. L’homme eut l’air surpris et hésita un instant. Je pris peur qu’il ne décide d’aller ailleurs, ce qui aurait fait tomber mes plans à l’eau, mais il finit par enlever sa cape pourpre et la poser sur le divan.

-Bon, ce n’est pas un hôtel quatre étoiles mais c’est déjà mieux que de dormir dans la rue ! Dit-il joyeusement.

-Ah…et bien, c’est parfait si cela vous convient ; bégayai-je, déconcertée par sa réaction.

-Tu sais, parler à quelqu’un en gardant sa capuche sur la tête n’est pas très poli.

Je ne sus quoi répondre à cela. C’était bien la première fois que quelqu’un me parlait de bonnes manières, cela nous passait totalement au-dessus du crâne à satellite, nous avions mieux à faire que de nous préoccuper de cela. Néanmoins, cette cape était bien pratique à l’extérieur pour se cacher, mais à l’intérieur, elle était plus encombrante qu’autre chose et je la retirai donc.

-Ah voilà, c’est mieux, je n’aime pas parler à quelqu’un sans voir sa tête, ça me rappelle de mauvais souvenirs…Et puis, tu n’as aucune raison de cacher un aussi joli visage.

Je rougis. C’était également la première fois qu’on me faisait des compliments sur mon apparence physique. J’avais tous les traits d’une clocharde, ce que nous étions tous d’ailleurs : des yeux marrons sans aucune vie, des cheveux gras et sans éclat en bataille que je n’avais pas coiffés depuis plus d’un mois, des égratignures un peu partout sur le corps et surtout je portais de véritables loques. Je n’avais qu’un seul pantalon parsemé de trous et dont l’une des jambes était plus courte que l’autre. Quant à mon tee-shirt, il était bien trop petit pour moi depuis longtemps mais je n’avais rien d’autre. Voilà ce qu’il trouvait joli. Soit il se moquait de moi, soit il avait de sérieux problèmes, ou bien des gouts très étranges…

-Bon, maintenant, je pense qu’il serait temps de se présenter convenablement. Je m’appelle Hélios. Tu peux me considérer comme un voyageur en quête de vérité.

-En…quête de vérité ? Répétai-je sans comprendre.

-Oui, disons que ma vie n’a pas été très facile ni même très glorieuse. Alors je cherche des réponses à travers ce voyage.

-Et ce déguisement, il vous servira à reconnaître la vérité quand vous la verrez ? Raillai-je.

-Mais qu’avez-vous donc avec mon armure ? Je pourrais vous poser la même question vous, pourquoi est-ce que vous êtes tous habillés aussi légèrement.

Je fis une grimace. Il touchait un point. Il était peut-être ridicule mais lui au moins avait de quoi s’habiller et se protéger en cas de besoin. Devant ma réaction, il eut l’air de comprendre qu’il touchait un point sensible et changea de sujet.

-Mais au fait, à qui ai-je l’honneur exactement ?

-Je m’appelle Serena.

-Pas de nom de famille ?

-Vous non plus je vous signale.

-Tu as raison, je suis désolé de t’embêter avec cela ; répondit-il en se remettant à rire.

Voyant qu’il avait l’air bien disposé, je pris mon courage à deux mains et je lui demandai finalement ce qui me trottait dans la tête depuis que je l’avais rencontré.

-Mais au fait, votre monstre là, il était réel tout à l’heure ?

-Evidemment qu’il l’était, dans mon pays, tous les monstres sont réels d’ailleurs.

-Oh, et, vous pensez qu’il aurait assez de puissance pour…disons, battre tout un groupe d’hommes ?

-Certainement oui, il l’a déjà fait par le passé.

Je jubilais déjà en mon for intérieur en l’entendant dire cela. J’avais vraiment mis la main sur une mine d’or, dans les deux sens du terme quand je regardais son armure. Je voyais déjà les exécuteurs s’enfuir en courant devant le dragon de l’étrange homme, cependant, il ajouta quelque chose qui me déplut au plus au point.

-Mais il ne le refera plus.

-Par…pardon ? M’étranglai-je. Pourquoi donc ? Si vous le vouliez, d’après ce que vous me dites, vous pourriez conquérir le monde !

-Justement, je ne veux plus. Le duel de monstre ne doit pas être utilisé de cette façon. Il l’était peut-être par le passé, mais à présent, les esprits de duel ne sont plus aussi puissants et de nombreuses personnes n’en possèdent malheureusement plus. Et surtout, tu as dû subir la crise du démon, comme nous tous.

-Oui, je m’en souviens comme si c’était hier ; dis-je en grimaçant alors que je repensais à cette époque.

-Tu as dû constater qu’user d’un tel pouvoir de supériorité est injuste.

-Je pensais l’avoir compris cela, mais que voulez-vous dire avec vos esprits de duel ?

-Regarde autour de toi. Le monde a changé tout simplement, et nous n’y pouvons rien.

Bêtement, je parcourus la pièce du regard. Je n’étais pas très à l’aise avec les images à cette époque, ce qui arracha un sourire amusé à mon invité. Je décidai d’arrêter pour ce soir et de revenir à la charge le lendemain, espérant qu’une bonne nuit de sommeil le fasse changer d’avis.

Je le laissai donc seul et je sortis de la pièce et je me heurtai immédiatement au regard interrogateur de mon frère qui écoutait visiblement aux portes.

-Satoshi, qu’est-ce qui t’arrive encore ? Soupirai-je.

-Ce type, il ne m’inspire pas confiance ; répondit-il en fronçant les sourcils.

-Tu crois que toi, tu lui inspires confiance avec tes airs supérieurs ?

-Je suis très sérieux Serena, qui te dit que ce n’est pas une taupe venue nous détruire de l’intérieur ?

-Nous ne sommes pas dans un film Américain de Série B, et puis, ça ne serait pas la première, ni la dernière fois, alors détends toi.

Je le laissai derrière moi et j’allai me reposer dans ma chambre qui n’était pas en meilleur état que celle donnée à notre invité, pour ne pas dire pire. Je me jetai sur mon lit, épuisée et je me retrouvai nez à nez avec une vieille photo où je me trouvais, avec mon frère, mon père et ma mère, devant le nouveau satellite, sept ans plus tôt.

Nous étions censés déménager là-bas à une époque. Tout était déjà prêt, nous avions déjà un appartement, une école, mais voilà, le sort en avait décidé autrement. Mes parents ont disparu du jour au lendemain, sans laisser de trace, nous laissant seuls, livrés à nous-mêmes.

Jamais les forces de sécurité n’avaient essayé d’élucider cette disparition, ce qui se passait dans le quartier oublié ne les regardait pas. Mais moi, je savais ce qu’il s’était passé, je savais qu’ils n’avaient pas disparu simplement par plaisir. Les rares chanceux ayant l’opportunité de passer dans l’autre satellite étaient très souvent visés par les chefs des gangs en place, et il y en avait beaucoup plus qu’aujourd’hui. Et c’est pourquoi, je vouais une haine incommensurable à tous ces gangs, y compris le mien. Mais, il était ma seule chance de survie, alors j’étais patiente.

L’arrivée d’Hélios cette nuit là avait réveillé cette ancienne rancœur. J’avais trouvé le moyen de me venger de toutes ces années de souffrance, et je ne comptais pas laisser passer l’occasion !


Je fus réveillée en plein milieu de la nuit par une sorte de grattement sur le plancher. Je pensai tout d’abord qu’il ne s’agissait encore que d’un rat venu voler un peu de nourriture et je n’y prêtai pas une grande attention. Cependant, le grattement continua et s’intensifia. Exaspérée, je me levai et sortis dans le couloir pour voir de quoi il s’agissait. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis trois membres du gang en train d’essayer de crocheter la serrure de la chambre d’Hélios.

Je levai les yeux au ciel. Evidemment, comment est-ce qu’un gang aurait pu résister à la venue d’un type portant de l’or sur lui ?

J’allais surprendre les trois idiots – il ne fallait pas mécontenter mon seul espoir de vengeance – lorsque la serrure émit un petit bruit et la porte s’ouvrit.

Je jurai en moi-même. J’avais été trop lente et à cause de trois bouffons, tous mes plans allaient tomber à l’eau.

J’allais perdre tout espoir lorsque je vis les trois lascars ressortir de la chambre, l’air complètement déboussolés. Je me précipitai pour les sermonner mais c’était comme s’ils avaient vu un fantôme, ils étaient livides.

Intriguée, je passais la tête par l’ouverture mais je ne vis rien d’extraordinaire, simplement Hélios dormant sur le canapé, sa cape lui servant de couverture et à côté de lui, son disque de duel et sa couronne. L’envie ne me manquait pas à moi aussi de prendre tout cela et de m’enfuir au loin mais une question me taraudait l’esprit. Qu’est-ce qui avait donc bien pu déstabiliser ainsi des hommes se faisant passer pour des durs ?

Sur la pointe des pieds, je me faufilai à l’intérieur mais je ne vis toujours rien. Je me mis alors à penser comme mes compagnons dans l’espoir de retracer leurs actions.

Ils étaient venus chercher de l’or ou quelque chose de précieux, et les affaires d’Hélios, posées à côté de lui, ne passaient pas vraiment inaperçu. J’en conclus donc qu’ils avaient tout d’abord tenté de prendre la couronne.

Alors que je m’approchai du précieux objet, je remarquai qu’il devait manquer un joyau et qu’à la place, il n’y avait qu’un grand trou. Est-ce que ces idiots avaient quand même réussi à voler quelque chose? Si c’était le cas, il allait falloir que je le récupère si je voulais garder Hélios de mon côté…

Je saisis alors la couronne, toujours essayant de retracer les gestes de mes prédécesseurs et c’est alors qu’une étrange énergie m’envahit.

C’est assez dur à décrire, mais en tenant la couronne dans mes mains, je me sentais plus forte, mes sens étaient décuplés, je voyais des détails qui me seraient totalement passés sous le nez en temps normal comme un cafard se baladant au plafond, j’entendais des bruits imperceptibles pour un être humain normal. Je me sentais si…puissante, j’avais vraiment l’impression de pouvoir faire ce que je voulais.

Hélios éternua dans son sommeil et je lâchai l’artefact sous le coup de la surprise, et toutes les sensations s’en allèrent avec elle. Elle atterrit bruyamment sur le sol.

-Hum…qui est la ? Marmonna Hélios à moitié réveillé.

Je me figeai. Entrer par effraction dans la chambre de mon atout n’était pas la meilleure façon de s’en faire un ami, je devais inventer quelque chose, et vite.

-C’est toi Serena ? Tu as oublié quelque chose ?

-Euh…oui, exactement, je crois que j’ai laissé…euh…ma cape. Oui, c’est ça, je cherche ma cape, il me semble que je l’ai oubliée ici.

-Oh, si ce n’est que ça, je l’ai posée sur la table, je pensais que tu allais venir la récupérer alors je l’ai mise en évidence.

-Mer…merci beaucoup ; dis-je en la saisissant. Bon, et bien, bonne nuit, et désolée pour le dérangement.

Je m’éclipsai le plus vite possible et je ne recommençai à respirer qu’une fois que je fus dans le couloir. J’avais frôlé la catastrophe, et de très près. Je me mis à remercier la providence qu’Hélios ne fût pas aussi paranoïaque que tous les gens que je connaissais.

Je retournai dans la chambre, toujours un peu tremblante, mais surtout en ne pouvant pas oublier la sensation procurée par l’étrange objet. Etait-ce de là qu’Hélios tirait son pouvoir afin de rendre les monstres réels ? Si tel était le cas, je savais ce qu’il me restait à faire s’il refusait de se joindre à nous.


Le lendemain ; ou plutôt le jour même comme il était minuit passé lorsque je retrouvai le sommeil, je me levai comme chaque jour, pensant à la longue journée qui m’attendait.

Ici, tous les jours se ressemblaient. Nous commencions toujours par faire un inventaire de ce que nous avions, puis, si nous manquions de quelque chose, nous allions le voler. Dans le cas contraire…et bien, on faisait la même chose afin de faire des réserves. Mais aujourd’hui, j’avais décidé que cela serait différent.

La première chose que je fis fut d’aller voir comment se portait notre invité. Je frappai à la porte mais je ne reçus aucune réponse. Je commençai à paniquer en pensant qu’il aurait déjà pu partir.

Je descendis les vieux escaliers en courant, évitant les nombreuses irrégularités, franchis le hall à toute vitesse avant de me retrouver dehors. Je regardai de tous les côtés mais je ne vis toujours personne. C’était fini, tous mes plans venaient de tomber à l’eau…

Dépitée, je rentrai à l’intérieur lorsque j’entendis comme un bruit de combat au sous-sol. Certainement le chef qui avait trop bu, encore ; pensais-je.

Mais en arrivant en bas, mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Hélios était en train de se battre à mains nues contre un des hommes de mon gang. Il ne semblait pas vraiment comprendre ce qu’il se passait et se contentait d’esquiver les coups de son adversaire, qui, au contraire, semblait épuisé.

Alors que mon camarade tentait une nouvelle attaque, Hélios bougea avec une vitesse surhumaine et asséna un violent coup de pied à son adversaire qui s’écrasa, face contre terre, devant les regards hébétés des autres membres.

-Et c’est ainsi que je combats ; déclara Hélios en se frottant les mains.

-Je comprends mieux comment tu as sauvé Serena hier ; dit le boss en s’approchant de lui. Tes techniques de combat sont incroyables.

-Non, ce ne sont que de vieux trucs poussiéreux, tout le monde pourrait faire de même ; répondit Hélios un peu gêné.

Le boss l’empoigna alors par les épaules. Je crus qu’il allait le frapper à son tour, mais non, il se contenta de le regarder droit dans les yeux et dire :

-Enseigne nous tes techniques.

-Oh, moi professeur ? Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée. Et puis, je dois partir dans peu de temps…

-Ce n’est pas grave, enseigne nous tout ce que tu pourras pendant le temps que tu restes ici…s’il te plait.

J’étais stupéfaire. C’était bien la première fois que je voyais le patron demander quelque chose sans menacer l’intéressé. Hélios hésita un moment, mais devant les regards émerveillés de mes camarades, il finit par céder.

En un sens, j’étais rassurée. J’avais maintenant un peu plus de temps pour le convaincre de nous aider avec ses pouvoirs, car je savais que même super entraînés, nous n’avions aucune chance contre les exécuteurs. Mais d’un autre, cela signifiait également que le temps était compté. Je n’avais pas une minute à perdre.

J’allais relancer ma proposition lorsque mon frère sortit du recoin où il se terrait et vint m’adresser la parole.

-Je n’arrive pas à y croire ; cracha-t-il.

-Quoi donc ?

-Que le boss se soit laissé corrompre. Nous n’avons pas besoin de ce type, nous ne savons même pas si nous pouvons lui faire confiance.

-Je t’ai déjà dit de te détendre, relax, cool, tout ce que tu veux, mais s’il te plait, arrête de penser que toute la terre est ton ennemi.

-Tu continues à dire cela, même après la guerre ? Tu me déçois Serena, et moi qui pensais que cela t’avait servi de leçon.

Il repartit grogner dans son coin, en me laissant encore sous le choc. Je savais qu’il avait raison, la guerre m’avait appris quelque chose, mais je sentais bien que cet Hélios était différent de tout ce que nous avions connu jusqu’ici.

Je m’assis dans un coin et commençai à regarder Hélios montrer des mouvements qu’aucun d’entre nous n’avait jamais vu auparavant. Ce n’étaient pas des arts martiaux, ce n’était pas non plus de simples coups de poing et encore moins des attaques sauvages. Tout semblait calculé à la seconde près, au millimètre près, afin de causer le plus de dommages possible chez l’adversaire. J’étais sincèrement impressionnée et je me mis à ressentir un sentiment nouveau : l’admiration.

Et oui, lorsqu’on vit dans la rue, admirer quelqu’un n’est pas quelque chose de possible. On peut respecter, craindre, mais pas admirer puisqu’il n’y a rien d’admirable dans ce que nous faisons. Nous nous battons pour survivre, comme des animaux. Mais quand je regardais Hélios se battre, c’était comme si j’étais transportée dans un autre monde, où le combat devenait un art, un sport, possédant des règles, un code d’honneur et surtout, des limites, ce que nous n’avions pas dans la rue.

Est-ce que j’aurais pu, moi aussi, exécuter tous ces mouvements ? Je n’osais même pas essayer de peur d’échouer. Jusque là, la vie en solitaire m’avait appris à ne jamais engager une bataille dont l’issue est incertaine car les pertes étaient en général bien plus élevées que les gains potentiels.

J’assistai à l’entrainement ainsi pendant deux bonnes heures. Cela semblait plaire à mes compagnons, après tout, cela sortait vraiment de l’ordinaire, même s’ils prenaient des roustes monumentales et ne semblaient pas faire de progrès.

Le boss, couvert de bleus et de bosses, finit par en avoir assez et cessa l’entrainement, nous ordonnant de retourner à nos activités habituelles…pour ceux qui en avaient du moins.

Je vis là l’occasion de parler seule à seul avec Hélios. Je vis que, alors que tous les membres du gang étaient essoufflés, Hélios au contraire semblait en pleine forme, ce que je lui fis remarquer.

-Il faut bien que je m’entretienne un peu sinon je vais finir par rouiller ; déclara-t-il. Tes compagnons ne sont pas mauvais, mais manquent cruellement de techniques, j’ai presque l’impression d’affronter des bêtes sauvages.

-Et si ce n’est pas indiscret, où avez-vous appris ces techniques ?

-A Héliopolis bien entendu. J’en ai bavé avant de toutes les maitriser, mais tu vois le résultat. Oh mais attends…tu es venue car tu veux les apprendre toi aussi, c’est cela ?

-Non, je…

-Inutile de mentir, je vois dans tes yeux que tu en meurs d’envie !

-Vous savez lire dans le regard ? M’exclamai-je.

-Ce n’est qu’une expression ; me répondit-il en éclatant de rire à nouveau. Bon, boss, je vous emprunte la petite un instant !

-Ah oui, fais comme tu veux ; marmonna-t-il pendant qu’un de ses sous-fifres lui appliquait une pommade sur ses bleus.

Hélios m’entraina à l’extérieur et me demanda s’il y avait un terrain d’entrainement. Je saisis l’occasion de lui faire faire le sale boulot à notre place et je lui indiquais un ancien stade se trouvant sur le territoire des exécuteurs, ne mentionnant bien sûr pas le dernier point. Il ne se douta de rien et acquiesça.

Nous nous dirigeâmes donc vers ce stade. Nous en avions pour une bonne vingtaine de minutes à pieds et j’en profitai pour questionner Hélios sur son passé qui m’intriguait au plus haut point, mais toutes les réponses qu’il me donnait étaient très évasives, comme un voyage de plusieurs mois, une guerre, la disparition de plusieurs de ses amis, mais rien de très précis. Il ne semblait pas tenir à en parler et cela ne fit qu’éveiller encore plus ma curiosité sur le passé de cet étrange homme sorti de nulle part.

Lorsque nous arrivâmes, le stade était désert. Les exécuteurs devaient être en train de maltraiter quelques personnes ou bien en train d’étendre encore leur influence. Je fus un peu déçue, moi qui aurais tellement voulu revoir Hélios à l’œuvre, mais rien n’était encore joué, ils pouvaient arriver d’une minute à l’autre.

Le stade où je l’avais emmené était autrefois, avant la catastrophe du Zéro Reverse, le plus grand de la ville, capable d’accueillir plus d’un million de personnes. Il s’étendait sur plus de cinquante mètres de long pour une largeur avoisinant les vingt mètres. Il servait tout aussi bien pour les grands tournois de duel de monstres que pour les courses automobiles ou les matchs de foot. A présent, l’herbe envahissait le terrain laissé à l’abandon et les sièges des gradins rouillaient lentement. Les portes d’entrée n’existaient même plus, il n’y avait que des trous béants à la place. Ce n’était plus qu’une ruine de ce qui avait été autrefois une merveille de l’architecture…

Hélios contempla ce triste spectacle un moment, l’air perdu dans ses pensées puis se tourna vers moi.

-Bien, cela devrait faire l’affaire je pense. Suis-moi.

Il alla se placer au centre du stade et me fit signe d’approcher. Sans bien comprendre, je vins à lui. Ce que je n’avais pas prévu, c’était qu’il m’attaque par surprise. Il se jeta sur moi avec un cri de guerre. Trop surprise pour réagir, je reçus le coup de plein fouet et je m’écrasai face contre terre.

-Non mais ça va pas vous ! M’écriai-je avant d’être interrompue.

-Première règle d’un combat, ne jamais baisser sa garde.

-Génial, vous m’apprenez vraiment quelque chose là ; râlai-je tout en me remettant debout.

-Sans des bases solides, on ne peut pas aller bien loin, tu l’apprendras à tes dépends.

-Ah oui ? Et que dîtes vous de ça !

A mon tour, je me jetai sur lui, poing en avant, visant sa tête, comme j’avais l’habitude de le faire mais, vif comme l’éclair, il se décala sur ma gauche au dernier moment et je frappai dans le vide.

Alors que j’étais déstabilisée, Hélios me donna un petit coup dans le dos qui suffit à me faire manger la poussière encore une fois.

Je ne m’avouai pas vaincue et je me relevai une nouvelle fois puis enchainant les coups de pieds et les coups de poing…dans le vide. Hélios les évitait avec une facilité déconcertante. Si je visais ses pieds, il sautait, et quand je visais son torse ou sa tête, il se décalait simplement vers la gauche ou vers la droite. Je finis très rapidement par être à bout de souffle à force d’attaquer sans arrêt et je marquai une pause dans mon assaut. Les yeux d’Hélios brillèrent et, l’instant d’après, je me retrouvai à voler avant de m’écraser deux mètres en arrière.

Mais qu’est-ce qui n’allait pas avec moi ? Ces techniques m’avaient toujours permis de me sortir de n’importe quelle situation auparavant, que ce soit contre les exécuteurs ou contre d’autres gangs. Mais cet Hélios, il se battait différemment d’eux. C’était comme s’il était capable d’anticiper tous mes faits et gestes, comme s’il avait pensé à mes attaques avant même que je n’y aie pensé moi-même…Il ne se contentait pas de donner des coups dans toutes les directions, espérant toucher quelqu’un, non, tous ses mouvements étaient calculés.

-Alors Serena, tu en veux encore ?

-Un peu oui ! Répondis-je en me remettant debout.

Cette fois-ci, j’allais tenter de faire comme lui, de réfléchir avant chaque attaque, prendre le temps d’analyser la situation. Même si cela laissait du temps à l’adversaire d’attaquer en premier, cela permettait également d’esquiver son attaque avant de riposter.

Je fis signe à Hélios d’attaquer. Il sourit et s’élança, poing en avant. Je vis bien qu’il visait ma tête alors, comme lui, je tentai d’esquiver avec un pas sur le côté. Il frappa dans le vide, visiblement étonné de ma réaction. Profitant de la situation, j’essayai, comme lui, de le mettre à terre en le frappant pendant qu’il était déstabilisé mais, contrairement à moi, il ne s’écrasa pas face contre terre et, avec une roulade au sol, se remit debout pour me faire face en souriant.

-On dirait que tu apprends vite Serena ; dit-il satisfait. Je n’ai même pas eu besoin de te dire quoi que ce soit, c’est impressionnant.

-Et je n’ai pas fini de vous surprendre !

-J’espère bien, mais toi non plus, tu n’as rien vu.

Nous nous jetâmes l’un sur l’autre en criant quand une voix derrière moi interrompit tous nos mouvements.

-Assez !

Je me retournai, craignant de voir surgir les exécuteurs mais ce que je vis me déplus encore plus. Satoshi venait visiblement d’arriver et nous regardait d’un air mauvais, plus particulièrement Hélios. Il nous avait réellement suivi jusqu’ici, mais pourquoi ?

-Je savais bien que je devais garder un œil sur vous, je savais qu’on ne pouvait pas vous faire confiance ; dit-il d’un ton glacial.

-Attends Satoshi, ce n’est pas ce que tu crois…tentai-je mais il ne voulait rien entendre.

-Vous faites partie des exécuteurs, je me trompe ? Vous êtes venus nous détruire de l’intérieur, mais je ne vous laisserai pas faire !

Hélios me regarda et me fit un clin d’œil.

-C’est exact, je suis un exécuteur, et j’ai pour mission de vous éliminer. Alors, que vas-tu faire pour m’arrêter ?

Satoshi ramassa une vieille barre de fer qui se trouvait par terre, certainement une partie d’une ancienne barrière, et la brandit devant lui comme une épée. Je ne sais pas ce qu’il lisait comme livre, mais il se croyait vraiment dans l’un d’eux le pauvre.

-Tiens, je ne pensais pas avoir besoin de m’en servir aujourd’hui, mais regarde bien Serena, cela pourrait te servir un jour.

-Oui, c’est sûr que me battre à l’épée me sera utile ; marmonnai-je toujours furieuse contre mon frère.

Les deux hommes se firent face, l’un avec un regard assassin, l’autre l’air amusé de la situation. Je me mis à l’écart pour éviter un coup perdu et ainsi perdre quelque chose d’important comme un œil ou un bras.

Le pauvre Satoshi n’avait aucune chance si Hélios se battait aussi bien à l’épée qu’à mains nues. Je soupirai intérieurement. Je savais bien qu’il essayait de me protéger, mais il en devenait ridicule. Il avait toujours été ainsi, en tant que frère, il s’était juré que rien ne m’arriverait tant qu’il serait là et il avait fini par devenir totalement paranoïaque, voyant du danger partout. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était que je pouvais me défendre seule…

Satoshi passa à l’attaque en premier et tenta d’assommer Hélios en utilisant sa barre de fer comme une massue, mais évidemment, ayant anticipé son mouvement, l’homme à l’armure avait placé sa propre épée au dessus de sa tête, bloquant l’attaque. Satoshi recula immédiatement, évitant la riposte d’Hélios et se remit en position.

Il grogna un peu avant de tenter un autre aussi visant le bras d’Hélios tenant l’épée, dans l’espoir de le lui briser certainement. Sans surprise, Hélios n’était déjà plus là quand Satoshi délivra son coup dans le vide.

De plus en plus énervé, mon frère finit par faire comme moi et asséner une pluie d’assauts visant à épuiser son ennemi. Cependant, je savais maintenant que cela épuisait plus l’attaquant que l’attaqué. Hélios contra chacune de ses attaques soit en les évitant, soit en faisant dévier la barre de fer avec la lame de son épée.

-Il serait peut-être temps d’arrêter, tu ne penses pas ? Suggéra Hélios en regardant mon frère.

Celui-ci était visiblement à bout de souffle, la sueur perlait sur son visage et ses bras, mais il refusait d’abandonner. Pour tout réponse, il repassa à l’attaque.

Hélios soupira et, d’un coup majestueux, désarma son adversaire. La barre de fer vola dans les airs tandis que mon frère tomba à genoux, ne pouvant plus faire un geste. Il semblait sidéré par ce mouvement et dut se rendre compte qu’Hélios ne faisait que jouer avec lui depuis le début. Mais je voyais dans son regard qu’il n’était pas prêt à abandonner.

-Vous ne vous en tirerez pas aussi facilement ! Dit-il tout en se relevant tant bien que mal.

-C’est amusant, c’est exactement ce que nous allions dire ; rugit une voix venant des gradins.

Comme une seule personne, nous nous retournâmes dans la direction d’où provenaient ces mots. Je crus que mon cœur allait s’arrêter de battre.

Un grand homme nous observait d’un regard rempli de haine et de colère depuis le dernier rang des gradins. Il portait un bandeau sur le front lui donnant un air de ninja et ses longs cheveux noirs volaient dans le vent. Ses yeux brillaient d’un éclat sombre reflétant tout le mépris qu’il avait pour nous, membres des gangs rivaux. A ses côtés se tenait une dizaine d’hommes armés de massues, couteaux et battes de baseball ayant l’air aussi peu amicaux que lui.

-Qui est ce guignol ? Demanda alors Hélios.

-Guignol ? Reprit l’homme l’air outré. Montre un peu plus de respect je te prie. Je suis le chef des Exécuteurs, Ramon, et vous vous trouvez actuellement sur notre territoire.





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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [01/08/2014] à 22:21

Serena: De nouveaux horizons



Spoiler :


J’avais entendu de nombreuses histoires sur ce Ramon, mais en vérité, je ne l’avais jamais vu de mes propres yeux et il était encore plus effrayant que tout ce que l’on racontait. Cependant, Hélios ne semblait pas impressionné le moins du monde devant l’homme qui faisait trembler le quartier oublié. Il le regardait simplement avec curiosité, comme s’il se demandait qui était ce type et ce qu’il lui voulait.

Satoshi vint se placer devant moi, toujours dans cette optique de me protéger, et je dois avouer que j’étais bien contente qu’il le fasse cette fois-ci tellement j’étais terrifiée. Qui, à part Hélios bien sûr, n’aurait pas été terrifié devant cet homme dont la force était légendaire, cet homme ayant pris possession du quartier oublié en si peu de temps, cet homme ayant repoussé les armées ennemies tout en sacrifiant les autres habitants…

Hélios s’avança alors d’un pas et prit la parole.

-Bien, je suis ravi de vous rencontrer, mon nom est Hélios et…

-Je me fiche de savoir qui tu es, tu es sur mon territoire sans mon autorisation, tu dois donc en payer les conséquences !

-Excusez-moi mais…

Un couteau aiguisé fila vers lui à une vitesse fulgurante avant qu’il n’ait eu le temps de terminer sa phrase. Je fermai les yeux pour ne pas voir ce qui allait lui arriver. Je m’attendais à entendre un gémissement de douleur mais tout ce qui me parvint à l’oreille fut le bruit de deux bouts de métal s’entrechoquant.

Je rouvris les yeux. J’avais totalement oublié qu’Hélios portait une armure sous sa cape ! Les exécuteurs eurent l’air aussi surpris que nous. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur un type en armure d’or…

Hélios ramassa le couteau au sol, l’air distrait et l’examina en long, en large et en travers avant d’éclater de rire.

-Vous êtes sérieux ? S’exclama-t-il. De mon temps, les épées étaient bien plus aiguisées que ça, même les flèches faisaient plus de dégâts !

-Personnes ne se moque de moi ! Hurla Ramon rouge de colère. Exécuteurs, à l’attaque !

Le gang se précipita sur nous comme un seul homme, toutes armes en avant. Hélios jeta alors le couteau derrière lui comme on jette une peau de banane et dégaina son épée en souriant.

Les hommes l’encerclèrent rapidement, mais cela ne semblait pas le déranger. Aucune inquiétude ne se laissait sur son visage, il n’y avait que de l’amusement, et peut-être également un certain dédain pour ces hommes ne respectant aucune règle de combat.

-Dix contre un ? Vous ne semblez vraiment pas connaître le mot « fairplay » par ici.

-Tous les moyens sont bons pour gagner une bataille ; répondit naturellement Ramon.

Hélios se raidit lorsqu’il entendit cela et son regard se voila. Sa prise sur son épée sembla se refermer, comme s’il se contrôlait lui-même.

-Non…ce n’est pas vrai…Murmura-t-il.

-Que dis-tu ? Tu es en train de faire ton testament ? Lança Ramon de son perchoir.

-Tu te trompes ! Reprit Hélios plus fort et plus fermement. Tous les moyens ne doivent pas être utilisés pour gagner un combat !

-Tu parles à l’homme qui a repoussé l’attaque du démon l’année dernière et qui est sorti vivant, alors un peu de respect je te prie !

Apparemment, évoquer le démon fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase et Hélios releva brusquement la tête. A présent, ses yeux étaient devenus rouge sang et une immense rage se lisait à l’intérieur. Avec une vitesse et une force surhumaine, il sauta haut dans les airs, passant par-dessus ses adversaires et fonça droit sur Ramon.

Hélios leva le bras et une vive lumière émana de son disque de duel. Le chef des exécuteurs eut à peine le temps de tomber à la renverse avant qu’un immense dragon bleu et or se tienne à quelques centimètres de lui, menaçant de l’écraser au moindre mouvement.

-Tu…tu ne me fais pas peur avec ton hologramme ! Bégaya-t-il, peu sûr de lui.

Pour toute réponse, le dragon rugit et cela suffit à soulever des rafales de vent qui obligèrent Ramon à s’accrocher à un siège pour ne pas s’envoler. A partir de ce moment-là, il devint réellement blême et cessa tout mouvement. Les autres membres du gang regardèrent leur chef impuissant avec une angoisse sans nom dans le regard.

Un silence de mort s’installa sur le stade. Je n’entendais plus que bruit du métal de l’armure d’Hélios qui se déplaçait lentement vers Ramon ainsi que les battements de mon cœur.

Le duelliste mit alors un genou à terre et s’adressa au chef de gang d’un ton poli, sans aucune haine, mais à glacer le sang par sa neutralité.

-Alors, penses-tu toujours que tous les moyens sont bons pour gagner une bataille ? Tu sais que si je le voulais, je pourrais te tuer d’un seul claquement de doigt, n’est-ce pas ? Je sais que tu l’aurais fait sans hésiter si tu avais eu ce pouvoir, toi qui penses que tous les moyens sont bons pour gagner une bataille. Mais, penses-tu toujours cela quand c’est ton ennemi qui a ce pouvoir ?

Ramon ne répondit rien, et Hélios continua son monologue.

-Ecoute moi bien Ramon et retiens-bien ceci : ce n’est pas parce que tu as le pouvoir de faire trembler ciel et terre que tu dois le faire, seul le démon a ce pouvoir, et regarde à présent où il en est.

Hélios se releva et se tourna alors vers Satoshi et moi, tout en gardant le chef du gang ennemi à l’œil. Il fit un signe de la tête et je compris que cela signifiait que l’entrainement était fini pour aujourd’hui.

Il sauta du haut des gradins et atterrit gracieusement sur la pelouse du stade sous les yeux ébahis de toutes les personnes l’observant. Il faut dire que n’importe qui se serait brisé les jambes après un saut pareil, mais Hélios continua simplement son chemin et nous prîmes sa suite, tout en continuant à regarder derrière nous, méfiant. Mais le gang était totalement déstabilisé par la prestation d’Hélios et ne bougeait plus le petit doigt.

Une fois sortis du stade, le visage d’Hélios se détendit et il reprit son air nonchalant.

-Bon, ils ont compris la leçon je pense, ils ne nous embêteront plus ! Dit-il en souriant, ce qui contrastait nettement avec le personnage froid que j’avais vu quelques instants plus tôt.

-Vous n’êtes donc pas avec eux ? Demanda soudainement Satoshi, comme ayant eu une révélation.

-N’est-ce pas ce que je me tue à vous dire depuis tout à l’heure ? Je ne sais même pas qui ils sont et je m’en fiche…en fait, non, je ne m’en fiche pas, des types comme ça sont des dangers publics !

Je me mis alors à lui raconter comment Ramon avait rassemblé un groupe de fidèles s’inspirant de la légende des exécuteurs mais ayant par la suite pris possession du quartier par la force et éliminant tous ses adversaires potentiels avant de devenir le maitre absolu. Je lui racontai ensuite comment il avait survécu pendant la guerre en n’hésitant pas à sacrifier ses amis, mais surtout ses ennemis. Cette partie fut celle qui révolta le plus Hélios qui comprenait à présent d’où Ramon tirait sa méthode de combat.

-Mais et vous alors ; demandai-je à la fin de mon récit, pourquoi êtes-vous si opposé à sa méthode ?

-Voyez-vous, je vous ai dit que ma vie n’a pas toujours été glorieuse, et, comme lui, j’ai fait cette erreur de croire que je pouvais tout utiliser pour arriver à mes fins. Je voulais détruire un ennemi m’ayant tout pris, et pour cela, j’ai fait alliance avec le démon pour finalement le payer très cher…

-Alliance avec le démon ? S’exclama mon frère en fronçant les sourcils, prêt à intervenir s’il faisait quelque chose de suspect.

-Oui, j’ai…

Il ne termina pas sa phrase car juste devant nous se tenait le boss qui semblait de très méchante humeur. Il nous attendait devant l’immeuble du gang, les bras croisés sur la poitrine, tapant du pied comme s’il attendait là depuis des heures. En nous voyant, son visage se durcit subitement et se dirigea vers moi d’un pas décidé. Je grimaçai, sachant ce qu’il s’apprêtait à faire. Il devait sûrement savoir pour le stade, rien ne lui échappait concernant les membres.

Satoshi tenta bien de se mettre en travers de sa route mais il fut écarté d’un revers de la main. Quant à moi, arrivé à ma hauteur, je me pris un énorme coup de poing dans le ventre, si violent que je tombai à genoux en toussant, la respiration coupée. Et je savais que ce n’était pas fini. C’était le châtiment réservé aux membres allant créer des ennuis au boss, ou risquant de créer des ennuis.

-Pourquoi avez-vous fait cela ? Demanda Hélios quelque peu étonné.

-Elle a osé provoquer des tensions entre nos groupes et à présent, nous risquons par sa faute de nous faire attaquer à tout moment ! Rétorqua le boss, écumant de rage.

Il me donna un coup de pied et je m’écrasai face contre terre dans la boue. Quelques autres membres du gang sortirent pour voir ce qui causait toute cette agitation, maltraiter l’un des nôtres étaient un des seuls divertissements que nous avions après tout.

Satoshi vint m’aider à me relever tandis que je regardai le boss avec un regard empli de mépris envers lui.

-Vous…vous n’êtes qu’une ordure ; articulai-je.

-Répète un peu ce que tu as dit ? Me défia-t-il.

-J’ai dit que vous étiez une ordure ! Répétai-je plus fort, sous les regards effarés de mes camarades.

Peu de gens osaient tenir tête au patron, et les rares ayant essayé n’étaient plus là pour témoigner aujourd’hui.

-Tu as du cran, petite ; dit-il avec un sourire carnassier.

-Vous ne pouvez pas savoir à quel point je vous méprise ; continuai-je, le regard foudroyant tout le monde. Vous, vos méthodes, votre lâcheté permanente, cette vie de chien, ce quartier en ruine, je les déteste tous autant que vous êtes. Vous m’avez tout pris, mes parents, la vie que j’aurais dû avoir, ma jeunesse, mais rien n’égale la haine que je voue aux gangs qui se croient forts simplement parce qu’ils ont la force du nombre, parce qu’il…

-Assez ! M’interrompit-il.

Il leva le poing, je détournai le regard, mais je ne sentis rien, pas la moindre douleur. En retournant la tête, je vis Hélios lui tenant fermement le bras, le bloquant dans son geste.

-Allons, je ne pense pas que la violence résolve votre problème.

-Laisse-moi tranquille toi! Répliqua-t-il en se dégageant. Vous, les gens de Néo Domino City, ne pouvez pas comprendre nos motivations, vous ne pouvez pas comprendre à quel point la vie est difficile par ici et que tout pas de travers peut nous coûter la vie !

Le boss fit volte-face et repartit à l’intérieur, suivi de tous les membres, déçus que cela se soit fini aussi rapidement. Il ne restait plus que Satoshi, Hélios et moi à la fin.

Mon frère ne cessait de me demander si tout allait bien, même si je lui répétais que j’avais enduré bien pire. Il était bien la seule personne se faisant réellement du souci pour moi parmi tous les imbéciles ne pensant qu’à eux et à leur propre survie.

Hélios contemplait le bâtiment, perplexe par ce qu’il venait de voir. Pour quelqu’un de la ville, j’imagine que ce n’était pas courant de voir de telles choses.

-Je ne l’imaginais vraiment pas comme ça ; finit-il par dire.

-Vous savez, ici, personne n’est ce qu’il semble être, nous avons tous deux visages.

-Cela tombe bien, moi aussi ! S’exclama-t-il avant de se rendre compte que cela ne se disait pas en public et que Satoshi était à nouveau sur ses gardes. Oui, enfin, ne prenez pas cela au premier degré, je veux simplement dire que personne ne peut connaître quelqu’un d’autre puisque nous ne nous connaissons même pas nous-mêmes en général.

-Vous pensez réellement que nous avons tous deux facettes ?

-E…évidemment, pour qui me prends-tu. Enfin, si vous avez besoin de moi, je serai dans ma chambre. Je pense d’ailleurs partir demain, je ne veux pas rester avec un tel homme.

Lorsqu’il dit cela, mon cœur se serra. Au départ, je ne voulais qu’utiliser Hélios afin de me venger des exécuteurs et de mon gang, mais à présent qu’il m’avait sauvée deux fois de plus sans rien attendre en retour, je ressentais quelque chose d’autre pour lui. Je ne connaissais pas ce sentiment, mais mon cœur était lourd en pensant à son départ, en pensant au fait que je ne le reverrai plus jamais, en pensant que je n’avais rien pu faire pour le remercier. J’appris bien plus tard que ce sentiment était le regret, quelque chose qui nous était interdit si nous voulions survivre dans la rue.

Cette nuit là, il me fut impossible de trouver le sommeil. D’une part car mes blessures me faisaient souffrir atrocement –entre le combat contre Hélios et les coups du boss – mais également car une idée saugrenue m’était venue en tête et il m’était impossible de ne plus y penser. Cette idée aurait pu être un ticket de sortie pour moi, une façon de recommencer à zéro, effacer toutes ces années de souffrance, rayer de ma mémoire le boss et toutes ces histoires de gangs.

Plus j’y repensais, plus je me persuadais que c’était la meilleure solution et je finis par ne plus pouvoir la garder pour moi. Je me dirigeai vers la chambre de mon frère. Il devait être trois heures du matin et je compris qu’il ne fut pas très content d’être réveillé mais lorsque je lui annonçai mon plan, il fut tout de suite plus attentif.

-Attends, répète un peu ; dit-il déboussolé.

-Partons avec Hélios demain, fuyons cette vie misérable, j’en ai assez d’être maltraitée pour un rien, je veux vivre une vie normale et Hélios est la seule personne que nous connaissons capable de nous sortir de ce bourbier.

-Réfléchis bien Serena, car une fois partie, tu ne pourras plus revenir en arrière.

-C’est tout réfléchi, et qui aurait envie de revenir ici ? Nous n’avons déjà rien, comment pourrait-on devenir moins que rien ?

-Tu n’as pas tort, mais au moins, nous sommes protégés ici, nous avons de quoi manger, de quoi dormir, que trouveras-tu de l’autre côté ?

-Je ne sais pas, mais tout sera mieux que cette vie. Es-tu avec moi, ou bien vas-tu rester moisir ici ?

Il marqua un temps d’arrêt et regarda par la fenêtre. La nuit était bien sombre dans le quartier oublié, nous ne voyions que les lumières de la ville de satellite, loin, comme des mirages inatteignables. Mon frère plongea son regard noisette dans le mien. Il était toujours si sérieux et imperturbable, jamais je ne l’avais vu rire, ou du moins, je ne m’en avais pas le souvenir.

-C’est d’accord Serena ; déclara-t-il. J’ai fait le serment de te protéger et pour cela, je dois te suivre quoiqu’il arrive.

-Avec un peu de chance, tu n’en auras même plus besoin. Notre nouvelle vie sera formidable, tu verras ! Fini les angoisses, fini les bagarres de rue, nous vivrons la vie que nous aurions dû vivre il y a maintenant sept ans !

Un léger sourire fendit le visage de Satoshi pour la première fois depuis des années et je le lui rendis, heureuse à l’idée de laisser nos ennuis loin derrière nous pour découvrir de nouveaux horizons, partir vers l’inconnu, partir vers Néo Domino City.


Je retournai dans ma chambre presque en courant et je sortis un vieux sac poussiéreux afin de réunir le peu d’effets personnels que j’avais. La photo de mes parents fut bien entendu du voyage, après tout, c’était en partie grâce à eux que j’avais décidé de partir ce jour-là. Je pris également quelques vieilleries comme un pull troué en cas de froid, un vieux chapeau mangé par les mites pour le soleil et un bracelet très cher à mes yeux. Je n’avais pas besoin du reste, j’avais déjà lu tous les livres qui se trouvaient là, les draps et couvertures auraient été trop encombrants, et puis, je n’avais pas grand chose d’autre qui fût vraiment à moi.

Je veillai jusqu’au lever de jour pour être sûre de ne pas manquer Hélios. J’étais également allée réveiller Satoshi aux aurores mais il semblait que lui non plus n’ait pas dormi de la nuit, puis nous attendîmes l’heure de vérité.

Hélios sortit de sa chambre vers huit heures du matin et nous nous précipitâmes sur lui. Encore à moitié endormi, il mit quelques secondes à comprendre notre demande puis ouvrit alors soudainement les yeux, effaré.

-Vous…vous voulez venir avec moi ? S’exclama-t-il.

-Moins fort, inutile d’alerter tout le monde ; répondis-je à voix basse. Mais oui, nous voulons vous suivre.

-Mais vous ne me connaissez à peine que depuis deux jours, c’est un peu tôt pour faire confiance à quelqu’un vous ne trouvez pas ? Et puis, je n’ai pas une vie facile, je voyage beaucoup et…

-Nous nous fichons de qui vous êtes et de où vous allez, ce qui importe, c’est que vous nous avez sauvé la vie deux fois hier et que nous n’avons rien pu faire pour vous rendre cela.

-Je ne suis pas d’accord avec tout ce que ma sœur dit, mais où qu’elle aille, j’irai, donc je la suis, même si je ne vous fais pas plus confiance qu’au boss ; dit mon frère en toute honnêteté.

-Et bien, je suis un peu à court d’arguments si vous vous fichez du danger ou de qui je suis réellement. Rien ne vous fera changer d’avis ?

Non répondîmes par un simple non de la tête et Hélios soupira.

-Dans quoi je m’embarque moi ; se lamenta-t-il. Vous savez, j’ai déjà du mal à me nourrir, donc…

-Nous avons l’habitude de sauter des repas ; dit Satoshi.

-Je loge souvent à la belle étoile également.

-Ca ne peut pas être pire qu’ici ; rétorquai-je.

-Un voyage n’est pas une partie de plaisir, il faut prévoir plein de choses comme…

-Dites-nous ce que vous voulez, nous ne changerons pas d’avis ! Répliquai-je. Tout ce que nous voulons, c’est partir avec vous.

-Tu es aussi têtue que Celestia toi ; ronchonna-t-il. Mais c’est d’accord, venez avec moi. De toute façon, je parie que vous me suivriez même si je vous disais non.

Nous acquiesçâmes et Hélios éclata de rire. Contrairement aux autres personnes que je connaissais jusque-là, le rire d’Hélios était sincère, pur, cristallin. Il ne se moquait pas du malheur des autres, ce n’était pas non plus un rire tyrannique montrant sa supériorité, non, ce n’était que de l’amusement devant notre réaction.

Il se mit alors à genoux et nous mit à chacun une main sur l’épaule, comme s’il parlait à de jeunes enfants.

-Bien, j’imagine que vous n’êtes jamais sortis d’ici, je me trompe ?

Non fîmes non de la tête et il sourit de plus belle.

-Et bien, dîtes-vous que je ne connais pas plus le monde que vous, et c’est pourquoi j’ai entamé ce voyage, donc il faudra nous entraider, compris ?

-L’entraide n’est pas vraiment un concept familier par ici ; dit mon frère. Mais nous ferons de notre mieux si cela nous permet de nous suivre.

-Ah et j’oubliais, il y a une chose que je ne supporte pas.

-Quoi donc ? Demandai-je angoissée.

-Les ronchons !

J’éclatai de rire à mon tour tandis que Satoshi grogna dans son coin. Je ne savais pas pourquoi, mais Hélios me faisait sincèrement rire, il était drôle et était certainement la seule personne que je connaissais qui avait un peu d’humour parmi cette bande de brutes sans cervelle composant le gang.

Au loin, j’entendis une porte s’ouvrir. Nos anciens camarades devaient certainement commencer à se réveiller.

Hélios se releva et nous fit signe de partir devant, quant à lui, il alla remercier le boss de son hospitalité. Nous l’attendîmes quelques instants. Il eut eu quelques rugissements, après tout, il laissait partir une mine d’or comme Hélios, mais il ne pouvait rien faire pour le retenir et il le savait.

Hélios nous rejoignit ensuite, toujours l’air amusé en regardant derrière lui.

-Bien, l’aventure commence maintenant, j’espère que vous êtes prêts ! Nous allons voir les merveilles que la nature a à nous offrir, des chefs d’œuvre de l’architecture humaine, des…

-Nous savons ce que nous allons faire ! Protesta Satoshi. On peut y aller maintenant ?

Devant l’expression consternée d’Hélios, je ne pus m’empêcher de rire à nouveau. Ce voyage s’annonçait décidemment très divertissant et certainement bien plus plaisant que cette vie misérable dans ce bidonville.

Nous marchâmes dans les rues du quartier oublié pendant une bonne demi-heure, il faut dire que notre repaire se trouvait en plein cœur, avant d’arriver enfin à la frontière du nouveau satellite. Lorsque je vis les magnifiques immeubles de verre et les rues entretenues remplies de passants, mon cœur s’accéléra soudain. Je me tournai vers mon frère, il ne semblait pas aller mieux que moi. C’était la première fois que nous mettions un pied en dehors du quartier oublié, nous n’avions qu’une vague idée de ce à quoi pouvait ressembler satellite, mais jamais nous n’aurions imaginé une telle chose.

Le futur côtoyait le passé ici, le neuf s’élevait au-dessus des ruines du Zero Reverse. Tout était si rutilant et si brillant, j’avais vraiment du mal à croire que Satellite ait un jour ressemblé au quartier oublié. Même le soleil brillait plus fort ici que dans nos ruines.

Mais voir cela ne fit qu’augmenter ma haine contre les gangs. C’était de leur faute si je n’avais pas pu voir cela plus tôt, si j’avais du vivre cette vie pendant sept longues années alors que la porte de sortie était si proche de nous…

Hélios nous poussa dans le dos, nous encourageant à sortir de la ruelle sale et délabrée dans laquelle nous nous trouvions. Mon premier pas sur le sol de satellite, le premier pas vers notre nouvelle vie…

Le sol était si lisse, pas une bosse, pas une fissure, le béton était juste parfaitement lisse, rien à voir avec les rues dévastées du quartier oublié.

Hélios inspira une bonne bouffée d’air. Sans savoir pourquoi, je fis comme lui et je fus stupéfaite. Nous avions beau être dans une grande ville, les senteurs de l’océan arrivaient jusqu’à nous. Je ne savais même pas comment j’arrivais à reconnaître ces odeurs inconnues jusqu’ici, mais c’était comme si je les avais toujours connues. Un mélange de sel, d’algues et de poissons parvenait jusqu’à mes narines. Ce n’était vraiment pas désagréable.

Je me tournais vers mon frère qui était visiblement bien plus attiré par les bâtiments, mais il n’avait jamais été très sensible aux odeurs de toute façon, et heureusement pour lui, cela lui avait évité de nombreux malaises…

-Voici Satellite, impressionnant n’est-ce pas ? Voyez l’architecture moderne qui s’élève jusqu’au ciel comme si elle voulait le toucher, admirez ces boutiques et ces cafés qui furent autrefois des repaires pour les malfrats ; dit alors Hélios comme un guide touristique. Tout cela est le fruit de la coopération des habitants et est né de l’espoir des hommes, d’ailleurs, j’ai quelque chose à vous montrer, suivez-moi.

Hélios nous emmena plus près de l’océan. Nous continuâmes à traverser de grandes avenues remplies de passants pressés mais surtout bien habillés. Je me sentis soudain vraiment comme une clocharde avec mes loques, et c’était certainement ce que pensaient toutes ces personnes en me voyant.

Bon, la vérité, c’était qu’Hélios attirait bien plus l’attention que nous avec son drôle de costume, si bien que personne ne prêtait attention à deux pauvres enfants ayant l’air de sortir de nulle part…Mais Hélios ne prêtait guère attention à tous ces regards, comme s’il était habitué et continuait sa route, imperturbablement, continuant à commenter tout ce qu’il voyait.

Enfin, nous fîmes face à une grande étendue d’eau semblant infinie. La terre s’arrêtait là pour faire place à la mer, bleue comme l’azur, brillante sous le soleil matinal. Je ne pouvais détacher mon regard de cette merveille. Je n’avais vu l’océan que dans des livres, sur de vieilles photos en noir et blanc, mais jamais je n’aurais imaginé un tel mélange de couleurs et de lumières.

Un grand pont reliait satellite à ce qui devait être Néo Domino City mais Hélios ne voulait pas nous montrer cela et désigna quelque chose à droite du pont.

Nous nous approchâmes et nous vîmes quelque chose d’étrange : une moitié de pont en bois. Il était très petit comparé à son voisin mais il semblait également bien plus vieux.

-En quoi ce truc est intéressant ? Demanda Satoshi à Hélios.

-Ce truc ? Un peu de respect je te prie. Il s’agit là du pont dédale. Il a été construit peu de temps après la séparation de Satellite et Domino city par un homme dont le nom est resté dans la légende, autant en bien qu’en mal.

-Rex Goodwin ? Proposai-je en me souvenant d’avoir lu quelque chose sur lui.

-Exact Serena. Goodwin fut le premier à avoir redonné de l’espoir aux habitants de Satellite en construisant ce pont, seul. Par la suite, c’est également lui qui a ordonné la construction de l’autre pont, achevant ainsi son travail et réparant les erreurs de son frère. Il est un modèle pour de nombreuses personnes encore aujourd’hui.

-Un peu comme vous ; dis-je alors.

-M…Moi ? Répéta-t-il surpris.

-Oui, vous nous avez donné un espoir en nous faisant sortir d’ici.

-Mais…mais non, vous vous méprenez, je n’ai rien d’un héros…je n’en ai plus la carrure depuis longtemps…

Son regard se posa tristement sur le sol lorsqu’il dit cela. Que lui arrivait-il ? Il était vrai que je ne connaissais presque rien de lui, mais ces deux jours passés en sa compagnie m’avaient appris de nombreuses choses, alors il pouvait dire ce qu’il voulait, avoir fait n’importe quoi, il restait un modèle pour moi, et certainement pour Satoshi également, même s’il ne l’aurait jamais avoué.

-Enfin, je ne sais pas pour vous, mais je n’ai pas pris de petit déjeuner et je commence à avoir un peu faim, pas vous ? Dit-il soudainement.

-Non merci, nous ne prenons qu’un seul repas par jour en général ; répondit mon frère.

-Allons, allons, des jeunes en pleine croissance doivent manger pour garder la forme !

Sans nous laisser le temps de répondre, il nous emmena dans un restaurant de luxe avec vue sur la mer. Le serveur eut l’air surpris en voyant deux gueux et un excentrique arriver dans son restaurant mais ne fit pas d’histoire et nous installa à une table à côté de la fenêtre. Nous avions une belle vue dégagée sur l’océan et sur la plage d’ici.

-Prenez ce que vous voulez, je vous l’offre ! Déclara Hélios en s’emparant du menu.

-Comme si nous avions les moyens de payer ; marmonna Satoshi.

Je pris le menu à mon tour et je fus effarée de voir tous les choix possibles. Il y avait vraiment de tout, même les exécuteurs n’avaient pas autant de choix dans leur garde-manger.

Le serveur revint, Hélios commanda quelques tranches de Bacon, des saucisses avec des œufs frais ainsi qu’une grande tasse de café. Satoshi se contenta d’une tartine de pain puisqu’il ne connaissait que ça. Quant à moi, je tentai les croissants qui avaient l’air bien appétissants sur la carte.

L’homme revint à peine cinq minutes plus tard avec notre commande qui me mit sérieusement l’eau à la bouche. Cependant…je ne savais vraiment pas comment manger ces croissants sans avoir l’air d’une sauvage et, imitant Hélios et ses saucisses, je me mis à les couper avec un couteau et une fourchette, mais son étrange expression lorsqu’il me vit faire cela me fit comprendre que ce n’était pas la bonne méthode.

-Euh…Serena, je peux savoir ce que tu fais ? Demanda-t-il amicalement.

-Ca ne se voit pas ? Je mange proprement…ou du moins, j’essaie ; me défendis-je tout en faisant tomber des miettes un peu partout.

-Tu sais que ça se mange avec les mains ? A moins que tu ne réussisses à planter ton couteau dedans et avoir quelque chose à la fin…

Je m’empourprai.

-Je…je le savais ! Protestai-je tout en empoignant le croissant à deux mains.

-C’est ce qu’on dit oui ; répondit Hélios, l’œil brillant.

J’engloutis mon croissant en deux ou trois bouchées puis je regrettai de ne pas en avoir profité comme le faisait Hélios et Satoshi, qui lui, semblait savourer toutes les miettes de sa tartine…

Le serveur amena l’addition, et je fus consternée de voir le prix, mais Hélios ne semblait même pas étonné. Il sortit simplement un énorme billet puis nous partîmes, le ventre plein pour la première fois depuis des lustres.

Notre prochaine destination était la ville de Néo Domino City. Nous traversâmes le grand pont reliant les deux parties de la ville. Je n’étais pas très à l’aise, perchée vingt mètres au-dessus du vide mais je pris mon courage à deux mains, après tout, traverser ce pont signifiait laisser définitivement derrière moi ma vie dans le quartier oublié.

-Si vous n’y voyez pas d’inconvénients, j’ai quelques affaires à régler à Néo Domino City, donc nous allons certainement passer la nuit ici.

-Pourquoi cela nous dérangerait-il ? Demandai-je.

-Je ne sait pas, on ne sait jamais, nous sommes encore très proches de satellite après tout ; répondit-il en haussant les épaules.

Cela me fit chaud au cœur de voir qu’Hélios se préoccupait de cela aussi. Je ne m’étais pas trompée sur son compte, il s’occupait vraiment du bien-être de tout le monde autour de lui, un peu comme un père l’aurait fait avec ses enfants…

La ville de Néo Domino City était assez peu différente du nouveau satellite. Il y avait ces mêmes gratte-ciels, les mêmes rues parfaitement lisses, les mêmes sortes de gens. Les deux parties de la ville étaient vraiment reliées à présent et le fossé qui les séparait semblait avoir disparu quand je regardais le nombre d’automobiles passant de l’une à l’autre sans arrêt.

Mais cette fois-ci, Hélios ne s’arrêta pas pour admirer la vue et se dirigea directement vers le centre-ville, plus précisément, en direction d’une immense tour surplombant la ville comme si elle la gardait.

Lorsque nous fûmes à son pied, elle me parut encore plus impressionnante, elle était si haute que j’en avais presque le vertige.

Hélios se dirigea directement vers les grandes portes qui étaient gardées par de nombreux policiers. Les forces de sécurité, me disais-je. Pourquoi Hélios venait-il dans un endroit pareil ?

Il put entrer sans difficulté mais il n’en fut pas de même pour nous. Deux gardes nous empoignèrent lorsque nous essayâmes de rentrer à sa suite.

-Où pensez-vous aller comme ça misérables ? Nous dit l’un des policiers sans une once de tact.

-Misérables ? Faites attentions à vos paroles ! Ripostai-je tout en sachant que c’était la vérité.

-Encore des voleurs de petite envergure ; soupira le policier. Des comme vous, on en a tous les jours, n’essayez pas de jouer au plus malins, vous le regretterez.

Je vis le regard de Satoshi s’illuminer de colère, cependant, Hélios revint sur ses pas en voyant que nous ne le suivions pas et fut interloqué de nous voir comme ça.

-Satoshi, Serena, qu’avez-vous fait ?

-Mais rien, on essayait juste de rentrer quand ces bull-dogs nous ont sauté dessus !

-Oh, je vois…Et bien, vous pouvez les lâcher messieurs, ils sont avec moi.

A contre-coeur, les policiers nous laissèrent partir mais je voyais dans leur regard qu’ils gardaient un œil sur nous.

-Au lieu de sauter sur tout ce qui bouge, vous auriez mieux fait de sauver nos parents ! Criai-je avant de rentrer à l’intérieur.

Hélios s’excusa longuement de ce malentendu et promit de faire quelque chose pour nous une fois cette affaire réglée, ce à quoi Satoshi répondit que nous étions habitués à être maltraités, ce qui sembla l’outrager encore plus.

Une escorte nous fut donnée et nous emmena au dernier étage du bâtiment, dans le bureau du directeur des forces de sécurité où elle se retira.

Il ne restait que nous, ainsi qu’un étrange homme avec une tête de clown au milieu, un autre avec une énorme balafre sous l’œil et une femme aux cheveux bleus.

-C’est lui ; dit l’homme à la balafre en désignant Hélios.

-Agent Trudge, Mina, directeur Lazard, bien le bonjour.

-Vous donc celui qu’on appelle Hélios ? Vous savez, j’ai eu tout un tas de problèmes à cause de vous l’année dernière ; dit le dénommé Lazard avec une voix assez aigue.

-Oui, oui, désolé ; s’excusa Hélios visiblement confus. Mais je suis là aujourd’hui pour me racheter.

-Oh, vous êtes donc allé dans le quartier oublié comme convenu ?

-C’est exact. Il n’y a pas de grande surprise, le territoire est contrôlé par un certain Ramon. La famine et la terreur y règnent, bref, comme avant somme toute.

-Je vois, merci pour ces informations, nos équipes pourront intervenir bien plus facilement à présent.

-Intervenir ? Demandai-je soudain en prenant part à la conversation.

Le directeur sembla enfin remarquer notre présence et fronça ses sourcils violets.

-A qui ai-je l’honneur ?

-Elle s’appelle Serena, et voici son frère Satoshi. Je les ai rencontrés tous les deux dans le quartier oublié.

L’œil de l’agent balafré nommé Trudge s’illumina et il chuchota quelque chose à l’oreille de la femme à côté de lui qui sourit.

-Serena, Satoshi, vous connaissez le quartier oublié comme votre poche n’est-ce pas ? Nous demanda la jeune femme.

-Euh…En effet, pourquoi ? Demanda mon frère méfiant.

-Est-ce que vous accepteriez dans ce cas de nous guider afin d’arrêter les criminels qui y sévissent ?

-Vous…guider ? Vous voulez dire, retourner là-bas ?

Nous nous regardâmes avec Satoshi et voyant notre mal aise, Mina reprit gentiment :

-Vous n’êtes pas obligés, mais cela nous aiderait énormément, alors s’il vous plait, réfléchissez.

L’entretien se termina sur l’attaque future du quartier par les forces de sécurité. Apparemment, les exécuteurs commençaient à étendre leur influence sur Satellite, ce qui ne plaisait pas du tout aux forces de police en place. Hélios s’était proposé pour aller jeter un œil, c’est pourquoi nous l’avions rencontré cette nuit-là.

Cependant, je me fichai bien de savoir que tous ces idiots allaient être délogés. Ce qui me préoccupait l’esprit, c’était la demande de Mina. A peine sortie de la misère qu’on me demandait déjà d’y retourner. D’un côté, je mourrai d’envie d’accomplir enfin ma vengeance, mais d’un autre, retourner là-bas était chose impossible à présent, j’avais une nouvelle vie avec Hélios et Satoshi, ou du moins l’espoir d’une nouvelle vie. Retourner là-bas aurait signifié mettre fin à ces rêves…

-Ne t’en fais pas ; me dit alors Hélios une fois sortis du bâtiment. Vous n’êtes pas obligés d’y retourner, les services de police se débrouilleront très bien, j’en suis persuadé.

Il disait cela avec une telle conviction que j’avais peine à ne pas le croire, mais la possibilité de retourner dans le quartier oublié continuait à hanter mon esprit.

Voyant mon malaise, Hélios proposa quelque chose d’étrange.

-Et si nous allions faire les boutiques ?

-Pardon ?

Nous avions dit cette phrase en même temps et cela fit encore rire Hélios de nous voir synchros à ce point.

-Juste histoire de nous changer les idées, je suis sûr que ça nous fera du bien à tous !

Sans nous laisser le temps de discuter ou de protester, il entra dans le grand magasin qui se tenait en face du quartier général des forces de l’ordre et nous n’eûmes d’autres choix que de le suivre à l’intérieur.

En entrant, je crus passer dans un autre monde. Un vaste espace s’étendait devant moi, lumineux, brillant, rempli de monde. Il y avait tout autour de nous diverses boutiques allant de l’alimentaire jusqu’aux jeux vidéos, tout en passant par des vêtements, de l’électronique et d’autres choses que je ne connaissais pas. Des escaliers roulants permettaient de passer au deuxième étage, lui aussi rempli de boutiques en tout genre.

Je me mis à courir partout comme une petite fille. Je n’avais jamais connu d’endroit comme celui-ci, il n’y avait pas de magasins dans le quartier oublié, excepté la décharge publique.

Nous avions certainement l’air étranges tous les trois dans ce grand magasin, mais peut m’importait désormais puisque tout cela était sur le point de changer.

Nous entrâmes en premier lieu dans une boutique de vêtements car il était urgent que je me débarrasse de ces vieilles affaires qui faisaient vraiment malpropre à Néo Domino City. Mais il y avait tellement de choix, des robes à paillettes comme les princesses de contes de fée, des tenues de punk, de rocker et d’hippies, des maillots de bain en tout genre, je ne savais plus où donner de la tête.

Après avoir essayé la moitié du magasin et essuyé les critiques de mon frère, mon choix se porta finalement sur quelque chose d’assez simple et similaire à ce que j’avais déjà sur moi : un simple tee-shirt bleu et blanc, un pull rouge et un jean noir. J’en profitai cependant pour prendre également quelques bracelets, de nouvelles chaussures et d’autres vêtements de rechange, notamment des chemises, des jupes et une robe. On ne savait jamais…

Malgré le prix astronomique, Hélios ne dit rien et sortit simplement un autre énorme billet de son portefeuille. Il était milliardaire ou quoi ?

Lorsque ce fut au tour de mon frère, ce dernier rechigna un peu à acheter de nouveaux vêtements, disant que les siens lui allaient très bien. Finalement, il fit comme moi et acheta la même chose en neuf.

En sortant de la boutique, personne n’aurait pu dire que nous venions du quartier oublié. Nous ressemblions à tout le monde à présent…Enfin, à un détail près.

Ce fut au tour d’Hélios de changer sa garde-robe. Il fut certainement le plus obstiné, on aurait vraiment dit un enfant de six ans refusant d’aller à l’école.

-Vous n’allez pas vous balader en armure toute votre vie quand même ?

-Et pourquoi pas ? Je l’aime cette armure moi !

-Oui, mais avec vous, on ne peut pas passer inaperçu dans une foule, ce qui est quand même assez gênant ! Répliqua Satoshi.

Il continua à grogner une bonne dizaine de minutes avant de céder.

-Vous êtes bien trop têtus pour moi tous les deux ; soupira-t-il.

Nous entrâmes dans un nouveau magasin vendant d’élégants costumes pour homme. Nous prîmes celui qui semblait le plus normal : une chemise blanche, une veste noire et un pantalon noir, l’habit de monsieur tout le monde.

Lorsqu’Hélios sortit de la boutique, il était un autre homme. Fini l’excentrique en armure, il était à présent un honorable employé avec une coiffure étrange…

-Si je me fais tuer, ça sera de votre faute ; ronchonna-t-il tout en nous suivant.

Nous passâmes le reste de la matinée à faire les boutiques, rassemblant tout ce dont nous pourrions avoir besoin, et tout ce dont nous n’avions pas besoin également. Je ne pensais plus à rien, excepté au prochain magasin que nous allions visiter. Même le quartier oublié semblait un lointain souvenir se perdant dans la brume. J’avais certes le comportement d’une gamine à ce moment-là, mais je rattrapais tout le temps volé par le boss et son gang.

Les courses nous occupèrent jusqu’à trois heures de l’après-midi puis nous déjeunâmes dans un restaurant, de luxe encore une fois, où les serveurs nous traitaient comme n’importe qui. Ils ne nous regardaient plus avec cet œil méfiant avec lequel les gens nous observaient comme si nous étions des bêtes étranges sorties d’un autre monde. Nous avions simplement l’air de deux jeunes adolescents passant du temps avec quelqu’un qui aurait pu être leur père ou leur oncle, mais certainement pas de deux gueux accompagné d’un type tout droit venu du moyen âge.

Encore une fois, je fus surprise par la qualité de la nourriture et par son abondance. Rien que le fait de pouvoir choisir ce que l’on voulait m’étonnait. Dans le quartier oublié, nous nous contentions de ce que nous trouvions, que nous aimions ou non. Une fois de plus, je vis le fossé séparant les deux mondes pourtant si proches l’un de l’autre…

Nous passâmes ensuite le reste de l’après-midi à déambuler dans la ville comme de simples touristes, visitant les mêmes lieux qu’eux, achetant les mêmes souvenirs qu’eux, étant aussi insouciants qu’eux.

Le soir venu, Hélios nous proposa de rester dormir à l’hôtel et même de choisir celui que nous voulions. Lorsque je lui montrai celui du nom de « L’impérial », un cinq étoiles, il tiqua tout de même mais accéda à notre requête. Mon frère ne dit rien et se contenta de nous suivre.

C’était un grand bâtiment ayant l’air assez ancien, avec des colonnes de marbre blanc, une façade comme sur les temples grecs, sculptée et embellie par des plantes grimpantes en fleurs, même si l’on voyait clairement qu’il s’agissait d’une réplique moderne.

Pour y accéder, nous devions traverser un vaste parc à la française où de nombreuses personnes flânaient encore avant le diner. L’entrée était gardée par deux hommes en costume blanc qui nous ouvrirent la porte lorsque nous nous approchâmes. Tout cela m’intimidait un peu à vrai dire, je n’avais pas l’habitude d’autant de luxe et de décorations, mais l’extérieur n’était rien comparé à l’intérieur du palace.

Le hall était une immense salle circulaire avec un parquet verni reflétant le plafond, peint et représentant des scènes de banquet avec des anges, des dieux et des hommes. Je n’étais vraiment pas à l’aise, tout avait l’air si fragile tout en étant si beau, j’avais vraiment peur que le moindre de mes pas n’abime le magnifique sol. Satoshi ne semblait pas très sensible à tout ce luxe, il regardait simplement les gens qui se trouvaient là avec un peu de mépris. Il devait certainement penser qu’ils étaient privilégiés, qu’ils avaient toujours tout eu dans leur vie, contrairement à nous et cela devait le dégouter. Je comprenais très bien ce sentiment, j’aurais certainement ressenti la même chose si je n’avais pas essayé de me détacher de mon ancienne vie, ce que lui, semblait avoir du mal à faire…

Hélios prit deux chambres auprès de la réceptionniste pour une durée indéterminée. Après tout, il avait encore beaucoup de travail à faire pour les forces de sécurité.

Cependant, la dame de l’accueil posa une question étrange.

-Hélios…j’ai déjà entendu ce nom l’année dernière ; dit-elle comme perdue dans ses pensées.

-Oh, certainement madame, je suis quelqu’un d’assez connu ; répondit-il avec un grand sourire. Mais si je suis ici aujourd’hui, c’est pour un travail spécial avec les forces de l’ordre.

Il avait murmuré cette dernière phrase comme si le dire à voix haute pouvait compromettre sa couverture, s’il en avait eu une…

Pendant que la réceptionniste était perdue dans ses pensées, Hélios en profita pour s’éclipser discrètement vers les chambres et nous le suivîmes. Cependant, les paroles de cette femme avaient piqué ma curiosité. Qui était-il vraiment ?



Serena : Nouvelle vie



Spoiler :


J’oubliai rapidement mes interrogations au sujet d’Hélios lorsque ce dernier nous montra nos chambres. Je trouvais déjà que notre immeuble de satellite était miteux en y habitant, mais en comparaison avec ça, notre taudis se transformait en dépotoir.

La chambre que j’avais devant les yeux s’ouvrait en vérité sur un véritable appartement de plusieurs pièces. Le plafond était haut, culminant à au moins quatre mètres au-dessus du sol et étant décoré par de belles peintures et sculpté sur les bords. Au milieu pendait un grand lustre doré, illuminant le reste de la pièce. Les meubles qui se trouvaient là n’étaient pas en rade. Il n’y avait que des fauteuils et des tables dorés tels que je les connaissais dans les livres sur les familles royales, tandis que de beaux tapis de velours recouvraient le parquet luisant et ciré. Aux murs, de nombreux tableaux venaient égayer la chambre. Sur le côté, une grande cheminée de marbre blanc s’élevait sur laquelle une glace tout aussi impressionnante donnait l’impression d’agrandir encore cette pièce déjà immense.

J’étais bouche bée face à tant de luxe et à vrai dire, j’avais également un peu peur. Je ne me sentais pas vraiment à ma place dans cet environnement. Ma chambre de satellite me paraissait déjà grande alors qu’elle ne faisait que six mètres carrés, tandis qu’ici, un véritable palace s’ouvrait rien que pour moi puisqu’Hélios et Satoshi prenaient une chambre à part.

Je me mis à trembler. C’était exactement comme ça que j’imaginais la vie en dehors de satellite, c’était de ça que j’avais toujours rêvé, et pourtant, maintenant que j’y étais, je n’arrivai plus à faire un pas, j’étais coincée devant la porte, à contempler un palace dans lequel je ne pouvais pas entrer, comme un rêve si proche et si lointain à la fois…

Que se passait-il ? Je voulais quitter Satellite définitivement, faire une croix sur toute cette misère et aller de l’avant, cet espoir d’une vie meilleure était devenu ma seule raison de vivre, mais maintenant que j’y faisais face…je l’appréhendais, j’avais peur de cet inconnu se dressant devant moi, j’en venais presque à vouloir me réfugier dans mon satellite que je connaissais si bien…

-Alors Serena, tu n’entres pas ? Me demanda soudainement Hélios avec une grande tape dans le dos.

Cela me déstabilisa et je fus bien obligée d’entrer dans la grande chambre pour ne pas me casser la figure sous le coup de la surprise.

-Hélios, je me disais…vous n’étiez pas obligés de prendre la chambre la plus luxueuse pour nous, je me serais très bien contentée de…

-La plus luxueuse ? Tu rigoles Séréna, j’ai pris l’entrée de gamme ! Je suis peut-être roi, ma fortune n’en reste pas moins limitée !

Je fis les yeux ronds. Je n’avais pas du tout envie de voir à quoi ressemblaient les plus belles suites de cet hôtel de peur de me sentir encore plus misérable.

-Tu devrais te dépêcher de t’installer, nous n’allons pas tarder à Diner. Et évite de casser quelque chose, ton frère a déjà fait tomber un vase, je préfère garder quelques sous pour plus tard…

Je ne pus m’empêcher de sourire. Satoshi n’avait jamais été très adroit, mais dans le quartier oublié, ce n’était pas un problème, tout était déjà en ruine. Mais ici, je lui donnais moins de dix minutes avant de créer des problèmes à Hélios.

Le roi retourna dans sa chambre et me laissa seule, mais cette petite conversation eut pour effet de me détendre et je pus visiter le reste de la suite joyeusement. Ma chambre était assez comparable au salon, mais un grand lit à baldaquins trônait au milieu. Ma première réaction fut de sauter dessus. Il était parfait, ni trop dur comme le sol de mon immeuble, ni trop mou comme les matelas troués que nous avions.

La salle de bain me laissa également sans voix, rien que la baignoire était aussi grande que ma chambre de satellite…Si on pouvait appeler ça une baignoire et non une piscine…

Je me mis ensuite au balcon qui donnait sur ma chambre et je fus impressionnée par la vue. Devant moi s’étendait la mer ainsi que la ville et au loin, Satellite. Le tout s’harmonisait plutôt bien, on ne voyait pas le quartier oublié d’ici, et certainement de nulle part depuis la ville. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelait le quartier oublié…

Je sortis ces pensées de ma tête. Non, je n’avais plus rien à voir avec ces gens. J’étais Séréna, j’avais une nouvelle vie avec Hélios et Satoshi, il n’y avait rien avant, tout n’était qu’un cauchemar de quinze ans duquel je venais de me réveiller…

Je fis couler un bain pour me changer les idées. Cela faisait tellement longtemps que je ne m’étais pas lavée dans autre chose qu’une bassine d’eau sale que cela ne pouvait me faire que du bien. Et effectivement, lorsque je trempai mon pied dans l’eau, je fus comme aspirée à l’intérieur de la baignoire et en moins de dix secondes, j’étais complètement immergée.

L’eau était si chaude et si agréable, je n’avais pas connu cette sensation de calme et d’apaisement depuis une éternité. Cela me rappelait l’époque où ma mère me faisait prendre mes bains dans des bassines alors que je n’avais que cinq ou six ans.

Je restai donc dans cette eau chaude pendant dix, puis vingt, puis trente minutes, à simplement savourer la sensation de chaleur se répandant dans mon corps au contact de l’eau claire et pure. Puis, après un bon shampoing dont j’avais vraiment besoin, je me mis à repenser à cette journée.

Dire que la veille encore, je me trainais dans ce taudis de satellite, à craindre la réaction du boss et à me demander si j’allais manger le lendemain, et que maintenant, je me prélassais dans cette magnifique baignoire, l’esprit tranquille, attendant le diner d’Hélios…

Tout était allé si vite, j’avais encore du mal à croire que tout cela était réel. J’avais peur de me réveiller à tout instant sous les coups du boss et être ramenée à mon quotidien de chien. Je voulais tellement que le rêve ait été ces quinze années et non ce jour magique, mais cette peur ne s’en allait pas et grandissait même. Jamais je n’avais connu le bonheur simple de vivre paisiblement, tout cela m’était totalement inconnu et m’effrayait tout en me fascinant.

Je sortis le bras de l’eau et je vis plusieurs cicatrices. Je me souvenais de chacun des coups ayant provoqué ces marques indélébiles ; des bagarres, des accidents, des disputes avec le boss, il y avait de tout. J’en avais également sur les jambes, sur le torse et dans le dos, seul mon visage avait été épargné comme je le protégeai plus que n’importe quoi. Chacune d’entre elle me rappelait un tourment différent, une autre souffrance. Je me souvenais que j’avais même voulu me couper exprès dans l’espoir qu’elles disparaissent tellement je les détestais, mais je n’avais pas d’autre choix que de vivre avec désormais…

Lorsque l’eau fut enfin devenue froide, je me décidai à sortir puis je m’habillai avec ce que nous avions acheté le jour même : une chemise blanche assez légère et un Jean classique. Je mis plusieurs minutes à démêler mes cheveux qui, sous le poids des semaines, avaient fini complètement en bataille. Je ne touchais pas cependant aux deux mèches me tombant entre les yeux, elles étaient une partie de moi, la seule chose dont j’étais fière d’avoir réussi à les former.

En passant devant la glace dans l’entrée, j’eus du mal à me reconnaitre. Moi, qu’on appelait couramment « Gravrochette » dans le gang à cause de mon apparence négligée et des cheveux longs qui le faisaient ressortir, je ressemblais maintenant à une fille de la ville, allant à l’école et ayant des amis, le genre de fille que j’aurais rêvée d’être.

Lorsque je sortis de ma suite, je retrouvais Hélios et Satoshi qui m’attendaient visiblement depuis un bon bout de temps à en juger par leurs expressions.

-Serena, est-ce que tu sais ce que c’est qu’une heure exactement ? Me demanda Satoshi, l’air encore plus ronchon que d’habitude.

-Bah quoi, j’ai fait aussi vite que j’ai pu ! Protestai-je.

-C’est pour ça que tu n’as pas répondu quand je t’ai appelée il y a une demi-heure ? Rétorqua-t-il.

-Tu es marrant toi, nous ne sommes pas à Satellite, les murs ne sont pas en carton je te signale !

-J’étais devant la porte de la salle de bain.

Je m’empourprai, me rappelant que je n’avais pas pris la peine de fermer cette dernière.

-Tu…Tu…Tu…Bafouillai-je, ne réussissant pas à aligner deux mots.

-Depuis quand ça te dérange ? On a grandi ensemble je te signale et ça ne t’a jamais posé problème ; déclara mon frère en haussant les épaules.

-Parce qu’on était à satellite, idiot, je n’avais pas le choix ! Répliquai-je toujours plus rouge.

Mais il avait raison. D’habitude cela ne me gênait pas du tout, mais pour une raison qui m’échappait, cette fois-ci, je me sentais mal à l’idée qu’il m’ait vue dans mon bain.

Devant notre dispute futile, Hélios se mit à rire.

-Vous me rappelez vraiment Celestia et moi tous les deux, vous savez ?

-Vous aussi vous aviez l’habitude de regarder les filles prendre leur bain ? Rétorquai-je, toujours mécontente.

Ce fut au tour du roi de s’empourprer.

-Je…Je n’ai pas dit cela voyons ! Bref, dépêchons-nous d’y aller, sinon le repas va nous passer sous le nez, en toute mauvais troupe !

Là-dessus, Hélios prit la tête et nous entraîna au rez-de-chaussée où se trouvait le restaurant. Je fus une nouvelle fois bouche bée lorsque je franchis la porte. Devant moi s’étendait un immense buffet sur lequel des dizaines…non, des centaines de plats étaient posés et dont les senteurs diverses me donnaient déjà faim. Satoshi fronça les sourcils en voyant cela. Certainement devait-il maudire ces gens ayant toujours tout eu alors que nous n’avions rien dans satellite. D’un côté, il n’avait pas tort, mais nous n’étions pas non plus exempts de reproches puisque depuis la reconstruction de Satellite, n’importe qui pouvait passer d’un côté à l’autre et tenter sa chance. Nous ne pouvions nous en prendre qu’à nous même de n’avoir jamais essayé…

Un homme portant un costume blanc de réception vint nous accueillir et nous donna une table, puis, après avoir bu un grand verre d’eau et m’être assurée que je pouvais bien prendre ce que je voulais, je me précipitai sur le buffet.

Je ne savais plus où donner de la tête, tout semblait si appétissant, je voulais goûter de tout, découvrir toutes ces choses qui m’étaient passées sous le nez pendant toute ma vie. Cependant, devant l’impatience des autres clients et ayant peur de me faire remarquer, je me contentai d’une assiette de frites et un steak haché. Je savais que c’était un repas totalement banal, voire bas de gamme pour un hôtel comme celui-ci, mais j’avais toujours voulu essayé.

Lorsque je revins à ma place, il n’y avait que Satoshi qui s’était contenté du strict minimum comme à son habitude : une simple salade avec quelques légumes.

-Sérieusement Satoshi, tu aurais pu prendre mieux quand même ! Lui fis-je remarquer.

-Je n’ai pas besoin de plus moi, de toute façon, je n’ai pas faim ; me répondit-il sans décroiser les bras.

-Au fait, où est passé Hélios ? Demandai-je en remarquant l’absence du roi.

Mon frère me désigna alors un énorme plateau se déplaçant parmi la foule et se rapprochant de nous. Je n’eus aucun mal à deviner qui se cachait derrière cette pile de plats…

-Dites-moi, vous allez vraiment manger tout ça ?

-Evidemment Serena, j’ai besoin de prendre des forces pour demain !

-Demain ?

C’est vrai. J’étais tellement heureuse de fuir satellite que je n’avais pas pensé une seule seconde à ce que nous ferions le lendemain, comme si pour moi, ce jour de bonheur devait durer éternellement.

-Oui, j’ai quelques affaires à régler en ville avant de donner le feu vert pour l’assaut. D’ailleurs les enfants, j’espère que vous ne m’en voulez pas de détruire votre maison ? Dit le roi en avalant une cuisse de poulet.

-Non, vous pouvez même raser le quartier, ça serait encore mieux !

-Serena ! Protesta mon frère.

-Bah quoi ? De toute façon il n’y a rien qui vaille la peine d’être gardé là-bas, donc autant tout démolir pour faire un nouveau satellite ; ripostai-je.

-Ne vous inquiétez pas, la mission prévoit simplement de remettre un peu d’ordre en délogeant ce Ramon de son poste, et ainsi, il sera plus facile de tout réhabiliter.

-J’espère bien que vous ne toucherez pas à un seul cheveu des gens qui sont là-bas hormis les exécuteurs ; le menaça mon frère.

Je le regardai avec surprise. Etait-il devenu fou ? Evidemment qu’il fallait arrêter tous les chefs de gangs et pas seulement Ramon ! Ces types n’avaient aucune morale, ils ne voyaient dans leur gang que des hommes de main pour arriver à leur faim et se fichaient éperdument de leur survie ! Pourquoi Satoshi restait-il si attaché à cette poubelle nous ayant détruit notre enfance à tous les deux ? Je ne comprenais vraiment pas ses motivations…


Le soir, seule dans ma chambre, ne trouvant pas le sommeil, je sortis faire un tour sur le balcon afin de m’aérer un peu l’esprit. Ce lit était bien trop confortable, je n’arrivais pas à me vider l’esprit, contrairement à mon matelas de satellite qui m’achevait dès que je me mettais dessus.

Tout était calme le soir en ville, mais ce n’était pas le silence oppressant et effrayant qui régnait dans satellite où le moindre aboiement faisait sursauter tout le quartier. C’était un calme serein, celui d’une ville dormant sous la protection de cette grande tour surplombant Neo Domino City, veillant à sa sureté, tandis, qu’au loin, plongé dans l’obscurité, en plein cœur de satellite, le quartier oublié se démarquait par son absence totalement d’éclairage.

Je ne voulais pas m’attarder dessus, mais je n’arrivai pas à détourner le regard. Pourquoi ? Je détestai ce quartier, je détestai ma vie là-bas, je détestais les gens qui s’y trouvaient…et pourtant…comme le disait Satoshi, c’était notre maison, là où nos parents nous avaient donné la vie et élevés…

Alors que j’étais perdue dans mes pensées, j’entendis la fenêtre de la chambre voisine s’ouvrir et Satoshi sortit de sa chambre.

-Tiens, Serena, qu’est-ce que tu fais là ?

-Je pourrais te poser la même question tu sais !

-Hélios ronfle.

Sa remarque, combinée à son air désinvolte habituel m’arracha un fou rire.

-Donc, je répète ma question, qu’est-ce que tu fais là Serena puisque tu ne t’es sûrement pas faite réveiller par tes propres ronflements ?

-Comment ça mes propres ronflements ? Répétai-je, mécontente.

-Tu as très bien entendu ; répondit mon frère en baillant.

J’allai lui répondre quelque chose de cinglant, mais il enchaina aussitôt :

-Au fait Serena, désolé d’avoir été méfiant hier. Tu avais raison.

Je fus tellement choquée que Satoshi reconnaisse ses torts que j’en oubliai immédiatement mes insultes et je le regardai droit dans les yeux.

-J…J’avais raison ? Répétai-je, abasourdie. Je veux dire, évidemment que j’avais raison !

-Hélios est quelqu’un de bien.

-Pourquoi est-ce que tu dis ça maintenant toi ?

-Il est assez facile à cerner, il ne cache que très peu son jeu. Il est honnête avec lui-même si tu veux.

-Je suis contente que tu ne regrettes pas d’être parti ; lui répondis-je avec un large sourire.

Mon frère respira un grand coup et je vis qu’il était heureux de sentir autre chose qu’une vieille odeur de poubelle et de moisi.

-Il se fait vraiment tard Serena, je vais tenter de dormir malgré l’autre.

-Bonne chance, tu en auras besoin ; lançai-je, l’œil brillant.

Satoshi rentra dans sa chambre et je fis de même. Cette conversation, pour une raison étrange, m’avait détendue et je ressentis d’un seul coup toute la fatigue des nuits passées sans dormir retomber sur moi et je m’endormis aussitôt dans ce lit si confortable.

Lorsque je me réveillai le lendemain, le soleil était déjà haut dans le ciel et projetait ses rayons à travers les rideaux de ma chambre pour venir caresser doucement ma peau. C’était une sensation vraiment étrange de se réveiller encore plus fatiguée qu’en s’endormant tout en ayant passé une longue nuit. D’habitude, la faim, le froid ou les cris du boss me tiraient de mon sommeil et mon lit de pierre me réveillait aussitôt mais là, je n’avais qu’une seule envie : me rendormir pour profiter davantage de ce lit moelleux.

-Bien le bonjour Serena ! S’exclama soudain la voix d’Hélios.

Immédiatement après, la lumière s’intensifia et mon premier réflexe fut de passer ma couette sur ma tête pour ne pas être aveuglée et tenter de prendre quelques heures supplémentaires.

-Laissez-moi dormir encore un peu s’il vous plait…Baragouinai-je encore à moitié endormie.

Puis je réalisai une chose et je sortis la tête de dessous les draps, furieuse.

-Hélios, je peux savoir ce que vous faites ici ? M’écriai-je, rouge comme une tomate.

-J’ouvre tes rideaux, ça ce ne voit pas ? Me répondit le roi en haussant les épaules. Et sinon, bien dormi ?

-Que…que…Quoi ? Mais je ne vous ai pas autorisé à rentrer ! Sortez d’ici, c’est ma chambre ! Et puis d’ailleurs, d’où vous avez les clefs ?

-Ah, ça…c’est une longue histoire…quoique pas si longue en fait…

-Et je m’en fiche, fichez-moi le camp ! Répliquai-je en lui lançant mon oreiller qu’il esquiva facilement.

-Bon, je vais prévenir ton frère que tu as enfin émergé. Si tu me cherches, je serai dans la salle des petits déjeuners avec Satoshi. Ne traine pas trop, j’ai beaucoup de pain sur la planche aujourd’hui.

-Vous êtes boulanger ? Demandai-je avec ma naïveté habituelle.

De sa poche, Hélios sortit un petit livre qu’il me lança, l’œil brillant avant de sortir. Je lus le titre : mille et une expressions communes….

Encore plus en colère et plus honteuse, je le jetai par terre avant d’aller prendre une douche pour me calmer. Cela marcha plutôt bien. Prendre une douche le matin était une chose à laquelle je n’étais pas habituée et j’appréciais chaque nouveauté qui s’ouvrait à moi depuis le début de ce voyage…sauf voir Hélios dans ma chambre à mon réveil…

Je rejoignis ensuite le roi et mon frère au petit déjeuner, même si en vérité, il était presque midi…Je pris donc un bon brunch puis Hélios nous emmena vers notre prochaine destination.

-Les enfants, si vous voulez faire un tour en ville plutôt que de m’accompagner, vous pouvez. Ce que je vais faire est assez ennuyeux.

-Mais non, je viens moi ! Rétorquai-je.

-Même si je vais chercher des papiers dans un bureau pendant trois heures ?

Je me ravisai. Finalement, j’allai peut-être suivre son conseil et me balader ce jour-là. Cependant, Satoshi, lui, insista pour venir, prétendant ne trouver rien d’intéressant à une visite touristique et nous nous séparâmes là-dessus.

Hélios et mon frère prirent la direction du quartier des affaires de la ville, tandis que moi, je me retrouvai seule, plantée au milieu d’une grande rue, ne sachant pas très bien où aller. Hélios m’avait peut-être donné un plan, mais ne m’avait pas expliqué ce qui était intéressant ou non…

Je soupirai, regrettant d’avoir voulu m’amuser. Je balayai du regard mon nouvel environnement. Il y avait du monde dans les rues, les voitures passaient et repassaient sans cesse sur la route et les immeubles, hauts et scintillants, cachaient presque le ciel. Tout était décidément bien différent de Satellite, où tout était si petit et délabré…

Je me mis alors à déambuler dans les rues, flânant devant les boutiques et leurs vitrines colorées, rêvassant en passant près des cafés et des restaurants, et finalement, après avoir tourné pendant une demi-heure dans les rues, je me rendis compte que j’étais perdue…

J’avais beau regarder dans tous les sens, lire tous les panneaux et chercher l’avenue d’où je venais, je ne reconnaissais rien. Au fond de moi, je me maudis d’avoir été si flemmarde et de ne pas avoir suivi Satoshi, car à présent, si je ne retrouvais pas rapidement le chemin du retour, ce n’était pas dans satellite que j’allais finir la nuit, mais dans une ruelle sombre de Néo Domino City, ce qui n’était pas forcément mieux…

Je commençai vraiment à fatiguer et pour couronner le tout, mon ventre se mit à gargouiller, et évidemment, je n’avais pas un sous sur moi…

Ce n’était pas l’envie qui me manquait de voler un ou deux croissants mais…non, je devais écarter cette pensée de ma tête, seul un habitant de satellite ferait une telle chose !

Refreinant ma faim, je réussis à me trainer jusqu’à un grand parc que j’avais repéré quelques instants auparavant et je m’affalai sur un banc.

Franchement, quelle idée avais-je eu de partir seule dans cette grande ville que je ne connaissais pas ? Et surtout, quelle idée d’Hélios de l’avoir proposé…

Tentant de ne pas y penser pour éviter de casser quelque chose, je focalisai mon attention sur le parc dans lequel je m’étais posée quelques instants. En face de moi, un vaste étang s’étendait sur lequel de nombreux canards, cygnes et autres oiseaux nageaient paisiblement entre les nénuphars, dans une eau cristalline.

Ce lac était entouré d’une grande pelouse inclinée, descendant en pente douce vers l’étendue d’eau, sur laquelle les touristes venaient prendre le soleil. Au-dessus, là où je me trouvais, un chemin terreux, bordé d’arbres offrant un peu d’ombre aux passants, faisait le tour du lac et donnait une vue imprenable sur le parc.

Tout était si calme. Le doux clapotis de l’eau parvenait jusqu’à mes oreilles et m’apaisait. Les oiseaux chantaient une douce mélodie dans laquelle se mêlaient les rires lointains des enfants s’amusant près de l’eau. C’était vraiment l’endroit idéal pour se détendre, Satoshi aurait aimé venir ici, lui qui ne supportait pas l’agitation.

Le décor me paraissait d’autant plus somptueux que, dans satellite, il n’y avait aucun parc. Les derniers étaient tombés en ruines et, même s’ils avaient été beaux par le passé, ne laissaient désormais voir qu’une impression de misère intense. Alors qu’ici, tout était si bien entretenu, si vert, je me serais certainement endormie instantanément si je n’étais pas aussi angoissée à l’idée de devoir passer la nuit dans ce parc. Aussi beau fût-il, je préférais tout de même rentrer à l’hôtel…

-Tiens, mais qui vois-je, ne serait-ce pas Serena ? Dit une voix dans mon dos.

Surprise, je me retournai précipitamment, sur mes gardes, m’attendant à voir débarquer le patron ou un autre membre du gang, mais je me détendis en voyant l’agent de sécurité de la veille.

-Vous êtes…L’agent Trudge n’est-ce pas ?

-En effet, c’est bien moi. Hélios n’est pas avec toi ? J’essaie de le contacter depuis une heure, mais rien à faire.

-Non, il avait du travail et il est parti du côté du quartier des affaires.

-Je vois, je réessaierai plus tard dans ce cas.

Voir l’agent de sécurité fit soudain remonter en moi la discussion de la veille avec Hélios au sujet de l’attaque de Satellite.

-Dites-moi Trudge, cette attaque de satellite, c’est du sérieux ?

-Evidemment, cela fait bien longtemps que nous aurions dû nous en occuper, mais avec Zone et tout le reste, nous avons manqué de temps.

-Et…qu’allez-vous faire exactement ? Demandai-je, tremblante.

-Pour le moment, nous allons rétablir l’ordre. Et ensuite, il me semble que le directeur Lazar a prévu une grande réhabilitation, mais notre priorité est de déloger ce Ramon qui fait sa loi.

-Hélios m’a répondu la même chose hier…

-Que veux-tu qu’on te dise de plus ? La dernière fois que nous avons essayé de réhabiliter satellite, qui s’appelait zone BAD à l’époque, la mission s’est terminée en échec.

-La dernière fois ? Répétai-je, sans comprendre de quoi l’agent parlait.

-Tout cela s’est passé il y a un peu plus de dix ans, mais les forces de sécurités, sous les ordres d’un certain Jeffrey, avaient été infiltrées et tout cela s’est fini en bain de sang…

Trudge regarda au loin, pensif. Je n’avais vraiment aucun souvenir d’un tel événement mais cela expliquait pourquoi Satellite avait été laissé à l’abandon pendant tant d’années malgré le recul des gangs dans la zone. Et mes parents, ils avaient certainement dû connaitre ce drame eux aussi…

-C’est pour cela que nous avons besoin de guide cette fois-ci ; reprit Trudge. Nous ne voulons pas subir un autre échec comme celui-ci, alors, plutôt que d’attaquer à l’aveugle, nous irons directement trouver le chef, et ainsi nous éviterons les combats inutiles.

Oui, ce plan me paraissait bien, retirer la vermine régnant à satellite en la personne des exécuteurs puis intégrer la zone oubliée au reste de la ville et ainsi supprimer les inégalités…C’était exactement ainsi que Satoshi voyait les choses également, et, même si cela me coutait de l’admettre, je ne voyais aucune faille. Cependant…Je ne voulais pas jouer les guides. Je m’étais promis de ne plus jamais remettre les pieds à satellite en quittant ma misère avec Hélios…

-Enfin, j’arrête de te bassiner avec ces histoires. Prends ton temps pour réfléchir, je ne te force absolument pas. Hélios sera suffisant si vous refusez tous les deux, ce que je comprendrai, moi-même, j’ai eu énormément de mal à revenir à satellite lors de sa reconstruction.

-Vous venez de satellite vous aussi ? Lui demandai-je, surprise.

-Tu crois qu’elle vient d’où cette marque ? Me répondit-il en me désignant la cicatrice qu’il avait sur la joue.

Cet homme…s’il venait de satellite, à en juger par son âge, il devait être un rescapé de Zero Reverse, et avait donc connu le tout premier satellite, lorsque ce n’était pas qu’une zone, mais l’ile entière qui était une poubelle géante et lorsqu’aucun pont ne reliait les deux parties de la ville à l’exception du conduit à ordures…Et pourtant, il avait réussi à surmonter cela à présent…Alors…Pourquoi continuai-je à rejeter ce qui avait été ma maison pendant quinze ans ?…

-Bien, je vais te laisser sur cela Serena, j’ai encore beaucoup de travail. A bien…

-Agent Trudge, attendez !

-Il y a un problème ?

-Est-ce que…vous pourriez m’indiquer le chemin pour rentrer ?

L’agent à la balafre éclata de rire, ce qui me fit me sentir encore plus honteuse devant lui et finalement, ce dernier me raccompagna jusqu’au bureau principal de la sécurité qui se trouvait non loin de notre hôtel.

Je finis par rentrer, totalement épuisée et affamée, et évidemment, Hélios et Satoshi m’attendaient depuis un bon moment. Cependant, l’expression que mon frère affichait me paraissait étrange. Il fronçait les sourcils et dévisageait Hélios avec méfiance, comme au premier jour.

-Serena, j’ai besoin de te parler cinq minutes ; déclara mon frère en me prenant par le bras et m’entrainant dans ma chambre.

Il verrouilla la serrure et s’assura qu’Hélios ne nous suivait pas. Je le regardai faire sans comprendre et, après m’être mis quelque chose sous la dent, je m’assis dans l’un des fauteuils pour l’écouter, mais il resta debout à faire les cents pas autour de moi, me donnant rapidement le tournis.

-Bon, Satoshi, ce n’est pas que tu me donnes mal à la tête, mais pas loin, alors, quelle mouche t’a piqué cette fois ? Celle de la paranoïa ou celle de la folie lente ?

-Ce n’est pas le moment de faire du mauvais humour Serena, je suis très sérieux ! Répliqua-t-il.

-Tu es tout le temps sérieux, tu devrais apprendre à te détendre un peu ; soupirai-je.

Mon frère s’arrêta juste devant moi et me regarda droit dans les yeux, avec ce regard froid dont lui seul avait le secret. Je détestais quand il faisait ça, en général, c’était toujours avant une mauvaise nouvelle…

-Serena, nous sommes allés dans les bureau du mouvement Arcadia aujourd’hui.

-Arcadia ? Ce n’était pas ces cinglés de duellistes psychopathes qui ont été vaincus il y a plus de dix ans ?

-Télépathe Serena, des duellistes Télépathes.

-On s’en fiche, c’est pareil. Et donc, qu’est-ce qu’ils ont de particulier ces bureaux ?

-Je me suis perdu en partant de mon côté pendant un moment et j’ai fini par atterrir dans le bureau du directeur, un certain Sayer et c’est là que je l’ai trouvé.

Je déglutis. Je craignais ce que Satoshi allait m’annoncer, et je m’attendais déjà au pire, mais ce qu’il me dit dépassait totalement mon imagination.

-Serena, je sais qui a tué nos parents.


Mon sang se glaça. Si Satoshi évoquait quelque chose d’aussi grave et d’aussi tabou entre nous, c’était que sa découverte devait être effrayante. Nous nous étions mis d’accord pour mettre la faute sur le dos des gangs de Satellite afin de les détester mais au fond de moi, j’avais toujours su que c’était faux, même si je me persuadais du contraire pour continuer à vivre dans cette haine de satellite, pour trouver une raison à ma vie…

-Les gangs ont bien tué nos parents…

Je me détendis. Satoshi faisait tout un plat de pas grand-chose, comme d’habitude. J’allais pouvoir continuer à vivre ma vie en haïssant satellite…mais dans ce cas, pourquoi étais-je déçue ? Pourquoi la vérité me paraissait-elle si…banale ?

-Mais ce que j’ai appris, c’est la raison pour laquelle ils ont fait ça Serena.

-Parce que nous allions partir vers Néo Domino City en les laissant en plan comme les chiens qu’ils sont ? Tentai-je en poursuivant mes convictions.

-Non, tu es très loin Serena. Les gangs n’ont pas agi d’eux-mêmes, ils ont été manipulés…Par Sayer

-Sayer tu dis ? Mais…Pourquoi ? M’étranglai-je.

-Nous étions visés Serena, ceux qu’il voulait, ce n’étaient pas nos parents, c’était nous !

-N…Nous ? Mais…Pourquoi ? Bégayai-je, abasourdie.

-Je ne sais pas, le rapport ne mentionnait que nos deux nom…Mais il doit y avoir une raison et je compte bien la trouver ! Demain, Hélios retourne là-bas, et je jure que je trouverai cette raison !

J’avais du mal à en croire mes oreilles. Alors que j’avais toujours pensé que les gangs agissaient d’eux-mêmes en représailles contre nos parents, voilà maintenant que cet homme du nom de Sayer se retrouvait en plein cœur du drame…Mais pire que tout, nous étions responsables de leur mort…

Pourquoi…Pourquoi la vérité ne pouvait-elle pas être ce qu’elle semblait être ? Pourquoi ne pouvais pas vivre simplement mon rêve de quitter satellite ? Pourquoi la réalité me rattrapait-elle maintenant ? Pourquoi ne pouvais-je pas continuer dans l’illusion qui avait été la mienne ?…

-Satoshi, je viens avec vous…Je veux connaitre la vérité moi aussi…

Il ne s’y opposa pas. A partir de là, je savais que mon rêve allait s’arrêter et que j’allais devoir retourner à la dure réalité, mais peu m’importait. Maintenant que je connaissais la vérité, je ne pouvais plus laisser passer une telle occasion de vengeance. Même si je devais renoncer à Hélios, à une vie normale et heureuse, j’étais prête à tout risquer si cela me permettait de détruire Satellite et les gangs une bonne fois pour toute…Si personne ne pouvait rendre justice, j’allais le faire moi-même. Après tout, je faisais partie de ces ordures et j’allais régler ce problème comme telle.

La soirée passa, Hélios ne remarqua pas mon attitude plus renfermée que d’habitude, et tant mieux, je ne voulais pas l’impliquer davantage dans nos histoires. Il avait tant fait pour nous, je n’avais pas le droit de lui imposer un fardeau supplémentaire.

Finalement, après une nuit de sommeil très courte, l’aube se leva, l’aube qui allait marquer un nouveau jour pour nous deux, l’aube d’une vengeance datant de plus de huit ans…

Je descendis au restaurant où Hélios et Satoshi m’attendaient déjà, et, après un gros petit déjeuner, nous partîmes pour le bâtiment principal d’Arcadia.

C’était un immense building tout en verre, qui avait dû être très beau par le passé mais qui désormais, était complètement à l’abandon. La plupart des vitres étaient brisées, les mauvaises herbes s’accumulaient tout autour, les portes restaient ouvertes mais l’intérieur était sombre. Cela me faisait vraiment penser à ces bâtiments de satellites, ils étaient dans le même état…

Nous entrâmes à l’intérieur, et le hall d’entrée n’était pas en meilleur état. C’était une grande pièce carrée depuis lequel on pouvait voir des escaliers faisant le tour, monter jusqu’au sommet du building. Partout, des papiers trainaient au milieu des meubles cassés et des portes défoncées. Pourtant, l’endroit avait dû être beau par le passé à en juger par les restes de dorures des murs et les lustres brisés au sol.

-Bien les enfants, je n’en ai pas pour longtemps, on se retrouve ici dans une demi-heure. Evitez de vous perdre ceci-dit, je n’aime pas spécialement cet endroit…

Après avoir dit cela, le roi partit dans une direction, et Satoshi prit l’opposé. Je le suivis sans dire un mot, aucun de nous deux n’était vraiment d’humeur à parler.

Nous passâmes devant de nombreuses pièces, des chambres abandonnées, des terrains d’entrainement, la salle à manger, des salles de classe, des laboratoires avant de finalement arriver au dernier étage.

Dans la pièce, on aurait dit qu’une tornade s’était abattue. Le bureau au fond était fendu en deux tandis que toutes les vitres étaient brisées. Au sol, quelques cartes trainaient encore, des monstres normaux de type elfe, mais elles étaient injouables désormais. Les étagères prenaient la poussière, de même que tous les dossiers posés là. Il y en avait tellement…

J’en pris un au hasard et je lus le nom de Jessica Leocaser, un membre du mouvement. Sa tête me rappelait vaguement quelque chose mais je n’y prêtai que peu d’attention. Je n’étais pas venue pour ça…

Je remis donc le dossier à sa place et je continuai à fouiller dans les archives. Il y en avait tellement, je pensais ne pas en voir le bout, jusqu’à ce que Satoshi m’appelle. Immédiatement, j’arrêtai les recherches pour voir ce qu’il avait trouvé.

Je retins ma respiration lorsque je vis sur le dossier les visages de nos parents.

-Alors, c’était vrai, ce Sayer est vraiment derrière tout ça…Murmurai-je.

Tremblante, j’ouvris le porte documents. A l’intérieur, toutes sortes d’informations étaient réunies, un peu comme dans un casier judiciaire. Cependant, j’avais beau tourner les pages, je ne trouvai rien nous concernant. Il n’y avait que des anecdotes sans intérêt, jusqu’à ce qu’une feuille glisse d’entre deux pages.

C’était une lettre, écrite par Sayer à un certain maitre dans lequel il parlait de l’avancement des projets, la capture de la famille Leocaser et…

Je lâchai la feuille lorsque je lus la dernière ligne.

-Qu’y a-t-il Séréna ? Tu as trouvé quelque chose ?

Pour toute réponse, je lui tendis la lettre et ses yeux s’écarquillèrent sous l’effet de la surprise.

-La mission a échoué, les enfants de l’Armageddon nous ont échappés. Cependant, nous les retrouverons et nous les tuerons, pour le bien de nos projets…Qu’est-ce que cela signifie ? Murmura mon frère, livide.

-Je ne sais pas ; lui répondis-je, tout aussi abasourdie. Est-ce que ces documents parlent de nous déjà ? Nous n’avons aucune preuve…

-Evidemment Serena ! Ce sont nos parents là, qui veux-tu que ce soit d’autre ?

-Je ne sais pas, il y a tellement d’enfants dans satellite, cela pourrait très bien être…

-Arrête de te voiler la face ! Ce Sayer…Il voulait notre mort !

-Dans ce cas, pourquoi sommes-nous encore là ? Et pourquoi ? Qu’avons-nous fait ? Qu’est-ce que c’est que ces histoires d’Armageddon Satoshi !

-Justement, c’est ce que j’aimerais bien savoir…Et je sais où trouver des réponses…

Mon frère se leva, l’air déterminé, et me laissa seule dans la grande salle, au milieu des papiers nous concernant. Je n’arrivais à faire le moindre geste, je restai les yeux fixés sur la lettre de ce Sayer, sans même la lire, simplement perdue dans mes pensées.

Je ne comprenais plus rien. J’avais l’impression d’avoir mis le pied dans une histoire qui me dépassait largement, alors que je ne voulais qu’une chose, une seule et unique chose : pouvoir vivre une vie normale, comme n’importe quelle fille de mon âge, loin des troubles de satellite…

Ce Sayer…C’était lui le responsable…Et pourtant, même en sachant cela, ma haine contre les gangs ne s’affaiblit pas. Au contraire, cette dernière venait de s’amplifier. Sayer était mort, et il me fallait des responsables sur qui passer ma colère…Les gangs faisaient une cible particulièrement alléchante…Oui, il était grand temps pour moi de prendre ma revanche sur ces ordures pour m’avoir tout pris…Toute cette haine, cette colère, cette rage, cette tristesse accumulées depuis tant d’années, tous ces sentiments que je ne pouvais plus contenir au fond de moi étaient sur le point d’exploser.

Mon frère avait raison. Je devais arrêter de me voiler la face, de fuir tous mes problèmes. Hélios m’avait peut-être donné une nouvelle vie, il m’avait redonné espoir alors que j’étais au fond du gouffre…mais le boulet que je trainais derrière moi était bien trop lourd pour émerger. Malgré tout l’espoir d’Hélios, ce n’était pas suffisant…

Je voulais pouvoir profiter pleinement de ce rêve…Non, je voulais faire de ce rêve ma réalité et c’est pourquoi…je devais effacer tout ce qui m’enchainait à mon cauchemar…

Lentement, je me relevai et je me mis à la fenêtre pour regarder au loin la poubelle qui me servait de maison autrefois. Quelle misère s’étendait là, j’en avais presque pitié…Si seulement cette même misère ne m’avait pas tout pris !

La dernière intervention d’Arcadia et Jeffrey avait peut-être fini en bain de sang…Mais ce n’était rien face à ce que j’allais faire subir à Ramon et son gang. Il était grand temps que Satellite ait une nouvelle reine, une reine ordonnant la suppression de son royaume…




Serena: Vengeance



Spoiler :



Alors que Satoshi et Hélios se trouvaient toujours dans l’ancien bâtiment d’Arcadia, je sortis de l’immeuble en ruines et je me dirigeai résolument vers le siège des forces de l’ordre.

Je savais que je n’allais pas pouvoir vaincre tout Satellite à moi seule, c’est pourquoi, j’avais besoin de soutien et par chance, la police avait besoin du mien. J’avais déjà prévu toutes les éventuelles réponses ou réticences de Trudge mais j’étais déterminée à en finir au plus vite avec cette poubelle.

Rapidement, je fus au pied de la grande tour de verre où deux agents de sécurité montaient la garde. Je passai simplement devant eux sans les regarder et cette fois-ci, ils ne firent rien pour m’arrêter. Cela me fit sourire intérieurement puisque cela signifiait que je n’avais plus le style que j’arborais lors de mon premier passage. Serena de Satellite n’était plus, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur.

Je pris l’ascenseur principal pour me rendre au dernier étage où se trouvait le bureau du maire de la ville, ainsi que les quartiers de Trudge. Sans grande surprise, je les trouvai là et ces derniers furent étonnés de ma visite impromptue, mais je n’avais pas le temps de parlementer et, avant qu’ils n’aient eu le temps de poser la moindre question, j’en vins au fait.

-Trudge, Directeur Lazar, vous m’avez demandé il y a deux jours si je voulais être votre guide dans satellite et je vous apporte ma réponse : oui. Je vous conduirai à travers le quartier oublié, mais j’ai cependant une condition.

-Serena, nous sommes ravis que tu acceptes, mais pourquoi un tel changement d’attitude ? Quelque chose s’est passé depuis hier ? Me demanda Trudge, inquiet.

-Ne vous occupez pas des détails Agent Trudge, j’ai mes raisons.

-Dans ce cas Serena, quelle est cette condition ?

-Laissez-moi diriger les opérations.

Le directeur Lazar et l’agent Trudge se dévisagèrent, interdits. Visiblement, ils ne s’attendaient pas à une telle requête, mais, ayant anticipé leur réaction, je continuai.

-J’ai l’habitude de ce quartier, je connais les moindres recoins, les moindres cachettes, les moindres ruelles. En me donnant le commandement, vous serez en mesure de compenser le désavantage lié à l’environnement, qu’en pensez-vous ?

-Tu es consciente que prendre en charge une telle opération est une lourde responsabilité ? Nous ne pouvons pas…Commença le directeur.

-Je sais très bien et je suis prête à finir le reste de mes jours en prison si j’échoue, mais soit vous courez le risque, soit vous trouvez un autre guide, à vous de voir.

Les deux hommes se concertèrent quelques instants dans leur coin, mais je n’étais pas inquiète. Je savais qu’ils voulaient mener à bien cette opération coute que coute et que j’étais leur seul espoir, ils n’avaient pas d’autre choix que d’accepter.

Finalement, au bout de quelques minutes de réflexion, Lazar reprit la parole :

-Bien Serena, nous acceptons tes conditions, cependant, l’agent Trudge supervisera le projet en parallèle. Nous ne pouvons vraiment pas confier un projet d’une telle envergure à une civile, mineure qui plus est.

-Cela me convient parfaitement ; répondis-je, triomphant intérieurement.

-Donc Capitaine Serena, pour quand prévoyez-vous l’attaque ?

-Dès demain.

-De…Demain ? S’étrangla le directeur. Mais nos hommes ne sont pas prêts, ils…

-Je n’ai pas besoin d’hommes pour ce plan, du moins, pas autant que vous ne le pensez.

-Et cela signifie ?

-Donnez-moi simplement la plus petite unité à disposition, je ferai avec.

-C…C’est de la folie ! S’exclama l’homme à la tête de clown.

-Serena, es-tu réellement consciente des enjeux de cette mission ? Me demanda Trudge, dubitatif.

-Oui, et c’est justement pour cela que je le minimum sera suffisant.

-Que comptes-tu faire ?

-Faites confiance à votre Capitaine, Agent Trudge.

Je tournai les talons sans en dire plus, laissant les deux hommes dans l’incompréhension la plus totale et, au moment où l’ascenseur arriva, je me retournai pour ajouter :

-Dites à vos hommes de se regrouper demain à l’entrée nord du quartier oublié, je les y attendrai.

Je ne leur laissai pas le temps de répondre et je refermai les portes de l’ascenseur derrière moi. Cela avait été plus facile que prévu, je m’attendais à plus de réticence de leur part, mais au moins, j’avais économisé un peu d’énergie dont j’aurais eu besoin le lendemain.

Je ne m’attardai pas plus longtemps dehors et je rentrai ensuite à l’hôtel, où Hélios et Satoshi m’attendaient. Même si le soi-disant roi semblait normal, Satoshi regardait par le fenêtre, l’air pensif.

Je tentai de paraitre le plus normal possible devant Hélios pour ne pas l’inquiéter avec ces histoires de Satellite et il n’y vit que du feu. Je n’avais pas le droit de le mêler à tout ça, il n’avait pas besoin de se salir les mains pour des gens comme nous. C’était une histoire entre le quartier oublié et nous, une vengeance qui aurait dû être accomplie depuis longtemps déjà.

Le soir, alors que je regardai le quartier oublié depuis mon balcon en pensant au lendemain, la fenêtre de la chambre voisine s’ouvrit et je vis mon frère sortir également. Cependant, il semblait plus froid que d’habitude si cela était possible et me regardait avec un des yeux qu’il réservait aux autres membres des gangs en général.

-Serena, arrête cette folie ; déclara-t-il gravement.

-Alors comme ça tu t’opposerais à moi, alors que tu sais ce que ces gens nous ont fait ? Rétorquai-je violement.

-Je ne m’oppose pas à ce que tu veux faire, mais à ce que tu prévois de faire. Les gangs nous ont détruits, mais là, tu vas trop loin Serena ! Sayer est déjà mort, cela ne te suffit pas comme châtiment ?

-Tu connais la devise de notre gang : si les poings ne marchent pas, c’est que tu n’as pas frappé assez fort.

-Justement, si tu rejettes ces types comme tu le dis, pourquoi appliquer leur code à la lettre ?

-Parce que…Que je le veuille ou non, tant que le quartier oublié continuera à exister, Gravrochette ne pourra pas mourir…

-Serena, tu détestes vraiment…satellite à ce point ? Murmura mon frère, abasourdi.

-Ne me fais pas croire que tu y es attaché, Satoshi. Qu’est-ce que cette poubelle nous a apporté à part de la souffrance et la misère ?

Mon frère se mordit la lèvre, comme s’il voulait ajouter quelque chose qu’il ne pouvait pas dire. Cependant, j’interprétai cela comme un manque d’argument de sa part. Il savait que j’avais raison et pourtant, il restait fidèle à notre poubelle, même à court d’argument. Vraiment, j’avais l’impression que nous ne nous comprenions plus depuis quelques temps.

N’ayant plus rien à ajouter de plus, je tournai les talons et je m’apprêtai à rentrer dans ma chambre, profiter des quelques heures de sommeil qu’il me restait avant l’attaque lorsque Satoshi m’interpella juste avant que je ne referme la fenêtre :

-Tu continues à te voiler la face Serena ; me lança-t-il, froidement.

Je l’ignorai simplement et je m’enfermai dans ma chambre. Il pouvait penser ce qu’il voulait, jamais je n’avais été aussi lucide. Pour la première fois, je décidai d’enfin écouter mes envies, de ne plus me cacher, de laisser exploser ma rage et ma haine accumulées toutes ces années, de prendre ma vengeance sur ces ordures.

J’étais déçue par l’attitude de Satoshi, lui qui toutes ces années, rejetait les gangs ouvertement en se refermant sur lui-même, maintenant qu’il avait l’occasion d’agir, ne faisait rien du tout. Mais peu importait, mon frère pouvait faire ce que bon lui semblait, j’étais résolue à aller jusqu’au bout.


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Le lendemain, je me levai aux aurores, bien avant Hélios et Satoshi. C’était le grand jour, le jour où tout allait se jouer, le jour ou tout allait commencer et le jour où tout allait prendre fin.

Discrètement, je sortis de ma chambre et je pris la direction de Satellite. A cette heure-ci, il n’y avait que peu de monde dans les rues, seuls quelques rares travailleurs matinaux étaient déjà debout et couraient dans les rues pour arriver à leur travail, mais j’étais globalement seule.

Je remontai la rue principale sans prêter grande attention aux immeubles qui m’entouraient alors que quelques jours plus tôt, j’étais fascinée par l’architecture et la modernité des lieux, moi qui sortais tout juste du quartier oublié.

J’arrivai ensuite au pont reliant les deux villes que je traversai en vitesse, sans prendre le temps d’admirer le lever de soleil qui était certainement magnifique. Mais je n’avais pas l’esprit à m’extasier sur quelque chose d’aussi banal alors que je n’étais qu’à quelques heures de l’assaut qui allait marquer la fin de l’ère de terreur de Ramon.

En arrivant dans satellite, j’eus un léger pincement au cœur en repassant devant le pont dédale. C’était à ce même endroit que, trois jours plus tôt, Hélios m’avait redonné l’espoir dont j’avais besoin, l’espoir de cette nouvelle vie loin de satellite, l’espoir d’un avenir meilleur.

Je détournai le regard, incapable d’en voir davantage. J’avais peur qu’en restant trop longtemps ici, ma détermination ne s’émiette et c’est pourquoi, je pris résolument la direction de l’entrée nord du quartier oublié sans lever le regard vers le nouveau satellite, porteur de tant de rêves.

Après dix minutes de marche, je finis par arriver à destination. Devant moi se trouvait la limite entre Satellite et le quartier oublié, entre ma nouvelle vie et mon ancienne vie, entre l’espoir et le désespoir, entre la vie et la mort.

La misère et la crainte se mêlaient deux mètres plus loin. Ces immeubles sales, délabrés, au bord de la ruine, tenant debout par miracle, comment avais-je pu vivre là-dedans moins d’une semaine auparavant encore ? Et il y avait cette odeur de poubelle omniprésente m’agressant les narines, j’en avais presque la nausée. Pour couronner le tout, la lumière du soleil ne perçait pas encore à travers les décombres si bien que le quartier entier était encore plongé dans le noir, le rendant encore plus sinistre.

Pourquoi Satoshi tenait-il tant à cette poubelle ? Même en essayant de le comprendre en ayant l’atrocité sous les yeux, je ne trouvais aucune qualité, aucun mérite, aucune beauté dans cet endroit lugubre et macabre. Seule la misère me faisait face et me narguait.

J’attendis ainsi une bonne heure avant que les hommes envoyés par Trudge n’arrivent. Il n’y en avait que très peu, une petite dizaine tout au plus, mais c’était ce que j’avais demandé après tout. Ils semblaient tous néanmoins très bien entrainés et déterminés à remplir leur mission.

Soudain, je vis un visage connu aux côtés de Trudge et je jurai intérieurement.

-Satoshi, qu’est-ce que tu fabriques ici ?

-Je suis venu m’assurer que tu ne feras aucune folie ; me répondit mon frère, froidement.

-Fais comme bon te semble tant que tu ne me gêne pas. Bien, Agent Trudge, vos hommes connaissent le plan ?

-Tout à fait, nous irons droit au but en encerclant le quartier général des exécuteurs. Nous nous diviserons par petits groupes de deux et une fois en place, nous les obligerons à se rendre.

-Parfait, nous pouvons y aller dans ce cas.

Sur ces mots, les hommes se dispersèrent lentement, prenant chacun leur tour une rue différente pour arriver à leur destination jusqu’à ce qu’il ne reste plus que Satoshi, Trudge et moi sur place.

-Bien Serena, il ne reste plus qu’à espérer que cela ne se passe pas comme la dernière fois ; déclara Trudge, anxieux.

-Il n’y a aucune raison d’avoir peur, ma sœur ne fera aucun mal aux civils ni aux autres gangs, n’est-ce pas ?

Je détournai le regard. Je n’avais en effet aucune raison de m’en prendre aux civils et je ne comptais pas les impliquer, mais j’avais des comptes à régler avec les gangs, et j’avais envoyé les hommes de Trudge droit sur les différentes bases de ces malfrats. Il ne restait plus qu’à espérer que ces idiots ne se croient attaqués et frappent les premiers.

Trudge partit à son tour et je restai seule avec mon frère à l’entrée du quartier oublié. Nous restâmes en silences plusieurs bonnes minutes, sans faire un geste, jusqu’à ce que, ne supportant plus cette tension, je ne décide de briser le silence.

-Satoshi, je ne comprends toujours pas pourquoi tu tiens autant à ce quartier, mais une fois cette opération terminée, satellite ne sera qu’un mauvais souvenir.

-Non en effet Serena, jamais tu ne pourras comprendre, puisque tu as toujours vécu dans le déni et que tu n’as jamais osé regarder la vérité en face.

-Qu’est-ce que tu veux dire Satoshi ? J’ai vécu, comme toi, au milieu de la misère pendant quinze ans, j’ai côtoyé chaque jour les pires ordures sur cette terre, j’ai lutté pour continuer à vivre, tout comme toi, jamais je n’ai fermé les yeux sur notre situation !

-Et pourtant, toute ta vie n’a été qu’un long cauchemar, puis un doux rêve avant de replonger dans le cauchemar. Quand vas-tu enfin te réveiller Serena ? Quand vas-tu enfin comprendre que la vie n’est pas faite de noir et de blanc ? Quand vas-tu comprendre que les gens ne sont pas ceux qu’ils prétendent être ?

Je m’arrêtai net. Plus je parlais avec mon frère, plus je me rendais compte qu’il semblait en savoir bien plus que moi sur le monde qui nous entourait. Cependant, je refusais d’admettre qu’il avait raison, car, en faisant cela, je savais que je serais incapable de regarder à nouveau le monde comme je l’avais fait trois jours plus tôt, aux côtés d’Hélios…

Satoshi n’ajouta rien de plus et tourna les talons pour s’enfoncer vers le cœur du quartier oublié.

-Attends, ou vas-tu ? La base des exécuteurs…

-Je vais retrouver une de ces personnes que tu méprises tant et qui pourtant mériteraient leur chance, tout comme toi, tout comme moi, tout comme Hélios.

Sa réponse me laissa sans voix tandis qu’il disparaissait dans les ténèbres du quartier oublié. Malgré l’assaut en cours de l’autre côté du quartier auquel je me devais de participer, je voulais comprendre par-dessus tout mon frère. Je détestai cette distance qui s’était installée entre nous alors que nous n’avions aucun secret l’un pour l’autre lorsque nous étions dans la misère.

C’est avec cette nouvelle détermination que je m’élançai sur les pas de mon frère, tout en sachant pertinemment qu’en trouvant cette raison le poussant à protéger le quartier, j’allais sans nul doute me ranger de son côté…


Je suivis donc mon frère pendant cinq bonnes minutes en prenant soin à ce qu’il ne remarque pas ma présence, ce qui était un exploit connaissant sa paranoïa mais étrangement, il semblait bien moins méfiant que d’habitude. Il ne prenait même pas la peine de se retourner pour vérifier ses arrières et avançait résolument en ligne droite.

Finalement, il s’arrêta devant un bâtiment avec un aspect spécialement lugubre. Il n’y avait plus de porte ni de fenêtre. Les murs étaient parsemés de fissures et même de trous par endroits. En levant la tête, je ne vis aucun toit pour protéger, il n’y avait plus que la charpente, du moins, ce qu’il en restait. Je devinais aisément que cet endroit avait dû être une sorte de grand magasin par le passé à en juger par le parking juste devant.

Satoshi n’hésita pas une seconde et pénétra à l’intérieur et je fis de même. L’intérieur n’était vraiment pas en meilleur état. Je me serais crue au siège du mouvement Arcadia, mais en plus délabré encore puisqu’ici, la peur se mêlait au décor de fin du monde.

Mon frère passa dans une pièce voisine mais je décidai de rester cachée dans l’entrée. Je ne comprenais toujours pas ce qu’il venait faire dans un endroit pareil, jusqu’à ce qu’il prononce un nom.

-Hakaze, tu es là ? Demanda mon frère dans le vent.

Aucune réponse ne lui parvint mais j’entendis quelques bruits de pas provenant de l’étage supérieur et, quelques secondes plus tard, une petite fille débarqua et se jeta dans les bras de mon frère qui l’étreignit longuement.

A en juger par son apparence, elle devait avoir aux alentours de huit ou neuf ans. De longs cheveux brun foncé lui arrivaient jusqu’aux hanches et tombaient en partie sur ses grand yeux verts comme l’émeraude. La petite fille portait des loques, un peu comme moi à son âge : une sorte de robe ou de tee-shirt trop déchirée et trop long pour elle ainsi qu’un pantalon troué de partout.

Cependant, malgré son apparence qui trahissait une grande pauvreté, elle arborait un immense sourire en voyant mon frère.

-Satoshi, tu es revenu finalement, j’ai eu peur qu’il ne te soit arrivé malheur ! S’exclama la petite fille.

-Non, ne t’inquiète pas Hakaze, je vais très bien, mais tu dois pas rester ici, c’est dangereux.

-Pourquoi donc ? Tu es là et tu m’as toujours dit que tant que tu serais à mes côtés, je ne craindrai rien ! Rétorqua-t-elle sans quitter son sourire innocent.

Satoshi s’agenouilla pour se mettre à sa hauteur et la regarda droit dans les yeux avec un sourire compatissant que je ne lui connaissais pas.

-Ecoute-moi bien Hakaze, les gangs vont se faire démanteler et le quartier oublié va être rénové. Tu verras, tout sera plus beau dans quelques temps, il faut simplement que tu le quittes en attendant…

-Non ! Répliqua la petite fille immédiatement.

-Mais Hakaze…

-Ici, c’est la maison de papa et maman, je resterai ici jusqu’à ce qu’ils reviennent et ils seront fiers de moi ! Ils verront que je me suis bien occupée de leur maison !

-Hakaze…Murmura mon frère.

J’eus un pincement au cœur en comprenant la situation. Etrangement, cette petite fille me faisait penser à moi-même, lorsque nous avions perdu nos parents. Satoshi avait tenté de me consoler et de cacher leur mort pendant un moment pour me protéger et avait agi comme avec cette petite avec moi.

-Je ne laisserai personne venir ici, personne ne touchera à ma maison ! Tu m’aideras Satoshi, hein ?

-Je…Oui Hakaze, je ne laisserai personne te faire du mal, pas même Serena…

Je fis un pas en arrière lorsque je l’entendis dire cela. Qu’est-ce que…cela signifiait ? Comment mon frère pouvait-il accorder autant d’importance à cette fille, à tel point qu’il aurait été prêt à m’affronter pour la protéger ?

Je ne comprenais plus rien. Satoshi avait-il raison ? Avais-je vécu dans le rêve pendant toute ma vie ? Avais-je fermé les yeux sur le monde qui m’entourait simplement pour pouvoir trouver une raison pour le détester ? M’étais-je moi-même enfermée dans ce cycle infernal de haine et de vengeance ?

En reculant vivement, je marchai sur un lustre écrasé au sol et cela les alerta de ma présence et ils se retournèrent immédiatement dans ma direction.

Lorsqu’il me vit, mon frère fronça les sourcils et me lança un regard noir tandis que la petite fille se cacha derrière lui, tremblante.

-Serena, je croyais que tu avais un assaut à mener, qu’est-ce que tu fabriques ici ? Déclara-t-il, froidement.

-Je…Satoshi…Qu’est-ce que…

-Dis, Satoshi, Onii-chan, tu connais cette fille ? Lui demanda la dénommée Hakaze, craintive.

-Ne t’occupe pas d’elle, ce n’est qu’une fille de la ville qui s’est perdue.

-Qu…Quoi ? M’étranglai-je en l’entendant dire cela. Ce n’est pas…

-Ce n’est pas ce que tu es Serena ? Ou du moins, ce que tu rêves d’être ? A moins que tu n’aies encore changé d’avis ?

Je me mordis la lèvre. A quoi Satoshi jouait-il ? Pourquoi était-il si froid avec moi tout à coup ? Plus je m’interrogeais, moins je comprenais mon frère…

La jeune fille, en voyant mon frère me parler, finit par sortir de sa cachette et s’avança vers moi, toujours effrayé, mais également intriguée.

-Dis, tu es de la ville, vraiment ? Tu n’en n’as pas l’air, tu as peut-être de beaux habits, mais ton apparence me dit que tu es d’ici !

-Co…Comment ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Bégayai-je.

-Tes cicatrices, les gens de la ville n’en n’ont pas ! Répliqua-t-elle en me montrant mes jambes.

Au moment même où cette petite fille évoqua ces marques sur ma peau, j’entrai dans une colère noire et incontrôlable, mais pas contre elle. Non, ses mots avaient touché mon point sensible, mon attache indélébile à ce quartier infect et cette vie de chien, ma dernière et éternelle appartenance au quartier oublié.

Ces cicatrices que je portais me rappelait toute la souffrance que j’avais dû supporter durant toutes ces années. Satoshi pouvait dire ce qu’il voulait, ce n’était ni un rêve, ni un cauchemar. Je n’avais pas non plus fermé les yeux face à mes combats de rue. J’étais parfaitement éveillée et consciente, et c’est pour cela que je détestais tant ce quartier.

Ma haine n’était pas qu’une illusion créée pour me chercher des excuses, elle était devenue réelle au fil des années, grandissant en moi et se rependant comme la peste avant d’exploser.

Cependant, quand je regardai cette petite fille, innocente et pure en face de moi, je compris presque pourquoi Satoshi tenait tant à ce quartier, contrairement à moi.

Nous étions peut-être frères et sœur, jumeaux même, ayant élevés dans la même famille, ayant grandi dans la même misère, ayant traversé les mêmes épreuves durant la guerre, et pourtant, nos réalités étaient sensiblement différentes, et c’est pourquoi, nous étions aussi sourds aux conseils de l’autre.

Je tournai alors les talons, comprenant qu’il était inutile de continuer ce débat puisqu’aucun d’entre nous ne pouvait imaginer la vie de l’autre. Mais, alors que j’allais sortir du bâtiment en ruine, mon frère me rappela.

-Serena !

Je me retournai et je lançai à mon frère ce même regard glacial qu’il m’avait adressé quelques instants auparavant. Cependant, toute once d’agressivité avait disparu dans ses yeux. Il n’y avait plus que cette inquiétude à mon sujet qu’il avait toujours eu depuis la mort de nos parents.

-Fais attention à toi, Ramon n’a aucun honneur. Si jamais tu as un problème, n’hésite pas à m’appeler, je viendrai te protéger comme je l’ai toujours fait.

Je ne pus m’empêcher de sourire en retrouvant le frère protecteur que j’avais toujours connu.

-Idiot, nous sommes des enfants de Satellite, nous n’avons pas de téléphone portable ; lui répondis-je en haussant les épaules.

Pour toute réponse, mon frère sortit un petit objet de sa poche qu’il me lança. Je le rattrapai au vol et j’écarquillai les yeux en reconnaissant le dernier modèle de portable.

-Un petit cadeau d’Hélios. Allez, file maintenant, et reviens en un seul morceau si possible.

En riant intérieurement, je rangeai son présent dans ma poche et je lui rendis son sourire bienveillant puis mon regard se posa sur la fillette présente à ses côtés. Elle tenta de se cacher derrière mon frère mais, devant mon expression, passa tout de même la tête pour me regarder.

-Tu…

-Allez Hakaze, souhaite bonne chance à ma sœur, une tâche difficile l’attend.

-Bo…Bonne chance Mademoiselle de la ville ! Si Satoshi Onii-Chan vous fait confiance, alors moi aussi ! Revenez vite ! S’exclama la fille avec un sourire angélique.

Voir cette petite rayonner me fit chaud au cœur mais attisa encore plus ma haine pour les gangs. Je refusais qu’elle subisse le même destin que moi, à maudire ce quartier et se maudire elle-même et pour cela, il n’y avait qu’une seule solution : détruire les Gangs et Ramon et ramener la paix dans le quartier oublié une bonne fois pour toute. Je n’allais plus me battre simplement pour assouvir ma vengeance contre Arcadia et les gangs, mais pour cette petite fille et toutes les personnes dans la même situation qu’elle, ne connaissant pas encore le désespoir et la haine dans le quartier.

Finalement, comme je le pensais, j’avais perdu ce combat contre mon frère. Je venais de perdre ce mépris que j’avais pour toutes les personnes vivant ici autres que les gangs. C’était comme si un poids venait de disparaitre.

C’est ainsi que je repris la route du repère de Ramon, plus sereine mais pas moins enragée qu’avant. Ce type avait pourri la vie de tellement de personne et allait en pourrir tellement qu’en aucun cas ma rage n’aurait pu être éteinte par autre chose que par sa mort.


https://www.youtube.com/watch?v=e_C2DqC4kR8


Après dix minutes de marche à travers le quartier oublié, le repère de ces ordures fut enfin en vue. C’était un grand bâtiment qui était autrefois un hôtel de luxe mais où il ne restait plus de sa majesté d’antan que la façade ressemblant à celle d’un temple grec et quelques fenêtres brisées. Même le jardin était méconnaissable, ce n’était plus qu’une décharge où s’entassaient divers objets tels des voitures rouillées ou de vieux pneus.

Il n’y avait pas un bruit. Tout était calme…Bien trop calme. Normalement, Ramon aurait dû être aux abois devant un tel rassemblement de forces de l’ordre et pourtant, je ne voyais personne.

Quelque chose ne tournait pas rond. J’envisageai la possibilité que mon plan se soit retourné contre moi et que les gangs aient pris le dessus mais je repoussais rapidement cette éventualité. Je devais avoir confiance en Trudge, ce n’était pas un débutant.

Ne pouvant pas attendre davantage devant ce taudis où se trouvait l’homme que je détestais le plus sur cette terre, je me décidai à agir par moi-même. Après tout, ce n’était pas la première fois que je m’introduisais chez ces malfrats par effraction, je pouvais bien le refaire une fois de plus.

Furtivement, je passais donc dans le parc entourant leur repère sans croiser un seul membre du gang et je me faufilai à travers une fenêtre donnant directement sur l’ancien hall de réception.

Il n’y avait toujours personne au milieu des décombres. Je sentais le piège à plein nez, mais je ne pouvais pas attendre. Je devais évacuer cette rage accumulée au fond de moi et je m’enfonçai donc davantage dans l’antre de l’ennemi.

J’arrivai devant les chambres des membres du gangs mais je n’y trouvais que des lits défaits, des affaires éparpillées et des meubles brisés, comme si tout le monde avait dû s’enfuir précipitamment. Je me dirigeai ensuite vers la cuisine et les mêmes scènes de délaissement s’offraient à moi. Partout, des assiettes brisées, des verres et de la nourriture s’entassaient sur le sol au milieu des débris et d’objets du quotidiens comme des montres ou des bracelets.

Ma rage se transforma petit à petit en crainte, puis en peur. Quelque chose ne tournait définitivement par rond ici. En temps normal, Ramon et ses hommes auraient défendu cet endroit au péril de leur vie mais devant moi, il n’y avait rien d’autre que les traces d’un départ précipité.

Cependant, il y avait encore un endroit que je n’avais pas encore inspecté : la salle d’entrainement du gang, là où Ramon s’amusait à recevoir les autres chefs et où il leur montrait sa force à leurs dépens…

Je pris les escaliers menant au sous-sol et je vis enfin une petite lueur au fond du couloir menant à cet ancien gymnase souterrain. Je pressai le pas, presque heureuse de voir un peu de vie dans cet endroit déjà lugubre en temps normal, cependant, lorsque j’ouvris la grande porte, ce que je vis me sidéra.

Ramon était bien là, mais il semblait épuisé et sa respiration était haletante. De plus, il n’était pas seul. En face de lui se tenait un homme, grand, blond, portant un élégant costume noir, une épée à la main et un disque de duel au bras tandis qu’à ses côtés, un grand dragon doré rayonnait et émettait cette lumière m’ayant attirée.

-Hélios ! M’exclamai-je, interdite.

L’homme m’ayant donné une nouvelle vie se retourna et son visage s’adoucit en me voyant.

-Tiens, Serena, je me doutais que tu viendrais ici tôt ou tard ! S’exclama-t-il en souriant.

-Mais…Qu’est-ce que…

-Qu’est-ce que je fais là ? Laisse-moi réfléchir : Tu as pris les commandes d’une opération que je devais mener, tu as menacé Satellite d’extermination et ton frère m’a demandé d’éviter le carnage. Cela répond à ta question ?

-Mais…

-Ah oui, je me suis déjà occupé des hommes de Ramon, ils se sont tous rendus sauf lui là-bas, mais ça ne saurait tarder. Assieds-toi et profite du spectacle ma chère Serena.

Je serrai le poing. J’avais peut-être énormément de respect et de considération pour Hélios depuis que ce dernier nous avait sorti de notre misère et je le considérais presque comme notre grand frère, voire notre père, mais cette fois-ci, je ne pouvais pas le laisser faire, lui n’ayant aucun lien avec satellite. Ramon était à moi, c’était ma vengeance pour avoir souffert toutes ces années, et je ne comptais en aucun cas laisser ce plaisir de vaincre cette ordure de Ramon à un autre, même s’il s’agissait d’Hélios.

Ignorant le soi-disant roi, je m’avançai au milieu du gymnase pour faire face à Ramon. Il était pitoyable, affaibli, à bout de souffle et sur le point de s’écrouler, mais il restait debout, le visage déformé par la douleur.

Je dévisageai l’homme m’ayant pris ces huit années avec des yeux où devait se lire tout le mépris du monde, ainsi qu’une haine brûlante. Enfin, enfin j’allais pouvoir détruire la source de mes problèmes, accomplir ma vengeance sur satellite, laisser cette rage accumulée en moi exploser.

Cependant, Ramon ne tremblait pas devant moi. Il me tenait tête, malgré sa faiblesse. J’avais attendu ce jour depuis si longtemps, le jour où les rôles s’inverseraient enfin, où je ne serais plus l’oppressée mais l’oppresseur, où Ramon plierait devant moi, Serena, la nouvelle reine de Satellite.

Cependant, alors que je m’apprêtai à frapper l’ancien roi de la poubelle, une main retint mon bras et m’empêcha d’asséner mon coup.

Je me retournai, furieuse contre Hélios qui affichait ce même air désolé que lorsqu’il avait empêché le boss de me frapper en public. Malheureusement pour mon sauveur, contrairement à ce lâche, j’étais résolue à en finir une bonne fois pour toute. Personne ne pouvait se mettre en travers de ma route.

D’un geste vif, je réussis à me défaire de sa prise et je fis face à l’homme nous ayant recueillis trois jours plus tôt.

Intérieurement, je bouillonnais de rage, mais Hélios, lui, restait incroyablement calme et serein. Pensait-il que je n’allais pas oser l’attaquer ? Si cela était le cas, il était bien naïf.

Rapide comme l’éclair, je tentai de le mettre au sol le temps d’en finir avec Ramon, mais il semblait avoir anticipé mon attaque, car il n’eut aucun mal à éviter mon coup en sautant deux mètres en arrière. Au même moment, Ramon, vidé de ses forces, finit enfin par s’écrouler.

Je voulus profiter de cette occasion pour l’achever une bonne fois pour toute, mais, alors que j’avais le dos tourné, quelque chose passa entre mes jambes et me déstabilisa.

Furieuse, je fis volte-face, prête à en découdre avec Hélios s’il s’obstinait à me mettre des bâtons dans les roues, cependant, je que je vis alors me stupéfia.

Autour d’Hélios flottait une sorte d’aura noire, refroidissant l’air autour de nous tandis que ses yeux étaient devenus rouges comme le sang. Sa couronne surgit de nulle part et vint se placer sur sa tête tandis que son disque de duel se mit à luire de la même lueur inquiétante.

Malgré l’enchainement des événements, je n’étais nullement effrayée, et encore moins impressionnée. Tout ce que je voyais, c’était un nouvel ennemi se dressant sur mon chemin, un ennemi que j’allais devoir neutraliser.

-Hélios, je ne sais pas à quoi vous jouez, mais écartez-vous de mon chemin si vous ne voulez pas être blessé ! M’exclamai-je, guidée par la haine.

-Blessé ? Moi ? Ma pauvre Serena, sais-tu au moins à qui tu as à faire ? Répliqua-t-il d’une voix grave, résonnant dans tout le bâtiment.

-Vous ne me faites pas peur, ce ne sont pas vos petits tours de passe-passe qui vont m’impressionner, je ne suis plus la même qu’à notre rencontre Hélios !

-Et pourtant, tu devrais. Sais-tu qui je suis vraiment ? Mon nom est Hélios, Seigneur soleil d’Héliopolis, ancien hôte de Gariatron, le démon Originel, véritable leader du mouvement Arcadia.

Mon cœur s’arrêta de battre lorsqu’il me fit cette révélation. Alors comme ça, cet homme à qui je devais tout, cet homme ayant fait naitre tous ces rêves au fond de moi, cet homme m’ayant donné le bonheur auquel je n’avais jamais eu droit n’était autre que celui me les ayant retirés huit ans auparavant ?

Tout cela était tellement ironique en y repensant, et tellement logique et prévisible. Pourquoi une personne comme Hélios aurait-elle pris la peine de recueillir deux minables comme nous sans aucune raison ? Il voulait simplement s’assurer que nous étions les bonnes personnes avant de terminer le travail commencé plus de huit ans auparavant.

J’aurais dû m’effondrer et pleurer, être anéantie en apprenant que tous mes rêves n’étaient que des illusions, de faux espoirs, des chimères, cependant seules les paroles de Satoshi me revinrent en tête et je me mis à rire nerveusement. Il avait vraiment raison sur toute la ligne, je m’enfermai encore et toujours dans mes propres illusions…

Je n’étais même pas déçue de l’attitude d’Hélios, lui que je considérai presque comme mon père depuis trois jours. Non, la seule émotion que je ressentais vis-à-vis de lui à présent était la colère, mais pas pour son mensonge. Je lui en voulais pour ses actions passées. Peu importait le présent, c’était lui, la cause de toutes mes souffrances et de mon malheur.

Malheureusement pour lui, je n’étais plus cette petite fille sans défense du jour de la mort de nos parents. Je savais me battre, il m’avait appris lui-même, et il allait gouter à sa propre médecine. Hélios allait payer pour ce qu’il nous avait fait à Satoshi, mes parents et moi.


https://www.youtube.com/watch?v=5n7hG02hTng


Je laissai complètement tomber Ramon pour me concentrer sur la véritable ordure ici qui n’avait toujours pas fait un geste pour m’attaquer.

-Et bien Hélios, vous avez peur de moi maintenant ? Où sont passées vos fanfaronnades ? Etait-ce du cinéma aussi cette assurance que vous aviez en combat ?

-Serena, ma petite, tu n’as rien retenu de ton entrainement je vois, je vais devoir te rafraichir la mémoire, je le crains.

A peine eut il fini sa phrase que le roi disparut de mon champ de vision. Mais je m’y étais préparée et je bondis sur le côté instinctivement tandis qu’une seconde après, une épée s’abattit à l’endroit où je me trouvais précédemment.

Tentant de profiter du temps de réaction d’Hélios, je passai à l’attaque à mon tour alors que son épée était encore au sol. Au dernier moment, ce dernier leva son bras gauche, parant mon coup de pied avec son disque de duel et je fus obligée au dernier moment d’utiliser mon élan pour me propulser à l’autre bout de la pièce, évitant de juste un autre coup d’épée du roi.

J’étais déjà essoufflée alors que mon adversaire ne transpirait même pas. Je n’avais vraiment pas l’habitude de me battre ainsi. En affrontant Hélios, je ne pouvais pas simplement foncer dans le tas en espérant que l’un de mes coups atteigne sa cible, j’étais obligée d’anticiper ses mouvements et être imprévisible…Mais je refusais de perdre. La trahison d’Hélios était bien trop grande, il m’était impensable de le laisser s’échapper.

Avec cette résolution en tête, je repassai à l’attaque, attrapant une barre de fer trainant sur le sol et la projetant sur mon ennemi qui la dévia sans aucune difficulté. Mon leurre avait marché. Hélios, se concentrant sur mon projectile, n’avait pas fait attention à mes mouvements et j’en avais profité pour me rapprocher jusqu’à ses jambes et je réussis à lui faire un croche-pattes.

Malheureusement pour moi, Hélios, avec un salto arrière, réussit à retrouver son équilibre et se remettre debout.

Néanmoins, l’avoir touché au moins une fois me redonna confiance en moi. En continuant à esquiver ses coups ainsi, je pouvais peut-être l’avoir à l’usure.

Sans autre sommation, je sautai en l’air et Hélios, levant la tête pour me suivre, fut immédiatement aveuglé par les lampes du plafond, si bien qu’il fut obligé de détourner le regard. Ce moment d’inattention lui fut fatal car, en retombant, je lui assénai un violent coup de pied sur le torse et le roi voltigea quelques mètres plus loin. Mon adversaire roula plusieurs fois sur le sol avant de réussir à s’arrêter.

-Ce n’est pas très intelligent de votre part d’entrainer vos ennemis Hélios. Si vous vouliez nous tuer, vous auriez mieux fait de le faire tout de suite !

-Oh, mais j’avais mes raisons ma chère Serena ; me répondit le roi d’une voix assurée. Et si nous nous asseyions au tour d’une table pour en parler, comme des personnes civilisées et responsables ?

-Civilisé ? Laissez-moi rire, je suis Serena de Satellite, et par votre faute, jamais je ne serai quelqu’un d’autre ! Je suis condamnée à rester dans cette poubelle pour toujours !

-Ce n’est pas toi qui m’a demandé de te sortir de ce trou ? Tu peux toujours m’accompagner tu sais…

-Taisez-vous ! Je vais vous tuer ici et maintenant ! Vous allez payer pour ce que vous avez fait à nos parents et à notre futur !

Sans lui laisser le temps de répondre, je fonçai sur le roi et j’essayai de le frapper à la tête mais il para facilement avec son épée. J’enchainai immédiatement avec un coup de pied en direction de son ventre, coup qu’il stoppa net en m’attrapant la jambe.

Un large sourire me fendit le visage lorsqu’il fit cela. C’était exactement ce que j’attendais. Prenant appui sur sa prise ferme, je levai l’autre jambe et lui assénai un violent coup dans les côtes.

Hélios me lâcha en grimaçant tout en reculant.

-Je ne comptais pas m’en servir, mais tu ne m’en laisses pas le choix Serena…

Le roi plaça son épée juste devant lui et cette dernière se mit à luire d’un éclat noir. Sans comprendre comment, une sorte de brume sombre s’en détacha et fila vers moi.

Je sautais pour l’esquiver et mon cœur s’emballa lorsque, en me retournant, je vis une énorme fissure dans le mur. J’avais raison, Hélios essayait bel et bien de me tuer…Dans ce cas, nous étions deux à jouer à ce petit jeu.

Repassant à l’attaque, je slalomai entre les salves entre les vagues noires projetées par l’épée d’Hélios et, lorsque je fus à un mètre de lui, je bondis aussi haut que je pus dans l’espoir de l’avoir à la tête cette fois-ci.

Je me rendis compte à la dernière seconde de la stupidité de mon acte, lorsque mon ennemi brandit son épée au-dessus de lui. Dans les airs, j’étais une cible vulnérable, je ne pouvais ni me défendre, ni esquiver. Je ne pouvais que recevoir son attaque de plein fouet.

Je vis l’épée d’Hélios noircir lentement, jusqu’à ce qu’un halo sombre l’entoure complètement avant de se détacher et foncer vers moi.

Etait-ce la fin ? Allais-je mourir comme ça, sans avoir rien accompli dans ma vie ? Allais-je devoir briser ma promesse envers Satoshi et Hakaze ? Mon destin était-il de ne connaitre que le malheur et de mourir, le cœur chargé de regrets ? Le regret de n’avoir pas écouté Satoshi, le regret d’avoir cru Hélios, le regret de ne pas avoir pu venger nos parents, le regret de ne pas avoir pu aider la petite Hakaze et tous les autres de Satellite, le regret d’avoir toujours vécu dans l’illusion…

Je fermai les yeux, incapable d’affronter la mort en face, et c’est à ce moment que cela se produisit.

-Non Serena, tu ne mourras pas aujourd’hui, ce n’est pas ce que le destin a prévu pour toi ; résonna une voix grave et lente dans ma tête.

-Qui…Est là ? Demandai-je, tremblante.

-Mon nom est Armageddon.

Armageddon…encore ce nom…C’était à cause de lui qu’Hélios voulait me tuer…Mais je n’avais toujours aucune idée de qui il pouvait bien être, et cela m’était bien égal puisque j’allais mourir de toute façon.

Dans les ténèbres m’entourant, la silhouette d’une créature se dessina. Elle était floue, mais je voyais quelque chose luisant dans le noir. La chose me tendait un objet ressemblant à une lance.

Sans savoir pourquoi, je la pris dans mes mains et je rouvris les yeux. Etrangement, l’attaque ne m’avait toujours pas tranchée, comme si le temps s’était figé.

Instinctivement, je mis mes bras devant moi pour me protéger, même en sachant que c’était totalement inutile, et pourtant, ma parade fonctionna et l’attaque fut stoppée net tandis que je retombais quelques centimètres à côté d’Hélios.

Abasourdie, je regardai mes mains et, sortant de nulle part, une double lance prit forme au même moment.

Je serais bien restée plantée là à me demander d’où venait cette chose, mais j’étais en plein combat et à présent, j’avais moi aussi une arme pour lutter à égalité avec Hélios.

Je fis volte-face et, en voyant ma lance, Hélios blêmit tandis qu’un sourire sadique fendit ma figure lorsque je brandis ma nouvelle arme devant moi.

-A nous deux Hélios, il est temps de voir ce que vous valez vraiment !






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le bon temps…

heart earth
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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [03/08/2014] à 14:48

Serena : Le cœur et la raison



Spoiler :


Je repassai immédiatement à l’attaque, armée de ma nouvelle lance que je brandis devant moi à la manière d’un chevalier fonçant sur son ennemi. Une fois arrivée à la hauteur du roi, je tentai de l’abattre sur sa tête mais ce dernier plaça au dernier moment son épée entre nous et mon arme rebondit sur la sienne.

Hélios se défit de moi et me repoussa au loin pour reprendre position. Je lui lançai un regard rempli de haine qui ne fit que s’amplifier devant son air désinvolte. Ce type aurait au moins pu afficher une expression de colère devant moi, l’enfant qu’il avait voulu tuer huit ans auparavant, ou même de peine en voyant que je me révoltai contre lui, mais non, il ne laissait absolument rien paraitre, aucune émotion ne pouvait se lire sur son visage.

Guidée par la colère, je me ruai une nouvelle fois sur Hélios, prenant cette fois-ci mon arme comme une épée. La prise était loin d’être exceptionnelle, mais je voulais vaincre ce type à son propre jeu.

Je commençai par tenter une attaque sur le côté gauche. Evidemment, Hélios l’évita mais je n’en restai pas là et j’enchainai immédiatement en retournant ma lance de façon à viser son ventre. Une fois de plus, Hélios para mon arme avec sa lame, mais cette fois-ci, je refusais de lâcher prise.

Son épée crissa lorsque nos deux armes s’entrechoquèrent. Je mettais toute ma force dans cette attaque, je refusais de reculer une nouvelle fois. Quitte à briser ma lance en deux, j’allais vaincre les défenses d’Hélios !

Concentrant toute mon énergie, et, poussant un cri de rage, je réussis finalement à obliger Hélios à faire un pas en arrière, puis deux. Dans cet élan, je me mis à forcer sur mes jambes également et le roi se retrouva à glisser vers l’arrière sans pouvoir m’arrêter, l’épée devant son ventre pour se protéger.

Cependant, à la dernière minute, alors que je pensais que la victoire était acquise, une lueur rouge et inquiétante brilla dans les yeux d’Hélios. Cette seconde d’inattention me fut fatale, car, relâchant ma prise, il en profita pour se dégager et, alors que j’étais déstabilisée, m’asséna un violent coup de poing dans le ventre qui m’envoya voler cinq mètres derrière.

Je réussis néanmoins à me rattraper de justesse, sans quoi j’étais bonne pour finir ce combat dans le coma. Hélios était décidemment vraiment fort. Il semblait toujours en pleine possession de ses capacités alors que j’étais à ma limite. Je ne pouvais plus tenir très longtemps, je devais en finir au plus vite…Mais pouvais-je réellement en finir ? ….

-Evidemment que tu le peux Serena, tu es ma fille après tout ; résonna une voix dans ma tête.

-Qu’est-ce que…

-Si tu fais ce que je te dis de faire, tu gagneras ce combat, laisse-toi simplement porter par la lance.

N’ayant rien à perdre et ne me demandant même pas ce qu’il se passait réellement, je décidai d’écouter cette mystérieuse voix et immédiatement, mes forces revinrent comme par magie…Non, elles ne revenaient pas, c’était une force nouvelle qui parcourait mon corps, la même force m’ayant envahie…lorsque j’avais mis la couronne d’Hélios sur ma tête…

Galvanisée par ma nouvelle puissance, je m’élançai sur le roi, mais à présent, j’étais bien plus rapide et Hélios n’eut pas le temps de me voir arriver ni même de parer. Il ne put que lever maladroitement son épée au-dessus de sa tête, faisant dévier légèrement ma lance qui se planta néanmoins dans son épaule.

Je ne m’arrêtai pas là et, rassemblant toute ma rage dans un seul coup, je le frappai de toutes mes forces au ventre et cette fois-ci, il se prit le coup de plein fouet. L’attaque était si puissante qu’Hélios transperça le plafond pour se retrouver à l’étage supérieur.

Je regardai ma main, surprise mais aussi très satisfaite. Même si je n’avais aucune idée de pourquoi j’étais si forte, je n’allais pas me priver d’utiliser tout ce que j’avais en ma possession pour détruire Hélios comme il nous avait détruit.

D’un bond, je sautai dans le trou créé par l’attaque d’Hélios pour me retrouver au rez-de-chaussée mais je ne vis personne. Je regardai de tous les côtés, à l’affut du moindre mouvement, du moindre bruit, mais Hélios était introuvable.

-Sortez de votre cachette espèce de lâche !

-Puisque c’est si gentiment demandé…

Avant même que je n’aie eu le temps de comprendre d’où venait la voix, je reçus un violent coup dans le dos et ce fut à mon tour de traverser un mur pour me retrouver dehors. Etrangement, je ne ressentis rien à part une sensation très désagréable en heurtant le béton mais je réussis à me remettre sur pieds sans aucune difficulté et surtout, sans une égratignure.

Hélios sortit du bâtiment, l’épée brillante à la main, sa veste volant derrière lui à la manière d’une cape. Il s’avançait lentement vers moi, l’œil brillant. Je resserrai ma prise sur la lance, prête à riposter en cas de besoin, quand soudain, j’entendis une voix derrière moi.

-Serena !

Je me retournai et j’écarquillai les yeux de surprise lorsque je vis mon frère, accompagné de la petite Hakaze se cachant derrière lui, qui regardait mon combat contre Hélios, interdit.

-Satoshi, ne reste pas là, dégage si tu ne veux pas te faire tuer par ce cinglé !

-Mais qu’est-ce que tu fabriques ? Hélios est de notre côté ! Et vous Hélios, qu’est-ce qui ne tourne pas rond, vous aviez dit…

-Allons, allons Satoshi, dis ça à ta sœur, je ne fais que me défendre ; protesta Hélios en haussant les épaules.

-Fermez-là vous ! Je vais vous faire payer !

-Attends Serena, tu…

Je n’écoutai pas une seconde de plus mon frère et je m’élançai à l’assaut d’Hélios. Ce dernier ne bougea pas d’un centimètre et, voyant déjà ma victoire, je sautai pour lui planter la lance dans le crâne mais, au dernier moment, le roi leva le bras et bloqua mon attaque d’une seule main.

-Co…Comment ?

L’homme ne me répondit pas et, s’emparant de ma lance, me jeta au sol, totalement désarmée et toutes mes forces m’abandonnèrent d’un seul coup. Je tentai évidemment de me relever mais mes jambes ne me portaient plus. J’étais totalement à la merci de cet homme voulant ma mort.

Hélios s’approcha lentement de moi, certainement pour finir le travail. Je criai à Satoshi de s’enfuir, mais il ne bougeait pas, comme paralysé, malgré les protestations et les cris de peur d’Hakaze qui le tirait par la manche pour s’enfuir.

Une fois à ma hauteur, Hélios mit un genou à terre et se baissa vers moi. Non, ça ne pouvait pas finir ainsi, je refusais de perdre face à une ordure pareille.

Rassemblant toutes mon énergie, je mis mon poing dans la figure d’Hélios qui, déstabilisé, tomba en arrière en lâchant son épée. Je sautai immédiatement sur l’occasion pour me relever et me saisir de son arme.

A présent, Hélios était à terre, sans défense. Je tenais sa vie entre ses mains, il ne tenait qu’à moi d’en finir une bonne fois pour toute avec lui.

-Serena, on dirait bien que j’ai perdu ; déclara le roi avec un léger sourire.

-C’est terminé Hélios, vous allez payer pour tout le mal que vous avez fait ; rétorquai-je froidement.

-Je pensais que vous recueillir suffirait à racheter mes fautes passées…mais apparemment, ce ne fut pas suffisant ; murmura tristement l’ex roi.

-Qu’est-ce que vous racontez encore ? Vous essayez de me convaincre de vous épargner ?

-Oh non, je sais bien que c’est inutile ma chère Serena. Tu es en colère contre moi, et c’est tout à fait légitime, je le serais également à ta place. Mais une fois que tu m’auras tué, que feras-tu ?

-Je retournerai à cette vie de chien que vous m’avez infligé, mais au moins, le responsable ne sera plus de ce monde.

-Je vois, j’espère simplement que ma mort suffira à te rendre heureuse ; me répondit l’homme en souriant.

-Ne jouez pas aux grands seigneurs, je connais votre vrai visage.

-Oui, tu as raison. Bien, et si on en finissait maintenant ? Quelqu’un m’attend depuis longtemps là-bas.

Alors que j’allais planter l’épée dans le cœur d’Hélios, ma main se mit à trembler, mais non pas parce que j’avais peur de tuer quelqu’un, mais parce que je me mis à douter.

Cet homme devant moi…Il m’avait tout pris, ma famille, ma vie, mon bonheur, mes rêves, mes espoirs, mes illusions, je le haïssais plus que n’importe qui sur cette terre…Et pourtant…j’hésitais à en finir…Non, ce n’était pas ça, je ne pouvais pas…Je ne pouvais pas le tuer…

Hélios était peut-être la pire ordure que je connaissais…mais c’était aussi lui qui m’avait donné le courage de sortir de ce trou après m’y avoir enfermé, c’était lui qui m’avait fait connaitre le bonheur après me l’avoir retiré, c’était lui qui m’avait montré l’espoir après m’avoir plongé dans le désespoir, c’était lui qui m’avait sauvée après m’avoir détruite…

Je désirais de tout mon être lui faire subir la même chose que j’avais vécu, mais, tapie au fond de moi, ma raison m’empêchait de passer à l’acte. En voyant Hélios à terre, sans défense, dans ce costume que nous avions acheté ensembles, au milieu des décombres de satellite, je réalisai une chose. J’aimais le père que je reconnaissais en Hélios. Du plus profond de mon être, il me restait de l’affection pour la personne que je détestais. Même si tout était entièrement de sa faute, même si je ne l’avais côtoyé que trois jours, même si sans lui, je serais heureuse à satellite en compagnie de mes parents et de Satoshi, ce rêve qu’il m’avait permis de vivre pendant ces trois jours signifiait bien plus pour moi que je ne le pensais.

Satoshi…A quel point avais-tu raison sur moi ? Combien me connaissais-tu mieux que je ne me connaissais moi-même ? Pourquoi…me voilais-je ainsi la face ?…

N’ayant plus de force, je finis par lâcher l’épée que je tenais et cette dernière se planta dans le sol, à quelques centimètres du torse d’Hélios qui me regarda, étonné de mon geste tandis que Satoshi me rejoignit, suivi d’Hakaze. Sur mes joues, quelques larmes se mirent à couler, mais je refusais de me laisser aller. Jamais je n’avais pleuré ouvertement, je refusais de commencer maintenant.

-Serena…

-Satoshi…Je ne suis qu’une idiote…déclarai-je faiblement.

-Je ne te contredirai pas là-dessus.

Sa réponse m’arracha un sourire. Il était tellement franc dans ses mots…mais c’est ce qui faisait sa clairvoyance. Le mensonge était quelque chose qui lui était étranger.

-Tu le savais n’est-ce pas ? Tu savais qu’Hélios…Avait tué nos parents ?

-Oui…Je le savais.

-Dans ce cas…Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?

-Tu te demandes vraiment quand on voit les dégâts que ta colère a causé ? Et puis, ce n’était pas à moi de te révéler un secret pareil ; me répondit mon frère, croisant les bras sur son torse.

Je baissai la tête vers Hélios, toujours à terre, mais qui avait retrouvé son visage normal et j’attendis qu’il prenne la parole, ce qu’il fit après plusieurs secondes d’attente.

-Je ne t’ai pas menti Serena, je voulais vraiment me racheter en vous recueillant…mais peut-être ai-je fait une erreur en rouvrant d’ancienne blessures dans vos cœurs…

-Pourquoi…Pourquoi avez-vous détruit notre vie il y a huit ans si c’est pour avoir des remords maintenant ? Lui demandai-je gravement.

-Il y a beaucoup de choses que j’ai faites dont je ne suis pas fier, et c’est pour cela que je voyage, pour purger mes crimes et tenter de réparer mes fautes. Ce que j’ai fait est impardonnable, mais si je peux, ne serait-ce qu’essayer d’arranger les choses, alors je le ferai, c’est ainsi que j’ai toujours voulu vivre.

La voix d’Hélios dégageait une telle sincérité que je n’eus pas le courage de faire preuve de mauvaise foi avec l’homme. Je me tournai à nouveau vers mon frère, mais ce dernier affichait son éternel air désintéressé de la situation, même si je savais qu’au fond de lui, il était heureux que j’aie épargné Hélios. Contrairement à moi, il pouvait encaisser n’importe quoi sans broncher.

-Mademoiselle, pourquoi vous vous battez avec lui ? Vous n’êtes pas amis ? Satoshi-Onii-chan m’a dit que vous aimiez beaucoup cet homme ! Me demanda Hakaze avec toute la blancheur de l’enfant qu’elle était encore.

-Pourquoi je me bats ? C’est une excellente question…

Je posai mon regard sur Hélios et, sans comprendre pourquoi, je lui tendis la main en souriant. Le roi fut étonné de mon geste mais finit par me rendre mon sourire et je retrouvai à ce moment cet homme m’ayant sorti de la misère trois jours plus tôt.

-Hélios, j’aimerais vous demander une faveur : emmenez-nous avec vous une fois de plus. Je veux moi aussi découvrir ce monde, je veux marcher à vos côtés, je veux rire avec vous, pleurer avec vous, partager mes joies et mes peines.

-Tu me demandes cela tout en sachant que je suis celui qui vous a détruit votre vie ? Quelque chose ne doit pas tourner rond avec toi ma pauvre Serena.

-Non, effectivement, quelque chose ne tourne pas rond, mais que peut-on y faire ?

En riant légèrement, Hélios attrapa ma main et se remit debout. Derrière lui, la lumière du soleil éclairait les ruines de satellite, ainsi que l’homme en qui je plaçais désormais ma confiance.

L’aube d’un nouveau jour se levait…Non, c’était plus que ça, le voile obscurcissant ma vue venait de disparaitre, me laissant savourer ce nouveau monde qui s’offrait à moi, cette nouvelle vie qui n’était, non plus une illusion, mais une réalité.

-Au fait Serena, tu n’es pas le capitaine de l’assaut par hasard ? Me rappela mon frère.

-L’assaut ! J’avais totalement oublié ! M’exclamai-je, reprenant soudain conscience de la réalité.

Hélios éclata de rire et me montra au loin les forces de sécurité accompagnant Ramon, les menottes aux mains.

-Je pense qu’on peut dire ceci : Mission Complete !


Tandis que Ramon disparaissait, la tête basse, au milieu des immeubles en ruines, Trudge s’approcha de nous, le visage rayonnant devant la réussite de la mission.

-Bien, le quartier oublié est maintenant sous le contrôle des forces de l’ordre, félicitation Capitaine Serena, nous avions bien fait de te faire confiance. D’ici peu, Satellite sera redevenu un endroit où il fait bon vivre. Sur ce, je vous laisse, mais j’aimerais que vous passiez au bureau tout de même. Je suis certain que le directeur Lazar sera ravi de vous féliciter en personne.

Sur ces mots, Trudge repartit avec ses hommes, nous laissant tous les quatre. Je ne savais pas vraiment quoi faire à présent que tout était fini. Satellite était libéré, j’allais repartir en voyage avec mon frère et Hélios, mais pourtant, je sentais qu’il me restait une dernière chose à faire avant d’avoir l’esprit tranquille.

-Dis Satoshi, tu te souviens de l’emplacement de notre maison ? Demandai-je à mon frère.

Une fois la surprise passée sur son visage, ce dernier s’éclaira.

-Je savais bien qu’un jour tu finirais par me demander Serena. Cependant, je ne pensais pas que tu le ferais en étant encore en mesure de retourner là-bas.

-Disons que j’ai simplement envie de leur dire au revoir avant de partir, rien de plus.

Je ne mentais pas. La première fois qu’Hélios nous avait sorti de ce bourbier, ma haine de satellite et mon aveuglement m’empêchaient d’avoir les idées claires. Je ne pensais qu’à fuir, encore et toujours, dans l’espoir d’une vie meilleure. Mais à présent, je réalisai que mes origines étaient ici, à Satellite, dans le quartier oublié, et que les renier serait renier ce qui faisait de moi celle que j’étais.

Hélios partit de son côté, devant régler les derniers problèmes en ville et nous demanda donc de le rejoindre à l’hôtel une fois que nous aurions fini.

En le voyant s’éloigner, un frisson me parcourut. J’avais peur qu’il ne profite de cette occasion pour disparaitre à jamais, mais, à la dernière minute, il se retourna et me lança un petit livre.

Je l’attrapai tant bien que mal et je lus le titre : mille et une expressions. Quelques jours plus tôt encore, je l’aurais traité de tous les noms, mais à ce moment, je me contentai de sourire et de serrer son présent contre mon cœur. Après tout, c’était le tout premier cadeau que quelqu’un m’avait offert.

Une fois qu’Hélios eut totalement disparu, Satoshi se mit en marche et je pris sa suite, accompagnée d’Hakaze qui me donnait la main en chantonnant joyeusement.


https://www.youtube.com/watch?v=rIwl2cDwStw


Nous passâmes devant de nombreux bâtiments connus comme le stade où Hélios m’avait entrainé pour la première fois, ou encore le repère du boss, totalement désert après le passage des forces de police. Je repérai également la sortie du quartier oublié que nous avions empruntée trois jours plus tôt pour nous enfuir.

Etrangement, je me sentis nostalgique en repassant devant tous ces lieux, contrairement à mon premier départ. C’était ici que j’avais grandi, ma maison, mon terrain de jeu. Même si tout n’était que ruine et désolation, j’avais vraiment du mal à imaginer cet endroit autrement. Le quartier oublié, une fois restauré, ne serait plus le même et j’eus un pincement au cœur.

Finalement, après dix minutes de marche parmi les décombres, nous arrivâmes dans une grande rue où s’entassaient les carcasses de voitures, les sacs plastiques et les ordures. Les immeubles de cette avenue n’était plus que des ruines eux aussi, la plupart des façades avaient été démolies ou ne tenait qu’à un fil alors qu’autrefois, tous ces bâtiments avaient dû être de belles résidences.

Satoshi me conduisit jusqu’à une ruelle au bout de laquelle une grande bâtisse s’élevait. Il s’agissait des restes d’un ancien hôtel particulier datant du début du vingtième siècle à la française, monté sur deux étages avec un grand portail, ou du moins, ce qu’il en restait, ainsi que de nombreuses fenêtres brisées. La devanture quant à elle n’était plus que le reste de ce qui était autrefois un magnifique mur sculpté. Dans le parc s’amassaient les ordures et l’herbe était jaune à cause de tous les produits chimiques et un sourire me fendit le visage en voyant que rien n’avait changé ici.

Tremblante, je franchis la grille qui devait protéger la maison des intrusions et je me retrouvai à nouveau dans ce jardin pour la première fois depuis maintenant huit ans.

-Nous y voilà, notre maison ; déclara mon frère avec sa froideur habituelle.

Il ne laissait rien paraitre, pas la moindre expression sur son visage ni émotion dans sa voix, et pourtant, je le connaissais assez bien pour affirmer qu’il était tout aussi anxieux que moi à l’idée de revenir ici après plus de huit ans.

Lentement, je m’avançai au milieu au milieu des mauvaises herbes et des détritus, me revoyant jouer avec Satoshi dans ce parc, sous le regard attentif de nos parents. C’était presque comme si je pouvais discerner encore nos traces de pas dans la boue après toutes ces années.

Enfin, j’arrivai sur le parvis. Evidemment, il n’y avait plus de porte, mais instinctivement, je soulevai le vase qui se trouvait encore miraculeusement au sol et je trouvai les clés de notre maison, comme neuves, préservées des ravages du temps.

Je mimai ce geste si familier que mes parents avaient fait des centaines de fois devant moi qui était d’insérer la clé dans la serrure imaginaire et, rassemblant le peu de force qu’il me restait, je mis le pied dans le hall d’entrée.

Rien n’avait changé ici non plus. Les toiles d’araignées couvraient le plafond à la place des lustres prenant la poussière sur le sol. La plupart des meubles avaient disparu, à l’exception de quelques-uns, dans un état déplorable et prêts à tomber en poussière au premier contact.

L’endroit était aussi sombre que dans mes souvenirs. Seul un mince filet de lumière passait à travers les fissures des vitres noircies par la poussière s’accumulant depuis des années et créant une couche totalement opaque.

-Papa, Maman, je…Nous sommes rentrés ; lançai-je une fois que nous fûmes tous les trois à l’intérieur.

Seul le silence me répondit.

Evidemment, je ne m’attendais pas à obtenir une quelconque réponse, mais je voulais simplement le dire au moins une fois. J’avais toujours voulu pouvoir prononcer cette phrase en revenant de l’école et être accueillie par un « bienvenue Serena », comme dans ces livres que j’avais l’habitude de lire, mais ce n’était certainement pas dans le gang où j’avais grandi que j’aurais pu prononcer ces mots.

Je voulus monter au premier étage mais les escaliers s’étaient effondrés, m’obligeant à renoncer, mais c’était peut-être mieux ainsi. Je me serais certainement perdue dans mes souvenirs en revoyant ma chambre, celle de Satoshi et celle de mes parents. D’autant plus qu’il n’y avait plus rien, j’avais tout pris avec moi à mon départ.

Voyant qu’Hakaze commençait à bailler et se frotter les yeux, Satoshi se dirigea vers le salon et l’allongea sur l’un des canapés poussiéreux qu’il restait et s’assit à côté d’elle, veillant sur la petite fille comme il avait veillé sur moi par le passé.

Je pris place en face de lui, au milieu d’une vaste pièce presque vide et, le voyant ainsi, je me mis à penser à ma demande auprès d’Hélios, celle de partir en voyage avec Satoshi. S’il venait avec moi, cela signifierait qu’il devrait laisser Hakaze derrière lui. Je voulais certes qu’il reste à mes côtés, mais Hakaze ne pouvait pas rester seule dans la rue, c’était impensable…

-Dis Satoshi, tu ne penses pas que tu ferais mieux de rester à Satellite ?

-Si cela ne tenait qu’à moi, oui. Mais si tu pars avec Hélios, alors je te suivrai, j’ai fait le serment de te protéger le jour où nos parents sont morts.

-Dans ce cas, restons.

-Que…Serena, qu’est-ce qui t’arrive tout à coup ? S’étonna mon frère. Je croyais que tu ne rêvais que de quitter cette poubelle.

-C’est mon rêve depuis toujours, oui, mais parfois, les rêves de certains doivent laisser place à la réalité des autres ; lui répondis-je en tournant le regard vers la petite fille allongée sur les genoux de mon frère.

-Tu t’inquiètes pour Hakaze alors qu’hier encore, tu méprisais tous les habitants de Satellite ?

-Que veux-tu, à cause de toi je ne peux plus continuer à fermer les yeux sur ce monde ; répliquai-je en haussant les épaules.

Mon frère passa doucement sa main dans les cheveux de la petite fille avec un regard doux et cette dernière sourit dans son sommeil puis Satoshi soupira.

-Tu sais Serena, quand nos parents sont morts il y a huit ans, les parents d’Hakaze m’ont recueilli. Tu te souviens de la nourriture que je t’apportais régulièrement ? C’est sa mère, Himiko, qui me la donnait.

-Vraiment ? J’ai toujours cru que tu la volais comme moi, je suis déçue…

Mon frère rit légèrement avant de retrouver son sérieux et de continuer.

-La guerre a couté la vie de nombreuses personnes par la faute de Ramon ? Les parents d’Hakaze ont fait partie de ces victimes.

J’eus un poids sur le cœur en entendant cela. Je savais qu’Hakaze était orpheline, mais en apprendre la raison restait douloureux, comme lorsque j’avais découvert cette lettre dans le bureau de Sayer…

-Tu sais Serena, je crois que c’est grâce à toi que j’ai pu survivre dans la rue toute ces années.

-A moi ? Pourtant c’était toi qui me protégeais et non l’inverse il me semble.

-C’est vrai, mais prendre soin d’Hakaze m’a fait prendre conscience d’une chose : j’ai voulu continuer à vivre dans cette poubelle parce que je devais te protéger, parce que je voulais que tu survives aussi, que tu quittes un jour cet endroit et que tu sois heureuse. Sans toi, je n’aurais eu aucun but et je me serais certainement rangé du côté de Ramon, voire pire.

-Dans ce cas-là, nous sommes quittes puisque je t’en dois une aussi ! Rétorquai-je avec un grand sourire qu’il me rendit.

-Hakaze sait très bien qu’un jour, je ne serais plus là, que je pourrais disparaitre à tout moment, c’est pourquoi, je ne m’inquiète pas pour elle, elle saura se débrouiller, d’autant plus qu’elle va être prise en charge lors de la rénovation. Le plus dur sera de lui faire comprendre que ses parents ne reviendront jamais…

-Je suis sûre que tu y arriveras, tu es son grand frère après tout.

Nous arrêtâmes notre discussion là car Hakaze était en train de se réveiller et Satoshi ne voulait pas lui annoncer la nouvelle de manière trop crue. Nous restâmes tous les trois dans notre ancienne maison jusqu’à tard dans l’après-midi avant de prendre le chemin du retour.

J’avais profité de notre visite pour récupérer quelques affaires dont plusieurs affaires personnelles de nos parents, cachées dans des endroits insolites pour les protéger des voleurs, dont deux deck de duel de monstre leur appartenant par le passé.

Le soir, tout était calme dans les rues de satellite. Les gangs ne faisaient plus régner la terreur et quelques personnes osaient pointer le bout de leur nez, redonnant un peu de vie au quartier oublié. C’était comme si une porte s’était ouverte, une porte donnant sur un nouvel avenir rempli d’espoir pour tous les gens du quartier oublié.

Finalement, nous arrivâmes devant le pont dédale reliant Satellite et Domino City. Hakaze tint à nous accompagner et Satoshi ne put refuser, si bien que ce fut à trois que nous nous engageâmes sur ce symbole des habitants de Satellite.

Une fois arrivée au milieu, je me retournai une dernière fois vers ce qui était – non, ce qui serait pour toujours – mon chez moi. Le soleil se couchait derrière les immeubles de l’ile, faisant flamboyer les immeubles et les grandes tours de verre au milieu d’un océan de feu. Le spectacle était magnifique, peut-être même plus que celui que j’avais pu contempler en arrivant à Neo Domino City pour la première fois car désormais, je savais que tout ce que je voyais était réel.

Je serrai fort un pendentif que j’avais retrouvé à la maison et je me mis à verser une larme d’émotion.

-Adieu Satellite, Adieu, Papa, Maman et merci pour tout ; murmurai-je dans le vent, espérant que mes paroles les atteignent.


Nous arrivâmes à l’hôtel vers vingt-heures où Hélios nous attendait, comme promis. Etrangement, il ne fut pas étonné de voir avec nous la petite Hakaze qu’il invita à passer la nuit avec moi, sans mon accord évidemment, même si je n’avais aucune objection de toute façon.

La soirée se passa dans le calme. J’étais exténuée par cette journée, de même pour l’ex roi et mon frère. Seule Hakaze semblait avoir encore de l’énergie à revendre et courait dans les couloirs de l’hôtel, l’air émerveillée. Je la comprenais facilement, j’aurais eu exactement la même réaction si nos parents nous avaient fait sortir de Satellite à cette époque.

Après le diner, nous remontâmes dans nos chambres et, après un bon bain dans lequel je m’endormis sous le coup de fatigue et de la chaleur de l’eau, je trouvai Hakaze sur le balcon de ma chambre, fixant satellite au loin dans la nuit.

Dire que je n’étais pas inquiète pour elle malgré les mots de Satoshi aurait été un mensonge. Même si elle n’allait pas être seule dans les rues comme nous l’avions été, elle n’avait personne sur qui s’appuyer, contrairement à Satoshi et moi.

Lorsque la petite fille m’entendit sortir de la salle de bain, elle se précipita à ma rencontre, avec son éternel sourire innocent.

-Dis, Dis Serena, c’est vrai que Satoshi-Onii Chan et toi vous allez partir faire le tour du monde ?

-O…Oui, demain, après-demain, ou dans quelques jours, Hélios s’en ira, et nous le suivrons.

-Vous avez de la chance, j’aimerais vraiment découvrir ce monde moi aussi !

Lorsqu’elle prononça ses mots, une idée folle, mais pas irréalisable me passa par la tête afin de garantir la sécurité de la petite tout en ne la privant pas de mon frère.

-Pourquoi tu ne viendrais pas avec nous, Hakaze ? Lui demandai-je avec douceur.

-Avec vous ? Répéta-t-elle, étonnée.

-Oui, comme ça, tu pourrais rester avec Satoshi et tu découvrirais autre chose que cette poubelle de Satellite, tu en dis quoi ?

La petite fille croisa les bras et fronça les sourcils, exactement comme mon frère lorsqu’il réfléchissait, ce qui me fit sourire intérieurement.

-Ça serait marrant, mais je dois rester pour garder la maison pour papa et maman !

J’eus un pincement au cœur. Satoshi ne lui avait toujours pas dit…Peut-être était-ce le bon moment…Hakaze n’allait pas pouvoir vivre dans l’illusion pour toujours, comme moi, il fallait qu’elle sache, qu’elle fasse face à la réalité, pour ne pas qu’elle devienne comme moi…

Je mis un genou au sol pour me mettre à la hauteur de la petite fille et je la regardai droit dans les yeux, tentant d’avoir l’air la plus compatissante possible et, posant une main sur épaule, je déclarai :

-Ecoute Hakaze, tes parents ne reviendront pas.

La petite fille pencha la tête sur le côté, comme si elle ne comprenait pas ce que je voulais dire et ma gorge se noua un peu plus. Mais je devais le faire, elle avait le droit de savoir elle aussi.

-Durant la guerre, ils…

-Papa et Maman sont partis pour l’autre monde, c’est ça ? M’interrompit la petite fille.

J’écarquillai les yeux, surprise qu’elle dise cela sans même tressaillir. Elle ne devait certainement pas comprendre ce que cela signifiait. Je me souvenais que Satoshi avait été très cru en m’annonçant la mort de nos parents, peut-être devais-je l’être autant que lui…

-Hakaze, sais-tu ce que cela signifie ?

-Papa et Maman ont quitté ce monde, mais ils sont heureux là où ils sont, c’est Satoshi qui me l’a dit !

-Hakaze…

-Mais je suis certaine qu’un jour, ils reviendront, c’est pour ça que je garde la maison, pour qu’ils la retrouvent à leur retour ! Toi aussi tu reviendras Serena, hein ?

-M…Moi ? Bégayai-je, tirée de mes réflexions.

-Oui, quand vous aurez fini votre voyage Satoshi-Onii Chan et toi, vous reviendrez chez vous ?

-Chez nous…Répétai-je, pensant à Satellite.

-Tu ne veux pas revenir ? Insista la petite fille.

-S.…Si, un jour, je reviendrai à Satellite…

-C’est une promesse ? S’exclama-t-elle.

-Oui, je te promets de revenir ; lui répondis-je en passant ma main dans ses cheveux soyeux après un bon bain.

Le sourire que la petite fille me rendit à ce moment-là fut certainement le plus sincère et le plus rayonnant que j’avais pu voir dans ma vie jusque-là. Moi qui n’avais connu que les faux semblants, les coup-bas, les hypocrites et les ordures à travers les gangs, je réalisai l’étendue de ma bêtise à mettre tous les habitants du quartier oublié dans le même sac. Hakaze n’était certainement pas un cas isolé, de nombreuses autres personnes devaient, elles-aussi, être restées aussi pures que la petite fille, loin des gangs et de Ramon…

Finalement, Hakaze finit par s’endormir dans mes bras. Je n’osais pas bouger, de peur de la réveiller et je restai donc assise dans ce fauteuil, à la regarder dormir paisiblement jusqu’à ce que le sommeil me gagne également.

Le lendemain, je fus réveillée par un mince filet de lumière sur mes paupières, ainsi que des bruits de pas dans ma chambre. Je pensais tout d’abord qu’Hakaze s’était réveillée mais je sentais toujours ce poids sur mes genoux et, comprenant qui était là, je tentai de me rendormir, en vain.

-Allez Serena, debout ! Une grosse journée nous attend, une journée pleine d’aventures, de joies, de peines, de…

-Oh, sérieux Hélios, pas dès le matin, c’est déjà lourd en journée mais dès le réveil, c’est insupportable ; répondis-je à l’intrus en me frottant les yeux pour tenter de me réveiller.

Hakaze se réveilla en même temps que moi et bailla longuement. Je reportai immédiatement mon attention sur la petite, préférant ignorer cet idiot de bon matin.

-Bonjour Hakaze, bien dormi ?

-Super ! Il n’y a pas de courant d’air ici !

-Encore heureux vu le prix des chambres ; marmonna Hélios dans mon dos.

-J’aurais pu laisser la fenêtre ouverte ou autre je vous signale, Hélios, rétorquai-je.

-Tu l’as laissée ouverte, je suis passé hier pour la refermer ; me répondit-il en haussant les épaules.

Je m’empourprai. Ce type n’avait donc aucune gêne ?

Heureusement, avant que je ne m’énerve vraiment, Satoshi apparut dans le hall d’entrée et Hakaze se leva d’un bond pour se précipiter dans ses bras.

-C’est quoi tout ce raffut encore ? On ne s’entend même plus penser ; râla mon frère, visiblement de très mauvaise humeur.

-Demande à Hélios, c’est lui qui s’introduit dans les chambres des gens n’importe quand.

Lorsque je dis cela, Satoshi tourna les talons et ressortit aussitôt en soupirant, sans dire un mot de plus, suivi d’Hakaze, ne laissant qu’Hélios et moi dans la chambre.

-Et qu’est-ce que vous attendez pour partir vous ? Demandai-je froidement au roi.

-Serena ; déclara alors Hélios bien plus sérieux.

Je déglutis. Je n’avais aucune idée du sujet qu’il voulait aborder, mais le voir sérieux ainsi ne me plaisait déjà pas et je m’attendais au pire.

-Durant notre combat hier, tu ne te battais pas seule, ai-je tort ?

-Qu…Qu’est-ce que vous voulez dire ? M’étranglai-je.

-Cette lance que tu avais, c’était la lance d’Armageddon, n’est-ce pas ?

J’écarquillai les yeux, interdite. Comment Hélios pouvait-il savoir que cette créature du nom d’Armageddon m’avait parlé durant le combat pour me donner cette arme ? Même en sachant qui était réellement Hélios désormais, beaucoup de mystères planaient encore au-dessus de lui…

-Fais attention Serena, si le démon a voulu vous éliminer par le passé, il y a une raison.

-L…Laquelle ? Demandai-je, tremblante.

-Vous n’en n’avez peut-être pas conscience, mais personne sur cette terre ne peut s’opposer à vous. Si vous le vouliez, vous pourriez détruire ce monde. Un jour, vous deviendrez si puissants que même Armageddon tremblera devant vous. Ce jour-là, vous deviendrez les nouveaux maitres du destin.

Mon cœur s’accéléra. Etrangement, je ne remis pas une seconde en doute la parole d’Hélios, aussi fou cela eut-il pu paraitre.

Cependant, Je ne savais pas comment réagir face à une telle révélation. Etait-ce bien ? Etait-ce mal ? Que devais-je faire ? Ou que devais-je ne pas faire ? Qu’est-ce que cela signifiait vraiment pour nous ? Pouvions-nous simplement l’ignorer et vivre normalement ou devions-nous supporter le poids d’une telle responsabilité ?

Moi, Serena, ayant grandi dans la rue, venais d’apprendre quelque chose me dépassant largement…non, dépassant largement n’importe quel être humain. Il ne devait certainement pas y avoir de bonne ou de mauvaise façon de réagir à ces propos, mais je ne pus rien faire d’autre que d’ouvrir et refermer la bouche sans qu’aucun son ne sorte, encore trop choquée pour prononcer le moindre mot.

Hélios s’approcha de moi et me regarda dans les yeux. Je tentai de détourner le regard, mais je voulais des précisions, je voulais comprendre qui j’étais vraiment.

-Hélios, qui suis-je vraiment ?

-Tu es celle qui tu décides d’être Serena.

-Merci, cette réponse m’aide énormément ; déclarai-je sarcastiquement, mais le roi semblait très sérieux.

-Tu peux choisir de prendre la place d’Armageddon ou bien de vivre la vie que tu souhaites. Ton destin t’appartient entièrement, il ne tient qu’à toi de le construire de tes propres mains. Mais vas-tu te laisser tenter par cette place te revenant ?

-Vous pensez vraiment que le pouvoir m’intéresse ? Si oui, vous me connaissez bien mal ! J’ai toujours vécu selon mes propres règles, alors évidemment que je suivrai ma propre voie ! Je n’ai pas haï les gangs toutes ces années pour que quelqu’un décide de mon avenir à ma place !

Le visage d’Hélios s’adoucit alors et un léger sourire parcourut sa figure.

-Je le sais bien, mais je voulais te prévenir. Puisque tu as décidé de ne plus vivre dans le mensonge, je me devais de te dévoiler la vérité. Je suis heureux de voir que j’ai pris la bonne décision.

-Et Satoshi, vous allez le laisser sur la touche ?

-Ton frère est déjà au courant depuis hier, et tout comme toi, il a décidé de vivre sa propre vie et m’a répondu presque la même chose que toi.

Intérieurement, je poussai un soupir de soulagement. La dernière chose que j’avais envie de voir était mon frère se retourner contre moi.

Mais définitivement, je n’avais que faire de ces pouvoirs. Je n’avais aucune envie de changer le monde, aucune envie de le dominer, de le détruire ou n’importe quoi d’autre. Je voulais simplement vivre ma vie comme une fille normale, découvrir tout ce que ce monde avait à m’offrir, peut-être même fonder une famille, mais certainement pas devenir toute puissante.

-Bien, ceci étant réglé, et si nous allions dire au revoir à Trudge et aux autres ? Me demanda soudainement Hélios. N’oublie pas que dès demain, je reprends la route !

-Vous passez vraiment du coq à l’âne comme un rien vous…

-Tiens, mon livre sur les expressions t’aurait-il été utile finalement ? Me lança-t-il avec un regard malicieux.

-Taisez-vous un peu et laissez-moi me préparer plutôt ! Rétorquai-je en rougissant. Allez, dehors !

Amusé, Hélios sortit de la pièce et me laissa enfin seule.

Je soupirai et, prenant une serviette, je me dirigeai vers la salle de bain afin de m’habiller pour la journée à venir qui risquait d’être mouvementée…



Serena : Adieu Satellite



Spoiler :


Après une bonne douche, je sortis de ma chambre et je rejoignis Hélios, Satoshi et Hakaze dans la salle des petits déjeuners. L’ex-roi, comme à son habitude, enfilait les toasts et les tartines tandis que mon frère restait devant son assiette vide, les bras croisés, mais cette fois-ci, regardant Hakaze engloutir un énorme petit déjeuner.

Elle était toujours si joyeuse et enjouée, je n’avais pas eu le courage de lui révéler la vérité la veille, mais peut-être était-ce mieux qu’elle ne le découvre pas immédiatement, qu’elle comprenne petit à petit. Je me souvenais que j’avais mis plusieurs mois à me remettre de la mort de nos parents, je ne pouvais pas lui infliger la même peine…J’avais été stupide de ne vouloir que la vérité sans penser aux conséquences…J’avais encore beaucoup de choses à apprendre…

-Bon, Serena, tu comptes t’asseoir ou tu vas rester debout à nous regarder toute la journée ? M’interpella mon frère en me tirant de mes pensées.

-C’est bon, je dors encore à moitié à cause de lui ; rétorquai-je, cherchant une excuse valable.

Je pris place à côté d’Hakaze et j’entamai un croissant. Même si depuis l’incident du premier jour, j’évitai d’en manger, j’avais vraiment du mal à résister lorsque j’en voyais un…

Me voyant savourer ce plat traditionnel Autrichien, Hakaze en prit un à son tour et l’avala en deux bouchées tandis qu’Hélios me lança un regard moqueur et je m’empourprai.

-Elle a compris du premier coup, elle ; railla-t-il.

-Taisez-vous Hélios ou je vous montre comment on mange ce truc de force ; rétorquai-je.

Hakaze éclata de rire devant la tête que fit Hélios tandis que Satoshi se contenta de soupirer, comme à son habitude.

Je ne pus m’empêcher de sourire malgré mon énervement contre Hélios. Cette scène aurait sûrement paru banale et sans intérêt pour n’importe qui, mais pour moi, elle représentait plus qu’une simple prise de tête. Il n’y avait aucune raison de nous disputer, et encore moins d’enjeu, excepté un pseudo honneur auprès du roi, et c’est pourquoi, mais c’était justement par cette absence de but que je chérissais les moments comme ceux-là. J’avais l’impression de rattraper tout le temps perdu à Satellite, de vivre une vie de fille normale de mon âge, d’être enfin heureuse.

Après notre dispute sans intérêt, nous remontâmes dans nos chambres quelques minutes avant de ressortir pour régler les dernières affaires en ville avant notre départ, et notamment au siège de la sécurité où Trudge nous attendait.

Ce dernier nous reçut tous les quatre dans le bureau du directeur Lazar et nous accueillit, un grand sourire aux lèvres.

-Vous voilà, on n’attendait plus que vous ! S’exclama-t-il en nous voyant.

-On ? Répétai-je, surprise.

-C’est exact capitaine Serena ; déclara Lazar, entrant à son tour dans le bureau.

L’homme à la tête de clown s’assit et croisa les bras avant de me regarder dans les yeux, ce qui me mit très rapidement mal à l’aise.

-L’opération a été un succès, félicitation. Je vous avouerais que j’étais un peu anxieux hier, mais tout s’est bien déroulé.

-C…C’était de la chance, sans Hélios, je ne pense pas…

-Oui, félicitations Capitaine Serena ; m’interrompit Hélios en applaudissant de manière à couvrir ma voix.

-Quoiqu’il en soit, au vu de ces résultat, nous aimerions vous proposer un poste chez nous, dans la sécurité, qu’en pensez-vous ? Vous pourriez rester à Neo Domino City de cette manière.

Les mots de Lazar me prirent au dépourvu. Je voulus immédiatement répondre non, mais quelque chose me retint. Je voulais plus que tout accompagner Hélios dans ses aventures, découvrir le monde et m’éloigner de Satellite quelques temps, mais maintenant qu’on me donnait la possibilité d’habiter à Néo Domino City, comme j’aurais dû le faire sans la mort de mes parents, deux parties de moi s’affrontaient, l’une voulant suivre Hélios, l’autre voulant rester pour veiller sur notre chez nous.

Satoshi finit par faire pencher la balance après plusieurs secondes de réflexion n’aboutissant à rien.

-Nous partons ; déclara mon frère sans hésiter.

-Tu…Tu es sûr de toi ?

-Parfaitement, nous partions demain à l’aube, cela vous convient Hélios ?

-Je n’ai aucune contrainte horaire, faites comme bon vous semble ; lui répondit le roi en haussant les épaules.

-M.…Mais, et Hakaze ? Insistai-je.

-Satoshi-Onii Chan m’a tout expliqué, je serais sage en attendant que vous reveniez, promis ! Me répondit la petite fille toujours aussi enjouée.

Malgré tous ces arguments, je n’étais toujours pas convaincue moi-même. Cependant, Trudge, voyant que je n’ajoutais rien de plus, se plia à la volonté générale, tout en me laissant les portes ouvertes pour l’avenir.

Après cela, nous passâmes le reste de la journée à flâner en ville, regardant les vitrines des boutiques et achetant des provisions pour le voyage. Nous passâmes également devant la future école d’Hakaze. Hélios l’avait inscrite un peu plus tôt avec l’accord du directeur Lazar.

C’était un bâtiment qui ne payait pas de mine, avec une cour de récréation pas plus grande qu’une notre ancien jardin et des locaux semblant assez anciens.

Au fond de moi, je l’enviais vraiment, elle avait eu cette chance que les gangs m’avait prise, celle de sortir de la misère assez tôt pour ne pas être affectée par la pourriture de ce monde de brigands. Mais pour elle, c’était nécessaire. Hakaze n’avait pas de frère pour la soutenir comme moi, elle n’aurait certainement pas survécu seule dans la rue.

-Alors Hakaze, qu’est-ce que ça te fait d’aller bientôt à l’école ? Lui demandai-je.

-Ça a l’air marrant, Satoshi m’a dit tout ce que je pourrais faire après !

-Ah vraiment, et qu’est-ce que tu voudras faire plus tard ?

-Maire de Satellite ! Me répondit-elle aussitôt.

-M…maire de Satellite ? Répétai-je, abasourdie.

-Oui ! Comme ça, je pourrais reconstruire la maison et tout le monde sera content !

Je ne pus m’empêcher de sourire devant l’innocence d’Hakaze et je lui passai ma main dans les cheveux en riant légèrement.

-Bonne chance Hakaze, je suis sûre que tu y arriveras.

Nous reprîmes notre route vers ce qui allait devenir la nouvelle maison d’Hakaze. Etrangement, Satoshi avait réussi à la convaincre de quitter Satellite quelques temps mais elle refusait catégoriquement de s’éloigner plus loin que Néo Domino City, c’est pourquoi, Hélios avait proposé qu’elle loge chez des « amis » le temps que Satellite soit à nouveau habitable.

Nous nous retrouvâmes ainsi dans une ruelle assez sombre de la ville. C’était évidemment bien mieux que Satellite, mais ce n’était pas le grand luxe de la chambre d’hôtel. Il y avait quelques passants, de rares voitures et de nombreux magasins assez banals, mais étrangement, je me sentais mieux ici que dans le centre-ville. C’était un peu comme cela que je voyais Satellite restauré, ni trop délabré, ni trop flamboyant, juste le strict minimum.

Hélios nous mena devant ce qui semblait être un garage, frappa et entra dans le magasin. Là, s’entassaient des dizaines de motos et d’ustensiles en rapport avec la mécanique. Ce n’était pas grand, il devait y avoir tout juste la place pour une personne et encore…Hakaze allait vraiment vivre ici ?

-Toru, tu es là ? Appela Hélios.

-Oui, oui, j’arrive ; répondit une voix dans l’arrière-boutique.

Une porte s’ouvrit et un grand homme arriva. Il devait avoir la trentaine, avait un visage assez fin, de petits yeux malicieux au-dessus d’un grand sourire se dessinant sur sa bouche tandis que ses cheveux se redressaient sur le dessus de son crâne comme s’il avait mis une tonne de gel pour les faire tenir. Il portait une veste rouge pleine d’huile et avait encore une clé à molette dans la main, montrant qu’il était en plein travail.

-Oh, mais si ce n’est pas le roi maléfique qui a voulu détruire le monde, comment ça va ? Lança l’homme avec une grande tape amicale à Hélios.

L’ex roi se crispa et se retourna vivement vers Hakaze mais cette dernière ne sembla pas comprendre.

-Evite de dire des choses comme ça toi, un jour ça pourrait se retourner contre toi ; répliqua Hélios, essayant de rester serein.

-Et donc, c’est donc de cette petite que tu veux que nous nous occupions ?

Le dénommé Toru pencha la tête sur le côté pour tenter de voir Hakaze mais cette dernière se cacha immédiatement derrière mon frère, tandis qu’au même moment, j’entendis une autre porte s’ouvrir et une jeune femme pénétra dans la pièce, un bébé endormi dans les bras.

Elle avait certainement le même âge que Toru et possédait de longs cheveux bleus tombant en pic dans son dos et son front était caché par une frange parfaitement égalisée. Elle fonçait les sourcils et regardait Toru d’un air mauvais, le rouge de ses yeux ne faisant que renforcer cette impression.

En la voyant, ce fut au tour de Toru de se cacher derrière mon frère, délogeant Hakaze, mais ce dernier l’envoya valser au sol sans autre sommation.

-Ah, Misaki, tu tombes bien, j’allais justement…

-Finir de réparer le four ?

-T…Tout à fait ! Sur ce, j’y vais, je te laisse avec eux !

Sur ces mots, Toru fila dans l’arrière-boutique et la dénommée Misaki soupira avant de s’approcher de nous, l’air tout de suite bien plus conviviale.

-Excusez-moi pour l’attitude de Toru, il prend des engagements mais n’est pas fichu de les respecter. La moindre des choses quand on loge quelqu’un, c’est quand même d’avoir une maison en ordre…

-Toujours aussi amicale je vois, Misaki ; lança Hélios avec un grand sourire.

-Je ne répondrai rien à cela. Et donc, c’est cette petite que nous devons loger ? Demanda-t-elle en tournant le regard vers Hakaze.

Etrangement, cette fois-ci, la petite fille ne s’enfuit pas et, au contraire, s’approcha, intriguée par le tout petit enfant que Misaki tenait dans ses bras. La jeune femme s’agenouilla alors pour se mettre à sa hauteur et lui montrer le bébé.

-Alors Hakaze, tu es contente de venir vivre ici ? Demanda-t-elle doucement.

-Oui ! Satoshi m’a dit d’être bien sage en attendant leur retour et que comme ça, notre maison serait réparée !

-Tu es bien obéissante pour une fille de ton âge, j’espère que Daisuke sera comme toi plus tard ; s’étonna Misaki en se tournant vers mon frère qui lui répondit par un simple haussement d’épaules.

Le petit enfant dans les bras de la jeune femme se mit alors à remuer et poussa quelques cris, certainement pour signifier qu’il avait faim. En voyant cela, Hakaze sembla fascinée. C’était certainement la première fois qu’elle voyait un bébé de sa vie et je souris devant cette scène.

Ici, Hakaze allait pouvoir avoir une vie normale, avec une vraie famille, aller à l’école, avoir des amis, grandir dans un cadre sain, c’était certainement la meilleure chose à faire pour elle. Mais, si je pensais cela, pourquoi avais-je un poids sur le cœur à l’idée de partir sans cette petite fille que je connaissais depuis moins de quarante-huit heures ?…

Nous restâmes le reste de la journée chez Toru et Misaki afin qu’Hakaze se familiarise avec les lieux et qu’elle s’adapte plus rapidement, ce qui semblait assez bien fonctionner, puisqu’elle courait déjà partout dans la maison, savait où se trouvaient les différentes pièces et semblait apprécier ses parents adoptifs ainsi que son petit frère.

Ce n’était pas grand, mais pas petit non plus, il devait y avoir un peu moins de cent mètres carrés pour quatre personnes, cependant, la disposition des meubles et l’arrangement de l’espace faisait disparaitre ce manque de place, si bien que je m’y sentais presque mieux que dans notre ancienne maison qui était pourtant un vieil hôtel particulier.

Le soir venu, nous retournâmes à l’hôtel, sans Hakaze qui était restée avec Toru et Misaki. Sa présence me manquait déjà. Sans elle, je n’avais que mon ronchon de frère et ce cinglé d’Hélios comme compagnie…

Seule dans ma chambre, je regardais le plafond sculpté de ce beau bâtiment où je passais mes derniers instants. Je ne pensais même plus au voyage qui devait commencer le lendemain en vérité, je m’inquiétai bien plus que de ce qu’allait devenir la petite fille.

C’était vraiment la première fois que je ressentais un sentiment aussi fort à l’égard de quelqu’un d’autre que mon frère, moi qui, dans le quartier oublié, avais toujours essayé d’ignorer les potentiels liens qui m’unissaient aux autres pour ne jamais être déçue. C’est pourquoi, je ne savais pas quoi faire.

Je savais bien qu’elle ne risquait plus rien, mais il fallait que je m’en assure, que je le vois de mes propres yeux pour être tranquille…

La fatigue finit par prendre le dessus sur mes réflexions et je m’endormis avec ces pensées en tête.

Le lendemain, Hélios me réveilla comme les matins précédents, mais je n’avais pas la tête à l’envoyer voir ailleurs, et je me contentai de le saluer en baillant avant de me diriger vers la salle de bain et prendre une bonne douche.

A onze heure, tout était bouclé. Nous avions rendu les clés de la chambre, nos bagages étaient prêts à partir, et de même que nous. A l’extérieur, Toru et Hakaze nous attendait pour nous amener à la gare de Néo Domino City.

La petite fille se jeta dans les bras de mon frère en le voyant et je fus légèrement soulagée en constatant qu’elle avait l’air de se porter bien. Peut-être m’inquiétais-je pour rien après tout.

Le trajet pour aller à la gare me parut très rapide, alors que pourtant, elle se trouvait à l’autre bout de la ville. Il faut dire que je n’avais pas le temps de m’ennuyer entre les blagues vaseuses de Toru, l’humour douteux d’Hélios, les soupirs de mon frère et les rires d’Hakaze. Je riais de bon cœur également, simplement heureuse de partager ces moments avec tout le monde.

Et finalement, l’heure du départ arriva. Les au revoir furent brefs puisque nous ne partions pas pour toujours. Mon frère donna simplement quelques recommandations à sa protégée et nous montâmes dans notre wagon.

Cependant, alors que j’allais poser mes affaires et que la sirène annonçant un départ imminent retentissait, je regardai par la fenêtre et je vis Hakaze passer la main devant ses yeux plusieurs fois tandis que Toru lui lançait un regard compatissant. Il n’en fallut pas plus pour que je comprenne.

Non…Définitivement, je ne pouvais pas partir…Je devais…rester ici.

Sans réfléchir une seconde de plus, et sous les regards effarés de mon frère et Hélios, je me faufilai entre les portes se refermant et je réussis à sortir in extremis, me retrouvant sur le quai tandis que derrière moi, j’entendais le train commencer à avancer en sifflant.

-Désolée, Satoshi, Hélios…


Alors que le bruit des roues sur les rails s’éloignait jusqu’à disparaitre lentement dans le lointain, je me retournai vers Hakaze et Toru qui me regardaient, interdits. Evidemment, ils ne devaient pas comprendre ce qui m’avait pris, et moi aussi, j’avais encore du mal à comprendre mes sentiments, mais je ne pouvais définitivement pas abandonner cette petite, tout comme mon frère ne m’avait pas abandonnée à l’époque.

-S…Serena, qu’est-ce que tu fais ? Bégaya Toru, toujours sous le choc.

-Je reste à Domino City, pourquoi ?

-Mais, et ton voyage ? Me demanda Hakaze, tout aussi surprise.

-Je n’ai plus besoin de partir ; répondis-je en souriant. J’ai trouvé ce qu’il me manquait, ici, à Néo Domino City, je n’ai pas besoin d’aller plus loin pour être heureuse.

Oui…peut-être était-ce cela…Je voulais partir de Satellite, fuir le quartier oublié, aller très loin de cette vie que j’avais toujours vécue, non pas par rejet, mais parce que je cherchais quelque chose, quelque chose que j’avais trouvé en la personne d’Hélios lorsqu’il s’était présenté devant chez nous cette nuit-là. C’était la première fois que je ressentais de l’admiration pour quelqu’un d’autre…

A travers le père que je voyais en lui, je m’étais persuadé qu’à ses côtés, je pourrais vivre cette vie dont j’avais toujours rêvée et puisqu’il partait, je n’avais pensé qu’à le suivre, mettant tout sur le dos de satellite. Il était la première personne, avec mon frère, à m’avoir tenu la main, à m’avoir parlé, non pas comme à un subordonné, mais d’égal à égal, à m’avoir fait comprendre que j’existais pour quelqu’un d’autre…

Mais lorsque mon frère m’avait présenté Hakaze dans cette maison abandonnée, seule mais heureuse et inconsciente de ce qui l’entourait, j’avais commencé à douter. Pour la première fois, je ressentais de la compassion pour un autre habitant du quartier oublié, eux que je méprisais tant et pour qui je m’étais juré de me tenir toujours éloignée.

Plus les heures avançaient, et plus mes convictions de quitter définitivement le quartier oublié vacillaient et plus je sentais que ma place se trouvait à Néo domino City. Mais il était trop tard pour faire marche arrière et je ne pouvais pas dire à Satoshi ce que je ressentais vraiment car j’étais bien incapable d’expliquer ce qui m’arrivait.

Maintenant que j’étais là, sur ce quai, avec Hakaze et Toru, c’était comme si un poids venait de disparaitre. J’étais enfin honnête avec moi-même. Avec ce geste, le dernier mensonge sur ma vie, ma dernière illusion, mon dernier songe s’envolait.

Toru regarda au loin, l’air embêté. Le train avait disparu depuis longtemps, mais je n’avais aucun regret, c’était la meilleure chose à faire, autant pour Hakaze que pour moi. Quant à Satoshi, voir de nouveaux horizons ne pouvait que lui être bénéfique…

-Serena, je peux savoir à quoi tu pensais ? Dit une voix dans mon dos que je reconnus immédiatement.

Je me retournai en sursautant et mon cœur faillit cesser de battre lorsque, derrière moi, je vis Hélios et Satoshi me dévisager, l’air aussi mécontent l’un que l’autre. Toru, lui, fit les yeux ronds et son regard passa plusieurs fois de l’endroit où le train était parti aux visages des deux hommes.

-S…Satoshi, mais qu’est-ce que…tu n’étais pas…Je veux dire…Et le train…Je…

-Sérieusement Serena, me faire utiliser mes passerelles pour ça, ça ne me coute rien du tout, mais quand même ; ronchonna Hélios, les bras croisés sur la poitrine.

-Vos…Passerelles ? Répétai-je, interdite.

-Un truc qui permet à Hélios de prendre des raccourcis, mais ce n’est pas le problème, à quoi joues-tu Serena ? Râla mon frère.

-Je…Je pensais que…Hakaze se sentirait moins seule si je restais…alors je…

Mon frère soupira, m’interrompant ainsi et se dirigea vers la petite fille qui ne comprenait pas mieux que moi ce qu’il se passait. Il se mit à sa hauteur et se radoucit en lui parlant.

-Alors Hakaze, qu’est-ce que c’est que ces histoires, si tu ne voulais pas qu’on parte, il suffisait de le dire.

-Mais Satoshi-Onii Chan et Serena avaient l’air tellement contents de partir, je ne voulais pas qu’ils s’inquiètent à cause de moi…

Mon frère donna une petite tape sur la tête d’Hakaze en la traitant d’idiote et en soupirant une nouvelle fois et se retourna vers Hélios.

-Bon, je crois que nous ne sommes pas prêts de partir à ce rythme. Hélios, est-ce qu’on pourrait rester quelques temps encore ?

-Hein, quoi ? Mais…

-Pourquoi pas, tant que vous ne me prenez pas tout mon argent, je peux bien vous accorder cela.

Lorsqu’Hélios dit cela, une grande joie m’envahit malgré moi. Même si je pensais que le mieux pour mon frère était de voyager et changer d’air, l’avoir à mes côtés me rassurait. Hakaze eut l’air aux anges également et se jeta dans ses bras tandis que Toru tentait d’avoir l’air content, même si on pouvait lire aisément sur son visage qu’il ne comprenait plus rien et qu’il avait décroché depuis longtemps.

C’est ainsi que nous restâmes à Néo Domino City. Trudge nous donna un petit appartement proche du centre-ville. Ce n’était pas bien grand, mais c’était plus que suffisant pour moi qui avais vécu dans un placard à balais pendant près de huit ans.

Ma nouvelle vie n’était pas trépidante, je ne me demandais pas chaque fois si j’allais passer la nuit ou si je n’allais pas me retrouver à la rue le lendemain, sans maison et sans nourriture. Il n’y avait que la routine quotidienne d’une fille qui aurait pu être en vacances, visitant la ville, apprenant à connaitre les bonnes adresses, découvrant de nouvelles curiosités chaque jour.

Mon frère quant à lui, s’entrainait souvent avec Hélios dans un centre de duel. Il semblait énormément aimer ce jeu et n’était pas mauvais du tout, même si l’ex roi restait bien plus fort. Mais il semblait apprécier cette nouvelle vie lui aussi. Maintenant qu’il n’avait plus besoin de me protéger en permanence, il était bien plus détendu et riait même aux blagues d’Hélios de temps en temps.

De son côté, Hakaze avait commencé l’école et n’avait eu aucun mal à s’intégrer en cours d’année. Elle avait déjà de nombreux amis et était irréprochable au niveau des notes, à croire que mon frère lui avait donné des cours particuliers toutes ces années…

Nous lui rendions souvent visite, d’abord tous les jours sous mon impulsion, puis tous les deux jours, jusqu’à finalement ne passer plus qu’une fois par semaine, mais à chaque fois, elle nous accueillait avec un grand sourire en se jetant dans les bras de mon frère.

J’étais vraiment rassurée lorsque je la voyais ainsi, mais je me disais également que je m’étais fait du souci pour rien. Hakaze était forte, bien plus que je ne l’avais été et elle s’adaptait parfaitement à la situation. D’après Toru et Misaki, elle était la fille modèle, toujours à l’écoute, obéissante et serviable.

Un mois et demi passa ainsi de cette manière, dans le calme et la sérénité du quotidien qui commençait à s’installer. Je n’avais plus pensé une seule fois à partir ni même aux menaces d’Hélios, je ne voyais que cette vie dont j’avais toujours rêvée.


Et finalement, le jour du grand départ arriva. Cette fois-ci, il n’était pas question de prendre le train mais d’utiliser les fameuses passerelles d’Hélios pour ne pas que je leur fausse compagnie une seconde fois. Mais cette fois-ci, je n’étais pas anxieuse du tout à l’idée de partir. Non seulement, je savais que j’allais revenir mais en plus, j’avais eu la confirmation qu’Hakaze ne se sentirait pas seule en l’absence de mon frère ou de moi. Je voyais ce voyage comme des vacances d’été, un au revoir temporaire et très bref, en sachant qu’à mon retour, les choses seraient toujours les mêmes.

-Bien, Hakaze, je compte sur toi pour être bien sage en notre absence et n’en profite pas pour rendre Toru et Misaki fous.

-Je serais bien sage, promis Serena ! Ramène-moi de beaux souvenirs de ton voyage !

-Je n’y manquerai pas ; répondis-je avec un large sourire.

-Sur ce, à très bientôt Toru, Misaki, et merci de prendre soin d’Hakaze ; déclara mon frère solennellement.

-Ce n’est rien, c’est un plaisir de l’avoir à la maison, ça change de lui.

-Misaki ! Couina Toru, vexé.

Tout le monde rit de bon cœur. Hakaze avait vraiment de la chance d’avoir trouvé une famille aussi attentionnée.

Après cela, Hélios nous demanda de nous écarter et sortit une clé qu’il introduisit au milieu de rien. Evidemment, rien ne se passa au début et je m’apprêtai déjà à râler lorsque je vis une sorte de flou au niveau de l’endroit où la clé tenait maintenant toute seule dans les airs.

L’ex roi mima le geste de pousser une porte et encore une fois, je restée bouche bée devant ce que je vis.

A travers une fente ayant exactement la forme d’une porte, je pouvais voir de l’autre côté une sorte de chemin de campagne, bordé d’arbres que je ne connaissais pas, sous un ciel bleu azur et un soleil flamboyant. Au loin, je pouvais distinguer une ville, même si je n’avais aucune idée de son nom.

La mâchoire de Toru faillit se décrocher devant ce tour de passe-passe mais Misaki restait de marbre, un petit sourire au coin du visage cependant.

-Prochaine station, Héliopolis !

-Hein ? Héliopolis ? Mais ce n’est pas à des milliers de kilomètres d’ici ? Rétorquai-je.

-Et alors ?

Mon frère ne dit rien de plus et se contenta de passer à travers la fente pour se retrouver de l’autre côté. Hélios passa à son tour et, hésitante, je le suivis. Etrangement, je ne ressentis rien, c’était exactement comme passer d’une pièce d’une maison à une autre et pourtant, l’atmosphère était vraiment différente de l’autre côté.

Il faisait chaud et un petit vent frais soufflait, rendait l’air respirable tandis que de nouvelles senteurs encore inconnues m’envahissaient les narines. Je sentais vraiment que je ne me trouvais plus au Japon, mais dans une autre partie du monde, avec un climat radicalement différent.

Je me retournai vers la porte et je vis Hakaze me faire de grands signes de la main. Mais contrairement à la première fois, elle n’était pas triste et affichait un sourire rayonnant et sincère. Je lui répondis avec le même enthousiasme.

-A bientôt Hakaze ! Porte toi bien !

-Au revoir Serena, Satoshi Onii-chan, Hélios ! Et merci…

Lentement, l’image se brouilla et peu à peu, les visages de trois personnes de l’autre côté de la porte se fondirent dans le décor jusqu’à ne laisser plus que ce chemin de terre sur lequel nous nous trouvions.

-Allons-y, Satoshi, Hélios, notre voyage commence maintenant !


Ainsi commença notre aventure, ma première sortie au-delà des limites de Satellite et Néo Domino City, le début de ma nouvelle vie.

Hélios entama le pas et nous le suivîmes sans poser de question, même si mon frère commençait déjà à se plaindre de la chaleur à laquelle il n’était pas du tout habitué.

Nous marchâmes longtemps sur ce chemin, sans croiser personne, sans que le décor ne change, au milieu des arbres, voyant toujours au loin cette ville ressemblant à un mirage à l’horizon puisqu’elle ne semblait ni se rapprocher, ni s’éloigner au fur et à mesure que nous avancions.

Finalement, au bout de plus d’une demi-heure de marche sans que le paysage ne change, la lassitude me gagna et j’interrompis notre convoi en me plaçant juste devant le roi.

-Eh Hélios, c’est quoi cette arnaque ? Il n’y a rien ici, alors qu’est-ce qu’on fabrique ? J’ai l’impression qu’on tourne en rond depuis des heures !

-Oh, mais c’est peut-être effectivement ce que nous faisons ; me répondit Hélios en prenant un air embêté.

Sa réponse me lassa bouche-bée. Je ne savais pas si je devais en rire, m’énerver ou pleurer de m’être laissée embarquer là-dedans, mais mon frère me donna la réponse que j’attendais avant que je n’envoie Hélios voler dans l’arbre le plus proche.

-Si j’ai bien compris, votre truc de passerelle n’est qu’un raccourci qui ne nous amène pas directement à notre but, c’est bien cela ?

-Ah, on ne peut rien te cacher mon cher Satoshi. Et oui, je vous rappelle qu’Héliopolis est à l’autre bout du monde, donc il va falloir marcher un peu avant d’y arriver.

-Vraiment, et combien de temps encore ? Rétorquai-je.

-Un ou deux mois je pense, mais à pied nous en aurions eu pour une bonne année je pense ; me répondit-il en haussant les épaules.

Devant la tête que je fis lorsque j’entendis cela, Hélios éclata de rire puis sortit une autre clé de sa poche qu’il enfonça à nouveau dans une serrure imaginaire qui, cette fois-ci, s’ouvrit sur un vaste désert.

-Allez les enfants, nous sommes arrivés.

J’avais bien envie de l’étrangler sur le champ mais je me retins et je sortis de cet endroit infernal pour me retrouver dans un four…

Du sable, il n’y avait que du sable à perte de vue. Des dunes, des creux, des collines, des vallées, tout était fait de sable ici. L’air était brûlant également et le vent chaud n’arrangeait rien. Je n’étais vraiment pas habillée pour un tel endroit avec ma veste, mon pantalon et mon tee-shirt à manche longues.

Satoshi ne semblait pas apprécier le climat plus que moi, mais Hélios affichait le même air nonchalant que d’habitude alors qu’il était certainement habillé bien plus chaudement que nous…

-Nous sommes bientôt arrivés, il fait meilleur à Héliopolis, ne vous inquiétez pas ; déclara-t-il, devinant notre malaise.

-Difficile de faire pire en même temps ; grommelai-je en reprenant la route.

Malgré la fatigue et la chaleur, nous suivîmes Hélios à travers les dunes de sable et enfin, après un temps qui me parut infini, Hélios s’arrêta au sommet d’une dune et je pus m’effondrer, le temps de reprendre mon souffle.

Cependant, alors que je pensais ne trouver encore que du sable de l’autre côté, ce que je vis me sidéra.

Devant moi s’élevaient des ruines d’une ancienne cité presque engloutie totalement par le désert, mais dont on pouvait encore voir quelques vestiges surgir du sol.

La forme qu’avaient les dunes devant moi – ou plutôt le creux – me laissait facilement deviner quels étaient les contours de cette cité ainsi que les bâtiments les plus hauts qui formaient de petits monticules par rapport au reste.

Hélios eut un léger sourire devant ce spectacle et je compris où nous nous trouvions : devant les ruines d’Héliopolis, la cité de l’ex roi.

-C’est en meilleur état que ce que je pensais ; dit-il d’une voix presque inaudible.

-En meilleur état ? Vous plaisantez, même Satellite…

-Serena ; m’interrompit mon frère.

Je m’arrêtai net, voyant l’expression d’Hélios. Même s’il se forçait à sourire, la tristesse se lisait dans ses yeux et il me parut tout à coup bien plus âgé et fatigué, comme si son masque venait de tomber en se retrouvant ici.

-Ne trainons pas, ce n’est pas bon de rester au soleil ainsi ; enchaina Hélios en reprenant sa marche vers la cité engloutie.

Plus nous nous rapprochions, et plus je me rendais compte à quel point Héliopolis avait dû être grandiose par le passé. Certaines fortifications étaient encore à l’air libre et me laissait admirer de magnifiques murailles de plusieurs mètres de haut.

Nous passâmes le portail d’entrée dans la ville et Hélios s’arrêta une nouvelle fois pour regarder ce qui se trouvait en face de lui.

-Il y a un peu trop de sable à mon gout ici. Atum, je crois qu’il est temps de faire le ménage.

Le grand dragon doré qui m’avait sauvé la vie le jour de notre rencontre surgit derrière Hélios avant de s’envoler dans le ciel et de battre des ailes si fort que le sable recouvrant la cité commença à s’envoler également dans un tourbillon, qui, après plusieurs minutes, se dissipa dans le désert, nous laissant admirer les ruines d’Héliopolis.

Je fus vraiment surprise devant l’état de conservation des constructions. Toutes les maisons, les temples, les arènes, tout était encore intact, comme si le sable avait protégé la ville des ravages du temps. Le visage d’Hélios s’éclaira légèrement en constatant cela.

-Ça fait du bien d’être de retour chez soi…même si j’aurais préféré que quelqu’un me souhaite la bienvenue…

A ce moment-là, je compris exactement ce qu’Hélios ressentait puisque je l’avais moi-même ressenti quelques semaines plus tôt en revoyant la maison de nos parents après nous en être tenus éloignés pendant plusieurs années.

Nous n’étions pas si différents en réalité, nous avions tous les trois quitté notre chez nous pour vivre une vie dont nous n’étions pas maitres et que nous n’avions pas désirée.

Nous nous enfonçâmes dans la ville fantôme, suivant Hélios qui semblait se diriger vers le bâtiment le plus imposant de la cité, une sorte de palais surplombant le reste de la ville.

Il était un peu surélevé par rapport au reste et possédait de nombreuses tourelles culminant à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol, ce qui devait fournir une excellente protection en cas d’attaque. Il était également entouré d’une grande muraille offrant une protection supplémentaire tandis que, entre les tourelles, il y avait comme de petites maisons taillées dans le roc. Un véritable ville forteresse à l’intérieur d’une forteresse.

Tout était calme, nous n’entendions que le bruit du vent sifflant dans les ruelles ainsi que le bruit de nos pas sur les pavés. Cette ambiance était assez effrayante si on la combinait avec le fait que toutes les maisons que nous croisions semblaient avoir été abandonnées la veille. On pouvait même encore voir des plats dans les cheminés ou des assiettes sur les tables, comme si la ville avait été abandonnée du jour au lendemain et dans la précipitation.

Alors que nous arrivions au pied du palais, Hélios bifurqua soudainement sur la gauche et prit la direction d’un temple qui se trouvait non loin de là. Je ne comprenais toujours pas ce que l’ex roi était venu faire ici, mais il semblait savoir exactement ce qu’il faisait.

-Les enfants ; déclara-t-il une fois que nous fûmes devant l’entrée du temple, ce qui se trouve là-dedans pourrait vous déconcerter, alors je vous préviens dès maintenant.

-Il y a vraiment quelque chose dans cette ruine ? Répétai-je, étonnée.

-On peut dire ça comme ça, même si techniquement, lorsque vous entrerez, vous ne verrez rien.

-C’est votre fameux Luminion, c’est ça ? Demanda mon frère, les bras croisés, sans la moindre émotion dans sa voix.

-Bingo Satoshi. J’ai fait une promesse à Celestia il y a longtemps, celle de réaliser son rêve d’un monde plus juste, plus beau, mais je me suis laissé aveuglé et par ma faute, le monde a bien failli y passer. Mais, même dans la folie, je n’ai pas oublié cette promesse, c’est pourquoi j’ai continué à vivre, même après sa mort, pour poursuivre son rêve.

-Et quel est le rapport avec ce…Luminion ? Va-t-il réaliser ce rêve pour vous ?

Hélios ferma les yeux et mon la main sur son cœur en grimaçant.

-O…Oui…En quelque sorte…Mais ne perdons pas de temps, je n’en ai déjà plus beaucoup…

Sans ajouter un mot de plus, Hélios entra dans le vieux temple, mais il ne m’en fallut pas plus pour comprendre que notre sauveur était souffrant. De quoi ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais il était évident que l’ex roi n’était pas en pleine possession de ses capacités.

-Satoshi, tu sais quelque chose n’est-ce pas ?

-Peut-être bien, je sais de nombreuses choses que tu ignores Serena ; me répondit-il sans sourciller.

-Ne joue pas à l’idiot avec moi, tu sais de quoi souffre Hélios.

-En toute honnêteté, non, mais je connais l’issue de sa maladie : Hélios est mourant.

C’était exactement ce que je craignais mais j’espérais que Satoshi éloigne mes craintes au lieu de me les confirmer. Mais, même en sachant cela, que pouvais-je faire pour l’aider ? Je m’en voulais d’être aussi inutile face à ses problèmes alors que lui nous avait tout donné en venant à satellite…

Comme répondant à mes questions, Satoshi pénétra à son tour dans le temple et m’invita à le suivre.

Je retrouvai alors Hélios au centre de la pièce, devant un mur sur lequel de nombreuses inscriptions étaient écrites en hiéroglyphes. Juste devant se dressait un petit autel entouré de deux colonnes romaines s’élevant jusqu’au plafond. Il n’y avait rien d’autre dans le temple à part des torches éteintes, tout le bâtiment semblait avoir été construit pour cet unique autel.

-Ohé, Luminion, tu es encore là ? Tonna Hélios.

Sa voix résonna plusieurs instants dans la salle vide avant de disparaitre dans le silence. Je fus assez surprise de la manière dont s’adressait Hélios à ce qui était vraisemblablement une divinité antique. Si j’avais voulu appeler un ami se cachant dans le temple, j’aurais employé le même ton.

-Hélios, vous êtes sûr que…

Je fus interrompue par un grondement sourd provenant du sol qui se mit à trembler légèrement. Je m’affolai déjà en voyant de la poussière tomber plafond et des murs et je m’apprêtai déjà à m’enfuir avant que le bâtiment ne s’écroule sur nous mais Hélios restait imperturbable.

Tout à coup, toute les torches s’allumèrent et illuminèrent la pièce, auparavant plongée dans les ténèbres et une paire d’yeux bleu turquoise apparut sur le mur à présent doré.

-Tu en as mis du temps, Hélios ; déclara une voix grave et puissante, mais dénué d’agressivité.

-Ne me fais pas croire que cinq mille ans, c’est long pour toi ; ricana l’intéressé.

-Plus long que tu ne le crois. Mais je vois que tu n’es pas venu seul, une fois de plus.

-Tout à fait, je te présente Serena et Satoshi…

-Les enfants d’Armageddon, n’est-ce pas ? L’interrompit la voix.

J’eus un hoquet de surprise et Satoshi sursauta avant de faire un pas en arrière, méfiant. Cependant, la voix avait prononcé ces mots d’un ton tout à fait naturel.

-Et…Et vous, qui êtes-vous ? Bégayai-je, peu rassurée.

-Mon nom est Luminion, démon Originel de l’éclat.

Lorsque j’entendis ce nom, mon cœur s’accéléra et une sensation étrange m’envahit, une sorte de pulsion meurtrière me poussant à détruire la créature que j’avais en face de moi. Je fis néanmoins tout pour me contrôler et je ne bougeai pas d’un pouce.

Satoshi devait ressentir la même chose car son regard, d’habitude si vide et dénué d’expression, avait changé et regardait le mur, l’air terrorisé.

La créature émit une sorte de rire grave devant nos expressions.

-Ne vous inquiétez pas les enfants, ce n’est qu’une vieille querelle entre Armageddon et moi, ne vous sentez pas concernés et vivez simplement votre vie comme bon vous semble.

Je ne comprenais plus rien à la situation. Je pensais que cette sensation était due au fait que la créature nous ayant tout pris, Gariatron, possédait un nom similaire à celui de Luminion, mais ce dernier venait d’évoquer quelque chose d’autre, de bien plus grave et de bien plus grande envergure qui ne nous concernait pas que nous, mais apparemment beaucoup d’autres créatures dont j’ignorais encore l’existence.

-Un jour je vous raconterai cette histoire, mais quand vous serez plus grands ; déclara Hélios. Et sinon Luminion, toujours d’accord pour notre petit arrangement ?

-Tant que tes objectifs n’ont pas changé, je n’ai aucune raison de refuser, surtout maintenant que tu as compris l’erreur de mon frère.

-Parfait ! Essayons de nous entendre mieux que Gariatron et moi ; lança Hélios avec un large sourire.

Lentement, la luminosité diminua tandis que quelque chose était en train de se former dans les mains d’Hélios, une carte de duel. Cependant, c’était bien la première fois que j’en voyais une de la sorte : dorée comme le soleil avec comme nom : Luminion, démon Originel de l’éclat.

Immédiatement après cela, Hélios se tourna vers nous, le visage rayonnant, toutes ses rides ayant disparu d’un seul coup.

-Ah, je me sens mieux, merci bien Luminion. Et maintenant que cette petite affaire est réglée, nous pouvons aller où vous voulez les enfants !

-Une minute, vous pourriez nous expliquer quand même ce qui vient de se passer non ? Répliquai-je aussitôt.

-Je pourrais oui, mais est-ce que je voudrais, c’est une autre question.

-Evidemment que vous le voudriez, les enfants d’Armageddon n’ont-ils pas le droit de savoir ? Lança mon frère.

-C’est assez long et ennuyeux, alors je vais vous le résumer en deux phrases : Il y a très longtemps, avant même le début de notre civilisation, il y avait…

-Stop, j’en ai assez entendu ! L’interrompis-je, commençant déjà à bailler.

-Je vous avais prévenus pourtant ; rétorqua-t-il en haussant les épaules.

Après cela, l’ex-roi sortit une nouvelle clé de sa poche qu’il introduisit dans une nouvelle serrure imaginaire puis une porte s’ouvrit. Cependant, contrairement à la dernière fois, seule une vive lumière me provenait de l’autre côté, impossible de discerner quoique ce soit.

-J’ai ouvert un passage vers une destination aléatoire, j’ai pensé que notre voyage serait plus palpitant ainsi ; nous expliqua-t-il, l’œil brillant.

-Tant que ce truc ne nous emmène pas droit dans un précipice ; soupira mon frère avant de s’engager.

L’instant d’après, ce dernier disparu en poussant un cri qui s’éloignait de seconde en seconde. Affolée, sans même essayer de comprendre ce qui se passait, je me précipitai à sa suite et je me retrouvai en chute libre au-dessus d’une cascade perdue dans une forêt et j’entendis Hélios derrière moi déclarer :

-Ah, on dirait bel et bien un précipice…c’est pour ça que je déteste l’aléatoire…





Serena : Sombre Destinée



Spoiler :


Ainsi débuta réellement notre voyage aux côtés d’Hélios. Ce genre d’incident se reproduisit de nombreuses fois, mais au bout d’un moment, ni mon frère ni moi ne nous étonnions lorsque les portails d’Hélios nous emmenaient au fond de l’océan, au-dessus d’un précipice ou au sommet d’un pic montagneux.

Malgré tous ces désagréments, nous vîmes néanmoins de nombreux lieux mondialement connus tels que les pyramides d’Egypte, les ruines de Grèce, les vestiges de la civilisation Chinoise, les lignes de Nazca, les rocheuses, New York, Paris, Londres, Vienne et tant d’autres villes où nous passâmes du bon temps, tels des touristes prenant de longues, très longues vacances.

Evidemment, je ne manquai pas à chacune de nos escales, d’acheter un petit souvenir à Hakaze comme je lui avais promis, si bien qu’après un mois, Hélios du tout renvoyer à notre appartement à Néo Domino City pour pouvoir continuer à voyager.

Luminion nous raconta également son histoire, celle d’une guerre sans fin entre ses frères et lui et notre soi-disant père, Armageddon. Je n’avais pas tout saisi, mais ayant pris ma décision de ne pas me mêler de ces histoires, je ne pris pas parti une fois de plus, et il en fut de même pour mon frère.

Et finalement, après presque deux mois à traverser le monde, notre voyage toucha à sa fin. Nous avions fait le tour de la planète, visitant un pays différent chaque jour, et nous nous trouvions aux portes du Japon, prêts à rentrer chez nous, à Néo Domino City lorsqu’Hélios prit la parole d’un air malicieux.

-Ah, tout cela me rappelle le monde des esprits, j’aimerais bien y retourner un de ces quatre.

-Le monde des esprits, qu’est-ce que c’est encore que ce truc ? Demandai-je, intriguée.

-Voyez-vous, il existe notre monde, le monde des humains, mais les monstres de duel comme Atum possèdent également leur propre monde, le monde des esprits.

-Et…C’est intéressant ce monde ?

-Très intéressant ma chère Serena !

-Dans ce cas, allons-y ! Satoshi, tu es partant ?

-Si la majorité l’a décidé, je ne m’opposerai pas ; répondit-il toujours aussi désintéressé.

-Parfait, c’est reparti pour un tour ! Les anciens seront contents de me revoir…ou pas, mais on s’en fiche, moi je suis content, c’est tout ce qui compte !

Hélios sortit alors une autre de ses clés de sa poche mais cette dernière était légèrement différente des clés habituelles. Elle était un peu plus grosse et dorée, avec de petites gravures incrustées et sa forme était aussi particulière : pointue au bout mais avec un nombre incroyable de formes. Elle était certainement unique en son genre et je voyais mal comment copier une telle clé.

L’ex roi, comme chaque fois, l’inséra dans une serrure imaginaire et poussa une porte tout aussi imaginaire mais l’endroit sur lequel elle s’ouvrit me dérouta totalement.

En passant de l’autre côté, une sensation étrange m’envahit. Cette fois-ci, je ne faisais pas que passer une simple porte, c’était comme si je passais au travers une sorte de toile d’araignée gluante. Je sentais bien que l’endroit où je m’apprêtais à poser les pieds n’était plus notre monde.

Devant moi s’étendait une forêt, mais il m’était impossible d’identifier de quels arbres il s’agissait, alors que pourtant, après notre tour du monde, j’étais devenue assez calée dans le domaine. Ils étaient grands, bien plus que n’importe quel arbre de notre monde, avec des troncs sombres, presque noirs et leurs feuilles étaient un mélange entre des pétales de cerisier et des feuilles de marronnier.

Le sol aussi était différent. Il y avait bien de la terre, mais en marchant dessus, je ressentais quelque chose d’étrange, comme si elle vibrait à mon contact. L’air, quant à lui, était normal…bien trop normal. Il n’y avait aucune trace de pollution ni d’aucune activité humaine. Il n’y avait que de l’air le plus pur qui soit.

Mon frère, pour une fois, eut l’air tout aussi surpris que moi en arrivant dans ce nouvel environnement…Non, il semblait même totalement fasciné par ce qu’il découvrait, comme s’il avait enfin trouvé ce qu’il cherchait.

Lorsqu’Hélios entra à son tour, il se contenta d’inspirer un grand coup et s’exclama :

-C’est bon de revenir ici quand même !

-Dites Hélios, si vous êtes vraiment déjà venu ici, c’était pour y faire quoi ? Demandai-je alors.

-Lorsque j’avais avec moi Gariatron, je venais souvent ici pour retrouver ma liberté. Dans ce monde, les démons n’ont pas besoin de corps pour subsister, donc il partait se balader de son côté, me laissant tranquille. D’ailleurs Luminion, tu n’as pas envie de te dégourdir les jambes ?

-N’oublie pas que je suis un paria, si quelqu’un me voyait ici, tu pourrais me dire adieu ; rétorqua le démon de l’éclat.

-Comme tu voudras. Et vous les enfants, que voulez-vous faire ici ?

-L’arbre des Naturia ; déclara immédiatement mon frère.

-L’arbre…des Naturia ? Répétai-je, confuse. Hélios, qu’est-ce que c’est que ce truc ?

-C’est assez délicat Satoshi, tu ne voudrais pas…

-Non, il faut y aller, maintenant ; répliqua-t-il d’un ton que je ne lui connaissais pas.

Hélios hésita quelques instants avant de céder à sa demande, non sans avoir l’air vraiment embêté. Je ne comprenais pas ce qui arrivait à mon frère, il était très rare de le voir prendre une décision de lui-même si cela concernait également d’autres personnes, mais en plus il évoquait un endroit dont nous n’avions jamais entendu parler…quelque chose ne tournait pas rond.

Nous suivîmes donc Hélios à travers la forêt. Tout était calme, nous ne croisâmes pas un seul esprit de duel. Au loin, j’entendais le chant d’un oiseau qui m’était inconnu accompagné du sifflement du vent dans les hautes branches des arbres de cette forêt. Mais il y en a un que je n’entendais plus assez, c’était mon frère. Il ignorait tout bonnement mes appels, comme s’il était ailleurs.

Finalement, après une bonne dizaine de minutes de marche, nous arrivâmes au pied d’un grand arbre au milieu d’une clairière. Mais en disant grand, je minimisais…Il était gigantesque ! Il était si haut que la cime était cachée au milieu des nuages. Son tronc quant à lui, semblait plus être un enchevêtrement de branches qu’un véritable tronc. Dessus poussaient comme de nombreux petits arbres…ou du moins qui paraissait petits. J’avais vraiment le vertige rien qu’à regarder cette chose…

Lorsque nous posâmes un pied dans la forêt, deux monstres de duels, que je reconnus comme étant Barkion et Lion Naturia, s’interposèrent. Ils n’avaient pas l’air agressifs, mais ne semblaient pas décidés à nous laisser passer.

-Halte-là, personne ne peut approcher l’arbre sacré de plus près ; grogna Barkion.

-Ah, vous deux, cela faisait bien longtemps, n’est-ce pas ? Se contenta de répondre Hélios.

-Mais si ça ne serait pas…Hélios ; s’étonna le lion. Je croyais pourtant que la vie des humains était très limitée. Et ne nous étions nous pas dit adieu la dernière fois ? Qu’est-ce qui t’amène à nouveau ici ?

-C’est assez compliqué, je vous raconterai tout cela une prochaine fois.

-Co…Comment ça, une prochaine fois, parce que tu comptes revenir ? S’étrangla le dragon. Je te préviens, ne t’avise pas de retourner au village, la dernière fois, on a mis plus de trois semaines à tout remettre en ordre !

-Je passerai dire bonjour, ça ne fait jamais de mal. Mais au fait, je vous présente mes petits protégés, Serena et Satoshi, deux jumeaux que j’ai rencontré à Satellite et qui m’accompagnent.

-J’espère qu’ils sont plus dégourdis que cette fille…Commença le lion avant de s’arrêter net.

Son expression se durcit d’un seul coup en voyant nos visages. Il ne grognait pas mais il était facile de voir qu’il se retenait de nous sauter dessus. Il en fut de même pour Barkion dont le visage se figea et qui nous observait avec des yeux ronds de surprise.

Je n’avais aucune idée de pourquoi ils réagissaient de cette façon, mais mon frère ne semblait même pas les avoir remarqués et continuait à fixer l’arbre, le regard toujours aussi vide.

C’est alors que cela se produisit.

-Serena, Satoshi, vous êtes enfin revenus ; déclara une voix dans ma tête, la même voix m’ayant parlé durant le combat contre Hélios.

-A…Armageddon ?

Personne ne me répondit mais tous les regards s’étaient soudainement tournés vers moi et je me rendis compte que j’avais parlé à voix haute.

-Hélios, tu comptes vraiment détruire ce monde ? D’abord le démon…puis ça ? Grogna le lion.

-Je ne vois pas de quoi vous parlez ; lui répondit-il en haussant les épaules. Sur ce, il se fait tard, je vais vous laisser. A plus vous deux !

L’ex roi se retira et nous le suivîmes mais je continuais à sentir les regards méfiants des deux gardiens sur nous et je compris que ce qu’Hélios nous avait révélé à Néo Domino City était vrai. Ces deux monstres auraient pu nous tuer, et ils l’auraient certainement fait à en juger par leurs expressions, mais avaient gardé leurs distances, comme s’ils avaient peur, comme s’ils connaissaient notre véritable pouvoir…

De plus, le souvenir de cet arbre montant jusqu’au ciel me hantait. Je ne voyais plus que lui, comme si j’étais attiré, comme si ce n’était pas un simple arbre, comme s’il y avait eu une autre présence à l’intérieur qui m’attirait à elle…

Une chose était sûre : nous n’étions pas les bienvenus dans ce monde.

Cependant, lorsque je revins à Néo Domino City, toutes mes préoccupations s’envolèrent en revoyant Hakaze se jeter dans mes bras à notre retour. Nous n’étions peut-être partis que deux mois, mais j’avais l’impression qu’elle avait grandi. Peut-être était-ce le fait de vivre dans un environnement sain et non dans une poubelle qui lui permettait de se développer bien plus vite. Mais dans tous les cas, j’étais vraiment heureuse pour elle.

Nous restâmes cependant peu de temps dans notre appartement à Satellite car Hélios devait se rendre en France pour rencontrer de vieux amis selon ses propres dires. Et c’est ainsi que nous fîmes la connaissance de Laura dans le monde des esprits, puis d’Angéla, June, Maya et Ambre en arrivant chez Sherry, puis encore plus tard du club de duel de Laura composé de Miyako, Saya, Darksky, Nagisa et Alan, tant de personnes avec qui j’ai partagé de bons moments, avec qui j’ai ri et combattu, tant de personnalités différentes mais toutes aussi intéressantes les unes que les autres.


-C’est pourquoi, je ne regrette en rien le choix que j’ai fait ce jour-là, où Hélios est venu nous chercher, à Satellite ; j’achève finalement.

Un long silence suit mon récit et la créature devant moi ne prononce pas un seul mot. Elle reste simplement assise, accoudée à son trône, me dévisageant de ses yeux rouges et luisant dans l’obscurité. Mais je lui tiens tête et mon frère à mes côtés fait de même. Nous nous le sommes promis, de rester en dehors de toute ces histoires et de vivre une vie normale.

Finalement, le dragon qui nous fait face reprend la parole d’une voix lente et grave.

-Dois-je en conclure que vous refusez de vous joindre à moi ?

-Catégoriquement ; répond mon frère sans une hésitation.

-Comprenez-vous que c’est grâce à moi que vous avez pu vivre ce que vous avez vécu ? Que c’est moi qui ai mis Hélios sur votre route ? Il aurait pu arriver n’importe où, mais il t’a rencontré dans cette ruelle ce soir-là, ne m’es-tu pas redevable Serena ?

-C’est vrai, et je vous remercie pour ce que vous avez fait, mais notre décision est prise : nous resterons à ses côtés aussi longtemps qu’il le faudra.

-Soit, dans ce cas, disparaissez de ma vue, ma sachez cela : vous vous joindrez à moi un jour ou l’autre, le destin…non, moi, Armageddon, j’en ai décidé ainsi.

-C’est ce que nous verrons, nous sommes maitres de notre propre destin, vous devriez le savoir mieux que quiconque, très cher père ; je rétorque sèchement.

Sur ces mots, ma vision se brouille et petit à petit, la grande salle disparait et je reviens dans ma chambre à Néo Domino City. Armageddon peut dire ce qu’il veut, c’est Hélios qui nous a sauvés, il est le seul envers qui j’ai une dette.

-Jamais…Je ne trahirai Hélios ; je murmure seule dans ma chambre tout en serrant le poing alors que je repense à la guerre se préparant.

Moi, Serena, fille d’Armageddon, je fais le serment d’arrêter cette guerre coute que coute.





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le bon temps…

Tutiou
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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [03/08/2014] à 15:32

Citation de heart earth Le [26/07/2014] à 02:07

Il va rencontrer un certain nombre de filles et va les aider à résoudre leurs problème dans un premier temps, et dans un deuxième temps, l'action reviendra 😉


Bizarrement, ça me fait penser à quelque chose 🙄


Le Duelliste original n’est pas celui qui n’imite personne, mais celui que personne ne peut imiter.

heart earth
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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [04/08/2014] à 19:44

Non, absolument aucune référence a key tutiou 😛

Aller, fin du chap 2


Mes amies me regardèrent, attendant ma réponse. Cela faisait maintenant deux ans que je ne lui avais pas parlé, et tout à coup, je me retrouvais à devoir l’affronter en duel. Heureusement, je connaissais bien son style de jeu, étant donné que je lui avais tout appris au sujet du duel. J’acceptai donc ce marché, au grand soulagement de mes amies et monsieur Lareine nous emmena dans le gymnase où l’autre club nous attendait déjà. Aymeric était là lui aussi, avec son air arrogant. Il était toujours aussi sûr de lui, il n’avait donc pas changé ? Lorsqu’il me vit, un sourire cruel s’afficha sur son visage.

-Alors comme ça, c’est vous qui voulez nous faire concurrence ? Si j’avais su, je ne me serais même pas dérangé ; dit-il d’un ton supérieur.

-Je n’ai guère envie de parler avec toi, alors finissons-en vite tu veux ? Répliquai-je en soupirant.

-Comme tu voudras, je me suis énormément amélioré depuis l’époque où nous jouions ensemble !

-Je l’espère sincèrement pour toi, sinon, c’est moi qui me serais déplacée pour rien.

-Oh, pourquoi être aussi dure avec moi ? Répliqua-t-il. Et puis, je m’en fiche, je pioche et j’invoque gobelindberg en mode attaque, et par son effet, j’invoque Kagetokage depuis ma main !

-Je rêve où tu joues toujours ton deck de démarrage V pour victoire ? M’exclamai-je en pouffant. En plus, tu ne sais toujours pas le jouer, tu n’as pas besoin de l’effet de Gobelindberg pour invoquer Kagetokage…

-Je… Je le savais ; reprit-il, pour qui me prends-tu ? Passons, je superpose Gobelindberg et Kagetokage de niveau quatre pour construire le réseau recouvrement : numéro 39 utopie ! Je pose une carte face cachée et je te laisse la main.

Son monstre fut acclamé par ses camarades du club. Ils étaient aveugles ou quoi ? Ce monstre est ridicule, minable, inutile et en plus, il est moche… Mais cela confirmait que son style n’avait nullement évolué depuis deux ans.

-Si c’est tout ce dont tu es capable, je vais t’achever dès mon premier tour. Je pioche et j’active le sanctuaire céleste. Voici ensuite terre, agent du mystère, et comme je contrôle le sanctuaire, j’ajoute maitre Hypérion à ma main. Ensuite, toujours avec le sanctuaire céleste, j’invoque spécialement Uranus, agent du destin depuis ma main et j’active son effet : j’envoie Vénus, agent de la création au cimetière et il prend le niveau de vénus, soit trois. Aller, finissons-en, je retire terre de mon cimetière pour invoquer Maitre Hypérion ! Et maintenant, son effet, je retire vénus du cimetière pour détruire Utopie !

-Pas si vite, j’active un piège : aura d’utopie, en détachant un matériel de mon monstre, il ne pourra pas être détruit par des effets de carte, bien essayé.

-Bon, ça sera pour le prochain tour je suppose ; grommelai-je. J’attaque utopie avec Hypérion…

-Et je l’annule. Alors, qui utilise toujours les mêmes cartes ? Jubila-t-il.

-C’est toi je te signale, Uranus vient tout juste de sortir…

-Aucune importance, je te finirai ce tour ci. J’active destructeur d’Utopie pour détruire Uranus et tu subis 2200 de point de dommages !

Angéla : 1800 – Aymeric : 4000

-Je n’ai pas fini, j’active ZW – porteur de tornade et ZW – Lame foudroyante que j’équipe à utopie. A présent, il gagne 2500 points d’attaque et ne peut pas être ciblé par des effets de cartes, de plus, tu ne pourras pas détruire mes équipements, utopie attaque Hypérion et termine ce duel !

-Tu es vraiment stupide, ou bien tu as une mémoire défaillante, lorsque je contrôle mon sanctuaire, je ne subis aucun dégât d’un combat impliquant un monstre de type Elfe.

-Je… Je termine mon tour ; dit-il d’une voix peu assurée.

-Aller, terminons ce duel, je commence à avoir faim moi ; soupirai-je. Je pioche et j’active Walhalla le sanctuaire du déchu pour invoquer spécialement Athéna depuis ma main. Voici ensuite les ailes de Socrate…

Le terrain se mit à trembler et le grand dragon bleu apparut sur le terrain. Aymeric recula rapidement et trébucha avant de tomber sur les fesses.

-Qu…Qu’est-ce que c’est que ça ? Bégaya-t-il effrayé par le regard glacé de Socrate.

-Simplement une carte que j’ai obtenue l’année dernière durant mon combat contre les forces de l’orichalque ; répondis-je naturellement. Mais ce n’est pas le plus important, je fusionne Athéna et les ailes de Socrate pour donner naissance au Dragon ailé d’Athéna, et quand celui-ci arrive sur le terrain, annule les effets de toutes les tiennes. Mais ce n’est pas tout, lorsqu’elle combat un monstre, il gagne une attaque égale à celle du monstre adversaire, soit 2500. De plus, j’active depuis ma main l’ange de Loyauté qui va faire gagner 2500 points d’attaque supplémentaire à mon monstre, pour un total de 7200 points d’attaque…

Angéla : 1800 – Aymeric : 0

Mon adversaire était au sol. Son regard était empli de terreur et de haine. Mais je m’en fichais, sa prétention l’avait une fois de plus perdu.

-Tu n’as pas évolué du tout ! Déclarai-je alors. Tu es toujours le duelliste médiocre que tu étais, tu fonces dans le tas sans réfléchir, tu te bases sur la puissance d’un seul monstre et une fois qu’il est détruit, tu n’as plus aucune ressource, tu ne seras jamais un grand duelliste ainsi !

Je rangeai mes cartes dans mon étui et je m’apprêtai déjà à sortir de la salle sans me retourner et sans attendre l’annonce du résultat, lorsque je fus prise de vertiges. Le monde autour de moi commença à tourner, ma vision se brouilla, j’entendis des bourdonnements dans mes oreilles et ma tête me fit souffrir. Je fermai les yeux et la douleur se calma immédiatement.

Lorsque je les rouvris, je ne me trouvais plus dans le gymnase mais de retour sur la lande infinie. La forteresse volait toujours au-dessus de moi, mais ses canons ne me visaient pas cette fois-ci.

-Angéla ? Dit une voix à côté de moi.

Je me retournai, et je vis June à ma gauche qui semblait tout aussi perdue que moi.

-Alors comme ça, toi aussi tu as fait ce rêve hier ?

-Oui…Attends, ne me dis pas que tu as vu la même chose que moi ?

-Si, une immense forteresse et des dragons voltigeant autour… Tu sais ce que cela signifie ?

-Absolument pas…

Soudain, un rugissement se fit entendre. Je frissonnai. On aurait dit le cri d’un monstre de film de science-fiction, le genre de créature généralement immense et qui n’hésite pas à dévorer les amis du héros…

Je n’avais pas totalement tort, celui qui avait poussé ce rugissement apparut juste après. C’était un grand dragon mauve aux ailes de lumière. Il passa devant nous à une vitesse folle avant de s’attaquer aux gardes ailés de la forteresse. Il n’était pas seul. Un autre dragon, bleu comme la mer, le suivait de près, tandis qu’un troisième portant une armure argenté assurait ses arrières. C’est alors qu’une femme descendit du ciel et s’approcha de nous. Elle avait à la main un sceptre rouge et un bouclier mauve. Son visage m’était vaguement familier, mais impossible de me rappeler l’endroit où je l’avais vue.

-Angéla, June ; commença-t-elle.

-Vous… Vous connaissez nos noms ? S’exclama June interdite.

-Aidez…Nous…

La vision se brouilla subitement et nous nous retrouvâmes à nouveau dans le gymnase. Personne ne semblait avoir remarqué quoi que ce soit. J’avais toujours mon disque de duel à la main et Socrate se trouvait toujours sur le terrain, à croire que tout cela n’était qu’un rêve. Mais, lorsque je regardai dans la direction de June, son expression déroutée me disait tout le contraire.

Chancelante, je me dirigeai vers la sortie sans un seul mot de plus pour mon adversaire, et je fus bientôt rejointe par June, Maya et Ambre.

-C’était incroyable ! Me dit Ambre en me tapant dans le dos. C’est avec cette même carte que tu nous as battu n’est-ce pas ?

-Je me sens humiliée ; protesta Maya, tu utilises la même carte pour nous vaincre nous et ce minable, à croire que tu le mets sur le même plan que nous !

-Désolée, mais je l’avais en main, autant l’utiliser n’est-ce pas ? Répondis-je évasivement.

Comme chaque jour, nous nous séparâmes au coin de la rue où chacune prenait une direction différente. Cependant, alors que j’étais sur le point de partir, June me retint par la manche.

-Alors ce n’était pas un rêve ; dit-elle en fronçant les sourcils.

-Je ne crois pas, mais je n’en sais pas plus que toi sur le coup.

-J’ai déjà vu cette forteresse ; avoua-t-elle alors. Dans la bibliothèque de mon père…

-V… Vraiment ? Bégayai-je surprise par cette révélation. Tu as de ces trucs chez toi June…

-Oui, mais tu devrais venir voir par toi-même ce dont il relève, tu as le temps de passer maintenant ?

-J’imagine que oui, mon père ne pourra pas me blâmer encore plus qu’il ne le fait habituellement.

Nous prîmes donc la direction de la colline sur laquelle June habitait. Très peu de mots furent échangés au cours du trajet, elle semblait totalement perdue dans ses pensées et très préoccupée par ce que nous avions vu. Je l’étais moi aussi bien sûr, mais je n’arrivai pas à capter le sens de cette vision. Nous devions les aider ? Mais qui devions nous aider ? Et les aider à faire quoi ?

Nous traversâmes la cours carrée et June sonna à la porte de chez elle. Son père, le professeur Wheeler, vint nous ouvrir. Il portait sa blouse blanche –enfin blanche, façon de parler – habituelle et semblait toujours aussi insouciant.

-Tiens Angéla, ça faisait longtemps ; dit-il joyeusement. Comment se passe vos activités de club ? Vous avez réussi ? June en a longuement parlé hier et…

-Papa, nous sommes désolées de ne pas pouvoir discuter école plus longtemps, mais aurais-tu toujours le livre que tu as montré à Angéla l’année dernière ?

Le professeur nous regarda étonné, avant de nous inviter à entrer. Je pris une chaise et il revint quelques instants après avec le vieil ouvrage poussiéreux contenant la prophétie d’Hélios. Je déglutis en le voyant. Il ne nous avait apporté que des ennuis comme l’avait dit monsieur Lareine. Est-ce que cette vision était un signe d’une nouvelle catastrophe ? Le seul moyen de le découvrir était de parcourir cet ouvrage.

June ne fut pas longue à retrouver sa page et elle me mit le livre sous le nez. Il y avait un dessin d’une forteresse volante, grise, et armée, exactement comme celle de la vision. A côté était écrit « citadelle originelle ». Au bas de la page était représentée la citadelle des dieux, reconnaissable à la glace l’entourant. Les deux édifices semblaient se faire face.

-Oh non, ne me dis pas qu’il s’agit encore de Gariatron ! Dis-je d’un ton plaintif.

-Non, pire que ça ! Répliqua June. Tu n’as jamais entendu parler de la légende des six démons originels je parie ?

-Non, jamais. Mais démon originel, tu parles de créatures comme Gariatron je me trompe ?

-Oui, mais mon père serait plus apte à t’en parler que moi je pense.

Le professeur s’éclaircit la voix et prit la parole.

-La légende des démons originels, oui, il me semble l’avoir étudié il y a longtemps, d’ailleurs, à cette époque je…

-Abrège, nous n’avons pas le temps ; râla June.

-Bien, selon la légende, avant les dieux, il aurait existé des créatures nommées « démons originels », Gariatron serait l’un d’eux d’ailleurs. Nous n’avons gardé la trace que de six démons, même si nous pensons qu’il y en avait bien plus. Ils s’appelaient Pyros, Syphos, Tellas, Typhos, Luminion et Gariatron. Leurs pouvoirs nous sont encore inconnus, même si nous avons pu voir que Gariatron maitrisait les ténèbres à sa guise. Ils sont également bien plus puissants que les dieux, et ils les auraient même affrontés, puis défaits dans une ultime bataille se tenant justement dans votre forteresse originelle. Cependant, les démons ont disparu de la surface de la terre du jour au lendemain, et les dieux ont pris leur succession dans les esprits des humains. Maintenant, si vous me demandez pourquoi Gariatron est revenu l’année dernière, je n’ai pas la réponse.

-Et y aurait-il une quelconque… prophétie à propos de ces démon ? Demandai-je en repensant à la demande d’aide de la jeune femme.

-C’est amusant que vous parliez de ça, car pas plus tard qu’hier, Alice, que vous avez rencontrée durant votre périple, m’a contacté pour me faire part d’une découverte surprenante au sujet de Gariatron, mais n’a pas donné plus de détails. Peut-être qu’elle pourrait vous éclairer plus que moi. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider davantage…

-Non, c’est déjà suffisant ; dis-je pour le réconforter. Nous étions simplement intriguées par cette légende, rien de plus.

Je saluai June et le professeur avant de rentrer chez moi. Le soir, seule dans ma chambre, devant un exercice de maths infaisable, je repensais à cette légende. Si tout ce que le professeur avait dit s’avérait exact, nous aurions bientôt des nouvelles des frères de sang de Gariatron si ce dernier avait décidé de se manifester maintenant. J’avais également un mauvais pressentiment à son sujet. Nous avions beau l’avoir battu et l’avoir vu s’évaporer dans les airs, quelque chose me disait que nous n’en avions pas fini avec lui. Mais étais-je capable de le vaincre une deuxième fois ? J’avais déjà failli y laisser ma peau durant notre duel, si Drago et Darksky ne m’avait pas sauvée, je ne serais certainement plus de ce monde.

Je sortis mon deck et je contemplai ma carte maitresse : les ailes de Socrate. Cette carte était apparue mystérieusement durant mon duel contre Maya et Ambre et ne m’avait jamais déçu, pas même aujourd’hui. Mais méritai-je vraiment de posséder une telle carte ? Sa puissance était effrayante, avec sa capacité de fusionner avec n’importe quelle carte de mon jeu. Mais cette puissance n’étais pas la mienne, à chaque fois que j’invoquais ce monstre, c’était comme si une autre personne jouait à ma place. Peut-être devrais-je essayer de la retirer de mon jeu, pour quelques temps du moins. Je ne savais vraiment plus quoi faire. Devais-je demander conseil à Laura ? Elle qui avait été victime de ses cartes pendant deux longues années, elle saurait certainement quoi faire.

Je pris mon portable pour lui envoyer un message, lorsque notre conversation de la veille m’apparut au milieu de l’écran, avec mon message stupide en dernière position. Je me sentis mal tout à coup. L’avait-elle réellement fait ? Si oui, je plaignais d’avance ce pauvre Darksky…

J’hésitai soudain à lui demander conseil. Et si elle m’en voulait de lui avoir donné un tuyau aussi idiot ? Elle était très bien capable de se venger de moi en me faisant subir la même chose, d’autant plus que son silence ne présageait rien de bon…

Je me résolus finalement à attendre une réponse de sa part avant de faire quoi que ce soit, et je me replongeai dans mon exercice de Maths. « Soit Un une suite telle que Un= ∑Uk/∏Uk pour k variant de 1 à n, calculer Un ». Cet exercice eut pour vertu que je me couche tôt pour une fois car je m’endormis dessus au bout de cinq minutes.

Le lendemain, la journée de cours fut pour des moins banale, comme toujours, mais le soir fut bien plus intéressant. C’était notre première journée en tant que Club officiel. Lareine nous avait trouvé une salle assez grande pour nous entrainer sans casser de matériel et avait même créé des prospectus pour les recrutements. Il était réellement investi dans ce club, cela faisait plaisir à voir.

-J’ai également planifié nos activités jusqu’au grand tournoi inter-école de décembre ; déclara-t-il.

-Un planning ? S’exclama Maya, nous ne sommes tout de même pas en cours !

-Et que pensais-tu faire en créant un club ? Répliqua Ambre. Faire de simples duels comme nous le faisons tout le temps ?

-Ambre a raison ; compléta June. Un club de duel est avant tout fait pour s’améliorer dans de meilleures conditions que si nous le faisions nous-même. Alors, quel est le programme professeur ?

-Un peu de patience, vous découvrirez tout en temps et en heure, mais aujourd’hui, j’avais prévu de commencer par les bases, c’est-à-dire les deck.

-Vous n’allez pas nous expliquer comment jouer au duel de monstres ; raillai-je. Nous savons bien qu’un deck doit être composé de quarante cartes, avoir un certain équilibre entre les monstres, les magies et les pièges et bien sûr, pouvoir faire face à toutes les situations.

-Ah, vous pensez tout connaitre sur vos deck ? Et qu’en est-il des deck de vos adversaires ? Dit Lareine d’un air malicieux.

-Comment voulez-vous connaitre les deck de nos adversaires ? Nous ne savons même pas qui nous allons affronter…

-Et voilà ce que je voulais entendre ! Dit-il en abattant son poing sur la table. Même si vous ne connaissez pas le deck de votre adversaire, il vous est très facile de discerner rapidement sa stratégie. Par exemple, s’il pose cinq cartes dès le début du duel, qu’est-ce que cela signifie Maya ?

-Bah, qu’il a une main infecte ; répondit-elle en haussant les épaules.

Sa réponse simpliste nous arracha un sourire à toutes les trois, et à Lareine également. Cependant, elle ne semblait pas se rendre compte de ce qu’elle venait de dire à en juger par son expression d’incompréhension.

-Oui, mais pas forcément ; expliqua calmement notre professeur. Il se peut qu’il n’ait rien à jouer, mais il se peut également, et dans la plupart des cas, qu’il s’agisse d’un deck contrôle, c’est-à-dire qui joue sur la durée du duel grâce à des pièges et des monstres embêtants pour l’adversaire. L’exemple que j’ai en tête serait le deck Aile noire de Crow Hogan. Dans ce cas-là, que faites-vous Ambre ?

-Euh…Je profite du fait qu’il n’ait aucun monstre pour attaquer ? Hasarda-t-elle.

-Oui, vous pourriez si vous n’avez rien de mieux à faire, mais détruire ses ressources avant qu’elles ne soient activées ne serait-il pas mieux ?

-J’imagine…

Lareine continua de nous parler des différents types de deck existant et les façons de les contrer avant qu’ils ne développent leur jeu. Même moi j’appris des choses durant ce cours. Si seulement nous pouvions en avoir plus souvent à la place des heures de français ou de Maths, je crois qu’aller à l’école serait un véritable plaisir.

Il termina la leçon sur la mise en pratique directe de ses conseils en regardant nos jeux et nous conseillant sur les meilleures cartes permettant de faire face à chaque situation.

L’heure allait se terminer lorsqu’il demanda à me voir avec June en privé juste après. Nous nous regardâmes en nous demandant ce qu’il nous voulait. Ambre et Maya rentrèrent chez elles avant nous et nous nous retrouvâmes seules avec Lareine qui ressortit le même dossier que la veille. Il le posa sur la table et des photos en tombèrent. Lorsque je vis les visages, mon cœur rata un battement.

-June, Angéla, si j’ai accepté de devenir votre superviseur dans ce club, c’est avant tout parce que je connais votre potentiel. Avec ces personnes, vous avez, l’année dernière empêché une catastrophe de se produire. Cependant, les ennuis ne sont pas terminés. C’est pourquoi, j’ai jugé bon de vous former le plus vite possible et de vous enseigner tout ce que je sais.

-Excusez-moi, mais qui êtes-vous au juste pour vous inquiéter autant de menace comme celles-là ? Lui demanda June.

-En tant que professeur d’histoire et Historien, je connais un certain nombre de choses qui ne sont pas révélées au grand public, et notamment la grande guerre des démons.

-Mais ce n’est qu’une légende ! Rétorquai-je.

-Je vous l’ai dit, tout n’est pas révélé ; dit-il d’un air grave. Et cette guerre a bel et bien eut lieu il y a plus de dix mille ans.

-Dix mille ans, mais cela signifie…

-Oui Angéla, à cette même époque, la civilisation Aslante était à son apogée. Comme quoi, même les jeux vidéo du professeur Layton sont instructifs ; dit-il en rigolant. Mais passons, ces derniers, avant de disparaitre en même temps que les démons, nous ont laissé une prophétie que voici : « Le vingt-cinquième jour de la vingt-cinquième année après la plus grande menace de l’histoire, le tonnerre gris prendra à nouveau son envol dans un ciel sans étoile. Les quatre grands, méditant leur vengeance depuis une éternité sortiront de l’ombre dans laquelle ils s’étaient réfugiés. Les ténèbres et la lumière se feront face à nouveau, et seul le médiateur pourra les arrêter dans leur combat. Le ciel, la terre, les gardiens et la galaxie s’uniront une nouvelle fois autour de l’être parfait pour mener leur ultime bataille….

Je déglutis. Selon la prophétie de Gariatron, Darksky, Laura, Hélios et moi étions ce ciel, cette terre, ces gardiens et cette galaxie. Cela signifiait-il que nous allions bientôt tous mourir ? Je frissonnai à cette idée. Et Drago ? Ou se trouvait-il maintenant ? Etait-il ce fameux médiateur ? Ou bien cet être parfait ? A moins qu’il soit totalement exclu de cette prophétie, ce que je ne pouvais croire. Cela faisait déjà presque vingt-cinq ans que Yugi et les autres avaient arrêté Zorc, il ne s’agissait certainement pas d’une coïncidence. Dans tous les cas, cela nous laissait jusqu’au vingt-cinq janvier prochain pour trouver une solution, soit un peu plus de trois mois. Voyant mon angoisse, Lareine reprit la parole :

-Rassurez-vous Angéla, une prophétie ne peut être fiable à cent pour cent. Lorsqu’elle se réalise totalement, c’est en général car les intéressés font tout pour. Vos chances de mourir sont donc très minces, regardez la dernière, la terre aurait dû être recouverte d’un voile de ténèbres pour l’éternité, et nous sommes toujours là !

-Une minute professeur ; nous interrompit June. Que viens-je faire dans cette histoire ? Cela ne semble concerner qu’Angéla, alors pourquoi m’avoir convoquée ?

-Vous êtes la fille du célèbre professeur Wheeler, et par conséquent, vous êtes impliquée dans toutes ces histoires par votre père, je ne pouvais pas vous écarter ; se contenta-t-il de répondre.

-Célèbre, si on veut ; grommela-t-elle.

Sur ces paroles rassurantes, Lareine nous congédia toutes les deux. Nous ne savions plus quoi dire après avoir entendu une prophétie pareille, et pour cause, elle disait que nous allions tous mourir dans trois mois ! June, sans prévenir, me serra dans ses bras.

-Sois forte Angéla ; me murmura-t-elle. C’est la deuxième fois en deux ans que tu dois supporter une telle charge sur tes épaules, mais je sais que tu en es capable

-J’aimerais en être aussi sûre que toi ; soupirai-je.

En réalité, je ne me sentais vraiment pas à la hauteur. La dernière fois, sauver Maya et Ambre m’avait donné une véritable raison de me battre jusqu’à la fin, je ne pouvais pas perdre. Mais cette fois-ci, je devais simplement affronter l’ennemi sans réelle motivation. C’était certes égoïste comme raisonnement, mais les faits étaient bien là. Il allait falloir que je travaille dur jusqu’au vingt-cinq janvier dans le club de duel si je voulais être prête à affronter à nouveau le démon en compagnie de Darksky. Hélios devait certainement connaitre la prophétie également et devait se préparer dans un coin reculé de la planète, tout comme Drago.

Bien, je ne pouvais pas me reposer, cela me donnait un nouvel objectif à atteindre dans ce club, autre que ridiculiser Aymeric : être parée à affronter mon destin !




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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [06/08/2014] à 01:33

La pauvre, angela l'a échappé belle à la dernière prophétie avec gariatron mais là ça risque d'etre vraiment serré vu qu'en + de gariatron on va retrouver compagnons si je puis dire. L'équipe de choc va se reformer YOUPI ah ils forment une si bonne équipe drago, angela, darksky et laura 😀


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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [06/08/2014] à 16:35

Theoriquement, laura ne faisait pas partie de l'equipe d'origine XD mais va falloir patienter un peu avant de revoir tout le monde reuni puisque c'est d'abord, comme dans les animes de key, la partie lycee ou il se passe pas grand chose

Mais tu vas etre surpris de voir ce que je reserve a tous les demons, ils ne vont pas se "retrouver" a proprement parler…




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le bon temps…

heart earth
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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [07/08/2014] à 22:01

Suite, avec le retour d'un personnage,,,tres apprecie 😉


Chapitre 3 : Pour le club de Duel !


Refusé ? Mais pourquoi donc ? Pourquoi le conseil des étudiants s’opposait-il à la création de ce club ? Et qu’importe la raison, ils n’avaient tout simplement pas le droit de faire une telle chose ! Pauvre Nagisa, elle s’était donné tant de mal pour coller toutes ces affiches avec nous, je ne pouvais pas fermer les yeux à ce moment. Je m’excusai auprès de Laura et je fonçai au troisième étage. J’ouvris violemment la porte de la salle de réunion du conseil, et je me heurtai aux regards d’incompréhension des membres. Ils étaient en pleine réunion apparemment. Le président du conseil se leva de son siège et me regarda droit dans les yeux. Il était assez grand, blond. Il remonta ses lunettes sur son nez et s’adressa calmement à moi :

-Je suis Olivier Lesage, président du conseil des étudiants ; déclara-t-il. Quelle est la raison de ce dérangement soudain ?

-Vous… Vous avez détruit le rêve de mon amie ! Rétorquai-je violemment en frappant sur le mur.

Les autres membres se levèrent d’un bond, prêts à riposter si je m’attaquais à eux, mais le président restait de marbre.

-Oh, tu veux certainement parler du club de duel de monstres de cette fille ? Dit-il sans aucune émotion.

-Vous n’avez nullement le droit de censurer un club uniquement parce qu’il ne vous plait pas !

-Tu as raison, nous n’en avons pas le droit.

-Alors retirez immédiatement votre véto !

-Impossible.

-Et pourquoi cela ? Rétorquai-je sur le point de perdre mon sang froid devant son impassibilité.

-Connais-tu au moins la raison pour laquelle ce club a été fermé ? J’imagine que non… L’année dernière, il fut la première cible du démon, et tous ses membres furent blessés. Nous n’avons nullement envie de revivre un tel incident une deuxième fois. Tu sais de quoi je parle Jean-Michel, ou plutôt devrais-je dire, Darksky.

Il avait prononcé mon nom avec un certain mépris dans sa voix. Je sentais déjà qu’il ne m’appréciait pas, pour une raison que je ne pouvais expliquer. Heureusement, ce sentiment était réciproque, ce président me mettait vraiment mal à l’aise.

J’allais répliquer quelque chose de cinglant, lorsque quelqu’un frappa à la porte. Avant même que Lesage ait pu répondre, elle s’ouvrit et la silhouette d’une fille se découpa dans l’ouverture.

-Objection président Lesage ; dit-elle alors d’une voix forte.

Elle s’avança d’un pas et je reconnus le visage d’Hikari Miyako, rencontrée la veille.

-A qui ai-je l’honneur ? Dit-il méfiant.

-Je suis Hikari Miyako, en troisième année, de la classe D. J’ai vu que tu avais griffonné toutes les affiches du club de duel de monstres avec ton stylo rouge. C’est bien joli les graffitis, mais, si je me réfère à l’article vingt-cinq de votre règlement, n’importe qui peut créer n’importe quel sorte de club, du moment qu’il a au minimum trois membres fondateurs. Je peux bien comprendre que vous n’ayez pas envie que la catastrophe du démon se reproduise, cependant, qui a subit les pertes les plus lourdes en essayant de vous sauver la peau ?

-Oui, peut-être que ces membres ont protégé d’autres élèves, mais…

-Il n’y a pas de mais ! Rétorqua-t-elle violemment. Tu sais tout aussi bien que moi que même sans ce club, cette école aurait été attaquée, alors soit tu autorises la formation du club, soit j’irai en référer à plus haut !

Le président grommela, avant de faire signe aux autres membres qui se concertèrent. Après un bref délai, il reprit la parole.

-Soit, je veux bien autoriser la création de ce club, mais à une condition : le club devra sortir vainqueur au tournoi inter-école de décembre, sans quoi, il sera immédiatement fermé. Prouvez-nous que cette fois-ci, vous serez capable de nous protéger ; nous menaça-t-il.

-Je m’en assurerai personnellement ; répliqua Miyako sur le même ton de défi.

Nous fûmes ensuite congédiés. J’étais à la foi soulagé, et en même temps légèrement inquiet par la condition imposé par le président. Si nous échouions, cela reviendrait à n’avoir rien fait, et le rêve de Nagisa serait à nouveau brisé. Je me tournai vers Miyako qui avait accepté cette condition. Elle regardait la salle du conseil avec mépris. Son attitude était en contradiction avec celle que j’avais rencontrée la veille. Cela me fit penser à sa carte d’étudiant :

-Miyako ? J’ai trouvé ceci hier sur le toit.

Je lui tendis son bien et ses yeux devinrent ronds de surprise.

-Je… Je n’ai pas été sur le toit hier, ni jamais ; répondit-elle effrayée.

-Mais, nous nous sommes parlés hier à cet endroit ! Rétorquai-je.

-C… C’est vrai ; finit-elle par dire après un moment d’hésitation. Je suis désolée, j’avais totalement oublié.

Elle tourna la tête dans la direction opposée.

-Bien, tu as peut-être rétabli le club, mais maintenant, il ne tient qu’à vous de le faire survivre. Je te souhaite bonne chance, et comme promis, je viendrai vous aider.

Elle partit sans un mot de plus, en me laissant seul au milieu du couloir. J’étais perdu dans mes pensées. Comment avait-elle pu oublier quelque chose qui s’était passé la veille ? Et pire encore, comment pouvait-elle changer d’attitude si soudainement d’un jour à l’autre ? J’avais le pressentiment que Miyako me cachait bien des choses.

Je descendis lentement les escaliers pour retourner à notre étage, cherchant un moyen d’annoncer la nouvelle à Nagisa, lorsque cette dernière se présenta juste devant moi, suivie de Laura essayant de la retenir par le bras.

-Je te dis que ce n’est pas la peine, il saura gérer cette situation tout seul ! Lui criai-t-elle.

Elle s’arrêta net en me voyant et lâcha le bras de Nagisa qui tomba sur moi. En relevant la tête, elle devint rouge de honte :

-Jean…Darksky ; bégaya-t-elle. Je… Je suis désolée, je ne voulais pas…

-Il n’y a pas de problème ; répondis-je gentiment.

Je levai la tête vers Laura, et étrangement, elle ne semblait pas en colère cette fois. N’était-elle jalouse que de Saya ? Il allait falloir que j’éclaircisse cela aussi.

Une fois debout, j’annonçai la bonne nouvelle à Nagisa. Sa première réaction fut un grand sourire, avant de me sauter dans les bras, pour me faire tomber à nouveau. Je notai donc dans un coin de ma tête de faire attention à elle la prochaine fois que je la croiserai dans les escaliers.

Je passai le cours suivant à raconter à Saya comment Miyako s’était emmêlée dans la discussion et comment elle en était arrivée à faire céder le président. Lorsque j’eus terminé, Youhei se retourna et prit part à la conversation :

-Attendez, vous parlez d’Hikari Miyako, je me trompe ?

-Oui, tu la connais ?

-Et bien, qui n’a jamais entendu parler d’elle ; répondit-il à voix basse, comme s’il s’agissait d’un secret. Elle était la présidente du club de duel de monstres l’année dernière, une fille joyeuse, gaie, toujours souriante, enfin, la présidente idéale. Cependant, il paraitrait que durant la guerre, elle ait fait quelques mauvais choix, comme prendre la première ligne de défense ou envoyer des éclaireurs au mauvais moment. Beaucoup de ses membres ont été blessés, et on m’a dit qu’elle ne s’en serait jamais remise. Depuis, elle est toujours renfermée sur elle-même, ne parlant qu’à peu de monde, et les rares fois où elle parlerait, elle se contenterait de répondre par des phrases de deux ou trois mots…

Il n’eut pas l’occasion d’en raconter plus car madame Piment le sortit de cours pour bavardage incessant. Durant tout le reste du cours, je n’écoutai pas ce que me racontait Saya, j’étais obnubilé par l’histoire de Youhei. La face souriante et la face sombre de Miyako, tellement différentes qu’on pourrait penser qu’elles sont deux personnes distinctes. Ses paroles me revinrent à l’esprit : « je n’ai pas été sur le toit hier ». Celle qui avait prononcé ces mots était froide, contrairement à la Miyako de la veille, souriante. Vraiment, il y avait quelque chose d’étrange avec elle.

A la fin des cours, Laura vint vers moi, mais tourna immédiatement le dos lorsque Saya me proposa de venir avec elle au parc. Je déclinai cependant son offre, parler avec Laura était ma priorité pour le moment.

Je la vis dans le couloir, et je la rattrapai. Elle marchait vite, et lorsque je m’adressai à elle, elle fit semblant de ne pas m’entendre. Je finis par lui barrer le chemin en me plaçant juste devant elle. Elle prit alors un air surpris et daigna me parler :

-Tiens, tu n’es pas encore au parc avec ta nouvelle amie ? Vous semblez si proches pourtant !

-Mais tu vas m’écouter Laura ; la suppliai-je. Saya est juste une amie ! Pourquoi tu réagis comme ça en sa présence ? Nagisa ne te dérange pas pourtant.

-Je…

Elle semblait déstabilisée. Comme je le pensais, il n’y avait que Saya dont elle était jalouse. Pourquoi ? Je ne le savais pas, mais je comptais bien le découvrir.

-Vous devriez vous rencontrer ; suggérai-je alors.

Elle me regarda avec des yeux ronds.

-Que… Que je lui parle ? Tu as perdu la tête mon pauvre Darksky, je…

-Tu ne la connais même pas, comment peux-tu dire que tu ne l’aimes pas juste en la voyant ?

-Le problème n’est pas là ! Rétorqua-t-elle. Depuis qu’elle est arrivée, c’est-à-dire hier, tu n’as d’yeux que pour elle, durant les cours, les pauses, et même après l’école.

-Tu te trompes…

-Vraiment ? Et avec qui as-tu fait un duel hier ? Depuis quand ne m’as-tu pas affrontée ? J’ai l’impression que tu me fuis depuis que nous sommes de retour ici, ai-je tort ? Tu veux que je me fasse de nouvelles amies, que je m’intègre mieux, tu penses qu’après toutes ces années de voyage en solitaire je ne suis plus capable de me débrouiller seule ? Vas-y, dis-le, je sais que tu en meures d’envie !

-Mais… où vas-tu chercher des choses pareilles ? Répondis-je effaré.

-Je te connais Darksky, tu es ainsi, tu veux que les autres autour de toi s’épanouissent, quel qu’en soit le prix à payer. Je ne peux pas te blâmer pour ça, tu penses agir pour le mieux. Ce que je te reproche, c’est de ne pas faire assez attention aux sentiments de ceux qui t’entourent et de n’en faire qu’à ta tête ! Et si ceux que tu aides ne désirent pas être aidés et simplement rester tels qu’ils sont ?

-Je ne te suis plus du tout Laura… De quels sentiments parles-tu ?

-Voilà, c’est exactement ça, tu es incapable de comprendre ce que je ressens ; termina-t-elle tristement.

Elle partit en me laissant seul au milieu du couloir, avec un immense poids sur le cœur. Comment en étions-nous arrivés là ? Je voulais simplement arranger les choses entre nous, et le résultat avait été catastrophique. Je sentais Laura s’éloigner de plus en plus de moi. Disait-elle la vérité ? Etais-je incapable de la comprendre ? Je n’y avais jamais réfléchi auparavant. Je pensais simplement lui donner un coup de pouce dans sa nouvelle école… Pourquoi tout devait être toujours aussi compliqué !

-Toujours aussi désespérant avec les filles ; dit alors Marie qui venait d’arriver.

-Tu as vu la scène ? Lui demandai-je dépité.

-Je crois que toute l’école l’a vue malheureusement.

-Dis-moi, toi qui peux voir les vraies personnalités des gens, tu le penses aussi ? Que je suis incapable de comprendre ce que ressentent les autres ?

-Je ne dirais pas ça ainsi, mais il est vrai que tu agis comme bon te semble. Ce n’est pas forcément un défaut, mais dans certaines situations, ce n’est pas une qualité non plus.

-Tu ne m’aides pas tu sais…

-Je suis désolée, mais je ne peux pas t’aider sur ce coup, tu vas devoir suivre ton propre chemin. Bien, on se retrouve à la maison ; dit-elle joyeusement avant de partir.

Suivre mon propre chemin… Encore une phrase mystérieuse…

Le soir, je ne vis pas Laura à table. Certainement s’était-elle enfermée dans sa chambre avant mon arrivée. La soirée fut peu animée sans elle et je gagnai rapidement la mienne. Il fallait que je me change un peu les idées, broyer du noir n’apportait rien de bon.

C’est alors que je reçus un message sur mon portable. Qui pouvait bien m’en envoyer un à une heure pareille ?

« Cher Darksky, je suis sûr que tu m’auras reconnu, je ne donnerai donc pas ma véritable identité. Je suis actuellement sur la falaise de ta ville. J’ai quelque chose d’important à te dire immédiatement. Viens seul. Signé : le justicier Masqué. »

Encore une blague téléphonique pensais-je immédiatement. Cependant, le fait qu’il connaisse mon surnom me dérangeait. Je devais connaitre ce zigoto, mais je ne voyais pas de qui il pouvait s’agir. Aucun de mes amis n’était assez bête pour faire ce genre de blague.

La curiosité prit le dessus et je décidai d’aller vérifier par moi-même. La nuit était fraiche. Il n’y avait que peu d’étoiles dans le ciel noir, et même la lune avait disparu. A cette heure, il n’y avait plus personne dans les rues de la ville. J’entendais uniquement le sifflement du vent dans les branches des arbres et le clapotis de la mer au loin.

Lorsque j’arrivai enfin sur la falaise, le vent me cingla le visage. Le type m’ayant envoyé ce message avait intérêt à avoir une bonne excuse pour me déranger une nuit pareille. C’est alors que je vis une silhouette se découper parmi les ténèbres. En me rapprochant, je pus distinguer un homme portant une grande veste qui regardait au loin. Il me tournait le dos, je ne pus donc pas voir son visage, mais j’avais déjà un mauvais pressentiment. Je m’arrêtai à quelques pas de lui. Il ne se retourna pas mais prit la parole.

-C’est ici que nous nous sommes rencontrés pour la première fois n’est-ce pas ?

De quoi parlait-il encore ? Il se croyait dans un western avec son grand chapeau ou quoi ?

-Ca fait déjà presque cinq ans, mais rien n’a changé ici ; dit-il d’un ton nostalgique. A l’époque, je t’ai fait quelque chose d’affreux…

-Attendez une minute…

Je connaissais cette voix grave et autoritaire. L’homme se retourna, et je pus voir son visage. Il avait autour de trente ans, n’était pas rasé et ses cheveux n’étaient pas coiffés. Son regard brillait dans la pénombre, comme dans un de ces films fantastiques…

-Oh non, pas lui ; soupirai-je lassé. J’aurais dû me douter qu’un message aussi farfelu ne pouvait venir que de vous, Hélios.




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le bon temps…

Tutiou
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[Fic] L'Ascension des Démons posté le [07/08/2014] à 22:23

Question : faut-il lire ton ancienne fic, ou bien celle-ci peut être considérée comme étant indépendante ??


Le Duelliste original n’est pas celui qui n’imite personne, mais celui que personne ne peut imiter.

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