comme j'ai rien foutu la semaine dernière, deux chapitres pour le prix d'un cette semaine^^
Nagisa : Au loin se trouve l’espoir
Prologue
Je contemple le plafond craquelé de ma chambre, repensant aux événements récents. Je n’aurais jamais pensé que Miyako finisse par accepter ainsi son passé. Je la pensais rigide comme l’acier, dotée d’une volonté inébranlable, mais à force de fuir son passé, elle avait finit par se blesser chaque fois qu’il la rattrapait.
Et moi alors ? N’avais-je pas fait la même chose durant ces trois semaines de désastre ? N’avais-je pas fait même pire, fuyant le présent ? Je refusais de voir la réalité telle qu’elle était, si bien que je m’étais enfermée dans une utopie, une illusion, mais lorsqu’elle s’est brisée, j’en ai ressenti l’onde de choc comme une déferlante, emportant tout avec elle, mes espoirs, mes rêves, ma maison et même mes proches…Aurais-je du rester ? Aurais-je du combattre avec eux plutôt que de m’enfuir et sauver ma peau ? Pourquoi avais-je survécu et eux non ? Pourquoi avais-je eu ce droit, moi qui n’étais qu’un fardeau ?
J’étais faible, je n’ai rien pu faire durant la guerre. Je n’ai cessé de me reposer sur mes proches, mes amis et même sur des inconnus. Tous ces gens m’ayant sauvé la vie, sont-ils eux-mêmes encore vivants aujourd’hui ?
Je sais bien que beaucoup ne sont plus de ce monde, ayant donné leur vie pour un monde meilleur, mais pour d’autres, le mystère reste entier, et cela, je ne peux le supporter. Rester dans l’ignorance sans jamais pouvoir découvrir la vérité, voilà un bien cruel supplice pour me punir d’être rester sur cette terre.
Mais il faut dire qu’avant toute cette histoire, je n’étais qu’une fille normale, bien qu’un peu faible, vivant dans un petit village comportant à peine cent habitants et perdu en pleine campagne. J’avais une vie tranquille, mes parents étaient boulangers, mon frère, Tomoya, venait à peine de finir ses études, depuis moins d’un an, et s’apprêtait à partir vers la ville. Quant à moi, j’étais en troisième, me préparant à passer mon brevet à la fin de l’année.
A l’école, je n’avais que peu de vrais amis. La plupart de ceux que je connaissais étaient déjà parti vers la ville en vue d’obtenir un bon lycée. Mais mes parents étaient trop attachés à notre village pour le quitter. Le résultat est que je passais la plupart de mon temps libre à flâner à travers champs, discuter avec les habitants ou simplement m’asseoir sur la place du village et profiter du soleil.
Mais cette routine fut brisée le jour où ce même soleil se coucha pour ne plus se lever…
Chapitre 1 : Crépuscule
Je fus réveillée par un bruit de moteur très désagréable. J’entrouvris un œil, puis l’autre avant de me souvenir que je m’étais endormie sur l’un des bancs du seul parc du village. Il faut dire qu’il faisait si beau ce jour là que je n’avais pas pu résister au sommeil, d’autant plus que l’endroit était très agréable à la fin du printemps. C’est pourquoi, être dérangée dans un moment comme celui là n’était que très peu appréciable.
Je fis donc les gros yeux à mon frère qui se tenait devant moi sur sa moto mais il n’eut pas l’air de se sentir coupable le moins du monde.
-Nagisa, il se fait tard, ce n’est pas prudent de trainer dans les rues à cette heure là.
-Je te signale que nous sommes dans un village de cent personnes, des vieux pour la plupart, et nous connaissons tout le monde, donc je ne vois pas en quoi ça serait dangereux Tomoya.
-Ne viens surtout pas te plaindre le jour où un fou passera dans le coin ; dit-il en me lançant un casque.
Je l’attrapai maladroitement tout en continuant à dévisager mon frère comme s’il était une bête étrange. Il n’avait pas du tout la même conception de la vie que moi. Il prenait toujours tout au premier degré, s’inquiétait de tout, allant parfois même jusqu’à prévoir des plans C au cas où son plan B ne marcherait pas. Mais moi je préférai largement prendre la vie comme elle se présentait. Je n’aimais pas ressentir la pression sur mes épaules, je voulais simplement vivre la vie la plus tranquille possible dans ce village.
Je me levai et lui rendis son casque en soupirant.
-Tu sais que la maison est à peine à cinq minutes d’ici ? Je ne sais pas pour toi, mais je vais profiter des derniers rayons du jour, on se retrouve ce soir.
Avant qu’il n’ait eu le temps de protester, j’étais déjà partie. Pourquoi toujours vouloir faire les choses aussi vite ? Mon père et ma mère étaient pareils au passage, toujours à vouloir que les choses tournent le plus rapidement possible. Le matin, lever à six heures pour préparer un maximum de pain puis dans la journée, durant les heures creuses, faire les courses, le ménage, la cuisine pour le soir, tout cela dans un laps de temps très réduit.
Je remontai la grande rue, observant les commerces s’apprêtant à fermer, saluant les voisins et écoutant le calme. J’étais bien heureuse de vivre ici et non dans une grande ville comme l’avaient décidé la plupart de mes amis. Ils aimaient peut-être bien le bruit, la pollution et l’anonymat, mais je préférais largement ma vie actuelle et je ne l’aurais échangé contre rien au monde.
J’arrivai devant la porte de chez moi après une trop courte ballade et je vis la moto de Tomoya déjà garée devant. Pourquoi me disait-il d’être prudente alors que lui même laissait son véhicule sans protection ?
En entrant, je me heurtai à un client – notre maison se trouvait au dessus de la boulangerie – que je n’appréciais pas particulièrement. C’était un vieil homme grincheux aux cheveux blancs comme neige, portant presque toujours un grand manteau noir, hiver comme été, et un chapeau qu’il n’enlevait jamais. Chaque fois qu’il venait, il proférait des menaces concernant la fin du monde et de notre société. Mes parents l’écoutaient pour lui faire plaisir, mais il nous faisait doucement rire, Tomoya et moi. Nous l’avions même surnommé le « vieux schnoque » comme nous ne connaissions même pas son nom.
Ce type était un mystère pour le village. Personne ne se souvenait de quand il était arrivé ni même ne savait s’il y était né, mais tout le monde le connaissait depuis toujours.
-Vous allez voir, très bientôt le voile des ténèbres recouvrira ce monde, le seigneur des ténèbres ne fera qu’une bouchée de vous et vous verrez à quel point ce en quoi vous croyiez, l’argent, la gloire et l’honneur, était futile ! Lançait-il de sa voix de crécelle.
-Monsieur, n’être vous pas un peu pessimiste ? L’interrogea ma mère faisant semblant de s’intéresser encore à ses propos. Je veux dire, pourquoi ne pourrions nous pas faire face à une menace imminente ?
-Ah, vous pensez que vos armes si évoluées pourront combattre le démon ? Vous vous mettez le doigt dans l’œil ma p’tite dame ! Je peux vous assurez que…
-Excusez-moi, mais nous allons fermer ; l’interrompit mon père qui venait d’arriver.
-Ne venez pas vous plaindre lorsque vous n’aurez plus rien d’autre que vos yeux pour pleurer ! S’exclama-t-il avant de disparaître au coin de la rue.
Une fois que nous fûmes sûrs qu’ils ne pouvaient plus nous entendre, nous éclatâmes de rire. C’était la même chose à chaque fois, mieux valait en rire qu’en pleurer, au moins cela égayait nos journées.
Tomoya arriva quelques secondes plus tard, l’air de se demander pourquoi nous étions si joyeux avant de comprendre et il soupira en se prenant la tête dans les mains.
-Il n’a pas bientôt fini lui ? Dit-il d’un ton las.
-Je pense qu’il n’arrêtera jamais tant que sa fameuse catastrophe ne se sera pas produite ; répondit mon père tout en continuant à rire.
-J’en viendrai presque à souhaiter que cela arrive, au moins il ne nous embêtera plus avec ses histoires ; continuai-je tout aussi joyeuse.
Je ne pouvais pas le savoir à l’époque la portée de mes paroles. Il faut toujours se méfier de ce que l’on souhaite, car les vœux se réalisent plus souvent qu’on ne pourrait le penser…
Quelques jours plus tard à peine, nous vîmes à la télévision un reportage très spécial, montrant la capitale assiégée pas d’étranges hommes portant des capes rouges. Il n’y avait personne dans les rues, les bars étaient fermés, de même que les grands magasins. Paris était vraiment devenue une ville fantôme. On pouvait même ressentir la peur des habitants, la tension était palpable jusqu’ici.
Je regardai par la fenêtre. Dans notre village également il n’y avait personne. La soirée était bien plus sombre que d’habitude, bien plus froide, bien plus inquiétante. On n’entendait même pas les hurlements des chiens ni les feulements des chats sauvages. C’était comme si toute vie s’était éteinte.
Soudain, les plombs sautèrent et nous nous retrouvâmes dans le noir le plus total.
-Encore une panne d’électricité, le maire va m’entendre, c’est moi qui vous le dit ; râla mon père en sortant une lampe torche d’un placard et tenta de rétablir le courant par lui-même, sans succès. Il avait beau actionner tous les boutons, il ne se produisait même pas une étincelle. Cela eut pour effet de le mettre d’assez mauvaise humeur.
-Des incompétents je vous dis, je sens que le maire va avoir beaucoup à faire ce soir !
Il ouvrit la porte avec violence mais recula tout aussi vite lorsqu’il vit que quelqu’un se trouvait sur le seuil.
Il éclaira le visage de l’étrange personne, s’apprêtant à la faire partir à grand coup de pied au derrière mais failli tomber à la renverse en voyant de qui il s’agissait.
-Vous ? S’exclama mon frère. Si vous voulez savoir, non, nous ne sommes pas responsables de la panne d’électricité !
Ma mère, plus diplomate, et voyant le visage refrogné de l’homme, s’avança à son tour.
-Bonsoir monsieur, pouvons nous faire quelque chose pour vous ?
-P’être bien que oui, p’être bien que non. Si vous voulez râler contre le gouvernement, c’est inutile, la source est ailleurs ; déclara-t-il.
-C’est à dire ? Demanda mon père commençant à perdre patience.
-Le démon, le démon est la source, je vous avais dit que rien ne pouvait l’arrêter et que…
Mon père ne lui laissa pas le temps de terminer et, le poussant, se précipita dans les rues à l’assaut de la mairie.
Le vieil homme le regarda avec un regard de pitié.
-Il ne sait pas ce qu’il fait. Je reviendrai vous voir une autre fois ; termina-t-il avant de tourner le dos.
Ce type faisait vraiment froid dans le dos, surtout en pleine nuit, sans lumière et dans un village perdu au milieu de nulle part. Mais, étrangement, cette fois-ci, j’avais senti comme une vérité dans ses propos, comme si ce n’était pas simplement de la folie pure ou une vieille superstition.
Cependant, mes doutes s’évanouirent lorsque le courant revint quelques heures plus tard après une manifestation générale des habitants devant la mairie.
Les semaines passèrent, nous n’eûmes plus de nouvelle du vieux, il ne venait même plus acheter son pain et personne ne l’avait revu depuis la panne de courant. La rumeur disait même qu’il avait quitté le village pour de bon.
En temps normal, sa disparition ne m’aurait pas inquiétée plus que cela, mais je ne pouvais m’empêcher de repenser à cet étrange soir. Il semblait être le seul sachant vraiment ce qu’il s’était passé, même le maire ne comprenait pas ce qui avait pu causer cette panne de courant. Je n’arrivais plus à dormir sur mes deux oreilles depuis cet incident. Je savais qu’il se tramait quelque chose dans l’ombre, quelque chose de maléfique, dangereux, capable de changer ma vie à tout jamais, mais je ne pouvais rien faire pour l’en empêcher.
Mes parents et mon frère agissaient comme d’habitude, mais j’étais persuadée qu’eux aussi sentaient la déferlante arriver.
Les jours continuèrent à s’écouler sans que rien ne se passe et la coupe du monde de duel commença. Je n’avais jamais été passionnée par ce jeu contrairement à ma famille, si bien que je dus suivre avec eux l’avancée du tournoi. Au bout du troisième duel, je fus moi même surprise de m’intéresser au dénouement. Tous les participants étaient forts, presque même effrayant pour certains comme cette fille portant une cape noire, écrasant tous ses adversaires sans même un sourire, ou bien le leader de l’équipe d’Héliopolis, un certains Hélios habillé comme pour un carnaval.
Enfin vinrent les demi-finale, opposant l’équipe Anglaise à la fameuse équipe d’Héliopolis. Sayer venait de se faire écraser par la fille en noire et les deux capitaines allaient maintenant s’affronter.
Les échanges de coups étaient violents, aucun des deux ne voulait céder du terrain à l’autre. Puis vint enfin le moment où les deux adversaires étaient acculés au bord du gouffre. D’un côté, un immense dragon noir comme la nuit, et de l’autre, un serpent plus grand encore, comme les basilics des légendes. Les deux créatures semblaient si réelles que je vis certaines personnes du public paniquer et tenter de s’enfuir.
Les monstres passèrent à l’attaque et notre écran devint si éblouissant que nous ne pouvions plus regardez. Lorsque nous ouvrîmes les yeux à nouveau, la télévision était devenue noire et l’électricité venait encore de sauter. Mon père jura et repartit une nouvelle fois à la mairie pour protester. Mais cette fois-ci, la lumière ne revint pas. Le maire n’y était pour rien, tout avait sauté y compris à la mairie. Plus les heures passaient, plus le mécontentement grandissait et ce fut rapidement le chaos dans le village.
Moins d’une semaine après, il ne restait presque plus personne dans le village. Tout le monde était parti vers la ville en attendant que la panne soit résolue. Il ne restait plus que nous, le maire ainsi que quelques habitants ne possédant pas de voiture, blessées ou ne voulant tout simplement pas partir. Cependant, je compris, trop tard, que nous aurions du nous enfuir bien plus tôt…
C’était une journée ordinaire, sans électricité. Le soleil de midi brillait fort et j’avais trouvé refuge à l’ombre d’un arbre avec mon frère. Ma mère préparait le pain à l’ancienne avec un feu de bois de fortune tandis que mon père était avec le maire, essayant de trouver une solution quand soudain
Soudainement, l’obscurité se fit. Je levai la tête au ciel, contente d’avoir un peu d’ombre mais je fus refroidie très rapidement. Au dessus de nous planait une ombre inquiétante, sans forme réelle. C’était tout sauf un nuage d’orage et je commençai à paniquer. Je le savais ! Elle était là, la menace que je redoutais depuis ce jour…
Je pris mon frère par le bras malgré ses protestations et je me précipitai vers la maison. En passant sur la place publique, je vis tout le monde rassemblé et observant le ciel avec la même appréhension que moi. Je remarquai ma mère et mon père dans un coin et nous nous précipitâmes pour les rejoindre.
-Papa, Maman, qu’est-ce qu’il se passe ici ? Demanda mon frère peu rassuré.
-Je suis sûr que ce n’est rien les enfants, restez simplement avec nous et tout ira bien ; affirma mon père tout en tremblant, ce qui ne me rassurait pas le moins du monde.
L’ombre sinistre dans le ciel descendit lentement et prit forme. Des ailes sortirent de son corps de brume, puis deux pattes griffues, un coup et deux yeux rouges comme le sang. Le monstre devait bien mesurer plus de cinq mètres de long et nous dominait tous.
-Je suis Gariatron, Démon originel des ténèbres, le voile qui va bientôt recouvrir votre misérable planète ; déclara l’ombre sinistre d’une voix plus grave que tout ce que j’avais pu entendre jusque là. Livrez moi le Phoenix immortel immédiatement ou vous subirez les foudres de ma colère !
Le Phoenix immortel ? Que voulait-il dire ? Les Phoenix n’existent pas d’un et de deux, même s’ils existaient, comment pourrait-il y en avoir un dans le village ?
Evidemment, personne ne répondit, tout le monde était bien trop effrayé pour oser demander ce que la créature voulait.
-Très bien, si vous ne me le donnez pas, je viendrai le prendre de force !
Un rugissement retentit et, sans aucune autre forme de procès, des boules de feu grosses comme des immeubles tombèrent du ciel. La panique s’empara des esprits et tous essayèrent de sauver leur peau. Mon père, dans la précipitation, nous entraina à sa suite vers la maison.
Mais, alors que nous avions presque atteint notre objectif, je reçus un éclat de pierre droit dans la jambe et je m’écroulai au sol.
-Nagisa ! Hurla mon père en s’arrêtant puis faisant demi-tour.
Je sentis le sol trembler sous moi et je levai la tête. Je fus pétrifiée instantanément. Une boule de feu fonçait droit sur moi, et sur mon père qui venait à ma rescousse.
-Va-t-en Papa ! Criai-je de toutes mes forces.
Il regarda à son tour vers le ciel et il accéléra le pas avant de m’attraper et de m’envelopper pour me protéger dans un effort désespéré.
C’était la fin, je sentais la chaleur insoutenable jusqu’ici. Aucun d’entre nous ne pouvait survivre à ça…
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