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[FIC] Les Abîmes du Désespoir
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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [23/05/2016] à 20:59

Kosei Arc 4 : Les deux frères : En ligne <3


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [28/05/2016] à 11:04

Kôsei partie 5 postée :'( La prochaine partie, c'est l'épilogue :'(

Arata :'(


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [29/05/2016] à 16:50

Voici donc la conclusion de l'arc Kôsei avec le chapitre six "Promesse de vie , promesse de mort."

Kôsei :'(


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [10/06/2016] à 09:29

Revenons dans la trame principale avec le chapitre 13 : Recueil et désespoir <3


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [18/06/2016] à 20:03

Chapitre 14 : La course à la vérité , en ligne ! Hiroki :'(


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [12/07/2016] à 22:32

Nous fermons donc l'arc "Canzone of Hope | Requiem for Despair" pour ouvrir l' Arc 2 : "Lost Time Memory | The Future Foundation"

Et je vous laisse donc avec ce chapitre 15 : Le nouveau tournant, qui en est un pour moi aussi, ça vous sautera aux yeux j'en suis sûr :3


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [20/07/2016] à 12:54

Chapitre 16 : Espoir et conviction : en ligne ! Notre second narrateur…..Nos seconds narrateurs sont dévoilés !


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [14/08/2016] à 07:09

Chapitre 17 : Rencontre avec des vieilles ténèbres

Cela faisait maintenant quelques jours que nous suivions Hiroki en tant que gardes du corps. Mon père m'avait dit de ne pas alerter l'homme, il était trop transparent dans ses actions et ses expressions pour lui faire cacher un tel secret, et ce n'était vraiment pas bon pour la mission qui consistait au final à l'utiliser pour rencontrer de nouveau Ren et Laïla. M'en tenant à l'argumentaire de papa et de ma tante, je restais donc quasiment collée à Hiroki, reprenant l'espace de quelques jours ce duo que nous formions à l'époque où nous étions adolescents.

Hiroki était dans un état assez discutable. Il avait encaissé un gros choc avec la mort de ses parents et surtout la supposée trahison de Reisuke. J'étais persuadée que Reisuke avait quelque chose derrière la tête pour consentir à un tel changement de camp, mais son frère restait toujours terrassé par la nouvelle. De mon côté, j'attendais que le plus jeune des deux agisse avant de me prononcer, étant donné qu'ayant été noyée par les ténèbres aussi, je sais que même pour sauver une vie je n'aurais pas été pas prête à retourner dans cet état et il ne pouvait pas en être autrement pour celui ayant partagé cette expérience.

Je fus interrompue dans mes pensées par celui qui partageait mon quotidien depuis presque une année. Hiroki sortit de son sommeil tandis que j'étais allongée sur le dos à côté de lui, perdue dans mes pensées. Lorsqu'il ouvrit les yeux et qu'il me remarqua soucieuse, il tenta tant bien que mal de prendre la parole, mais le sens de ses phrases avait disparu au profit de l'état de non fraîcheur qu'il affichait en ce début de matinée. Réalisant qu'il avait l'air complètement stupide, il s'absenta quelques secondes vers la salle de bain, pour revenir juste après ça, le visage trempé.


– Je disais donc, quelque chose te tracasse, Hakaze ? Avança-t-il alors d'un ton prévenant.

– Ne t'en fais pas, je suis toujours tracassée tu me connais. Occupe toi de toi plutôt. Répondis-je avec délicatesse.

– Eh, donc c'est à cause de moi que tu es tracassée. Raconte-moi. Dit-il en lisant en moi comme dans un livre ouvert.

– Tes problèmes sont aussi les miens je te signale ! Et puis je suis inquiète pour Rei. Je sais qu'il n'est pas du genre à faire deux fois la même erreur….J'ai un mauvais pressentiment à propos de ce qui motive vraiment ton frère à se ranger aux côtés de Laïla.

– Figure toi que ces derniers jours je me suis renseigné sur Yume-Nikki. Quand vous êtes partis de cette guilde, elle aurait été démantelée quelques temps plus tard par le leader qui a succédé à Soichiro Namatame. Je suppose que c'est à ce moment là que Laïla se serait ramenée pour reprendre la guilde, non ?

– Hiroki….Tu n'as jamais fait le rapprochement concernant Yume ?

– Comment ça ? Quel rapprochement à faire ? Me demanda-t-il , dubitatif.

– Quand nous sommes partis de la guilde…C'est mon père qui a passé le leadership à Laïla…Qui était membre de Yume-Nikki à l'époque.


Les mots que je prononçai à ce moment là eurent l'effet d'une bombe dans l'esprit de mon compagnon, je pus le voir à ses yeux qui s'écarquillèrent aussitôt…Cependant, quelque chose ne tournait pas rond….Je savais très bien que Hiroki était allé dans le passé et qu'il connaissait Laïla…Etant donné que j'avais acquis ces connaissances grâce à mon homologue du passé…Cependant, il n'avait pas l'air de se remémorer de l'existence même de Laïla.. Alors qu'elle, lui et Jordan étaient toujours ensemble. Sans vraiment comprendre, j'allais enchaîner sur autre chose lorsque je fus interpellée par la sonnerie de mon vieux nokia qui m'avertit d'un sms entrant.Attrapant d'une main vivace le téléphone, je me ruai dessus afin de connaître le contenu du message, sachant que si l'on m'en envoyait un c'était que quelque chose d'important était à dire.


Mes yeux s'écarquillèrent à la lecture de ce message. Je lâchai le téléphone qui éclata au sol, propulsant la coque et la batterie en dessous de notre lit. Hiroki s'approcha vers moi, sans vraiment comprendre le pourquoi de cette réaction exagérée. Mais alors qu'il cherchait une réponse, je ne lui en donnai qu'une vague, ne voulant pas faire empirer la situation.

– Hiroki. Lâchai-je solennellement. Il faut que tu te rendes chez Papa. Je vais appeler Jessica qui va venir te chercher en route pour t'assister si tu as un problème. Pour ma part, je vais te rejoindre dans une heure, je dois absolument faire quelque chose avant de te suivre.

– Tu crois vraiment que je peux partir après t'avoir vue réagir de la sorte Hakaze !?

– Je t'ai fait confiance dans le passé, montre moi que toi aussi, tu peux me faire confiance.


J'insistai du regard face à Hiroki. Cette révélation…Il devait en être préservé à tout prix, lui qui avait déjà encaissé pas mal de choses ces derniers temps. Cédant face à mon insistance, il me laissa finalement partir de notre appartement sans lui, me promettant qu'il allait rejoindre Jessica sur la route comme je le lui avais conseillé.

De mon côté….C'était justement chez Jessica que je me rendais. Ce message, c'était Reisuke qui me disait qu'il était rentré chez lui et qu'il était seul. Connaissant les réactions de Hiroki et Jessica, je ne pouvais pas les laisser se mêler de cette situation délicate étant donné que les deux avaient un tempérament assez fort….Et puis….Il fallait que j'y aille moi-même. J'étais la plus à même de pouvoir comprendre les tourments de Reisuke puisque encore une fois , nous avions déjà tous les deux été pris par le désespoir…Et le simple fait de repenser à ces terres glaciales et sinistres était suffisant pour me convaincre qu'il ne pouvait pas être retourné dans ce monde.


J'arrivai chez le jeune homme quelques minutes plus tard. La maison qui était autrefois celle d'Hiroki n'avait pas changé d'un poil malgré le fait qu'une sombre présence s'y était réfugiée. M'avançant avec franchise, je frappai à la porte , attendant que l'on m'ouvre…Et lorsque la barrière solide s'ouvrit, je pus distinguer le visage de Reisuke qui était marqué par de l'inquiétude assez profonde. Lorsqu'il me vit, ses traits durcis se relâchèrent un peu, le laissant afficher un timide sourire à mon égard. Il me fit mine d'entrer, je m'exécutai, sachant que malgré que l'on n'était pas du même camp, il n'allait rien m'arriver.

Je pénétrai alors la maison, me laissant distinguer quelques changements mineurs de décoration. Avant que je ne puisse poser des questions, mon hôte prit la parole d'une voix marquée par une pointe d'ironie.


– Voici ce qu'il se passe quand on laisse Jessica seule dans une maison. C'est grotesque.

– En même temps, confier une maison à Jessica…Il faut le vouloir quoi. Je t'ai connu plus rationnel, Reisuke. Enchaînai-je avec légèreté.

– Je suppose que tu as raison. Me répondit-il en affichant un léger sourire. Merci d'avoir fait vite, Hakaze. Je voudrais te parler de quelque chose d'important. Peux-tu t'asseoir ?

– Bien sûr. J'aimerais moi aussi te parler de quelque chose.


Je suivis Reisuke qui m'invita à prendre place autour de la table du living room. Il s'assit face à moi, affichant un profond sérieux sur son visage. Je compris alors qu'il allait me parler de ce changement de camp soudain qu'il avait effectué quelques temps plus tôt. Le devançant alors dans les explications, je pris la parole.


– Pourquoi t'es-tu rallié à elle, Reisuke ? Après ce que tu as vécu, tu penses vraiment que le désespoir est la solution la plus plausible pour toi ?

– Les objectifs de Laïla sont nobles. Me répondit-il alors machinalement. Moi et Hiroki n'avons aucun avenir dans ce monde. Si Laïla réussit à détruire l'espoir et à créer un monde dans lequel il n'existerait pas, nous pourrions alors être ensemble, Hiroki et moi. C'est pour cela que j'ai rejoint Laïla, elle seule possède suffisamment d'informations pour pouvoir nous diriger dans ce combat.

– Des informations sur Zetsubou ? Lançai-je , menaçante.

– Co…Comment sais-tu ça ? Bégaya-t-il. Qui t'a informée à propos de Zetsubou !?

– Donc nous avions vu juste, Laïla peut bien transmettre le syndrome Zetsubou tout comme Erika pourrait transmettre ce que l'on appellerait le symbole « Kibou ». Je suppose que pour que l'on puisse combattre la leader de Yume-Nikki, nous devrons donc faire appel à Eri –

– Surtout pas ! Me coupa alors mon interlocuteur. Je voudrais te dire quelque chose , Hakaze. C'est pour te dire ça que je t'ai faite venir jusqu'ici…

– Comment ? Qu'as-tu à me dire pour me couper en hurlant de la sorte ?


Reisuke détourna le regard, comme si il allait m'annoncer une vérité à laquelle je ne pouvais croire. Cherchant un quelconque soutien dans son habitat vide d'âmes, il fuyait clairement mon regard. Mais je sentis alors quelque chose en lui qui le poussa à lâcher le morceau. Prenant son courage à deux mains, il serra les poings, me regarda en face, avant de me balancer la terrible vérité.


– Si tu fais appel à Erika….Hiroki et moi nous ne serons plus de ce monde. Erika…Erika est notre pire ennemie , à moi et Onii-chan….Tu dois à tout prix écarter Erika d'Onii-chan si elle venait à revenir.

– Co…Comment… !? Bégayai-je, interdite. Comment peux-tu penser qu'Erika vous veut du mal !? A quel point Laïla t'a-t-elle manipulé !?

– Ne me prends pas pour un idiot Hakaze ! Rétorqua-t-il, déterminé. Tu crois vraiment que j'accuserais Erika sans vraiment savoir ce qu'il en est sur elle !? Pendant que tu surveilles Laïla pour pas qu'elle ne s'approche de Hiroki, je suis sûr qu'une attaque le ciblant se prépare, et c'est Erika qui en est l'autrice !

– C'est vrai que….C'est vrai que nous avons été attaqués par quelqu'un qui voulait clairement tuer Hiroki.

– Toshiyuki Ren, n'est-ce pas ?

– Comment sais-tu ça, Reisuke !? Qu'est-ce que tu nous caches ? S'il te plaît, j'aimerais sauver Hiroki mais je ne connais pas les motivations de Ren. Que sais-tu sur elle ?

– Ren…Ren est la petite sœur d'Erika. Soupira Reisuke. Elles n'ont pas le même style ni le même caractère, mais la blonde et la brune sont bien deux sœurs.

– Sérieusement…. !? Donc tu veux dire que les ordres qu'elle reçoit….

– Exact. Les ordres appliqués par Ren proviennent de sa sœur aînée. Elle connaît donc toutes les habitudes de chacun de nous, toutes nos affinités, absolument tout. Elle nous veut, Hiroki, Laïla et moi.

– Je n'arrive pas à y croire mais…C'est si plausible….Mais pourquoi Erika ferait ça…. ? Je veux dire…Elle semblait si attachée à toi….

– Hakaze. Annonça-t-il sérieusement. Il y a des choses que je ne peux pas te dire parce que Hiroki ne doit pas encore savoir. Il est trop étroit d'esprit pour comprendre le pourquoi du combat, mais je te garantis que Laïla ne cherchera pas à lui vouloir le moindre mal. Je t'offre ma vie si je me trompe et qu'il meurt de la main de mon leader ou d'un membre de ma guilde.


Je ne savais plus quoi penser concernant Reisuke et Laïla. Mon ami semblait convaincu par celle qu'il avait suivi, ne remettant pas en cause la moindre de ses actions, le moindre de ses gestes, tandis que Laïla prenait un malin plaisir à manipuler tous ceux qu'elle pouvait manipuler. Kôsei, Cécilia, Jordan, et maintenant Reisuke. La liste de ses victimes se faisait de plus en plus longue, et je ne pouvais même pas trouver un quelconque contre argument afin de faire voir la vérité à Reisuke. Pire, il arrivait à me faire douter moi-même sur mes propres convictions à propos de celle qu'il servait désormais. Confuse par les arguments, avancé, je ne savais pas quoi répondre à celui qui était déterminé à s'exprimer, le laissant ainsi reprendre la parole afin d'en remettre une couche.


– Pendant que vous réfléchissez à comment protéger Hiroki d'une menace existante, nous avons déjà commencé à agir, Laïla, la guilde et moi. Nous allons convaincre de plus en plus d'élus locaux pour devenir une organisation reconnue officiellement et légalement par l'état. Ainsi, nous allons pouvoir éclater au grand jour, ne plus nous cacher, et réduire à néant cet espoir qui nous prend notre vie ! Je vous suggère de rester en dehors de ça, n'allez pas prendre des risques pour une cause vaine.

– Une cause vaine !? Eclater au grand jour !? Je me demande lequel de nos objectifs est le plus vain, Reisuke. Tu dis que tu vas pouvoir vivre dans un monde dans lequel toi et ton frère pourrez être unis !? Et quel genre de monde cela va être, Reisuke !? Un monde fait de désolation comme on l'a connu l'an dernier !? C'est ça que tu veux !?

– Je ne suis….Je ne suis jamais retourné dans ce monde. Avec, ou sans Laïla. Mais…Laïla a raison. Je pensais qu'en te l'expliquant à toi qui avait subi le dilemme de causer le chaos pour un de ses proches, j'aurais pu parvenir jusqu'à ton oreille…Mais tu es aussi bornée qu'Onii-chan.


Sans me laisser le temps de répondre, Reisuke se leva de la table. Il me lança un regard désolé dans lequel je ne décelai aucune animosité à mon égard. C'était troublant comme quelqu'un qui semblait suivre la voie des ténèbres comme Reisuke ne portait en lui aucune colère, aucune haine à moi qui essayait au maximum de contrer ses convictions si solides. Il reprit la parole à mon intention , enfilant la veste qu'il avait lassé traîner sur le dossier de sa chaise.


– Je vais devoir te laisser. Déclara-t-il. Je vais au travail. Si tu vois Jessica ce soir, pourrais-tu lui dire que je serai ici ce soir ? J'aimerais qu'elle puisse se canaliser jusque ce soir plutôt que de me faire défoncer par sa spontanéité. J'aime beaucoup mon sac de glace, mais pas au point d'avoir une relation avec ce dernier.

– Je vais aller lui dire, de toute façon je dois les rejoindre. Déclarai-je avec un léger sourire, retrouvant une partie du Reisuke qui nous avait quitté. Dis, Reisuke.

– Hm ? Qu'il y a t-il ?

– Tu es vraiment sûr de faire le bon choix en suivant cette femme et son organisation…. ?

– Tu en doutes encore ? Je suis sûr de moi.

– Dans ce cas…Je te fais confiance. Je prendrai soin de ton frère, fais en sorte de revenir entier vers lui, il a assez souffert pendant ses jeunes années pour que tu lui enlèves la dernière chose qu'il lui reste.


Reisuke afficha un rictus qui se transforma en un sourire sincère, sourire que je lui renvoyai. Malgré le fait que d'avantage de questions se posaient suite à cet échange que j'avais eu avec lui, une certaine quiétude s'était installée en moi en pensant au fait que mon ami faisait les choses en toute âme et conscience. Concernant Erika et Ren…Oui, c'était tout à fait plausible. Après tout, si l'on y regardai bien, les deux femmes possédaient des ressemblances physiques assez troublantes, le soucis étant qu'Erika nous aurait trahi pour je ne sais quelle raison à un moment où à un autre. Je ne pouvais pas m'y faire, voir Erika comme quelqu'un voulant attenter à la vie de ses proches était assez difficile, mais la vie m'avait montré que n'importe quoi pouvait se cacher en n'importe qui.


Nous sortîmes de l'habitat de Reisuke afin de prendre la route ensemble vers la ville. Nous avions quelques centaines de mètres à faire avant que l'on ne doive se séparer à un carrefour. Nous parlâmes de diverses choses en route, mais surtout de l'état d'esprit de tout le monde, en particulier Hiroki et Jessica que j'avais écarté à l'aide d'une excuse mystérieuse et sans réelle argumentation. Je lui expliquai ce que nous savions du syndrome Zetsubou, et il en apprit les grandes lignes qu'il ne connaissait apparemment pas encore. Nous ne faisions apparemment pas référence à la même chose lorsque nous parlions de Zetsubou, et ce quiproquo nous avait mené à l'incompréhension. Mais alors que je voulais en savoir plus concernant sa version de Zetsubou, il ne me répondit pas, me laissant dans la profonde incompréhension en m'assurant que c'était pour notre bien à tous. J'étais dubitative, mais je m'efforçais de comprendre ses raisons afin d'éviter un débat stérile qui n'avancerait à rien du tout.


Et ce fut ainsi que nous nous séparâmes , Reisuke et moi. Il prit la direction de son travail tandis que je repris la direction de la forêt servant d'habitat à mon père et ma tante. Il m'assura qu'il allait prendre soin de lui, me promettant également qu'il se battait pour une cause juste et que nous ne souffririons pas de son combat. Légèrement rassurée par l'état de mon ami, je le laissai s'en aller, regardant sa silhouette s'éloigner de plus en plus, cependant toujours inquiète par l'évolution des choses du côté de Jessica et Hiroki.

Je pris donc la route vers l'habitat de mon père afin d'expliquer la situation à tout le monde pour que l'on puisse une fois de plus en débattre, cependant, alors que j'avançais de plus en plus vers lui, je fus interrompue par une rencontre assez inopinée. Une voiture passa à côté de moi pour au final s'arrêter une centaine de mètres plus loin. La Clio rouge aux vitres teintées était unique dans le quartier, si bien que lorsque son propriétaire en sortit, je ne fus pas du tout surprise par son identité. Je me rapprochai de l'homme brun qui portait désormais une paire de lunettes assortie à ses yeux qui lui donnait vraiment un air plus mature tandis qu'il affichait toujours une expression vacillant entre sérieux et ironie.Semblant heureux de me voir , il prit la parole avec franchise et entrain.


– Hoho voici Hakaze ! Ca fait depuis le tournoi que l'on ne s'est pas vus. Alors, comment tu vas petite ?

– Ugo je t'ai déjà dit de ne plus m'appeler petite ! Nous ne sommes plus chez Yume je te signale ! Et d'ailleurs…Que fais-tu ici toi !?

– Je te signale que j'habite ici hohoho ! Et je remplis une mission pour ma femme. Je dois venir chercher quelqu'un dans les environs.

– Je peux t'aider ? Je connais énormément de monde ici, je sais sans doute de qui elle veut parler.

– Hoho, non. Je ne dévoile pas l'intimité de ma femme en te disant le pourquoi du comment, sinon ce n'est pas drôle. Par contre, si tu veux je peux t'accompagner chez ton père, de toute façon, je pense qu'il est parti sans moi ce boulet.

– C'est très aimable, merci beaucoup. Je n'avais pas le courage de faire la route.

– Par contre, il faut que je te prévienne de quelque chose. Tu risques d'avoir un petit choc en voyant ma femme. Me déclara alors l'homme avec sérieux.

– Elle est si moche que ça ? Répondis-je alors , amusée par la déclaration de l'homme.

– Hoho quel skill. Puisque c'est comme ça, fais toi ton idée toi même.


Ne prenant pas au sérieux les paroles de l'homme, je montai sans me mettre en garde à l'arrière de sa voiture. Sans regarder ailleurs, j'attachai ma ceinture , et lorsque je relevai la tête pour saluer la femme d'Ugo, je fus pétrifiée en voyant son visage. Un sentiment de surprise immense me gagna le corps , laissant un grand frisson s'introduire en moi tandis que j'étais abasourdie par ce que je voyais.


– Je te l'avais dit, tu ne m'avais pas cru hoho ! Ricana Ugo, satisfait par la tournure des choses.

– C'est quoi le deal du coup ? Enchaîna sa femme avec ironie.

– Ce…Ce n'est rien. Bégayai-je. J'ai simplement été surprise de vous voir.

– Ah ces jeunes. Toujours en train de flipper pour rien sérieusement. Bon, Ugo bouge toi un peu, je dois arriver avant la nuit là-bas !

– Yes Ma'am !


Nous démarrâmes à toute allure dans la Clio de Ugo , Ugo qui était en train de se disputer au volant avec sa femme qui s'acharnait à vouloir faire qu'il aille vite. Je n'étais pas pressée, mais cette dame autoritaire semblait vraiment vouloir accélérer le pas afin de remplir son objectif en plus du mien. Tandis que sa femme n'arrêtait pas de lui gueuler dessus, Ugo lui semblait s'amuser à encaisser ses critiques, s'amusant à faire rager sa compagne lorsqu'il en avait l'occasion. Leur couple était très drôle à voir, surtout en sachant que malgré qu'il semblait très fragile, ils avaient une fille de 16-17 ans ensemble et étaient toujours en ménage. C'était fou quand on prenait le temps de s'arrêter sur ce fait. Lorsque nous arrivâmes devant chez mon père , je remerciai le couple. Les deux amants m'assurèrent que ce n'était rien et repartirent ensemble sous mon regard amusé.


Lorsque j'entrai dans la forêt, comme d'habitude tout le monde était rassemblé au fond de l'endroit. Ma tante, mon père, Jessica et Hiroki étaient présents. Quand j'entrai, tous les regards se braquèrent sur moi, si bien que j'en devins mal à l'aise. Je n'aimais pas cette sensation d'être observée par tous, mais je tentai de le cacher en avançant de la dérision.


– Je sais que je suis belle, vous pouvez prendre des photos cela ne me dérange pas ~ Déclarai-je , amusée. Quoi de beau chez vous messieurs dames ? Vous êtes encore en train de chercher des choses ?

– Et la revoilà. Soupira mon père. Nous avons fait des recherches sur la famille Yamada moi et Sirie, mais nos recherches n'ont pas été fructueuses. Nous sommes remontés jusqu'à Shinichi Yamada le médecin, mais impossible de retrouver le contexte dans lequel Hiroki et son frère ont grandi et encore moins comment les parents sont morts.

– Et avec tout ça, je n'ai rien de plus concernant le syndrome Zetsubou. Ajouta ma tante. Nous n'avons pas énormément progressé.

– D'ailleurs, qu'est-ce que tu as fait pendant tout ce temps, Hakaze ? Demanda Hiroki.

– Je….J'ai été contactée par Reisuke. Je me suis rendue chez lui parce qu'il voulait me parler.


Il y eut un sursaut de surprise général parmi mes interlocuteurs. Seule Jessica restait impassible, affichant un air mesquin sur son visage. Pour toute réponse, elle se blottit contre Hiroki en le regardant d'un air vicieux.


– Maintenant que l'autre tâche est le sexfriend de ta meuf, tu peux être le mien aussi ~ Déclara la blonde avec malice. T'as intérêt à être à la hauteur par contre ~

– Pas maintenant Leocaser. Rétorqua sèchement Hiroki. Pourquoi ne m'as-tu rien dit !? J'aurais pu aller le voir tout seul et puis –

– Justement, tu aurais été le voir. Le coupai-je. Si j'ai décidé de ne pas en parler, c'est bien parce que je savais que vous alliez tous réagir au quart de tour pour aller le sermonner !

– Epargne nous ça. Ronchonna mon père. Quelles sont les retombées de la discussion si il y en a eu une ?

– Reisuke….A des convictions assez floues. Déjà il est persuadé que l'espoir est nocif pour le bonheur de Hiroki et lui. Il pense aussi qu'éradiquer l'espoir suffirait à rétablir l'ordre dans ce monde. Il m'a assuré que Laïla ne voulait aucun mal à Hiroki et que la surveiller dans cette optique était quelque chose de vain.

– Semblait-il influencé par une volonté ou force quelconque ? Se questionna ma tante.

– Non, il m'a au contraire semblé très lucide puisque nous avons eu des instants où j'ai retrouvé le Reisuke que j'ai connu l'an dernier. Il m'a d'ailleurs renseigné sr Toshiyuki Ren. Hiroki et moi pensions connaître cette fille, il s'avère en fait qu'elle est la sœur d'Erika.

– Oi, Erika….La connasse à gros nichons ? Hurla Jessica qui était bientôt montée sur Hiroki.

– Ne fais pas semblant Jessica. Ren est la sœur d'Erika…Mais Reisuke est persuadé que Ren est au service de sa sœur aînée. C'est pour ça qu'elle nous était familière…Et il a raison, Ren ressemble à Erika si on enlève la coupe de cheveux différente.

– Nous aurions donc les motivations de Ren donc…..Enchaîna ma tante. Des éléments s'emboîtent mais….Pourquoi Erika aurait donné ordre à Ren de tuer Reisuke et Hiroki… ?


Un silence pesant s'installa alors dans notre laboratoire. Chacun était perdu dans ses pensées, cherchant une solution à l'éventuelle motivation d'Erika et celle de Ren. Des minutes passèrent, et nous n'eûmes aucune réponse à nos questions. Tout était au même point qu'au début de la journée, si ce n'était que je n'avais plus à considérer Laïla comme une ennemie d'Hiroki.

Mais alors que nous réfléchissions à la situation, nous entendîmes un bruit sourd et bref venant de l'extérieur. Nous restâmes tous en alerte face à ce qui semblait être une menace. Nous sortîmes tous du laboratoire pour nous rendre directement dans la forêt elle-même. Par chance, notre cachette n'avait pas été forcée , ce qui nous permettait donc de prendre du recul sur la situation. Medraut le chevalier noble surveillait l'entrée. Lorsqu'il nous vit, il s'approcha de nous pour nous faire son rapport.


– L'heure est grave, dame Hakaze. Entama le blond aux yeux bleus. Trois individus masqués font du saccage à l'extérieur en réclamant qu'ils veulent rencontrer votre père.

– Comment ça rencontrer mon père !? Qu'est-ce qu'ils veulent !? Rétorquai-je affolée.

– Yume-Nikki commence à agir…..Marmonna Hiroki. Restez-ici, je vais m'occuper d'eux.

– Je viens avec toi ! Tu crois que je vais te laisser risquer ta peau seul alors que Ren peut surgir de n'importe où !?

– Je viendrai aussi. Déclara solennellement mon père. La blonde, reste avec Sirie. On ne sait jamais.


Sans laisser le temps à la blonde de répondre, nous sortîmes de la forêt de mon père pour faire face aux trois individus venant de Yume-Nikki. Lorsqu'ils nous virent apparaître devant eux, ils se mirent tous les trois au même moment en alerte. Je m'avançai en même temps qu'Hiroki, laissant en retrait mon père qui semblait être agacé par notre action de protection à son égard. Cela semblait cependant amuser les trois détracteurs. L'un d'eux s'avança vers nous et enleva son masque, nous laissant distinguer le visage de Yatsu, le numéro 8 de Yume-Nikki et ancien membre de la guilde, Jordan.


– J'ai attendu ce moment si longtemps. Déclara-t-il alors, hostile. Soichiro Namatame je vais te faire payer tout ce que tu as fait !

– Tu n'as vraiment pas compris pour l'autre jour toi….Rétorqua Hiroki sans même laisser mon père répondre. Toi qui cherche tant le désespoir, je vais te montrer la véritable signification de ce mot…Par contre, tu ne pourras plus rien voir après ça….

– C'est qu'il aboie fort le chien de garde ! Rétorqua une voix féminine qui me rappela des mauvais souvenirs. Il faisait moins le malin quand j'avais le dessus sur lui. Juuni ne viendra pas te sauver cette fois.

– Qui est-ce que tu insultes de chien de garde !? C'est de mon sexfriend que tu parles grosse pute ! Répondit Jessica , sortant de nulle part.

– Je savais bien que vous étiez affiliés tous les deux ~ Tu pourrais choisir un autre type de mecs, celui là n'a aucun goût ~ Mais je te comprends, après tout, il a su te ramener à ton état naturel…Celui d'une petite chialeuse que l'on a envie d'écraser tellement elle donne envie de dégueuler !

– Je vais te faire regretter ces paroles, Cécilia ! Akulia !!!


Le cri de Jessica résonna dans l'environnement alentour pour laisser apparaître quelques secondes plus tard un immense dragon tout de blanc et jaune vêtu qui sortit de nulle part pour venir attaquer les ennemis du champ de bataille. Une marque blanche en forme d'étoile brillait sur le bras de mon amie la blonde, tandis qu'elle regardait son adversaire avec rage. Cécilia sourit face à cette situation. Elle invoqua un monstre sur son disque de duel, et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle pilotait un destructeur des ténèbres kozmo qui était tout aussi grand que le dragon de Jessica. Elles prirent toutes les deux leur envol, s'affrontant dans les airs à l'aide de leurs créatures.

Mais avant que je ne puisse constater ce qu'était devenue la situation, Jordan se rua à l'aide d'un couteau en direction de mon père, avant d'être stoppé par Hiroki qui arrêta à mains nues la lame de son adversaire, laissant un filet de sang couler de sa propre main, mais n'étant certainement pas déstabilisé psychologiquement parlant. D'un coup de poing il reprit son assaut, projetant l'homme au loin. Sans que je ne puisse l'arrêter, je le vis courir vers Jordan, le regard totalement vide…..Et même si je savais de quoi il était capable dans ces moments là, je ne tentai pas de l'arrêter. Après tout…C'était inutile.


Il ne restait plus que le dernier membre de la guilde Yume-Nikki face à moi et mon père. Nous ne pouvions distinguer ses émotions en raison de son masque, mais je sentais comme un malaise en lui.


– Tu es décidément bien entouré Soichiro Namatame. Déclara-t-il d'un ton glacial. Je n'aurais pas pensé te trouver entouré de personnes pouvant se battre pour ta vie.

– On récolte ce que l'on sème. Répondit mon père avec sérénité. En voyant les personnes qui paraissent à mes côtés, je me dis que ma vie a eu un sens et que j'ai pu répandre le bien autour de moi. C'est comme la confirmation que mes projets ont eu du sens.

– Que des paroles naïves. Permets-moi de briser tes convictions une fois pour toutes !!!


L'homme se rua sur mon père, armé d'un couteau également. Mais alors qu'il allait le frapper de par sa lame, je le percutai, le faisant perdre l'équilibre. Il s'écrasa au sol, faisant tomber le masque qu'il arborait. Son visage m'était assez familier…..Il ressemblait à….Non…C'était exactement mon père…Mais avec une vingtaine d'années en plus. L'homme était assez vieux. Il était ridé de partout et la peau de son visage cédait déjà beaucoup face aux lois de la pesanteur qui combattait perpétuellement son apparence physique. Son regard agacé était fait des mêmes yeux que celui de mon père, ce qui me déstabilisa. Lorsque l'individu reprit la parole, il le fit avec ironie.


– Alors , Soichiro. On ne vient pas embrasser son vieux père ?

– Je ne te laisserai pas toucher au mien. Rétorquai-je spontanément avec mépris.

– Je vois….Donc tu es ma petite fille. Cela va être intéressant, cette bataille de générations.


Dans un décor de guerre à petite échelle, entre éclats de lumières, missiles, coups de couteaux et autres perturbations, nous allions désormais prendre place à une bataille bien singulière…Une bataille impliquant trois générations d'une même famille réunie dans des circonstances pittoresques….Une bataille qui allait révéler bien plus de choses que je ne le croyais à cet instant….


– Je vais te faire payer ce que tu as fait à maman ! Déclara alors mon propre père avec rage.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [24/08/2016] à 15:11

Chapitre 18 : Je reviendrai, c'est une promesse

« – Je me souviens….Que dans le MMORPG « Collège Kibougamine » , Chiaki, Kôsei, et Arata étaient dans la même classe….Et le jour où Arata-kun et Kôsei-kun se sont alliés pour jouer dans le gymnase….Chiaki….Chiaki a appris ce qu'était l'espoir…..

Kôsei-kun….Je n'ai aucun cheat code pour te dire que je t'aime beaucoup depuis ce jour…… »


L'espoir…..Ce qui était pour eux une conviction, un ressenti, une raison de vivre ou de se battre…Pour moi, ce n'était plus qu'un simple mot. Je n'avais plus ressenti ce sentiment depuis bien longtemps maintenant….Les mots qu'avait prononcé Chiaki à mon égard n'avaient eu aucun impact sur ce ressenti. Elle s'était entichée de l'espoir que je représentais, même si elle clamait elle même que ce n'était pas de l'amour à proprement parler. Elle avait aimé mon combat quelques années plus tôt pour vaincre les tourments d'Onii-chan, mais elle était trop timide pour s'intégrer à notre groupe. Même le fait de savoir que mon combat n'était pas passé inaperçu ne suffisait pas à soulever la moindre émotion chez moi, et à ma grande surprise, même Onii-chan restait de marbre face à tout ça. Nous avions tout simplement discuté un peu avec Chiaki , parlant ensemble des années passées, et chacun était revenu à son business. J'étais de nouveau dans le quartier général de Yume-Nikki, là où je passais le plus clair de mon temps. Comme en chaque fin de journée, je m'abandonnai à la lassitude, à l'indifférence et à l'oubli, au pied de la falaise où se trouvait Nirasa, au cœur de ce que j'appelais mon monde.

C'était un monde fait de pénombre et de nuances de gris dans lequel je pouvais me réfugier quand j'en avais besoin. Dans cet espace, on ne pouvait ressentir la peine, la joie, le chagrin, la culpabilité, tout ce qui s'y trouvait était le vide, l'absence de toute émotion, de tout sentiment….Et ce monde c'était le mien. Je passais mon temps à rester assis sur cette plage faite de sable gris , face à ces eaux obscures semblant contenir tous les tourments du monde en leur sein. J'appréciais cette sensation de rien, cette sensation douce d'épaules légères et de respiration fluide. Tout était simple ici, bien plus que dans le monde extérieur. Je pouvais me laisser aller et oublier, l'espace de quelques instants.

Parfois, d'autres personnes venaient me parler. Eux aussi aimaient errer dans ce monde sombre et dénué de vie. C'était devenu quelque chose d'aussi indispensable pour eux que pour moi. Ces gens dans le désespoir étaient ma seule compagnie, en plus des autres membres de Yume-Nikki qui vivaient dans ce château au cœur du pays de l'oubli et de la morosité.


Mais alors que je me relaxais devant cette étendue d'eau obscure , comme à mon habitude, on vint me sortir de cet instant de quiétude et de vide d'un « Hitotsu ! » qui retentit dans l'espace sinistre. Déçu par le fait de m'être fait interrompu, je revins à moi , atterrissant de nouveau dans une réalité nauséabonde, et ce fut Juuni qui était face à moi. La numéro douze de Yume-Nikki , prit la parole à mon attention, me laissant distinguer de l'inquiétude dans sa voix malgré le masque cachant ses émotions qu'elle portait à ce moment-là.


– Hitotsu. Entama-t-elle solennellement. Vos craintes sont confirmées, ils ont attaqué sans le consentement de dame Laïla.

– C'était inévitable, Nanatsu a agi de son côté. Qui sont les personnes ayant donné l'assaut et où l'ont-elle donné ?

– Nanatsu, Yatsu , et Futatsu. La numéro 7 , le numéro 8 et le numéro 2. Ils se sont rendus chez Soichiro Namatame et sont en train d'affronter les personnes suivantes : Namatame Hakaze, Yamada Hiroki, Leocaser Jessica.

– Jessica…..Répondis-je avec hésitation avant de me reprendre. Bien. Je vais aller sur place arrêter ce conflit. Juuni, envoie moi Achra la numéro 10. Ne préviens surtout pas Dame Laïla de cet écart, si il venait à arriver malheur à Yamada Hiroki, qui sait ce qui pourrait arriver au monde….Même moi je ne peux répondre à ça.

– J'exécuterai vos ordres, Hitotsu. Reprit la femme d'un ton solennel.

– Tu sais que tu n'as pas besoin d'être aussi formelle avec moi, parle donc normalement. Je me mets donc en route, surtout envoie moi Achra. Si il y a des dégâts elle ne sera pas de trop pour m'aider à les réparer.

– Ca roule ma poule. Approuva Juuni, bien plus détendue cette fois.


Juuni me donna les clés d'une moto avec laquelle elle aimait se déplacer. La remerciant, je me mis en route, tournant ainsi le dos à la femme masquée. Mais alors que j'allais partir définitivement, quelque chose me vint en tête. Me retournant précipitamment vers ma collaboratrice, je repris la parole , la mettant en garde sur le plan du jour.


– J'allais oublier. Déclarais-je machinalement. Surtout, tu ne te rends pas sur les lieux. Cela serait dommage de compromettre ta couverture à ce stade et pire, cela pourrait créer d'avantage de conflits. Donc je compte sur toi, Juuni.

– T'en fais pas mec ~ Je ne comptais pas jouer pour le moment ~ Je sais que j'aurai mon heure de gloire un jour, il suffit d'attendre. Me répondit Juuni avec enthousiasme.


Je me retournai en silence, soupirant devant l'attitude légère venant de la femme. Je lui étais malgré tout assez reconnaissant , puisque dans tout l'escouade anti-espoir, elle était peut être la meilleure alliée que je possédais. En effet, depuis quelques temps, certains membres de l'escouade prenaient trop de libertés dans leurs actions , allant même jusqu'à transgresser les ordres de dame Laïla lorsqu'ils estimaient qu'ils en avaient le droit. La principale source de cette désinvolture générale était Nanatsu, la numéro 7 plus connue sous le nom de Cécilia Marciella. Elle était peu suivie, mais j'avais le sentiment qu'elle commençait à gagner de plus en plus de fidèles dans notre mouvement, et voir Yatsu et Futatsu avec elle n'était qu'un signe de plus de cette rébellion progressive. Je devais donc m'assurer de réduire en pièces ce petit escadron se formant progressivement, que ce soit en tant que leader de l'escouade anti-espoir, ou en tant que meilleur élément de dame Laïla.


Je pris donc la route , quittant les terres du désespoir dans lesquelles se trouvait Nirasa, pour regagner ce qu'était pour moi le véritable monde illusoire. La clarté ambiante m'aveuglait bien que la seule source de lumière provenait du coucher de soleil laissant planer une ambiance assez chaude dans l'espace vivant autour de moi. Onii-chan voulut me rejoindre lorsque je quittai le monde, mais je lui demandai de rester au château pour éviter de le mettre en danger inutilement. Ce combat, c'était le mien, celui de Hitotsu, leader de l'escouade anti-espoir, pas le sien.

J'arrivai enfin jusqu'à la moto de Juuni que j'enfourchai avec force pour me rendre sur les lieux de la bataille entre Nanatsu et Jessica. Déterminé à punir cet écart envers dame Laïla, je ne tardai pas sur la route, roulant bien plus vite que la limite autorisée. Slalomant entre les voitures, je prenais des risques considérables pour arriver plus vite. Je manquai plusieurs fois de me faire écraser par un camion ou une voiture, mais je n'avais pas assez d'estime envers ma vie pour privilégier la prudence à la performance. Tout ce qui comptait était de faire se réaliser le projet de dame Laïla, rien d'autre.

Je m'enfonçai de plus en plus dans le côté campagne de notre ville, cherchant ardemment le repère de Soichiro Namatame dont j'ignorais la localisation exacte. Juuni m'avait déjà bien mâché le travail, elle m'avait noté la position du sentier des Lilas où habitait un ami à elle, et ce n'était pas très loin des lieux du conflit interne que je devais régler.


Je n'eus pas à chercher bien longtemps une fois arrivé dans le quartier puisque je distinguai au dessus de moi un immense dragon blanc pourchasser le destructeur des ténèbres kozmo de Nanatsu. C'était un combat entre Jessica et Cécilia qui se déroulait juste au dessus de ma tête. Ne pouvant pas arrêter cet affrontement pour le moment, je me hâtai en scooter jusqu'au prochain affrontement qui cette fois opposait Hiroki à Jordan, le numéro 8. Tous les deux munis d'une arme blanche, ils se donnaient des coups et en paraient d'autres. Déjà bien amochés, les deux protagonistes semblaient vraiment pris du désir de faire mal à l'autre. Cependant, devant mes yeux marqués par la lassitude , je vis quelque chose d'inhabituel provenant de l'adversaire de Yatsu.

L'homme en lequel dame Laïla était intéressée semblait être un tout autre individu. Affichant un air marqué par un profond mépris , c'était clairement lui qui était l'attaquant dans cette bataille entre lui et l'homme appartenant à la même filiation que moi. Il semblait même prendre du plaisir à attaquer de plus en plus rapidement, acculant Yatsu qui se laissait peu à peu dépasser par la force et la vivacité de celui qui était dix ans plus jeune que lui. Je pris quelques secondes pour regarder qui était l'autre Hiroki, celui qui ne mentionnait pas le mot espoir , celui qui prenait du plaisir à attaquer à l'arme blanche quelqu'un d'autre….Ce contraste entre ces deux personnalités que je n'avais vu qu'une fois dans toute ma vie en la présence d'Arata…C'était vraiment étrange qu'un homme si accroché à cette notion futile qu'est l'espoir soit capable d'afficher un visage aussi sombre et respirant la haine.

Je m'avançai finalement vers les deux protagonistes du combat, bloquant avec mon poing protégé par des gants métalliques l'attaque provenant de Hiroki. Les regards des deux hommes furent aussitôt marqués par la surprise face à mon arrivée soudaine au beau milieu de leur conflit. Sans parler, je rétorquai en donnant un coup de poing au protégé de dame Laïla, ce qui eut pour effet de le propulser plus loin. Yatsu poussa alors un cri de surprise face à mon action, mais n'eut pas le temps de réagir d'avantage avant de se prendre le même coup de poing de ma part, le propulsant au sol à son tour.

Les deux hommes se relevèrent péniblement, digérant plus ou moins bien l'impact qu'ils avaient pris en pleine face. Ils grimaçaient tous les deux face à mon intervention, mais s'arrêtèrent lorsque je pris la parole, jouant l'arbitre dans cet affrontement ennuyeux.


– Hiroki, Yatsu, si l'un de vous bouge, je n'hésiterai pas à l'attaquer. Déclarai-je froidement aux deux protagonistes. Yatsu, je peux savoir ce que tu fais ici , sans le consentement de dame Laïla, attaquant la personne capitale dans ses plans ?

– Je…..J'étais venu régler un compte avec Soichiro Namatame….Bégaya mon sujet face aux faits.

– Jordan….Il est temps que je te remette en mémoire les fondements de notre guilde, au cas où tu aurais oublié…..Déclarai-je, sinistre.


M'avançant vers mon sujet, je le fixai du regard, laissant afficher ma profonde colère face à l'acte impardonnable qu'était la désobéissance à Dame Laïla. Lorsque je fus face à son regard désemparé, je le giflai d'une force telle qu'il perdit l'équilibre avant de se retrouver les fesses au sol. De ma posture supérieure je lui lançai un regard glacial avant de reprendre la parole à son attention.


– Jordan. Repris-je , glacial. Tu vois pour Dame Laïla , tu entends pour Dame Laïla, tu combats pour Dame Laïla , tu respires pour Dame Laïla, tu vis pour Dame Laïla….Aurais-tu oublié ça…. ?

– Non…Je……Bégaya l'homme, cherchant ses mots.

– Et pourquoi sommes-nous les outils de Dame Laïla… ? Continuai-je sans prêter attention à sa réponse.

– …..Parce qu'elle seule….Peut éradiquer l'espoir….Admit enfin mon subordonné.

– Bien. Je vois que tu possèdes encore du bon sens.


Je me retournai, laissant enfin Jordan exprimer le soulagement de ne plus être confronté à la pression de mon regard. Hiroki quant à lui était debout sur ses deux jambes, me perçant d'un regard méprisant auquel je n'avais jamais fait face auparavant lorsque j'étais face à l'homme fascinant dame Laïla. Lorsqu'il reprit la parole, ce fut avec une extrême animosité à notre égard.


– Pousse toi de là, je n'en ai pas fini avec lui. Lâcha l'individu avec détermination.

– A partir du moment où cet homme décide d'oeuvrer pour les objectifs de dame Laïla, il est sous ma protection. Essaie donc de t'en prendre à un membre de l'escouade que je dirige.

– Cet homme veut m'enlever quelqu'un de cher. Je ne reculerai pas tant qu'il ne sera pas hors d'état de nuire. Déclara Hiroki tout aussi froidement que moi.

– Cette personne chère que tu défends est en train d'affronter un autre de mes hommes. Si tu arrêtes ce combat et que tu t'allies avec moi, nous irons arrêter ce combat ensemble. Qu'en dis-tu, monsieur espoir ?

– Je ne sais pas si te faire confiance est un bon choix pour être honnête.

– Cela ne me plaît pas plus que cela ne te plaît. Mais c'est pour dame Laïla…..Et pour Jessica. Ce combat ne me plaît pas plus qu'à toi. Je n'ai pas envie de causer des morts inutiles pour des vieilles rancoeurs inutiles.


Hiroki s'arrêta quelques secondes, réfléchissant à mes paroles. Mais le temps était compté, je ne pouvais pas me permettre d'attendre d'avantage. Ainsi, je m'avançai vers lui en courant, me préparant à dégager le passage, mais contre toute attente….L'homme s'écarta avant de prendre la course à mes côtés. Même si le fait de penser que je faisais alliance avec l'espoir me donnait envie de vomir, l'urgence nous faisait face et je ne pouvais refuser de l'aide, quelle qu'elle soit. Ainsi, Hiroki et moi nous enfonçâmes d'avantage dans le périmètre de bataille.


Alors que nous pénétrâmes dans l'endroit, une attaque assez puissante fonça sur nous. J'eus de justesse le temps de plaquer Hiroki contre le sol, l'empêchant de se faire atomiser par ce qui semblait être un torrent de glace. Lorsque mon camarade improvisé se releva, il me regarda, les yeux ronds, comme choqué par ce que je venais faire.

– Tu…Tu m'as sauvé…Bégaya-t-il, consterné par ce que je venais de faire.

– Tu es capital dans le plan de Dame Laïla. Je ne veux pas la décevoir. Rétorquais-je machinalement.


Mais notre conversation fut interrompue par l'action en cours. En effet, l'attaque que nous venions d'éviter venait d'un monstre de duel dont l'énergie était amplifiée par l'Ener-D concentrée dans les alentours. L'homme aux ailes de glace d'où semblait provenir l'attaque se dressait fièrement aux côtés de Soichiro Namatame qui portait d'un bras le corps de sa fille, inconsciente. Toute la haine du monde se dégageait du regard du patriarche tandis que le numéro deux de la brigade anti-espoir lui faisait face, armé de son monstre habituel, Garunix.


– J'attendais ça depuis tellement longtemps ! Déclara le plus vieux des hommes avec assurance. Il est temps pour moi de terminer le boulot que j'ai commencé il y a maintenant 56 ans !

– A cause de toi, mère a souffert. A cause de toi, ma fille vient de souffrir. Le simple fait de penser à son regard dénué de franchise lorsqu'elle se réveillera me donne envie de te faire la peau. Trishula ! On y retourne !

– Garunix ! Montre lui la force que tu as développé depuis tout ce temps !!!


Les deux monstres se ruèrent l'un contre l'autre, sous les regards acharnés de leurs propriétaires. L'air entourant Trishula se glaça, devenant une fine couche de glace tourbillonnant encore et encore tout autour du guerrier, tandis que Garunix était atteint du même syndrome par le biais de ses flammes. Plus ils avançaient l'un vers l'autre, plus ils chargeaient de la puissance, si bien qu'à un moment même la nature alentour se faisait happer par les attaques des deux monstres.

Mais alors que Hiroki ferma les yeux, redoutant le pire, pour ma part je me rendis au milieu du terrain, déployant mes mains pour anéantir l'attaque des deux monstres en les encaissant dans chaque paume, les réduisant à néant d'un seul geste.


– Co…Comment… !!? Bégaya le numéro deux de la brigade. Comment as tu pu détruire Garunix, Hitotsu !?

– Crois-tu vraiment que je suis le leader de cette brigade sans avoir de quoi gérer les conflits ? Pauvre de toi, Namatame Fujii. Ces gants que je porte réduisent à néant l'ener-D dès que je la touche. C'est une création pour laquelle dame Laïla a donné dix ans de sa vie.

– Dame Laïla a toujours fait du bon travail, c'est vrai. Déjà quand j'étais avec elle.

– Silence, Onii-chan. Ils peuvent t'entendre. En tout cas, je viens mettre un terme à cette bataille, Futatsu. Cet acte que vous avez commis n'est pas un ordre de Dame Laïla, vous allez payer pour l'affront que vous avez fait à notre reine à tous.

– Et pourquoi devrais-je obéir à un gamin de ton espèce dis moi !? Rétorqua mon subordonné.

– Sérieusement….Tu es ennuyeux, Fujii. Regarde plutôt pourquoi tu dois m'obéir.


Je claquai des doigts devant l'homme me défiant du regard. Les membres de Glory for Hope, quant à eux, restaient dubitatifs.Quelques secondes passèrent, sans succès apparent. Mais alors que l'homme étant à mes ordres s'apprêtait à se moquer de mon incompétence, il vit enfin le fruit de mon action. Cécilia qui affrontait Jessica au dessus de nous avait vu son vaisseau disparaître subitement, la laissant s'écraser au sol devant les regards effarés de tous les spectateurs du combat actuel. Regardant le spectacle avec satisfaction, je repris la parole , plus menaçant cette fois.


– Tu rentres avec moi, où tu tiens à disparaître à ton tour ? Lâchai-je à l'homme.

– Tss….Tu ne me laisses pas le choix, Hitotsu. Un jour, je vais te mettre en pièces. Sois en certain.


Sur ces paroles, l'homme ramassa la folle qui venait de s'écraser au sol, avant de tout simplement repartir d'où il venait, à savoir notre monde de ténèbres éternelles. J'étais satisfait par le fait d'avoir réglé les conflits internes, je restais néanmoins dégoûté par les perspectives d'avenir que l'on pouvait apercevoir à cet instant. Cécilia commençait à gagner de plus en plus de partisans dans notre guilde qui semblait voir en dame Laïla une femme de pensée plutôt qu'une femme d'action. Cependant, malgré toute la volonté du monde, ma dame les surpassait sur tous les points et elle seule pouvait réaliser notre idéal, celui de détruire l'espoir. Et ce n'était pas Onii-chan qui allait me contredire là-dessus puisqu'il aimait notre leader depuis 5 ans maintenant.

Débattant de ce conflit avec mon frère, je fis mine de reprendre la route lorsque je fus interpellé par une vois grave venant de derrière moi. En me retournant, je me rendis compte que c'était l'ex leader de ma guilde qui avait pris la parole à mon intention.


– Que me voulez-vous ? Déclarai-je froidement. Je n'ai plus rien à faire ici.

– Je n'arrive pas à cerner tes intentions gamin. Me rétorqua alors l'homme d'âge mûr. Tu es venu ici mettre un terme à un conflit qui aurait été profitable à votre guilde en cas de victoire de votre camp. Quelles sont vos vraies motivations, ou plutôt non, quelles sont les tiennes ?

– Je n'ai pas besoin de me justifier à quelqu'un dont l'existence m'indiffère. Cependant, sachez que vous êtes tous en danger. Chacun des membres de notre équipe possède une rancoeur contre l'un de vous, vous avez du le voir, entre Jordan, Fujii et Cécilia. Vous devriez rester en dehors de nos histoires, nous ne voulons pas faire couler le sang, mais la prochaine fois j'arriverai peut être trop tard.

– Et qu'est-ce qui te fait croire que j'aurai perdu le combat gamin ? Lâcha l'homme d'un sourire défiant se dessinant sur son visage.

– Vos convictions sont faibles. En vous entraînant les uns les autres dans quelque chose de factice comme l'espoir, vous vous reposez sur la force de l'autre mutuellement, empêchant ainsi le vrai potentiel de s'exprimer. C'est ce que Reisuke a compris lorsqu'il a rejoint Yume-Nikki.

– Ne me fais pas croire que ce crétin t'a rejoint de gré , pauvre tâche ! Cria alors ma vocaliste descendant de son dragon.

– Tiens, Jessi-chan ! N'oublie pas que le concert arrive bientôt, sept jours et on met le feu !!!! Nous coupa alors Onii-chan plein d'entrain. Et n'oublie surtout pas que tu dois t'y tenir si tu veux connaître la vérité. Enchéris-je alors froidement, reprenant le contrôle de ma personnalité.

– Et ça va être so wonderful guys ~ Je compte sur vous pour mettre le paquet et let the public melt before your eyes ! ~ Cria alors une voix venant de loi, résonnant jusqu'à nous.


Tout le monde regarda d'où venait la voix en question, tandis que ma vocaliste, elle, posa sa main face à son visage en affichant un air dépité. Achra se montra enfin, sans faire attention au fait qu'elle avait gardé cette longue cape mauve qu'elle portait ainsi que son masque qu'elle arborait lorsqu'elle était présente en tant que Yume-Nikki. Elle ne s'en rendit même pas compte lorsqu'elle s'avança vers Jessica, lui parlant comme Akemi Abarai le professeur de musique lui parlait habituellement.


– Tu….Tu es chez Yume aussi…Akemi ? Bégaya Jessica.

– Euh…Non pas du tout ! Je suis juste mon frère dans ses escapes comme les super héros masqués Batman in the city peaaaace !!!! Déclara ma sœur, s'enfonçant dans le ridicule.

– Akemi Abarai, aussi connue sous le nom de Achra, dixième membre de la brigade anti-espoir chez Yume-Nikki. Enchéris-je alors, essayant de conserver le peu d'honneur qu'il restait à Akemi.

– Eh ouais , norage les gens, norage ! From now i'm the despair queen folks ~ Enchéris ma sœur, réduisant tous mes efforts à néant.


Devant les regards consternés de mes interlocuteurs, j'attrapai ma sœur que je traînai avec moi regagnant ainsi notre demeure, ce grand château sinistre dans le monde du désespoir total. Je repensai en chemin à tout ce que j'avais fait ce jour et pourquoi je le faisais. Nous avions beau le crier haut et fort, Onii-chan et moi n'étions pas suffisant pour arrêter la menace nous faisant face. Il nous fallait plus de force de frappe, plus de puissance , et plus d'acharnement pour tenir tête à Cécilia et sa bande. Même si Juuni était une alliée comme l'on n'en avait pas deux, elle n'était pas suffisante pour m'aider à contenir les déboires de l'équipe.


Lorsque l'on rentra ensemble, je donnai leur punition à Cécilia, Jordan et Fujii. Je leur interdis de sortir du monde des ténèbres en leur en coupant l'accès pendant dix jours, les laissant ainsi ruminer dans leur coin pendant que je préparais d'avantage de dispositifs pour empêcher les trois individus de nuire. Les jours passèrent, rythmés par les ordres quotidiens, l'école, et la musique, et tandis que la date fatidique de notre concert se rapprochait, dame Laïla menait tranquillement ses opérations, convertissant de plus en plus d'élus locaux, départementaux, régionaux, à suivre notre leader dans sa conviction déterminée à supprimer l'espoir de ce monde. Reisuke se montrait bien plus utile que ce que j'aurais pensé au départ, puisqu'il était un argument pesant dans la balance, lui qui pouvait faire appel à tout moment à une créature colossale qu'il appelait « Héritier de l'Enerdy ». C'était souvent déterminant lorsqu'un collaborateur éventuel refusait de se joindre à ma dame. Dans ces cas-là, c'était Reisuke ,armé de son dragon d'énergie constante, qui menaçait les éléments récalcitrants afin qu'ils acceptent les conditions imposées par ma dame.

De mon côté, je surveillais d'avantage la bande improvisée de Cécilia, qui était bien plus dangereuse que ce que l'on pouvait imaginer en la regardant. C'était Juuni qui m'avait alerté de cette épée de Damoclès pesant sur la guilde, et elle avait raison puisque la femme était clairement prête à tout pour un objectif que je ne pouvais comprendre : la vengeance.

Surveillant ce qu'il se passait, je ne vis pas passer les jours qui m'amenèrent jusqu'au soir fatidique, le soir où Jessica ma vocaliste allait m'aider à assouvir les désirs de mon grand-frère….Le soir du concours annuel de musique inter écoles.


L'hôte de la cérémonie s'installa, récitant le même discours sur les bons sentiments et les capacités de chacun , comme il le faisait tous les ans, tandis que moi, Jessica, Masu et Kenichi écoutions sans sourciller. Tout se bousculait dans ma tête et dans celle d'Onii-chan face à ce qui représentait pour nous le soir le plus important depuis que nous ne faisions qu'un. Yume-Nikki n'existait plus, Dame Laïla n'existait plus, toutes les actions contre l'espoir n'existaient plus, il n'y avait plus que moi, Onii-chan, et cette scène sur laquelle nous devions nous lever, montrer à tous nos détracteurs que nous n'étions pas morts et que nous nous relevions, portés par la lumière d'Arata qui nous portait déjà lorsqu'il était encore en vie.

Lorsque le nom de notre groupe fut prononcé, « The Fallen Moon » attira aussitôt les regards et les chuchotements de la foule qui n'était pas sans savoir que notre vocaliste dont ils avaient oublié le nom depuis le temps, était mort. Ce fut donc face à un public mitigé que nous fûmes sollicités pour ouvrir le bal de ce festival annuel dans lequel nous avions brillé quelques années plus tôt, et que nous n'avions jamais plus approché depuis.


– Bonsoir à tous. Déclarai-je alors solennellement. Nous sommes « The Fallen Moon ». Nous retrouvons ce soir des visages familiers que nous n'avions pas vu depuis quelques temps. Depuis quelques années, nous avons traversé des passes difficiles, le groupe et moi. Notre principal vocaliste est parti loin de nous, et en conséquence nous avons donc essayé de tirer un trait sur notre temps passé avec lui. Nous refusons cependant de nous résoudre à ce procédé, et ce soir, c'est la musique de notre leader que nous vous transmettons, parce qu'il n'y a que lui qui est capable de faire de nous un groupe grandiose. Voici donc Kenichiro, Masuda, Jessica, et moi, Kôsei, et nous allons vous jouer « Million Star ».


https://www.youtube.com/watch?v=6TF80pu7Le4


Je me retournai , laissant Jessica prendre place devant un public franchement dubitatif tandis que j'attrapai la guitare que j'avais laissé plus loin ainsi que le micro. Ce soir, nous étions en duo, moi et ma vocaliste, sur un air de guitare et de basse assez lourd composé par Kenichiro. « Million Star » était une chanson dont les lyrics n'étaient pas spécialement élaborés, mais dont la composition musicale était un franc message pour la renaissance de « The Rising Sun »

La voix rauque que Jessica travaillait depuis maintenant des mois reflétait en elle tout l'entraînement qu'elle lui avait prêté. Le son qu'elle émettait n'était plus comparable à celui qu'elle produisait lorsqu'elle avait rejoint le groupe. Elle était comme une fleur s'étant épanouie au fil du temps, laissant éclore un torrent de violence agrémenté d'une pointe de douceur , et ma voix qui était légèrement plus aigue que la sienne se fondait dans celle de ma vocaliste à la perfection, exactement comme l'on le voulait en écrivant la chanson. Masuda et Kenichiro quant à eux n'avaient jamais été aussi violents avec leurs instruments. Ils donnaient tout ce qu'ils avaient, conformément à la chanson, pour produire un son plus fort et ayant plus d'impact que nos autres chansons. C'était après tout, tout ce que l'on cherchait dans cette soirée : crier haut et fort le fait que l'on n'est pas mort, et que tout est encore debout.

Notre prestation se passa plutôt bien. Le groupe était plus que jamais en forme. Depuis ces quatre années, nous avions tous pris du galon, que ce soit Masu, Kenichi ou moi. J'eus une pensée pour Arata à cet instant. Peut être nous aurions réussi notre pari, si nous nous étions présentés aujourd'hui tous les quatre plutôt qu'il y a 4 ans. Je ne pouvais cependant pas le savoir, et cela ne m'avançait à rien d'y penser d'avantage. Arata était mort aux yeux de tous, excepté aux miens. Même si il était toujours avec moi, je ne pouvais pas le faire resurgir de nulle part, personne ne le pouvait.

Nous regagnâmes le public devant une foule mitigée par notre prestation. Nous avions laissé une forte impression dans leurs cœurs, mais le malaise prenant concernant l'histoire de notre groupe ne se détachait pas de l'esprit du public. Ils n'arrivaient pas à se mettre dans l'ambiance, ce qui était normal après tout lorsque l'on connaissait sur quelles pierres était bâti notre alliance.

Nous nous rassîmes donc ensemble, non loin d'un arbre sous lequel nous nous posâmes. Jessica semblait satisfaite de sa prestation, là où Kenichiro et Masuda se contentaient de me fixer, cherchant à savoir dans quel état d'esprit je me trouvais.


– C'était une belle prestation, leader. Déclara alors le roux du groupe avec satisfaction.

– Yesh ! On a mis le paquet c'était beau ! Approuva alors Kenichi, le blond.

– Je suis aussi satisfaite. Je n'aurais pas imaginé chanter dans un festival il y a un an de ça. Le futur nous réserve des surprises. Dit Jessica avec nostalgie.

– Au niveau du concours, nous sommes vraiment à la traîne. Déclarai-je, impassible. Nous n'avons clairement pas le niveau face aux géants des années précédentes. Quand on voit la prestation qu'est en train d''effectuer « Le Bard » est d'un tout autre niveau que la notre.

– Ko-cchi, tu devrais arrêter de ne penser qu'en termes de résultats…..Rétorqua le blond, gêné par mes arguments négatifs.

– Je ne pense pas qu'en terme de résultats. Au contraire.


Je me levai, faisant face à mes trois camarades qui furent surpris par mon changement soudain de comportement. Face au groupe dont Onii-chan était le leader, je compris alors une chose très importante. Ils étaient tous autant touchés que moi par la mort de notre camarade….Mais il se préoccupaient tout autant de moi qu'ils tenaient à lui. Tout ce temps, ils avaient masqué leur peine afin de me faire voir des sourires plutôt que des larmes, alors que je me renfermais de plus en plus sur moi-même. Mais leurs sentiments eux….Ils étaient bien à l'intérieur, je les avais ressenti lors de notre prestation. Ainsi, rassemblant le peu d'émotions positives qui subsistaient en moi, j'affichai un franc sourire à l'intention de mon groupe ; en totale coordination avec Onii-chan, et ensemble nous prononçâmes ces quelques mots qui eurent l'effet d'une bombe pour mes camarades.


– Merci pour tout ce que vous avez fait….déclarai-je, poussé par les sentiments d'Onii-chan.

– Kô…..Kôsei….. ? Bégaya alors Masuda. Tu…Tu es revenu….?

– Désolé les mecs….J'ai encore énormément de choses à faire….Et Onii-chan aussi….Pour détruire ce qui nous a fait tous sombrer. Mais….Ce soir grâce à vous j'ai pu voir une étincelle de lumière dans les obscures ténèbres de ce monde. Cela renforce ma détermination à vouloir corriger ce monde qui nous a fait du mal. Un jour on pourra de nouveau rire de rien et profiter de la vie ensemble…Et cela sera moi et Dame Laïla qui créerons ce monde.

– C'du bullshit ce que tu racontes. M'interrompit la blonde. Ta connasse se sert de toi pour faire le sale boulot. J'connais ça t'en fais pas, moi aussi je croyais construire quelque chose de meilleur, et ce fils de pute utilisait simplement tout ce qu'il pouvait utiliser pour ses projets égoïstes. Kôsei, tu crois que je ne connais pas la douleur de perdre un proche ? J'ai perdu mes parents, tous mes amis….Et mon oncle…Et tout ça en une seule nuit.


Je fus abasourdi par les révélations de ma vocaliste, et je n'étais pas le seul. Onii-chan, Masuda et Kenichiro étaient effarés par ce que venait de dire la blonde. Pour toute réponse, je ne pus que bégayer des excuses devant une Jessica s'étant perdue l'espace de quelques secondes dans ses pensées. Mais alors que j'allais reprendre la parole, elle me la coupa.


– J'ai longtemps pensé que la destruction était le principal remède à la douleur. Quand tu te retrouves dans la merde du jour au lendemain, tu te dis que détruire est le choix le plus logique….Mais cette pauvre tâche m'a montré que l'espoir était aussi quelque chose de beau, surtout lorsque l'on a expérimenté la peine avant ça. T'sais Kôsei, j'pense que ce sont les personnes dans le désespoir qui sont les mieux placées pour connaître le véritable sens de l'espoir.

– Jessica…..

– Et d'ailleurs, enchaîna-t-elle, je pense que chercher après les motivations de Reisuke serait peine perdue, donc à la place, promets moi de veiller sur cette tête de gland. Il est tellement un boulet profond qu'il serait capable de se faire trouer par le premier abruti qui passe. Ricana ma camarade , cassant l'ambiance.

– D'accord. Je veillerai à ce qu'il conserve sa vie. Promis-je alors machinalement, laissant Hitotsu reprendre le dessus.


L'instant était intense entre moi et ma vocaliste. Les deux autres membres de mon groupe semblaient satisfaits par le fait que je me sois ouvert à eux l'espace d'un instant, et Onii-chan partageait leur satisfaction à mon égard. Tous les trois me fixaient avec le sourire , ce qui me mit un peu mal à l'aise sur le moment….Mais ces instants que nous passions tous ensemble étaient très précieux, chaque fois que je repensais à ceux passés avec Arata, un sentiment de profonde chaleur m'envahissait tout le corps…Et c'était cette chaleur que je ressentais actuellement.


– Quand j'aurai fini tout ça….Je reviendrai , je vous le promets…..Murmurai-je alors.

– Qu'as-tu dit Ko-cchi !? Me demanda Kenichiro, enthousiaste.

– R…Rien du tout. Bégayai-je en guise de réponse.


L'ambiance du moment fut interrompue par l'annonce du prochain groupe qui allait entrer en scène. Nous nous retournâmes tous, regardant la scène sur laquelle se trouvait le doyen du lycée Kibougamine, lui donnant toute notre attention. Cependant, à notre grande stupeur, ce qu'il déclara à cet instant nous prit par surprise, sortant de nulle part.


– Votre attention. Déclara-t-il alors. Il est temps d'accueillir notre prochain groupe, un des favoris de cette édition annuel du festival de musique ! Je vous laisse donc accueillir chaleureusement « The Rising Sun » menés par leur leader le talentueux « Kashiwagi Arata » !

– Co…Comment !!? Bafouillais-je alors, abasourdi par ce qu'il venait de dire.


Sans que l'un de nous ne sache que dire face à cette déclaration, nous nous contentâmes du silence, rivant nos yeux sur la scène d'où sortit un groupe de quatre personnes. Tandis que les musiciens prirent place face à leurs instruments respectifs, leur leader s'avança vers le micro. De cette voix, de cette prestance, de cette démarche et de ce charisme tous familiers pour moi, il prit la parole, abaissant son chapeau pour que l'on puisse voir son visage familier vieilli de quelques années.


– Merci à tous de nous accueillir ce soir. Déclara celui qui semblait être notre camarade avec assurance. « The Rising Sun » est fier de vous présenter la chanson sur laquelle nous avons tous travaillé.Notre seconde vocaliste, June n a attrapé froid, nous avons donc décidé de lui dédier cette chanson ! Que l'espoir gagne vos cœurs par le biais de notre chanson, voici Angéla à la batterie, Maya à la basse, et Ambre à la guitare, et enfin moi même, Kashiwagi Arata au chant, nous vous présentons « Heartily Song »


Devant nos mines décomposées par ce qui semblait être une blague de très mauvais goût nous désignant se produisait « The Rising Sun » , soulevant d'avantage de questions concernant Onii-chan et cet homme qui semblait être notre ami, qui semblait être notre frère.

Serrant les poings, je regardais la prestation avec hésitation, l'esprit perdu dans ce qui semblait être une réalité factice.

– Onii-chan….Lâchai-je alors dans un soupire se noyant dans le bruit généré par le festival.


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[FIC] Les Abîmes du Désespoir posté le [31/08/2016] à 22:19

Chapitre 19 : Grand-Père Jim

Les jours passèrent jusqu'à arriver à ce qui semblait être un moment important pour Jessica. En effet, mon amie devait donner une représentation dans un festival de musique annuel auquel elle participait avec les membres de son groupe de musique. Sans vraiment comprendre les enjeux, je l'avais encouragée, savant pertinemment qu'elle pouvait réussir tout ce qu'elle entreprenait , surtout avec cette voix qu'était la sienne. Cependant, je n'aurais jamais imaginé voir mon amie rentrer dans cet état de ce spectacle.

Ce fut le lendemain que je la revis. Moi, Hiroki, mon père et ma tante étions tous réunis dans notre espace habituel afin de repérer le travail éventuel envoyé par notre employeur à mon père. Lorsque la jeune blonde entra, nous sentîmes dès le début que quelque chose en elle ne tournait pas rond, et nous avions raison puisque pour entamer la conversation, elle prit la parole d'une voix gorgée de mélancolie et d'évasion, baissant ses yeux avec gêne.


– La vie….C'est quelque chose quand même, tu ne trouves pas? Entama la blonde.


Nous fûmes tous choqués par ce qu'elle venait de dire. Jessica n'était pas du genre à entamer une conversation par ce genre de méthodes, d'habitude elle aurait balancé un «Salut bande de glands quoi de neuf au pays des lavettes ? » et aurait guetté toute occasion de lancer des piques à Hiroki…Cependant, ce n'était pas le cas aujourd'hui. Mon camarade était choqué par tant de réserve provenant de Jessica. Il reprit la parole, se moquant ouvertement de notre amie la blonde.


– Si j'avais su qu'un jour Jessica allait dire une phrase sans insulte….Je suis surpris. Déclara Hiroki.

– Eh ben dis donc gamine, c'est rare de te voir si peu bruyante. Enchaina alors mon père. Où est passée la blonde arrogante ?


Ignorant les deux hommes, la blonde s'avança vers moi jusqu'à être assez proche pour pouvoir prendre la parole à mon intention.


– Dis Hakaze. Entama mon amie tandis que j'étais toujours choquée par le fait de n'avoir entendu aucune insulte jusqu'alors. Je peux te parler sans que ces deux abrutis finis viennent nous interrompre ? Je dois te demander quelque chose d'important.

– Bien sûr, répondis-je naturellement. Sortons.

– Eh Leocaser, tu ne vas même pas me faire connaître cette fameuse chose !? Après tout ce qu'on a vécu ensemble !? Nous interpella Hiroki.

– Non merci pauvre tâche. Rétorqua sèchement mon amie. L'aide d'un babouin empoté obsédé par l'espoir et son crétin de frère ne me serait pas utile.


Sans se retourner, la jeune fille m'entraîna avec elle jusqu'à l'extérieur de la propriété de mon père. Je ne savais vraiment pas ce qui clochait chez elle aujourd'hui, mais elle avait l'air vraiment tracassée par quelque chose. Suivant mon amie la blonde, nous nous retrouvâmes à marcher ensemble sur le sentier s'étendant à perte de vue, nous enfonçant de plus en plus dans le petit village où habitaient Reisuke et elle. Elle était devant moi, marchant en avant d'un pas lourd sans se retourner, comme si elle cherchait à dire quelque chose de grave. Pour essayer de soulager le poids qu'elle semblait porter sur ses épaules, je tentai de prendre la parole, mais elle se retourna à ce moment donc je me tus.


– Y'a qu'à toi que je peux dire ça donc tu fermes ta gueule si tu tiens à la vie. M'annonça-t-elle alors. J'ai vu des fantômes hier soir, Hakaze.

– Des…Fantômes ? Bafouillais-je , sachant pertinemment que la jeune fille était assez grande pour ne plus croire à ces histoires ridicules. Quels genres de fantômes ?

– Pas le genre que tu crois. Tu crois qu'ils sont morts, tu vis des années sans penser à eux, pis du jour au lendemain t'apprends qu'ils vivent….C'est fou en vrai.

– Jessica…Qu'est-ce que tu dois me d… –

– De la famille à moi habite cette ville. Mon grand père, James Leocaser, habite cette ville. J'ai reçu un courrier anonyme dans ma boîte avec son adresse et ce courrier m'invitait à aller le voir….Parce qu'il n'en aurait plus pour longtemps à vivre.

– Tu….Tu as encore de la famille !!? M'exclamais-je , interdite. Je pensais que tu n'avais pas d'attaches ! Il faut vite aller à la rencontre de ton grand père, Jessica !

– Je…Je ne sais pas si je suis en droit d'y aller. Déclara alors mon amie la blonde, baissant son regard pour ne pas affronter le mien. Je ne sais pas si c'est correct.

– Bien sûr que c'est correct ! Tu as encore de la famille, c'est normal d'y aller ! Pourquoi cela ne serait pas normal d'aller voir ses proches !?


Jessica se braqua face à ma question. Détournant le regard, elle se mordit la lèvre, marquant une hésitation qui me surprit vraiment de la part de la blonde. Joignant les bras, elle regardait dans le vide, sûrement perdue dans ses pensées, se tâtant à savoir si il était bon de m'avouer ce qu'elle avait sur le cœur ou non. Elle prit une minute ou deux à se faire son opinion, et lorsqu'elle la fit, elle serra les poings avant d'affronter mon regard avec détermination, pour enfin balancer ces quelques mots qui allaient changer la donne.


– J'ai tué son fils. Déclara-t-elle dans un écho qui résonna dans mes oreilles. Moi, Jessica Leocaser, je suis la meurtrière de Jeffrey Leocaser, mon oncle et donc son fils. Tu comprends pourquoi je ne pense pas avoir le droit d'aller voir mon grand-père ?


Je restai abasourdie par ce que venait de me dire Jessica. Avait-elle vraiment commis un tel acte… ? Etait-elle vraiment une meurtrière ? J'en doutais moi-même, me convaincant même que Jessica n'était pas capable de faire une chose pareille. Pourtant….Après avoir lâché ce morceau, je la sentais plus légère, plus décontractée. Elle ne semblait pas avoir menti concernant cet acte tabou qu'était l'assassinat….Elle l'avait vraiment fait.

Pourtant, je ne voyais pas ma camarade d'un mauvais œil pour autant. Jessica n'était pas du genre à aimer la violence gratuite, elle devait avoir une excellente raison de tuer son oncle….


– A part Tête de gland, Pauvre tâche, et toi, personne ne sait ça. Reprit la blonde, me coupant dans mes pensées. Je suis assez pudique sur ce sujet à vrai dire. Reisuke sait parce que nous avons partagé de choses par le passé , quant à Hiroki…….C'est très spécial entre moi et lui, donc c'est naturel qu'il soit au courant, mais garde ça pour toi s'il te plaît.

– Bien sûr que c'est spécial, Hiroki est ton sexfriend. Enchaînais-je alors afin de détendre l'atmosphère.

– Et tu prends ça bien, sans jalousie. Intéressant.Rétorqua la blonde avec ironie, tentant de masquer le sourire que je lui avais arraché dans du sarcasme.

– Bien sûr que je le prends bien puisque je couche avec Reisuke. C'est donner et recevoir au final. Continuai-je en souriant afin d'alimenter l'affrontement amical. Mais du coup, tu ne comptes pas y aller, voir ton grand-père… ?


Revenant à la conversation sérieuse de base, Jessica détourna de nouveau le regard. Fixant les plaines s'étendant à perte de vue, elle y perdit son regard , avant de formuler à mon égard une demande assez singulière et surprenante, surtout venant de Jessica Leocaser, la blonde au caractère bien trempé qui n'hésitait pas à cracher avec rudesse sur ce qui ne lui plaisait pas.


– Tu pourrais pas….J'sais pas….Je me disais que toi et moi on pourrait…..

– Tu veux que je t'accompagne ? Demandai-je simplement afin d'éviter d'avoir à regarder la blonde patauger d'avantage dans sa demande.

– J'ai vraiment l'air si débile que ça….. ? Me répondit mon ami en esquissant un sourire de soulagement. Dis moi quand t'es dispo. C'est cool je te revaudrai ça.

– On peut s'y rendre dès demain alors si tu veux, le plus tôt sera le mieux, non ?

– Ouais, j'aimerais y aller vite aussi si ça te dérange pas.


Nous restâmes elle et moi l'une face à l'autre, développant une complicité que nous n'avions pas eu réellement le temps de construire depuis que Jessica faisait partie de mon entourage. Même si elle était rude, insultante, méprisante et sans pitié dans son allure, elle n'en restait pas moins une personne comme une autre avec ses tourments et ses faiblesses, et surtout avec ses sentiments. Jessica était quelqu'un de fascinant quand on y regardait bien. Du haut de ses 17 ans, elle avait vécu des tas de choses et réagissait comme une adulte, là où moi j'avais eu un comportement totalement puéril en voulant effacer tout ce que mon père avait traversé pour un caprice personnel. Jessica, elle, essayait de faire face à la douleur du quotidien de plein fouet plutôt que de se cacher derrière une sortie de secours qui était une porte menant à un monde bien pire que celui de base. Sans vraiment comprendre, j'étais en train d'apprendre de mon amie la blonde, alors que c'était elle qui sollicitait mon aide.

Nous nous séparâmes au carrefour dont les directions nous menaient chez nous. La blonde prit le chemin vers le foyer où l'attendait Reisuke tandis que je pris celui où j'attendrais Hiroki. D'après mon amie, depuis que son compagnon était rentré chez eux, l'ambiance était assez discutable. Il restait évasif quand elle le questionnait, et elle insistait, créant la dispute. Mais depuis quelques jours, elle avait décidé de baisser les armes, lui déclarant qu'elle lui faisait confiance et que s'il tenait à la vie il n'avait pas intérêt à la briser. Depuis, malgré le changement de camp de Reisuke, les deux protagonistes du couple cohabitaient ensemble dans l'harmonie. Nous nous gardions cependant de révéler le fait que Reisuke étant rentré au foyer à son frère, puisque nous voulions éviter des conflits inutiles.

Nous nous séparâmes donc en nous promettant de nous retrouver du lendemain, et ce fut chose faite après une courte nuit faite de sommeil relaxant et réparateur, comme je n'en avais pas expérimenté depuis bien longtemps alors. Je me rendis chez Jessica, sonnant à sa porte naturellement, mais à ma grande surprise, ce fut Reisuke qui m'ouvrit la porte. Les cheveux en bataille, des traces de fumée sur le visage, il semblait tout juste rentré du travail. N'étant pas étonné de me voir, il prit la parole d'une voix monotone, ne prenant même pas la peine d'ouvrir entièrement ses yeux.


– Ohayo, Hakaze. Dit-il en baillant bruyamment , me montrant ainsi qu'il n'était pas disposé à parler.

– Ce n'est pas toi que je suis venue voir, toutou. Rétorquai-je avec un plaisir non dissimulé, consciente de l'effet de ces paroles sur le jeune homme.


Ce que je dis eut pour effet de lui faire ouvrir les yeux entièrement pour me regarder avec surprise. En effet, Reisuke n'avait pas l'habitude de me voir cotoyer Jessica, nous ne nous connaissions pas encore assez après tout. Voir cela changer avait l'effet d'une bombe sur mon ami.


– O….Ok….Bégaya-t-il. Je vais chercher Jessi – Misère qu'est-ce que – !!?


En se retournant, Reisuke fut choqué par ce qu'il vit, ne terminant pas sa phrase tellement la surprise semblait rude avec lui. Amusée par le changement de comportement soudain du jeune homme, je jetai un œil derrière lui, et ce que je vis alors me fit le même effet qu'au petit frère de mon compagnon. Sa petite amie, Jessica, se trouvait dans le vestibule de la maison du couple, habillée d'un élégant haut azur et d'une longue robe bleue nuit. Elle avait soigneusement attaché ses cheveux par un chouchou s'étendant comme une fleur de la même couleur que sa robe, laissant une longue queue souligner sa silhouette tandis qu'elle gardait une frange prononcée sur l'avant. Je n'avais jamais vu Jessica prendre autant soin d'elle, et cela dut se voir directement sur l'expression que je renvoyais à la jeune fille puisqu'elle reprit la parole avec gêne.


– Je…J'ai pensé que me préparer un minimum pour aller le voir serait le respect fondamental….Bégaya-t-elle, gênée par la position dans laquelle elle se trouvait.

– Tu…Tu es parfumée…. !? S'étrangla son compagnon en respirant l'odeur dégagée par la blonde.

– Rasée aussi. Renchérit la principale intéressée sous mon regard amusé.

– Eh ben dis donc, que de surprises depuis hier ! Enchaînais-je, encouragée par les efforts de la jeune femme. Tu es juste jaloux qu'elle ne fasse pas ça pour toi, toutou ~

– Je…Je ne suis pas jaloux…..Bégaya Reisuke en détournant le regard, laissant son visage rougir de honte. Tu…T'es ravissante…Jessica.

– Tu ferais bien de nettoyer ta sale gueule recouverte de fumée et à moitié dans le pâté avant de juger celle des autres, gros tas ! Rétorqua la blonde avec violence.


Se laissant totalement vaincre par l'argumentaire de sa petite amie, Reisuke prit la route de la salle de bain, nous laissant livrées à nous même. Même si j'y étais habituée, je n'en revenais toujours pas du degré de soumission implanté dans Reisuke vis à vis de Jessica.


– Je veux le même. Déclarai-je les étoiles dans les yeux, désignant du doigt ce qu'il restait de l'image de Reisuke.

– Bas les pattes, j'ai mis du temps pour l'apprivoiser, et puis il est pas encore sevré. Me coupa la blonde. Bon, passons. Prête, Hakaze ?

– Evidemment que je le suis, c'est toi qui devrait être tracassée ~


Mon amie me lâcha un sourire que je lui renvoyai. Nous sortîmes ensemble de la petite allée séparant la rue de chez les Yamada pour au final nous diriger vers ce petit bois séparant notre village de la ville. Jessica semblait anxieuse. Elle n'arrivait pas à trouver un sujet de conversation , ni à entretenir ceux que je trouvais. Quel qu'était le motif de la conversation, elle était évasive, parfois distraite, pensant sûrement à ce qu'elle allait dire à la seule famille qu'il lui restait alors.


– Dis Jessica. Entamai-je alors avec sérieux. Ton oncle…Tu ne l'as pas tué gratuitement j'imagine ? Enfin…Je veux dire que venant de toi, un meurtre gratuit ce n'est pas plausible. Je suis certaine que tu avais une bonne raison de venir à bout de lui. Ai-je tort… ?


Mon amie la blonde me lança un regard surpris. Elle était surprise par le fait que je m'accrochais à son innocence. Ses traits épais s'adoucirent l'espace d'un instant, et devant mon refus d'admettre que mon amie n'avait pas de morale, cette dernière reprit la parole, m'expliquant alors tous les détails de la vie qu'elle avait mené avant sa rencontre avec notre groupe.

Elle avait grandi dans le quartier de satellite le plus malfamé, la zone BAD, il y a vingt ans de cela. Dans ce quartier elle avait construit des relations solides avec les garçons livrés à eux mêmes ayant fini délinquants et voleurs. Ces Mario et Elvis qu'elle répétait sans cesse, c'était ces garçons, de la petite racaille au grand cœur selon ses propres mots. Mais alors qu'ils arrivaient tant bien que mal à vivre de divers larcins et de camaraderie, un membre de la sécurité de Domino City est venu faire un raid, une raffle dans le quartier de la zone BAD, éradiquant un à un tous les membres du petit groupe de Jessica…Sauf cette dernière, qui a pu être sauvée grâce au sacrifice de tous ses proches. Suite à cet événement, elle avait intégré le mouvement Arcadia de Sayer qui lui avait promis de renverser le pouvoir en cours pour créer un monde où tout le monde pourrait vivre en paix, mais c'était sans compter sur son oncle, le membre de la sécurité instigateur de la raffle, qui pourchassait la jeune fille. Il l'avait défié dans un turbo duel, et dans un accès de rage, elle a laissé déferler tous ses pouvoirs psychiques sur lui, le tuant en même temps.


– T'as raison, je n'avais pas vraiment le choix. Ajouta-t-elle d'un ton dur. Il m'aurait tuée si je ne l'avais pas fait avant lui. Cependant, je suis quand même coupable du fait d'avoir pris une vie – de ma famille qui plus est – , et je ne peux pas m'en sortir devant le père de cet homme avec un simple je m'excuse.

– Je vois…. Mais tu sais, Jessica. Il y a quelque chose qui est vraiment unique chez toi.

– Comment ça ?

– Je veux dire…Quand on te regarde, tout ce qu'on voit c'est une fille désinvolte, vulgaire et même orgueilleuse qui impose ses lois et dit merde au reste, pourtant, il existe bien plus à l'intérieur de Jessica qu'on le ne croirait. Tu as beaucoup de valeurs qui te rendent unique, c'est pour ça que je ne pouvais pas me résoudre à croire que tu as tué ton oncle pour le plaisir. Je sais que tu as une morale et je suis sûre que ton grand-père s'en apercevra.

– Tu le prends plutôt bien en fait que je baise avec ton mec. Rétorqua alors la blonde en grimaçant.

– Apprends lui des nouvelles techniques alors parce qu'il craint ~ Renchéris-je alors en grimaçant à mon tour.


Continuant à marcher vers la sortie de ce sentier boisé qui nous mènerait à la ville, l'ambiance était soudain devenue plus légère. Nous nous charriions moi et Jessica, nous lançant des vannes , des piques et autres critiques sur un ton de dérision qui détendaient vraiment l'atmosphère. Mon amie était décidément un petit bout de femme vraiment unique. Je pouvais comprendre ce qui avait fasciné Reisuke , alors qu'il était encore avec Erika à ce moment là.

Nous sortîmes ensemble de la forêt , atterrissant donc dans la ville où se trouvaient tous les commerces, les écoles et autres établissements et administrations. Nous devions venir ici pour effectuer toutes les démarches, toutes les courses et autres. C'était peu pratique de vivre en campagne, mais c'était plus calme que cette agglomération où le trafic était intense, laissant proliférer la pollution en overdose. Nous nous arrêtâmes à une station de bus, le numéro 47 dont le terminus était Kyoto, bien loin de notre position actuelle, et nous attendîmes. Dix minutes plus tard, le bus s'arrêta devant nous, nous laissant monter et nous asseoir, jetant un œil au paysage que nous parcourions en silence.

Les arrêts passèrent un à un, nous devions descendre à l'arrêt « Centre Hospitalier ». C'était juste à côté du complexe hospitalier que se trouvaient les appartements dans lesquels vivait James Leocaser. Ces petits logis étaient pour les personnes âgées encore indépendantes mais nécessitant des soins journaliers, souvent procurés par des infirmiers du centre hospitalier qui était à deux pas. Cela permettait de laisser aux vieux hommes et femmes leur liberté d'antan tout en gardant le côté sécuritaire d'un hôpital.

Plus nous nous rapprochions de l'arrêt en question, plus je sentais le malaise reprendre le dessus sur la jeune fille que j'accompagnais. Elle se retranchait de plus en plus sur elle même, allant même jusqu'à se ronger les ongles et à se gratter partout comme si elle avait des puces. Cette attitude d'anxiété ne collait pas du tout avec la tenue qu'elle arborait, elle qui s'était habillée d'une manière hyper féminine et qui avait des manières de garçon à cet instant présent. Le contraste était drôle à voir.

Lorsque nous quittâmes la zone industrielle de notre bonne vieille ville bien polluée , nous pûmes enfin voir le complexe hospitalier dans lequel habitait le grand-père de Jessica. Des bâtiments assez froids s'étendaient à perte de vue, chaque bloc représentant un pôle de soins d'un différent domaine. A côté de ce grand groupe de buildings se trouvaient des bâtiments beaucoup moins hauts, de trois ou quatre étages sûrement, cette fois colorés et décorés abondamment. A en juger par l'impression dégagée au loin, c'était ce groupe de bâtiments notre objectif.

Le bus nous déposa donc à quelques centaines de mètres de l'habitat de James. Jessica resta figée devant l'arrêt, mais je la tirai un bon coup pour qu'elle parte vers sa famille. Nous avions fait tout ce chemin, tous ces efforts, ce n'était certainement pas pour reculer maintenant lui disais-je, mais elle me répondait en faisant un caprice d'enfant qui ne voulait pas aller à l'école pour la première fois.

Je réussis au final à la convaincre et nous marchâmes ensemble jusqu'aux locaux de soins proches de l'hôpital. Les entrées étaient très contrôlées et nous dûmes donc nous annoncer à l'accueil. Jessica montra sa carte d'identité sur lequel figurait le nom Leocaser Jessica née dix-sept ans plus tôt en avançant qu'elle était venue voir son grand père James. Lorsque mon vieux père avait fait les papiers de mon amie, je n'aurais pas imaginé que cela nous aurait aidé dans une telle situation, mais pourtant, sans cette petite carte prouvant qu'elle était la fille de l'homme, nous ne serions pas entrées.

Nous pénétrâmes donc le complexe, cherchant l'appartement du vieil homme, et ce que nous vîmes nous surprit alors au plus haut point. Un attroupement d'enfants nous bloquait dans notre progression alors que nous pensions qu'il n'y avait que des personnes âgées ici. Ils étaient tous de dos à nous, mais ils étaient vraiment nombreux, se rassemblant comme si un de leurs super héros favoris avait fait le déplacement jusqu'ici. Pourtant, lorsque nous passâmes en nous faufilant dans cette marée de jeunes pousses dont les âges variaient entre 6 et 12 ans, ce fut un vieil homme assit sur une chaise que l'on trouva face à nous. L'homme à la calvitie prononcée ayant déjà rongé pas mal de ses cheveux blancs regardait la prochaine génération d'un regard émeraude rempli d'amour et de tendresse. Son visage était creusé par tout le vécu que son âme avait supporté au fil des années, mais il possédait toujours la petite étincelle de vie que ces personnes aimant la vie par-dessus tout arboraient dans leurs jeunes années. Il assumait vraiment sa vieillesse, acceptant l'action du temps et profitant de l'instant présent. C'est ce que je pouvais lire sur son visage dont la quiétude était prenante et l'empathie encore plus saisissante. Jessica sembla y lire la même chose que moi. De ses yeux écarquillés elle ouvrit la bouche, bégayant quelques mots à mon intention.


– C'est….C'est mon grand-père. Déclara-t-elle, perdue. Il a la même temps que mon père, mais en beaucoup plus vieux.


Il ne nous remarqua pas tout de suite, nous laissant poser notre regard sur celui qui était le premier Leocaser à s'être installé dans le pays. James semblait prendre du plaisir à parler aux enfants qui l'appelaient « Papy Jim » et lui demandaient des tas de choses sur comment se passait la vie d'antan, ou encore des histoires dont les héros étaient des justiciers à moto qui volaient pour le donner aux pauvres, des robins des bois modernes. Mais alors que nous écoutions discrètement, l'histoire que l'homme raconta nous percuta de plein fouet.


– Je vais vous raconter une histoire merveilleuse. Entama-t-il.

– L'histoire de la gardienne des étoiles !!? S'exclama un des enfants de son public.

– Oui. Je vais vous raconter l'histoire de Jessica la gardienne des étoiles. Continua l'homme avec le sourire. Lorsque je suis arrivé ici, j'ai eu deux enfants avec une femme merveilleuse. Je les ai appelé Christophe, et Jeffrey. Mes deux garçons étaient inséparables, ils s'aimaient comme les deux doigts de la main. Nous étions une famille normale qui vivions d'amour et de bonheur, tous les quatre. Mais alors que nous pensions que tout allait pour le mieux, je reçus une lettre qui mit fin à tout ça.

– Quelle lettre ?

– C'était le gouvernement de ce pays qui indiquait que je n'avais plus ma place ici. Je devais retourner en Australie avec mes fils, pour une raison qui m'était inconnue. Et pourtant, je savais pertinemment au fon de moi quel était l'obscur motif de ce renvoi d'où je venais.. C'est parce que nous sommes la famille des gardiens des étoiles. Un monstre de duel est lié à notre famille, Akulia, le gardien de la porte des étoiles. Il est celui qui régit le ciel dans le monde des esprits du duel de monstre, et c'est un pouvoir dont nous avons le devoir de préserver à tout prix, moi et les miens. Cependant…Devant l'insistance des autorités, j'ai fait quelque chose que je n'aurais jamais du faire. Je leur ai donné Akulia.

– Mais……Et votre mission….. ? S'interrogea un enfant du public.

– Abandonnée. L'équilibre du monde des esprits fut mis en péril à cause de ma décision égoiste de protéger ma famille du retour en Australie. De notre côté, notre famille a du payer le prix de renier ses origines. Notre destin a du en être modifié, et des choses atroces se sont passées , comme une punition divine que l'on a subi…… Cependant, quelque chose changea deux générations après la mienne. Jessica, la fille de mon fils Christophe, fut celle qui changea la donne. Elle s'est introduite dans les quartiers de la ville et a dérobé ce qui appartenait à la famille Leocaser, notre mission même, notre passé, notre avenir, Akulia…..Et notre famille a donc été sauvée du naufrage par son action. Elle a du sacrifier des choses, ses amis, un membre de sa famille…Mais tout ça était pour racheter mon erreur. Je suis fier de ma petite fille.


Tandis que les enfants étaient intrigués par l'histoire, le vieil homme continua de raconter des aventures qu'il avait eu à moto, sous les regards captivés de la foule. Jessica quant à elle , resta abasourdie devant ce que venait de dire son grand-père. Elle s'arrêta les yeux écarquillés, fixant l'homme qui continuait ses histoires devants cette masse d'enfants qui écoutaient attentivement les péripéties diverses traversées par l'homme.

Mon amie serra les poings, se retranchant sur elle même par la même occasion. Ses yeux commencèrent à briller, comme si elle allait pleurer…Mais à la place, elle se leva et alla voir son grand-père pour un face à face.


– Eh le vieux, y'a des droits d'image que tu dois respecter quand tu racontes des histoires concernant les autres. Déclara mon amie avec sa désinvolture habituelle.

– Jessica……..Murmura le vieil homme avec mélancolie……..Tu as meilleur mine que la dernière fois que je t'ai vue. T'as pris un peu de poids, c'est bien. Renchérit-il avec légèreté, brisant l'ambiance.

– Eh je viens voir mon vieux, pas un nutritionniste. Est-ce que moi je te dis que t'as perdu 5 cheveux de plus ? Rétorqua la blonde en s'énervant. Et puis ça fait vingt ans qu'on s'est pas vus, vieux sénile va.

– Je ne suis pas encore assez sénile pour oublier les dossiers compromettants que j'ai sur toi donc je te suggère de te taire jeune fille. Tu veux monter ? Je vais vous préparer du thé, pour toi et ton amie – Comment t'appelles-tu d'ailleurs ? Pardonne moi mon impolitesse –

– Un Leocaser poli ça aurait fait tâche dans la famille, riais-je. Je suis Hakaze, Namatame Hakaze. Je suis une amie de Jessica. Elle joue les dures, mais elle est très sentimentale.

– Oh oui, ça je le sais……Déjà petite elle était la plus fleur bleue de toutes les petites fi –

– Oh c'est bon ça va ! Allez rentre à ta case le vieux, on va causer.


Je pouffai de rire face au comportement de Jessica avec son aïeul. Il salua ses enfants, montrant qu'il avait de la visite aujourd'hui, puis nous suivîmes le vieil homme jusqu'à arriver à son appartement. Un cinq pièces composé de deux chambres, d'une salle de bain, d'un salon, et d'une cuisine. C'était tout de même assez spacieux pour un vieil homme, ce qui n'échappa pas au regard de la blonde.


– T'as vraiment besoin de tout cet espace ? Tu as l'air de passer les trois quarts de ta journée sur une chaise dehors. Dit-elle avec tout le tact du monde en elle.

– J'ai pris deux chambres car une très bonne amie à moi vient souvent me rendre visite et dort ici. Ca serait indécent de partager la même chambre qu'elle. Mais asseyez-vous, je vais vous ramener le thé.


Le grand-père se leva pour aller préparer le thé tandis que nous le regardions moi et Jessica. Il avait certes passé les 70 , voir 80 ans, mais il était plutôt actif pour un vieil homme. Si bien qu'un doute me parcourut l'esprit.


– Dis Jessica. Murmurai-je. Ton grand-père n'a pas l'air en fin de vie comme dit sur ta lettre….

– J'sais, me répondit-elle, soulagée mais frustrée. La lettre exagérait vraiment sur l'état de mon vieux. J'étais censée le trouver sur son lit de mort en train d'agonir.

– C'est une bonne nouvelle au final, au moins vous avez plus de temps devant vous.

– Oui merci je ne suis pas encore mort ! Nous coupa le vieil homme en amenant les tasses de thé. Bien au contraire, je suis tranquille ici. Les gosses ne sont pas chiants, et puis ils sont malades aussi donc je leur cède un peu tout ce qu'ils veulent, mais je retrouve une seconde jeunesse.

– Et du coup une infirmière passe te voir ? Le questionna alors Jessica.


A ce moment précis, nous entendîmes un boum dans la porte, comme si quelqu'un s'y était cogné. James Leocaser ria en disant « la voilà qui arrive », nous laissant attendre qu'elle se relève. Une musique – non , un jingle de sauvegarde de jeu vidéo – retentit jusqu'à nos oreilles, puis enfin la porte s'ouvrit.


– Votre barre de lifepoints est vide, je viens la recharger…Déclara une voix féminine lasse, qui m'était familière tout en ouvrant la porte.


Lorsque la porte s'ouvrit complètement je découvris alors avec surprise la tête de Chiaki Nakagami qui semblait donc être l'auxiliaire de soins de James. Jessica et moi fûmes consternées par la présence de la jeune fille qui ne portait même pas un uniforme en particulier, elle était habillée comme d'habitude d'une veste Kaki et une jupe longue d'une même couleur. Sa console, sa PSP dépassait de sa poche tandis que de l'autre dépassait une boite de comprimés qu'elle tendit au grand père de la blonde.


– Sunbird Livraison vous livre vos Dafalgans. Déclara la jeune fille sans prêter attention à notre présence. J'espère que tes douleurs iront mieux après ça, Jim.

– Merci Chiaki, tu es une brave gamine, toujours là pour aider le vieux débris que je suis. Lui répondit le grand-père, bien plus doux qu'avec sa propre petite fille. Je voulais justement te voir pour te donner quelque chose, attends ici.


Il nous laissa seules avec la rouquine qui s'aperçut alors enfin de notre présence. Elle ouvrit la bouche et afficha un air de surprise, pointant son doigt sur sa lèvre inférieur, et elle resta figée dans cette position quelques minutes , sous le regard dépitée de ma camarade qui reprit la parole.


– Chiaki, pas besoin de te retourner le cerveau, James est mon grand-père c'est normal que je suis là.

– Je vois….Désolée, le cliffhanger était trop mystérieux pour moi… Déclara la jeune fille en se prosternant devant nous.

– Dis moi plutôt ce que tu fous ici la rouquine, rétorqua Jessica.

– Je viens aider Papy Jim à faire ses courses et les tâches qu'il ne peut pas faire. On s'est rencontrés il y a quelques années et depuis je viens le voir régulièrement. Papy Jim me raconte des choses qui datent de longtemps donc j'aime beaucoup l'écouter.

– Et Chiaki-chan est une bonne compagnie. Renchérit le grand-père revenu avec un cadeau au bras. Voilà pour toi ma puce, c'est ce jeu vidéo dont tu m'as parlé la dernière fois. Le petit Dan en a demandé un à sa mère et du coup j'ai pu demander à cette brave dame d'en acheter un pour moi aussi. C'est bien celui-ci que tu voulais ?


Nous nous retournâmes tous vers la jeune rouquine , attendant sa réaction comme si notre vie en dépendait. Elle s'avança timidement vers le cadeau qu'elle prit dans ses mains pour le voir de plus près….Et contre toute attente, ses yeux s'illuminèrent devant ce qui semblait autant briller qu'un bijou pour elle.


– Super Danganronpa : Ultra Despair Girls !!! Déclara-t-elle alors, enjouée comme jamais auparavant. Papy Jim , tu as débloqué le succès « Offrir le cadeau idéal à Chiaki-Chan » !!!! C'est juste parfait !!! Ces graphismes, ces OST, ces gameplays…..Il a obtenu un 17/20 de la fanbase de jeuxvideo.com !!! Papy tu es le meilleur !!! Félicita-t-elle le vieil homme, arborant son nouveau titre comme un trophée.

– Je suis ravi que cela te plaise ma petite. Enchaîna le vieil homme avec satisfaction. Je te laisse l'essayer de suite. Jessica, je suppose que tu es venu ici pour quelque chose non ? De quoi veux-tu me parler ?

– Je suis venue parce que t'étais censé être à moitié mort en train d'agonir, j'ai pas d'autres raisons particulières. Déclara mon amie exaspérée.

– Vous pouvez voir à son habillement qu'elle s'est torturée l'esprit de questions pour les retrouvailles, je suis ici parce qu'elle n'avait pas le courage de venir seule. Repris-je avec ironie.

– C'est bien ma petite fille ça. Je suppose que tu t'en voulais pour ton oncle et que tu ne savais pas quoi faire ?

– C'est précisément ça, répondis-je sans laisser le droit de parole à Jessica.

– Ne t'en fais pas Jessica. Tu as eu raison de faire ça. J'ai fait des mauvais choix, et tout a été pour le pire dans la famille. Sans toi nous aurions continué à payer le prix de mes erreurs…Tu as fait ce qui devait être fait, ne t'en fais pas.

– ….Et toi alors…. ? Grommela mon amie. Où étais-tu tout ce temps……Pendant nos galères…. ?

– Je suis désolé de ne pas avoir pu t'accompagner pendant ces épreuves douloureuses. L'urgence faisait face et j'ai du enquêter de mon côté sur des choses très moches qui se passaient dans l'ombre….Je ne peux pas te dire sur quoi, je ne veux pas mettre la vie de mes proches en danger une fois de plus, surtout à mon âge.

– Tu vas me dire que t'es parti enquêter sur un truc comme ça ? Et j'ai même pas le droit de savoir la raison du fait que j'ai passé toutes ces années seule à Arcadia alors que j'aurais pu vivre avec toi !? C'est ça ta réponse !?

– Jessica…..Lâchai-je en prenant la main de mon amie, tentant de la calmer.

– Je vois, je suppose que c'est le moment pour moi d'en parler. Répondit le grand père avec quiétude. Après tout, tu es déjà grande maintenant ma petite, tu dois être assez grande pour te défendre. Bien….Jessica, nous venons d'Australie comme tu le sais. Je suis le premier de notre famille à être parti au Japon, mais il y avait encore mes parents là-bas donc je devais garder des contacts avec eux. Cependant, dans ce pays que nous appelions tous le pays de l'espoir, il s'est passé quelque chose de terrible l'année même où Christophe a été tué et que tu as du intégrer ce mouvement.

– Que s'est-il passé ? Bégayai-je, interdite.

– Une crise. Une crise si violente qu'elle ensevelit le pays avec elle pendant trois longues années. Le chaos le plus total emporta avec lui tout l'espoir du pays jusqu'à ce qu'il ne reste plus que ruine et dévastation. Le roi et la reine n'avaient plus aucun pouvoir, et pourtant, malgré tout, quelque chose a fait s'arrêter le conflit.

– Qu'est-ce qui a fait arrêter tout ça grand père ? Demanda la blonde.

– Une petite fille. Elle devait avoir 5 ou 6 ans, cette petite gamine aux cheveux blonds finissant en boucles et aux yeux bleus. Elle s'afficha devant tout le monde et elle sortit tout un discours qui mit fin à cette crise en raisonnant les protagonistes. J'ai vu de mes yeux ce discours…Et je n'en crus pas mes yeux. Malheureusement, la crise en question avait duré trois ans, je n'avais pas pu revenir te voir entre temps car les aéroports avaient été bloqués…Et mes parents avaient donné leur vie dans le conflit, préférant sauver la jeune génération plutôt que les vieillards qu'ils étaient. Tout ce qui restait au bout n'était que d'avantage de désespoir, Jessica.

– Que s'est-il passé ensuite ? Demandai-je au père de la famille Leocaser.

– Devant les aptitudes de la jeune enfant qui ressuscita le pays d'un simple discours, le gouvernement australien la baptisa « princesse de l'espoir » et elle fut adorée par la foule, reconnue comme une future dirigeante de renom et à l'empathie inébranlable. Cependant…..La tante de la fille, elle l'a kidnappée.

– Kidnappée !? S'exclama Jessica, interdite.

– Oui. La petite a disparu de la circulation et le pays a recommencé à virer de bord pour repartir dans le désespoir total. Par chance, j'ai pu revenir ici avant que cela ne dégénère…Mais j'ai alors appris pour ton père et ton oncle….Et pour toi aussi, qui était déjà depuis presque trois ans dans le mouvement Arcadia…Je n'ai pas pu me résoudre à venir te retrouver, j'étais bien trop coupable.

– Je….Je peux te comprendre. Lui répondit alors sa fille. Tu es aussi fautif pour ça que je ne le suis pour mon oncle. Nous sommes quittes alors. Tout est bien qui finit bien alors j'imagine.

– Pas tout à fait, Jessica. Je vais vous dire quelque chose que je n'ai jamais dit à autrui auparavant et que vous devez absolument garder pour vous. Un grand malheur va s'abattre sur ce monde, et ce malheur est exactement le même qui s'est abattu sur notre terre natale, en Australie. Cette catastrophe que nous avons vécu va se reproduire sous peu, et rien ni personne ne pourra l'en empêcher. Vous devez à tout prix quitter ce pays rapidement, je t'en supplie Jessica, sauve ta peau.


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